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Impact de l'exploitation de "makala" sur la foret par la communauté locale de la chefferie des Basili

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par Préféré Muluba, Bunia/ RDC
Université Shalom de Bunia - Graduat en sciences option gestion de l'environnement  2011
  

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    0. INTRODUCTION

    0.1. Problématique

    En Afrique centrale, le bois représente l'essentiel de l'énergie domestique (85 % en République démocratique du Congo, RDC). Kinshasa par exemple consomme 5 millions de tonnes de bois par an, qui proviendraient de l'exploitation d'environ 60 000 hectares de forêts naturelles périurbaines. Avec l'augmentation rapide de la population urbaine (celle de Kinshasa a doublé en une génération), la pression sur les forêts naturelles s'accroît, entraînant des impacts négatifs économiques, sociaux et écologiques (BADIBANGA, 2010).

    Les besoins dendro-énergétiques entament annuellement près de 200 000 hectares de forêts naturelles. Les régions les plus touchées sont celles de Kinshasa, du Katanga et de deux Kasaï du fait de leur prédominance en principaux centres urbains du pays, et de la très forte densité de la population en zones relativement peu boisées. La même inadéquation des approvisionnements s'observe dans les régions du Bas-Congo, de Bandundu et du Kivu (Nord et Sud) à la suite d'une progression numérique des populations urbaines et rurales (KAPA et MBOMA, 2009).

    La forêt de la Chefferie des Basili diminue sensiblement à cause de besoin énergétique, la pauvreté et l'augmentation de la population dans cette contrée poussant cette dernière à la fabrication de charbon de bois ou « Makala ». L'exploitation artisanale de « Makala » chez les Basili constitue une activité de subsistance et économique en même temps. Pareille activité ne peut se réaliser sans entrainer des conséquences écologiques qui peuvent se manifester par la perte de la biodiversité et le morcellement de l'écosystème forestier au regard de son ampleur notée à ces jours.

    Cette étude veut se concentrer à l'étude de cette exploitation illicite à Basili pour dégager les conséquences écologiques observables dans cette forêt. Elle se pose fondamentalement les questions suivantes :

    Ø Quel impact environnemental cette exploitation pourra-t-elle avoir sur la biodiversité animale et végétale ?

    Ø Quelles en sont les causes qui sont à la base de l'exploitation illicite du charbon de bois dans la chefferie des Basili ?

    0.2. Hypothèse

    Pour nous rapprocher de ces questions fondamentales, nous envisageons les hypothèses suivantes :

    Ø L'exploitation illicite de charbon de bois dans les forêts de la chefferie des Basili serait à la base de la disparition de la biodiversité (végétale et animale) ;

    Ø La pauvreté, la satisfaction des besoins primaires, les besoins dendro-énergétiques et la méconnaissance des conséquences environnementales seraient les causes principales de la fabrication de makala dans la chefferie des Basili.

    0.3. Objectifs

    0.3.1. Objectif général

    Notre recherche vise à établir un état de lieu de la forêt des Basili suite à la carbonisation de bois.

    0.3.2. Objectifs spécifiques

    Notre travail sera consacré spécifiquement à :

    Ø Identifier les espèces les plus exploitées et préférées dans la fabrication de makala dans la chefferie des Basili ;

    Ø Déterminer les causes qui favorisent l'exploitation de charbon de bois dans les forêts de la chefferie des Basili ;

    Ø Relever les conséquences sur la biodiversité (végétale et animale), l'écosystème forestier exploité en particulier et sur l'environnement en général.

    0.4. Etat de question

    Plusieurs études ont été déjà menées dans ce domaine de l'exploitation de charbon de bois. Nous citons entre autres :

    KAKULE (1994), a analysé la consommation de charbons de bois à Bunia et ses implications écologiques où il relève les sites qui alimentent Bunia à charbon de bois et présente une série de conséquences pouvant subvenir dans ces sites d'exploitation suite à l'exploitation de charbon de bois, il souligne aussi comment la population de Bunia consomme ces charbons de bois.

    MBALISAGA (2000), a traité sur l'exploitation et commercialisation du charbon de bois de forêts en Ituri, où il relève les différentes techniques pratiquées pour la carbonisation de charbon de bois par la population Iturienne et présente les grands points de vente et leurs sites d'exploitation dans le district de l'Ituri.

    HABYARIMANA (2009), dont l'étude a porté sur l'identification des facteurs de la déforestation dans le groupement de Bandiamusu de 2005 à 2009 dans lequel il révèle les éléments qui favorisent la déforestation dudit groupement.

    TSHIMPANGA (2009), dans son étude sur la filière de charbon de bois à Kisangani et son incidence socio-économique, il décrit toutes les essences exploitables pour de fin de makala dans la ville de Kisangani et son circuit économique.

    KITAMBALA (2010), a fait l'étude sur l'analyse des déterminants de l'exploitation des essences indigènes ligneuses utilisées comme combustibles dans la plaine de la Ruzizi en territoire d'Uvira/RDC où il répertorie toutes les essences utilisées comme combustibles en général et fait ressortir les essences pour de fins de charbon de bois dans la plaine de Ruzizi ;

    LAWANI (2010), a travaillé sur la contribution du Bois Energie aux moyens d'existence durables des ménages riverains de la Réserve de Biosphère de la Pendjari au Bénin.

    Quant à ce qui nous concerne, nous analysons les impacts de l'exploitation illicite de makala sur la biodiversité (végétale et animale), la forêt en exploitation et sur l'environnement.

    0.5. Choix et intérêt du sujet

    Depuis le sommet de la terre de Rio en 1992, la prise de conscience des menaces pesant sur l'environnement se fait de plus en plus importante. La notion de gestion durable est ainsi devenue le concept de référence dans toutes les activités liées à l'environnement. Cette gestion des forêts tropicales telle qu'elle est préconisée de nos jours se doit d'être durable c'est-à-dire assurant la pérennité de l'écosystème et de ses ressources. La gestion rationnelle des ressources naturelles est devenue une préoccupation du pouvoir public et les parties prenantes ou impliquées, compte tenu des méfaits sur l'environnement et sur les ressources naturelles.

    C'est dans cet angle que s'inscrit le choix de notre travail. Cette étude est un cri d'alarme visant à plaider pour la dilapidation des espèces végétales et animales à la fois qui, pour ces dernières, peuvent se sentir menacées, étant donné qu'il y a la perturbation de leurs biotopes. Il est un appel vibrant à la sauvegarde de l'environnement contre les exploitations anarchiques et illicites constatées dans la chefferie des Basili pour une base ou un mode de gestion durable et d'exploitation rationnelle de la forêt. Il constitue aussi notre contribution scientifique sur laquelle le monde pourra s'appuyer dans les jours à venir.

    0.6. Délimitation du travail

    Vu l'importance des forêts tropicales dans le bassin du Congo, nous nous sommes focalisés dans l'échelle spatiale à la chefferie des Basili, tout précisément dans le groupement de Bandiamusu en Ituri. Dans l'échelle temporelle, notre étude couvre l'intervalle du temps allant de janvier en juin 2011.

    0.7. Subdivision du travail

    Hormis l'introduction et la conclusion, ce présent travail porte sur trois chapitres : le premier comporte les considérations générales ; le second traite le milieu d'étude et la méthodologie ; et enfin, le troisième chapitre donne les résultats et la discussion.

    PREMIER CHAPITRE:

    CONSIDERATIONS GENERALES

    Dans ce chapitre, il sera question de donner quelques notions clés de cette étude, il donne un bref détail sur la carbonisation ainsi que la façon dont elle se pratique chez les Basili, suivi d'une description de l'exploitation forestière d'après le code forestier congolais et les impacts environnementaux de l'exploitation forestière interviendront à la fin de ce chapitre.

    I.1. LE CONCEPT « MAKALA »

    « Makala » est un concept signifiant tout simplement la braise ou le charbon de bois en lingala.

    Les braises sont les charbons ardents issus de bois, de charbon, ou d'un autre matériau constitué de carbone porté à haute température. Elles suivent et parfois précèdent un feu ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Braise).

    Le charbon de bois est obtenu en carbonisant du bois en atmosphère contrôlée (en l'absence d' oxygène). Le procédé permet de retirer du bois, son humidité et toute matière végétale ou organique volatile, afin de ne laisser que le carbone et quelques minéraux ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Charbon_de_bois).

    Le processus d'une transformation de substance organique en charbon sous l'effet de la chaleur est la carbonisation ou carbonification, aussi appelée houillification.

    I.1.1. Mode de production du charbon de bois

    FOLEY (1986) affirme que le charbon de bois, peut être produit de telle manière qu'à partir de n'importe quelle matière organique comme le bois, la paille, les noix de coco, des sons de riz ou des os. Néanmoins, le bois est la matière première la plus répandue et produit également les meilleurs résultats.

    Le processus de la production de charbon de bois commence bien évidemment avec la collecte du bois qui est alors haché en pièces. Puis, on construit un four de carbonisation en terre, en briques ou en tonneaux en acier. Alors, on y empile de 1 à 5 tonnes de bois coupé et on allume le four pour commencer le processus de la carbonisation. Bien que le four soit toujours bien fermé, on y laisse quelques trous pour permettre l'évacuation de la vapeur et de la fumée produites. Si ces émissions changent de couleur, de plus en plus de trous sont fermés pour assurer une pyrolyse de bonne qualité. Si le four est éteint, il est ouvert et on ramasse le charbon de bois pour le mettre dans des sacs. Tout ce processus peut durer jusqu'à deux semaines lors desquelles une moitié de l'énergie est perdue.

    D'une manière générale, les méthodes de production traditionnelle sont généralement peu efficaces : 1 kg de charbon de bois est produit à partir de 8 à 12 kg de bois (STASSEN, 2002). Néanmoins, cette efficience énergétique dépend d'un nombre de facteurs dont la construction du four, l'humidité du bois, l'espèce d'arbre, l'empilement du bois et l'aptitude du carbonisateur sont les plus importants (KAMMEN & LEW, 2005).

    I.1.2. Fabrication de makala chez les Basili

    On procède tout d'abord par la recherche de l'espèce préférée dans la forêt. Une fois cette espèce trouvée, les fabricants procèdent à des travaux d'échafaudage constituant des supports autour de l'arbre pour ainsi faciliter le découpage rapide au niveau élevé du tronc car la base présente de contrefort.

    Après avoir coupé l'arbre, les fabricants procèdent au découpage de branche selon une longueur qui leur semble convenable à la carbonisation ; la longueur du tronc d'arbre varie de 1 à 2 m. Cette étape permet aux fabricants de passer à l'étape suivante qui consiste à sélectionner un site approprié pour la carbonisation. Cela veut dire, on choisit un endroit à proximité de l'arbre coupé et puis on arrange avec ordre les branches découpées afin de les couvrir avec les limons et enfin, on met le feu pour la carbonisation. L'opération de la carbonisation peut prendre 2 à 3 semaines selon la quantité ou la grandeur du four et les caractéristiques physiques de l'espèce choisie dans le but de makala.

    Ainsi, pour réaliser toutes ces opérations, il y a deux outils ou matériels à utiliser. Le premier, très lent mais moins coûteux, consiste à utiliser la machette pour découper les branches, la houe pour arranger la surface de la carbonisation, la bêche pour dégager la terre, la hache pour abattre les arbres et une lime pour aiguiser ces outils ; cependant il est très fatigant. Le second, très rapide mais coûteux, consiste à utiliser la machine tronçonneuse pour faire tomber l'arbre et l'arranger. Ce moyen n'épuise pas sensiblement l'énergie humaine comme le premier ; mais permet une dévastation rapide du milieu voire l'impact de la carbonisation sur le milieu.

    I.1.3. Rôle et importance du charbon de bois

    Les caractéristiques techniques du charbon de bois expliquent son avantage quant à l'utilisation comme source énergétique vis-à-vis du bois de chauffe. La raison principale de l'évolution urbaine du bois de chauffe vers le charbon de bois est que ce dernier a une densité énergétique plus élevée, c'est-à-dire que le charbon produit plus d'énergie par unité de poids utilisé. Ceci implique que les coûts de transport du charbon de bois sont plus abordables que ceux du bois de chauffe et que le développement d'une filière vers les villes devient une activité rentable. En outre, le charbon de bois peut être stocké sans peur de problèmes d'insectes, produit moins de fumée et a des propriétés excellentes pour la préparation de la nourriture ; il brûle de façon égale pour de longues périodes et peut être éteint et rallumé de façon rapide et facile (KAMMEN & LEW, 2005).

    I.1.4. Pouvoir calorifique du bois

    On appelle pouvoir calorifique d'un corps la quantité de chaleur dégagée par la combustion de l'unité de poids de ce corps. Le pouvoir calorifique s'exprime en joules/g (unités SI), l'expression calories étant cependant tolérée du fait de l'habitude (on rappelle que : 1 cal. = 4,1855 J). (CTFT, 1989). 

    I.2. EXPLOITATION FORESTIERE D'APRES LE CODE FORESTIER

    CONGOLAIS

    I.2.1. Exploitation forestière par les communautés locales

    Les trois articles (111, 112 et 113) du Chapitre III du Titre VII stipulent respectivement que :

    ü L'exploitation des forêts des communautés locales se fait sous la supervision et le contrôle technique de l'administration locale chargée des forêts.

    ü Outre les droits d'usage, les communautés locales ont le droit d'exploiter leur forêt. Cette exploitation peut être faite soit par elles-mêmes, soit par l'intermédiaire d'exploitants privés artisanaux, en vertu d'un accord écrit. Les exploitants privés artisanaux ne peuvent opérer dans les forêts des communautés locales que moyennant la détention d'un agrément délivré par le gouverneur de province, sur proposition de l'administration forestière locale.

    ü Pour les besoins d'exploitation de leurs forêts, les communautés locales peuvent demander le concours de l'administration forestière et obtenir une assistance de sa part. Les produits de l'exploitation reviennent à la communauté locale après déduction des frais dus à l'administration forestière pour ses prestations. L'exploitation des forêts des communautés locales peut être confiée à des tiers en vertu d'un contrat d'exploitation. Ce contrat doit être subordonné à l'approbation de l'administration forestière locale.

    I.2.2. Droits d'usage forestiers

    L'article 36 du Titre III de Code Forestier RDC (2002) stipule que les droits d'usage forestiers des populations vivant à l'intérieur ou à proximité du domaine forestier sont ceux résultant de coutumes et traditions locales pour autant que ceux-ci ne soient pas contraires aux lois et à l'ordre public. Ils permettent le prélèvement des ressources forestières par ces populations en vue de satisfaire leurs besoins domestiques, individuels ou communautaires.

    Dans le même Titre III, son article 37 déclare que la commercialisation des produits forestiers prélevés au titre des droits d'usage n'est pas autorisée, excepté certains fruits et produits dont la liste est fixée par le gouverneur de province.

    I.3. FORET

    La définition du terme « forêt » est complexe et sujette à controverses jusqu'aujourd'hui parmi les scientifiques. Elle tient compte de la surface, de la densité, de la hauteur des arbres et du taux de recouvrement du sol.

    Le Code Forestier de la RDC (TITRE Ier, Article Ier dans son alinéa 1er) entend par la forêt :

    ü Un terrain recouvert d'une formation végétale à base d'arbres ou d'arbustes aptes à fournir des produits forestiers, abriter la faune sauvage et exercer un effet direct ou indirect sur le sol, le climat ou le régime des eaux.

    ü Un terrain qui, supportant précédemment un couvert végétal arboré ou arbustif, a été coupé à blanc ou incendié et fait l'objet d'opérations de régénération naturelle ou de reboisement.

    Par extension, sont assimilées à la forêt, les terres réservées pour être recouvertes d'essences ligneuses soit pour la production du bois, soit pour la régénération forestière, soit pour la protection du sol. (Code Forestier RDC, 2002).

    Donc, la forêt est donc un milieu complexe (écosystème) où poussent plusieurs espèces végétales (plantes, bois) et où vivent de nombreux animaux. Elle est un vaste espace couvert d'arbres et constitue de l'habitat pour les animaux.

    I.4. COMMUNAUTE LOCALE

    En géographie sociale, une communauté locale désigne un ensemble de personnes vivant en collectivité dans une zone géographique donnée, à proximité les uns des autres ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_locale).

    Selon le Titre Ier d'article Ier à son alinéa 17 du Code forestier de la RDC, la communauté locale est une population traditionnellement organisée sur la base de la coutume et unie par des liens de solidarité clanique ou parentale qui fondent sa cohésion interne. Elle est caractérisée, en outre, par son attachement à un terroir déterminé.

    I.5. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE L'EXPLOITATION FORESTIERE

    Selon SCHÜTZ J.P & GEHRI E. (2009), l'exploitation forestière industrielle et artisanale peut générer des impacts négatifs et positifs.

    I.5.1. Impacts négatifs

    L'exploitation forestière intensive affecte négativement l' environnement de plusieurs points de vue :

    ü En supprimant des arbres qui sont le support de communautés épiphytes, fongiques et animales associées, elle altère directement et indirectement la composition spécifique, la structure de la forêt, le terrain, et peut causer un épuisement du sol quand il est fragile ou en forte pente ;

    ü Par les perturbations directement causées par les opérations d'abattage ( bruit), dérangement, animaux écrasés ou perdant brutalement leur habitat ;

    ü Par des impacts indirects (tassement du sol, artificialisation ou dégradation du réseau hydrographique, dérangement, construction de routes, pistes et aires de travail et de débardage) ;

    ü Par l'artificialisation des forêts, surtout dans le cas des systèmes sylvicoles basés sur les monocultures, les coupes rases et les plantations artificielles ;

    ü Et parfois en remplaçant les essences autochtones par d'autres essences peu favorables aux biocénoses locales, ou acidifiant ou dégradant les sols. Cette stratégie contribue aussi à réduire le stock génétique au sein des populations d'essences locales ;

    ü L'exploitation est souvent associée à un système de cloisonnement et de drainage. Elle peut mener à une perte d' habitats pour certaines espèces, particulièrement dans les zones écologiquement sensibles. L'exploitation sur pente raide peut provoquer une érosion du sol, des glissements de terrain, une turbidité de l'eau et dégrader des habitats particuliers (tels que «  forêts de ravin », creuses, etc.).

    I.5.2. Impacts positifs

    L'exploitation forestière peut parfois avoir des effets positifs sur l'environnement, entres autres :

    ü De petites coupes peuvent provisoirement restaurer des « milieux ouverts » utiles à certaines espèces inféodées à ces milieux ;

    ü La suppression d'arbres endommagés ou malades, en ouvrant la canopée pour accélérer la croissance d'arbres plus petits par leur mise en lumière ;

    ü Les rémanents (branches et autres parties non commercialisables de l'arbre s'ils sont laissés sur place) fournissent un abri pour une partie de la faune et une source d' humus ;

    ü Pour le sylviculteur, une coupe sélective peut améliorer la forêt et apporter un bois de meilleure qualité sur le marché du bois.

    DEUXIEME CHAPITRE:

    MILIEU D'ETUDE ET METHODOLOGIE

    Ce chapitre traite le milieu d'étude et la méthodologie poursuivie pour atteindre nos objectifs. Le milieu d'étude donne l'historique et la localisation de la Chefferie des Basili, son organisation administrative ; il donne le climat, la végétation et le sol de la contrée et termine par sa population humaine. La partie de la méthodologie donne la méthode utilisée dans ce travail ainsi que les différentes techniques poursuivies pour la récolte des données.

    II.1. MILIEU D'ETUDE

    II.1.1. Historique et localisation

    L'entité administrative des Basili a vu le jour dans les années 1910 à l'époque coloniale, suivant l'acte N° 197 du juillet 1929. Elle est une des collectivités ou chefferies d'Irumu située à l'Ouest de Bunia, territoire d'Irumu, district de l'Ituri, Province Orientale en République Démocratique du Congo. La chefferie a une altitude moyenne de 1500 m.

    Les limites géographiques se présentent comme suit :

    ü A l'est : elle est bornée par les chefferies des Babelebe, Baboa-Bokoe, Mobala, Andisoma, Walendu-Bindi, Bahema d'Irumu, Secteur des Bahema sud et la Cité de Bunia ;

    ü A l'ouest : elle est limitée par la chefferie des Walese-Vonkutu et la chefferie de Bakwanza en territoire de Mambasa ;

    ü Au nord : elle est limitée par la chefferie des Babelebe, Secteur des Baniari-Kilo, chefferie des Baboa-Bokoe, Bahema d'Irumu et la Cité de Bunia ;

    ü Au sud : bornée par la chefferie des Walese-Vonkutu.

    Les limites naturelles qui bornent cette entité sont :

    ü A l'est et au Nord : les rivières Ituri, Shari, Seyi et Masango ;

    ü A l'ouest : la rivière Ituri ;

    ü Au sud : la rivière Bolombo.

    II.1.2. Organisation administrative

    La chefferie des Basili a trois groupements : Basunu, Bandiamusu et Makabo. Et chaque groupement a ses localités qui se partagent de manière suivante :

    ü Groupement des Basunu avec ses 9 localités : Kela I, Kela II, Bainda, Basiga, Ngumata, Bgoloku, Kinga, Bagalaba et Singinini.

    ü Groupement des Bandiamusu avec ses 10 localités : Bakaifa, Ngalula I, Makayanga, Mangusu, Mbolumbolu, Balaza-Kibonge, Holu II, Ngombenyama, Bahiti et Mangiva.

    ü Groupement des Makabo avec ses 6 localités : Luga I, Luga II, Ibara, Bungalu, Ngadjo et Kombokabo.

    II.1.3. Climat, végétation et sol

    Le groupement de Bandiamusu dans la chefferie des Basili couvert par la forêt équatoriale connaît principalement le climat équatorial. Il y pleut presque durant toute l'année avec des maxima dans l'intervalle de la période allant de 21 mars au 21 septembre au passage du soleil au zénith. Les restes des mois, c'est-à-dire les mois d'octobre, novembre, décembre, janvier et février connaissent une diminution des pluies. Une brève prolongation des pluies (saison pluvieuse) peut s'observer encore au mois d'octobre.

    La chefferie des Basili est couverte par la savane herbeuse au nord et la forêt équatoriale à l'ouest et au sud avec une très grande biodiversité d'espèces végétales et animales. Elle a un sol argilo-sablonneux. La chefferie possède aussi des montagnes d'une grande importance dont les sommets les plus élevés sont : Mbolumbolu, Kpalamata, Bogi, Bahiti et Baloza.

    II.1.4. Population humaine

    La chefferie des Basili a une superficie de 1773 km2 occupée par une population qui se chiffre à 49 764 personnes reparties en tribus très confondues, selon le recensement 2010. On y trouve les Bira, les Pygmées, les Lendu-Bindi, les Hira, les Lendu-Nord, les Lokele, les Bila, les Kakwa, les Bendi, les Lugwara, les Budu, les alur, etc. La densité s'élève à 28 habitants par km2.

    II.2. METHODOLOGIE

    Pour arriver à une bonne analyse des données de ce travail, nous nous sommes servis de la méthode analytique appuyée par certaines techniques. La méthode analytique consiste à discerner les différentes parties d'un tout, à déterminer et à expliquer le rapport qu'elles entretiennent les unes des autres. Cette méthode nous a permis d'analyser l'ensemble de processus de la production de makala afin d'en sortir les impacts de cette activité sur l'environnement. Pour y arriver, nous avons utilisé les techniques suivantes :

    ü Technique d'observation directe : C'est une technique qui nous a permis de faire des investigations et être en contact avec le champ d'étude pour voir l'état de lieu de la forêt de la chefferie des Basili.

    ü Technique documentaire : Cette technique nous a permis d'étudier et d'analyser les documents en rapport avec l'exploitation forestière en RDC dont le principal document est le Journal Officiel de la RDC, Loi N° 011/2002 du 29 Août 2002 portant Code Forestier et les autres ouvrages.

    ü Technique d'interview structurée : Elle nous a servi à un entretien verbal avec les exploitants de makala en nous fixant d'avance un nombre, un ordre et un énoncé sous une série de questions dans le protocole d'interview figurant en annexe I.

    II.3. POPULATION D'ETUDE ET ECHANTILLONNAGE DU TRAVAIL

    Notre étude était constituée de tous les exploitants ou fabricants de makala de groupement de Bandiamusu dans la chefferie des Basili. Sur un effectif total de 83 fabricants enregistrés à la chefferie, notre échantillon était constitué aléatoirement de 50 exploitants enquêtés dans 2 localités, soit 60,2 % du total.

    CHAPITRE TROISIEME :

    RESULTATS ET DISCUSSION

    III.1. RESULTATS

    Les résultats porteront sur la répartition de catégories des enquêtés (par sexe et par ancienneté), production de makala (par four et par localité), les espèces exploitées et préférées chez les Basili et donne la justification de choix de ces espèces. Les résultats donnent aussi les causes de l'exploitation de forêt à Basili et établissent un état de connaissance sur l'impact dû à l'exploitation de forêt en général et de makala en particulier. Enfin, ils relèvent les impacts de l'exploitation des makala sur la biodiversité et sur l'environnement.

    III.1.1. Répartition de catégories des enquêtés

    Notre étude s'est focalisée dans la chefferie des Basili, groupement de Bandiamusu, tout précisément dans deux localités où nous avons vu que l'exploitation de makala a une grande ampleur. Il s'agit des localités de Makayanga et Mangusu. Sur un effectif total environ de 83 fabricants de makala dans les deux localités, nous avons pris un échantillon aléatoire de 50 fabricants soit à peu près de 60,2 % de l'univers d'étude.

    La figure 1 donne la répartition des enquêtés selon leur sexe. Le détail de ce résultat est repris au tableau 1 en annexe.

    Figure 1 : Répartition des enquêtés selon leur sexe

    Dans cette figure on note que 86 % de nos enquêtés sont des hommes et 14 % des femmes.

    III.1.2. Répartition de catégories des enquêtés selon leur ancienneté dans

    l'exploitation des makala

    L'ancienneté dans l'exploitation des makala dans les deux localités des Basili est représentée dans la figure qui suit.

    Figure 2 : Répartition des enquêtés selon l'ancienneté à la fabrication de « Makala » 

    Beaucoup d'enquêtés se retrouvent dans l'intervalle de 1,5 à 8,5 (soit 30 %) du total, suivi de 28 % dans l'intervalle de 8,5 à 15,5. Le taux d'ancienneté le plus faible (2 %) est enregistré dans l'intervalle de l'année allant de 29,5 à 36,5.

    III.1.3. Production de makala par four et par localité

    La production par kg convertie en sac et le volume de four sont consignés dans le tableau qui suit.

    Tableau 1 : Production de makala en kg et en sacs, le nombre de fours par localité, le volume de bois carbonisés

    Le tableau suivant donne le nombre de fours par mois, le volume de fours en m3 et la production de bois en kg et en sacs.

    Localité

    Nbre de fours par mois

    Volume de fours en m3

    Production en kg

    Production en sacs

    Makayanga

    40

    900

    23 400

    936

    Mangusu

    31

    697,5

    18 135

    725

    Total

    71

    1 597,5

    41 535

    1 661

    Le nombre de fours total de tous les exploitants légaux est de 71 fours (40 pour Makayanga et 31 pour Mangusu). En considérant que chaque four a comme dimension carrée de 9 m2 de surface et 2,5 m de la hauteur, on estime son volume à 22,5 m3. Le volume total de fours par village est respectivement égal à 900 m3 à Makayanga et 697,5 m2 à Mangusu.

    Partant de l'analogie de GIRARD (1992) qui démontre d'après ses recherches effectuées au Cameroun et au Sénégal que 8 m3 équivaudrait à 208 kg, la production totale pour les exploitants légaux revient à 41 535 kg. Etant donné que le sac de Makala est de 25 kg, la production estimée en sac donne 936 sacs dans la localité de Makayanga et 725 sacs dans la localité de Mangusu.

    III.1.4. Espèces exploitées et préférées

    Les espèces exploitées et préférées sont inscrites dans le tableau ci-dessous.

    Tableau 2 : Espèces exploitées pour la fabrication de « Makala » au groupement de Bandiamusu

    Préférence (qualité)

    Nom pilote

    Nom scientifique

    Nom vernaculaire (Basili)

    Famille

    Type de forêt

    1

    Muhimbi

    Cynometra alexandrii

    Butina ou Tuna

    Caesalpiniaceae

    Forêt primaire

    2

    3

    Ikele ou Eveuss

    N'gulu-maza ou Bonkngu

    Klainedoxa gabonensis

    Nauclea diderrichii

    Kpama ou Kpakpa

    Longo

    Irvingiaceae

    Rubiaceae

    Forêt secondaire

    Forêt

    secondaire

    Le tableau ci-dessus donne le nom pilote de l'espèce exploitée, son nom scientifique, le nom vernaculaire chez les Basili, la famille de l'espèce, ainsi que le type de forêt où se retrouvent ces espèces.

    III.1.5. Justification du choix de ces espèces chez les Basili

    Les fabricants de braise apprécient beaucoup plus l'espèce Cynometra alexandrii à cause de son pouvoir calorifique très élevé que les autres espèces utilisées. A défaut de celle-ci, les fabricants font recours aux deux autres espèces. Le Cynometra alexandrii est retrouvé dans la forêt primaire et les deux autres (Klainedoxa gabonensis et Nauclea diderrichii) dans la forêt secondaire aux champs des particuliers.

    III.1.6. Causes de l'exploitation de « Makala »

    Les causes favorisant l'exploitation de makala sont reprises dans la figure ci-après.

    Figure 3 : Causes de l'exploitation de Makala chez les Basili

    On remarque dans la figure que 23% des enquêtés pense que la pauvreté et la satisfaction sont les causes premières à la base de la fabrication de makala, suivi de 21% qui pense c'est la satisfaction des besoins de bases en elle seule (alimentation, habillement, ...), les autres causes non négligeables sont la croissance démographique. D'autres enquêtés combinés parfois deux causes comme on peut le constater dans la figure.

    III.1.7. Redevance

    Pour être exploitant de makala dans la chefferie des Basili, on doit une redevance annuelle au service de l'environnement via la chefferie. Les exploitants en association payent une taxe de 10 $ USA par exploitant.

    III.1.8. De l'organisation des exploitants de « Makala » à l'état de connaissance sur

    l'impact dû à l'exploitation de la forêt par la population

    Par rapport à l'organisation des fabricants de makala, les points de vue de ces derniers sont exprimés dans la figure ci-après.

    Figure 4 : Effectif des enquêtés ayant répondu par rapport à l'organisation des exploitants par localité

    Cette figure présente les opinions des enquêtés par rapport à l'organisation des exploitants de makala. On note que dans la localité de Makayanga, 76 % des enquêtés disent qu'il existe une association composée d'un comité d'exploitants et 24 % disent qu'il n'y a pas. Dans la localité de Mangusu, 68 % ont donné leur avis favorable qu'il existe une association des exploitants et 32 % ont donné leur avis contraire que cette dernière n'existe pas. La moyenne totale des enquêtés dans les deux localités donne 72 % qui pense qu'il existe une association et 28 % qui pense qu'il n'existe pas.

    Quant à l'état de connaissance sur l'impact dû à l'exploitation de forêt et à la fabrication de makala, les points de vue des fabricants sont contenus dans la figure ci-dessous.

    Figure 5 : Etat de connaissance sur l'impact dû à l'exploitation de forêt et de « Makala »

    On observe qu'à Mangusu, seulement 8 % connaissent les impacts de l'exploitation de makala sur l'environnement et 92 % ne connaissent pas. Ces deux personnes sont communément appelées des agronomes. Dans la localité de Makayanga, personne (soit 0 %) ne connaît l'impact de l'exploitation de makala sur l'environnement. La moyenne dans les deux localités donne 4 % des enquêtés qui connaissent les impacts de l'exploitation de makala sur l'environnement et 96 % ne connaissent pas.

    III.1.9. Impact de l'exploitation des « Makala »  sur la biodiversité et sur

    l'environnement

    III.1.9.1. Impact sur la biodiversité végétale

    1. Les espèces exploitées

    Pour tous les enquêtés, les espèces les plus exploitées (Cynometra alexandrii, Klainedoxa gabonensis, Nauclea diderrichii) commencent à s'observer à très longues distances qu'il y a 3 ans. Dans le tableau qui suit, il est indiqué la distance actuelle sur laquelle sont actuellement visibles les trois espèces exploitées pour la fabrication de makala.

    Tableau 3 : Comparaison de distance moyenne entre le milieu humain et le site de fabrication selon les années

    Le tableau 3 donne la comparaison entre la distance de chaque espèce par rapport aux années passées.

    Espèces

    Les années antérieures ou avant 2007

    De 2007 à 2010

    Cynometra alexandrii

    2 à 4 km

    6 à 8 km

    Klainedoxa gabonensis et Nauclea diderrichii

    1 à 3 km

    3 à 5 km

    On note que l'espèce Cynometra alexandrii prend le recul de 6 à 8 km alors qu'elle était facilement trouvable à distance allant de 2 à 4 km seulement en 2007 - 2008. Les deux autres espèces reculent de 3 à 5 km en 2010 alors elles étaient qu'à une distance de 1 à 3 km en 2007.

    2. Les autres espèces végétales non exploitées

    Les réponses données par la population à la question à savoir comment procédez-vous pour la fabrication de makala ? Les enquêtés affirment que le fabricant coupe les espèces de moyenne taille qui sont autour de l'espèce exploitable sans en faire l'identification en les utilisant pour son four.

    3. Altération de la forêt 

    L'abattage crée les troués dans la canopée et une diminution de sa richesse. Ces coupes constituent la perturbation de l'écosystème dans la strate sous arbustive et arborescente.

    III.1.9.2. Impact sur la diversité animale

    La perturbation de l'écosystème forestier occasionne la destruction des habitats et donc la fuite des animaux.

    III.1.9.3. Impact sur l'environnement

    ü Combustion du CO et CO2 dans l'atmosphère

    ü L'exposition des sols aux intempéries (vent, soleil, érosion), etc.

    III.2. DISCUSSION

    L'exploitation anarchique constatée dans la chefferie des Basili par la fabrication de charbon de bois, contribue énormément à la dégradation des ressources naturelles dans la forêt de la contrée.

    III.2.1. Comparaison des essences exploitées à Basili et dans d'autres régions

    Le tableau qui suit à la page suivante compare les essences exploitées dans la chefferie des Basili et dans les autres régions de la R.D.Congo et en Afrique.

    Tableau 4 : Comparaison des essences exploitables pour les makala dans la chefferie des Basili et dans d'autres régions de la R.D.Congo et en Afrique

    Espèces exploitées

    Lieu

    Auteur

    Cynometra alexandrii, Nauclea diderrichii et

    Klainedoxa gabonensis

    Chefferie des Basili en Ituri (Province Orientale, RDC)

    Présent travail

    Cynometra alexandrii

    Walu et Angu dans la Chefferie des Babelebe en Ituri

    MWATCHA (2010)

    Uapaca guineensis,

    Gilbertiodendron dewevrei,

    Cynometra sessiliflora ,

    Petersianthus macrocarpus,etc.

    Kisangani en Province Orientale

    TSHIMPANGA (2009)

    Acacia hockii, Acacia kirkii, Acacia polyacantha, Acacia seyal, Acacia sieberiama et Dichrostachys cinerea

    Ruzizi en territoire d'Uvira au Sud-Kivu/ RDC

    KITAMBALA (2010)

    Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Vitellaria paradoxa et Anogeissus leiocarpus

    Réserve de la Biosphère de Pendjari au Benin

    LAWANI (2010)

    Anogeisus leiocarpusProsopis africanaVitellaria paradoxa

    Monts Kouffé au Bénin

    MOUHAMADOU (2005)

    Dans ce tableau, on note que l'espèce Cynometra alexandrii est exploitée dans l'Ituri. Etant donné l'Ituri est caractérisé par les forêts en Cynometra et la préférence de son pouvoir calorifique, il est de ce fait l'espèce la plus dendro-énergétique du milieu.

    La différence en espèce utilisée pour le charbon de bois est remarquée d'après chaque région peut-être à ce niveau d'analyse, attribuable à la différence phytogéographique entre les régions que nous comparons et parfois aussi à la préférence dendro-énergétique de chaque région.

    III.2.2. Comparaison d'impacts de la carbonisation sur la biodiversité

    1. Sur la diversité végétale

    Dans le tableau qui suit à la page suivante est comparé l'impact de l'exploitation de makala sur la da diversité végétale.

    Tableau 5 : Comparaison d'impacts de la carbonisation sur la diversité végétale

    Impacts

    Lieu

    Auteur

    La disparition des espèces exploitées manifestée par la distance de parcours et la dégradation de la forêt qui s'explique par la réduction de la couverture végétale

    Chefferie des Basili en Ituri (Province Orientale, RDC)

    Le présent travail

    Dégradation de l'environnement en général et réduction de la couverture forestière en particulier

    Walu et Angu dans la Chefferie des Babelebe en Ituri

    MWATCHA (2010)

    L'extinction de quelques espèces (Pterocarpus erinaceus, hexalobus monopetalus)

    Réserve de la Biosphère de Pendjari au Bénin

    LAWANI (2010)

    Les espèces végétales sont menacées en extinction et la réduction de la couverture forestière

    Ruzizi en territoire d'Uvira au Sud-Kivu/ RDC

    KITAMBALA (2010)

    L'impact résultant de l'exploitation de makala comme établi par les différents auteurs et par cette recherche consiste de manière générale à la disparition des espèces végétales exploitées et celles des environs immédiats étant donné que celles-ci sont utilisées comme combustibles dans les fours et en même temps dans la construction de ceux-ci. La disparition de la diversité végétale dans les régions tropicales est les résultats de plusieurs causes dont notamment les agricultures sur brulis, les exploitations industrielles et artisanales des forêts et minières, la faiblesse de la législation, etc. comme l'attestent plusieurs auteurs (ATIBT, 2006 ; CTB, 2007 ; CIRAD et al, 2007).

    2. Sur la diversité animale

    Tous les auteurs cités précédemment dans les deux tableaux comparatifs de la discussion affirment que la perturbation de l'écosystème forestier occasionne la destruction des habitats et donc la fuite des animaux. Cela s'explique par l'éloignement des animaux dans la forêt non perturbée.

    III.2.3. Comparaison des facteurs favorisant l'exploitation de Makala à Basili et dans

    les autres milieux

    Dans le tableau qui suit à la page suivante, nous présentons les facteurs favorisant l'exploitation de makala dans la chefferie de Basili et dans d'autres milieux.

    Tableau 6 : Comparaison des facteurs favorisant l'exploitation de Makala à Basili et dans les autres milieux

    Ce tableau 6 nous présente les facteurs favorisant l'exploitation de makala selon chaque milieu ou région.

    Facteurs

    Lieu

    Auteur

    § La pauvreté,

    § La satisfaction des besoins de base,

    § La croissance démographique

    Chefferie des Basili en Ituri (Province Orientale, RDC)

    Le présent travail

    § Augmentation de la population,

    § Les besoins vitaux,

    § La pauvreté

    Monts Kouffé au Bénin

    MOUHAMADOU (2005)

    § Déficit remarquable du courant électrique

    Walu et Angu dans la Chefferie des Babelebe en Ituri

    MWATCHA (2010)

    § La croissance démographique

    § Les besoins énergétique

    § La pauvreté

    Ruzizi en territoire d'Uvira au Sud-Kivu/ RDC

    KITAMBALA (2010)

    Les facteurs établis par plusieurs auteurs dans les milieux respectifs de leur recherche sont à résumé généralement par les facteurs socio-économiques difficiles (satisfaction des besoins primaires, la pauvreté, les besoins énergétiques et la croissance demographique).

    Pour LUKOKI (2004), le bois demeure la principale et souvent la seule source d'énergie pour de nombreux habitants de vastes régions du monde en développement. Ainsi, BERGONZINI & LANLY (2000) appuient l'hypothèse de LUKOKI (2004) en disant que, pour la majorité des habitants des régions tropicales, soit la quasi-totalité des ruraux et une forte proportion de citadins, le bois et le charbon de bois restent le plus souvent les seules sources d'énergie et économiquement accessibles et aussi culturellement acceptées. Ces raisons restent fondamentales et vérifiables pour la chefferie des Basili.

    III.2.4. Impacts de l'exploitation de charbons de bois sur l'environnement

    La carbonisation de bois est un travail qui a plusieurs effets pervers sur la santé humaine, l'air ainsi que sur le sol aussi. La santé de l'homme est affectée par ce métier du fait que le fabricant de « Makala » est exposé à une très forte chaleur, il inhale le monoxyde de carbone (CO), un gaz hautement toxique pénétrant par les voies respiratoires pour aller se fixer sur l'hémoglobine du sang. La carbonisation est une importante source des fumées chargées de CO2. Cette émission aggrave l'accumulation atmosphérique de GES étant donné que la couverture forestière diminue sensiblement avec la déforestation. Enfin, la partie carbonisée rend le sol infertile ou improductif. Tous ces effets aboutissent au changement climatique et à la perturbation du régime pluviométrique du milieu et donc du calendrier agricole qui peut conduire, à la longue, à une insécurité alimentaire.

    CONCLUSION

    Nous voici au terme de notre étude portant sur « Impact de l'exploitation de makala sur la forêt par la communauté locale de la Chefferie des Basili (Groupement de Bandiamusu) en Ituri ».

    L'objectif poursuivi a consisté à évaluer les impacts de l'exploitation de makala sur l'environnement de manière générale et particulièrement sur la forêt. Pour y parvenir nous nous sommes proposés comme hypothèses de départ :

    Ø L'exploitation illicite de charbon de bois dans les forêts de la Chefferie des Basili serait à la base de la disparition de la biodiversité (végétale et animale) ;

    Ø La pauvreté, les besoins dendro-énergétiques et la méconnaissance des conséquences environnementales seraient les causes principales de la fabrication de Makala dans la chefferie des Basili.

    Pour atteindre ces objectifs, la méthodologie a porté sur l'analyse et la description des effets observés sur terrain appuyées par les techniques d'observation directe, documentaire et par l'interview structurée.

    A l'issu de cette recherche, les résultats ci-après ont été retenus :

    ü 86 % des hommes et 14 % des femmes ont constitué notre échantillon.

    ü Beaucoup plus des enquêtés se retrouvent dans l'intervalle de 1,5 à 8,5 (soit 30 %). Le taux d'ancienneté le plus faible (2 %) est enregistré dans l'intervalle de l'année allant de 29,5 à 36,5 (voir Figure 2).

    ü La production totale de bois carbonisés est estimée à un volume de 1.597,5 m3 (voir Tableau 1).

    ü Les espèces exploitées et préférées à la carbonisation de bois dans la chefferie des Basili sont Cynometra alexandrii, Klainedoxa gabonensis et Nauclea diderrichii (voir Tableau 2).

    ü A ce qui concerne la justification de choix d'espèce chez les Basili, les fabricants de braise apprécient beaucoup plus l'espèce Cynometra alexandrii à cause de son pouvoir calorifique très élevé que les autres espèces utilisées.

    ü Pour les causes favorisant l'exploitation de makala dans la chefferie des Basili : 23 % des enquêtés pense que la pauvreté et la satisfaction des besoins primaires sont les causes premières à la base de la fabrication de makala.

    ü Les exploitants en association payent une taxe de 10 $ USA par exploitant par an à la chefferie.

    ü En moyenne dans les deux localités, seuls 4 % des enquêtés connaissent les impacts de l'exploitation de makala sur l'environnement et 96 % ne connaissent pas.

    Quant à ce qui concerne les impacts de l'exploitation de makala sur la biodiversité et sur l'environnement, les résultats obtenus montrent que:

    ü Les espèces les plus exploitées (Cynometra alexandrii, Klainedoxa gabonensis, Nauclea diderrichii) commencent à s'observer à très longues distances allant jusqu'à 6 à 8 km.

    ü L'altération de forêt qui se manifeste par les troués dans la canopée et une diminution de sa richesse.

    ü La perturbation de l'écosystème forestier occasionne la destruction des habitats et occasionne la fuite des animaux.

    ü L'abattage des arbres exploités pour le makala et les autres espèces qui accompagnent cette pratique provoque la combustion de CO et CO2 dans l'atmosphère, l'exposition des sols aux intempéries (vent, soleil, érosion), etc.

    Pour terminer ce modeste travail nous suggérons ce qui suit :

    ð Que les plantations des essences à croissance rapide et à pouvoir calorifique comme les Eucalyptus soient promues.

    ð Compte tenu de son grand potentiel hydroélectrique, la réhabilitation de barrage pouvant fournir l'énergie électrique à une bonne partie de la population à proximité de ces localités (Bunia) demeure une des pistes efficace pour sauver encore quelques écosystèmes forestiers vulnérables.

    ð Le gouvernement forme un groupe d'experts en environnement pour une sensibilisation et/ou un encadrement en vue de la gestion durable de ressources forestières.

    BIBLIOGRAPHIE

    ATIBT, 2006. Exploitation forestière à impact réduit, Module10, Formation de

    forestier aménagiste et de gestionnaire forestier, Ecole Nationale des Eaux et Forêts du Cap Estérias Libreville, Gabon, 53 pages.

    BADIBANGA, W. 2010. Projet Makala 2008 : Gérer durablement la ressource des

    bois d'énergie, Projet Europe-Aid-DCI-ENV/2008/151-384.

    BERGONZINI, J.C. & LANLY, J.P. (2000). Les forêts tropicales, CIRAD, éd.

    Karthala, Paris, 164 pages.

    CIFOR, Banque mondiale & CIRAD, 2007. La forêt en République Démocratique du

    Congo post-conflit : Analyse d'un agenda prioritaire, Jakarta 10065, Indonésie, + 81 pages.

    CTB, 2007. Quel avenir pour les forêts de la République démocratique du Congo?

    Instruments et mécanismes innovants pour une gestion durable des forêts, Reflection and discussion paper - 2007/01

    CTFT, 1989. Mémento du forestier « Techniques rurales en Afrique », 3è édition 1989,

    MINISTÈRE DE LA COOPÉRATION

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    Earthscan, International Institute for Environment and Development, London.

    GIRARD P., 1992. Techniques et matériels de carbonisation : contrôle de

    performances, in Revue « Bois et Forêts des Tropiques », N° 232.

    HABYARIMANA, 2009. Identification des facteurs de la déforestation dans le

    groupement de Bandiamusu de 2005 à 2009, TFC, USB/Bunia.

    Journal Officiel de la RDC, Loi N° 011/2002 du 29 Aout 2002 portant Code Forestier.

    KAKULE, W. 1999. Consommation de charbons de bois à Bunia et ses implications

    écologiques, TFC, ISP/Bunia, 47 pages.

    KAMMEN, D.M. & LEW, D.J. 2005. Review of the technologies for the production

    and use of charcoal: renewable and appropriate energy laboratory report. Berkeley, University of California. 67p

    KAPA, B.F. & MBOMA, A.G. 2009. Impacts des activités humaines sur la richesse

    spécifique de la RDC, Monographie dans gmboma, Kinshasa/RDC.

    KITAMBALA, C. 2010. Analyse des déterminants de l'exploitation des essences

    indigènes ligneuses utilisées comme combustibles dans la plaine de la Ruzizi en territoire d'Uvira/RDC, Mémoire, ISDR/Uvira.

    LAWANI, A. 2010. Contribution du Bois Energie aux moyens d'existence durables des

    ménages riverains de la Réserve de Biosphère de la Pendjari au Bénin, Thèse/Doctorant, Université d'Abomey-Calavi, Bénin.

    LUKOKI, L.F. 2004. Le développement et les risques écologiques, in Revue Africaine

    de Théologie/Faculté Catholique de Kinshasa, Kinshasa, Inédit, 297-310 pages.

    LUWAWA, M. 1988. Commercialisation de charbon de bois à Bunia, TFC, ISP/Bunia,

    40 pages.

    MBALISAGA, J. 2000. Exploitation et commercialisation de charbon de bois de forêt

    en Ituri, TFC, CUEB/Bunia, 35 pages.

    MOUHAMADOU, T.I. 2005. Effet de bordure des terroirs villageois sur les aires

    protégées suite à la dynamique de l'utilisation des terres : cas de la forêt classée des Monts Kouffé au Benin, Mémoire/DEA, Université d'Abomey-Calavi, Bénin.

    MWATCHA, M.D. 2010. Impacts de la fabrication de charbon de bois dans

    l'écosystème forestier sur l'environnement en district de l'Ituri : Cas de la chefferie de Babelebe, TFC, USB/Bunia.

    SCHÜTZ, J.P. & GEHRI, E. 2009. Plaidoyer pour la production de gros bois, Forêt

    Wallonne 102: 14-20 (7 p., 13 réf.).

    STASSEN, H.E. 2002. Developments in charcoal production technologies. Unasylva,

    211, 34-35.

    TSHIMPANGA, O.C. 2009, Etude sur la filière de charbon de bois et son incidence

    socio-économique à Kisangani et ses environs, DEA, UNIKIS.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Charbon_de_bois

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Braise

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_locale

    TABLE DES MATIERES

    DEDICACE i

    REMERCIEMENTS ii

    ABREVIATIONS ET SIGLES iv

    0. INTRODUCTION 1

    0.1. PROBLEMATIQUE 1

    0.2. HYPOTHESE 2

    0.3. OBJECTIFS 2

    0.3.1. Objectif général 2

    0.3.2. Objectifs spécifiques 2

    0.4. ETAT DE QUESTION 2

    0.5. CHOIX ET INTÉRÊT DU SUJET 2

    0.6. DÉLIMITATION DU TRAVAIL 2

    0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL 2

    PREMIER CHAPITRE: CONSIDERATIONS GENERALES 2

    I.1. LE CONCEPT « MAKALA » 2

    I.1.1. Mode de production du charbon de bois 2

    I.1.2. Fabrication de makala chez les Basili 2

    I.1.3. Rôle et importance du charbon de bois 2

    I.1.4. Pouvoir calorifique du bois 2

    I.2. EXPLOITATION FORESTIERE D'APRES LE CODE FORESTIER CONGOLAIS 2

    I.2.1. Exploitation forestière par les communautés locales 2

    I.2.2. Droits d'usage forestiers 2

    I.3. FORET 2

    I.4. COMMUNAUTE LOCALE 2

    I.5. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE L'EXPLOITATION FORESTIERE 2

    I.5.1. Impacts négatifs 2

    I.5.2. Impacts positifs 2

    DEUXIEME CHAPITRE: MILIEU D'ETUDE ET METHODOLOGIE 2

    II.1. MILIEU D'ETUDE 2

    II.1.1. Historique et localisation 2

    II.1.2. Organisation administrative 2

    II.1.3. Climat, végétation et sol 2

    II.1.4. Population humaine 2

    II.2. METHODOLOGIE 2

    II.3. POPULATION D'ETUDE ET ECHANTILLONNAGE DU TRAVAIL 2

    CHAPITRE TROISIEME :RESULTATS ET DISCUSSION 2

    III.1. RESULTATS 2

    III.1.1. Répartition de catégories des enquêtés 2

    III.1.2. Répartition de catégories des enquêtés selon leur ancienneté dans l'exploitation des makala 2

    III.1.3. Production de « Makala »  par four et par localité 2

    III.1.4. Espèces exploitées et préférées 2

    III.1.5. Justification du choix de ces espèces chez les Basili 2

    III.1.6. Causes de l'exploitation de « Makala » 2

    III.1.7. Redevance 2

    III.1.8. De l'organisation des exploitants de « Makala » à l'état de connaissance sur l'impact dû à l'exploitation de la forêt par la population 2

    III.1.9. Impact de l'exploitation des « Makala »  sur la biodiversité et sur l'environnement 2

    III.2. DISCUSSION 2

    III.2.1. Comparaison des essences exploitées à Basili et dans d'autres régions 2

    III.2.2. Comparaison d'impacts de la carbonisation sur la biodiversité 2

    III.2.3. Comparaison des facteurs favorisant l'exploitation de Makala à Basili et dans les autres milieux 2

    III.2.4. Les impacts de l'exploitation des bois charbons de bois sur l'environnement 2

    CONCLUSION 2

    BIBLIOGRAPHIE 2

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 : production de « makala » en kg et en sacs, le nombre de fours par localite, le volume de bois carbonises 16

    Tableau 2 : especes exploitees pour la fabrication de « makala » au groupement de bandiamusu 17

    Tableau 3 : comparaison de distance moyenne entre le milieu humain et le site de fabrication selon les annees 21

    Tableau 4 : comparaison des essences exploitables pour les makala dans la chefferie des Basili et dans d'autres regions de la R.D.Congo et en Afrique 23

    Tableau 5 : comparaison d'impacts de la carbonisation sur la diversite vegetale 25

    Tableau 6 : comparaison des facteurs favorisant l'exploitation de makala a basili et dans les autres milieux 27

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1 : repartition des enquetes selon leur sexe 14

    Figure 2 : repartition des enquetes selon l'anciennete a la fabrication de « makala » 15

    Figure 3 : causes de l'exploitation de makala chez les basili 18

    Figure 4 : effectif des enquetes ayant repondu par rapport a l'organisation des exploitants par localite 19

    Figure 5 : etat de connaissance sur l'impact du a l'exploitation de foret et de « makala » 20






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