3.3.1.4. Les clowns de service
Et si jamais tout cela ne suffisait pas encore, il
restera toujours la dérision.
Comme lorsque Pierre ETIENNE (PTB), rappeur du groupe
Starflam, appara
dans le Talk élections
. Grégory GOETHALS ouvre alors l'interview sur
un rap entre eux deux, et passe un tiers de ladite interview
avec une casquette vissée de travers sur la tête (en
précisant bien que l'idée vient de lui).
Du coup, interrogation
rhétorique : Goethals a-t-il
demandé, lorsqu'elle est venue dans la même
émission, à Florence REUTER de présenter les titres de
l'actualité du jour
? A Jean
MIGISHA de commenter les derniers résultats de
football
d'introduire un sujet ? Ou bien y aurait-il deux
poids deux mesures au niveau des candidats dits médiatiques ?
Figure 6
Le service public n'est, comme souvent, pas en reste.
Comme avec François DE BRIGODE qui, le 11 mars 2009,
commente quelques images où, une fois n'est pas coutume, on
peut voir le
105 HAZAN E., Op. Cit., pages 33 & 106.
président bolivien Evo MORALES mâcher une feuille
de coca devant les membres de la Commission des stupéfiants de l'ONU (il
souhaitait en effet retirer la coca de la liste des substances interdites) :
<< La feuille de coca - qu'il est toujours en train de mâcher -
n'est pas de la cocaïne a-t-il dit, elle n'est pas nocive ». Et le
présentateur de conclure : << Comme quoi, il peut aussi parler la
bouche pleine... » 106
Nous avons demandé à François DE BRIGODE
de << commenter son commentaire », lorsque nous l'avons
rencontré : << C'est un peu d'humour. Je n'ai pas l'impression de
m'être moqué de lui ». Et de juger que << Maintenant,
si l'Extrême-Gauche juge qu'on ne peut pas rire, j'y suis pour rien
» 107.
Dans le même sac, on peut aussi placer les interrogations
formulées sur le sérieux des candidatures des leaders
d'Extrême-Gauche.
Ainsi, le 12 mai 2009, Roberto D'ORAZIO passe sur le grill du
Talk élections. Et Goethals de lui demander : << Est-ce
que, en vous présentant à ces élections, c'est pas
plutôt pour passer un coup de gueule, plutôt que d'avoir un vrai
programme, des vraies idées ? »
Dans ce registre, on citera aussi Francis VANDEWOESTYNE :
<< Il faut être un peu professionnel quand on se lance en
politique. Les journalistes, c'est un milieu assez professionnel. Et donc, il y
a une manière de faire passer un message ». Et d'estimer que
<< Il ne faut pas uniquement aller poser une bombe, ou aller se balader
torse nu Avenue Louise. Il faut structurer ce message, prendre la peine de
rédiger un programme, des idées ». Et de finir,
désolé : << Si je voulais lancer un parti
d'Extrême-Gauche, on pourrait en cinq minutes trouver dix idées
phares, un peu choc » 108.
On en profitera pour songer également aux
prévisions de François BRABANT, pour le compte du
Vif/L'Express : << Raoul Hedebouw se fixe comme objectif
d'entrer au conseil communal de Liège en 2012. Cela obligerait le PTB
à recueillir au moins 3,5% des voix, et donc
106 Journal télévisé, édition de
19h30, RTBF, 11 mars 2009.
107 Entretien avec François DE BRIGODE, 12 mars 2009,
Bruxelles.
108 Entretien avec Francis VANDEWOESTYNE, Op. Cit.
à doubler son score de 2006. Pas gagné... »
109 Autrement dit, trois ans avant le scrutin, le journaliste avance que, une
progression de 1.7%, ça n'est << pas gagné » 110.
Parallèlement à cela, chaque semaine de
campagne, on nous commente abondamment des sondages. Des sondages avec une
marge d'erreur double de ce 1.7%. Deux poids deux mesures, à nouveau
?
Travail de sape donc, par lequel l'Extrême-Gauche passe
pour archaïque, superflue, mal préparée, etc.
Face à ce tableau, comment l'électeur moyen
pourrait-il avoir envie de voter pour eux ? Si tant est qu'il soit au courant
de l'existence de ces listes, évidemment (rappelons-nous de notre Titre
II).
Mais le biais ne s'arrête pas là. Parfois, les
médias passent encore à la vitesse supérieure.
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