Université de Ouagadougou
Institut Supérieur des Sciences de la
Population
Master en Population et Santé
Année académique 2006-2007
THEME :
ANALYSE DE LA PRISE EN CHARGE GLOBALE DES ORPHELINS ET
ENFANTS RENDUS VULNERABLES PAR LE VIH/SIDA À L'ASSOCIATION DES JEUNES
POUR LA PROMOTION DES ORPHELINS (AJPO) DE OUAGADOUGOU
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Par
DJOUDALBAYE BENJAMIN
Soumis à l'ISSP pour l'obtention du Master
Professionnel en Population et Santé
Directrice de stage : Danièle
LALIBERTÉ, PhD
Université de Montréal
Département de Démographie/Unité
de Santé Internationale
Co-directeur de stage : Hubert Bonayi
DABIRE
Chef d'Unité Recherche à
l'ISSP
Superviseur de stage : M. Pierre Claver
MURENZI
Directeur Exécutif par
intérim
AJPO
Décembre 2007
Dédicaces
Au Dieu trois fois Saint pour son amour et sa grâce
qu'Il manifeste tous les jours dans ma vie.
A ma mère, Virgo NGARBAROUM pour son
amour et son soutien indéfectible.
A ma soeur DAMADJI Leonne Benjamin et son
époux Nadjitessengar NGARHOUNOUM sans oublier mes chers
neveux Didi et Joyce, trouvez ici
l'expression de mon profond amour.
A Marie Jeanne KABULO NDUZI, repose en paix
(In memoriam).
A tous mes cousins et toutes cousines, vous êtes
tellement nombreux que je ne pourrai vous citer nommément.
A Dénadji YODOYMAN, ce travail est le
tien.
A Khoua GAMPIOT pour son soutien
inestimable.
A Zaïblé, Teddy,
Patson, Thierry, Kot,
Masngar, Djogo et à tous ceux que je
n'ai pas pu citer ici.
A Diane MILLOGO et sa famille.
A Azéta OUEDRAOGO avec toute mon
amitié et mon affection.
A toute la famille KABORE
particulièrement à Denise,
Philomène et Isabelle.
A tous ceux que je n'ai pas pu citer ici.
A tous mes promotionnaires de la Cohorte 2 du Master
Professionnel en Population et Santé. Nous avions passé de
moments agréables d'apprentissage. J'espère que nous saurions
relever le défi du développement en Afrique noire
subsaharienne.
A Allahindangué MOUDALBAYE,
Allarangaye MOUNDIBAYE, Souleymane NAHOR et Mahamat
MAIMOS nous avions passé de très bons moments ensemble
pendant ces 15 derniers mois.
Aux Orphelins et Enfants rendus Vulnérables par le
VIH/SIDA.
Remerciements
Nous exprimons notre gratitude et sincères
remerciements à tous ceux qui ont contribué à la
réalisation de ce travail.
Nos remerciements vont particulièrement
à :
- Danièle LALIBERTE, notre directrice
de mémoire, qui malgré ses occupations et responsabilités
a bien voulu m'encadrer. J'ai beaucoup appris à vos côtés.
Vos conseils et votre rigueur méthodologique ont été
précieux et déterminants pour la réalisation de ce
travail. Trouvez ici l'expression de notre profonde gratitude
- Fernand BATIONO, notre co-directeur pour
vos conseils et orientations tout au long de la réalisation de ce
travail.
- L'ensemble du corps professoral pour la qualité des
enseignements reçus.
- L'équipe de coordination du Master pour le
dévouement et la qualité du travail accompli.
- Nathalie Zagaré née
Sawadogo, vous n'avez pas hésité à
m'accepter dans votre structure pour le stage. Recevez l'expression de ma
profonde gratitude.
- Pierre Claver MURENZI, Directeur
Exécutif par intérim de l'AJPO qui malgré ses lourdes
tâches a bien voulu superviser mon stage de fin d'étude au sein de
sa structure. Sa disponibilité nous a été d'une
utilité inestimable. Trouvez ici l'expression de ma profonde
gratitude.
- La Commission OEV de l'AJPO pour le soutien
et la parfaite collaboration qui nous a été
bénéfique durant la réalisation de ce travail.
- Á tout le personnel de l'AJPO, merci
pour tout particulièrement Hamidou,
Digam, Daouda,
Badémé et Julien.
- Issa Olivier SOMBIE pour son soutien
inestimable tout au long de ce processus.
- Salamata OUEDRAOGO, merci grande soeur pour
tes conseils.
- Younoussi ZOURKALIENI et
René DALA pour leur disponibilité et leurs
orientations.
Je tiens à remercier tous ceux et toutes celles qui
pendant ces 15 derniers mois nous ont apporté leur soutien,
particulièrement Baba DIEME, Secrétaire
Général de la CENI, Bruno ILBOUDO,
Abdoulaye MAINDA sans oublier les autres personnes qui n'ont
ménagé aucun effort pour rendre mon séjour au Burkina Faso
agréable. Recevez mes sincères remerciements.
Table des
matières
Dédicaces
i
Remerciements
ii
Table des matières
iii
Table des tableaux et des figures
vi
Liste des sigles et abréviations
vii
Résumé
viii
Introduction
1
I. Problématique, justification et contexte
du stage
1
I.1 Problématique
1
I.2 Justification et contexte du stage
2
I.3 Objectifs de l'étude
4
I.3.1 Objectif général
4
I.3.2 Objectifs spécifiques
4
II. Définition des concepts
4
III. Revue de la littérature
9
III. 1 Situation d'ensemble des orphelins et
enfants rendus vulnérables par le VIH/SIDA
9
III.2 L'impact spécifique du VIH/SIDA sur
les orphelins et les enfants vulnérables
11
III.2.1 Dans la sphère sociale et
économique
11
III.2.2 Dans la sphère psychosociale
13
III.2.3 Dans la sphère sanitaire
14
III.2.4 Décès liés au sida
15
V. Description de la logique d'intervention de
l'AJPO
19
V.1 Objectif de la prise en charge globale des
orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH/SIDA
19
V.1 1 Stratégies
19
V.1.2 Activités
20
V.1.3 Cibles
20
V.1.4 Le processus
20
V.1.5 Résultats
20
V.2 Limites de la logique d'intervention
20
VI. Description des types, approches et questions
d'évaluation
22
VI.1 Types d'évaluation
23
VI.2 Approches évaluatives
24
VI.3 Questions d'évaluation
24
VII. Devis de l'évaluation
25
VII.1 Présentation de la zone
d'intervention
25
VII.2 Population d'étude
25
VII.3 Technique d'échantillonnage et taille
de l'échantillon
25
VII.4 Méthodes de collecte des
données
28
VII.4.1 Analyse documentaire
28
VII.4.2 Entretiens semi structurés
28
VII.4.3 Enquête ménage auprès
des chefs de ménage et des OEV
29
VII.4.4 Observation directe
30
VII.5 Méthodes d'analyse des
données
30
VII.6 Limites méthodologiques et
difficultés rencontrées
30
VII.6.1 Limites méthodologiques
30
VII.6.2 Difficultés rencontrées
31
VIII. Résultats
31
VIII.1 Caractéristiques de
l'échantillon étudié
31
VIII.2 Appui médico-sanitaire
34
VIII.2.1 Prise en charge médicale à
l'AJPO
34
VIII.2.2 Référence médicale
des OEV en Pédiatrie
35
VIII.3 Appui psychosocial
35
VIII.3 1 Visites à domicile (VAD) :
36
VIII.3.2 Activités d'éveil et
d'épanouissement
36
VIII.3.3 Consultations psychologiques
37
VIII.3.4 Appréciation de soi
38
VIII.3.5 Devenir des OEV
38
VIII.3.6 Relations avec les autres et au sein du
ménage
39
VIII.3.7 Méconnaissance des causes de
décès des parents
40
VIII.4 Appui nutritionnel
41
VIII.5 Appui à la scolarisation
42
VIII.5.1 Frais d'inscription
42
VIII.5.2 Encadrement scolaire
43
VIII.6 Parrainage
44
VIII.7 Niveau de satisfaction des
bénéficiaires
45
VIII.7.1 Niveau de satisfaction des OEV
45
VIII.7.2 Niveau de satisfaction des chefs de
ménage
45
VIII.8 Degré de réalisation des
activités
46
IX. Discussion
47
IX. 1 Caractéristiques de la population
étudiée
47
IX.2 Situation médicale
47
IX.3 Situation psychosociale
48
IX.4 Mise en oeuvre des activités
49
IX.4.1 Planification des activités
49
IX.4.2 Ressources humaines et
financières
50
IX.4.3 Relations avec les partenaires techniques et
financiers
51
X. Conclusion
51
XI. Recommandations
52
XII. Bibliographie
54
Annexes
xii
Table des tableaux et des figures
Tableau 1 :
|
Typologie des OEV
|
8
|
Tableau 2 :
|
Estimation du nombre d'orphelins pour cause de VIH/SIDA selon
diverses sources
|
10
|
Tableau 3 :
|
Description des acteurs impliqués dans la prise en
charge globale des OEV à l'AJPO
|
18
|
Tableau 4 :
|
Caractéristiques des chefs de ménage
enquêtés
|
26
|
Tableau 5 :
|
Répartition selon l'âge des 197 OEV
infectés et affectés par le VIH/SIDA à l'AJPO
|
26
|
Tableau 6 :
|
Répartition des OEV selon l'âge et le sexe
|
31
|
Tableau 7 :
|
Répartition des OEV selon la résidence
|
32
|
Tableau 8 :
|
Types d'orphelins selon le sexe
|
32
|
Tableau 9 :
|
Durée dans l'état d'orphelin
|
32
|
Tableau 10 :
|
Répartition des OEV selon le sexe et la
scolarité
|
32
|
Tableau 11 :
|
Répartition des OEV selon le statut sérologique
et le sexe
|
33
|
Tableau 12 :
|
Caractéristiques des chefs de ménage
|
33
|
Tableau 13 :
|
Répartition des OEV selon le type de
vulnérabilité
|
33
|
Tableau 14 :
|
Répartition des OEV selon le sexe et la profession
envisagée dans le futur
|
38
|
Tableau 15 :
|
Activités menées dans le cadre de l'appui
à la scolarisation des OEV
|
42
|
Tableau 16 :
|
Différents types de parrainage
|
43
|
Tableau 17 :
|
Répartition des activités planifiées par
trimestre
|
46
|
|
|
|
Figure 1 :
|
Logique d'intervention de l'AJPO
|
21
|
Figure 2 :
|
Les quatre domaines principaux de prise en charge du VIH
|
23
|
Liste des sigles et
abréviations
AGR
|
: Activités Génératrices de Revenus
|
AJPO
|
: Association des Jeunes pour la Promotion des Orphelins
|
ARV
|
: Antirétroviraux
|
CADBE
|
: Charte Africaine des Droits et Bien-être de
l'Enfant
|
CDE
|
: Convention relative aux Droits de l'Enfant
|
Cf.
|
: Confère
|
CICDoc
|
: Centre d'Information de Conseil et de Documentation
|
CNUCED
|
: Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le
Développement
|
CPF
|
: Code des Personnes et de la Famille
|
IEC
|
: Information Éducation Communication
|
IO
|
: Infections Opportunistes
|
IPC
|
: Initiative Privée Communautaire de Lutte conte le
VIH/SIDA
|
MASSN
|
: Ministère de l'Action Sociale et de la
Solidarité Nationale
|
OEV
|
: Orphelins et Enfants Vulnérables
|
OMS
|
: Organisation Mondiale de la Santé
|
ONUSIDA
|
: Programme Conjoint des Nations Unies pour le Sida
|
OSI
|
: Orphelins Sida International
|
PAMAC
|
: Programme d'Appui au Monde Associatif et Communautaire
|
PEC
|
: Prise en charge
|
PVVIH
|
: Personne vivant avec le VIH/SIDA
|
SIDA
|
: Syndrome d'Immunodéficience Acquise
|
SP/CNLS-IST
|
: Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte
contre le SIDA et les IST
|
UNICEF
|
: Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
|
VIH
|
: Virus de l'Immunodéficience Humaine
|
Résumé
Par le passé, des crises, limitées dans le temps
et irrégulières, comme les guerres, les famines et les maladies
ont laissé un grand nombre d'orphelins. De nos jour,
l'épidémie du VIH/SIDA (Virus de l'Immunodéficience
Humaine/Syndrome de l'immunodéficience acquise) laisse dans son sillon
un nombre sans précédent d'orphelins. Le VIH/SIDA est en train de
détruire la vie des enfants, réduisant à néant les
progrès gagnés durement sur le plan socio sanitaire. Notre
étude a pour objectif l'analyse de la prise en charge globale des
orphelins et enfants rendus vulnérables (OEV) par le VIH/SIDA à
l'Association des Jeunes pour la Promotion des Orphelins de Ouagadougou (AJPO).
Nous avons fait une évaluation du processus et des effets de la prise en
charge globale des OEV à l'AJPO.
Nous avons mené une étude exploratoire et
descriptive où des méthodes qualitatives et quantitatives ont
été utilisées pour l'obtention des données. Les
techniques de collecte suivantes ont été utilisées :
l'analyse documentaire, les entretiens semi structurés et l'observation
participante. Un questionnaire nous a permis de recueillir les données
au niveau des chefs de ménage et des OEV. L'analyse du contenu a
été utilisée pour les données textuelles. L'analyse
descriptive notamment l'analyse univariée a été
utilisée pour les calculs des fréquences et bivariée pour
mesurer l'association entre les variables. Notre population d'étude est
constituée des orphelins et enfants rendus vulnérables par
le VIH/SIDA, des chefs de ménage accueillant les OEV, des responsables
de l'AJPO, d'un représentant des partenaires techniques et financiers et
du personnel médical assurant la prise en charge médicale des
OEV.
Le phénomène des orphelins et enfants rendus
vulnérables par le VIH/SIDA constitue une véritable crise
sociale. La perte des parents retentit sur le bien-être psychosocial et
médical des enfants en réduisant leur accès aux services
sociaux de base.
Dans notre échantillon les filles représentent
53,3% de la population d'étude. La moyenne d'âge des OEV est de
14,8 ans, l'âge minimum est de 11 ans et l'âge maximum de 17 ans.
La majorité des OEV sont orphelins de père (80%). Les orphelins
de père et de mère représentent 13,3%. Dans 73,3% des cas
les OEV vivent avec leurs mères, seulement 2 orphelins soit 6,6% sont
placés chez les grands-parents. Un seul OEV a abandonné
l'école. La prédominance féminine est marquée au
niveau des chefs de ménage (83,3%). Il s'agit de femmes jeunes (35-39
ans) dans 40% des cas. En ce qui concerne le déroulement des
activités, le taux de complétude des activités
planifiées dans le cadre de la prise en charge des OEV est de 76%.
Cette étude nous a permis de faire ressortir que la
prise en charge globale des OEV à l'APJO se résume
essentiellement à l'appui psychosocial dans toutes ses composantes
à savoir les visites à domiciles, les activités
d'éveil et d'épanouissement ainsi que les consultations
psychologiques.
La prise en charge médicale se fait dans le cadre d'une
convention de partenariat avec l'Hôpital Pédiatrique Charles de
Gaulle. Ceci a permis de mettre 25 OEV sous traitement antirétroviral.
L'AJPO offre une prise en charge médicale et psychosociale aux OEV.
L'insuffisance des ressources financières, humaines et
matérielles limite ses actions. La structure a besoin d'améliorer
sa coordination pour mieux suivre l'exécution de son programme OEV qui
est une condition préalable à l'atteinte des objectifs.
Introduction
Ils ont été oubliés. Oubliés des
grands programmes internationaux. Pourtant, les orphelins et enfants rendus
vulnérables en raison du VIH/SIDA sont estimés à 15
millions ! Une majeure partie vit en Afrique. Comment a-t-on pu ne pas les
voir ? Dans ce continent, où l'accès aux traitements reste
difficile, 80% des enfants séropositifs meurent avant l'âge de 5
ans faute de soins. Et tous les autres ? A-t-on voulu oublier que tous les
enfants de parents séropositifs ne mourraient pas ? Que tous
n'étaient pas infectés ? La priorité était
ailleurs, l'attention tournée vers les adultes au détriment des
enfants. Si les organisations internationales ont fait la politique de
l'autruche, sur le terrain, les réponses sont souvent venues des plus
vulnérables, des plus touchés : la famille proche, les
aînés, les grands-parents. La structure familiale s'est
remodelée pour répondre à l'urgence, accueillir l'enfant
et éviter le pire : la rue, l'errance (Éditorial JDS,
2006).
I. Problématique, justification et contexte du stage
I.1 Problématique
A la fin de l'année 2005, les enfants de moins de 15
ans infectés par le VIH étaient estimés à 2,3
millions (dont 2 millions vivant en Afrique subsaharienne), alors qu'on a
enregistré 700 000 nouvelles infections et 570 000
décès d'enfants (ONUSIDA et OMS, 2005).
La communauté internationale n'a commencé que
récemment à reconnaître et analyser le problème de
la prise en charge des orphelins du sida (Foster, 2002). Ce n'est qu'en 2001
que l'assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA
a adopté une déclaration d'engagement concernant les orphelins et
autres enfants rendus vulnérables par le VIH sous la forme d'un cadre
d'action (Grassly et Timaeus, 2003). Au niveau national, les réactions
des gouvernements africains face à la crise des orphelins ont aussi
été tardives.
Il est important de rappeler que l'existence d'un nombre
important d'orphelins est antérieure à l'épidémie
du VIH/SIDA en Afrique subsaharienne, mais que le système traditionnel
de prise en charge absorbait ceux-ci. Le SIDA est venu bouleverser ce mode de
prise en charge. La situation des orphelins et des enfants vulnérables
par le fait du VIH/SIDA est une préoccupation de l'heure.
L'Enquête Démographique et de Santé du
Burkina Faso de 2003 révèle que le pourcentage d'orphelins est de
7% sur l'ensemble des enfants. La problématique des OEV prend de
l'ampleur du fait des effets conjugués de l'infection à VIH et de
la pauvreté. Dans l'optique d'apporter une réponse à ce
problème, le Burkina Faso a fait un choix stratégique en adoptant
un cadre stratégique de prise en charge des OEV en octobre 2005 et le
programme national de leur prise en charge a été validé en
février 2006. Le pays dispose à présent d'outils
précieux qui permettent une définition claire des
activités à mener.
Dans le processus d'opérationnalisation, un axe central
est défini à savoir le renforcement des capacités
familiales, communautaires et institutionnelles pour une prise en charge
efficace et efficiente des OEV en contexte de VIH/SIDA. Un accent particulier
doit être mis sur une meilleure structuration et un renforcement des
capacités opérationnelles des organisations communautaires de
base.
Il convient de noter que les associations et autres
organisations à base communautaires jouent un rôle important dans
la prise en charge des orphelins au Burkina, à côté des
services publics. Notre ambition à travers ce travail est d'identifier
les mécanismes mis en place et de comprendre leur fonctionnement. Ainsi,
il s'agira de répondre aux questions suivantes : Comment se
déroule la prise en charge globale des OEV au Burkina ? Quels
sont les facteurs qui facilitent ou compliquent le processus
d'amélioration des conditions de vie des OEV ?
I.2 Justification et
contexte du stage
Le stage intervient dans le cadre de la formation pour
l'obtention du Master Professionnel en Population et Santé à
l'Institut Supérieur des Sciences de la Population de
l'Université de Ouagadougou, développé en collaboration
avec l'Université de Montréal. La source de financement est
Bill & Melinda Gates Foundation.
Le choix de l'analyse de la prise en charge globale des OEV se
justifie par le fait que l'épidémie de SIDA frappe de plein fouet
les enfants sous diverses formes. Cette infection peut directement toucher les
enfants, puisqu'en l'absence de mesures de prévention de la transmission
mère-enfant, le virus est transmis pendant la grossesse, à
l'accouchement et pendant l'allaitement maternel.
Les conséquences de l'épidémie du sida
sur les enfants dépassent largement ces risques de transmission
verticale. En infectant les parents, le sida prive les enfants des familles
touchées de ses piliers et des ressources. Infectés ou non, les
enfants vivant dans les familles touchées par la maladie sont
fragilisés bien avant le décès des parents infectés
par le VIH et davantage lorsque les parents décèdent.
Non seulement la pandémie prive les OEV de leurs droits
à jouir d'une enfance de qualité ou tout au moins normale, mais
elle a des effets particulièrement délétères sur
leurs chances de survie ou de développement harmonieux.
Les objectifs généraux de ce stage
étaient :
1. Mettre en application les compétences acquises tout
au long du Master à travers un projet de stage portant sur une
problématique de population et santé ;
2. Acquérir des connaissances et habiletés
opérationnelles (savoirs-être et savoirs-faire) venant
compléter la formation reçue pendant les 12 premiers mois du
Master ;
3. Établir/renforcer un réseau professionnel en
population et santé.
C'est ainsi que notre stage s'est déroulé
à l'Association des Jeunes pour la Promotion des Orphelins (AJPO) de
Ouagadougou du 1er octobre au 30 novembre 2007.
L'AJPO a été créée en août
1991 à Ouagadougou. L'idée est issue d'un groupe d'amis qui
étaient alors élèves dans les lycées de la ville.
Face à la situation des enfants de la rue et de ceux qui étaient
exploités dans la mendicité, ils ont décidé de
faire quelque chose avec leurs maigres moyens. L'AJPO a été
reconnue officiellement le 23 décembre 1991 par le
récépissé n°91/239/MATS/DGA/DELPAL. Elle a
fonctionné au départ grâce aux dons et cotisations de ses
membres, qui étaient collectés en vue de mener des
activités ponctuelles de soutiens aux orphelinats de la place.
L'association évolue actuellement en exécutant des projets et en
menant des activités ponctuelles de façon
régulière. L'AJPO compte actuellement soixante-quinze membres et
sympathisants.
Sur le plan organisationnel, la structure se compose
de :
- une Assemblée Générale de tous les
membres et sympathisants ;
- un Bureau Exécutif composé de cinq
membres ;
- six commissions de consultation mises en place pour
l'opérationnalisation des stratégies : commission IEC
(Information Éducation Communication), Commission Prise en Charge
Médicale, Commission Dépistage, Commission OEV, Commission AGR
(Activités Génératrices de Revenus) et Commission
Administration.
L'AJPO compte actuellement six salariés, à
savoir un coordonnateur des activités opérationnelles, un
comptable et quatre conseillers psychosociaux. Elle compte également une
équipe pluridisciplinaire de jeunes bénévoles
médecins, infirmiers, sociologues, démographe, juriste,
économiste, psychologues, étudiants, élèves et
travailleurs. L'AJPO intervient actuellement à Ouagadougou (province du
Kadiogo) et à Pô (province du Nahouri) et compte un centre de
dépistage et de prise en charge dans chacune de ces localités,
qui fait office également de siège dans ces deux villes. Le
siège constitue également l'espace d'encadrement des OEV. Notre
stage s'est entièrement déroulé à Ouagadougou.
I.3 Objectifs de l'étude
I.3.1 Objectif général
Analyser la prise en charge globale des orphelins et enfants
rendus vulnérables (OEV) par le VIH/SIDA à l'AJPO (Association
des Jeunes pour la Promotion des Orphelins) de Ouagadougou en vue de proposer
des améliorations à apporter.
I.3.2 Objectifs spécifiques
1. Décrire la mise en place du programme de prise en
charge globale des orphelins et enfants rendus vulnérables par le
VIH/SIDA ;
2. Décrire les acteurs et leur degré
d'implication dans le programme de prise en charge globale des OEV ;
3. Présenter les activités
réalisées dans le cadre de la prise en charge globale des
OEV ;
4. Analyser les forces et faiblesses de la prise en charge
médicale et psychosociale des OEV ;
5. Estimer la satisfaction des bénéficiaires par
rapport au programme de l'AJPO.
II. Définition des concepts
Concept d'enfant : A l'heure actuelle la
définition de l'enfant retenue par le corps médical (Doz, 2005)
et les agences de l'Organisation des Nations Unies (ONU) traitant des questions
liées à l'enfance (telles l'UNICEF et l'OMS) considèrent
que l'on est enfant jusqu'au 15ème anniversaire. Ainsi, les statistiques
concernant la mortalité, la morbidité ou la prévalence de
telle ou telle maladie sont données pour les catégories
d'âge de 0-14 ans, et au-delà de 15 ans.
La définition de l'enfant varie considérablement
d'un pays à l'autre.
Le Burkina Faso a ratifié la CDE et la Charte Africaine
des Droits et du Bien être de l'Enfant (CADBE). Aussi l'enfant est-il
défini au Burkina Faso comme toute personne de moins de 18 ans. Pour
l'article 63 du code pénal, la majorité pénale est de 18
ans tandis que l'article 554 du Code des Personnes et de la Famille (CPF) fixe
la majorité civile de droit commun à 20 ans (MASSN, 2004).
Évolution du concept
d'orphelin :
L'appellation « orphelins du sida » a
prévalu au début de l'épidémie. Elle recouvrait des
réalités différentes selon les études (JDS,
2006) : pour les uns, les orphelins étaient uniquement ceux qui
avaient perdu leur mère ; d'autres ont ajouté des
critères d'âge (on était orphelin jusqu'à 15
ans) ; puis l'importance du père a été reconnue. Ces
définitions diverses ont eu pour conséquences de produire des
données peu comparables entre elles. L'UNICEF (2005) a récemment
tranché la question : sont considérés comme orphelins
les enfants de moins de 18 ans ayant perdu soit leur père, soit leur
mère, soit les deux.
Les définitions opérationnelles actuelles d'un
orphelin et d'un enfant rendu vulnérable par le VIH/SIDA
utilisées dans ce travail sont celles adoptées par les agences
des Nations Unies (UNICEF, 2005) en vue de mesurer les progrès vers les
Objectifs du Millénaire pour le Développement et de permettre des
comparaisons internationales. Ainsi :
Un orphelin est une personne de moins de 18
ans qui a perdu l'un de ses parents ou les deux. Un enfant rendu
vulnérable par le VIH/SIDA est âgé de moins de 18
ans (UNICEF, 2005) et :
- a perdu l'un de ses parents ou les deux, en raison du
VIH/SIDA ou
- a un parent qui est chroniquement malade du VIH/SIDA (que le
parent vive dans le même ménage que l'enfant ou non), ou
- infecté, ou
- vit dans un ménage où, au cours des 12 mois
écoulés, au moins un adulte est décédé du
VIH/SIDA après avoir été malade pendant 3 des 12 mois
ayant précédé son décès, ou
- vit dans un ménage où au moins un adulte a
été gravement malade du VIH/SIDA pendant au moins 3 des 12 mois
écoulés, ou
- vit en dehors de la protection familiale
(c'est-à-dire vit dans une institution ou dans la rue).
Notion d'orphelin au Burkina Faso (MASSN,
2004) :
La conception communautaire de
l'orphelin au Burkina Faso est plurielle. Toutefois, la plus populaire est
celle qui reconnaît l'existence de deux types d'orphelins : les
orphelins dits « partiels » et les orphelins dits
« complets ». Ces appellations se fondent sur le
critère de la perte d'un ou des deux géniteurs de l'enfant. Cette
vision s'accompagne souvent de croyances ou de mythes populaires faisant de
l'enfant orphelin, un enfant différent des autres, qui suscite
méfiance, peur et répulsion, ce qui accentue la victimisation et
la marginalisation de celui-ci.
La conception institutionnelle de
l'orphelin, quant à elle, définit l'orphelin à partir de
deux variables relatives à la survie de la mère et du
père. Ainsi :
- l'orphelin complet est l'enfant ayant perdu sa mère
et son père ;
- l'orphelin partiel est l'enfant qui a perdu un de ses
géniteurs ;
- l'orphelin de mère nécessite une plus grande
attention ;
- par extension, l'enfant de père et/ou de mère
inconnu est considéré comme un orphelin du fait de l'incertitude
prévalant sur la vie de l'un ou l'autre des deux parents.
« Orphelinage » :
en l'absence, dans la langue française, d'un mot distinct
décrivant la notion générale du fait d'être
orphelin, le mot orphelinat ne faisant référence qu'à un
type d'institution dans lequel sont placés des orphelins, nous avons
emprunté ce mot à Appaix et Dekens (2005), qui en ont fait usage.
Il s'agit d' « orphelinage », ou état
d'être orphelin, ou existence de ce fait. Il s'agit en
vérité d'une re-création car ce mot était en usage
au 19ème siècle (Monier et Pennec, 2002).
La vulnérabilité : c'est
un concept complexe, difficile à définir tel qu'en
témoignent les définitions locales ou communautaires de la
vulnérabilité (enfants souffrant d'infirmités ou vivant
dans le dénuement). Au Burkina Faso, au cours de l'atelier de Loumbila
sur la problématique des OEV tenu les 17 et 18 février 2003, le
MASSN a retenu qu'un enfant vulnérable est « une personne de
moins de 18 ans, victime ou exposé à des risques sur les
plans alimentaire, sanitaire, éducatif, moral, psychologique,
matériel, juridique, de logement, etc., nécessitant une
protection sociale spéciale ponctuelle ou permanente » (MASSN,
2004).
L'échelle de vulnérabilité (Dekens, 2006)
permet de classer les enfants par type et degré de
vulnérabilité :
- la vulnérabilité médicale et
sanitaire, dans laquelle peuvent être répertoriés
tous les risques sanitaires et médicaux : enfants infectés
par le VIH, handicapés moteurs, ou atteints d'autres pathologies ayant
des degrés de gravité différents. La malnutrition, facteur
important des risques sanitaires, est classée dans la
vulnérabilité socio-économique, car la prise en charge qui
en résulte s'inscrit davantage dans la sphère sociale (aide
alimentaire) ;
- la vulnérabilité
socio-économique : les risques associés à ce
domaine sont les plus nombreux et les plus repérables. Elle traverse,
à des degrés divers, toutes les catégories d'enfants. La
prise en charge de cette vulnérabilité prend en compte la famille
et le contexte de vie de l'enfant ;
- la vulnérabilité
psychologique, domaine où s'exprime le vécu
spécifique des différentes catégories d'enfants. La prise
en charge qui en découle varie selon la nature des risques auxquels
l'enfant est ou a été exposé. Il est très important
de la repérer et de préciser au maximum les risques qui y sont
associés, car la nécessité d'une prise en charge
psychologique des enfants est souvent sous-estimée. Pourtant, un
orphelin peut vivre dans un contexte matériel très favorable, et
manifester une souffrance psychique.
Classification des OEV (MASSN,
2004) :
Au Burkina Faso, les OEV ont été
classifiés suivant divers facteurs de vulnérabilité
(Tableau 1). Les principaux types d'OEV sont :
- les orphelins ;
- les enfants vivant dans la rue ;
- les enfants de parents malades du VIH/SIDA ;
- les enfants victimes de maladies chroniques ;
- les enfants sans protection, sans assistance ni
sécurité parentale appropriée et les enfants en conflit
avec la loi ;
- les enfants victimes de toutes formes d'exploitation
(violences sexuelles, trafic, maltraitance, etc....).
Le tableau 1 à la page suivante décrit les
catégories d'OEV ainsi que les facteurs de vulnérabilité
associés tels que décrits au Burkina Faso.
Tableau 1 : Typologie des OEV
Catégories
|
Facteurs de vulnérabilité
|
1. Orphelins
|
Décès des parents
|
2. Enfants vivant dans la rue
|
· Divorce des parents
· Pauvreté des parents
· Décès des parents
· Croyances populaires
· Pratiques religieuses
· Maltraitance
· Refus d'autorité parentale
|
3. Enfants travailleurs
|
· Pauvreté des parents
· Décès des parents
· Mauvaise pratique religieuse
|
4. Enfants de parents malades (maladies chroniques ou
invalidantes)
|
· Maladies chroniques des parents
· Maladies invalidantes des parents
· Handicap des parents
|
5. Enfants malades
|
· Maladies chroniques ou invalidantes des enfants
· Pauvreté des parents
· Manque de soins adéquats
· Malformations congénitales et/ou
héréditaires
|
6. Enfants sans protection d'assistance et de
sécurité parentale appropriée
|
· Chômage ou perte d'emploi des parents
· Alcoolisme/toxicomanie
· Absence fréquente et prolongée des
parents
· Séparation ou divorce des parents
· Incarcération des parents
· Enfants de parents déplacés
· Non application des textes relatifs aux droits des
enfants
|
7. Orphelins et enfants rendus vulnérables par le
VIH/SIDA
|
*
|
8. Enfants victimes de trafic, de violences sexuelles, de
pratiques traditionnelles néfastes
|
*
|
Source : MASSN, 2004
* Colonnes non renseignées par la source
III. Revue de la littérature
III. 1 Situation d'ensemble des orphelins et enfants rendus
vulnérables par le VIH/SIDA
La situation actuelle de l'Afrique subsaharienne se
caractérise par l'extrême vulnérabilité de millions
d'enfants que le sida a rendus orphelins. L'augmentation du taux d'infection
par le VIH chez les femmes, notamment en Afrique subsaharienne, renforce
l'exposition au risque de contracter le VIH avant même la naissance
(Lamptey et al, 2006).
Dans 16 pays d'Afrique subsaharienne, au moins 5% des femmes
enceintes âgées de 15 à 24 ans se rendant dans les
cliniques prénatales étaient séropositives entre 2001 et
2003 (ONUSIDA, 2004). Qui plus est, moins de 10% des femmes enceintes se
voyaient offrir des services de prévention de la transmission de la
mère à l'enfant. En l'absence de mesures préventives,
près d'un tiers des enfants nés de mères
séropositives seront infectés (ONUSIDA et UNICEF, 2005).
Selon l'ONUSIDA, à la fin de 2005, il y avait 2,3
millions d'enfants séropositifs. Moins de 5% des enfants ayant besoin
d'un traitement pédiatrique contre le sida en bénéficient.
Nombreux sont les enfants séropositifs qui sont doublement
frappés : non seulement ils sont infectés, mais ils ont
aussi perdu un de leurs parents sinon les deux à cause du sida ou ils
sont sur le point de les perdre.
Dans certains pays, les orphelins constituent une frange
importante de la population. Ainsi, la Zambie se trouve en tête de liste
pour ce qui est du nombre d'orphelins. En 1996, ce pays comptait
déjà à lui seul 1 660 000 orphelins de 0
à 15 ans, dont 750 000 étaient orphelins de mère et
910 000 des orphelins de père (UNICEF et ONUSIDA, 2005).
Au Burkina Faso, l'Enquête démographique et de
santé (EDS) de 2003 révèle que le pourcentage d'orphelin
est de 7% sur l'ensemble des enfants. Quand on considère la tranche
d'âge de 0-14 ans, le nombre des cas, toutes causes confondues, serait de
421 133. Par rapport à la situation spécifique imputable au
sida, Children on the brink (2004) estime le nombre de ces
enfants à 260 000 en 2003. En 2006, l'ONUSIDA et l'UNICEF estiment
le nombre total d'orphelins à 710 000 au Burkina Faso, dont
120 000 sont des orphelins dus au sida.
Le tableau 2 présente un résumé de la
situation des OEV telle qu'évaluée à l'heure actuelle par
diverses sources. Les estimations concernant le nombre d'orphelins et notamment
d'orphelins pour cause de VIH/SIDA ont été revues depuis peu. La
révision de ces estimations s'inscrit généralement dans le
débat concernant les estimations de la prévalence du VIH/SIDA, de
la mortalité due au VIH/SIDA et sur les projections de
l'épidémie à court et moyen terme.
Tableau 2 : Estimation du nombre d'orphelins pour
cause de VIH/SIDA selon diverses sources
Source
|
Définition retenue
|
Nombre de pays couverts (1)
|
Années
|
Nombre (milliers)
|
Projections
|
Horizon
|
Nombre (milliers)
|
ONUSIDA (2)
|
Enfants de moins de 15 ans, orphelins de mère ou des deux
parents
|
78 (répartis dans le monde entier)
|
2001
|
14 000
|
|
|
Bureau du Recensement des États-unis
d'Amérique (3)
|
Enfants de moins de 15 ans, orphelins de mère, de
père ou des deux parents
|
87 (répartis en Afrique sub-saharienne, Asie,
Amérique Latine et Caraïbes)
|
1990
1995
2001
|
903
4 523
13 440
|
2005
2010
|
20 106
25 296
|
Neil Monk/AFXB (4)
|
Enfants de moins de 18 ans, orphelins de mère, de
père ou des deux parents, quasi-orphelins, enfants affectés
|
Extrapolation à partir des données publiées
dans « Children on the brink 2000 »
|
2001
|
40 000
|
2010
|
100 000
|
Bureau du Recensement des États-unis
d'Amérique (5)
|
Enfants de moins de 18 ans, orphelins de mère, de
père ou des deux parents
|
39 (tous en Afrique sub-saharienne)
|
1990
1995
2000
2003
|
550
3 000
8 500
12 300
|
2010
|
18 400
|
Source : Appaix et Dekens, 2005
(1) Correspond aux pays pour lesquels des statistiques sur le
nombre d'orphelins ont été produites par ces sources.
(2) Rapport sur l'épidémie mondiale de VIH/SIDA,
juillet 2002.
(3) ONUSIDA, UNICEF, USAID. Children on the Brink 2002.
(4) Monk N. Enumerating children orphaned by HIV/AIDS:
counting a human cost. AFXB, 2002.
(5) ONUSIDA, UNICEF, USAID. Les enfants au bord du gouffre
2004, juillet 2004.
III.2 L'impact spécifique du VIH/SIDA sur les orphelins
et les enfants vulnérables
Les enfants vivant dans des contextes à ressources
limitées sont particulièrement vulnérables à toute
une série de périls, et ce, avant même le
décès dû au sida d'un de leurs parents ou d'un tuteur. Les
besoins fondamentaux tels que l'éducation, le logement et les soins de
santé sont menacés, alors que les enfants doivent faire face
à un risque plus accru de sévices, d'exploitation et d'isolement
social (Rotheram-Borus et al, 2005, ;Lamptey et al, 2006 ; Case et
al, 2004).
Les orphelins du sida courent un risque d'exploitation. En
raison des faiblesses des lois ou de leur mauvaise application, les orphelins
sont parfois spoliés de leur héritage. Les exigences
économiques les contraignent, en particulier les fillettes, à
sombrer dans le commerce du sexe ou à accepter des liaisons avec des
hommes plus âgés pour s'assurer un toit, de la nourriture ou de
l'argent (Atwine et al, 2005 ; Case et al, 2004).
III.2.1 Dans la sphère
sociale et économique
Les coûts humains et sociaux de l'épidémie
du sida sont énormes. Pour les enfants dans les communautés
gravement touchées, la nature même de l'enfance est en train de
changer du tout au tout. Les enfants n'ont guère de chances d'aller
à l'école, de recevoir des soins de santé, de pouvoir
grandir et de se développer normalement avec la nutrition et l'abri dont
ils ont besoin (Smart Rose, 2003).
Ainsi, en Côte d'Ivoire, le revenu des ménages
affectés par le sida représente à peine la moitié
de celui des ménages non affectés (Souteyrand et Comiti, 2004).
Cette diminution de ressources financières installe certaines familles
dans une situation de pauvreté, voire d'extrême pauvreté.
Au Burkina Faso, les dépenses de santé des ménages
affectés sont légèrement plus élevées par
rapport aux ménages non affectés (CNLS, 2001).
Étant donné que le soutien économique de
la famille est menacé et que les économies servent à payer
les factures médicales, la capacité de la famille à
satisfaire les besoins de base des enfants diminue. De plus en plus d'enfants
sont obligés d'assumer l'immense responsabilité qui consiste
à faire vivre leur famille (ONUSIDA et UNICEF, 2004).
Pour les familles, les conséquences se mesurent en
termes de baisse de revenus mais également d'augmentation des charges
financières pour soigner les malades et assumer le coût des
funérailles. Les coûts de soins grèvent
considérablement les budgets familiaux. Une des conséquences sur
les budgets familiaux est une augmentation de certains postes de
dépenses : alimentaires, vestimentaires ou scolaires, amenant
à une déscolarisation précoce (Gehler, 2000 ; Yaro et
Dougnon, 2003, Lamptey et al, 2006).
Depuis le début de l'épidémie, des
millions d'enfants ont été accueillis dans leur famille
élargie. Cela a peut-être contribué à rendre la
crise moins visible, donc à la négliger. Dans la plupart des
cultures africaines, en effet, l'enfant appartient à la
communauté davantage qu'à ses parents et il existe une tradition
de circulation des enfants à travers divers réseaux de
parenté. On parle de « confiage » des
enfants (Pilon et Vignikin, 1996, Pilon et al, 1997). Mais ce système,
qui a longtemps permis aux orphelins d'être pris en charge, semble
être en train d'atteindre ses limites. Si la famille élargie
continue d'être le premier lieu d'accueil des orphelins de parents
séropositifs, la pandémie bouleverse les modalités de cet
accueil (Darmon, 2006).
La prise en charge des enfants orphelins par la famille reste
une pratique courante comme ont pu le constater Barnett et Blaikie (1992), et
ce rôle incombe le plus souvent aux grands-parents, oncles et tantes. Une
étude menée au Burkina Faso a permis de voir auprès de 1
200 ménages que 373 ménages avaient en charge d'autres enfants
que leurs propres enfants (Yaro et Dougnon, 2003). Une étude estime
ainsi que huit orphelins sur dix, au Burkina Faso, ont abandonné
l'école, trop surchargés et trop peu nourris pour pouvoir
continuer à la fréquenter dans des conditions supportables (Yaro
et Dougnon, 2003).
Il arrive fréquemment que les enfants soient
obligés de quitter l'école pour s'occuper d'un de leurs parents
ou d'un membre de leur famille en train de mourir. Le sida grève les
budgets familiaux, il y a moins d'argent pour l'éducation des enfants,
les soins de santé et autres besoins. Les problèmes financiers
compromettent les besoins des enfants en termes de nutrition, d'accès
aux soins, à l'habillement ou à la scolarité.
En Côte-d'Ivoire les dépenses de famille pour
l'éducation ont diminué de moitié. En Ouganda, le
décès d'un ou des deux parents diminue de moitié les
chances que les enfants aillent à l'école et les jeunes qui vont
à l'école y passeront moins de temps qu'avant. En outre, les
enfants qui s'occupent des membres de leur famille en train de mourir du sida,
mais qui restent à l'école sont, souvent plus âgés
que leurs condisciples et courent donc davantage de risques d'abandonner
l'école prématurément (Anarfi, 2002).
Le travail remplace l'école : soit à la
maison, pour préparer les repas et faire le ménage, soit à
l'extérieur pour rapporter un peu d'argent, et parfois dans les pires
conditions. Les enfants orphelins travaillent beaucoup plus souvent que les non
orphelins dans l'agriculture commerciale, et en tant que domestiques,
professionnels du sexe et vendeurs ambulants. Exposés sexuellement, mal
informés : comme si ce n'était pas assez, ces enfants sont
des cibles idéales pour le VIH (Darmon, 2006).
III.2.2 Dans la sphère
psychosociale
Le traumatisme et la peur d'un enfant sont des sentiments
universels face à la maladie et la perte d'un parent. Les
conséquences varient selon les conditions du décès et les
interprétations sociales qui en sont faites. La qualité de
l'organisation sociale autour de la prise en charge des enfants orphelins
module également l'impact psychologique de
l'« orphelinage ». Néanmoins, la perte d'un
parent représente en soi une source de fragilité psychologique
pour un enfant, et on observe des phénomènes plus ou moins
intenses de vulnérabilisation psychique des orphelins (Appaix et Dekens,
2005).
L'infection par le VIH et l'aggravation de la maladie peuvent
provoquer une détresse psychosociale chez les enfants,
caractérisée par la peur de l'avenir et de la mort des
parents ; une peur renforcée par une culture du silence et de
négation de la réalité au sein de la famille,
négation propre au contexte du VIH/SIDA, maladie
« tabou » dans bien de sociétés (Landis,
2002). En effet, la spécificité du VIH/SIDA est qu'il touche et
stigmatise les enfants d'un point de vue psychosocial avant la mort des
parents.
Le VIH/SIDA est perçu comme une maladie jugée
« immorale » et « sale » (Sontag,
1989), une « maladie honteuse » (Dozon et Guillaume, 1994)
qui est sévèrement stigmatisée au sein des
sociétés africaines. Chez les Mossi au Burkina Faso
« le sidéen gâte le nom de sa famille, il la
déshonore (...) Cette crainte conduit certaines familles à cacher
leur malade » (Taverne, 1997).
L'interprétation de la maladie comme une sanction
consiste à tenir les personnes pour « responsables et coupables de
leur atteinte ». Elle prend ancrage dans d'anciennes théories
explicatives qui considéraient que la maladie est provoquée par
la transgression de « tabous » et sanctionnée par des
puissances surnaturelles. Cette logique considère le SIDA comme la
conséquence du non-respect des normes sociales, et les malades comme des
coupables « punis » qui doivent supporter les conséquences de
leur inconduite. Du fait de son lien avec des comportements relatifs à
la sexualité et au sang, porteurs d'une forte charge symbolique,
l'infection par le VIH est particulièrement soumise à cette
interprétation qui fonde des discours de rejet et de condamnation
(Desclaux et Desgrées du Loû, 2006).
La méconnaissance du VIH/SIDA et de ses modes de
transmission augmente les craintes et les préjugés dont fait
l'objet le reste de la famille. L'ensemble de la famille est suspecté
d'être infecté par la maladie. À la mort des parents, les
orphelins à cause du sida subissent une forte discrimination du fait de
cette crainte injustifiée de la contamination (Audemard et Vignikin,
2006).
Enfin, étant donné que le sida affecte ceux qui
sont dans leur années de production et de reproduction, les enfants sont
de plus en plus sollicités pour s'occuper de leurs parents au lieu que
ce soit leurs parents qui s'occupent d'eux. Une telle situation peut être
source de pression sur les enfants dès leur plus jeune âge. Les
orphelins doivent non seulement faire face à la mort de leurs parents,
mais aussi affronter le stress s'ils vont habiter dans une autre famille.
Les facteurs de vulnérabilité de ces enfants
sont importants et ce, avant la mort des parents. Le décès
engendre de nouveaux risques. Les possibles discriminations au sein de la
famille d'accueil, les difficultés de communication entre les tuteurs et
les enfants les fragilisent un peu plus. Le manque d'encadrement par des
grands-parents déjà âgés pousse certains enfants
à la délinquance (Darmon, 2006).
III.2.3 Dans la sphère
sanitaire
L'impact de la situation d'orphelin sur la santé dans
un contexte de VIH/SIDA se calcule à partir de trois indicateurs :
la malnutrition, le retard de croissance et la mortalité infantile. Les
études font état de divergences quant à l'impact
estimé du décès des parents sur ces indicateurs (Audemard
et Vignikin, 2006).
En Tanzanie, des études montrent que le
décès du père, de la mère et de celui d'autres
membres adultes du ménage impliquent des retards de croissance chez les
enfants affectés. Ce résultat s'est également
confirmé au sein de ménages n'étant pas pauvres. La
pauvreté ne constitue donc pas un facteur explicatif du retard de
croissance observé chez les orphelins ; en revanche dans des
ménages pauvres, le statut d'orphelin aggrave davantage ces retards de
croissance (Ainsworth et Semali, 2000).
En Zambie, la consommation moyenne de calories est
passée en 20 ans de 2 273 à 1 934 calories par jour. Selon la
CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le
Développement), cette chute est en grande partie imputable au VIH/SIDA,
qui aurait réduit le taux d'activité, de production et de
consommation (Cessou, 2005).
D'autres auteurs par contre sont arrivés à des
conclusions opposées. Monasch et Boerma (2004) ont observé le
faible impact du fait d'être orphelin sur le statut nutritionnel des
enfants, à travers une étude menée dans 40 pays de
l'Afrique subsaharienne. Namposya Nampanya-Serpell (2001) montre en Zambie que
les impacts nutritionnels de la perte des parents dépendent
principalement de l'âge des enfants (les plus jeunes étant
exposés à davantage de risques que les enfants plus
âgés), mais également de la situation
socio-économique du foyer qui les a pris en charge.
Enfin, dans une étude menée en Tanzanie, les
auteurs observent que le taux de mortalité des orphelins et des enfants
confiés n'est pas plus élevé que chez les autres
enfants (Urassa et al, 1997) ; Foster en arrive à la même
conclusion à travers une étude réalisée au Zimbabwe
(Foster, 2000), tout comme Kamali et al. (1996) sur l'Ouganda. En Ouganda, une
autre étude montre que le décès de la mère
entraîne une hausse de la mortalité infantile, y compris chez les
enfants séronégatifs (Nakiyingi et al, 2003).
III.2.4 Décès
liés au sida
Le sida est la quatrième cause de décès
à l'échelle mondiale (ONUSIDA, 2006). Selon la même source,
en 2005, 3,1 millions d'adultes et d'enfants sont morts du sida, dont 2,4
millions en Afrique subsaharienne. Par contre le nombre de décès
associés au sida a diminué de manière spectaculaire dans
certains pays, en raison de l'efficacité des nouveaux traitements
antirétroviraux. Les décès liés au sida provoquent
une modification de la pyramide des âges dans les pays
sévèrement touchés par l'épidémie.
L'épidémie a provoqué une stagnation,
voire une régression, des progrès accomplis en matière de
survie infantile et d'espérance de vie, deux indicateurs clés du
développement (Lamptey, 2006). L'impact du sida sur l'espérance
de vie en Afrique subsaharienne est en partie dû à la
mortalité infantile directement ou indirectement liée au sida.
Les progrès constants accomplis avant l'arrivée de
l'épidémie quant à l'espérance de vie ont
été érodés. Au Botswana, la mortalité des
enfants de moins de 5 ans, qui était tombée entre 1990 et 1995
à 62 décès pour 1 000 naissances vivantes est aujourd'hui
de 106 décès pour 1 000 naissance vivantes environ. Le plus fort
accroissement de la mortalité s'observe néanmoins chez les
adultes de 20 à 49 ans et renverse la distribution des
décès en fonction de l'âge ; alors que ce groupe
d'âge ne constituait que 20% de tous les décès entre 1985
et 1990, il représente aujourd'hui 60% (ONUSIDA, 2006).
En Afrique australe, entre 1985 et 1990, la plupart des
décès dus au sida ont été enregistrés parmi
les enfants de moins de 5 ans et des adultes de plus de 60 ans, alors qu'un
cinquième seulement des décès est survenu au sein de la
population adulte de 20 à 49 ans. Entre 2000 et 2005, en raison de la
forte mortalité due au sida chez les jeunes et les adultes, les
personnes âgées de 20 à 49 ans ont constitué
près de 60% de tous les décès (Adetunji, 2000 ;
Boerma et Whitworth, 1998 ).
Après avoir fait le tour de la question à
travers une revue de la littérature, la section suivante sera
consacrée à la description des acteurs de la prise en charge des
OEV à l'AJPO de Ouagadougou.
IV. Description des
acteurs de la prise en charge des OEV à l'AJPO
Après la section consacrée à la revue de
la littérature, nous allons nous appesantir au niveau de la
présente section à décrire les différents acteurs
de la prise en charge des OEV à l'AJPO.
De manière générale, les acteurs sont
caractérisés par leurs projets, leurs conceptions du monde et
leurs convictions, les ressources qu'ils ont ou qu'ils contrôlent et
leurs dispositions à agir. Ils interagissent, dans un jeu permanent de
coopération et de concurrence, pour accroître leur contrôle
sur les ressources critiques du système d'action (argent, pouvoir,
influence, engagements envers des normes sociales). Les pratiques (ou les
conduites) des acteurs sont simultanément constitutives de
l'intervention et influencées par la structure de cette manière.
Elles sont interdépendantes (Contandriopoulos et al, 2000).
Identifier les acteurs, leurs rôles et leurs
intérêts respectifs constituent dès lors un enjeu majeur
pour toute évaluation d'une intervention. La description des principaux
acteurs qui interviennent dans la prise en charge globale des OEV à
l'AJPO est résumée dans le tableau 3. Les stratégies et
les ressources diffèrent selon les acteurs. Au nombre des acteurs de la
prise en charge des OEV, figurent le Ministère de l'Action Sociale et de
la Solidarité Nationale, le personnel de l'AJPO, le SP/CNLS, l'IPC,
l'OSI, le personnel de santé, les OEV et les chefs de ménage dans
lesquels résident les OEV. Le Ministère de l'Action Sociale et de
la Solidarité Nationale, le SP/CNLS, l'IPC et l'OSI appuient
financièrement et/ou techniquement l'AJPO. Les OEV et les chefs de
ménage aspirent à une amélioration de la prise en charge
médicale et psychosociale. Les agents de l'AJPO planifient et
exécutent les activités du programme.
Le tableau 3 à la page suivante décrit les
principaux acteurs intervenant dans la prise en charge des OEV à l'AJPO
ainsi que leurs stratégies et les ressources dont ils
disposent.Tableau 3 : Description des acteurs impliqués
dans la prise en charge globale des OEV à l'AJPO
Acteurs
|
Description
|
Stratégies
|
Ressources
|
Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité
Nationale
|
Ministère de tutelle de l'AJPO
|
Mandat de veiller sur la mise en oeuvre et le suivi de la
politique en matière sociale
|
Appui institutionnel
|
SP/CNLS
|
Organe de tutelle et de coordination de la lutte contre le VIH
|
Coordination de la mise en oeuvre des 5 principaux axes
stratégiques de la prise en charge des OEV/VIH
|
Appui institutionnel
Mobilisation des ressources pour Associations de prise en charge
des OEV à base communautaire
|
Initiative Privée et Communautaire de lutte contre le
VIH/SIDA
|
Principal bailleur de fonds de l'AJPO
|
- Soutien technique et financier
- Visibilité des actions
|
Techniques et financières
|
AJPO
|
Association de prise en charge des OEV
|
- Mise en oeuvre de la prise en charge des OEV
- Visibilité des actions sur le terrain, reconnaissance et
notoriété
|
Ressources humaines et financières limitées
|
Association Orphelin Sida International (France)
|
Partenaire de l'AJPO dans la pise en charge des OEV/VIH
|
Parrainage
|
Financières
|
Structures Sanitaires
|
Structures publiques ou privées assurant la prise en
charge des OEV sur le plan sanitaire
|
Offre des soins de qualité aux OEV
|
Ressources humaines, financières et matérielles
limitées
|
OEV
|
Cibles du programme de prise en charge globale
|
Accès à la prise en charge médicale et
psychosociale
|
Participation aux activités de l'AJPO
|
Ménages
|
Cibles secondaires de la prise en charge
|
Mobilisation des ressources pour assurer la prise en charge
globale des OEV
|
Participation aux activités de l'AJPO
|
Source : Djoudalbaye
Benjamin, 2007
V. Description de la
logique d'intervention de l'AJPO
Le modèle logique présente le processus et les
effets à court et moyen terme des interventions de l'AJPO, objet de
notre étude. Nous avons ainsi décrit et analysé les liens
entre les objectifs, les ressources, les stratégies et les
résultats produits. Il est important de rappeler que toute logique
d'intervention est l'ensemble des moyens (physiques, humains, financiers,
symboliques...) organisés dans un contexte particulier, à un
moment donné, pour produire des biens ou des services dans le but de
modifier une situation problématique (Contandriopoulos et al, 1993).
Notre représentation de la logique d'intervention a
été formulée à partir des documents de terrain et
des opinions des acteurs, ceci dans le but de comprendre le programme de prise
en charge globale des OEV, sa raison d'être et les résultats
attendus, pour finaliser le choix de la stratégie d'évaluation et
formuler les questions d'évaluation. Le présent modèle
logique (figure 1) postule que si les activités prévues sont
réalisées dans les conditions prescrites, la prise en charge
psychosociale et médico-sanitaire des OEV connaîtra une
amélioration. Le programme de l'AJPO comporte 5 composantes :
l'appui psychosocial, l'appui nutritionnel, l'appui à la scolarisation,
l'appui médico-sanitaire et le parrainage. Nous postulons que si les
intrants sont transformés selon le processus prévu par le
programme alors les résultats seront atteints. Notons que la
réalisation d'un bon processus conditionne la production des effets.
V.1 Objectif de la prise en
charge globale des orphelins et enfants rendus vulnérables par le
VIH/SIDA
L'objectif de la prise en charge globale est de contribuer au
mieux être des OEV infectés et affectés par le VIH/Sida sur
les plans sanitaire, psychosocial et économique.
V.1 1
Stratégies
Trois principales stratégies mises en oeuvre par l'AJPO
ont été analysées. Il s'agit de :
- Renforcement des capacités des familles de
protéger et prendre en charge des orphelins et des enfants
vulnérables en prolongeant la vie des parents et en leur apportant un
appui psychosocial, économique et autre ;
- Mobilisation et soutien aux interventions
communautaires ;
- Garantie de l'accès des OEV aux services essentiels
notamment en éducation et en soins médicaux.
V.1.2
Activités
L'analyse des activités a constitué un point
central dans notre travail. Elle a pris en compte toutes les ressources
nécessaires (humaines, matérielles, financières,
logistiques...).
V.1.3 Cibles
Les cibles de notre travail sont les orphelins et enfants
rendus vulnérables par le VIH/SIDA, alors que les cibles secondaires
sont les ménages dans lesquels ils sont placés. Le personnel
intervenant dans la prise en charge a été considéré
comme cible intermédiaire.
V.1.4 Le processus
Il concerne les services rendus aux OEV, le travail des
intervenants, la façon dont ils travaillent, dont ils interagissent avec
les bénéficiaires.
V.1.5 Résultats
Nous avons considéré au terme de notre
étude les effets produits par le programme de prise en charge
médicale et psychosociale des orphelins et enfants rendus
vulnérables par le VIH/Sida à l'AJPO. A court terme, les effets
escomptés sont l'amélioration de la prise en charge des
pathologies de l'enfant, la diminution des infections opportunistes chez les
OEV infectés par le VIH/SIDA, l'augmentation du nombre d'OEV ayant
validé l'année scolaire, l'amélioration de l'alimentation
des OEV, la rupture de l'isolement et du repli sur soi, l'amélioration
de la communication parents-enfants. A moyen terme, il s'agit des effets
suivants : le maintien à l'école des OEV, l'équilibre
psychologique des OEV, la responsabilisation et le développement de
l'esprit de vie en communauté, l'amélioration du suivi
médical.
V.2 Limites de la logique
d'intervention
Il s'agit d'une tentative de faire ressortir une logique
d'intervention. Le programme de l'AJPO n'est pas un programme cohérent
disposant d'une logique d'intervention propre, il existe plusieurs projets
financés par des partenaires différents chacun ayant sa propre
logique (voir la répartition des partenaires techniques et financiers
selon les domaines d'activités en annexe 4).
PROCESSUS
INTRANTS
Figure 1 : Logique d'intervention de
l'AJPO
EFFETS A COURT ET MOYEN TERME
Diminution des IO chez les OEV infectés par le VIH
Amélioration du suivi médical des OEV
Diminution des coûts liés à la
santé, à la nutrition et à l'éducation au sein des
ménages
Augmentation des OEV sous ARV
Disponibilité des médicaments
Maintien à l'école des OEV
Augmentation du nombre d'OEV ayant validé
l'année scolaire
Visites à l'école
Organisation des cours de soutien
Prise en charge des frais de scolarité
Disponibilité des fournitures scolaires
Organisation des ateliers culinaires et repas
communautaires
Responsabilisation et développement de l'esprit de vie
en communauté
Appui psychosocial
· Conseillers psychosociaux
· Ressources financières et matérielles
· Autres ressources humaines
AMELIORATION BIEN ETRE DES OEV
Équilibre psychologique des OEV
Développement des compétences culinaires des
ménages
Amélioration de la communication parents-enfants
Rupture de l'isolement et du repli sur soi
Renforcement de l'esprit et du moral
Amélioration du soutien moral et psychologique
Amélioration des pratiques culinaires des
ménages
Amélioration de l'alimentation des OEV
Disponibilité des vivres pour les OEV
Dotation des ménages en vivres
Organisation des consultations psychologiques pour les OEV
Organisation des activités d'éveil et
d'épanouissement
Organisation des visites à domicile
Source : Djoudalbaye Benjamin, 2007
Appui médico-sanitaire
· Stocks en MEG
· Ressources financières
· Médecins prescripteurs ARV
· Infirmiers
Appui nutritionnel
· Stocks de vivres
· Ressources humaines
· Ressources financières
· Infrastructures
Amélioration de la prise en charge des pathologies des
l'enfant
Augmentation du nombre d'OEV référés en
Pédiatrie
Amélioration des conditions d'études des OEV
Plaidoyer auprès des établissements scolaires
Augmentation des OEV inscrits à l'école
Accessibilité aux soins et dépistage VIH
améliorée
Parrainage
· Ressources financières
· Ressources matérielles
· Ressources humaines
Appui à la scolarisation
· Ressources humaines
· Fournitures
· Bibliothèque
· Ressources financières
· Plaidoyer dans les établissements scolaires
· Encadreurs scolaires
Organisation de la référence des OEV
infectés par le VIH
VI. Description des types, approches et questions
d'évaluation
La prise en charge du VIH/SIDA doit inclure les soins
cliniques pour tous ainsi que le soutien psychologique et
socio-économique, la participation des personnes qui vivent avec le
VIH/SIDA et de leurs familles, le respect des droits de l'homme et la
protection juridique (Cf. Figure 2) (OMS, 2004). Ainsi, une prise en charge
globale et complète doit inclure les principaux points
suivants :
1) Des soins cliniques pour tous.
Chacun doit pouvoir bénéficier de soins cliniques
sans considération de sexe et d'âge. Les services doivent inclure
le conseil et le dépistage à des fins diagnostiques, la
prophylaxie des infections opportunistes, la prise en charge des pathologies
associées au VIH/SIDA par les antirétroviraux, les interventions
visant à réduire la transmission mère-enfant du VIH, les
systèmes de soutien (laboratoires et systèmes de gestion des
médicaments), un soutien nutritionnel et l'éducation
sanitaire.
2) Soutien psychologique. Le soutien
psychologique, qui inclut les services de conseil initiaux et de suivi, vise
à satisfaire les besoins affectifs et spirituels des personnes qui
vivent avec le VIH/SIDA et de leurs familles et à aider les patients au
moment où ils font connaître leur statut. Le soutien psychologique
peut être dispensé dans le cadre de groupes d'entraide (groupes
d'accueil après le dépistage) et de démarches
bénévoles ou autres au sein des communautés.
3) Soutien socio-économique.
Au sein des communautés, le soutien matériel et
social permet de satisfaire les besoins nutritionnels et quotidiens. Ce soutien
matériel peut être apporté sous forme de
microcrédit, de logement, de nourriture, d'aide à domicile, de
systèmes d'assurance-maladie prévoyant la prise en charge du
VIH/SIDA, de planification de l'aide aux orphelins et aux enfants
vulnérables dans les foyers et les communautés.
4) Respect des droits de l'homme et protection
juridique. Il faut disposer de services pour faire reculer les
phénomènes de stigmatisation et de discrimination dans les
établissements de santé, dans les communautés et sur les
lieux de travail et pour promouvoir un accès égal aux soins. Ces
services doivent également veiller à la prévoyance
après le décès et à la protection de la
propriété. Ainsi, la prise en charge globale des OEV inclut
plusieurs volets allant des aspects médicaux à l'assistance
juridique.
5) Participation des personnes qui vivent avec le
VIH/SIDA et de leurs familles. Il faut faire participer les
malades et leurs familles à la planification et à la mise en
oeuvre de la prise en charge pour que les programmes de soins, de traitement et
de soutien qui leur sont destinés correspondent à leurs besoins,
améliorent l'observance, la prévention et les soins et incitent
les gens à se faire soigner. Ces programmes doivent également
respecter les droits fondamentaux des malades.
Notre étude s'est limitée à
l'évaluation de la prise en charge médicale (1) et psychosociale
(2) des OEV suivis à l'AJPO de Ouagadougou.
Figure 2 Les quatre domaines principaux de prise en
charge du VIH (OMS, 2004)
Environnement politique et social favorable
(1)
Soins cliniques (médicaments et soins
infirmiers)
CDV, PTME, Thérapie préventive (IO, Tuberculose),
Soins palliatifs, Soutien nutritionnel, Traitement antirétroviral
Soutien psychosocial
Conseil, Prise en charge des orphelins
Services d'appui communautaire
Soutien spirituel
Soutien socio-économique
Soutien matériel
Sécurité économique
Sécurité alimentaire
Adulte et enfants touchés par le
VIH/SIDA
(3)
(2)
Droits de l'homme et aide juridique
Lutte contre la stigmatisation et la
discrimination
Prévoyance
Participation des PVVIH
Prévention
(4)
Source : Traitement Division, Family Health
International, 2001
VI.1 Types
d'évaluation
L'objet de l'évaluation étant de porter un
jugement sur le programme (Contandriopoulos et al, 2000), nous avons
opté pour les évaluations du processus et des effets. Celles-ci
nous ont permis de :
- Analyser la logique entre le programme et les besoins
auxquels il est sensé répondre ;
- Expliquer le processus de production des effets ;
- Mesurer les effets produits. En effet, l'évaluation
des effets porte sur le degré de réalisation des objectifs de
changement. Dans ce cas précis, il s'agit ici de tester certaines
composantes afin de découvrir dans quelle mesure elles remplissent leurs
fonctions selon les attentes.
VI.2 Approches évaluatives
Notre choix s'est porté sur une approche participative
qui consiste en la mise en oeuvre du processus évaluatif selon une
démarche de partenariat entre des évaluateurs et des personnes
qui sont concernées par l'évaluation et qui ne sont pas des
évaluateurs (Ridde, 2006). Avoir recours à une telle approche
peut se justifier au regard de trois raisons particulières : pragmatique
(accroître les chances de réussite du processus et de
l'utilisation des résultats), politique (dans un souci
démocratique, de participation citoyenne et d'émancipation), et
épistémologique puisqu'il n'existe pas de réalité
unique, la pluralité des points de vue est essentielle à la
construction d'un argument (Weaver et Cousins, 2005).
L'évaluation participative implique que les
exécutants du programme soient activement impliqués dans chaque
étape du processus d'évaluation.
VI.3 Questions d'évaluation
Les questions de base auxquelles nous avons tenté de
répondre au cours de cette analyse sont les suivantes :
VI.3.1 Processus
- Les activités planifiées ont-elles
été exécutées comme prévues ?
- Qu'est-ce qui a facilité ou constitué un
obstacle dans la prise en charge médicale et psychosociale des OEV
à l'AJPO ?
VI.3.2 Effets
- Le niveau scolaire des enfants qui bénéficient
d'un encadrement est-il amélioré ?
- Existe-t-il une différence dans la prise en charge
des OEV parrainés et ceux qui ne le sont pas ?
- Les OEV sous ARV sont-ils observants ?
VII. Devis de l'évaluation
Il s'agit d'une étude exploratoire et descriptive
visant à faire l'analyse de la prise en charge globale des OEV à
l'AJPO de Ouagadougou. L'évaluation est à la fois quantitative et
qualitative avec un devis d'étude de cas imbriqué. Le cas
représente le programme de prise en charge lui-même ; il est
imbriqué parce qu'il est composé de plusieurs interventions
indépendantes, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs activités
qui sont évaluées indépendamment les unes des autres.
L'évaluation du processus relève plus d'une évaluation
qualitative. L'étude qualitative dans ce cadre offre une marge
d'interprétation plus grande dont la visée est d'améliorer
le programme. L'évaluation des effets relève quant à elle
d'une étude quantitative. Elle vise à mesurer les écarts
entre ce qui est planifié et les réalisations.
VII.1 Présentation de la zone d'intervention
L'AJPO intervient actuellement à Ouagadougou (Province
du Kadiogo) et compte un Centre de dépistage et de prise en charge qui
fait également office de siège. Le siège constitue
l'espace d'encadrement des OEV. Notre étude s'est déroulée
dans la Commune de Bogodogo, zone d'intervention de l'AJPO comprenant les
secteurs 28, 29 et 30. Une partie de la Commune de Nongr-Massom a
été concernée par notre étude car l'AJPO intervient
dans une partie de cette Commune. La zone d'intervention de Pô n'est pas
considérée dans notre étude.
VII.2 Population
d'étude
Notre population d'étude est constituée de
cinq catégories :
- des orphelins et enfants rendus vulnérables par le
VIH/SIDA (population cible de l'étude) ;
- des chefs de ménage accueillant les OEV ;
- des responsables de l'AJPO ;
- d'un représentant des partenaires techniques et
financiers ;
- du personnel médical assurant la prise en charge
médicale des OEV.
VII.3 Technique d'échantillonnage et taille de
l'échantillon
Notre recherche a privilégié l'approche
qualitative et accessoirement l'approche quantitative, l'échantillonnage
répondant aux besoins de ce type de méthodologie, mises à
part certaines limitations qui seront d'ailleurs soulignées.
Premier type d'unité
d'échantillonnage : les chefs de ménage
Un choix raisonné nous a permis de construire un
échantillon hétérogène dans lequel tous les types
sont représentés. Le choix raisonné s'explique par le fait
que nous voulons assurer que les ménages ayant des
caractéristiques différentes fassent partie de notre
échantillon. Le critère de choix des ménages s'est
basé essentiellement sur les caractéristiques du chef de
ménage. Les informations collectées à ce niveau ont
été qualitatives. Ainsi, huit ménages choisis selon les
critères suivants ont été enquêtés par des
entretiens individuels (tableau 4). Un seul chef de ménage par
catégorie a été interrogé en raison des contraintes
de temps et aussi parce qu'il s'agit d'une étude exploratoire dont la
méthodologie pourra éventuellement être
répliquée à plus grande échelle auprès d'un
échantillon de plus grande taille.
Tableau 4 : Caractéristiques des chefs de
ménage enquêtés
Caractéristiques des chefs de
ménage
|
Nombre Age
|
Chef de ménage mineur de sexe masculin
|
1 18
|
Chef de ménage mineur de sexe féminin
|
1 19
|
Chef de ménage adulte de sexe masculin*
|
1 *
|
Chef de ménage adulte de sexe féminin
|
1 29
|
Chef de ménage aïeul** de sexe masculin
|
1 79
|
Chef de ménage aïeul de sexe féminin
|
1 75
|
Chef de ménage PVVIH de sexe masculin
|
1 33
|
Chef de ménage PVVIH de sexe féminin
|
1 46
|
Total
|
8
|
* il s'agit du veuf que nous n'avions pas pu interroger
**Grand-père, grand-mère
Deuxième type d'unité
d'échantillonnage : les OEV
Nous avons fixé la taille de notre échantillon
à 15% des 197 orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH
suivis à l'AJPO (106 filles et 91 garçons) soit 30 OEV
enquêtés. Les OEV ont été sélectionnés
au hasard à partir de la liste établie par l'AJPO (tableau 5).
Les raisons de ce choix sont les suivantes :
- le risque de première espèce étant en
général fixé à 5%, nous estimons que fixer notre la
taille de notre échantillon à 15% diminue le risque de seconde
espèce et augmente les chances de déceler des relations,
mêmes faibles ;
- la seconde raison est liée aux difficultés
d'accès au domicile des OEV étant donné que la plupart vit
en zones non loties ;
- enfin, le temps imparti pour la réalisation de ce
travail est court (2 mois).
Tableau 5 : Répartition
selon l'âge des 197 OEV infectés et affectés par le
VIH/SIDA à l'AJPO
Age
|
Sexe
|
Total
|
Masculin et %
|
Féminin et %
|
|
0-4ans
|
8
|
4,1%
|
9
|
4,5%
|
17 (8,6%)
|
5-14ans
|
47
|
23,7%
|
55
|
28%
|
102 (51,7%)
|
15-17 ans
|
30
|
15,2%
|
36
|
18,3
|
66 (33,5%)
|
18 ans et +
|
6
|
3,1%
|
6
|
3,1%
|
12 (6,2%)
|
Total
|
91
|
46,2%
|
106
|
53,8%
|
197 (100%)
|
Source : AJPO
Nous avons constitué deux strates distinctes et
homogènes pour tenir compte du parrainage. Sur les 197 OEV, 48
bénéficient du parrainage qui comporte un paquet de services
complets dont ne bénéficient pas les autres (149). Á
partir de ces deux strates nous avons choisi un échantillon
aléatoire simple. La première strate est constituée des
OEV non parrainés dans laquelle 23 OEV c'est-à-dire 15% des 149
ont été tirés aléatoirement. La seconde strate est
constituée des OEV parrainés. Une pondération a
été faite pour tenir compte de leur poids par rapport à la
taille de l'échantillon (48/197=. 0,24). Pour avoir le nombre d'OEV
parrainés dans l'échantillon, nous avons, 0,24 x 30 = 7,2 soit 7
OEV parrainés. Ceux-ci ont été tirés
aléatoirement également pour faire partie de
l'échantillon.
Troisième type d'unité
d'échantillon : les responsables de l'AJPO
A ce niveau également nous avons fait un choix
raisonné. Nous pensons qu'étant impliquées dans la mise en
oeuvre, ces personnes sont habilitées à nous fournir les
données relatives aux ressources, aux activités menées au
sein du programme, aux stratégies d'intervention, aux difficultés
rencontrées dans la mise en oeuvre, à l'appui institutionnel.
Elles pourront faire des recommandations pour améliorer le programme.
Huit personnes ont été interrogées individuellement selon
une approche qualitative :
- le chargé de programme ;
- le coordonnateur OEV ;
- le psychologue ;
- le responsable de l'encadrement scolaire ;
- le médecin ;
- trois conseillères psychosociales.
Quatrième type d'unité
d'échantillonnage : le personnel médical de l'Hôpital
Pédiatrique Charles De Gaulle
L'Hôpital Pédiatrique Charles De Gaulle est la
structure qui s'occupe de la prise en charge médicale des OEV
infectées par le VIH/SIDA. Un choix raisonné nous a permis
d'avoir les informations sur les normes de la prise en charge médicale
ainsi que sur le degré de collaboration avec l'AJPO. Nous avons
réalisé un entretien individuel avec un médecin selon une
approche qualitative.
Cinquième type d'unité
d'échantillonnage : le personnel de l'IPC
Pour le personnel de l'IPC, un choix raisonné nous a
permis d'interroger le responsable du programme OEV selon une approche
qualitative pour avoir des informations sur la nature de la collaboration.
VII.4 Méthodes de collecte des données
Afin de recueillir les informations sur le terrain, des outils
de collecte de données ont été développés
(annexes 2 et 3). Ces derniers ont été corrigés et
validés avec les acteurs de l'AJPO. Les données collectées
sont à la fois qualitatives et quantitatives. Les techniques de collecte
suivantes ont été utilisées : la compilation des
documents relatifs au programme et au phénomène dans le monde,
les entretiens individuels semi structurés et l'observation directe.
VII.4.1 Analyse
documentaire
La revue documentaire a porté sur l'analyse des
documents de l'AJPO (registres, rapports...). À l'issue de cette
analyse, une liste des OEV infectés et/ou affectés par le VIH
ainsi que des ménages dans lesquels ils sont placés a
été établie. Une autre revue documentaire a visé
les écrits disponibles traitant de la question des OEV dans le monde, en
Afrique et au Burkina Faso. Il s'agit entre autre d'études (rapports,
communications, publications scientifiques et littérature grise), de
rapports d'activités, de registres, de sources telles que l'EDS et le
RGPH. Le cadre théorique et l'approche méthodologique, notamment
les instruments de collecte et la grille de la revue de la littérature
ont été élaborés à ce stade.
VII.4.2 Entretiens semi
structurés
Conformément aux objectifs de notre étude, des
entretiens individuels semi structurés au besoin approfondis, ont
été réalisés avec des informateurs clés. Un
informateur clé est quelqu'un qui a une expérience et une
connaissance importante sur le sujet d'intérêt à
l'évaluation ou à l'étude.
Tous les entretiens ont été enregistrés
à l'aide d'un dictaphone et retranscrits pour l'analyse du contenu.
Des guides d'entretien ont été
confectionnés (annexe 2).
1) Ainsi au niveau de l'AJPO, les thèmes abordés
sont les suivants :
- Le choix de la zone d'intervention ;
- La population cible (origine et intérêt pour
les OEV) ;
- Notion d'OEV : perceptions et
compréhension ;
- Traitement social : marginalisation, stigmatisation et
discrimination ;
- Formes d'assistance et de prise en charge : sanitaire,
alimentaire, psychologique ;
- Difficultés rencontrées dans la prise en
charge des OEV/VIH ;
- Acquis et perspectives.
2) Au niveau de l'Hôpital Pédiatrique Charles De
Gaulle et du Centre médical de l'AJPO, nous avons abordé les
thèmes relatifs aux :
- Types de services offerts aux OEV/VIH ;
- Affections courantes rencontrées chez les
OEV/VIH ;
- Ressources disponibles pour la prise en charge de ces
affections ;
- Difficultés rencontrées dans la prise en
charge médicale des OEV/VIH.
3) Au niveau des chefs de ménages nous avons
abordé les thèmes suivants :
- Taille du ménage ;
- Situation familiale ;
- Nombre d'OEV vivant dans le ménage ;
- Accès du ménage aux services de soutien aux
OEV ;
- Membres infectés.
4) Au niveau de l'IPC nous avons abordé les
thèmes suivants :
- Ressources disponibles pour les OEV ;
- Niveau de collaboration avec les Associations en
général et l'AJPO en particulier ;
- Degré de satisfaction de la mise en oeuvre du
programme de l'AJPO ;
- Perspectives de l'IPC avec l'AJPO et dans la prise en
charge des OEV.
VII.4.3 Enquête
ménage auprès des chefs de ménage et des OEV
Un questionnaire (annexe 1) nous a permis de recueillir les
données quantitatives et qualitatives. Les informations recueillies
étaient relatives aux caractéristiques de base des OEV :
- Sexe de l'enfant (M ou F) ;
- Lieu de résidence (Zone urbaine ou rurale) ;
- Type d'orphelins (de père, de mère ou des deux
parents) ;
- L'état de vulnérabilité (par opposition
à l'orphelin) ;
- Age ;
- Durée de l'état d'orphelin
(années) ;
- Mobilité (années passées au lieu de
résidence actuelle) ;
- Lien de parenté entre l'orphelin et chef de
ménage (parent survivant, grands-parents, oncle, tante, frère ou
soeur...) ;
- Age moyen de la personne qui prend soin de
l'enfant ;
- Statut de scolarité de l'enfant;
- Infection par le VIH de l'enfant (oui ou non) ;
- Type de prise en charge si prise en charge il y a.
VII.4.4 Observation directe
L'observation directe est la constatation des faits et des
phénomènes tels qu'ils se produisent.
Une grille d'observation (annexe 3) pour les OEV en situation
d'encadrement scolaire a été élaborée.
VII.5 Méthodes d'analyse des données
Selon notre protocole de recherche mis en place, les
données recueillies ont subi deux procédures d'analyse, l'une
qualitative et l'autre quantitative. L'articulation des analyses qualitative et
quantitative nous a permis de mieux interpréter les données
recueillies.
L'analyse des données qualitatives est issue des
transcriptions des entretiens et s'est déroulée en plusieurs
étapes. Pour la première étape, une comparaison des
fréquences de mention sur les questions posées pendant
l'entretien, mention des thèmes et sous thèmes du guide
d'entretien et de la grille d'observation a été faite. Pour les
thèmes non prévus mentionnés, des codes
supplémentaires ont été créés. Pour la
deuxième étape, une approche qui a permis d'extraire les messages
clés de toutes les entrevues a été retenue (analyse
thématique).
Concernant les données quantitatives, elles ont
été d'abord saisies et traitées sur le Logiciel EPI DATA.
Après un premier niveau de traitement et d'apurement des données,
ces dernières ont été transférées sur le
Logiciel SPSS 12.0 pour des analyses statistiques univariées pour le
calcul des fréquences et bivariées pour mesurer l'association
entre certaines variables.
VII.6 Limites méthodologiques et difficultés
rencontrées
Les limites méthodologiques et les difficultés
rencontrées lors de ce travail sont décrites dans les
sous-sections ci-dessous.
VII.6.1 Limites
méthodologiques
La première limite à souligner est en rapport
avec la taille de l'échantillon des OEV. L'étude ayant
porté sur un petit échantillon de 30 OEV, les résultats
obtenus ne peuvent donc être généralisés.
En ce qui concerne les chefs de ménage nous avions
prévu interroger 8 personnes finalement nous n'avons pu interroger que
7. Idéalement nous aurions interrogé plus que 8 personnes mais
nous avons opté pour 8. Il s'agit d'une étude exploratoire ;
et à aucun moment il s'agira pour nous de généraliser les
constats.
Nous n'avons pas pu trouver un veuf à interroger. Comme
raisons nous pouvons évoquer la polygamie car un polygame ayant perdu
une de ses femmes ne peut être considéré comme veuf car il
reste toujours marié aux survivantes, le remariage précoce
après le décès de la femme et l'orgueil masculin qui
amène l'homme à ne pas beaucoup s'impliquer dans les
activités des associations à base communautaire surtout dans un
contexte de VIH/SIDA par peur de la stigmatisation. La seconde concerne le non
approfondissement de la prise en charge médicale des OEV à
l'AJPO, notamment l'impossibilité d'apprécier les effets des
traitements antirétroviraux. Les OEV sous ARV étant pris en
charge à l'Hôpital Pédiatrique Charles De Gaulle,
l'accès au dossier médical reste confidentiel. Dans la file
active de l'Hôpital Pédiatrique, les OEV ne sont pas
enregistrés selon l'association qui réfère l'enfant pour
la prise en charge médicale.
VII.6.2 Difficultés
rencontrées
La première difficulté à souligner est
essentiellement liée au temps imparti pour la réalisation de ce
travail. Ceci nous a amené à circonscrire notre travail à
deux types d'évaluation et cinq questions d'évaluation. La
seconde contrainte est liée à la disponibilité de certains
acteurs nous obligeant souvent à reprogrammer les rendez-vous
d'entretien alors que le temps accordé à ce travail n'est que de
2 mois. La troisième difficulté est liée à
l'absence d'une base de données et d'un système d'archivage des
documents de l'association limitant ainsi l'accès à certains
rapports et documents importants. La quatrième difficulté est
liée à des problèmes de communication avec certains chefs
de ménage qui parfois n'ont jamais été scolarisés
ou ayant un faible niveau d'instruction. Nous avons fait recours à un
traducteur non seulement lors des entretiens mais également pour la
traduction et la transcription. En faisant recours à un traducteur,
certaines informations nous ont probablement été rendues
partiellement.
VIII. Résultats
VIII.1
Caractéristiques de l'échantillon étudié
Nous avons interrogé dans le cadre de l'enquête
quantitative 30 OEV dont 14 garçons et 16 filles soit respectivement
47,6% et 53,3% avec un sexe ratio garçons/filles de 0,875. Leur
âge varie de 11 à 17 ans. La moyenne d'âge est de 14,8 ans
(Tableau 6).
Tableau 6 : Répartition des OEV selon
l'âge et le sexe
Classe d'âge
|
Sexe
|
Total
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
11-14 ans
|
7
|
6
|
13
|
15-17 ans
|
7
|
10
|
17
|
Total
|
14 (47,6%)
|
16 (53,3%)
|
30 (100%)
|
Notre population d'étude réside essentiellement
à Ouagadougou et dans 70% des cas au secteur 28 dans la Commune de
Bogodogo (Tableau 7). L'AJPO fait partie du réseau du Centre
d'Information de Conseil et de Documentation (CICDoc) qui a fait une
distribution spatiale des associations pour la mise en oeuvre des
activités afin d'éviter que les structures travaillent dans la
même zone avec les mêmes cibles.
Tableau 7 : Répartition des OEV selon la
résidence
Résidence
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Secteur 28
|
21
|
70,0
|
Secteur 29
|
1
|
3,3
|
Secteur 30
|
4
|
13,3
|
Nongr-Massom
|
4
|
13,3
|
Total
|
30
|
100
|
Selon le sexe du parent décédé (Tableau
8), 80% sont des orphelins de père et 13,3% sont des orphelins doubles
de père et de mère. Les enfants vulnérables
c'est-à-dire les non orphelins qui ont leurs parents infectés par
le VIH représentent 6,7% de notre échantillon.
Tableau 8 : Types d'orphelins selon le sexe du
parent décédé
Types d'orphelins
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Mère
|
0
|
0
|
Père
|
24
|
80,0
|
Père et mère
|
4
|
13,3
|
ND*
|
2
|
6,7
|
Total
|
30
|
100
|
*ND : Enfants vulnérables
En ce qui concerne la durée dans l'état
d'orphelin, 60% des enfants sont devenus orphelins depuis plus de 5 ans
(Tableau 9). Il est à remarquer que les orphelins sont restés
dans la plupart des cas avec leurs mères après le
décès de leur père (73,3%).
Tableau 9 : Durée dans l'état
d'orphelin
Durée dans l'état d'orphelin
|
Effectif
|
Pourcentage
|
< 1 an
|
2
|
6,7
|
1-5 ans
|
8
|
26,6
|
> 5 ans
|
18
|
60,0
|
ND*
|
2
|
6,7
|
Total
|
30
|
100
|
*ND : Enfants vulnérables
Il ressort dans notre échantillon que 96,7% des OEV
sont scolarisés. Un seul OEV a abandonné l'école (3,3%).
Toutes les filles sont scolarisées, elles représentent un peu
plus de la moitié des OEV scolarisés (53,3%). La scolarisation
n'est pas associée au sexe (p= 0,277). (Tableau 10). L'approche de
l'AJPO en matière de scolarisation est la même pour les filles et
les garçons. Les filles et les garçons bénéficient
des mêmes avantages (frais de scolarité, encadrement scolaire et
fournitures scolaires).
Tableau 10 : Répartition des OEV selon le
sexe et la scolarité
Scolarisation
|
Sexe
|
Total et %
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Oui
|
13
|
16
|
29 (96,7%)
|
Non
|
1
|
0
|
1 (3,3%)
|
Total et %
|
14 (46,7%)
|
16(53,3%)
|
30 (100%)
|
Khi 2 = 1,182
En ce qui concerne l'infection à VIH (Tableau 11), nous
notons 4 cas d'OEV infectés soit 13,3%. Il y a autant de filles
infectées que de garçons. Nous notons un cas de statut
sérologique inconnu.
Tableau 11 : Répartition des OEV selon le
statut sérologique et le sexe
Infection par le VIH
|
Sexe
|
Total et %
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Oui
|
2
|
2
|
4 (13,3%)
|
Non
|
12
|
13
|
25(83,4%)
|
Indéterminée
|
0
|
1
|
1(3,3%)
|
Total et %
|
14 (46,7%)
|
16 (53,3%)
|
30 (100%)
|
Dans le tableau 12 décrivant les
caractéristiques des chefs de ménage, nous notons une nette
prédominance féminine (83,3%) avec un sexe ratio homme/femme de
0,2. Les femmes confrontées au SIDA sont exposées à des
difficultés d'ordre économique, celles dont les partenaires sont
malades du SIDA, qu'elles soient infectées elles-mêmes ou non,
doivent faire face à des situations économiques extrêmement
difficiles, lorsque le conjoint ne travaille plus mais qu'il faut le soigner et
payer ses traitements, puis plus encore lorsqu'il décède et
laisse la femme seule, soutien de famille et parfois même privée
de l'héritage qui revient, dans certains pays, à la
belle-famille.
Le statut de chef de ménage n'est pas associé
au sexe (p=0,06). L'âge des chefs de ménage varie de 35 à
75 ans avec une moyenne de 43,17 ans. La tranche d'âge la plus
représentée est celle des 35-39 ans (40%). Les chefs de
ménage âgés de 55 ans et plus ne représentent que
10%. Un seul chef de ménage (3,3%) a le niveau d'étude
supérieur, les chefs de ménage qui n'ont jamais
fréquenté l'école représentent 23,3%.
Tableau 12 : Caractéristiques des chefs de
ménages
Caractéristiques des chefs de
ménage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Sexe
|
|
|
Masculin
|
5
|
16,7
|
Féminin
|
25
|
83,3
|
Total
|
30
|
100
|
Age
|
|
|
35-39 ans
|
12
|
40,0
|
40-44 ans
|
7
|
23,3
|
45-49 ans
|
6
|
20,0
|
50-54 ans
|
2
|
6,7
|
55 ans et +
|
3
|
10,0
|
Total
|
30
|
100
|
Niveau d'étude du chef de
ménage
|
|
|
Primaire
|
10
|
33,3
|
Secondaire
|
10
|
33,3
|
Supérieur
|
1
|
3,3
|
Sans niveau
|
7
|
23,3
|
NSP
|
2
|
6,7
|
Total
|
30
|
100
|
VIII.2 Appui
médico-sanitaire
L'appui médico-sanitaire des OEV à l'AJPO
s'organise essentiellement autour des activités de consultation
médicale de routine et de référence des OEV
infectés par le VIH/SIDA au niveau des structures sanitaires disposant
d'un plateau technique adéquat notamment à l'Hôpital
Pédiatrique Charles de Gaulle.
VIII.2.1 Prise en charge
médicale à l'AJPO
Interrogé à propos de la prise en charge
médicale à l'AJPO, un responsable de la coordination des
OEV répond : « quand je parle de prise en charge
médicale elle est partielle. Nous prenons en charge les pathologies
courantes. C'est à l'Hôpital Pédiatrique Charles De Gaulle
et Yalgado que nous référons les OEV infectés par le VIH.
Nous prenons en charge les ordonnances et les examens biologiques. Ça
dépend vraiment des ressources financières disponibles. Des fois
c'est partiellement et des fois également quand il y a les sous on prend
en charge toutes les prescriptions médicales. Nous avons une pharmacie
dotée en Médicaments Essentiels Génériques (MEG) au
niveau de l'association. Après la consultation ils peuvent avoir
gratuitement les produits qui sont au niveau de
l'association ».
L'AJPO dispose d'un centre de dépistage volontaire et
réalise les tests VIH grâce à l'appui des partenaires tels
que Medicos Del Mundo et l'IPC.
Dans notre étude, 13,3% des OEV sont infectés
par le VIH. Nous notons un cas où le statut sérologique est
inconnu. Au cours des 2 derniers mois ayant précédés notre
enquête, 43,3% des OEV étaient tombés malades. Les causes
les plus évoquées sont le paludisme. Ainsi sur les sept chefs de
ménages interrogés, quatre affirment :
« souvent, c'est surtout le paludisme ».
En ce qui concerne l'itinéraire thérapeutique,
dans 73,3% des cas, les OEV étaient pris en charge dans les formations
sanitaires. Les OEV avaient recours à l'automédication dans 16,7%
des cas. Cette automédication était souvent administrée
par les chefs de ménages ou tuteurs. Les frais de traitement et de
médicaments étaient pris en charge dans 56,7% des cas par les
tuteurs. L'AJPO avait pris en charge les frais médicaux dans 23,3% des
cas. Un acteur de l'AJPO justifie : « vraiment des fois
c'est partiellement et des fois également quand il y a les sous on prend
en charge globalement l'ordonnance, les prescriptions
médicales ».
Dans les 20% restant, les frais médicaux sont
assurés par la famille élargie (oncle, tante, cousin).
Les difficultés rencontrées sur le plan
sanitaire par les OEV sont essentiellement marquées par les
problèmes d'accessibilité financière dans 53,3% des cas.
Pour C.H., 29 ans, ménagère, veuve depuis 5 ans et mère de
deux orphelines : « si, si on nous a appelé pour
nous dire que s'il y a un enfant qui tombe malade, on a qu'à l'amener
là-bas. Mais souvent il y a des produits qui manquent. Les produits qui
sont chers, c'est ça même qui manque ». O.H., 19
ans, élève, orpheline chef de ménage depuis 5 ans :
« Nous on part là bas, ils te donnent l'ordonnance d'aller
payer les médicaments. Nous, on n'a pas de moyens, on est obligé
de laisser tomber ». Et de poursuivre : « Mon
petit frère, (...), il a des maux de tête, on l'a prescrit des
médicaments qui ne sont pas de l'AJPO. On l'a dit d'aller payer, manque
de moyen on n'a pas pu payer ».
VIII.2.2
Référence médicale des OEV en Pédiatrie
L'AJPO a signé avec l'Hôpital Pédiatrique
Charles De Gaulle une convention de partenariat pour la prise en charge
médicale des OEV infectés par le VIH. La prise en charge des OEV
infectés par le VIH/SIDA se fait donc à l'Hôpital
Pédiatrique Charles De Gaulle selon les normes et protocoles de prise en
charge de l'infection à VIH au Burkina Faso. L'AJPO réalise les
tests de dépistage du VIH aux OEV à la demande et avec l'accord
des parents. Ceux qui sont testés positifs pour le VIH sont
référés à l'Hôpital Pédiatrique
Charles De Gaulle pour la prise en charge médicale. Pour les OEV
référés en pédiatrie mis sous ARV, l'AJPO organise
un club d'observance une fois par mois regroupant 25 enfants. Ce club est
animé par les conseillers psychosociaux.
VIII.3 Appui
psychosocial
La prise en charge psychosociale est un ensemble de mesures et
attitudes qui sont prises dans le but de soutenir toutes les personnes
infectées et affectées par le VIH. Les OEV ont besoin
d'être compris, d'avoir des personnes qui savent les écouter et
les orienter, et d'avoir l'affection de leurs familles d'accueil et de la
communauté. Pour leur donner cela l'AJPO a développé trois
stratégies qui sont :
- les visites à domicile (VAD) ;
- les activités d'éveil et
d'épanouissement ;
- les consultations psychologiques.
Les stratégies ci-dessus mentionnées seront
abordées dans les sous-sections suivantes.
VIII.3 1 Visites à
domicile (VAD) :
La VAD consiste en un déplacement d'un conseiller
psychosocial de l'AJPO dans un ménage abritant un OEV. Celui-ci
s'entretient avec l'OEV ou avec son chef de ménage sur un sujet
précis. Les thèmes abordés au cours de la VAD concernent
la situation de l'enfant (sur les plans psychologique, physique, scolaire,
alimentaire, médical), l'évolution de la situation de l'enfant
depuis la dernière visite, les problèmes exposés par
l'enfant ou la famille, les doléances faites par l'enfant ou la famille.
La VAD est différente de la simple visite sociale que l'on rend à
un OEV pour lui témoigner sa sympathie ou sa courtoisie. Dans la VAD, on
donne des conseils à l'OEV et on aide la famille à accepter
l'OEV. Pour l'année 2006, 1 045 VAD ont été
réalisées. De janvier à fin septembre 2007, 233 VAD ont
été réalisées pour une cible de 231 personnes.
VIII.3.2 Activités
d'éveil et d'épanouissement
Les activités d'éveil et
d'épanouissement, surtout le jeu sont de puissants moyens pour lutter
contre le stress émotionnel, l'isolement, le repli sur soi,
l'auto-exclusion. L'AJPO organise pendant les vacances scolaires les
activités d'éveil et d'épanouissement 2 fois par semaine
(jeudi et samedi après midi de 15h à 17h). Ces activités
d'éveil permettent à un OEV de renforcer son esprit et son moral.
Pendant l'année scolaire, ces activités sont remplacées
par l'encadrement scolaire.
A la question de savoir quel était le contenu de ces
activités, un responsable de l'AJPO interrogé sur la question
répond : « (...) nous avons les sorties
récréatives, les jeux de sociétés parce que il y a
les enfants qui viennent au centre, nous les permettons d'être dans un
cadre décompressé et tout. Il y a les sorties
récréatives, les colonies, les théâtres
également qu'ils font qui les permettent un peu de se soulager un temps
soit peu. C'est un cadre quand même convivial pour permettre aux enfants
qui ne sont pas dans une bonne situation de ne pas être toujours dans
cette atmosphère sobre. Voilà un peu les activités
menées au niveau de l'association pour la prise en charge
psychologique ».
En ce qui concerne la préférence pour une des
activités d'éveil et d'épanouissement proposées par
l'AJPO, 43,3% des OEV préfèrent le théâtre suivi des
sorties récréatives dans 16,7% des cas, viennent ensuite les jeux
de société et le ballet avec respectivement 13,3% et 10% des cas.
En effet, les OEV estiment que ces activités répondent à
leurs besoins. Le théâtre surtout permet aux OEV d'évacuer
la charge émotionnelle accumulée depuis le décès
des parents.
VIII.3.3 Consultations
psychologiques
A l'AJPO, les consultations psychologiques ne se font pas de
façon systématique. Elles se font tous les mardis en cas de
besoin. Le soutien psychologique à domicile s'inscrit dans le cadre des
VAD.
La demande de consultation psychologique survient d'une
façon générale lorsque l'enfant se situe dans un
extrême, soit qu'il soit dans le « trop » soit qu'il
soit dans le « trop peu ». Un changement brusque dans
l'attitude ou les habitudes de l'enfant doivent également alerter.
Au cours de la consultation, il s'agit pour le psychologue de
tenter de comprendre la difficulté actuelle de l'OEV et d'en retracer
l'histoire (début du trouble, évolution, impact sur l'entourage)
sans porter de jugement sur les parents ou l'enfant. L'enfant est reçu
seul. Il a à sa disposition du matériel (papier, crayon, quelques
jouets) avec lequel il peut, s'il le souhaite, exprimer ce qu'il a à
dire. Ce qu'il dit en dessins ou en jeux, est interprété par le
psychologue comme autant d'éléments imaginaires ou
fantasmés.
A ce propos, un responsable de l'AJPO donne plus de
précision : « (...) nous on s'est rendu compte du
problème depuis l'an 2001 avec le psychologue M. Y. et on avait
organisé une colonie de vacance pour les enfants. Le psychologue nous
appuyait pour qu'on aide les enfants à évacuer les charges
émotionnelles. Souvent il dit que les enfants ont des comportements
violents qui à leur âge ça ne devraient pas s'expliquer. Il
y a des choses qui entre eux, ils n'arrivent pas à exprimer. Souvent il
faut les aider à exprimer. Donc il a demandé une séance de
travail. À chaque enfant il a demandé de représenter par
un dessin son passé et son futur. Mais là on avait des larmes aux
yeux ! Il y a plein d'enfants qui ont dessiné une maison là
où il y a un seul petit enfant et des tombes. C'est leur passé
comme ça et là ils ont représenté la mort des
parents ».
Un autre responsable renchérit :
« Ce sont les consultations que nous avons avec les enfants qui
présentent des pathologies sur le plan psychique. Il y a des
consultations avec un psychologue qui est disponible au niveau de l'association
pour un temps soit peu récupérer vraiment les enfants sur ce
volume psychologique ».
A la question de savoir si l'AJPO on considérait les
OEV comme des enfants ayant des besoins psychosociaux particuliers, un acteur
répond ceci : « Oui, ce sont les enfants
vulnérables qui ont besoin d'un suivi, qui n'ont plus un parent ou qui
sont très affectés par la situation sérologique actuelle
de leur parent. Donc ils ont besoin de beaucoup de soutien notamment de soutien
psychologique. Je citerai l'anecdote d'un enfant qui n'avait pas pu surmonter
le deuil après l'enterrement de son papa. Chaque fois il se retrouvait
derrière il creusait un trou avec un bâton et prenait un morceau
de pagne blanc chez le tailleur, l'enroule sur les bois et le met dans le trou.
(...), le psychologue l'a écouté, chaque fois il le visitait, l'a
amené ici pour des entretiens personnalisés. Il était
jovial avant, pas timide et subitement est devenu timide après le
décès des parents. Cet enfant s'est amélioré. Il y
a pas mal d'enfants qui ont besoin du soutien psychologique ».
Et de rajouter : « Beaucoup de nos
bénéficiaires sont dans les zones non loties. Qui dit zones non
loties dit précarité. Des fois nous remplaçons les
parents, l'autorité parentale qui ne prévaut pas dans les
familles, nous tentons d'asseoir cela. Et à travers nous les groupes de
paroles ont permis de comprendre ce que les parents ont comme
difficultés ».
En 2006, 212 consultations psychologiques ont
été réalisées. Deux OEV ont été
suivis de façon soutenue en 2007 pour des troubles à type de
conduites hyperactives (agitations, violence) pour le premier cas et de
troubles de mémoire pour le second cas. Le type de
vulnérabilité le plus fréquemment rencontré chez
les OEV dans notre travail est la vulnérabilité psychologique
(36,7%) suivi des vulnérabilités sociale (16,7%) et
médicales (6,7%).
Tableau 13 : Répartition des OEV selon le
type de vulnérabilité
Type de vulnérabilité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Vulnérabilité médico-sanitaire
|
2
|
6,7
|
Vulnérabilité sociale
|
5
|
16,7
|
Vulnérabilité psychologique
|
11
|
60
|
ND*
|
12
|
40
|
Total
|
30
|
100
|
*Correspond aux OEV qui n'ont pu être classés
VIII.3.4 Appréciation de
soi
Les OEV interrogés dans le cadre de notre travail
s'apprécient positivement. Dans 86,7% des cas ils estiment pouvoir
réussir dans la vie. A la question de savoir quels étaient leurs
sentiments à l'égard de la vie depuis la perte des parents, 30%
estiment être tristes, 10% inquiets et 6,7% affligés. Les enfants
souffrent de la perte de nombreuses figures adultes. Ceci est susceptible de
créer un sentiment d'insécurité qui peut affecter la
capacité des enfants à agir dans leur meilleur
intérêt. La perte de repères peut freiner l'enfant dans son
développement et son intégration dans son milieu en particulier
et dans la société en général.
VIII.3.5 Devenir des OEV
Le tableau 14 indique que la majorité des OEV veut
devenir soit médecin (26,7%) soit infirmier (16,7%). Il y a une
association significative entre le devenir et le sexe (p=0,05). La
modalité autres (coiffeuse, couturière, mécanicien,
plombier...) représente 23,3%. Un responsable de l'AJPO confirme la
tendance dominante : « (...) Presque à
l'unanimité ces enfants chacun veut devenir infirmier, embrasser le
domaine de la santé ».
Voir la souffrance de leurs parents, leurs infections
opportunistes à répétition, leur servir de garde-malade,
être confronté à leur intimité s'ils doivent les
laver, les emmener aux toilettes, anticiper sur le deuil à venir est
particulièrement difficile à supporter pour un enfant. Ces
raisons évoquées motivent les OEV à vouloir devenir
professionnel de santé. Car ils se disent que s'ils avaient
été dans le secteur de la santé ils auraient pu
atténuer la souffrance des parents.
Tableau 14 : Répartition des OEV selon le
sexe et la profession envisagée dans le futur
Professions
|
Sexe
|
Total
|
Masculin
|
%
|
Féminin
|
%
|
|
Médecin
|
2
|
6,7%
|
6
|
20%
|
8 (26,7%)
|
Infirmier
|
0
|
0,0%
|
5
|
16,7%
|
5 (16,7%)
|
Entrepreneur
|
3
|
10,0%
|
1
|
3,3%
|
4 (13,3%)
|
Militaire
|
3
|
10,0%
|
1
|
3,3%
|
4 (13,3%)
|
Pilote
|
2
|
6,7%
|
0
|
0,0%
|
2 (6,7%)
|
Autres
|
4
|
13,3%
|
3
|
10,0%
|
7 (23,3%)
|
Total
|
14
|
(46,7%)
|
16
|
(53,3%)
|
30 (100%)
|
(Khi deux = 11, 0,59)
VIII.3.6 Relations avec les
autres et au sein du ménage
Le développement de liens entre les OEV et les autres
enfants et la participation de la communauté au développement
d'activités de soutien peuvent permettre de décourager les
comportements de stigmatisation et de discrimination. Ainsi dans notre
étude, un peu plus de la moitié des OEV (56,7%) affirment
s'entendre bien avec les autres jeunes de leur âge. Cela ne se passe pas
toujours bien pour tous les OEV. En effet, madame N.N.D, 46 ans, veuve et
infectée par le VIH ainsi que sa fille de 6 ans ½ nous rapporte le
cas stigmatisation vécu par celle-ci : « la fille de
ma voisine a payé une culotte mais elle était grande pour elle,
elle a voulu la vendre à ma fille qui était
intéressée mais qui n'avait pas l'argent aussitôt. Le
lendemain matin, la fille de ma voisine est venue exiger son argent, ma fille
lui a remis la culotte puisqu'elle n'avait pas l'argent. L'autre a
refusé en disant qu'elle ne prend pas ce qui a été
porté par un sidéen ». La mère poursuit en
nous rapportant que : « la réponse de ma fille ne
s'est pas faite attendre, elle lui a répondu en disant que
c'était une maladie comme toute autre ».
Au sein des ménages les choses peuvent se passer
quelques fois très mal si l'enfant est placé dans une famille
d'accueil. C'est le cas de S.B.B., 18 ans, orphelin de père et de
mère depuis 5 ans, chef de ménage : « un jour
ma tante s'est levée et nous a chassé de la maison, mon
frère et moi, depuis nous prenons notre vie en mains ».
En voulant comprendre les raisons qui ont motivé leur renvoi, S.B.B.
rapporte que : « notre tante a bouffé mon argent
comme je fais de petits travaux pendant les vacances, elle ne voulait pas
rembourser ».
En ce qui concerne les relations avec le chef de
ménage, un seul OEV affirme s'entendre très mal avec son chef de
ménage. Pour appuyer cela, un responsable de l'AJPO relate un cas
vécu récemment : « il y a une marraine qui a
créé un scandale, elle a cru bien faire, de proposer à
l'enfant les vacances prochaines en France. L'enfant a eu des problèmes
dans sa famille (...) quand on discute avec le tuteur, ses frères, ses
demi-frères j'allais dire, il y a pas de problème mais c'est trop
de suspicion. On s'est dit est-ce que ce n'est pas le voyage de l'enfant qui le
problème ? On te prend comme quelqu'un à qui on fait de la
pitié, toi tu viens tu veux être mieux que n'importe qui ici. Donc
c'est la jalousie ».
Nous avons également cherché à comprendre
comment les OEV se sentent dans les ménages qui les accueillent, 33%
affirment bien se sentir, 30% assez bien, 20% passable. Les raisons
avancées sont : « ils me traitent
bien » dans 40% des cas, « il y a de la
nourriture » dans 20% des cas. Dans 6,7% des OEV, les OEV
estiment avoir trop de travaux ménagers à faire.
VIII.3.7 Méconnaissance
des causes de décès des parents
Les OEV interrogés au moment de l'enquête
déclarent ignorer dans 60% des cas la maladie qui a emporté leurs
parents. Les familles affectées et/ou infectées par le VIH/SIDA
craignent la discrimination au sein de la communauté, et souvent garde
le silence au lieu de demander de l'aide, pour elles et pour leurs enfants.
Il n'y avait que quatre parents qui avaient informé
leurs enfants du mal dont ils souffraient. La préparation des enfants
affectés par le VIH à la vie d'orphelin est une
nécessité. Il est important d'encourager les parents à
partager leur sérologie avec leurs enfants. Cela leur permettra de
planifier la succession et surtout de prévenir l'accaparement des
biens.
Un responsable de l'AJPO nous en dit plus :
« Il y a le cas d'une fille, sa mère ne savait pas qu'elle
était au courant de son infection et que son père était
décédé du VIH. La fille le savait très bien et
c'est à l'occasion du tournage d'un film qu'on lui a demandé est
ce qu'elle sait de quoi son papa est mort, sans détour elle dit que son
papa est mort du VIH. On lui a dit mais comment elle a su ça ? Elle
a dit mais dans le quartier en allant jouer avec ses amis on la traitait de
tous les noms d'oiseaux. On ne veut même pas qu'elle s'amuse avec les
autres. Sa mère ignorait tout ça. Pour la mère, il ne
fallait jamais parler de ça à son enfant. Elle dit voilà
actuellement sa maman est malade et que ça doit être ça. On
lui demande encore que pourquoi, elle dit mais sa maman était la femme
de son papa. C'est une fille c'est maintenant peut être qu'elle fait le
CM1. C'était une petite fille en son temps qui avait déjà
cette compréhension Ça fait 3 ans maintenant que le film a
été réalisé ».
Dans les 2 sections qui suivent nous allons aborder
successivement l'appui nutritionnel et l'appui à la scolarisation des
OEV, alors que notre travail devrait se limiter à l'analyse de la prise
en charge médicale et psychosociale. Ce choix se justifie d'une part par
la vision de l'IPC, principal partenaire technique et financier de l'AJPO qui
inclut les appuis nutritionnel et scolaire dans la prise en charge
psychosociale. D'autre part, nous avons fait le constat sur le terrain que
l'appui nutritionnel est une forte motivation des bénéficiaires
dans leur participation et leur implication dans les activités de
l'AJPO. Quand il est suspendu provisoirement, les bénéficiaires
principalement les parents viennent aux rencontres et participent aux
activités où leur implication est demandée. Ils obligent
même les enfants qui ne participaient pas jusqu'alors aux
activités d'encadrement scolaire, d'éveil et
d'épanouissement à y participer.
VIII.4 Appui
nutritionnel
En ce qui concerne les vivres, 90% des OEV interrogés
déclarent recevoir des dons de vivres.
A propos du nombre de repas par jour, 56,7% des OEV
déclarent avoir trois repas par jour, 33,3% prennent deux repas par jour
et seulement deux cas soit 6,7%, un seul repas par jour. De l'avis des acteurs
de l'AJPO, en ce qui concerne l'appui nutritionnel : « nous le
faisons depuis que nous existons en partenariat avec le CATHWEL. Nous dotons
les familles de vivres chaque mois même si ça s'est
momentanément arrêté la demande se fait
toujours ».
Au niveau des bénéficiaires les avis sont
mitigés, C.H., veuve, mère de deux orphelines
déclare à la question de savoir à quelles
difficultés particulières était-elle confrontées :
« Ah ! En tout cas à la maison là pour manger
c'est difficile parce qu'il y a le petit frère de son papa c'est lui qui
nous aide. Des fois aussi il n'en a pas donc c'est très difficile.
Souvent les enfants sont assis pour avoir 100 F pour payer à manger
là même c'est difficile. C'est quand on prenait le couscous ici
là que ça va mais depuis que c'est arrêté là
c'est difficile. Mais si tu as ça et que tu n'as rien pour payer
là tu prends le couscous là. Mais s'il n'y a pas comment tu vas
faire ? En tout cas c'est difficile ».
Pour justifier cette situation, un responsable de l'AJPO
déclare : « je crois qu'à ce niveau celui qui
a un peu compris c'est CATHWEL. Eux ils sont catégoriques
là-dessus, les vivres ce n'est pas pour distribuer éternellement
c'est vraiment pour un temps. Quelqu'un est en situation de détresse
vous l'appuyez pour que la personne quitte cette situation de détresse
là et on change de nature. On prend le temps pour accompagner les
individus pour qu'ils puissent se réaliser après ça, vous
changer. Au moins en terme d'évaluation c'est propre, (...), tout le
monde voit ce que vous avez fait comme effort ».
L'AJPO bénéficie de la part de certains de ces
partenaires (CATHWEL et AES) d'un appui en vivres pour les orphelins
infectés par le VIH et les adultes vivant avec le VIH. Cet appui se
compose de 5 kilogrammes (kg) de farine de maïs par personne et par mois,
d'un litre d'huile et de 4 kg de lentilles ou de blé. L'AJPO dans sa
propre organisation interne a élargi cet appui aux autres orphelins et
enfants vulnérables très démunis. Pour les responsables de
l'AJPO la demande reste forte mais l'offre est faible.
La section ci-dessous traitera de l'analyse de l'appui
à la scolarisation. L'AJPO pour beaucoup de familles est un appui sur
tous les plans. A chaque rentrée scolaire, pas moins de 100
ménages hébergeant les OEV viennent solliciter l'appui à
la scolarisation. Notons également que beaucoup d'OEV se font expulser
des classes pour des impayés de frais de scolarité soit en
début ou en plein milieu d'année scolaire.
VIII.5 Appui à la
scolarisation
Pour l'appui à la scolarisation des OEV, l'AJPO
poursuit deux objectifs majeurs :
- faciliter l'accès à l'école des
OEV ;
- assurer le maintien à l'école des OEV.
Pour atteindre ces deux objectifs, l'AJPO met en oeuvre les
activités suivantes :
- l'inscription des OEV et le paiement des frais
d'inscription ;
- la distribution des fournitures scolaires ;
- les visites à l'école ;
- l'encadrement scolaire des OEV.
VIII.5.1 Frais
d'inscription
Il ressort de notre travail que l'AJPO prend en charge dans
20% des cas les frais de scolarité des OEV. A hauteur de combien l'AJPO
contribue t-elle aux frais d'inscription des OEV ? Un responsable des OEV
répond : « il y a la prise en charge de la
scolarité en partie. Surtout sur ce plan si c'est au niveau du
secondaire ou du privé que ça diffère. Quand c'est un
enfant qui est au privé on se limite a une participation seulement, une
subvention seulement pour cela. Mais quand c'est le public comme c'est moins
cher nous prenons totalement en charge. C'est à hauteur de 25 000
F ». Le tableau ci-dessous montre que 351 services divers en
rapport avec l'appui à la scolarisation ont été rendus
pour 1238 bénéficiaires. Il s'agit de l'appui apporté
à tous les OEV par l'AJPO.
Tableau 15 : Activités menées dans
le cadre de l'appui à la scolarisation des OEV à
l'AJPO
Services rendus
|
Soutien en fournitures scolaire
|
Soutien en frais de scolarité
|
Suivi scolaire
|
Encadrement scolaire
|
Total
|
Nombre de fois
|
47
|
166
|
57
|
81
|
351
|
Nombre d'OEV bénéficiaires
|
526
|
184
|
96
|
432
|
1238
|
Source : « Comprendre » Bulletin du
CICDOC N°7 Septembre 2007
VIII.5.2 Encadrement
scolaire
L'encadrement scolaire consiste à donner des cours de
soutien aux OEV du primaire à la classe de 3ème dans
le but de lutter contre l'échec scolaire.
A quand remonte l'origine de l'encadrement scolaire à
l'AJPO et sa justification ? Un responsable de l'AJPO
répond : « on a commencé l'encadrement
scolaire depuis 2000, des enseignants, des professeurs de lycées
viennent encadrer les enfants ». Pour justifier du bien
fondé de cet encadrement, il ajoute : « Certains
viennent mais à la fin les résultats de passage vous ne comprenez
pas. L'intelligence est là mais pourquoi à l'école
ça ne marche pas on ne savait pas. Donc on s'est rendu compte que ce
côté est tellement important mais c'est un côté qui
est occulté par plusieurs bailleurs de fonds ou par plusieurs structures
qui prennent en charge les enfants ». Et de poursuivre :
« Vous voyez il y a des choses que quand les enfants on leur
donne pas l'occasion de s'exprimer on pense qu'ils sont heureux parce qu'ils
rient, parce qu'on leur donne du riz gras ou bien des habits on croit que c'est
tout. Beaucoup d'échecs scolaires au niveau de ces enfants s'expliquent
en partie aux problèmes sociaux rencontrés, non
résolus ».
L'encadrement scolaire a-t-il eu les résultats
escomptés ? Pour un acteur de l'AJPO : « En
discutant avec H. il vous le dira que tous les enfants qui ont
été encadrés qui ont eu un suivi psychologique avec les
psychologues que nous avons ici ont tous réussi à leur examen
à 100 %. Pourtant les années précédentes
c'était des échecs et des échecs pourtant on avait les
encadrements ici ». Un responsable de l'encadrement appuie
à l'aide de statistiques précises : « La
petite expérience qu'on a, on a remarqué qu'on a du
succès. Là où je peux quantifier vraiment les
résultats, nous avons fait presque 100% de réussite au certificat
d'étude primaire l'année dernière par exemple et au BEPC
on a eu entre 70 et 80% de réussite. Grosso modo, on peut dire qu'il y a
de l'amélioration ».
VIII.6 Parrainage
Dans notre étude 20% des OEV bénéficient
du parrainage. Il existe 3 profils de parrainage à l'AJPO. En fonction
du profil l'enveloppe financière octroyée varie.
Tableau 16 : Différents types de
parrainage
Types de parrainage
|
Montant alloué par trimestre
|
Nombre d'OEV parrainés
|
Aïeuls
|
46 835 F
|
|
Filleuls
|
38 450 F
|
Mineurs chefs de famille
|
51 855 F
|
Total
|
137 140 F
|
48
|
Source : AJPO
Le parrainage contribue t-il à une meilleure prise en
charge des OEV ? A cette question les réponses sont
mitigées. Pour un responsable de l'AJPO : « on a eu
des exemples malheureux parce que justement la famille qui prenait en charge
l'enfant s'est totalement désintéressée. Á un
certain moment, l'enfant tout ce qu'on lui donnait comme moyen tombait dans la
drogue et dans la cigarette. C'est un enfant qu'on a soutenu près de 3
ans mais en réalité tout ce qu'on a fabriqué seulement un
bandit parce que justement il n'y a plus d'éducation et que nous ne
pouvons pas éduquer les enfants à la place des parents. Les
moyens financiers aussi quand on donne, on ne peut pas suivre un enfant
à domicile pour voir si c'est bien utilisé. C'est aux parents de
prendre la relève. Quand l'enfant vient au centre, il est sous notre
responsabilité et on fait ce que l'on peut. Mais une fois en famille les
parents doivent prendre la relève. Si les parents ne jouent pas leur
partition nous ne pouvons rien faire ». Un autre acteur de l'AJPO
ajoute : « ce sont les plus gâtés mais pour
l'année scolaire écoulée nous a eu un taux d'échec
scolaire avoisinant les 30 à 40% ».
En essayant de comprendre les raisons liés à ces
résultats, un responsable de l'encadrement des OEV reconnaît
que : « les fiches de suivi du parrainage n'étaient pas
remplis à temps pour pouvoir situer à quel niveau l'enfant
éprouvait des difficultés afin de prendre des mesures
adéquates pour y remédier ».
Un autre acteur ajoute que : « A un certain
moment, l'enfant tout ce qu'on lui donnait comme moyen tombait dans la drogue
et dans la cigarette. C'est un enfant qu'on a soutenu près de 3 ans mais
en réalité tout ce qu'on a fabriqué seulement un bandit
parce que justement il n'y a plus d'éducation et que nous ne pouvons pas
éduquer les enfants à la place des parents. Les moyens financiers
aussi quand on donne, on ne peut pas suivre un enfant à domicile pour
voir si c'est bien utilisé ».
Un responsable de l'association déplore :
« Malheureusement on a eu des cas déplorable. Des enfants
qu'on a soutenus mais finalement des grossesses indésirées sont
venues. Il y a en aujourd'hui qui ont à peine 17 ans ont 2 gosses. Donc
ce sont des choses qu'on ne prend pas en compte, on se dit un enfant qu'on
arrive à habiller, on s'occupe un temps soit peu de sa santé qui
part à l'école n'a plus de problème.
Non ! ».
Pour l'année 2006-2007, le taux d'échec scolaire
chez les OEV parrainés est de 51% contrairement aux OEV non
parrainés où se taux se situe entre 20 et 30%. En effet, le volet
parrainage de l'AJPO est confronté à d'énormes
difficultés en terme de ressources humaines pour assurer le suivi des
activités notamment les visites à l'école ainsi que la
rédaction des rapports d'activités.
VIII.7 Niveau de
satisfaction des bénéficiaires
VIII.7.1 Niveau de satisfaction
des OEV
Les OEV jugent les activités proposées par
l'AJPO adaptées à leurs besoins dans 86,7% des cas. Pour O.H, 19
ans orpheline depuis 5 ans, chef de ménage : « (...) moi
maintenant je fais le second cycle. Je leur avais demandé de trouver des
professeurs pour encadrer les élèves du second cycle, ils n'ont
pas les moyens. Ils n'encadrent que de la 3ème au primaire.
Souvent tu as des exercices à faire, tu as besoin de quelqu'un pour
t'expliquer ».
Pour S.B.B., 18 ans, orphelin, chef de ménage :
« à Ouagadougou ici si tu as quelqu'un qui t'inscrit
à l'école c'est déjà bien ».
VIII.7.2 Niveau de satisfaction
des chefs de ménage
L'ensemble des chefs de ménage interrogés
apprécie positivement les interventions de l'AJPO. Certains estiment que
l'AJPO doit aller au-delà de ce qu'elle propose actuellement et offrir
davantage aux ménages les moyens de subsistance en favorisant les
activités génératrices de revenus. Les propos de cette
veuve chef de ménage résument en substance le degré de
satisfaction des chefs de ménage : « Ce qu'ils font
là c'est bien mais s'ils pouvaient aller plus loin. Les frais de
scolarité qu'ils prennent en charge là, il y a des enfants qui
font le privé, s'ils peuvent augmenter c'est bon. Je sais que c'est
bien, ce n'est pas facile partout. Le couscous aussi si on peut avoir ça
c'est bien. Même si tu n'as rien pour donner à l'enfant pour payer
à manger, si tu as ça dans ta maison, tu peux te lever à
minuit leur faire à manger (...) ».
VIII.8 Degré de
réalisation des activités
L'IPC finance la majorité des activités de prise
en charge des OEV à l'AJPO. Le tableau 17 ci-dessous montre degré
de réalisation du projet IPC/AJPO 2007. Au cours du premier trimestre,
sur 6 activités planifiées 5 ont été
complètement réalisées, soit un taux de réalisation
de 83,3%. Au cours du second trimestre, sur 9 activités
planifiées 6 ont été complètement
réalisées (66,6%) et une partiellement (11,1%). Enfin, au cours
du 3ème trimestre, sur 9 activités planifiées,
7 ont été complètement réalisées soit
77,7%.
Dans le processus de mise en oeuvre des activités, nous
pouvons constater que les activités planifiées pour les 3
premiers trimestres de l'année en cours ont été
exécutées à plus de 60%.
Tableau 17 : Répartition des activités
planifiées par trimestre
Activités
|
1er Trimestre (Avril Mai Juin)
|
2ème Trimestre (Juillet Août
Septembre)
|
3ème Trimestre (Octobre Novembre
Décembre)
|
Planifiées et réalisées
|
- Activités d'éveil et d'épanouissement
- Encadrement scolaire
- Visites à domicile et à l'école
- Achats de médicaments (spécialités pour
les OEV)
- Consultations psychologiques PVVIH et OEV
|
- Activités d'éveil et d'épanouissement
- Visites à domicile et à l'école
- Achats de médicaments pour les OEV
- Séances de communication parents enfants
- Consultations psychologiques pour les PVVIH et les OEV
- Formation des volontaires en soutien psychosocial
|
- Activités d'éveil et d'épanouissement
- Visites à domicile et à l'école
- Achats de médicaments pour les OEV
- Séances de communication parents enfants
- Consultations psychologiques pour les PVVIH et les OEV
- Appui à la scolarisation des OEV
- Insertion socioprofessionnelle de 6 filles
|
Planifiées et partiellement
réalisées
|
|
Appui à la scolarisation de 60 OEV
|
|
Planifiées et non
réalisées
|
Insertion socioprofessionnelle de 10 filles
|
Insertion socioprofessionnelle de 10 filles
|
Formation des volontaires en soutien psychosocial
|
Source : AJPO
IX. Discussion
IX. 1
Caractéristiques de la population étudiée
La moyenne d'âge des OEV dans notre étude est de
14,8 ans avec un minimum de 11 ans et un maximum de 17 ans. L'AJPO s'occupe des
OEV jusqu'au-delà de 18 ans. Tenant compte de la réalité
vécue par les enfants, la définition adoptée par les
organismes internationaux évolue depuis peu. Dans la dernière
publication conjointe de l'ONUSIDA, l'UNICEF et l'USAID (2004), où
paraissent les dernières estimations sur le nombre d'orphelins,
l'âge maximal des orphelins a été repoussé à
17 ans (c'est-à-dire jusqu'au 18ème anniversaire).
Dans de nombreux pays, notamment les plus touchés par le VIH/SIDA,
l'âge officiel maximum des enfants orphelins est de 18 ans. C'est le cas
en Ouganda (Wakhweya et al, 2002) et en Éthiopie (Smart, 2003). Dans une
étude menée à Brazzaville (Congo), portant sur des enfants
ayant perdu au moins un parent pour cause de sida, un tiers de ceux-ci avaient
de 15 à 17 ans. On voit ici l'impact démographique de l'inclusion
de cette tranche d'âge dans la définition des OEV et des actions
qui y sont menées pour faire face.
La prédominance féminine est marquée
aussi bien au niveau des OEV (53,3%) que des chefs de ménage (83,3%)
dans notre étude. Avec des solidarités familiales de plus en plus
difficiles à mobiliser, les familles ont tendance à se
renucléariser autour du parent survivant. Ce recentrage s'opère
autour de la mère ou de sa famille, alors que traditionnellement, les
orphelins de père comme de mère restaient dans la famille
paternelle (JDS, 2006). Enfin, selon les résultats provisoires du
Recensement Général de la Population et de l'Habitat du Burkina
Faso 2006 publiés par l'Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD, 2006), la population féminine
représente 52%. Un acteur interrogé sur la prédominance
féminine répond que les filles sont les plus nombreuses à
fréquenter le centre. Certains bailleurs de fonds souhaitent
également qu'il y ait autant d'inscrits filles que garçons sinon
plus de filles que de garçons.
IX.2 Situation
médicale
La prise en charge médicale des OEV infectés par
le VIH/SIDA à l'AJPO se limite aux consultations de routine et surtout
au traitement de quelques infections opportunistes. L'AJPO se contente
d'assurer le volet psychosocial de la prise en charge notamment par
l'organisation des groupes de parole et des clubs d'observance à
l'endroit des OEV. A propos de cette convention de partenariat avec
l'Hôpital Pédiatrique Charles De Gaulle, beaucoup de limites sont
soulevées par certains acteurs. Du côté de l'AJPO, une
conseillère psychosociale nous fait comprendre que rien n'est clair,
« nous passons quelques fois toute la journée en
pédiatrie sans toutefois savoir quoi faire ».
A l'hôpital pédiatrique un médecin
souligne plutôt les difficultés qu'ils ont avec les enfants qui ne
sont pas sous traitement ARV. La prise en charge est payante à demi
tarif. Ainsi pour une mère qui a deux enfants infectés, l'un sous
ARV l'autre non, ne comprend pas pourquoi tout se fait gratuitement pour l'un
et pas pour l'autre.
Dans notre étude, les OEV et les chefs de ménage
interrogés évoquent les difficultés financières
comme principal obstacle à l'accès aux soins. Les raisons
suivants sont données à l'AJPO comme justification :
« La prise en charge sanitaire n'était pas acceptée
par le passé par les bailleurs surtout la prise en charge des
ordonnances des spécialités qui sont toujours prescrites. Cette
année, l'IPC a accepté de prendre en charge les ordonnances des
spécialités ». Un autre responsable ajoute :
« de plus en plus nous faisons ressortir la prise en charge
sanitaire dans nos plans d'actions pour que lorsqu'on défendra nos
projets devant nos partenaires une enveloppe conséquente soit
allouée à ce volet ».
IX.3 Situation
psychosociale
La perte précoce d'un ou des deux parents à
cause du sida favorise la détérioration de la situation
psychosociale de l'enfant (Appaix et Dekens, 2005). Ceux-ci sont
confrontés à des menaces graves qui mettent en péril leur
bien-être. Dans ce travail, 33,3% des chefs de ménage avaient le
niveau primaire et 23,3% étaient sans niveau. Cette situation
réduit l'accessibilité des OEV aux services sociaux de base
(santé, éducation, logement, alimentation).
En effet, lorsque les familles et les enfants doivent se
préoccuper des besoins quotidiens afin d'atténuer leurs
souffrances du moment, ils deviennent incapables d'agir sur les facteurs qui
contribuent à la santé et au bien être à long terme
(FHI, 2001). Avec la maladie des parents, les ressources de la famille
diminuent (FHI, 2001). Dans ce travail, nous avons cherché à
comprendre les changements intervenus dans la vie des OEV depuis le
décès des parents, 20% avaient répondu que leurs notes
avaient baissé en classe, 16,7% avaient moins d'argent et 10% moins de
nourriture.
En 2007, deux OEV ont été suivis de façon
soutenue par le psychologue de l'AJPO. Cette situation s'explique par le fait
que lors du processus d'accueil des OEV, on ne procède pas à un
entretien approfondi pour identifier une éventuelle souffrance
psychologique. Pour le psychologue, les responsabilités (charge de
travail) qu'il a au sein de l'AJPO transcendent le volet psychologique et
empiètent sur celui-ci. Interrogé à ce propos, un acteur
de l'AJPO répond : « si l'AJPO veut une prise en
charge psychologique conséquente, qu'on adjoint un autre psychologue
à l'actuel qui se consacrerait qu'à ce
travail ».
La réponse aux besoins psychologiques des enfants
demeure un des domaines les plus négligés en matière de
soutien des orphelins et enfants rendus vulnérables pour cause du sida.
Pourtant ces difficultés sont à l'origine des problèmes
visibles comme l'absentéisme scolaire ou les comportements antisociaux
(Lee, 2000 ; Webb, 2001). La stigmatisation et la discrimination sociale
dont sont victimes les OEV du fait du SIDA favorisent les troubles affectifs
(Lee, 2000). Nous avons pu le constater sur le terrain pendant les VAD.
Selon les conseillers psychosociaux et certains chefs de
ménage « la plupart des gens pensent que tous les enfants qui
viennent à l'AJPO sont infectés par le VIH/SIDA ».
Les deux chefs de ménage infectés par le VIH/SIDA
interrogés affirment avoir partagé leur statut sérologique
avec leurs enfants. Quant aux OEV de notre étude, 60% ignorent la cause
de décès de leurs parents. Si les enfants associent l'infection
à VIH à un comportement immoral, la découverte du fait que
leurs parents sont séropositifs peut leur causer une grande
détresse (Webb, 2001). Martins (1998) a émis l'hypothèse
selon laquelle certains enfants qui ont vécu les souffrances et morts
multiples par sida parmi les membres de la famille risquent de
développer un syndrome post-traumatique assimilable à ce qui se
manifeste parfois chez les survivants de la guerre ou des catastrophes
naturelles.
IX.4 Mise en oeuvre des
activités
Cette sous-section s'appesantira sur la planification des
activités, les ressources humaines et financières et les
relations avec les bailleurs de fonds.
IX.4.1 Planification des
activités
La planification des activités se fait grâce
à l'appui de certains partenaires techniques à travers les
ateliers de formation et de renforcement de capacité. En ce qui concerne
ce volet, l'AJPO prend beaucoup de retard dans l'élaboration de son plan
d'action et des projets à déposer chez lez partenaires. Un
partenaire technique et financier de l'APJO souligne en ces termes :
« l'une des difficultés avec l'AJPO, malgré tous
ces cadres qu'est ce qui fait que ça traîne dans
l'élaboration des projets. C'était l'une des deux
dernières structures à déposer leurs projets.
Comparativement à des structures où je dirai qu'il n'y a
même pas de compétences, elles sont plus aptes à
déposer que AJPO ».
IX.4.2 Ressources humaines et
financières
Actuellement l'AJPO compte plus de 75 membres et sympathisants
d'origine professionnelle diversifiée et 6 salariés à
temps plein (un coordonnateur des activités opérationnelles, un
comptable, quatre conseillers psychosociaux). En ce qui concerne
spécifiquement la prise en charge des OEV, la mise en oeuvre des
activités est assurée par une équipe de
bénévoles composée de volontaires formés pour
l'encadrement des OEV, des infirmiers et médecins, un psychologue et un
juriste.
Á propos des ressources humaines, un responsable de
l'AJPO déclare : « le monde on en a mais il y a des
domaines qui ont besoin du personnel spécialisé et
qualifié et c'est un peu ça qui va nous faire défaut
à un certain moment. Mais si on nous donne les moyens, on va trouver
parce que c'est vrai qu'on a des bénévoles qui sont très
dynamiques mais faut pas se leurrer aussi qu'il y a des domaines assez
spécialisés là où les limites se feront sentir donc
à ce moment faudra trouver des personnes adéquates pour pouvoir
poursuivre l'activité ». La principale raison tient du
fait que les bailleurs de fonds financent les activités mais ne prennent
pas en charge l'aspect ressources humaines.
Á l'exception de la Banque Mondiale qui prend en charge
le volet ressources humaines, un responsable de l'AJPO déclare :
« Je prends l'exemple sur le TAP qui est un programme de la Banque
Mondiale, eux ils l'ont compris et aujourd'hui si on a des médecins qui
font la prescription des ARV au niveau d'AJPO c'est grâce à eux.
Ils n'ont pas hésité, ils voulaient accélérer,
accroître le nombre de personnes sous traitement. Mais ça passe
par quoi ? Il faut un médecin qui prescrit les ARV. Il fallait des
infirmiers pour les consultations, ils l'ont fait. Il fallait des conseillers
psychosociaux pour faire les visites à domiciles et autres, ils l'ont
fait. Et ça dans le projet il y a au moins 7 à 10 personnes qui
sont permanentes avec les moyens financiers à la hauteur du travail
qu'on demande à ces personnes. Et ça le TAP aujourd'hui si vous
vous renseignez un peu logiquement on devrait avoir en 3 ans 7 000 personnes
sous ARV, à la 2ème année on était
déjà à 11 000, presque le double».
En ce qui concerne les ressources financières, à
sa création en 1991, l'AJPO fonctionnait avec les cotisations de ses
membres mais aujourd'hui elle est à 100% dépendante des
subventions des bailleurs de fonds (Annexe 4). Un responsable de l'AJPO
confirme : « il n'y a plus de cotisations, c'est toujours
des financements en fait des subventions des projets que nous avons
déposé ou bien on nous contacte directement pour exécuter
tel ou tel programme. Jusqu'à présent c'est comme ça qu'on
fonctionne ».
Ce mode de fonctionnement n'est pas sans difficulté. Un
responsable de l'IPC principal bailleur de fonds de l'AJPO nous en dit
davantage : « En ce qui nous concerne je peux dire que
l'enveloppe, le montant que nous allouons à AJPO quand je prends les
années 2004-2005 a vraiment diminué, ce n'est pas dû
à la structure mais à l'enveloppe globale que nous recevons des
partenaires ». Dans le plan de graduation de l'IPC, l'AJPO fait
partie des structures devant graduer par conséquent à partir de
fin 2007 ne devrait plus bénéficier de fonds.
IX.4.3 Relations avec les
partenaires techniques et financiers
L'AJPO a plusieurs partenaires techniques et financiers mais
le principal est l'IPC. Un responsable de l'AJPO le reconnaît en ces
termes : « en terme de bailleurs de fonds nous pouvons dire
que IPC a été d'un grand soutien, énorme dans le
développement de nos activités de prise en charge communautaire
au niveau des OEV parce que là en fait apparemment on a les même
idéaux par rapport à la prise en charge des OEV ».
Pour un autre : « tout ce que nous faisons actuellement
à 95 % dans le cadre des OEV c'est IPC ». Pour
l'IPC : « parmi les structures, c'est l'une qui dispose des
cadres, des intellectuels et d'étudiants. Si nous faisons la comparaison
avec les structures qui sont à côté par exemple, c'est la
structure qui dispose l'expertise par rapports aux autres ».
Nous avons effectivement constaté que l'AJPO est actuellement
composée de plus de 75 membres et sympathisants.
Ces relations ne sont pas sans difficultés surtout
d'ordre administratif. C'est ainsi qu'à l'IPC un responsable des OEV
souligne : « parmi les limites je voudrais signaler la
lourdeur et la lenteur aussi bien dans la transmission des rapports que dans la
justification des pièces comptables». Cette situation
compromet souvent le monitoring et le suivi des activités
réalisées au sein de cette association. Un partenaire technique
et financier déplore : « au niveau du suivi
évaluation mon collègue qui est en face me fait part que AJPO ne
respecte pas les rendez-vous, ce n'est pas du tout
intéressant ».
X. Conclusion
Notre analyse de la prise en charge globale des orphelins et
enfants rendus vulnérables par le VIH/SIDA nous a permis d'appliquer les
connaissances acquises et les compétences développées
pendant les douze mois d'apprentissage théorique. Le
phénomène des orphelins et enfants rendus vulnérables par
le VIH/SIDA constitue une véritable crise sociale. La perte des parents
retentit sur le bien-être psychosocial et médical des enfants en
réduisant leur accès aux services sociaux de base. Cette
étude nous a permis de nous rendre compte que la prise en charge globale
des OEV à l'APJO se résume essentiellement à l'appui
psychosocial dans toutes ses composantes à savoir les visites à
domiciles, les activités d'éveil et d'épanouissement ainsi
que les consultations psychologiques.
Les obstacles liés à la prise en charge
psychosociale sont nombreux. En effet, les moyens matériels et
financiers de l'AJPO sont limités pour répondre aux multiples
besoins des bénéficiaires. La diminution de l'enveloppe globale
des financements alloués à l'AJPO par l'IPC car d'après le
plan de graduation de l'IPC, l'AJPO ne bénéficiera plus de
financement en 2008. Un seul psychologue assure les consultations
psychologiques à l'AJPO avec une charge de travail qui transcende le
volet psychologique. Les locaux sont réduits, ne garantissant pas la
confidentialité des entretiens avec les OEV.
Les VAD sont rendues difficiles à cause de
l'accessibilité géographique car la grande majorité des
OEV vit en zones non loties. Notons également le fait que les OEV
éprouvent des difficultés à s'exprimer devant leurs chefs
de ménage.
La prise en charge médicale reste sommaire pour les OEV
en se limitant aux consultations de routine. Quant aux OEV infectés par
le VIH/SIDA, ils sont référés à l'Hôpital
Pédiatrique pour leur suivi. L'AJPO se contente d'organiser des groupes
de soutien et des clubs d'observance pour les OEV.
Ce travail nous a également permis de remarquer un fort
taux d'échec scolaire (51%) chez les OEV parrainés pour
l'année académique 2006-2007. Alors que chez les chez les OEV non
parrainés ce taux se situe autour de 20 à 30%. Enfin, la
motivation des acteurs constitue une véritable cause
d'instabilité au sein des volontaires. En effet, l'AJPO fonctionne en
grande partie sur le mode de volontariat.
XI. Recommandations
Les recommandations résultent de l'analyse de la prise
en charge des OEV à l'AJPO. Elles ont essentiellement pour objectif
l'amélioration de cette prise en charge. A cet effet, elles sont
formulées à l'endroit des principaux acteurs intervenant dans la
prise en charge médicale et psychosociale des OEV ainsi que des
bénéficiaires :
1) A l'AJPO :
- Instaurer un système de gestion informatique des
dossiers des OEV afin d'en assurer une utilisation optimale et faciliter leur
accès ;
- OEuvrer à se présenter aux
bénéficiaires comme un appui et non comme une mère
nourricière ;
- Mettre sur pied un système de suivi et
d'évaluation du processus. Ceci dans l'optique d'offrir la
possibilité de découvrir ce qui marche et ce qu'il faut
améliorer. Ce sera également l'occasion de passer en revue aussi
bien les objectifs fixés, les stratégies définies que les
effets du programme OEV ;
- Affecter du personnel à la Commission OEV afin
d'appuyer le coordinateur dans la mise en oeuvre des activités ainsi que
leur suivi. En effet, les partenaires techniques et financiers de l'AJPO
déplorent régulièrement les retards accusés dans la
transmission des rapports et du dépôt des dossiers ;
- Recruter un deuxième psychologue afin de s'occuper
essentiellement du volet psychologique. Les activités actuellement
confiées au psychologue vont largement au-delà de ce volet
psychologique ;
- Trouver un cadre approprié pour la prise en charge
des OEV ;
- Motiver financièrement les encadreurs et conseillers
psychosociaux afin de les permettre de mener à bien leurs
activités ;
- Organiser de façon périodique les groupes de
parole des parents d'OEV afin que ceux puissent exprimer les difficultés
qu'ils éprouvent avec les enfants ;
- Mettre un accent particulier sur la prise en charge
médicale des OEV en dotant le centre médical en produits
pharmaceutiques et assurer la prise en charge des ordonnances des
spécialités à hauteur de 50%.
2) Aux partenaires techniques et financiers de l'AJPO
notamment l'IPC :
- Continuer son appui financier et technique afin que l'AJPO
achève sa graduation. En effet si les financements de l'IPC s'estompent
du jour au lendemain, l'AJPO n'ayant pas de capacité financière
propre cessera ses activités en faveurs des OEV ;
- Mettre un accès particulier sur le volet
médical par le renforcement du financement alloué aux
médicaments.
3) Aux chefs de ménage :
- Assurer un suivi étroit des OEV à domicile
pour les éviter de tomber dans la délinquance ;
- Être attentifs à toute modification du
comportement de l'OEV afin de solliciter une prise en charge
précoce ;
- Initier un cadre de discussion pour annoncer leur statut
sérologique à leurs enfants ;
- Respecter les rendez-vous donnés les médecins
pour le suivi des OEV sous ARV.
Aux OEV :
- Participer aux activités menées par l'AJPO
à leur égard ;
- Prendre correctement les médicaments qui sont
prescrits afin d'éviter d'éventuelles résistances
médicamenteuses (surtout ARV).
XII. Bibliographie
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VIH/SIDA et évolution des taux de mortalité chez les moins de 5
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développement dans les pays du Sud, Ceped, Paris (FR), 2003, 20 p.
Annexes
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRE S'ADRESSANT AUX OEV
Je m'appelle DJOUDALBAYE BENJAMIN, je rassemble des
informations sur les OEV dans le cadre de mon mémoire de Master
Professionnel en Population et Santé. J'aimerai obtenir diverses
informations sur vous qui aideront à améliorer le programme de
prise en charge des OEV de l'AJPO.
SECTION 1 : PRESENTATION GENERALE
|
CARACTERISTIQUES OEV
|
No.
|
Questions et filtres
|
Catégorie de codage
|
Passer à
|
Q1
|
Age
|
|
|
Q2
|
Sexe de l'enfant (M ou F) ;
|
Masculin 1
Féminin
2
|
|
Q3
|
Lieu de résidence
|
Secteur 28 1
Secteur 29 2
Secteur 30 3
Nongr-Massom 4
Zone rurale 5
|
|
Q4
|
Type d'orphelins (de père, de mère ou des deux
parents) ;
Depuis quand ? (< 1 an, 1-5 ans, > 5 ans)
|
Père
1
Mère
2
Père et mère
3
|
|
Q5
|
L'état de vulnérabilité (par opposition
à l'orphelin) ;
|
|
|
Q6
|
Durée de l'état d'orphelin
(années) ;
|
< 1 an
1
1- 5 ans 2
> 5 ans 3
|
|
Q7
|
Mobilité (nombre de d'années passées au lieu
de résidence actuelle) ;
|
< 1 an 1
1-5 ans 2
> 5 ans 3
|
|
Q8
|
Quel est le lien de parenté entre l'orphelin et chef de
ménage ou tuteur (parent survivant, grands-parents, oncle, tante,
frère ou soeur...) ?
|
Père
1
Mère
2
Tante 3
Oncle 4
Grand-mère
5
Grand-père
6
Soeur
7
Frère
8
Cousin 9
Non apparenté
10
NSP1(*)
88
NRP2(*)
99
|
|
Q9
|
Êtes-vous scolarisé (é) ?
|
Oui
1
Non 2
Sans scolarité 3
|
|
Q10
|
Quel est votre niveau d'étude ?
|
Primaire 1
Secondaire 2
NSP
88
NRP 99
|
|
CARACTERISTIQUES CHEF DE MENAGE
|
Q11
|
Age du chef de ménage
|
|
|
Q12
|
Sexe du chef de ménage
|
Masculin 1
Féminin
2
|
|
Q13
|
Niveau d'étude du chef de ménage
|
Primaire 1
Secondaire 2
Supérieur
3
NSP
88
NRP 99
|
|
SECTION 2 : PLAN SANITAIRE
|
Q14
|
Infection par le VIH de l'enfant
|
Oui
1
Non
2
|
|
Q15
|
Au cours des 2 derniers mois es-tu tombé(e)
malade ?
|
Oui
1
Non
2
NSP
88
NRP 99
|
|
Q16
|
En cas de maladie, comment te soignes-tu ?
|
Formation sanitaire 1
Tradithérapeute
2
Automédication 3
Prières
4
Consultation chez le devin 5
|
|
Q17
|
Qui prend principalement en charge les frais de traitement et les
médicaments ?
|
AJPO 1
Tuteur 2
Autre à préciser
3
NSP 88
NRP 99
|
|
Q18
|
Quelles difficultés rencontres-tu au plan
sanitaire ?
|
État de santé précaire
1
Accessibilité
- Géographique 2
- Financière
3
- Culturelle 4
Autre à préciser
5
|
|
SECTION 3 : PLAN NUTRIONNEL
|
Q19
|
Habituellement combien de repas avez-vous par jour ?
|
Écrire nombre __
NSP 88
NRP 99
|
|
Q20
|
Avez-vous mangé quelque chose hier ?
|
Oui 1
Non 2
NSP 88
NRP 99
|
|
Q21
|
Recevez-vous des dons de vivres de l'AJPO ?
|
Oui
1
Non 2
NSP 88
NRP 99
|
|
SECTION 4 : SITUATION PSYCHOSOCIALE
|
Q22
|
Comment te sens-tu dans ton milieu ?
|
|
|
Q23
|
Comment t'apprécies-tu ?
|
|
|
Q24
|
Que veux-tu devenir plus tard ?
|
|
|
Q25
|
Est-ce que tu te sens compris par les autres ?
|
Oui
1
Non 2
NSP 88
NRP 99
|
|
Q26
|
Comment t'entends-tu avec ton chef de ménage ?
|
Très bien
1
Relativement bien 2
Relativement mal 3
Très mal
4
Autres à préciser
5
NSP 88
NRP 99
|
|
Q27
|
Comment te sens-tu dans ce ménage ? Inscrire le
chiffre
(Échelle de 1 à 5, médiocre à
très bien)
|
|
|
Q28
|
Donnes les raisons pour lesquelles tu te sens comme ça
|
Il y a de la nourriture 1
Il y a des vêtements 2
Ils me traitent bien 3
Scolarité payée
4
Je suis maltraité(e) 5
Trop de travaux ménagers 6
NSP 88
NRP 99
|
|
Q30
|
Parmi les activités d'éveil épanouissement
proposées par l'AJPO laquelle préfères-tu ?
|
Sorties récréatives
1
Génie en herbe
2
Théâtre
3
Ballets
4
Causeries éducatives 5
Jeux de société
6
Life skills 7
Colonies de vacances 9
NSP
88
NRP 99
|
|
Q31
|
Comment jugez-vous ces activités ?
|
Adaptées à vos besoins
1
Inadaptées à vos besoins
2
NSP 88
NRP 99
|
|
Q32
|
Quelle est la nature du soutien que vous recevez de
l'AJPO ?
|
Aide financière
1
Aide alimentaire 2
Frais de scolarité
3
Frais médicaux
4
Parrainage 5
NSP 88
NRP 99
|
|
Q33
|
Vous arrive t-il de penser à vos parents
décédés ?
|
Oui 1
Non 2
NSP 88
NRP 99
|
|
Q34
|
Connaissez-vous la maladie qui a emporté vos
parents ?
|
Oui
1
Non 2
NSP 88
NRP 99
|
|
Q35
|
Vos parents vous ont-ils parlé de leur maladie avant leur
décès ?
|
Oui
1
Non 2
NSP 88
NRP 99
|
|
Q36
|
La perte de vos parents a-t-elle affecté vos sentiments
à l'égard de la vie ?
|
Triste, malheureux /se 1
Affligé (e)
2
Inquiet(e) 3
Fâché(e)
4
Effrayé(e)
5
Isolé(e)
6
Résolu(e) /Déterminé(e)
7
Consolé(e)
8
Heureux/se 9
NSP
88
NRP 99
|
|
Q37
|
Quels sont les changements intervenus dans votre vie depuis le
décès de vos parents ?
|
Je vais moins à l'école
1
Mes notes ont baissé 2
J'ai plus de tâches ménagères
3
Je dois m'occuper des plus jeunes 4
Je dois m'occuper du parent vivant 5
J'ai moins d'argent 6
J'ai moins de nourriture 7
J'ai moins de vêtements 8
Aucun changement 9
NSP
88
NRP 99
|
|
ANNEXE 2
GUIDE Chef de Ménage (Familles avec
OEV)
1. Identification de l'interviewé (Nom, prénoms,
profession/occupation, nombre d'enfants, taille du ménage, conditions
d'habitation)
2. Caractéristiques sociodémographiques des OEV
3. Perceptions et représentations de notions d'OEV
4. Perceptions des droits des enfants (pouvoir de
décision par rapport à OEV, traitement différentiel des
enfants (sexe, OEV, etc.)
5. Difficultés et besoins des familles dans la prise en
charge des OEV selon le sexe, l'âge
6. Situation psychosociale
· Les orphelins se sentent-ils acceptés
/ rejetés ?
· Les orphelins se sentent-ils compris ?
· A qui sont-ils le plus attachés ?
· Ont-ils des comportements que vous n'approuvez
pas (vol, mensonge, fugue, violence, cigarettes, drogue,
agressivité, etc.) ?
· Comment réagissez-vous (types de réponses
développés) ?
· Comment percevez-vous les fréquentations de
l'enfant (bonne, mauvaise) ?
· Comment voyez-vous l'avenir de votre enfant ?
7. Situation sanitaire
· morbidité
· Prise en charge
· Itinéraires des soins
GUIDE AJPO (Entretien avec un responsable)
Je m'appelle DJOUDALBAYE BENJAMIN, je rassemble des
informations sur les OEV dans le cadre de mon mémoire de Master
Professionnel en Population et Santé. J'aimerai obtenir diverses
informations sur l'AJPO qui aideront à mieux comprendre et
améliorer le programme de prise en charge des OEV.
1. Identification de Association/Institution (Nom, champ
d'action, année d'existence,...)
2. Identification de l'interviewé (Nom, prénoms,
fonction)
3. Notions d'OEV : Perception, compréhension
4. Formes d'assistance et prise en charge des OEV (Actions
menées)
5. Situation actuelle des OEV de l'Association/Institution
(nombre d'enfants, répartition par âge, sexe, provenance,
degré d'orphelinat, milieu d'origine...)
· Plan sanitaire
· Sont-ils souvent malades ?
· Quels problèmes de santé
évoquent-ils le plus souvent ?
· En cas de maladie, quel recours conseillez-vous
à ces enfants ?
- formation sanitaire
- pharmacopée traditionnelle
- automédication
- prières
- consultation chez devin
· Quelles mesures avez-vous prises pour résoudre
ces problèmes ?
· Qui prend en charge les frais de traitement et de
médicaments ?
· Quelles sont les difficultés rencontrées
par l'AJPO au plan sanitaire ?
· Situation alimentaire
· Fréquence des repas, quantité, type,
qualité...
· Situation psychosociale
· Considérez-vous que ces enfants ont des besoins
psychosociaux particuliers ? Si oui, lesquels ?
· Les enfants que vous suivez se sentent-ils
acceptés ou rejetés ?
· Les enfants que vous suivez sont-ils
agressifs ?
· Ont-ils des comportements que vous n'approuvez
pas (vol, mensonge, fugue, violence, cigarettes, drogue, etc.) ?
· Comment réagissez-vous (types de réponses
développés)
6. Ressources (humaine, financière, matérielle)
actuelles et pérennité
7. Rapports avec les partenaires
8. Acquis
9. Difficultés
10. Perspectives
Guide Personnel de santé
Je m'appelle DJOUDALBAYE BENJAMIN, je rassemble des
informations sur les OEV dans le cadre de mon mémoire de Master
Professionnel en Population et Santé. J'aimerai obtenir diverses
informations sur la prise en charge sanitaire des OEV afin de mieux le
comprendre et éventuellement l'améliorer.
1. Avez-vous remarqué un changement dans le nombre des
OEV à qui vous procurez des soins ?
2. Décrivez pourquoi vous pensez que ce nombre a
augmenté ou baissé ? Quelles en sont les raisons ?
3. Quels sont les problèmes de santé que les OEV
présentent ?
4. Quelle prise en charge proposez-vous vis-à-vis des
problèmes évoqués ?
5. Qui prends en charge les frais de médicaux et des
examens complémentaires ?
6. Quel type de formation avez-vous reçu dans le cadre
de la prise en charge du VIH ? Cette formation vous permet-elle de prendre
en charge efficacement les OEV/VIH ?
7. Quelle est la formation spécifique que vous avez
reçue en matière de santé des enfants ?
8. Ressentez-vous des besoins en formation
complémentaire ?
9. Voyez-vous des enfants dont vous pensez que les parents
sont infectés par le VIH ? Pourquoi pensez-vous que les parents
sont probablement infectés par le VIH ?
10. Orientez-vous les OEV vers d'autres services ?
Lesquels ?
11. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter ?
Guide d'entretien responsable OEV de l'IPC (Principal
bailleur de fonds)
Je m'appelle DJOUDALBAYE BENJAMIN, je rassemble des
informations sur les OEV dans le cadre de mon mémoire de Master
Professionnel en Population et Santé. En tant que principal partenaire
technique et financier de l'AJPO, j'aimerai avoir votre avis sur la mise en
oeuvre des interventions au sein de cette association.
1. A quand remonte l'origine de votre soutien aux associations
de prise en charge des OEV/VIH ?
2. Quels sont les principaux axes d'intervention que vous
soutenez ?
3. Comment se fait l'allocation des ressources aux
associations ?
4. Comment collaborez-vous avec les associations en
général et l'AJPO en particulier ?
5. Pensez-vous que l'AJPO dispose des ressources
humaines, matérielles et financières qualifiées pour la
mise oeuvre des interventions ?
6. L'AJPO assure t-elle la gestion des ressources
financières comme prévue ?
7. Que pensez-vous du niveau de financement actuel de
l'AJPO ? Jugez-vous pertinent d'augmenter le financement des
activités de l'AJPO
8. Quelles sont les perspectives à court et moyen terme
avec l'AJPO ?
9. Avez-vous autre chose à ajouter ?
ANNEXE 3
Grille d'observation des OEV à l'AJPO :
- Horaires d'ouverture et de fermeture ;
- Accueil des OEV ;
- Observation des OEV dans leur milieu naturel ;
- Comportement des encadreurs ;
- Qualité de l'animation ;
- Qualité de l'information.
ANNEXE 4
Partenaires techniques et financiers de
l'AJPO
Projets
Partenaires
|
IEC/CCC
|
CDV
|
PEC/PVVIH
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PEC/OEV
|
Formation
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SP/CNLS
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
IPC
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
PAMAC
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
PADS-CICDOC
|
X
|
X
|
X
|
|
X
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OSI
|
|
|
|
X
|
|
CATHWEL
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|
X
|
X
|
X
|
MEDICOS DEL MUNDO
|
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X
|
X
|
X
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FDC
|
|
X
|
|
X
|
X
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FAFPA
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|
|
|
|
X
|
SOS/SIDA
|
X
|
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|
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Sources : « Comprendre » Bulletin du
CICDOC n°07 septembre 2007
* 1 NSP : Ne sait pas
* 2 NRP : Ne
répond pas
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