Introduction
Ils ont été oubliés. Oubliés des
grands programmes internationaux. Pourtant, les orphelins et enfants rendus
vulnérables en raison du VIH/SIDA sont estimés à 15
millions ! Une majeure partie vit en Afrique. Comment a-t-on pu ne pas les
voir ? Dans ce continent, où l'accès aux traitements reste
difficile, 80% des enfants séropositifs meurent avant l'âge de 5
ans faute de soins. Et tous les autres ? A-t-on voulu oublier que tous les
enfants de parents séropositifs ne mourraient pas ? Que tous
n'étaient pas infectés ? La priorité était
ailleurs, l'attention tournée vers les adultes au détriment des
enfants. Si les organisations internationales ont fait la politique de
l'autruche, sur le terrain, les réponses sont souvent venues des plus
vulnérables, des plus touchés : la famille proche, les
aînés, les grands-parents. La structure familiale s'est
remodelée pour répondre à l'urgence, accueillir l'enfant
et éviter le pire : la rue, l'errance (Éditorial JDS,
2006).
I. Problématique, justification et contexte du stage
I.1 Problématique
A la fin de l'année 2005, les enfants de moins de 15
ans infectés par le VIH étaient estimés à 2,3
millions (dont 2 millions vivant en Afrique subsaharienne), alors qu'on a
enregistré 700 000 nouvelles infections et 570 000
décès d'enfants (ONUSIDA et OMS, 2005).
La communauté internationale n'a commencé que
récemment à reconnaître et analyser le problème de
la prise en charge des orphelins du sida (Foster, 2002). Ce n'est qu'en 2001
que l'assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA
a adopté une déclaration d'engagement concernant les orphelins et
autres enfants rendus vulnérables par le VIH sous la forme d'un cadre
d'action (Grassly et Timaeus, 2003). Au niveau national, les réactions
des gouvernements africains face à la crise des orphelins ont aussi
été tardives.
Il est important de rappeler que l'existence d'un nombre
important d'orphelins est antérieure à l'épidémie
du VIH/SIDA en Afrique subsaharienne, mais que le système traditionnel
de prise en charge absorbait ceux-ci. Le SIDA est venu bouleverser ce mode de
prise en charge. La situation des orphelins et des enfants vulnérables
par le fait du VIH/SIDA est une préoccupation de l'heure.
L'Enquête Démographique et de Santé du
Burkina Faso de 2003 révèle que le pourcentage d'orphelins est de
7% sur l'ensemble des enfants. La problématique des OEV prend de
l'ampleur du fait des effets conjugués de l'infection à VIH et de
la pauvreté. Dans l'optique d'apporter une réponse à ce
problème, le Burkina Faso a fait un choix stratégique en adoptant
un cadre stratégique de prise en charge des OEV en octobre 2005 et le
programme national de leur prise en charge a été validé en
février 2006. Le pays dispose à présent d'outils
précieux qui permettent une définition claire des
activités à mener.
Dans le processus d'opérationnalisation, un axe central
est défini à savoir le renforcement des capacités
familiales, communautaires et institutionnelles pour une prise en charge
efficace et efficiente des OEV en contexte de VIH/SIDA. Un accent particulier
doit être mis sur une meilleure structuration et un renforcement des
capacités opérationnelles des organisations communautaires de
base.
Il convient de noter que les associations et autres
organisations à base communautaires jouent un rôle important dans
la prise en charge des orphelins au Burkina, à côté des
services publics. Notre ambition à travers ce travail est d'identifier
les mécanismes mis en place et de comprendre leur fonctionnement. Ainsi,
il s'agira de répondre aux questions suivantes : Comment se
déroule la prise en charge globale des OEV au Burkina ? Quels
sont les facteurs qui facilitent ou compliquent le processus
d'amélioration des conditions de vie des OEV ?
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