PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE
TOGOLAISE
Travail-Liberté-Patrie
MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION BP 64 - Lomé
(TOGO)
Email : enatogo@
ids.tg
MEMOIRE
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE L'ENA CYCLE III OPTION :
DIPLOMATIE
LA CONTRIBUTION DE L'ORGANISATION DES NATIONS
UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE (FAO) A LA POLITIQUE DE SECURITE
ALIMENTAIRE AU TOGO
Pr6sent6 et so uten u par : Sous la direction de
:
M. NINKABOU Tchein M.WOAKE Koffi O uyi Jean
Ministre Pl6nipotentiaire
des Affaires Etrangares de Classe Exceptionnelle,
Consultant
en Relations Internationales, Enseignant a
l'ENA
SOMMAIRE
Liste des sigles et abréviations iDédicace
..iiRemerciements ..iiiAvertissement .iv
Introduction ...1
Première Partie : La FAO, ses actions en faveur de
la sécurité alimentaire
dans le monde et la situation alimentaire au Togo
.5 Chapitre1 : La FAO et ses actions en faveur de la
sécurité
alimentaire dans le monde
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7
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Section 1 : L'historique de la FAO et ses objectifs
|
.7
|
Paragraphe1 : L'historique de la FAO
|
.7
|
Paragraphe 2 : Les objectifs de la FAO .
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10
|
Section 2 : La FAO, face à l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde
|
12
|
Paragraphe1 :L'état de l'insécurité
alimentaire dans le monde
|
...13
|
Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour
l'éradication du fléau de la faim.
|
..17
|
Chapitre 2 : La situation alimentaire duTogo
|
22
|
Section 1 : L'évolution de la production
alimentaire et
l'insécurité alimentaire au Togo
|
22
|
Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire et
sa situation au Togo
|
22
|
Paragraphe 2 : L'insécurité alimentaire au
Togo
|
...25
|
Section 2: Les actions relatives à la politique
agricole et à
la sécurité alimentaire au Togo
|
31
|
Paragraphe 1 : Les politiques, les programmes et le cadre
institutionnel des services agricoles
|
.31
|
Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités des
producteurs et
l'aménagement des infrastructures agricoles
34
Deuxième Partie : L'apport de la FAO à la
politique
de la sécurité alimentaire au Togo
.37
Chapitre 1 : Les efforts de la FAO au
développement du secteur agricole au Togo...39
Section 1 : Les modalités d'intervention
39
Paragraphe1 : La demande du gouvernement togolais et
l'élaboration
de projets et l'accord de siège ..39
Paragraphe2 : Le financement et l'exécution des
projets .40
Section2 : Le développement agricole et
l'éducation des populations rurales comme option stratégique de
la FAO pour parvenir à
la sécurité alimentaire au Togo
.42
Paragraphe 1 : Les activités de la FAO dans les
domaines agricole et forestier 42
Paragraphe2 : La formation et l'éducation des
populations rurales 47
Chapitre 2 : Le bilan des activités de la FAO et
les approches de solutions
pour une sécurité alimentaire durable au
Togo .51
Section 1 : Le bilan des activités de la FAO au
Togo 51
Paragraphe1 : La contribution de la FAO au
développement
socio-économique au Togo ...51
Paragraphe2 : Les facteurs limitatifs aux
activités de la FAO au Togo et
la nécessité de sa réforme
55
Section2 : Les nouvelles approches pour une
sécurité alimentaire durable au Togo..58 Paragraphe1 :
Réduire l'extrême pauvreté et la faim à travers
les
Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) 58
Paragraphe 2 : La nécessité pour les
acteurs du développement social
de mener une nouvelle politique agricole ..61
4 INTRODUCTION
La sécurité alimentaire est une
préoccupation universelle depuis la Conférence Mondiale de
l'Alimentation de 19741, qui a eu lieu alors que les
disponibilités mondiales en vivres étaient trop justes et que de
vastes disettes et famines paraissaient imminentes.
En réponse à cette crise sous-jacente, des
organismes tels que le Conseil Mondial de l'Alimentation, le Comité de
la FAO sur la sécurité alimentaire mondiale avec son programme
d'assistance et le Comité des politiques et programmes d'aide
alimentaire ont été créés. Leurs activités
visaient à augmenter la production agricole nationale et à
créer des réserves internationales de céréales. La
situation alimentaire était identifiée en fonction des cours
mondiaux des denrées alimentaires et de leur disponibilité,
plutôt que selon la demande et la consommation des populations pauvres ou
des groupes vulnérables sur le plan nutritionnel.
C'est justement dans ce contexte qu'au séminaire
national pour la campagne de la production agricole au Togo, le chef d'Etat
d'alors, feu Général Gnassingbé Eyadéma
déclarait en mars 1977 : « il est essentiel que dans un avenir
proche, tous les Togolais mangent à leur faim. Si nous arrivons à
ce résultat dans les cinq prochaines années, nous aurons accompli
une oeuvre gigantesque. Nous voulons entendre par là que, dans
cinq ans, tous les Togolais puissent disposer, à
tout moment et en tout lieu, en quantitéet qualité, des biens
alimentaires par eux-mêmes et pour eux-mêmes2
».
Dès lors, l'agriculture devint la priorité des
priorités dans la politique de développement du pays. Plusieurs
raisons justifient ce choix stratégique fondamental.
D'abord l'expérience a montré qu'au cours de ces
vingt dernières années le décollage économique d'un
pays en développement ne peut avoir lieu sans une agriculture vigoureuse
intégrée comme secteur moteur dans une politique de
développement global et capable de dégager des surplus pour
financer les autres secteurs3.
Ensuite l'agriculture togolaise est sous-productive, elle fait
vivre 80 à 85% de la population mais ne participe pas efficacement
à la richesse nationale. Les abondantes terres fertiles du pays
demeurant largement inexploitées.
Enfin il faut souligner qu'après les phosphates,
l'agriculture constituait le second pilier de l'économie togolaise dans
les années 1980. Ainsi le développement de l'agriculture
considérée comme élément dynamique du
développement ne pouvait être que prioritaire pour le gouvernement
togolais.
La progression des investissements affectés à ce
secteur par les plans de développement4 exprime toute
l'importance que revêt, aux yeux du gouvernement, la nouvelle politique
agricole. Signalons que la plupart des pays en développement ont
1 - Agriculture, alimentation et nutrition en Afrique ; FAO,
Rome, 2002, p. 51.
2 - Déclaration résumant la nouvelle politique
agricole du Togo.
3 - ANNUAIRE ECONOMIQUE OFFICIEL : 1982-1983, p. 65.
4 - Plan du développement économique et social,
1981-1985, élaboré par le Ministère du plan et de la
réforme Administrative 270 p.
de multiples problèmes notamment économiques et
socio-culturels. Ils n'ont pas en général les moyens de leur
politique agricole.
Le Togo n'est pas également à l'abri de ces
problèmes. Il subit impitoyablement et avec peu de moyens, les
hostilités qui lui sont imposées par diverses
calamités.
Face à cette situation désolante, le Togo a
besoin, pour sa promotion socioéconomique, du soutien des organismes
pouvant lui permettre de trouver des solutions à ses problèmes.
Il s'agit, outre les efforts du Gouvernement, des apports des Organisations Non
Gouvernementales (ONG) et ceux des Institutions Internationales.
En effet, l'une des Organisations Internationales ayant
oeuvré pour la politique agricole au Togo est l'Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO).
Le développement économique étant
considéré comme le moyen le plus efficace pour réduire la
faim, d'autres Organisations du système des Nations Unies qui combattent
la faim disposent d'importants programmes sociaux pour améliorer la
sécurité alimentaire des catégories les plus pauvres de la
population, en particulier celles des régions rurales1.
Ainsi depuis sa création en 1945, la FAO s'efforce de
réduire la pauvreté et la faim en encourageant le
développement agricole, l'amélioration de la nutrition et la
recherche de la sécurité alimentaire, l'accès de tous et
à tout moment à une alimentation suffisante pour mener une vie
saine et active.
C'est à travers cette forme d'assistance que la FAO
intervient au Togo depuis le 25 juin 19802.
C'est en vue d'apprécier la contribution de cette
assistance continue vis-à-vis du Togo que nous avons choisi de mener
notre étude autour du thème :
« La contribution de l'Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture(FAO) à la politique de
sécurité alimentaire au Togo ».
Ce thème suscite un intérêt particulier du
fait des changements climatiques et des problèmes relatifs à
l'alimentation observés dans le monde de nos jours remettant ainsi
naturellement en cause l'approche proposée par la FAO.
En effet, dans la panoplie des questions majeures qui
préoccupent l'humanité en ce début du XXIè
siècle, s'inscrit en premier rang le problème alimentaire tel que
mentionné par les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Depuis sa création la FAO a toujours
évoqué le concept de « sécurité
alimentaire ».
Généralement, les débats sur la
sécurité alimentaire selon le rapport de la situation mondiale de
l'alimentation et de l'agriculture recouvrent quatre dimensions :
1- Les ABC des Nations Unies, New York, 1998, p. 179.
2 -Date à partir de laquelle la FAO a obtenu l'Accord de
siège au Togo
La disponibilité alimentaire est
déterminée par la production domestique, la capacité
d'importation, l'existence de stocks de denrées et l'aide
alimentaire.
L'accès à l'alimentation
dépend des niveaux de pauvreté, du pouvoir d'achat des
ménages, des prix ainsi que de l'existence d'infrastructures de
transport et de marché et de système de distribution
alimentaire.
La stabilité de l'offre et de
l'accès peut être affectée par les conditions
météorologiques, les fluctuations de prix, les catastrophes
d'origine anthropique et divers facteurs politiques et économiques.
Une utilisation saine et sûre des
aliments dépend des soins et des pratiques alimentaires, de la
sécurité sanitaire des denrées et de leur qualité,
de l'accès à l'eau propre, des conditions sanitaires et
d'hygiène1.
Ainsi, selon les termes du plan d'action du Sommet Mondial de
l'Alimentation « La sécurité
alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont,
à tout moment, un accès physique et économique à
une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire
leurs besoins énergiques et leurs préférences alimentaires
pour mener une vie saine et active2 ».
Il faut aussi remarquer que plusieurs variables dépendent
de l'alimentation, notamment la famine, l'hygiène et
l'insécurité alimentaires.
La « famine » choisie ici comme
variable dépendante trouve sa raison dans le fait qu'elle constitue le
noyau de notre étude. Absente dans presque tous les ménages
à une certaine période de l'année, elle s'installe pendant
la période de soudure. Cette situation de déséquilibre
intervient momentanément dans les milieux ruraux à forte
dominance paysanne et affecte d'une manière ou d'une autre les milieux
urbains.
Il faut signaler que « l'hygiène
alimentaire » nous permet de vérifier la qualité
des repas, étant donné que l'abondance de nourriture n'est pas
synonyme de sécurité alimentaire. La sécurité
alimentaire n'est pas seulement la quantité mais aussi la qualité
et cette dernière commence surtout par l'hygiène alimentaire.
En ce qui concerne « l'insécurité
alimentaire », retenons que c'est une situation
caractérisée par le fait que la population n'ait pas accès
à une quantité suffisante d'aliments sans danger et nutritifs
pour avoir une croissance et un développement normaux, être en
bonne santé et mener une vie active. L'insécurité
alimentaire peut être due à l'insuffisance de la
disponibilité alimentaire, à l'insuffisance du pouvoir d'achat,
à des problèmes de distribution ou l'inadéquation de la
consommation alimentaire à l'échelon des familles.
L'insécurité alimentaire, les mauvaises
conditions d'hygiène et d'assainissement et l'inadaptation des pratiques
de soins alimentaires sont les principales causes des problèmes
nutritionnels. L'insécurité alimentaire peut être
chronique, saisonnière ou temporaire.
1- La Situation Mondiale de l'Alimentation et de l'Agriculture
2008, Rome, FAO, p. 84.
2- Sommet Mondial de l'Alimentation, Rome, FAO: 1996.
A travers ce thème nous nous proposons d'examiner les
actions menées par la FAO en faveur de la sécurité
alimentaire dans le monde en général et au Togo en particulier.
Nous visons par cette étude à faire l'état des lieux de la
coopération entre la FAO et le Togo et à faire ressortir
l'importance des réalisations de cette Institution.
Ce thème s'inscrit également dans le contexte
des déséquilibres relatifs à la flambée des prix
des produits de base. Cette flambée trouve son explication dans le
changement climatique et l'augmentation des prix des produits
pétroliers.
Eu égard à ces différentes
préoccupations, plusieurs réflexions peuvent être faites
à travers cette question.
La FAO contribue-t-elle réellement à la
politique de sécurité alimentaire du Togo ? Cette question
suscite à son tour plusieurs interrogations qui reviennent à
l'esprit chaque fois que l'on mène une réflexion sur les
réalisations de la FAO et l'état d'insécurité
alimentaire dans lequel se trouve le Togo.
D'abord, quel est l'impact de l'assistance de la FAO sur la
situation alimentaire du Togo ?
Ensuite, quelle peut être, dans un monde en mutation la
meilleure forme de coopération entre la FAO et le Togo face à la
persistance de l'insécurité alimentaire ?
Enfin, quelle serait la politique alimentaire à mettre en
oeuvre au Togo afin de le sortir de l'insécurité alimentaire ?
Pour y répondre, il serait judicieux de retracer
d'abord les actions de la FAO en faveur de la sécurité
alimentaire dans le monde ; ensuite l'évolution de la situation
alimentaire au Togo et enfin s'interroger sur les réalisations de cette
institution au Togo.
Notre travail consistera à préciser, dans une
Première Partie, les objectifs de la FAO face à l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde et la situation
alimentaire au Togo. Dans une Deuxième Partie, nous analyserons d'une
part, l'assistance apportée par la FAO pour la sécurité
alimentaire, son bilan et d'autre part, nous insisterons sur la
nécessité de propositions d'approches de solutions pour une
sécurité alimentaire durable au Togo.
PREMIERE PARTIE
LA FAO, SES ACTIONS EN FAVEUR DE LA
SECURITE ALIMENTAIRE DANS LE MONDE ET LA SITUATION ALIMENTAIRE AU
TOGO.
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture a été créée en 1945 dans le but
d'améliorer l'état nutritionnel, le niveau de vie, la
productivité agricole et la condition des masses rurales dans le
Monde
Elle devient de facto une Organisation ambitieuse qui doit
remplir une mission capitale, celle de faire disparaître la faim de la
surface du globe en favorisant le développement de l'agriculture.
Elle a également pour vocation de promouvoir
l'agriculture, la nutrition, la foresterie, la pêche, le
développement rural et de faciliter la réalisation de l'Objectif
du Sommet mondial de l'alimentation consistant à éradiquer la
faim où qu'elle se trouve.
Elle sert de centre mondial d'informations et de connaissances
sur l'alimentation et l'agriculture, ainsi que d'instance vouée à
la négociation des politiques et la formulation d'accords entre les
nations. Son travail dans ces domaines, sur l'établissement de normes et
la fourniture de biens publics mondiaux, vient étayer et
compléter les activités visant à réaliser les
Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Dans cette première partie nous essayerons de faire
ressortir les actions menées par la FAO en faveur de la
sécurité alimentaire dans le monde (Chapitre I) et la situation
alimentaire du Togo (Chapitre II).
CHAPITRE I : LA FAO ET SES ACTIONS EN FAVEUR DE LA
SECURITE ALIMENTAIRE DANS LE MONDE.
La FAO est héritière de l'ensemble des
Institutions Internationales en faveur de l'agriculture, dont la plus
importante est l'Institut International d'Agriculture (IIA). Cependant la FAO
est loin d'être une simple synthèse de ces mouvements. Elle veut
porter au plus haut point la lutte pour l'épanouissement de
l'alimentation et de l'agriculture mondiale.
Envisager l'étude des actions menées par la FAO
en faveur de la sécurité alimentaire revient d'une part à
retracer son histoire et ses objectifs (section 1) et d'autre part, à
faire un aperçu de la situation d'insécurité alimentaire
et les initiatives de celle-ci à éradiquer la faim (section
2).
Section 1 : L'historique de la FAO et ses objectifs.
Rechercher les origines de la FAO, c'est retrouver sa
première esquisse qui est l'Institut International de l'Agriculture.
C'est également se replonger dans les circonstances lointaines et
immédiates qui ont conduit à l'élaboration d'une telle
Organisation. Cette section fera l'objet de l'historique (paragraphe1) et des
objectifs (paragraphe 2) de la FAO.
Paragraphe1 : L'historique de la FAO.
La FAO n'est pas une Institution internationale qui est
née brusquement après la seconde guerre mondiale. Celle-ci tire
ses fondements et une grande partie de son idéal des rêves de
David Lubin1, principal promoteur de l'Institut International de
l'Agriculture. L'analyse de l'IIA montre combien la FAO lui est redevable et
permet de mieux cerner ses origines véritables (A) et son
évolution (B) à travers le temps.
A- Les origines de l'Institution.
L'idée d'améliorer le sort de l'agriculture par
la coopération internationale n'est pas récente. La mise en place
de l'IIA est la première tentative dans ce sens. En effet, le principe
de création d'un organisme international chargé de l'alimentation
et de l'agriculture tire ses fondements de l'IIA2. Il fallait
définir plus précisément les fondements de
l'organisation.
Il faut signaler que l'Assemblée Générale de
la Société des Nations (SDN) admit officiellement l'existence
d'un lien entre la nutrition, la santé et l'agriculture.
Cependant il fallait attendre la Conférence de Hot
Springs en Virginie (Etats-Unis d'Amérique) pour que soient posés
les jalons de cette Institution s'occupant plus sérieusement des
problèmes de l'alimentation et de l'agriculture. La FAO vit le jour le
16 octobre 1945. Cette naissance est le produit d'un long processus.
1- David Lubin : 1849-1919, Hommage, FAO, octobre 1969.
2- L'Institut International d'Agriculture est fondé
à Rome le 7 juin 1905 et dissous en 1944 à la suite de la seconde
guerre mondiale.
A la première session de la Conférence de la
FAO1 il y a été décidé de faire de la
FAO une Institution spécialisée des Nations Unies et Washington a
été retenu comme son siège temporaire.
Après une seconde conférence en 1950 à
New York aux Etats-Unis, la FAO en 1951 apporta une assistance technique
à une quarantaine de pays, fit appel à quelques deux cent
soixante dix (270) spécialistes venant de trente deux (32) pays. Le
siège de l'Organisation est transféré de Washington
à Rome. Dès lors, soixante-huit (68) pays en sont membres.
Le 1er juillet 1960 a été
lancée la Campagne Mondiale Contre la Faim (C.M.C.F.). Depuis lors, des
comités nationaux, avec l'aide des ONG, exécutent des programmes
d'éducation et d'information destinés à mobiliser
l'opinion publique.
En vue d'aider la FAO dans sa tâche, l'Organisation des
Nations Unies (ONU) a créé en 1962 le Programme Alimentaire
Mondial (PAM) dont le rôle est d'organiser des enquêtes sur
l'alimentation. Du 4 au 8 juin 1963 à Washington, le premier
congrès de la C.M.C.F. réunit mille trois cent (1300)
délégués venus de cent sept pays et de soixante-cinq (65)
ONG. La FAO y est invitée à préparer le «plan
indicatif mondial » pour le développement de l'agriculture qui
s'efforce d'analyser les grands problèmes que posera l'agriculture
mondiale dans les années à venir et d'indiquer dans quelles
directions devront porter les efforts nationaux et internationaux pour les
résoudre.
Au deuxième congrès mondial de l'alimentation,
tenu du 16 au 30 juin 1970 à la Hayes (Pays-Bas), il est demandé
aux organismes gouvernementaux d'accroître les ressources
destinées au développement des pays pauvres.
La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement,
tenue du 5 au 16 juin 1972 à Stockholm (Suède), confia à
la FAO la mission d'effectuer les études et de lancer une action afin de
protéger les ressources agricoles, forestières, halieutiques et
autres, de veiller à ce qu'elles soient rationnellement utilisées
au profit de l'humanité. Ainsi la FAO va connaître une
évolution spectaculaire due au fait que le problème alimentaire
devenait une préoccupation de l'humanité.
B- L'évolution de la FAO
Des décombres de l'IIA naquit la FAO qui en
héritait les fonctions et les biens. L'objectif qu'elle s'est
assignée était d'aller plus loin et d'être plus efficace
que son prédécesseur l'IIA2
La crise agricole a été une étape
capitale dans le renouvellement du secteur primaire. Elle a obligé les
dirigeants à inventer à ce propos d'autres politiques et à
se concerter pour une alliance inédite entre les secteurs de la
santé et de l'agriculture.
1- Cette Conférence s'est tenue du 16 octobre au
1er novembre 1945 au Québec capitale du Canada.
2- SOUDJAY Soulaimane : 1996, la FAO, Thèse, Ed.
L'Harmattan, p.37
La famine et la malnutrition se répandaient à
grande vitesse. Des équipes de nutritionnistes recommandèrent
vivement aux familles d'utiliser au mieux les quelques denrées
alimentaires qu'elles avaient pu se procurer. A leur intention, aux Etats-Unis
par exemple, les nutritionnistes proposaient des menus types, avec un
coefficient nutritif suffisant afin de lutter contre la malnutrition et ses
conséquences néfastes sur le plan sanitaire.
C'est dans cette atmosphère générale que peu
à peu s'est imposée l'idée selon laquelle désormais
il fallait relier la santé par le biais de la nutrition à
l'agriculture.
Le renforcement des notions de santé publique et de
nutrition depuis la fin du XIXème siècle a permis au
même titre que la crise agricole l'éclosion de l'idée d'une
alliance entre la santé et l'agriculture1.
Il était impossible d'ignorer le rôle immense
joué par une alimentation suffisante et équilibrée dans le
maintien d'une bonne santé des individus.
La proposition « Marier la santé et l'agriculture
» était lancée par le Haut Commissaire, S. Bruce et ses
conseillers à la suite d'une série d'observations2.
Les enquêtes en matière de nutrition ont
révélé un fait indéniable : la majeure partie de la
population mondiale a une alimentation déséquilibrée. Cela
a pour conséquence de rendre la personne humaine fragile, sujette
à des maladies. Il fallait pallier cette carence.
Chaque Etat devait prendre à cet égard ses
responsabilités afin d'aboutir à une meilleure consommation
alimentaire tant quantitativement que qualitativement. De telles mesures
relanceraient et permettraient de résoudre le problème des
excédents agricoles.
Ainsi, le paradoxe du surplus agricole d'un côté
et de la malnutrition de l'autre disparaîtrait. Par ricochet une
amélioration de la situation agricole concourrait au règlement de
la crise économique générale.
Pour parvenir à briser le cercle vicieux dans lequel se
trouvait l'agriculture, il fallait oser une optique nouvelle : instaurer une
politique alimentaire, instituer des crédits agricoles, rechercher
l'intérêt du consommateur et du producteur, relancer la demande
globale particulièrement celle des produits agricoles.
Seuls les pouvoirs publics pouvaient venir à bout d'un
tel chantier. D'où un appel pressant aux Etats et aux Organisations
interétatiques.
La passivité de l'IIA, la crise agricole, et la
découverte de la primordialité du rôle de l'alimentation
dans la santé étaient des facteurs justificatifs pour
créer une grande Organisation en charge des affaires agricoles.
1- Doc. N°71, 1935II, Rapport de la deuxième
commission à l'assemblée, Résolution n°4
2- Discours prononcé par Stanley Bruce devant
l'assemblée de la SDN le 11 Septembre 1935, dans The Mc Dougall
memoranda some documents relating to the origins of FAO and the contribution
made by FranckL. Mc Dougall, FAO, Rome, 1956, p. 18.
C'est pourquoi l'avènement de la FAO devenait une
réalité. Ce fut une conférence internationale qui
lança l'IIA. Ce fut également une autre qui imagina les
structures de base et définit l'orientation de la nouvelle Organisation
internationale spécialisée dans les domaines alimentaire et
agricole : la FAO.
En fait, quels pouvaient être les objectifs d'une telle
Organisation onusienne ? Paragraphe 2 : Les objectifs de la
FAO
L'alimentation a toujours été le talon d'Achille
des pays d'où sans doute leur volonté d'adhérer à
une organisation mondiale de l'agriculture afin de conserver toute latitude
pour agir selon les intérêts du moment, de leur agriculture et de
leurs consommateurs. Ainsi les fondateurs de cette institution se sont
fixés des finalités (A) à atteindre et des
préoccupations à travers le temps (B).
C'est de cette volonté collective que la FAO a pu voir
officiellement le jour et s'est consacrée aux buts qui lui ont
été assignés.
A- Les finalités de la FAO selon ses fondateurs.
La fin de la deuxième guerre mondiale permit aux
élaborateurs de la future Organisation de dresser un bilan global de la
situation agricole et alimentaire. Ce fut aussi l'occasion pour eux de formuler
les idéaux que défend la FAO.
La réalité alimentaire et agricole de
l'immédiat après guerre était désastreuse. La
majorité de la population mondiale souffrait d'une sous-alimentation,
voire de famine, et ce, même dans les pays
industrialisés1.
Sur le plan de la production agricole régnait un
véritable marasme. Désorganisée par la crise,
l'agriculture était durablement touchée par la deuxième
guerre mondiale.
La disette sévissait un peu partout. C'est dans ce
contexte que la FAO allait définir et préciser ses
idéaux.
Concernant ces idéaux, il faut souligner que dès
les travaux préliminaires, les fondateurs de l'Organisation firent le
pari de l'imagination. Cet appel à l'imagination collective était
relayé par le grand optimisme affiché par la plupart des
concepteurs de l'Organisation. Selon leurs prévisions, famines et
disettes doivent disparaître au bout d'une génération. La
science permettrait en effet à l'agriculture d'accomplir des grands
progrès pour qu'à terme, on assiste à un accroissement de
la production agricole.
En matière d'alimentation et d'agriculture
également, les fondateurs de la FAO ont assigné à
l'organisation des objectifs à atteindre.
Sur le plan alimentaire, le préambule de l'acte
constitutif affirme avec insistance la volonté d'élever le niveau
de nutrition et des conditions de vie des populations. Le
1- SOUDJAY Soulaimane : op. cit, p. 48.
préambule poursuit en soulignant son souhait
d'améliorer le rendement de la production et l'efficacité de la
répartition de tous les produits alimentaires agricoles.
Il faut également noter que les fondateurs de la FAO
avaient une ambition, celle de la construction d'un monde meilleur. Cette
généreuse ambition était à son tour au service d'un
grand idéal : l'avènement d'une paix durable et d'un monde juste
parce que meilleur. Aujourd'hui ce qui frappe l'observateur, c'est
l'idéalisme des précurseurs et des fondateurs de la FAO.
Ainsi le premier d'entre eux, David Lubin rêvait de faire
de L'IIA, le pivot d'une organisation mondiale de la paix.
Quant à Roosevelt, le promoteur de la conférence
de Hot-Springs, il déclarait dans son discours de clôture : «
Voici comment nous pouvons préciser simplement notre objectif :
bâtir pour nous, pour tous les hommes, un monde où chaque
être humain ait une chance de vivre des jours de paix, de travailler
utilement, en gagnant au moins assez pour pourvoir à ses besoins et
à ceux de sa famille, de s'associer avec les amis de son
choix1 ».
Le souci des concepteurs de la FAO déterminait dès
lors les préoccupations de celleci à travers le temps.
B- Les préoccupations de la FAO à travers le
temps
Le rôle de la FAO est multiple et s'attache à lutter
contre les fléaux qui sévissent en matière
d'alimentation.
Les activités de la FAO ont évolué avec le
temps et ont varié selon la situation alimentaire mondiale.
Dans les années 1945 les activités de la FAO
tentaient à :
- élever le niveau de nutrition et les conditions de vie
des populations des pays du tiers monde ;
- améliorer le rendement de la production et
l'efficacité de la répartition de tous les produits alimentaires
et agricoles, y compris les produits de pêches, d'élevages et de
forêts ;
- encourager la participation populaire au développement
rural ;
- contribuer à l'expansion de l'économie mondiale
et à l'élimination de la faim dans le monde.2
La conception primaire du développement de la FAO
apparaît de plus en plus inadaptée aux temps nouveaux. Elle est
rendue possible par la redistribution des données géopolitiques.
Durant les années soixante, la FAO a accueilli de nombreux Etats
indépendants qui l'ont obligée à revoir son programme sur
le développement.
1- La conférence des Nation -Unies à Hot-Springs
sur le ravitaillement et l'agriculture dans le document der la semaine, du 15
mars 1945, les services américains d'information, section de presse, p.
10.
2- LARE BAMA : L'action de l'ONU pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO) pour la promotion du développement
socioéconomique dans les pays du 1/3 Monde : cas du Togo ;
Mémoire, 1983, p. 4.
Jusqu'alors la FAO n'avait été que studieuse et
charitable. Or, pour résoudre le problème du développement
dont on entrevoyait à peine la complexité, il fallait une
politique autrement plus téméraire.
Invité à prononcer un discours lors de la
conférence Mc Dougall 1 de 1963, Julius Nyerere, premier
magistrat de Tanganyka, actuelle Tanzanie exprimait « la
charité lorsqu'elle nous aide à nous tirer d'affaire
nous-mêmes, a une valeur estimable, et la conservera quoiqu'il advienne
du reste (...), toutefois, nous devons bien admettre que la FAO a
été créée avec des buts plus élevés
(...). Elle devait améliorer la condition des populations rurales et
contribuer ainsi à l'expansion de l'économie mondiale
».
Ces préoccupations proposent, l'instauration d'un tout
autre droit qui prendrait en considération les problèmes
économiques des pays en développement et qui oeuvrerait à
l'élimination du trop grand écart entre ces derniers et les pays
industrialisés.
Face à ces bouleversements, la FAO ne pouvait pas
réagir si elle voulait garder sa crédibilité et rattraper
le temps perdu. Une remise en question s'avérait donc indispensable
d'autant plus que les grands déséquilibres alimentaires,
soulignaient avec une dramatique acuité les limites de la
stratégie de développement agricole qu'elle avait
déployée jusque là.
La grande famine qui s'était abattue au Sahel entre
1973 et 1975 s'inscrivait dans une crise agro-alimentaire mondiale
qu'elle-même se greffait sur la crise économique
générale de l'après premier choc pétrolier. Depuis
la fin des années soixante, la situation météorologique
internationale se révéla catastrophique du point de vue agricole.
Les récoltes furent désastreuses. La production
céréalière chuta rapidement tandis que les prix
alimentaires ne cessaient de grimper.2
La FAO accueille à Rome en 1973 la conférence
mondiale de l'alimentation placée sous le haut patronage de l'ONU. Au
cours de cette conférence, une nouvelle orientation a été
donnée à la FAO. Ainsi depuis les années 70 jusqu'à
nos jours, les efforts de l'institution se réduisent à
l'étude des principaux problèmes communs aux pays en
développement et qui se posent dans les domaines de la production
végétale et animale.
Section 2 : La FAO, face à l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde.
Pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés dans le
domaine de l'alimentation et de la nutrition, la FAO agit dans un cadre bien
défini.
Elle étudie et présente l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde (paragraphe1) et
mène des actions adéquates pour l'éradication du
fléau de la faim (paragraphe2).
1- En hommage aux deux mémoires de Franck Mc Dougall en
1935 le 1er un mémorandum sur "les problèmes agricoles
et sanitaires" et le deuxième "Draft mémorandum on a united
nations program for want and food" et leur impact sur l'avènement et
l'évolution de la FAO, cette dernière a institué les
conférences Mac Dougall où d'éminents spécialistes
et des acteurs du développement viennent apporter leurs contributions
intellectuelles et proposer des orientations à l'Organisation.
2- Introduction du directeur général au programme
de travail et budget, in Programme et budget pour 1974-1975, FAO, Juillet
1973.
Paragraphe 1 :L'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde.
Pour montrer l'imminence des problèmes alimentaires
dans le monde, la FAO s'évertue à présenter la situation
de la sous-alimentation dans le monde (A) à travers des données
statistiques et les facteurs générateurs (B) de cette
situation.
A- La sous-alimentation dans le monde.
Le décompte des personnes souffrant de la faim est une
tendance à long terme dans les pays en développement.
Selon les estimations des années 2000 de la FAO, on
dénombre qu'entre 1997et 1999 à travers le monde, 815 Millions de
personnes sont sous-alimentées,dont 777 Millions dans les pays en
développement, 27 Millions dans les pays en transition et 11 Millions
dans les pays industrialisés1.
Ainsi les dernières estimations de 2008 du PAM
évaluent le nombre de personnes souffrant de la faim à 830
millions qui atteindra 1milliard en 2009.
Le Sommet mondial de l'alimentation en 1996 et le Sommet du
Millénaire en 2000 ont tous deux fixé comme objectif une
réduction de moitié de la faim entre 1990, période de
référence, et 2015. Si la date prévue approche,
l'objectif, lui demeure élusif.
En dépit des avancées concernant la
réalisation de la cible des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), c'est-à-dire la réduction de
moitié des victimes de la faim, il faudra intensifier les progrès
pour atteindre l'objectif fixé pour 20152.
La réalisation de l'objectif du Sommet Mondial pour
l'Alimentation (SMA) a ramené de 800 millions à 400 millions le
nombre absolu de personnes souffrant de la faim. La population mondiale devrait
augmenter d'environ deux milliards entre la période de
référence (1990-1992) et 2015. En conséquence, même,
si cette population accrue de personnes sous-alimentées est
réduite de moitié, près de 600 millions de personnes
continuent de souffrir chroniquement de la faim dans les pays en
développement.
Pour atteindre la cible de 400 millions fixée par le
SMA, il faudrait réduire la proportion des victimes de la faim non de
moitié, mais des deux tiers. Il faut remarquer que la population
sous-alimentée se repartit inégalement au niveau régional,
de même que des progrès pour la réalisation des OMD.
1- Les estimations de la FAO font l'objet d'une révision
annuelle à la mesure que parviennent de nouvelles informations
2- La sous-alimentation dans le monde, FAO, Rome, pp. 6-7
Diagramme n°1 : Population sous-alimentée,
par Région 2001-2003 (en millions)dans le Monde.
Asie du Sud-Est 65
Afrique du Sud 300
Asie de l'Est 160
Amérique Latine et Caraibe 52
Proche-Orient et
Afrique du Nord 38 Afrique
subsaharienne 206
Pays développés
à économie de marché 9
Economie en transition 25
Source : FAO
Parmi toutes les régions en développement, seule
la région Amérique Latine et Caraïbes est parvenue à
réduire la prévalence de la faim assez rapidement depuis 1990
pour atteindre la cible des OMD à condition que la cadence actuelle soit
maintenue.
La région Asie Pacifique a elle aussi de bonnes chances
d'y parvenir si le rythme des progrès peut être
légèrement intensifié dans les années à
venir.
Au Proche-Orient et en Afrique du Nord en revanche, la
prévalence de la faim est faible, mais elle augmente plutôt que de
diminuer. Pour atteindre cet objectif, la région devra inverser la
tendance à la hausse enregistrée durant la dernière
décennie.
En Afrique Subsaharienne, la prévalence de la
sous-alimentation a légèrement fléchie bien que le rythme
des progrès se soit accéléré dans les années
90. Pour atteindre la cible des OMD, la région devra
considérablement intensifier son action.
Si l'on regroupe les pays sur la base de la prévalence
actuelle de la sous-alimentation, on constate que c'est là où la
faim est plus répandue que les progrès ont été les
plus lents. La prévalence de la sous-alimentation augmente ou reste
globalement inchangée dans les pays en développement. Près
d'un milliard d'êtres humains souffrent de la faim1 .
L'estimation de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) de la fin de l'année 2008 est de
963 millions d'êtres humains souffrant de la faim. En deux ans, le
chiffre a augmenté de 110 millions, dû principalement à
l'envolée des prix des matières agricoles.
1- MARIE-BEATRICE Baudet : La pédagogie de la catastrophe
; Bilan du monde, 2008, p. 21.
Après des années de baisse ou de
stabilité de la sous-alimentation, les chiffres sont à la hausse,
sapant ainsi les efforts accomplis et retardant les chances d'atteindre les OMD
qui visent à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici
à 2015.
Il faut souligner que, si dans ces derniers jours la
colère est venue des grandes villes d'Asie et d'Afrique, où les
habitants ont manifesté contre la hausse des prix des denrées,
c'est surtout dans les zones rurales, voire chez les paysans que la situation
est catastrophique. Cette situation peut encore atteindre jusqu'à 90%
dans les pays en développement. L'Inde, la Chine, la République
Démocratique du Congo, le Bangladesh, le Pakistan, l'Indonésie et
l'Ethiopie comptent à eux seuls 65% des personnes souffrant de la
sous-alimentation1.
Le problème alimentaire est loin d'être
réglé. Si au Sommet de la FAO, à Rome en juin 2008, la
Communauté internationale est arrivée à se mettre d'accord
sur la nécessité d'investir dans l'agriculture, secteur
délaissé depuis vingt ans, les promesses de dons n'ont pas
été tenues. La hausse des prix n'a pas été
transformée en opportunité pour les agriculteurs des pays
pauvres, comme l'aurait souhaitée la FAO.
Désormais, la crise financière et
économique risque d'aggraver la situation alimentaire mondiale. Elle
pourrait réduire les montants d'aides humanitaires d'urgence, et les
possibilités pour les paysans d'emprunter pour acheter les semences et
les engrais. Cette situation réduit donc leurs capacités de
production aggravant ainsi les risques de déficits alimentaires dans le
monde.
B- Quelques zones critiques de la faim : les effets
complexes des catastrophes naturelles
Si les causes sont complexes, la tendance est claire les
catastrophes naturelles sont plus fréquentes, plus meurtrières et
plus coûteuses, comme l'atteste cette simple mesure. Les pertes annuelles
moyennes imputables aux ouragans, aux sécheresses, aux séismes et
autres catastrophes naturelles pendant les années 90 sont neuf fois plus
importantes qu'il y a 30 ans de cela.
L'impact des catastrophes naturelles est bien plus
considérable sur les pays pauvres que sur les pays riches, tant en
termes absolus que relatifs. Les populations des pays en développement
peuvent rarement se réinstaller loin des zones fréquemment
touchées par les catastrophes, ou renforcer leurs habitations et leurs
exploitations. Leurs infrastructures et leurs économies sont
généralement moins diversifiées et plus fragiles, de sorte
qu'une catastrophe naturelle peut retarder l'ensemble du processus de
développement.
Les catastrophes naturelles peuvent également
détériorer la sécurité alimentaire de
manière inégale et complexe. Leur impact sur les groupes et les
communautés varie en fonction des lieux d'implantation, de la
profession, du statut social, des divisions économiques, politiques et
culturelles.
1- MARIE-BEATRICE Baudet : 2008, op. cit, p. 23.
On peut en voir des manifestations dans les effets de deux
catastrophes, la sécheresse et l'infestation de criquets pèlerins
qui ont ravagé l'Afrique du Nord et de l'Ouest en 2003-2004, ainsi que
le tremblement de terre et le tsunami qu'à subi l'océan Indien en
2004, notamment en Aceh ( province indonésienne).
A la fin de 2003, les conditions météorologiques
ont favorisé le développement des populations de criquets
pèlerins dans le Maghreb et une partie du Sahel. La FAO a diffusé
des alertes sur la probabilité d'une infestation. Au début de
2004, des essaims de criquets ont déferlé sur l'Afrique du Nord
et de l'Ouest et au-delà, puisqu'ils ont été
signalé jusqu'à Chypre, en Egypte, en Guinée Conakry et au
Yémen. La plupart des essaims sont toutefois restés dans le
Nord-Ouest de l'Afrique et le Sahel où ils ont ravagé les
cultures et la végétation.
Il faut également souligner que le séisme qui
est intervenu au large des côtes de Sumatra en Indonésie le 26
décembre 2004 était le plus violent enregistré en 40 ans.
Il a provoqué un tsunami qui a tué 240 000 personnes selon les
chiffres officiels et déplacé plus de 1,6 million de
personnes1.
De nos jours, le changement climatique est devenu
préoccupant et frappe plus durement les centaines de millions de petits
agriculteurs et de petits pêcheurs ainsi que les populations
dépendant des forêts, déjà vulnérables et
victimes d'insécurité alimentaire. En influant sur les
disponibilités en terre et en eau, sur la biodiversité ainsi que
sur le prix des denrées alimentaires, la demande croissante de
biocarburants produits à partir de cultures vivrières a, elle
aussi, un impact sur les pays pauvres2 .
La pêche et l'agriculture côtière ont
été détruites dans de nombreuses régions, privant
les communautés de leur principale source d'alimentation et de revenus.
Les effets du tsunami sur l'économie nationale varie
considérablement d'un pays à un autre. L'impact sur la
sécurité alimentaire a également été
très inégal. Le secteur agricole très limité de
petits Etats insulaires tels que les Maldives et les Seychelles a
été totalement ravagé. La production rizicole nationale de
l'Indonésie, du Sri Lanka et de la Thaïlande n'a pas
été gravement touchée.
Comme le montrent ces deux situations d'urgence
différentes, même lorsque les catastrophes naturelles n'ont pas
d'effet majeur sur le volume global des approvisionnements alimentaires, elles
peuvent avoir des conséquences désastreuses sur certains groupes
de population. Ce sont souvent les plus pauvres et les plus vulnérables
qui sont les plus durement frappés, ce qui exacerbe encore la
pauvreté et la malnutrition.
Les catastrophes détruisent également les moyens
de subsistance précaires à un point tel que les populations sont
déplacées et qu'une action de relèvement à long
terme s'impose.
C'est l'ampleur de ces dégâts qui a incité
la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes, tenue
à Kobé (Japon) en janvier 2005, ayant préconisé
l'intégration expresse des mesures de prévention et
d'atténuation des catastrophes dans les stratégies
1- Le Monde diplomatique : INONDATIONS-FAIM, 2005 (52è
année) N°148, 36 p.
2- Sécurité Alimentaire Mondiale : les
défis du changement climatique et des bioénergies, octobre
2008.
nationales de développement. Face à cette situation
très critique, la FAO entreprend des actions en vue de venir à
bout du problème alimentaire.
Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour
l'éradication du fléau de la faim
L'alimentation et l'agriculture représentent les deux
domaines privilégiés de la FAO. Du fait de sa dimension
symbolique et de ses manifestations spectaculaires lors des pénuries, la
question alimentaire est celle qui touche le plus les opinions publiques. A
part les conférences qu'elle organise, conférences au cours
desquelles des expériences et recommandations sont
échangées entre les pays membres, la FAO a adopté un autre
moyen de sensibilisation à l'intention des gouvernements en servant de
source d'informations (A). Pour les aider à éradiquer le
fléau de la faim, elle a mis en place deux instruments que sont le
Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Sécurité Alimentaire
Mondiale (SAM) (B).
A- La FAO : source d'informations.
La FAO, depuis ses origines, accorde une place spéciale
aux programmes de terrain visant à aider le développement de
l'agriculture, de la pêche et de la forêt dans les pays en
développement. Elle organise des consultations internationales sur les
multiples problèmes qui se posent à l'agriculture dans le
monde.
Ainsi la FAO produit un nombre considérable de
publications en langues internationales de travail1,
présentant un grand intérêt général. Elle a
mis en place entre autres, une bibliothèque et des systèmes de
documentations dont « AGRIS » et « CARIS ».
En effet, l'AGRIS est un système international
d'informations pour les sciences et la technologie agricoles. Il assure la
couverture exhaustive des ouvrages nouvellement parus qui intéressent la
FAO.
Le CARIS, par contre, est un système d'informations sur
les recherches en cours sur l'agriculture. Il rassemble, ordonne et diffuse des
données de base sur les recherches dans les domaines de l'agriculture,
de la production animale, des forêts, et des pêches.
La FAO à travers les mass médias diffuse des
informations relatives à l'état de l'alimentation mondiale.
Les publications faites par la FAO vendues chez ses
dépositaires et agents se répartissent en quelques grandes
rubriques à savoir :
-« Agriculture questions générales
» traitant des sujets relatifs aux recherches agricoles,
régimes fonciers et réformes agraires, coopératives,
techniques modernes agricoles.
-« Plante et phytologie ; la
zootechnique les forêts », dans ces types d'ouvrages, les
questions traitées concernent la sélection des semences, les
maladies, la protection des plantes, des forêts et la production
animale.
1- Depuis les années 1960 les langues de travail retenues
au sein de la FAO sont : l'Anglais, le Français, l'Arabe et le Russe.
-« Pêches » : cette rubrique
englobe des ouvrages sur des équipements de la pêche, la science
et la biologie halieutique, la pollution de la mer et les cours d'eau, le
transfert et la commercialisation des produits de pêche.
-« Terres et eaux » : on y
rencontre des publications sur la pédologie, la conservation et la mise
en valeur des terres, l'utilisation des engrais, les techniques d'irrigation et
de drainage.
-« Le développement
socio-économique » : dans cette partie sont rangés
les documents traitant de la gestion des exploitations et de l'économie
de la production, la commercialisation, le développement rural,
l'économie familiale, la formation et la vulgarisation.
-« Les statistiques agricoles, l'alimentation et
la nutrition » :Ces documents concernent les facteurs de
production agricole, la science alimentaire, le contrôle des aliments,
les normes alimentaires, l'enquête et la sécurité
alimentaire.
C'est à partir de ces publications multiformes que la FAO,
tient en haleine le monde entier sur les questions d'urgence notamment la
pauvreté et l'insécurité alimentaire.
Il faut souligner que c'est à la fin des années
cinquante et le début des années soixante, avec
l'indépendance de la plupart des Etats et avec la persistance de la
famine que la FAO reconsidère d'une manière prioritaire le
problème de la faim et de la pauvreté des populations rurales. En
dehors des mesures d'informations, la FAO crée des instruments de lutte
contre la faim et d'appui aux couches sociales les plus
défavorisées. C'est d'ailleurs le motif principal de la mise en
place de ces deux instruments que sont le Programme
Alimentaire Mondial (PAM) et la Sécurité Alimentaire Mondiale
(SAM).
B - La mise en place du Programme Alimentaire Mondial
(PAM) et de la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM)
Pour résoudre les problèmes alimentaires
auxquels le monde est confronté, l'Organisation a mis progressivement en
place ces deux instruments dont elle assume avec les Nations Unies, la
cogestion et par là insuffler un nouvel élan au concept de
sécurité alimentaire1 .
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM)
Conçu initialement pour une période temporaire
de trois ans, le PAM a su apporter la preuve de son utilité à
travers le monde et justifier sa pérennité. Désormais
reconnue comme un outil indispensable de la Communauté internationale
dans sa lutte contre la faim, le Programme s'interroge aujourd'hui sur la
situation alimentaire mondiale. Le PAM demeure actuellement un des organismes
les plus en vue lors des opérations d'urgence.
1- BENSALAH-ALAOUI, la sécurité alimentaire
mondiale, 1GDJ, Paris, 1989
Concernant les sources du Programme, il faut noter qu'en 1959,
la FAO lança sous l'impulsion de son Directeur Général
d'alors, la campagne mondiale contre la faim dont les objectifs principaux
étaient d'allier agriculture et industrie afin d'augmenter la production
et les revenus agricoles. En réponse à ce mouvement,
l'Assemblée Générale des Nations Unies adopta, en octobre
1960, une résolution qui pour la première fois donnait aux
Nations Unies la responsabilité de faire parvenir les excédents
de produits alimentaires aux peuples qui en manquent1
La mise en place de ce Programme a été le fruit
d'un long processus. C'est à la suite des initiatives conjuguées
qu'on a abouti à l'adoption des résolutions 1/61 de la
Conférence de la FAO et 1714 (XVI) de l'Assemblée
Générale de l'ONU qui ont établi officiellement le PAM.
Eu égard aux difficultés alimentaires qui ne
cessent de surgir de par le monde, le PAM est devenu un instrument d'une
nécessité vitale pour les Etats. Face à cette situation,
il y a lieu de s'interroger sur la mission du Programme.
La mission du programme peut être répartie dans
trois grandes catégories :
- La première regroupe celles qui concernent le long
terme c'est-à-dire l'utilisation des produits alimentaires dans un
processus global de développement socio-économique avec une prise
en compte particulière des populations indigentes. Les projets auxquels
prend part le PAM sont relatifs à l'amélioration du rendement de
la production agricole, à l'emploi plus efficace des ressources humaines
et à la recherche d'un bien-être matériel pour les
ruraux.
- La deuxième catégorie réunit l'ensemble
des activités essentiellement axées sur le court terme. Il s'agit
principalement des projets de secours d'urgence.
- Enfin la troisième catégorie combine les deux
premières puisqu'elle allie à la fois le long et le court terme
à travers le soutien qu'elle apporte à la sécurité
alimentaire mondiale.
Dans ses préoccupations actuelles, le PAM a, à
travers sa réserve alimentaire internationale d'urgence,
multiplié les interventions pour soulager les populations victimes des
catastrophes naturelles ou engendrées par l'espèce
humaine2.
Afin de permettre au Programme de répondre encore plus
efficacement aux attentes des populations victimes de situations urgentes, le
Directeur Exécutif a soumis au Comité des Politiques Alimentaires
(CPA) une proposition visant à instituer un fonds spécial. Il
s'agirait d'un fonds de roulement destiné à être
reconstitué chaque année et qui financerait les premières
opérations d'urgence en attendant l'arrivée des secours
humanitaires3.
1- Résolution 1496 (XV) d'octobre 1960 de
l'Assemblée Générale des Nations Unies.
2- Les situations de guerre nécessitant des interventions
urgentes
3- Les Secours humanitaires sont des aides provenant des Etats
ou des ONG lors des situations d'urgences.
Après le PAM, la question alimentaire étant
restée toujours sans solution, la FAO se voit obliger de mettre en place
un nouvel instrument :
La Sécurité Alimentaire Mondiale
(SAM).
La Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM) est un long
mûrissement de travaux théoriques et d'opérations sur le
terrain.
La Conférence Mondiale sur l'Alimentation de
décembre 1973 a abouti à l'adoption consensuelle de la
Déclaration Universelle pour l'Elimination définitive de la Faim
et de la Malnutrition (DUEFM) d'une part et de 22 résolutions dont la
XVIIème relative à l'engagement international sur la
Sécurité Alimentaire Mondiale1, d'autre part.
Dans son préambule, la DUEFM fait explicitement
référence à la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme en indiquant que le droit à l'alimentation fait partie des
principes et des valeurs de caractère fondamental qui sont
incarnés dans le droit à la vie et à la dignité
humaine. Le Nouvel Ordre Economique International (NOEI) occupe une place de
choix dans le préambule de la Déclaration de la Conférence
Mondiale de l'Alimentation (CMA).
Ce texte entend donc revendiquer les apports du NOEI pour le
compte du droit à l'alimentation de chaque individu. Il faut noter que
la Déclaration a insisté sur la gravité de la situation
alimentaire mondiale et sur l'urgence à agir ensemble.
L'élimination définitive de la faim est un objectif commun de
tous les pays de la collectivité internationale.
Dans cette optique, un effort de solidarité est
demandé aux pays développés. La Déclaration et les
résolutions qui l'accompagnent essaient d'aller au-delà de ces
intentions généreuses en précisant les moyens que devrait
s'accorder la communauté internationale pour garantir une nutrition
adéquate pour tous.
Les objectifs passent par l'amélioration de la
production agricole et le développement rural, un accroissement de
l'aide alimentaire et la mise en place d'un système mondial
d'information et d'alerte rapide2.
Ce plan d'action pour la sécurité alimentaire
rappelle la nécessité de mettre en place des politiques de
stockages céréalières, de définir des
critères de gestion, de déblocage de ces stocks et indiquer les
mesures à prendre pour garantir la sécurité alimentaire
aux pays en développement. D'où cette nouvelle approche
imprimée par le Secrétaire Général de la FAO
Monsieur Edouard Saouma, selon laquelle « la finalité de la
Sécurité Alimentaire Mondiale est d'assurer à tous et en
tout temps l'accès matériel et économique aux aliments de
base indispensables, en tenant compte de tous les facteurs
1- Rapport de la Conférence Mondiale de l'Alimentation,
document officiel UN/E/Conf. /65/20, Nations Unies, New York, 1975
2- Résolution XVII, paragraphe 4, voir également
l'article 11 de la Déclaration Universelle pour l'Elimination
définitive de la faim et de la malnutrition (DUEFM).
qui influent sur la capacité des pays ou des individus
à produire ou acheter de quoi se nourrir1 ».
Pour ce faire, trois objectifs ont été
dégagés :
- la garantie d'une production suffisante ;
- la stabilisation maximale du flux des approvisionnements ;
- l'accès à ces approvisionnements par tous ceux
qui en ont besoin.
Le pacte mondial de la sécurité alimentaire
adopté lors de la vingt troisième session de la Conférence
a permis à la FAO d'affirmer plus encore ces propositions. Dans ses
principes généraux, le pacte lie l'éradication
définitive de la faim à la disparition de la pauvreté. Cet
idéal vise à agir tout de suite en faveur des plus démunis
et dresse les actions que devraient mener trois différents groupes
d'acteurs notamment les gouvernements, les organisations non gouvernementales
et les individus.
Outre, son contrôle indirect sur la Réserve
Alimentaire Internationale d'Urgence (RAIU), la FAO possède des
instruments indispensables ou utiles comme le Système Mondial
d'Information et d'Alerte Régionale sur l'Alimentation et l'Agriculture
(SMIAR) pour informer et alerter le Programme d'Assistance à la
Sécurité Alimentaire (PASA) pour agir.
Après cette analyse globale des préoccupations
des initiateurs de l'Institution FAO et les mesures prises pour
désamorcer les problèmes de développement
socioéconomique en général et d'insécurité
alimentaire en particulier, il importe de présenter le cas
spécifique du Togo. En effet, le Togo malgré sa
géographie, son climat et l'extrême jeunesse de sa population
n'est pas épargné des problèmes socio-économiques
et de la faim. Ce qui nous oblige à faire un bref aperçu sur sa
situation alimentaire, les atouts et les contraintes afférant au secteur
agricole et la politique menée par l'Etat togolais afin de venir
à bout de ces déséquilibres alimentaires.
1- Rapport de la Conférence, vingt deuxième
sessions, Rome, 22 novembre 1983.
CHAPITRE II : LA SITUATION ALIMENTAIRE DU TOGO
Au Togo, l'agriculture constitue le plus important secteur qui
occupe la majorité de la population. Environ 70% de la population active
dépend de ce secteur et 90% des agriculteurs cultivent des produits
vivriers.
Malgré ces atouts, le secteur ne progresse pas au
rythme de l'évolution démographique. La contribution du secteur
au Produit Intérieur Brut (PIB) qui était
généralement de 33% est passé à 41% depuis les
troubles sociopolitiques des années 1990 en raison de la stagnation
voire de la régression des autres secteurs de l'économie
nationale.
A travers ce chapitre nous allons présenter
l'évolution de la production alimentaire et l'insécurité
alimentaire (section1) et la politique agricole menée par le Togo en vue
de parvenir à sa sécurité alimentaire (section 2).
Section 1 : L'évolution de la production
alimentaire et l'insécurité alimentaire au Togo
La production alimentaire est toujours conditionnée par
plusieurs facteurs. Ainsi la qualité de la production dépend elle
justement de la faveur de ces facteurs. Le Togo dispose d'énormes atouts
pour la production alimentaire (paragraphe1) cependant, sa
sécurité alimentaire est loin d'être garantie (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire
et sa situation au Togo
La production alimentaire au Togo est très
variée et porte sur les produits issus de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche. Cette production bénéficie
néanmoins de certains facteurs notamment naturels et humains (A) ce qui
confère au Togo sa situation alimentaire (B) actuelle.
A- Les atouts de la production alimentaire au Togo.
Les atouts de la production alimentaire sont liés à
la nature, à la disponibilité de la main d'oeuvre et à la
volonté politique des gouvernements successifs togolais.
Il y a lieu de relever que le secteur agricole
bénéficie des conditions favorables en ce qui concerne les sols,
la pluviométrie et les techniques agricoles.
Les superficies généralement exploitées
annuellement au Togo s'élèvent à environ 1,4 million
d'hectares, soit 41% des superficies cultivables qui se chiffrent à 3,4
millions d'hectares dont 240.000 hectares de bas-fonds. La taille moyenne des
exploitations varie de 1,1 à 3,3 hectares et peut atteindre dans des cas
isolés 10 hectares.
Les sols du Togo peuvent ainsi être classés en trois
catégories :
- Les sols riches naturellement fertiles occupent 20% de la
superficie totale ;
- Les sols relativement riches, 40% plus fragiles, qui
nécessitent l'amélioration par l'homme ;
- Les sols pauvres, 40%1.
Cette disponibilité de terres cultivables offre aux
agriculteurs togolais une opportunité de pouvoir produire en
quantité.
Concernant la pluviométrie, il faut noter qu'au Togo
toutes les régions sont arrosées au cours d'une année
même si les quantités d'eau ne sont pas les mêmes. L'exemple
des relevés météorologiques de l'année 2006 nous
montre à suffisance que le Togo bénéficie d'un atout
favorable à travers sa pluviométrie.
La pluviométrie moyenne relevée sur dix stations
au cours du quatrième trimestre de l'année 2006 par la Direction
de la Météorologie Nationale était de 145,4 mm en 12 jours
par rapport au quatrième trimestre 2005, enregistrant ainsi une hausse
de 25,2% pour la quantité2.
La quantité de pluie était plus abondante et
mieux répartie sur tous les mois de l'année 2006. Cette hausse de
la pluviométrie avait affecté favorablement la production de la
campagne agricole 2006-2007.
Outre ces atouts, la production alimentaire
bénéficie également des ressources humaines et d'une
volonté politique de la part des gouvernants.
La population agricole est de 3011598 habitants
composée de 50,6% de femmes contre 49,4% d'hommes
généralement sous employés, dont la faible
productivité laisse entrevoir des marges d'amélioration possible.
On dénombre près de 4000 Organisations Professionnelles Agricoles
(OPA) dont environ 650 groupements féminins.
Il faut aussi signaler que le secteur agricole constitue un
axe important de relance économique du Togo. Ainsi, depuis 1975,
l'agriculture a été considérée par les
autorités comme la priorité des priorités. Cette
volonté s'est traduite par l'allocation d'importantes ressources
financières à ce secteur. On peut ajouter aussi que les marges de
progrès du secteur sont importantes si les orientations futures devaient
permettre de passer réellement à une agriculture intensive.
Dans ce secteur, les productions vivrières
représentent environ les deux tiers, cette part restant à peu
près constante sur les dix dernières
années3.
C'est l'ensemble de ces facteurs qui détermine la
variété des produits alimentaires au Togo.
1- Annuaire économique officiel, 1982/1983, p. 68.
2- Rapport Economique, Financier et Social du Ministère
de l'Economie et des Finances 2008, p. 33.
3- Stratégie intérimaire de réduction de la
pauvreté, Mars 2008, p.35.
B- La situation alimentaire du Togo
Les productions ont beaucoup accru au fil des années
grâce à l'augmentation des superficies, aux conditions naturelles
favorables, à l'application de nouvelles techniques et aux actions de la
recherche en matière d'amélioration variétale pour les
productions végétales et des espèces pour les productions
animales.
De 1963 à 1975, en raison de la taille de sa population et
du régime pluviométrique
satisfaisant dont il a bénéficié, le Togo a
pu se mettre à l'abri des difficultés alimentaires.
Cet équilibre alimentaire fragile a été
rompu en 1977 suite à la grande sécheresse dont a souffert le
pays.
Pour remédier à cette situation, la politique de
révolution verte a été lancée par le Chef de
l'Etat, feu Général Gnassingbé Eyadéma et les
résultats qui en ont découlés, ont contribué
à faire accroître la production de façon significative.
En matière de production vivrière, il faut
remarquer que dans l'ensemble, la production des céréales, de
tubercules et de légumineuses a évolué en dents de scie au
cours des 40 dernières années ; de bonnes récoltes
alternant avec celles de moins bonnes.
En ce qui concerne la production animale et halieutique, il
faut retenir que le secteur de la viande et du poisson est demeuré
déficitaire jusqu'à ce jour. La production animale en progression
constante depuis 1985 pour les ovins, caprins et les volailles permet de
couvrir 61% des besoins nationaux en viande. La pêche avec une production
de poisson variant de 15000 à 17000 tonnes couvre 30% des besoins
nationaux.
Le solde alimentaire du Togo est continuellement négatif
et le déficit s'accroît d'année en année, avec
l'augmentation de la population.
Le tableau suivant fait état de la situation alimentaire
au Togo de 1991 à 2000. Tableau N° 1 Bilan
alimentaire de 1991 à 2000
Années
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
production
|
-
|
-
|
29841
|
-
|
-37939
|
15817
|
53185
|
-77376
|
32306
|
4381
|
vivrière
|
93994
|
77082
|
|
45100
|
|
|
|
|
|
|
Production de viande
|
-
|
-
|
11288
|
11508
|
11627
|
12373
|
12689
|
12780
|
13140
|
13430
|
Production de poisson
|
-
|
-
|
16420
|
12380
|
11900
|
15040
|
14290
|
19513
|
22920
|
21000
|
Sources : Direction des Statistiques
Agricoles, de l'informatique et de la Documentation (DSAID) et Direction de
l'Elevage et de la Pêche.
Unité : Tonnes.
Par ailleurs, il ressort de l'analyse de la situation
alimentaire de 1991 à 2002 faite par la Direction des Statistiques
Agricoles, de l'Information et de la Documentation (DSAID) et la Direction de
l'Elevage et de la Pêche, que le solde alimentaire du Togo est
continuellement négatif et le déficit s'accroît
d'année en année, avec l'augmentation de la population.
Cependant, le bilan global paraît satisfaisant. Les
céréales ont connu une progression variable mais continue. La
viande et le poisson bien qu'ayant augmenté en production, n'ont pas
permis d'éponger le déficit persistant.
Ce bilan mitigé nous donne l'ampleur du défi
à relever. Il est une preuve de l'état d'insécurité
alimentaire du Togo. Plusieurs facteurs expliquent cette
insécurité alimentaire au Togo.
Paragraphe 2 : L'insécurité alimentaire
au Togo
L'insécurité alimentaire au Togo est liée
à plusieurs causes (A). Cette insécurité met le Togo dans
une situation triste et alarmante.
Evidemment, pour nous, il ne s'agit pas seulement d'explorer les
causes de l'insécurité alimentaire, mais aussi de montrer son
ampleur au Togo (B).
A- Les causes de l'insécurité alimentaire
Il faut noter que les causes de l'insécurité
alimentaire au Togo sont multiples et se résument en causes
démographique, politique, économique et naturelle.
1-Causes démographiques
La population togolaise, loin d'être un atout incontestable
pour la production alimentaire, constitue une cause de
l'insécurité alimentaire.
. En effet, selon la Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité
Nationale (DGSCN), la population togolaise est estimée
entre 5,8 et 6,3 millions d'habitants en 2007, dont environ 51% de femmes et
49% d'hommes, avec un taux annuel de croissance relativement
élevé de 2,4%1.
Cependant, la production alimentaire n'est pas proportionnelle
à la croissance démographique, ce qui serait à l'origine
du déséquilibre alimentaire constaté dans ces derniers
jours au Togo
C'est dans cette même logique que J. Berg ROBBERT, dans
son ouvrage ; Stratégie pour un nouveau développement en
Afrique, relève les difficultés qui se posent aux Africains
dans le cadre de leur développement en mettant un accent particulier sur
la croissance démographique.
Pour lui, l'explosion démographique liée aux
progrès de la médecine a contribué à épuiser
les ressources naturelles, car les besoins alimentaires de la population se
multiplient infiniment.
1- PROGRAMME NATIONAL DE SECURITE ALIMENTAIRE : Stratégie
et plan d'actions à court et moyen termes (2008- 2015), FAO, 2009, p.
12.
Il faut signaler que parmi les causes de
l'insécurité alimentaire au Togo, nous avons les causes
politiques.
2-Les causes politiques.
Au lendemain des indépendances, les gouvernements
successifs togolais ont mis en place des politiques et des programmes
agricoles. Cependant, depuis les années 1960 jusqu'à nos jours
ces initiatives n'ont pu pleinement satisfaire les attentes des populations.
Ces échecs peuvent être justifiés, non seulement par le
manque de moyens, mais aussi par le manque d'une bonne politique1
agricole.
Ce manque d'une bonne politique agricole pose des
problèmes d'ordre institutionnel et réglementaire.
Concernant les causes politiques de l'insécurité
alimentaire, Frantz FANON évoque la bourgeoisie nationale qui consomme
plus qu'elle n'investit et dont l'esprit de jouissance l'emporte sur celui de
créateur et inventif2.
Les Autorités togolaises n'ont pas sérieusement
investit dans l'agriculture, qui est le pilier du développement
socio-économique au Togo.
Nous ne devons pas perdre de vue que les difficultés
financières constituent une cause de l'insécurité
alimentaire au Togo.
3-Les causes économiques.
Au Togo la mobilisation de moyens financiers
génère des problèmes tels que : la raréfaction des
financiers, des sources externes et la suspension des décaissements pour
les projets en exécution et les difficultés de mobilisation
effective des fonds en terme de contrepartie et de fonctionnement des
institutions par les trésors publics.
On enregistre ainsi un faible taux d'allocation
budgétaire par rapport aux besoins exprimés, une baisse relative
des crédits consommés par les directions ou services directement
engagés dans l'appui à la production, une faiblesse des
crédits alloués au développement des organisations
coopératives et professionnelles.
Le constat est également que, le niveau d'organisation
économique des producteurs est faible au Togo.
Il faut ajouter à ces problèmes, le manque de
moyens financiers des agriculteurs, ce qui explique l'usage des instruments
rudimentaires et traditionnels. Ces instruments aratoires ne permettent pas aux
paysans togolais d'aménager une grande superficie pour les cultures.
Parlant également des causes de
l'insécurité alimentaire au Togo, la Banque Mondiale affirmait
dans un rapport relatif au Projet PNUD/FASEG sur les OMD qu'«il
n'est pas possible de se procurer, avec un petit budget, une alimentation
optimale. Même
1-Dans le présent document, le terme «
politique » est à prendre au sens large d'« ensemble de
mesures interdépendantes concernant la définition d'objectifs et
les moyens [tels que stratégies, plans, lois, règlements ou
projets relatifs au secteur] de les réaliser en fonction de la
situation.
2- FANON Frantz : les damnés de la terre, Maspero, Paris,
1968, p. 116.
si les disponibilités alimentaires semblent couvrir
les besoins des populations au Togo, la stabilité,
l'accessibilité et la qualité restent problématiques pour
des raisons financières».
Dans la rubrique des causes de l'insécurité
alimentaire au Togo, nous ne devons pas perdre de vue les causes liées
à la nature.
4-Les causes naturelles.
La production alimentaire au Togo, comme partout ailleurs
dépend à un certain moment de la clémence de la nature.
Selon le rapport de la Journée Mondiale de
l'Alimentation (JMA) du 16 octobre 2008, le changement climatique frappe plus
durement les centaines de millions de petits agriculteurs et de petits
pêcheurs ainsi que les populations dépendantes des forêts,
déjà vulnérables et victimes d'insécurité
alimentaire.
Il faut signaler que le Togo a été victime, dans
ces derniers jours des catastrophes naturelles, qui ont affecté durement
la production alimentaire.
Ainsi, le rapport de la situation sur les inondations au Togo
du 13 novembre 2007 précise que sur l'ensemble du territoire, on compte
environ 60000 victimes dont 52000 dans les Savanes et 8000 dans la Maritime et
les Plateaux. Prenant en compte le fait que les inondations ont touché
tout le territoire national à des degrés divers, il faut signaler
que les zones les plus affectées sont les préfectures de
Kpendjal, de l'Oti (pour les Savanes) et la préfecture des Lacs, la
sous-préfecture d'Afagnan dans la région Maritime et les
préfectures de Haho et de l'Agou dans les Plateaux.
Les récentes inondations de juillet 2008 et 2009 ont
été aussi catastrophiques pour le pays.
Entre autres aléas naturels affectant la production
alimentaire au Togo, nous pouvons énumérer une
météorologie capricieuse (cycles de sécheresse ou pluies
diluviennes, selon les régions), des reliefs inadaptés, des
ravageurs et des maladies.
Par ailleurs la déforestation incontrôlée et
la culture sur brûlis entraînent un appauvrissement des sols.
Eu égard aux innombrables causes,
l'insécurité alimentaire ne peut être qu'imminente au
Togo.
B- Les manifestations de l'insécurité
alimentaire au Togo.
Au Togo, l'insécurité alimentaire se pose en
terme de manque d'accès de la population aux vivres. Ce déficit
est plus accentué pour les productions animales et halieutiques. Cette
insécurité est très marquée en milieu rural
où, au régime alimentaire inadéquat de ces populations
pauvres, s'ajoute l'influence des mauvaises conditions d'hygiène,
à l'origine du taux de malnutrition relativement élevé.
Environ 25% des enfants de moins de 5 ans ont une insuffisance
pondérale, 30% ont des retards de croissance et 5% sont
émaciés. D'un autre côté, la proportion et le nombre
total de personnes sous-alimentées étaient de 23% et 1 million en
1998-2000, contre respectivement 28% et 1 million en 1990-1992. Sur la base des
tendances observées entre 1990 et 2000 (croissance du nombre de
sous-alimentés: 0% et de la proportion de
personnes sous- alimentées: -5%), en 2010, on peut
estimer que globalement, le nombre de personnes sous-alimentées se
situerait autour de 1 million et la proportion de personnes
sous-alimentées à 18%1.
L'insécurité alimentaire se manifeste de plusieurs
manières au Togo. Elle s'observe à travers :
-L'état nutritionnel et l'indisponibilité
alimentaire ;
- L'existence des groupes vulnérables ;
- La méconnaissance en matière alimentaire ;
- l'hygiène alimentaire ;
- la pauvreté.
1-L'état nutritionnel et l'indisponibilité
alimentaire.
On constate, naturellement au Togo qu'en période de
récolte, les aliments ne font pas défaut. Mais c'est pendant la
période dite de soudure c'est-à-dire la fin de chaque campagne
agricole, que certains ménages éprouvent la peine de satisfaire
leurs besoins alimentaires. A ce moment, il y en a qui ne mangent plus à
leur faim et ceux qui n'en trouvent même pas.
Selon la Stratégie Intérimaire de
Réduction de la Pauvreté (SIRP) élaborée par le
Togo en Mars 2008, la délégation des conditions de vie des
ménages est due à la faiblesse du revenu agricole.
Selon également, l'enquête QUIBB 2006, 42,1% de
la population togolaise est sous alimenté ; un rapport calorique
inférieur à la norme de 2400 Kcal par jour par équivalent
adulte fixé par la FAO. Cette sous-alimentation de la population est
fortement corrélée avec la pauvreté monétaire dans
la mesure où 64,1% de la population pauvre, sur le plan national, est
sous-alimenté. En outre, 6,4% des personnes non pauvres sont
également sous-alimentées2.
En milieu rural, 47,1% de la population est
sous-alimenté contre 32,2% en milieu urbain. Il faut aussi remarquer que
la région des plateaux est la moins touchée par la
pauvreté alimentaire avec une incidence de 25,3%, suivie de Lomé
30,1%, des régions Maritime 38,6%, de la Kara 48,6%, Centrale 63,9% et
des Savanes 72,9%. La corrélation entre la pauvreté et la
sous-alimentation est plus forte à Lomé où 85,2% de la
population pauvre est sous-alimenté.
Cette corrélation est également très
élevée dans la région Centrale et dans la région
des Savanes où respectivement 78,9% et 79,5% des populations pauvres
sont sousalimentées.
Selon cette enquête, environ 70% de la population togolaise
est mal nourri.
1-Programme National d'Investissement à Moyen
Terme (PNIMT), dans le cadre du NEPAD-PDDAA-FAO, 2005, p. 7.
2- Stratégie Intérimaire de Réduction de la
Pauvreté, mars 2008, p. 18.
2-L'existence des groupes vulnérables.
La vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire peut se définir comme
étant « le risque encouru ou la fragilité à
laquelle on s'expose en cas de perte soudaine de revenus ou de non accès
à la nourriture1 ». C'est donc tout ce qui
peut précipiter une crise alimentaire si aucune action compensatoire
n'est entreprise. Cette fragilité se réfère au risque de
sous- alimentation.
En effet, on distingue généralement quatre
catégories de groupes vulnérables et qui existent
également au Togo. Selon ces catégories on distingue :
-Les groupes biologiquement vulnérables,
c'est-à-dire des personnes qui, en raison de leur âge ou de leur
état physique courent un grand risque de malnutrition.
Cette catégorie concerne les vieillards, les femmes
enceintes ou allaitantes et les enfants en période de sevrage. Au Togo
plusieurs personnes de ce groupe meurent de la malnutrition.
-Les groupes économiques
vulnérables sont des personnes qui sont sujettes à la
pauvreté en raison de la médiocrité de leur condition
socio-économique. Ces personnes n'ont pas suffisamment accès
à la nourriture de qualité telles que les démunis urbains
et ruraux.
Toujours dans la liste des groupes vulnérables, nous
avons les groupes politiquement vulnérables à
l'instar des réfugiés victimes des troubles socio-politiques, qui
se retrouvent en état d'insécurité alimentaire et
les catégories écologiquement
vulnérables. Il s'agit, au Togo des populations qui vivent dans
des zones de montagne et des savanes. C'est également le cas des
populations de Kara qui ne disposent pas assez de terres cultivables, à
cause des montagnes.
3-La méconnaissance en matière
alimentaire.
Il faut constater que dans les pays du tiers monde, nombreux
sont ceux qui ignorent tout, du rôle des aliments. Pour ceux-ci, il
suffit d'avoir un ventre plein pour bien se porter. C'est cette conception
erronée et illusoire qui est une manifestation de
l'insécurité alimentaire dans la plupart des pays en
développement en général et au Togo en particulier. Pour
bon nombre de togolais, il est inconcevable qu'une personne qui n'a jamais faim
puisse souffrir d'une maladie physique parce que quelque chose manque à
son régime alimentaire. C'est d'ailleurs, ce qui s'explique par les cas
fréquents de kwashiorkor constatés dans les zones rurales.
Dans certains cas, la malnutrition tient à de mauvaises
habitudes et croyances relatives aux tabous et aux interdits qui sont parfois
alimentaires.
La plupart de ces tabous s'applique aux aliments comme les
oeufs, le lait, la viande de certains animaux et certains poissons. Cette
situation ne permet pas aux populations d'avoir une alimentation
équilibrée.
4-L'hygiène alimentaire.
1- Insécurité Alimentaire dans les Pays ACP : Des
politiques et Programmes d'Intervention aux groupes vulnérables,
Universitaire catholique de Louvain, 26.30 octobre 1998, p. 10.
Bien que les conditions générales de
santé se soient un peu améliorées en Afrique, les
problèmes sanitaires relatifs aux aliments persistent . Les mauvaises
conditions d'hygiène favorisent la malnutrition en permettant la
transmission des germes responsables des maladies.
Les diverses maladies parasitaires peuvent également
avoir une incidence sur l'état nutritionnel des populations. Le plus
grand constat au Togo, est que la plupart des maladies dont souffrent les
Togolais est souvent liée au manque d'hygiène dans le traitement
des aliments. Parmi les maladies alimentaires, nous avons entre autres, le
choléra, l'hémorroïde, les maladies causées par les
parasites tels que les ascaris et les ankylostomes.
Dans la rubrique des manifestations de l'insécurité
alimentaire au Togo l'on peut citer la pauvreté.
5-La Pauvreté.
Il n'existe pas une définition unique de la
pauvreté, le phénomène étant multidimensionnel.
Aussi, au Togo, la démarche globale retenue pour sa mesure et son
étude s'est-elle reposée sur deux approches, l'approche
quantitative de la pauvreté et l'approche basée sur la perception
de la pauvreté par les populations.
Ainsi, les résultats de l'enquête Questionnaire
Unifié des Indicateurs de Base du Bienêtre (QUIBB) de 2006 servent
de référence pour la présente analyse de la
pauvreté au Togo. Des seuils de pauvreté ont été
calculés pour les cinq régions du Togo et pour la capitale
Lomé suivant les méthodes fondées sur les besoins
alimentaires.
Tableau n°2 : Seuils de pauvreté par
région au Togo
|
Lomé Maritime1
|
Plateaux Centrale Kara
|
Savanes
|
National2
|
Seuil de pauvreté par équivalen t
adulte et par an en FCFA
|
24200
|
156115
|
15483
|
179813
|
155026
|
157294
|
242094
|
Source : DGSCN, profil de pauvreté 2006
établi à partir de l'enquête QUIBB.
Selon les résultats de l'enquête QUIBB relatifs
au profil de la pauvreté monétaire au Togo, l'incidence de la
pauvreté est estimée à 61,7% de la population, soit
près de 3242257 individus repartis dans 535486 ménages. La
pauvreté est essentiellement rurale où l'incidence est de 74,3%
représentant 79,9% de pauvres.
1-Région maritime à l'exception de Lomé.
2- Le seuil à Lomé est considéré
comme seuil national de pauvreté.
En milieu urbain, l'incidence de la pauvreté est de 36,8%
correspondant à 20,1% des pauvres.
Eu égard à cette situation de
déséquilibre alimentaire, les gouvernants togolais ont entrepris
depuis les indépendances la politique de sécurité
alimentaire à travers les programmes agricoles et le renforcement des
capacités des producteurs.
Section 2: Les actions relatives à la politique
agricole et à la sécurité alimentaire au Togo
Les autorités togolaises ont pris depuis longtemps
l'engagement d'assurer l'autonomie alimentaire du Pays. C'est ainsi qu'au
lendemain de l'indépendance, les principales actions en matière
de développement agricole consistaient en la promotion des cultures
vivrières et d'exportation (paragraphe1) et au renforcement des
capacités des producteurs et l'aménagement des infrastructures
agricoles (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les politiques, les programmes et le cadre
institutionnel des services agricoles.
A travers l'élevage, la pêche et la
sylviculture1, l'agriculture est le pilier de l'économie
togolaise. Elle contribue pour plus d'un tiers au PIB, emploie près de
70% de la population active et assure environ un tiers de l'ensemble des
exportations2.
Convaincues que le développement rural est
indispensable à la croissance en raison de l'amélioration des
niveaux de vie et de la réduction de la pauvreté qu'il
favorisera, les autorités togolaises ont mis en place des politiques et
des programmes (A) en créant des cadres institutionnels pour les
services agricoles (B).
A- Les politiques et les programmes agricoles
Dans le cadre de ces programmes, en dehors de la
vulgarisation, de la recherche et de la réalisation des infrastructures
socio-économiques, les actions portées sur les plans de
développement expriment toute l'importance que revêt, aux yeux des
autorités togolaises, la nouvelle politique agricole : 6 milliards de
FCFA allaient au secteur agricole dans le 1er plan ; 11,2 dans le II è ;
56,2 dans le IIIè ; 66,6 dans le IVè entré en vigueur en
1981.
En effet, du 1er plan quinquennal 1996-1970 en
passant par le IIè 1971-1975 et le IIIè 1976-1980 au IVè
1981-1985, la part des crédits agricoles a été
multipliée par plus de onze fois3.
L'objectif à atteindre est triple :
- assurer rapidement au pays son indépendance alimentaire
par la promotion des cultures vivrières ;
- procurer des ressources financières plus importantes
à l'Etat par le développement des cultures industrielles
d'exportation ;
1- Selon le Petit Larousse illustré 2001 : la
sylviculture est l'entretien et l'exploitation des forêts.
2- Togo : Sortir de la crise, sortir de la pauvreté, une
évaluation de la pauvreté. Banque Mondiale, 1996, p. 60.
3- Annuaire Economique Officiel ; 1982-1983, p. 65.
- créer une véritable industrie agro-alimentaire
fondée sur le surplus dégagé du produit agricole
après la satisfaction des besoins de la consommation nationale.
Ce triple objectif est celui assigné à la
révolution verte lancée par le gouvernement togolais au cours du
séminaire agricole de 1977. Le IVè plan de développement
devait dès lors mettre un accent particulier sur le développement
agricole par la méthode de la culture intensive, la diversification des
productions agricoles vivrières et industrielles.
Il faut également noter que les autorités
togolaises ont créé les structures et mobilisé les moyens
nécessaires au développement intégré du monde
rural. Elles ont pris d'importantes mesures pour y parvenir dont la
modernisation des structures agraires.
En 1973-1974, on estimait la superficie des terres cultivables
à près de 6 millions d'hectares, dont environ 368 000
étaient cultivés par 784 000 paysans actifs regroupés en
199 700 exploitations. Près de 30% de celles-ci avaient moins de 1
hectare, 43% entre 1 et 3 hectares et 13% seulement dépassaient 5
hectares. Ce morcellement extrême constituait un grand handicap pour le
développement agricole, parce qu'il ne permettait ni la
mécanisation ni le crédit d'où le rendement
médiocre des exploitations et l'exode rural
constatés1.
Pour remédier à cette situation, une
réforme agro-foncière a été décidée
en 1974 et amplifiée en 1978 par l'institution des Zones
d'Aménagement Agricole Planifié qui est à la fois un
espace géographique à mettre en valeur selon un programme
d'action précis et un établissement public doté de la
personnalité morale et de l'autonomie financière.
La réforme vise à regrouper les paysans pour
supprimer l'émiettement des exploitations et à recenser puis
mettre en valeur les nombreuses terres incultes dont la propriété
a été transférée à la nation. Après
leur mise en valeur, ces terres doivent être redistribuées aux
coopératives ou aux individus pour la réalisation de programmes
de développement.
Dans le souci de plus d'efficacité, une
déclaration de politique de développement agricole a
été adoptée en 1996 et constitue le cadre auquel se
réfèrent les programmes triennaux glissant avec ses Programmes
d'Investissements Publics (PIP).
Cette politique a pour objectifs généraux :
-l'intensification et la diversification de la production afin
de renforcer la sécurité alimentaire et d'améliorer
l'équilibre nutritionnel, de promettre des substitutions aux
importations et d'accroître les exportations ;
-la lutte contre la pauvreté par l'augmentation des
revenus et la création d'emplois agricoles ;
-une croissance de l'agriculture supportable par
l'environnement.
1- Marchés nouveaux, Togo cap sur l'an 2000, n°2
janvier 1998, p. 321.
Pour recentrer l'Etat dans son rôle régalien de
conception de politique et de réglementation, de coordination, de suivi
et de contrôle, une restructuration institutionnelle s'est
avérée indispensable.
B- Le cadre institutionnel
Il faut souligner que, le cadre institutionnel des services
agricoles a évolué suivant les politiques et programmes. C'est
ainsi que le Département en charge de l'Agriculture a connu plusieurs
appellations à savoir Ministère de l'Economie Rurale,
Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche. Ces
différentes mutations fondent le souci de l'Etat togolais à mieux
aborder les problèmes agricoles et à mieux perfectionner ce
secteur.
Le département en charge de l'agriculture a
également eu sous sa tutelle plusieurs structures et
sociétés avec des attributions diverses.
Au niveau national on peut citer entre autres :
-la Direction de l'Agriculture ;
-la Direction des Services Vétérinaires
divisée plus tard en Direction de la Santé Animale et Direction
des Productions Animales ;
- la Direction des Pêches ;
- la Direction de la Recherche Agronomique.
Au niveau régional, on a :
-les inspections régionales de l'agriculture ;
-les inspections vétérinaires régionales
;
-les Sociétés Régionales
d'Aménagement et de Développement (SORAD) en 1966 qui ont
absorbé par la suite les inspections régionales de l'agriculture
;
-les directions de l'Animation Rurale et l'Action
Coopérative (ARAC) et les Offices Régionaux pour la Promotion des
Productions Vivrières (ORPV) en 1977 ;
-les Directions Régionales du Développement Rural
(DRDR) en 1980.
Parallèlement à cette organisation, des
sociétés ont été créées pour encadrer
les paysans et encourager la production. Ces Sociétés se
résument en :
-la Société Nationale pour la Révolution et
le Développement de la Caféière et de la Cacaoyère
Togolaise (SRCC) en 1972 ;
-La Société Togolaise de Développement des
Productions Fruitières (TOGOFRUIT) en 1972 ;
-la Société Nationale de Développement du
Palmier à Huile (SONAPH) en 1972 ; -la Société Togolaise
du Coton (SOTOCO) en 1974.
A ces directions et sociétés, il faut mentionner
ici des institutions spécifiques comme l'Office des Produits Agricoles
du Togo (OPAT) créé en 1964 pour la commercialisation des
produits agricoles, la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) en
1967 et TOGOGRAIN en 1971 pour assurer les stocks de sécurité et
régulariser les prix des céréales.
On dénombrait également des projets qui
évoluaient concomitamment à ces structures. La plupart d'entre
eux étaient des projets intégrés cherchant à
apporter des réponses à plusieurs programmes à la fois.
Dans le cadre du PNSA, le Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche a été restructuré avec la
mise en place des institutions suivantes :
-l'Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA),
Société d'Economie Mixte chargée de la recherche
agronomique ;
-l'Institut de Conseil et d'Appui Technique (ICAT),
également Société d'Economie Mixte qui, comme son nom
l'indique est chargée de fournir aux agriculteurs les conseils et
l'appui technique c'est-à-dire la vulgarisation ;
-le Secrétariat Général, institution
publique du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche, chargé du rôle régalien de l'Etat.
Après les politiques et programmes, les
Autorités togolaises ont pris des mesures incitatives visant au
renforcement des capacités des producteurs et à
l'aménagement des infrastructures.
Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités des
producteurs et l'aménagement des infrastructures agricoles
Pour la mise en oeuvre des politiques et programmes, des
efforts importants ont été entrepris dans le domaine agricole. De
1970 à 1990, les investissements réalisés dans le secteur
agricole étaient de 11 milliards en moyenne par an1.
Ces efforts entrepris ont servi à la formation des cadres
(A) et des exploitants et aux aménagements des infrastructures agricoles
(B).
A- La formation des cadres et des producteurs
Les réformes entreprises dans le secteur agricole par
l'Etat, soulevaient de grandes difficultés d'application tenant entre
autres à la pesanteur des traditions, à la faiblesse de
l'encadrement technique et des moyens financiers.
Conscient de ces obstacles, le gouvernement prit diverses
mesures incitatives en faveur des paysans pour les amener à
adhérer et à participer à la mise en oeuvre de la
réforme. Ainsi, à partir de mars 1977, une mobilisation
générale a été organisée à travers le
pays pour expliquer le but et le sens de la Révolution Verte, de la
nouvelle politique agricole.
C'est dans cette perspective que, beaucoup de producteurs ont
été formés en techniques de production et en principes
d'organisation en vue de leur professionnalisation par les différentes
structures d'encadrement et de vulgarisation à travers de nombreux
projets.
En matière de formation des cadres et du personnel du
département de l'agriculture, il faut retenir l'ouverture de l'Ecole
Nationale d'Agriculture (ENA) en 1968 au sein du
1- Charles DEBBASCH : L'Etat du Togo, 1967-2004, Mars 2004, p.
415.
Centre de Formation Professionnelle Agricole (CFPA) de
Tové, la transformation de ce centre en Institut National de Formation
Agricole (INFA) en 1981.
Il est à mentionner aussi l'ouverture de l'Ecole
Supérieure d'Agronomie à l'Université de Lomé en
1972, la formation et le recyclage des cadres avec l'aide de certains
partenaires, la France, l'Allemagne, les Etats-Unis entre autres.
Afin de répondre au développement agricole dans
la sous région, le Togo a participé à la création
d'écoles de formation des cadres en collaboration avec d'autres pays de
la sous région notamment l'Ecole Inter-Etats des Sciences et de
Médecine Vétérinaire (EISMV) à Dakar au
Sénégal, l'Ecole des Ingénieurs de l'Equipement Rural
à Ouagadougou au Burkina-Faso.
Les efforts du gouvernement togolais ont consisté
également à l'aménagement des infrastructures
agricoles.
B- Les aménagements des infrastructures
agricoles
En ce qui concerne les aménagements des infrastructures
agricoles, il faut retenir qu'ils portent sur les pistes rurales,
l'aménagement hydro-agricole, les magasins de stockage et les
équipements agricoles.
-Les pistes rurales
Dans ce domaine, des efforts importants ont été
faits dans leur construction par les différentes structures mises en
place par les pouvoirs publics. De 1969 à ce jour, il a
été ouvert environ 6600 km de pistes rurales malgré les
difficultés de leur entretien.
-Les aménagements hydro agricoles
Les retenues d'eau et barrages construits de 1969 à ce
jour ont été d'une importance capitale pour les populations
rurales. Il faut signaler que sur 180 000 ha de terres irrigables, 2300 ha ont
été aménagés et seulement 1247 ha exploités,
dont 900 ha gérés par les chinois du complexe sucrier
d'Anié1.
-Les magasins de stockage
En ce qui concerne les magasins de stockage, environ 300 ont
été construits à travers tout le pays.
-Les équipements agricoles
La traction animale, embryonnaire au départ, a connu un
réel développement à partir de 1980, suite à
l'inadéquation de la motorisation introduite en 1975.
C'est ainsi que le nombre d'attelages est passé de 4195 en
1984 à près de 10.000 aujourd'hui dont plus de 8 500 pour la
seule région des savanes2.
Le constat est que de nos jours, certaines unités
agro-industrielles et certains centres de production ne sont plus
opérationnels à l'instar de l'usine de transformation d'anacarde
et les centres avicoles ou privatisés comme les centres de productions
de matériel végétal de la SRCC, l'huilerie de la SONAPH,
les usines d'industrie textile et la sucrerie d'Anié.
1- DSRP, 2008, p. 41
2- LARE Bama : op cit p. 37.
Il faut souligner que, depuis "la révolution verte de
1977", le Togo s'assure une autosuffisance alimentaire précaire, le
problème de l'alimentation se posant encore aux plans quantitatif et
qualitatif à des périodes de faible pluviométrie au cours
desquelles certaines familles, certains groupes sociaux et localités
connaissent une insécurité alimentaire structurelle et
conjoncturelle. Ce fut le cas, par exemple, lors de la hausse du prix de
maïs pendant ces dernières années au Togo.
Il ressort de l'analyse de cette première partie que La
FAO, selon ses fondateurs, est «née de l'idée de mettre
l'humanité à l'abri du besoin», autrement dit
«de vaincre la faim et de satisfaire les besoins ordinaires d'une vie
décente et digne».
S'il existe un principe fondamental sur lequel repose la FAO,
c'est celui du parfait recoupement en dernière analyse du
bien-être des producteurs et de celui des consommateurs. Chaque fois que
le contraire semble vrai, c'est parce que tous les facteurs n'ont pas
été pris en compte, notamment le risque de soulèvements
sociaux et de guerres.
Il existe toujours un cadre plus large dans lequel les
intérêts des producteurs et des consommateurs peuvent être
considérés comme identiques. Il appartiendra à la FAO de
rechercher et de mettre en valeur ce cadre plus large, cette vision d'ensemble,
qui permettra de concilier les différences et de mettre
l'humanité à l'abri du besoin afin d'assurer à tous des
conditions de vie meilleures.
Afin d'apporter des solutions à la précarité
agricole du Togo la FAO va tenter de préconiser certaines approches
basées sur le développement du secteur agricole.
Globalement, Elle propose comme remède aux
problèmes alimentaires du Togo la valorisation des terres incultes,
l'exploitation de la diversité climatique, la maîtrise de l'eau,
une utilisation rationnelle et optimale des intrants agricoles.
Le désenclavement des zones à fort potentiel
agricole, la pratique de l'agroforesterie par la plantation d'espèces
pérennes pour le maintien à long terme de la fertilité des
sols, l'intensification de la recherche agricole et son expérimentation,
la facilitation de l'accès des groupements agricoles, la
mécanisation, l'utilisation d'engrais, la réforme
agro-foncière permettant une juste répartition des superficies
cultivables sont également recommandées, sans oublier la
professionnalisation, la syndicalisation du secteur agricole afin de
protéger les droits des producteurs et le rôle politique de l'Etat
dans ce domaine en termes d'orientations et de réglementations.
DEUXIEME PARTIE
L'APPORT DE LA FAO A LA POLITIQUE DE
SECURITE ALIMENTAIRE AU TOGO
Le Togo est un pays en développement et comme tel,
souffre de multiples problèmes dans les domaines social,
économique et culturel. Ainsi, le développement de l'agriculture,
de l'élevage, de la pêche et la mise au point des infrastructures
de développement, l'amélioration des conditions de vie de la
population, constituent des priorités du gouvernement togolais
entreprises dans divers programmes et projets de développement.
Malgré ces divers efforts, les résultats ne sont pas toujours
satisfaisants car nombreux sont les fléaux qui défavorisent son
développement.
Face à cette situation, le Togo, pour son
développement, a besoin de la participation et de l'aide des
institutions internationales. Naturellement, la contribution technique de la
FAO au Togo a permis la concrétisation de certains projets agricoles.
Il faut retenir ici que, notre démarche n'est pas de
faire une étude analytique de la contribution de la FAO aux divers
projets du gouvernement togolais. Il s'agira plutôt d'une
synthèse, d'une étude globale de l'ensemble de ces projets selon
leur domaine d'activité. Il faut ajouter également que cette
partie portera sur les résultats atteints par la FAO au Togo et leurs
limites, d'une part (Chapitre I) et les recommandations pour garantir une
sécurité alimentaire au Togo, d'autre part (Chapitre II).
CHAPITRE I : LES EFFORTS DE LA FAO AU DEVELOPPEMENT DU
SECTEUR AGRICOLE AU TOGO.
Le Togo, pour faire face aux problèmes d'agriculture et
aux déséquilibres en matière d'alimentation,
élabore des projets, des politiques et des programmes de
développement. Ces derniers ne sauraient aboutir sans les moyens
suffisants et une expertise de qualité. C'est justement dans cette
perspective que la contribution de la FAO s'avère nécessaire. Il
est important de préciser que l'assistance de l'organisation onusienne
n'est pas faite ex-nihilo, elle est toujours conditionnée (section1).
Après l'accord de siège, la FAO va faire du développement
agricole et de l'éducation des populations rurales son option
stratégique pour parvenir à la sécurité alimentaire
au Togo (section2).
Section 1 : Les modalités d'intervention
Une institution internationale ne peut jamais opérer
dans un Etat sans le consentement de ce dernier. Ainsi, les modalités
d'assistance de la FAO au Togo sont précédées par la
demande préalable du gouvernement togolais (paragraphe1). Cette demande
est suivie par l'élaboration des projets et l'accord de siège ;
le financement des projets et leur réalisation (paragraphe2).
Paragraphe 1 : La demande du gouvernement togolais et
l'élaboration de projets et l'accord de siège
L'intervention de la FAO au Togo a été
marquée par un accord de siège, donnant à ces deux parties
des statuts juridiques spécifiques. A travers cet accord les deux
parties reconnaissent leurs droits et devoirs l'une envers l'autre. Il faut
retenir que l'Etat togolais fut le premier à introduire une
requête (A) auprès de l'institution afin d'obtenir cet accord de
siège (B).
A- La demande du gouvernement togolais
L'installation officielle de la FAO au Togo est récente et
date de 1980. Auparavant, le Togo recevait l'aide de la FAO par le truchement
du PNUD.
Cependant, une telle aide doit être
généralement subordonnée à l'expression de la
volonté de tout Etat nécessiteux. En effet, conformément
aux dispositions du Programme des Volontaires des Nations Unies
exécuté par le PNUD, les volontaires ne sont envoyés dans
un pays qu'à la demande expresse et avec l'approbation de ce pays
bénéficiaire1.
Quelques fois, pour concrétiser ses projets de
développement établis dans ses plans quinquennaux, le Togo
s'adresse soit directement à la FAO elle-même, soit au PNUD,
organisme des Nations Unies chargé du recrutement des consultants ou des
volontaires1.
En 1972, le Togo comptait deux volontaires FAO/Nations Unies
chargés de la sylviculture et onze volontaires ayant fait l'objet d'une
demande officielle.
Un certain nombre de projets ont été
conjointement mis au point par le gouvernement togolais et le PNUD et
exécutés par la FAO. D'autres encore font l'objet de tractations
directes entre le gouvernement et la FAO. Ces projets tiennent compte des
secteurs de développement marqués par : l'agriculture,
l'élevage, la sylviculture, la pêche, l'éducation ou la
formation des acteurs.
B- L'élaboration de projets et l'accord de
siège
L'exécution des travaux dans le cadre des projets exige
du Gouvernement togolais et de la FAO des statuts juridiques. Il importe qu'il
soit déterminé entre les deux parties des textes
réglementant leurs actions.
Ainsi, l'accord de Représentation signé à
Lomé le 25 juin 1980 entre le gouvernement de la République
Togolaise et la FAO, comportait neuf (09) articles. Ces articles font mention
de la représentation de la FAO, des fonctions de ses
représentants, de son assistance technique d'une part, et de la
contribution du Gouvernement togolais par rapport aux facilités, aux
privilèges et immunités, à la liberté
d'accès et de séjour ainsi qu'aux droits de réunion
à accorder aux représentants de la FAO d'autre part.
Ce statut juridique encadre les multiples actions de la FAO au
Togo parmi lesquelles le projet FAO/Togo intitulé «
Amélioration du stockage et du décorticage du riz » visant
à prévenir des pertes alimentaires.
Il ressort de ce projet des droits et obligations pour chacune
des parties.
S'agissant du gouvernement togolais, il s'occupera de la bonne
marche, de l'entretien et de l'assurance du matériel et de
l'équipement livrés par la FAO au titre du projet. Il doit
délivrer gratuitement des visas de séjour aux personnes physiques
ou morales affectées au projet et leur accorder des privilèges et
immunités en vue de la bonne marche des activités.
De son côté la FAO se charge de fournir un
spécialiste en stockage et de la transformation des produits
céréaliers. Elle s'occupe également de la construction des
locaux et octroie le matériel.
Paragraphe 2 : Le financement et l'exécution des
projets
La FAO travaille en général avec les organismes
internationaux oeuvrant pour le développement des pays pauvres. Ces
Institutions Internationales participent d'une manière ou d'une autre au
financement des divers projets (A) qui relèvent de la compétence
de la FAO et permettant ainsi leur exécution (B).
A- Le financement des projets
Les ambitions retrouvées de la FAO ne seraient
qu'illusoires si elles n'étaient pas accompagnées par un
formidable fonds de moyens financiers et techniques.
Pour mener à bien ses activités et jouer
efficacement son rôle combien complexe en matière du
développement agricole, la FAO travaille en collaboration avec des
organisations ou institutions rattachées ou non au système des
Nations Unies. Ces institutions constituent des sources de financement des
divers projets qui entrent dans la compétence de la FAO. Elles sont
également des réservoirs de consultants et de volontaires de la
FAO, des assistants techniques dans les domaines de formation des masses et
d'exécution de projets établis par le Togo.
Trop tributaire du PNUD, la FAO a cherché à
diversifier ses sources financières, et pour allier viabilité
économique et faisabilité technique, plusieurs centres
d'investissement ont été lancés.
Avec le financement du PNUD, la FAO consolide sa position de
principal bénéficiaire des fonds alloués par le Programme.
La part des ressources de ce dernier accordé à l'Organisation a
toujours oscillé entre 20 et 30 %, dépassant même les 30%
à la fin des années soixante et début des années
soixante dix1.
Pour attirer les capitaux dans le domaine agricole, la FAO eut
de plus en plus recours à la technique de fonds fiduciaires. Elle se
lança également dans la création d'un Fonds International
de Développement Agricole (FIDA).
En 1964, la Banque Mondiale confirmant son désir de
diversifier les projets qu'elle finançait, s'alliait avec la FAO et
ensemble constituaient le programme de coopération technique.
En dehors des institutions précitées, la FAO
tire ses fonds des organismes tels que : la Campagne Mondiale Contre la Faim
(CMCF) ; le Bureau des Opérations Spéciales de Secours (BOSS) ;
la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
(BIRD).
Par ailleurs, elle essaie d'apporter par l'entremise de la
BIRD un minimum de viabilité économique au démarrage de
ses projets.
Outre ces sources de financement, il faut ajouter l'apport des
gouvernements des pays en développement dont les projets sont à
exécuter. Au Togo, les projets sont réalisés sur des fonds
de la FAO et de divers autres organismes internationaux et les apports du
gouvernement togolais.
B- La réalisation des projets
L'exécution des projets fait l'objet d'efforts
conjoints des consultants ou experts de la FAO d'une part, et de leurs
homologues ou nationaux d'autre part. D'une manière concrète, la
réalisation de tel ou tel projet est illustrée de la façon
suivante :
Chaque consultant ou volontaire sur le terrain dénombre
les techniques qui entrent dans le domaine de sa compétence. Par
exemple, un agronome présente les meilleures méthodes de culture,
un zoologiste peut répertorier la faune et un pédagogue participe
à un projet d'alphabétisation des adultes.
Il faut souligner que l'exécution des travaux s'inscrit
dans un cadre institutionnel définissant d'une part l'organisme national
de collaboration et de coordination et d'autre part la hiérarchie
à respecter parmi les consultants. Au Togo, la plupart des projets
agricoles sont placés du côté national sous la tutelle du
Ministère technique de l'Agriculture, de l'élevage et de la
pêche.
Il faut également relever que, le problème qui
pourrait se poser dans l'exécution des travaux reste celui de
l'adaptation des consultants au milieu tropical. Autrement dit, tous les
conseils pratiques des experts peuvent-ils être utiles en place ? La
solution à ce problème réside dans la
nécessité de faire venir des experts ayant une parfaite
expérience des problèmes tropicaux en matière
d'agriculture.
Une fois remplies les modalités ci-dessus
précitées, la FAO intervient au Togo pour aider le pays dans ses
efforts de développement. Toutefois, il convient de rappeler que
l'assistance de cette institution n'affecte que quelques secteurs
économiques.
Section 2 : Le développement agricole et
l'éducation des populations rurales comme option stratégique de
la FAO pour parvenir à la sécurité alimentaire au
Togo
La situation actuelle d'insécurité alimentaire
donne un regain d'intérêt à la mission essentielle de la
FAO dans les domaines agricole et forestier (paragraphe1).
A cet effet, la FAO met l'accent sur l'éducation des
populations surtout rurales (paragraphe2).
Paragraphe 1 : Les activités de la FAO dans le
domaine agricole et forestier
L'agriculture et la forêt sont des facteurs du
développement économique et social, et constituent à cet
effet la principale priorité du gouvernement togolais.
L'objectif de cette politique est de parvenir à
l'autosuffisance alimentaire, condition sine qua none pour un
développement socio-économique viable. C'est dans cette optique
que la FAO va oeuvrer dans les domaines agricole (A) et forestier (B) suscitant
ainsi leur promotion au Togo.
La mission capitale de la FAO est de faire disparaître
la faim de la surface du globe et favoriser le développement de
l'agriculture dans le monde. C'est justement dans cette perspective que,
l'assistance de la FAO au Togo sera basée sur le secteur agricole.
L'intervention de la FAO au Togo, se traduit d'abord par des
apports financiers et autres afin de faciliter la réalisation des
projets ; ensuite par une assistance technique proprement dite où il y a
échange d'expérience et de connaissance en matière
agricole.
Cette intervention de la FAO a conduit à la signature
du projet PNUD/Togo dit projet d'Assistance pour l'établissement et
l'exécution de projets et de programmes de développement
rural.
Le projet gouvernemental intitulé « Office
National de Produits vivriers » qui permit la création de Togograin
est un autre cas d'intervention de la FAO. En effet, à la demande du
gouvernement togolais, la FAO a mis en place cet Office. A travers
l'installation de cet Office National de Produits Vivriers, la FAO visait
à :
- promouvoir la production vivrière en
général et en particulier des céréales, par des
interventions tendant à stabiliser le marché et par la
création d'une infrastructure améliorée de stockage et de
transformation ;
- offrir aux producteurs des débouchés de
manière à favoriser les investissements productifs dans
l'agriculture,
- stabiliser les prix et prévenir les fluctuations
excessives,
- assurer une redistribution dans le temps et dans l'espace par
la constitution de stocks de réserves,
- rechercher des débouchés extérieurs en cas
d'abondance et des sources d'approvisionnement en cas pénurie.
La FAO a oeuvré également dans le processus de
la mécanisation de l'agriculture togolaise. Le gouvernement togolais,
conscient du grand rôle économique de la mécanisation, a
envisagé en 1974, la création d'un Centre National d'Essai et
d'Expérimentation du machinisme agricole. Ce Centre de formation
professionnelle agricole basé à Tové
bénéficie de l'expérience de la FAO. Elle a
également aidé l'Etat togolais à préciser les
besoins et à formuler une éventuelle requête d'assistance
technique et financière dans la perspective de la création de ce
centre.
Deux grandes sociétés nationales de production
agricole à savoir la SONAPH et la SRCC ont
bénéficié de l'expérimentation de cette
mécanisation.
Dans le cadre de son assistance au gouvernement togolais en
matière de développement agricole, la FAO a participé
à la mise en valeur de la vallée de l'Oti, en apportant son
expertise dans la lutte contre l'onchocercose. L'assistance de la FAO s'est
illustrée encore dans le vaste programme intitulé «
Programme d'Aménagement du Nord-Togo ». Dans ce programme, les
opérations qui concernent exclusivement le paysannat avaient pour but
:
-l'augmentation de la production agricole dans les zones pilotes
qui sont au nombre de quatre à savoir : Kabou, Kantè, Barkoissi,
Toaga.
- la mise en oeuvre des ressources actuellement
inexploitées ou sous-exploitées à savoir le
défrichage de nouvelles terres, l'aménagement de bas-fonds pour
la riziculture, le développement de la production fruitière, la
construction de retenues d'eau en vue de l'irrigation et le
développement de la pisciculture,
- le développement de l'élevage lié à
l'agriculture,
- l'étude et la définition d'un système
de promotion du développement technique économique et social du
secteur rural dans lequel le paysan ne sera plus « assisté »
mais deviendra plutôt un partenaire à part entière.
La perte de denrées constitue l'un des facteurs de la
pénurie alimentaire qui fait que le paysan ne parvient pas à
bénéficier entièrement des fruits de son effort. Dans le
cadre d'un programme d'action pour la prévention des pertes
alimentaires, la FAO et le gouvernement ont signé des projets tendant
à remédier aux divers fléaux qui conditionnent les pertes
de produits alimentaires.
L'un de ces projets, l'amélioration du stockage des
ignames visait une comparaison des méthodes traditionnelles de stockage
des ignames au Togo afin d'évaluer les aptitudes du stockage des
principales variétés existantes.
Le second projet, l'amélioration du stockage et du
décorticage du riz prévoit entre autres objectifs le
développement de la riziculture en milieu paysan par les organisations
et groupements de production.
La FAO a mis à la disposition de ce second projet des
matériaux de construction, les unités de décorticage du
paddy, les groupes électrogènes nécessaires pour
créer trois centres autonomes de collecte, de séchage, de
stockage et de décorticage.
Toujours dans le cadre de prévention des pertes
alimentaires après récolte, le gouvernement togolais a
bénéficié de l'assistance du « Programme d'Action de
la FAO pour la prévention des pertes Alimentaire.» C'est à
travers ce programme qu'est créé au Togo, l'Observatoire pour la
Sécurité Alimentaire du Togo (OSAT), actuelle Agence Nationale
pour la Sécurité Alimentaire du Togo (ANSAT).
La FAO apporte toujours sa contribution au
développement du secteur agricole au Togo. Elle travaille de nos jours
en collaboration avec le Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de
la Pêche.
Elle a participé à l'élaboration du
Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) qui vise
à assurer la sécurité alimentaire de toutes les couches de
la population au plan national et sans aucune discrimination à travers
les six axes stratégiques suivants :
1. La promotion du droit à l'alimentation,
2. l'amélioration de la productivité et le
développement des productions végétales, animales et
halieutiques,
3. la valorisation des productions végétales,
animales et halieutiques,
4. la gestion durable des ressources naturelles et de
l'environnement,
5. la promotion de la maîtrise de l'eau et de
l'hydraulique villageoise à des buts multiples,
6. la promotion de la nutrition et de l'éducation
nutritionnelle1.
Dans le cadre de la sécurité alimentaire pour
l'année 2009, la FAO a signé deux conventions de financement de
projets avec le gouvernement togolais qui s'élèvent pour la
première à un million neuf cent quarante mille (1 940 000) Euros
soit environ un milliard deux cent soixante treize millions sept cent quatre
mille six cent (1273784600) FCFA et la deuxième à seize millions
six cent cinquante mille (16 650 000) dollars soit environ huit milliard deux
cent quatre vingt huit millions trois cent soixante dix mille (8288370000)
FCFA2.
Elle a offert également des outils agricoles aux
agriculteurs togolais victimes des inondations. Ce don d'outils et d'intrants
agricoles est estimé à près de 300 millions de FCFA. Il
est inscrit dans le cadre de l'exécution de trois projets d'urgence
financés par la FAO et vise notamment à renforcer les
activités agricoles des victimes des inondations survenues au Togo en
2007-2008. Cette assistance continuera l'année prochaine avec un autre
volet à l'endroit de 2500 paysans pour renforcer leur production de
céréales.
Dans le cadre du projet « renforcement des bases de
sécurité alimentaire des ménages agricoles
vulnérables au Togo » la Commission Européenne a mis
à la disposition de la FAO, 1.640.702.193 FCFA pour son
financement3.
Ce projet vise à :
- améliorer la production vivrière au Togo
- améliorer la situation alimentaire des ménages
jugés vulnérables pour leur permettre d'accroître la
production agricole par le biais de la fourniture des semences
améliorées et des intrants.
Parmi les préoccupations de la FAO au Togo, le secteur
forestier occupe également une place importante.
B- Dans le domaine forestier
La forêt est un facteur du développement
économique et social. Cependant, le constat est que le Togo de par ses
conditions climatiques ne possède pas de véritables forêts.
Donc il est confronté aux problèmes d'approvisionnement en bois
de chauffage et de charbon de bois. Outre ces problèmes, il importe de
souligner l'impact des forêts sur l'agriculture.
Eu égard à ces problèmes, le gouvernement
a sollicité l'assistance du PNUD/FAO en vue de définir les
grandes lignes d'une politique forestière et de préparer un plan
de développement des forêts.
1- DSRP-C, Avril 2009, p. 58.
2- Togo Presse n° 8017, du 30 avril 2009, p. 5.
3-Togo Presse n° 8105, du 26 août 2009, p. 4.
Cette demande du gouvernement togolais aboutit à la mise
au point des projets notamment le développement des ressources
forestières et l'assistance à l'ODEF.
La FAO a travaillé de concert avec le Ministère
en charge de l'Economie Rurale pour la concrétisation de ce projet. Ce
projet consistait à faire l'inventaire général des
forêts naturelles, d'étudier la consommation des produits
forestiers, de rechercher des zones aptes à être reboisées,
et enfin d'introduire des essences à croissance rapide.
La mise en place de l'Office du Développement et
d'Exploitation des ressources Forestières (ODEF) a été un
apport important pour le développement forestier au Togo.
Le projet d'Assistance à l'ODEF signé le 26 mars
1974, donnait à l'office le support technique de la FAO en personnel, en
matériel et en bourses de formation. Les experts de la FAO
conseillèrent le Directeur National de l'ODEF sur le déroulement
des travaux.
Afin de contrecarrer l'avancée rapide du désert
et de lutter contre l'érosion sous toutes ses formes, le gouvernement
sollicita et obtint l'accord du PNUD/FAO pour le projet d'Assistance à
l'ODEF en reboisement du Nord-Togo. Les travaux de consultation menés
auprès de la FAO obligent le gouvernement togolais à
déclarer le 1er juin, en 1977, comme journée nationale
de l'arbre.
Conformément à cette politique nationale de
reboisement, un projet de reboisement fut signé le 08 décembre
1977 avec comme objectifs :
- la restauration forestière dans la région
Nord-Togo,
- la démonstration aux populations locales des avantages
du reboisement et des plantations,
- l'approvisionnement de l'économie du Nord-Togo dans la
mesure du possible en bois d'usage domestique et de service.
De nos jours, les problèmes relatifs à la
déforestation devenant de plus en plus cruciaux, l'assistance de la FAO
dans le domaine forestier au Togo devra être renforcée.
C'est justement dans cette logique qu'une convention de
financement a été signée le mercredi 12 août 2009 au
Ministère de l'Environnement et des Ressources forestières entre
le gouvernement togolais et la FAO.
D'un coût total de 401000 dollars Us soit 188 684 564
FCFA1, ce projet intitulé « actualisation du Plan
d'Action Forestier National (PAFN) », vise à redynamiser le secteur
forestier au Togo.
Cela suppose la mise en place des dispositifs
règlementaires du nouveau code forestier accompagné
d'activités de sensibilisation et de formation de tous les acteurs
visant la promotion d'une gestion participative, rationnelle et durable des
ressources forestières du pays.
Afin de préserver la forêt, le gouvernement organise
des concours spéciaux pour recruter des forestiers en vue de renforcer
les capacités opérationnelles de ce secteur.
1-Togo Presse, n° 8097, vendredi 14 août
2009, p. 4.
Il faut préciser ici que les divers cas d'assistance
ci-dessus cités ne sont guère exhaustifs et ne constituent que
des exemples parmi d'autres.
Le problème de la faim est toujours d'actualité,
c'est pourquoi la priorité est accordée principalement aux
secteurs agricole et forestier. Toutefois, dans le souci d'équilibrer la
quantité et la qualité en matière de l'alimentation, la
FAO a toujours associé les activités agricoles avec celles
relatives à l'élevage et à la pêche.
Paragraphe 2 : La formation et l'éducation des
populations rurales
C'est à travers la formation (A) et l'éducation
que la FAO arrive à collaborer avec les agents agricoles et informer les
populations (B) sur les problèmes et les dangers liés à
l'insécurité alimentaire.
A- La formation
Pour bien mener ses activités au Togo, la FAO se voit
obliger d'étendre son assistance jusqu'à la formation des cadres.
Elle s'évertue à former les nationaux soit sur place, soit
ailleurs en leur accordant des bourses de formation.
Au niveau des Sociétés Régionales
d'Aménagement et de Développement (SORAD), les Experts de la FAO
ont apporté leur assistance dans la formation de leurs homologues
togolais.
Dans le compte de la réalisation du vaste programme
d'aménagement du Nord-Togo, l'Institut de Recherches Agronomiques et des
Cultures vivrières (IRAT) a été mis en place. A travers
cette structure locale, les nationaux devront acquérir
l'expérience en matière agronomique, pédagogique,
hydrologique, zoologique, sociologique et économique. Cette formation a
permis aux cadres locaux de dégager les données essentielles pour
définir les objectifs et actions à mener pour l'aboutissement du
programme. Il s'agissait en effet d'inculquer aux paysans des régions
bénéficiaires les techniques agricoles telles que :
- l'association des cultures,
- la pratique de l'assolement,
- la traction attelée,
- la sélection des semences adaptées au climat et
aux sols,
- la technique de fertilisation des sols par les engrais
chimiques et le fumier.
Afin de parvenir aux résultats escomptés dans le
Programme d'Aménagement et de Développement Intégré
du Nord-Togo, la FAO a organisé à l'intention des encadreurs, des
cours de formation pratique et théorique au cours desquels les
thèmes suivants ont été développés :
- comparaison coût traction animale et coût tracteur
avec pour but de sensibiliser les paysans sur les avantages de la culture
attelée,
- importance de l'utilisation des semences
sélectionnées,
- densité de semis, date de semis, respect du calendrier
cultural,
- utilisation des engrais.
Le projet avait également envisagé la formation des
magasiniers des produits agricoles.
Il faut noter qu'à la suite des travaux de formation,
nombreux sont les paysans qui sont devenus propriétaires d'attelages
équipés et beaucoup ont acquis des techniques culturales.
Afin de stabiliser les prix sur les marchés de
céréales et relever ainsi les revenus familiaux des togolais, la
FAO en collaboration avec certains services techniques du gouvernement,
intervient pour établir les défauts de structures de stockage au
niveau du paysan et pour proposer les actions à prendre pour y
remédier et lutter contre les prédateurs.
Elle organise à cet effet des entretiens avec les paysans
dans les différentes régions économiques du Togo.
B- L'information et l'éducation des populations
rurales
Non seulement la FAO favorise le transfert direct de
connaissance et de technologies par le biais des projets de terrain, mais en
outre elle entretient une variété de services d'information et de
soutien.
La FAO est une source par excellence d'information, à
travers ses publications comme le montre le Tableau N° 3 sur la situation
alimentaire du Togo.
Elle attire également l'attention des populations rurales
sur les dangers et les actions à entreprendre pour une
sécurité durable en matière de l'alimentation.
Il faut aussi préciser que c'est à partir des
renseignements qu'elle recueille que la FAO construit ses propositions.
Depuis les années 1982, les différents rapports
concernant l'agriculture au Togo sont l'oeuvre des travaux de recherche de la
FAO.
Elle rassemble également toutes les données
relatives aux questions agro-alimentaires émises par les institutions
mises en place notamment :
- l'Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA),
- l'Institut du Conseil et d'Appui Technique (ICAT),
- le Secrétariat Général, du
Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche,
chargé du rôle régalien de l'Etat et
- l'Observatoire de la Sécurité Alimentaire du
Togo (OSAT) ; actuelle ANSAT.
Elle met parallèlement sur pied des enquêtes qui
lui permettent de compléter et de vérifier sur le terrain ses
informations. Au Togo, la FAO passe par toutes sortes de publication (de
l'ouvrage à la revue en passant par les annuaires ou les bulletins) ou
l'utilisation des supports audio-visuels (radio, cinéma,
télévision...) pour informer et susciter de la part des
populations la prise de conscience sur l'ampleur des problèmes
alimentaires. Elle encourage également la vulgarisation et la formation
technique et participe à l'éducation agro-alimentaire des
populations et au recyclage des cadres.
A travers ses programmes de sensibilisation et d'éducation
des populations, la FAO aborde des thèmes entre autres :
- l'état nutritionnel du Togo et ses solutions,
- la disponibilité alimentaire,
- la méconnaissance en matière alimentaire,
- l'hygiène alimentaire et les notions de ration
alimentaire équilibrée.
Dans le souci d'éduquer la population sur les
comportements à observer afin de parvenir à une
sécurité alimentaire durable au Togo, le projet « Formation
des agents de la radio rurale locale du Togo en genre (parité
homme-femme) » a été mis en oeuvre.
Du 07 décembre au 17 décembre 2004, dans le
cadre de la coopération technique entre le Togo et la FAO, a
été conduite une mission de formation en genre dans le cadre du
Projet CP/TOG/3002 (Renforcement des capacités de Production en Radio
rurale au Togo).
Cette séance de formation a regroupé 25
participants dont 12 femmes et 13 hommes issus de trois radios locales, de deux
radios publiques (Lama Kara et Lomé), de neufs radios privées, et
enfin des ONG et des associations féminines.
De l'ensemble des développements qui
précèdent, il ressort que la FAO a apporté une
contribution inestimable à la croissance du secteur agricole au Togo.
Cette contribution multiforme a-t-elle comblé les attentes des
populations ? Que peut on alors retenir de la coopération technique
entre le gouvernement togolais et l'institution FAO ?
CHAPITRE II : LE BILAN DES ACTIVITES DE LA FAO ET LES
APPROCHES DE SOLUTIONS POUR UNE SECURITE ALIMENTAIRE DURABLE AU
TOGO
Après plusieurs années d'activités, la
préoccupation est de savoir quel est le bilan de l'intervention de la
FAO (section1) par rapport au développement socioéconomique du
Togo ?
Si ce bilan s'avérait négatif, quelles seraient les
nouvelles approches pour une sécurité alimentaire durable au Togo
? (section2).
Section 1 : Le bilan des activités de la FAO au
Togo.
Les résultats atteints par la FAO au Togo s'identifient
d'une part, par l'amélioration du bien-être social et d'autre
part, par le progrès économique (paragraphe1).
Cependant, il est important de constater que la FAO est
limitée dans ses actions par certains facteurs qui vont susciter la
nécessité pour sa réforme (paragraphe2).
Paragraphe 1 : La contribution de la FAO au
développement socio- économique au Togo
La FAO, à travers ses projets et programmes a
contribué énormément à l'amélioration des
conditions de vie des populations (A) et au développement
socioéconomique au Togo (B).
A- L'amélioration des conditions de vie
La participation de la FAO au développement
socio-économique du pays a permis un changement des conditions de vie de
la population.
En effet, on note une disparition progressive de certains
facteurs négatifs au mieuxêtre des populations, et une
émergence d'autres facteurs favorables à celles-ci. Des exemples
allant dans les deux sens sont révélés au regard des
projets réalisés.
Ainsi, la FAO a inscrit l'eau et la santé en
priorité dans ses projets sociaux. C'est donc avec satisfaction qu'il
est démontré que l'intervention de la FAO au Togo n'a pas
passé outre ces deux éléments.
En effet, le problème de l'eau a été
étudié dans le projet dit « Projet d'aménagement du
Nord-Togo » et des ébauches de solution adéquate ont
été fournies. C'est dans le cadre de ce projet que certaines
populations du Nord ont bénéficié des puits leur
permettant de se soulager des grandes distances qu'elles parcouraient
auparavant pour atteindre des points d'eau quelques fois presque taris ou
insalubres.
Outre le problème d'eau, celui de la santé n'a
pas été négligé. C'est ainsi qu'en collaboration
avec l'OMS, la FAO a libéré des populations du Togo de certaines
maladies relatives à l'eau à l'instar de l'onchocercose.
Toujours dans le domaine de la santé, l'intervention de
la FAO a permis dans le cadre du projet d'Aménagement et du
Développement Intégré du Nord Togo, la création de
plusieurs centres de santé dans certains villages.
Il faut signaler également que, les villages pilotes de
ce projet notamment LandaPozenda dans la Kozah Hélota dans la
Kéran et Assérè de la préfecture de la Binah ont
bénéficié de la construction des ponts, de routes et de
pistes rurales.
Ceci a permis leur désenclavement. La mise en place
également des installations communautaires à savoir : les
magasins et des moulins dans les villages a été un soulagement
pour la population. Un autre élément relatif à
l'amélioration du bien-être social est fourni par le Projet
d'Assistance à l'ODEF. Ici l'accent fut mis sur le charbon de bois,
produit tendant de plus en plus à se substituer au bois de chauffage
comme combustible.
La FAO a fourni le matériel nécessaire pour la
construction de dix fosses et onze fours cubiques de type Mark IV en vue d'une
carbonisation plus abondante. Celle-ci a été une opération
très rentable à la fois pour le consommateur et pour le
fournisseur de charbon1.
Dans sa politique d'assistance au gouvernement togolais, la
FAO a prévu des moyens de stockage et de conservation des produits
vivriers. Par le biais du « programme de prévention des pertes
alimentaires » conjointement élaboré par le gouvernement et
la FAO, cette dernière entend éviter les pertes de produits tant
au moment de la récolte que durant tout le temps du stockage et garantir
à la population rurale une quantité suffisante de vivres.
Toujours dans cette perspective d'améliorer les
conditions de vie des populations, la FAO a mis en place le projet
d'amélioration du stockage des ignames. A cet effet, elle a mis au point
un hangar sur la station d'essais de Sotouboua. La station de Sotouboua
collectionne une quarantaine de variété d'ignames et de
manioc.
Un parc de bois pour le manioc est installé à
Adangbé près de Tsévié pour desservir l'atelier de
production du gari, une denrée très appréciée au
Togo.
A ces projets, il faut ajouter le projet d'amélioration
de stockage du riz. Il a mis en place trois centres autonomes de collecte, de
séchage, de stockage et de décorticage de riz paddy dans les
villages du sud-Togo notamment Badja, Adamé, Azahoun.
Le projet d'amélioration des silos de Togograin a permis
une meilleure conservation de céréales. Cette politique de
conservation moderne de produits vivriers est secondée par
1- Rapport sur les objectifs du Projet d'Assistance à
l'ODEF, 1974.
celle de l'implantation des agro-industries, un des objectifs
prioritaires du troisième plan quinquennal (1976-1980).
La FAO, dans le projet d'Assistance au Programme National
d'Alimentation et de Nutrition, a permis au gouvernement de créer un
centre de nutrition à Cacavéli (banlieue de la ville de
Lomé). Le but est de transformer sur place les produits vivriers locaux,
de perfectionner la fabrication locale de produits alimentaires de base afin
d'éviter l'importation trop coûteuse de ces mêmes
produits.
La FAO a toujours été aux côtés du
gouvernement togolais quand il s'agit d'apporter son soutien pour
l'amélioration des conditions de vie des populations. Il faut souligner
que la FAO, par le biais du Programme Alimentaire Mondial (PAM), a souvent
oeuvré pour le bien-être de la population togolaise. En effet,
lors des inondations que le Togo a connues en 2007, le PAM a fourni 56 tonnes
de vivres pour la région des Savanes et 44 tonnes pour celles de la
Maritime et des Plateaux1.
Elle a démarré à cet effet un projet
d'appui au maraîchage à 2000 agriculteurs sinistrés dans la
région des Savanes. Avec le concours de l'armée, le PAM a
démarré la distribution de 75 tonnes de maïs, 9,5 tonnes de
pois jaunes/haricots, 9,5 tonnes de farine de soja, 5,7 tonnes d'huile et 450
kilogrammes de sel dans les localités d'origines des
déplacés notamment Adamè, Kpondavé et Afagnan. Elle
a également entrepris les mêmes actions au cours des inondations
de 2008.
Les quelques projets et actions cités ici font l'objet des
résultats relatifs à l'amélioration du bien-être
social de l'intervention de la FAO au Togo.
Quels sont également les résultats obtenus au plan
économique ?
B- Les progrès économiques
Le social ne se démarquant pas de l'économie, il
est important de rappeler que les objectifs atteints en matière du
bien-être social constituent le soubassement du progrès
économique du Togo. En effet, avec la multiplication des puits,
l'élimination de l'onchocercose, la création des centres
médicaux, la population rurale togolaise est protégée
contre beaucoup de maladies et peut dans une large mesure vaquer à ses
activités agricoles. Ceci a permis aux agriculteurs de disposer de
meilleures conditions de vie et de travail, pour leur épanouissement
économique.
Bien d'autres résultats perceptibles peuvent être
cités.
Le projet FAO/Togo relatif à la mise en valeur des terres
libérées de l'onchocercose après avoir
éliminé des simulies a mis en oeuvre la vallée de l'Oti et
du Koumongou, 78% des terres, soit cinquante trois mille hectares pour
l'agriculture. L'exploitation de ces terres ne fera qu'accroître le
potentiel économique du pays. C'est là un autre produit
de l'intervention de la FAO en matière d'amélioration de la
santé et de l'économie togolaise. Au cours du projet
d'Aménagement et du Développement Intégré du Nord
Togo, les populations ont bénéficié des semences
sélectionnées. Ces semences sélectionnées des
1 -Rapport de situation sur les inondations au Togo ; 13 novembre
2007.
variétés de maïs, du riz, de sorgho, mil et
de haricot ont fait leur preuve dans certaines régions. Aussi, le
comité d'Evaluation et d'Organisation1 qui était
chargé de suivre l'exécution du projet, recommanda la poursuite
de la recherche sur les semences sélectionnées et leur
vulgarisation. Par ailleurs, l'intervention de la FAO au Togo dans le cadre du
projet d'assistance à la création du Centre National d'Essai et
d'Expérimentation du Machinisme Agricole (CNEEMA) a conduit dans une
certaine mesure, à la réduction du déficit de la
mécanisation de l'agriculture. Ainsi les agriculteurs sont
désormais équipés d'appareils modernes de traitement
phytosanitaire. Egalement, on assiste à un développement de la
culture attelée au Togo.
La FAO a entrepris la promotion des engrais à travers
le projet du gouvernement tendant à la vulgarisation, promotion et
pré-commercialisation des engrais sur les champs de cultures
vivrières. Cette action constitue une amorce du processus de
transformation de l'agriculture de subsistance en une agriculture
d'économie.
La mise en place de l'Office National des Produits Vivriers
(Togograin) a permis de stabiliser les prix sur les marchés de
céréales et de relever ainsi les revenus familiaux des
Togolais.
Pour une meilleure orientation de la politique agricole, la
FAO et le gouvernement togolais ont élaboré un projet de soutien
à la Direction des Enquêtes et Statistiques Agricoles.
Conformément aux objectifs visés par le projet, une centaine de
villages de la Préfecture du Haho ont été
enquêtés avec succès, ce qui a permis d'envisager
l'étude démographique et soci-économique de tous les
villages dans le contexte du Recensement Mondial de l'Agriculture 1980.
Jusqu'ici, nous avons démontré que
l'intervention de la FAO revêt une grande importance au Togo car sa
présence fait avancer un certain nombre de projets inscrits comme
priorité des priorités dans les différents plans et
programmes nationaux relatifs à la sécurité
alimentaire.
Cependant, cet effort de la FAO se trouve confronté
à certains facteurs limitatifs au progrès socio économique
du pays. Ces facteurs non seulement freinent le développement du pays,
mais aussi rendent problématique, voire hypothétique le
succès de l'assistance des experts de la FAO.
1- Ce Comité comprenait le directeur de Cabinet du
Ministère du plan, le Conseiller Technique du Ministère du
Développement Rural, les Préfets de Kara et de Pagouda, le
Représentant de M.I.S.E.R.E.O.R, le Représentant de l'UNICEF au
Togo, celui de la FAO, celui de la BIRD.
Paragraphe 2 : Les facteurs limitatifs aux
activités de la FAO au Togo et la nécessité de sa
réforme.
Les efforts de la FAO se heurtent à un certain nombre
de facteurs allant des conditions naturelles, à la défaillance de
l'Institution, aux relations humaines et à la crise économique
mondiale (A).
Eu égard, aux déséquilibres constatés
dans le fonctionnement de la FAO, la réforme de cette Institution
onusienne devient un impératif (B).
A- Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO
au Togo
Ces facteurs peuvent être classés en deux à
savoir les facteurs internes et les facteurs externes.
Les facteurs internes constituent un certain nombre
d'éléments ayant une emprise négative sur la
réussite du développement national. On note tout d'abord les
impératifs naturels auxquels viennent s'ajouter les problèmes
d'ordre techniques et de relations humaines.
Les facteurs externes sont relatifs à la crise
économique mondiale et au manque de volonté des pays
développés à travers leur réticence à la
contribution au budget de la FAO.
S'agissant des facteurs internes, il faut souligner que la
réussite ou l'échec des projets et programmes de
développement agricole de la FAO au Togo est toujours conditionné
par la faveur ou l'hostilité des conditions naturelles. A ces conditions
naturelles, il faut ajouter le fait de certains animaux et oiseaux
dévastateurs des semences et récoltes.
Il faut également noter qu'une défaillance est
à relever dans l'organisation du
travail.
La réussite de l'exécution des projets FAO/Togo est
subordonnée à une meilleure organisation du travail tant du
côté gouvernemental que celui de la FAO.
La FAO déplore quelquefois le manque de la mise en
place d'une structure nationale pour la réalisation des projets. Au
Togo, la défaillance constatée dans le projet d'assistance
à l'ODEF est liée au manque du cadre institutionnel,
empêchant une bonne coordination entre les différentes divisions
des services de l'office.
Un autre facteur limitant les activités de la FAO au
Togo est que cette Institution très centralisée. Elle n'a pas
créé les bureaux régionaux ou de liaison pour faire de
véritables centres autonomes. Il est donc indispensable qu'il soit
accordé plus de pouvoir aux représentants locaux dans les pays
afin que ceux-ci prennent certaines décisions jugées opportunes
sans attendre l'autorisation du siège à Rome.
Un autre problème qui mérite d'être
mentionné est celui des crédits. Les crédits
octroyés sont beaucoup plus utilisés pour les experts
étrangers au détriment de l'économie
nationale1.
Le problème de la communication est à mentionner
dans les relations humaines. Les experts envoyés dans les pays en
développement ont toujours éprouvé le problème de
langage entre eux et leurs homologues nationaux d'une part, et entre eux et les
populations rurales d'autre part.
Au plan national, le problème relationnel s'est
posé dans le cas du déplacement des populations des
régions pauvres vers les régions riches ou des régions
surpeuplées vers celles à faible densité. Il y a le plus
souvent une opposition entre ces populations.
Outre ces facteurs internes affectant l'assistance de la FAO
au gouvernement togolais, il existe des éléments
extérieurs dont l'influence sur la réussite des projets FAO/Togo
est également sensible.
L'actuelle crise économique mondiale a un impact sur le
développement socio économique des pays en développement
dont le Togo. Nous avons signalé que pour une meilleure exécution
des différents projets FAO/gouvernement, les retards dans des
engagements contractés par les parties doivent être
éliminés. Or, il existe un phénomène indissociable.
Chaque économie nationale d'un pays donné est tributaire des
fluctuations économiques mondiales. Autrement dit, il y a une certaine
interférence dans les rapports économiques globaux. Il faut
rappeler qu'avec cette crise actuelle, chaque denrée commerciale voit
son prix s'augmenter. Les pays en développement comme le Togo importent
une grande quantité de produits de l'extérieur.
Tous ces facteurs freinent la capacité d'investissement
des pays dans leurs projets nationaux et dans divers projets d'assistance
engagés avec les organismes d'intervention. Toujours avec la crise
économique, nous avons la détérioration des termes de
l'échange et le Togo n'en est épargné et ceci a des
conséquences néfastes sur ses efforts de développement.
En ce qui concerne la réticence des pays
développés, il faut retenir qu'il y a plusieurs raisons.
Les Etats développés s'abstiennent d'accorder
des prêts et des aides aux pays du Tiers monde à cause de la crise
économique mondiale. Une autre raison est d'ordre politique. La
démocratie est devenue la condition primordiale pour les pays pauvres de
bénéficier des aides de la part des pays nantis. L'application de
la démocratie dans les pays en développement n'est toujours pas
chose aisée, d'où les sanctions de la communauté
internationale.
Eu égard aux facteurs limitatifs des actions de la FAO
dans le monde en général, et au Togo en particulier, une
réforme de l'institution s'avère indispensable.
1 - LARE BAMA :op cit, p. 68.
B- La nécessité de la réforme de la
FAO
Le soixantième anniversaire de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a été
l'occasion de réfléchir sur le passé, mais aussi et
surtout réformer l'Organisation pour faire face aux défis qui
l'attendent1.
Le début du XXIe siècle a
été marqué par l'adoption des Objectifs du
Millénaire pour le Développement, dont le premier est
d'éradiquer la pauvreté extrême et la faim et de
réduire de moitié le nombre de leurs victimes avant 2015. Ces
objectifs, réaffirmés lors du récent Sommet des Nations
Unies, sont, pour ces premières années du XXIe
siècle, la force motrice du système des Nations Unies, et donc de
la FAO. Ce siècle sera celui où la FAO travaillera à
l'éradication durable de la faim et encouragera une utilisation beaucoup
plus raisonnable des ressources naturelles, de façon à
léguer un patrimoine intact aux générations à
venir.
Telles sont les raisons pour lesquelles la FAO doit absolument
engager un processus de réforme. Pour promouvoir la réduction de
la faim et de la pauvreté et une approche efficace de l'interface
agriculture/environnement, la FAO doit renforcer sa capacité à
réagir aux problèmes immédiats, tels que les
préoccupations des consommateurs concernant la sécurité
sanitaire des aliments, la menace que constituent les ravageurs et les maladies
transfrontières des animaux et des plantes, la perte et la
dégradation des forêts, la surpêche et les catastrophes
naturelles ou induites par l'être humain.
Parallèlement, l'Organisation doit maintenir le cap sur
les incidences à plus long terme de phénomènes comme le
changement climatique, l'érosion de la biodiversité,
l'urbanisation et l'évolution des modes de consommation. Ce faisant,
elle doit également répondre aux souhaits de ses Membres de la
voir s'adapter à leurs nouvelles exigences en matière de services
et utiliser de manière encore plus efficace ses ressources
limitées.
Convaincu que le changement s'impose, non pas pour ajouter ou
retrancher quoi que ce soit, mais plutôt pour réorganiser les
programmes et la structure de l'Organisation, le Directeur
Général a soumis à la Conférence des Membres de la
FAO, qui s'est réunie en novembre 2005, des propositions de
réforme qui constituent un tout. Ces propositions ont pour but de donner
à l'Organisation les moyens d'aider ses Membres de manière de
plus en plus efficace dans ses domaines de compétence et de contribuer
à l'effort général déployé par le
système des Nations Unies pour atteindre tous les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Les réformes proposées redéfiniront les
programmes de l'Organisation en fonction des trois principales orientations de
sa mission, à savoir:
1-Systèmes alimentaires et agricoles durables.
Mettre l'accent sur les domaines où la FAO doit atteindre
l'excellence ou conserver sa capacité d'exceller; il s'agit donc de
renforcer les activités prioritaires dans l'immédiat et à
plus long terme et de renoncer à
1- La FAO, Une vision pour le XXIe siècle, Rome, octobre
2005.
celles que d'autres peuvent assumer dans de meilleures
conditions dans les domaines de l'agriculture, de l'élevage, de la
biosécurité, de la nutrition et de la protection des
consommateurs, de la foresterie, des pêches et de l'aquaculture et du
développement durable des ressources naturelles.
2-Echange de connaissances, de politiques, de
promotion et de défense des droits. Mettre fortement l'accent
sur ces fonctions, pour lesquelles la FAO dispose d'un avantage comparatif en
raison de son universalité, de sa capacité de rassemblement, de
son mandat et de son rôle consultatif en matière d'information et
de politiques agricoles, ainsi que de commerce international des produits
agricoles, et vu son aptitude à mobiliser diverses parties prenantes,
gouvernementales et non gouvernementales, et d'interagir avec elles pour
promouvoir le développement économique et social.
3-Décentralisation, coopération à
l'échelle des Nations Unies et exécution des programmes.
Mener son action au niveau, auquel elle peut être la plus
efficace et coopérer pleinement avec ses partenaires en
privilégiant, notamment au niveau national, la réalisation des
OMD et la gestion des situations d'urgence ou de rétablissement
après l'urgence; renforcer les liens avec les organisations du
système des Nations Unies à tous les niveaux et améliorer
la coopération avec les organes régionaux et
sous-régionaux.
Quelles doivent être les nouvelles approches pour le Togo,
de pouvoir suivre la nouvelle donne souhaitée par les réformistes
en matière de sécurité alimentaire.
Section 2 : Les nouvelles approches pour une
sécurité alimentaire durable au Togo.
Afin d'éradiquer le fléau de la faim et
d'assurer une sécurité alimentaire à ses populations, le
Togo a souscrit aux engagements des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) (paragraphe1) dont la réalisation à
l'horizon 2015 nécessite la redéfinition d'une nouvelle politique
agricole plus volontariste (paragrahe2).
Ce deuxième paragraphe portera sur notre modeste
contribution, celle qui consistera à faire une série de
propositions qui permettront de remédier à cette situation
d'insécurité alimentaire que vit la population togolaise.
Paragraphe 1 : Réduire l'extrême
pauvreté et la faim à travers les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD)
A l'occasion de leur participation à l'Assemblée
Générale des Nations Unies de septembre 2005, consacrée au
suivi de la mise en oeuvre des OMD, les Autorités du Togo ont
réaffirmé leur engagement à atteindre ces objectifs. La
situation des OMD au Togo (A) est une preuve que les défis à
relever pour leur réalisation (B) sont nombreux.
A- La situation des OMD au Togo
Les autorités togolaises, afin d'atteindre les OMD, se
sont engagées à mettre en oeuvre des politiques publiques
nécessaires à la lutte contre la pauvreté et la faim,
l'analphabétisme, la discrimination à l'égard des femmes,
le Sida et les autres maladies ainsi que la dégradation de
l'environnement.
Cet engagement est d'autant nécessaire qu'au regard de
la situation socioéconomique actuelle du Togo, les progrès
réalisés à ce jour montrent que l'atteinte des OMD
à l'horizon 2015 est incertaine.
Les conclusions du second rapport national de suivi des OMD
validé en décembre 2008, au rythme d'évolution actuelle
des indicateurs, et moyennant des efforts soutenus, seuls les objectifs 2 et 6
des OMD concernant respectivement « Assurer une éducation primaire
pour tous » et « combattre le VIH » peuvent être atteints
à l'échéance de 20151
Cependant, la probabilité est minime que les objectifs
suivants : « éliminer l'extrême pauvreté et la faim
», « promouvoir l'égalité des sexes », «
réduire la mortalité des enfants », « améliorer
la santé maternelle » et « assurer un environnement durable
» soient atteints en 2015. Toutefois, l'espoir d'atteindre ces objectifs
est permis à un horizon plus lointain.
La situation du premier OMD « Eliminer l'extrême
pauvreté et la faim » se présente comme suit : Pour ce
premier OMD, les cibles retenues pour l'analyse sont :
1-Réduire de 50%, entre 1990 et 2015,
la proportion de la population togolaise vivant en dessous du seuil de
pauvreté en faisant passer l'indice de pauvreté à 15%
d'ici 2015.
2-D'ici à 2015, réduire de 50%
entre 1990 et 2015, le nombre de personnes souffrant de malnutrition.
Les indicateurs retenus à cet effet, sont l'indice de
la pauvreté monétaire et la proportion d'enfants souffrant d'une
insuffisance pondérale qui ont pour valeur courante pour l'année
2006 respectivement 61,7% et 26,0%.
Les valeurs cibles OMD en 2015 sont respectivement 30 ,9% et 12
,3%2.
Selon la situation actuelle des OMD au Togo, il est très
important de souligner que les défis à relever pour leur
réalisation sont énormes.
B- Les défis à relever pour la
réalisation des OMD au Togo
1- DSRP-C, 2009-2011, version finale, avril 2009, p. 34.
2- DSRP-C, op cit, p. 35.
L'analyse des OMD et leurs liens avec la réduction de la
faim, montre que les défis auxquels fait face l'Etat togolais ne seront
pas relevés dans un bref délai.
Malgré les quelques efforts consentis dans les domaines
de l'éducation, de la santé maternelle et de la lutte contre le
Sida, la réalisation des OMD au Togo dépendra de la
capacité des Autorités et des acteurs nationaux du
développement, à relever, avec l'appui de l'ensemble des
partenaires nationaux et internationaux, les principaux défis suivants
:
- la consolidation du dialogue politique et du consensus autour
des priorités
nationales de développement,
- la mobilisation des ressources nécessaires à la
mise en oeuvre des programmes de développement qui conditionnent la
réalisation des OMD,
- l'efficacité de la dépense publique,
- la mise en place rapide des capacités institutionnelles
et humaines indispensables pour gérer les fonctions clés de
l'administration publique.
La consolidation du dialogue politique et du consensus
national constitue une des bases fondamentales de la stabilité
politique, condition indispensable pour la réalisation des OMD. Cette
démarche est indispensable pour créer un climat politique et
social favorable à la mise en oeuvre des politiques de croissance et de
réduction de la pauvreté et les progrès vers l'atteinte
des OMD.
La mobilisation des ressources internes et externes est un
défi important pour atteindre les OMD. Il renvoie tout d'abord à
la croissance et à sa répartition. Les analyses montrent qu'un
taux de croissance économique moyen de 7% sur une longue période
permettrait d'atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté
figurant dans les OMD en 2015. Une forte hausse de la croissance est donc
requise si l'on souhaite atteindre les OMD mais celle-ci devra être une
croissance réductrice de pauvreté, c'est-à-dire une
croissance créatrice d'emplois, notamment pour les populations les plus
défavorisées.
En matière d'efficacité de la dépense, la
revue des Dépenses Publiques et de la Gestion Financière de
l'Etat 2006 a montré qu'un nombre important d'opérations sont
exécutées suivant des procédures exceptionnelles
augmentant le risque qu'une part non négligeable des ressources soit
allouée à des secteurs non prioritaires. La mise en oeuvre
effective du plan d'action pour l'amélioration de la fiabilité du
système de gestion des finances publiques devrait permettre, dans un
horizon de 2-3 ans, d'opérer les renforcements de capacités
indispensables pour disposer d'une gestion des finances publiques fiable et
grandissant l'efficacité de la dépense publique.
La relance de la croissance et la réduction de la
pauvreté restent contraintes par les faiblesses des ressources humaines
et des capacités productives dans les secteurs porteurs.
La première priorité consiste à inverser
la tendance constatée dans la détérioration des
capacités institutionnelles et l'Administration publique, nourrir
à la fois par le non remplacement des fonctionnaires partant à la
retraite, la déliquescence du système de formation, le manque
d'outils de référence adaptée et l'absence de moyens de
fonctionnement.
En outre, un renforcement des capacités du secteur
privé constitue l'un des éléments indispensables à
une croissance économique soutenue et une bonne absorption des
ressources, mais également les aspects économiques et financiers.
Egalement, le renforcement des capacités, essentiel pour la
consolidation de la démocratie et une exécution efficace des
programmes de développement dans nombre de secteurs stratégiques
pour les OMD.
Les Objectifs du Millénaire pour le
Développement au Togo ne seront pas atteints tant que la croissance
économique n'aura pas entraîné une amélioration de
la qualité de vie dans les villages ni garanti à tous les
pauvres, des zones rurales et urbaines, un accès durable à une
alimentation adéquate.
Paragraphe 2 : La nécessité pour les
acteurs du développement social de mener une nouvelle politique
agricole.
Cette partie sera consacrée aux suggestions, faisant ainsi
l'objet de notre modeste contribution aux solutions alimentaires.
Nous entendons ici par acteurs du développement social,
l'Etat, les exploitants agricoles et les Organisations Non Gouvernementales
(ONG) oeuvrant pour la promotion du secteur agricole. L'Etat togolais doit
chercher à connaître quelles sont les interventions qui visent
à relever les défis du développement agricole au Togo (A).
Quant aux exploitants agricole et aux ONG, ils doivent repenser leurs
attributions et leurs modes d'action vis-à-vis aux problèmes
relatifs à l'alimentation (B).
A- Interventions visant à relever les défis
du développement agricole au Togo
Les défis qui se posent à la transformation
agricole au Togo subsistent malgré les nombreux engagements et
interventions du gouvernement et de leurs partenaires au développement.
Cela s'explique essentiellement par des politiques incohérentes et
insuffisantes. Pour relever ces défis, les mesures essentielles
suivantes s'avèrent nécessaires :
Régler le problème de la
sous-capitalisation chronique de l'agriculture
Dans de nombreux pays, le secteur agricole se trouve dans la
situation de « la vache qu'on trait en permanence et qu'on ne nourrit
que pour assurer sa survie ». Les gouvernements devraient prendre les
mesures suivantes :
-Mettre en oeuvre l'accord de Maputo (Mozambique)
prévoyant d'allouer 10% de leurs dépenses publiques à
l'agriculture afin de parvenir à l'objectif du NEPAD/PDDAA d'au moins 6%
de croissance agricole annuelle d'ici 20151 ;
Dans ce sens, la tenue de la Table Ronde de bailleurs de fonds
sur l'élaboration du Programme National d'Investissement Agricole
(PDDAA/ECOWAS/NEPAD) à l'Hôtel Sarakawa du 29 au 30 juillet 2009,
est une initiative encourageante. A cette occasion plus
1 - COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE et UNION AFRICAINE :
Rapport économique sur l'Afrique 2009 ; Développer l'agriculture
en Afrique par des chaînes de valeur régionales, Addis-Abeba,
Ethiopie,2009, p150.
de 150 experts agricoles, décideurs,
Représentants du NEPAD, de la CEDEAO, la plate forme des donateurs et
d'autres Organisations Internationales se sont engagés sur la mise au
point du document dénommé « pacte » à rassembler
les ressources financières suffisantes pour relever l'agriculture
togolaise.
-Instaurer un environnement favorable pour fournir un
financement suffisant et faciliter des crédits à la fois de la
part du secteur public et du secteur privé pour le financement de la
production, de la transformation et de la commercialisation agricoles. Cette
mesure devrait également être assortie d'une action visant
à promouvoir des institutions de microfinance et des programmes
d'assurance au bénéfice des agriculteurs.
Promouvoir des systèmes de production agricole
durables
La production agricole a consisté, dans une large
mesure, à augmenter les superficies cultivées afin de
répondre à la demande alimentaire d'une population croissante.
Une telle stratégie est une recette pour la
dégradation de l'environnement et l'aggravation de
l'insécurité alimentaire. Il est par conséquent
impératif de promouvoir une production agricole fondée sur
l'accroissement de la productivité, tout en protégeant
l'environnement. Les mesures suivantes sont nécessaires à cet
effet :
-Examiner les questions de politique foncière, notamment
la sécurité du régime d'occupation des terres et la
répartition équitable des terres ;
-Examiner les causes fondamentales de la disparition de la
biodiversité ;
-Améliorer l'utilisation des terres, en
réduisant l'empiètement des cultures sur les
écosystèmes fragiles, l'urbanisation galopante et le recours
à des pratiques agricoles peu adéquates ;
-Améliorer le stock de capital humain, en assurant
l'accès aux services et installation sanitaires, à
l'éducation de base et aux services de vulgarisation pour les
agriculteurs afin de promouvoir une production agricole durable.
Accroître le financement de la recherche et de la
technologie agricoles
Les taux de rendement interne et économique de la
recherche agricole atteignent 30-40% pour la plupart des produits et la
recherche agricole entraîne également des améliorations du
niveau de vie dans le reste de l'économie. Cependant, la recherche
agricole est toujours sous-financée. Le gouvernement togolais a besoin
de prendre les mesures suivantes :
-Accroître le financement de la recherche agricole en
portant de la moyenne actuelle de 0,7% du PIB agricole au taux souhaité
de 2% ;
-Mettre continuellement à jour les capacités de
recherche dans les nouveaux domaines de la biotechnologie en fournissant un
soutien suffisant à la recherche agricole aux niveaux national et
régional et aux institutions d'enseignement sur le territoire;
-Instaurer un environnement favorable à la participation
du secteur privé et au financement de la recherche aux niveaux national
et régional.
Intensifier l'utilisation de pratiques et de technologies
améliorant les rendements Le Togo doit en ce sens :
-Accroître l'utilisation comparativement faible des
tracteurs ;
-Accroître l'utilisation des semences
améliorées et du bétail sélectionné pour
augmenter les rendements et la production.
-Faciliter l'accessibilité des intrants tel que l'engrais
aux exploitants agricole.
Améliorer l'infrastructure de commercialisation et
l'infrastructure rurale
L'amélioration de l'infrastructure rurale et de la
commercialisation est essentielle, si le Togo veut rendre ses produits
agricoles plus compétitifs. Pour ce faire, le Togo doit :
-Augmenter la densité routière dans les zones
rurales,le but étant d'abaisser les tarifs du fret routier qui sont
parfois source d'augmentation des prix des produits de base au Togo;
-Accroître la couverture du réseau de
distribution d'électricité,et diminuer les tarifs
d'électricité afin d'inciter les PME, les agro-industries et les
agriculteurs à accroître leur consommation
d'électricité.
Améliorer l'accès à
l'éducation et la formation de compétences techniques dans la
population rurale
Pour accroître la productivité de la
main-d'oeuvre et moderniser l'agriculture, le Togo et les donateurs doivent
travailler ensemble pour améliorer l'accès à
l'éducation dans les régions rurales, conformément aux
Objectifs du Millénaire. Les interventions ciblées à cet
égard devraient inclure :
-Un soutien aux ménages pauvres par le biais de
transferts de revenus, de programme d'alimentation scolaires gratuits et
d'autres mesures visant à les encourager à envoyer leurs enfants
à l'école ;
-L'adaptation des programmes scolaires et programmes de
formation et de perfectionnement pour améliorer les compétences
en vue de l'utilisation de pratiques culturales améliorées et de
technologies modernes dans l'agricultures et les activités connexes.
Comme lors des années précédentes, la
performance économique a considérablement varié d'une
région à l'autre et n'est toujours pas suffisante pour permettre
au Togo de faire des progrès significatifs vers la réalisation
des OMD.
Le Togo doit prendre des mesures à court et à long
termes afin de relever les défis en matière alimentaire, de la
volatilité de la croissance et du développement social.
Dans le court terme, le gouvernement togolais a besoin de plus
de souplesse dans sa politique ainsi que d'un soutien extérieur pour
lutter contre les pénuries alimentaires grâce, par exemple
à la réduction des droits d'entrée sur les importations de
produits alimentaires, à des subventions et à des transferts
d'espèces aux ménages pauvres.
Dans le long terme, le gouvernement a besoin d'investir
davantage dans l'agriculture comme l'a préconisé le
13ème Sommet de l'Union Africaine1 et
l'infrastructure notamment l'énergie, les communications, les routes et
la prestation de services publics dans les domaines de l'éducation et la
santé.
Ces mesures, couplées à une gestion
macroéconomique et à des réformes institutionnelles
efficaces, permettront de stimuler le développement du secteur agricole
et par ricochet résoudre le problème alimentaire au Togo.
L'Etat a également l'obligation d'assister les
populations dans la résolution des problèmes et surtout ceux
alimentaires. Comme le préconise le Programme Spécial pour la
Sécurité Alimentaire, l'Etat ne doit pas perdre de vue qu'une
sécurité alimentaire exige :
- un approvisionnement stable en produits alimentaires
adéquats ;
- des marchés fonctionnant efficacement, et
- que tous les ménages soient capables à la fois
de produire eux-mêmes des aliments et de générer des
revenus en quantité suffisante pour couvrir l'ensemble de leurs besoins
élémentaires.
L'assistance des institutions étatiques consistera
à la création des conditions favorables de développement
social et économique. L'Etat peut créer par exemple une caisse
villageoise facile d'accès aux paysans. Celle-ci subventionnera le prix
des intrants et octroiera des crédits aux groupements.
Pour parvenir à une amélioration de la
sécurité alimentaire, l'Etat togolais, doit mettre les
organisations de producteurs au coeur de la dynamique, par le biais de
l'accroissement de la production, la professionnalisation et la formation.
Dans un pays en développement comme le Togo, la
résolution du problème alimentaire devra passer par une
productivité accrue des cultures et une augmentation durable de la
production.
Il faut noter que les autorités togolaises doivent aider
les producteurs ruraux à se comporter en :
- entrepreneurs de micros entreprises agricoles et
artisanales,
- acteurs directs de leur développement, par la
promotion de leurs capacités de négociation et de cogestion avec
les autres opérateurs économiques, les collectivités
locales, l'Etat et les bailleurs de fonds.
La réorganisation de l'encadrement est indispensable
pour la mécanisation de l'équipement technique. Celle-ci doit
être progressive et devra suivre une démarche donnée car le
développement actuel ne doit plus se faire par tâtonnement.
On pourra passer de la houe à la traction animale et non
directement au tracteur comme le pensent certains acteurs du
développement.
Une telle initiative, tout en permettant d'accroître la
production du paysan, règlerait le problème du transport car la
charrue est un moyen efficace pour le transport des produits des lieux de
productions aux lieux de stockage.
La réouverture des centres pilotes agricoles
s'avère indispensable dans la résolution des problèmes
alimentaires au Togo. Pour ce faire l'Etat doit remettre en place le projet
« Jeunesse Pionnière Agricole ».
Il faut aussi souligner que l'interconnexion entre espace de
production et espace de consommation nécessite des infrastructures
routières denses et entretenues, ce qui devra être une
préoccupation majeure de l'Etat.
Pour faire face aux multiples aspects du problème de la
sécurité alimentaire au Togo, la population rurale et certaines
ONG doivent être interpellées.
B- La nécessité pour la population rurale
et les ONG de repenser leurs attributions et leurs modes d'action
Il y a lieu de constater que le problème de la faim est
une difficulté majeure pour les populations du monde en
développement. Ainsi, pour éradiquer ce
déséquilibre, la responsabilité incombe aux populations
rurales et à certaines ONG de repenser leurs attributions et leurs modes
d'action.
Quant à la population rurale, il est judicieux qu'elle
prenne conscience de son rôle dans l'amélioration de ses propres
conditions d'existence et sache qu'elle est la principale actrice de son
développement et de son épanouissement. C'est une erreur de la
part de la population quant elle s'abandonne et attende une solution
providentielle. Toute action extérieure doit être
considérée comme un appui dont elle se servira pour son
autopromotion.
L'obligation incombe à cette population de s'organiser
en groupements afin de maximiser sa production et faciliter dans de
délais raisonnables, l'installation des banques de
céréales pour la gestion et le stockage des produits pour pallier
le manque de nourriture en période de soudure.
Les Comités Villageois de Développement (CVD) et
les Comités de Développement de Quartier (CDQ) doivent mieux
s'organiser et apporter leur savoir-faire à toute la communauté.
Ils doivent travailler en collaboration avec les autorités locales et
les groupements de producteurs.
Les autorités locales doivent, dans une moindre mesure,
aider les populations à diminuer les gâchis lors des
cérémonies funéraires par le biais de certaines
harmonisations relatives à la durée et aux manifestations. Ces
mesures permettront d'éviter la vente précoce de leur production
et de pouvoir conserver un temps soit peu les vivres.
A l'endroit des ONG, le constat général est
qu'elles oeuvrent directement avec les populations rurales sur le terrain.
Elles doivent orienter leurs actions sur la formation des populations. Celle-ci
doit être permanente et portée sur les thèmes tels que :
- comment augmenter la production,
- comment améliorer les techniques de stockage des
produits, -comment lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires, -comment
préparer un repas équilibré,
-comment conduire le sevrage,
-comment améliorer l'hygiène,
-comment se protéger contre les maladies les plus
courantes, -comment associer l'élevage à l'agriculture pour un
bon rendement, -comment développer le jardinage en milieu urbain et
rural.
Cette liste ne peut être exhaustive, car les thèmes
sont multiples en matière de sécurité alimentaire.
Les femmes devraient être soumises à une
formation spéciale dans le domaine de l'hygiène et la
préparation des mets. A la fin de celle-ci, chaque participante devra
être en mesure de donner la composition d'un repas
équilibré avec les différents produits locaux.
Ainsi, toutes ces propositions suggérées aussi
bien à l'Etat qu'à la population rurale, ne pourraient aboutir
à un bon résultat que si les ONG s'y impliquaient
sérieusement et efficacement. Elles y apporteraient certains moyens
financiers et techniques pour dynamiser les activités. Elles pourraient
par exemple aider à la création et à la gestion des
Activités Génératrices de Revenus (AGR) qui permettraient
aux populations d'intensifier les sources de revenus et de satisfaire les
différents besoins.
Désormais, l'Etat, les ONG, les Bailleurs de fonds et
les populations rurales devront oeuvrer de concert pour décider des
actions à entreprendre dans le processus de développement.
La méthode administrative devrait être
appuyée par celle dite concertée. Ce qui exige une coordination
des objectifs des programmes d'une part et d'autre part l'implication de la
population rurale dans l'identification des problèmes,
l'exécution et le suivi de ces programmes de développement.
L'intervention de la FAO au Togo a permis d'obtenir quelques
résultats salutaires. Ceux-ci vont de l'amélioration des
conditions de vie des populations au développement du secteur agricole,
source de revenus des togolais. La valeur de ces résultats aurait
été plus considérable si certains facteurs internes et
externes perturbateurs ne venaient freiner les efforts consentis dans la
politique de la sécurité alimentaire.
Cette action de la FAO est donc à encourager et
à intensifier davantage pour le plus grand bonheur du peuple, car le
Togo seul dans les perspectives économiques actuelles ne saurait
progresser davantage sans le secours des Organisations du
développement.
Le Togo pour sa part doit accentuer sa politique
d'autosuffisance alimentaire, en formant le personnel technique capable de
seconder valablement les experts de la FAO et même de se substituer
à ceux-ci au terme de chaque projet FAO/Togo.
En effet, le succès de la politique d'autosuffisance
alimentaire est fonction de la capacité du personnel local d'encadrement
mais également de l'effort de l'agriculteur.
Le Gouvernement togolais devrait continuer à mener une
politique d'encouragement, se traduisant soit par la promotion des produits
agricoles, soit par des subventions dans l'achat des intrants par les
agriculteurs. Afin de faciliter une bonne communication des techniques
agricoles, l'organisation des paysans en coopératives de production
devrait être poursuivie.
72 CONCLUSION
L'alimentation a été durant des
millénaires l'objectif essentiel de l'activité des hommes. Ainsi,
de nos jours, l'éradication de la faim dans le monde occupe une place
prioritaire dans l'agenda des décideurs. La preuve en est qu'il s'agit
bien du premier des OMD
Dans presque tous les pays, il y a des groupes de personnes
qui ne peuvent pas réaliser leur potentiel humain, soit parce que leur
alimentation est insuffisante, soit parce que, en raison de diverses maladies,
leur organisme n'est pas capable d'assimiler toute la nourriture qu'ils
consomment.
Dans les pays les plus pauvres, la grande majorité de
la population souffre de la faim, ce qui multiplie les dimensions des effets
d'autres carences. Et ironie du sort, ces populations pauvres vivent dans des
zones très défavorisées par la nature, les zones où
le climat, le relief et d'autres conditions naturelles ne sont pas
cléments pour une meilleure expansion agricole.
S'agissant du continent africain, on parle déjà
d'un « empire de la faim ». Fragilisé par les aléas
climatiques, les conflits et les maladies, il dépend de
l'étranger pour son alimentation, une dépendance et un
désintérêt pour les cultures vivrières. C'est
pourquoi à la suite de S.E.M. ABDOULAYE WADE, Président de la
République du Sénégal, nous pouvons affirmer que «
l'Afrique est aujourd'hui la dernière dans le peloton des
continents, alors que, naguère, elle était la mieux lotie en
ressources naturelles1 »
A cela s'ajoute l'absence de la maîtrise de l'eau, les
difficultés d'accès aux semences et aux engrais, le manque
d'infrastructures de stockage et de transport.
Autant de frein au développement et à la
modernisation du secteur agricole.
C'est pourquoi, l'avènement de l'Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) revêt une grande
importance pour l'humanité.
En effet, la FAO étudie les différents
problèmes afférents à l'agriculture et essaie de trouver
des solutions à ceux-ci.
Seule Organisation des Nations Unies à oeuvrer dans la
lutte contre la faim, la FAO préserve la sécurité
alimentaire mondiale. Elle est également le porte-parole,
l'intermédiaire, l'organe de liaison entre les pays pauvres et ceux
nantis en matière de négociation et de recherche des solutions
aux problèmes agricole et alimentaire. Elle a permis l'adoption par les
pays membres d'un système de mise en oeuvre des stocks de
réserves alimentaires en vue de répondre aux besoins urgents des
pays nécessiteux en cas de pénuries alimentaires ou autres
catastrophes naturelles.
De nos jours, les pays en développement attendent beaucoup
de la FAO. Non seulement elle leur fournit son assistance pour la
réalisation des projets nationaux, mais
1- Abdoulaye WADE : Un destin pour l'Afrique, 2005, p. 23.
aussi elle leur apporte un soutien financier pour
l'identification et la concrétisation des programmes de
développement.
Il faut signaler que c'est à travers ces
différentes attributions que la FAO a contribué
énormément au développement socio-économique du
Togo. L'intervention de la FAO au Togo a permis aux Autorités togolaises
de renforcer leur politique d'autosuffisance alimentaire en s'orientant vers
une économie de satisfaction des besoins alimentaires des
populations.
C'est dans ce sens que le Togo n'a pas hésité
à prendre le problème alimentaire à bras le corps. Ainsi,
le Gouvernement a fait du secteur agricole le socle du développement
durable.
C'est pourquoi, depuis 2005, une politique hardie a
été menée dans ce secteur afin de faire de
l'autosuffisance alimentaire un levier de développement.
Les actions menées ont été notamment :
- la tenue du Forum National du paysan togolais en 2009 ;
- la poursuite du processus de modernisation de l'agriculture
avec l'importation des tracteurs ;
- la subvention des intrants agricoles et leur rapprochement du
paysan ;
- le renforcement des capacités des paysans par la mise
à leur disposition des techniciens formés dans les grandes
écoles du Togo et d'ailleurs, bref la revalorisation de la fonction
agricole ;
- l'amélioration des pistes rurales pour faciliter
l'écoulement des produits agricoles ; - l'octroi des facilités de
prêts au monde paysan.
Cependant, il convient de rappeler le fait que la FAO à
elle seule ne saurait conduire les peuples à une indépendance
totale vis-à-vis de la faim. L'action de la FAO ne peut aboutir que si
certaines perspectives sont envisagées tant au niveau des pays en
développement que développés.
Si nul ne peut nier actuellement que la malnutrition, la faim,
la famine n'ont pas encore été éradiquées, est-ce
à dire que la FAO a échoué ? Que peuvent faire les pays du
monde pour renforcer les actions de la FAO ?
A notre première interrogation, il serait erroné
d'envisager l'échec de la FAO. C'est d'ailleurs, en vue du renforcement
des capacités de cette institution qu'un projet de sa réforme a
été lancé en 2005.
A la deuxième, il y a lieu de relever que les Etats
doivent tout d'abord prendre conscience du fait que le progrès et le
développement tirent leur fondement avant tout dans le sérieux,
le travail et le savoir-faire. Ce progrès ne doit pas seulement prendre
appui sur les aides et secours en provenance de l'étranger mais sur les
efforts internes et la volonté de se développer.
Face à cet état de choses, les gouvernements des
pays pauvres à l'instar de l'Afrique doivent tout faire pour lever le
défi de la faim en accordant une importance capitale au
développement agricole.
Le Togo pour sa part doit redoubler d'effort dans sa politique
d'autosuffisance alimentaire. Bien que les estimations officielles indiquent
que le Togo parvient à couvrir ses besoins de nourriture, la
sécurité alimentaire demeure un objectif encore lointain pour une
partie importante de la population, notamment celle rurale.
Les progrès doivent être réalisés
sur le plan de la productivité et ce faisant de la
sécurité alimentaire. Pour venir à bout des
problèmes alimentaires, le Togo doit redoubler d'efforts dans son
processus de réalisations des OMD. Ce n'est qu'à cette condition
qu'il parviendra à réduire l'extrême pauvreté et la
faim sur son territoire, garantissant ainsi un développement
socio-économique durable.
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http://wwwcommissionforafrica.org
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http://www.bourseagricoletogo.com
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http://www.fao.org
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http://www.uneca.org (
ecainfo@uneca.org) -
http://www.monde-diplomatique.fr
-
http://www.snu.tg
ANNEXES
Annexe 1 :L'Accord de Représentation
entre le Gouvernement de la République Togolaise et la FAO (Lomé,
25 juin 1980).
Annexe 2 : Ciblage des Préfectures
vulnérables.
Annexe 3 : Liste de quelques projets et
programmes relatifs à la sécurité alimentaire au Togo
assistés par la FAO.
Annexe 4 : Caractérisation spatiale de
l'insécurité alimentaire au Togo.
LISTE DES DIAGRAMMES ET DES TABLEAUX
Diagramme N° 1 : Population
sous-alimentée, par Région 2001-2003 (en millions) dans le
Monde
Tableau N° 1 : Bilan alimentaire de
1991 à 2000
Tableau N° 2 : Seuils de
pauvreté par région au Togo
Tableau N°3 : Situation
d'insécurité alimentaire au Togo présentée par la
FAO.
TABLE DES MATIERES
Introduction ...1
Première Partie : La FAO, ses actions en faveur de la
sécurité alimentaire
dans le monde et la situation alimentaire au Togo 5
Chapitre1 : La FAO et ses actions en faveur de la
sécurité
alimentaire dans le monde 7
Section 1 : L'historique de la FAO et ses objectifs .7
Paragraphe1 : L'historique de la FAO .7
A- Les origines de l'Institution 7
B- L'évolution de la FAO 8
Paragraphe 2 : Les objectifs de la FAO 10
A- Les finalités de la FAO selon ses fondateurs 10
B- Les préoccupations de la FAO à travers le temps
.11
Section 2 : La FAO, face à l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde ....12
Paragraphe1 :L'état de l'insécurité
alimentaire dans le monde ..13
A- La sous-alimentation dans le monde 13
B- Quelques zones critiques de la faim : les effets complexes
des catastrophes naturelles 15
Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour l'éradication du
fléau de la faim. ..17
A- FAO : source d'informations 17
B- La mise en place du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et
de
la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM) 18
Chapitre 2 : La situation alimentaire du Togo .22
Section 1 : L'évolution de la production alimentaire et
l'insécurité alimentaire au Togo 22
Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire et sa
situation au Togo .22
A- Les atouts de la production alimentaire au Togo 22
B- La situation alimentaire du Togo 24
Paragraphe 2 : L'insécurité alimentaire au Togo
25
A- Les causes de l'insécurité alimentaire 25
B- Les manifestations de l'insécurité alimentaire
au Togo . 27 Section 2: Les actions relatives à la politique agricole
et à
la sécurité alimentaire au Togo 31
Paragraphe 1 : Les politiques, les programmes et le cadre
institutionnel des
services agricoles 31
A- Les politiques et les programmes agricoles 31
B- Le cadre institutionnel .33
Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités des
producteurs et
l'aménagement des infrastructures agricoles 34
A- La formation des cadres et des producteurs .34
B- Les aménagements des infrastructures agricoles 35
Deuxième Partie : L'assistance de la FAO a la politique
de la sécurité alimentaire au Togo 37
Chapitre 1 : Les efforts de la FAO au développement du
secteur agricole au Togo ....39
Section 1 : Les modalités d'intervention 39
Paragraphe1 : La demande du gouvernement togolais et
l'élaboration
de projets et l'accord de siège 39
A- La demande du gouvernement togolais . 39
B- L'élaboration de projets et l'accord de siège
40
Paragraphe2 : Le financement et l'exécution des projets
...40
A- Le financement des projets 41
B- La réalisation des projets 42 Section2 : Le
développement agricole et l'éducation des populations rurales
comme option stratégique de la FAO pour parvenir
à
la sécurité alimentaire au Togo
Paragraphe 1 : Les activités de la FAO dans les domaines
agricole et forestier
|
42
42
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A- Dans le domaine agricole
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..43
|
B- Dans le domaine forestier
|
.45
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Paragraphe2 : La formation et l'éducation des populations
rurales
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.47
|
A- La formation
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47
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B- L'information et l'éducation des populations rurales
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48
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Chapitre 2 : Le bilan des activités de la FAO et les
approches de solutions
pour une sécurité alimentaire durable au Togo
|
51
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Section 1 : Le bilan des activités de la FAO au Togo
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.....51
|
Paragraphe1 : La contribution de la FAO au
développement
socio-économique au Togo ...51
A- L'amélioration des conditions de vie 51
B- Les progrès économiques 53 Paragraphe2 :
Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au Togo et
la nécessité de sa réforme 55
A- Les facteurs limitatifs aux activités de la FAO au
Togo 55
B- La nécessité de la réforme de la FAO
...57
Section2 : Les nouvelles approches pour une
sécurité alimentaire durable au Togo ..58
Paragraphe1 : Réduire l'extrême pauvreté et
la faim à travers les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
.. 58
A- La situation des OMD au Togo .. 59
B- Les défis à relever pour la réalisation
des OMD au Togo ...60 Paragraphe 2 : La nécessité pour les
acteurs du développement social
de mener une nouvelle politique agricole ...61
A- Interventions visant à relever les défis du
développement
agricole au Togo . 61
B- La nécessité pour la population rurale et les
ONG de repenser leurs attributions et leurs modes d'action .65
Conclusion .68
Bibliographie 71
Annexes 74
Liste des diagrammes et des tableaux ..75
Table des matières 76
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