UNIVERSITE DE YAOUNDE II - SOA
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II - SOA
FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET
POLITIQUES
|
|
FACULTY OF LAW
AND POLITICAL SCIENCE
|
ECOLE DOCTORALE DISCIPLINAIRE DE SCIENCE POLITIQUE,
RELATIONS INTERNATIONALES ET COMMUNICATIONS
|
|
DISCIPLINARY POSTGRADUATE SCHOOL OF POLITICAL SCIENCE
INTERNATIONAL RELATIONS AND COMMUNICATIONS
|
L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'APD
FRANCAISE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE (1990 -
2005) :
LES CAS DU CAMEROUN ET DU
GABON.
Mémoire présenté et soutenu comme exigence
partielle à l'obtention du Master II
en Science Politique
A dissertation submitted in fulfilment of the class
requierement for the award of Master II in political science
Par :
By :
Roger Patrick MBIDA
Sous la direction de :
Supervised by:
Michel KOUNOU Ph.D.
Chargé de cours
Année Académique 2005 - 2006
« Si la pensée est essentielle en
l'existence humaine, c'est parce qu'elle nous donne l'aptitude à
percevoir derrière l'illusion (...) Nous devons penser pour ne pas
mourir. »
Kamto Maurice (1993),
L'urgence de la pensée. Réflexion sur une précondition
du développement en Afrique, Yaoundé, Mandara, pp :
204-205
DEDICACE
Ce modeste effort intellectuel est dédié
à la mémoire du très regretté Louis Hervé
AYISSI AYISSI (1983 -2005). Ce bel éphèbe, doué d'une
intelligence extraordinaire, dont le calme, la simplicité et la
sympathie nous a profondément marqué. Mais dont le passage sur
cette terre fut aussi éphémère que l'instant d'une
étoile filante.
REMERCIEMENTS
Au seuil de ce propos, nous voudrions payer tribut à
certaines personnes qui, tout au long de notre parcours jusqu'à
l'enfantement de ce travail, nous ont assisté, guidé et fourni
une aide quelconque.
Tout d'abord, nous voulons exprimer notre profonde gratitude
à Michel KOUNOU Ph.D., qui a été un
véritable guide, dont la rigueur scientifique et l'obsession de la
perfection ont été pour nous une boussole lors du
déroulement de ce travail. Et le sera encore pour les travaux à
venir.
Au Pr Luc Sindjoun, dont la brillance des
cours magistraux nous a profondément séduit, au moment où
nous faisions nos premiers pas dans le monde universitaire. Et, qui a
stimulé en nous l'attrait à la science politique, discipline
à laquelle nous avons décidé de nous spécialiser
plus tard.
A tous les autres enseignants du
département de Science Politique, pour leur bienveillant encadrement et
leur disponibilité.
A ma famille, particulièrement à ma mère
Esther Beyene notre véritable refuge, pour tous les
sacrifices qu'elle a consenti, l'affection qu'elle n'a sans cesse
renouvelé à notre égard.
A mon père, Claude Marie Alima, qui a
toujours été pour nous un mentor spirituel, dont l'assistance
psychologique permanente même dans les moments les plus difficiles,
nous
a permis de tenir le cap.
A mon oncle et son épouse, M. et Mme
Ondoua pour leur assistance significative et la confiance qu'ils ont
eu en ce que je faisais.
A Cécile Sangare staticienne au
Directorat de l'OCDE à Paris, pour sa sympathie, mais surtout pour sa
disponibilité à nous fournir une documentation ayant
contribué à la réalisation de ce travail.
A tous mes camarades de la dynamique et solidaire de
promotion science po 2005 - 2006, particulièrement, au grand
frère J.P. Mbia, Claude Messinga,
Gaétan Omgba, Yannick Nkwuli,
Marie Michou Ngo Libog, Emile
Sédar Bokalli, Martial Ateba,
Rabyatou Ousmanou, Cyprien Bassamagne,
Richard Tam, Paul Batchom, Jules
Domche, Gérard Onambele, Serge
Alima, Albert Ondoua Abessolo Alexis Nzegang,
Henry Mboha, Hassana Diguio, Shu Fru Norbert,
Michel Douryang, Aristide Menguele,
Rodrigue Beyeck...
A mes ami (es) Ruth Ngounou, Eric Boayaga,
Albert Anaba, Christian Mballa,
Prince Moussele, Ivan Toko Magan, Aimé Nkoa
Mevah, Fabrice Menye, Patrick Anaba Nouma,
Sandrine Ambono, Olivier Abena, Rostand
Mballa Olama, Huguette Messina, Blanche
Betegne, Dominique Anaba, Brice Boum
Eyike, Jean Renaut Bikoe, Audrey
Anaba, Franky Mboh Manga, Murielle Olinga, Léonie
Bougou, Cyril Nnang Nanga, Alain Samo,
Paulette Nkoumou, Georges Seke, William Azebaze,
Cyrile Zanga, Zacharie Alima, Marie Cecile Nsimi...
et la liste est loin s'être exhaustive.
Qu'ils trouvent ici le témoignage de mon estime et de
ma profonde gratitude
LISTE DES ACRONYMES
A.E.F : Afrique Equatoriale Française
APD : Aide Publique au
Développement
BPM : Biens Publics Mondiaux
CAD : Comité d'Aide au
Développement
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture
F.M.I : Fond Monétaire International
F.P.D : Financements Publics au
Développement
I.F.I : Institutions Financières
Internationales
O.C.D.E : Organisation de Coopération et
le Développement Economique
O.M.D : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
O.N.G : Organisation Non
Gouvernementale
P.I.B : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
P.P.T.E : Pays Pauvres Très
Endettés
SDN : Société Des
Nations
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture
Z.S.P : Zone de Solidarité
Prioritaire
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Courbe évolutive de l'aide française
dans le domaine
de santé aux pays en
développement
|
37
|
Graphique 2 : Courbe évolutive de l'APD française
à l'éducation aux pays
en développement
|
39
|
Graphique 3 : Courbe évolutive de l'aide française
affectée dans le secteur
de l'eau aux pays en
développement.
|
42
|
Graphique 4 : Courbe évolutive de l'aide française
à l'agriculture pour les pays
en développement
|
45
|
Graphique 5: Courbe évolutive de l'aide française
à la santé au Cameroun et au
Gabon
|
102
|
Graphique 6 : Courbe évolutive de l'aide
française à l'éducation au Cameroun
et au Gabon depuis 1990
|
106
|
|
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Part des dons dans l'aide française
(volume et pourcentage)
|
21
|
Tableau 2 : APD Française à la santé
affectée aux pays en développement
(volume)
|
37
|
Tableau 3 : APD française à la santé aux
pays en développement (%)
|
38
|
Tableau 4 : APD française à l'éducation
pour les pays en développement
(en millions d'USD)
|
39
|
Tableau 5 : APD française à l'éducation aux
pays en développement (%)
|
40
|
Tableau 6 : APD française au secteur de l'eau pour les
pays en développement (%)
|
42
|
Tableau 7 : l'aide française à l'agriculture
affectée aux pays en développement (millions de dollars USD)
|
44
|
Tableau 08 : APD. française Total santé au
Cameroun (millions de dollars)
|
47
|
Tableau 09 : APD française à la santé
au Cameroun (%)
|
48
|
Tableau 10 : Aide française à la lutte contre
les maladies infectieuses au Cameroun.
|
49
|
Tableau 11 : APD française à la recherche
médicale au Cameroun.
|
50
|
Tableau 12 : APD française aux services
médicaux au Cameroun
|
51
|
Tableau 13 : APD française à la lutte contre
les MST et VIH/SIDA au Cameroun
|
51
|
Tableau 14 : APD française à
l'éducation au Cameroun (millions de dollars)
|
53
|
Tableau 15 : APD française à
l'éducation au Cameroun (%)
|
54
|
Tableau 16 : Aide française à
l'éducation de base au Cameroun (millions de dollars)
|
55
|
Tableau 17 : Aide française à
l'éducation secondaire au Cameroun (millions de dollars)
|
56
|
Tableau 18 : Aide française à l'enseignement
supérieur au Cameroun (millions de
dollars USD)
|
56
|
Tableau 19 : Aide française à l'eau et
assainissement au Cameroun (million de
dollars USD)
|
58
|
Tableau 20 : Aide française à la distribution
eau à grande échelle (millions de
dollars USD)
|
59
|
Tableau 21 : Aide française à la Recherche
agricole au Cameroun (millions de
dollars USD)
|
60
|
Tableau 22 : Aide française à la production
agricole (céréales) au Cameroun (volume)
|
61
|
Tableau 23 : Aide française au développement
agricole au Cameroun (volume)
|
62
|
Tableau 24 : Taux de mortalité infantile au Cameroun
(pour 1000 naissances)
|
64
|
Tableau 25 : Taux de prévalence VIH/SIDA au Cameroun
(%)
|
65
|
Tableau 26 : Taux enfants vaccinés contre la rougeole
au Cameroun (%)
|
66
|
Tableau 27 : Espérance de vie à la naissance
au Cameroun
|
67
|
Tableau 28 : Taux scolarisation au Cameroun (%)
|
69
|
Tableau 29 : Taux alphabétisation au Cameroun (%)
|
70
|
Tableau 30 : Population disposant d'un accès facile
à une source d'eau de qualité
au Cameroun (%)
|
71
|
Tableau 31 : Production agricole céréale et
importations au Cameroun (1000T)
|
72
|
Tableau 32 : APD française à la santé
au Gabon (Millions de dollars USD)
|
75
|
Tableau 33 : Aide française à la santé
au Gabon (%)
|
76
|
Tableau 34 : Aide française à la lutte contre
les MST/SIDA au Gabon (Millions de dollars USD)
|
77
|
Tableau 35 : Aide française à la recherche
médicale au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
78
|
Tableau 36 : Aide française à la lute contre
les maladies infectieuses au Gabon
(Millions de dollars USD)
|
78
|
Tableau 37 : Aide française aux services
médicaux au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
79
|
Tableau 38 : Aide française à
l'éducation au Gabon (Millions de dollars USD)
|
80
|
Tableau 39 : Aide française à
l'éducation de base au Gabon (Millions de dollars USD)
|
81
|
Tableau 40 : Aide française à
l'éducation secondaire au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
81
|
Tableau 41 : Aide française à l'enseignement
supérieur au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
82
|
Tableau 42 : Aide française à la recherche
agricole au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
84
|
Tableau 43 : Aide française au développement
agricole au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
84
|
Tableau 44 : Aide française à la production
agricole (céréales) au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
85
|
Tableau 45 : Aide française dans le secteur de l'eau
au Gabon (Millions de
dollars USD)
|
86
|
Tableau 46 : Aide française au sous secteur de la
distribution de l'eau à grande
échelle au Gabon (Millions de dollars
USD)
|
87
|
Tableau 47 : Taux de prévalence VIH/SIDA au Gabon
|
89
|
Tableau 48 : Taux de mortalité infantile au Gabon
|
90
|
Tableau 49 : Taux d'enfants vaccinés contre la
rougeole au Gabon
|
91
|
Tableau 50 : Espérance de vie à la naissance
au Gabon
|
92
|
Tableau 51 : Taux de scolarisation au Gabon
|
93
|
Tableau 52 : Taux d'alphabétisation au Gabon
|
94
|
Tableau 53 : Productivité agricole
(céréales) et importations (Gabon) (1000 T)
|
95
|
Tableau 54 : Population disposant d'un accès
facilité à une source d'eau de
qualité au Gabon
|
96
|
Tableau 55 : Aide française à la santé au
Cameroun et au Gabon (M. USD)
|
99
|
Tableau 56 : Aide française à la santé au
Cameroun et au Gabon (%)
|
100
|
Tableau 57 : Aide française aux Services médicaux
affectée au Cameroun et
au Gabon (en millions de dollars USD)
|
101
|
Tableau 58 : Aide française à la Recherche
médicale au Cameroun et au Gabon
(en millions de dollars USD)
|
101
|
Tableau 59 : Aide française à la Lutte contre les
maladies infectieuses au Cameroun
et au Gabon (en millions de dollars USD)
|
101
|
Tableau 60 : Aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon (en millions
de dollars USD)
|
104
|
Tableau 61 : Aide française à l'Education de base
au Cameroun et au Gabon
(total en millions de USD)
|
105
|
Tableau 62 : Aide française à l' Education
secondaire au Cameroun et au Gabon
(total en millions de USD)
|
105
|
Tableau 63 : Aide française à l'Enseignement
supérieur (total en millions de USD)
|
105
|
Tableau 64 : Aide française affectée à
l'eau et assainissement au Cameroun et
au Gabon (total en millions de USD)
|
108
|
Tableau 65 : Aide française au sous secteur de la
distribution eau à grande échelle
au Cameroun et au Gabon (total en millions
de USD)
|
109
|
Tableau 66 : Aide française affectée au
développement agricole au Cameroun et
au Gabon (millions de dollars USD)
|
110
|
Tableau 67 : Aide française à la production
agricole (céréales) au Cameroun et au
Gabon (millions de dollars USD)
|
110
|
Tableau 68 : Aide française à la recherche agricole
au Cameroun et au Gabon
(millions de dollars USD)
|
110
|
LISTE DES ANNEXES
Graphique A : Répartition sous
sectorielle de l'aide à la santé
..................................128
Tableau A : La définition statistique
du CAD de « l'aide à la santé
.................................129
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES ACRONYMES
iv
LISTE DES GRAPHIQUES
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES ANNEXES
................................................................................................................x
TABLE DES MATIERES
xii
INTRODUCTION GENERALE
1
1- POSITION DU PROBLEME
2
2. HYPOTHESES
4
3. CHAMPS D'OBSERVATION ET NIVEAUX
D'EXPLICATION
4
4. QUESTIONS DE METHODE
5
5. INTERET DE LA RECHERCHE
6
a- L'intérêt heuristique
6
b- L'intérêt pratique
7
6. LIMITES DE LA RECHERCHE
7
CHAPITRE I :
CONSIDERATIONS THEORIQUES ET
CONCEPTUELLES
9
A- LES PRINCIPALES THEORIES SUR l'A.P.D
10
1) Le réalisme
10
2) Le néomarxisme
10
3) Le néolibéralisme
11
4) Le libéralisme
12
5) L'idéalisme
13
B- PORTEE ET LIMITES DES THEORIES DOMINANTES
14
C- DEBLAYAGE CONCEPTUEL
18
1) L'A.P.D
18
2) La notion du développement
22
CHAPITRE II :
LE CONTEXTE AFRICAIN DE L'APD FRANCAISE
29
1) Cadre géo-politique et historique du
Cameroun et du Gabon
30
a) Présentation géographique,
démographique, socio-économique
30
b) Rappel des liens historiques avec la France
32
2) Analyse de l'orientation sectorielle de l'aide
française affectée aux pays en développement depuis 1990
:
35
a) L'aide française dans le secteur de la
santé aux pays en développement : une aide en baisse relative et
faible en pourcentage du volume total
35
b- L'aide française à
l'éducation aux pays en développement : une aide
considérable en volume et de pourcentage
38
c) L'aide française allouée dans le
secteur de l'eau aux pays en développement : une aide fluctuante et
faiblement représentée en pourcentage.
41
d) L'aide française en matière
agricole aux pays en développement : une aide relativement
récente et en baisse générale.
43
CHAPITRE III :
L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'A.P.D
FRANÇAISE ET SON INCIDENCE AU CAMEROUN DEPUIS 1990
46
1. L'orientation sectorielle de l'APD
française au Cameroun depuis 1990 : une aide assez modique en
volume.
47
a) L'A.P.D française dans le secteur de la
santé au Cameroun : Une aide considérablement maigre et
disparate.
47
b) L'aide française à
l'éducation du Cameroun depuis 1990 : une aide faible en volume et
en pourcentage.
53
c) L'aide française dans le secteur de la
distribution de l'eau et assainissement au Cameroun depuis 1990 : entre
modicité notoire du volume et une évolution disparate.
58
d) L'aide française à l'agriculture
au Cameroun depuis 1990 : Une aide insignifiante et
désarticulée.
60
2) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie au Cameroun dans les secteurs sus
évoqués depuis 1990 : une incidence significativement
minorée.
63
a) l'incidence de l'aide française dans
l'amélioration de la situation sanitaire au Cameroun : une
incidence médiocre.
64
b) L'incidence de l'aide française dans le
relèvement du secteur éducatif au Cameroun : une incidence
significativement négligeable.
68
c) L'incidence de l'aide française sur
l'amélioration des conditions d'accès à l'eau potable au
Cameroun depuis 1990 : une incidence insignifiante.
70
d) L'incidence de l'aide française dans le
relèvement du secteur agricole au Cameroun depuis 1990 : une
incidence quasiment inexistante
72
CHAPITRE IV :
L'AIDE FRANÇAISE AU GABON ET SON
IMPACT : UNE AIDE MODIQUE AVEC UN IMPACT INSIGNIFIANT
74
1) L'orientation sectorielle de l'aide
française au Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par un
volume considérablement maigre.
75
a) L'aide française dans le secteur de la
santé au Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par son
extrême modicité en volume et en pourcentage.
75
b) L'aide française à
l'éducation au Gabon depuis 1990 : Une aide en légère
hausse qui demeure toujours faible.
80
c) L'aide française à l'agriculture
au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement pauvre en volume et
quasiment insignifiante.
83
d) L'aide française dans le secteur de l'eau
au Gabon depuis 1990 : Une aide significativement modique et
éparse.
86
2) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie du Gabon aux secteurs sus
étudiés.
88
a) L'incidence de l'aide française sur
l'amélioration de la situation sanitaire au Gabon depuis 1990 : un
impact notoirement médiocre.
88
b) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration du secteur éducatif au Gabon : Une incidence
négligeable.
92
c) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration du secteur agricole : Une incidence
insignifiante.
94
d) L'impact de l'aide française sur
l'amélioration des conditions d'accès à une eau potable au
Gabon : Un impact significativement minoré
96
CHAPITRE V :
ANALYSE COMPARATIVE DE L'ORIENTATION
SECTORIELLE DE L'AIDE FRANCAISE AU CAMEROUN ET AU GABON DEPUIS 1990
98
1) L'aide française au Cameroun et au Gabon
dans le secteur de santé : entre faiblesse du volume et de
pourcentage.
99
2- L'aide française à
l'éducation au Cameroun et au Gabon : une aide modique qui connaît
une hausse progressive
103
3- L'aide française dans le secteur de l'eau
au Cameroun et au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement faible et
disparate.
107
4) L'aide française à l'agriculture
au Cameroun et au Gabon : Une aide insignifiante en volume
109
5) Les motivations de l'aide française ou le
règne de l'ambiguïté
112
a) Les motivations "manifestes" de l'aide
française
112
b) Les motivations "latentes" de l'aide
française au Cameroun et au Gabon
115
CONCLUSION GENERALE
119
REFERENCES
122
ANNEXES
127
INTRODUCTION GENERALE
1- POSITION DU PROBLEME
L'aide au développement est certainement selon Marchant
(1991), l'acte politico-économique qui a suscité plus d'espoir au
cours du siècle dernier, pour les pays sous développés.
Elle est certainement aussi celle qui a, semble-t-il, fait couler beaucoup de
salive et d'encre.
Sur un plan historique, l'idée est plus ou moins
récente, elle date d'un peu plus de 50 ans. Elle a été
lancée en effet et mise en oeuvre à l'initiative des Etats-Unis,
dans le cadre de l'European Relief Program, beaucoup plus connu sur le
terme de plan Marshall, qui fut un programme de relance
économique des pays européens ruinés au sortir de la
deuxième Guerre Mondiale. Environ 13,3 milliards de dollars US furent
alloués pendant quatre ans à près de 16 pays
européens, représentant près de 10% de leur P.I.B (sogge,
2003 :19).
Pour ce qui est de l'Afrique, l'initiative de l'aide au
développement débute au lendemain des indépendances, dans
le cadre de la coopération bilatérale entre les pays africains
nouvellement indépendants et leurs anciennes puissances colonisatrices.
C'est une aide qui émane du secteur public, dans le but principal de
faciliter le développement économique et d'améliorer les
conditions socio-économiques des pays bénéficiaires
(Daidj, 1998 :16). Mais, c'est dans les années 1970 que l'initiative de
l'aide au développement connaît une consécration
universelle et normative.
En effet, les pays donateurs, conscients du large écart
socio-économique qui existe entre eux, et les pays sous
développés du tiers monde ; considérant que ces derniers
ne peuvent impulser une véritable politique de développement que
par leurs propres moyens, se sont engagés à leur verser un
pourcentage précis de leur PNB. C'est à cet effet que, le 24
octobre 1970, l'Assemblée Générale des Nations Unies vote
la Résolution 2626 qui, dans son alinéa 43, dispose :
«Vu l'importance du rôle que seule peut jouer l'aide officielle
au développement, une portion majeure des ressources financières
aux pays en voie de développement devrait s'effectuer sous forme de
transfert de ressources publiques. Chaque pays économiquement
avancé, accroîtra progressivement son aide (...) et s'efforcera
particulièrement d'atteindre au milieu de la décennie au plus
tard, un montant minimum en valeur nette de 0,7 pour cent de son Produit
national brut » (Smith, 2003 : 102).
Plus récemment, en 2000, la même Assemblée
Générale a adopté une série d'objectifs
internationaux, afin de réduire la pauvreté et les
inégalités dans le monde de cette date à 2015 : ce sont
les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui
s'imposent dès lors comme une "feuille de route" pour les pays
donateurs en vue de contribuer efficacement par le biais de l'aide au
développement, à améliorer les conditions
socio-économiques des pays pauvres. C'est donc dans ce même ordre
d'idée, que des ONG françaises se sont mobilisées en 2002
au sein de la campagne « votons pour un monde plus juste !»,
en faveur d'une augmentation de la contribution de la France au financement du
développement. Cette mobilisation a permis de recueillir plus de 200000
signatures en faveur d'une aide publique au développement (APD), et a
contribué à mettre cette question dans l'agenda de la campagne
des élections présidentielles françaises en 2002. Cette
mobilisation massive de ces différentes organisations rejoint ainsi une
prise de conscience plus large au sein de la classe politique française,
de la nécessité de renforcer la solidarité internationale.
Prise de conscience, qui, depuis les années 1990, semble s'afficher
très clairement dans le discours sur la politique française de
son aide publique en faveur des pays en développement, qui sont dans une
situation de besoin prégnant qui semble perdurer et devenir
endémique.
Le sous continent africain semble être à ce
titre au centre de la politique d'allocation de l'aide française. En
2004 par exemple, elle occupait 53,2% des 66% de l'APD française
allouée en Afrique. En 2003, c'est pratiquement 57% de 69% de l'aide
française allouée en Afrique, qui a été
octroyée en Afrique subsaharienne. En 2002, la France a consacré
environ 72% de son aide bilatérale en faveur de l'Afrique, dont 60% par
l'Afrique Subsaharienne.
Toutefois, ces données globales, quoique
séduisantes, doivent être prises avec beaucoup de prudence. Car,
en matière d'APD, la qualité est aussi importante que la
quantité. Ce qui nous amène à nous interroger sur
l'allocation sectorielle de l'APD française en Afrique subsaharienne
à partir de deux cas précis : Le Cameroun et le Gabon. Pourquoi
le Cameroun et le Gabon ? Ce choix s'expliquerait par le fait que malgré
les disparités géographiques et démographiques qui
existent entre eux, ce sont deux pays ont néanmoins des rapports assez
étroits avec la France, au regard de l'héritage historique commun
qu'ils partagent avec cette dernière. Ces deux pays, dans une sous
région en proie à une turbulence permanente, connaissent quant
même une stabilité certaine depuis leurs indépendances
respectives, et s'imposent comme les piliers économiques de leur sous
région.
Car, l'APD française, si elle veut être plus
efficace et non pas considérée comme « un maudit don du ciel
», selon le terme consacré de Smith (2003) par les pays
bénéficiaires, doit être orientée vers des secteurs
prioritaires de ces derniers, et être plus concentrée en terme de
volume, afin d'améliorer de manière rapide et croissante les
conditions de vie des populations désireuses, qui vivent dans ces pays.
Ceci aurait aussi pour effet rétroactif, pour le pays donateur, de
bénéficier d'une aura internationale plus considérable
aussi bien à l'égard de ses pairs que des pays
bénéficiaires. Cela étant dit, comme principe de base, il
est question de nous interroger sur l'orientation sectorielle de l'APD
française au Cameroun et au Gabon dès 1990 à 2005;
notamment dans les secteurs de la Santé, l'éducation,
l'accès à l'eau potable et l'agriculture. Ceci, à travers
un ensemble de questionnements : 1- comment peut-on caractériser
l'orientation sectorielle de l'aide française affectée au
Cameroun et au Gabon dans les différents domaines suscités depuis
1990 ?
2- Quelle incidence cette aide a pu avoir dans
l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays?
2. HYPOTHESES
En guise de réponses anticipées et provisoires
aux interrogations posées plus haut, nous pouvons dire en premier lieu,
que l'orientation sectorielle de l'aide française affectée
à ces deux pays pour ces quatre secteurs, se caractérise depuis
1990 par une maigreur notoire des fonds qui y sont alloués, en
dépit de quelques infimes disparités, qui peuvent exister entre
l'aide française affectée au Cameroun et celle accordée
au Gabon dans ces dits secteurs.
En second lieu, c'est une aide, vu la modicité des
fonds qui y sont affectés, qui a eu un effet positif assez
minoré sur l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays
aux seins de ces dits domaines.
3. CHAMPS D'OBSERVATION ET NIVEAUX D'EXPLICATION
Dans le cadre de ce travail, il est indispensable de
préciser à quel niveau s'effectuera notre démonstration.
Tout d'abord, il s'agit de circonscrire notre champ d'observation en
matière d'aide. De manière générale, la notion
d'aide au développement renvoie principalement à trois
composantes : l'aide bilatérale (d'Etat à Etat) ; l'aide
multilatérale (octroyée principalement par les Institutions
Financières Internationales (I.F.I) et d'autres organismes
internationaux) ; l'aide privée (octroyée principalement par les
Organisations Non Gouvernementales).
La première composante de l'aide retiendra ici notre
attention, car elle constitue encore jusqu'à l'heure actuelle, la plus
grande partie en termes de pourcentage du volume global de l'aide
internationale, fournie par la France à ces deux pays. Il s'agira donc
d'observer uniquement l'APD bilatérale de la France accordée au
Cameroun et au Gabon, au sein de certains nombres de secteurs.
S'agissant des niveaux d'explication, notre choix a
été porté sur quatre secteurs : La santé,
l'éducation, la distribution en eau et l'agriculture. Il est question
dans le cadre de ce travail, d'observer l'évolution de l'aide
bilatérale française affectée à ces quatre
secteurs, au Cameroun et au Gabon pendant une période bien
déterminée. Ce choix s'expliquerait par le fait que, ces secteurs
constituent à notre avis des champs clés, névralgiques
pour lesquels, une amélioration substantielle des conditions de vie des
populations camerounaise et gabonaise dans ces derniers s'impose, comme garant
du bien- être leur assurant par la même occasion un meilleur
épanouissement. En plus, ces secteurs figurent parmi les
premières priorités d'affectation sectorielle présentes
dans le discours de la France, portant sur sa politique d'allocation de l'aide
au développement.
4. QUESTIONS DE METHODE
Pour aboutir à la vérification de nos
hypothèses, nous aurons recours à la démarche historique
et à la démarche comparative.
La première, consiste en s'appuyant sur un temps,
peut-être artificiellement reconstruit, à assurer cependant une
continuité, une trame aux phénomènes (Gratwitz, 2001 :
422). Elle procède ainsi, au regard de ce qui précède,
à une analyse diachronique des faits et des évènements.
La seconde quand à elle, selon Gazibo (2006), consiste
à rendre compte des similarités et de différences
observées entre les phénomènes, et dont l'objectif
général d'après Przeworski (1987) est de comprendre le
phénomène observé.
Toutefois, pour mener à bien son travail,
l'impératif de parcimonie tel que préconisé par Blondel
(1994) est indispensable au comparatiste. Ce dernier doit, selon lui, se
concentrer sur un petit nombre de variables-clé, et qu'il doit chercher
constamment à découvrir des charnières, qui lui permettent
d'ouvrir et de fermer un certain nombre de grandes portes (Blondel, 1994 : 12).
La démarche comparative a donc pour ambition, de trouver des
régularités et des exceptions en confrontant plusieurs cas entre
eux.
Dans le cadre du présent travail,
l'opérationnalisation de ces deux démarches intellectuelles
consistera à une sélection des variables - clés, qui ne
sont autres que les quatre secteurs d'affectation de l'aide française au
Cameroun et au Gabon. Puis procéder, par le biais d'une revue
temporelle de l'aide française affectée à ces derniers,
à une étude comparative entre l'aide française
octroyée au Cameroun et au Gabon dès 1990. Afin de pouvoir
dégager des lois générales, qui dans le cadre de ce
travail sont le constat de la modicité significative des fonds
alloués par la France à ces secteurs, pendant près de dix
sept ans ; et de l'incidence minorée, que celle-ci a pu avoir sur
l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays dans ces domaines
sus étudiés. Aussi des disparités éventuelles, qui
pourraient exister entre l'aide française allouée à ces
différents secteurs au Cameroun et au Gabon.
Instruments de la recherche
Comme instrument de recherche, nous aurons recours à
une analyse documentaire de type historique qui nous permettra, à partir
d'une revue des séries statistiques fournies par des organismes
institutionnels, officiellement reconnus comme fiables (CAD, OCDE, PNUD, FAO,
UNESCO,...) de collecter des données chiffrées, s'agissant de
l'APD française allouée dans les quatre secteurs sus-
évoqués au Cameroun et au Gabon de 1990 à 2005. Afin
d'établir des tendances sur la politique d'allocation sectorielle de la
France à ces deux pays pendant près de seize ans.
5. INTERET DE LA RECHERCHE
Le présent effort intellectuel en gestation
présente à nos yeux un double intérêt : un
intérêt heuristique (a) et un intérêt pratique
(b).
a-
L'intérêt heuristique
Ce travail revêt un intérêt scientifique
certain, beaucoup plus au niveau de son contenu et de sa perspective. En effet,
contrairement à la majorité des travaux qui, dans leur analyse
sur l'aide internationale, ont une vision globale, celle-ci se veut plus
détaillée et concise en cette matière. Mais beaucoup plus,
la caractérisation de l'orientation sectorielle de l'aide
française au Cameroun et au Gabon depuis 1990, vient encore une fois de
plus légitimer la posture analytique chère à la Science
Politique à savoir, la sacralisation des faits, en disant ce qui
est ; dévoilant par la même occasion la réalité
concrète qui n'est pas toujours conforme à ce qui devrait
être.
L'incidence minorée de celle-ci, dans le
relèvement des conditions de vie des pays concernés vient ainsi
conforter la thèse de Gomanee et al. (2003) dans la littérature
de l'Economie Politique du Développement. Ceux-ci ont en effet, mis en
évidence au cours de leurs travaux, l'influence positive de l'aide sur
les indicateurs synthétiques de développement humain, qui passe
par un financement considérable dans les secteurs prioritaires des pays
récipiendaires de l'aide.
b-
L'intérêt pratique
La présente recherche présente aussi à
nos yeux un intérêt pratique certain. En effet, elle a pour
ambition d'être accessible aussi à l'homo-academicus qu'au
néophyte.
Nous pensons en effet que, la question de l'aide au
développement doit être mieux connue par les populations locales,
cibles premières et par excellence de cette aide, aussi bien dans ses
enjeux que dans ses différents mécanismes ; ceci afin de mieux
comprendre pourquoi la réalité ne correspond pas toujours au
discours haut, exaltant sur la raison d'être de l'aide et de ses
bienfaits. Mais aussi, attirer l'attention des bénéficiaires et
du donateur de la nécessité de repenser la politique de
l'orientation sectorielle de l'aide.
Ce présent travail veut donc être un outil
didactique au service de la société.
6. LIMITES DE LA RECHERCHE
Afin d'éviter toute équivoque, et
tempérer l'ambition de la présente recherche, une limitation des
bornes s'avère indispensable. Ces limites sont de deux ordres :
- D'abord au niveau du temps : la borne de départ a
été placée en 1990 et ce choix n'est pas le fruit du
hasard. En effet, les années 1990 constituent à notre avis une
période de changement profond. Si hier, l'aide au développement
était chargée fondamentalement de gérer la fin des
résolutions coloniales entre la France et ses anciennes possessions,
(dont le Cameroun et le Gabon) et de contenir l'influence soviétique,
à partir des années 1990, l'aide française au
développement (tout comme l'aide internationale en
général) est sollicitée au nom des nouveaux
impératifs : régulation des relations Nord-Sud, solidarité
internationale, financement des biens publics mondiaux... c'est une
période où la question de la réduction de la
pauvreté et l'amélioration des conditions de vie des populations
des pays du Sud, s'affichent de façon plus prégnante dans le
discours sur la politique française d'aide au développement.
La seconde limite à ce travail se situe au niveau de la
composante de l'aide française. Nous avons déjà dit plus
haut que l'aide bilatérale retiendra notre attention ici. Toutefois
précisons que nous ne traiterons uniquement de l'aide bilatérale
directe octroyée par la France au Gabon et au Cameroun. Ce qui exclut
évidement cette portion de l'aide bilatérale française qui
transite par les I.F.I.
Ainsi, Ce présent travail, au-delà de ce qui
précède, va s'articuler autour de cinq mouvements qui en
constituent son ossature. En premier lieu, il est question de poser un regard
synoptique sur les cadres théoriques dominants de l'aide internationale,
et de procéder à une clarification conceptuelle de certains
termes. En deuxième lieu, il s'agit de présenter le contexte
africain de l'aide française. Le troisième mouvement consiste
à une analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française au
Cameroun dès 1990 à 2005. Le quatrième mouvement quant
à lui, tourne autour de l'analyse de l'orientation sectorielle de l'aide
française au Gabon et en dernier lieu, il est question de
procéder à une étude comparée de l'orientation
sectorielle de l'aide française affectée au Cameroun et au Gabon
depuis 1990.
CHAPITRE I :
CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES
L'objet de ce chapitre premier consiste, dans un premier
temps, à poser un regard synoptique sur les paradigmes fondateurs de
l'aide internationale (A), puis dans un deuxième temps à
évaluer leurs portées et leurs limites (B), enfin de
procéder à une clarification conceptuelle de certaines notions
(C).
A- LES PRINCIPALES THEORIES SUR l'A.P.D
La plupart des travaux traitant de l'A.P.D ont
généralement recours dans leurs analyses, tacitement ou non,
à l'un des cinq cadres théoriques standards de l'économie
politique internationale (Kebadjian 1997) : Réalisme (1), Neomarxisme
(2) Néolibéralisme (3), libéralisme (4), Idéalisme
(5). Les dernières années ont vu se modifier la
pondération relative de ces différentes perspectives, mais, ce
qui est remarquable est qu'aucune de ces approches n'a perdu de sa pertinence.
Plus encore, elles convergent toutes, malgré leurs divergences
théoriques, à une même et unique conclusion : l'urgence de
repenser le cadre général de la coopération Nord-Sud et,
par voie de conséquence, l'aide au développement.
1)
Le réalisme
Pour le paradigme réaliste des relations
internationales, chaque Etat maximise sa puissance. Chacun poursuit des
objectifs stratégiques de nature politique, sécuritaire,
économique. L'A.P.D n'est jamais qu'une arme de plus à
disposition pour réaliser et préserver son intérêt
national. Dans ce cadre, l'A.P.D n'obéit point à des
considérations d'ordre éthiques ou altruistes, mais plutôt
égoïste de la part des donateurs. C'est ce qui ressort par exemple
des travaux de Mc Kinlay et Little (1977, 1978a ,1978b) et Alesina et Dollar
(1998, 2000) qui, respectivement dans leurs travaux, montrent que l'A.P.D
s'impose comme un outil de politique étrangère au service des
intérêts des pays donateurs (France, Grande Bretagne, et USA dans
ce cas précis), et que l'allocation de l'A.P.D obéit
prioritairement à de motivations politico-stratégiques des Etats
donateurs, en quête de maximisation de leur influence sur la conduite des
affaires des récipiendaires de l'aide.
2)
Le néomarxisme
Le paradigme néomarxiste, lui structure la scène
internationale autour de la lutte entre « Etat prolétaires »
et « Etat capitalistes », étant entendu que, ces derniers
luttent aussi entre eux : l'A.P.D dans ce cadre théorique n'est que
l'avatar post mortem du colonialisme. L'A.P.D, ici, n'est pas destinée
à réaliser le développement, en répondant aux
besoins des récipiendaires, mais plutôt à les maintenir
dans un état d'éternel assisté, en créant ainsi une
dépendance qui est aussi bien structurelle que mentale à
l'égard du donateur. C'est dans ce cadre qu'on peut regrouper par
exemple les travaux de Sogge (2003) ; Goulet et Hudson (1970), Mende Tibor
(1975) et Hayter (1971).
Le premier soutient dans ses travaux que, l'aide provoque
plus de dommages qu'elle n'en dispense de secours, et profite plus aux
donateurs qu'aux destinataires. Les seconds quant à eux, à
travers un titre déjà révélateur, montrent que
l'aide n'est qu'une fiction, car elle n'est pas octroyée en vue de
satisfaire les besoins des destinataires qui sont énormes. Mais, elle
est octroyée dans le but d'entretenir les classes dirigeantes loyales et
inféodées au donateur. Le troisième quant à lui,
montre que l'aide internationale est une forme de recolonisation par d'autres
moyens de la part des pays donateurs. Elle est donnée en vue
d'entretenir une dépendance et une soumission des récipiendaires
de l'aide à l'égard du donateur. C'est similairement la
même thèse soutenue par le dernier, mais qui s'oriente dans une
perspective plus globale. En effet il montre que la plupart des pays donateurs
sont des Etats capitalistes, et l'aide internationale n'est qu'une
modalité de mise en oeuvre de l'impérialisme occidental
capitaliste à l'égard du Sud.
3)
Le néolibéralisme
Pour le paradigme néolibéraliste, chaque Etat
maximise son bien-être économique absolu, non pas sa puissance
relative ; personne ne cherche à dominer : l'A.P.D est perçue
dans ce cadre théorique comme un investissement en vue d'un gain
d'utilité ; elle trouve sa justification théorique, notamment
dans la correction des imperfections des marchés mondiaux, mais surtout
avec la formalisation et la diffusion de la théorie des biens publics
mondiaux. C'est dans ce cadre théorique qu'on peut regrouper les travaux
de Jaquet et Severino (2002) ; Reisen et Al (2004) ; Jaquet et Marniesse
(2005).
Les premiers à travers une analyse stimulante, montrent
comment l'A.P.D s'impose comme une politique publique au coeur du
développement durable et de la gouvernance de la mondialisation. En
effet, ils montrent qu'à travers une affectation de l'A.P.D dans les
secteurs sociaux, sensibles, au sein des économies fragiles, elle
participe à une meilleure insertion de ces dites économies dans
la gouvernance de la mondialisation. Les seconds quant à eux, montrent
comment l'A.P.D participe au financement des Biens Publics Mondiaux (BPM) et
des biens publics régionaux. A travers leurs études, il
apparaît que 15% de l'aide finance les biens publics mondiaux, et 15
autres sont utilisés pour produire de biens publics régionaux.
C'est autour de cette problématique de financement des B.P.M, que
s'articulent aussi les travaux des derniers. En effet, face à la
préoccupation sur l'éventuel détournement de l'A.P.D au
profit des B.P.M, bénéficiant davantage aux pays
développés qu'aux pays pauvres, certaines voix au sein de Nations
Unies militent pour la création d'une nouvelle ligne budgétaire
mondiale, distincte de l'A.P.D, spécifiquement consacrée à
la gestion de ces biens. Pourtant, développement et B.P.M semblent
être deux problématiques inséparables. Elles sont
liées d'abord par leurs relations communes aux imperfections de
marché, ensuite par la réalité technique de leur mise en
oeuvre. A cet effet, le renforcement de la contribution des Pays En
Développement (PED) à la production des B.P.M passe, le plus
souvent, par des actions locales d'aide. B.P.M et enjeux locaux de
développement se superposent constamment (gestion de la
biodiversité, lutte contre les pandémies..), pour la plupart des
B.P.M, une production accrue passe par un surcroît de
développement, et donc soutiennent-ils une intervention légitime
de l'A.P.D.
4)
Le libéralisme
Pour le paradigme libéral, l'A.P.D est
déterminée par un processus politique au cours duquel, des
groupes entrent en concurrence pour imposer leur intérêt
privé : l'aide apparaît alors comme la résultante de
l'action de certains lobbies privés (agriculteurs industriels,
constructeurs), en quête de marchés ou de rentes. C'est dans ce
cadre théorique qu'on peut regrouper les travaux de Jepma (1991) et de
Raffer et Singer (1994).
Le premier, à travers une analyse
économétrique, montre comment l'aide perd au moins 20% de sa
valeur si elle liée ; mais aussi l'interférence des grandes
firmes nationales des pays donateurs qui, en quête de marché,
influencent considérablement les modalités d'allocation d'aide
des donateurs aux bénéficiaires. C'est ainsi que, l'octroi de
l'aide sera conditionné par l'achat des biens et services produits par
ces grands groupes industriels privés. Toujours dans la même
perspective, les seconds montrent tout l'affairisme qui entoure l'aide
internationale. En effet, ils montrent comment les grands lobbies privés
internationaux (industriels, agricoles), les sous-traitants privés, les
différentes agences d'aide se trouvent en confrontation dans la
politique mondiale de l'aide, afin de tirer ou de maximiser leur profit. Ils
montrent par exemple l'influence qu'ont les grands groupes privés
d'agriculteurs américains dans la politique d'aide des Etats- Unis aux
récipiendaires africains dans le secteur agricole.
5)
L'idéalisme
Ce paradigme renverse presque totalement les quatre
perspectives précédentes : il met l'accent sur les
intérêts des pays bénéficiaires, non plus sur ceux
des donateurs. L'A.P.D apparaît ici comme l'expression d'une
volonté de répondre aux difficultés des PED. L'approche
est dite « idéaliste » non parce qu'elle serait
nécessairement naïve ou irréaliste, mais parce qu'elle
renvoie à un idéal moral : celui d'une aide
désintéressée. C'est dans ce cadre théorique qu'on
peut classer les travaux de Naudet (2000 ; 2005) et François Didier
(1984) ainsi que les différents rapports d'activités sur l'aide
produite par certaines agences spécialisées de l'aide (A.F.D,
USAID...). Naudet, dans son premier travail (2000), va partir d'une question
principale à savoir, si l'aide extérieure est un instrument de
justice pour montrer les évolutions des fondements éthiques qui
sous tendent l'aide internationale. En effet, pour ce dernier, l'aide
extérieure répond à un impératif moral celui de
pallier aux multiples souffrances et à la misère ambiantes qui
prévaut dans les pays sous développés, car n'ayant pas
assez de moyens de résorber leurs maux. L'aide internationale, pour ce
dernier, s'impose donc comme une sorte de redistribution équitable des
revenus et bénéfices engrangés par les pays riches aux
pays pauvres. L'acte des donateurs peut donc être comparé à
celui d'un « Robin Des Bois » à l'échelle mondiale.
Dans le second travail (2005), l'auteur est toujours
guidé par les préoccupations d'ordre éthique de l'aide
internationale, s'intéresse à ce qu'il appelle « l'aide de
la cinquième génération » à savoir les
Objectif du Millénaire pour le Développement (O.M.D) En effet,
l'objet de ce travail est « d'analyser l'évolution de la
pensée sur le développement à partir des fondements
éthiques qui sous tendent l'aide internationale ». De ce fait, le
financement par les Etats donateurs en vue d'atteindre les O.M.D, participerait
à un certain retour vers un souci de justice procédurale dans le
cadre de la mondialisation, ainsi qu'à une aide plus redistributive,
plus automatique et davantage basée sur un diagnostic situationnel
(Naudet 2005 : 23).
François Didier (1984) soutient dans ses travaux,
à partir d'un regard synoptique de l'aide octroyée au tiers
monde, que celle-ci participe à un effort de solidarité entre
pays riches, donateur et pays pauvres récipiendaires de cette aide.
L'aide allouée répond prioritairement, selon ce dernier, aux
besoins développementaux des récipiendaires, et est
allouée pour satisfaire à ces besoins. L'on ne saurait rester
impassible devant la misère ambiante qui prévaut dans le tiers
monde, c'est pourquoi il est du devoir des pays riches de soutenir les efforts
de développement des pays pauvres, marquant ainsi leur compassion
à l'égard des ces pays, mais aussi leur volonté de leur
faire sortir de l'ornière de la pauvreté.
B- PORTEE ET LIMITES DES THEORIES DOMINANTES
Ce paysage intellectuel très dense ne s'est pas
simplifié ces dernières années. Toutefois chacune de ces
clés de lecture a gardé une certaine pertinence en dépit
de certaines critiques qui peuvent être portés à
chacune.
Tout d'abord commençons par les mérites de
chacune d'elles.
Les considérations réalistes d'influence
s'affichent plus libres encore qu'au cours de la décennie
précédente. La France lie ainsi explicitement aide au
développement et influence nationale. Les Américains allouent de
manière manifeste des volumes majeurs de leur aide aux pays signataires
des accords de Camp David, mais aussi par le passé à des pays
comme l'ancien Zaïre ou la Somalie.
En effet, comme le note Van de Walle et johnsthon (1999),
à l'époque de la Guerre Froide, de nombreux décideurs
Américains considéraient l'aide au développement comme un
outil essentiel de politique étrangère pour lutter contre le
Communisme international. Les principaux alliés américains en
Afrique à l'instar du Zaïre ou la Somalie ont reçu une part
disproportionnée de l'aide américaine. Aussi depuis la signature
des Accords de Camp David, l'aide américaine octroyée à
l'Egypte a été maintenue à un niveau élevé
pour des considérations politiques (Van de Walle et Johnsthon, 1999
:101).
La grille néomarxiste, elle, reste confortée
par le fait que, les ex-puissances coloniales continuent de consacrer la plus
grande partie de leur aide bilatérale à leurs anciennes colonies.
La France par exemple continue-t-il à axer ses programmes d'aide au
développement sur ses anciennes possessions coloniales en Afrique
où elle conserve tout un ensemble d`intérêts (commerciaux,
militaires, politiques ...). Pour y parvenir elle doit entretenir une classe
dirigeante locale inféodée à sa cause qui lui servent de
tête de pont. L'aide ici est octroyée en terme de gratification
récompensant la loyauté de cette dernière envers
l'ancienne métropole. C'est qui expliquerait le dévoiement de
l'aide qui ne profite pas aux populations locales nécessiteuses,
destinataire premier de l'aide, leur laissant dans une situation
précaire sans cesse croissante.
Le raisonnement néolibéral, quand à lui,
à pris une importance considérable avec la formalisation et la
diffusion de la théorie des biens publics mondiaux. Apparue en effet
dans les débats internationaux à la fin des années 1990,
la notion de bien public mondial en constitue un thème important. Cette
notion au sens de Marniesse (2005), renvoie à des préoccupations
d'intérêts communs pour l'humanité dans un contexte
marqué par des interdépendances croissantes entre pays, souvent
dangereuses pour l'avenir de la planète parce que ni les marchés,
ni les politiques nationales ne sont en mesure de les gérer
correctement.
Dans sa relation avec l'APD, il est à noter que si
dernière s'inscrit dans une relation Nord/Sud clairement empreinte des
considérations globales, elle a par souci de « durabilité
», besoin d'être accompagnée d'une production de BPM. Elle
peut ainsi venir en appui de la production de ceux-ci, en finançant des
actions de développement intégrées à la
chaîne de production de BPM comme le financement de dispensaires dans la
lutte contre le SIDA, ou le soutien à l'activité
économique d'acteurs touchés par des programmes de lutte contre
le réchauffement climatique.
Le paradigme libéral, lui, peut toujours observer que
l'aide "liée" n'a toujours pas disparu ou encore que la conception de
l'aide alimentaire (américaine notamment) n'est pas
étrangère aux intérêts du secteur agricole des pays
donateurs. Certains donateurs refusent en effet d'accorder une aide aux
secteurs dans lesquels leurs intérêts commerciaux sont en
concurrence avec ceux du bénéficiaire. Aux Etats-Unis par
exemple, l'Amendement Zorinsky, qui interdit toute aide
américaine susceptible d'augmenter les capacités des PED à
entrer en concurrence avec certains produits agricoles américains sur
les marchés internationaux, a conduit ce pays à refuser toute
aide au sous secteur d'exportation des produits agricoles, même dans les
pays où les exportations des produits agricoles représentent une
proportion importante de leur PIB et de leur commerce (Van de Walle et
Johnston, 1999 :99)
Quant à la lecture idéaliste de l'aide, elle
paraît soutenue par ces questions humanitaires (traversant aussi bien la
société civile que les institutions d'aide publique) comme par
l'intérêt que portent nombre d'acteurs du développement
pour les zones dépourvues de valeurs stratégiques ou
commerciales.
Bref, chacune de ces cinq clefs de lecture de l'aide parvient
à forger sa légitimité dans le feu de l'actualité
mais aussi dans le cadre cognitif. Toutefois malgré le mérite de
ces chefs de lecture, il n'en demeure pas moins qu'elles puissent faire l'objet
d'une critique.
La grille réaliste, malgré sa pertinence,
n'échappe pas à une critique. En effet, sa vision trop
étatiste de l'aide ne prenant exclusivement en compte l'aide
bilatérale, se trouve diluée de nos jours. En effet, on assiste
à une augmentation considérable de l'aide multilatérale
grâce à la profusion des I.F.I et même aussi l'entrée
des O.N.G dans le politique mondiale de l'aide. La conséquence en est
que l'aide bilatérale se trouve concurrencée sérieusement
par les aides multilatérales et les contributions des organismes
privés. Aussi, en faisant la part belle exclusivement aux fondements
politiques et stratégiques dans la politique d'allocation de l'aide, la
grille réaliste semble oblitérer les autres piliers qui peuvent
sous tendre l'aide internationale à savoir les fondements
éthiques, humanitaires et morales, même s'ils sont plus
prégnants dans les discours que dans la pratique. Si cela ne faisait
aucun doute durant la Guerre Froide, la fin de celle-ci a aussi
entraîné une mutation notable des principes directeurs qui sous
tendent l'aide internationale, d'autres préoccupations font surface
(crise de la gouvernance de la mondialisation, problématique des B.P.M,
dette,...) ce qui a provoqué sans doute une refonte des motivations de
l'aide internationale qui doivent désormais aller au delà des
simples motivations politico-stratégiques de l'aide. Cette refonte est
valable aussi bien du côté des donateurs que des
récipiendaires.
La grille néomarxiste de l'aide, quant à elle
se trouve aujourd'hui en difficulté. Car, s'il faut avouer que les
politiques d'aide des ex-puissances coloniales vont prioritairement vers leurs
anciennes colonies. Il n'en demeure pas moins qui à partir d'un certain
moment (notamment après les années 1990), une révisions de
la politique de coopération des Etats donateurs, ex-puissances
coloniales, s'est avérée nécessaire, tout au moins dans le
discours. C'est ainsi par exemple, qu'on assiste à une mutation de la
politique de coopération française en subsaharienne. Notamment
dès les années 1997, l'un des éléments majeurs de
cette refonte est l'élargissement de la zone géographique
d'allocation de l'aide française. On assiste en effet, à
l'abrogation du concept de "zone de champ" constitué exclusivement par
ses anciennes colonies et territoires assimilés à la
création de la Z.S.P (la Zone de Solidarité Prioritaire) qui est
un espace géographique regroupant aussi bien les anciennes colonies
françaises en Afrique, que d'autres Etats non africains et non
francophones, balayant les grandes régions sensibles confrontées
aux problèmes de développement (proche orient, Afrique, Asie du
Sud-est, Caraïbe). Ceci témoigne d'une certaine volonté de
la France de revoir sa politique d'aide qui ne doit plus
bénéficier exclusivement à ses anciennes colonies, au
regard de liens historiques qui les lient. Mais elle se doit d'être
désormais rationnelle et conditionnée par les progrès
politiques (Démocratie) et économique des pays
récipiendaires (la bonne gouvernance). La grille néomarxiste de
l'aide semble faire la part belle à l'octroi de celle-ci à
l'aune des intentions des donateurs, sans trop tenir compte des usages que
cette dernière fait l'objet au sein des récipiendaires. Elle a
une vision instrumentale de l'aide vu des donateurs d'où son
rapprochement à la « thèse du complot » sans
s'interroger sur les politiques de gestion interne de l'aide reçue, qui
aussi doit être prise en considération.
Quant au paradigme néolibéral de l'aide, en
insistant sur la diffusion de la théorie des B.P.M, sur lesquels l'aide
doit être affectée prioritairement, il semble oublier qu'un
consensus mondial n'a pas encore été trouvé sur la
définition même à donner au concept de B.P.M . En effet, la
communauté internationale, après avoir opté pour une
dénomination compliquée et peu explicite, est lente à en
donner une définition consensuelle, et à la traduire en politique
publique. En plus cette notion semble suspecte, car certains de ses
détracteurs n'y voient qu'une nouvelle invention de la mondialisation
libérale drapée de fausses bonnes intentions alors que d'autres
dans un registre différent, redoutent une entreprise de
détournement de l'aide au profit d'enjeux prioritaires pour les pays
développés (Marniesse, 2005 :3).
Le paradigme libéral de l'aide, lui, semble faire la
part belle à une privatisation croissante des politiques nationales
d'allocation d'aide pour les pays donateurs. L'aide internationale ici semble
donc obéir à une rationalité des intérêts
privés. Or cela n'est que d'apparence, car si on peut reconnaître
la prolifération et la capacité d'influence certaine des grands
lobbies privés dans la politique d'allocation d'aide, il n'en demeure
pas moins que les gouvernements donateurs de l'aide restent souverains et
acteurs majeurs dans l'orientation de leur politique nationale d'allocation de
l'aide.
Le paradigme idéaliste, enfin, prête aussi le
flanc à de sérieuses critiques. Parler d'une aide
désintéressée, répondant prioritairement à
des impératifs humanitaires et compassionnels serait à notre avis
une pure vision de l'esprit, une terrible gageure. Les considérations
néoréaliste et néomarxiste de l'aide semblent montrer le
contraire, même si on peut reconnaître l'influence certain de
certains principes moraux qui peuvent sous tendre l'allocation de l'aide, il
n'en demeure pas moins que ces considérations éthiques et
compassionnelles de l'aide restent minorées et ne sont que de
façade dans la plupart des cas.
Le présent travail s'inscrira donc autour de deux
paradigmes de l'aide. Le libéralisme et néomarxisme : dans le
cadre du premier, il sera question de considérer que l'aide
française allouée au Cameroun et au Gabon dans ces secteurs est
significativement influencée par les intérêts financiers en
terme de part de marchés que peuvent avoir certains grands groupes
industriels français exerçant dans certains de ces secteurs sus
étudiés (notamment dans les secteurs sanitaire et agricole)
Le paradigme néomarxiste quant à lui, sera
mobilisé pour montrer que "le fait colonial", quoiqu'il s'est quelque
peu dilué ces derniers temps, reste néanmoins au coeur de la
politique d'aide française au Cameroun et au Gabon. Mais l'idée
de fond sera de considérer ici la volonté certaine de la France,
vu la modicité significative des fonds qu'elle affecte à ces
deux pays dans les secteurs sus évoqués où pourtant les
besoins restent énormes,de les maintenir dans une situation d'assistanat
permanente,maintenant ainsi le lien dépendance de ces derniers
vis-à-vis d'elle. Ceci est d'autant plus pertinent que cette aide est
encore constituée majoritairement de dons...
Au-delà de ce qui précède, il
apparaît qu'au sein de ce foisonnement théorique sur l'APD, si ce
champ théorique se tient au plan cognitif, dans la pratique, on bute sur
une complexification de certains de paradigmes fondateurs de l'aide.
Après ce déblayage théorique, une
clarification conceptuelle de certaines notions s'avère
nécessaire pour pouvoir circonscrire les mécanismes de leur
opérationnalité.
C- DEBLAYAGE CONCEPTUEL
L'objet de cette partie s'articule essentiellement sur une
clarification conceptuelle de certaines notions clés, qui seront
mobilisées de manière permanente tout au long de ce travail et
qui, pour éviter une quelconque équivoque, doivent être
préalablement définies. Il s'agit principalement des concepts
d'APD (1) et de développement (2).
1)
L'APD
Cette sous partie tourne autour de quatre idées
principales : d'abord un essai de définition du concept APD (a), ensuite
ses modalités et caractéristiques économiques (b), puis
ses instruments (c), enfin la spécificité de l'aide
française en faveur des pays en développement (d).
a) Définition
Avant de donner une définition formelle du terme APD.,
disons d'abord que de manière générale, les pays en
développement bénéficient d'un ensemble de ressources
financières qui peut être décomposé en deux grandes
catégories : les financements publics au développement (F.P.D) et
les apports privés (investissements, emprunts obligatoires,
crédits à l'exportation etc....). Les F.P.D englobent ainsi
l'APD, qu'elle soit bilatérale ou multilatérale et les autres
apports publics qu'on estime contribuer au développement, mais qui ne
répondent pas aux critères de définition de l'APD (Daidj
1998 :16).
S'agissant d'une définition formelle du concept, de
manière générale, aux termes du Dictionnaire du
développement, l'APD peut être défini comme «
l'ensemble des efforts consentis par les Etats membres de l'Organisation de
Coopération et de Développement Economique (OCDE) afin de
favoriser le développement dans les pays moins avancés (PMA) et
dans les pays à revenu intermédiaire (PRI) conformément
aux règles du Comité d'Aide au Développent (CAD) et
OCDE. » De manière plus précise, ce que le CAD
considère comme A.P.D a été formulé en 1969 : ce
sont des prêts ou dons fournis par le secteur public dans le but de
favoriser le développement économique et d'améliorer les
conditions de vie, à des conditions financières douces (dont
l'élément de libéralité est au moins égal
à 25%) ; sont donc exclues, les aides militaires. Depuis les
années 1980, on prend en compte dans les statistiques, les coûts
administratifs, l'aide aux réfugiés dans les pays donateurs,
ainsi que les missions humanitaires, même lorsqu'elles sont
appuyées par les militaires (Gabas, 2002 :19).
Après cet essai de définition, il est question
pour nous de nous attarder sur ses modalités et caractéristiques
économiques.
b) Modalités de l'aide et
caractéristiques économiques
b.1) Modalités
L' APD réunit principalement deux modalités :
Elle peut être "liée" et "déliée". L'aide est
"liée" lorsqu'elle permet de financer l'acquisition des biens et des
services exclusivement auprès de fournisseurs appartenant au pays qui a
apporté les fonds d'aide.
Elle est "déliée" lorsqu'elle peut être
utilisée pour acheter les biens et services auprès de n'importe
quel partenaire.
Le caractère lié ou délié de
l'aide a toujours suscité de nombreux débats. L'aide liée
est perçue comme peu généreuse et opportuniste de la part
des donateurs qui trouvent là un moyen de défendre des
intérêts économiques, commerciaux, politiques ou de
sécurité.
b.2) Caractéristiques économiques
:
L'APD regroupe principalement trois caractéristiques
économiques : les dons, les prêts et la coopération
technique.
* Les dons : ils regroupent
l'ensemble des fonds (financier et matériel) octroyé par le
donateur au bénéficiaire sans contre- partie dans le but pour ce
dernier de faciliter son développement économique et
améliorer ses conditions sociales. La part des dons a augmenté
sensiblement depuis le début des années 1990 au détriment
des prêts bilatéraux d'APD. Cette évolution semble
s'expliquer par le niveau d'endettement particulièrement
élevé de très nombreux pays en développement et
leur incapacité financière à rembourser des emprunts
(Daidj, 1998 :23)
* Les prêts : Ils constituent
l'ensemble des engagements financiers pris ou avalisés par un Etat
souverain ou sa banque centrale auprès d'un Etat créancier ou
d'une I.F.I, remboursable à une échéance fixée soit
d'un commun accord, soit de manière unilatérale par le
créancier. Ils sont assortis de conditions avantageuses comportant une
part de don qui constitue l'élément de libéralité.
En 1978, le CAD a fixé un objectif à ses membres à savoir
que l'élément de libéralité doit
représenter 86% de leur APD totale.
* la Coopération technique
: elle relève d'une assistance. Elle fournit habituellement
des services indépendants en matière de formation, d'expertise,
et ne nécessite pas d'autres apports ou d'autres types d'objectifs
précis tels que ceux définis par des projets matériel,
financier et humain, dans les domaines d'expertise du pays donateur en vue de
soutenir le bénéficiaire dans sa politique de
développement. La part de la coopération technique dans le total
de l'APD a doublé depuis 1975, elle a atteint en 1998 près de 25%
de l'aide bilatérale.
La coopération technique a été fortement
encouragée car elle présente pour chacun des deux partenaires un
avantage. En général, les bénéficiaires
considèrent que cet apport est gratuit et les pays donateurs l'imposent
comme préalable à toute aide financière.
Après cet éclairage sur les modalités et
caractéristiques économique, analysons dès à
présent ses instruments.
c) Instruments de l'aide
De manière générale, la plupart des
bailleurs de fonds internationaux utilise trois instruments d'aide principaux :
l'aide projet, l'aide programme, l'aide budgétaire globale.
c.1) L'aide projet : on parle d'aide
projet, lorsque les financements sont généralement inscrits au
budget de l'Etat bénéficiaire, mais le bailleur de fonds
vérifie chaque étape du projet (mise en oeuvre des études,
revue des marchés publics, suivi des travaux...) et liquide le plus
souvent lui-même la dépense (paiement des fournisseurs).
c.2) Aide programme : encore
appelée aide budgétaire affectée. Elle consiste en des
financements directs à des politiques sectorielles des Etats
bénéficiaires. L'octroi de ce type d'aide nécessite
l'existence des politiques sectorielles crédibles dans les secteurs
appuyés et d'un dispositif fiable de contrôle de la chaîne
des dépenses dans le budget de l'Etat ou les fonds concernés.
c.3) Aide budgétaire globale
: c'est une aide avec versement des fonds directement dans le compte du
Trésor du pays bénéficiaire en appui à sa politique
de développement. L'octroi de ce type d'aide nécessite
l'existence de politiques sectorielles crédibles, d'une stratégie
cohérente et agrée de réduction de la pauvreté.
La catégorisation faite ci-dessus n'a qu'une valeur
didactique, car si elle peut tenir au plan théorique, dans la pratique,
on peut être confronté à une confusion, voire à un
abus du terme au niveau de l'aide. Il est même possible qu'on se retrouve
avec des formes hybrides telles que l'aide alimentaire ou l'aide d'urgence qui
sont des types de financements où l'on retrouve des
caractéristiques à la fois de l'aide programme et de l'aide
projet par exemple.
Il est question après cette présentation
formelle de l'APD, de s'appesantir maintenant sur la spécificité
de l'aide française.
d) Spécificité de l'aide publique
française au développement : une aide majoritairement
constituée de dons.
La spécificité de l'APD française tient
en ce qu'elle est essentiellement octroyée sous forme de dons comme
l'indique le tableau 1 ci après.
Tableau1: PART DES DONS DANS L'AIDE
FRANÇAISE (VOLUME ET POURCENTAGE)
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que la
portion qu'occupent les dons dans l'aide française est assez
considérable depuis 1990. Celle-ci oscille entre 60 et 85 %, atteignant
même le pic des 90% de l'aide bilatérale en 2004 et 2005. La
France par cet acte, voudrait marquer sa différence par rapport à
des donateurs comme le Japon qui octroient une aide essentiellement
constituée de prêts, mais aussi afficher une volonté
certaine de contribuer significativement à la solidarité
internationale. D'où la place capitale qu'occupent les dons dans son
aide accordée aux pays en développement depuis 1990.
Après cette clarification conceptuelle sur l'APD, il
est question désormais de procéder à une clarification sur
le concept du développement.
2)
La notion du développement
La réflexion de cette sous partie s'articulera autour
de trois points principaux à savoir, une ébauche de
définition de la notion (a), ses dimensions (b) et ses facteurs (c).
a) Une ébauche de définition
Le thème du développement reste très
actuel de nos jours. Dans la genèse, l'invitation de l'homme à
gagner son pain à la sueur de son front posait déjà le
problème du développement économique (Kuate, 1998 :77). En
raison des interrogations autour de cette notion, il serait difficile de
l'étudier sans se donner une définition. Celle-ci a
été d'abord sommaire (a1), puis est devenue plus
précise et complète (a2).
a.1) Définition sommaire
Bien que le développement soit déjà chez
les physiocrates qui s'intéressent aux causes de la richesse des
nations, c'est surtout après la deuxième guerre mondiale et
l'apparition des pays du "tiers monde" au devant de la scène
internationale que jaillit véritablement une littérature sur le
développement et le sous développement souvent confondus avec la
notion de croissance économique. Des auteurs tels que Rostow, Burton,
Higgins... balisent un peu le terrain ; mais de grosses confusions subsistent
entre notion de développement et de croissance économique :
1 Pour Higgins par exemple : « Le
développement est un accroissement dans le revenu total et le revenu
moyen par tête diffusé largement parmi les groupes professionnels
et sociaux qui dure au moins deux générations et devient
cumulatif »
2 Pour Burton « ...L'idée que le
développement est un concept multidimensionnel est naturellement
importante mais il ne paraît pas nécessaire de rechercher avec
insistance une mesure multidimensionnelle... » (Kuate, 1998 :78-79) ;
Mais somme toutes, ces définitions paraissent incomplètes, raison
pour laquelle il faut chercher une définition plus complète.
a.2) Une définition formelle plus
précise et plus complète
C'est notamment avec des auteurs comme François
Perroux, Jacques Austruy, J. L. Lebret que la définition du concept de
développement apparaît plus complète.
Pour F. Perroux par exemple, « le
développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux
d'une population qui la rendent apte à accroître cumulativement et
durablement son produit réel global. Ou mieux encore, « C'est un
changement des structures mentales et des habitudes qui transforment les
progrès particuliers en progrès tout social ».
Pour Austruy, « Le développement est un
mouvement qui bouleverse fondamentalement une société pour
permettre l'apparition, la poursuite et l'orientation de la croissance
économique vers une signification humaine » (Kuate 1998
:79).
Pour Nga Ndongo (1998), « Le développement
peut se concevoir comme un processus dynamique de changement de
l'environnement, naturel ou sociétal, en vue de la transformation de
l'humaine condition » (Nga Ndongo 1998 :45). Malgré
l'imprécision de certains termes, on comprend que le
développement est un phénomène qui déborde
largement de la sphère économique. Après cet essai de
définition, attardons nous sur les dimensions du
développement.
b) Les dimensions du développement
Le développement comporte trois dimensions principales
: quantitative (b1), qualitative (b2), compétitive
(b3) suivant la catégorisation de Nga Ndongo (1998
:45-47).
b.1) Le développement quantitatif
Sans aucun doute, le développement (et c'est son aspect
le plus visible) se traduit par l'acquisition et l'accumulation (individuelles
ou collectives) d'une certaine quantité de biens ou par la
réalisation d'un certain nombre de performances économiques ou
sociales statistiquement mesurables.
Cette dimension du développement peut se chiffrer
à l'aide d'indicateurs divers, tels que le niveau du P.I.B, la valeur du
PNB per capita (généralement au dessus de 1000 dollars),
l'industrialisation, l'urbanisation, la maîtrise de la technologie, les
infrastructures économiques et sociales. Il obéit à un
certain nombre de conditions et modalités exposées par Rostow
(1960). Même si on peut accuser cette dimension du développement
réductionniste (le développement est réduit à la
croissance), il n'en demeure pas moins qu'elle constitue un passage
obligé, voire, une étape nécessaire vers le
développement.
b.2) Le développement
qualitatif
Il ne va sans dire que si cette dimension détermine
l'existence de l'homme sur terre, elle doit, pour s'accomplir harmonieusement
et pleinement se doubler d'une dimension humaine, spirituelle, culturelle :
c'est la dimension qualitative du développement.
L'homme est, en effet au centre de tout : il est en quelque
sorte l'alpha et l'oméga du développement. Le processus de
celui-ci doit viser au plein accomplissement de l'homme, à son
éducation, à l'éclosion de ses potentialités.
De ce fait, l'aspect qualitatif n'est pas réalisable
si les hommes qui en ont la responsabilité et qui en sont les acteurs et
les bénéficiaires ne sont pas animés d'un esprit, d'une
mentalité, d'une idéologie, bref d'une culture du
développement. On pourrait d'une formule lapidaire dire que le
développement d'une collectivité dépend de la
qualité des hommes chargés de le conduire. Car le
développement n'est pas qu'une affaire d'infrastructures, il est aussi
une affaire de culture qui le détermine en premier et dernier
ressort.
b.3) Le développement
compétitif
Le développement est aussi un facteur de
compétitivité voire d'agressivité entre les peuples et les
nations.
Dans un contexte international marqué par la loi du
plus fort, le développement apparaît comme l'arme par excellence
contre la dépendance et la sujétion et est la condition sine qua
non de liberté. Etre développé, en effet, c'est être
à l'abri d'une domination extérieure. Se développer, c'est
agir pour sa libération et son émancipation ; l'exemple
japonais nous apporte une parfaite illustration , un peu comme dans la
dialectique hégélienne du "Maître et de l'esclave", c'est
le développement, c'est-à-dire par une maîtrise des
conditions et processus de transformation de l'environnement, qu'un peuple
assure l'existence de son libre-arbitre, se prémunit contre les
agressions et les convoitises extérieures et se mesure, au rendez-vous
de l'universel, aux autres peuples, administrant par là même la
preuve de sa capacité à comprendre, à assimiler, bref
à maîtriser la formule du développement. Ceci est d'autant
plus pertinent que comme le note Kamto (1993) : « Il n'y a pas de
dignité pour les Nations Pauvres ; par suite il ne peut y avoir de
respect pour elles » (Kamto, 1993 :56)
Au regard de ces différentes dimensions du
développement, il est à noter qu'en matière d'APD,
dès sa conception, c'est la première dimension qui revêtait
ici toute son importance. Mais son caractère économiciste
excessif a permis qu'on aille au-delà de cette dernière en
intégrant progressivement la deuxième dimension du
développement explicitée ici, au regard des nouveaux enjeux
auxquels est confronté désormais l'aide internationale. On
insiste dès lors sur l'amélioration des conditions de vie des
populations désireuses, épicentre par excellence de l'aide. La
troisième dimension quant à elle, requiert beaucoup plus de la
capacité, et du génie propre des récipiendaires de l'aide
dans leur élan vers le progrès.
Après cette analyse des dimensions du
développement interrogeons-nous sur ses facteurs.
c) Les facteurs du développement
Si nous interrogeons l'histoire, nous pouvons relever un
certain nombre, non limitatif, d'éléments susceptibles
d'expliquer le développement, tel que nous venons tenter de le
caractériser. A ce titre, Nga Ndongo (1998) nous propose un triptyque de
facteurs qui peut paraître séduisant à certains
égards, mais qui, après examen minutieux, brille par une
certaine coloration idéologique (nous y reviendrons plus d'amples au
cours de nos analyses ultérieures).Il est donc question pour nous de
présenter dans un premier temps, l'ensemble des trois facteurs du
développement analysé par Nga Ndongo que nous désignons
par le terme générique « les facteurs provincialistes du
développement » (c1), puis dans un second mouvement,
présenter des facteurs plus « généralisants »
du développement (c2) .
c.1) les facteurs « provincialistes »
du développement
Il s'agit, principalement, suivant la
typologie de l'auteur, de la raison (c1i), de la démocratie (c1ii) et de
la science (c1iii). Les trois facteurs étant d'ailleurs
étroitement liés (Nga Ndongo, 1998 :47-50).
c.1.i) La raison comme facteur du
développement
On peut situer, suivant l'auteur, dans une perspective
historique le 17e siècle comme la période où on
assiste à un début d'affirmation de la raison dans l'histoire du
développement. Siècle du rationalisme, le 17e
siècle connaît une véritable explosion de l'esprit humain
sous influence, entre autres, de l'émergence des sociétés
savantes où se moule "l'honnête homme" cultive et distingué
pour qui la "parfaite raison fuit toute extrémité, et veut que
l'on soit sage avec sobriété".
L'esprit critique fait des progrès décisifs
avec Descartes, qui recommande notamment de douter de la totalité des
connaissances et de n'accepter « aucune chose pour vraie que je ne la
connusse évidemment être telle ».
Mais c'est véritablement au « siècle des
lumières », de raison, que l'esprit critique va atteindre sa pleine
efficacité avec l'apparition et la consolidation de ce que Jürgen
Habermas appelle. « L'usage public du raisonnement par des personnes
privées rassemblées en un public pour discuter des règles
générales de l'échange des marchandises et du travail
social ». Le bouillonnement qui se fait contre la cour et l'ordre social
ancien ouvre la voie à la révolution qui s'actualise dans un
nouveau régime politique, la démocratie, surgit des cendres de la
monarchie (Nga Ndongo idem : 48-49).
c.1.ii) La Démocratie comme facteur du
développement
Bien qu'elle soit une notion confuse et galvaudée,
certains la qualifiant même de « la prostituée des temps
modernes » (Kamto 1993 :70), la démocratie donne aujourd'hui lieu
à des dérives regrettables et comporte encore dans son
application de nombreuses insuffisances. Elle est pourtant universellement
perçue comme le régime de l'égalité et la
liberté. Son affirmation dans l'histoire de ces deux derniers
siècles a donné une impulsion considérable au
développement dans ses trois dimensions sus citées, grâce
notamment à la libération des énergies individuelles en
collectives, l'instauration de la transparence dans la gestion de la
"Respublica" et la consolidation de cet Etat de droit. Il est donc
indéniable que, nonobstant le résultat assez mitigé du
processus démocratique dans l'Afrique actuelle, la relation entre
démocratie et développement est extrêmement forte et ne
saurait en aucun cas ressortir à la pensée unique. On peut
certes, selon l'auteur, concevoir une certaine croissance, voire une certaine
compétitivité sans démocratie, mais il s'agirait là
comme l'ont montré les pays de l'Europe de l'Est, d'un
développement « bancal », bâti sur des sables mouvants
(Idem:49-50).
c.1.iii) La science et la technologie comme
facteurs du développement
Fille du raisonnement et de la démocratie, la science
est en effet la combinaison de la raison critique et la liberté conquise
qui a permis à la connaissance de gagner du terrain sur le mysticisme,
l'obscurantisme , l'ignorance, et permis à ce que la révolution
technologique se produise. N'assimile-t-on pas aujourd'hui la
société de développement à « la
société technologique et industrielle ?», s'interroge
l'auteur (Nga Ndongo, 1998 : 50).
Le triptyque proposé par Nga Ndongo
peut avoir ce mérite d'être pertinent à certains
égards car il peut s'imposer dans une certaine mesure comme une
variable catalyseuse probant du processus de développement. Les
facteurs dont il expose peuvent sans doute être considérés
comme des « réactifs » pertinents pouvant déclancher
le processus de développement.
Toutefois, l'argumentaire de cet auteur
prête le flanc à une critique certaine. En effet, au regard des
facteurs du développement soutenus par ce dernier, celui-ci semble
réduire le processus de développement à une époque
plus ou moins récente (le XVII siècle) et à un endroit
bien déterminé (l'Europe Occidentale), ce qui relève
à notre avis d'une terrible gageure .Prendre en effet le XVIIe
siècle comme marqueur temporel du développement en Europe
Occidentale, ce serait faire fi des autres peuples qui ont, avant les
européens, enclenché un vaste et brillant processus de
développement qui a même nourri « le Siècle des
Lumières ». C'est précisément les cas de l'Egypte
Antique en Afrique ; des Mayas ou des Aztèques en Amérique Latine
pré-colombienne ; de la Chine impérial en Asie et la liste est
loin d'être exhaustive. C'est dire que les facteurs du
développement exposés par Nga Ndongo brillent par un certain
particularisme et procède ainsi d'une vision européo centriste du
développement. Lorsque l'auteur soutient par exemple de la
démocratie comme facteur du développement, il semble ignorer que
des sociétés historiques à l'instar de l'Egypte Antique,
ou de la Chine Millénaire, pour ne citer que celles là, ont connu
un niveau assez élevé de développement, sans pour autant
qu'elles soient démocratiques.
Au regard de ce qui précède, il ressort que les
facteurs du développement présentés par Nga Ndongo se
caractérisent par une certaine insuffisance du fait de leurs
caractères réductionniste et particulariste ; d'où la
nécessité de penser d'autres facteurs du développement
susceptible d'être plus généralisants.
c.2) les facteurs « généralisants
» du développement
Il s'agit de déterminer ici un ou plusieurs facteurs
facteur(s) du développement, pouvant se vérifier en tout lieu et
en tout temps, pour tous les peuples qui ce sont succédés depuis
l'aube de l'humanité jusqu'à nos jours. Mc Clelland (1969) aux
cours de ses travaux a pu descellé, en s'appuyant sur les
résultats des psychologues, une force génératrice de
l'expansion socio économique et culturelle des peuples. Celle ci qui
peut se présenter sous la forme d'un « virus mental » fut
baptisé Need for Achievement (abrégé : n.Ach),
parce qu'on l'identifia dans les pensées d'une personne en recherchant
si ces pensées étaient axées sur une tendance à
« bien faire » ou plutôt à « mieux faire »
qu'auparavant, c'est-à-dire plus efficacement, plus rapidement, avec
moins de travail, et de meilleurs résultats etc. (Mc Clelland, 1969 :13)
Le n.Ach peut donc s'imposer comme ce « réactif
» pertinent, catalyseur véritable qui a pu permettre aussi bien aux
sociétés historiques que contemporaines d'enclencher un vaste et
laborieux processus de développement qu'a connu l'humanité
jusqu'à l'ère actuelle et, pourquoi pas, même pour les
générations futures.
Au-delà des facteurs du développement
exposés par Nga Ndongo, oblitérés par une coloration
idéologique, le facteur développé ci-dessus peut avoir ce
mérite d'être plus neutre, plus objectif et plus pertinent dans la
compréhension des forces génératrices d'un processus
aussi complexe qu'est le développement.
Au terme de ce chapitre purement théorique, il
apparaît qu'on assiste à un foisonnement théorique assez
dense sur la notion d'aide, et que les concepts d'APD et de
développement revêtent, au-delà de la première
appréhension, des dimensions aussi complexes les unes, les autres pour
lesquelles une étude plus pointilleuse doit être faite. Ceci, afin
de les rendre plus accessibles au sens commun. Tâche à laquelle
nous nous sommes efforcés à faire dans cette partie.
Il est donc question pour nous de s'intéresser sur
l'orientation sectorielle globale de l'aide française aux pays en
développement.
CHAPITRE II :
LE CONTEXTE AFRICAIN DE L'APD FRANCAISE
L'objet de ce chapitre s'articule essentiellement autour de
deux points focaux. Il est question d'abord de procéder à une
présentation du cadre géo-politique et historique concernant le
Cameroun et le Gabon (1), et d'analyser l'évolution de l'orientation
sectorielle de l'aide française affectée aux pays en
développement dès 1990 (2).
1) Cadre géo-politique et historique du Cameroun et du
Gabon
Deux grandes idées sont développées dans
cette sous partie. En premier lieu un essai de présentation
géographique, démographique et socio-économique sommaire
du Cameroun et du Gabon (a), en second lieu un bref rappel des liens
historiques qui existent entre ces pays et la France (b).
a)
Présentation géographique, démographique,
socio-économique
- Cameroun
Pays d'Afrique centrale, le Cameroun s'étend entre le
2e et le 13e degré latitude Nord d'une part, et
entre le 8e et le 16e degré longitude Est d'autre
part. Le pays esquisse un triangle rectangulaire, dont l'hypoténuse
s'étire du lac Tchad au Golfe de Guinée sur 1500 Km ; et la base
de l'océan Atlantique à la frontière avec la R .C.A sur
800 Km. D'une superficie totale de 475.650 Km² dont 466.050 Km² de
superficie continentale et 9600 Km² de superficie maritime, le Cameroun
est limité au Nord par le lac Tchad, au Nord-Est par la
République du Tchad, à l'Est par la R.C.A, au Sud par les
République du Gabon, du Congo, et de la Guinée Equatoriale et
à l'Ouest par la République fédérale du Nigeria.
(Annuaire statistique du Cameroun, 2000).
D'une population totale estimée en 2005 à 16,4
millions d'habitants, dont près de 60 - 65% se trouvent entre 15 - 25
ans. Près de 51% de la population camerounaise vivaient en ville en
2003.Le Cameroun est divisé en dix provinces dont Yaoundé, qui
est la capitale politique avec près de 1.372.000 habitants (estimation
de 1999) ; Douala, sa capitale économique dont le port est le plus
important sur le golfe de Biafra (1.448.000 habitants en 1999) ; Nkongsamba
(130.000 habitants) ; Maroua (140.000 habitants) et Bafoussam (120.000
habitants).
Sur le plan économique, le Cameroun dispose de vastes
ressources, aussi bien agricoles que minières et
pétrolières. Il a connu une croissance importante entre 1977 et
1985 (près de 10% par an), grâce à la valorisation de ses
ressources pétrolières et ses exportations agricoles.
Après la période de crise économique profonde, due
à la dégradation des termes de l'échange (en baisse de 44%
de 1986 et 1988) et la concurrence avec son voisin nigérian,
parallèlement à une augmentation des dépenses publiques,
le pays a mené à partir de 1988 une politique d'ajustement
structurel sous l'égide du F.M.I. Le Cameroun a été
éligible à l'initiative P.P.T.E. dans un but de
rééchelonnement et d'effacement de sa dette extérieure.
Avec un taux du P.I.B. qui s'estimait en 2003 à 4,2% et avec une
population essentiellement jeune, le Cameroun est confronté à un
problème crucial qui est celui du chômage et du sous emploi qui
touche près de 50% de la population active (« Cameroun »,
Microsoft®Encarta2006).
- Gabon
Pays d'Afrique Equatoriale, ouvert sur l'océan
atlantique, dont plus de ¾ du territoire sont recouverts par la
forêt dense, le Gabon est limité au Nord Ouest par la
Guinée Equatoriale, au Nord par le Cameroun, à l'Est et au Sud
par le Congo. D'une superficie totale de 267 667 km², la population
gabonaise est estimée en 2005 à 1.389.201 habitants dont
près de 70% vit dans les villes. Le Gabon est divisé en 09
provinces, la capitale politique, Libreville est la plus grande ville avec une
population estimée à 365.650 habitants (1993) ; viennent ensuite
Port Gentil, capitale économique et centre des industries de
transformation du bois et de raffinage du pétrole avec une population
estimée dernièrement à 125.000 habitants (1993), Masaku,
ancienne Franceville (75.000 habitants en 1998) et Lambaréné
(42.316 habitants), ville située dans la zone des plantations des
palmiers à huile.
L'économie du Gabon repose très largement sur
l'exploitation de ses ressources naturelles notamment du pétrole, qui
constitue près de 50% de son P.I.B. (4,92 millions de dollars en 2002).
Cette rente pétrolière, conjuguée à la faible
densité de la population gabonaise (4,3 / Km²) explique que la
Gabon ait un revenu par habitant parmi les plus élevés en Afrique
subsaharienne (3780 dollars), ("Gabon", Microsoft®Encarta, 2006).
Toutefois, la redistribution des richesses nationales est très
inégale et la pauvreté affecte près de 60% de la
population. En effet, confrontés à la contestation sociale et
à l'épuisement des ressources pétrolières, les
gouvernements gabonais successifs n'ont eu d'autre choix que d'afficher leur
volonté de diversification de l'économie. Parmi les secteurs
jugés prioritaires figurent notamment le tourisme, les mines, en
particulier le manganèse dont le Gabon est l'un des principaux
producteurs mondiaux, et surtout, l'exploitation et la transformation locale du
bois (J.A./L'Intelligent Hors Série, n° 6, P. 206).
Après cette présentation sommaire du Cameroun
et du Gabon, il est question maintenant de procéder à un bref
rappel des liens historiques qui existent entre ces deux pays et la France.
b)
Rappel des liens historiques avec la France
Les liens qui existent entre le Cameroun et le Gabon avec la
France sont très étroits, et s'inscrivent sur une longue
période, car ils remontent à l'époque coloniale voire
précoloniale (avec la Traite négrière). Toutefois, nous
avons choisi comme marqueur historique la période coloniale pour
illustrer l'étroitesse des liens (qu'ils soient politique ou
socio-économique) qui existent entre la France autant le Cameroun que le
Gabon. Toutefois, un regard plus approfondi fait ressortir, à notre
avis, la variabilité de statut et de la place qu'ont occupé les
deux pays aux yeux de la France, quoiqu'étant tous les deux au centre
des relations de coopération avec la France. C'est pour cette raison
qu'une étude individuelle s'avère, à notre avis,
nécessaire pour faire ressortir le degré des rapports qui
existent entre ces deux pays et la France.
b.1) Le Gabon : l'enfant gâté de la
France ?
Les relations du Gabon avec la France remontent à la
fin du XVe siècle. En effet précédés par
les Portugais, les Hollandais, les Français sont cependant les premiers
à s'établir de manière permanente sur l'estuaire du Gabon.
Ils signent un traité avec le souverain Mpongwé en 1838 et, cinq
ans plus tard, ils y créent un poste militaire. Durant la 2e
moitié du XIXe siècle, les français
étendent leur influence jusqu'à l'intérieur du pays,
signant des accords avec les peuples du Sud-Est.
Après que la frontière entre le Kamerun et le
Gabon français ait été fixée au congrès de
Berlin, le Gabon devient, en 1886, un territoire de l'empire colonial
français. Les sociétés commerciales de la métropole
reçoivent, ainsi, de vastes concessions et s'engagent dans une vaste
exploitation des richesses du sol et du sous sol dont regorge le pays en faveur
de la métropole. A partir de 1899, le Gabon est rattaché au Congo
français. En 1910, le Gabon devient une colonie de l'Afrique Equatoriale
Française (A.E.F) à laquelle elle occupe une place de choix dans
cette zone géographique de l'empire colonial français. Il est en
quelque sorte son phare, symbole de la grandeur et du prestige de la
métropole dans cette région d'Afrique.
Acquis à la France - libre après 1941 (à
laquelle il fournira ses braves fils, afin de libérer la France
occupée pendant la 2e guerre mondiale), à l'issue
d'affrontements meurtriers entre colons vichystes et gaullistes, le Gabon
devient, en 1946, territoire français d'outre mer. En 1958, il vote sous
initiative française son intégration au sein de la
communauté française. C'est progressivement, sous l'égide
de la France qu'il évoluera sous ce regroupement jusqu'à son
indépendance proclamée le 17 Août 1960 avec pour
président M. Léon Mba. Il signera toutefois, avec la France
d'importants accords de coopération et de défense qui permettent
à la France d'avoir toujours une certaine main mise sur le pays, quoique
souverain ; et aux autorités locales d'asseoir leur autorité au
sein de la société. Depuis lors, les rapports du Gabon avec la
France ont maintenu une certaine continuité dans le temps, d'autant plus
que sa classe dirigeante a toujours été acquise à la cause
de la France, qui se positionne aujourd'hui comme son partenaire
privilégié et de premier ordre
En résumé, les relations historiques qui lient
le Gabon à la France sont au regard de ce qui précède,
très profondes et teintées d'un certain paternalisme eu
égard aux relations personnalisées qui ce sont tissées
entre la classe dirigeante gabonaise et celle d'outre-mer. C'est dire que le
facteur colonial reste une variable pertinente dans l'analyse de la politique
française d'aide au développement allouée au Gabon.
Qu'en est-il du Cameroun ?
b.2) Le Cameroun : « frais de
réparation des dommages de guerre1(*) »
En effet, jusqu'ainsi 1916 le Kamerun est un protectorat
allemand, statut qu'il a acquis à la suite du congrès de Berlin
en 1884-1885. Les puissances de l'axe ayant déjà perdu la guerre,
celles qui possèdent des territoires outre mer, vont les abandonner afin
de replier à la métropole. C'est ainsi qu'en Février 1916,
les Allemands vont quitter définitivement le Kamerun, qui sera envahi
par la suite par les forces franco- britanniques, qui occuperont de fait ce
territoire. Ce n'est qu'en juillet 1922 que le Kamerun et d'autres territoires
similaires seront placés sous le mandat de la SDN, qui confiera en son
administration conjointement à la France et à la Grande Bretagne.
Après d' âpres négociations, la France et la Grande
Bretagne sur le plan de partage du Kamerun, la France occupera finalement les
3/4 du territoire y compris Douala et la Grande Bretagne 1/4. En 1945,
l'ensemble du territoire passe sous la tutelle de l'ONU, qui confie
l'administration du Cameroun conjointement à la France et la Grande
Bretagne. Malgré la particularité du statut du Cameroun sur le
plan légal (mandat et tutelle). Le Cameroun oriental
(c'est-à-dire français) sera administré peu ou proue
comme une colonie française. La France va s'appuyer sur l'article 9 des
accords de mandat ( reprise par l'article 4 des accords de tutelle ) qui
dispose « la puissance mandataire aura les pleins pouvoirs
d'administration et de législation sur les contrées qui seront
administrées selon la législation de la puissance mandataire
comme partie intégrante de son territoire » (Ngongo, 1987 :93) ;
c'est ainsi qu'au regard de cette disposition, le Cameroun oriental sera
intégré de fait dans le vaste bloc A.E.F et la France
entreprendra une exploitation des ressources du sol et du sous sol et de la
force du travail camerounaises, concédant ainsi à ses nationaux
des concessions commerciales. Elle va aussi s'investir sur le plan des
infrastructures et la formation des cadres indigènes appelés plus
tard à prendre la relève. En 1958, le Cameroun oriental obtient
son autonomie interne dans le cadre de la Communauté Française ;
malgré les revendications des mouvements nationalistes à une
indépendance immédiate, ce n'est que le 1er Janvier
1960, sous l'égide de la France, que le Cameroun oriental
accédera à la souveraineté nationale et internationale
avec pour Président M. Amadou Ahidjo. Comme elle le fera avec toutes ses
anciennes colonies à leur indépendance, la France va signer avec
le Cameroun, nouvellement indépendant un ensemble d'accords de
coopération et d'assistance technique et militaire qui vont, à
travers ce biais, permettre à la France d'être toujours
présente au coeur de l'activité politique et
socio-économique du Cameroun grâce à ses multiples
potentialités (démographique, géographique,
pédologique). Le Cameroun occupera ainsi une place de choix dans la
politique africaine de la France quelque soit les chapelles politiques qui
alterneront au pouvoir en France.
Au-delà de ce qui précède, il en ressort
que, malgré la variabilité de statut du Gabon et du Cameroun sur
un plan historique, les liens qui se sont noués entre ces deux pays et
la France sont restés néanmoins très étroits et
profonds, au regard des relations coloniales et post/néo coloniales qui
se sont tissées entre ces derniers et la France. Ceci justifie
l'omniprésence jugée souvent excessive de la France au coeur des
politiques nationales (économique, sociale, politique, culturelle) du
Cameroun et du Gabon, qui sont d'ailleurs membres actifs de la francophonie et
ont déjà accueilli au moins une fois le sommet. France - Afrique
sous l'égide de l'ancienne puissance métropolitaine et
tutélaire (1992 pour le Gabon et 2001 pour le Cameroun).
Après ce bref rappel des liens historiques qui
existent entre la France, le Cameroun et Gabon, il est question de s'appesantir
sur une analyse de l'orientation de l'aide française faite aux pays en
développement.
2) Analyse de l'orientation sectorielle de l'aide
française affectée aux pays en développement depuis 1990
Un seul point focal sera au coeur de cette partie. En effet il
sera question d'analyser l'évolution de l'APD française
affectée à divers secteurs ciblés pour tous les pays en
développement. Ces secteurs à titre de rappel sont au nombre de
quatre. Il s'agit en effet des secteurs de la santé, eau et
assainissement, éducation et agriculture que le CAD regroupe sous le
terme générique Infrastructures et services sociaux.
De manière générale, rappelons qu'en
matière d'APD, la qualité et le contenu sont tout aussi
importants que le volume. Pour contribuer efficacement à la
réduction de la pauvreté et des inégalités dans le
monde, l'APD doit se concentrer vers les pays et les populations les plus
pauvres et financer les secteurs prioritaires pour le développement
humain. Pour répondre à cet enjeu, la France et ses partenaires
de la communauté internationale ont pris toute une série
d'engagements au cours des trente dernières années,
actualisés en partie à travers l'adoption, en 2000, des OMD. La
France a même inscrit sur son projet de loi finance 2006 (P 14) que
«l'objectif principal de l'APD française est de réduire la
pauvreté (...) ».Il est donc question d'analyser tour à tour
l'aide française affectée à la santé (a) ;
à l'éducation (b) ; à l'eau (c) et l'agriculture (d)
aux pays en développement depuis 1990.
a)
L'aide française dans le secteur de la santé aux pays en
développement : une aide en baisse relative et faible en pourcentage du
volume total
Rappelons tout d'abord que l'aide à la santé
revêt un caractère générique, car le secteur
santé regroupe un ensemble de sous-secteurs parmi lesquels figurent
principalement les sous-secteurs santé de base, santé
générale, population. Ces sous-secteurs eux-mêmes
connaissent des champs plus spécifiques. Le graphique A (cf. annexe 1)
nous illustre assez bien une répartition sous sectorielle de l'aide
à la santé
S'agissant d'une définition statistique du CAD
concernant l'aide à la santé, il est à noter que les
membres du CAD attribuent à chaque activité d'aide, un secteur de
destination et à l'intérieur de ce secteur un code-objet
détaillé lui est attribué, qui identifie « le secteur
spécifique de l'économie ou de la structure sociale du pays
bénéficiaire, dont l'aide est destinée à favoriser
le développement ».
Le tableau A (cf. annexe 2) énumère les codes
objets qui définissent «l'aide à la santé».
On note au regard de ce dernier, que la définition de
l'aide à la santé exclut l'aide aux autres secteurs qui peuvent
avoir une incidence directe ou indirecte sur la situation sanitaire, comme
l'aide à la distribution d'eau et assainissement ou à
l'éducation (qui constituent par ailleurs des secteurs
spécifiques et distincts d'allocation de l'aide). L'aide médicale
en cas de catastrophe naturelle et dans d'autres situations d'urgence est
également exclue.
Afin d'éviter toute équivoque possible, il est
aussi à noter que dans ce présent travail nous allons nous
appesantir beaucoup plus sur les sous-secteurs recherche médicale,
lutte contre les maladies infectieuses et services médicaux en ce qui
concerne ce secteur car ils ressortent à nos yeux comme des secteurs
clés pour lesquels les populations constituent au premier degré
les cibles par excellence, aussi bien pour le donateur que le
récipiendaire de l'aide. Examinons dès à présent
l'évolution générale de l'aide française dans le
secteur de la santé pour tous les pays en développement.
En ce qui concerne le secteur de la santé, l'aide
française suit une évolution très contrastée pour
tous les pays en développement.
En effet comme l'indiquent le tableau 2 et le graphique 1
ci-dessous, représentant respectivement le volume de l'aide
française allouée à la santé et la courbe
évolutive conséquente , on note de manière globale que
cette aide connaît une baisse relative en volume. En 1990 par exemple la
France a alloué 293,31 millions de dollars, en 2005 cette aide s'estime
à 278,87 milliards de dollars ;ce volume qui s'affiche aussi bas
comparativement à 2004 où l'aide française a atteint le
pic de plus de 300 Millions de dollars, son meilleur score depuis 1990. On peut
ressentir ainsi un certain relâchement des efforts d'augmentation de
cette aide pourtant bien engagés depuis 2001.Les données de 2005
n`augurent pas des lendemains meilleurs car si cette trajectoire descendante
est maintenue, on risque assister dans les années à venir
à une chute progressive de l'aide française à la
santé aux pays en développement. Mais cette baisse globale ne
doit pas oblitérer les disparités de l'évolution de l'aide
française allouée à la santé. En observant la
courbe du graphique 2 on note que de 1990 à 1993 l'aide a connu une
baisse progressive, avant de connaître une hausse directe de 1993
à 1995. Mais de 1995 à 2000 l'aide connaît une fois de plus
une baisse conséquente, avant d'engager une hausse progressive qui
culmine en 2004 avec près de 300,54 millions de dollars, avant d'amorcer
un déclin timide. Cette évolution en dents de scie de l'aide
française affectée à la santé aux pays en
développement, serait le reflet d'une volonté timorée de
la France à vouloir s'investir plus significativement dans ce secteur
pourtant vital pour ces derniers, car faisant face pour la plupart à
une crise sanitaire réelle. On peut néanmoins noter que depuis
l'adoption en 2000 par l'AG/ONU de la déclaration sur les OMD, la France
a fait un effort certain d'augmenter le volume de son aide à la
santé, ce qui pourrait traduire pour certains une volonté
réelle de la France à respecter ses engagements internationaux en
vue de réaliser les OMD liés à la santé. Mais aussi
de traduire dans les faits son discours sur ses priorités en
matière d'aide aux pays en développement, parmi lesquelles
figure en bonne lice le secteur de la santé, auxquelles l'aide
française doit être plus concentrée.
Tableau 2 : APD Française à la
santé affectée aux pays en développement
(volume)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
293,3
|
193,5
|
169,1
|
145,9
|
217,1
|
276,3
|
222,5
|
174,5
|
210,8
|
167,9
|
109,9
|
152,4
|
191,2
|
186,4
|
300,5
|
278,9
|
Source : OECD Stats 2007
Graphique 1 : Courbe évolutive de l'aide
française dans le domaine de santé aux pays en
développement
Toutefois, cette présentation quelque peu euphorique
ne doit pas nous faire oublier un détail d'une importance
indéniable : c'est la faible représentativité de l'aide
française à la santé du volume total accordé aux
pays en développement. En effet comme l'indique le tableau 3 ci-dessous
c'est avec beaucoup de peine que celle-ci a pu franchir le seuil de 10 % du
volume total de l'APD française allouée dans le grand secteur des
infrastructures et services sociaux. Elle oscille généralement
entre cinq et neuf pour cent ,ponctuée de temps en temps par quelques
années au cours desquelles elle a pu quand même franchi le seuil
des dix pour cent (notamment en 1995, 2001, 2002, 2004, 2005 avec
respectivement 13.24% , 12.21%, 12.04%, 12.32% , 15.5%). Ce n'est
qu'en 2005, que l'aide française à la santé a atteint 15 %
du volume total de l'aide au secteur global des infrastructures et services
sociaux, son meilleur taux depuis 1990. Même si on note quand même
une augmentation notoire par rapport à 1990 où elle ne
représentait que 8,29%, il n'en demeure pas moins vrai que sur le plan
général, l'aide française à la santé reste
significativement faible en terme de pourcentage du volume total.
Tableau 3 :APD
française à la santé aux pays en
développement(%)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Infrastructure et services sociaux
|
3534
|
2089
|
2087
|
2075
|
2549
|
2806
|
2892
|
2417
|
2176
|
2136
|
1333
|
1247
|
1588
|
2009
|
2438
|
2230
|
Santé (volume)
|
293,3
|
193,5
|
169,1
|
143,9
|
217,1
|
276,3
|
222,5
|
174,5
|
210,8
|
167,9
|
109,9
|
152,4
|
191,2
|
186,4
|
300,5
|
278,9
|
Santé (pourcentage %)
|
8,29
|
9,24
|
8,1
|
6,93
|
8,51
|
13,24
|
7,69
|
7,21
|
9,68
|
7,86
|
8,23
|
12,21
|
12,04
|
9,27
|
12,32
|
15,5
|
Source : OCDE stats 2007
Cette faible représentativité en terme de
pourcentage de l'aide française à la santé allouée
aux pays en développement vient ainsi bouleverser la vision optimiste
que pouvaient avoir certains quand il fallait considérer uniquement le
volume de celle-ci. En effet la réalité décrite par les
données statistiques du tableau ci-dessus, reflète à
notre avis le désintérêt à peine masquée de
la France à l'égard de ce secteur, pourtant vital pour les pays
en développement, et ceci au mépris de son discours qui insiste
cependant sur ce secteur comme une des priorités à laquelle
l'aide française doit être plus concentrée. On semble donc
assister à un réel paradoxe, découlant de la
désarticulation entre le discours français en matière
d'affectation sectorielle de son aide au développement et la pratique
réelle sur le terrain.
En résumé on peut retenir que l'aide
française affectée à la santé relève des
disparités notables pour les pays en développement ;
néanmoins deux faits peuvent retenir notre attention :
premièrement cette aide connaît une baisse relative sur le plan
global et deuxièmement cette aide est faible en termes de
représentativité de pourcentage du volume total de l'aide
française accordée au grand secteur infrastructures et services
sociaux.
Après cette analyse de l'aide française
affectée au secteur sanitaire à tous les pays en
développement, intéressons-nous au secteur suivant.
b-
L'aide française à l'éducation aux pays en
développement : une aide considérable en volume et de
pourcentage
Le secteur de l'éducation est un secteur
névralgique car c'est sur lui que repose l'avenir et le devenir d'un
peuple. A l'heure du triomphe du "Brain storming", ce secteur s'impose sans
rival comme le creuset où sont tirés ceux qui doivent penser le
bien-être de tous, la marche vers le progrès du pays, d'où
sa position centrale
L'observation de l'évolution globale de l'aide
française allouée à l'éducation pour tous les pays
en développement nous fait ressortir deux faits majeurs : d'abord que
cette aide est considérable en terme de volume et qu'elle
représente plus de la moitié du volume total de l'aide
française en terme de pourcentage.
Tableau 4 : APD française à
l'éducation pour les pays en développement (en millions
USD)
Source : OCDE Stats 2007
En effet, une lecture attentive du tableau 04 ci-dessus nous
fait ressortir que l'aide française octroyée dans le secteur de
l'éducation pour tous les pays en développement, est
considérable en termes de volume, et connaît une augmentation
certaine avec des pics en 1990, en 1996 et en 1997, même s'il est
à remarquer qu'en 2000, année de l'adoption des OMD, l'aide
française affiche paradoxalement un profil bas comparativement aux
années antérieures. On quitte ainsi de 1496,23 millions de
dollars en 1999 pour chuter à 755,77 millions de dollars en
2000 !!! Cette tendance baissière va perdurer encore pendant deux
ans avant que l'on puisse assister à partir de 2003 à une
remontée notoire du volume de l'aide française à
l'éducation affectée aux pays en développement. Toutefois
l'observation de la courbe du graphique 2 ci-dessous, représentative de
l'évolution de l'aide française à l'éducation fait
ressortir quelques disparités.
Graphique 2 : courbe évolutive de l'APD
française à l'éducation aux pays en développement
Comparativement à 1990 où l'aide
française a atteint le pic culminant des 2301,17 millions de dollars, on
note une baisse significative par rapport à 2005 où elle
s'élève à 1460,62 millions de dollars. En plus, on note
une chute brutale de l'aide française de 1990 à 1991 et de 1999
à 2000. Mais depuis l'année 2000, on assiste à une hausse
progressive de l'aide française jusqu'à 2004 avant d'entamer un
déclin relatif. Les années 1999 à 2001 sont
considérées comme des années de chute notoire en terme de
volume de l'aide française à l'éducation pour tous les
pays en développement, qui pourrait ainsi traduire une certaine fatigue
de l'aide française à ce secteur ; voire un essoufflement.
Toutefois cette baisse ne doit pas oblitérer l'importance de l'aide
française en termes de volume sur un plan général.
Autre fait majeur à noter en ce qui concerne l'aide
française à l'éducation, c'est qu'elle représente
plus de la moitié en pourcentage du volume total de l'aide de la France
accordée aux pays en développement.
En effet, comme le démontre le tableau 5 ci-dessous, on
constate que de manière globale l'aide française à
l'éducation retient à elle seule, près de 60 % du volume
total de l'aide française accordée au grand secteur
infrastructures et services sociaux dont fait partie le secteur de
l'éducation. Les années 1992, 1993, 1999 sont
considérées, au regard de ce tableau, comme des périodes
où l'aide française à l'éducation a occupé
à elle seule plus de 70 % de son aide globale avec respectivement
72,12%, 72,9 % et 70 %.
Tableau 5 : APD française à
l'éducation aux pays en développement (%)
Source : OCDE Stats 2007
De plus, on note une hausse relative en terme de pourcentage
de l'aide française à l'éducation depuis les années
2000, année au cours de laquelle fut adoptée la
déclaration sur les O.M.D. Cela semble traduire la volonté de la
France à vouloir attendre et respecter les engagements qu'elle s'est
donnée.
De cette sous partie, il ressort clairement que, l'aide
française allouée à l'éducation reste
considérablement concentrée, aussi bien en terme de volume qu'en
terme de représentativité en pourcentage du volume global de
l'aide française. Ces données peuvent ainsi traduire
l'intérêt certain que la France semble accorder au secteur
éducatif dans les pays en développement, au regard de la
concentration réelle de son aide à celui-ci. La France par cet
acte voudrait donc afficher ses efforts réels en vue de respecter ses
engagements internationaux, considérant ainsi le secteur éducatif
comme une de ses priorités en matière d'aide. Même si on
peut observer quelques fluctuations dans son évolution globale, mais qui
restent sans doute minorées.
Après le secteur éducatif, analysons
désormais l'aide française allouée au dans le secteur de
l'eau à tous les pays en développement depuis 1990.
c)
L'aide française allouée dans le secteur de l'eau aux pays en
développement : une aide fluctuante et faiblement
représentée en pourcentage.
Deux principaux éléments caractérisent
l'aide globale de la France allouée à tous les pays en
développement depuis 1990. Tout d'abord, c'est une aide qui suit une
évolution fluctuante, mais aussi qui est faiblement
représentative en terme de pourcentage du volume global de l'aide
française allouée au grand secteur infrastructures et services
sociaux.
En ce qui concerne la fluctuation de l'aide française
globale en matière d'eau, une lecture attentive de la courbe du
graphique 3 ci après, représentative de l'évolution de
l'aide globale dans le secteur de l'eau depuis les années 1990, nous
fait ressortir cette instabilité notoire de l'aide française
allouée à ce secteur. On note une hausse progressive de l'aide
à partir de 1993 qui atteint son pic en 1996, avec près de 354,72
millions de dollars ; puis commence une baisse progressive qui, en 2001,
va atteindre un point de chute avant de se reprendre et connaître des
variations timides. Si on semble constater une chute notoire de l'aide
française en matière de l'eau depuis 1996, il est à noter
qu'on assiste également à une augmentation relative entre 1990 et
2005. On quitte ainsi de 105,76 millions de dollars en 1990 à 114,85
millions de dollars en 2005. Même si on peut aussi constater au
même moment que l'aide a baissé de volume en 2005 comparativement
à 2004 ou 2003, voire 2002.
Graphique 3 : courbe évolutive de l'aide
française affectée dans le secteur de l'eau aux pays en
développement.
L'autre fait saillant est que l'aide française dans
secteur de l'eau, affectée aux pays en développement depuis 1990,
est faiblement représentative en pourcentage du volume global de
l'aide accordée au grand secteur des Infrastructures et Services
Sociaux.
En effet, comme le dévoile le tableau 6 ci-dessous,
l'aide française globale en matière de l'eau brille par une
faible représentation en pourcentage du volume global de l'aide
française. On note ainsi que cette aide n'a dépassé le cap
de 10% que deux fois, en 1996 (12,26%) et en 2002 (11,88%), le reste des
années, elle oscille entre 2 et 9%. Des années à l'instar
de 1990, 1992,1993 ou 2005 sont considérées comme des
périodes "noires" en matière de l'aide française pour
l'eau, car au cours de ces années, celle-ci a franchi difficilement la
barre des cinq pour cent.
Tableau 6 : APD française au secteur de
l'eau pour les pays en développement (%)
Source : OCDE Stats 2007
Cet état de chose pourrait traduire le
désintérêt certain de la France, dans sa politique
d'allocation de son aide à ce secteur pourtant névralgique, car
garant du bien être des populations.
Car, au regard de la faible portion que cette aide occupe en
terme de pourcentage du volume total de l'aide française,
accordée au grand secteur infrastructures et services sociaux, il est
à se demander comment un secteur aussi vital comme celui de l'eau se
trouve- t- il complètement délaissé, abandonné dans
l'orientation sectorielle de l'aide française aux pays en
développement. Il n'est plus à démontrer que les pays
connaissent d'énormes difficultés en matière
d'accès à une eau de qualité, ce qui les expose à
de moult maux liés à une consommation d'une eau douteuse.
Pourtant, la France se disant consciente de ses difficultés, insiste sur
le secteur de distribution en eau comme une de ses priorités en
matière d'aide aux pays en développement, où elle sera
aussi concentrée afin que ces derniers puissent résorber la
fracture réelle qui existe dans l'accès à une eau de
qualité.
Or, les réalités statistiques
présentées ci-dessus, dévoilent en plein jour le dilatoire
du discours français en matière d'aide dans ce domaine. Au regard
de l'infime portion qu'occupe l'aide française affectée dans le
domaine de l'eau il est à considérer que ce secteur pourtant
vital, est encore loin de constituer une priorité dans la politique
d'affectation sectorielle de l'aide française aux pays en
développement. Ce qui révèle d'un pur paradoxe!!!
Après le secteur de l'eau, place à l'aide
française allouée au secteur agricole.
d)
L'aide française en matière agricole aux pays en
développement : une aide relativement récente et en baisse
générale.
Le sommet du G8 à Gênes en Juillet 2001 a
réaffirmé l'importance de l'agriculture dans la réduction
de la pauvreté. Le communiqué final, cite l'accès aux
services alimentaires appropriés et le développement rural comme
objectifs principaux de la stratégie de réduction de la
pauvreté et le soutien à l'agriculture comme instrument crucial
de l'APD
S'agissant de la définition statistique de l'aide
à l'agriculture, il est à noter que le CAD considère que
cette dernière couvre la politique, la planification et les programmes
agricoles, les ressources en terres cultivables, les ressources en eau à
usage agricole, le développement agricole et l'approvisionnement en
produits à usage agricole, la production agricole, l'élevage, les
services agricoles, l'éducation et la formation ainsi que la recherche
dans le domaine agricole... La définition exclut le développement
rural (classé dans l'aide plurisectorielle) et l'aide alimentaire
à des fins de développement.
Un fait saillant ressort de l'observation de l'aide globale
française allouée à tous les pays en développement
dans le secteur agricole depuis les années 1990 : elle brille par une
allocation e récente et connaît une baisse
générale.
En effet, comme l'indiquent le tableau 7 et le graphique 4
représentant respectivement l'aide française globale en terme de
volume et sa courbe évolutive conséquente, on constate que ce
n`est qu'en 1997 que la France s'est résolue à affecter une aide
à l'agriculture. De 1990 à 1996 en effet, aucun fonds n'a
été affecté dans ce secteur par la France. Ce secteur
s'impose donc comme l'enfant pauvre en matière d'allocation sectorielle
de l'APD française. C'est donc dire que le secteur agricole n'a point
constitué une des priorités de l'aide française pendant
sept ans traduisant ainsi son désintéressement vis-à-vis
de ce domaine, pourtant clé, voire vital pour la majorité des
pays en développement et pour lesquels les besoins demeurent
significatifs.
En plus, la courbe évolutive de l'aide
française globale en matière agricole, se caractérise par
une baisse générale depuis 1996. Toutefois, si on note une chute
de l'aide française globale dans ce secteur de 1996 à 2000. Entre
2000 et 2001, on assiste à une légère reprise de
celle-ci, avant de connaître une fois de plus une baisse progressive
jusqu'à 2003 et reprendre le sens de la hauteur en 2004, l'année
2005 se caractérise par une baisse notable de cette aide. Ces quelques
disparités ne doivent pas oblitérer cette tendance, cette
volonté de la France à minorer son aide à l'agriculture,
pourtant considérée comme il a été dit plus haut,
comme un instrument crucial de l'APD et dont l'importance, surtout pour les
pays en développement dans la réduction de la pauvreté,
n'est plus à démontrer.
En plus, en termes de représentativité du
pourcentage du volume global de l'aide française, on assiste
également à une chute considérable de l'aide
française à l'agriculture. Si celle-ci représentait 12,22%
en 1997 ; 13,99% en 1998 ; 18,23% en 1999 ; il est à noter que depuis
2001 elle est en baisse considérable allant progressivement de 9,03% en
2001 ; en passant par 6,08% en 2002, pour ne représenter que 5,46% en
2005 de l'aide française globale allouée au grand secteur
infrastructures et services sociaux. Cette chute notoire de l'aide
française à l'agriculture en termes de pourcentage de son volume
global traduit ce manque d'intérêt de la France dans sa politique
d'allocation sectorielle de l'aide.
Cette tendance baissière générale de
l'aide française à l'agriculture aussi bien en volume qu'en
pourcentage, traduit une persistance de cette volonté à peine
voilée de la France, à ne point considérer l'agriculture
comme une de ses priorités en matière d'aide aux pays en
développement. Ce qui est en total contradiction avec les engagements
dont elle s'est promise de respecter à gênes.
Tableau 7 : l'aide française à
l'agriculture affectée aux pays en développement (millions de
dollars USD)
Source : OCDE Stats.
Graphique 4 : courbe évolutive de l'aide
française à l'agriculture pour les pays en développement
Au terme de ce chapitre, il apparaît sans aucun doute
que l'orientation sectorielle de l'aide française faite aux pays en
développement, connaît depuis 1990 une évolution
très contrastée, mais se caractérise globalement pour les
quatre secteurs étudiés, par une modicité significative
des fonds qui y sont affectés par la France. Cela traduit à notre
avis, un certain manque de volonté de la France à
considérer ces secteurs, pourtant vitaux pour ces pays, comme des
priorités dans sa politique d'affectation sectorielle de l'aide à
ces derniers.
Ce qui nous conduit à s'intéresser plus
particulièrement de l'orientation sectorielle de cette aide au Cameroun
et au Gabon, afin de pouvoir voir la réalité qui prévaut
là-bas.
CHAPITRE III :
L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'A.P.D FRANÇAISE ET SON
INCIDENCE AU CAMEROUN DEPUIS 1990
Le présent chapitre va tourner autour de deux axes
principaux : dans un premier mouvement il est question d'analyser
l'évolution de l'orientation sectorielle de l'APD française au
Cameroun (1) et dans un second mouvement d'essayer de dégager
l'incidence que celle-ci a pu avoir sur ce pays, dans l'amélioration de
ses conditions de vie au sein des secteurs concernés (2).
1. L'orientation sectorielle de l'APD française au
Cameroun depuis 1990 : une aide assez modique en volume.
Cette partie s'articule autour de quatre
principaux points. Il s'agit en effet d'analyser l'orientation sectorielle de
l'APD française au Cameroun dans le secteur de la santé (a), de
l'éducation (b), de l'eau (c) et de l'agriculture (d).
a)
L'A.P.D française dans le secteur de la santé au Cameroun :
Une aide considérablement maigre et disparate.
L'analyse de l'aide française
à la santé au Cameroun fait ressortir un certain nombre de traits
saillants depuis les années 1990 : C'est la maigreur notable de son
volume et son caractère disparate.
Ainsi à travers l'observation évolutive de
l'aide française dans ce secteur clé au Cameroun, il se
dégage ce qui a déjà été constaté
plus haut en ce qui concerne l'aide française à la santé
pour tous les pays en développement. L'aide française à la
santé au Cameroun, depuis les années 1990 se caractérise
par la modicité considérable des fonds qui y sont
affectés, comme l'illustre si bien le tableau 08
ci-après représentant le volume de l'aide
française affecté à ce secteur, proportionnellement au
volume total affecté au Cameroun depuis les années 1990.
Tableau 08 :A.P.D.
française Total santé au Cameroun (millions de
dollars)
Source : OCDE stats
2007
L'étude de ce tableau laisse transparaître que
l'aide française à la santé n'a jamais atteint le Cap des
10 millions de dollars, pis encore, il est des années blanches où
pratiquement aucun fond n'a été affecté à ce
secteur. C'est le cas notamment des années 1990, de 1992 à 1995,
périodes pendant lesquelles le Cameroun n'a
bénéficié d'aucun fond bilatéral venant de la
France, affecté à la santé. Ainsi, quand on observe ce que
la France consacre à la santé au Cameroun, il y a lieu à
réfléchir, voire à s'inquiéter. Car au regard du
tableau 08 ci-dessus, on constate l'extrême modicité de l'aide
française en terme de volume affectée à la santé
à ce pays. Ce constat ressort plus clairement, quand il s'agit de
mesurer le pourcentage de l'aide française à la santé du
volume total d'APD. C'est ce qui se dégage du tableau 09 ci-dessous,
représentant l'aide française à la santé au
Cameroun en terme de pourcentage du volume total de l'APD depuis 1990.
Tableau 09 : APD française à
la santé au Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
4,33
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,32
|
2,06
|
2,96
|
2,16
|
1,92
|
4,61
|
2,84
|
1,32
|
3,02
|
18,37
|
Source : OCDE stats
2007
Après étude de ce tableau, le constat est plus
frappant, car comme on peut observer, l'aide française à la
santé représente à peine 5% de son volume total, elle
oscille entre zéro et quatre pour cent, la seule fois qu'elle a
dépassé le Cap du 10%, c'est en 2005 avec
précisément 18,37%. Toutefois, cet exploit réalisé
en 2005, ne doit pas oblitérer la réalité, car un
observation attentive fait ressortir que, l'année 2005 est une
période où l'APD française totale au Cameroun a
été la plus faible depuis 1990, c'est une année où
on assiste à une chute brutale et vertigineuse de l'APD française
au Cameroun, comparativement aux années précédentes. On
quitte ainsi de 129.13 millions de dollars en 2004 pour tomber à 21,23
millions de dollars en 2005. C'est dire que les 18,37% enregistrés dans
le secteur de la santé en 2005 n'est qu'un leurre, car la
réalité est toute autre : c'est l'extrême faiblesse
en terme de pourcentage de l'aide française à la santé au
Cameroun.
Cette réalité peut ainsi traduire le
désintérêt total et manifeste de la France à ce
secteur, pourtant clé, car gage de l'épanouissement et du
bien-être physique et psychologique des populations locales vivant au
Cameroun. On se serait attendu qu'il y'ait une traduction sur les faits du
discours de la politique française sur l'orientation de son APD, qui
insiste sur l'amélioration des conditions de vie des
récipiendaires de son aide, en investissant significativement dans la
santé, indicateur stratégique pour mesurer cette
amélioration. Mais la réalité est plutôt le
contraire pour ce qui est du Cameroun en particulier. Car on constate que ce
secteur ne constitue pas une priorité pour la France, au regard des
fonds squelettiques affectés à ce dernier. Ce qui relève
d'un pur paradoxe.
Le constat est encore plus flagrant, s'il faut entrer dans
l'orientation sous sectorielle de l'aide française à la
santé au Cameroun. Quatre sous-secteurs peuvent retenir notre attention
ici : les sous-secteurs de la lutte contre les maladies
infectieuses ; la recherche médicale ; les services
médicaux, et la lutte contre les MST et le VIH/SIDA.
Le premier sous-secteur concerne la vaccination ; la
prévention et lutte contre le paludisme, rougeole, tuberculose,
diarrhées chroniques, les maladies transmises par un vecteur
(onchocercose, bilharziose...). C'est dire l'importance vitale que revêt
ce sous-secteur aux yeux du Cameroun car, pays situé en zone
équatoriale, il est largement touché par ces différents
fléaux. Voyons dès à présent ce que la France a
alloué à ce sous-secteur depuis 1990 au Cameroun. L'observation
du tableau 10 ci après nous fait ressorti en effet un triste constat.
Tableau 10 : Aide française
à la lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun.
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0,5
|
0,1
|
0,2
|
0,2
|
0
|
Source : OCDE stats
2007
En effet au regard de ce dernier, il se dégage que ce
sous-secteur, pourtant vital dans l'épanouissement et le bien-être
des Camerounais, est complètement délaissé par la France,
au regard du quasi inexistence des fonds alloués à ce dernier.
Ceci n'est que la résultante de ce qui a déjà
été observé, pour ce qui est de l'APD française
totale à la santé. On observe en effet que de 1990 à 1999,
ce sous-secteur vital n'a reçu aucune affectation bilatérale de
fonds provenant de la France, traduisant ainsi le
désintérêt total de cette dernière à
résorber un certain nombre de maux lié à ce sous-secteur
au Cameroun ; ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'on
constate un timide effort de la France, à affecter quelques fonds
à ce sous-secteur après près de 10 ans d'année
blanches !!!
On pourrait se demander si, c'est à partir de cette
année que la France s'est rendue compte de la vitalité de ce
sous-secteur après 10 ans de
« cécité » réelle ou inconsciente.
Le deuxième sous-secteur quant à lui, concerne
la recherche médicale à l'exclusion de la recherche sur la
santé de Base, ce sous-secteur revêt également une
importance certaine, car, il peut être un des indicateurs gage de
d'autonomie du Cameroun en matière d'approvisionnements aux
médicaments, afin de ne plus trop dépendre des grandes firmes
pharmaceutiques internationales (y comprise celles françaises). Mais
l'observation du tableau 11 ci après, représentatif de l'aide
française à se sous-secteur, suscite quelques interrogations.
Tableau 11 : APD française à
la recherche médicale au Cameroun.
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2,3
|
2,2
|
Source : OCDE stats
2007
De l'observation de ce dernier, on se rend compte que,
pendant près de 15 ans la France n'a consenti à affecter aucun
fond à ce sous-secteur (de 1990 à 2003), ce n'est qu'en 2004
qu'on note un effort timoré de la France à allouer de fonds
à ce sous-secteur. Bien que ces sommes représentent à
elles seules, plus de 50% de l'aide française totale à la
santé au cours de ces périodes, il n'en demeure pas moins vrai
que ce sous-secteur, ne constitue pas une priorité pour la France dans
sa politique d'allocation sous sectorielle de son aide. La France, au regard de
ces sommes, ne semble pas avoir la volonté à encourager la
recherche médicale au Cameroun. Ceci traduit ainsi une certaine
volonté manifeste de celle-ci, à vouloir maintenir celui-ci sous
la dépendance des grandes firmes pharmaceutiques en matière
d'approvisionnements en médicaments par exemple. Car, une autonomie du
Cameroun dans ce domaine entraînerait une perte des parts de
marché de ces grandes industries pharmaceutiques, provoquant par la
même occasion une baisse des dividendes engrangés par ces
dernières, dans la commercialisation des produits pharmaceutiques au
Cameroun. La France n'aurait donc pas intérêt à affecter
des fonds considérables à ce sous secteurs afin de booster la
recherche médicale au Cameroun, autonomisant par conséquence ce
pays dans ce domaine ; ce qui serait une pure gageure de sa part, car des
firmes pharmaceutiques françaises ont certainement des parts de
marché considérables au Cameroun, en matière
d'approvisionnement et de commercialisation de médicaments.
Le troisième sous secteur concerne les laboratoires,
les centres de santé et hôpitaux spécialisés (y
compris l'équipement en fourniture), ambulances, services dentaires,
lutte contre les maladies à l'exclusion des maladies infectieuses...
c'est dire aussi que ce sous secteur revêt une importance certaine, car
il permet à un meilleur équipement en infrastructures de
santé, assurant par la même occasion une meilleure prise en soins
des malades. Analysons dès à présent ce que la France
à accorder à ce sous-secteur tout aussi important. Mais, de
l'observation du tableau 12 ci-dessous, le triste constat déjà
fait plus haut se dégage encore une fois ici.
Tableau 12 : APD française aux
services médicaux au Cameroun
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,3
|
1,0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. stats
2007
A cet effet, à la lecture de ce dernier, on note
toujours le même constat déjà établi dans les
sous-secteurs précédents, à savoir que, c'est un
sous-secteur caractérisé par l'extrême modicité de
fonds à lui accorder par la France, et la présence de plusieurs
années blanches (1900 à 1999 ; de 2003 à 2005) ;
la France n'a consenti à affecter quelques fonds à ce
sous-secteur, que pendant trois ans (de 2000 à 2002). Ces sommes sont
allées décrescendo avant de disparaître
complètement. C'est l'occasion de dire aussi dans ce cas précis,
le délaissement total de ce sous-secteur dans la politique d'allocation
sous sectorielle de l'aide française, traduisant ainsi son
désintérêt total à l'égard de ce dernier. Or,
les besoins du Cameroun en matière de services médicaux
s'avèrent particulièrement énormes. La France elle, semble
faire la soude oreille en n'y affectant que quelques fonds pendant quelques
années. On peut ainsi noter une certaine volonté cachée de
la France à maintenir le Cameroun en matière de services
médicaux dans un état primaire, ce qui aurait pour effet
rétroactif dans l'imaginaire collectif, de se tourner toujours vers
l'étranger, quand il faut recevoir des soins d'un certain niveau, car,
à l'intérieur tout semble pour le moins vétuste.
Le dernier sous-secteur quant à lui, concerne toutes
les activités liées au contrôle des maladies sexuellement
transmissibles et du VIH/SIDA ; activités d'information, et
communication ; dépistage ; prévention ;
traitements, soins. L'importance de ce sous secteur n'est plus à
démontrer car les M.S.T et particulièrement le VIH/SIDA
constituent de nos jours un enjeu majeur de santé mondiale.
Véritable calamité pour certains pays, et dont les appels
incessants de la communauté internationale à l'éradication
de ce fléaux, se font de plus en plus fréquents à travers
un investissement (matériel et financier) considérable des pays
développés en faveur des pays sous développés,
victimes majoritaires de ce mal. La France respecte-elle cet engagement
vis-à-vis du Cameroun ? L'observation du tableau 13 ci-après
représentatif de l'aide française accordée dans ce sous
secteur tend à nous démontrer plutôt le
contraire.Tableau 13 : APD française à la
lutte contre les MST et VIH/SIDA au Cameroun
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,6
|
0,2
|
0,1
|
0,2
|
0,2
|
0
|
Source : OCDE stats
2007
La lecture de ce tableau fait ressortir un constat criard,
on constate à cet effet que, ce sous-secteur semble être le
dernier des soucis de la France dans la politique d'allocation sous sectorielle
de son APD. De 1990 à 1999, la France n'a consenti à verser une
quelconque somme à ce sous secteur, marquant ainsi son
désintérêt manifeste à l'égard de celui-ci.
Ce n'est qu'en 2000 qu'on relève un timide effort de la France, à
affecter quelques fonds à ce sous-secteur, cet effort qui va
connaître par la suite une tendance baissière, traduisant par
conséquence le désengagement manifeste et son manque de
volonté à vouloir véritablement aider le Cameroun à
lutter de manière efficiente contre les MST et surtout contre VIH/SIDA.
Est-ce à dire que la France a un intérêt certain à
laisser le Cameroun tombé sous l'empire du VIH/SIDA et les autres
MST ? Là se trouve la grande interrogation. Mais sans donner une
réponse hâtive et péremptoire, ce que l'on peut seulement
dire et qui découle des données statistiques ci-dessus, est que
le sous-secteurs de la lutte contre les MST et le VIH/SIDA constitue un champs
manifestement abandonné dans la politique d'allocation sous sectorielle
de l'aide française à la santé accordée au
Cameroun, tout au moins depuis les années 1990. Ce sous-secteur ne
constitue pas une priorité aux yeux de la France pour le Cameroun, ce
qui relève d'une contradiction notoire, au regard de la mobilisation
massive de la communauté internationale à vouloir
éradiquer à tout prix ces maux.
Vu de ce qui précède, un constat clair tend
à s'établir de lui-même ; de toute évidence, on
note que le secteur de la santé est loin de constituer une
priorité dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide
française au Cameroun depuis tout au moins les années 1990, au
regard de la modicité des fonds affectés à celle ci. Cela
traduit à notre avis un manque d'intérêt total de la France
vis-à-vis de ce secteur, pourtant névralgique dans
l'amélioration des conditions de vie des populations camerounaises,
épicentre de cette aide. Ce désintérêt manifeste se
retrouve également dans l'allocation sous sectorielle. Ainsi, des
sous-secteurs clé tels que lutte contre les maladies infectieuses,
recherche médicale, les services médicaux, la lutte contre les
MST et VIH/SIDA constituent des champs compléments
délaissés dans l'allocation sous sectorielle de l'aide
française. Ce qui peut susciter certaines interrogations à
savoir, où vont les quelques maigres fonds que la France accorde
à la santé au Cameroun depuis 1990. Du moment où les
sous-secteurs suscités, pourtant vitaux dans l'épanouissement et
le bien-être des Camerounais, se retrouvent pratiquement sans aucune
affectation de fonds pendant plusieurs années durant.
Après l'analyse de l'aide française à la
santé, intéressons nous à un tout autre secteur
d'affectation de l'APD française au Cameroun dès 1990.
b)
L'aide française à l'éducation du Cameroun depuis
1990 : une aide faible en volume et en pourcentage.
Contrairement à ce qui a été
observé plus haut, quand il s'agissait d'analyser l'aide
française globale accordée aux pays en développement dans
le secteur de l'éducation, le cas particulier du Cameroun fait
plutôt ressortir une autre réalité.
En effet, une observation attentive et rigoureuse de
l'évolution de l'aide française à ce secteur depuis les
années 1990 le démontre à souhait. De cette observation,
deux faits saillants ressortent : c'est une aide qui se caractérise
par sa modicité aussi bien en terme de volume qu'en terme de
pourcentage. C'est ce qui ressort de la lecture du tableau 14 ci-dessous
représentant l'aide française à l'éducation au
Cameroun, en volume.
Tableau 14 : APD française à
l'éducation au Cameroun (millions de dollars)
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
7
|
0
|
5,8
|
3,5
|
0
|
5,4
|
0
|
14,1
|
12,2
|
27,1
|
26,3
|
27,5
|
30,6
|
30
|
32,8
|
33,8
|
Source : OCDE stats
2007
Au regard de ce tableau, on constate tout d'abord une
évolution chaotique de l'aide française à ce secteur de
1990 à 1996. Cette période est marquée par une forte
fluctuation de l'aide française à ce secteur, alternant entre des
années blanches au cours desquelles aucun fond n'est affecté
(1991, 1994, 1996) et des années où des maigres fonds,
comparativement aux années suivantes y sont affectés. Cette
évolution chaotique de l'aide française à ce secteur,
révèle à notre avis un manque d'harmonie, voire,
même de sérieux que la France accorde à ce secteur
clé que constitue celui de l'éducation. Elle pourrait aussi
traduire une indifférence certaine affichée par la France,
à travers ces chiffres dans la "la formation des Esprits" au Cameroun,
gage de son devenir futur.
Néanmoins depuis 1997, on semble assister à une
prise de conscience progressive de l'importance du secteur éducatif dans
la politique d'affectation sectorielle de l'aide française au
Cameroun ; celle-ci semble se traduire par une hausse progressive du
volume son aide accordée à ce secteur, qui va aller de 16,1
millions de dollars en 1997 pour culminer à 33,8 millions de dollars en
2005. Comment expliquer ce regain d'intérêt soudain de la France
à l'égard du secteur éducatif au Cameroun ? On
pourrait dire à première vue que, ce regain
d'intérêt de la France traduit ainsi sa volonté
affichée, à oeuvrer pour une meilleure éducation, et une
meilleure scolarisation des Camerounais, afin de les rendre plus
compétitif et mieux moulés. Mais à y observer de
près, on peut relever que ce n'est qu'une vision de l'esprit, car, s'il
faut interroger ce que représente l'aide française à
l'éducation en termes de pourcentage, on commence à y voir un peu
plus clair. Ainsi au regard du tableau 15 ci-dessous, représentant
l'aide française à l'éducation au Cameroun en terme de
pourcentage, il se dégage que, même si on observe une hausse
progressive du pourcentage de l'aide française au secteur
éducatif depuis 1997, celle-ci n'est que d'apparence. Car, s'il faille
pousser l'observation plus loin, on constatera que les périodes
indiquées figurent parmi lesquelles, où on note un fort taux de
pourcentage comparativement aux années précédentes (2001,
2001, 2004 avec respectivement (21,11%, 31,74%, 25,4%), sont plutôt des
périodes où l'APD totale française au Cameroun affiche une
baisse notable par rapport aux autres années. En 2001 par exemple, l'APD
totale française au Cameroun s'élève à 86,62
millions de dollars, l'un des volumes le plus faible depuis 1990 ; en 2004
elle s'élève à 129,13 millions de dollars, aussi un taux
faible comparativement aux autres années, en 2000, elle se chiffre
à 124,58 millions de dollars.
Tableau 15 : APD française à
l'éducation au Cameroun (%)
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
3,2
|
0
|
1,9
|
0,65
|
0
|
1,91
|
0%
|
5,81
|
6,57
|
15,84
|
21,11
|
31,74
|
18,92
|
9,23
|
25,4
|
4
|
Source : OCDE stats
2007
C'est dire qu'au regard de ce qui précède, on
semble assister à un certain saupoudrage de la France afin de voiler le
réalité véritable. Ce saupoudrage consiste ici à
allouer une part plus ou moins considérable de son aide au secteur
éducatif quand le volume total est faible. Mais quand ce dernier
s'avère considérable, comme c'est le cas avec les années
1992, 1993, 1994 et 2003 (avec respectivement 484,14 millions de dollars,
532,83 millions du dollars, 371,37 millions de dollars et 324,78 millions de
dollars), l'aide française à l'éducation occupe une infime
portion en terme de pourcentage (avec précisément pour ces
années suscitées 1,9% ; 0,65% ; 0% ; 9,23%).
Ces différentes manoeuvres venant de la France
traduisent une volonté persistante de vouloir oblitérer la
réalité. Cette réalité qui s'affiche de
manière très claire, c'est la volonté manifeste de la
France à ne pas s'investir considérablement dans le secteur
éducatif au Cameroun, passant ainsi par de telles stratagèmes
pour pouvoir déclarer à toutes les tribunes que
l'éducation reste au coeur de sa politique sectorielle de l'aide au
développement. Or ce n'est qu'un leurre. Ce leurre ressort plus
clairement encore s'il faut interroger l'allocation sous sectorielle de cette
aide à l'éducation. Trois sous secteurs principaux peuvent
retenir notre attention ici. Les sous secteurs de l'éducation de Base,
l'éducation secondaire et l'enseignement supérieur.
Le premier sous-secteur concerne la formation maternelle et
primaire (infrastructure, fourniture en équipements et tout autre
matériel y afférant). C'est la fondation dans la formation des
jeunes Camerounais, futurs dirigeants du Cameroun. C'est donc dire l'importance
que revêt ce sous secteur, car de lui dépendra la suite du
processus éducatif. Si le jeune enfant ne reçoit pas une bonne
base, cela aura à coup sûr des répercussions plus tard.
L'analyse de l'aide française à ce sous-secteur
suscite pourtant des interrogations, car au regard du tableau 16
ci-après, un triste constat tend à s'imposer de
lui-même :
Tableau 16 : Aide française
à l'éducation de base au Cameroun (millions de
dollars)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0,9
|
0,9
|
0,8
|
1,1
|
Source : OCDE stats
2007
En effet au regard de ce dernier, on constate avec
stupéfaction que le sous secteur de l'éducation de Base constitue
un champs complètement délaissé par la France dans son
allocation sous sectorielle de l'aide au Cameroun. De 1990 à 1999 en
effet, la France n'a consenti à ne verser aucune somme quelconque dans
ce sous-secteur, c'est pratiquement 10 ans données blanches pour ce
sous-secteur, traduisant ainsi une indifférence totale de la France
à l'égard de celui-ci, creuset de la formation de la future
élite dirigeante du pays. Ce n'est qu'à partir des années
2000 qu'on observe un début timoré d'efforts venant de la France
qui consent à y affecter quelques fonds, bien que ces derniers brillent
par leur insignifiance notoire. Cela traduit à merveille, ce
désintéressement affiché et noté plus haut par de
la France vis-à-vis du secteur éducatif au Cameroun depuis les
années 1990. Qu'en est-il du sous-secteur suivant ?
Le deuxième sous-secteur concerne quant à lui,
la formation secondaire, post primaire des camerounais qui les mène
jusqu'aux portes de l'enseignement supérieur (y compris aussi les
infrastructures, l'équipement en fourniture). Suivant la
métaphore de la construction d'une maison, ce sous-secteur peut
être assimilé à la montée de murs et des poutres
devant plus tard supporter la charpente. C'est dire aussi que ce sous-secteur
revêt une importance certaine aux yeux du Cameroun. Est-ce aussi le cas
pour la France ? A l'évidence non ! Car l'observation de ce
qui est affecté comme fonds par celle-ci à ce sous secteur le
dévoile à souhait.
Tableau 17 : Aide française
à l'éducation secondaire au Cameroun (millions de
dollars)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,4
|
1,0
|
1,0
|
0,9
|
0,9
|
0,8
|
0
|
Source : OCDE stats
2007
En effet l'observation du tableau 17
ci-dessus, représentant l'aide française affectée au sous
secteur de l'éducation secondaire au Cameroun depuis les années
1990, fait ressortir de manière saillante, le peu d'importance que
revêt ce sous-secteur, pourtant clé aux yeux de la France. Ce peu
d'importance se traduit par les sommes squelettiques qui y sont
affectées par la France. C'est une aide totalement dérisoire et
qui suit une évolution désarticulée ponctuée
d'abord par 09 années totalement blanches (de 1990 à 1998), puis
on observe un effort lâche à y octroyer quelques maigres fonds
dès 1999 qui s'arrêtent net en 2004. On aurait dit que la France
s'estime avoir déjà assez investi dans ce sous-secteur, et
qu'elle est déjà fatiguée !!! L'année 2005
commence par un blanc total, tendance qui risque se confirmer et perdurer dans
un avenir proche ; ce qui peut susciter des inquiétudes sur le
devenir de ce sous-secteur dans la politique d'allocation sous sectorielle de
l'aide française au Cameroun, car il est à craindre que cette
indifférence de la France vis-à-vis de ce sous secteur perdure
davantage au regard des fonds squelettiques y affectés. L'optimisme
n'est donc pas de mise ici.
Le troisième sous-secteur enfin quant à lui
concerne la formation universitaire et professionnelle, c'est la charpente et
de la formation des camerounais. C'est le lieu par excellence où est
tirée la future classe dirigeante, devant conduire plus tard les
affaires publiques. Ici l'analyse de l'aide française laisse percevoir
une toute autre réalité comme l'indique le tableau 18 ci-dessous
représentatif de l'aide française à l'enseignement
supérieur.
Tableau 18 : Aide française
à l'enseignement supérieur au Cameroun (millions de dollars
USD)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
5,8
|
0
|
0
|
1,5
|
0
|
3,1
|
0
|
0,4
|
4
|
2,6
|
2,6
|
28,3
|
31,3
|
32,7
|
Source : OCDE stats
2007
On remarque à cet effet que, comparativement aux deux
précédents, celui-ci s'impose comme le lieu où la France
s'est néanmoins investie à effectuer le plus de fonds possible,
on note ainsi qu'il y a peu d'années blanches comparativement aux deux
sous-secteurs précédents. Ceci traduit dans son ensemble un
intérêt certain que ce sous-secteur revêt aux yeux de la
France. L'intérêt de la France semble donc s'orienter vers de
produits presque finis, pourtant absente lors des étapes
antérieures. Toutefois l'évolution n'est pas linéaire. De
1990 à 2001, on note en effet que l'aide française à
l'enseignement supérieur au Cameroun brille par son caractère
disparaître, voir chaotique, alternant entre années blanches
(1990, 1991, 1993, 1994, 1996, 1998) au cours desquelles aucun fond n'y est
affecté et des années marquées par la modicité des
sommes à lui accordées. Cette évolution chaotique
traduirait ainsi son indifférence, vis-à-vis de ce sous-secteur.
Puis, on assiste dès 2002 à un soudain regain
d'intérêt de ce sous-secteur aux yeux de la France, au regard de
la montée vertigineuse des sommes affectées à ce dernier
qui vont aller crescendo jusqu'en 2005 : on quitte ainsi de 2,6 millions
de dollars en 2001 à 31,3 millions en 2004 pour atteindre 32,7
millions de dollars en 2005. Comment expliquer ce regain d'intérêt
subit de la France vis-à-vis du sous-secteur de l'enseignement
supérieur au Cameroun. Certains parleraient d'une prise de conscience
des autorités françaises à renforcer l'enseignement
supérieur au Cameroun afin que les produits qui y sortent soient plus
compétitifs sur le marché des idées et de l'emploi, tant
au plus national qu'international. C'est ce qui peut justifier que l'octroi des
bourses d'études en France occupe dès 2002, une portion
considérable dans ce sous-secteur (notamment 51%, en 2002 ; 55,6%
en 2003 ; 59,3% en 2004 et près de 60% en 20052(*)). Ce qui peut entraîner
l'euphorie chez quelques esprits non avertis. Car le fait que des centaines de
camerounais aillent continuer leurs études universitaires voire post
universitaires en France, peut révéler cette volonté
affichée de la France à vouloir améliorer la
qualité des produits issus des universités camerounaises, en les
rendant plus compétitifs. Mais ce n'est qu'un pan de la
réalité. Car au même moment, puisque ces derniers
constituent la future classe dirigeante par excellence du Cameroun, la France
par la même occasion, vu la proximité géographique et
culturelle, peut socialiser ces derniers en vue que ceux-ci puissent plus tard,
leur servir de courroie de transmission sur le plan local pour la
préservation des intérêts français au Cameroun
à moyen et à long terme. C'est donc dire que ce subit regain
d'intérêt de l'enseignement supérieur depuis 2002 au regard
de la politique sous sectorielle de l'aide française n'est
dénué de tout intérêt. Il doit être pris
à cet effet avec beaucoup de prudence.
En définitive, il apparaît que l'aide
française à l'éducation au Cameroun depuis 1990, se
caractérise globalement par la modicité des fonds qui y sont
affectés et celle-ci suit également une évolution
disparate à travers ses sous-secteurs. L'éducation au regard de
ce qui précède, apparaît comme l'un des derniers soucis de
la politique sectorielle de l'aide française au Cameroun depuis 1990.
C'est état de chose traduirait ainsi une certaine indifférence
notoire de la France vis-à-vis du secteur éducatif à la
lecture des maigres fonds qu'elle consent à affecter à ce
dernier.
Après le secteur de l'éducation, il est
question d'analyser un autre secteur d'affectation de l'aide française
au Cameroun.
c)
L'aide française dans le secteur de la distribution de l'eau et
assainissement au Cameroun depuis 1990 : entre modicité notoire du
volume et une évolution disparate.
Le secteur de la distribution en eau constitue à notre
avis un secteur aussi stratégique dans l'amélioration de
conditions de vie de populations nécessiteuses. L'accès à
une eau de qualité serait ainsi par la même occasion un indicateur
pertinent de mesure du bien être et de l'épanouissement de bon
nombre de camerounais qui vivent encore dans une situation de besoin notoire.
D'où l'intérêt croissant d'y affecter des fonds
considérables. Mais est-ce le cas de l'affectation sectorielle de l'aide
française à ce domaine au Cameroun ?
La réalité des données statistiques
suivantes nous pousse inéluctablement à répondre par la
négative. En effet l'observation du tableau 19 ci-après nous le
démontre à souhait.
Tableau 19 : Aide française
à l'eau et assainissement au Cameroun (million de dollars USD)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
11,3
|
0
|
0
|
0
|
32
|
16,6
|
0
|
0,3
|
2,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats.
2007
De ce dernier, représentant à cet effet l'aide
française affectée au secteur de l'eau et assainissement au
Cameroun depuis 1990, on constate que l'aide française à ce
secteur brille par son évolution disparate, pour ne pas dire chaotique.
En seize ans d'aide française à ce secteur, seules cinq
années ont constitué des périodes au cours desquelles la
France a consenti à y verser quelques subsides, (1991, 1995, 1996, 1998,
1999). Le reste constitue des années pratiquement blanches, au cours
desquelles ce secteur n'a reçu aucune affectation venant de la France.
Comment comprendre cet état de chose qu'un secteur aussi clé
comme celui de la distribution en eau soit totalement délaissé
dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au
Cameroun. Le secteur de l'eau semble être au regard de ce qui
précède, la dernière des priorités de la France
dans l'amélioration des conditions de vie des populations camerounaises,
désireuses. Sinon comment comprendre son manque d'intérêt
manifeste, au regard de fonds consentis à ce secteur au Cameroun depuis
les années 1990 qui brillent par leur modicité notoire. Cela
ressort plus clairement dans l'allocation sous sectorielle, notamment dans le
sous-secteur de la distribution en eau à grande échelle qui nous
intéresse dans ce cas précis. L'observation du tableau 20
ci-après représentant l'aide française affectée
à ce sous-secteur au Cameroun depuis 1990, fait ressortir cette
évidence : c'est le peu de crédit que la France accorde au
secteur de l'eau.
Tableau
20 : Aide française à la
distribution eau à grande échelle, (millions de dollars
USD)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12,6
|
0
|
0
|
2,3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE stats 2007
En effet, l'aide française affectée à ce
sous-secteur est quasi inexistante ; seules deux années sur seize
constituent les périodes au cours desquelles, la France s'est
engagée à y verser quelques francs symboliques (1996 et
1999) ; le reste des années affichent le blanc total, où
l'aide française à ce sous secteur est pratiquement inexistante.
Que peut-on dire de plus si ce n'est que le sous-secteur de la distribution en
eau à grande échelle, voire le secteur de l'eau en
général est relégué au dernier plan dans la
politique sectorielle de l'aide française, depuis les années
1990. Ce qui constitue à notre avis une terrible gageure quand on
connaît les difficultés criardes qu'ont les populations
camerounaises à pouvoir s'approvisionner à une eau de
qualité. En plus le secteur de l'eau est un secteur tout aussi
très stratégique comme tous les précédents, car
garant de l'épanouissement physique des populations. C'est même un
secteur vital car l'eau constitue aujourd'hui tout comme le SIDA, ou le
terrorisme un enjeu de sécurité nationale ; si les hommes ne
consomment pas une eau de qualité, ils deviennent en proie à tous
les périls possibles pouvant les conduire jusqu'à l'extinction.
Il est donc à regretter qu'un secteur aussi vital comme celui de l'eau
soit complètement délaissé de la politique
française d'aide au développement, en ce qui concerne le
Cameroun. On pourrait même s'interroger si la France a un
intérêt certain de quelque nature que ce soit, à voir les
populations camerounaises consommées une eau infecte, car son
désintérêt manifeste à l'égard de ce secteur
peut susciter de sérieuses méfiances.
Après le secteur de l'eau, analysons dès
à présent l'aide française affectée au dernier
secteur choisi au Cameroun.
d)
L'aide française à l'agriculture au Cameroun depuis 1990 :
Une aide insignifiante et désarticulée.
Le secteur agricole constitue pour le Cameroun, un domaine
névralgique, pour un pays de longue tradition agricole comme lui. C'est
un secteur aussi vital à plus d'un titre. Il est en effet garant de son
autonomie et de sa sécurité agro alimentaire. Pour un pays
situé en zone équatoriale, et donc propice à l'essor de
l'agriculture, celle-ci permet ainsi de nourrir la population et soutenir aussi
une économie agricole assez forte en développant une politique
d'exportation des produits agricoles assez efficiente. Favorisant par la
même occasion une entrée massive de devises devant permettre
à réaliser un certains nombre de chantiers d'intérêt
public et renflouer aussi les caisses de l'Etat camerounais. C'est donc dire
que le secteur agricole revêt une importance indéniable aux yeux
des autorités camerounaises. Est-ce aussi le cas de la France à
travers sa politique d'affectation sectorielle de son aide au
développement au Cameroun ?
A l'évidence, la négative constitue la
réponse à cette interrogation, car au regard de l'observation de
l'affectation sectorielle de l'aide française dans ce domaine, c'est
plutôt le contraire qui tend à s'établir. C'est ce qui
ressort l'observation attentive des trois sous secteurs agricoles
suivants : la recherche agricole, la production agricole des
céréales, le développement agricole.
Le premier sous-secteur concerne, toute recherche relative en
vue d'améliorer la qualité des semences, la fourniture en
équipements et infrastructures adéquates, la
sélectivité des espèces plus productives. C'est dire
l'utilité pratique dont revêt ce sous-secteur. Mais au regard du
tableau 21 suivant, un triste constat tend à s'établir.
Tableau 21 : Aide française
à la Recherche agricole au Cameroun (millions dollars USD)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,7
|
0,6
|
0,8
|
3,6
|
0,8
|
Source : OCDE stats
2007
De l'observation ce dernier, représentant l'aide
française accordée à ce sous-secteur depuis les
années 1990, on note l'insignifiance des fonds à y affecter par
la France. On note ainsi de 1990 à 1994 l'inexistence d'aucun fond,
ponctuée par 1995 au cours de laquelle quelques subsides y sont
affectées, avant de plonger encore une fois à partir de 1996
jusqu'en 2000 dans le néant total. Ce n'est qu'en 2001 qu'on peut
observer une reprise molle de l'aide française affectée à
ce sous-secteur qui marque presque le pas sur place, excepté en 2004. On
pourrait ainsi dire sans fioriture que l'aide française affectée
au sous secteur de la recherche agricole est sous l'emprise depuis 2001 du
syndrome de la « danse Bafia », traduisant aussi une
évolution désarticulée de cette aide. Mais la
modicité des fonds affectés à ce dernier traduit aussi
cette absence d'intérêt de la France vis-à-vis de la
recherche agricole au Cameroun.
Le deuxième sous secteur quand a lui, concerne
l'amélioration efficiente de la production agricole notamment des
céréales, première composante alimentaire au Cameroun
à travers particulièrement par une meilleure sélection des
implants, une vulgarisation de l'emploi des engrais, des techniques productives
assez performantes ...
C'est dire aussi l'importance certaine que revêt ce
sous-secteur aux yeux du Cameroun. Mais c'est plutôt le contraire pour ce
qui est de la France, au regard de l'affectation des fonds à ce
sous-secteur. L'observation du tableau 22 ci-après peut laisser
pantois.
Tableau 22 : Aide française
à la production agricole (céréales) au Cameroun (volume)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
29,2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE stats
2007
En effet au regard de ce dernier, nul n'est point
d'être expert pour constater que l'aide française affectée
à ce sous-secteur est quasi inexistante depuis 1990, qui constitue
d'ailleurs la seule année au cours de laquelle la France a consenti
à verser une quelconque somme à ce sous-secteur. Après,
c'est un désert, et celui-ci n'est pas prêt à notre avis
de s'achever. A moins qu'on puisse assister à un revirement notoire de
la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun,
cette tendance serait plutôt vouée à perdurer encore pour
longtemps. Nul besoin de voiler la réalité, aussi cruelle
fut-elle : le sous-secteur de la production agricole des
céréales est très loin de constituer une priorité
dans la politique d'aide française en matière agricole. Cet
état de choses traduirait ainsi cette indifférence manifeste et
cette volonté persistante de la France qui, a à travers sa
politique d'affectation sectorielle de l'aide en matière agricole,
notamment dans ce sous-secteur précis, voudrait maintenir le Cameroun
dans un état d'insécurité alimentaire permanent. Car plus
dépendante de ses importations en céréales que par sa
production locale.
Le troisième sous-secteur quant à lui, concerne
le développement agricole dans sa globalité (fourniture en
équipement agricoles performants, développement agraire,
mécanisation croissante du secteur agricole industrialisation
progressive des cultures maraîchères...)
Sous-secteur tout aussi vital comme les
précédents, le développement agricole s'impose
également comme garant de l'autonomie et de la sécurité
agro alimentaire au Cameroun. Du côté français, cette
vision ne semble pas être partagée, car c'est toute une autre
réalité qu'on peut relever dans l'analyse de l'aide
française affectée à ce sous-secteur depuis 1990. La
lecture du tableau 23 ci-après représentant l'aide
française affectée dans le sous-secteur du développement
agricole au Cameroun depuis 1990, dévoile cette vision opposée de
la France à l'égard de celui-ci.
Tableau 23 : Aide française au
développement agricole au Cameroun (volume)
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
0
|
0
|
5,6
|
0
|
6,4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
9,6
|
0
|
13,1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE stats
2007
On note ainsi, de l'étude de celui-ci, une
évolution de l'aide française à ce sous-secteur
ponctuée par des hoquets, qui constituent ici les quelques années
au cours desquelles quelques fonds ont été affectés
(notamment 1992, 1994, 1999 et 2001). Le reste des années c'est le
désert total qui, depuis 2002, semble perdurer. Et l'heure ne parait
donc pas à une reprise significative de l'aide française
affectée à ce sous-secteur. Cette évolution
ponctuée de hoquets traduit ainsi le désintérêt
certain qu'éprouve la France vis-à-vis de ce domaine pourtant
clé pour le Cameroun. Cette absence d'intérêt expliquerait
ainsi la maigreur significative des fonds alloués à ce champ par
la France. Dévoilant cette volonté persistante à
demi-cachée de la France à vouloir maintenir le secteur agricole
au Cameroun dans un état embryonnaire. Une industrialisation progressive
des cultures maraîchères camerounaises pourrait par exemple
menacer sérieusement les parts de marché des industriels
agricoles français qui exercent dans ce domaine. Car s'il s'avère
qu'elles sont non seulement bon marché, mais aussi de haute
qualité, elles pourraient ainsi arracher ces parts de marché sur
le plan international ou les diminuer considérablement, provoquant par
la même occasion une chute des bénéfices de ces paysans et
grands industriels français exerçant dans ce domaine. La France
n'aurait donc pas intérêt à vouloir booster le
développement agricole au Cameroun, car il y va de son équilibre
interne dans ce secteur.
Au regard de ce qui précède, force est de
constater qu'on observe au Cameroun les répercussions de ce qui à
déjà été constaté plus haut, en ce qui
concerne l'aide totale française affectée à l'agriculture
aux pays en développement depuis 1990. C'est une aide qui est en
baisse considérable et qui est relativement récente.
L'agriculture s'impose ici comme l'enfant pauvre de la politique sectorielle
française en matière d'aide au développement. Cette
réalité traduit ainsi un désintérêt manifeste
que la France éprouve vis-à-vis de ce secteur, pourtant vital
pour le Cameroun.
Pour fermer cette partie, rappelons qu'il était
question pour nous ici d'analyser l'aide française affectée dans
quatre secteurs clé au Cameroun : santé, éducation,
eau et agriculture. Parvenu au terme de notre analyse, il ressort qu'aucun de
ces quatre secteurs ne semble être au coeur de la politique
d'affectation sectorielle de l'APD française au Cameroun. Et ce, depuis
1990. Cette réalité s'explique ainsi par la modicité
notoire des fonds accordés par celle-ci à ces domaines. Cette
modicité est aussi bien en terme de volume qu'en terme de pourcentage.
En plus il a été constaté que l'aide française
affectée à ces secteurs suit une évolution
contrastée, voire contingente ; ce qui traduirait par la même
occasion, le manque de sérieux que la France puisse accorder à
ces secteurs.
Il est donc question dès à présent de
s'interroger sur l'incidence quelconque qu'à pu avoir cette aide dans
l'amélioration des conditions de vie au Cameroun au sein des domaines
d'affectation sectorielle sus évoqués.
2) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie au Cameroun dans les secteurs sus
évoqués depuis 1990 : une incidence significativement
minorée.
L'objet de cette partie s'articule autour d'un point focal
à savoir, d'essayer de mesurer l'impact qu'a eu l'aide
française dans l'amélioration des conditions de vie au sein des
secteurs sus analysés plus haut. Cette aide a-t-elle contribué
significativement à améliorer la qualité de vie des
Camerounais ou son impact ne fut-elle que dérisoire au sein de ces
secteurs ?
Nous analyserons tour à tour la situation sanitaire
(a), la situation éducative (b), la situation en matière
d'accès à l'eau potable (c) et la situation agricole au Cameroun
(d).
a)
l'incidence de l'aide française dans l'amélioration de la
situation sanitaire au Cameroun : une incidence médiocre.
Un peuple qui n'est pas en bonne santé est un peuple
qui est voué à la déchéance et dont le devenir est
sérieusement compromis. C'est dire que le secteur de la santé
constitue un champs névralgique pour lequel une grande importance doit
être accordée, car on ne bâti pas un pays avec de grands
malades qui sont appelés à disparaître précocement.
La communauté internationale n'a pas failli quand, en dressant les OMD
à atteindre d'ici 2015, elle a accordé au seul secteur de la
santé, trois objectifs à atteindre sur les sept
comptabilisés. Ces derniers sont relatifs à la réduction
de la mortalité infantile, l'amélioration de la santé
maternelle et la lutte contre VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies
infectieuses.
Il ressort de ce qui précède que le secteur de
la santé occupe une place majeure au coeur des préoccupations
mondiales. Mais cela ne semble pas être le cas pour ce qui de la France
dans sa politique d'affection de son aide au Cameroun.
En effet, comme il a été souligné plus
haut, au moment d'analyser l'aide française à la santé
au Cameroun depuis 1990, il a été constaté que ce secteur
est loin d'être la priorité de la France au Cameroun, au regard de
l'extrême modicité des fonds que celle-ci a consenti à lui
allouer. Or, les besoins en santé au Cameroun sont énormes et la
situation sanitaire y est toujours jugée préoccupante. Quatre
indicateurs peuvent être mobilisés pour le justifier : le
taux de mortalité infantile (a1), le taux de prévalence au
VIH/SIDA (a2), le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole (a3) et
l'espérance de vie (a4).
a1) Le taux de mortalité infantile au
Cameroun : un taux jugé très critique.
La mortalité infantile demeure le ventre mou de la
situation sanitaire au Cameroun depuis 1990.
En effet au regard du tableau 24 ci-dessous, un constat clair
se dégage : c'est le niveau jugé très critique de la
mortalité infantile au Cameroun depuis 1990.
Tableau 24 : Taux de mortalité
infantile au Cameroun (pour 1000 naissances)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
65%
|
62%
|
94%
|
95%
|
85%
|
Source : PNUD 2006, 2004,
2000 ; OMS 2006
L'observation de celui-ci fait ressortir que la
mortalité infantile reste largement au dessus des 50 pour cent, pour
1000 naissances. Cette mortalité infantile a évolué
crescendo de 1900 à 2002, avant d'amorcer une légère
baisse en 2006. Mais cette légère baisse ne doit pas cependant
oblitérer qu'elle reste toujours très élevée ;
85% c'est encore assez fort !!! Comparativement à 1994,
année au cours de laquelle, elle connaît son plus faible taux dans
la tranche d'années sélectionnées. Ce qui traduit à
notre avis un relâchement des efforts nationaux en vue de baisser
significativement ce taux. C'est dire que beaucoup, pour ne pas dire tout,
reste à faire ici. L'enjeu est énorme. L'année 2006 semble
s'achever sur un brin d'optimisme, car on note une baisse de l'ordre de 10% par
rapport à 2002. Il est à souhaiter que cette tendance descendante
qu'a amorcé la mortalité infantile dure le plus longtemps
possible, afin que d'ici quelques années le Cameroun réussisse
à baisser de moitié, voire, des trois quart cette
mortalité infantile.
Après l'indicateur de la mortalité infantile,
place à un autre.
a2) Le taux de prévalence VIH/SIDA au
Cameroun : Un taux quelque peu stabilisé.
Considéré aujourd'hui comme le mal du
siècle, le SIDA constitue un enjeu de sécurité nationale
pour certains pays, (ceux de l'Afrique Australe par exemple) car ses
conséquences sont désastreuses dans tous les secteurs de la
société. Aujourd'hui selon les estimations de l'OMS et de
l'ONUSIDA, pour dix personnes qui meurent dans le monde, six sont
terrassées par le SIDA. On estime de nos jours à près de
40 millions de personnes dans le monde qui sont infectées par le
VIH/SIDA, dont presque la moitié réside en Afrique, avec un taux
de prévalence global estimé à 9% ; ce qui compromet
énormément l'avenir de certaines nations, freinant ainsi par la
même occasion leur élan au bien être.
Pour ce qui est du Cameroun en particulier, l'observation du
taux de prévalence au VIH/SIDA depuis 1990 s'est nettement
stabilisée depuis lors. C'est ce qui ressort du tableau 25
ci-dessous.
Tableau 25 : Taux de prévalence
VIH/SIDA au Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1998
|
2006
|
|
7,5
|
5,2
|
5,5
|
Source : PNUD 2004,
2000 ; ONUSIDA 2006
En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que ce
taux a connu une baisse significative depuis 1990. Ce taux en 2006, est l'ordre
de 5,5%, comparativement à 7,5% en 1990. Toutefois, on note une
légère hausse en 2006 comparativement à 1998 où il
se chiffrait à 5,2%. Néanmoins, cette légère
disparité n'a qu'une influence moindre sur le fait que le taux de
prévalence au VIH/SIDA connaît une nette amélioration sur
une moyenne mobile de 8 ans au Cameroun. Cette amélioration est
certainement due aux différents efforts qu'ont déployé les
autorités camerounaises en vue de contenir ce mal. Ces efforts ce sont
traduits par une baisse significative des coûts des
anti-rétroviraux, avant de devenir tout simplement gratuits ; une
campagne intense de vulgarisation des méthodes de contraception, des
dépistages systématiques et permanents... L'incidence de l'aide
française dans le sous-secteur de la lutte contre le MST et VIH/SIDA
analysée plus haut, n'est que moindre ici d'autant plus qu'elle est
d'abord récente (à partir de l'année 2000) ; en plus,
les maigres fonds engagés par la France dans ce sous-secteur
reflètent nous l'avons dit plus haut, le désintérêt
total que celle-ci accorde à la lutte contre les MST et VIH/SIDA au
Cameroun. C'est donc dire que l'aide française à ce niveau n'a
qu'une incidence minorée sur la lutte contre le VIH/SIDA dans ce pays,
et cela depuis 1990.
Après l'indicateur de taux de prévalence du
VIH/SIDA, intéressons nous à un tout autre.
a3) Le taux d'enfants vaccinés contre la
rougeole au Cameroun depuis 1990 : Un taux toujours en deçà
de la moyenne.
La rougeole figure parmi les premières causes de
morbidité infantile et infanto juvénile qui peut être
facilement évitée par le biais de la vaccination.
La situation sanitaire au Cameroun en matière de
vaccination contre la rougeole depuis 1990 laisse percevoir un sentiment
inquiétant.
C'est ce qui ressort tout du moins de l'observation du tableau
26 ci-après.
Tableau 26 : Taux enfants vaccinés
contre la rougeole au Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
33
|
44
|
41
|
62
|
39
|
Sources :
PNUD ,2006,2004,2000,1998,1995.
L'observation de celui-ci laisse transparaître que des
efforts en vue d'une couverture maximale des enfants au vaccin contre la
rougeole reste à venir. Sur la moyenne d'année choisie, il
ressort que le taux d'enfants vaccinés contre ce fléau reste
largement insuffisant, c'est dire que les besoins sont encore énormes.
C'est presque 60% d'enfants qui ne sont pas encore vaccinés contre la
rougeole depuis 1990, excepté l'année 2002 où l'on a
enregistré un taux record de l'ordre de 62% d'enfants vaccinés
contre la rougeole. Même si on peut observer une légère
hausse de ce taux en 2006 comparativement à 1990 ; mais cette
même année constitue par la même occasion, une
période au cours de laquelle on note une chute vertigineuse de ce taux
comparativement à 2002. C'est donc dire que la situation vaccinale des
enfants contre la rougeole au Cameroun reste préoccupante. Au regard des
sommes modiques affectées par la France dans le secteur de la lutte
contre les maladies infectieuses parmi lesquelles la rougeole, traduisant ainsi
son indifférence totale vis-à-vis de ce sous secteur, il
apparaît que celle-ci n'a eu qu'une incidence minime dans
l'amélioration de cet indicateur car la situation reste
inquiétante.
Observons dès à présent le dernier
indicateur.
a4) L'espérance de vie à la
naissance au Cameroun depuis 1990 : un taux en dégradation
progressive et critique.
On entend par espérance vie à la naissance, la
probabilité moyenne d'atteindre un certain âge avant de
décéder. L'observation de l'espérance de vie au Cameroun
laisse entrevoir un constat inquiétant. En effet au regard du tableau 27
ci-après, on observe une dégradation progressive de
l'espérance de vie au Cameroun depuis 1990.
Tableau 27 : Espérance de vie
à la naissance au Cameroun
Année
|
1990
|
1998
|
2006
|
|
57
|
54,5
|
51,6
|
Source : PNUD, 2006, 2004,
2000
De ce tableau, il ressort que les Camerounais atteignent de
plus en plus difficilement le seuil de cinquante ans ; la situation s'est
empirée progressivement et l'année 2006 se termine sur un
pessimisme certain, car elle constitue la période au cours de laquelle
on assiste à une chute notable de l'espérance de vie
comparativement aux années 1998 et 1990. Comment expliquer cette
dégradation progressive de l'espérance de vie au Cameroun ?
On pourrait évoquer entre autres, les mauvaises conditions
d'hygiène de vie, le manque de soins et services médicaux
efficients, le coût assez élevé des médicaments qui
n'est pas toujours à la portée de toutes les bourses ;
l'insuffisance et la vétusté d'infrastructures de
santé...
Cet indicateur est assez révélateur de la
situation sanitaire au Cameroun jugée toujours critique ; c'est
dire qu'à ce niveau, les besoins restent énormes, beaucoup reste
à faire, afin de relever et de hisser cette situation à un niveau
satisfaisant. Le Cameroun à ce titre à besoin d'une implication
significative de ses partenaires internationaux parmi lesquels figure en
première loge la France, afin de résorber cette crise sanitaire.
Mais au regard de ce que la France consent à octroyer comme
dispositions financières dans ce domaine au Cameroun, elle semble
traduire par là son indifférence totale, et son refus à
peine voilé à vouloir aider le Cameroun à résorber
sa crise sanitaire. Ce qui relève à notre avis d'un paradoxe
total, car au même moment où elle tend à insister davantage
dans son discours sur sa politique d'affectation sectorielle de l'aide, que
celle-ci sera plus concentrée dans les secteurs prioritaires des
récipiendaires dans le but d'améliorer substantiellement leur
conditions de vie. Or, c'est plutôt le contraire qui est observé
au regard de son aide squelettique accordée au secteur sanitaire au
Cameroun. D'où son incidence quasi nulle sur le relèvement de la
situation sanitaire dans ce pays.
Après avoir essayé d'analyser l'incidence de
l'aide française à la santé au Cameroun depuis 1990,
intéressons-nous dès à présent de celle-ci
à un tout autre secteur.
b)
L'incidence de l'aide française dans le relèvement du secteur
éducatif au Cameroun : une incidence significativement
négligeable.
Le secteur éducatif est tout aussi névralgique
que celui de la santé évoqué plus haut, car il constitue
le creuset où se forme la présente et la future classe dirigeante
appelée plus tard à gérer les affaires de la cité.
Un peuple éduqué est un peuple éveillé et peu
propice aux emportements pouvant mener au chaos. C'est un peuple
éclairé et plus enclin vers le progrès. C'est le lieu
stimulation par excellence du « virus mental »
étudié plus haut à fin de former des hommes et des femmes
aptes à conduire de manière efficiente les charges publiques.
C'est donc dire de l'importance et l'intérêt
indéniables que revêt ce secteur aux yeux du Cameroun. Mais
l'analyse de l'aide française affectée à ce secteur faite
plus haut a laissé plutôt entrevoir le contraire.
En effet, au regard des sommes minables consentis par la
France à ce secteur pourtant clé pour Cameroun, traduisant ainsi
par la même occasion son désintérêt
déclaré vis-à-vis de ce dernier, le secteur
éducatif est loin de constituer l'une des priorités de la
politique d'affectation sectorielle de l'aide française au Cameroun.
Or, l'observation des indicateurs du secteur éducatif
au Cameroun affiche plutôt un constat plus ou moins satisfaisant. Deux
indicateurs peuvent nous le démontrer : le taux de scolarisation au
Cameroun (b1) et le taux de d'alphabétisation (b2).
b1) Le taux de scolarisation au Cameroun depuis
1990 : Un taux nettement au dessus de la moyenne.
On entend par taux de scolarisation, le nombre d'habitants
fréquentant ou étant inscrit à l'école, du primaire
au supérieure. Pour ce qui est du Cameroun, le taux brut de
scolarisation combiné (du primaire au supérieur) affiche
nettement une tendance largement au dessus de la moyenne comme l'indique le
tableau 28 ci-après.
Tableau 28 : Taux scolarisation au
Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
55
|
47
|
71
|
58
|
68
|
Source : UNESCO 2006,
2000 ; PNUD 2006, 2002, 2000, 1998
Au regard de ce dernier, il apparaît clairement que ce
taux depuis 1990 connaît une hausse progressive. L'année 2006
affiche 68% de scolarisés comparativement au 55% de 1990, ce qui
relève d'une hausse significative. Hausse significative aussi,
comparativement à 2002 où ce taux s'affiche à 58%.
Toutefois il est quand même à regretter que le taux record obtenu
en 1998 (71%) n'ait pas été maintenu pour les années
suivantes. Néanmoins l'année 2006 se termine sur un élan
d'optimisme, car on observe à partir de cette année une
remontée progressive de ce taux de scolarisation, qui pourrait dans un
avenir proche, connaître davantage une tendance à la hausse.
Après l'indicateur de taux de scolarisation, voyons ce
qui est de l'indicateur suivant.
b2) Le taux d'alphabétisation au Cameroun
depuis 1990 : un taux en hausse progressive.
On entend par taux d'alphabétisation, la proportion
d'une population qui sache lire et écrire. Au Cameroun ce taux est en
nette amélioration depuis au moins les années 1990 comme
l'indique le tableau 29 ci-après.
Tableau 29 : Taux alphabétisation
au Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
57,9
|
52
|
45
|
67,9
|
69,5
|
Source : UNESCO 2006,
2000 ; PNUD 2006, 2002, 2000, 1998
De l'observation ce dernier, il apparaît clairement que
ce taux connaît une hausse significative depuis les années 1990.
On quitte ainsi le 57,9% en 1990, pour 69,5% en 2006. On note également
une hausse progressive du taux d'alphabétisation depuis 1998, qui
connaît cependant le taux le plus faible de la tranche d'années
choisies. Mais les chiffres des années suivantes traduisent que des
efforts substantiels ont été faits afin de le relever. Ce qui a
d'ailleurs été justifié au regard du taux des
années 2002 et 2006 au cours desquelles on a assisté à une
montée notable du taux d'alphabétisation au Cameroun.
L'année 2006 s'achève sur un brin d'optimisme, car il est
à souhaiter que cette tendance ascendante amorcée depuis 2002, se
prolonge dans le futur.
Au regard de ce qui précède, il ressort que le
secteur éducatif au Cameroun affiche des indicateurs plus ou moins
satisfaisants. Cette amélioration notable est certainement à
mettre sur le compte des efforts des autorités nationales, marquant
ainsi leur volonté sans cesse croissante à vouloir assurer une
meilleure formation aux camerounais afin qu'ils soient plus aptes et plus
compétitifs. Dans cette amélioration du secteur éducatif,
l'incidence de l'aide française dans ce secteur, au regard de ce qui a
été engagé comme fonds, est quasiment négligeable
pour ne pas être prise en considération. En effet, vu la
modicité, voir l'inexistence des fonds engagés par la France
à ce secteur clé, l'on ne saurait commettre par souci de
complaisance, un crime de lèse majesté en attribuant
l'amélioration de ce secteur sur le compte de la France au regard des
sommes insignifiantes qu'elle a affecté dans ce dernier au Cameroun. Car
il a été constaté plus haut que l'éducation est
loin d'être la priorité de la politique d'affectation sectorielle
de l'aide française dans ce pays depuis 1990.
Après le secteur éducatif, attardons-nous
à la situation qui prévaut dans un tout autre secteur.
c)
L'incidence de l'aide française sur l'amélioration des conditions
d'accès à l'eau potable au Cameroun depuis 1990 : une
incidence insignifiante.
L'or noir deviendra bleu et l'eau, la molécule la plus
en vue du nouveau siècle. Aucune tension internationale quelque qu'en
soit la violence ne peut altérer ce destin annoncé. Longtemps
considérée comme inépuisable dans l'imaginaire collectif,
l'eau est devenu désormais une ressource restreinte et
vulnérable, éreintée par l'industrialisation du monde,
sa croissance démographique, gaspillage et pollution. Les tensions
qu'elle suscite sont locales et mondiales. Ses enjeux ?
Hétérogènes et primordiaux : santé publique,
sécurité alimentaire, équilibres écologiques,
développement économique, agriculture, industrie, transport,
énergie... (Severino, 2003). C'est dire qu'au regard de ce qui
précède, l'accès à une eau de qualité
constitue un enjeu vital pour le bien-être des populations vivant aussi
bien dans les pays développés que dans les pays
sous-développés où ce besoin se fait sentir avec beaucoup
d'insistance.
L'analyse d'une incidence quelconque de l'aide
française en matière d'accès à une eau de
qualité au Cameroun, fait ressortir un constat irréfragable.
L'aide française au regard des fonds alloués à ce secteur
stratégique a eu par conséquent, une incidence nulle dans
l'amélioration des conditions d'accès des populations
camerounaises à une eau potable depuis 1990. Cela relève d'une
logique indéniable. Car l'analyse de l'aide française
allouée à ce secteur qui a été faite plus haut,
nous a permis de dégager le désintérêt manifeste de
la France à l'égard de ce domaine, vu les quelques maigres fonds
épars qu'elle a consenti à affecter à ce secteur
névralgique.
Pourtant, une analyse de l'évolution du taux de
population ayant accès à une eau potable, montre néanmoins
une nette amélioration des conditions d'accès des populations
camerounaises à une eau de qualité depuis 1990 ; comme en
témoigne le tableau 30 ci-après.
Tableau 30 : Population disposant d'un
accès facile à une source d'eau de qualité au Cameroun
(%)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
51
|
53,6
|
56
|
63
|
65,8
|
Source : PNUD 2006, 2004,
2002, 2000
En effet, au regard de celui-ci, un constat ne pouvant
souffrir d'aucune contestation s'offre à nous : c'est la hausse
progressive et significative du taux de la population ayant accès
à une eau de qualité. On quitte ainsi de 51% en 1990 à
65,8 en 2006, ce taux est consécutive à une hausse progressive
depuis 1994. L'année 2006 s'achève sur un sentiment satisfaisant
car la tendance ascendante entreprise depuis 1994 n'est pas proche à
notre avis de s'arrêter en si bon chemin, et le plus dur reste à
venir. Résorber par exemple, les disparités qui existent entre
les campagnes et les villes en matière d'accès à l'eau
potable, les questions de genre... Toutefois un coup de chapeau doit être
tiré aux autorités nationales camerounaises qui, à travers
ces réalités statistiques, ont le souci de pouvoir faciliter le
plus possible l'accès des populations à une eau de
qualité, par le biais d'un investissement considérable. Quant
à l'aide française à ce secteur, point n'est besoin de
vouloir mesurer une quelconque incidence positive, au regard de la sombre
réalité décrite par les séries statistiques
dévoilées plus haut. Car elle est presque inexistante et les
quelques fonds présents brillent par leur extrême modicité.
D'où son incidence nulle dans l'amélioration des conditions
d'accès des populations camerounaises à une eau de
qualité.
Après le secteur de l'eau, analysons dès
à présent l'incidence de l'aide française sur
l'amélioration du dernier secteur au Cameroun.
d)
L'incidence de l'aide française dans le relèvement du secteur
agricole au Cameroun depuis 1990 : une incidence quasiment
inexistante
L'analyse de l'aide française dans le secteur agricole
faite plus haut, nous a amené à aboutir à la conclusion
suivant laquelle : le secteur de l'agriculture est encore très loin
de figurer parmi les priorités de la politique d'allocation sectorielle
de l'aide française au Cameroun depuis 1990. Cette réalité
découlerait des quelques sommes dérisoires affectées de
manière contingente à ce secteur pourtant stratégique pour
un pays de longue tradition agricole comme le Cameroun. C'est dire aussi que
celle ci n'a pu avoir qu'une incidence relative à la modicité
extrême de ses volumes.
Prenons par exemple le domaine de la production agricole, car
la performance d'une agriculture se mesure principalement à l'aune de sa
capacité productive. Dans le secteur particulier des
céréales, la production camerounaise se caractérise par un
certains nombre de traits tels qu'ils ressortent du tableau 31 ci-dessous.
Tableau 31 : Production agricole
céréale et importations au Cameroun (1000T)
Année
|
1990
|
1995
|
2000
|
2005
|
Production
|
797.93T
|
1.167,42T
|
1.257,95
|
1.454,41
|
Importations
|
486.08T
|
352.76T
|
481.66T
|
761.266T
|
Source : FAO stats
2007
De l'observation ce dernier, on constate que la production
céréalière au Cameroun connaît une hausse
progressive depuis 1990. On part ainsi de 797,93 mille tonnes en 1990 pour
culminer à 1454,41 mille tonnes en 2005, la production a presque
doublé dans cet intervalle. Cette hausse de la production
céréalière au Cameroun, pourrait traduire ainsi la
volonté du Cameroun de consolider sa sécurité agro
alimentaire en matière céréalière. Mais cette
volonté est encore largement freinée au regard de la part
significative qu'occupent encore les importations des céréales au
Cameroun. Ce qui grève encore à notre avis l'économie
agricole camerounaise. Car des efforts à travers un investissement
massif doivent être entrepris afin de remédier à ce
problème. Un regard synoptique jeté à cet effet sur l'aide
française affectée dans le sous secteur de la production
céréalière, nous a montré clairement que celle-ci
est quasiment absente et se fait de plus en plus rare, signe du peu
d'intérêt que la France accorde à ce sous secteur, mais
aussi à tous les autres sous secteurs agricoles. On ne pourrait donc
parler d'une incidence quelconque.
Parvenu au terme de ce chapitre, il ressort sans
ambiguïté que, l'orientation sectorielle de l'aide française
aux quatre secteurs sus analysés au Cameroun, se caractérise
depuis 1990 par une modicité significative des fonds à leur
affecter par la France, ce qui a eu pour conséquence logique, qu'elle
n'ait eu une quelconque incidence dans l'amélioration des conditions de
vie des populations camerounaises dans ces dits secteurs. Cela traduit à
notre avis, un désintérêt certain de la France à
l'égard de ces secteurs pourtant clé dans l'épanouissement
et le bien-être de ces populations.
Est-ce la même réalité qui prévaut
au Gabon ?
CHAPITRE IV :
L'AIDE FRANÇAISE AU GABON ET SON IMPACT : UNE AIDE
MODIQUE AVEC UN IMPACT INSIGNIFIANT
Deux points focaux constituent l'objet de ce chapitre. En
premier lieu il s'agit d'analyser l'orientation sectorielle de l'aide
française au Gabon depuis 1990 (1) et en second lieu d'essayer à
ressortir l'impact que celle-ci a pu avoir sur l'amélioration la
situation des secteurs d'aide étudiés (2).
1) L'orientation sectorielle de l'aide française au
Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par un volume
considérablement maigre.
Cette sous partie s'articule autour de quatre volets. Il
s'agira en effet d'analyser successivement l'aide française dans le
secteur de la santé (a), dans le secteur éducatif (b) dans le
secteur agricole (c) et enfin dans le secteur de l'eau (d).
a)
L'aide française dans le secteur de la santé au Gabon depuis
1990 : Une aide marquée par son extrême modicité en
volume et en pourcentage.
Il est inutile de ressortir encore ici le caractère
névralgique du secteur sanitaire au Gabon. Pourtant l'analyse de
l'évolution de l'aide française à la santé dans ce
pays ne semble pas refléter cette réalité pour ce qui est
de la France.
En effet, au regard du tableau 32 suivant, c'est plutôt
le contraire qui tend à s'imposer.
Tableau 32 : APD française à
la santé au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Total net
|
144,05
|
162,88
|
65,17
|
109,18
|
180,87
|
114,32
|
110,06
|
25,07
|
38,4
|
36,8
|
-20,98
|
-20,44
|
55,68
|
-54,6
|
13,73
|
16,59
|
Total santé
|
0,4
|
0
|
0
|
3,5
|
0
|
0
|
0
|
3,3
|
4,2
|
1
|
2,3
|
2
|
1,8
|
2
|
1,9
|
1,3
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
La lecture de ce tableau laisse entrevoir un fait
marquant : c'est l'extrême modicité des fonds affectés
par la France à ce secteur depuis 1990. L'année 1990
préfigure déjà ce constat désolant. Car elle
débute par l'affectation d'une somme squelettique, par rapport au volume
total de l'APD française allouée à ce pays pendant la
même année. Cette tendance va aller de mal en pire, car les
années suivantes, notamment 1991, 1992 seront fortement marquées
par l'affectation d'aucun fonds à ce secteur.
En 1993, on semble assister à un regain
d'intérêt à l'égard de ce secteur par l'affectation
de quelques fonds, mais la suite nous démontre que cela n'a
été qu'un leurre, car les trois années suivantes, la
France n'affectera une fois de plus aucun fonds au secteur de la santé.
Ce n'est qu'à partir de 1997 qu'on semble assister à une certaine
régularité dans l'affectation de l'aide française à
la santé au Gabon. Mais ces fonds brillent par leur extrême
faiblesse en termes de volume, par rapport au volume total de l'aide
française allouée au Gabon pendant ces années. Cette
modicité de l'aide française à la santé au Gabon
s'illustre plus clairement quand il faut l'évaluer en terme de
pourcentage comme l`indique le tableau 33 ci-après.
Tableau 33 : Aide française
à la santé au Gabon (%)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0,27
|
0
|
0
|
3,2
|
0
|
0
|
0
|
13,16
|
10,93
|
2,71
|
10,96
|
9,78
|
3,23
|
3,66
|
13,83
|
7,83
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet au regard de ce dernier, à première
vue, on pourrait dire que l'aide française à la santé
représente quand même un pourcentage significatif. Mais ce n'est
qu'une illusion, car une observation approfondie de ce tableau en relation avec
le précédent (tableau 32), fait ressortir sans doute que toutes
les années au cours desquelles, on observe un pourcentage significatif
de l'aide française à la santé au Gabon
(précisément 1997, 1998, 2000, 2004), constituent des
périodes où l'APD total française a été la
plus faible au Gabon en terme de volume comparativement aux autres
années. Mais les années où l'aide française totale
est assez significative (1990, 1991, 1994, 1995, 1996), la portion
occupée par la santé en terme de pourcentage est quasi
nulle ! ! ! Ces différentes manoeuvres et
stratagèmes traduisent la volonté à peine voilée de
la France à vouloir à tout prix déformer la
réalité, en faisant croire à certains esprits
incrédules qu'elle accorde un intérêt certain au secteur
sanitaire au Gabon à travers ses affectations sectorielles de son aide
au développement à ce pays. Or ce qui est, à notre avis,
très loin de la réalité véritable, qui traduit au
regard de ces données statistiques l'absence manifeste de la France,
à considérer la santé comme une priorité et donc le
manque de volonté effective de s'y impliquer sérieusement. Cela
est encore plus flagrant, s'il faut entrer dans les allocations sous
sectorielles de l'aide française à ce secteur. Quatre sous
secteurs retiennent notre attention ici : la lutte contre les MST et
VIH/SIDA, la recherche médicale, la lutte contre les maladies
infectieuses et les services médicaux.
S'agissant du premier sous secteur, sans risque de nous
répéter, il concerne toutes les activités liées au
contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA ;
activités d'information, éducation et communication ;
dépistage ; prévention ; traitements, soins.
Considérée comme la pandémie du siècle, ce sous
secteur pourtant clé dans les efforts gabonais en vue de la contenir,
constitue plutôt un secteur complètement délaissé
dans l'allocation sous sectorielle de l'aide française à la
santé au Gabon depuis 1990. Le tableau 34 ci-après l'illustre
à merveille.
Tableau 34 : Aide française
à la lutte contre les MST/SIDA au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0,4
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
De l'étude de celui-ci, il est à noter que
l'aide française à ce sous secteur stratégique est
quasiment inexistante, ponctuée par trois années seulement (1992,
1995, 2001) sur seize au cours desquelles, quelques maigres fonds y ont
été affectés, le reste des années c'est le
désert total. Cette raréfaction persistante de l'aide
française à ce sous secteur traduit sans aucun doute, le
désintérêt total que la France accorde à ce dernier
dans sa politique d'affectation sous sectorielle de son aide à la
santé au Gabon depuis 1990. Ce qui est totalement contradictoire avec le
discours tenu qui insiste sur la lutte contre le VIH/SIDA comme, l'une des
priorités des priorités.
Le deuxième sous secteur quant à lui, concerne
toutes activités liées à la recherche médicale,
tout comme le sous secteur précédent, à la petite
différence que le présent connaît quand même une
certaine régularité d'affectation de l'aide française,
comparativement au précédent. C'est ce qui ressort du tableau 35
suivant.
Tableau 35 : Aide française
à la recherche médicale au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,0
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
Mais la différence s'arrête là. Car tout
comme le précédent secteur, il est à noter que ce sous
secteur brille par, non seulement une affectation chaotique des fonds, mais
aussi par leur extrême modicité en terme de volume, oscillant
entre 0,1 et 1 million de dollars. Mais aussi avec plus d'années
blanches par rapport aux années ayant connu une quelconque affectation
de fonds (neuf années sur seize). Cette réalité
reflète déjà l'idée des fonds évoqués
à savoir, le manque d'intérêt de la France à
l'égard du secteur sanitaire, mais plus précisément
à l'égard de ce sous secteur.
Le troisième sous secteur concerne comme nous l'avons
dit plus haut, la vaccination ; la prévention et la lutte contre le
paludisme, la tuberculose, rougeole, les diarrhées chroniques, les
maladies transmises par un vecteur. Pour un pays situé en zone
équatoriale et par conséquent largement influencé par ces
divers maux ; l'importance de ce sous secteur n'est plus à
démontrer. Or, l'observation du tableau 36 ci-dessous, semble nous
démontrer que ce n'est nullement le cas, pour ce qui est de la France
à travers ses affectations de fonds à ce sous secteur.
Tableau 36 : Aide française
à la lute contre les maladies infectieuses au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0,4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, au regard de ce dernier, un constat désolant
s'impose de lui même : c'est l'absence total d'intérêt
que la France accorde à ce sous secteur, pourtant incontestablement
névralgique pour le Gabon dans la garantie du bien-être de ses
populations. Cette réalité se traduit ici par l'inexistence
significative de fonds affectés à ce sous secteur, excepté
en 1990 qui est la seule année au cours de laquelle quelques subsides y
furent allouées par la France. Le reste des autres années
s'affichent blanches comme neige.
Cet état de chose pourrait germer des interrogations,
comment comprendre qu'un domaine aussi vital comme celui de la lutte contre les
maladies infectieuses soit complètement et paradoxalement
abandonné par la France dans sa politique d'allocation sous sectorielle
de son aide à la santé au Gabon. Cela reflète à
notre avis, un aveu, certain et manifeste, du manque de volonté
affiché par la France vis-à-vis de ce sous secteur, au regard de
la raréfaction indéniable des fonds qui y sont
affectés.
Le quatrième sous secteur quant à lui,
s'intéresse aux activités liées à la fourniture en
laboratoires, centres de santé, et hôpitaux
spécialisés, ambulances, services dentaires L'analyse de
l'aide française à ce sous secteur apparaît plus
effroyable comparativement aux précédents à la
lumière du tableau 37 ci-après.
Tableau 37 : Aide française aux
services médicaux au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
.
De l'observation ce dernier, un constat stupéfiant
s'impose à nos yeux : c'est l'inexistence totale de fonds
affectés à ce sous secteur par la France depuis 1990 !!! Le
symbole ici est frappant, car ce sous secteur traduit à merveille ce que
l'on peut observer dans la politique d'affectation de l'aide française
au Gabon, plus précisément dans le secteur de la santé. Ce
tableau traduit non seulement un désintérêt total, mais
aussi une absence complète de volonté venant de la France
à vouloir aider le Gabon à renforcer ses capacités
sanitaires, en lui fournissant un matériel adéquat, un
équipement en fournitures plus appropriées aux besoins locaux
etc...
En somme, ce qui se dégage ici ne saurait souffrir
d'une grande contestation. Il découle en effet au regard de tout ce qui
a été dit plus haut, que le secteur sanitaire est encore loin
d'être une priorité pour la France dans sa politique d'affectation
sectorielle de son aide bilatérale au Gabon, et cela depuis 1990. C'est
la réalité qui ressort à la lecture des fonds
squelettiques qui sont affectés à ce secteur, pourtant central
pour le Gabon, traduisant par la même occasion l'attitude
désinvolte à peine voilée de la France vis-à-vis de
ce secteur.
Après le secteur sanitaire, intéressons nous
à un tout autre secteur d'affectation de l'aide française au
Gabon.
b)
L'aide française à l'éducation au Gabon depuis 1990 :
Une aide en légère hausse qui demeure toujours faible.
Le secteur éducatif est d'une importance
indéniable à ne plus démontrer pour tout pays
désireux d'assurer un meilleur devenir en formant des hommes et des
femmes plus aptes, car il n'est de richesse que d'Homme. Pourtant, l'analyse de
l'aide française à cet effet au secteur éducatif laisse
transparaître deux réalités opposables à savoir, le
constat d'une légère hausse de l'aide française à
ce secteur en terme de volume, mais aussi le fait qu'elle demeure
remarquablement faible.
La première réalité peut être
dégagée au regard de l'analyse du tableau 38 ci-après.
Tableau 38 : Aide française
à l'éducation au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
5,3
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0,8
|
15,1
|
14,5
|
21,1
|
22,5
|
21,6
|
22,2
|
22,2
|
23,3
|
20
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, à la lecture de ce dernier, on peut
segmenter l'évolution de l'aide française dans ce secteur en deux
mouvements. Premier mouvement qui va de 1990 à 1996. Cette tranche
d'année est fondamentalement caractérisée par une
affectation presque nulle de l'aide française au secteur
éducatif. Ces années sont pour l'essentiel marquées par
une raréfaction notoire de l'aide française ici, avec
pratiquement quatre années blanches sur les sept comptabilisées
au cours desquelles aucun fonds n'a été affecté par la
France à ce secteur (1990, 1992, 1993, 1994). Cette période au
regard de ces données, traduit le peu d'intérêt que la
France accordait à ce secteur pendant ces sept années.
Mais à partir de 1997, on assiste, (et c'est le second
mouvement) à une reprise significative de l'aide française
à ce secteur qui va connaître dès lors une hausse notable,
avant de devenir constante. On quitte ainsi de 15,1 millions de dollars en
1997, ce qui semble déjà être un exploit au regard de la
somme insignifiante qui a été affectée juste
l'année précédente (0,8 millions de dollars en 1996), pour
culminer à partir des années 2000 à plus de 20 millions de
dollars. Comment expliquer dès lors ce regain subit
d'intérêt que la France accorde à l'éducation au
Gabon. Sans doute, a-t-elle pris conscience de la mesure des enjeux qui sont
assez énormes en ce qui concerne ce secteur clé ? Nous
voudrions y croire. Mais un regard approfondi dans l'allocation sous
sectorielle de cette aide, semble venir tempérer cette euphorie
précoce d'où la seconde réalité observée
ici.
En effet, l'allocation sous sectorielle de l'aide
française à l'éducation au Gabon fait ressortir une toute
autre réalité opposable à la première : c'est
la faiblesse notoire du volume de celle-ci. Trois sous secteurs clés
peuvent nous le démontrer : l'éducation de base,
l'éducation secondaire et l'enseignement supérieur.
L'importance du premier sous secteur n'est plus à
démontrer, car ici où sont posés les jalons qui devront
soutenir le long processus de formation des jeunes Gabonais. C'est dire toute
son utilité et sa raison d'être aux yeux du gabon. Mais c'est la
réalité contraire qui paraît s'imposer ici, pour ce qui est
de la France vis-à-vis de celui-ci. C'est ce qui ressort en tout cas de
l'observation du tableau 39 ci-après.
Tableau 39 : Aide française
à l'éducation de base au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,3
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2,0
|
0,4
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
La lecture de ce dernier nous indique que c'est à
partir de 1999 que la France s'est engagée à verser quelques
fonds à ce sous secteur. Cela signifie en outre que ce dernier est
resté pendant neuf ans sans recevoir aucun fonds que ce soit venant de
la France. D'ailleurs, la réalité des fonds qui commence à
y être affectés à partir de 1999 brille par leur
modicité significative. Cela traduit sans aucun doute, l'absence de
volonté certaine de la France à vouloir aider le Gabon à
relever et affermir son système éducatif de base. Ce qui est
à notre avis une terrible gageure car comment comprendre qu'un sous
secteur aussi clé que celui de l'éducation de base reçoive
aussi peu de fonds venant de la France.
Le deuxième sous secteur concerne l'éducation
secondaire, phase d'affermissement et de consolidation de la formation. Ici
aussi c'est le constat similaire déploré plus haut qui s'impose
à nous et qui découle de l'observation du tableau 40
ci-dessous.
Tableau 40 : Aide française
à l'éducation secondaire au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5,5
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2,0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
Au regard de ce dernier, il apparaît que l'aide
française à ce sous secteur réunit les mêmes
caractéristiques que dans le sous secteur précédent,
à savoir qu'elle a été pratiquement inexistante pendant
neuf ans ! ! ! (1990 à 1998) et que les fonds à
lui alloués pendant ces quelques années (de 1999 à 2004)
brillent par leur insignifiance en terme de volume avant de disparaître
de nouveau (2005). Cette évolution quelque peu chaotique de l'aide
française à ce sous secteur traduit à souhait, le peu de
crédit que ce pays lui accorde et son manque manifeste de volonté
à s'y investir sérieusement.
Le troisième sous secteur quant à lui,
constitue la phase terminale dans le processus de formation, les produits qui y
sont issus sont presque finis et c'est ici que se recrute pour l'essentiel la
future classe dirigeante du pays. C'est dire aussi la place capitale qu'elle
occupe ou qu'elle devrait occuper au coeur d'un pays. Pourtant ce sous secteur
ne paraît cependant pas occuper cette place de choix dans la politique
d'allocation sous sectorielle de l'aide française à
l'éducation au Gabon. C'est ce qui tend à se dégager du
tableau 41 suivant.
Tableau 41 : Aide française
à l'enseignement supérieur au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,0
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, à la lecture de celui-ci, on constate que
l'aide française à ce sous secteur est fortement
émiettée et dérisoire, avec par la même occasion une
pléthore d'années blanches au cours desquelles pas un kopeck fut
déboursé par la France à l'endroit de ce dernier
(notamment de 1990 à 1998 et l'année 2000). Le reste des
années, ce sont quelques francs symboliques qui y ont été
affectés de manière éparse.
En somme, il ressort après analyse de l'aide
française au secteur éducatif affectée au Gabon, que
depuis 1990 celle-ci, après avoir brillé par une
raréfaction significative pendant quelques années, a connu une
augmentation substantielle de son volume. Cela pourrait traduire pour certain
un regain d'intérêt venant de la France à l'égard de
ce secteur au Gabon, reflétant ainsi sa volonté affichée
à soutenir le Gabon dans le relèvement de son secteur
éducatif. Mais un regard approfondi sur l'orientation sous sectorielle
de cette aide pourrait nous démontrer que cela n'est qu'un leurre. Car,
en réalité, au regard des fonds émiettés qui y sont
affectés des sous secteurs clés tels que l'éducation de
base, l'éducation secondaire ou encore l'enseignement supérieur,
il apparaît que le secteur éducatif au Gabon est loin de
constituer une priorité pour la France, reste en marge de sa politique
d'affectation sectorielle de son aide bilatérale à ce dernier.
Après le secteur éducation, il est question
dès à présent de s'interroger sur un tout autre domaine
d'affectation de l'aide française au Gabon.
c)
L'aide française à l'agriculture au Gabon depuis 1990 : Une
aide extrêmement pauvre en volume et quasiment insignifiante.
L'essor du secteur agricole constitue à notre avis, un
gage de la sécurité agro-alimentaire du Gabon, limitant ainsi sa
dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Elle peut être
aussi un moteur économique assez performant, grâce à une
production assez accrue qui pourrait ainsi, à travers une exportation
substantielle des produits agricoles, renflouer les caisses publiques pouvant
permettre de financer des projets d'utilité publique et résorber
un certain nombre de maux sociaux. C'est donc dire que ce secteur revêt
une importance certainement indéniable. Pourtant, cela ne semble pas
être le cas pour la France, si on s'attarde à observer ce qui est
affecté à ce secteur comme fonds au Gabon. En effet, l'aide
française affectée au secteur agricole depuis 1990 dans ce pays
brille par son insignifiance totale, traduisant par la même occasion,
l'indifférence certaine de la France à l'égard de ce
domaine et son manque de volonté à s'y investir
véritablement. L'étude de trois sous secteurs clés en
cette matière permet de le démontrer. Il s'agit plus
précisément des sous secteurs de la recherche agricole, du
développement agricole, et de la production agricole des
céréales.
Le premier sous secteur concerne toutes les activités
liées à l'amélioration des implants et des semences et
autres espèces croisées, pouvant conduire à une
productivité plus accentuée. Elle concerne également
toutes les activités de recherche liées à une meilleure
protection de la production, grâce notamment à une recherche des
meilleurs moyens de lutte contre les acridiens, les bactéries et autres
germes pouvant causer de sérieux préjudices aux cultures. C'est
dire toute l'importance de ce sous secteur. Or, l'analyse de l'aide
française affectée à ce sous secteur, montre à
souhait que ce dernier est très loin de constituer une priorité
dans sa politique d'allocation sectorielle de son aide à l'agriculture
au Gabon. C'est du moins ce qui peut être constaté au regard du
tableau 42 ci-après.
Tableau 42 Aide française à
la recherche agricole au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0,3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,1
|
0,1
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, au regard de ce dernier, il est à noter que
l'aide française allouée à ce sous secteur brille par son
insignifiance considérable.
Trois années seulement (1992, 2003 et 2004) sur les
seize comptabilisées ont connu une allocation de quelques francs venant
de la France, dans le cadre de son aide bilatérale à
l'agriculture au Gabon. Le reste des années affiche le désert
total, car pas un kopeck ne fut affecté à ce sous secteur par la
France. Ce qui traduit à notre avis, ce refus affiché par la
France à ne vouloir à aucun prix aider le Gabon au
relèvement et à plus d'efficience de son secteur agricole plus
précisément dans le domaine de la recherche agricole.
Le deuxième sous secteur concerne toutes les
activités liées à un meilleur équipement du secteur
agricole en matériels adéquats, à une meilleure
planification des terres cultivables et à une mécanisation
progressive du secteur agricole. C'est également un domaine clé
dans le secteur agricole.
Pourtant l'analyse qui est faite de l'aide française
à ce sous secteur, nous montre plutôt une vision contradictoire.
C'est ce qui ressort de l'observation du tableau 43 ci-dessous
Tableau 43 : Aide française au
développement agricole au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
3,9
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,7
|
0,5
|
0
|
0
|
0
|
0,1
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
A la lecture de ce dernier, il apparaît clairement que
l'aide française affectée à ce sous secteur, pourtant
clé n'est que symbolique au regard des fonds émiettés qui
y sont affectés. Egalement ici seules trois années (1991, 1998,
1999) sur les seize comptabilisées constituent les périodes au
cours desquelles quelques pécules furent affectés à ce
sous secteur. Les treize autres années constituent des périodes
mortes ici, car l'aide française à ce niveau a brillé par
son inexistence totale pendant toute cette période. L'insignifiance
notoire de ces chiffres reflète sans équivoque la volonté
manifeste de la France à maintenir le secteur agricole gabonais au stade
primaire, rendant ce pays plus dépendant des apports
extérieurs.
Le troisième sous secteur quant à lui, concerne
toutes les activités qui sont liées à une
amélioration substantielle de la production agricole au Gabon, beaucoup
plus la production céréalière, car cette dernière
constitue au premier ordre la principale composante alimentaire au Gabon. Son
bien fondé et sa raison d'être au coeur des stratégies
agricoles des uns et des autres sautent à l'évidence. Mais un
regard jeté sur l'aide française à ce sous secteur
stratégique pour le Gabon nous laisse stupéfait. Car à
l'observation de celle-ci, se dégage un constat clair et net :
c'est l'extrême maigreur de l'aide française allouée
à ce sous secteur. C'est ce qui ressort sans aucun doute de la lecture
du tableau 44 suivant.
Tableau 44 : Aide française
à la production agricole (céréales) au Gabon (Millions de
dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
5,0
|
1,3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7,4
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, l'observation attentive de ce dernier nous fait
remarquer que l'aide française dans ce sous secteur brille par son
caractère extrêmement modique, associé à une
pléthore d'années blanches, au cours desquelles l'aide
française s'est faite très rare. Sur les seize années
comptabilisées, seules trois (1993, 1994, 2003) sont les périodes
au cours desquelles quelques subsides furent affectés à ce sous
secteur. Le reste affiche blanc comme neige. L'insignifiance de ces chiffres
traduit sans fioriture cette absence de volonté manifeste venant de la
France, dans le souci d'aider la production céréalière
gabonaise à être plus significative et par conséquent plus
efficiente. Ceci peut avoir pour conséquence directe de maintenir le
Gabon dans une situation de dépendance, voire d'insécurité
alimentaire, est-ce là le but recherché de la France ? Ces
réalités statistiques peuvent nous pousser à le croire.
Toutefois restons réserver à ce sujet, nous pourrons y revenir
quand il s'agira de mener l'incidence de cette aide à
l'amélioration de la production céréalière au
Gabon.
Bref, il ressort de ce qui précède que le
secteur agricole demeure encore l'enfant pauvre dans la politique d'affectation
sectorielle de l'aide française au Gabon, et cela, depuis 1990. Cela se
traduit par les sommes insignifiantes qui y sont affectées, et par la
pléthore d'années blanches pendant lesquelles ce secteur n'a
reçu aucun fonds bilatéral venant de la France. Cet état
de chose traduit ainsi l'indifférence totale qu'affiche la France
à l'égard de ce secteur, pourtant vital pour le Gabon, et aussi
son absence de volonté à s'y impliquer véritablement en
vue d'un relèvement significatif du secteur agricole dans ce pays.
Après avoir analysé l'aide française
à l'agriculture au Gabon, place au dernier secteur choisi.
d)
L'aide française dans le secteur de l'eau au Gabon depuis 1990 :
Une aide significativement modique et éparse.
Le secteur de l'eau, comme il a été dit plus
haut est un secteur assez sensible, voire très sensible car il est gage
d'une meilleure vitalité des individus parce que son emploi intervient
dans toute activité possible qui peut être faite par l'homme.
Pourtant, l'analyse de l'aide française dans ce
secteur au Gabon ne semble pas tenir ce point de vue en compte.
En effet, comme l'indique le tableau 45 ci-après,
l'observation de l'aide française affectée au secteur de l'eau
brille par deux curieuses caractéristiques à savoir, qu'elle est
éparse mais aussi qu'elle est significativement faible.
Tableau 45 Aide française dans le
secteur de l'eau au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
8
|
0
|
0
|
0
|
3
|
7,8
|
41,6
|
0
|
21
|
0
|
0
|
0
|
0
|
17,4
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
Le caractère épars de cette aide, à la
lecture de ce dernier découle de l'évolution quelque peu
chaotique de celle-ci au fil des années. L'année 1990 augure
déjà cette évolution en dents de scie. Cette
évolution de l'aide française à ce secteur est
ponctuée ici et là de quelques soubresauts entre les
années blanches où aucune aide n'est affectée (1990, 1992
à 1994, 1998, 2000 à 2003 et 2005), et les années
où quelques fonds y sont affectés (1991, 1995, 1996, 1997, 1999
et 2004). Mais cette aide est beaucoup marquée par la faiblesse de son
volume qui, dès 1990, n'augure pas des lendemains meilleurs à ce
secteur clé. Néanmoins, des années à l'instar de
1997, 1999 et 2004 constituent des périodes où l'aide
française à ce secteur a été pour le moins
substantielle. Toutefois, la légion d'années blanches (10 sur 16)
au cours desquelles le secteur n'a bénéficié d'aucune
affectation de fonds, vient sérieusement compromettre et diluer par la
même occasion, ce début, quoique timoré d'effort entrepris
par la France, à affecter des sommes substantielles au secteur de l'eau.
Cette réalité statistique traduirait à notre avis, le
manque de sérieux à peine voilé de la France à
l'égard de ce secteur pourtant clé au Gabon, comme pour n'importe
quel pays, y compris la France elle-même. Cette indifférence de la
France est encore plus affichée s'il faut s'intéresser à
l'affectation sous sectorielle, notamment dans ce sous secteur qui nous
intéresse ici à savoir celui de la distribution eau à
grande échelle.
A cet effet, le tableau 46 ci-dessous, tel qu'il est
présenté, nous l'illustre clairement.
Tableau 46 : Aide française au sous
secteur de la distribution de l'eau à grande échelle au Gabon
(Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
7,8
|
0
|
21
|
0
|
0
|
0
|
0
|
17,4
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
Vu ce dernier, il saute à nos yeux que l'aide
française ici se fait de plus en plus rare depuis 1990. Même si on
peut quant même noter que ce sous secteur a reçu la
totalité de l'aide française affectée au grand secteur de
l'eau pendant deux années (précisément 1999 et 2004). Mais
une euphorie hâtive serait très précoce, car la
pléthore d'années blanches (12 sur 16) vient diluer
complètement ces infimes efforts de la France dans sa volonté
à affecter plus de fonds à ce sous secteur stratégique.
Mais la réalité véritable reste tenace, car ces
données empiriques semblent bien traduire une absence voilée de
volonté de la France à accorder un plus grand crédit au
secteur de l'eau en général, qui, à travers une
affectation significative des fonds à ce dernier, aurait pour effet
d'améliorer véritablement les conditions d'accès à
une eau de qualité par les Gabonais.
Au terme de cette première partie dans ce chapitre, le
constat général que l'on peut tirer ici est sans
équivoque. C'est l'absence manifeste ou voilée de la France de
considérer les quatre secteurs sus analysés comme des
priorités, dévoilant ainsi son manque de volonté effective
à s'y impliquer plus sérieusement. C'est ce qui se dégage
au regard des affectations sectorielles caractérisées par
l'insignifiance, voire dans certains cas, la quasi inexistence des fonds
alloués à ces secteurs, pourtant vitaux pour le Gabon. On
pourrait donc s'interroger au regard de ce qui précède, sur
l'incidence quelconque, que peut avoir cette aide dans l'amélioration
des conditions de vie des Gabonais. La réponse à ce
problème constitue donc l'objet de la suite du travail.
2) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie du Gabon aux secteurs sus
étudiés.
Un point focal constitue l'objet de cette partie. Il s'agit en
effet d'essayer de mesurer l'impact qu'a pu avoir l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie du Gabon, précisément
au sein des secteurs sus analysés. Nous irons successivement voir
comment se présente la situation sanitaire au Gabon depuis 1990 (a), la
situation éducative (b), la situation du secteur agricole (c) et enfin
la situation gabonaise en matière d'accès à l'eau potable
(d).
a)
L'incidence de l'aide française sur l'amélioration de la
situation sanitaire au Gabon depuis 1990 : un impact notoirement
médiocre.
L'analyse de l'aide française à la santé
faite plus haut, a permis de dégager un constat d'ordre
général qui a été l'extrême modicité
des fonds bilatéraux engagés par la France à ce secteur,
pourtant clé, traduisant ainsi sans fioriture l'absence manifeste pour
la France de considérer le secteur sanitaire comme étant une
priorité dans sa politique d'affectation sectorielle de son aide au
Gabon.
Cette aide, vu son caractère dérisoire,
a-t-elle néanmoins pu avoir un impact quelconque dans
l'amélioration du secteur sanitaire au Gabon ? La lecture de
quelques indicateurs clés de santé dans ce pays nous pousse
à répondre par la négative. En effet, un regard synoptique
sur l'évolution des indicateurs de santé au Gabon depuis 1990,
nous montre qu'ils sont tous au rouge !!!
La situation sanitaire au Gabon depuis 1990 demeure
très préoccupante. Quatre indicateurs ici peuvent le
justifier : le taux de prévalence au VIH/SIDA (a1), le taux de
mortalité infantile (a2), le taux d'enfants vaccinés contre la
rougeole (a3) et l'espérance de vie (a4).
a1) Le taux de prévalence au
VIH/SIDA au Gabon : Un taux qui demeure très
critique !!!
Au Gabon, l'infection du VIH/SIDA a pris en une
décennie une ampleur inquiétante, le taux de prévalence du
VIH/SIDA connaît depuis 1990 une tendance ascendante critique comme
l'indique le tableau 47 ci-après.
Tableau 47 : Taux de prévalence
VIH/SIDA au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1998
|
2006
|
Gabon
|
6,5%
|
5,1%
|
8,2%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS
2006.
A travers ce dernier, il apparaît que ce taux demeure
critique par rapport à la démographie gabonaise. L'année
2006 s'achève avec un taux sérieusement élevé
comparativement à 1990 et 1998. On quitte ainsi de 6,5% en 1990 à
8,2% de personnes infectées en 2006. Même si en 1998 on observe un
certain affaissement de celui-ci comparativement à 1990, la hausse
brutale de ce dernier en 2006, étale au grand jour toute la
gravité de la situation gabonaise en matière d'infection au
VIH/SIDA. C'est dire que, ni les maigres fonds alloués par la France au
sous secteur dont est inclus, la lutte contre cette pandémie, ni les
multiples projets mis sur pieds par le gouvernement gabonais en vue de contrer
ce fléau (notamment, le projet IEC en 1992 ; le projet d'appui
à l'information et à la communication par la prévention du
SIDA en République du Gabon en 1996 ; projet prévention et
surveillance épidémiologique du VIH/SIDA en 2002) n'ont qu'une
incidence mineure dans l'abaissement de ce taux de prévalence au
VIH/SIDA.
L'analyse de ces données dévoile que beaucoup
reste à faire dans la lutte contre le VIH/SIDA, un investissement
considérable s'impose donc en vue d'inverser les tendances actuelles, la
France est donc interpellée ici à plus d'un titre car ce n'est
pas l'affectation continue des sommes insignifiantes à ce sous secteur
qui feront baisser la tendance à moyen et à long terme. Au
contraire, un investissement plus significatif de celle-ci s'impose à
travers une affectation sous sectorielle plus considérable de son
aide.
Après le taux de prévalence au VIH/SIDA, place
à un autre indicateur sanitaire au Gabon.
a2) Le taux de mortalité
infantile au Gabon depuis 1990 : Une situation toujours
préoccupante quoiqu'en légère baisse.
Le taux de mortalité infantile reste encore, et ce pour
longtemps un enjeu majeur de santé nationale au Gabon. En effet, comme
l'indique le tableau 48 ci-dessous, celui-ci reste encore largement au-dessus
de la moyenne.
Tableau 48 : Taux de mortalité
infantile au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
94%
|
91%
|
85%
|
60%
|
62%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS
2006.
La lecture de ce dernier affiche que, globalement depuis
1990, ce taux reste largement au-dessus de 60% au Gabon pour mille naissances.
Ce qui constitue une réelle menace pour l'avenir du pays.
Même si on peut quand même remarquer que ce taux
est significativement en baisse en 2006 (62%) comparativement aux années
1990, 1994 ou encore 1998 (avec respectivement 94%, 91% et 85%). Même si
on peut également noter sur un plan global que ce taux connaît une
baisse notable depuis 1990 à 2006, il n'en demeure pas moins que ce
dernier reste encore à un seuil critique. La remontée
observée de ce taux en 2006 comparativement à 2002 ne semble pas
augurer des lendemains meilleurs. Les diarrhées aiguës, la
rougeole, le paludisme, les infections respiratoires constituent ici les causes
principales de décès chez les enfants. Cet état de chose
traduit la médiocrité des services médicaux au Gabon,
où beaucoup reste à faire et ce n'est pas les quelques fonds
émiettés alloués par la France à ce sous secteur
particulier qui vont véritablement changer la donne.
Après l'indicateur du taux de mortalité
infantile, intéressons-nous au prochain indicateur sanitaire.
a3) Le taux d'enfants vaccinés
contre la rougeole au Gabon depuis 1990 : Un taux toujours pas
satisfaisant.
Comme il a été dit plus haut, la rougeole
constitue une des causes principales de morbidité au Gabon, toutefois
cette maladie peut être évitée par le biais de la
vaccination. Or, l'observation des chiffres traduisant le taux d'enfants
vaccinés contre la rougeole au Gabon, laisse percevoir un sentiment
d'insatisfaction. C'est ce qui ressort de l'analyse du tableau 49
ci-après.
Tableau 49 : Taux d'enfants
vaccinés contre la rougeole au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
65%
|
32%
|
30%
|
55%
|
44,11%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS
2006.
En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que ce
taux reste largement en deçà de la moyenne. Pourtant
l'année 1990 débute sous de bons auspices avec près de 65%
d'enfants vaccinés contre la rougeole. Mais à la suite des
années (notamment 1994 et 1998), il va connaître une
dégringolade inquiétante (avec respectivement 32% et 30%), pour
reprendre une ascendance en 2002 avant de rechuter en 2006. on note ainsi que
le taux moyen d'enfants vaccinés contre la rougeole est près de
40%. Ce qui est encore insatisfaisant. Ce qui appelle à une mobilisation
plus accentuée des uns et des autres afin d'inverser les tendances
actuelles.
Au regard donc de l'insignifiance notoire des fonds
affectés par la France au sous secteur de la lutte contre les maladies
infectieuses au Gabon et dont l'impact ici est négligeable, une
implication plus accrue de celle-ci à travers une affectation sous
sectorielle de sommes plus significatives, notamment à ce sous secteur
précis s'avère donc nécessaire.
Intéressons-nous dès à présent,
après l'indicateur du taux d'enfants vaccinés contre la rougeole
au dernier indicateur choisi.
a4) L'espérance de vie au Gabon
depuis 1990 : Une probabilité qui demeure médiocre
.
L'espérance de vie est un indicateur sanitaire global,
et va même au-delà de la santé, car elle intègre non
seulement des indicateurs sanitaires (accès aux soins,
médicaments, vaccination, lutte contre les pandémies...) mais
aussi la qualité de l'eau consommée, la qualité et la
quantité de l'alimentation, les loisirs... Mais cet indicateur
intègre beaucoup plus des éléments de santé
d'où son choix ici.
L'analyse qui est faite de l'observation de
l'espérance de vie au Gabon, reflète déjà à
notre avis la situation sanitaire globale qui demeure critique. En effet,
l'observation du tableau 50 ci-après nous montre que celle-ci demeure
toujours faible.
Tableau 50 : Espérance de vie
à la naissance au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1998
|
2006
|
Gabon
|
54
|
52,4
|
55
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000.
Même si on peut toutefois constater que celle-ci est en
légère hausse en 2006 (55 ans) comparativement à 1990 (54
ans) ou encore 1998 (52,4 ans), il n'en demeure pas moins qu'elle reste pour
autant faible comparativement à d'autres pays dans le monde. La
faiblesse de cette espérance de vie traduit déjà les
conditions sanitaires médiocres dans lesquelles vivent la
majorité des Gabonais, reflétant par la même occasion la
défaillance observée du système sanitaire Gabonais.
En somme, il apparaît qu'au regard de ces quelques
indicateurs choisis, la situation sanitaire globale ne s'est franchement pas
améliorée au cours de ces dernières années. Les
indicateurs sanitaires restent très médiocres. C'est dire par la
même occasion que, l'aide française à la santé vu
déjà son insignifiance en terme de volume, n'a eu aussi qu'un
impact insignifiant dans l'amélioration des conditions sanitaires ici.
Or les besoins restent énormes à ce niveau. La France tout comme
le Gabon sont interpellés ici, chacun en ce qui lui concerne, de
s'investir plus massivement, en vue d'inverser les tendances sanitaires
actuelles qui ne sont pas déjà de toute gaieté.
Après avoir essayé de ressortir l'incidence de
l'aide française à la santé dans l'amélioration de
sa situation au Gabon, il est question pour nous de s'interroger sur cette
incidence de l'aide française dans un tout autre secteur.
b)
L'incidence de l'aide française dans l'amélioration du secteur
éducatif au Gabon : Une incidence négligeable.
L'analyse de l'aide française affectée au
secteur éducatif gabonais, nous a permis de dégager que,
même si on a pu observer une légère hausse en terme de
volume de celle-ci, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle reste pour autant
significativement faible au cours des années. Or, les indicateurs du
secteur éducatif semblent afficher au vert, c'est dire qu'une
amélioration substantielle de ce secteur a été faite au
cours des années. Deux indicateurs peuvent permettre de nous le
démontrer, à savoir, le taux de scolarisation (b1) et
le taux d'alphabétisation au Gabon (b2).
b1) Sur le taux de
scolarisation
L'analyse du taux de scolarisation au Gabon depuis 1990 fait
ressortir un constat général : il est globalement
satisfaisant. C'est ce qui ressort sans aucun doute de l'observation du tableau
51 ci-dessous.
Tableau 51 : Taux de scolarisation au
Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
45%
|
60%
|
62%
|
72,7%
|
63,5%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; UNESCO
2006.
A travers celui-ci, on peut noter que le taux brut
combiné de scolarisation (du primaire au supérieur),
affiché depuis 1990 des résultats globalement satisfaisants.
Pourtant l'année 1990 commence sous de mauvais auspices (45%), mais
cette tendance sera inversée par la suite au fil des années pour
connaître désormais une ascension notable (à partir de
1994). Même si, on peut regretter que l'année 2006 affiche une
baisse de ce taux par rapport à 2002 (respectivement 63,5% et 72,7%),
qui pourrait traduire un relâchement des efforts entrepris, il n'en
demeure pas moins que ce taux de scolarisation depuis 1994
précisément, connaît une nette amélioration. Cette
dernière doit être particulièrement mise sans doute sur le
crédit des autorités gabonaises dans leur souci et leur
volonté affichés de faire bénéficier à un
grand nombre de Gabonais, une formation complète et pleine. L'aide
française au regard de quelques subsides accordés aux
différents sous secteurs éducatifs gabonais, ne saurait avoir ici
la primeur de l'action dans l'amélioration et le relèvement du
secteur éducatif au Gabon. D'où son impact négligeable.
b2) Sur le taux
d'alphabétisation
L'analyse de l'évolution du taux
d'alphabétisation au Gabon fait ressortir un fait saillant : c'est
un taux qui connaît une amélioration substantielle. L'observation
attentive du tableau 52 ci-après l'illustre à souhait.
Tableau 52 : Taux d'alphabétisation
au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
56%
|
62%
|
61,7%
|
71%
|
85%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000, 1997 ; UNESCO
2006.
En effet, au regard de ce dernier, il se dégage que
depuis 1990 ce taux connaît une ascension significative. En 2006 par
exemple, le Gabon affiche le meilleur taux d'alphabétisation de toute la
sous région (avec précisément 85%). C'est un taux qui est
largement au-dessus de la moyenne avec des maxima en 2002 (71%) et en 2006
(85%). Ces chiffres forts satisfaisants traduisent à notre avis les
efforts sans cesse croissants, entrepris par les autorités nationales
Gabonaises en vue d'un meilleur relèvement du système
éducatif gabonais, le rendant ainsi plus attrayant, plus
compétitif et plus efficient. La part d'action accordée à
l'aide française ici semble donc minorée, car au regard de ce qui
est affecté comme fonds par la France à ce secteur, l'on ne
saurait être surpris que son incidence sur le relèvement du
système éducatif gabonais soit également
négligeable.
c)
L'incidence de l'aide française dans l'amélioration du secteur
agricole : Une incidence insignifiante.
L'analyse de l'aide française à l'agriculture au
Gabon depuis 1990 nous a permis de pouvoir, au regard de l'insignifiance
complète des fonds y affectés, dégager que l'agriculture
reste l'enfant pauvre dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide
française. Elle en est loin de constituer une priorité pour la
France.
Or, ce secteur s'avère pourtant névralgique pour
un pays situé en zone équatoriale comme le Gabon,
c'est-à-dire propice à l'essor du secteur agricole dont
l'importance n'est plus à démontrer ici.
A la fin de notre propos sur ce secteur fait plus haut, on
s'est posé la question de savoir si l'absence totale de
considérer l'agriculture comme une priorité pour la France en
matière d'aide, au regard des sommes squelettiques qui y sont
affectées, ne reflétait une volonté certaine de maintenir
le Gabon dans une situation de dépendance en matière agricole,
notamment à travers ses importations.
L'insignifiance de l'incidence de cette aide dans
l'amélioration du secteur agricole gabonais, nous pousse à
répondre par l'affirmative au problème posé plus haut.
En effet, la situation agricole au Gabon est toute
particulière, car ce pays connaît une situation alarmante en cette
matière.
L'agriculture gabonaise se caractérise par une faible
productivité qui dépend encore considérablement de ses
importations. L'exemple des céréales est assez illustratif comme
nous l'indique le tableau 53 ci-après.
Tableau 53 : Productivité agricole
(céréales) et importations (Gabon) (1000 T)
ANNEE
|
1990
|
1995
|
2000
|
2005
|
Production
|
23,40T
|
29,30T
|
26,57T
|
29,65T
|
Importations
|
68,58T
|
139,92T
|
133,79T
|
79,83T
|
Source : FAO Stats.2007.
Au regard de ce dernier, l'on constate avec
stupéfaction la disproportion considérable qui existe entre la
production gabonaise de céréales et les importations qui y sont
faites par ce dernier. Ce déséquilibre est tellement
élevé à tel point où les importations constituent
parfois le quatriple, voire le quintuple de ce qui est produit localement.
C'est précisément ce qui est observé pour ce qui est des
années 1995 et 2000 au cours desquelles la production locale en
céréales s'élève respectivement à 29,30
mille tonnes et 26,57 mille tonnes alors que les importations pour la
même période sont de l'ordre de 139,92 mille tonnes et 133,79
mille tonnes !!!
Ce qui place le Gabon dans une situation
d'insécurité agro -alimentaire permanente, le rendant ainsi plus
dépendant des apports extérieurs, car sur le plan interne le
secteur agricole est totalement extraverti.
C'est donc dire qu'au regard de ce qui précède,
l'aide française allouée au secteur agricole vu son insignifiance
totale n'a presque pas eu une incidence quelconque sur l'amélioration de
sa productivité et son efficience. Ce dernier est demeuré pour
l'essentiel extraverti.
Après le secteur agricole interrogeons-nous sur
l'impact quelconque qu'à pu avoir l'aide française sur
l'amélioration du dernier secteur.
d)
L'impact de l'aide française sur l'amélioration des conditions
d'accès à une eau potable au Gabon : Un impact
significativement minoré
L'accès à une eau de qualité constitue de
nos jours un enjeu majeur de santé publique dans tous les pays qui se
veulent soucieux du bien- être de leurs populations.
Or l'analyse faite de l'aide française affectée
au secteur de l'eau et plus précisément au sous secteur de la
distribution de l'eau à grande échelle, nous a permis de
dégager comme conclusion, au regard de la raréfaction persistante
de celle-ci, que ce secteur pourtant névralgique est loin de constituer
une priorité dans sa politique d'affectation sectorielle et sous
sectorielle de son aide au Gabon. Cet état de chose traduisait à
notre avis un désintérêt profond de la France
vis-à-vis de ce secteur clé.
Pourtant les indicateurs du taux de population gabonaise
ayant accès à une eau de qualité, affichent pour
l'essentiel au vert. C'est ce qui ressort de l'observation du tableau 54
ci-après.
Tableau 54 : Population disposant d'un
accès facilité à une source d'eau de qualité au
Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
75%
|
67%
|
69,7%
|
87%
|
82,5%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997.
À la lecture de ce dernier, il apparaît
clairement que la proportion de la population gabonaise ayant accès
à une eau de qualité, a considérablement augmenté
au fil des années. Aujourd'hui la proportion moyenne se
situe largement au dessus des 70%, ce qui est déjà
très satisfaisant. On peut toutefois regretter que l'ascension prise en
2002 (87%), n'ait pas été suivie par une hausse davantage en 2006
(82,5%). Mais les perspectives semblent bonnes. Une amélioration
davantage des conditions d'accès à une eau de qualité
n'est pas à exclure ici. Au contraire...
Cette amélioration substantielle des conditions
d'accès des populations à une eau de qualité est à
mettre sans doute sur le dos des effets sans cesse croissants des
autorités gabonaises, à vouloir rendre cette ressource
précieuse plus accessible à une large proportion de sa
population. L'aide française ici, vu déjà son
insignifiance notoire en saurait donc avoir un quelconque impact significatif
à prendre en compte dans l'amélioration des conditions
d'accès au Gabon à une eau de qualité. D'où son
impact significativement minoré.
Parvenu au terme de ce chapitre, il est à retenir que
l'orientation sectorielle de l'aide française au Gabon affectée
dans certains secteurs clés à l'instar de la santé ;
l'éducation ; l'accès à l'eau potable et
l'agriculture, se caractérise pour l'essentiel depuis 1990 par une
extrême modicité des fonds affectés à ces derniers.
Cela traduisant à notre avis, une absence manifeste de la France de
considérer ces secteurs comme des priorités, et donc par
conséquence, son manque de volonté effective de s'y impliquer
sérieusement. C'est la raison pour laquelle, cette aide affectée
à ces différents secteurs n'a eu qu'une incidence insignifiante
dans l'amélioration des conditions de vie des populations au sein de ces
derniers.
On pourrait néanmoins s'interroger sur le fait de
savoir, si l'orientation sectorielle de l'aide française affectée
au Cameroun et au Gabon recouvre les mêmes réalités depuis
1990.
La réponse à cette interrogation fera l'objet
de notre propos dans la suite.
CHAPITRE V :
ANALYSE COMPARATIVE DE L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'AIDE
FRANCAISE AU CAMEROUN ET AU GABON DEPUIS 1990
Deux principaux points seront au coeur de ce chapitre. En
effet, il sera question en premier lieu, de mener une étude comparative
sur l'évolution de l'APD française affectée aux quatre
secteurs ciblés plus haut au Cameroun et au Gabon. Il s'agira plus
exactement pour nous, de comparer les différentes affectations
sectorielles de l'aide française qui ont été faites
à ces deux pays depuis les années 1990 ; en établissant
bien entendu les tendances.
Nous analyserons tour à tour pour le Cameroun et le
Gabon, l'aide française à la santé (1) ; à
l'éducation (2) ; à l'eau et assainissement (3) et à
l'agriculture (4). Puis, en second lieu s'interroger sur les fondements
même de l'aide française (5).
1) L'aide française au Cameroun et au Gabon dans le
secteur de santé : entre faiblesse du volume et de pourcentage.
L'APD française allouée à la
santé au Cameroun et au Gabon brille depuis 1990 par une
particularité notable d'ordre général : elle est
caractérisée par une faiblesse considérable en terme de
volume et en terme de pourcentage du volume total de l'aide française
allouée à ces derniers. C'est ainsi qu'observant le tableau 55
ci-dessous, on remarque pour ces deux pays, que l'aide française
octroyée dans le secteur de la santé n'a pas encore atteint le
cap des 10 millions de dollars pendant près de 16 ans. Pis encore, on
est en présence de plusieurs années au cours desquelles secteur
n'a connu aucune affectation de fonds venant de la France à ces deux
pays : 1990,1992 à 1995 pour le Cameroun et 1991,1992, 1994 à
1996 pour le Gabon. C'est aussi ce qui ressort de l'observation de la
représentativité en terme de pourcentage de l'aide totale
française accordée à celle du pays.
Tableau 55 : Aide française à la
santé au Cameroun et au Gabon (M. USD)
En effet, comme le montre le tableau 56 ci dessous, il ressort
que l'aide française allouée à la santé au Cameroun
et au Gabon occupe un pourcentage assez infime du volume total de l'aide.
Celle ci oscille en effet entre zéro et treize pour cent pour ces deux
pays .Des années à l'instar de 1992, 1994,1995 constituent pour
ces deux pays des périodes sombres, au cours desquelles aucune
affectation de l'aide française n'a été faite au secteur
sanitaire. Ces données statistiques désolantes reflètent
une triste réalité à savoir, le
désintérêt manifeste de la France à s'y investir
plus significativement dans ce secteur clé, où les besoins
demeurent énormes ici dans ces deux pays. Ce qui est en pure
contradiction avec son discours officiel sur ses priorités en
matière d'affectation sectorielle de son aide au développement
parmi lesquelles figure en bonne lice la santé. On se serait donc
attendu à ce que, ce secteur bénéficie d'une aide plus
concentrée venant de la France accordée au Cameroun et au Gabon,
où la situation en matière sanitaire reste toujours critique.
Mais, à la surprise générale, on constate avec
étonnement que des fonds d'une modicité considérable y
sont affectés à ce dernier, dans ces deux pays.
Tableau 56 : Aide française à la
santé au Cameroun et au Gabon (%)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
CAMEROUN
|
0
|
4,33
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,32
|
2,06
|
2,96
|
2,16
|
1,92
|
4,61
|
2,84
|
1,32
|
3,02
|
18,37
|
GABON
|
0,27
|
0
|
0
|
3,2
|
0
|
0
|
0
|
13,16
|
10,93
|
2,71
|
10,96
|
9,78
|
3,23
|
3,66
|
13,83
|
7,83
|
Toutefois, on peut noter quelques disparités entre ces
deux pays. Si l'APD française à la santé représente
un niveau considérablement bas en terme de pourcentage pour le Cameroun,
en ce qui concerne le Gabon, son pourcentage est relativement
élevé comparativement à celui du Cameroun. En effet,
l'aide française allouée au Gabon dans le secteur de la
santé a déjà franchi plusieurs fois le cap de 10% de son
volume total avec respectivement 13,16 % en 1997 ; 10,98 % en 1998 ; 10,96% en
2000 ; 13,83 % en 2004 ; alors qu'elle franchi qu'une seule fois par le
Cameroun, notamment 18,37% de l'aide publique française totale en 2005.
Cependant, une observation poussée nous fait ressortir qu'à
chaque fois l'aide française à la santé au Gabon a
dépassé le cap de 10 %, ces années correspondent aux
périodes où le volume total de l'APD française a
été bien faible. En guise d'exemple à 1997 l'APD
française au Gabon s'élève à 25,07 millions de
dollars pour 3,3 millions de dollars à la santé ; en 1998, le
volume total s'élève à 38,4 millions de dollars pour 4,2
millions de dollars pour la santé ; en 2004, le volume total de l'APD
française est de 13,73 millions de dollars pour 1,9 millions de dollars
pour la santé. Ceci relève nous l'avions dit plus haut, d'un
subterfuge conçue par la France afin de masquer la réalité
véritable qui est plutôt sombre.
Cette faiblesse en terme de volume et en terme de pourcentage de
l'aide française allouée au secteur de la santé au
Cameroun et au Gabon, se traduit aussi dans l'affectation sous sectorielle. Des
sous secteurs en l'occurrence ceux des services médicaux, recherche
médicale ou encore lutte contre les maladies infectieuses constituent
des champs abandonnés par la France, au regard des fonds squelettiques,
voire inexistants qui y sont affectés, comme l'indiquent les tableaux
57,58 59 suivants.
Tableau 57 : Aide française aux Services
médicaux affectée au Cameroun et au Gabon (en millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
CAMEROUN
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,3
|
1,0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
GABON
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007
Tableau 58 : Aide française à la
Recherche médicale au Cameroun et au Gabon (en millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
CAMEROUN
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2,3
|
2,2
|
GABON
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,0
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE Stats 2007
Tableau 59 : Aide française à la
Lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun et au Gabon (en millions de
dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
CAMEROUN
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0,5
|
0,1
|
0,2
|
0,2
|
0
|
GABON
|
0.4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007
Comme l'illustrent les tableaux ci-dessus, ces sous secteurs,
pourtant clés dans la politique de santé de pays constituent
paradoxalement l'endroit où l'aide française se fait de plus en
plus rare, au regard de l'insignifiance totale des fonds affectés dans
ces sous secteurs à ces deux pays. Il en est des sous secteurs (lutte
contre les maladies infectieuses et services médicaux) où l'aide
française est totalement inexistante pour le Gabon depuis les
années 1990. La quasi-totalité de l'aide française
à la santé pour ces pays s'engouffre dans la gestion
administrative, alors que des secteurs clés sont
délaissés. D'où une répartition
inégalitaire. Cette réalité traduit un
désintéressement certain et progressif de la France à
continuer d'octroyer son aide à la santé dans ces deux pays, bien
que la courbe évolutive de l'aide française à la
santé fasse ressortir quelques disparités entre ces deux pays.
Cameroun
Gabon
Graphique 5 : courbe évolutive de l'aide
française à la santé au Cameroun et au Gabon
En effet, comme l'indique le graphique 5 ci-dessus,
représentatif de la courbe évolutive de l'APD française
allouée à la santé au Cameroun et au Gabon, on note sur un
plan général une hausse relative de l'aide française
allouée au Cameroun comparativement au Gabon. Le pic du Gabon culmine
à 4,2 millions de dollars (1998) alors que celui du Cameroun culmine
à 9,8 millions de dollars (1990) ; en plus l'aide allouée au
Cameroun n'est jamais allée en deçà de 2 millions de
dollars, alors que la majorité de l'aide française au Gabon se
situe en deçà des 2 millions de dollars. De plus, si on peut
constater une certaine constante en ce qui concerne l'aide française au
Cameroun depuis au moins les années 2001, celle du Gabon est en
déclin relatif pour la même période. C'est dire qu'en
matière de santé, le Cameroun bénéficie
relativement de plus de fonds de la France comparativement au Gabon, qui est
quelque peu l'enfant pauvre dans ce secteur.
Au-delà de ce qui précède, il
apparaît que l'aide française allouée dans le secteur de la
santé pour le Cameroun et le Gabon, se caractérise globalement
pas une faiblesse significative en terme de volume et de pourcentage du volume
total de l'aide française depuis 1990. Malgré quelques
disparités que l'on peut constater en terme de volume entre le Cameroun
et le Gabon, il n'en demeure pas moins vrai, que ce secteur pourtant
clé pour ces deux pays, ne constitue pas une priorité dans la
politique d'affectation sectorielle de l'aide française. Ceci peut se
justifier au regard des sommes squelettiques que la France consent à
affecter à celui-ci. Cette réalité pourrait donc traduire,
un manque de volonté manifeste de la France à pouvoir aider le
Cameroun et le Gabon de résorber la crise sanitaire, à laquelle
ils font face ; et ceci au mépris de son discours officiel en
matière d'orientation sectorielle de son aide au développement.
Après le secteur de la santé, il est temps pour
nous de s'intéresser à un autre champ d'affectation de l'aide
française au Cameroun et au Gabon.
2- L'aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon : une aide modique qui connaît une hausse
progressive
En observant l'évolution de l'aide française
allouée à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990,
deux faits saillants ressortent : d'abord c'est une aide qui se
caractérise par sa faiblesse en terme de volume et de pourcentage du
volume total de l'aide française octroyée à ces deux pays
; ensuite c'est une aide qui se caractérise quant même par une
hausse progressive en terme d'évolution.
Contrairement à ce que l'on a pu observer sur le plan
global, l'aide française dans le secteur de l'éducation au
Cameroun et au Gabon reste plutôt faible, aussi bien en termes de volume
qu'en termes de pourcentage du volume total de l'A.P.D. française.
En effet, au regard du tableau 60 ci après,
représentant respectivement pour le Cameroun et le Gabon l'aide
française allouée à l'éducation, on note que
celle-ci pour ces deux pays demeure constamment faible d'abord en terme de
volume. On note même des "années blanches" où les deux pays
n'ont bénéficié d'aucune aide venant de la France dans ce
secteur. C'est le cas des années 1991, 1994, 1996 pour le Cameroun et
1990, 1992, 1993, 1994 pour le Gabon.
En termes de pourcentage par rapport à l'aide totale
à leur accordée par la France, c'est à ce niveau que la
triste réalité s'étale avec plus de clarté. On
remarque ainsi une faiblesse notoire, avec par exemple pour le Cameroun,
près de 10 années où l'aide française à
l'éducation n'a pas franchi le seuil de 10% de l'aide publique
totale ; de 1990 à 1998, c'est avec beaucoup de peine qu'elle a
franchi le cap de 5%. C'est peu ou proue la même tendance pour ce qui est
du Gabon.
Cette réalité traduit sans aucun doute que, le
secteur éducatif au Cameroun et au Gabon est encore loin de constituer
une priorité dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide
française,tout au moins depuis 1990, au regard de l'extrême
modicité des fonds qui y sont affectés. Cela semble
refléter une absence de volonté venant de la France à s'y
impliquer véritablement ,par le biais d'une aide plus concentrée
dans ce secteur clé , où des besoins restent toujours
significatifs dans ces deux pays.
Toutefois, il existe quelques disparités entre ces deux
pays, car à y observer de près, on remarque que le Cameroun a
bénéficié de plus d'aide à l'éducation en
terme de volume, comparativement au Gabon dont l'aide est restée
relativement basse. Aussi en termes de pourcentage, on remarque quant
même que l'aide française à l'éducation au Gabon a
déjà retenu jusqu'à 60% de l'APD totale à lui
allouer, en 1997 ; plus précisément, alors que le pic pour
ce qui est du Cameroun est de 31,74% en 2001. Mais il faut retenir que cette
hausse notoire de la part de l'aide française à
l'éducation allouée au Cameroun et au Gabon, du volume total
pourrait s'expliquer par le fait que, ces années correspondent au moment
où l'aide totale française allouée à ces deux pays
a été significativement faible en terme de volume comparativement
aux autres années. C'est ainsi par exemple que l'aide française
totale se chiffre au Cameroun à 86,62 millions de dollars en 2001 alors
qu'elle se chiffrait en 2000 à 124,58 millions de dollars ou encore
à 170,99 millions de dollars en 1999.
Au Gabon de son côté, l'APD totale
française se chiffre en 1997 à 25,07 millions de dollars alors
que par le passé (en 1996 et 1995 notamment) elle se chiffrait à
110,06 et 114,32 millions de dollars. C'est dire que, la forte
représentativité en pourcentage de l'aide française
à l'éducation du volume total en 1997 et en 2001 au Gabon et au
Cameroun n'est que de façade et voile la réalité
véritable qui elle, est plutôt contraire.
Tableau 60 : Aide française à
l'éducation au Cameroun et au Gabon (en millions de USD)
|
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
Volume (millions USD)
|
7
|
0
|
5,8
|
3,5
|
0
|
5,4
|
0
|
14,1
|
12,2
|
27,1
|
26,3
|
27,5
|
30,6
|
30
|
32,8
|
33,8
|
Pourcentage (%)
|
3,2
|
0
|
1,9
|
0,65
|
0
|
1,91
|
0
|
5,81
|
6,57
|
15,84
|
21,11
|
31,74
|
18,92
|
9,23
|
25,4
|
4
|
Gabon
|
Volume (millions USD)
|
0
|
5,3
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0,8
|
15,1
|
14,5
|
21,1
|
22,5
|
21,6
|
22,2
|
22,2
|
23,3
|
20
|
Pourcentage (%)
|
0
|
3,25
|
0
|
0
|
0
|
1,83
|
0,72
|
60,23
|
37,76
|
57,33
|
1,75
|
2,56
|
39,87
|
0,65
|
1,02
|
0,4
|
Source : OCDE Stats 2007
Des disparités subsistent également en ce qui
concerne l'affectation sous sectorielle de l'aide française, à
l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990. Au
sein du secteur global de l'éducation, se regroupe trois sous-secteurs
principaux : les sous-secteurs de l'éducation de base, secondaire et
supérieur mais qui ne constituent pas les seuls.
Tableau 61 : Aide française à
l'Education de base au Cameroun et au Gabon (total en millions de
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0,9
|
0,9
|
0,8
|
1,1
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,3
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2
|
0,4
|
Source : OCDE Stats 2007
Tableau 62 : Aide française à l'
Education secondaire au Cameroun et au Gabon (total en millions de
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,4
|
1
|
1
|
0,9
|
0,9
|
0,8
|
0
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5,5
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007
Tableau 63 : Aide française à
l'Enseignement supérieur (total en millions de USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
5,8
|
0
|
0
|
1,5
|
0
|
3,1
|
0
|
4,2
|
4
|
2,6
|
28,2
|
28,1
|
31,3
|
32,7
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE Stats 2007
L'observation attentive des trois tableaux ci-dessus (tableau
61, tableau 62, tableau 63), représentant respectivement l'allocation
sectorielle de la France à l'éducation de base,
l'éducation secondaire, et l'enseignement supérieur, fait
ressortir un sombre constat. On note en effet une aide disparate et infimement
représentée en volume pour le Cameroun et le Gabon depuis les
années 1990. On constate ainsi, pour ces trois sous-secteurs une
pléthore d'années blanches, où rien n'a été
affecté en terme de fonds par la France à ces trois sous
secteurs, pourtant névralgiques. Cette raréfaction notable de
l'aide française à ces trois sous secteurs clés pourrait
ainsi traduire son désengagement manifeste, et donc, son manque de
volonté à vouloir aidé le Cameroun et le Gabon, à
pouvoir relever leur système éducatif. On serait donc
poussé à se poser la question à savoir, si le
relèvement des systèmes éducatifs camerounais et gabonais
constituerait une menace pour la France ?
Cependant des particularités existent. C'est ainsi
qu'au regard de ces tableaux, on note une certaine répartition
inégale des fonds entre le Cameroun et le Gabon dans ces trois
sous-secteurs. On peut donc observer que le Gabon a
bénéficié depuis 1990 de plus de fonds venant de la France
dans les sous-secteurs de l'éducation de base et l'éducation
secondaire, alors que le Cameroun se taille la part du lion dans le
sous-secteur de l'enseignement supérieur. Mais cette
réalité ne doit pas oblitérer le fait que l'aide
française à l'éducation se caractérise par une
faiblesse notoire, aussi en terme de volume qu'en terme de pourcentage du
volume total de l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon
depuis les années 1990.
Néanmoins, cette faiblesse en terme de volume et de
pourcentage de l'aide française au Cameroun et au Gabon, ne doit pas non
plus cacher une hausse progressive et certaine de cette aide en terme
d'évolution comme l'indique le graphique 6 ci après.
Cameroun
Gabon
Graphique 6 : courbe
évolutive de l'aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon depuis 1990
Au regard de ce graphique, traduisant la courbe
évolutive de l'aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon depuis 1990, on constate sur un plan global, une
augmentation progressive de l'aide française allouée à
l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990. Cette croissance est
beaucoup plus accentuée pour le Cameroun, alors qu'elle est relativement
constante pour le Gabon. On note également que l'année 1996
constitue pour ces deux pays, la période où l'aide prend
résolument une tangente ascendante, même si on peut noter que le
Gabon a connu un déclin significatif de l'aide française à
l'éducation en 2005, l'avenir nous dira si cette baisse va s'accentuer
ou si elle va reprendre le sens de la hauteur.
On pourrait donc se demander, au regard de ce graphique,
pourquoi à partir d'une certaine période, cette aide se met
à évoluer plutôt qu'avant ? En guise d'une tentative
de réponse, on peut dire que cette hausse progressive de l'aide
française à l'éducation affectée au Cameroun et au
Gabon à partir notamment de 1996, pourrait s'expliquer par un regain
d'intérêt de la France à l'égard du secteur
éducatif dans ces pays, à travers une augmentation notable des
fonds à ce dernier. Mais ce regain d'intérêt ne semble
être que de façade, car quand il faudra interroger les volumes
consentis et les proportions qu'ils occupent par rapport au volume global de
l'aide française, on constatera avec stupéfaction que celle-ci
demeure assez infime, et qu'il est par conséquent très
prématuré de considérer le secteur éducatif comme
étant une des priorités de la France dans sa politique
d'orientation sectorielle de l'aide au Cameroun et au Gabon, tout au moins
depuis 1990.
Ce que l'on peut retenir de cette sous partie est que, l'aide
française allouée à l'éducation depuis 1990 repose
sur un double paradoxe : alors que sur le plan global, elle est fortement
concentrée et consistante en terme de volume et de pourcentage, sur le
plan local (au Cameroun et au Gabon), elle brille cependant par une faiblesse,
une insuffisance aussi bien en volume qu'en pourcentage. Mais, en même
temps, elle connaît néanmoins une hausse progressive en terme
d'évolution générale, même si des disparités
sont à relever au niveau des volumes affectés aux
sous-secteurs ; ou au niveau de l'évolution de la courbe de l'aide
allouée à ces deux pays.
Après le secteur de l'éducation examinons
dès à présent le secteur suivant.
3- L'aide française dans le secteur de l'eau au
Cameroun et au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement faible et
disparate.
En ce qui concerne particulièrement l'aide
française dans le secteur de l'eau au Cameroun et au Gabon depuis les
années 1990, on assiste à un reflet de ce qui a été
constaté sur le plan global, en ce qui concerne cette aide dans ce
secteur accordée aux pays en développement. A cet effet, l'aide
française dans le secteur de l'eau s'affiche au Cameroun et au Gabon,
tout au moins depuis les années 1990 comme étant disparate et
faible en termes de volume.
C'est ce qui ressort de l'observation du tableau 64
ci-après, représentant l'aide française au Cameroun et au
Gabon dans le secteur de l'eau. C'est ainsi qu'on peut constater, que ce soit
du côté du Cameroun ou du Gabon, l'aide française est
profondément hétéroclite et notoirement insignifiante,
avec pratiquement plus de 10 ans d'années blanches pour les deux pays
où aucun fonds n'a été versé à ce secteur
par la France.
Cette évolution chaotique, mais aussi la
modicité significative des fonds qui y sont affectés traduisent
sans doute, à notre avis une absence manifeste de la France, de
considérer le secteur de l'eau comme une priorité et donc de
manque de volonté effective de s'y impliquer véritablement. On
constate ainsi qu'au regard de ce tableau, que le secteur de l'eau est encore
loin de constituer une priorité pour la France dans l'orientation
sectorielle de son aide aussi au Cameroun qu'au Gabon. Ceci au mépris de
sa ligne officielle qui insiste pourtant sur ce secteur comme étant une
des priorités de l'aide française aux pays en
développement.
Tableau 64 : Aide française
affectée à l'eau et assainissement au Cameroun et au Gabon
(total en millions de USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
11,3
|
0
|
0
|
0
|
32
|
16,6
|
0
|
0,3
|
2,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Gabon
|
0
|
8
|
0
|
0
|
0
|
3
|
7,8
|
41,6
|
0
|
21
|
0
|
0
|
0
|
0
|
17,4
|
0
|
Source : OCDE Stat 2007.
Pour ce qui est de l'allocation sous sectorielle, pour le
sous-secteur de la distribution d'eau qui nous intéresse ici, on note
ainsi une aide française considérablement faible allouée
dans ce sous-secteur pour le compte du Cameroun et du Gabon.
C'est le constat qui ressort, au regard du tableau 65
ci-dessous représentant l'aide française allouée dans le
sous-secteur distribution de l'eau depuis 1990. On note également le
caractère disparate de celle-ci en plus de sa modicité en terme
de volume. Pourtant, ce sous-secteur constitue un champ stratégique dans
l'amélioration des conditions de vie des populations en
approvisionnement et en accès à l'eau potable. C'est un secteur
prioritaire mais qui, au regard de l'insignifiance des fonds qui y sont
affectés, se retrouve complètement en friche pour ce qui est du
Cameroun et du Gabon. Traduisant ainsi, le désintérêt total
et manifeste de la France à s'y investir véritablement dans
l'amélioration des conditions d'accès des populations gabonaise
et camerounaise à une eau de qualité
Tableau 65 : Aide française au sous
secteur de la distribution eau à grande échelle au Cameroun et au
Gabon (total en millions de USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12,6
|
0
|
0
|
2,3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
7,8
|
0
|
21
|
0
|
0
|
0
|
0
|
17,4
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
Toutefois, quelques différences existent entre le
Cameroun et le Gabon dans ce secteur. C'est ainsi qu'on peut constater au
regard des deux tableaux sus évoqués, que le Gabon a quand
même reçu plus de l'aide française dans le secteur de
l'eau, comparativement à son voisin Camerounais. L'année 1997
constitue pour ce dernier la période où l'aide française
dans ce secteur a été la plus élevée, notamment
41,6 millions de dollars alors que c'est en 1995 que l'aide française
dans le secteur de l'eau a été la plus élevée au
Cameroun, avec précisément 32 millions de dollars. En plus, toute
l'aide française allouée au Gabon dans le secteur de l'eau en
2004 a été affectée dans le sous-secteur distribution de
l'eau à grande échelle, alors que, du côté du
Cameroun, c'est le blanc total, un blanc qui perdure en fait depuis les
années 2000.
Cependant, ces quelques divergences ne modifient pas le
triste constat fait plus haut à savoir que l'aide française dans
le secteur de l'eau au Cameroun et au Gabon brille depuis 1990 par sa forte
disparité et l'extrême modicité de son volume.
Après le secteur de l'eau, il est temps pour nous de
s'intéresser à un tout autre secteur dans lequel nous
continuerons à analyser l'évolution de l'aide française au
Cameroun et au Gabon dès 1990 à 2005.
4) L'aide française à l'agriculture au Cameroun
et au Gabon : Une aide insignifiante en volume
En matière agricole, on assiste à une
répercussion de ce que l'on a pu observer sur le plan global, en ce qui
concerne l'aide française à ce secteur au Cameroun et au
Gabon.
En effet, on assiste à une aide notoirement
insignifiante en termes de volume allouée au Cameroun et au Gabon. Trois
sous-secteurs retiennent notre attention ici, les sous-secteurs du
développement agricole, de la recherche agricole et de la production
agricole.
L'observation de l'allocation sous sectorielle qui en est
faite par la France à ces deux pays, le démontre à souhait
au regard des tableaux 66, 67,68 suivants.
Tableau 66 : Aide française
affectée au développement agricole au Cameroun et au Gabon
(millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
5,6
|
0
|
6,4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
9,6
|
0
|
13,1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Gabon
|
0
|
3,9
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,5
|
0,5
|
0
|
0
|
0
|
0.1
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
Tableau 67 : Aide française à la
production agricole (céréales) au Cameroun et au Gabon (millions
de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
29,2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
5,0
|
1,3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7,4
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
Tableau 68 : Aide française à la
recherche agricole au Cameroun et au Gabon (millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,7
|
0,6
|
0,8
|
3,6
|
0,8
|
Gabon
|
0
|
0
|
0.3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0.1
|
0,1
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
En effet, tel qu'il est illustré dans ces derniers,
représentant respectivement l'aide française allouée au
Cameroun et au Gabon dans les sous-secteurs du développement agricole,
de la production agricole et de la recherche agricole depuis les années
1990, un fait majeur se dégage pour tous les trois sous-secteurs. C'est
le caractère purement fictif des fonds alloués par la France
à ces sous-secteurs au Cameroun et au Gabon. Or, ces trois sous-secteurs
constituent à notre avis, des champs névralgiques, dans la
conduite d'une politique agricole moderne et efficiente, garante ainsi aussi
bien de l'autonomie alimentaire des populations, que d'une politique
économique agricole portée vers la rentabilité au
bénéfice des populations locales. Mais le constat que l'on
établit au regard de ce que la France consent, à allouer à
ces trois sous-secteurs au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990
est clair. Si par le passé, elle a consenti à affecter des sommes
considérables à ces sous-secteurs, aujourd'hui il n'est plus
question d'affecter des sommes importantes à ces derniers ; soit parce
qu'elle estime déjà avoir suffisamment investi, soit qu'elle
s'est fixée de nouvelles priorités au détriment du secteur
agricole. Mais nous ne pensons pas que ces deux hypothèses soient
plausibles. A notre avis, l'affectation des sommes squelettiques à ces
trois sous secteurs agricoles clés traduirait une volonté
manifeste de la France, à maintenir l'agriculture camerounaise et
gabonaise dans une situation délabrée, les mettant ainsi sous une
dépendance notoire de leurs apports extérieurs, du fait de leur
faible productivité. Ce qui a pour effet conséquent de placer ces
deux pays dans une situation d'insécurité agro-alimentaire, car
dépendant significativement de l'extérieur. Ce qui traduit
ainsi, ce que l'on a pu noter aussi sur le plan global, à savoir un
manque d'intérêt manifeste de sa part au secteur agricole, qui
ressort ainsi dans les maigres fonds alloués à ce secteur.
Néanmoins, quelques infimes disparités existent
dans l'allocation sous sectorielle de la France au Cameroun et au Gabon dans
ces trois sous-secteurs. C'est ainsi qu'on peut observer que, dans les
sous-secteurs développement agricole et la recherche agricole, le
Cameroun a reçu plus de fonds comparativement au Gabon alors que dans le
sous-secteur production agricole, le Gabon semble se tailler la part du lion
par rapport à son voisin Camerounais, venant de la France. Mais, ces
quelques disparités n'enlèvent en rien à la
modicité considérable des sommes allouées par la France
à ces deux pays dans ces sous-secteurs, avec pratiquement plus
d'années blanches comparativement aux années où quelques
fonds ont été versés.
En somme, il découle au regard de ce qui
précède, que malgré les quelques disparités qui
puissent exister entre l'aide française octroyée au Cameroun et
au Gabon dans les quatre secteurs étudiés, une loi
générale semble se dégager pour ces deux pays : c'est la
modicité significative du volume de l'aide française
allouée au Cameroun et au Gabon dans ces quatre secteurs pourtant
clés. Ce qui est en pure contradiction avec le discours officiel de la
France qui insiste pourtant sur ces secteurs comme étant des
priorités en matière d'aide au développement, dans
lesquels elle devrait être plus concentrée. Mais l'exemple du
Cameroun et du Gabon semble plutôt nous prouver le contraire pour ce qui
est de ces secteurs. Ce qui nous amène à nous interroger sur les
fondements même de l'aide française.
5) Les motivations de l'aide française ou le
règne de l'ambiguïté
La question de la motivation de l'aide veut répondre
à la question de savoir quel(s) objectif(s) le pays donateur essaye
d'atteindre en octroyant l'aide. En d'autres termes, il est question
d'interroger ici les fondements même de l'aide. De manière
générale, il existe une littérature assez dense, soit qui
traite uniquement des motivations de l'aide d'une part, (Alesina et Dollar,
1998 et 2000 ; Breuning, 1994 ; Gunning, 2004 Jacquet et Naudet, 2006) ; soit
qui constitue une partie de la réflexion d'autre part (Gabas, 2002 ;
Lumsdaine, 1993 ; Sogge, 2003 ). Au regard de ces différents travaux, il
en ressort qu'on peut regrouper les motivations de l'aide en deux principales
catégories auxquelles l'aide française sera soumise à
savoir les motivations "manifestes" (1) et les motivations "latentes" (2)
d'où son ambiguïté.
a)
Les motivations "manifestes" de l'aide française
Nous nommons par motivations "manifestes", les motivations
généralement présentes et affichées dans les
discours et déclarations officielles du pays donateur. Ce sont les
motivations généralement affichées et brandies à
l'opinion publique aussi bien nationale qu'internationale. Ces motivations
peuvent être principalement de deux genres : les motivations
économiques ou commerciales (a) et les motivations humanitaires et
éthiques (b).
a1) Les motivations économiques de l'aide
française
Les motivations économiques de l'aide française
envers les pays africains au Sud du Sahara (dont le Cameroun et le Gabon),
varient en fonction du contexte et peuvent être analysées à
partir de trois découpages temporels : les années 1960 ; les
années 1980 et les années 1990.
D'abord dès les années 1960, l'idée
même de l'aide dépasse de loin celle d'effectuer un transfert
financier vers les pays aidés. La finalité économique de
la construction et du développement est l'un des motifs principaux, et
elle reçoit le soutien d'entreprises exportatrices, qui y voient
l'ouverture des nouveaux marchés que la croissance économique
rendra solvable. La théorie économique dominante de
l'époque permettait, alors, de diagnostiquer un besoin
d'accélération d'investissements pour soutenir la croissance ; et
considérait qu'il ne serait réalisable qu'avec des financements
additionnels, par rapport à la capacité d'épargne des pays
en développement (Jaquet et Naudet, 2006). La priorité est alors
à la croissance, dont on attend qu'elle réduise par la
modernisation la dualité entre secteur agricole et industriel.
Des modèles (Thorbecke, 2000) privilégient le
rôle de l'investissement et le besoin d'influx massif de capital, pour
franchir les différentes étapes d'un développement
contraint par l'insuffisance de l'épargne locale. Dès lors,
l'aide au développement peut être conçue comme un
complément externe à une épargne interne jugée
insuffisante (Jaquet et Naudet, 2006.). Chernery et Strout (1966) construisent
un modèle macro-économique, dans lequel, l'aide extérieure
permet de combler soit une insuffisance d'épargne (par rapport à
l'effort d'investissement jugé nécessaire), soit une insuffisance
de devises (par rapport aux besoins d'importations). Les années
1980, sur le plan économique des pays en développement, sont
marquées par la crise de la dette, dette accumulée envers les
créanciers publics au titre d'A.P.D. Pour réduire la
pauvreté, il faut d'abord restaurer les grands équilibres
économiques, ouvrir et libéraliser l'économie, reformer
les institutions et la gouvernance et éliminer les distorsions qui
empêchent les marchés de fonctionner correctement (Jaquet et
Naudet, 2006 : 61). C'est dans ce contexte que l'aide française va
de ce fait financer l'ajustement macro-économique des principaux pays
endettés (dont le Cameroun et le Gabon), afin de corriger les
déséquilibres des paiements et mettre fin à la spirale de
l'endettement.
Dès les années 1990 et après, le
discours officiel est axé sur le thème de la lutte contre la
pauvreté, qui connaît une consécration solennelle à
travers l'adoption le 08/09/2000 par l'Assemblée générale
des Nations Unies, des O.M.D qui se positionnent comme un véritable
contrat d'objectifs de la communauté internationale,
déclinée en 8 objectifs principaux qui eux-mêmes se
composent de 18 cibles quantifiées. Ils donnent de la pauvreté
une définition multiple, qui ne se réduit pas au seul aspect du
revenu par habitant, mais englobe aussi les conditions d'éducation et de
santé, l'égalité de genres, la protection environnement de
l'insertion dans la mondialisation. C'est dans ce dernier aspect que l'aide
française, du point de vue économique, va beaucoup s'accentuer ;
car elle doit dès lors permettre à une meilleure insertion des
économies des pays en développement (y compris le Cameroun et le
Gabon) dans la mondialisation, en développant des occasions de commerce
et d'investissements étrangers, y compris un accès
stratégique aux matières premières. Au sein des
institutions internationales, pour obtenir et pour consolider l'adhésion
aux règles économiques (Sogge 2003 : 68).
Au regard de ce qui précède, il apparaît
que les motivations économiques de l'aide française répond
à certains critères généraux, en fonction de
l'évolution de l'environnement économique depuis les
indépendance jusqu'à nos jours.
Il est question maintenant de s'intéresser aux
motivations humanitaires et éthiques de l'aide française à
ces deux pays.
a2) Les motivations humanitaires et
éthiques de l'aide française
Ce sont les motivations les plus affichées, les plus
faciles à communiquer. L'aide publique au développement
d'après Jacquet et Naudet (2006) poursuit très clairement un
objectif éthique, d'équité et de solidarité, qui
conduit à penser l'aide comme l'amorce d'une politique sociale mondiale
visant à promouvoir une distribution plus équitable des revenus
pour le présent et pour l'avenir, en aidant au développement des
pays pauvres (dont le Cameroun et le Gabon). Cette motivation correspond au
rôle que la France entend jouer dans les relations internationales et
à sa vision du monde (Naudet, 2006 : 33). En effet, aujourd'hui et plus
que jamais, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de
s'agrandir au jour le jour. Devant cette pauvreté, la France ne peut
rester insensible, elle, éprise de justice, malgré ses
difficultés internes, ne saurait rester impassible à la
misère du tiers monde, car il serait intolérable qu'elle se
désintéressât à leur sort. Manquer à ce
devoir serait, à ne pas douter, renier la civilisation qu'elle a
toujours voulu incarner (Essama 1984 : 70).
Le fondement d'un tel comportement philanthropique peut se
trouver comme l'indique Gabas (2004) dans une éthique de partage et de
solidarité. La thèse religieuse s'adresse aux gens les plus
riches, qui doivent faire un effort de transfert altruiste s'ils veulent entrer
dans le royaume de Dieu. L'altruisme est ainsi vu comme une réponse aux
défaillances du marché ; dans sa capacité à
satisfaire des besoins collectifs ou sociaux et devenu un moyen d'assurance
mutuelle et inter-générationnelle (Gabas, 2004 : 48-49).
L'aide française au Cameroun et au Gabon va donc
obéir à cet impératif moral, qui va s'appliquer à
tous les pays pauvres dont ces derniers sont inclus, dans lesquels elle
s'attache à réduire la pauvreté. Les OMD, votés par
les Nations Unies en 2000, fournissent un guide utile dans la volonté
des pays riches d'engager les pays pauvres dans une trajectoire de
progrès. Cette approche tire l'A.P.D. française vers une
véritable politique sociale mondiale, qui placerait les transferts
redistributifs au coeur de la gestion de la mondialisation.
En guise de conclusion partielle, on peut dire qu'au regard
des deux motivations de l'aide française suscitées, l'aide
française peut être inscrite autour des deux paradigmes globaux de
l'aide présentés par Jacquet et Naudet (2006) à savoir le
paradigme du Développement : aider les pays du Sud à
s'engager dans la phase historique de décollage économique et du
rattrapage des pays industrialisés. Le paradigme redistributif :
bâtir un système équitable de transferts à
l'échelle mondial entre riches et pauvres.
Mais ces deux paradigmes sont à interroger, car au
regard de la situation socio- économique délétère
des pays en développement, nous ne pouvons dire qu'ils sont
restés plus pertinents strictement sur le cadre du discours. L'analyse
de l'orientation sectorielle de l'aide française accordée au
Cameroun et au Gabon faite plus haut, vient sérieusement battre en
brèche ces deux paradigmes. Car on ne saurait soutenir que, les quelques
fonds squelettiques affectés par la France à ces deux pays dans
les secteurs sus évoqués, participeraient de manière
significative, soit d'aider ces deux pays à un relèvement
notoire de la situation dans les secteurs sus visés, encore moins
à un transfert équitable des fonds de celle-ci à ces deux
derniers.
Ceci étant dit après les motivations manifestes
de l'aide française, place à l'autre type des motivations
annoncées plus haut.
b)
Les motivations "latentes" de l'aide française au Cameroun et au
Gabon
Nous désignons par motivations "latentes", celles qui
ressortent plus ou moins des discours officiels aussi bien du côté
du donateur que de celui du bénéficiaire. Ce sont des motivations
le plus souvent voilées à l'opinion nationale qu'internationale,
car elles risquent parfois de toucher la sensibilité des uns et des
autres, mais dont l'importance et la prise en compte demeurent indispensables
dans la conduite de la politique extérieure généralement
du donateur. Comme motivations latentes de l'aide française, nous avons
principalement les motivations politico-stratégiques.
* Les motivations politico-stratégiques de
l'aide française
Jamais au cours de son histoire, la France ne s'est
résignée au repliement, elle a toujours éprouvé le
besoin d'agir bien au-delà de son hexagone. Naguère, la France
avait fourni un immense et glorieux effort pour conquérir, organiser,
mettre en valeur l'ensemble de ses dépendances. Par
l'épopée coloniale, elle avait cherché à se
consoler de la perte des ses possessions lointaines du XVIIe et
XVIIIe siècle, puis de ses défaites en Europe (1815,
1870).
En tentant de se replier sur elle même, la France
risque donc de se sentir diminuée, c'est pourquoi un rayonnement, oeuvre
de sa politique extérieure et d'une culture prétendant à
l'universalité lui sont nécessaires (Essama, 1984 : 70-71).
C'est dans le cadre général que l'aide
française octroyée à ses bénéficiaires,
surtout ceux faisant partie de ses anciennes possessions coloniales, va
obéir à des motivations politico-stratégiques, car elle
sera mise quotidiennement au service du rayonnement et du prestige de la
grandeur de la France qu'elle a toujours revendiqué au cours de
l'histoire au sein des puissances. L'aide française sert à cet
effet d'abord, les intérêts français qui peuvent être
de plusieurs ordres, qu'ils soient à court, à moyen ou à
long terme.
Pour Sogge (2003), les motivations
politico-stratégiques de l'aide peuvent concerner le court terme, dans
la mesure où elle peut servir à récompenser un "client" et
pour le garder "de son côté" (comme ce fut le cas pendant la
Guerre Froide), d'un point de vue politique, durant les négociations,
des guerres et autres crises ; pour neutraliser la contestation et
désamorcer le soulèvement public. Elles peuvent aussi servir des
intérêts à long terme dans la mesure où, l'aide peut
permettre au donateur d'entretenir la loyauté de la classe dirigeante
des pays bénéficiaires ; pour gagner ou accroître
l'acceptabilité d'une doctrine ou d'un modèle de
développement, afin de renforcer la position d'un pays au sein d'un
système économique, politique et militaire plus large (Sogge,
2003 : 67).
Nous avons montré plus haut la profondeur des liens
historiques qui a existé entre la France avec le Cameroun et le Gabon ;
et quand on fait partie d'un même ensemble pendant des années,
comme ce fut le cas entre la France et ces derniers, des liens ce sont
créés, et il ne peut être de l'intérêt de la
France, ni d'ailleurs des autres, de les rompre brutalement, même si ces
liens doivent être modifiés ou dépassés. Le
passé colonial s'impose donc comme une variable pertinente dans les
considérations politico-stratégiques d'allocation de l'aide
française à ces deux bénéficiaires. Les
intérêts que la France a dans ces deux pays peuvent être de
nature diverse : matériel (accès aux matières
premières stratégiques, bases militaires, investissements des
firmes multinationales françaises...) ; symbolique (rayonnement culturel
de la France).Cet origine historique et politique des politiques d'aide, se
retrouve sans surprise dans les études économiques sur les
déterminants de l'allocation de l'aide française (Alesina et
Dollar, 2000 ; Mc Kinley, 1978).
Mais si la variable coloniale s'est avérée
pertinente par le passé, dans la compréhension des
modalités d'octroi de l'aide française qui a pu être
considérable au Cameroun et au Gabon, il faut se rendre à
l'évidence qu'elle est sérieusement remise en cause à
l'heure actuelle, au regard de la maigreur excessive des fonds que la France a
consenti à affecter à ces deux pays dans des secteurs pourtant
très sensibles pour ces derniers.
Ce qui nous pousse à considérer la thèse
de Berthélémy et Tichit (2002) comme étant pertinente.
Ces derniers en effet, ont au cours de leurs travaux,
catégorisé les donateurs suivant la primauté des
critères d'allocation de l'aide : ils ont à cet effet,
distingué la catégorie des "altruistes" (Norvège), les
"égoïstes" (France, Grande Bretagne) et la catégorie
intermédiaire (U.S.A). Même si cette thèse peut
paraître simpliste, voire, réductionniste pour certains (Severino
et Charnoz, 2005), il n'en demeure pas moins vrai qu'elle peut, au regard de
l'analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française faite plus
haut, aux deux pays sus étudiés, être sérieusement
prise en compte dans la compréhension de modalités d'allocation
de l'aide française.
Au regard de ce qui précède, il en ressort que
les considérations politico-stratégiques dans l'allocation de
l'aide française à ses bénéficiaires occupent une
place centrale. Cela veut dire en outre que l'aide française au Cameroun
et au Gabon ne répond pas prioritairement à des motifs
généreux, mais qu'elle est d'abord liée à des
considérations politico-stratégiques, qui tiennent à la
propre prospérité de la France et à son propre
désir d'expansion.
En guise de conclusion partielle à ce chapitre, il
apparaît que l'aide publique française au développement
répond à plusieurs motivations qui, si sur le plan
théorique elles peuvent être distinguées plus ou moins
clairement, dans la pratique, elles brillent par leur ambiguïté,
leur imbrication et leur complexité.
Toujours est-il, comme l'ont souligné Alesina et Dollar
(2000), il existe un grand fossé entre le discours officiel du donateur
de l'aide et la pratique qui s'en suit ; ceci est aussi valable en ce qui
concerne l'aide française. Car, au regard de ce qui a été
constaté dans l'analyse de l'orientation sectorielle de son aide au
Cameroun et au Gabon depuis 1990, on peut conclure que l'on ne sait sur quel
fondement on peut asseoir l'aide française affectée à
ces deux pays. Dans la mesure où on assiste ici à une
contradiction notoire entre le discours français sur ses
priorités en matière d'aide, parmi lesquelles figurent au premier
plan, les quatre secteurs sus étudiés, pour lesquelles l'aide
doit être plus concentrée ; et les fonds squelettiques qui
sont affectés à ces secteurs, pourtant clé dans
l'épanouissement et le bien-être de ces derniers. On pourrait
fondamentalement s'interroger, au regard de ce qui précède, de
savoir si le développement constitue le véritable leitmotiv de
l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon dans les
secteurs sus analysés.
CONCLUSION
GENERALE
Parvenu au terme de ce travail, il était question pour
nous tout au long de cette réflexion de s'interroger sur l'orientation
de l'APD française allouée au Cameroun et au Gabon dès
1990 à 2005.
Après avoir mené nos investigations, nous avons
abouti aux conclusions suivantes :
1- L'aide française obéit à des
motivations ambiguës, car il existe un gap entre les discours et la
réalité sur la pratique de l'aide.
2- L'aide française au Cameroun et au Gabon depuis les
années 1990 se caractérise globalement par une modicité
manifeste des fonds alloués aux secteurs de la santé,
l'éducation, l'agriculture, la distribution eau et assainissement.
3- Cette aide, vu sa maigreur, a eu une incidence
minorée sur le relèvement des secteurs agricole, éducatif,
sanitaire et d'accès à l'eau potable du Cameroun et du Gabon. Si
dans certains secteurs la situation reste préoccupante (agriculture et
santé) dans d'autres, on peut observer une nette amélioration,
mais celle-ci est beaucoup plus due à la politique interne de ces pays
dans ces secteurs.
En somme, le constat général que l'on peut
dégager au regard de ce qui précède, est le
désintérêt progressif de la France à l'égard
des secteurs sus étudiés, secteurs pourtant clés car
indicateurs pertinents, afin de mesurer l'amélioration des conditions de
vie des populations vivant dans ces deux pays respectifs. Ce qui nous
amène à s'interroger sur la raison d'être d'une aide
française à ces pays dans les secteurs sus étudiés,
vu la modicité des fonds à leur alloués. Le Cameroun et le
Gabon peuvent-ils continuer à recevoir une aide aussi modique provenant
de la France pour leur développement socio-économique.
Deux pistes de réflexion sont plausibles ici : en
premier lieu la nécessité d'une révision de la population
d'allocation d'aide française à ces deux pays, qui doit aboutir
inéluctablement à une augmentation notable des fonds
alloués à ces secteurs. En second lieu : une suppression pure et
simple de l'aide française allouée à ces secteurs
clés, ce qui pourrait constituer pour certains une terrible posture,
mais qui constitue à notre avis une piste à
réfléchir et à considérer sérieusement. Car
si l'on peut s'accorder qu'au sortir de la colonisation, l'aide
française dans ces secteurs a pu jouer un rôle majeur dans le
bien-être de ces deux pays respectifs, force est de reconnaître que
depuis les années 1990, elle joue de plus en plus un rôle mineur,
négligeable dans l'amélioration de conditions
socio-économique du Gabon et du Cameroun en ce qui concerne les secteurs
de la santé, l'accès à l'eau potable, l'éducation
et l'agriculture.
Toutefois, l'épineux problème de la gestion
interne de l'aide reste entier et toujours d'actualité, il mérite
aussi par voie de conséquence, une attention particulière et une
réflexion aussi pointilleuse.
REFERENCES
I/ OUVRAGES
- Berthelemy, J.C et A. Tichit (2002),
Aid Allocation Decision. A three Dimensional panel analysis, Wider
discussion paper n° 2002-123, World Institute for development economics
research, Helsinki.
- Chenery, H. et A. Strout (1966),
Foreign Assistance and economic Development, American Economic
Review.
- Didier, F (1984), l'Aide au
Tiers-Monde. Solidarité et Développement ,Syros,
Paris.
- Essama, J. (1984), une approche de la
coopération franco-camerounaise, Thèse de Doctorat d'Etat de
Science Politique, TOME I.
- Gabas, J.J. (2002), Nord-Sud :
l'impossible coopération ? Presse de la fondation Nationale
des Sciences Politiques, Paris.
- Gazibo, M et J. Jenson (2004), La
politique comparée. Fondements Enjeux et approches théoriques,
Presse de l'université de Montréal, Montréal.
- Goulet, D et M. Hudson (dir) (1970),
The myth of Aid, Maryknoll, New York.
- Grawitz, M (2001), Méthodes des
sciences sociales, 11e édition, Dalloz, Paris.
- Hayter, T (1971), Aid as
Impérialism ; Harndsworth, penduin.
- Jacquet, P et S. Marniesse (2005),
Financer les biens publics mondiaux : enjeux et instruments,
A.F.D, Paris.
- Kamto, M (1993), L'urgence de la
pensée. Réflexion sur une précondition du
développement en Afrique, Mandara, Yaoundé.
- Kebadjian, G (1997), Les
théories de l'Economie politique internationale, Point-Seuil,
Paris.
- Lumsdaine, D. (1993) Moral vision in
International politics : the foreign aid regime, Princeton University
press, Princeton.
- Marchant, C (1991),
Nord-Sud: de l'aide au contrat. pour un développement
équitable, syros-alternative, Paris.
- Mende, T (1975), De l'aide à la
recolonisation. Les leçons d'un échec, seuil, Paris.
- Ngongo, L. P. (1987), Histoire des
institutions et des faits sociaux du Cameroun (1884-1945), Tome I,
Berger-Levrault, Nancy.
- Raffer, K et H.W. Singer (1994), The
foreign Aid Business, Cheltenham, UN Human Development Report.
- Reisen, H, M. soto et T. Weithöner
(2004), Financing global and regional public goods through O.D.A: Analysis
and evidence form the OECD Creditor reporting System, OECD Development
center.
- Rostow,W.W.(1960), The stages of
economic Growth: a non communist Manifesto, Cambridge university press,
Cambridge.
- Smith, S. (2003), Négrologie.
pourquoi l'Afrique meurt? calmann-levy, Paris.
- Sogge, D. (2003), Les mirages de l'aide
internationale. Quand le calcul l'emporte sur la solidarité, enjeux
planète, Paris.
- Van de Walle, N et T.A. Johnston (1999),
Repenser l'aide à l'Afrique, Karthala, Paris.
II/ ARTICLES
- Alesina, A et D. Dollar (1998),
« Who gives foreign aid to whom and why? », National
Bureau of economic research, Cambridge
- Alesina, A et D. Dollar (2000),
« Who gives foreign aid to whom and why? », Journal of
economic growth, n°5, PP 35-65.
- Blondel, J. (1994), « Plaidoyer
pour un concept oecuménique de l'analyse comparée » in
Revue Internationale de politique comparée, Vol I, n°1
- Breuning, M. (1994), « Why give
foreign aid? Decision Maker perception of benefits to the donor
state », Acta politica n°2, PP 121-144.
- Daidj, N. (1998), « l'aide à
l'Afrique: situation et évolution» Afrique contemporaine :
les Aides à l'Afrique en question, N° 188, PP 15-35.
- Gomanee K.,Girma S. et O. Morrissey
(2003), Searching for Aid Thresholds Effects; Aid,Growth and the Welfare of
the Poor, CREDIT working paper, Nottingham University.
- Gunning , J.W. (2004), « Why Give
Aid? », in Development Aid: Why and How? Toward Strategies for
effectiveness, AFD, Paris.
- Jacquet, P et J.M. Severino (2002),
« L'aide au développement une politique publique au coeur du
développement durable et de la gouvernance de la
mondialisation », Revue d'économie financière
n°66,Paris.
- Jacquet, J et J.M. Severino
(2006), « L'aide au développement : un double
inconfort paradigmatique. », la France et l'aide publique au
développement, conseil d'analyse économique, Paris.
- Kuaté, P. (1998), «
développement et économie » in la politique de
développement à la croisée des chemins. Le facteur
culturel, Clé, Yaoundé, pp 72-88.
- Marniesse, S.
(2005), « Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages
pour l'aide ? », AFD document de travail, Paris.
- Mc Clelland, D.C (1969),
« L'élan vers la modernisation » in A l'heure de
la Modernisation, Basic Books, New- York, PP : 11-33.
- Mc Kinlay, R et R. little (1977), A
foreign policy model of US Bilateral Aid Allocation, World politics 30 (1)
,New york.
- Mc Kinlay, R et R. Little (1978a),
«The French Aid Relationship. A Foreign Model of the Distribution
Bilateral Aid: 1964-1970», Development and Change, 9, 459-478.
- Mc Kinlay, R et R. Little (1978b), «A
Foreign Policy Model of the Distribution of British Bilateral Aid:
1960-70», British Journal of Political Science, 8, 313-332.
- Mc Kinlay, R et R. Little (1979), the
US Aid relationship: A test of the recipient need donor interest models,
Political studies 27 (2) New-York.
- Naudet, J.D. (2002), « L'aide
extérieure est-elle un instrument de justice ? Une analyse des
évolutions des fondements éthiques de l'aide au
développement », Economie politique n°7,
3e trimestre, Paris.
- Naudet, J.D (2005), « Les O.M.D
et l'aide de cinquième génération. Analyse de
l'évolution des fondements éthiques de l'aide au
développement », Document de travail, A.F.D, Paris.
- Nga Ndongo, V. (1998),
« Développement, Emancipation et
Originalité» in la politique de développement
à la croisée des chemins. Le facteur culturel, Clé,
Yaoundé, pp 43-62.
- Przeworski, A. (1977), « Method
of Cross-national Research 1970-1983, an overview » in
comparative polity research learning from experience, Cambridge
university press, Cambridge.
- Severino, J.M (2003),
« L'eau : un défi mondial, un devoir
français », Le figaro, Paris.
- Severino, J.M et O. Charnoz (2005),
« Les Mutations impromptues. État des lieux de l'aide au
développement », Afrique contemporaine : Afrique et
Développement, Hiver 215, University de Boeck et Parcier, Bruxelle
PP : 13-131
- Thorbecke, E. (2000), « The
Development doctrine and foreign Aid. 1950-2000 » in Tarp, F (dir)
Foreign aid and development, Routledge, London and New York.
III/ RAPPORTS ET AUTRE DOCUMENTS CONSULTÉS
- Rapport mondial sur le Développement Humain
2006
- Rapport mondial sur le Développement Humain
2005
- Rapport mondial sur le Développement Humain
2004
- Rapport mondial sur le Développement Humain
2003
- Rapport mondial sur le Développement Humain
2000
- Rapport mondial sur le Développement Humain
1998
- Rapport mondial sur le Développement Humain
1997
- Rapport mondial sur le Développement Humain
1995
- Rapport sur le Développement humain au Gabon
2005
- Rapport Mondial sur l'éducation 2006
- Rapport Mondial ONUSIDA 2006
- Rapport Mondial de la santé 2006
- Profils pays : Gabon (PNUD 2005)
- Perspective économique en Afrique (Cameroun
et Gabon)
- Mémorandum de la France sur les Politiques et
Programmes en matière de coopération pour le
développement, Ministère des Affaires
étrangères Mai 2004, Paris.
- L'aide publique française au développement et
la politique de coopération au développement. Etat des lieux,
analyses et propositions, Coordination Sud. solidarité Urgence
Développement, Novembre 2005, Paris.
- Cohen, D. et Al. (2006), La France et
l'Aide Publique au Développement, Conseil d'analyse
économique, Paris.
- Damour, C. et Al. (2002), Evaluation de
la coopération française dans le secteur santé au Gabon
(1990-2000), Direction Générale de la Coopération et
du Développement.
- Jepma, C. (1991), L'aide liée,
O.C.D.E, Paris.
IV/ SITES ET MOTEURS DE RECHERCHE
CONSULTES
- www.undp.org
- www.fao.org/stats
- www.occd.org
-
www.occd.org/cad/stats/sdienligne
- www.unesco.org
- www.onusida.org
- www.who.org
- www.diplomatie.gouv.fr
- www.google.com
- www.googlescholar.com
- Microsoft ® Encarta 2006
ANNEXES
ANNEXE 1
Graphique A : Répartition sous
sectorielle de l'aide à la santé
ANNEXE 2
Tableau A : La définition statistique du
CAD de « l'aide à la santé »
Code CAD
|
Code SNPC
|
Description
|
Clarifications/Notes supplémentaires sur la
couverture
|
120 SANTE
|
121 Santé, général
|
12110
|
Politique de la santé et gestion administrative
|
Politique de la santé, planification et programmes ; aide
aux ministères de la santé ; administration de la santé
publique ; renforcement des capacités institutionnelles et conseils ;
programmes d'assurance-maladie ; activités de santé non
spécifiées.
|
|
12181
|
Education et formation médicales
|
Enseignement médical et formation pour les services au
niveau tertiaire.
|
|
12182
|
Recherche médicale
|
Recherche médicale (à l'exclusion de la recherche
sur la santé de base).
|
|
12191
|
Services médicaux
|
Laboratoires, centres de santé et hôpitaux
spécialisés (y compris l'équipement et les fournitures) ;
ambulances ; services dentaires ; santé mentale ;
rééducation médicale ; lutte contre les maladies à
l'exclusion des maladies infectieuses ; lutte contre la toxicomanie [à
l'exclusion du trafic de drogues (16361)]
|
122 Santé de base
|
12220
|
Soins et services de santé de base
|
Programmes de soins sanitaires primaires et de base ; programmes
de soins paramédicaux et infirmiers ; approvisionnement en
médicaments et en vaccins relatifs aux soins et services de santé
de base.
|
|
12230
|
Infrastructures pour la santé de base
|
Hôpitaux régionaux, centres de santé,
dispensaires et équipements médicaux [à l'exclusion des
hôpitaux et centres de santé spécialisés (12191)]
|
|
12240
|
Nutrition de base
|
Programmes pour l'alimentation (alimentation maternelle,
allaitement et alimentation du sevrage, alimentaire de l'enfant, alimentation
à l'école) ; identification des déficiences nutritives ;
fourniture de vitamine A, d'iode, de fer, etc. ; surveillance de l'état
nutritionnel ; enseignement de la nutrition et de l'hygiène alimentaire,
alimentation domestique.
|
|
12250
|
Lutte contre les maladies infectieuses
|
Vaccination ; prévention et lutte contre le paludisme, la
tuberculose, les diarrhées chroniques, les maladies transmises par un
vecteur (par exemple onchocercose, bilharziose), etc.
|
|
12281
|
Education sanitaire
|
Information, éducation et formation de la population pour
l'amélioration des connaissances et des pratiques liées à
la santé ; campagnes pour la santé publique et programmes de
sensibilisation.
|
|
12282
|
Formation de personnel de santé
|
Formation du personnel de santé pour les services et les
soins sanitaires de base.
|
130 POLITIQUE EN MATIERE DE POPULATION / SANTE ET
FERTILITE
|
|
13010
|
Politique / programmes en matière de population et gestion
administrative
|
Politique en matière de population et de
développement ; recensement, enregistrement des
naissances/décès ; données sur la migration ; recherche et
analyse démographique ; recherche en santé et fertilité ;
activités de population non spécifiées.
|
|
13020
|
Soins en matière de fertilité
|
Santé et fertilité ; soin prénatals et
périnatals, y compris l'accouchement ; prévention et traitement
de la stérilité ; prévention et suites de l'avortement ;
activités pour une maternité sans risque.
|
|
13030
|
Planification familiale
|
Conseils en planification familiale ; activités
d'information, d'éducation et de communication (IEC) ; distribution de
produits contraceptifs ; accroissement des moyens et aptitudes, formation.
|
|
1340
|
Lutte contre les MST et la VIH/Sida
|
Toutes activités liées au contrôle des
maladies sexuellement transmissibles et du VIH/Sida ; activités
d'information, éducation et communication ; dépistage ;
prévention ; traitement, soins.
|
|
13081
|
Formation de personnel en matière de population et de
santé et fertilité
|
Education et formation du personnel de santé pour les
services de population ainsi que les soins en matière de santé et
fertilité.
|
La définition couvre, même si elle ne le
mentionne pas spécifiquement, l'assistance technique dans les
sous-secteurs de santé. C'est une conséquence des principes de
codage qui doit identifier les secteurs finalement assistés plutôt
que les méthodes intermédiaires de fourniture de l'aide.
Source OCDE 2001
* 1 Propos de Um Nyobe Ruben
devant la 4e commission de décolonisation de l'ONU, le
17/12/1952.
* 2 Données extraites de
l'OCDE stats (SNPC)
|
|