Paragraphe 2 : Le rôle
du CICR
C'est le CICR, fondé en 1863, qui a été
le moteur du développement du DIH. C'est lui qui mit en branle le
processus qui conduisit à l'adoption des Conventions de Genève
pour la protection des victimes de la guerre de 1864, de 1906, de 1929 et de
1949. C'est lui aussi qui prit l'initiative de compléter les Conventions
de Genève, qui déboucha sur l'adoption en 1977 de deux Protocoles
additionnels. Le CICR a tout à la fois encouragé la
rédaction de nombreux autres traités et participé aux
négociations les concernant.
Le CICR ayant pour mission de protéger la vie et la
dignité des victimes de conflits armés et de situation de
violence interne, de porter assistance aux personnes qui souffrent des
conséquences de la guerre et d'agir en temps que gardien et promoteur du
droit international humanitaire ; reconnaissant que les conflits ont un
impact différent sur les femmes et les enfants, et profondément
préoccupé par la nature et l'ampleur des conflits commises
à l'encontre des femmes au cours des récents conflits, s'est
engagé en 1999 à évaluer les besoins des femmes et des
filles, et à promouvoir le respect qui leur est du en mettant notamment
l'accent sur la prévention des violences sexuelles.
Parallèlement à ses activités
d'assistance et de protection (A) le CICR déploie
également une diplomatie humanitaire active pour promouvoir et
développer le DIH (B).
A- Le rôle d'assistance et de
protection
Organisation impartiale, neutre et indépendante, le
CICR a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la
dignité des victimes de la guerre et de la violence interne, et de leur
porter assistance.
Ø L'action du CICR en faveur des enfants victimes
de conflits
Le CICR a toujours travaillé activement à la
promotion de la protection juridique de l'enfant. C'est ainsi que, en 1939
déjà, le CICR et l'Union internationale de protection de
l'enfance présentèrent un projet de Convention pour la protection
de l'enfant, qui ne vit pas le jour en raison du début de la seconde
guerre mondiale. Lors des Conférences diplomatiques de 1949 tout
d'abord, puis de 1974-1977, le CICR s'est employé à promouvoir,
puis à développer et à compléter la protection
juridique de l'enfant.
Conformément à sa tradition d'institution
humanitaire et à son mandat, le CICR n'a cependant pas attendu la
création de dispositions légales protégeant l'enfant dans
les conflits armés pour entreprendre, sur le terrain, des actions
destinées à la protection des enfants. Tout au long des conflits,
les initiatives du CICR précèdent la protection juridique de
l'enfant, et cherchent à la compléter ou à y
suppléer, lorsque les mécanismes d'application du DIH font
défaut.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, au milieu de tant
d'horreurs et malgré les difficultés qu'il a rencontrées
dans ses activités en faveur des civils, notamment en raison de
l'absence de toute base juridique, le CICR a pu organiser certaines actions,
telles que le placement des jeunes au-dessous de dix-huit ans dans des camps
spéciaux, l'organisation d'émissions radiophoniques en vue de
faciliter la réunion d'enfants séparés de leurs parents,
la création de homes d'accueil dans les pays dévastés par
la guerre.
Il y a un domaine dans lequel le CICR a apporté et
continue d'apporter une contribution d'une importance primordiale pour les
enfants: la recherche de personnes disparues, l'échange de messages
familiaux et le regroupement des familles séparées des deux
côtés du front. Depuis plus d'un siècle, l'Agence centrale
de recherches du CICR recueille et transmet des renseignements sur les
personnes disparues, capturées, réfugiées,
libérées ou rapatriées et informe les familles; lorsque
les canaux normaux de communication sont coupés, elle assure la
transmission des messages familiaux. Dans le cadre de ces tâches, les
délégués du CICR s'occupent en priorité de
retrouver les enfants disparus, de les mettre en contact et de les
réunir avec leur famille. Parmi les tâches de l'Agence centrale de
recherches du CICR accomplies ces dernières années en faveur des
enfants séparés de leurs parents du fait de la guerre, on peut
mentionner, entre autres, l'identification des enfants khmers non
accompagnés installés dans les camps de réfugiés en
Thaïlande à la suite du conflit du Kampuchéa. C'est ainsi
que, en 1980, 3500 cas de mineurs non accompagnés ont été
enregistrés par le CICR, en collaboration avec le Haut Commissaire des
Nations Unies pour les réfugiés et certaines Agences volontaires,
dans la perspective de réunir des familles séparées par
suite du conflit. En matière d'assistance, les enfants
bénéficient des actions de secours que le CICR entreprend en
faveur des populations civiles affectées par un conflit. Dans certains
cas, les bénéficiaires principaux des programmes d'assistance du
CICR sont les enfants et les adolescents. Il en a été ainsi, par
exemple, en Zambie, lors du conflit en Rhodésie/Zimbabwé,
où, sur 29 000 réfugiés de
Rhodésie/Zimbabwé, 18 000 étaient des jeunes gens et des
jeunes filles de moins de seize ans, et 300 des jeunes femmes avec leurs
bébés. Le CICR, jusqu'à la fin du conflit (1980), fournit
en faveur de ces personnes une importante aide médicale et
matérielle. Il arrive également au CICR de décider
d'entreprendre une action destinée spécialement aux enfants. On
peut citer, à cet égard, le programme d'assistance aux
orphelinats que le CICR a entrepris au Kampuchéa, en 1981.
Le CICR cherche à protéger toutes les victimes
des conflits armés, et les enfants, à ce titre, sont inclus dans
les interventions du CICR lors de ces conflits. C'est dire que les enfants
seront visités par le CICR s'ils sont au pouvoir d'une Partie en conflit
et seront, de manière générale, compris dans les
démarches ou les interventions du CICR en faveur des victimes des
conflits armés. Les enfants peuvent cependant faire l'objet d'une mesure
particulière de protection du CICR. C'est ainsi que, par exemple, le
lendemain de la première visite du CICR au camp d'Al-Ansar au Sud-Liban,
où furent détenus principalement des prisonniers palestiniens,
212 enfants de moins de seize ans ont été libérés
sous les auspices du CICR. Le groupe d'enfants a été pris en
charge par les délégués du CICR, qui se sont
assurés de leur retour dans leurs familles dans les différentes
régions du Liban (septembre-octobre 1982).
Ø L'action du CICR en faveur des femmes
C'est dans le cadre de son mandat général,
consistant à protéger et à assister toutes les victimes de
conflit, que le CICR vient en aide aux femmes victimes de conflit. Toutefois
les femmes ayant des besoins spécifiques en terme de protection, de
soins de santé et d'assistance, le CICR veille à ce que ceux-ci
soient suffisamment et convenablement pris en compte dans l'ensemble de ses
activités. Le CICR met notamment l'accent sur la protection qui doit
être accordée aux femmes et aux jeunes filles, et fait savoir
à tous ceux qui portent les armes que la violence sexuelle sous toutes
ses formes est interdite par le DIH et qu'il convient de tout faire pour
prévenir de tels actes.
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