SOMMAIRE
DEDICACES 3
REMERCIEMENTS 5
AVANT-PROPOS 12
INTRODUCTION 13
PROBLEMATIQUE 15
METHODOLOGIE 24
PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LA
VILLE
DE GRAND-BASSAM ET
MANIFESTATION DE L'INSECURITE 28
CHAPITRE I : PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE
GRAND-BASSAM 29
I : Présentation géographique de la ville de
Grand-Bassam 29
II : L'organisation de la ville de Grand-Bassam 30
CHAPITRE II : MANIFESTATIONS DE L'INSECURITE
A GRAND-BASSAM 37
I : Nature des infractions relevées dans la ville de
Grand-Bassam 37
II : L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam
45
DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES
CONCEQUENCES
DE L'INSECURITE DANS
LA VILLE DE GRAND-BASSAM 52
CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INSECURITE DANS
LA VILLE DE GRAND-BASSAM 54
I : Les facteurs généraux 54
II : Les facteurs spécifiques 54
CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE
DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM 66
I : Naissance et montée de la méfiance et de la
peur 67
II : Les conséquences de l'insécurité sur
les familles 69
III : Les conséquences économiques de
l'insécurité 71
TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS DE
MESURES
DE LUTTE CONTRE L'INSECURITE 73
CHAPITRE I : PROPOSITIONS DES MESURES
A LA VILLE DE GRAND-BASSAM 75
I : Les mesures socio-économiques et culturelles et
rapports
Population-FDS dans la lutte contre l'insécurité
75
II : Des actions de la municipalité de la ville de
Grand-Bassam 78
CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES
AU PLAN NATIONAL 83
I : Au niveau des agents des FDS 83
II : De la révision du système éducatif et
de l'adoption
d'une politique d'identification 85
CONCLUSION 89
BIBLIOGRAPHIE 92
ANNEXES 97
TABLE DES MATIERES 122
DEDICACES
A mon père PITA Koffi Alphonse
(1949-2004)
Tu, je le sais, ne regrettes pas l'acte posé en
m'inscrivant pour la première fois au Cours Préparatoire
(CP1).Aujourd'hui oü est venu le moment de faire un bilan partiel de mon
cursus scolaire au travers cette soutenance, DIEU, Le Tout Puissant t'a
rappelé à lui en ce jour du 7 Avril 2004.Saches que ton action
n'a pas été gratuite.
A ma mère GNALI Ayémenon,
Que les terribles nuits d'éveil que tu as passé
en supportant mes caprices et mes pleurs, la quête perpétuelle de
mon bien être, trouvent ici l'expression de tout mon amour et toute ma
reconnaissance.
A KOFFI Abléman Adèle
(1973-1974)
Tu fus celle qui en ouvrant les portes de la maternité
à notre mère annonçait ma venue. Mais la mort ne te
laissera le temps de boucler une année de vie sur terre : se fut un soir
avant ton premier anniversaire en 1974.
A toi PITA Kokora Rufin (1996-2003)
Je balbutiais encore à l'université lorsqu'un
soir la nouvelle de ton décès me parvint. Il s'agissait d'une
mort causée par une épidémie de choléra en 2003,
alors même que tu avais reçu tous les soins médicaux
appropriés. Saches que Dieu prendra soin de nous sur terre et de toi
auprès de Lui.
A AKAYANA G. Marie-Danielle et KOFFI Urielle
Elishama
Ces mots ne suffisent pas pour te traduire tout l'amour que je
porte à toi (AKAYANA ma fiancée). Tu m'as supporté en tout
temps et en toute chose. Saches que nos fiançailles aboutirons au
mariage quelque soit ce qui adviendra.
ELISHAMA (ma fille), tu es pour moi une source de joie car ta
naissance a donné un ferment à tous mes projets (études et
autres activités).
A DIEU Le ROI des rois,
Seigneur tu fus mon refuge dès les âges lointains
en réglant mon destin. Tu fus dès le commencement avec moi en
m'accordant ton intelligence et ta sagesse divine. Que la gloire te revienne
d'éternité en éternité.
REMERCIEMENTS
A Notre Directeur,
Nos intentions premières sont à l'endroit du
Docteur N'DRIN Allou David, qui n'a ménagé aucun
effort pour assurer la direction de notre travail de recherche. Ses conseils
avisés, sa rigueur, son expérience et ses encouragements nous ont
permis de poursuivre et d'achever ce travail.
Nous tenons à lui dire sincèrement merci pour
nous avoir non seulement accordé de son temps, mais cru en notre projet
de recherche. Bien plus que Directeur de notre mémoire, il est un
Père pour nous.
Au Doyen Alain SISSOKO et à ses
collaborateurs,
Notre gratitude sincère au Professeur Alain SISSOKO,
Doyen de l'Unité de Formation et de Recherche de Criminologie pour sa
disponibilité et son esprit d'ouverture aux problèmes et
difficultés des étudiants.
Nos remerciements sont également adressés
à tout le corps professoral de notre UFR pour les sacrifices consentis
en vue de garantir notre instruction et notre formation.
Nous ne saurions oublier le personnel administratif à qui
nous disons grand merci.
A vous Autorités politiques et administratives de
Grand-Bassam, Autorités religieuses, Agents des FDS, Parents, Amis et
Connaissances,
Nous voulons dire grand merci à Monsieur le
Député-maire de Grand-Bassam, l'honorable Jean-Michel MOULOD et
à tout le conseil municipal, Monsieur KONIN, chef du service
administratif pour tout son soutien, Monsieur ZERBO Boucari, chargé
d'histoire et guide touristique à la mairie pour les précieuses
informations et ses encouragements, Monsieur Aboubacar TOURE, responsable du
service socioculturelle pour sa disponibilité. Nos remerciements vont
à l'endroit de tout le personnel qui a accordé une importance
notre travail.
Nous exprimons toute notre gratitude au Préfet de
police d'Abidjan, et travers lui le Colonel ADOU Charles du Commissariat de
Grand-Bassam, le Commissaire BLA Konan Kan Parfait, chef du personnel à
la préfecture de police, à l'Officier LATAH du service
statistique pour son soutien et sa disponibilité.
Mes remerciements sont à l'endroit de la Famille GNAKO,
Papa GNAKO Débi et Maman GNAKO Laurentine, pour tout leur amour, leurs
soutiens moral, financier et spirituel. Trouvez en ces quelques mots
l'expression de toute notre reconnaissance pour tous ce que vous avez soufferts
et continuez de souffrir pour nous.
DIEU vous bénisse.
Nos remerciements vont à nos oncles DANGBO Luc, BEUGRE
Yves, MANON Paul, PITA Noé, GNAMIAN Aaron Michel, ADJA David, DRIGBA
Basile, LOBOUE Augustin, Docteur PITAH Moïse, Docteur DOGUI Claude,
Docteur ANOHA Dominique, ADOU Jonas, à nos tantes Mme KOUAI BI, DANGBO
Rebecca, Mme ZADI Naomi, à nos cousins le Lieutenant TOUTOUKPO Nazaire,
les MDL SAMO Dogui Hervé et KOUASSI Kan Salomon, à Me KOUASSI Kan
Véda et à nos soeurs et frères BONI Annick,
KOFFI Jeannine, Edwige, Madeleine, Yvette, Sara, Déborah,
Jean Marc et Kévin.
A chaque membre des cinq grandes familles de GUITRY, nous disons
merci pour toutes leurs prières et leur soutien.
Nos remerciements sont également à l'endroit du
Bishop Rev. Benjamin BONI, Président de l'Eglise Méthodiste Unie
Côte d'Ivoire (EMU CI), de toute la communauté Méthodiste
Unie HOREB de Yopougon Toit Rouge, en particulier à tous membres de la
chorale HOREB, aux Rev. GNAGNE Adou François, AKAFFOU Célestin,
BOGRO Isaac pour leur soutien moral et spirituel.
Nous tenons à dire sincèrement merci aux
familles ABOLE, SAHI Lazare, ANGRAH Mel, TOUKPO TAYORO, NIAKEY Kacou, KOUAI BI,
BLEOU, BEUGRE Lédjou, BEUGRE Narcisse, BIALLY Grah, COULIBALY Bakary,
DADIER N'guessan Esaïe pour leurs soutiens moral, financier et spirituel
en tout temps et les conseils pratiques que nous avons pu recevoir d'elles.
A nos amis MEL Kadjo Thierry, PICARD Akomia, IPOU Romain,
TIEFFI Alexis, POKOU Hoba, AGBO Frédéric, KOUAME Yao, YAO Konan
Benson et à nos condisciples nous disons grand merci pour leur
encouragement et leur soutien qui nous ont aidé dans la finalisation de
notre projet de recherche.
Nous n'oublions pas tous ceux qui nous ont soutenu de
près comme de loin et qui ont contribué à
l'élaboration de ce document, même s'ils ne sont pas
cités.
QUELQUES ABREVIATIONS
- CEDEAO : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest.
- C.E.I. : Communauté des Etats
Indépendants.
- CEPE : Certificat d'Etudes Primaires
Elémentaires. - C.G.Q. : Comité de Gestion des
Quartiers.
- COOPEC : Coopérative d'Epargnes et de
Crédits. - FAR : Festival des Arts de la Rue.
- FDS : Forces de Défense et de
Sécurité.
- FESCAPOP : Festival des Arts Populaires. -
FPI : Front Populaire Ivoirien.
- IEP : Inspection de l'Enseignement
Primaire.
- IIAO : Institut Industriel de l'Afrique de
l'Ouest.
- MUCREFAB : Mutuelle de Crédits des
Femmes de Bassam.
- ONU : Organisation des Nations Unies. -
P.E.C.O. : Pays d'Europe et Orientale.
- PDCI : Parti Démocratique de Côte
d'Ivoire. - PIT : Parti Ivoirien des Travailleurs.
- PVRH : Programme de Valorisation des
Ressources Humaines.
- RDR : Rassemblement des Républicains. -
SCAF : Scierie Africaine.
- UDPCI : Union Démocratique pour la Paix
en Côte d'Ivoire.
- UFR : Unité de Formation et de
Recherche.
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture.
- VCD : Vidéo Compact Disc.
- PA, MAB P15, PM AAT 49 sont des séries
d'armes à feu.
Les abréviations en caractère
d'imprimerie gras sont les initiales de nom et prénoms
d'enquêtés qui ont requis l'anonymat.
SOMMAIRE DESTABLEAUX
Tableau 1 : Récapitulatif des infractions
selon nos enquêtés
Tableau 2 : Récapitulatif des infractions
selon les statistiques policières Tableau 3 : Violences
contre les personnes (statistiques policière et enquêtés)
Tableau 4 : Combinaison des statistiques policières et
les réponses de enquêtés sur les violences contre les
biens
Tableau 5 : Répartition des auteurs des
infractions selon nos enquêtés Tableau 6 :
Récapitulatif des infractions dans l'espace à Grand-Bassam
Tableau 7 : Récapitulatif des infractions dans le temps
selon nos enquêtés Tableau 8 :
Récapitulatif des infractions dans le temps par mois (Statistiques
policières)
Tableau 9 : Récapitulatif des facteurs
généraux selon nos enquêtés Tableau 10
: Résultats des examens et concours scolaires de 2003 à
2005 à l'IEP de Grand-Bassam (espace communal uniquement)
Tableau 11 : Récapitulatif des facteurs
spécifiques selon la population Tableau 12 :
Récapitulatif des conséquences de l'insécurité
à Grand-Bassam selon les enquêtés
SOMMAIRE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Courbe descriptible du volume et
de la nature des infractions à Grand-Bassam
Graphique 2 : Courbe descriptible des
infractions par quartier à Grand-Bassam de 2003 à 2005
Graphique 3 : Courbe descriptible de la
criminalité dans le temps par mois à Grand-Bassam de 2003
à 2005
Graphique 4 : Diagramme descriptible des
facteurs généraux de l'insécurité à
Grand-Bassam
Graphique 5 : Diagramme descriptible des
facteurs spécifiques de l'insécurité à
Grand-Bassam
AVANT-PROPOS
Après l'étude théorique du
phénomène de l'insécurité, il est demandé
à tout étudiant de l'UFR (Unité de Formation et de
Recherche) de CRIMINOLGIE, Université de Cocody, option Maîtrise
de recherche de faire une étude pratique sur le terrain et de
rédiger un Mémoire de fin de cycle relative à un sujet de
choix. Cette phase à notre avis constitue une occasion de mise en relief
des connaissances emmagasinées pendant notre formation en criminologie,
mais également un moyen stir par lequel tout chercheur s'ouvre à
d'autres milieux pour mieux cerner son objet d'étude. Cette pratique
quotidienne du terrain permet aussi aux étudiants d'acquérir une
expérience enrichissante en s'intéressant aux faits sociaux et
ensuite de mettre les connaissances et les résultats de leurs recherches
à la disposition de tous.
Par ailleurs, la majeure partie des travaux effectués
en COTE D'IVOIRE sur le problème de l'insécurité s'est
cantonnée sur les dix (10) communes de la ville d'Abidjan.
Néanmoins, ces recherches montrent que l'insécurité reste
un phénomène assez délicat et préoccupant au regard
de son évolution.
A travers l'étude sur «
L'insécurité dans la yille de
Grand-Bassam », que nous nous
sommes proposé dans le cadre de notre Mémoire de fin de cycle,
nous pensons faire des propositions de mesures et de méthodes, non sans
avoir cerner les manifestations, les causes et les conséquences, en vue
d'enrayer ce fléau.
Nous sommes certains que ce travail apportera des
éclaircissements quant à la propagation de
l'insécurité et permettra à d'autres chercheurs de
continuer.
INTRODUCTION
Le phénomène de l'insécurité n'est
pas le propre de nos sociétés actuelles. Peu importe le lieu ou
l'époque que l'on considère, mais ce phénomène a de
tout temps existé et l'homme s'est aussi préoccupé de
rechercher ses causes et plus particulièrement de rechercher des moyens
pour le combattre.
En effet, le phénomène de la criminalité
de par son ampleur a permis de prendre un certain nombre de mesures : la
répression, le maintien de l'ordre et la sécurité des
biens et des personnes (publics et privés).
Malheureusement, les dispositions prises pour réduire
ou même enrayer l'insécurité (dans les grandes
agglomérations et les villes satellites) ne pourront jamais être
efficaces, d'une part à cause de l'accroissement sans cesse de la
population et de la dégradation de l'environnement
socio-économique et politique, et d'autre part à cause d'une
politique de suivi des mesures négligée.
Aujourd'hui la crise militaro-politique que connaît la
Côte d'Ivoire depuis le 24 décembre 1999 a d'ailleurs
accentué le phénomène de la criminalité, du fait de
la circulation massive d'armes de toutes sortes qui, si l'on n'y prend garde,
risque de se généraliser. Du reste, la lecture
rétrospective des statistiques criminelles de la police donne un
aperçu de ce phénomène.
A titre d'exemple, nous avons de 1996 à 1998 ; 416 837
affaires criminelles traitées, 171 488 personnes interpellées,
1315 armes saisies et 30 159 munitions saisies.
Plus attristantes sont les statistiques du mois d'avril 1999
où l'état-major de la sécurité a enregistré
11 368 infractions, 309 vols à domicile (20 à Abidjan et 289
à l'intérieur du pays). Alors qu'en mars 1999, il n'y a eu que
192 vols à domicile, soit une augmentation de
34.86%1.
La ville de Grand-Bassam, champ de notre étude
n'échappe pas au phénomène de la criminalité. Il ne
se passe pas de journée sans que la police et
1 -Statistiques criminelles de la Préfecture de
police d'Abidjan, extrait du quotidien Ivoir'soir n°3480 du Jeudi 17 Mai
2001, p.6.
la gendarmerie ne soient saisies d'un fait lié à
l'insécurité. En 2003, le seul commissariat de Grand-Bassam a
enregistré 1163 infractions ; soit 97 infractions en moyenne par mois.
Nous ne saurions passer sous silence la hausse constatée en 2004 avec
1250 infractions ; un taux de croissance de 7,48%1.
Ces chiffres veulent dire qu'à Grand-Bassam, l'insécurité
a atteint une telle dimension qu'il nous est paru intéressant de nous
attarder dessus. Notre intention ou notre objectif n'est pas de faire une
quelconque énumération de ses manifestations et ses causes, mais
bien plus une étude approfondie de ce phénomène pouvant
nous permettre après obtention de résultats probants, de lutter
de la manière la plus efficace et concrète contre la
criminalité.
Et comme le souligne NEPOTE J.
(1966)2 : «il ne faut jamais oublier, en effet que
la criminalité, considérée à la fois dans son
importance et dans ses manifestations, est le produit d'une certaine forme de
la vie sociale ».
Devons-nous laisser une telle forme de vie envahir nos
cités et nos villes sans réaction sociale conséquente ?
La ville de Grand-Bassam, cadre de notre étude vit-elle
l'insécurité au même rythme que les autres villes
ivoiriennes avec les mêmes manifestations, les mêmes causes et les
mêmes conséquences ?
Pour mieux cerner l'insécurité dans la ville de
Grand-Bassam et avoir une bonne compréhension du sujet, nous avons
articulé notre travail autour de trois axes.
Dans une première partie, nous parlerons de la
manifestation de l'insécurité après une
présentation de la ville de Grand-Bassam.
Ensuite, dans une deuxième partie, il s'agira pour nous de
montrer les causes et les conséquences de l'insécurité
à Grand-Bassam.
Enfin, la troisième partie nous permettra de proposer
quelques mesures et solutions pour lutter contre l'insécurité
à Grand-Bassam.
1 -Service de statistiques criminelles de la
Préfecture de police d'Abidjan, Années 2003 et 2004.
2 - NEPOTE J. (Janvier 1966), Revue Internationale
de la Police Criminelle, 21è Année, n°194,
Paris, Organisation Internationale de Police Criminelle, p.2.
PROBLEMATIQUE
1- Justification du choix du sujet
Nous nous sommes intéressé à ce sujet
parce qu'il semble à notre connaissance que tous les travaux
déjà effectués se sont généralement
limités aux communes de la ville d'Abidjan en criminologie. Ces
études effectuées ont certes donné des résultats
qui, pour nous, nécessitent d'être complétés et mis
à jour du fait des transformations quotidiennes que connaissent nos
sociétés, mais aussi à cause de l'évolution du
phénomène de la criminalité et des formes sous lesquelles
il se présente aujourd'hui.
En effet, selon les statistiques assemblées par l'ONU,
la criminalité n'a cessé d'augmenter dans le monde depuis les
années 1970 et elle est devenue très importante dans les
années 20001.
En Côte d'Ivoire, malgré les efforts fournis pour
la réduction de la criminalité (créations d'unités
spéciales (Police Judiciaire : PJ), publicité des prouesses de la
police dans les médias...) afin de tendre vers une amélioration
de la sécurité des biens et personnes, l'équilibre social
demeure plus que jamais perturbé. Car nous assistons à une
montée des actes délictueux avec une violence sans pareille.
Nous avons aussi choisi ce sujet afin de diversifier les
sources d'information sur le phénomène de la criminalité
dans notre pays pour mieux envisager un programme général de
lutte appropriée à ce fléau.
Il s'agit pour nous de rechercher les facteurs
criminogènes et de montrer le caractère scientifique dans la
maîtrise de la gestion de la sécurité. Il s'agit
également de faire ressortir nos capacités dans la
procédure et la méthodologie de gestion sécuritaire,
c'est-à-dire les différentes étapes pouvant contribuer
à la mise en pratique de la sécurité des biens et des
personnes.
1 -DJEDJE A.(2001-2002), L'insécurité
dans la commune du Plateau, Mémoire de Maîtrise, UFR
Criminologie, Université de Cocody, p. 8.
En nous fondant sur le cas de la ville de Grand-Bassam, nous
voudrions aider à notre manière les municipalités à
résoudre le problème de l'insécurité dans les
milieux urbains et semi-urbains dont elles ont la responsabilité.
Le choix particulier de la ville de Grand-Bassam réside
dans le fait que nous vivons depuis plus d'une dizaine d'années dans
cette ville et ayant pris le niveau de l'insécurité, il nous a
paru intéressant de lever le voile sur ce phénomène. C'est
pourquoi les autorités administratives et politiques sont restées
unanimes pour dire qu'une étude d'un criminologue sur les questions de
l'insécurité à Bassam est d'un grand apport.
2- Définition des concepts
La justification du choix de notre sujet faite, nous passons
à la définition des concepts le composant afin de « le
rendre plus opérationnel et clair
»1.
2-1- Les concepts explicites
L'insécurité
Selon le dictionnaire, Le Petit Larousse
Illustré2,
l'insécurité se définit comme le
manque, l'absence de tranquillité ou de sécurité. Ainsi,
le concept de sécurité se trouvant opposer
à celui d'insécurité, se définit comme la
confiance, la tranquillité d'esprit de celui qui se croit à
l'abri, mais aussi la situation sûre à l'absence réelle de
tout danger.
Le Dictionnaire
Encyclopédique3, lui reste précis et donne un
sens scientifique de la sécurité. La
sécurité selon ce dictionnaire, est l'ensemble des
mesures matérielles, politiques, économiques et sociales
destinées à assurer la protection des biens et des personnes
(assurer la sécurité publique).
Retenons après analyse que d'insécurité
provient de l'absence de sécurité.
1- N'DA P. (2000), Méthodologie de la recherche
scientifique ; De la problématique à la discussion des
résultats : Comment réaliser un mémoire, une thèse,
en sciences sociales et en éducation, EDUCI, Abidjan, p.41.
2- Le Petit Larousse Illustré (Juillet 2004), Paris,
Edition Larousse.
3- Dictionnaire Encyclopédique (2002), (Mise à
jour 30 juin 2002), Paris, Edition Philippe AUZOU.
La ville est définie dans le
Dictionnaire Encyclopédique comme une agglomération d'une
certaine importance, dont les habitants exercent en majorité dans les
domaines secondaires (industries et administration) et tertiaires
(commerce).
En Afrique, la particularité des villes se
résume en la cohabitation de deux modes vies (moderne et traditionnel),
d'autant plus que la plupart des villes naissent des cendres des villages (lieu
par excellence des valeurs traditionnelles).
Grand-Bassam, notre cadre d'étude s'inscrit dans les
caractéristiques décrites dans la définition faite par le
Dictionnaire Encyclopédique.
2-2- Les concepts implicites
« Le crime, pour le
psychiatre canadien ELLENBERGER, est un acte anti-éthique et antisocial
grave généralement interdit par la loi et résultant de
processus complexes d'ordres sociologiques, psychologiques et souvent
biologiques »1.
Dans le Lexique des termes
juridiques2, le crime est
défini comme une infraction grave jugée par les cours d'assises
et passible d'une peine afflictive et infamante.
Pour la conduite de notre étude, nous nous servirons de
l'approche d'ELLENBERGER qui est plus criminologique. Mais nous tiendrons
essentiellement comptes des aspects juridique, sociologique et psychologique
dans nos analyses car n'ayant pas eu de cas lié au complexes d'ordre
biologiques.
Le criminel est une personne qui est
coupable d'une infraction grave à la morale ou d'une infraction que les
lois punissent d'une peine afflictive ou infamante selon le
Dictionnaire Universel3.
1- ELLENBERGER, cité par N'DRIN Allou D., Cours de
criminologie générale DEUG I, 2000-2001.
2- Lexique des termes juridiques (2000), Paris,
12ème Edition Campus, DALLOZ.
3- Dictionnaire Universel (1998), Paris, Edition Hachette.
Selon le Dictionnaire Universel, l'acte
criminel est un acte qui est condamnable,
répréhensible du point de vue de la morale. Par ailleurs, le
Dictionnaire Encyclopédique dit que la
criminalité est l'ensemble des actes criminels commis dans
un groupe social pendant une période donnée. La
criminalité est le caractère de ce qui est
criminel, d'une personne ou accusée d'une culpabilité.
Le Dictionnaire Encyclopédique permet de distinguer
le délit en Droit Civil et en Droit
Pénal.
En Droit Civil, le délit est
une infraction à la loi entraînant un préjudice pour autrui
; alors qu'en Droit Pénal, le délit est
une infraction punie d'une peine correctionnelle par opposition au crime et la
contravention.
L'infraction est, quant à elle,
définie comme une action ou omission déterminée par la loi
pénale et punie de certaines peines également fixées
strictement par elle. Le Lexique des termes juridiques qui nous octroie cette
définition en donne une vingtaine de types telle l'infraction complexe,
l'infraction continue, l'infraction d'habitude...
Selon le Dictionnaire Encyclopédique, le
délinquant est une personne qui a commis un délit,
qui commet régulièrement des délits. Le Petit
Robert1 lui définit en conséquence,
la délinquance comme une conduite
caractérisée par des délits répétés,
considérés surtout sous son aspect social. Elle est
également l'acte du délinquant.
En définitive, le Dictionnaire Universel définit
la violence comme la force brutale exercée
contre quelqu'un ou encore une contrainte illégitime, physique ou
morale. D'une façon générale, la violence est
l'illustration de la force brutale ou intimidation pour agir sur quelqu'un ou
le faire agir contre son gré, sa volonté. La violence est tout
acte responsable qui porte atteinte à l'homme.
1- Le Petit Robert de la Langue Française (mis
à jour et augmenté) (2002), Paris, Dictionnaires Le
Robert-VUEF.
Aussi, GRAVIER B. (2006)1
définit-il l'acte de violence comme
l'impossibilité pour un individu de mettre en mots, en images, en
représentations des émotions qui pourraient dire la
colère, le vide, le traumatisme etc.
Mais que dire du sentiment de l'insécurité ?
Le sentiment
d'insécurité peut être individuel ou
collectif. Il combine le danger réel ou imaginaire et la perception de
sa gravité. CHENAIS J-C. (1981)2
définit le sentiment d'insécurité
comme le risque, au même titre que les risques naturels ou
technologiques, les conflits armés etc....d'être victime d'un
danger. Il peut donc susciter chez tout individu la peur, la méfiance et
même la haine.
2-3- Objectifs
Nous nous sommes assigné un objectif général
et deux objectifs spécifiques :
- Objectif général
Connaître l'évolution de l'insécurité
dans la ville de Grand-Bassam et son impact sur la population.
- Objectifs spécifiques
a- Identifier les manifestations de l'insécurité
dans la ville de Grand-Bassam.
b- Identifier les facteurs explicatifs de
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.
1- GRAVIER B. (26 Janvier 2006), Comportements violents,
DIU Psychiatrie criminelle et médico-légale, Poitiers, p.5.
2- CHESNAIS J. C. (1981), Histoire de la violence en Occident
de 1800 à nos jours, Edition Laffont, Paris, p.34.
3- Revue littéraire
Le phénomène de la criminalité a fait
l'objet de plusieurs études. Mais celles-ci se distinguent de par leurs
contenus.
La majeure partie des oeuvres étudiant le
phénomène de l'insécurité évoquent et
expliquent les facteurs liés à ce phénomène, mais
elles restent sensibles non seulement au problème de l'évolution
de l'insécurité et aussi des politiques applicables en
matière de lutte contre ce fléau.
S'agissant des facteurs explicatifs de la criminalité,
sociologues et psychologues s'accordent pour dire qu'elle est le fait
d'individus souffrant d'un processus défectueux de la socialisation
selon la vision du psychologue KOUDOU KESSIE R.
(1996)1.
Quant au Professeur SISSOKO A.2,
il souligne pour sa part que la criminalité est le fruit de la
désobéissance des individus aux lois naturelles et sociales sur
une période donnée.
Pour RENNER M. (1999)3, les
facteurs explicatifs de l'insécurité résident dans
l'évolution de la société, de l'économie et de
l'environnement de plus en plus marqué non seulement par la
fragmentation à la montée du « tribalisme », mais aussi
par la mondialisation. A ce propos, PINATEL J.
(1966)4 dira : « La criminalité de nos
fours n'est plus un phénomène résiduel, mais un
phénomène caractéristique de notre société
en mutation... ».
D'autres auteurs se sont quant à eux
intéressés aux politiques et aux moyens applicables afin de venir
à bout du phénomène de la criminalité. C'est dans
cette optique que GASSIN R. (1994)5 propose la
prévention comme une piste. Pour lui, prévenir la
criminalité consiste à faire une typologie de la
1- KOUDOU KESSIE R. (1996), Education et développement
moral de l'enfant et l'adolescent, Paris, Harmattan, col.espace culturel,
pp.58-59.
2- SISSOKO A., Cours de sociologie criminelle, DEUG II
(2001-2002).
3- RENNER M. (1999), Combat pour la survie : la
dégradation de l'environnement, affrontement social, le nouvel âge
de l'insécurité, Paris, Nouveaux Horizons, p.9.
4- PINATEL J. (1972), La société
criminogène, Paris, CALMANN-LEVY, p.21.
5- GASSIN R. (1994), Criminologie (3è
édition.), Paris, éd. DALLOZ (1è édition
1988), pp. 635-648.
prévention en fonction de la nature de la
criminalité observée dans un milieu donné.
L'étude réalisée par GROGUHE Y.
(2001-2002)1, sur « Les dispositifs
sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de
domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la commune de
Cocody.», présente certes toutes les stratégies et les
moyens utilisés par les habitants de cette commune pour prévenir
le vol. Mais elle ne nous définit pas avec exactitude les conditions de
leur application ou utilisation pour une prévention efficace du vol.
Pour ANCEL M. (1954)2,
prévenir l'insécurité consiste non seulement à
lutter contre la personnalité anti-sociale de l'individu, mais aussi la
protection de la société dans laquelle il vit.
Les travaux de l'étudiant NDIHOKUBWAYO E.
(2001-2002)3 (mémoire de maîtrise) exposent
comme moyens de lutte contre la criminalité, l'occupation de la jeunesse
désoeuvrée par l'apprentissage de métiers pour leur
insertion sociale dans le secteur professionnel, mais aussi et surtout une
franche collaboration entre les forces de défense et de
sécurité et la population.
Enfin, d'autres écrits ont mis en relief l'existence de la
criminalité dans les milieux urbains.
ROBERTSHAW R. (1996)4 souligne que
si la criminalité existe dans les milieux urbains, c'est dû au
simple fait que les Etats sont fragilisés par les politiques de
transformation qui du coup créent des problèmes d'inadaptation et
d'intégration sociale comme ce fut le cas en Afrique du Sud (passage du
régime Apartheid au régime démocratique).
1- GROGUHE Y. A. (2001-2002), Les dispositifs
sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de
domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la Commune de
Cocody., Mémoire de maîtrise, UFR de Criminologie,
Université de Cocody Abidjan.
2- ANCEL M. (1954), La défense sociale nouvelle, un
mouvement de politique criminelle humaniste, 2ème édition
revue, Paris, CUJAS.
3- NDIHOKUBWAYO E. (2001-2002), L'insécurité
dans les villages d'Abidjan : le cas du village d'Anono, mémoire de
maîtrise, UFR Criminologie, pp.44-47.
4- ROBERTSHAW R. (1996), Safter Cities? Crime Political
Transition and Changing Forms of Control in South Africa, Institue for
Defense Policy, Johannesburg, Monograph Series, p.9.
L'enquête réalisée par la Banque
Mondiale1 dans 63 pays et auprès de 30600
entreprises privées à travers le monde montre l'existence et la
constance de la criminalité d'autant plus que près de 80% des
chefs d'entreprises interrogés affirment avoir été
victimes d'un acte criminel. Et cela pour la raison que certains pays,
notamment de l'Afrique, de l'Amérique Latine, de la Communauté
des Etats Indépendants (C.E.I.) et des Pays d'Europe et Orientale
(P.E.C.O.) paraissent souffrir d'un vide institutionnel total propice à
la criminalité et à la violence et, d'une manière
générale, à l'insécurité des biens et des
personnes.
De ce qui précède, nous dirons que la
sécurité reste une préoccupation majeure et une condition
nécessaires au maintien de l'Etat de droit. Dans le cadre du
développement de « L'Etat social actif », dont les pierres
angulaires sont la croissance économique et la protection sociale, la
gestion de la sécurité par les autorités s'impose. La
réalisation de tels objectifs concerne aussi bien les pays
développés que les pays en voie de développement.
« L'insécurité dans la ville de
Grand-Bassam », problématique de notre
mémoire, soulève l'épineuse question de la violence
urbaine dont la tendance à l'augmentation est plus marquée dans
les villes satellites de Côte d'Ivoire (Grand-Bassam, Divo, Agboville,
Dabou, Grand-Lahou...) que dans les grandes villes (Abidjan, Yamoussoukro,
San-Pédro, Bouaké, Daloa...).
Le cas de Grand-Bassam dont la particularité a
attiré notre attention se résume en la variation des infractions
criminelles qu'on y rencontre, mais bien plus par la violence avec laquelle
elles sont perpétrées.
Pour comprendre cette montée significative de la violence
urbaine et mieux conduire notre étude, nous nous sommes posé
quelques questions :
1-Quelle est la particularité de la ville de Grand-Bassam
pour que l'insécurité y règne régulièrement
?
1- Banque Mondiale (1997), L'Etat dans un monde en
mutation, Rapport sur le développement dans le monde, New York, pp.
38-42.
2-Quelles sont les manifestations de
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ? 3-Quelles sont les
causes et les conséquences de l'insécurité dans la ville
de Grand-Bassam ?
4-Que peut-on faire face à cette insécurité
grandissante ?
Ces différentes questions nous on conduit à
formuler les hypothèses suivantes :
Hypothèse 1
L'insécurité à Grand-Bassam est liée
à sa proximité avec la ville d'Abidjan très
criminogène.
Hypothèse 2
L'existence des bidonvilles avec des maisons inachevées
favorise l'insécurité à Grand-Bassam.
Hypothèse 3
La pauvreté est un facteur de la criminalité.
Hypothèse 4
L'insécurité a provoqué la peur et la
méfiance au sein des populations à Grand-Bassam.
METHODOLOGIE
1- Cadre d'étude
Nous trouvant dans l'impossibilité d'étudier
l'insécurité dans toutes les villes satellites de la Côte
d'Ivoire, nous avons centré notre recherche sur la ville de Grand-Bassam
à cause de sa situation géographique et du pôle
d'attraction qu'elle constitue au plan touristique.
2- Population d'enquête
La population d'enquête est composée de toutes les
catégories sociales qui habitent et travaillent dans la ville de
Grand-Bassam.
Pour avoir plus d'informations, nous nous sommes
orienté vers les chefs de communautés religieuses,
traditionnelles, le commissariat et la gendarmerie de Grand-Bassam, la
préfecture de police d'Abidjan et le maire de Grand-Bassam.
3- Echantillonnage et
échantillon 3-1-
Echantillonnage
Conscient du fait qu'il est techniquement difficile
d'interroger ou de toucher toute la population de la ville de Grand-Bassam,
nous avons tiré au hasard quelques éléments dans toutes
les catégories sociales de la population de cette ville. Ce qui nous a
permis de composer notre échantillon.
3-2- Echantillon
Notre échantillon est constitué de :
- 30 agents des FDS (3 officiers et 27 sous-officiers de police
et de gendarmerie)
- 65 opérateurs économiques (Industrie
hôtelière, commerçants, propriétaires de PME et
PMI...)
- 100 professionnels (Groupes de métiers)
- 350 personnes résidant et travaillant dans la ville de
Grand-Bassam (Jeunes, adultes et vieillards)
- 15 chefs de communautés traditionnelles (Roi des
Abouré, Roi des N'Zima et les chefs des communautés
allogènes)
- 15 chefs de Communautés religieuses (Pasteur,
Prêtre et Imam) - 10 agents de société privée de
gardiennage
- 15 conseillers municipaux de commune de Grand-Bassam.
Nous justifions les cas de ces catégories de population
par notre souci d'objectivité dont la diversification des sources de
données et d'informations est l'émanation.
4- Méthodes d'enquête
Une recherche sans démarche méthodologique est
vouée à l'échec. C'est donc pour éviter tout
échec que nous avons eu recours à divers procédés
de travail pour mener notre recherche. Ainsi, comme méthodes
d'enquête, nous avons utilisé le questionnaire constitué de
questions ouvertes et de questions fermées, le tout dans une même
série. Il faut souligner que le questionnaire était
destiné aux personnes sachant lire et écrire en français.
Nous avons-nous même rempli le questionnaire pour les personnes ne
sachant correctement lire ou bien écrire.
Ensuite, l'entretien direct et simple en vue de pallier les
insuffisances d'une part du questionnaire, mais ressortir les sentiments
véritables et les aspirations des populations d'autres parts.
Nous avons aussi eu recours à l'interview pour nous
entretenir avec les autorités administratives et politiques de la ville
de Grand-Bassam et cela en milieu fermé tout comme nous l'avons fait
avec les opérateurs économiques.
Enfin, la recherche documentaire a été la plus
laborieuse du fait de la quantité et surtout de la qualité des
documents à notre disposition. Elle nous aura fourni les orientations
dans les débuts de nos recherches mais aussi nous aura situé dans
nos travaux.
5- Méthodes d'analyses et approches
disciplinaires 5-1- Méthodes d'analyses
La recherche de l'exactitude dans notre travail nous a conduit
à l'utilisation de la méthode qualitative pour mieux cerner le
sujet. Celle-ci nous a permis de mesurer l'ampleur du phénomène
criminel et d'éclairer le comportement des populations. Mais la
méthode quantitative a elle permis la connaissance quantitative de la
criminalité.
Toujours est-il que ces deux méthodes sont
complémentaires.
5-2- Approches disciplinaires
Nous avons choisi d'appréhender notre sujet sous
l'approche criminologique tout en nous appuyant sur les volets sociologique,
psychologique et juridique.
L'aspect sociologique, nous donnera de maîtriser l'impact
de l'insécurité sur la ville de Grand-Bassam.
L'approche psychologique, nous permettra d'avoir des
renseignements sur les motivations conscientes et/ou inconscientes qui poussent
les individus à commettre des actes délictueux.
Quant à l'approche juridique, elle nous aidera à
découvrir et à connaître l'arsenal juridique existant en
vue d'une répression juste et prompte de la criminalité sous
toutes ses formes.
6- Difficultés
rencontrées
La réalisation de notre étude dans la ville de
Grand-Bassam, nous a confronté à des difficultés de tout
ordre :
- Au niveau du questionnaire, il nous ait des fois arriver
après plusieurs rendez-vous non respectés par les
enquêtés de le reprendre sans réponse aucune. Certaines
personnes nous ont même pris pour des indics des bandits qui seraient en
préparation de leur future attaque et cela malgré tous les
documents que nous leur présentions pour les rassurer de nos bonnes
intentions. Par endroit, l'on nous prenait comme agent des FDS.
- La deuxième difficulté est relative à
l'obtention des documents administratifs devant nous autoriser à faire
l'étude sur le terrain. Ce fut une rude bataille à mairie de
Grand-Bassam après des mois de défilé dans les locaux de
cette institution. Aussi avons-nous à maintes reprises demandé un
temps de travail avec le commissariat de police de Bassam qui non seulement
nous donnait les statistiques criminelles de façon globale, ne nous
indiquait pas les personnes ressources devant nous informer.
Nous avons rencontré des difficultés
financières d'autant plus que le budget prévu a été
supplanté. Ce qui nous a conduit à nous dispenser à
certaines démarches qui nous auraient permis d'avoir de plus amples
informations.
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA VILLE DE
GRAND-BASSAM
La présentation de la ville se fera en deux points. Le
premier consistera en une présentation géographique (localisation
et population) et la seconde sera relative à l'organisation de la ville
(l'organisation administrative et politique, l'organisation sociale
traditionnelle et l'organisation socio-économique et culturelle).
I- PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE
GRAND-BASSAM
I-1- Localisation
Première capitale de 1893 à 1900, la ville de
Grand-Bassam est située dans la partie Sud-Est de la Côte d'Ivoire
sur le littoral à 30 km d'Abidjan, actuelle capitale économique,
et couvre une superficie de 11 300 hectares.
La ville est délimitée par quatre (4) communes,
Alépé et Bingerville au Nord, Port-Bouët à l'Ouest,
Bonoua à l'Est et l'Océan Atlantique au Sud. Aussi convient-il de
noter l'existence de nombreux villages et campements entre Grand-Bassam et les
quatre communes susmentionnées.
I-2- Populations
S'élevant à 65000 habitants, la population de
Grand-Bassam est essentiellement composée des Abouré et des
N'Zima (les autochtones) auxquels s'ajoutent plus d'une trentaine d'autres
ethnies ivoiriennes. On note à Bassam la présence d'une
importante communauté africaine en majorité de la CEDEAO et
quelques expatriés européens.
Ce qui fait de Grand-Bassam une ville cosmopolite.
II- L'ORGANISATION DE LA VILLE DE
GRAND-BASSAM II-1- L'organisation administrative
et politique
Faisant partie du département dont elle demeure le chef
lieu, la ville de Grand-Bassam a bénéficié comme les
anciens cercles régionaux d'un patrimoine administratif colonial. Mais
celui-ci a été mis à jour depuis l'accession de la
Côte d'Ivoire à l'indépendance.
La ville de Grand-Bassam est administrée par un maire
qui est aidé dans ses tâches par quatre (4) adjoints et des
conseillers municipaux. Ainsi, pour se rapprocher davantage des populations, la
municipalité a installé des Comités de Gestion des
Quartiers (C.G.Q.).
Aujourd'hui, la ville de Grand-Bassam dans sa gestion
administrative n'ignore pas les autorités traditionnelles et les chefs
de communautés (Roi Abouré, Roi N'Zima, chefs de villages)
auxquels elle accorde une place de choix dans sa politique de
développement économique et sociale.
L'on rencontre dans la ville de Grand-Bassam les organisations
politiques telles que Le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire
(PDCI-RDA), Le Rassemblement Des Républicains (RDR), le Front Populaire
Ivoirien (FPI), l'Union Démocratique pour la Paix en Côte d'Ivoire
(UDPCI), le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), etc.
II-2- L'organisation sociale et traditionnelle
A la différence de plusieurs grandes villes du pays, la
ville de Grand-Bassam abrite à elle seule deux grands royaumes (Royaumes
Abouré et N'Zima) auxquels s'ajoutent d'autres communautés
traditionnelles (Malinkés, Baoulés, Akyés...).Mais nous
nous intéresserons aux deux grands royaumes qui développent des
organisations et véhiculent des normes et des valeurs assez importantes
au plan sécuritaire.
Cependant, il ne faut pas négliger les valeurs et cultures
développées par ces communautés allogènes sur la
vie de la ville de Grand-Bassam.
II-2-1- Le Royaume ABOURE de MOOSSOU
Situé dans la zone Nord-Est de la ville de
Grand-Bassam, le royaume Abouré de Moossou a été
créé en 1715. Il a successivement connu une vingtaine de rois,
dont l'actuel NANAN KANGAH Assoumou Premier. Le village au
plan administratif est dirigé par un roi aidé dans ses fonctions
par des notables et des chefs des deux grands quartiers qui sont Koumassi et
Begnini. Les deux quartiers sont dirigés chacun par deux chefs. Nous
avons donc au sommet le roi ensuite les notables, puis les chefs de quartiers
et enfin les groupes de génération.
Les organisations à caractère politique sont
essentiellement : le FPI, le PDCI, le PIT et l'UDPCI.
Au plan économique, les habitants de Moossou vivent des
fruits de la pêche pratiquée par les hommes, de la culture du
manioc et la vente de l'attiéké chez les femmes. Mais aujourd'hui
ces activités sont peu rémunératrices et s'avèrent
insuffisantes pour couvrir les besoins primaires et vitaux des populations.
L'organisation sociale traditionnelle du royaume Abouré
de Moossou nous permet de distinguer quatre grandes générations
en fonction des deux grands quartiers et cela dans le strict respect de la
tradition Abouré. Nous avons donc pour le quartier KOUMASSI ; les
Nnowé et les Noudyoupoué, puis au quartier BEGNIN; les
Bélipoué et les Blouswè. De ces quatre grandes
générations, l'on retiendra que chacune d'elle comprend à
son tour quatre classes d'âge : les Atiblés : les
aînés, les Baoulé : les puînés (les chefs
guerriers), les Djamianmélimbé : les cadets et les Djamian : les
benjamins1.
1- L'organisation sociale des Abouré
(1959), Paris, Ecole pratique des Hautes études, VIè
section, mémoire n° 120.
Toutes ces subdivisions, nous dit ABBE ABLE J-A.
(1978)1 participe au développement harmonieux et
à l'épanouissement du peuple Abouré. Mais audelà,
toute cette hiérarchisation et organisation permettent la
sécurisation des valeurs traditionnelles sociales mais bien plus de la
société Abouré à l'endroit de toute pensée
contre nature.
Il est à noter que toute personne
étrangère au village est tenue de se présenter au
secrétariat du royaume pour se faire enregistrer. Ce qui fait
qu'à Moossou les questions d'insécurité sont moindres.
II-2-2- Le Royaume N'ZIMA de BASSAM (Quartier France)
Situé dans la partie Sud-Est de la ville de
Grand-Bassam sur le littoral, le royaume N'Zima de Grand-Bassam est
constitué de populations N'Zima (`'Mi N'Zima qui signifie je ne
sais») connues sous l'appellation d'Apolloniens ou encore Appolos. Les
N'Zima, en provenance de la GOLD COAST actuel GHANA, se sont installés
sur cette partie de terre aux alentours des XVIIIe et
XIXe siècles à cause des nombreuses guerres
intertribales qui y régnaient.
Par ailleurs, il convient de noter que le passage de la
chefferie au statut de royaume de la communauté N'Zima de Grand-Bassam
les choses sont récentes (à partir de l'année 2000). Avec
NANAN TANOE Désiré comme premier roi (ancien ambassadeur de son
Etat), ce peuple a obtenu ce statut à la suite de plusieurs
négociations, démarches et missions auprès des
propriétaires terriens (les Abourés) et des autorités
administratives et politiques nationales.
Dans le royaume N'Zima, l'on peut rencontrer comme organisations
à caractère politique le PDCI, le FPI, l'UDPCI et le PIT.
Au plan économique, les populations N'Zima vivent de la
pêche traditionnelle, de l'agriculture et des métiers liés
au travail de l'or et l'argent (métaux précieux) pour les hommes,
quand les femmes s'attèlent aux travaux
1- ABBE ABLE J. A. (1978), Histoire et tradition
politique du pays Abouré, Abidjan, Imprimerie Nationale de
Côte d'Ivoire, p.447.
ménagers, à l'éducation des enfants et au
petit commerce (pain sucré traditionnel, poisson fumé).Mais
aujourd'hui, ces activités sont presque inexistantes au grand dame des
efforts consentis par ce peuple pour les sauvegarder. Ces braves populations ne
vivent de nos jours que des ressources financières que leur apportent
leurs enfants expatriés, des maigres revenus de la pêche
traditionnelle et des dividendes de la vente de terrains.
Au contraire du royaume Abouré qui est organisé
en générations, le royaume N'Zima, lui, bien qu'ayant des
catégories d'âges, met l'accent sur la famille pour asseoir son
organisation sociale. Ainsi, nous pouvons distinguer sept (7) grandes familles
avec chacune un symbole indiquant son rang social et sa puissance
économique au sein de cette communauté. Nous avons donc Les
N'Dawafo qui ont pour symbole le feu et le chien ; Les Mafolé, l'or et
l'argent ; Les M'Vavilé, le maïs ; Les Allonhomba, le palmier
à huile et la calebasse ; Les Adahonlin, la graine de palme ; Les
Ezohilé, l'eau et le riz et enfin pour les Azanhoulé,
l'igname.
Le cinéaste GNOAN M'Balla, premier
conseiller du roi nous dira que cette organisation propre au peuple N'Zima est
un héritage ancestral qui participe de son développement
harmonieux. Le respect de cette hiérarchie est consacré lors de
la fête de l'ABISSA car sur l'estrade réservée au roi, aux
notables et aux invités, les sept (7) familles sont
représentées et disposées aux côtés du roi en
fonction de leur rang social.
L'ABISSA est la plus grande fête traditionnelle et
culturelle principale du peuple N'Zima. Elle annonce la nouvelle année
pour ce peuple et dans ses fondements est un régulateur de cette
société car la communauté se donne à l'occasion,
les moyens de son autocritique et de la correction de ses dysfonctionnements
internes et l'unique moment où la hiérarchie s'efface.
Les condamnations d'actes et de comportements jugés
contraires à la marche harmonieuse de la société
Apollonienne au cours de l'ABISSA à travers
sa structuration permettent au royaume de ne pas sombrer dans le
désordre source certaine de l'insécurité.
II-3- L'organisation socio-économique et
culturelle
Ici, nous tenterons de montrer dans un premier temps les
activités économiques capables d'employer et de créer des
ressources financières pour une prospérité
économique de la ville et dans un deuxième temps les
activités socioculturelles qui sont initiées par la mairie en vue
d'une saine occupation de toutes les populations de la ville de
Grand-Bassam.
II-3-1- L'organisation socio-économique de
Grand-Bassam
Classée, il y a quelques années patrimoine
mondial de l'UNESCO, la ville de Grand-Bassam à l'image des autres
villes satellites du pays présente un visage peu reluisant. Cependant,
l'on y découvre outre les services de base de l'Etat, quelques
activités économiques. Ainsi, l'on a l'industrie
hôtelière et touristique employant moins de personnel mais qui
demeure la plus grande pourvoyeuse de ressources financières (environ
65% du budget de la mairie). L'industrie du bois avec la SCAF seule
unité industrielle véritable à grande capacité
d'emploi, mais qui en majorité emploie un personnel non qualifié
de façon hebdomadaire, créant du coup le chômage des
diplômés de plus en plus nombreux à Bassam.
A ces deux importantes activités
socio-économiques s'ajoutent, l'artisanat, le transport routier et le
commerce organisé de façon anarchique créant du coup un
problème de recouvrement efficace des taxes municipales. Il y a par
ailleurs l'élevage de la volaille dont les revenus sont insuffisants
pour l'épanouissement socio-économique des éleveurs de la
ville de Grand-Bassam.
II-3-2- L'organisation socioculturelle de la yille
Grand-Bassam
A Grand-Bassam, les activités socioculturelles sont de
deux sortes : il y a les activités socioculturelles traditionnelles
organisées dans les royaumes Abouré et N'Zima et les
activités socioculturelles modernes initiés par la mairie
à travers son service socioculturel.
En ce qui concerne les activités socioculturelles
traditionnelles, elles se manifestent essentiellement lors des grands
événements tels que l'ABISSA, les fêtes de
génération, les cérémonies de dot, de mariage, de
sortie d'un nouveau né, de funérailles, d'installation d'un roi
et ses conseillers ou notables. Tous les habitants sont tenus d'être
présents à ces différentes cérémonies pour
fraterniser et partager. Par ailleurs, les cérémonies de dot, de
mariages, sortie de nouveau né, de funérailles etc., ne
concernent que les membres d'une famille et leurs alliés.
Quant aux activités socioculturelles modernes, elles
sont initiées par la mairie de Grand-Bassam. Elles couvrent en grande
partie la période des vacances scolaires en vue de permettre une
occupation saine des jeunes. Au delà de la jeunesse, ces
cérémonies culturelles permettent à toutes les populations
de la ville de se réjouir et de communier ensemble. Parmi ces
activités l'on peut citer Le Festival des Arts Populaires (FESCAPOP), Le
Festival des Arts de la Rue (F.A.R.), le Best Speaker, Parade Culturelle,
Eclosion etc.
Certes, la ville concentre encore en elle culture,
divertissement, pouvoir, et représente un pôle d'attraction, mais
c'est un environnement où les conditions de vie sont devenues de plus en
plus difficiles. Et le stress encouru (chômage, pauvreté,
échec de tous ordres, diversités de moeurs et valeurs...) par les
populations font partie de cet environnement.
Notre cadre d'étude, la ville de Grand-Bassam, qui
développe quatre valeurs culturelles et sociales (le royaume
Abouré, le royaume N'Zima, les
Communautés allogènes et la modernité)
n'échappe pas à ce stress qui se traduit souvent en des actes
délictueux auxquels nous nous intéressons à
présent.
C'est pourquoi nous nous posons la question de savoir comment se
manifestation l'insécurité à Grand-Bassam ?
CHAPITRE II : MANIFESTATION DE L'INSECURITE
A GRAND-BASSAM
Nous voulons traduire par, manifestations de
l'insécurité, les différentes formes qu'elle prend. Nous
signalions dans les lignes précédentes que la ville de
Grand-Bassam est l'objet d'une criminalité violente aperçue sous
la forme de délits et parfois de crimes.
Dans ce chapitre, nous allons fournir en premier les
données statistiques sur l'évolution de
l'insécurité à Grand-Bassam de 2003 à 2005, avant
d'aboutir aux manifestations de l'insécurité telle qu'elle est
vue et vécue par nos enquêtés.
I-NATURE DES INFRACTIONS RELEVEES DANS LA VILLE
DE GRAND-BASSAM
Au travers des tableaux ci-dessous, nous donnerons une vue
générale des types de délits et de crimes.
Natures des infractions
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Vols
|
189
|
31,50
|
Attaques à mains armées
|
99
|
16,50
|
Consommation de drogue
|
81
|
13,50
|
Violences et voies de faits
|
69
|
11,50
|
Coups et blessures volontaires
|
48
|
8,00
|
Viols
|
15
|
7,50
|
Abus de confiance
|
27
|
4,50
|
Escroquerie
|
21
|
3,50
|
Meurtre
|
15
|
2,50
|
Trafic de faux billets
|
6
|
1,00
|
TOTAL
|
600
|
100
|
Tableau 1 : Récapitulatif des
infractions selon nos enquêtés
ANNEES
|
2003
|
2004
|
2005
|
Natures de des infractions
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Vols simples (V.S)
|
298
|
25.62
|
326
|
26.08
|
434
|
35.95
|
Vols par effraction (V.E)
|
228
|
19.6
|
245
|
19.6
|
112
|
9.27
|
Abus de confiance (A.B.C)
|
136
|
11.69
|
150
|
12
|
133
|
11.01
|
Escroquerie (Escroc.)
|
49
|
4.21
|
50
|
4
|
50
|
4.14
|
Violences et voies de faits (V.V.F)
|
181
|
15.56
|
197
|
15.76
|
193
|
15.99
|
Attaques à mains armées (A.M.A)
|
78
|
6.7
|
74
|
5.92
|
54
|
4.47
|
Coups et blessures volontaires (C.B.V)
|
59
|
5.07
|
63
|
5.04
|
75
|
6.21
|
Viols
|
8
|
0.68
|
8
|
0.64
|
5
|
0.41
|
Meurtres
|
1
|
0.08
|
4
|
0.32
|
1
|
0.08
|
Autres (Drogue,
Faux billets, Recel, Ivresse publique...)
|
125
|
10.74
|
133
|
10.64
|
154
|
12.75
|
TOTAL
|
1163
|
100
|
1250
|
100
|
1207
|
100
|
Tableau 2: Récapitulatif
des infractions selon les statistiques policières
Volume
450
400
250
200
500
350
300
150
100
50
0
Courbes descriptibles du volume et de la nature
des infractions à Grand-Bassam
Nature des Infractions
2003 2004 2005
Avant tout commentaire de nos tableaux récapitulant les
infractions commises dans la ville de Grand-Bassam, nous pensons qu'il est
judicieux de dire que l'insécurité a les mêmes causes
chez les adultes comme chez les jeunes. Aussi au cours de nos investigations
sur le terrain d'enquête, nous avons remarqué que la
proximité, la surpopulation que connaît Bassam tous
les week-ends et les nombreuses activités socioculturelles favorisent
la rencontre
d'une multitude d'individus. Ce qui crée une
promiscuité, cadre idéal à la naissance et au
développement de comportements anti-sociaux.
A partir donc des statistiques policières (tableau 2)
et des données recueillies auprès de nos enquêtés
(tableau 1), nous avons pu regrouper les infractions commises dans la ville en
catégories. Ainsi, nous avons les violences contre les personnes, les
violences contre les biens et les autres violences.
I-1- Les violences contre les personnes
Nous entendons par violences contre les personnes tous les
crimes et délits portant atteinte à l'intégrité
physique et psychique des personnes et allant jusqu'à la suppression de
vie humaine.
Nature des violences
|
Effectif police 2003-2005
|
Effectif enquêté 2006
|
Pourcentage police %
|
Pourcentage enquêtés %
|
Violences et voies de faits
|
571
|
69
|
57,04
|
25
|
Attaques à mains armées
|
206
|
99
|
20,57
|
35,86
|
Coups et blessures volontaires
|
197
|
48
|
19,68
|
17,39
|
Viols
|
21
|
45
|
2,09
|
16,30
|
Meurtres
|
06
|
15
|
0,59
|
5,43
|
TOTAL
|
1001
|
276
|
100
|
100
|
Tableau 3 : Violences contre les
personnes (statistiques policières et enquêtés)
Commentaire :
Les résultats contenus dans ce tableau nous permettent de
soutenir que les violences contre les personnes sont en grande partie les
violences et voies de
faits selon les statistiques policières avec 57,04 %
(2003-2005) et les attaques à mains armées ; 35,86 %
(janvier-juillet 2006) aux réponses de nos enquêtés.
Viennent ensuite les coups et blessures volontaires qui
représentent selon les mêmes sources et périodes 19,68 % et
17,39 % des infractions commises à Grand-Bassam.
Quant au viol, il occupe la quatrième place des faits
marquant les violences contre les personnes avec 21 cas soit 2,09 % et 15 cas
soit 16,30 % selon nos enquêtés. Nous avons afin le meurtre avec 6
cas soit 0,59 % qui, au sens du code pénal ivoirien et de la conscience,
est très reprouvé et révèle le degré de la
cruauté humaine.
+ Les violences et voies de faits
Faisant partie du quotidien des habitants de la ville de
Grand-Bassam, elles sont des actes des jeunes déscolarisés sur
les élèves mineurs en majorité aux sorties des classes
entre midi et 14 heures, puis à partir de 17 heures et de certains
parents sur leurs domestiques.
A.D. déclarait ceci avec les larmes
aux yeux : « j'ai quitté la maison parce que la femme de mon oncle
et ses filles me frappaient chaque fois que leurs vêtements
n'étaient pas lavés. Je suis donc allé me cacher dans une
maison inachevée avant que les élèves de la cité de
Versailles ne partent me déposer à la gendarmerie ».
Selon nos investigations, des enfants sont souvent
abandonnés par leurs mères tandis que certains malades mentaux ne
bénéficient d'aucune assistance familiale ou même
sociale.
+ Les attaques à mains
armées
Les attaques à mains armées constituant la
deuxième grande catégorie des violences faites aux personnes, ont
généralement lieu dans la soirée et sont
perpétrées avec des armes à feu que sont les
kalachnikovs,
les pistolets (PA MAB P15, PM MAT 49), fusil de chasse calibre
12 et armes blanches (couteau, machettes et
lames)1. Il s'agit des braquages de domiciles, de
commerce, de véhicules, d'hôtels, de régies
financières, etc. Au cours des années 2003, 2004 et 2005, la
police de Grand-Bassam a respectivement enregistré sur plainte des
populations 78, 74 et 54 cas de d'agressions à mains armées.
Selon nos enquêtés, 16,5 % des infractions commises à
Bassam sont des attaques à mains armées et le fait d'individus
dont l'âge oscille entre 18 et 35 ans.
+ Les coups et blessures volontaires
Occupant la troisième place des infractions contre les
personnes, les coups et blessures volontaires au regard du tableau 2 ont connu
une nette évolution sur la période 2003-2005 avec 59 cas soit
5,07 %, 63 cas soit 5,04 % et 75 cas soit 6,21 %. Cette infraction est commise
au cours des bagarres rangées opposant des groupes de jeunes à
cause de leur turbulence, à cause de leur volonté d'affirmer leur
personnalité. Les coups et blessures volontaires sont également
dus à la consommation des drogues, à l'ivresse et au désir
obstiné de se venger. Nos recherches nous ont permis de découvrir
que ces violences étaient foncièrement le fait des jeunes filles
des quartiers Phare, Congo et Odoss.
+ Les viols et les meurtres
Classés dans la catégorie attentat aux moeurs et
dans le Code Pénal2 ivoirien qui le
prévoit en son article 354, le viol est un acte de
pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la
personne d'autrui par violence, contrainte ou surprise. 45 personnes soit 7,50
% de nos enquêtés disent avoir des proches qui ont
été victimes de viol. Quant aux statistiques policières,
elles nous donnent de voir 21 cas soit 1,73 % de la totalité des
infractions
1- Archives des statistiques de la Préfecture de police
d'Abidjan, Années 2003, 2004 et 2005.
2- Code Pénal de Côte d'Ivoire (Année 1995),
Abidjan, Juris-Edition.
commises en 2003, 2004 et 2005. Il faut cependant noter la
chute qu'a connu le viol en 2005 (5 cas soit 0,41) après une stagnation
de 2003 à 2004.
Le meurtre est l'une des infractions les plus graves et elle
est prévue à l'article 342 du Code Pénal ivoirien qui le
définit comme un homicide commis volontairement. Or l'homicide supprime
la vie d'une personne.
Selon nos enquêtés, le meurtre est une
extrême et que les auteurs de tels actes sont des malades mentaux.
L'intervalle 2003-2005 nous a permis de découvrir 6 meurtres au total
avec une montée en 2004 (4 meurtres soit 0,32 %). Ce taux paraît
insignifiant, mais cette infraction entraîne des dommages
incommensurables.
I-2- Les violences contre les biens
Dans cette deuxième catégorie, il s'agit des actes
portant atteinte à toute chose, objet d'un droit réel et de tout
droit subjectif patrimonial.
Nature des violences
|
Effectif Police 2003-2005
|
Effectif enquêté
|
Pourcentage Police (%)
|
Pourcentage enquêté (%)
|
Vols simples
|
1058
|
189
|
47,85
|
79,74
|
Vols par effraction
|
585
|
26,45
|
Abus de confiance
|
419
|
27
|
18,95
|
11,39
|
Escroquerie
|
149
|
21
|
6,73
|
8,86
|
TOTAL
|
2211
|
237
|
100
|
100
|
Tableau 4: Combinaison des statistiques
policières et les réponses des enquêtés sur les
violences contre les biens.
Les résultats du tableau nous montrent que les cas de
vols sont les plus élevés dans la ville de Grand-Bassam avec 189
cas soit 79,74 % des réponses de nos enquêtés qui le
considèrent comme faisant partie de leur quotidien. Viennent
ensuite les abus de confiance avec 28 cas soit 11,39 % aux dires
de nos enquêtés et enfin les cas d'escroquerie avec 21 soient 8,86
%.
+ Les vols
Il s'agit ici du vol simple et du vol par effraction. Les
statistiques policières et les réponses de nos
enquêtés nous permettent ainsi de constater l'acuité des
vols. Référence faite au tableau 2, 571 cas soit
45,68 % des vols sur 1250 infractions en 2004 ont été
enregistrés.
D.F. vendeur de pièces
détachées d'automobile disait : << En 2003, mon magasin a
été cambriolé trois fois dans le mois d'avril. Dans le
même mois en 2004, l'atelier de couture d'une dame et mon magasin furent
cassés en même temps. Des pagnes, des tenues appartenant aux
clients, deux machines à coudre, des batteries de voiture et plusieurs
pièces ont été volés. C'est pourquoi j'ai
enlevé la grande partie de mes marchandises ici pour les envoyer dans un
autre magasin à Bonoua.».
Enfin sur les 2211 infractions contre les biens de 2003 à
2005, 1643 soit 74,31 % cas ont été relevés ou
signalés à la police de Grand-Bassam.
+ Les abus de confiance
Par définition, l'abus de confiance est le fait d'une
personne de détourner, au préjudice d'autrui, des fonds, des
valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu'elle a
accepté à charge de rendre, représenter ou d'en faire un
usage déterminé1. A Grand-Bassam,
cette infraction selon les réponses de nos enquêtés,
à propos des infractions contre les biens : 9 soit 11,39 % d'entre eux,
soutiennent avoir été victimes une fois.
Quant aux archives policières, elles permettent de
constater que 419 soit 18,95 % d'infractions sur 2211 contre les biens sont
dues à l'abus de confiance de 2003 à 2005.Un lieutenant de police
disait : << cette infraction ne doit pas être
1- Lexique des termes juridiques, op. Cit., p16.
négligée. Elle doit être
réprimée comme le vol, le viol et autres délits.».
Selon nos sources, cette infraction émane des individus travaillant dans
le secteur des métiers informels : menuiserie, réparateur
d'appareils électroménagers (portable, VCD, radio cassette, poste
téléviseur), la couture, la maçonnerie, la
mécanique, etc.
+ Les escroqueries
C'est un délit réalisé soit par l'usage
de faux noms ou de fausses qualités, soit par l'emploi de manoeuvres
frauduleuses pour persuader de l'existence de fausses entreprises, d'un
pouvoir, d'un crédit imaginaire, ou pour faire naître
l'espérance ou la crainte d'un succès, d'un accident ou de tout
autre événement chimérique, en vue de se faire remettre ou
délivrer, ou tenter de se faire remettre ou délivrer des fonds,
des meubles ou des obligations, dispositions, billets, promesses, quittances ou
décharges, et de spolier ainsi autrui de la totalité ou d'une
partie de sa fortune1.
L'escroquerie est classée dernière des
infractions contre les biens à Grand-Bassam avec 21 cas soit 8,86 % des
réponses de nos enquêtés. Les informations recueillies
auprès du commissariat de police donnent de constater que cette
infraction est restée constante : 2003 ; 49 cas soit 4,21 %, 2004 ; 50
cas soit 4%et 2005 ; 50 cas soit 4,14 %.
I-3- Autres formes de violences
Dans cette catégorie, nous avons une multitude
d'infractions dont les plus récurrentes sont la détention et la
consommation de drogues (dures et moins dures), le trafic de fausses
pièces d'identité et de faux billets de banque. A celles-ci
s'ajoutent l'ivresse publique et quelques cas de recel.
Mais la consommation de drogue a connu une croissance ces
dernières années (2000-2005) du fait de la crise socio-politique
selon 13 % nos enquêtés.
1- Code Pénal Français (1999), Article
405, Paris, DALLOZ, p.869.
L'analyse des tableaux 1 et
2 d'une part et 3 et
4 d'autre part nous a permis de constater qu'à
Grand-Bassam, l'insécurité connaît une évolution
qu'il faut prendre au sérieux.
Aussi, les statistiques policières et les
réponses de nos enquêtés nous permettent de dire que les
violences contre les biens sont dominantes.
II- L'INSECURITE DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM
Dans cette rubrique, nous aurons premièrement les
auteurs et les victimes de l'insécurité, deuxièment les
espaces et les périodes favorables à son éclosion à
Grand-Bassam.
II-1- Les auteurs et les victimes de
l'insécurité
dans la ville de Grand-Bassam
II-1-1- Les auteurs des infractions dans la ville de
Grand-Bassam
Individus
|
Effectifs
|
Pourcentages (%)
|
Adultes (25 ans et plus)
|
153
|
25.5
|
Jeunes (moins de 25 ans)
|
381
|
63.5
|
Non précisés
|
66
|
11
|
TOTAL
|
600
|
100
|
Tableau 5 : Répartition des
auteurs des infractions selon nos enquêtés
L'enquête que nous avons menée sur le terrain a
permis de constater que 63,5 % de nos enquêtés disent que les
jeunes sont auteurs et responsables de toutes sortes de violences en
majorité ; 25 % des enquêtés affirment que les adultes (25
ans et plus) s'adonnent à des activités délictuelles,
quand 11 % des enquêtés soutiennent que l'insécurité
à Bassam est le fait des personnes non identifiées.
Selon les informations que nous avons recueillies sur le
terrain, les infractions commises par les jeunes de moins de 25 ans sont
généralement les infractions contre les biens, certaines contre
les personnes (viols, violences et voies de faits) et la consommation de
drogue.
Les adultes sont plus versés dans les attaques à
mains armées, le trafic de faux billets de banque, les fausses
pièces d'identité, l'ivresse publique, le recel...
Les non identifiés sont auteurs de l'ensemble des trois
catégories des violences que nous avons découvert. Mais ils sont
généralement auteurs des cas de meurtre.
Les auteurs des infractions à Grand-Bassam ayant
été déterminés, il nous paraît
impérieux de déterminer leurs victimes.
II-1-2- Les victimes de l'insécurité dans la
ville de Grand-Bassam
Concernant les victimes de l'insécurité dans la
ville de Grand-Bassam, aucune catégorie sociale n'est
épargnée. En effet, les victimes des attaques à mains
armées et vols par effraction sont les opérateurs
économiques (propriétaires de grandes surfaces commerciales :
Français, Ivoiriens Libanais, Mauritaniens, Maliens...), les structures
de micro finances (COOPEC, MUCREFAB), les banques, les complexes
hôteliers et les domiciles privés. Même les édifices
publics tels que les églises, les mosquées, les écoles et
les hôpitaux n'échappent à la furia des délinquants.
L'un des prêtres de l'évêché du quartier France
disait : « Nous avons été victimes à plusieurs
reprises de vol ici au sein de l'évêché. Nos aubes et
certains éléments liturgiques ont été
emportés par les bandits. A maintes reprises nos paroissiens qui
viennent aux messes de nuit furent aussi agressés par les jeunes. En
octobre 2004, ce fut le coup de grâce lorsqu'un français,
propriétaire du complexe hôtelier le WARF, fut abattu par de
braqueurs.». Quant à YOUBA, boutiquier
mauritanien, il soutient : « Cela fait plus de dix ans que je suis en
Côte d'Ivoire. C'est à Cocody à Abidjan que j'ai
commencé à vendre. Là-bas, pendant trois ans, on ne m'a
jamais volé. Mais depuis que je suis arrivé ici à Bassam,
on nous a agressé plus de cinq fois en 2000 et en 2003.Ils prennent
notre argent et des produits comme la cigarette, les thés, les boissons
et les boîtes de sardines.».
Nous notons également des cas de viol et de
consommation de drogue. Selon K.N.A. «Les jeunes filles
sont régulièrement violées les week-ends ici au bord de la
plage. Ma propre fille de 14 ans a été violée par deux
jeunes sur la plage. Pour éviter toute honte et les regards des autres
voisins, je l'ai fait partir dans une autre ville pour qu'elle continue ses
études car chaque fois qu'elle voyait pendant les week-ends des jeunes
filles en compagnie d'hommes, elle se mettait à pleurer. »
Selon nos sources d'information, la police arrête de
façon plus ou moins constante des jeunes et certains voyous consommant
ou possédant de la drogue.
Vu ce qui précède, nous retenons que les
délinquants ont fait et continuent de faire des victimes à
Grand-Bassam.
Quels sont donc les lieux qui se révèlent comme
criminogènes et quels sont les moments qui favorisent la
délinquance ?
II-2- L'insécurité dans l'espace et le
temps à Grand-Bassam II-2-1- L'insécurité dans
l'espace
QUAR TIERS
|
Belleville
|
Bongout
|
Brarnakote
|
Château
|
Congo
|
Construction
|
CAFOP
|
11A0
|
Lycee
|
Moossou
|
Mockeyville
|
Odoss
|
Petit Paris
|
Phare
|
Qtr France
|
Saint Zalla
|
Sofa
|
Veteco
|
ANNEES
|
2003
|
17
|
10
|
39
|
66
|
265
|
11
|
40
|
9
|
28
|
26
|
39
|
137
|
91
|
209
|
144
|
10
|
4
|
18
|
2004
|
23
|
22
|
66
|
69
|
376
|
10
|
35
|
3
|
33
|
58
|
18
|
108
|
42
|
200
|
135
|
9
|
20
|
23
|
2005
|
11
|
14
|
46
|
89
|
325
|
7
|
16
|
4
|
15
|
36
|
15
|
138
|
64
|
232
|
164
|
7
|
7
|
17
|
TOTAL
|
51
|
46
|
151
|
224
|
966
|
28
|
91
|
16
|
76
|
120
|
72
|
383
|
197
|
641
|
443
|
26
|
31
|
58
|
Tableau 6 : Récapitulatif des
infractions dans l'espace à Grand-Bassam
Nombre d'infractions
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Courbes descriptibles des infractions par
quartiers à Grand-Bassam de 2003-2005
Quartiers
2003 2004 2005
De nos investigations sur le terrain d'enquête et de
sources policières, il ressort que tous les quartiers de la ville de
Grand-Bassam ont au moins connu la visite des hors-la-loi ou des bandits.
Cependant, l'insécurité n'est pas vécue au même
rythme d'autant plus que certains quartiers sont plus criminogènes. Tels
sont les cas des quartiers Congo, Phare, Quartier France et Odoss qui, sur
l'ensemble des années 2003, 2004 et 2005 totalisent respectivement 966
infractions soit 26,68 % ; 641 infractions soit 17,70 % ; 443 infractions soit
12, 23 % et 383 infractions soit 10,58 % sur les 3620 infractions commises dans
cette ville.
Dans la ville et plus particulièrement dans les
quartiers les plus criminogènes, l'insécurité
résulte du manque réel d'éclairage public, mais aussi et
surtout de l'oisiveté, de la drogue qui est consommée par les
jeunes dans les nombreux endroits obscurs, isolés et les maisons
inachevées. Notre enquête nous a permis de découvrir que la
promiscuité, facteur explicatif de la pauvreté favorise aussi
l'insécurité à Bassam. B.B.JC. disait :
«Dans notre quartier au Phare, les jeunes se retrouvent dans deux endroits
que sont le `'CAMP BOIRO» et le `'LAC» pour se droguer. Il nous
arrive parfois d'entendre des coups de feu provenant de ces lieux. Quand ces
individus sont pourchassés par la police, ils se fondent facilement dans
le quartier qu'ils maîtrisent mieux que les agents de
police à cause des nombreux labyrinthes
créés par les constructions de fortune de façon
anarchique. Nous, nous sommes vaccinés contre ces choses.».
II-2-2- L'insécurité dans le temps
Moments
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Nuits
|
405
|
67,5
|
Journées
|
117
|
19,5
|
Cérémonies
|
72
|
12
|
Non précisés
|
06
|
1
|
TOTAL
|
600
|
100
|
Tableau 7 : Répartition
des infractions dans le temps selon nos enquêtés
ANNEES
|
Janvier
|
Fevrier
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
D6cembre
|
TOTAL
|
2003
|
59
|
97
|
50
|
136
|
120
|
107
|
101
|
100
|
80
|
81
|
118
|
114
|
1163
|
2004
|
116
|
82
|
103
|
144
|
74
|
98
|
107
|
101
|
88
|
118
|
89
|
130
|
1250
|
2005
|
99
|
121
|
111
|
93
|
121
|
80
|
96
|
111
|
98
|
99
|
91
|
87
|
1207
|
Nombre d'infractions
160
140
120
100
40
20
80
60
0
Courbes descriptibles de la criminalité dans le
temps par mois à Grand-Bassam de 2003-2005
MOIS
2003 2004 2005
Tableau 8: Récapitulatif des
infractions dans le temps par mois (statistiques policières)
Pour mieux cerner le phénomène de
l'insécurité dans le temps à Grand-Bassam, nous nous
sommes basés sur les périodes du jour (la nuit et la
journée) auxquelles nous avons ajouté les moments de
cérémonies qui ont lieu à ces deux périodes.
Ainsi, selon nos enquêtés et au vu des
statistiques policières, l'insécurité est plus ressentie
dans la ville de Bassam pendant les nuits soit 27,50 % : au cours de la
journée de 6 heures à 18 heures, 19,50 %. Quand les
cérémonies favorisent 12 % des infractions commises. Les 2 %
restants représentent les moments non précisés des
agressions.
Aussi, nous voudrions souligner qu'à chaque période
du jour correspond un type d'infraction.
D'abord la nuit. Elle est la période pendant laquelle sont
commis les vols par effraction, les meurtres, les attaques à mains
armées et les viols.
Ensuite la journée étant le lieu de
prédilection des coups et blessures volontaires, des violences et voies
de faits résultant de bagarres rangées et de mauvais traitements
infligés aux mineurs.
Enfin les moments de cérémonies souffrent
uniquement des cas de vol à un niveau moindre à cause d'un
système d'auto-défense important.
S'agissant des autres infractions telles que la consommation de
drogue, l'ivresse publique, le recel [...], elles sont découvertes
à tous les moments.
Par ailleurs, les résultats contenus dans le tableau
8 nous permettent de voir la variation mensuelle de la
criminalité. Il nous aide aussi à découvrir les mois et
l'année qui ont connu un grand nombre d'infractions. Sur la
période (2003-2005) étudiée, nous constatons que les mois
d'Avril, de Décembre, de Mai et d'Août sont les plus
criminogènes avec respectivement 373, 331, 315 et 312 infractions. Nous
avons pu remarquer que ces mois sont des périodes de très grandes
affluences à Grand-Bassam avec par exemple les mois d'Août et de
Décembre qui couvrent les activités culturelles des vacances
scolaires et des fêtes de fin d'année. Quant à
l'année 2004, elle s'est révélée la plus
violente
avec 1250 infractions contre 1163 en 2003 et 1207 en 2005, mais
aura été celle qui a enregistré le plus grand nombre de
meurtres : 4 cas.
De ce qui précède, nous constatons que les
diverses formes ou facettes que présente l'insécurité dans
la ville de Grand-Bassam ne sont pas différentes de celles
observées ailleurs. Mais le cas de Grand-Bassam qui est une ville
influencée par les royaumes (Abouré et N'Zima), nous remarquons
que la montée de la violence est inquiétante. Alors cela nous
amène à connaître les causes et éventuellement les
conséquences de cette insécurité.
Les changements que connaît la ville Grand-Bassam au
niveau des habitudes comportementales, structurelles aussi bien qu'au niveau
socioculturel, n'ont en aucun cas altéré certaines valeurs,
certaines croyances et pratiques traditionnelles ancestrales. C'est pourquoi
SISSOKO1 dit : « Tout groupement quel qu'il
soit a son trésor de souvenir auquel il est précieusement
attaché.». Réalité à laquelle n'échappe
pas la ville de Grand-Bassam car animée par deux types de
sociétés : la société traditionnelle et le
société moderne. Cela est bien matérialisé par
l'existence des deux royaumes (Abouré et N'Zima) et d'autres groupes
sociaux qui font que les conditions de vie des populations actuelles
constituent des facteurs extérieurs d'inadaptations sociales et sont
capables de désorienter ou fragiliser l'intégration de certains
individus.
1- SISSOKO A. (Janvier 1984), Sociologie et
changement social (Réflexions théoriques), Abidjan,
O.R.S.T.O.M., p.4.
CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INSECURITE DANS
LA VILLE DE GRAND-BASSAM
Pour comprendre la survenue de la criminalité, il nous
faut en connaître les causes. Car notre capacité à
prévoir les problèmes de demain et à solutionner ceux
d'aujourd'hui dépend largement de notre aptitude à déceler
et comprendre les facteurs qui les favorisent.
De l'avis de nombreux spécialistes, bien que beaucoup
reste à faire en ce domaine, nos connaissances actuelles sont
susceptibles de nous orienter et de nous faire progresser.
L'étude des causes d'un phénomène
consiste en la recherche des facteurs qui peuvent le déclencher, le
stimuler ou le favoriser. Ces facteurs sont multiples.
Par souci de faciliter la compréhension de notre travail,
nous avons regroupé en deux grands groupes ces facteurs :
> les facteurs généraux
> les facteurs spécifiques
I- LES FACTEURS GENERAUX
Par facteurs généraux, nous entendons tous les
facteurs qui sont présents dans toute société que nous
pouvons aussi appeler facteurs sociaux selon le mot de
DURKHEIM1.
Nous les savons nombreux c'est pourquoi nous les résumons
en trois points : > La pauvreté
> L'échec scolaire
> Les difficultés familiales.
1- DURKHEIM E. (1988), Les règles de la
méthode sociologique, précédé de «
L'instauration du raisonnement en sociologie » par Jean Michel BERTHELOT,
Paris, Flammarion.
Facteurs
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Pauvreté
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216
|
36
|
Echec scolaire
|
168
|
28
|
Difficultés familiales
|
153
|
25.50
|
Autres
|
63
|
10.50
|
TOTAL
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600
|
100
|
Tableau 9: Récapitulatif des
facteurs généraux selon nos enquêtés
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Diagramme descriptible des facteurs
généraux de
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l'insécurité à Grand Bassam
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Autres
11% Difficultés
familiale
26%
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Pauvreté 35%
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Echec scolaire
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28%
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Pendant nos investigations sur le terrain d'enquête,
nous avons remarqué à la lumière du tableau 9
traduit en diagramme circulaire, que 36 % de nos enquêtés
affirment que l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam est due
à la pauvreté, quand 28 % soutiennent qu'elle est la
conséquence de l'échec scolaire dont le taux est de plus en plus
élevé et que 25,50 % sont liés aux difficultés
familiales.
I-1- La pauvreté
A son huitième congrès tenu en 1990 à New
York (USA) sur la prévention du crime et le traitement des
délinquants, l'ONU a proposé dans sa résolution
adoptée le recensement des facteurs favorisant la délinquance.
Car selon l'ONU,
la pauvreté conduit beaucoup d'individus à la
délinquance parce que manquant de moyens ou de ressources
nécessaires pour faire face aux besoins vitaux.
A Grand-Bassam, cette situation ou ce facteur n'est pas
méconnu des populations car certains vivent dans le dénuement
total.
Les propos tenus par ABLAN M.G. ne peuvent
laisser personne indifférent : « Nous sommes quatorze dans cette
maison de deux pièces que je partage avec ma coépouse et nos
enfants qui, pratiquement, sont tous des adultes. Notre mari étant
décédé dans des situations tragiques, nous n'avons aucune
source financière pouvant nous aider à satisfaire les petits
besoins de nos enfants. Il nous arrive de ne même pas voir nos enfants
sur deux, trois jours car allant comme ils le disent eux-mêmes se
grouiller. Ils sortent à des heures indues sans que nous ayons une
idée de leur destination. Le comble est qu'ils ont tous
arrêté l'école avant la classe de sixième car nous
ne disposons pas de ressources financières pour leur scolarité.
Nous vivons dans cette situation depuis 1991.>>.
La teneur de tels propos nous dit davantage sur le manque de
moyens ou de ressources conduisant les individus à la délinquance
et donc à l'insécurité.
La rudesse des conditions de vie oblige certains parents
à pousser leurs enfants à la `'débrouillardise»
d'autant plus qu'ils n'ont plus un moyen de contrôle ou même
l'autorité requise. Aussi, le financier et le matériel qui
renforcent ses pouvoirs étant quasi inexistants, rendent impuissants les
parents qui, dès lors, paraissent agir comme une caution aux actes de
ceux-ci.
Par ailleurs T.A. dit : « Malgré
la rigueur et le sérieux avec lesquels les autorités
administratives et politiques gèrent les questions sécuritaires,
certains individus en majorité les jeunes se livrent encore à des
actes anti-sociaux et délictueux. Certains sont souvent pris dans des
fumoirs en pleine consommation de drogues et de produits solvants. Nous
trouvons cela regrettable car ces comportements annihilent tous les efforts
déployés pour juguler l'insécurité ici à
Bassam.>>.
De ce qui précède, nous pouvons dire que le
phénomène de l'insécurité dans la ville de
Grand-Bassam est en majorité dû aux conditions
socio-économiques hétéroclites. La pauvreté que
connaissent plusieurs cellules familiales met à nu l'insuffisance des
conditions essentielles pouvant garantir à toute la ville et partant
à toute la société un développement adéquat.
La pauvreté extrême des populations de Grand-Bassam s'explique
aussi bien par le chômage de la quasi-totalité de toutes les
tranches d'âge que par l'instabilité des sources de revenu dont la
rareté s'est accrue avec la situation socio politique du pays.
I-2- L'échec scolaire
2003 2004 2005
Examens
|
Inscrits
|
Présents
|
Admis
|
Recalés
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
CEPE
|
1686
|
1671
|
1071
|
64.09
|
600
|
35.91
|
Entrée en 6è
|
1895
|
1881
|
462
|
24.56
|
1449
|
75.44
|
CEPE
|
1723
|
1701
|
1463
|
86
|
238
|
24
|
Entrée en 6è
|
2010
|
1988
|
1176
|
59.16
|
812
|
40.85
|
CEPE
|
1470
|
1453
|
1259
|
86.64
|
194
|
23.36
|
Entrée en 6è
|
1728
|
1711
|
1020
|
59.61
|
691
|
40.39
|
TOTAL CEPE
|
4879
|
4825
|
3793
|
78.61
|
1032
|
21.38
|
TOTAL Entrée en 6è
|
5633
|
5580
|
2658
|
47.63
|
2952
|
52.36
|
TOTAL GENERAL
|
10512
|
10405
|
6451
|
61.99
|
3984
|
38.01
|
Tableau 10 : Résultats des
examens et concours scolaires de 2003 à 2005 à l'IEP de
Grand-Bassam (espace communal uniquement).
Dans le tableau 9, 28 % de nos
enquêtés soutiennent que l'échec scolaire reste l'une des
causes de l'insécurité de façon générale.
Selon eux, les individus qui échouent à leurs examens n'ont
aucune possibilité de réintégrer le système
éducatif dont les enseignements et les formations sont de plus en plus
inadaptés. Or CUSSON1 pour sa part soutient
que : «l'inadaptation scolaire fait partie intégrante du tableau
clinique du jeune délinquant récidiviste. Celui-ci a presque
toujours de piètres résultats académiques; il accuse un
retard sensible par rapport aux camarades de son âge, il manque
l'école, en classe, il est indiscipliné, agité et
perturbateur (...)».
1- CUSSON M. (1990), Croissance et
décroissance du crime, Paris, P.U.F., pp.53-58.
Le détour que nous avons fait pendant nos
investigations au service statistique de l'IEP de Grand-Bassam confirme
l'opinion des enquêtés sur le taux de l'échec scolaire. En
effet, sur l'ensemble de la période 2003-2005, 52,36 % soit 2952
élèves présentant l'examen de l'entrée en
sixième ont été recalés pour insuffisance de
rendement scolaire. L'année scolaire 2003 fut la plus catastrophique
avec un taux de redoublement de 75,44 % soit 1449 élèves sur 1881
candidats inscrits et présents le jour de la composition de
l'entrée en sixième.
Madame TRAORE, responsable du service
documentation à l'IEP de Grand-Bassam nous confiait ceci : « ce que
je puisse dire en plus des informations fournies, il faudrait savoir que, dans
les différents taux de redoublement dont tu disposes, y sont compris les
taux d'exclusion qui largement dépassent 50% au niveau du taux
général des candidats non admis. Puisque ton étude parle
de l'insécurité, nous avons été mes voisins et moi
volés par un groupe de jeunes parmi lesquels j'ai pu reconnaître
deux de mes anciens élèves qui furent exclus après leur
échec au CEPE et à l'entée en sixième. Et les
exemples sont multiples.>>.
Les propos de cette dame montrent jusqu'à quel niveau
l'école joue un rôle capital dans la transformation de l'individu
à travers l'apprentissage. Cet apprentissage doit tenir compte de la
caractéristique des écoles qui réussissent à
prévenir la délinquance et partant l'insécurité
selon ce que RUTTER1 appelle «THE
SCHOOL ETHOS - Le climat académique » qu'il décrit
comme suit: «Ce climat peut être décrit en quatre points:
1)- les enseignants insistent fortement sur le travail
scolaire ; 2)- ils donnent régulièrement des
devoirs et des leçons ; 3)- ils encouragent les
élèves et disposent d'un système de récompenses
pour les motiver à travailler et bien se conduire ; 4)-
ils ont recours à des mesures disciplinaires fermes et
équitables.>>. D'autre part, la contribution de
1- RUTTER et al, cité par CUSSON, in MONNET
J-C. (12 Octobre 1990) Réponse à
l'insécurité, Problèmes politiques et sociaux,
n°641, Paris, La Documentation Française, p.7.
l'école à la prévention de la
délinquance ne saurait être surestimée. L'enfant qui est
issu d'une famille criminogène peut devenir délinquant quelle que
soit l'école oü il sera envoyé. Cependant, les risques qu'il
le devienne baissent s'il se retrouve dans un milieu scolaire dont
l'atmosphère bénéficie de la présence d'une masse
de critiques de bons élèves, et oü les enseignants ont une
pédagogie valable.
Ces individus qui versent dans la criminalité après
l'échec scolaire sont victimes le plus souvent d'une absence de projet
d'insertion.
I-3- Les difficultés familiales
La famille, de la naissance à la fin de l'adolescence,
joue un rôle prépondérant dans le développement de
dispositions à la criminalité récidiviste donc l'explosion
de l'insécurité.
La négligence parentale, qu'elle soit attribuée
à des conditions de vie difficiles, au temps consacré à
gagner un revenu, à des carences personnelles ou à
l'extrême jeunesse des mères, semble constituer un facteur de
risques très élevé. Dans la mesure oü cette
hypothèse se vérifie par 25,50 % des réponses de nos
enquêtés, l'éclatement du noyau familial et l'augmentation
phénoménale du nombre de familles monoparentales formées
d'une femme ou de quelques enfants vivants sous le seuil de la pauvreté
deviennent préoccupant à moyen terme. Au sein de la famille, la
discipline s'exerce de façon incohérente ou par des
châtiments physiques excessifs, et la faiblesse des relations affectives
entre conjoints ainsi qu'entre parents et enfants, augmentent de façon
significative le risque de désadaptation et de comportements violents.
La criminalité chez un parent, l'alcoolisme ou la toxicomanie, la
présence de conflits conjugaux et surtout à l'adolescence, la
famille reconstituée sont aussi des facteurs associés très
importants.
De l'analyse qui précède, nous pouvons dire que
les difficultés familiales ont une incidence négative capitale
sur le devenir des enfants qui peuvent facilement basculer dans la
délinquance, source d'insécurité.
En somme, nos connaissances actuelles sur les moteurs de
l'insécurité, nous indiquent que les facteurs les plus importants
agissent dès l'enfance, qu'ils ont une influence durable, qu'ils mettent
en cause principalement la famille, l'école et le milieu de vie et
qu'ils se développent davantage dans un contexte de pauvreté
relative. C'est pourquoi MALANHOU1 dit : «La
pauvreté est un fléau voire la mère de bon nombre de maux
sociaux.».
II-LES FACTEURS SPECIFIQUES
Sous ce vocable, sont spécifiques tous les facteurs,
tous les moteurs qui sont essentiellement liés à la ville de
Grand-Bassam. Nous avons résumé ces facteurs en trois groupes
:
> La proximité Abidjan-Bassam
> Existence des bidonvilles avec de nombreuses maisons
inachevées > La timide réaction des FDS face aux appels de
détresse
Sur ces principaux facteurs se greffent d'autres facteurs tels
que la mauvaise qualité de la voirie, l'évolution historique et
culturelle et enfin la densité du trafic routier du fait de la voie
internationale (La Côtière) qui traverse la ville.
1- MALANHOU K. A., in Fraternité Matin
du 20 Avril 2005, CAHIER GRATUIT N°57, Campagne mondiale pour
l'éducation, p.3.
Facteurs
|
Effectifs
|
Pourcentage (%)
|
Proximité Abidjan-Bassam
|
213
|
35.50
|
Existence de bidonvilles avec de nombreuses maisons
inachevées
|
183
|
30.50
|
Timide réaction des FDS
face aux appels de détresse des populations
|
138
|
23
|
Autres
|
66
|
11
|
TOTAL
|
600
|
100
|
Tableau 11 : Récapitulatif des
facteurs spécifiques selon la population
Exitence de bidonville avec de nombreuses
maisons inachevées 30,50 %
Diagramme descriptible des facteurs
sécifiques de l'insécurité à
Grand-Bassam
Proximité Bassam-Abidjan
très criminogène 35,50 %
Autres 11 %
Timide réaction des FDS face aux appels de
détresse des populations 23 %
Les investigations menées sur notre terrain
d'enquête nous ont permis de constater que 35,50 % des personnes
interrogées affirment que l'insécurité est liée
à Grand-Bassam à la proximité de cette ville avec celle
d'Abidjan. 30,50 % d'entre eux soutiennent que l'insécurité est
due à l'existence des bidonvilles avec de nombreuses maisons
inachevées, alors que 23 % et 11 % disent
respectivement que l'insécurité réside dans
la timide réaction des FDS face aux appels de détresse et
ailleurs.
II-1- La proximité Grand-Bassam-Abidjan
Les perpétuelles mutations que connaissent les villes
africaines ne s'opèrent pas sans conséquences dommageables pour
les populations et leur bien et l'environnement. L'urbanisation ayant atteint
une vitesse de croisière sans pareille que certaines grandes villes se
sont rapprochées des villes secondaires qui en sont ou deviennent leurs
banlieues ou même quartiers. On assiste alors à un transfert de
toutes sortes de comportements, d'attitudes et de pensées, bref de
valeurs sociales des grandes agglomérations vers les villes secondaires.
Telle est le type de relations qui lie la ville de Grand-Bassam à
Abidjan (l'une des plus grandes villes africaines) qui, nul ne l'ignore demeure
très criminogène.
De notre étude sur la ville de Grand-Bassam, il ressort
des réponses de nos enquêtés, 35,50 %, que
l'insécurité dont souffre cette ville est due de façon
spécifique à la proximité d'avec Abidjan.
Selon Y.B. qui disait: <<En provenance
d'Abidjan, j'ai été dépassé par une voiture
Mercedes de couleur blanche aux environs de 16 heures au niveau du village
artisanal et qui s'est arrêtée au maquis l'Escale. A 18 H 30 mn,
le même véhicule se gare à la hauteur de mon domicile,
trois individus en descendent puis se dirigent vers mon voisin qu'ils
sûrement attendaient car il venait juste de rentrer. Quelques temps
après la voiture démarre en trombe et reprend sa direction de
provenance. Et à mon voisin de crier en vain au secours. C'était
incompréhensible et insupportable d'être agressé à
cette heure de la journée ». Ce témoignage de Y.B. nous dit
combien de fois ce rapprochement spatial peut influencer la
sécurité de Grand-Bassam.
Ces bouts de phrases extraites du quotidien FRATERNITE
MATIN1 ne font que renchérir les propos du sieur
Y.B.: <<Appréhendés avec leurs armes
1- Extrait de FRATERNITE MATIN, N°12048 du 6
Janvier 2005, p.6.
constituées de pistolets, et des objets provenant des
différents vols aussi bien à Abidjan qu'en zones sous
contrôle des rebelles [...] et dans les banlieues ainsi que les villes
comme Divo, Dabou et Abengourou [...] ces hors-la-loi après l'attaque du
WARF (un restaurant français de Bassam dont le propriétaire fut
abattu en Octobre 2004) ont mis le cap sur Abidjan.».
Les informations recueillies auprès des
autorités policières de la ville révèlent que
Grand-Bassam non seulement sert de base arrière aux criminels quand ils
sont recherchés à Abidjan (qui viennent s'y réfugier),
mais une destination prisée. Les personnes interpellées disent
profiter de la proximité avec Abidjan, du facile accès
étant donné la disponibilité de véhicules de
transport à toute heure, mais aussi à cause de la
flexibilité des contrôles routiers des FDS les week-ends et lors
des grands événements organisés dans cette ville.
Les résultats ne se sont pas fait attendre car en 2005,
Grand-Bassam fut la troisième ville la plus criminogène du pays
après Abidjan et Daloa avec 14,64 %1 des
infractions commises. Ce qui fît de Grand-Bassam la plus dangereuse des
banlieues Abidjanaise.
En définitive, les témoignages pour
établir la relation entre la proximité de Grand-Bassam avec
Abidjan et l'insécurité ne tarissent pas. Car les FDS sont
souvent informés des destinations de certains bandits.
II-2- L'existence des bidonvilles avec de nombreuses
maisons inachevées
Conséquence d'une urbanisation rapide, les bidonvilles
sont des quartiers qui relatent ou mettent en exergue le niveau de
pauvreté de la population d'une ville donnée.
L'habitat à Grand-Bassam est caractérisé
par la cohabitation à deux niveaux: premièrement les quartiers
précaires bastion des lotissements officieux et des maisons de fortunes
construites de façon anarchique (Phare, Congo et
1- Service des Statistiques Criminelles,
Préfecture de Police d'Abidjan, Année 2005.
Odoss), deuxièment les quartiers mixtes oü se
frottent luxe et précarité (Belleville, Château, France,
CAFOP et Mokeyville). Or selon DOMENACH et
GATTI-MONTAIN1 que; <<Le rythme de vie urbain, le
mode de vie citadin, aussi bien que la structuration fonctionnelle de l'espace,
ne permettent plus que se noue une relation sociale féconde. La ville
n'est plus ce lieu social oü peut s'apprendre ce rapport à l'autre
et à sa différence. Et paradoxalement, la ville éclate,
peuplée d'habitants nouveaux et différents, devient le lieu de
l'uniformisation qui ne permet plus l'expression de cultures différentes
sauf sous forme violente. Exaspération et frustration naissent à
l'asservissement au rythme urbaine.».
Ce rythme de vie à deux vitesses que connaît la
ville de Grand-Bassam ne reste pas sans avoir de conséquences sur la
sécurité. D'abord les quartiers précaires oü nous
avons découvert un nombre important de maisons inachevées et des
cours communes nous permettent de soutenir que non seulement ces lieux qui sont
mal éclairés servent de cachette aux bandits et de fumoirs des
drogues, mais aussi des milieux oü les querelles entre familles sont
multiples. La majeure partie des infractions relevées par la police dans
ces bidonvilles est des cas de coups et blessures volontaires, détention
et consommation de drogues, violences et voies de faits et quelques cas de
vols.
Quant aux quartiers mixtes, ils sont l'objet des vols contre
les biens, les attaques à mains armées, les meurtres et viols.
Ces endroits ont en grande partie leur population jeune et sans emploi. Ainsi
sont-ils tentés par ce luxe apparent du voisinage qui ne laisse
indifférent tout individu.
Un détenu nous confiait: <<Si je suis ici, c'est
parce que mes amis et moi avons agressé notre voisin et ses enfants un
soir au Château, car ils font le malin. Nous, on se cherche et puis eux,
ils viennent tous les jours ici avec de nouvelles chaussures, des portables et
CD baladeur. Leurs parents sont boss et nous on crèche et on dort dans
des << cicobois ». Donc on les attaque pour prendre
1- DOMENACH C., GATTI-MONTAIN J. (1986), Commune et
sécurité, France, les Editions Ouvrière, pp.6-9.
l'argent, les portables et autres objets que nous revendons
». Le discours de ce jeune homme nous instruit sur
l'insécurité qu'engendrent la vie de misère et les
comportements qui se développent dans les bidonvilles.
En définitive, la ville de Bassam est une ville qui, si
elle réussit à faire disparaître ses bidonvilles qui
constituent de véritables refuges des bandits qui lorsqu'ils sont
traqués à Abidjan ou ailleurs, renouera avec la
sûreté que tout individu recherche. Il faut donc une
volonté réelle selon laquelle : « pour changer de politique,
il ne suffit pas de décréter. Il faut aussi préparer les
populations cibles et agir ensuite.»1.
II-3- La timide réaction des FDS face aux
appels de détresse des populations
L'étude que nous avons menée sur
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, nous a permis de
constater selon nos enquêtés, la passivité avec laquelle
les FDS traitent les faits s'attachant à la sécurité des
biens et des personnes.
K.A.I., couturière, disait : « Je
suis à quelques mètres du commissariat et puis mon atelier et mon
magasin ont été attaqués sans même que les policiers
ne réagissent. Il arrive des fois ou votre ami ou voisin de quartier est
agressé, vous aurez téléphoné en vain car personne
ne décrochera. Si vous avez eu la chance d'avoir quelqu'un au bout du
fil, c'est pour vous rabrouer et vous aurez attendu pour rien. Avec de tels
comportements où ira notre police et partant quelle
sécurité aurons-nous ? ».S'interroge-t-elle à la fin
de la misère qu'elle a vécue.
Par notre tentative de vérification de tels propos, ce
fut un débat bien plus un procès contre les populations qui selon
certains agents occupent les lignes téléphoniques pour raconter
des bêtises.
L'analyse des causes générales et
spécifiques de l'insécurité nous a amenés à
la découverte des conséquences qui en découlent.
1- BENKINOU P., Impact médecin,
Hebdomadaire N° 386 du 21 Novembre 1997, Bruxelles, Edition LUPUS, p.3.
CHAPITRE II: LES CONSEQUENCES DE
L'INSECURITE DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM
Dans ce chapitre, il ne sera pas question de présenter
de façon exhaustive les conséquences de
l'insécurité c'est-à-dire les résultats de tout
comportement déviant ou criminel des individus. Il s'agit de montrer
l'impact de l'insécurité sur l'organisation de la vie dans son
ensemble à Grand-Bassam (vie sociale, économique,
psychologique).
Dans le cadre de notre étude, nous avons pu identifier
quatre grands points essentiels:
> La naissance et la montée de la méfiance
> La naissance et la montée de la peur
> Les conséquences familiales
> Les conséquences économiques
Conséquences
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Méfiance
|
213
|
35.50
|
Les conséquences économiques
|
153
|
25.50
|
Peur
|
147
|
24.50
|
Conséquences familiales
|
78
|
13
|
Autres
|
9
|
1.50
|
TOTAL
|
600
|
100
|
Tableau 12: Récapitulatif des
conséquences de l'insécurité à Grand-Bassam selon
les enquêtés
A partir des résultats contenus dans notre tableau
12, nous constatons que 35,50 % de nos enquêtés
soutiennent que l'insécurité contribue à la naissance
et
à la montée de la méfiance, tandis que
25,50 % d'entre eux affirment qu'elle entraîne des conséquences
économiques. Aussi pour certains, 24,50 % de nos enquêtés,
l'insécurité favorise la naissance et la montée de la
peur. Enfin 13 % considèrent que l'insécurité a des
conséquences sur la famille.
I-NAISSANCE ET MONTEE DE LA MEFIANCE
ET MONTEE DE LA PEUR
La naissance et la montée de la méfiance et de la
peur observées chez les populations de Grand-Bassam résultent du
sentiment d'insécurité généralisé.
I-1- La naissance et la montée de la
méfiance
La méfiance peut être définie comme
l'attitude d'esprit d'une personne ayant la crainte d'un perpétuel
risque ou danger.
Au regard des résultats obtenus lors de notre
enquête, l'on peut expliquer la naissance et la montée fulgurante
de la méfiance au sein des populations de Grand-Bassam par deux facteurs
principaux. Il y a la croissance brutale qu'a connue la population en nombre et
en variété d'individus (assurément la résultante
des déplacements de populations du fait de la guerre), mais surtout le
niveau de la sécurité des citoyens qui se serait
détérioré ces dernières années.
En effet, les 35,50 % de nos enquêtés soutiennent
que leur méfiance vis-à-vis de leurs concitoyens prend son
origine dans le fait que nombreux sont ces nouveaux venus qui sont
méconnus d'eux aux plans physique et comportemental. Or il n'est
nullement aisé de cohabiter avec des étrangers dont on ignore
pratiquement tout (il est impossible de faire fonctionner la
société sans confiance). Mais, il faut reconnaître avec
MOSER1 que « Les citadins se
caractérisent par un certain nombre de comportements spécifiques
de repli sur soi. La confiance en autrui est moindre en ville, et les individus
lient moins facilement connaissance avec les étrangers.».
1- MOSER G. (1992), Les stress urbains, Paris,
Armand Colin.
Pour cette frange de la population, la méfiance qui
découle du niveau de sécurité est la conséquence du
désistement volontaire des FDS à accomplir leur tâche.
C'est dans cette perspective que I.M. affirmait: «Ici
à Bassam, on se méfie beaucoup des gens car souvent même ce
sont des hommes en tenue militaire qui nous volent avec des armes de dotations
policières et militaires. Ces derniers temps, nous avons de plus en plus
peur.>>.
I-2- La naissance et la montée de la peur
La peur est un sentiment violent causé par un danger
réel ou supposé. La peur actuelle au sein des populations de
Grand-Bassam résulte d'une dégradation de la
sécurité réelle, mais aussi de la psychose
créée par la rumeur entretenue par les témoins d'une
agression. Selon certains de nos enquêtés, il leur est difficile
de fréquenter certains quartiers de la ville quel que soit le moment de
la journée étant donné que ces quartiers sont au quotidien
le théâtre de toutes sortes d'infractions et de violences. Or pour
ROCHER1, «Le sentiment
d'insécurité est un processus de lecture du monde environnant. On
le saisit chez les individus comme un syndrome d'émotions (peur, haine,
jalousie) cristallisées sur le crime et ses auteurs. Comme toute
lecture, le sentiment d'insécurité est réducteur.
Voilà sa fonction : mettre le désordre en ordre, proposer des
causes et donc des solutions à son existence, rendre
compréhensible.>>. C'est pourquoi certaines populations ont
bâti des barricades autour de leurs domiciles avec par endroit des
barbelés électroniques. Ces actions traduisent pour eux le
désir de juguler la peur d'être victime des bandits selon le mot
de SEMELIN2 « Il faut frapper avant
d'être frapper.>>.
Mais il faut noter que la peur à Grand-Bassam est plus
ressentie chez les non victimes que chez les victimes d'autant plus qu'ils
pensent être les prochaines cibles des délinquants.
1- ROCHER S. (1993), Le sentiment
d'insécurité, Paris, PUF, p.20.
2- SEMELIN J. (Hiver 2000), Qu'est-ce que le crime de masse ?
: Le cas de l'ex-Yougoslavie., Paris, Variations, Critique Internationale
n°6, p 150.
II- LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE SUR LES FAMILLES
La famille est la cellule de base de toute
société humaine. Elle contribue à l'équilibre
émotionnel de l'enfant qui se construit déjà pendant la
grossesse et les premiers mois de la vie. Elle a un impact capital sur la
réaction comportementale de l'individu dès la naissance
jusqu'à l'adolescence. La famille donne la philosophie de base de la vie
et la formation harmonieuse de la personnalité de tout individu. C'est
le lieu oü l'on découvre aussi un système complexe
d'échanges, d'influences et de communications entre ses composantes.
Dans ce système, ce sont soit la soumission, l'amour et
l'autorité qui régissent les rapports des membres qui peuvent se
traduire en défiances qualitatives ou en défiances
quantitatives.
Analyser les conséquences de l'insécurité
sur les familles nous conduira à voir les deux niveaux la composant :
les parents et les enfants.
II-1- Les parents
La négligence parentale, qu'elle soit attribuable
à des conditions de vie difficile, au temps consacré à
gagner un revenu, à des carences personnelles ou à
l'extrême jeunesse des mères, semble constituer un facteur de
risque très élevé pouvant pousser les enfants à la
délinquance.
L'absence du père ou de la mère,
l'incapacité de ceux-ci à garantir la sécurité de
leur progéniture ou imposer leur autorité au sein de cette
institution peut conduire au dysfonctionnement de celle-ci et du coup, l'on
assistera à son déclin.
Dans la famille, les parents sont les gardiens de la
discipline. Mais il nous est arrivé de constater au cours de notre
recherche que celle-ci s'exerçait de façon incohérente ou
par des châtiments physiques excessifs, et que les relations affectives
entre conjoints ainsi qu'entre parents et enfants connaissent une
dégradation importante. Ce qui a d'ailleurs augmenté
significativement le risque
de désadaptation et de comportements violents chez
certains enfants. L'alcoolisme ou la toxicomanie chez un parent peut
créer au sein de la famille des tensions, une certaine
déstabilisation ou un déséquilibre.
La mère qui est le symbole de l'amour peut après
dislocation de la cellule familiale se remarier (à un autre homme) tout
comme le père garant de l'autorité. Ce qui peut créer une
désintégration des enfants du fait des multiples flux
d'ingrédients éducatifs si ceux-ci sont mal
appréciés.
En somme, ces différents éléments
énumérés sont autant de facteurs susceptibles de
contribuer à la destruction de la cohésion sociale car fabriquant
des délinquants s'attaquant aux normes et règles régissant
la société.
II-2- Les enfants
Il est indéniable que les comportements criminels des
membres d'une famille ont des influences sur chacun. Mais les plus
exposés sont les enfants (dès la conception à
l'adolescence). VERWILGHEN1 disait: <<Notre
objectif triennal est le renforcement de la sécurité des biens et
des personnes. Cependant, nous avons à tenir compte d'une frange de
notre population qui déverse de plus en plus dans la délinquance
: la jeunesse issue des familles disloquées et toxicomanes des quartiers
défavorisés et consommatrices de drogues.>>. Pour cet
expert belge, les enfants délinquants souffrent pour une bonne part d'un
manque d'affection et de la mauvaise qualité de leur milieu de vie dont
il faut désormais tenir compte. Dans cet ordre d'idées
Jacques et Valérie D. POUJOL2 soutiennent
à ce propos : << La haine, les traumatismes et l'angoisse
extériorisés par le Prophète Moïse à son
adolescence et à sa jeunesse dérivent de l'amour maternel dont il
n'a pu bénéficier et de la crise identitaire à laquelle il
était confronté. >>.
1- VERWILGHEN M. (2000-2003), Plan de
sécurité, Belgique (Bruxelles), Ministère de la
justice du gouvernement fédéral, pp.8-9.
2- Jacques et Valérie D. POUJOL. (2003), Les 10
clés de la vie spirituelle, France, Ed. Empreinte Temps
Présent, p.28.
Il faut donc qu'un enfant ayant son père et mère
délinquant et vivant avec des frères délinquants ne soit
pas de prime abord mis en marge dans toute politique sociale. Etant entendu
qu'il a bénéficié d'une éducation compromise, ses
résultats scolaires seront mauvais et s'ensuivront dès lors
l'échec, le renvoi et la fin brutale de la vie scolaire.
III- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES DE L'INSECURITE
La croissance économique à laquelle tout Etat
aspire ne peut éclore et s'épanouir que dans un climat, un
environnement où est assurée à chacun la
sécurité d'existence. BERNADIN1
affirmait : << La sécurité est une condition de la
croissance économique mais aussi de l'activité des territoires.
C'est une question qui doit être traitée sans a priori, au plus
près des réalités du terrain ».
La nécessité d'une prise en compte globale de la
sécurité doit avoir pour objectif principal l'encouragement des
investisseurs et opérateurs économiques.
L'insécurité, nous l'avons remarqué sur notre terrain
d'enquête, a fortement contribué non seulement au ralentissement
de l'activité économique, mais aussi a freiné l'ardeur de
nouveaux investisseurs. Un responsable du complexe hôtelier Le WARF au
quartier France disait : <<Notre chiffre d'affaires a connu une
régression ces trois dernières années depuis que le
fondateur de ce complexe a été abattu ici par des bandits
fortement armés ». Or, nous ne saurions occulter le fait que ce
sont les taxes, les impôts payés par ces investisseurs qui
permettent à la municipalité d'améliorer le niveau et le
cadre de vie des populations de Grand-Bassam.
Par ailleurs, l'insécurité pose aussi le
problème de l'éducation de façon générale
d'autant plus que les délinquants foulent au pied, les normes et
valeurs
1- BERNADIN J-F. (1997), Sécurité des
entreprises, une affaire de société, (Rapport Peyrefitte),
Paris, Documentation Française-Presse Pocket, p.14.
sociales en s'attaquant aux biens des autres. Quel exemple
constituera un parent alcoolique, drogué, prisonnier et malhonnête
pour ses enfants ?
L'impulsion dont bénéficie une économie
passe bien évidemment par la qualité des hommes qui la
conçoivent et la projettent. Il est inévitable que la mauvaise
éducation pèse lourd sur la société et par ricochet
provoque un déséquilibre social qui se traduit par des remous
sociaux en l'absence de règles de base.
En définitive, le manque de confiance réduit
l'investissement, la croissance et la rentabilité des projets de
développement car les investisseurs réagiront par des
comportements divers qui sont tous préjudiciables à
l'économie de la ville et au-delà celle du pays.
Au terme de notre étude sur le phénomène
de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, il s'impose
à nous le devoir de faire des propositions de mesures qui pour notre
part sont susceptibles d'aider à la réduction de
l'insécurité croissante et les conséquences qui en
découlent sur les populations.
Pour ce faire, nous avons regroupé nos propositions en
deux grands chapitres qui, pour l'essentiel, sont des mesures
préventives :
> Mesures préventives spécifiques à la
ville de Grand-Bassam,
> Mesures préventives de l'insécurité au
plan national.
CHAPITRE I : PROPOSITIONS DE MESURES
SPECIFIQUES A LA VILLE DE GRAND-BASSAM
On sait, en effet, que les auteurs des actes délictueux
ou d'infractions obéissent à une certaine rationalité et
que de nombreuses situations constituent de véritables aubaines pour
eux. Dans une optique préventive, nous verrons les mesures
socio-économiques et culturelles et les actions municipales liées
au ralentissement et à la réduction de la criminalité.
I-LES MESURES SOCIO-ECONOMIQUES ET CULTURELLES ET
RAPPORT POPULATIONS-FDS DANSLA LUTTE CONTRE L'INSECURITE
I-1- Amélioration des conditions
socio-économiques et culturelles des populations
Si la prévention doit être
considérée comme prioritaire lorsqu'elle concerne la
délinquance émanant des groupes de populations vivant dans une
extrême pauvreté, des difficultés familiales, des
échecs scolaires, du rapprochement des grandes villes d'avec leurs
satellites et à configuration géographique de celles-ci,
productrices de populations marginalisées, il faut souvent trouver la
cause dans les bouleversements liés à la crise économique
et sociale. Laquelle crise a pendant longtemps ébranlé le
modèle de l'Etat-providence qui a régulé ou
géré notre société.
En effet, la réponse au chômage brutale qui
touche les jeunes peu qualifiés que qualifiés et qui les
installent dans une spirale d'exclusion les privant de tout espoir d'un monde
meilleur ou d'un avenir certain, doit être pratique et concrète.
Il faudra d'abord que soient améliorées les conditions
socio-économiques de leurs familles. Ensuite sensibiliser les
populations sur la nécessité de la sauvegarde des normes et
valeurs régissant leur société. Car le sentiment
d'insécurité exprimé par les citoyens naît bien
évidemment de la perte du lien
social, de la solitude (la marginalisation) de
l'individualisation et de l'absence d'identité culturelle.
L'Etat devrait mettre en action un programme d'urbanisation et
mener une politique de développement équilibré entre les
villes satellites et les grandes agglomérations. Ce qui permettra aux
populations de ces localités de bénéficier des atouts
socio-économiques de leur milieu de vie habituel et auront ainsi des
ressources financières nécessaires qui donnent accès
à l'éducation et aux services de santé.
Au-delà d'un tel programme, les populations devraient
par elles prendre conscience de leur situation en étant plus
imaginatives. C'est-à-dire qu'avec le soutien des autorités
locales de la ville de Grand-Bassam, elles doivent s'unir et initier des
projets de développement capables d'accroîtrent leurs revenus et
leurs moyens financiers. L'amélioration des conditions
socio-économiques passe obligatoirement par la conception de projets
fiables jusqu'à leur réalisation. Il faut donc :
· Favoriser l'assainissement de la ville de
Grand-Bassam,
· Encourager les populations aux activités
économiques
· Permettre aux couches défavorisées d'avoir
accès à des financements pour s'insérer dans leur secteur
de choix.
L'amélioration des conditions culturelles des
populations doit essentiellement consister en l'instruction et la
sensibilisation de celles-ci afin qu'elles puissent accéder à un
niveau minimum de compréhension des valeurs que dégagent leur
ville au travers de la cohabitation du moderne et du traditionnel.
Au niveau de l'instruction, il faut que la population sache
lire et écrire afin qu'elle soit à l'abri de toutes sortes de
contingences négatives. Les comportements anti-sociaux de certains
individus résultent pour la plupart de l'ignorance totale des normes et
valeurs en vigueur dans leur société. C'est
pourquoi le Prophète OSEE1
dira en ces termes: « Mon peuple est détruit parce qu'il lui manque
la connaissance. ». Les parents et toutes les populations de Bassam
doivent s'approprier le programme gouvernemental relatif à la formation
de base obligatoire et coopérer en envoyant leurs enfants sur le chemin
des écoles, qui jusqu'à preuve de contraire reste la voie
idéale capable de leur garantir une chance d'insertion sociale et
professionnelle.
S'agissant du volet de la sensibilisation, il doit être
l'oeuvre des médias dont l'évolution à imprimer aux
mentalités des populations des modèles plus ou moins parfaits.
L'apport des médias devrait consister en la diffusion d'images et
d'informations dont le contenu serait capable d'équilibrer tout
individu, mais aussi de lui permettre de vivre en harmonie avec ses semblables
ou concitoyens. Ainsi, tout individu se verra dans l'obligation d'abandonner sa
sous-culture et intégrer la culture générale à
laquelle il est appelé. Animées donc d'une volonté commune
contre la criminalité que dégageait leur ignorance, les
populations pourront désormais associer leurs compétences
à celles des FDS.
I-2- La collaboration population-FDS
Il nous est arrivé de constater pendant notre
enquête, l'hostilité de certaines communautés face à
nos investigations. Cette attitude nous a permis de découvrir la
volonté mutuelle des populations de régler les questions de
délinquance en interne c'est-à-dire au niveau de leur
communauté.
Même si sur le plan collectif il est
démontré que l'étendue du contrôle social informel
influe sur les niveaux de délinquance et que celui-ci est largement
tributaire du niveau de cohésion communautaire, il faut que les
populations s'imprègnent de la réalité moderne du moment.
Elles devront donc en faisant abstraction de toute volonté manifeste de
freiner les enquêtes, dénoncer et informer les FDS des agissements
délinquants des leurs. Les populations
1- Prophète OSEE, La Sainte Bible
(Traduction Louis SEGOND) (2003), Alliance Biblique Universelle, Chapitre 4
versets 6, p.838.
devraient servir d'indic même et au pire des cas
conduire les auteurs des actes criminels aux FDS.
En effet, pour CUSSON1, <<
Tout être humain, sauf s'il est détaché de tout, s'efforce
de limiter les risques de victimisation [...] par un ensemble de mesures non
violentes prises ». Mais ce droit d'autoprotection, ne doit en aucun cas
servir de prétexte pour obstruer ou entraver l'action policière.
La notion de collaboration population-FDS est donc une innovation
indéniablement conçue pour une maîtrise efficace du
phénomène de la criminalité.
Les FDS quant à elles ne doivent pas seulement se
limiter à des manoeuvres physiques destinées à dresser des
obstacles sous les pas des criminels en puissance, à augmenter pour eux
les risques d'être pris et à réduire les
bénéfices du délit. Elles doivent, à l'image de la
Gendarmerie Royale du Canada << poursuivre ses activités
préventives et de lutte contre la criminalité principalement par
l'information et la sensibilisation auprès des jeunes sur le
problème de la consommation des drogues illicites et auprès des
parents la conduite d'un programme rationnel
d'éducation.»2.
II- DES ACTIONS DE LA MUNICIPALITE
DE GRAND-BASSAM
Réunis à Paris pour partager leurs
expériences et déterminer les moyens de mise en oeuvre de la
déclaration de Montréal sur le programme << Pour des villes
plus sûres », plus de 1600 maires, conseils municipaux, responsables
du développement social et représentants des pouvoirs publics ont
souligné la nécessité de développer des
activités de prévention de la délinquance. Ils ont mis en
évidence le fait que la diminution des occasions de délinquance
et le développement social ont déjà donné des
résultats probants qu'il faut sauvegarder et accroître. C'est en
nous fondant sur les expériences contenues
1- CUSSON M. (2000), La Criminologie, Paris, ed.
Hachette, p.115.
2- Rapport de la table ronde sur la prévention de la
criminalité : une revue des expériences en prévention au
Québec (1993), Gouvernement du Québec, Chapitre 6, p.3.
dans cette conférence que nous faisons deux
propositions : l'une consiste pour la mairie à encourager la formation
des jeunes aux métiers qualifiants et l'autre à l'adoption d'une
politique urbaine.
II-1- Encourager la formation des jeunes aux métiers
qualifiants
Constituant la force vive et l'avenir de toute
société, la jeunesse est de plus en plus livrée à
elle-même sans formation et sans emploi. Or, nous savons que
l'oisiveté qui résulte d'une telle condition sociale est
mère de vices tels que les vols, la consommation de drogue, les attaques
à mains armées et toutes sortes d'autres violences. Ceux qui
parmi les jeunes ont intégré le monde professionnel exercent des
métiers à rendement peu fiable. C'est pourquoi la mairie devrait
mettre en place un programme d'assistance et d'aide à la jeunesse de
l'espace communal après un recensement en tenant compte des acquis et
aspirations de ceux-ci.
Sur cette base donc, la mairie procédera à
l'encouragement des jeunes d'une part à s'intéresser aux
métiers qualifiants comme la maçonnerie, la menuiserie, la
mécanique, la couture, la coiffure en particulier pour les
déscolarisés et d'autre part au renforcement des capacités
de ceux qui ont déjà un emploi ou un métier. La
réussite d'un tel objectif suppose un partenariat conséquent
entre la municipalité et les associations de jeunesse, mais
également le soutien des parents, des institutions de
développement et l'Etat à qui incombe cette tâche en
général.
Par ailleurs, la municipalité ne doit pas ignorer la
condition sociale des familles démunies et laisser pour compte les
mères commerçantes ou vendeuses. Ces dernières pour notre
part doivent créer plusieurs coopératives gérées
par elles mêmes après avoir bénéficié d'une
formation préalable auprès des experts sous la houlette de la
mairie.
Nous proposons aussi que ce programme prenne en compte tous
les habitants de la ville quel que soit leur appartenance politique, ethnique,
religieuse et raciale.
Enfin, il faut une grande sensibilisation de toute la
population pour qu'elle s'adonne à toutes sortes d'activités
économiques aussi bien dans la ville de Grand-Bassam qu'en dehors.
D'où la nécessité de conquérir d'autres
marchés de travail hors de leurs lieux de résidence.
En tout état de cause, ce programme de formation et
d'insertion de la jeunesse de Grand-Bassam devra obéir et s'inscrire
dans les grandes lignes de la politique préventive de la
criminalité juvénile de l'Etat.
II-2- Adoption d'une politique d'urbanisation
Selon DELUCHEY1, « La trop
grande désorganisation des grandes agglomérations (Favelas) du
Brésil est le moule qui a donné du ferment à
l'insécurité dans ce pays. Il fallait donc procéder
à la rénovation au plan urbain de toutes les villes pour ainsi
épargner aux milieux ruraux en développement de subir le
même sort ». Le constat de cet auteur est clair et net d'autant plus
que les villes des pays en voie de développement et en particulier les
villes satellites de la Côte d' Ivoire dont Grand-Bassam fait partie ne
sont pas exemptes de cette réalité. Nous proposons donc qu'une
nouvelle politique urbaine prenant en compte la voirie, l'éclairage
public et le logement d'un côté et un plan directeur de la ville
de l'autre soit adopté.
En ce qui concerne le plan directeur, nous encourageons la
municipalité à suivre et poursuivre les mesures qu'elle a mis en
place au niveau des quartiers Mockeyville et IIAO qui offrent beaucoup de
clarté quant à leur structuration. Ainsi, nous proposons que
soient organisés sur le modèle de ces deux quartiers
1- DELUCHEY J-F.(Septembre 2003), Lusotopie,
Nouvelles approches de la sécurité urbaine au Brésil :
l'exemple de BELEM DO PARA (Amazonie orientale), Paris, Ed. IHEAL,
pp.351-364.
tous les autres que comporte la ville. Mais une politique et
un accent particulier doivent être mis sur les quartiers Phare, Congo,
Bramakoté, Odoss et Petit-Paris.
En effet, non seulement ces quartiers sont mal
organisés, ils ne bénéficient pas d'un assainissement des
ordures ménagères et des eaux usées. Comme nous l'avons
déjà évoqué, ces quartiers sont des zones fortement
criminogènes. Il y a donc urgence d'action de la part de la
municipalité qui pourra par le biais des sociétés
immobilières faire construire de nouveaux logements corrects et bon
marché.
Quant à la qualité de la voirie et du
problème de l'électrification que connaît la ville de
Grand-Bassam, nous proposons que soit mis en oeuvre un vaste projet de
profilage et de réhabilitation des voies principales et secondaires. Il
est impérieux pour la municipalité d'agir le plus rapidement
possible dans ce sens afin de permettre aux FDS d'avoir accès à
tous les endroits suspects et à être présents aux
côtés des populations. La voirie étant un moyen important
de déplacement, il importe qu'elle soit accompagnée d'un
programme d'électrification de pointe.
La ville de Grand-Bassam, nous pensons, doit accroître
son électrification pour donner de la quiétude aux
opérateurs économiques, aux habitants sans oublier les touristes
la nuit tombée car nombreux sont ceux qui interviennent ou travaillent
à cette heure de la journée. Il convient de pallier cette
injustice qui est souvent pourvoyeuse de comportements anti-sociaux. Dans cette
optique, ANTON de Plessis1 affirmait : « Nous
avons laissé se développer dans nos cités des sous zones
caractérisées par de fortes concentration de jeunes
marginalisés, des familles vulnérables avec des habitants
dépourvues de toutes les commodités minimum comme l'eau potable,
des routes régulières et électrifiées. Nous devons
certes regretter les crimes et délits qui y sont récurrents du
fait de l'insécurité quasi-totale dans laquelle elles baignent et
de la promiscuité. Mais
1- ANTON de P. (Mai 2006), La
sécurité humaine en milieu urbain : Défis et
possibilités, Canada, MAECI, pp. 74.
des mesures vigoureuses doivent être prises pour
réparer cette injustice qui engendre l'insécurité
».
CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES
AU PLAN NATIONAL
Au carrefour des mutations sociétales et de la
volonté politique, la reforme du secteur sécuritaire et du
système éducatif a de nombreuses dimensions.
I- AU NIVEAU DES AGENTS DE SECURITE I-1-
La construction de cités pour les FDS
Nous avons relevé lors de notre recherche que la
majorité des agents des FDS logeait à Abidjan non pas par simple
envie, mais pour des raisons liées au manque de logements
baillés. Ce qui d'ailleurs n'est pas fait pour faciliter leur
regroupement en cas d'urgence et leur permettre d'être en permanence aux
côtés des populations victimes à maintes reprises
d'agressions.
Pour venir à bout de ce genre de difficultés,
nous pensons qu'il est judicieux pour l'Etat de construire dans toutes les
villes du pays des cités destinées aux FDS, afin de les maintenir
sur leurs lieux d'affectation. Ce projet, il faut le dire est très
important car il facilitera le regroupement familial et particulièrement
celui des troupes des FDS en cas d'urgence. A long terme, il permettra à
l'Etat d'avoir des gains quant aux baux alloués aux logements des agents
des FDS et réduire en partie sa dette.
I-2- L'équipement des FDS
« Le droit du citoyen à la sécurité
impose aux pouvoirs publics de ne plus différer son engagement dans le
lutte contre l'insécurité »1. De
cette maxime découle l'urgence pour l'Etat de répondre aux
attentes des citoyens en ce qui concerne leur sécurité et celle
de leurs biens.
Mais des agents de sécurité en nombre
insuffisant et dépourvus de moyens conséquents pour assurer cette
tâche ne pourront réagir promptement face aux
1- SECRETARIAT DU PARLEMENT DE L'EST ET DE LA
COORDINATION GENERALE (SEPLANPARA) (1995), Plan pluriannuel de
sécurité 1996-1999, BELEM (Brésil), pp. 46-53.
appels de détresse des populations. En cela, l'Etat
doit former en quantité qualitative des agents destinés au
maintien de l'ordre public (la police) et à la gestion quotidienne de la
sécurité. NEPOTE1 renchérit en
ces termes : « La prévention et la répression de la
criminalité ne pourront jamais être convenablement assurées
sans l'homme policier, riche d'intelligence, de technicité, de foi en
son métier, pénétré du sens de
l'intérêt public tenace dans sa mission et présent au
milieu des populations ». Il s'agira de donner à ces agents tous
les rudiments intellectuels (connaissances générales et
spécifiques en la matière) et techniques (usage des armes et du
matériel de communication). Cette politique devra se poursuivre en
dotant de moyens modernes de pointe à toutes les unités
(spécialisées et ordinaires) chargées de lutter contre la
criminalité sous toutes ses formes. La police devra donc disposer
d'engins roulants, de communication ultra sophistiquée et des armes
conventionnelles. L'action de l'Etat doit également se manifester par
l'octroi de salaires et des primes d'encouragement aux agents des FDS.
L'objectif que l'Etat doit viser, nous pensons se définit
en trois points :
· La recherche et l'amélioration de
l'efficacité du dispositif de sécurité publique afin de
répondre plus directement aux attentes des citoyens ;
· Encourager la participation des citoyens et de la
société civile organisée à la gestion de la
sécurité publique afin de résoudre l'inadéquation
entre priorités policières et priorités des citoyens en
matière de sécurité et d'imposer un peu plus de
transparence dans la gestion d'un secteur d'action publique longtemps maintenu
dans l'opacité ;
· Renforcer le contrôle des activités
policières, à la fois pour assurer leur efficacité et pour
éviter les pratiques déviantes et récurrentes des
policiers dans l'exercice de leur service public (privation, corruption,
racket, abus d'autorité, usage abusif de la violence...).
1- NEPOTE J., op. Cit. p.12.
L'équipement des FDS devrait par ailleurs s'inscrire
dans un plan à long terme de lutte contre la criminalité donnant
l'orientation générale de l'Etat dans ce secteur. Etant
donné que nous assistons à une floraison de
sociétés privées de gardiennage et de
sécurité, l'Etat envisagera des dispositions organisant ce
secteur et veillera à leur application effective.
II- DE LA REVISION DU SYSTEME EDUCATIF ET DE
L'ADOPTION D'UNE POLITIQUE D'IDENTIFICATION II-1- De la révision
du système éducatif
De la recherche que nous avons conduit dans la ville de
Grand-Bassam, il découle que la majeure partie des auteurs des
déviances sociales sont des déscolarisés. Ces jeunes ont
été éjectés du système sans avoir atteint la
fin du cycle primaire. Ces résultats sont aussi constatés au plan
national. Il faut donc que l'Etat repense le système éducatif.
C'est pourquoi nous croyons que l'Etat devrait poursuivre tous les programmes
et projets entamés depuis 1990 (Programme de Valorisation des Ressources
Humaines-PVRH période 1998- 2010 : phase 2), le Plan National de
Développement de l'Education et la Formation). Le succès de ce
chantier capital implique que l'Etat fasse des investissements pour
résoudre le problème de l'insuffisance des infrastructures et du
personnel.
L'éducation étant l'action exercée par
des générations adultes sur celles qui ne sont pas encore
mûres pour la vie sociale, l'Etat doit en conséquence aussi
confier ce secteur à des personnes et à des institutions
sûres de susciter chez l'être (à lui confier) les
états physiques, intellectuels et moraux utiles à la
société.
Les politiques d'éducation, d'alphabétisation
et de formation ont certes permis d'avoir quelques acquis. Mais il serait
encore plus opportun pour les différents acteurs de travailler en
synergie afin de mieux cibler les programmes entamés.
Ainsi donc, certaines actions d'envergure restent à
renforcer, notamment recycler les enseignants afin d'améliorer la
rentabilité interne du système éducatif, lutter contre les
retards de scolarisation et de redoublement, suivre le programme école
obligatoire, mettre l'accent sur le recrutement de nouveaux enseignants, et
renforcer enfin la formation professionnelle.
C'est au prix d'un sacrifice qui tienne compte de ces
données que le système pourra fournir à la
société ivoirienne des hommes et femmes pures et exemptes de tout
reproche criminel.
II-2- De l'adoption d'une politique d'identification
Combattre l'insécurité sous toutes ses formes
demande la prise d'une multitude de mesures appropriées qui doivent
être actualisées. Nous proposons que soit mise en place une
nouvelle politique d'identification aux fins de maîtriser les mouvements
de tous les individus vivant sur le sol ivoirien, car nous avons pu remarquer
que la plupart des auteurs (actes déliquescents en provenance
d'ailleurs) lors de notre enquête n'avait aucun document administratif
à partir duquel on pouvait déterminer leurs nom et
prénoms, leur présentation physique et leur lieu de
résidence. Il incombe donc à l'Etat de créer un nouveau
type de pièce d'identité à puce électronique
à moindre coat pour que chaque citoyen puisse en disposer. Ce qui aura
pour conséquence la diminution de l'anonymat dans lequel évoluent
les citoyens. Cette politique devra être vulgarisée sur toute
l'étendue du territoire et à tous les secteurs
d'activités. VADIM1, à propos de
l'identification, disait : « L'identification des membres d'une
société humaine est le moyen le plus sar pour décourager
la naissance et l'évolution de l'activité délictuelle.
». Il poursuit en ces termes : « Les violences observées dans
les affaires économiques russes ont tiré pour une bonne part
leur
1- VADIM R. (2004), Crime organisé en
Russie : Nouvelles approches ; Entreprise, protection et violence en Russie
à la fin des années 1990, Moscou, C.E.T.P., p.79.
source (origine) d'une absence d'un fichier d'identification
des acteurs du secteur.».
Nous pensons que l'Etat en tirant les enseignements de ce
constat se doit d'adopter une méthodologie à laquelle tout
citoyen adhérerait.
Toutefois, l'Etat peut par des mesures coercitives amener les
administrés à agir dans le sens de ses actions
d'intérêt général.
CONCLUSION
L'insécurité constitue un
phénomène préoccupant et un danger qui portent
sérieusement atteinte à la sûreté et à la
qualité de la vie. Sa maîtrise et sa résorption
nécessitent le concours de tous les habitants de la ville de
Grand-Bassam (autorités politiques et administratives,
administrés, agents des FDS, opérateurs économiques et
société civile).
Nos statistiques sur l'étude de ce
phénomène social nous révèlent que 63,5 % des
délinquants sont des jeunes. Cette tendance est à mettre au
compte de la volonté de ces derniers à se mettre à l'abri
de toutes dépendances financières le plus rapidement possible en
faisant fi des conséquences s'y attachant. Il y a bien entendu les
facteurs généraux tels que la pauvreté et le chômage
et les facteurs spécifiques tels que la timide réaction des FDS
et la proximité de la ville de Grand-Bassam avec celle d'Abidjan
très criminogène qui influencent fortement l'évolution de
l'insécurité à Grand-Bassam.
A Grand-Bassam, les manifestations de
l'insécurité sont variées. Celles-ci sont observables chez
les jeunes et certains adultes à travers des violences contre les
personnes (agressions verbales et physiques), des violences contre les biens
(vols, escroquerie, abus de confiance) généralement sous l'effet
de la drogue.
Quant aux conséquences, elles sont d'ordre social,
économique, psychologique. Au plan social, elles peuvent entraîner
la dégradation de l'image de la famille dont est issue le
délinquant et affaiblir l'autorité parentale. Elles favorisent
aussi la détérioration du lien social entre les habitants de la
ville de Grand-Bassam. Au plan psychologique, on assistera au
développement de la méfiance et de la peur capables de nuire
à la cohabitation et à l'harmonie que toute société
humaine réclame pour son épanouissement. Au plan
économique, elles peuvent freiner l'avènement de nouveaux
investisseurs et décourager les opérateurs économiques
déjà présents dans la ville et les amener à
réduire leurs capitaux et leurs chiffres d'affaires.
Les effets pervers multiples de l'insécurité,
nous ont permis de faire des propositions de mesures qui, nous pensons,
aideront et contribueront à endiguer ce phénomène. Ces
mesures, que nous avons qualifiées de préventives, sont
l'amélioration des conditions socio-économiques et culturelles
des populations, le renforcement de la collaboration entre les populations et
les FDS, l'encouragement des jeunes aux formations qualifiantes pouvant
faciliter leur insertion socio-professionnelle et l'adoption d'une politique
d'urbanisation (elle tiendra compte de la qualité de la voirie, du
renforcement de l'éclairage public, du logement et l'adoption d'un plan
directeur de la ville). Ces mesures préventives doivent être mises
en priorité pour mener à bien une lutte efficace contre la
criminalité. Leur application et leur suivi permettront aux populations
de vivre dans la quiétude.
En définitive, notre voeu est que d'autres
études plus spécifiques soient conduites pour compléter
nos recherches sur l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.
BIBLIOGRAPHIE
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(1998), Abidjan Juris-Edition.
· Code Pénal Français
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(Juillet 2004), Paris, Edition Larousse.
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Sécurité des entreprises, une affaire de société
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la Coordination Générale (SELAN-PARA) (1995), Plan de
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· Cours de Sociologie criminelle (Pr. SISSOKO A.), DEUG II,
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V- OUVRAGES GENERAUX
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affrontement social, le nouvel âge de l'insécurité,
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d'Etude des Technologies Politiques).
· VERWILGHEN M. (2000-2003), Plan de
sécurité, Belgique (Bruxelles), Ministère de la
justice du gouvernement Fédéral.
ANNEXES
I- Carte de la Commune de Grand-Bassam.
II- Carte de la ville de Grand-Bassam.
III- Vue du bâtiment abritant tous les services de la
mairie de Grand-Bassam.
IV- Vue d'un des nombreux bidonvilles de la ville de
Grand-Bassam.
V- Vue d'un modèle de quartier structuré,
organisé offrant un cadre de vie agréable.
VI- Articles de presse dénonçant la
criminalité en Côte d'Ivoire.
VII- Carte de la criminalité par quartier de la ville de
Grand-Bassam.
VIII- Un puissant gang de braqueurs démasqué en
2003 par la police de Grand-Bassam avec une dame comme vendeuse du butin.
IX- Articles de presse dénonçant la recrudescence
de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam de 2003 à
2005.
X- Autorisation du Préfet de police d'Abidjan et du
Commissaire de Grand-Bassam.
XI- Autorisation du Préfet départemental.
XII- Accord et autorisation du Maire de la commune de
Grand-Bassam.
XIII- Questionnaire adressé à la population.
XIV- Guide d'entretien.
I
II
Carte de la yulle de Grand-Bassam
III
Vue du bâtiment abritant tous les services de la mairie
de Grand-Bassam
IV
Vue d'un des nombreux bidonvilles que compte la ville de
Grand-Bassam
Vue d'un modèle de quartier structuré,
organisé offrant un cadre de vie agréable.
VI
Articles de presse dénonçant la
criminalité en Côte d'Ivoire.
VII
VIII
Un puissant gang de braqueurs démasqué en 2003
par la police de Grand-Bassam avec une dame comme vendeuse du butin.
IX
Articles de presse dénonçant la recrudescence de
l'insécurité dans la yille de Grand-Bassam de 2003 à 2005.
Autorisation du Préfet de police d'Abidjan et du
Commissaire de Grand-Bassam.
XI
Autorisation du Préfet départemental de
Grand-Bassam.
XII
Accord et autorisation du Maire de la commune de Grand-Bassam.
XIII
QUESTIONNAIRE DESTINE A LA POPULATION
Mesdames, Messieurs,
Ce questionnaire s'inscrit dans le cadre de la
réalisation d'un mémoire de fin de cycle à
l'Université de Cocody. Les réponses aux questions permettront de
mesurer l'ampleur de la criminalité à Grand-Bassam. Grâce
à votre concours, nous espérons faire des propositions de mesures
en matière de lutte contre ce phénomène.
I- IDENTIFICATION
Nom et prénoms .
Age Nationalité
Sexe : M F
Profession
Quartier
II- MANIFAFESTATION DE L'INSECURITE DANS LA VILLE
DE
GRAND-BASSAM
1-Depuis quand vivez-vous à Grand-Bassam ?
2-Avez-vous entendu parler de vol, de braquage et de violence
?
3-Avez-vous été victime ou témoin d'une
agression quelconque à Bassam ? Oui Non
Si oui, laquelle ?
4-Combien de fois avez-vous vécu ou entendu parler
d'agression ?
5-Avez-vous porté plainte ou informé la police et
la gendarmerie ? Justifiez votre réponse.
6-Qui étaient les auteurs de ces agressions selon vous ?
(Cochez la bonne case). Homme Femme Non identifié
7-Quel pouvait être l'âge des auteurs des agressions
selon vous ? (Cochez la bonne case).
De 0 à 25 ans 25 ans et plus
8-Les auteurs des agressions que vous avez vécues et
entendu parler ont-ils été arrêtés et jugés
?
Oui Non
Si non, pourquoi ?
9-A quel moment de la journée pensez-vous que les gens
agissent ? (Cochez la bonne case).
La nuit La journée Lors des cérémonies
III- LES CAUSES DE L'INSECURITE
A)-Les causes générales de
l'insécurité à Grand-Bassam 10-Pourquoi
selon vous, les gens commettent-ils des infractions ?
Parce qu'ils sont pauvres
Parce que les enfants échouent à l'école
Parce que les familles sont confrontées à des
difficultés
Autres ( précisez)
B)-Les facteurs spécifiques de
l'insécurité à Grand-Bassam
11-Pensez-vous que les réalités suivantes
favorisent-elles la commission d'infractions et d'agressions à
Grand-Bassam ? Dites pourquoi ?
-La proximité de la ville de Grand-Bassam avec celle
d'Abidjan de plus en plus criminogène.
-L'existence de bidonvilles avec de nombreuses maisons
inachevées
-La timide réactions des FDS face aux appels de
détresse des populations
-Autres (précisez)
IV- LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE DANS LA VILLE DE
GRAND-BASSAM
A)- La croissance de la méfiance et
peur
12-Quel sentiment vous anime lorsqu'on frappe ou sonne à
porte de nuit comme de nuit ?
La peur La méfiance Autres (précisez)
Justifiez votre réponse.
13-Pensez-vous que les agressions contre les biens et les
personnes dans la ville de Grand-Bassam ont des conséquences
économiques et sociales ?
Si oui lesquelles ?
V-PROPOSITION DES MESURES
14-Qu'attendez-vous des Forces de Défense et de
Sécurité (F.D.S.) pour sécuriser la ville de Grand-Bassam
?
15-Que proposez-vous pour lutter efficacement contre
l'insécurité en vue de sa considérable réduction
?
XIV
GUIDES D'ENTRETIEN
I-GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE MAIRE DE GRAND-BASSAM
1- Depuis quand avez-vous en charge la gestion de cette ville
?
2- Comment votre ville est-elle organisée ?
3- Quel sens donnez-vous à la sécurité et
quelle place occupe-t-elle dans votre vie ?
4- Vous qui êtes le premier responsable de la commune,
comment expliquez-vous la répétition et l'augmentation des actes
de banditisme ces trois dernières années (2003-2005) dans votre
ville, surtout qu'un bilan quotidien sur la question vous est fait ?
5- Avez-vous comme c'est le cas pour la communication, un
chargé des politiques sécuritaires au sein de la mairie de
Grand-Bassam ?
6- Pouvons-nous avoir une idée du budget que vous
consacrez à la sécurisation de la ville de Bassam qui
connaît aujourd'hui une extension importante ?
7- Quels sont vos projets à court, moyen et long terme
pour sécuriser la ville de Grand-Bassam ?
II-GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES AUTORITES COUTUMIERES DE
GRAND-BASSAM (Royaume Abouré et
N'Zima)
1- Pouvez-vous nous faire un bref historique sur l'origine de
votre peuple ?
2-
Comment votre peuple est-il organisé au plan :
Social traditionnel
Administratif et politique
Socio-économique et culturel
3- Qui assure la sécurité du royaume ?
4- Comment gérez-vous les problèmes liés
à l'insécurité dans le royaume ?
Exemple : Un vol, bagarre sanglante
ou une agression quelconque a eu lieu sur votre territoire, le
réglez-vous vous-même ou vous conduisez les auteurs de ces faits
à la police ou à la gendarmerie ?
5- Avez-vous obtenu des résultats positifs depuis que
vous assurer vous-même la sécurité de votre royaume ?
III-GUIDE D'ENTREETIEN AVEC LES AUTORITES COUTUMIERES
ALLOGENES DE GRAND-BASSAM
1- Pouvez-vous nous faire un bref historique de la
présence de votre peuple à Grand-Bassam ?
2- Comment votre peuple est-il organisé ?
3- Quels types de relations avez-vous avec les autochtones de
Grand-Bassam ?
4- Qui assure la sécurité au sein de votre
communauté ?
5- Comment gérez-vous les questions de
sécurité dans votre communauté ?
TABLE DE MATIERES
DEDICACES 3
REMERCIEMENTS 5
AVANT-PROPOS 12
INTRODUCTION 13
PROBLEMATIQUE 15
METHODOLOGIE 24
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA
VILLE
DE GRAND-BASSAM ET
MANIFESTATION DE L'INSECURITE 28
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA VILLE
DE GRAND-BASSAM 29
I. : Présentation géographique de la ville
de Grand-Bassam 29
I.1 : Localisation 29
I.2 : La population 29
II : L'organisation de la ville de Grand-Bassam
30
II.1 : L'organisation administrative et politique 30
II.2 : L'organisation sociale traditionnelle 30
II.2.1 : Le royaume ABOURE de Moossou 31
II.2.2 : Le royaume N'ZIMA de Bassam (Quartier France) 32
II.3 : L'organisation socio-économique et culturelle
34
II.3.1 : L'organisation socio-économique de la ville
de Grand-Bassam 34
II.3.2 : L'organisation socioculturelle de la ville de
Grand-Bassam 35
CHAPITRE II : MANIFESTATIONS DE L'INSECURITE
A GRAND-BASSAM 37
I : Nature des infractions relevées dans la ville
de Grand-Bassam 37
I.1 : Les violences contre les personnes 39
I.2 : Les violences contre les biens 42
I.3 : Les autres formes de violences 44
II : L'insécurité dans la ville de
Grand-Bassam 45
II.1 : Les auteurs et les victimes de
l'insécurité
dans la ville de Grand-Bassam 45
II.1.1 : Les auteurs de
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam 45
II.1.2 : Les victimes de l'insécurité dans la ville
de Grand-Bassam 46
II.2 : L'insécurité dans le l'espace et dans le
temps
dans la ville de Grand-Bassam 47
II.2.1 : L'insécurité dans l'espace 47
II.2.2 : L'insécurité dans le temps 49
DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONCEQUENCES DE
L'INSECURITE DANS LA VILLE
DE GRAND-BASSAM 52
CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INSECURITE DANS
LA VILLE DE GRAND-BASSAM 54
I : Les facteurs généraux 54
I.1 : La pauvreté 55
I.2 : L'échec scolaire 57
I.3 : Les difficultés familiales 59
II.2 : Les facteurs spécifiques 60
II.1 : La proximité Grand-Bassam-Abidjan 62
II.2 : L'existence des bidonvilles avec de nombreuses
maisons inachevées 63
II.3 : La timide réaction des FDS face aux appels de
détresse
des populations 65
CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE
DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM 66
I : Naissance et montée de la méfiance et
de la peur 67
I.1 : La naissance et la montée de la méfiance
67
I.2 : La naissance et la montée de la peur 68
II : Les conséquences de
l'insécurité sur les familles 69
II.1 : Les parents 69
II.2 : Les enfants 70
III : Les conséquences économiques de
l'insécurité 71
TROISIEME PARTIE: PROPOSITIONS DE
MESURES
DE LUTTE CONTRE L'INSECURITE 73
CHAPITRE I : PROPOSITIONS DES MESURES A
LA VILLE DE GRAND-BASSAM 75
I : Les mesures socio-économiques et culturelles
et rapports Population-FDS dans la lutte contre l'insécurité
75
I.1 : Amélioration des conditions socio-économiques
et culturelles
des populations 75
I.2 : La collaboration Population-FDS 77
II : Des actions de la municipalité de la ville de
Grand-Bassam 78
II.1 : Encourager la formation des jeunes aux métiers
qualifiants 79
II.2 : Adoption d'une nouvelle politique d'urbanisation 80
CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES
AU PLAN NATIONAL 83
I : Au niveau des agents des FDS 83
I.1 : La construction de cités pour les FDS 83
I.2 : L'équipement des FDS 83
II : De la révision du système
éducatif et de l'adoption
d'une politique d'identification 85
II.1 : De la révision du système éducatif
85
II.2 : De l'adoption d'une politique d'identification 86
CONCLUSION 89
BIBLIOGRAPHIE 92
ANNEXES 97
TABLE DES MATIERES 122
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