CONCLUSION GÉNERALE
La problématique de l'inflation occupe actuellement une
place de premier plan dans les discussions sur la conjoncture économique
et sociale au Sénégal.
Le niveau général des prix à la
consommation connait depuis le mois de novembre 2006 une hausse importante. En
effet, depuis cette période, les prix de certains produits de grande
consommation enregistrent des tensions non négligeables.
La structure de prix des principaux produits a
été analysée. Si, pour beaucoup de produits tels que les
denrées alimentaires et les produits pétroliers, la tarification
est étroitement liée à l'évolution du cours
mondial, on relève que des distorsions existent parfois dans
l'économie, sous la forme d'importantes marges commerciales.
L'étude a montré la forte contribution des
produits alimentaires à la croissance des prix du fait des importations
de plus en plus onéreuses pour combler l'offre intérieure
insuffisante. Compte tenu de leur poids dans la consommation des
ménages, il est nécessaire de veiller à
l'approvisionnement correct du marché en produits de grande consommation
et mettre sur pied une bonne politique d'offre qui permet qui permet de limiter
la hausse des prix.
Au Sénégal, il ressort que la production locale
de céréales couvre moins de 40% des besoins alors que les autres
pays ont connu des excédents en 2007. Concernant le riz, le niveau de
production, estimé à 137 290 tonnes en 2007, ne couvre que 6% des
besoins annuels. Le déficit du Sénégal est largement
couvert par les importations estimées à 1 053 286 tonnes en 2007.
Dans ce contexte de renchérissement des prix, au niveau mondial, le
Sénégal passe pour l'un des pays où l'évolution des
prix est plus rapide, comparée aux autres pays qui produisent une grande
partie de leurs besoins en céréales sèches, base de leur
consommation.
Pour ce qui est des produits pétroliers, le
Sénégal a une pression fiscale très élevée.
En effet, le niveau des taxes spécifiques sur les produits
pétroliers est supérieur à celui des autres pays. Au
total, la disparité des prix des produits pétroliers
résulte, d'une part, de la fixation des bases taxables par des valeurs
en douane administratives inférieures à la valeur réelle
et, d'autre part, des niveaux des prélèvements intérieurs,
notamment la taxe spécifique.
Pour les perspectives les prix affichés à la fin
du premier trimestre 2008, ont dépassé de plus 3% ceux de 2007 au
Sénégal.
Au Sénégal, on note un fléchissement de
la croissance des prix pour l'année 2008, alors que c'est la tendance
inverse dans les autres pays. Ce qui pourrait aboutir à la fin de
l'année à une inflation annuelle moins forte que celle
enregistrée en 2007. L'inflation attendue à la fin de
l'année 2008, serait de 5,0% environ.
Pour arriver à ce résultat ou
l'infléchir, il faudrait contenir la hausse des prix des produits de
grande consommation en maintenant leur prix au moins à leur niveau
atteint actuellement.
L'évolution de l'inflation en 2010 sera
déterminée en grande partie par le mouvement des prix des
produits céréaliers, en rapport avec les résultats des
campagnes agricoles 2009/2010 et 2010/2011. Elle sera également
liée à la tendance des cours mondiaux du baril de pétrole
brut, au niveau de l'inflation dans les pays partenaires, à
l'évolution des prix des produits alimentaires importés, ainsi
qu'à l'orientation du taux de change du dollar par rapport à
l'euro.
En fin décembre 2010, le taux d'inflation en glissement
annuel est projeté à 2,6%. Il se situerait dans un intervalle
allant de 1,3% à 3,2%, en tenant compte des scénarios sur
l'évolution des prix du pétrole en 2010.
Le taux d'inflation, en moyenne annuelle dans l'UEMOA,
s'établirait à 1, 3% en 2010 contre 1, 1% en 2009.
IL ressortirait à 0, 6% dans le scénario optimiste et
à 1, 8% dans le scénario pessimiste.
Cependant on ne peut parler d'inflation tout au long de cette
étude sans y associer les thèses développées par
les courants de pensées économiques.
Deux courants de pensées s'affrontent à ce sujet
: les keynésiens et les néo-classiques.
Pour les keynésiens, l'inflation n'est pas un mal en
soi. Ils fondent leur théorie sur la courbe de Phillips et
établissent une corrélation négative (ou relation inverse)
entre l'inflation et le chômage. Concrètement, plus le niveau
général des prix augmente, moins il y a de chômage au sein
de l'économie. Concrètement, plus le niveau général
des prix augmente, moins il y a de chômage au sein de l'économie.
La théorie keynésienne part du principe que les
agents économiques ne sont pas rationnels. Ils estiment donc leur niveau
de richesse par rapport à leur revenu nominal et non par rapport
à leur revenu réel ; en d'autres termes, ils considèrent
uniquement les salaires et rentes perçus, sans tenir compte de la hausse
des prix.
Mais, les années 70 connaissent une période
d'inflation et de chômage, connue sous le nom de "stagflation" ; or,
d'après la théorie keynésienne, il ne peut y avoir
à la fois inflation et chômage. Il convient donc de trouver de
nouvelles explications. C'est dans ce contexte qu'interviennent les
néo-classiques.
A la différence des keynésiens, les
néo-classiques supposent que les agents économiques sont
rationnels et tiennent compte du niveau d'inflation dans leur calcul de rentes
et salaires ; ils considèrent donc leur revenu réel, non leur
revenu nominal, et réclament une augmentation de revenu comparable (voir
supérieure) à l'augmentation du niveau général des
prix. Du coup, les entreprises enregistrent une hausse de leurs coûts de
production et sont amenés à licencier : il peut y avoir alors
inflation et chômage.
Par ailleurs, si un Etat poursuit une politique
budgétaire (ou monétaire) expansionniste en vue de relancer
l'économie, il y a inflation. Or, les agents économiques
étant rationnels, ils demandent une augmentation de leur revenu
comparable à celle de l'inflation. L'inflation créée n'a
alors aucun impact sur le niveau de production donc d'emploi de
l'économie. L'objectif de relance n'étant pas atteint, l'Etat
peut se lancer à nouveau dans une politique expansionniste, d'où
inflation sans changement sur les niveaux de croissance et chômage.
La question de l'inflation est donc très complexe et
personne n'a la bonne solution. Aujourd'hui, l'école de la
synthèse, notamment représentée par André
Malinvaud, propose d'utiliser des méthodes « keynésiennes
» face à une crise « néo-classique » et des
méthodes « néo-classiques » face à des crises
« keynésiennes ».
|