INTRODUCTION GENERALE
Admirée pendant longtemps pour sa stabilité
politique et sa performance économique, la Côte d'Ivoire, à
l'image des autres pays de la zone subsaharienne, a vu son développement
ralentir dès le début des années 1980 à cause des
effets de la crise économique mondiale dont les premiers signes se sont
très vite fait sentir dans plusieurs domaines dont celui de
l'éducation formation. Ces signes se sont traduits par l'arrêt
brutal de la construction des écoles et d'autres infrastructures de
formation par l'Etat, la réduction des personnels de formation et
d'encadrement, des licenciements dans le secteur privé, tous ces
facteurs ont eu pour conséquences un flux important de jeunes
déscolarisés, un taux de chômage élevé et une
paupérisation croissante de la population.
Au début des années 1990, ces problèmes,
aggravés par les conséquences du changement de l'ordre politique
mondial d'une part, et les mutations imposées par la rapide
évolution technologique dans le monde professionnel et économique
d'autre part, ont contraint ces Etats africains à une révision de
leurs politiques de développement mais surtout de formation.
Désormais, pour faire face aux nouveaux défis
imposés par le contexte de la mondialisation, la formation d'un nouveau
type de professionnels s'impose. Inéluctablement, les premiers services
publics en charge du secteur professionnel depuis les indépendances
connaissent soit une révision de leurs structures, soit un remplacement
par de nouveaux services plus adaptés.
En Côte d'Ivoire, l'Office National de la Formation
Professionnelle (ONFP) et le Fonds National de Régulation (FNR),
premiers organes publics de gestion du secteur de la formation professionnelle
sont dissouts et remplacés par trois autres que sont le Fonds de
Développement de la Formation Professionnelle (FDFP) en 1991, l'Agence
nationale de la Formation Professionnelle (AGEFOP) en 1992 et enfin l'Agence
d'Etudes et de Promotion de l'Emploi (AGEPE) en 1993. La création par
décrets de ces trois services publics traduit la volonté de
l'Etat ivoirien de s'attaquer à la question de la formation
professionnelle par domaine de spécialité.
C'est l'un de ces services, l'AGEFOP, chargé du
développement de la formation professionnelle qui fait l'objet de notre
étude. Comment travaille-t-il ? Sa mission lui imposet-il de travailler
de façon parallèle ou en synergie avec les autres services
susmentionnés? Peut-il travailler en vase clos et être efficace ?
En somme, comment l'agence oeuvre-t-elle à la mise en oeuvre de la
politique de développement de la formation professionnelle, politique
par
1
laquelle, l'Etat s'efforce de lutter contre la pauvreté
? Ces questions nous situent sur toute l'importance du rôle de
l'AGEFOP.
Bien plus important aujourd'hui, l'agence voit sa mission
revêtir une dimension plus grande, transcendant celle de la simple
question de la formation professionnelle. En effet, le contexte de crise
militaro-politique dans lequel la Côte d'Ivoire se trouve plongée
depuis bientôt une décennie nécessite des réponses
idoines aux questions de désoeuvrement, identifiées comme l'une
des causes ayant conduit une partie des jeunes vers des aventures
risquées telle la participation aux conflits armés. L'AGEFOP
appelée à intégrer des programmes de sortie de crises
à sa mission première devient de facto un outil de
prévention de tensions sociales. Les enjeux liés à son
rôle sont par conséquent très importants, quels sont-ils et
quelles perspectives pour la période post-crise ?
2
PREMIERE PARTIE :
3
PRESENTATION DE L'ETUDE, CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE .
CHAPITRE I : PRESENTATION DE L'ETUDE
Réfléchir sur le rôle de l'AGEFOP, un maillon
important dans le dispositif de promotion de la formation professionnelle mis
en place par l'Etat ivoirien requiert que le contexte et l'intérêt
de cette réflexion soient situés.
I.1. CONTEXTE
La fulgurante évolution technologique que connaît
le monde depuis ces dernières décennies a entraîné
la reconfiguration de bien de domaines de la vie de l'homme, notamment le
domaine professionnel. En effet, ce que Dominique Bériot appelle «
l'explosion de l'activité scientifique1 » a, de fait,
entraîné des bouleversements énormes dans le monde du
travail, allant de la disparition partielle ou totale de pans entiers
d'activité à l'émergence d'autres. Conséquemment,
les politiques et pratiques de formation mises en oeuvre dans les entreprises
des secteurs public et privé sont de plus en plus axées sur
l'adaptation et l'anticipation constantes afin de ne pas rester en marge de ces
mutations. La question essentielle qui se pose alors est de savoir quelle
formation professionnelle pour ce monde en perpétuelle mouvance ?
A l'instar des autres pays du monde entier, la Côte
d'Ivoire ayant perçu l'importance de cette question, en a fait une
préoccupation majeure, en l'inscrivant dans sa constitution en son
article 7, engageant l'Etat à assurer « l'égal accès
de tous les citoyens à l'éducation, à la formation
professionnelle et à l'emploi.2 ». Cette disposition
constitutionnelle est renforcée par le décret N° 96-285 du
03 Avril 1996 portant formation professionnelle, qui stipule en son article
premier que « Dans un but de promotion sociale et d'adaptation à
l'évolution économique et technologique, le travailleur est en
droit de bénéficier de la formation professionnelle continue et
du perfectionnement professionnel.
La formation professionnelle continue et le perfectionnement
professionnel peuvent être entrepris à l'initiative de l'employeur
ou à la demande du travailleur.
La formation professionnelle continue et le perfectionnement
professionnel concernent tous les travailleurs, quels que soient les types de
contrat qui les lient à l'employeur.3 ».
La question de la formation professionnelle a donc toujours
constitué un centre d'intérêt pour les pouvoirs publics et
a connu, de ce fait, plusieurs évolutions institutionnelles comme
indiquées ci-après :
1 D. Bériot, Manager par l'approche
systémique, Eyrolles Editions d'Organisation, 2206.
2 Art.7 de la Constitution ivoirienne du 01 Août
2000.
3 Art. 5 du décret N°96-285 du 03 Avril
1996.
4
· 1959 : institution des Taxes à l'Apprentissage
(TA) ;
· 1964 : instauration des Taxes à la Formation
Professionnelle Continue (TFPC) ;
· 1977 : création de l'Office National de la
Formation Professionnelle (ONFP) et du Fonds National de Régulation
(FNR), première structure de financement de la formation professionnelle
par la loi n° 77-924 du 17 Novembre 1977 ;
· Au début des années 1990, ces deux
structures sont dissoutes et font place à trois
autres que sont le Fonds de Développement de la
Formation Professionnelle (FDFP)
en 1991, l'Agence nationale de la Formation Professionnelle
(AGEFOP) en 1992 et
enfin l'Agence d'Etudes et de Promotion de l'Emploi (AGEPE) en
1993.
La création de ces trois dernières structures
marque une rupture dans le mode de gestion de la formation professionnelle par
l'Etat ivoirien. Autrement dit, la politique de développement de la
formation professionnelle antérieurement confiée à
l'ONFP-FNR est désormais segmentée en trois domaines de
spécialité que chacune des trois structures est appelée
à gérer : le développement de la formation professionnelle
à l'AGEFOP, son financement au FDFP et l'insertion de la population
formée à l'AGEPE.
Dans ce dispositif, l'AGEFOP, qui nous intéresse
particulièrement dans le cadre de notre étude, a connu à
son niveau quelques reformes qui méritent d'être
relevées.
· 1998, anciennement sous tutelle du Ministère de
l'Education Nationale (MEN), l'agence passe sous celle du Ministère de
l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP);
· 1995, 2000 et 2007, en interne, le souci d'adapter
l'agence à son environnement en constante évolution conduit sa
Direction Générale à procéder à
différentes reformes de ses départements techniques.
A la faveur de la troisième reforme en 2007, le
Département de l'Ingénierie et de la Formation (le DIF) est
créé. L'agence qui entend cristalliser l'espoir placé en
elle par l'Etat ivoirien, veut jouer pleinement son rôle en favorisant
réellement le développement de la formation professionnelle. Pour
ce faire, un séminaire bilan est organisé avec pour thème
: « Quel bilan de la politique de dynamisation de l'AGEFOP, cinq
(05) années après l'atelier d'orientation de
Bingerville1 ? »
1 Thème du séminaire de l'AGEFOP tenu
du 23 au 25 Janvier 2007 à Grand-Bassam
5
A cette importante rencontre tenue à Grand-Bassam du
23 au 25 Janvier 2007, de nouvelles orientations sont données à
la politique de dynamisation de l'AGEFOP entamée cinq (05) années
plus tôt. Ces orientations déclinées en recommandations du
séminaire bilan concernent sur le plan interne, les aspects technique,
organisationnel et opérationnel de l'agence et sur le plan externe, les
aspects relationnel et stratégique. Sur ce deuxième volet, la
relation de l'agence avec les autres acteurs et partenaires du secteur de la
formation professionnelle pour son positionnement en tant que cabinet
d'ingénierie de l'Etat de Côte d'Ivoire constitue un point
focal.
Comment comprendre ce rôle que l'AGEFOP entend jouer ?
Quels en sont les enjeux et quelles perspectives pour atteindre l'objectif
visé ?
C'est pour suggérer des réponses à ces
questions, réponses que nous proposons comme pistes de réflexion,
que nous avons intitulé le thème de notre étude :
« Le rôle de l'AGEFOP dans le
développement de la formation professionnelle en Côte d'Ivoire :
Enjeux et Perspectives. »
I.2. OBJET ET INTERET DE L'ETUDE
En quoi consiste précisément cette étude ?
Quel intérêt présente-t-elle ? Les réponses à
ces questions nous permettent de donner l'objet et l'intérêt de
cette étude.
I.2.1. Objet de l'étude
L'objet de notre étude est l'analyse du rôle de
l'AGEFOP dans le développement de la formation professionnelle en
Côte d'Ivoire. Cette analyse portera aussi bien sur ses moyens d'action
que sur les conditions dans lesquelles sa mission est mise en oeuvre.
Il s'agit d'une part, de mettre en rapport la consistance des
moyens d'action de l'agence avec le volume et l'étendue de la mission
à réaliser, d'autre part, d'évaluer les chances de
succès de cette mission par rapport aux facteurs d'influence de son
environnement.
I.2.2. Intérêt de
l'étude
L'intérêt de cette étude est la
contribution qu'elle apporte à la mise en lumière des facteurs
susceptibles d'influencer l'action de l'AGEFOP. Ces facteurs sont à
identifier au niveau de l'environnement interne et externe de l'agence.
6
I.3. DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE
Afin de bien cadrer notre réflexion, nous avons fait
une délimitation du champ de l'étude. Cette délimitation
porte sur les aspects géographique, sociologique et thématique
pris en compte dans le cadre de notre recherche.
I.3.1. Délimitation
géographique
L'AGEFOP est l'un des trois services nés de
l'éclatement de l'Office National de la Formation Professionnelle
(ONFP). Ces trois services, existant par la volonté politique,
constituent dans leur ensemble le dispositif mis en place par l'Etat de
Côte d'Ivoire pour la mise en oeuvre de sa politique de formation
professionnelle. A ces trois (03) structures, il faut ajouter le Fonds National
de Solidarité (FNS) créé en 2001 et qui est présent
dans le cadre de la Plateforme de Service (PFS). Il est par conséquent
important pour nous, pour comprendre le rôle de l'AGEFOP, de le situer
dans le cadre de ce dispositif. C'est pourquoi, outre l'AGEFOP, notre
réflexion sera aussi portée sur les autres structures.
Nous avons intégré à cet espace
occupé par ces structures gouvernementales, d'autres acteurs tels des
cabinets de formation professionnelle, les différentes chambres
consulaires comme la Chambre de Commerce et d'Industrie de Côte d'Ivoire
(CCI-CI), la Chambre Nationale d'Agriculture de Côte d'Ivoire (CNA-CI),
la Chambre Nationale des Métiers de Côte d'Ivoire (CNMCI) et les
organisations professionnelles que sont la Confédération
Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI), la
Fédération Ivoirienne des Petites et Moyennes Entreprises
(FI-PME), la Fédération Nationale des Cabinets de Formation
Professionnelle et des Grandes Ecoles.
Tous ces acteurs du secteur de la formation professionnelle
étant à Abidjan, la capitale économique, toute notre
étude a été faite à Abidjan.
I.3.2. Délimitation sociologique
Les populations sur lesquelles nous avons travaillé sont
de trois groupes différents.
- Le premier groupe est composé des membres du
personnel de l'AGEFOP intervenant dans les différents
départements administratifs et techniques de l'agence et les moyens qui
sont les leurs;
- Le deuxième est constitué de personnes
ressources des quatre services publics que sont l'AGEPE, le FDFP, le FNS et
l'AGEFOP, ainsi que les membres de l'équipe projet de la Plate-forme de
Service (PFS);
7
- Enfin le dernier groupe renvoie aux autres acteurs du
secteur de la formation professionnelle tels les centres et écoles de
formation professionnelle, le ministère de tutelle, les cabinets de
formation professionnelle, les chambres consulaires et les associations du
secteur professionnel.
I.3.3. Délimitation thématique
L'AGEFOP agit à partir d'un cadre bien précis,
celui du dispositif mis en place par l'Etat ivoirien. L'ensemble des relations
et interactions liant les éléments de ce dispositif constituent
le système dans lequel il faut situer son action pour en
appréhender la portée. La thématique qui convient au mieux
pour cette étude est pour nous, l'approche systémique qui est un
outil important dans l'analyse stratégique des organisations.
Cette approche intègre la prise en compte des
différents acteurs composant l'environnement ou le système auquel
l'élément objet d'étude appartient ainsi que leurs actions
et interactions susceptibles d'influencer le comportement des uns et des
autres.
I.4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
Nous pouvons définir deux types d'objectifs. Ils sont
d'ordres général et spécifique.
I.4.1. Objectif général
Par la présente étude, notre volonté est
de contribuer au développement de la formation professionnelle en
Côte d'Ivoire en suggérant quelques pistes de réflexion qui
pourraient servir comme repères à l'AGEFOP et aux
décideurs des pouvoirs publics. Cette réflexion aidera
également pour une meilleure lisibilité des rôles de tous
les acteurs et partenaires qui interviennent dans la formation
professionnelle.
I.4.2 Objectifs spécifiques
Sans être exhaustif, nous pouvons lister les objectifs
suivants :
· Identifier les facteurs limitant la portée de
l'action de l'AGEFOP dans la mise en oeuvre de la politique de
développement de la formation professionnelle ;
· Identifier les enjeux de sa mission sur différents
plans ;
· Identifier les ressources nécessaires à
mobiliser pour la réussite de sa mission ;
· Définir les actions à entreprendre pour
favoriser le succès de sa mission.
8
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Dans ce chapitre, nous présentons les fondements
théorique et méthodologique qui ont guidé notre
démarche pendant l'étude.
II.1. CADRE THEORIQUE
Ce cadre théorique ou conceptuel nous donne les
éléments idéels qui ont aidé à rendre
intelligible et donc à problématiser ce qui fait l'objet de notre
étude. Pour arriver à ces éléments, nous avons fait
référence aux publications d'auteurs qui, par leurs recherches,
ont fourni les concepts explicatifs des rapports sociaux dans tout
environnement donné.
II.1.1 Revue de littérature
L'idée force qui transparaît à travers
notre thématique est celle du rôle que l'AGEFOP joue. Qui parle de
rôle, parle aussi d'acteur qui en est porteur et d'un espace où ce
rôle est joué. L'AGEFOP est donc mise dans un rôle d'acteur
social et le dispositif étatique ainsi que le secteur d'activité
auquel il appartient constituent les espaces où est
déroulée son action. Son rôle ne peut par conséquent
échapper à l'influence des atouts dont elle dispose et qui
fondent son pouvoir d'une part, et de celle des rapports qu'il entretient avec
les autres acteurs du secteur de la formation professionnelle d'autre part.
Cette étude nous situe ainsi dans la thématique
de la théorie des organisations, dont les principaux concepts sont le
pouvoir, les conflits, les rapports sociaux, l'analyse des configurations et la
communication dans les groupes, pour ne citer que ceux-là. Cette
thématique a inspiré de nombreux auteurs sociologues tout comme
des experts de la formation professionnelle. Nous pourrons citer entre autres
:
· TAYLOR W. F. (1856-1915) & FAYOL H
(1841-1925): Ces deux ingénieurs, le premier américain
et le deuxième français, sont considérés comme les
précurseurs de la théorie des organisations pour leurs
études portant respectivement sur l'organisation scientifique du travail
(l'OST) et l'organisation administrative du travail (l'OAT) dans la
période du développement industriel. Leurs travaux ont permis
d'éclairer les acteurs du monde du travail sur le rôle imparti
à chaque acteur dans l'espace et le temps mais aussi sur les relations
fonctionnelles qui existent entre les différents acteurs du même
espace.
9
· WEBER Max (1864-1920) :
Economie et Société, Paris, Plon, 1977. Sa
réflexion sur les formes d'administration, appelée la
bureaucratie, trace véritablement les sillons de plusieurs travaux
d'analyse sur les fonctionnements et dysfonctionnements des organisations.
Ainsi de M. Weber à Michel Crozier, en passant par d'autres chercheurs
tels Robert K. Merton, Philip Selznick et Peter Blau, la notion de bureaucratie
a connu une évolution sémantique et a fini par être
substituée par celle d'organisation. Les travaux de recherche de ces
différents chercheurs, notamment, M. Crozier ont fourni des concepts
tels, le système, le pouvoir, le désir, la stratégie qui
sont des ressources utiles dans l'analyse stratégique des
organisations.
· MERTON K. Robert, Bureaucratic
Structure and Personality, Social Forces, XVIII, 1940, pp.560-568. Issu du
courant structuro-fonctionnaliste de la sociologie américaine, R. Merton
s'est intéressé particulièrement aux dysfonctionnements
causés par la rigidité des règles bureaucratiques
(règles caractérisant l'idéal-type d'autorité
wébérien) dans le fonctionnement des administrations.
· CROZIER M. et FRIEDBERG E.,
l'Acteur et le Système, 1977 : C'est par Michel Crozier que la
réflexion sur la sociologie des organisations connaît un essor en
France. Dans le Centre de Sociologie des Organisations (CSO) qu'il crée
au début des années 1960, ses recherches faites avec son
équipe et en collaboration avec E. Friedberg lui permettent d'aboutir
pour la première fois à la formalisation théorique de
l'analyse stratégique des organisations. Dans le livre l'Acteur et
le Système, M. Crozier et E. Friedberg s'interrogent sur la marge
de liberté dont disposent les acteurs sociaux dans leurs rapports pour
une action collective, les contingences et contraintes auxquelles leur
coopération est soumise et enfin la stratégie adoptée pour
renforcer leur position ou leur pouvoir.
· Eugène ENRIQUEZ, Les jeux
du pouvoir et du désir dans l'entreprise, Paris, Declée de
Brouwer, 1997. Dans cet ouvrage constitué de trois parties, E. Enriquez
dans la première partie, met en relief l'influence des organisations sur
la vie des individus qui la composent, le degré d'identification de ces
personnes à leur organisation selon le pouvoir que leur octroie la
structure de l'organisation et qui les met en action. Dans la deuxième
partie, il ressort le rôle joué par la formation et la
psychosociologie dans la
10
transformation des organisations. Pour lui, « la
psychosociologie est une discipline qui favorise l'exploration du plus intime
de l'être, en l'étudiant concrètement dans ses actions
individuelles et collectives. Elle ne met pas de côté le champ
politique dans lequel s'inscrivent les décisions et les actes ».
Enfin dans la troisième et dernière partie, il met en
lumière le changement et la volonté d'émergence du sujet
humain. Le rôle de ce dernier dans la création et l'animation du
lien organisationnel et social constituent la question principale
développée.
· BERIOT Dominique, Manager par
l'approche systémique, 2006, dans cet ouvrage, l'auteur par
ailleurs grand spécialiste français des entreprises pour avoir
occupé pendant plusieurs années de hauts postes de direction,
comme DRH par exemple, dans différentes sociétés, puis
comme expert consultant dans des entreprises publiques et privées, se
sert des outils conceptuels entrant dans le cadre de l'analyse
stratégique des organisations pour proposer des pistes de
résolution de problèmes. Il se sert notamment de l'approche
systémique qui s'appuie sur la configuration des rapports entre les
éléments d'un système pour identifier la source du
dysfonctionnement au sein du système et le levier catalyseur du
changement.
Les travaux de ces différents auteurs sociologues et
spécialistes des organisations ont servi de repères pour la
canalisation de notre étude. Nous nous sommes surtout appuyé sur
l'approche systémique telle qu'inspirée par le dernier auteur
cité, à savoir, Dominique Bériot pour l'analyse du
rôle de l'AGEFOP. Mais en fait, qu'est-ce que la systémique ?
II.1.2. La systémique
Il est important et utile pour une bonne compréhension
de l'évolution de notre réflexion de s'accorder sur les concepts
et terminologies utilisés, aussi, nous paraît-il important de
présenter brièvement la systémique à travers sa
définition, son origine et son évolution dans le temps.
II.1.2.1. Définition du concept
La systémique peut être définie comme une
démarche scientifique dont le but est d'étudier des
phénomènes dans leur contexte environnemental. Pour certaines
sources, elle s'oppose à la démarche analytique qui isole
l'élément étudié de son ensemble pour le comprendre
tandis que la systémique s'intéresse plutôt à la
complexité de l'ensemble. Pour d'autres elle
11
« complète la méthode analytique classique
et met l'accent sur l'ensemble et les propriétés.1
». Quel que soit l'angle sous lequel ce concept est pris, les adeptes de
la systémique défendent deux hypothèses.
La première est que « un ensemble possède
des propriétés qui se révèlent beaucoup mieux par
l'étude des ensembles que par celle des parties qui le
composent.2 » La deuxième est que « la connaissance
de l'objet doit passer par l'étude des relations et des interactions
qu'a cet objet ou cet ensemble avec son environnement.3 ».
Ce sont ces hypothèses qui fondent notre choix de
l'approche systémique pour comprendre le rôle de l'AGEFOP dans le
développement de la formation professionnelle en Côte d'Ivoire.
L'agence ne gérant qu'un aspect de la politique globale de la formation
professionnelle initiée par l'Etat, notre réflexion sur ce sujet
paraîtrait partielle si les dimensions de financement et d'insertion des
populations cibles n'étaient pas intégrées. Et Watzlawick
et Al nous confortent dans notre choix quand ils reconnaissent « qu'un
phénomène demeure incompréhensible tant que le champ
d'observation n'est pas suffisamment large pour qu'y soit inclus le contexte
dans lequel ledit phénomène se produit.4 ». Pour
une meilleure compréhension du concept, il est bon de le reprendre
depuis son origine jusqu'à sa conception actuelle en passant par son
évolution.
II.1.2.2. Origine du concept
La systémique ou encore le concept de la
systémique tire son origine du mot « système ». Selon
le dictionnaire français Le Grand Larousse, le mot système, en
latin « systema » ou en grec « sustêma »,
désigne un « ensemble organisé de principes
coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un
corps de doctrine.5 » Cette définition est enrichie par
l'apport d'auteurs tels De Rosnay et Mélèze.
Pour De Rosnay, « un système est un ensemble
d'éléments en interaction dynamique, organisés en fonction
d'un but.6 » p.93. Quant à Mélèze, il
définit le système en ces termes : « Des finalités et
des buts étant exprimés sur un environnement, un système
finalisé est un ensemble organisé de moyens, méthodes,
règles et procédures qui permet d'obtenir des réponses
satisfaisantes de l'environnement.7 ».
1 EDUCATECHNOLOGIQUES : Jacques Lapointe, L'approche
systémique et la technologie de l'éducation
2 EDUCATECHNOLOGIQUES : Jacques Lapointe, L'approche
systémique et la technologie de l'éducation
3 EDUCATECHNOLOGIQUES : Jacques Lapointe, L'approche
systémique et la technologie de l'éducation
4 Watzlawick et Al
5 Le Grand Larousse, Vol.4, p. 2942, 1989.
6 Rosnay J. De, Le macroscope : Vers une vision
globale, Paris, Seuil, 1975
7 Mélèze : L'analyse modulaire des
systèmes de gestion, Puteaux, France : Editions hommes et techniques
12
Le système fait donc appel à des terminologies
telles « ensemble, relation, interaction, dynamique, organisation, but
», pour ne citer que ceux-là, qui ont servi d'outils à de
nombreux chercheurs dans le domaine des sciences sociales.
II.1.2.3. Evolution du concept
Il s'est construit peu à peu dans une acception
moderne aux Etats-Unis dans les années 1940 avec l'apport des sciences
comme les mathématiques, la physique, l'ingénierie, la gestion et
la biologie à travers les travaux de certains chercheurs parmi lesquels
l'on peut citer N. Wiener, C. E. Shannon, V. Bertalanffy qui fut l'un des
pionniers.
En 1937, V. Bertalanffy avance le concept « de
système ouvert1 » qui évolue vers la
théorie générale des systèmes. L'objectif de cette
théorie était de fournir des principes explicatifs de l'ensemble
considéré comme système à l'aide desquels on
pourrait modéliser la réalité.
C'est le français Michel Crozier, qui de retour en
France après un long séjour aux EtatsUnis, favorise le
développement de ce concept quand il crée le Centre de Sociologie
des Organisations (CSO) dans les années 1960. Avec son équipe de
chercheurs et en collaboration avec E. Friedberg, il publie son oeuvre
L'acteur et le Système, 1977 op.cit., oeuvre dans laquelle il
formalise pour la première fois la théorie de l'analyse
stratégique. Les outils de cette analyse sont les concepts de pouvoir,
stratégie, système d'actions concret (SAC). Avec ce dernier
concept, M Crozier identifie la structuration réelle des rapports entre
les éléments du système pour expliquer la quête de
pouvoir et la stratégie de positionnement de chaque
élément par rapport aux autres éléments du
système. En effet, selon l'analyse croziérienne, cette
stratégie de positionnement des éléments du système
pour le renforcement du pouvoir de chacun à l'intérieur du
même système fait insidieusement passer les acteurs sociaux de la
poursuite des objectifs de l'action collective vers celle d'objectifs
personnels, « lesquels ne sont pas nécessairement compatibles avec
ceux de l'organisation.2 ». Il n'est donc pas surprenant de
constater la survenance de conflits et de rupture dans les rapports entre les
éléments du système.
C'est pour proposer des pistes de résolution des
conflits liés à la déviation des objectifs de l'action
collective que Dominique Bériot, s'inspirant de cette analyse
croziérienne propose dans son livre Manager par l'approche
systémique, (op. cit.) l'un des outils de l'analyse
stratégique qu'est la modélisation.
1 V. Bertalanffy, La Théorie
Générale des Systèmes (General system theory).
2 Claudette Lafaye, La sociologie des
organisations, Armand Colin, 2007.
13
II.1.3. Problématique et
hypothèses
A la lumière de ce concept de la systémique, en
quels termes se posent le ou les problèmes liés au rôle de
l'AGEFOP ? Quelles réponses peuvent être avancées dans la
compréhension de ces problèmes ? La problématique nous
permet d'identifier le ou les problèmes à résoudre et par
les hypothèses nous esquissons des réponses plausibles à
ces problèmes.
II.1.3.1. Problématique
C'est au séminaire de Grand-Bassam marquant
assurément un tournant décisif dans le recadrage de ses missions
que l'AGEFOP exprime mieux sa volonté de répondre à sa
vocation de Cabinet d'ingénierie de l'Etat ivoirien. Un regard sur les
nouvelles orientations arrêtées à cette rencontre et sur la
stratégie de leur mise en oeuvre révèle sur le plan
technique, la prise en compte des trois (03) niveaux d'intervention selon la
démarche d'ingénierie de la formation à savoir les niveaux
micro, mezzo et macro.
Au niveau micro, les actions telles « accroître
les effectifs de l'encadrement AGEFOP, perfectionner et former les agents
à tout le processus d'ingénierie1 » traduisent
l'intérêt porté à la formation et au renforcement
des capacités des ressources humaines de l' AGEFOP pour un meilleur
encadrement des populations cibles constituées des employés
d'entreprises, des acteurs des différents secteurs d'activités
(les coopératives, les collectivités décentralisées
etc.), et des groupements sociaux tels les femmes, les jeunes
déscolarisés, les diplômés, les retraités
etc.
Au niveau mezzo, le souci est porté sur « la
réhabilitation, l'équipement, l'extension et la création
des centres de formation par apprentissage en relation avec les secteurs
porteurs et le `village AGEFOP'2 ». Ce deuxième axe
d'action de l'agence prend en charge le cadre et l'environnement dans lesquels
les formations vont être données.
Au niveau macro, « faire le toilettage des programmes,
contenus et filières de formation pour leur adaptation aux nouvelles
orientations et défis de la formation et de l'insertion des
jeunes3 », « créer des passerelles dans tous les
ordres d'enseignement 4» sont entre autres, des actions qui
viennent compléter le plan d'action de l'agence.
Mais, la mise en oeuvre effective de cette démarche
d'ingénierie suffit-elle pour permettre à l'AGEFOP de cerner la
question de la formation professionnelle dans tout son contour ?
1 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23
au 25 Janvier 2007, p.105
2 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23
au 25 Janvier 2007, p.105
3 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23 au
25 Janvier 2007, p.105
4 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23 au
25 Janvier 2007, p.105
14
Pour élucider ce questionnement, nous avons
exploré l'environnement interne et externe de l'agence.
Au niveau de son environnement interne,
l'intérêt est porté aux ressources de l'agence. En effet,
la couverture de tout le territoire ivoirien et des différents secteurs
d'activités (secteurs primaire, secondaire et tertiaire) est un aspect
non négligeable de la question dont la prise en compte requiert que
l'agence dispose d'importantes ressources. Ces ressources sont d'autant
importantes qu'elles constituent les facteurs de production déterminants
pour l'efficacité de l'action de l'AGEFOP. L'agence en dispose-t-elle en
quantité et en qualité ? Parvient-elle à couvrir tout le
territoire et tous les secteurs d'activités susmentionnés ? Dans
quelle proportion parvient-elle à le faire face aux besoins
exprimés sur l'ensemble du territoire ? La Côte d'Ivoire
étant un pays essentiellement agricole, un équilibre est-il
observé dans l'encadrement de ces différents secteurs
d'activités ?
Au niveau de l'environnement externe, notre
intérêt s'est focalisé dans un premier temps sur les
rapports de l'agence avec les autres services publics (FDFP, AGEPE, FNS) puis
dans un deuxième temps sur ses rapports avec les autres acteurs du
secteur de la formation professionnelle.
Il faut rappeler que l'AGEFOP n'est qu'un maillon dans le
dispositif mis en place par l'Etat ivoirien pour le développement de la
formation professionnelle, dispositif qui outre l'AGEFOP, comprend comme
mentionné plus haut, le FDFP chargé du financement de la
formation professionnelle, de l'AGEPE chargée de l'insertion
professionnelle des populations cibles formées et du FNS pour le
financement de projets individuels ou collectifs. Tout en ayant sa mission
inspirée et définie par le politique, chacune des
différentes structures et notamment l'AGEFOP devrait se trouver ainsi
imbriquée dans un rapport de collaboration avec les trois autres,
rapport duquel aucune d'entre elles ne devrait se soustraire - au risque de
s'isoler du dispositif et faire échec à l'objectif politique
global. Et pourtant, dans les actes du séminaire de Grand-Bassam, hormis
la récente PFS, aucune référence significative n'est faite
à un quelconque cadre de collaboration entre ces différentes
structures.
Pour nous, le rôle de l'AGEFOP ne peut être
apprécié à sa juste valeur que s'il est situé dans
le cadre de ce dispositif. Aussi, des facteurs tels l'existence même d'un
cadre de collaboration, la configuration des rapports entre les
éléments le composant et l'influence de ces rapports sur l'action
de l'agence sont à prendre en compte dans l'analyse de son rôle.
En d'autres termes, existe-t-il un cadre formel de collaboration entre l'AGEFOP
et les trois autres services publics? Bénéficie-t-elle
systématiquement du financement de ses programmes de
15
formation par le FDFP par exemple? Ses programmes de
formation répondent-ils aux résultats d'une étude
préalable du marché du travail menée par l'AGEPE? L'AGEFOP
peut-elle se passer d'un tel cadre de collaboration et mettre efficacement en
oeuvre sa mission ?
Par ailleurs, le secteur de la formation professionnelle
regorge de nombreux autres acteurs que sont les chambres consulaires comme la
Chambre Nationale d'Agriculture de Côte d'Ivoire (CNA-CI), la Chambre
Nationale des Métiers de Côte d'Ivoire (CNMCI), la Chambre de
Commerce et d'Industrie de Côte d'Ivoire (CCI-CI), les organisations
professionnelles comme la Confédération Générale
des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI), la Fédération
Ivoirienne des PME/PMI (FI-PME/PMI), enfin les centres, cabinets et
écoles de formation professionnelle existant sur l'initiative
d'investisseurs privés. Quels rapports l'AGEFOP a-t-elle avec ces
acteurs de la formation professionnelle ? Sont-ils concurrents ou partenaires
de l'AGEFOP? Y a-t-il un contrôle exercé sur l'ensemble des moyens
humain, matériel et technique utilisés par ces acteurs
privés du secteur de la formation professionnelle ? Sur leurs programmes
et contenus de formation ? L'AGEFOP a-telle l'autorité institutionnelle
de certification de ces programmes en tant que cabinet d'ingénierie de
l'Etat ?
Quelles réponses à toutes ces questions ? Nous
pouvons avancer les hypothèses suivantes.
II.1.3.2. Hypothèses
Au niveau de son environnement interne :
· L'insuffisance en quantité et en qualité
des ressources dont dispose l'AGEFOP réduit considérablement la
portée de son action sur les plans géographique et sectoriel.
Au niveau de son environnement externe :
· L'efficacité du rôle de l'AGEFOP reste en
partie dépendante d'une coordination des actions entre les
différentes composantes du dispositif de la formation professionnelle
que sont le FDFP, l'AGEFOP, l'AGEPE et le FNS.
· Le positionnement de l'AGEFOP en tant que cabinet
d'ingénierie de l'Etat reste partiellement lié à sa
collaboration avec les spécialistes de la formation du monde
professionnel et académique.
16
II.1.4. Définition des concepts
Il est important de donner le contenu sémantique des
mots clés des différentes hypothèses avancées. Ces
définitions nous permettent de nous accorder sur l'interprétation
contextuelle que nous donnons à ces termes.
Dans la première hypothèse, l'on retient :
· L'insuffisance : Selon le
dictionnaire français Le Grand Larousse (p.1638), ce mot est un nom
féminin et désigne « un manque de capacités,
d'aptitudes, de qualités ou encore l'impossibilité pour un organe
ou une glande de remplir ses fonctions normales. ». Le mot manque
étant synonyme d'absence, nous ne disons pas qu'il y a absence des
ressources de sorte à rendre l'AGEFOP incapable de fonctionner mais
plutôt un déficit de ces ressources. Nous interprétons donc
insuffisance en termes de déficit.
· Les ressources : Selon Le Grand
Larousse1 (pp.2637-2638), ce mot est féminin et a pour racine
latine « resugere », c'est-à-dire « ce qui tire
d'embarras, améliore une situation difficile ». Ou encore, la
« possibilité d'action de quelqu'un, moyens intellectuels dont il
dispose. ». Enfin les « moyens et possibilités qu'offre
quelque chose. ». Nous entendons donc par ressources les moyens dont
dispose l'agence sur les plans humain, matériel et technique et qui lui
permettent d'agir pour sortir le secteur de la formation professionnelle de
l'impasse.
· La quantité: Issu du mot latin
« quantitas », c'est un nom féminin que le dictionnaire Le
Grand Larousse (p.2546) définit comme la « propriété
de ce qui peut être mesuré ou compté. ». Dans le cas
de l'AGEFOP, c'est le nombre des différentes sortes de ressources.
· La qualité : Dans le
dictionnaire français Le Grand Larousse (p.2545), c'est un nom
féminin d'origine latine « qualitas » et qui signifie la
« manière d'être de quelque chose, chacun des aspects
positifs de quelque chose qui font qu'il correspond au mieux à ce qu'on
en attend. ». A cette signification il faut ajouter
1 Le Grand Larousse, dictionnaire français,
Vol.4, pp.2637-2638., 1989.
17
celle d'un autre dictionnaire français Le Petit
Robert1 (p1574) qui trouve des synonymes tels « attributs,
caractères, propriétés. Ce qui fait qu'une chose est plus
ou moins recommandable. ». Enfin, selon AFNOR2, la
qualité est « l'ensemble des caractéristiques d'une
entité qui lui confère l'aptitude à satisfaire des besoins
exprimés et implicites. ». Sur la base de ces définitions,
nous entendons par qualité les aspects ou propriétés
positifs des différentes sortes de ressources dont l'AGEFOP dispose et
qui la rendent recommandable ou lui confèrent l'aptitude à
satisfaire les besoins exprimés ou implicites dans le domaine de la
formation professionnelle.
· La portée d'une action : C'est
« l'étendue du champ d'action de quelque chose. » selon Le
Grand Larousse (p.2466). Il s'agit donc pour nous d'avoir une idée de
l'étendue de l'action de l'AGEFOP sur les plans géographique et
sectoriel.
Dans la deuxième hypothèse, les termes tels
l'efficacité, la dépendance, la coordination ont retenu notre
attention.
· L'efficacité : La
définition donnée à ce nom féminin d'origine latine
« efficacitas » est, selon Le Gand Larousse, (p.1039), « le
caractère d'une personne ou d'un organisme qui produit le maximum de
résultats avec le minimum de moyens. L'AGEFOP arrive-t-elle à
produire suffisamment avec les moyens dont elle dispose ? Tel est le sens que
nous donnons à `son' efficacité.
· La dépendance : Selon Le Grand
Larousse (p.908), ce nom féminin désigne le « rapport de
liaison étroite entre quelque chose et ce qui le conditionne, le
régit. », ou encore « situation de quelqu'un, d'un groupe qui
n'a pas son autonomie par rapport à un autre, qui n'est pas libre d'agir
à sa guise. ». Cette définition nous éclaire car elle
nous permet d'évaluer les limites de l'AGEFOP dans ses rapports soit
avec le FDFP, soit avec l'AGEPE. Comment l'inaction ou le refus de l'AGEPE ou
du FDFP peut empêcher l'AGEFOP de jouer le rôle qui est le sien
?
1 Le Petit Robert1, dictionnaire
français, 1987
2 AFNOR : Association Française des Normes
18
· La coordination : Dans une
première définition, il désigne un nom féminin
d'origine latine « coordinatio » et renvoie à « l'action
de coordonner. Harmonisation d'activités diverses dans un souci
d'efficacité.». Dans une deuxième, c'est « l'agencement
des parties d'un tout selon un plan logique, pour une fin
déterminée. ». Ces deux définitions respectivement de
Le Grand Larousse (p.761) et de Le Petit Robert (p.389) se rapprochent et
mettent en exergue trois (03) facteurs importants qui déterminent la
coordination : le souci d'une efficacité, l'application d'un plan
logique et un objectif visé. Dans le cadre du dispositif de la formation
professionnelle mis en place par l'Etat, la mission assignée à
chacune des composantes devrait, si coordination il y a, aboutir à ces
résultats. Qu'en est-il depuis leur création ? Et après
l'avènement de la Plateforme de Service (PFS) ?
Dans la troisième et dernière hypothèse
:
· Le positionnement : Ce mot masculin
est mieux expliqué à travers son dérivé qu'est le
verbe « positionner ». Dans Le Grand Larousse (p.2473), «
positionner » c'est « déterminer la position qu'un produit
occupe sur un marché donné et le promouvoir en ciblant une
catégorie de clientèle. ». Le positionnement de l'AGEFOP
dans notre entendement renvoie donc à la détermination de sa
position dans le secteur de la Formation Professionnelle par rapport à
tous les acteurs de ce secteur.
· La collaboration : Selon Le Grand
Larousse, c'est « l'action de collaborer, de participer à une
oeuvre avec d'autres. ». Le sens du mot se précise davantage
à travers le verbe « collaborer » qui, toujours selon la
même source, signifie « travailler de concert avec quelqu'un d'autre
; participer avec un ou plusieurs autres à une oeuvre commune. »
La collaboration de l'AGEFOP avec les organisations
professionnelles, les cabinets et centres de formation professionnelle doit
donc être comprise dans ce sens.
19
Enfin dans la thématique :
· Le rôle : Entre autres
définitions, Le Grand Larousse (p.2674), définit le rôle
comme « ce que doit dire ou faire un acteur dans une pièce de
théâtre, genre d'action ou de comportement, à la place
qu'on occupe, fonction remplie par quelqu'un, attribution assignée
à une institution. ».
Notre compréhension du terme `rôle' cadre bien
avec cette définition. Nous considérons par conséquent
l'AGEFOP dans une position d'acteur, et son rôle est
déterminé par la mission à elle assignée.
· L'enjeu : C'est un nom masculin et
désigne selon Le Grand Larousse (p.2674) « ce que l'on risque dans
un jeu, en particulier une somme d'argent et qui revient au gagnant. Ce que
l'on peut gagner ou perdre dans une entreprise quelconque. ». A la
lumière de cette définition, l'on peut donc avancer que l'enjeu
est ce que mise le joueur ou encore ce qu'il met à risque. En ce qui
concerne l'AGEFOP, l'enjeu se situe à deux niveaux.
D'abord à son propre niveau en tant que service
public, elle joue sa notoriété, sa crédibilité,
ensuite sur le plan national, étant chargée de la mise en oeuvre
d'une politique de développement il y va de la stabilité sociale
du pays.
· La perspective : Toujours selon Le
Grand Larousse, p.2362, la perspective qui est un mot féminin
désigne un « ensemble d'évènements, de projets ou
évolution, devenir de quelque chose qui se présente comme
probable ou possible ; éventualité, horizon. »
Telle est notre compréhension des perspectives pour
l'AGEFOP, c'est-à-dire ce qui attend l'agence comme formes
d'évolution possibles si son rôle est renforcé avec des
moyens adéquats pour atteindre les résultats escomptés.
II.1.5. Définition des indicateurs
Les définitions des différents concepts nous
ont permis d'identifier des indicateurs à même d'aider à la
mesure des variables à expliquer dans chacune des hypothèses. Ces
indicateurs sont donnés dans les tableaux suivants :
20
Tableau 1 : l'hypothèse 1
Concept
|
Dimension 1
|
Dimension 2
|
Indicateurs
|
Ressources
|
Humaines
|
Quantité
|
-Nombre par rapport aux besoins en couverture territoriale
- Nombre par rapport aux domaines professionnels à
couvrir
|
|
- Nombre d'années d'expérience
- Niveau de formation
-Périodicité dans le renforcement des
capacités -Variété de compétences
|
|
Quantité
|
-Nombre par rapport aux besoins en couverture territoriale
-Disponible par rapport au besoin
-Ratio agent/matériel de travail
|
|
-Niveau technologique -Age
-Performance
-Fonctionnalité
|
|
|
-Maîtrise de l'utilisation du matériel
-Maîtrise de la méthode de travail -Adéquation
formation-emploi
|
|
Tableau 2 : l'hypothèse 2
Concepts
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Efficacité
|
Statistiques
|
-Nombre d'actions réalisées avant et après
l'avènement de la PFS
-Niveau de couverture des secteurs d'activités avant et
après l'avènement de la PFS
-Niveau de couverture du territoire avant et après
l'avènement de la PFS
|
Dépendance
|
|
-Difficultés voire blocages d'une action liée au
refus ou à l'inaction de l'une des composantes avant et après
l'avènement de la PFS
-Survenance de conflits liée au refus ou à
l'inaction avant et après
l'avènement de la PFS
|
Coordination
|
Communication
|
-Echange de correspondances avant et après
l'avènement de la PFS. -Nombre de réunions de travail avant et
après l'avènement de la PFS. -Existence d'un cadre formel de
collaboration.
|
|
21
Tableau 3 : l'hypothèse 3
Concepts
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Positionnement
|
Professionnel
|
- Niveau de collaboration avec les cabinets de formation
- Niveau de collaboration avec les organisations et associations
du secteur de la formation professionnel
|
|
- Niveau de collaboration avec les Grandes Ecoles ;
- Niveau de collaboration avec les centres et écoles de
formation professionnelle
- Renommée au sein des élèves et
étudiants des Grandes Ecoles et centres de formation professionnelle
|
|
II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
Pour réaliser ce travail de recherche, nous avons eu
recours à la méthode qualitative. Comprendre le rôle de
l'AGEFOP tel qu'indiqué dans le thème de ce travail de recherche
requiert que l'on échange non seulement avec l'AGEFOP mais
également avec les autres acteurs du secteur de la formation
professionnelle qui sont tous porteurs de différents rôles dont la
conjugaison mène au développement de la formation
professionnelle. Mais, qu'est-ce que la méthode qualitative ?
II.2.1. Méthode d'analyse qualitative
Selon Wikipédia, l'Encyclopédie libre, «
Les méthodes qualitatives regroupent un ensemble de
méthodes de recherche utilisées en sciences sociales, comme par
exemple en sociologie, en ethnologie et anthropologie, et également en
mercatique. Elles laissent délibérément de
côté l'aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l'analyse
de l'objet d'étude. Pour cela diverses techniques, basées sur
l'administration de questions ouvertes et l'exploration du langage, sont mises
en oeuvre1. ».
C'est donc cette méthode que nous avons jugée
comme convenant à ce type d'étude dont le but est de comprendre
la complexité des relations et interactions à l'intérieur
d'un système. Elle repose sur des techniques précises dont nous
présentons les plus utilisées.
II. 2.2. Les techniques de collecte de
données
Nous avons eu recours aux différentes techniques
relatives à l'approche qualitative pour mener à bien notre
recherche.
1 Définition des méthodes qualitatives
selon Wikipédia, l'encyclopédie libre
22
II.2.2.1. L'observation
La possibilité nous a été donnée,
par notre présence physique à l'AGEFOP lors de la première
alternance de nous enrichir de façon empirique en observant les agents
du Département de l'Ingénierie de la Formation (le DIF) dans la
conduite de leurs tâches et de ceux du Centre d'Eveil et d'Innovation
Technologique (CEVIT), un centre de formation de l'AGEFOP. Cette
expérience nous a permis de voir leurs conditions de travail.
II.2.2.2. La recherche documentaire
Afin de réunir le maximum d'éléments
d'information susceptibles de nous éclairer dans la formulation de la
problématique, nous avons eu recours à plusieurs sources. La
première source est relative aux bibliothèques et salles de
documentation ou d'archives des différents services publics. Nous avons
visité leurs sites web respectifs. Enfin grâce à la
disponibilité et à la diligence de la plupart des agents qui nous
ont été recommandés, nous avons eu à notre
disposition des rapports d'activités, des actes de séminaires et
bilan d'activités. Des bulletins internes d'information. Toutes ces
sources nous ont été d'un apport appréciable.
II.2.2.3. L'échantillonnage
Il a été fait sur la base de la
représentativité selon le type de population à
enquêter. Ayant travaillé sur trois groupes différents de
population, les critères dominants pour le choix des personnes à
enquêter ont reposé essentiellement sur la
représentativité et la qualité des personnes par rapport
aux charges ou responsabilités qui sont les leurs dans leurs
services.
II.2.2.4. L'enquête
Elle s'est faite avec les outils habituels que sont
l'entretien, le questionnaire, le guide d'entretien. Son déroulement
s'est fait non sans difficultés sur lesquelles nous reviendrons à
la suite des outils de l'enquête.
· Entretien : C'est l'outil que
nous avons utilisé le plus. Nous avons eu des entretiens avec les
personnes qui nous ont été recommandées au niveau des
différents services publics et privés. Ces entretiens ont
été faits à différents moments pendant la phase
exploratoire et tout au long du travail de recherche quand cela s'est
avéré nécessaire. Nous avons par moments utilisé le
téléphone ou les Nouvelles Technologies d'Information et de
Communication (NTIC) à savoir les courriels et les fenêtres de
23
conversation tel Yahoo ! Messenger, Skype à travers
l'Internet à cause de la distance et du temps qui constituaient des
contraintes.
· Questionnaires : Ils ont
reposé sur les indicateurs définis pour mesurer les variables
à expliquer pour chacune des trois hypothèses. L'étude
ayant consisté en l'exploration de l'environnement interne et externe de
l'AGEFOP, la série des questions a été relativement longue
pour nous assurer que nous prenions en charge tous les aspects de notre
étude. Certains questionnaires ont été renseignés
sur rendez-vous avec les personnes ressources, d'autres ont été
déposés et repris plus tard.
· Guide d'entretien : Cet outil nous a
servi de boussole quand il s'est agit de rencontrer les responsables ayant en
charge des départements ou directions des différentes structures
concernées par notre recherche. Ils ont été conçus
selon le type d'information recherché.
· Difficultés rencontrées :
Nous avons rencontré des difficultés de tous ordres. La
sollicitation des rencontres avec les personnes ressources soumise à la
démarche administrative avec la lourdeur et la lenteur qui la
caractérisent. Cela nous a valu d'attendre des semaines voire des mois
pour avoir la suite à notre demande quand nous avons été
chanceux, sinon, nos démarches sont parfois restées vaines avec
d'autres personnes après de longs mois de démarches et de
négociation pour une hypothétique rencontre. L'exemple patent est
celui de la Direction de la Promotion de l'Emploi à l'AGEPE. Un autre
facteur des difficultés est lié à l'indisponibilité
des personnes ressources du fait soit des congés, soit des missions.
Nous avons eu aussi à notre niveau propre, outre les conditions
financières difficiles, à intégrer les contraintes des
charges professionnelles avec la pression de l'impératif du délai
accordé pour la fin de ce travail de recherche.
24
CHAPITRE III : PRESENTATION DE L'AGEFOP
L'AGEFOP étant le service public qui fait l'objet de
notre étude, nous la présentons dans son organisation, sa
structure et sa mission. Cependant, n'ayant à charge qu'un aspect de la
politique de la formation professionnelle de l'Etat, la compréhension de
sa mission, nous pensons, doit être faite à la lumière des
missions des autres services publics chargés des autres aspects de cette
politique, à savoir le FDFP, l'AGEPE et le FNS.
Nous intégrons donc l'action de l'AGEFOP dans son
contexte d'occurrence, en tenant compte de ses rapports avec les autres acteurs
et partenaires intervenant dans le même secteur de la formation
professionnelle que lui d'où la référence à
l'approche systémique.
III.1. CADRE INSTITUTIONNEL
L'Agence Nationale de la Formation Professionnelle (l'AGEFOP)
est un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial
(EPIC) et est, avec l'AGEPE et le FDFP, l'une des trois structures nées
de l'éclatement de l'Office National de la Formation Professionnelle
(ONFP). Au terme du décret N° 92-316 du 15 Mai 1992 portant
création de cette agence, elle est organisée et reçoit des
missions précises.
III.2. ORGANISATION ET MISSION
III.2.1. Organisation
Les articles 4 à 15 du décret de
création définissent les différents organes de l'agence
chargés de sa gestion et de son fonctionnement. Avec les
évolutions que connaît le secteur professionnel en rapport avec
les avancées technologiques et la mondialisation, cette disposition
institutionnelle évolue à son tour et l'agence passe, de
l'autorité du Ministère de l'Education Nationale depuis sa
création, sous celle du Ministère de l'Enseignement Technique et
de la Formation Professionnelle (METFP) en 1998.
Depuis 2000, l'agence elle-même a subi de profondes
restructurations, oeuvre de la présente Direction Générale
afin de dynamiser davantage ses activités et répondre aux
défis de la lutte contre la pauvreté et le chômage.
Aujourd'hui l'AGEFOP se présente selon l'organigramme suivant :
25
Figure 1 : Organigramme de l'AGEFOP
· La Conseil de Gestion : il est
composé des représentants des différents ministères
chargés de l'éducation et de la formation ainsi que ceux des
différentes Chambres consulaires et organisations oeuvrant dans le
domaine de la formation professionnelle. Il est l'organe de décision.
· La Direction Générale :
Elle est sous l'autorité du Conseil de Gestion et est l'organe
de gestion de l'agence. Elle a sous sa direction quatre (04)
départements. Deux (02) départements administratifs que sont le
Département des Ressources Humaines (le DRH) et le Département
des Affaires Financières Comptables et Logistiques (le DAAFCL). Ensuite,
deux (02) départements techniques chargés de la conception et la
prestation des services de l'agence. Ce sont le Département de
l'Ingénierie et de la Formation (le DIF) et le Département du
Marketing, Partenariat et Communication (le DMPC). Le caractère
opérationnel du rôle de ces deux (02) derniers départements
fait d'eux les chevilles ouvrières de l'agence.
· Le Département de l'Ingénierie
et de la Formation (le DIF): Il est composé de trois (03)
services qui sont le Service de l'Ingénierie, le Service de la Formation
et le Service Projet. Il est le centre névralgique même de
l'agence. C'est l'outil de conception et d'exécution de l'agence.
26
· Le Département du Marketing,
Partenariat et Communication (le DMPC): Il se confond avec le service
du même nom et est chargé de vendre l'image et les produits de
l'agence sur le marché du travail. C'est le deuxième outil
technique après le DIF.
III.2.2. Missions
C'est l'article 3 du décret portant création de
l'agence qui définit les missions qui lui sont assignées. Elles
se présentent comme suit :
- Effectuer la prospection et l'analyse des besoins de formation
;
- Elaborer des projets de formation professionnelle selon les
besoins détectés;
- Gérer et coordonner les projets de formation
professionnelle dont elle a la charge ;
Les projets dont est chargée l'Agence nationale de
Développement de la Formation Professionnelle peuvent revêtir les
formes suivantes :
- Mise en oeuvre d'actions ponctuelles de formations continues,
individuelles, sectorielles, inter-entreprises ou intra-entreprises ;
- Elaboration des projets et mise en oeuvre des plans de
financement et des subventions relatifs aux projets de formation
professionnelle.
Ces missions, à la lecture, n'indiquent rien d'autre
que la pratique de l'ingénierie de la formation dans toute sa rigueur.
Missions dont la mise en oeuvre requiert des ressources humaines
qualifiées, du matériel adapté et la maîtrise
même de la démarche d'ingénierie.
III.2.2.1. Les missions du FDFP, de l'AGEPE et du
FNS
Les missions respectives de chacun des services publics
mentionnés ne sont pas reprises ici in extenso. Nous n'avons retenu que
celles dont la mise en oeuvre suggère l'idée d'une certaine
collaboration avec l'AGEFOP.
· Les missions du FDFP
Le FDFP est placé sous la tutelle conjointe du
Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) et du Ministère de
l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP). Il a la
responsabilité de gérer conjointement la Taxe d'Apprentissage
(T.A.) et la Taxe à la Formation Professionnelle Continue (TFPC).
27
Il a pour mission essentielle, le financement : - des actions
de formation continue ;
- des études ;
- des actions de formation d'apprentis.
Comme on peut le lire, le FDFP n'a d'autres missions que le
financement des actions de formation professionnelle.
· Les missions de l'AGEPE
L'Agence d'Etudes et de Promotion de l'Emploi - AGEPE -
assure les missions d'observatoire de l'emploi, des métiers, de la
formation et de promotion de l'emploi. Elle est chargée de :
- constituer une base de données relative à
l'emploi, aux métiers, au chômage et à la formation ;
- réaliser et diffuser toutes documentations sur
l'emploi, la formation et les résultats des études et
enquêtes ;
- mettre en oeuvre toute action visant une meilleure
adéquation formation-emploi ; - prospecter le marché de l'emploi
en vue du placement des demandeurs d'emploi.
· Les missions du FNS
L'appui par le financement des micro-projets
générateurs de revenus en faveur des groupes
défavorisés et vulnérables.
L'AGEFOP présentée, ainsi que le FDFP, l'AGEPE
et le FNS dans leurs missions respectives, la question est maintenant de savoir
comment leurs rapports se structurent ou plutôt devraient être
structurés pour une efficacité de leur action commune. La mise en
place de la Plate-forme de Service (PFS), nous en donne une idée et nous
reprenons ici in extenso l'article 9 du texte portant fonctionnement de la
Plate-forme de Service relatif à « l'Engagement des
Parties1 ». Mais avant, qu'est-ce que la Plate-forme de Service
?
1 Article 9 du Règlement Intérieur de
la Plate-forme de Service (PFS)
28
III.1.2.2.2. La Plate-forme de Service
C'est lors d'une communication intitulée «
QUELLES OPPORTUNITES D'EMPLOI POUR LES DIPLOMÉS DE LA DIASPORA
DANS LA COTE D'IVOIRE POSTCRISE : CAS DE LA France », le 30
Octobre 2008 à Paris que Madame le Directeur Général de
l'AGEFOP présente la Plate-forme de Service.
· Présentation de la Plate-forme de Service
« C'est un dispositif d'insertion professionnelle par
l'activité économique. Il est constitué à l'origine
des 3 organismes publics de l'Etat de Côte d'Ivoire que sont le FDFP,
l'AGEPE et l' AGEFOP. A ces trois (03) organismes un quatrième a
été joint, il s'agit du Fonds National de Solidarité
(FNS). Dans la perspective de sortie de crise, de reconstruction nationale et
de relance économique, ces différents organismes ayant en commun
des missions qui concourent à la Formation, à l'Emploi et
à l'insertion professionnelle proposent un Programme commun de Formation
et d'Insertion des Jeunes (PFIJ), mis en oeuvre dans le cadre d'une Plate-forme
de Services (P.F.S) ; programme validé en décembre 2003 par le
Président de la République.1 ».
La PFS date donc de 2003 et marque par son avènement
la concrétisation de la collaboration entre ces différents
organismes étatiques de la formation professionnelle. Elle offre
l'espace qui leur permet de traduire en actes leur
complémentarité.
III.1.2.2.3. Engagements des quatre organes dans la
Plate-forme de Service
Article 9 Engagement des Parties
9.1 Engagement du FDFP
Le FDFP a, à titre principal, la responsabilité
de rechercher, mobiliser et décaisser au nom de la PFS, toutes les
ressources financières utiles à la tenue des objectifs et des
engagements de la PFS
Il s'engage, en conséquence, à :
1 Extrait de la communication du DG de l'AGEFOP
« QUELLES OPPORTUNITES D'EMPLOI POUR LES DIPLOMES DE LA DIASPORA DANS LA
COTE D'IVOIRE POST-CRISE : CAS DE LA France », le 30 Octobre 2008 à
Paris
29
- signer pour le compte de la PFS, toutes les conventions de
financements afférentes à ces engagements ;
- mettre à la disposition de la PFS les financements
nécessaires.
9.2 Engagement de l'AGEFOP
L'AGEFOP a, à titre principal, la responsabilité
des actions d'ingénierie de la Formation professionnelle.
Elle s'engage, en conséquence, à :
- élaborer les référentiels emplois, les
curricula, le dispositif et la démarche de formation ;
- concevoir les modules ;
- assurer des cycles de formation des formateurs en appui de
l'offre de formation publique et privée ;
- exécuter directement certaines des actions de formation
professionnelle ;
- organiser la validation de l'expérience et des acquis
professionnelle (VEAP).
9.3 Engagement de l'AGEPE
L'AGEPE a, à titre principal, la responsabilité
des études sur l'emploi et l'accom- pagnement en emploi.
Elle s'engage, en conséquence, à :
- rechercher toutes les opportunités d'emplois possibles
;
- caractériser les populations ;
- réaliser de bilans de compétences ;
- participer à la détermination des projets
professionnels ;
- réaliser l'accompagnement en emploi salarié ou
auto-emploi.
9.4 Engagement du FNS
Le FNS s'engage à assurer, à titre principal le
financement des projets d'activités génératrices de
revenus des jeunes, dans le cadre de la mise en oeuvre du dispositif.
30
Tableau 4 : Grille d'analyse stratégique
Acteurs
|
Objectifs
|
Ressources
|
Contraintes
|
Stratégies
|
AGEFOP
|
-Développer la formation professionnelle par
l'ingénierie
|
-Les compétences
disponibles ;
-Les structures et
matériels de formation ; -Les produits des
prestations et la subvention de l'Etat.
|
-Mobilisation des
ressources
nécessaires ;
-Besoins en formation croissants ;
-L'étendue du
territoire à couvrir.
|
-Formation et
renforcement des capacités des personnels ;
-Recrutement ; -Diversification
des produits de formation ; -Partenariat
|
FDFP
|
-Financer la formation
professionnelle
-Financer les études liées au
développement de la formation
professionnelle ;
|
-Produits de la T.A.
(0.4%) ;
-Produits de la taxe
additionnelle à la FP ; -Contribution exceptionnelle
du Budget General et du
Budget spécial d'investissement ;
-Fonds extérieurs.
|
-Financer aussi des
bénéficiaires qui ne
cotisent pas ; -Nombreuses
demandes de
financement.
|
-Elargir
l'éventail des entreprises
cotisant
-Diversifier ses
sources de
financements
|
AGEPE
|
-Prospecter le marché
pour identifier les filières porteuses
-Faire l'insertion des
personnes formées -Produire et diffuser des
données sur la situation de l'emploi
|
-Subvention de l'Etat
|
-Faire avec le
minimum de moyens -Actualiser régulièrement
les données
|
-Se poser comme 1er interlocuteur des
entreprises
-Rassurer les demandeurs d'emploi sur sa
capacité à leur
fournir les informations
utiles.
|
FNS
|
-Financer les activités
génératrices de revenus
|
-Subvention de l'Etat
|
-Dépendance de la
subvention de l'Etat
|
-Mener une
campagne de
communication
pour faire
connaitre ses
activités
|
|
31
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, ENJEUX ET
PERSPECTIVES
32
CHAPITRE I : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
Nous présenterons les résultats concernant chaque
hypothèse ensuite nous les analyserons.
I.1. HYPOTHESE 1 : DE L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES DE
L'AGEFOP ET DE LA PORTEE DE SON ACTION
I.1.1. Les ressources humaines
Tableau 5 : Couverture territoriale
|
Zones géographiques
|
|
|
Nord
|
Sud
|
Est
|
Ouest
|
TOTAL
|
Nombre de régions par zone géographique
|
3
|
4
|
6
|
3
|
3
|
19
|
Nombre de régions couvertes avant la crise
|
2
|
2
|
5
|
2
|
2
|
13
|
Taux de couverture en %
|
66,66
|
50
|
83,33
|
66,66
|
66,66
|
68,42
|
Nombre de régions couvertes actuellement
|
1
|
0
|
5
|
2
|
1
|
9
|
Taux de couverture en %
|
33,33
|
0
|
83,33
|
66,66
|
33,33
|
47,36
|
|
Tableau 6 : Couverture par secteur d'activité
Population active en Cote d'Ivoire
|
6.502.1151
|
|
Primaire
|
Secondaire
|
Tertiaire
|
Pourcentage de la population active par secteur
d'activité
|
27
|
18,5
|
54,5
|
TYPES DE FORMATION
|
TAUX DE COUVERTURE PAR SECTEUR D'ACTIVITE EN
%
|
Projet de formation par Apprentissage
|
5
|
80
|
15
|
Projet de formation de personnes
handicapées
|
5
|
50
|
45
|
Les formations qualifiantes de courte
durée
|
1
|
75
|
24
|
Le projet GERME
|
0
|
15
|
85
|
La Formation Continue
|
0
|
60
|
40
|
|
1 Sources : 1.CIA factbook, 2.Worldbank,
3.Perspectives eco
33
Tableau 7 : Qualité des Ressources Humaines
Domaines de spécialité
|
Qualité et nombre d'années
d'expérience
|
|
Qualifiés
|
|
- de 10 ans
|
+ de 10 ans
|
- de 10 ans
|
+ de 10 ans
|
Ingénieurs de la formation
|
0
|
2
|
0
|
0
|
Autres spécialités d'ingénierie
|
0
|
2
|
0
|
0
|
Gestionnaires de Projets
|
0
|
1
|
0
|
0
|
Sociologues
|
0
|
1
|
0
|
0
|
Conseillers d'orientation
|
0
|
1
|
0
|
0
|
Formateurs1
|
Indéfini
|
Indéfini
|
Indéfini
|
Indéfini
|
|
I.1.2. Les ressources matérielles
Tableau 8 : Quantité et qualité des Ressources
Matérielles
Les différents types de centres de
formation
|
L'état des ressources
matérielles
|
|
Fonctionnels
|
Age
|
Nombre de
régions
couvertes
|
Atelier d'Application et de Production
(APP)2
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Projet Apprentissage
|
1
|
1
|
15 ans
|
9
|
Centre de Formation et de
Perfectionnement aux métiers Industriels (CFPI)
|
1
|
1
|
17 ans
|
1
|
Unîtes Mobiles Agro-Mécaniques
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Unités Mobiles Bâtiment
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Centre d'Eveil Technologiques et de Formation aux
métiers de l'Informatique
|
1
|
1
|
17 ans
|
1
|
Service Pédagogique et de Conception
|
1
|
1
|
En construction
|
1
|
|
1 Les formateurs sont des professionnels
diplômés ou qualifiés des entreprises ou des responsables
d'atelier ayant un contrat avec l'agence. Ils ne sont pas pour la plupart
engagés comme des agents de l'AGEFOP.
2 Unités qui ont été remis sous
la gestion directe du METFP et que l'AGEFOP ne gère plus.
34
I.1.3. Les ressources techniques
Tableau 9 : Formations et renforcement des capacités des
agents AGEFOP
Domaines
|
Formations du personnel AGEFOP à la
démarche d'ingénierie de formation et autres
formations
|
|
qualifiantes
|
Séminaires
|
|
Depuis 5 ans
|
Depuis 10 ans
|
Depuis 3 ans
|
Depuis 5 ans
|
Depuis 10 ans
|
Depuis 3 ans
|
Depuis 5 ans
|
Depuis 10 ans
|
Ingénierie
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
8
|
0
|
0
|
Autres
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
En moyenne 7/an
|
|
Tableau 10 : Formations et produits de formations offerts par
l'AGEFOP
Produits et services de
formation assurés par l'AGEFOP
|
Populations cibles dans les différents
milieux
|
|
Académique
|
|
A.M.1
|
Cadres
|
Autres2
|
Etudiants
|
Formations diplômantes
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Formations Qualifiantes
|
+
|
-
|
-
|
+
|
-
|
Formation par Apprentissage
|
+
|
-
|
-
|
+
|
-
|
Formation par Alternance
|
-
|
-
|
-
|
+
|
-
|
Formation Continue3
|
-
|
-
|
-
|
+
|
-
|
Séminaires
|
-
|
-
|
-
|
+
|
-
|
|
1.1.4. Analyse de la couverture territoriale,
sectorielle et de la portée de l'action de l'AGEFOP
· La quantité et la qualité des
ressources humaines
Relativement à la couverture territoriale, nous pouvons
relever l'insuffisance de cette couverture. L'absence de l'agence dans
certaines régions du pays s'explique, entre autres
1 A.M. : Agents de Maîtrise
2 Autres : L'ensemble des entreprises et des couches
sociales (déscolarisés, retraités, jeunes,
handicapés, femmes etc.)
3 Formation Continue : Les séminaires, les
référentiels de formation, bilans de compétences etc.
35
raisons, par le déficit qu'il y a au niveau de son
personnel opérationnel. La crise sociopolitique que traverse la Cote
d'Ivoire en rajoute à cet état de fait d'où la
régression du taux de couverture après le début de la
crise. Nous pouvons dès lors affirmer que l'agence ne peut efficacement
remplir sa mission dans de telles conditions d'où la réduction de
la portée de son action.
Au niveau de la couverture sectorielle, l'on peut noter un
fort déséquilibre. La plupart des formations données se
retrouvant dans le secteur secondaire. Les différents chiffres sont en
déphasage avec les données de la répartition de la
population active.
Quant à la qualité des mêmes ressources,
l'agence reste très limitée en raison de l'étroitesse de
l'éventail de compétences disponibles et du nombre
d'années d'expérience. Les ingénieurs de la formation, les
gestionnaires de projets, les conseillers d'orientation, les sociologues qui
constituent le socle même de la cellule de conception sont très
peu nombreux.
· La quantité et la qualité des
ressources matérielles
Les données du tableau 8 indiquent bien l'urgence
qu'il y a à doter l'agence du matériel nécessaire pour une
meilleure performance. Sur six (06) entités nécessitant des
équipements pour la formation des populations cibles, trois (03) ne sont
plus sous la gestion de l'AGEFOP. Les entités restantes ne couvrent pas
tout le territoire. Aujourd'hui avec la crise, le Projet Apprentissage, par
exemple, n'est présent que dans dix (10) villes de neuf (09)
régions.
Les entités encore sous la tutelle de l'AGEFOP ont une
moyenne d'âge de 15 ans, d'où la nécessité de les
doter en équipements modernes. Quant au service pédagogique et de
conception pour les activités d'ingénierie proprement dites, son
équipement est toujours en cours.
· Les ressources techniques
Au niveau des formations reçues, c'est principalement
par les séminaires que l'agence forme ces agents à la
démarche de l'ingénierie. La priorité n'est pas
donnée à la formation diplomante et même qualifiante.
Au niveau des formations données, la population cible
est essentiellement constituée d'agents d'exécution et
d'ouvriers. Les besoins restent encore importants en ce qui concerne les offres
de formation à faire aux autres catégories socioprofessionnelles
telles les agents de maitrise, les cadres d'entreprises, les Grandes Ecoles.
C'est la satisfaction de l'ensemble des
36
milieux professionnel et académique qui positionnera
l'agence comme un partenaire de premier plan.
I.2. HYPOTHESE 2 : DE LA COORDINATION DES ACTIONS
ENTRE L'AGEFOP, LE FDFP, L'AGEPE ET LE FNS ET DE L'EFFICACITE DE L'ACTION DE
L'AGEFOP
I.2.1. La configuration des rapports dans le dispositif
de la FP
Conformément aux résultats de l'enquête
sur la configuration des rapports entre les quatre (04) organismes au sein du
dispositif de la formation professionnelle mise en place par l'Etat, nous avons
fait une modélisation de ce que Michel Crozier appelle « le
Système d'Action Concret1 » (le SAC), en d'autres
termes, ce que ces rapports ou interactions sont en réalité dans
leurs états actuels entre tous les acteurs du dispositif tels qu'ils
peuvent être schématisés. Cette modélisation des
interactions est faite d'abord entre l'AGEFOP et chacun des autres organismes
publics ensuite entre tous les acteurs du secteur de la formation
professionnelle.
Pour une meilleure lisibilité du rôle de chaque
organisme du dispositif, une représentation des autres acteurs du
secteur de la formation professionnelle ainsi que des cibles
bénéficiaires des actions a été nécessaire.
Mais avant, qu'est-ce que la modélisation ?
I.2.1.1. La modélisation par la
systémique
D. Bériot propose deux types de modélisation qu'il
appelle, « la modélisation synchronique » et
« la modélisation diachronique ».
Pour lui, la modélisation synchronique « consiste
à obtenir une photographie, à un instant donné, du poids
des acteurs et de leurs relations.2 ». La modélisation
diachronique elle, « représente le processus suivi, ou à
suivre, pour passer d'un état à un autre : elle indique les
étapes d'une démarche de changement.3 ».
1 Tiré de L'acteur et le
système, M. Crozier
2 Tiré de Manager par l'approche
systémique, D Bériot
3 Tiré de Manager par l'approche
systémique, D Bériot
37
Entreprises publiques et privées :
-Payent la T.A. et la TFPC (0,6% de leur masse salariale)
-Sélectionnent les Cabinets agrées pouvant assurer
leurs formations par appels d'offres
Versent la TA et la TFPC
Sollicitent le financement de la formation de leurs RH
-Gère les TA et les TFPC -Agrée les cabinets de
formation. -Sélectionne les formations à financer
conformément aux besoins des entreprises -Sélectionne les
cabinets agréés pour assurer les formations.
FDFP
Sollicitent le financement des formations à
réaliser ou réalisées
Finance les formations réalisées par les cabinets
agréés
-Agefop; -Cabinets de formation agréés par
le Fdfp.
-Entreprises -Marché de
l'emploi-Cabinets de FP
-Collectivités décentralisées
-Groupements socio
professionnels -Personnes individuelles -Porteurs de projets
générateurs de revenus
4
5
6
AGEPE
FDFP
FNS
3
2
1
AGEFOP
· Les rapports entre l'AGEFOP et
l'AGEPE Figure 2 : Modélisation des rapports actuels
AGEFOP-AGEPE
ENTREPRISES ET MARCHE DE L'EMPLOI
|
|
AGEPE
|
|
-Agefop ; -Centres de documentation ; -Personnes en quête
d'emploi ; -Pouvoirs publics
|
|
|
|
-Réalise des
études et analyse le marché des emplois, des
métiers et des besoins en formation
-Prospecte les
filières porteuses ; -Enregistre et recense les
demandes
d'emploi, de
stage ;
-Favorise
l'insertion des personnes formées
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
· Les rapports entre l'AGEFOP et le
FDFP
Figure 3 : Modélisation des rapports actuels
AGEFOP-FDFP
38
· Les rapports entre l'AGEFOP et le
FNS
Figure 4 : Modélisation des rapports actuels
AGEFOP-FNS
Public cible Personnes et groupes de personnes physiques
et morales
|
|
FNS
|
|
AGEFOP
|
|
-Reçoit, analyse et sélectionne les projets
prometteurs
-Finance les formations des auteurs des projets retenus
|
|
-Reçoit les demandes de formations des
propriétaires des projets retenus
-Assure la formation
|
|
|
|
|
|
|
|
· Les rapports entre l'AGEPE et le
FDFP
Figure 5 : Modélisation des rapports actuels
FDFP-AGEPE
|
|
|
|
|
|
|
FDFP
|
|
|
AGEPE
|
|
|
-Gère les TA et les TFPC
-Agrée les
cabinets de formation. -Sélectionne les formations
à financer conformément aux besoins des entreprises
-Sélectionne les cabinets agréés pour assurer les
formations.
|
|
|
-Réalise des
études et analyse le marché des emplois, des
métiers et des besoins en formation
-Prospecte les
filières porteuses ; -Enregistre et recense les
demandes
d'emploi, de
stage ;
-Favorise
l'insertion des personnes formées
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
39
· Les rapports entre l'AGEPE et le FNS
Figure 6 : Modélisation des rapports actuels AGEPE-FNS
FNS
-Reçoit, analyse et sélectionne les projets
prometteurs
-Finance les formations des auteurs des projets retenus
Fourniture de données sur les secteurs porteurs
Sollicitation de données sur les secteurs
d'activité porteurs
AGEPE
-Réalise des
études et analyse le marché des emplois, des
métiers et des besoins en formation
-Prospecte les
filières porteuses ; -Enregistre et recense les
demandes
d'emploi, de
stage ;
-Favorise
l'insertion des personnes formées
· Les rapports au sein du dispositif de la
F.P.
Figure 7 : Modélisation des rapports actuels au sein du
dispositif de la F.P.
40
I.2.2. Analyse des rapports entre l'AGEFOP et chacun
des autres organes.
· Analyse de la Figure 2 : Modélisation du
rapport AGEFOP-AGEPE
L'AGEPE au terme des études faites diffuse les
résultats de ses travaux à l'attention des pouvoirs publics, des
centres de documentation et du grand public notamment des personnes en
quête d'emploi.
Nous pouvons noter l'absence d'un canevas particulier par
lequel l'AGEPE devrait transmettre les résultats obtenus à
l'AGEFOP dans un cadre de collaboration bien déterminé. Il peut
être déduit que l'AGEFOP va à l'information au même
titre que toute personne physique ou morale estimant les données de
l'AGEPE utiles pour elle.
· Analyse de la Figure 3 : Modélisation du
rapport AGEFOP-FDFP
Les rapports AGEFOP-FDFP se résument soit à des
sollicitations de financement de formations par l'AGEFOP, soit au financement
de formations ou de projets de formation par le FDFP. L'AGEFOP est ainsi dans
le même type de rapports que celui existant entre le FDFP et les cabinets
de formation agréés par l'organe public de financement de la
formation.
La question qui se pose est de savoir de quel catalogue les
formations réalisées ou à réaliser sont
tirées pour répondre aux besoins en formation des entreprises ?
Autrement dit, qui réalise l'ingénierie de la formation pour les
entreprises ? Les formations sélectionnées par le FDFP sont-elles
élaborées par le FDFP et mise en oeuvre par les cabinets?
· Analyse de la Figure 4 : Modélisation du
rapport AGEFOP-FNS
Si la relation entre la population cible et le FNS est
réelle, les rapports entre l'AGEFOP et le FNS restent encore en
l'état de projet. Une fois effectif, l'AGEFOP agira dans ce processus
comme un cabinet de formation. Le rapport avec le FNS étant du
même type de relation que celui qu'un organisme de financement a avec des
cabinets de formation professionnelle.
· Analyse de la figure 5 : Modélisation du
rapport FDFP-AGEPE
L'étude de leurs rapports n'a pas
révélé l'existence d'une collaboration. L'AGEPE devrait
pouvoir recevoir du financement du FDFP d'études sur des secteurs
d'activité précis. Elle devrait pouvoir fournir au FDFP toutes
les données sollicitées sur des emplois ou secteurs
d'activité précis à la demande de celui-ci.
41
· Analyse de la figure 6 : Modélisation
des rapports AGEPE-FNS
Le FNS étant chargé du financement
d'activités génératrices de revenus devrait pouvoir
solliciter des données sur des secteurs d'activités avant de
financer lesdites activités. Le constat est qu'il n'y a pas cette
collaboration entre ces deux structures.
I.2.3. Analyse des rapports dans le dispositif de la
F.P.
· Analyse de la Figure 7: Modélisation des
rapports dans le dispositif AGEPE - AGEFOP
Le schéma ne met en évidence aucun rapport
particulier entre l'AGEPE et l'AGEFOP, deux (02) organes publics oeuvrant
pourtant chacun dans sa spécialité pour un objectif commun.
Chaque structure est en apparence portée sur ses populations cibles.
L'AGEFOP at-elle réellement accès aux résultats des
études sur l'emploi ? Par quel canal ? Comment s'y prend-elle pour faire
élaborer les référentiels emplois ?
· FDFP - AGEFOP
Les rapports FDFP-AGEFOP portent essentiellement sur les
demandes de financements de formations. Ce ne ont pas des rapports `soutenus'.
Le FDFP n'est pour l'AGEFOP qu'une source de financement parmi tant d'autres.
L'utilisation des fonds issus des différentes taxes étant
à priori déterminée, l'AGEFOP n'a pas toujours des
réponses satisfaisantes à ses sollicitations.
Apparemment les rapports FDFP-AGEFOP ne sont pas dans un
cadre de collaboration prédéfini, cadre dans lequel l'AGEFOP
mettrait à la disposition du FDFP des produits de formation à
l'attention des entreprises en cas de besoin.
· FNS - AGEFOP
Les personnes ou groupes de personnes porteurs de projets
générateurs de revenus sélectionnés par le FNS
devraient être adressés à l'AGEFOP pour leurs formations en
gestion avant leur insertion dans le tissu socioprofessionnel. Depuis la
création du FNS à ce jour, cette collaboration ne s'est pas
encore formalisée, du moins aucun document ne l'atteste.
42
· AGEPE - FDFP
Alors que l'AGEPE est chargée de la conduite
d'études sur des filières porteuses d'emplois et devrait pouvoir
bénéficier du financement de ces études par le FDFP, rien
au niveau du dispositif n'indique un quelconque rapport dans ce sens.
· FNS - AGEPE
L'AGEPE chargée de l'insertion professionnelle et le
FNS du financement de cette insertion devraient tout naturellement être
en rapport l'un avec l'autre. Cependant le Système d'Action Concret ne
révèle aucun rapport entre les deux (02) organes.
· FNS - FDFP
Ce sont deux (02) organes publics de financement. L'un (le
FDFP) recevant une partie de ses fonds du paiement de la T.A. et de la T.F.P.C.
des entreprises, finance les formations de celles-ci ainsi que toute
étude portant sur la promotion de la formation professionnelle. L'autre
(le FNS) recevant ses fonds de l'Etat pour le financement de l'insertion de
personnes ou groupes de personnes porteurs de projets générateurs
de revenus.
- Des rapports entre chaque organe public et les autres
acteurs de la formation professionnelle
· AGEPE - Entreprises/Marché du
travail
Les rapports de l'AGEPE avec les entreprises portent sur
l'identification des métiers et leurs évolutions possibles, la
définition des profils de compétences recherchés par les
entreprises. Il y a ensuite les rapports avec les demandeurs d'emplois et de
stages etc.
· AGEFOP - Entreprises/Marché du
travail/Cabinets et Centres de F.P.
Les entreprises peuvent directement s'adresser à
l'AGEFOP pour exécuter leurs formations ou passer des commandes de
produits d'ingénierie tels les REAC. Les personnes ou groupes de
personnes physiques ou morales peuvent également solliciter des
formations auprès de l'AGEFOP.
Les cabinets de FP collaborent avec l'AGEFOP dans
l'exécution des formations si nécessaire par le partenariat ou la
sous-traitance.
43
· FDFP - Cabinets de
formation/Entreprises/Marché du travail
Les entreprises versent la T.A. et la T.F.P.C. au FDFP qui en
assure la gestion pour le financement des formations des ressources humaines
des entreprises qui cotisent et celui des études. Les cabinets de
formation sollicitent l'agrément du FDFP qui y répond sur la base
de critères définis et connus.
· FNS - Marché du travail
Des personnes individuelles ou groupes de personnes physiques ou
morales, porteurs de projets générateurs de revenus sollicitent
le FNS pour le financement de leurs projets. Ces projets sont
sélectionnés et leurs porteurs adressés à l'AGEFOP
pour leur formation en gestion.
44
AGEFOP
LES CHAMBRES CONSULAIRES
|
|
FEDERATION IVOIRIENNE DES PME- PMI
|
|
|
|
|
|
I.3. HYPOTHESE 3 : DU POSITIONNEMENT DE L'AGEFOP DANS LES
SECTEURS PROFESSIONNEL ET ACADEMIQUE
I.3.1. Dans le secteur professionnel
I.3.1.1. La collaboration avec les cabinets de formation
professionnelle
Figure 8 : Modélisation des rapports actuels AGEFOP-
Cabinets de F.P.
AGEFOP
|
|
PUBLIC CIBLE
|
|
|
|
|
-Entreprises
-Groupes socioprofessionnels -Personnes individuelles
|
CABINETS DE F.P.
|
|
|
|
|
|
I.3.1.2. La collaboration avec les chambres consulaires
et organisations professionnelles
Figure 9 : Modélisation des rapports actuels AGEFOP-
Autres acteurs de la F.P.
45
I.3.2. Dans le secteur académique
I.3.2.1. La collaboration avec les Grandes
Ecoles
Figure 10 : Modélisation des rapports actuels AGEFOP-
Grandes Ecoles
AGEFOP
|
|
GRANDES ECOLES
|
|
MESRS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
I.3.2.2. La collaboration avec les centres et
écoles de formation professionnelle
Figure 11 : Modélisation des rapports actuels AGEFOP-
Centres de F.P.
AGEFOP
|
|
Ecoles et centres de F.P. public et privés
|
|
Entreprises et Ministères de tutelle
|
|
|
|
|
46
I.3.3. L'analyse des rapports de l'AGEFOP avec les
secteurs professionnel et académique
I.3.3.1. L'analyse des rapports avec le secteur
professionnel.
· Avec les cabinets de formation
Les rapports de l'AGEFOP avec les cabinets sont pratiquement
inexistants. L'agence ne dispose pas de liste exhaustive de cabinets de
formation professionnelle intervenant sur le territoire ivoirien. Les rapports
sont plus étroits avec le FDFP qui détient le renouvellement
annuel de l'agrément des différents cabinets. Pour ces cabinets,
la tendance est à la concurrence dans l'appréhension de la
présence de l'agence dans le secteur de la formation professionnelle.
· Avec les chambres consulaires et les organisations
professionnelles
Avec les chambres consulaires, la CGECI, la FI-PME/PMI et la
FNCFP, il n'existe pas de rapport de collaboration particulier. La CGECI, par
exemple, fait partie du Comité de Gestion de l'AGEFOP mais ne prend plus
part à ce comité depuis 2002. L'unique cadre de rencontre est la
participation des différentes entités (en dehors de la FNCFP)
à la PFS. Il n'y a pas de synergie chaque organisation étant
focalisée sur ses objectifs qui sont pour la plupart divergents.
I.3.3.2. L'analyse des rapports avec le secteur
académique.
· Avec les Grandes Ecoles
Ies résultats n'indiquent aucun rapport de quelque
nature que ce soit entre l'AGEFOP et les Grandes Ecoles, qu'elles soient
publiques ou privées, pour une raison majeure. Les Grandes Ecoles
réalisent des formations diplômantes de longues durées
contrairement à l'AGEFOP qui, dans le volet formation de ses missions,
assure des formations qualifiantes de courtes durées. Les
caractéristiques des populations cibles sont par conséquent
très distinctes.
Sur le plan administratif, ces écoles sont sous la
tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique alors que l'agence relève du METFP.
47
· Avec les Centres de Formation Professionnelle.
En dehors des centres qui dépendent directement de
l'agence, les centres de formation professionnelle sont pour la plupart sous
l'autorité directe des entreprises et des ministères techniques
desquels ils dépendent. Le contrôle de leurs programmes et modules
de formation échappent donc à l'autorité de l'agence qui
n'a aucun moyen légal, technique ni académique d'en
évaluer l'adéquation avec les emplois sur le marché du
travail. La question se pose surtout pour les personnes qui n'ont pas
l'opportunité d'être formées dans ces centres
spécialisés des entreprises et ministères et qui toutefois
souhaitent être formées dans un secteur d'activité
donné.
Il peut être retenu en définitive que l'AGEFOP
n'entretient aucun rapport significatif avec l'ensemble des acteurs de la
formation professionnelle. Ces rapports sont d'autant importants qu'ils
touchent des acteurs qui jouent un rôle majeur chacun dans sa position
respective. La question est de savoir si ces rapports s'imposent vraiment ou
pas. Pour le savoir, nous devons tenter de répondre aux questions
suivantes : l'agence peut-elle réellement jouer son rôle de
développement de la formation professionnelle dans toute sa dimension si
:
- elle ignore les desiderata des entreprises en ce qui concerne
le profil des compétences requises par elles ?
- elle n'a aucun lien avec les cabinets de formation
professionnelle censés oeuvrer pour le renforcement des capacités
des ressources humaines des entreprises ?
- elle ignore le contenu des programmes et modules de formation,
que cette formation
soit diplômante ou qualifiante, au niveau des Grandes
Ecoles et des centres de F.P.? - elle ne couvre pas la formation sous toutes
ses formes, c'est-à-dire, diplômante,
qualifiante, par alternance, par apprentissage, continue ?
48
CHAPITRE II : LES ENJEUX ET PERSPECTIVES
La mention de la formation professionnelle dans la loi
fondamentale de la Côte d'Ivoire instruit suffisamment sur l'importance
de la question. En effet, la question est d'autant importante qu'elle touche
les ressources humaines qui sont au niveau des entreprises les plus importants
facteurs de production et au niveau de l'Etat, des acteurs de
développement. Il faut donc voir au-delà de la simple question de
formation, les objectifs économiques et les objectifs de
développement à atteindre. C'est dire combien les enjeux
liés à la gestion de la formation professionnelle sont
importants. Il faut pouvoir identifier ces enjeux ainsi que les perspectives
qui en découlent.
II.1. LES ENJEUX
Ces enjeux peuvent être relevés aux niveaux
scientifique, politique, économique et social.
II.1.1. Sur le plan scientifique
Dans les actes du séminaire organisé à
Grand-Bassam sur le bilan de la politique de dynamisation de l'AGEFOP,
l'intention affichée est sans équivoque, elle porte sur la
volonté pour l'agence de donner des réponses claires «
à des exigences nouvelles que traduisent le nouveau contexte et les
nouveaux défis...à relever tant au plan national,
sous-régional qu'international.1 ». Cette intention
exprimée implique nécessairement la structuration de l'agence en
un véritable creuset de compétences transversales à
même de relever les défis de tous ordres qui se poseraient
à elle, d'où « la mise en formation des agents du DIF
à la méthodologie d'élaboration des programmes, de modules
et de contenus de formation professionnelle et la réhabilitation de
l'ancien bâtiment qui doit servir de point d'ancrage à toutes les
innovations en matière d'ingénierie, d'entreprenariat et de
formation professionnelle sur mesure.2 ». L'AGEFOP doit par
conséquent faire preuve d'une rigueur et d'un doigté qui feront
d'elle un cabinet d'ingénierie de référence scientifique
dans le domaine de la formation professionnelle.
L'enjeu à ce niveau est donc énorme car il fait
référence à un label, à une démarche
qualité qui ne doit souffrir d'aucune insuffisance eu égard
à l'ambition de l'agence de tenir les défis qui transcendent
l'espace national voire sous-régional. Les différents Prix
Qualité déjà remportés par l'agence ainsi que les
sollicitations variées dont elle est l'objet dans le cadre de
1 Actes du séminaire du 23-25 Janvier 200,
p.21, extrait du discours d'ouverture du DG de l'AGEFOP.
2 Actes du séminaire du 23-25 Janvier 200,
p.22, extrait du discours d'ouverture du DG de l'AGEFOP.
49
la mise en oeuvre de projets de formation liés au
processus de sortie de crise l'y contraignent d'ailleurs.
Le gain de ce pari fera aussi de l'agence un outil de
coopération scientifique pour l'Etat de Côte d'Ivoire à
l'heure où l'option de la coopération Sud Sud à la faveur
de la mondialisation est faite par l'exécutif ivoirien.
II.1.2. Sur le plan politique
Au niveau où elle se situe dans le dispositif de la
formation professionnelle, l'AGEFOP est porteuse d'un aspect important de la
politique de développement de la Côte d'Ivoire. Il s'agit de la
lutte contre la pauvreté par le développement du capital humain.
La tâche est d'autant immense que le tableau dressé sur le
chapitre de l'Education/Formation/Alphabétisation dans le Document final
de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
élaboré en Septembre 2009 est assez sombre. En ce qui concerne
particulièrement le secteur de l'enseignement technique et de la
formation professionnelle, les difficultés identifiées vont de
l'insuffisance des infrastructures, des personnels formateurs et encadreurs
à la mauvaise répartition du peu d'infrastructures existant.
L'agence apparaît donc comme un outil essentiel de
développement pour la mise en oeuvre de la politique de lutte contre la
pauvreté. Par ses actions, elle fournira ainsi des indicateurs
importants pour l'orientation de la politique générale du
développement humain et de lutte contre la pauvreté de la
Côte d'Ivoire.
II.1.3. Sur le plan économique
La formation professionnelle revêt une dimension
économique indéniable en ce sens qu'elle constitue le moyen
sûr par lequel les entreprises et organisations
régénèrent leurs plus importants moyens de production que
sont les ressources humaines. Ces ressources humaines des entreprises
étalées à l'échelle de tout l'Etat renvoie aux
différentes forces vives potentiellement ou effectivement productrices
de richesses, ce qui fait d'elles des acteurs importants de
développement.
L'AGEFOP ayant en charge la formation de ces forces vives,
c'est-à-dire le renforcement de leurs capacités, son rôle
est déterminant car il vient en amont de leur performance, leur
compétitivité et leur productivité, atouts qui
favoriseront la croissance économique de la Côte d'Ivoire.
Aussi insoupçonné que cela puisse
paraître, le rôle de l'agence est à chaque niveau du tissu
socioéconomique ce qu'est le ferment dans la production de certains
aliments. Il fournit
50
les enzymes incubateurs du changement dans le processus de
maturation d'un organisme. L'on dira plus simplement que l'AGEFOP par son
rôle fournit à l'Etat les facteurs susceptibles de booster son
développement économique.
Il n'est donc pas exagéré de dire que le
rôle de l'AGEFOP compte pour beaucoup et est même indispensable
dans le développement de la Côte d'Ivoire.
II.1.4. Sur le plan social
Outre les ressources humaines des entreprises du secteur
formel, une importante partie des populations cibles de l'AGEFOP est
constituée des personnes individuelles, de groupes sociaux tels les
handicapés, les jeunes déscolarisés, les femmes, les
retraités ainsi que l'ensemble des groupes socioprofessionnels du
secteur informel. Les caractéristiques de ces populations cibles
traduisent bien la portée sociale de l'action de l'agence.
A ces populations cibles il faut désormais
intégrer celles concernées par les différents programmes
de sortie de crise à savoir les ex-combattants, les groupes
d'autodéfense à travers le Programme de Service Civique National
(PSCN) initié par Son Excellence Monsieur le Président de la
République dans sa proposition du dialogue direct comme l'une des
solutions à la question de désoeuvrement des jeunes et le
Programme National de Démobilisation, Désarmement et
Réinsertion (PNDDR).
Vu la proportion des jeunes parmi ces populations cibles et
sachant que la population ivoirienne est majoritairement constituée de
la jeunesse (70%), la réponse aux problèmes de ces populations
dans leur ensemble par la formation, donne à l'AGEFOP de jouer un
rôle régulateur et stabilisateur de paix sociale. C'est donc
à juste titre que nous pouvons avancer avec Philip Bloch,
Conférencier, Chroniqueur et Animateur international que « investir
dans la formation, c'est conjuguer au présent mais aussi au futur le
souci des hommes et le souci des résultats1. ». Il est
important par conséquent de renforcer les moyens d'action de l'agence
afin d'assurer efficacement ce rôle qui est le sien.
II.2. PERSPECTIVES
Avec la modicité de ses moyens, un environnement
externe relativement défavorable, quelles perspectives s'offrent
à l'AGEFOP pour tenir les enjeux identifiés qui transcendent les
limites du secteur de la formation professionnelle?
1 Philip Bloch, Service Compris, Edition
Marabout, 1986
51
Nous pensons que les leviers d'une évolution positive
de son rôle existent encore et s'ils sont actionnés, permettront
d'aller vers un dispositif de formation professionnelle dynamique où la
conjugaison des rôles des différents acteurs permettra d'atteindre
l'objectif global du développement humain et de lutte contre la
pauvreté en Côte d'Ivoire.
Comment actionner ces leviers du changement ? Cela ne saurait
être sans une volonté politique soutenue, en dotant chaque
organisme public, notamment l'AGEFOP de moyens adéquats pour une mise en
oeuvre efficiente et optimale de sa mission. Ainsi, l'on pourra avoir un
dispositif de formation professionnel performant.
L'atteinte de ces objectifs passe aussi par la mise en place
d'un cadre de collaboration entre les différents organes du dispositif
de la formation professionnelle à l'intérieur duquel les rapports
entre l'AGEFOP et les autres organes se présenteront selon les figures
suivantes.
Figure 12 : Modélisation des rapports attendus
AGEFOP-AGEPE
ENTREPRISES ET MARCHE DE L'EMPLOI
|
|
AGEPE
|
|
AGEFOP
|
|
|
|
|
|
|
|
-Prospecte les
filières porteuses
|
|
|
|
-Enregistre et recense les demandes
d'emploi, de stage
|
|
|
|
|
|
|
Observation : L'AGEPE agit en amont de
l'action de l'AGEFOP. Par le lien étroit qu'elle entretient avec le
marché du travail, elle suit l'évolution des métiers et
caractérise le profil des compétences exigées par les
entreprises ou le marché de l'auto-emploi.
C'est sur la base des résultats des études
menées que l'AGEFOP peut à son tour élaborer les produits
de formation nécessaires pour l'adaptation aux postes des demandeurs
d'emploi.
52
L'AGEPE doit par conséquent être en situation de
veille constante et renforcer sa communication avec l'AGEFOP dans le cadre du
dispositif.
Toutefois, l'AGEFOP peut solliciter une étude
près de l'AGEPE pour cadrer son action
Figure 13 : Modélisation des rapports attendus
AGEFOP-FDFP
Entreprises publiques et privées :
-Payent la T.A. et la TFPC (0,6% de leur masse salariale)
-Sélectionnent les Cabinets pouvant assurer leurs
formations par appels d'offres
Versent la TA et la TFPC
Sollicitent le financement de la formation de leurs RH
-Gère les TA et les TFPC -Agrée les cabinets de
formation. -Sélectionne les formations à financer
conformément aux besoins des entreprises -Sélectionne les
cabinets agréés pour assurer les formations.
FDFP
Transmet les produits de formations disponibles
Finance les formations des entreprises et des personnes
-Elabore les référentiels formation/emploi
-Conçoit les modules de formation
- Réalise les formations des différentes
populations cibles
AGEFOP
Observation : L'AGEFOP dispose de
différents produits de formation (un catalogue de
référentiels et modules) déjà
élaborés à partir des résultats des études
de terrain menées par l'AGEPE. Ce sont ces produits qu'elle met à
la disposition du FDFP qui sélectionne ceux des produits de formation
qui rentrent dans le plan de développement des entreprises qui
sollicitent la ou les formations. Toutefois, l'AGEFOP peut aussi
exécuter ces formations tout comme les Cabinets de formation
professionnelle.
53
-Entreprises -Marché de
l'emploi-Cabinets de FP
-Collectivités décentralisées
-Groupements socio
professionnels -Personnes individuelles -Porteurs de projets
générateurs de revenus
8
6
1
AGEPE
FDFP
FNS
4
7
3
5
2
AGEFOP
Figure 14 : Modélisation des rapports attendus
AGEFOP-FNS
Public cible Personnes et groupes de personnes physiques
et morales
|
|
FNS
|
|
AGEFOP
|
|
-Reçoit, analyse et sélectionne les projets
prometteurs
-Finance les formations des auteurs des projets retenus
|
|
-Reçoit les demandes de formations des
propriétaires des projets retenus
-Assure la formation
|
|
|
|
|
|
|
|
Observation : L'AGEFOP agit dans ce
processus comme un cabinet de formation. Elle a avec le FNS, le même type
de relation que les autres Cabinets, Centres et Ecoles de formation
professionnelle ont avec le FNS.
Figure 15 : Modélisation des rapports attendus au sein du
dispositif de la PFS
54
Observation :
· AGEPE - Entreprises/Marché du
travail
Les rapports de l'AGEPE avec les entreprises portent sur
l'identification des métiers et leurs évolutions possibles, la
définition des profils de compétences recherchés par les
entreprises. Il y a ensuite les rapports avec les demandeurs d'emplois, de
stages etc.
· AGEPE - AGEFOP
L'AGEPE met à la disposition de l'AGEFOP les
résultats de ses études prospectives portant sur les emplois et
métiers disponibles et/ou recherchés, la description des profils
de compétences exigées par le marché du travail afin
d'élaborer les différents types de référentiels,
les programmes et les contenus des modules de formation.
· FDFP - AGEFOP
Le FDFP, après avoir reçu les demandes de
financements de formations ainsi que les plans de formation des entreprises,
commande avec l'AGEFOP les produits formation disponibles qui cadrent avec les
plans d'évolution des entreprises.
· Entreprises/Marché du travail/Cabinets et
Centres de F.P. - AGEFOP Les entreprises peuvent directement
s'adresser à l'AGEFOP pour exécuter leurs formations ou passer
des commandes de produits d'ingénierie tels les REAC.
Les personnes ou groupes de personnes physiques ou morales
peuvent également solliciter des formations auprès de
l'AGEFOP.
Les cabinets de FP collaborent avec l'AGEFOP dans
l'exécution des formations si nécessaire par le partenariat ou la
sous-traitance.
· FNS - AGEFOP
Les personnes ou groupes de personnes porteurs de projets
générateurs de revenus sélectionnés par le FNS sont
adressés à l'AGEFOP pour leurs formations en gestion avant leur
insertion dans le tissu socioprofessionnel.
55
· FDFP - Cabinets de
formation/Entreprises/Marché du travail
Les entreprises versent la T.A. et la T.F.P.C. au FDFP qui en
assure la gestion pour le financement des formations des ressources humaines
des entreprises qui cotisent et celui des études. Les cabinets de
formation sollicitent l'agrément du FDFP qui y répond sur la base
de critères définis et connus.
· FDFP - AGEPE
L'une des missions de l'AGEPE est la conduite d'études
sur des filières porteuses d'emplois. Le FDFP est attendu pour le
financement de ces études parallèlement aux initiatives du
même genre qu'il peut prendre à son niveau.
· FNS - AGEPE
Le FNS étant chargé du financement de projets
générateurs de revenus et donc d'insertion devrait être en
étroite collaboration avec l'AGEPE dont l'une des missions principales
est justement l'insertion des populations formées.
· FNS - Marché du travail
Des personnes individuelles ou groupes de personnes physiques ou
morales, porteurs de projets générateurs de revenus sollicitent
le FNS pour le financement de leurs projets. Ces projets sont
sélectionnés et leurs porteurs adressés à l'AGEFOP
pour leur formation en gestion.
Ce n'est que dans un tel environnement que l'AGEFOP peut
réellement entamer son positionnement comme le Cabinet
d'ingénierie de l'Etat de Côte d'Ivoire
II.2.1. Le positionnement de l'AGEFOP
La perspective sur ce plan est prometteuse. Les Prix
Qualité-or et Qualité-platine du BID remportés par
l'agence respectivement en 2004 à Genève et en 2006 à
New-York sont des indicateurs de sa performance. Toutefois, d'importants
efforts restent à fournir afin de planifier ce positionnement dans
l'espace et le temps. En se référant à l'ambition qui est
la sienne mais surtout aux enjeux liés à sa mission, l'agence se
doit d'intégrer l'atteinte de cet
56
objectif parmi ses priorités. Ce positionnement doit
s'opérer sur les plans national, sousrégional et
international.
II.2.1.1. Sur le plan national
Au regard des résultats de l'enquête, la
couverture du territoire national, l'investissement des différents
secteurs d'activité (primaire, secondaire et tertiaire) et la
coopération avec les autres acteurs du secteur de la formation
professionnelle que sont les chambres de métiers, d'industrie et de
commerce, les cabinets, les centres et écoles de formation
professionnelle constituent des défis majeurs à relever. Ce n'est
que quand l'AGEFOP aura marqué non seulement de sa présence
physique mais aussi de son expertise les différents compartiments de
toute question ayant trait à la formation professionnelle que son
positionnement se réalisera de facto.
La tâche est immense car elle requiert de lourds
investissements afin de conférer à l'agence la stature
nécessaire à l'accomplissement de sa mission. Le temps sera donc
un partenaire avec lequel il faudra forcement compter pour la planification
à court, moyen et long termes des actions à mener pour catalyser
le processus de positionnement de l'agence sur l'échiquier national.
II.2.1.2. Sur le plan sous-régional
La politique d'intégration initiée par les
différents pays de la Communauté Economique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pourrait offrir à l'outil de
développement que représente l'AGEFOP, l'opportunité de se
lancer à la conquête de l'espace sous-régional.
Outre les domaines sensibles, notamment ceux liés aux
questions de sûreté nationale, cette politique
d'intégration, quoique timide, connaît un début de
concrétisation dans d'autres domaines tels les domaines
économique, sportif etc. Ces domaines regorgeant de forces vives
variées, il existe dans la plupart de ces Etats soit des
ministères de la formation professionnelle, soit des structures de
développement de la formation professionnelle à l'image de
l'AGEFOP pour l'encadrement de ces forces vives. La coopération entre
ces différentes structures d'encadrement susmentionnées pourrait
offrir à l'AGEFOP une plate-forme pour faire valoir son savoir-faire.
Pour y parvenir, il est évident que c'est le travail
accompli sur le plan national qui témoignera du label AGEFOP pour son
positionnement dans cet espace sous-régional.
57
II.2.1.3. Sur le plan international
Ici, la mondialisation, conséquence des mutations
technologiques opérées dans le domaine professionnel donne
à l'agence de présenter son savoir-faire sur le marché
international tout en cherchant à renforcer ses capacités
à travers des partenariats avec des structures et autres institutions
oeuvrant dans le domaine de la formation professionnelle.
L'apport de l'AGEFOP résidera à ce niveau dans
l'originalité de l'approche qu'elle aura des questions liées
à la formation professionnelle qui se posent à elle sur le
territoire ivoirien. Les échanges qu'elle aura sur son expérience
avec ses partenaires permettront de diffuser le `label AGEFOP' et de gagner en
notoriété.
58
CHAPITRE III RECOMMANDATIONS
Au regard du diagnostic situationnel qui est fait du
fonctionnement de l'AGEFOP en interne et en externe, du rapport qu'elle a avec
les autres acteurs du dispositif de la formation professionnelle, nous faisons
des recommandations suivantes.
III.1. AU NIVEAU DE L'ENVIRONNEMENT INTERNE
Des dispositions particulières doivent être prises
sur le triptyque plan institutionnel, organisationnel et technique afin
d'optimiser le fonctionnement de l'agence.
III.1.1. Sur le plan institutionnel
La mission que l'agence a à mettre en oeuvre la place
inexorablement dans une position telle qu'elle ne peut que jouer un rôle
central dans les différents types de rapports qu'elle a ou devrait avoir
avec les autres acteurs et partenaires du secteur de la formation
professionnelle (voir figure 4, Modélisation du dispositif de la
F.P.).
Ce rôle la met dans une position transversale par
rapport à tous les emplois du secteur Education-Formation de sorte que
ses actions et initiatives ne peuvent qu'être limitées si sur le
plan institutionnel elle n'a aucun rapport avec chacun des ministères
tels :
- Le Ministère de l'Education Nationale (MEN);
- Le Ministère de l'Enseignement Technique et de la
Formation Professionnelle (METFP) ;
- Le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique (MESRS) ; - Le Ministère de la Jeunesse, du Sport
et des Loisirs (MJSL).
A titre d'exemples, (nous en donnerons deux (02)), les grandes
écoles formant aux diplômes de BTS, forment des
diplômés qui sont supposés être opérationnels
pour les entreprises au terme de leur formation. Ces écoles sont sous la
tutelle du MESRS et n'ont ni de fait ni de forme aucune collaboration avec
l'AGEFOP qui est censée instruire sur les contenus des programmes et
modules de formation conformément au souci de l'adéquation
formation-emploi exigée par les entreprises qui définissent le
profil des compétences dont elles ont besoin. Afin de combler ce «
vide », il serait utile de redéfinir le statut de l'agence, statut
qui ferait d'elle un partenaire ou interlocuteur privilégié et du
MESRS et de l'ensemble des grandes écoles pour renforcer la
précision de la réponse à donner à la demande
sociale (la demande des entreprises et des populations à former).
L'exemple suivant serait pour le gouvernement, notamment le MEN,
d'intégrer un volet de la Formation par Apprentissage ou par Alternance
au système éducatif ivoirien de sorte que non seulement les
compétences
59
soient décelées tôt chez les apprenants mais
aussi leur permettre d'être opérationnels dès leur sortie
du système éducatif, quelle qu'en soit la forme.
Il s'agira donc, après avoir défini le champ
d'action réel de l'agence, d'identifier tous ceux qui peuvent agir comme
ses partenaires et autres acteurs du secteur de la Formation Professionnelle
afin de trouver un contenu institutionnel à leur collaboration.
III.1.2. Sur le plan organisationnel
Comment s'organiser pour répondre efficacement aussi bien
à la commande politique qu'à la demande sociale ?
Par souci d'efficacité, l'agence devrait
procéder à son propre découpage territorial du pays par
rapport aux potentialités démographiques et économiques
qu'offre chaque région. Son implantation se ferait par
décentralisation et déconcentration avec un transfert réel
des compétences aux représentations régionales. Cette
organisation permettra à l'agence de couvrir de façon rationnelle
tout le territoire ivoirien avec pour but de procéder à une
utilisation optimale des compétences selon les opportunités de
développement offertes par région.
Ainsi, la zone forestière, la zone de savane, la zone
côtière, la zone urbaine et rurale pour ne citer que
celles-là se verront affectées des compétences
susceptibles d'optimiser l'exploitation des opportunités de
développement propres à elles. Ces compétences seront
constituées pour les agents d'exécution, de personnes ayant
reçu des formations qualifiantes et pour les agents d'encadrement, de
personnes ayant reçu des formations diplômantes.
III.1.3. Sur le plan technique
L'AGEFOP devrait pouvoir servir non seulement d'un outil
d'évaluation de la qualité pour tous les acteurs du secteur de la
formation professionnelle en Côte d'Ivoire mais aussi d'un instrument de
coopération technique entre la Côte d'Ivoire et les autres pays du
Sud. Pour ce faire, elle doit être dotée d'un plateau technique de
premier ordre.
D'abord au niveau de la richesse en ressources humaines,
l'ingénierie est présente dans tous les domaines de connaissance,
aussi convient-il d'élargir l'éventail des compétences
disponibles en engageant les spécialistes des emplois dominant le
marché du travail.
Ensuite au niveau matériel, l'Etat doit relever le
niveau technologique des outils de travail en équipant l'agence de
matériels de pointe susceptibles de soutenir ses études et
actions d'anticipation en ce qui concerne les probables évolutions de
certains métiers.
60
III.2. AU NIVEAU DE L'ENVIRONNEMENT EXTERNE
Une solide structuration interne bien qu'importante ne suffit
pas à disposer l'AGEFOP à une forte performance. Avec ces moyens
adéquats, la nécessité d'un environnement externe
favorable à la mise en oeuvre de sa mission est plus qu'indispensable.
Il s'agit précisément de la structuration d'un environnement
externe offrant non seulement une claire et nette lisibilité des
rôles de chacun des acteurs du secteur de la formation professionnelle
mais aussi la possibilité pour ces différents acteurs de
fédérer et intégrer leurs compétences
spécifiques pour un réel développement de la formation
professionnelle.
III.2.1. La définition d'un cadre de
collaboration
L'intervention des pouvoirs publics s'impose pour la
définition d'un cadre de collaboration entre le Cabinet
d'Ingénierie de l'Etat de Côte d'Ivoire qu'est l'AGEFOP et les
autres organismes publics oeuvrant pour l'action commune d'une part, ensuite
entre l'AGEFOP et tous les autres acteurs et partenaires du secteur que sont
les cabinets, centres et écoles de formation professionnelle d'autre
part.
III.2.1.1. Au sein du dispositif de la formation
professionnelle
Au regard des conditions de leur création (suite
à la léthargie dans laquelle se trouvait l'ONFP) et des missions
respectives qui sont les leurs, tout semblait prédisposer les
différents services publics que sont l'AGEPE, le FDFP et l'AGEFOP
à une collaboration `naturelle' pour un succès
de l'action commune en faveur du développement de la formation
professionnelle. Et pourtant, c'est le manque de dynamique dans leur relation
qui conduit à la mise en place de la Plate-forme de Service à
laquelle est intégré un quatrième service public qu'est le
Fonds National de Solidarité (le FNS). Mais la question de la
personnalité juridique de cette dernière structure surgit
aussitôt après sa phase expérimentale. Interviendra-t-elle
comme une cinquième structure ? Offre-t-elle simplement le cadre de
collaboration entre ces différents services publics ?
Nous pensons que la mise en place ou la réactivation
(s'il en existait avant) d'un cadre de collaboration précis s'impose,
cadre qui, en dehors de la PFS, favorisera une bonne communication et une bonne
coordination des actions entre les différentes structures du dispositif
de la formation professionnelle. Nous proposons à cet effet :
- Que la Plate-forme de Service (PFS) soit l'organe
d'exécution des actions communes définies dans le cadre de cette
collaboration, action qu'elle exécutera sous la forme de projets ;
61
- Que l'AGEPE obtienne un financement additionnel du FDFP pour
les études à réaliser, puis qu'elle mette les
résultats de ces études automatiquement à la disposition
de l'AGEFOP qui s'en inspirera pour faire l'ingénierie des emplois
courants ou à venir.
- Que l'AGEFOP obtienne du FDFP un financement additionnel
pour l'élaboration des produits de formation tels les
référentiels métiers, le répertoire
opérationnel des emplois et métiers (le ROME) etc.
- Qu'elle mette à son tour ses produits
d'ingénierie (une sorte de catalogue de référentiels
formations) à la disposition du FDFP pour le besoin des entreprises
sollicitant le financement de formation intégrant leurs
stratégies de développement.
Cela implique qu'en amont, ces structures sont dotées
des moyens conséquents pour la réalisation de leurs missions
respectives. L'AGEPE ne pouvant, par exemple, reposer exclusivement sur le
financement du FDFP pour ses études, l'Etat doit à son niveau
s'assurer que chaque service public étant avant tout orienté vers
une spécialisation, que les moyens de son autonomie lui soient
octroyés.
III.2.1.2. Avec les cabinets et organisations du secteur
professionnel
- Nous souscrivons entièrement à l'intention
exprimée dans les Actes du séminaire bilan du 23 au 25 Janvier
2007 relative au recensement de tous les cabinets de formation professionnelle
ainsi que des compétences employées sur toute l'étendue du
territoire national afin d'identifier sur le plan national les types de
compétences disponibles ;
- Réactiver et maintenir la coopération avec la
CGECI à travers le Comité de Gestion de l'agence, la FI-PME/PMI
afin de s'assurer de la prise en charge de leurs soucis liés aux
mutations et évolutions probables que peuvent connaître certains
métiers sur le marché du travail ; instaurer une
coopération avec les autres organisations telles les chambres
consulaires.
62
- En dehors des financements externes l'AGEFOP devrait
bénéficier de ressources financières directement des
entreprises (écoles et centres de formation privés compris) pour
le financement de ses travaux d'ingénierie car les résultats de
ses travaux sont pour le renforcement des performances de ces entreprises.
III.2.1.3. Avec les acteurs du secteur
académique
- L'institution d'une instance tripartite dans laquelle se
retrouveraient des organisations telles la Confédération
Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI) et les
chambres professionnelles au niveau de leurs volets consulaires, une
représentation des écoles et centres faisant la formation
qualifiante et ou diplômante du public comme du privé et l'AGEFOP
pour la définition des indicateurs pouvant aider à
l'élaboration des programmes et contenus des modules de formation.
- L'AGEFOP devrait étendre l'éventail de ses
compétences à la formation diplômante car oeuvrant pour la
formation professionnelle, il devrait relever de sa compétence de
s'assurer que les apprenants, quel que soit le type de formation dont ils
bénéficient, seront vraiment opérationnels pour l'ensemble
du tissu socioprofessionnel dans lequel ils devront être
insérés.
63
CONCLUSION
Ce travail de recherche que nous avons réalisé sous
la direction de notre encadreur nous a permis de nous enrichir à plus
d'un titre.
D'abord du point de vue scientifique, ce travail d'analyse
nous a permis à travers les concepts de la systémique et du
système d'action concret (SAC) de mieux appréhender la
complexité qui caractérise les rapports sociaux, les contingences
auxquelles ils sont soumis, leurs modes de régulation, l'influence des
actions des uns sur celles des autres, tous ces facteurs pouvant conduire au
détournement des objectifs de l'action collective vers ceux
d'intérêts particuliers.
Ensuite sur le plan relationnel, nous pouvons nous honorer des
opportunités à nous offertes par cette étude de rencontrer
des personnes de cultures et de personnalités tout aussi diverses
qu'enrichissantes. Les échanges lors des entretiens eus avec ces
personnes ressources nous ont permis quand cela était nécessaire,
de prendre en compte des aspects de notre réflexion dont la pertinence
ne nous paraissait pas évidente au départ ou de
reconsidérer ceux que nous pensions importants.
Un autre gain à notre avantage est le vécu
empirique du quotidien professionnel des personnes ressources vers qui ce
travail de recherche nous a conduit. Nous avons été témoin
des difficultés qui sont les leurs et l'ingéniosité mise
en oeuvre pour les surmonter.
Au total, nous pouvons affirmer que l'Agence nationale de la
Formation Professionnelle (AGEFOP) est un `instrument' plus qu'important pour
le développement global de la Côte d'Ivoire. Et son équipe
managériale, à travers la Direction Générale
actuelle, l'a si bien compris que les actions initiées par elle, vont
dans le sens de son positionnement en tant que Cabinet d'Ingénierie de
l'Etat. Mais ses actions requièrent un appui au plan institutionnel,
matériel et financier pour non seulement renforcer son autorité
dans le secteur de la formation professionnelle mais aussi en faire un autre
pôle d'intelligences constructives à l'image du Bureau National
d'Etudes Techniques et de Développement (BNETD).
De façon générale, l'ensemble du
dispositif de la formation professionnelle regroupant le FDFP, l'AGEPE, le FNS
et l'AGEFOP devrait avoir un organe de coordination et de régulation de
ses actions afin de le rendre plus performant pour le développement de
la Côte d'Ivoire.
64
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
OUVRAGES
1- ARDOUIN Thierry, LACAILLE
Sylvain, L'Audit de la formation, Dunod, Paris, 2007, 229p.
2-BERIOT Dominique, Manager par
l'approche systémique, Eyrolles, Editions d'Organisation, 2006, 339p.
3- CAMPENHOUDT (L. V.), QUIVY Raymond, Manuel
de recherches en sciences sociales, 3ème Edition, Dunod,
Paris, 2006, 256p.
4- CROZIER Michel et FRIEDBERG Erhard, l'Acteur
et le système, Paris, Le Seuil, 1977.
5- GRAWITZ M., Lexique des sciences sociales,
Dalloz, Paris, 1986, 381p.
6- LAFAYE Claudette, Sociologie des
organisations, Armand Collin, 2007, 128p.
7- Le DSRP - Côte d'Ivoire, version de Septembre 2009.
8- Le Moigne, J.L. (1977). La théorie du
système général, Théorie de la modélisation,
Paris: Col., Systèmes-Décisions, Presses Universitaires de
France.
9- LEVY Le Boyer C., La gestion des
compétences, Editions d'organisation, 7ème tirage,
Paris, 2004, 163p.
10- MERTON K. Robert, Bureaucratic Structure
and Personality, Social Forces, XVIII, 1940
11- PAPIN Robert, L'Art de Diriger, Dunod,
Paris, 2008, 448p.
12- Rosnay J. De, Le macroscope : vers une
vision globale, Paris, Seuil, 1975
13- SIMON Herbert A., Sciences des
systèmes, sciences de l'artificiel, Dunod, 1991, 229p.
14- SONNTAG Michel, Développer et
intégrer la Formation en Entreprise, Editions Liaisons, 1994, 210p.
15- WEBER Max, (1860-1920), Economie et
société, Paris, Plon, 1977.
MEMOIRES
Baowendemalgré Alice OUEDRAOGO/CAMBOIGO, « Diagnostic
de la gestion de la formation à la CNCAS ».
65
ARTICLES
-EDUCATECHNOLOGIQUES (Vol.1-N°1 Fév. 1993): Les
fondements de la technologie éducative, Jacques Lapointe, L'approche
systémique et la technologie de l'éducation
COURS
-Analyse des entreprises, des organisations et GRH, Cours
Kèba DIALLO, Professeur associé, CESAG/ILIF/IGF, Décembre
2008.
-Cours complet en Ingénierie et Gestion de la Formation
CESAG/Promotion 2009. -Méthodologie de la recherche, Cours Ndiaga SAMB,
CESAG/ILIF/IGF, Février 2009. -Pédagogie, Education, Formation,
Cours Adama G. SENE, CESAG/ILIF/IGF, Décembre 2009
-Yann ATTAL, DESS 202, Université Paris- Dauphine, COURS
de M. Yvon PESQUEUX "Contrôle des Connaissances" ;
SITES WEB
http://www.agefop.ci/
http://www.agepe.ci/
http://www.fdfp.ci/
http://www.sites.fse.ulaval.ca/reveduc/html/vol1/vol1_no1.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Approche_syst%C3%A9mique
http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/crozier_fried.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_C%C3%B4te_d%27Ivoire#ancrage_1
http://www.google.ci
66
TABLE DES MATIERES PAGES
PAGE DE GARDE i
DEDICACES .ii
REMERCIEMENTS .iii
LISTE DES ABREVIATIONS ..v
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES vii
INTRODUCTION 1
1ère PARTIE : PRESENTATION DE L'ETUDE, CADRE
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE .....3
CHAPITRE I : PRESENTATION DE L'ETUDE 4
I.1. CONTEXTE .4
I.2. OBJET ET INTERET DE L'ETUDE 6
I.2.1. Objet de l'étude 6
I.2.2. Intérêt de l'étude 6
I.3. DELIMITATION DE L'ETUDE 7
I.3.1. Délimitation géographique 7
I.3.2. Délimitation sociologique 7
I.3.3. Délimitation thématique 8
I.4. OBJECTIFS DE L'ETUDE 8
I.4.1.. Objectif général 8
I.4.2. Objectifs spécifiques 8
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
9
II.1. CADRE THEORIQUE ..9
II.1.1. Revue de littérature 9
II.1.2. La systémique 11
II.1.2.1. Définition du concept 11
II.1.2.2. Origine du concept 12
II.1.2.3. Evolution du concept 13
67
II.1.3. Problématique et hypothèses
|
14
|
II.1.3.1. Problématique
|
14
|
II.1.3.2. Hypothèses
|
16
|
II.1.4. Définition des concepts
|
16
|
II.1.5. Définition des indicateurs
|
20
|
II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
|
22
|
II.2.1. Méthode d'analyse qualitative
|
.22
|
II.2.2. Les techniques de collecte de données
|
.22
|
II.2.2.1. L'observation
|
23
|
II.2.2.2. La recherche documentaire
|
23
|
II.2.2.3. L'échantillonnage
|
23
|
II.2.2.4. L'enquête
|
23
|
CHAPITRE III : PRESENTATION DE L'AGEFOP ET PLAN DE
L'ETUDE
|
25
|
III.1. PRESENTATION DE l'AGEFOP
|
25
|
III.1.1 Cadre institutionnel
|
25
|
III.1.2. Organisation et missions
|
25
|
III.1.2.1. Organisation .
|
25
|
III.1.2.2. Missions
|
27
|
III.1.2.2.1. Les missions du FDFP, de l'AGEPE et du FNS .
|
27
|
III.1.2.2.2. La Plate-forme de Service
|
29
|
III.1.2.2.3. Les engagements au sein de la PFS
|
29
|
68
2ème PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS,
ENJEUX ET PERSPECTIVES .
|
32
|
CHAPITRE I : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
|
33
|
I.1. HYPOTHESE 1 : DE L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES
|
|
DE L'AGEFOP ET DE LA PORTEE DE SON ACTION
|
.33
|
I.1.1. Les ressources humaines
|
33
|
I.1.2. Les ressources matérielles
|
34
|
I.1.3. Les ressources techniques
|
34
|
I.1.4. L'analyse des ressources et de la portée de
l'action de l'AGEFOP
|
..35
|
I.2. HYPOTHESE 2 : DE LA COORDINATION DES ACTIONS ENTRE
|
|
L'AGEFOP, LE FDFP, L'AGEPE ET LE FNS ET DE L'EFFICACITE
|
|
DE L'ACTION DE L'AGEFOP .
|
36
|
I.2.1. La configuration des rapports dans le dispositif de la
formation professionnelle
|
..36
|
I.2.1.1. La modélisation par la systémique
|
.....36
|
I.2.2. Analyse des rapports entre l'AGEFOP et chacun des autres
services publics
|
40
|
I.2.3. Analyse des rapports dans le dispositif de la formation
professionnelle
|
...40
|
I.3. HYPOTHESE 3 : DU POSITIONNEMENT DE L'AGEFOP
|
|
DANS LES SECTEURS PROFESSIONNEL ET ACADEMIQUE
|
43
|
I.3.1. Dans le secteur professionnel
|
.43
|
I.3.1.1. La collaboration avec les cabinets de formation
professionnelle
|
43
|
I.3.1.2. La collaboration avec les chambres consulaires
|
..43
|
et les organisationnelles professionnelles
|
43
|
I.3.2. Dans le secteur académique
|
44
|
I.3.2.1. La collaboration avec les Grandes Ecoles
|
44
|
I.3.2.2. La collaboration avec les centres et écoles de
formation professionnelle .
|
44
|
I.3.3. L'analyse des rapports avec les secteurs professionnel et
académique
|
.45
|
I.3.3.1. L'analyse des rapports avec le secteur professionnel
|
45
|
I.3.3.2. L'analyse des rapports avec le secteur académique
.
|
.45
|
69
CHAPITRE II : LES ENJEUX ET PERSPECTIVES
|
47
|
II.1. LES ENJEUX
|
47
|
II.1.1. Sur le plan scientifique
|
47
|
II.1.2. Sur le plan politique
|
48
|
II.1.3. Sur le plan économique .
|
48
|
II.1.4. Sur le plan social
|
49
|
II.2. PERSPECTIVES .
|
49
|
II.2.1. Le positionnement de l'AGEFOP
|
54
|
II.2.1.1. Sur le plan national
|
55
|
II.2.1.2. Sur le plan sous-régional
|
55
|
II.2.1.3. Sur le plan international
|
56
|
CHAPITRE III RECOMMANDATIONS
|
. 57
|
III.1. AU NIVEAU DE L'ENVIRONNEMENT INTERNE
|
. 57
|
III.1.2. Sur le plan institutionnel
|
57
|
III.1.3. Sur le plan organisationnel
|
58
|
III.2.2. Sur le plan technique
|
58
|
III.2. AU NIVEAU DE L'ENVIRONNEMENT EXTERNE
|
59
|
III.2.1. La définition d'un cadre de collaboration
|
59
|
III.2.1.1. Entre les acteurs du dispositif étatique de
formation professionnelle
|
59
|
III.2.1.2. Entre l'AGEFOP et le secteur professionnel
|
59
|
III.2.1.3. Entre l'AGEFOP et les acteurs du secteur
académique
|
60
|
CONCLUSION
|
63
|
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
|
64
|
TABLE DES MATIERES
|
66
|
ANNEXE
|
.71
|
70
|