Conclusion :
Les sels, au sens large du terme, constituent les traits
caractéristiques des payssages arides d'Algérie, plus de 95% de
ces régions sont en effet soit calcaires, soit gypseux, soit salsodiques
(Halitim, 1988).
Ces différents composants ont un impact sur
l'infiltration, le développement des plantes et la sensibilité du
sol à l'érosion hydrique ou éolienne.
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Chapitre III : Végétation des
régions arides.
La végétation actuelle des zones arides est le
résultat des interactions de trois facteurs essentiels, climat, sol
(Flohn et Kettata, 1971 ; Le houerou1971), et action anthropique (Le houerou,
1971 ; Le houerou, 1993 ; Le houerou, 1995), et provient de la
dégradation de formations forestières primitives (Figure 8 ).
Figure 8 : Schéma de l'évolution de la
végétation dans l'étage aride ( d'après Claudin
et al, 1975) , cité in Halitim (1988)
Il est classique de distinguer :
1- Les formations forestières et
dégradation forestières :
1-1- Les forêts :
Toujours plus ou moins dégradées, a cause de
climat et l'homme (Pons, 1981 ; Barbero, 1990).
Le houerou (1971) appelle « forêt » toute
formation d'au moins 100 arbres d'hectare, il s'agit de pin d'Alep (Pinus
halepensis) et de chêne vert (Quercus ilex) qui se
développent sur les massifs des atlas saharien et tellien.
1-2- Matorrals :
Le terme d'origine espagnol à été
adopté par l'Unesco et sauvage (1962), il subsiste alors des arbustes et
des arbres ne dépassant pas 7 m de haut.
Il représente la forme considérée la plus
typique de la végétation méditerranéenne (Dicastri,
1981).
Différentes dénominations existent selon par
exemple la taille, la nature de la roche mère : garrigues et
maquis....
Le matorral est considéré comme issu de la
régression de formations forestières suite à
différentes perturbations. Selon Trachaud (1994), ce sont les feux
répétés et la pauvreté du sol en
éléments biogènes qui ont favorisé la formation
forestière.
Parmi les principales espèces dominantes, citons selon
Ozenda (1994) : Les genévriers (Juniperus oxycedrus et
Phoenicea), le chêne vert, le lentisque, etc....
2- Les formations steppiques :
La steppe est l'écosystème ou s'exacerbent
l'ensemble des contraintes méditerranéennes par le déficit
hydrique qui devient permanent (aridité) et par la pression anthropique
qui est dans la plupart des cas, de plus en plus intense (Aidoud, 1994).
Selon Le houerou (1995), la steppe comme les formations
végétales basses et ouvertes, dominée par des
espèces pérennes, dépourvue d'arbres, où le sol nu
apparaît dans des proportions variables.
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En fonction du végétal dominant, qui peut
être herbacé (graminée) ou ligneux (sous- arbisseaux),
parfois par une référence aux conditions climatiques et
édaphiques locales (Steppe aride ou saharienne, steppe Halophile
à Salsolacées, la Steppe repose souvent une combinaison
de critères à la fois Physionomiques structuraux et
écologiques (Kaabache, 1990).
Selon Rodin et al (1968) cité in Pouget (1980b), les
Steppes Nord- Africaines ne sont pas des Steppes vrais mais des «
Pré- désert ».
2-1- Les Steppes à chamaephytes :
Ces Steppes occupaient naguère environ 200 000
Km2 en Afrique du nord, constituent souvent des stades de
dégradation de Steppes graminnéennes (Le houerou, 1995).
Les Steppes chamaephytes sont dominées par des arbisseaux
dont la taille
ne dépasse guère 50 cm, présentant ainsi une
grande diversité avec :
- Les Steppes a « CHIH », l'armoise Blanche
(Artémesia herba-alba). - Les Steppes a « Zef- Zef »,
(Helianthemem umhirtum spp).
- Les Steppes dégradée a Sarr « Atractylis
serratolodes)
Le suivi de la végétation réalisé
entre 1975 et 1999 dans le Sud Ouest oranais cité in U.R.B.T (2001),
montre que, le Steppe de dégradation à Atractylis serratulodes
inexistante en 1975 occupe, aujourd'hui, la même place que l'Alfa.
2-2- Les Steppes crassullescentes :
Couvrent 40 000 à 50 000 Km2 dans le Nord de
l'Afrique, elles ont fait également l'objet de défrichements sur
des superficies considérables, soit en vue de la culture
irriguée, soit par culture aléatoire des céréales
en sec (Le Houerou, 1995), sont dominées par des espèces charnues
halophiles, liées a des terrains salés.
La nature des sels, leur concentration et leur variation dans
l'espace vont créer une zonation particulière de la
végétation halophile autour des dépressions salées,
ces formations se développent sur des sols profonds, riches en chlorure
de sodium et en gypse (URBT, 2001).
En Algérie ces formations étant très
éparses, dont la surface n'a pas été
déterminée de façon très précise,
constituent d'excellents parcours (Nedjraoui, 2003).
3- Les principaux groupements végétaux
:
Ozenda (1964) définit le groupement
végétal comme « un ensemble de plantes réunies dans
une même station, par suite d'exigences écologiques identiques ou
voisines.
La composition floristique en est relativement constante quand on
compare entre elles des stations semblables ».
La répartition des communautés
végétales reste déterminée en grande partie par
leur relation avec les conditions offertes par le milieu où elles
vivents.
Dans ce contexte, il est classique de distinguer : les
groupements végétaux de types zonal et les groupements
végétaux de types azonal (Pouget, 1980 b).
3-1- Les groupements végétaux de types
zonal :
Tels que les groupements forestiers et steppiques correspondent
à une végétation naturelle déterminée par le
climat.
Du Nord au Sud de l'Algérie, nous passons des
forêts, maquis et matorrals aux steppes semi- arides et arides puis vers
les écosystèmes désertiques, suivant des tranches
pluviométriques (Figure 9 ).
44
Figure 9 : Zones écologiques de l'Algérie
(Salamani in Nedjraoui, 2003, modifié)
3-2- Les groupements végétaux de type
azonal : caractérisent la végétation directement
soumise à l'influence des facteurs édaphiques déterminant
(Salure, Nappe d'eau, etc.).
3-2-1- Groupements halophiles :
Plusieurs définitions ont été
données concernant les espèces halophiles. Les Halophytes sont
« toutes les espèces qui poussent sur un sol salé (Flowers
et al, 1986) ».
Selon d'autres auteurs comme Aronson (1989) « toutes les
espèces qui ont seulement une tolérance vis- à- vis du sel
».Pour Le houerou(1994), les espèces halophiles correspondent
« aux espèces qui se trouvent exclusivement dans les conditions
écologiques naturelles sur des sols salés on dans un
environnement salin ».
Du point de vue écologique, trois (03) catégories
peuvent être considérées (Le houerou, 1993) :
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48
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- Les hypohalophytes :
Ces espèces tolèrent les taux de salinité
relativement faible.
- Les eu halophytes :
Ces espèces peuvent supporter des concentrations
élevées, c'est le cas de Tamarix sp,Atriplex sp,
Spartina sp.
- Les hyper halophytes :
Ces espèces se développent dans des centrations
salines excédant celle de l'eau de mer telle : Halocnenum
strobilaceum.
On peut distinguer aussi selon Le houerou (1995), en fonction de
la texture crassulescentes psammohalophiles, limnohalophiles et
argilohalophile.
A titre d'exemple : les steppes à Suaeda mollis
sont en halophiles, Psammohalophiles.
Le caractère de texture lié au pH et aux taux de
saturation en sodium du complexe absorbant les groupements halophiles
présente un caractère méditerranéen Saharien Gehuet
et al (1993) cite par Ferchichi (2000).
Avec de nombreux points communs avec les plantes
xérophiles (Frontier et al, 2004).
3-2-2- Groupements des sols à encroûtements
gypseux :
- Espèces liées au gypse : Astragalus
armatus.
- Sable gypseux : Zygophyllum album.
- Poupées de gypse de nodules gypseux dans grés
gypseux : Atriplex mollis.
- Les sols alluviaux : Ils
peuvent être suivant la teneur en gypse, des sols calcaro- gypseux,
gypseux- calcaire, ou gypseux. Or ces teneurs sont définies par les
remplacements d'une association qui se développe sur un sol calcaro-
gypseux (association a Atractylis serratulodes),
caractéristique des sols à forte teneur en gypse (association a
Zygophyllum album) (Novikoff, 1959).
3-2-3- Groupements gypso- halophiles :
Suaeda mollis, Zraganum nudatum, Zygollum album.
3-2-4- Groupements psammophile :
Lié aux sables grossiers plus ou moins fixés :
Koelpinia linearis, suaeda mollis.
4- Caractéristiques générales des
espèces végétales :
Dans les zones arides, les rigueurs climatiques obligent les
espèces végétales à des adaptations
nécessaires à leur survie.
Ces adaptations aux conditions de milieu et leurs
mécanismes ont été décrits dans tous les
groupements végétaux (Frontier et al, 2004).
Elles recouvrent les régulations physiologiques et
morphologiques qui permettent aux plantes de s'adapter à une
alimentation en eau déficitaire s'opérant à
différentes échelles.
Dés qu'un déficit hydrique apparaît, la
plante ajuste, rapidement et de façon réversible, les flux d'eau
qui la traversent par la fermeture des ses stomates (petits orifices des
feuilles, qui règlent les échanges gazeux entre plante et
atmosphère).
Des déficits hydriques plus longs induisent des
changements plus
irréversibles, notamment de morphologie (réduction
des surfaces d'évaporation). Dans les situations de sécheresse
très longue et sévère, cette réduction
peut devenir complète (Scheromm, 2000).
On sait en particulier que chez les plantes, le rythme des
modifications saisonnières (dit rythme phénologique) est
calqué sur le rythme saisonnier prévalant dans la région,
et principalement le rythme de l'aridité atmosphérique (Ramade,
2003 ; Frontier et al, 2004).
4-1- Types biologiques :
Les types biologiques sont considérés comme une
expression de stratégie d'adaptation de la flore aux conditions du
milieu et représentent selon Dahmani (1996), un outil
privilégié pour la description de la physionomie de la
végétation.
Ces types ont été établis par RAUNKIAER pour
les végétaux des régions tempérées où
la saison défavorable est la saison froide.
Mais ils peuvent être appliqués aux
végétaux des régions où la saison
défavorable est la saison sèche (Dajoz, 2003).
- Les Phanérophyles:
Sont des arbres et des buissons dont les bourgeons sont
situés à plus de 50 cm du sol, et qui perdent leurs feuilles
à la mauvaise saison.
- Les chamae phytes :
Sont des plantes ligneuses à bourgeons situés
à moins des 30 cm du sol. - Les hémicryptophytes
:
Ont des bourgeons situés au ras du sol, les
hémicryptophytes cespiteux qui forment des grosses touffes sont surtout
des graminées et des cypéracées.
- Les géophytes :
Sont des plantes vivaces à bulbe ou rhizomes
souterrains.
- Les thérophytes :
Sont des annuelles qui passent la mauvaise saison sous la forme
de graines.
Les proportions de ces différents types biologiques
représentent une « intégration » de l'action des
facteurs climatiques sur une longue période de temps (Dajoz, 2003 ;
Ramade, 2003 ; Frontier et al, 2004).
Les espèces adaptées à la sécheresse
sont qualifiées de végétaux xérophiles ou
xérophytes, elles se caractérisent par des diverses
adaptations.
4-2- Adaptation morphologique et anatomique :
Les déficits hydriques longs se traduisent par des
changements progressifs dans la structure de la plante, qui visent à
réduire sa surface transpirante (surface folières,
épaississement des cuticules), mais qui induisent également une
baisse de sa production (Scheromm, 2000).
La plupart des chénopodiacées, sont ainsi
porteurs de feuilles minuscules ou même sont complètement
aphylles, par fois les feuilles sont transformées en épines
(Ozenda, 1977) pour constituer des réserves en accumulant l'eau dans les
tissus (feuilles crassulescentes).
4-3- Adaptation physiologique :
Réduction du cycle végétatif avec de longues
périodes de dormance estivale ou hivernale (Ozenda, 1977).
Par fois la plante passe la saison sèche à
l'état de bulbe ou Rhizome Charnus ou encore de graines
(Thérophytes) (Dajoz, 2003).
4-4- Augmentation du rapport parties souterraines/
parties aériennes :
Est toujours supérieure chez les plantes stressés,
ceci semble traduire un phénomène d'adaptation à la
sécheresse.
Le développement important du système radiculaire,
à la fois en surface et plus profondément grâce à
des racines pivolantes.
Théodore Monod à observé dans le Sahara
qu'un acacia de 3 m de haut allait chercher l'eau phréatique à 35
m de profondeur (Frontier et al, 2004).
A ces adaptations, classiques dans les régions
sèches et destinées à pallier l'insuffisance du bilan
hydrique, s'ajoutent des adaptations spécifiques liées à
la présence de conditions stationnelles particulières.
Ainsi la présence en excès de sels solubles
(Chlorure de sodium et magnésium, sulfate de sodium et magnésium,
etc., dans les solutions du sol, est toxique pour les plantes ; elle
entraîne des troubles nutritionnels et nécessite des adaptations
physiologiques (Mazlliak, 1981 ; Javor, 1989).
Certaines espèces augmentent dans leurs tissus le taux
de Na+, Cl- et Mg++ aux dépens de
Ca++ et K+ : Atriplex halimus, Suaeda mollis,
Zraganum nudatum, etc.
D'autres espèces halophiles comme les graminées,
paraissent s'adapter en limitant au contraire les accumulations de sels
minéraux (Pouget, 1980).
Plusieurs études (Zid et Grignon, 1991 ; Boughanmi ,
1995 ; Mezni et al, 1999) ont montré que les plantes adaptées au
stress Salin utilisent un ou plusieurs mécanismes pour atténuer
l'effet toxique de Na+ et Cl- ce sont :
- La réabsorption de Na+ par les cellules de
transfert ou du parenchyme vasculaire.
- La compartimentation vasculaire de Na+ dans les
tissus foliaires.
- La dilution de Na+ par la matière produite
des feuilles en pleine croissance. - L'aptitude des plantes à limiter le
transport de Na+ dans les feuilles.
- Et la synthèse de solutés organiques (Proline,
Glycine, Sucres solubles, etc.).
5- Action de l'homme :
En Afrique du Nord, dans les milieux arides notamment les
régions steppiques, la dégradation du couvert
végétal a connu une ampleur alarmante ces dernières
années, causant ainsi une déséquilibre écologique
(Le Houerou, 1995).
Cette destruction du couvert végétal est dû
au climat, sol, mais essentiellement à une action humaine.
Il s'agit à l'augmentation de la population, introduction
de nouvelles techniques inadaptées, surpâturage, etc
5-1- Le surpâturage :
Il y a surpâturage dés que le
prélèvement de matière végétale par les
animaux est supérieur à la production annuelle, ceci
entraîne une réduction du couvert végétal et de la
biomasse des espèces vivaces.
Selon PNAE- DD (2002), le Cheptel steppique en Algérie
est passé d'un équivalent- ovin pour 4 ha en 1968 à un
équivalent- ovin pour 0,78 ha, provoquant un pâturage excessif, la
végétation, composée d'Alfa, de sparte et de
l'armoise, etc., régresse progressivement
jusqu'à l'apparition généralisée de la croûte
calcaire. Parallèlement une augmentation spectaculaire de la
fréquence et de l'importance des vents de sable provoquée par la
destruction du couvert végétal et par conséquence
augmentation d'une érosion éolienne intense.
5-2- Extension des sur faces cultivées
(principalement en céréales) :
Selon PNAE- DD (2002), la surface cultivée en
Algérie est passée de 1,1 million d'hectares en 1968 à 2,1
millions d'hectares en 1990.
L'extension des labours et l'introduction de la
mécanisation sont des paramètres de dégradation aussi
importante que le surpâturage.
Les techniques de labours utilisées par les agro
pasteurs ont une action érosive, détruisant l'horizon superficiel
et stérilisant le sol, le plus souvent de manière
irréversible.
Les espèces ligneuses qui retiennent le sol sont
détruites et sont remplacées par des espèces adventices
qui favorisent l'érosion éolienne.
5-3- L'éradication des espèces ligneuses
:
Les espèces ligneuses pâturées par les
troupeaux, déracinées par les tracteurs, subissent un arrachage
par les éleveurs qui les utilisent à des fins domestiques comme
bois de chauffe ou de cuisson (armoise, blancs, etc.).
Il s'ajoute un piétinement intense de la surface du
sol, facteur favorable à l'action de l'érosion hydrique et
éolienne. Les données récentes montrent que ces
phénomènes ont provoqué d'énormes pertes :
près de 600 000 ha de terres en zone steppique sont totalement
désertifiés sans possibilité de remontée biologique
et près de 6 millions d'hectares sont menacées par les effets de
l'érosion éolienne (Ghazi et Lahoati; 1997) cité in
Nedjraoui (2003).
6-Conclusion :
Le groupement végétal étant un effet du
milieu, les groupes écologiques qui le définissent sont
liés aux trois principaux facteurs écologiques ; il y a ainsi des
groupes écologiques :
- Climatiques : (étages bioclimatiques,
aride, semi- aride, Saharien).
- édaphiques : dominants sinon exclusifs dans les
groupements azonaux.
- Anthropiques : leur action apparaît aussi par la
succession des différents stades de dégradation du couvert
végétal (foret désert)
Chaque espèce végétale reste soumise
à l'ensemble des facteurs du milieu, le fait d'appartenir à tel
ou tel groupe signifie une plus grande sensibilité à l'un des
facteurs ; par exemple le groupe écologique des plantes à la
présence d'une croûte gypseuse se rencontre, uniquement sur le sol
encroûtés mais ces espèces ne seront pas obligatoirement
les mêmes pour les bioclimats différents.
Dans les zones arides, les rigueurs climatiques obligent les
espèces végétales à des adaptations
nécessaires à leur suivie (morphologique, physiologique,
etc.).
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