INTRODUCTION
Le phénomène de l'insécurité n'est
pas le propre de nos sociétés actuelles. Peu importe le lieu ou
l'époque que l'on considère, mais ce phénomène a de
tout temps existé et l'homme s'est aussi préoccupé de
rechercher ses causes et plus particulièrement de rechercher des moyens
pour le combattre.
En effet, le phénomène de la criminalité
de par son ampleur a permis de prendre un certain nombre de mesures : la
répression, le maintien de l'ordre et la sécurité des
biens et des personnes (publics et privés).
Malheureusement, les dispositions prises pour réduire
ou même enrayer l'insécurité (dans les grandes
agglomérations et les villes satellites) ne pourront jamais être
efficaces, d'une part à cause de l'accroissement sans cesse de la
population et de la dégradation de l'environnement
socio-économique et politique, et d'autre part à cause d'une
politique de suivi des mesures négligée.
Aujourd'hui la crise militaro-politique que connaît la
Côte d'Ivoire depuis le 24 décembre 1999 a d'ailleurs
accentué le phénomène de la criminalité, du fait de
la circulation massive d'armes de toutes sortes qui, si l'on n'y prend garde,
risque de se généraliser. Du reste, la lecture
rétrospective des statistiques criminelles de la police donne un
aperçu de ce phénomène.
A titre d'exemple, nous avons de 1996 à 1998 ; 416 837
affaires criminelles traitées, 171 488 personnes interpellées,
1315 armes saisies et 30 159 munitions saisies.
Plus attristantes sont les statistiques du mois d'avril 1999
où l'état-major de la sécurité a enregistré
11 368 infractions, 309 vols à domicile (20 à Abidjan et 289
à l'intérieur du pays). Alors qu'en mars 1999, il n'y a eu que
192 vols à domicile, soit une augmentation de
34.86%1.
La ville de Grand-Bassam, champ de notre étude
n'échappe pas au phénomène de la criminalité. Il ne
se passe pas de journée sans que la police et
1 -Statistiques criminelles de la Préfecture de
police d'Abidjan, extrait du quotidien Ivoir'soir n°3480 du Jeudi 17 Mai
2001, p.6.
la gendarmerie ne soient saisies d'un fait lié à
l'insécurité. En 2003, le seul commissariat de Grand-Bassam a
enregistré 1163 infractions ; soit 97 infractions en moyenne par mois.
Nous ne saurions passer sous silence la hausse constatée en 2004 avec
1250 infractions ; un taux de croissance de 7,48%1.
Ces chiffres veulent dire qu'à Grand-Bassam, l'insécurité
a atteint une telle dimension qu'il nous est paru intéressant de nous
attarder dessus. Notre intention ou notre objectif n'est pas de faire une
quelconque énumération de ses manifestations et ses causes, mais
bien plus une étude approfondie de ce phénomène pouvant
nous permettre après obtention de résultats probants, de lutter
de la manière la plus efficace et concrète contre la
criminalité.
Et comme le souligne NEPOTE J.
(1966)2 : «il ne faut jamais oublier, en effet que
la criminalité, considérée à la fois dans son
importance et dans ses manifestations, est le produit d'une certaine forme de
la vie sociale ».
Devons-nous laisser une telle forme de vie envahir nos
cités et nos villes sans réaction sociale conséquente ?
La ville de Grand-Bassam, cadre de notre étude vit-elle
l'insécurité au même rythme que les autres villes
ivoiriennes avec les mêmes manifestations, les mêmes causes et les
mêmes conséquences ?
Pour mieux cerner l'insécurité dans la ville de
Grand-Bassam et avoir une bonne compréhension du sujet, nous avons
articulé notre travail autour de trois axes.
Dans une première partie, nous parlerons de la
manifestation de l'insécurité après une
présentation de la ville de Grand-Bassam.
Ensuite, dans une deuxième partie, il s'agira pour nous de
montrer les causes et les conséquences de l'insécurité
à Grand-Bassam.
Enfin, la troisième partie nous permettra de proposer
quelques mesures et solutions pour lutter contre l'insécurité
à Grand-Bassam.
1 -Service de statistiques criminelles de la
Préfecture de police d'Abidjan, Années 2003 et 2004.
2 - NEPOTE J. (Janvier 1966), Revue Internationale
de la Police Criminelle, 21è Année, n°194,
Paris, Organisation Internationale de Police Criminelle, p.2.
PROBLEMATIQUE
1- Justification du choix du sujet
Nous nous sommes intéressé à ce sujet
parce qu'il semble à notre connaissance que tous les travaux
déjà effectués se sont généralement
limités aux communes de la ville d'Abidjan en criminologie. Ces
études effectuées ont certes donné des résultats
qui, pour nous, nécessitent d'être complétés et mis
à jour du fait des transformations quotidiennes que connaissent nos
sociétés, mais aussi à cause de l'évolution du
phénomène de la criminalité et des formes sous lesquelles
il se présente aujourd'hui.
En effet, selon les statistiques assemblées par l'ONU,
la criminalité n'a cessé d'augmenter dans le monde depuis les
années 1970 et elle est devenue très importante dans les
années 20001.
En Côte d'Ivoire, malgré les efforts fournis pour
la réduction de la criminalité (créations d'unités
spéciales (Police Judiciaire : PJ), publicité des prouesses de la
police dans les médias...) afin de tendre vers une amélioration
de la sécurité des biens et personnes, l'équilibre social
demeure plus que jamais perturbé. Car nous assistons à une
montée des actes délictueux avec une violence sans pareille.
Nous avons aussi choisi ce sujet afin de diversifier les
sources d'information sur le phénomène de la criminalité
dans notre pays pour mieux envisager un programme général de
lutte appropriée à ce fléau.
Il s'agit pour nous de rechercher les facteurs
criminogènes et de montrer le caractère scientifique dans la
maîtrise de la gestion de la sécurité. Il s'agit
également de faire ressortir nos capacités dans la
procédure et la méthodologie de gestion sécuritaire,
c'est-à-dire les différentes étapes pouvant contribuer
à la mise en pratique de la sécurité des biens et des
personnes.
1 -DJEDJE A.(2001-2002), L'insécurité
dans la commune du Plateau, Mémoire de Maîtrise, UFR
Criminologie, Université de Cocody, p. 8.
En nous fondant sur le cas de la ville de Grand-Bassam, nous
voudrions aider à notre manière les municipalités à
résoudre le problème de l'insécurité dans les
milieux urbains et semi-urbains dont elles ont la responsabilité.
Le choix particulier de la ville de Grand-Bassam réside
dans le fait que nous vivons depuis plus d'une dizaine d'années dans
cette ville et ayant pris le niveau de l'insécurité, il nous a
paru intéressant de lever le voile sur ce phénomène. C'est
pourquoi les autorités administratives et politiques sont restées
unanimes pour dire qu'une étude d'un criminologue sur les questions de
l'insécurité à Bassam est d'un grand apport.
2- Définition des concepts
La justification du choix de notre sujet faite, nous passons
à la définition des concepts le composant afin de « le
rendre plus opérationnel et clair
»1.
2-1- Les concepts explicites
L'insécurité
Selon le dictionnaire, Le Petit Larousse
Illustré2,
l'insécurité se définit comme le
manque, l'absence de tranquillité ou de sécurité. Ainsi,
le concept de sécurité se trouvant opposer
à celui d'insécurité, se définit comme la
confiance, la tranquillité d'esprit de celui qui se croit à
l'abri, mais aussi la situation sûre à l'absence réelle de
tout danger.
Le Dictionnaire
Encyclopédique3, lui reste précis et donne un
sens scientifique de la sécurité. La
sécurité selon ce dictionnaire, est l'ensemble des
mesures matérielles, politiques, économiques et sociales
destinées à assurer la protection des biens et des personnes
(assurer la sécurité publique).
Retenons après analyse que d'insécurité
provient de l'absence de sécurité.
1- N'DA P. (2000), Méthodologie de la recherche
scientifique ; De la problématique à la discussion des
résultats : Comment réaliser un mémoire, une thèse,
en sciences sociales et en éducation, EDUCI, Abidjan, p.41.
2- Le Petit Larousse Illustré (Juillet 2004), Paris,
Edition Larousse.
3- Dictionnaire Encyclopédique (2002), (Mise à
jour 30 juin 2002), Paris, Edition Philippe AUZOU.
La ville est définie dans le
Dictionnaire Encyclopédique comme une agglomération d'une
certaine importance, dont les habitants exercent en majorité dans les
domaines secondaires (industries et administration) et tertiaires
(commerce).
En Afrique, la particularité des villes se
résume en la cohabitation de deux modes vies (moderne et traditionnel),
d'autant plus que la plupart des villes naissent des cendres des villages (lieu
par excellence des valeurs traditionnelles).
Grand-Bassam, notre cadre d'étude s'inscrit dans les
caractéristiques décrites dans la définition faite par le
Dictionnaire Encyclopédique.
2-2- Les concepts implicites
« Le crime, pour le
psychiatre canadien ELLENBERGER, est un acte anti-éthique et antisocial
grave généralement interdit par la loi et résultant de
processus complexes d'ordres sociologiques, psychologiques et souvent
biologiques »1.
Dans le Lexique des termes
juridiques2, le crime est
défini comme une infraction grave jugée par les cours d'assises
et passible d'une peine afflictive et infamante.
Pour la conduite de notre étude, nous nous servirons de
l'approche d'ELLENBERGER qui est plus criminologique. Mais nous tiendrons
essentiellement comptes des aspects juridique, sociologique et psychologique
dans nos analyses car n'ayant pas eu de cas lié au complexes d'ordre
biologiques.
Le criminel est une personne qui est
coupable d'une infraction grave à la morale ou d'une infraction que les
lois punissent d'une peine afflictive ou infamante selon le
Dictionnaire Universel3.
1- ELLENBERGER, cité par N'DRIN Allou D., Cours de
criminologie générale DEUG I, 2000-2001.
2- Lexique des termes juridiques (2000), Paris,
12ème Edition Campus, DALLOZ.
3- Dictionnaire Universel (1998), Paris, Edition Hachette.
Selon le Dictionnaire Universel, l'acte
criminel est un acte qui est condamnable,
répréhensible du point de vue de la morale. Par ailleurs, le
Dictionnaire Encyclopédique dit que la
criminalité est l'ensemble des actes criminels commis dans
un groupe social pendant une période donnée. La
criminalité est le caractère de ce qui est
criminel, d'une personne ou accusée d'une culpabilité.
Le Dictionnaire Encyclopédique permet de distinguer
le délit en Droit Civil et en Droit
Pénal.
En Droit Civil, le délit est
une infraction à la loi entraînant un préjudice pour autrui
; alors qu'en Droit Pénal, le délit est
une infraction punie d'une peine correctionnelle par opposition au crime et la
contravention.
L'infraction est, quant à elle,
définie comme une action ou omission déterminée par la loi
pénale et punie de certaines peines également fixées
strictement par elle. Le Lexique des termes juridiques qui nous octroie cette
définition en donne une vingtaine de types telle l'infraction complexe,
l'infraction continue, l'infraction d'habitude...
Selon le Dictionnaire Encyclopédique, le
délinquant est une personne qui a commis un délit,
qui commet régulièrement des délits. Le Petit
Robert1 lui définit en conséquence,
la délinquance comme une conduite
caractérisée par des délits répétés,
considérés surtout sous son aspect social. Elle est
également l'acte du délinquant.
En définitive, le Dictionnaire Universel définit
la violence comme la force brutale exercée
contre quelqu'un ou encore une contrainte illégitime, physique ou
morale. D'une façon générale, la violence est
l'illustration de la force brutale ou intimidation pour agir sur quelqu'un ou
le faire agir contre son gré, sa volonté. La violence est tout
acte responsable qui porte atteinte à l'homme.
1- Le Petit Robert de la Langue Française (mis
à jour et augmenté) (2002), Paris, Dictionnaires Le
Robert-VUEF.
Aussi, GRAVIER B. (2006)1
définit-il l'acte de violence comme
l'impossibilité pour un individu de mettre en mots, en images, en
représentations des émotions qui pourraient dire la
colère, le vide, le traumatisme etc.
Mais que dire du sentiment de l'insécurité ?
Le sentiment
d'insécurité peut être individuel ou
collectif. Il combine le danger réel ou imaginaire et la perception de
sa gravité. CHENAIS J-C. (1981)2
définit le sentiment d'insécurité
comme le risque, au même titre que les risques naturels ou
technologiques, les conflits armés etc....d'être victime d'un
danger. Il peut donc susciter chez tout individu la peur, la méfiance et
même la haine.
2-3- Objectifs
Nous nous sommes assigné un objectif général
et deux objectifs spécifiques :
- Objectif général
Connaître l'évolution de l'insécurité
dans la ville de Grand-Bassam et son impact sur la population.
- Objectifs spécifiques
a- Identifier les manifestations de l'insécurité
dans la ville de Grand-Bassam.
b- Identifier les facteurs explicatifs de
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.
1- GRAVIER B. (26 Janvier 2006), Comportements violents,
DIU Psychiatrie criminelle et médico-légale, Poitiers, p.5.
2- CHESNAIS J. C. (1981), Histoire de la violence en Occident
de 1800 à nos jours, Edition Laffont, Paris, p.34.
3- Revue littéraire
Le phénomène de la criminalité a fait
l'objet de plusieurs études. Mais celles-ci se distinguent de par leurs
contenus.
La majeure partie des oeuvres étudiant le
phénomène de l'insécurité évoquent et
expliquent les facteurs liés à ce phénomène, mais
elles restent sensibles non seulement au problème de l'évolution
de l'insécurité et aussi des politiques applicables en
matière de lutte contre ce fléau.
S'agissant des facteurs explicatifs de la criminalité,
sociologues et psychologues s'accordent pour dire qu'elle est le fait
d'individus souffrant d'un processus défectueux de la socialisation
selon la vision du psychologue KOUDOU KESSIE R.
(1996)1.
Quant au Professeur SISSOKO A.2,
il souligne pour sa part que la criminalité est le fruit de la
désobéissance des individus aux lois naturelles et sociales sur
une période donnée.
Pour RENNER M. (1999)3, les
facteurs explicatifs de l'insécurité résident dans
l'évolution de la société, de l'économie et de
l'environnement de plus en plus marqué non seulement par la
fragmentation à la montée du « tribalisme », mais aussi
par la mondialisation. A ce propos, PINATEL J.
(1966)4 dira : « La criminalité de nos
fours n'est plus un phénomène résiduel, mais un
phénomène caractéristique de notre société
en mutation... ».
D'autres auteurs se sont quant à eux
intéressés aux politiques et aux moyens applicables afin de venir
à bout du phénomène de la criminalité. C'est dans
cette optique que GASSIN R. (1994)5 propose la
prévention comme une piste. Pour lui, prévenir la
criminalité consiste à faire une typologie de la
1- KOUDOU KESSIE R. (1996), Education et développement
moral de l'enfant et l'adolescent, Paris, Harmattan, col.espace culturel,
pp.58-59.
2- SISSOKO A., Cours de sociologie criminelle, DEUG II
(2001-2002).
3- RENNER M. (1999), Combat pour la survie : la
dégradation de l'environnement, affrontement social, le nouvel âge
de l'insécurité, Paris, Nouveaux Horizons, p.9.
4- PINATEL J. (1972), La société
criminogène, Paris, CALMANN-LEVY, p.21.
5- GASSIN R. (1994), Criminologie (3è
édition.), Paris, éd. DALLOZ (1è édition
1988), pp. 635-648.
prévention en fonction de la nature de la
criminalité observée dans un milieu donné.
L'étude réalisée par GROGUHE Y.
(2001-2002)1, sur « Les dispositifs
sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de
domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la commune de
Cocody.», présente certes toutes les stratégies et les
moyens utilisés par les habitants de cette commune pour prévenir
le vol. Mais elle ne nous définit pas avec exactitude les conditions de
leur application ou utilisation pour une prévention efficace du vol.
Pour ANCEL M. (1954)2,
prévenir l'insécurité consiste non seulement à
lutter contre la personnalité anti-sociale de l'individu, mais aussi la
protection de la société dans laquelle il vit.
Les travaux de l'étudiant NDIHOKUBWAYO E.
(2001-2002)3 (mémoire de maîtrise) exposent
comme moyens de lutte contre la criminalité, l'occupation de la jeunesse
désoeuvrée par l'apprentissage de métiers pour leur
insertion sociale dans le secteur professionnel, mais aussi et surtout une
franche collaboration entre les forces de défense et de
sécurité et la population.
Enfin, d'autres écrits ont mis en relief l'existence de la
criminalité dans les milieux urbains.
ROBERTSHAW R. (1996)4 souligne que
si la criminalité existe dans les milieux urbains, c'est dû au
simple fait que les Etats sont fragilisés par les politiques de
transformation qui du coup créent des problèmes d'inadaptation et
d'intégration sociale comme ce fut le cas en Afrique du Sud (passage du
régime Apartheid au régime démocratique).
1- GROGUHE Y. A. (2001-2002), Les dispositifs
sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de
domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la Commune de
Cocody., Mémoire de maîtrise, UFR de Criminologie,
Université de Cocody Abidjan.
2- ANCEL M. (1954), La défense sociale nouvelle, un
mouvement de politique criminelle humaniste, 2ème édition
revue, Paris, CUJAS.
3- NDIHOKUBWAYO E. (2001-2002), L'insécurité
dans les villages d'Abidjan : le cas du village d'Anono, mémoire de
maîtrise, UFR Criminologie, pp.44-47.
4- ROBERTSHAW R. (1996), Safter Cities? Crime Political
Transition and Changing Forms of Control in South Africa, Institue for
Defense Policy, Johannesburg, Monograph Series, p.9.
L'enquête réalisée par la Banque
Mondiale1 dans 63 pays et auprès de 30600
entreprises privées à travers le monde montre l'existence et la
constance de la criminalité d'autant plus que près de 80% des
chefs d'entreprises interrogés affirment avoir été
victimes d'un acte criminel. Et cela pour la raison que certains pays,
notamment de l'Afrique, de l'Amérique Latine, de la Communauté
des Etats Indépendants (C.E.I.) et des Pays d'Europe et Orientale
(P.E.C.O.) paraissent souffrir d'un vide institutionnel total propice à
la criminalité et à la violence et, d'une manière
générale, à l'insécurité des biens et des
personnes.
De ce qui précède, nous dirons que la
sécurité reste une préoccupation majeure et une condition
nécessaires au maintien de l'Etat de droit. Dans le cadre du
développement de « L'Etat social actif », dont les pierres
angulaires sont la croissance économique et la protection sociale, la
gestion de la sécurité par les autorités s'impose. La
réalisation de tels objectifs concerne aussi bien les pays
développés que les pays en voie de développement.
« L'insécurité dans la ville de
Grand-Bassam », problématique de notre
mémoire, soulève l'épineuse question de la violence
urbaine dont la tendance à l'augmentation est plus marquée dans
les villes satellites de Côte d'Ivoire (Grand-Bassam, Divo, Agboville,
Dabou, Grand-Lahou...) que dans les grandes villes (Abidjan, Yamoussoukro,
San-Pédro, Bouaké, Daloa...).
Le cas de Grand-Bassam dont la particularité a
attiré notre attention se résume en la variation des infractions
criminelles qu'on y rencontre, mais bien plus par la violence avec laquelle
elles sont perpétrées.
Pour comprendre cette montée significative de la violence
urbaine et mieux conduire notre étude, nous nous sommes posé
quelques questions :
1-Quelle est la particularité de la ville de Grand-Bassam
pour que l'insécurité y règne régulièrement
?
1- Banque Mondiale (1997), L'Etat dans un monde en
mutation, Rapport sur le développement dans le monde, New York, pp.
38-42.
2-Quelles sont les manifestations de
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ? 3-Quelles sont les
causes et les conséquences de l'insécurité dans la ville
de Grand-Bassam ?
4-Que peut-on faire face à cette insécurité
grandissante ?
Ces différentes questions nous on conduit à
formuler les hypothèses suivantes :
Hypothèse 1
L'insécurité à Grand-Bassam est liée
à sa proximité avec la ville d'Abidjan très
criminogène.
Hypothèse 2
L'existence des bidonvilles avec des maisons inachevées
favorise l'insécurité à Grand-Bassam.
Hypothèse 3
La pauvreté est un facteur de la criminalité.
Hypothèse 4
L'insécurité a provoqué la peur et la
méfiance au sein des populations à Grand-Bassam.
METHODOLOGIE
1- Cadre d'étude
Nous trouvant dans l'impossibilité d'étudier
l'insécurité dans toutes les villes satellites de la Côte
d'Ivoire, nous avons centré notre recherche sur la ville de Grand-Bassam
à cause de sa situation géographique et du pôle
d'attraction qu'elle constitue au plan touristique.
2- Population d'enquête
La population d'enquête est composée de toutes les
catégories sociales qui habitent et travaillent dans la ville de
Grand-Bassam.
Pour avoir plus d'informations, nous nous sommes
orienté vers les chefs de communautés religieuses,
traditionnelles, le commissariat et la gendarmerie de Grand-Bassam, la
préfecture de police d'Abidjan et le maire de Grand-Bassam.
3- Echantillonnage et
échantillon 3-1-
Echantillonnage
Conscient du fait qu'il est techniquement difficile
d'interroger ou de toucher toute la population de la ville de Grand-Bassam,
nous avons tiré au hasard quelques éléments dans toutes
les catégories sociales de la population de cette ville. Ce qui nous a
permis de composer notre échantillon.
3-2- Echantillon
Notre échantillon est constitué de :
- 30 agents des FDS (3 officiers et 27 sous-officiers de police
et de gendarmerie)
- 65 opérateurs économiques (Industrie
hôtelière, commerçants, propriétaires de PME et
PMI...)
- 100 professionnels (Groupes de métiers)
- 350 personnes résidant et travaillant dans la ville de
Grand-Bassam (Jeunes, adultes et vieillards)
- 15 chefs de communautés traditionnelles (Roi des
Abouré, Roi des N'Zima et les chefs des communautés
allogènes)
- 15 chefs de Communautés religieuses (Pasteur,
Prêtre et Imam) - 10 agents de société privée de
gardiennage
- 15 conseillers municipaux de commune de Grand-Bassam.
Nous justifions les cas de ces catégories de population
par notre souci d'objectivité dont la diversification des sources de
données et d'informations est l'émanation.
4- Méthodes d'enquête
Une recherche sans démarche méthodologique est
vouée à l'échec. C'est donc pour éviter tout
échec que nous avons eu recours à divers procédés
de travail pour mener notre recherche. Ainsi, comme méthodes
d'enquête, nous avons utilisé le questionnaire constitué de
questions ouvertes et de questions fermées, le tout dans une même
série. Il faut souligner que le questionnaire était
destiné aux personnes sachant lire et écrire en français.
Nous avons-nous même rempli le questionnaire pour les personnes ne
sachant correctement lire ou bien écrire.
Ensuite, l'entretien direct et simple en vue de pallier les
insuffisances d'une part du questionnaire, mais ressortir les sentiments
véritables et les aspirations des populations d'autres parts.
Nous avons aussi eu recours à l'interview pour nous
entretenir avec les autorités administratives et politiques de la ville
de Grand-Bassam et cela en milieu fermé tout comme nous l'avons fait
avec les opérateurs économiques.
Enfin, la recherche documentaire a été la plus
laborieuse du fait de la quantité et surtout de la qualité des
documents à notre disposition. Elle nous aura fourni les orientations
dans les débuts de nos recherches mais aussi nous aura situé dans
nos travaux.
5- Méthodes d'analyses et approches
disciplinaires 5-1- Méthodes d'analyses
La recherche de l'exactitude dans notre travail nous a conduit
à l'utilisation de la méthode qualitative pour mieux cerner le
sujet. Celle-ci nous a permis de mesurer l'ampleur du phénomène
criminel et d'éclairer le comportement des populations. Mais la
méthode quantitative a elle permis la connaissance quantitative de la
criminalité.
Toujours est-il que ces deux méthodes sont
complémentaires.
5-2- Approches disciplinaires
Nous avons choisi d'appréhender notre sujet sous
l'approche criminologique tout en nous appuyant sur les volets sociologique,
psychologique et juridique.
L'aspect sociologique, nous donnera de maîtriser l'impact
de l'insécurité sur la ville de Grand-Bassam.
L'approche psychologique, nous permettra d'avoir des
renseignements sur les motivations conscientes et/ou inconscientes qui poussent
les individus à commettre des actes délictueux.
Quant à l'approche juridique, elle nous aidera à
découvrir et à connaître l'arsenal juridique existant en
vue d'une répression juste et prompte de la criminalité sous
toutes ses formes.
6- Difficultés
rencontrées
La réalisation de notre étude dans la ville de
Grand-Bassam, nous a confronté à des difficultés de tout
ordre :
- Au niveau du questionnaire, il nous ait des fois arriver
après plusieurs rendez-vous non respectés par les
enquêtés de le reprendre sans réponse aucune. Certaines
personnes nous ont même pris pour des indics des bandits qui seraient en
préparation de leur future attaque et cela malgré tous les
documents que nous leur présentions pour les rassurer de nos bonnes
intentions. Par endroit, l'on nous prenait comme agent des FDS.
- La deuxième difficulté est relative à
l'obtention des documents administratifs devant nous autoriser à faire
l'étude sur le terrain. Ce fut une rude bataille à mairie de
Grand-Bassam après des mois de défilé dans les locaux de
cette institution. Aussi avons-nous à maintes reprises demandé un
temps de travail avec le commissariat de police de Bassam qui non seulement
nous donnait les statistiques criminelles de façon globale, ne nous
indiquait pas les personnes ressources devant nous informer.
Nous avons rencontré des difficultés
financières d'autant plus que le budget prévu a été
supplanté. Ce qui nous a conduit à nous dispenser à
certaines démarches qui nous auraient permis d'avoir de plus amples
informations.
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