3.2. DISCUSSION
Les résultats obtenus après l'analyse du nombre
total de rejets par comptage sont relatifs à l'évolution des
sujets ainsi qu'à leur qualité d'ancrage. Du comptage 1 au
comptage 2, les rejets sont encore petits, donc moins sensibles au vent et
à la compétition sur la souche. Au comptage 3, avec la
compétition sur la souche, certains rejets, moins lignifiés vont
subir la pression des autres, ce qui influencera parfois la qualité de
l'ancrage (Figure 9).
Rejet issu d'un bon ancrage
Rejets issus d'un mauvais ancrage
Figure 9 : Souche à 5 cm de coupe portant des sujets
suivant la qualité d'ancrage des rejets
Ainsi, avec l'action du vent, les rejets qui ne disposent pas
d'un bon ancrage tomberont plus facilement pour laisser ceux qui le sont
(Figure 10).
Zone d'ancrage précédente
Rejet tombé
Figure 10 : Rejet tombé suite à un
mauvais ancrage sur une souche à 15 cm de niveau de coupe
Cette assertion est partagée par AMONKOU (1998) qui,
dans le cadre de ses travaux a montré qu'en marge de l'action du vent et
des termites, certains rejets à port arbustif moins rigide, sont tordus
ou arqués à la suite des contraintes mécaniques
exercées par les tiges voisines les plus lignifiées.
A 5 cm et 10 cm de niveau de coupe, les souches donnent plus
de rejets, d'où les moyennes respectives de 7 et 6 rejets par souche.
L'observation du nombre élevé de souches sans rejets au comptage
3 est liée à un phénomène extérieur
(destruction de souche). Les souches de 5 cm et 10 cm de niveau de coupe
présentent pour la plupart des rejets qui partent facilement du collet
et sont généralement bien ancrés dans le sol. Selon AKE
(2005), pour garantir un bon ancrage des rejets de Teck, il faut couper l'arbre
à une hauteur d'au plus 10 cm au-dessus du sol. Cet avis est
partagé par SORO (2007), qui à travers une étude à
Korhogo sur la régénération de Acacia
auriculiformis A. Cunn. Ex Benth. (Mimosaceae) à partir des
souches, a montré que la capacité de
régénération du peuplement, après un
recépage, était fonction de la hauteur de coupe.
Toutes les souches n'ont pas la même capacité de
donner des rejets après l'abattage, certaines souches peuvent
développer de part et d'autre (collet, milieu et dessus de la souche)
plusieurs rejets (Figure 11).
Figure 11 : Souche à 5 cm de coupe portant 15
rejets
Zones de bourgeonnement
Figure 12 : Souche vivante à 15 cm de coupe avec
trois (3) zones de bourgeonnement
Ainsi, les souches les plus actives vont rejeter plus vite et
les autres tardivement car elles disposent encore de zones de bourgeonnement
(Figure 12).
Ces souches, pourraient donner des rejets aux prochains
comptages. Les souches mortes, en faible densité, proviennent
généralement d'un dépérissement préalable de
l'arbre sur pied qui s'est accru après la coupe. Ce cas n'est pas
forcément lié à la hauteur de coupe, il est présent
dans presque toutes les hauteurs de coupe.
Dans
l'ensemble, les différences observées entre
circonférences, surfaces terrières au niveau du type de plant et
de la campagne d'inventaire s'expliquent par une différence de
croissance entre les rejets de souche et les semis naturels malgré la
forte proportion de ces derniers. Les rejets présentent les meilleurs
paramètres dendrométriques sur le site de Séguié,
car, ils profitent encore du système racinaire des souches qui explorent
de grands horizons dans le sol relativement aux semis naturels. Cette
observation est partagée par AMONKOU (1998) qui confirme que durant les
premiers mois après la coupe, les rejets de souches de Teck sont de
loin, plus dynamiques sur le plan de la croissance que les tiges issues de
pépinières. Quant au traitement, les écarts initiaux qui
existaient entre les placettes de chaque sous-essai depuis leur mise en place,
n'ont pas encore été modifiés, surtout que les deux (2)
campagnes d'inventaire ne sont espacées que de six (6) mois. C'est la
raison pour laquelle des différences ont été
relevées au niveau de la conduite de densité. Quant au sous-essai
de sélection des rejets, l'effet traitement n'est pas encore
perceptible. En effet, il semblerait qu'il existe en fonction des
espèces un âge minimum au-delà duquel la densité
peut influencer la croissance du peuplement. Selon MASSON (2000), l'effet de
densité, dans un peuplement régulier de pin sylvestre (Pinus
sylvestris) sur l'accroissement en hauteur et en diamètre,
n'apparaît qu'à partir de trois ans. Cet avis est partagé
par VILA et al. (2001) qui, en étudiant des peuplements
réguliers de Pin sylvestre en régénération, ont
distingué également un seuil d'âge minimal en dessous
duquel ils n'ont observé aucune (ou très peu de)
différence entre l'accroissement en hauteur des arbres.
Les
accroissements moyens de circonférence obtenus en CRM nous indiquent que
le peuplement est encore dans sa phase évolutive. En effet, la
densité joue un rôle sur la croissance des plantes, en agissant
sur la compétition entre les arbres d'un même peuplement. Selon
Voui Bi (2008), lorsque les arbres poussent en peuplement, une
compétition s'engage entre ceux-ci pour l'accès aux ressources
nécessaires à leur croissance (lumière, eau et substances
nutritives). Par conséquent, la croissance du houppier et du tronc pour
l'accès à la lumière et celle des racines pour
l'accès aux substances nutritives est contrôlée par cette
densité du peuplement (ZOBEL et VAN, 1989). Cette assertion est
également partagée par ALTEYRA (2005) qui, dans ses travaux a
montré que le houppier est le moteur de croissance de l'arbre et que
tous les traitements qui tendraient à modifier sa taille auraient donc
pour conséquence de modifier la croissance et la qualité du
bois. Dans une plantation de Teck âgée
de cinq (5) ans sur une station d'indice de productivité (Ip = 7) la
norme de la surface terrière est de 15 m²/ha (CTFT, 1989), ce qui
n'est pas le cas dans toutes les placettes en CRM.
Il faut noter que cette
évolution n'ait été influencée par aucun
phénomène, car Voui Bi (2008) dans son étude a
relevé une surface terrière d'environ 11,65 m²/ha sur un
peuplement (1000 tiges par hectare) âgé de 5 ans à la FC de
Téné. Toutefois, cet accroissement n'est pas suffisant pour
induire une intervention sylvicole.
La
densité n'a pas eu d'effets sur la vie des plants, d'où
l'observation d'un bon état sanitaire des plants de Teck. On a
noté un bon état sanitaire dans toutes les placettes quel que
soit l'essai, de même que la densité mise en place. Les
résultats obtenus sont semblables à ceux de Voui dans son
étude menée en 2008 sur un peuplement de Teck dans la forêt
classée de Téné. Il a constaté que les proportions
d'arbres sains variaient entre 82,33 % et 93,21 %.
DUPUY et al, avaient déjà observé en
1999, la bonne santé du Teck ivoirien en affirmant que
« l'état de santé du Teck en provenance de la
Côte d'Ivoire est satisfaisant puisqu'il y a 85 % de survivants, parmi
lesquels on note la présence de 90 % d'arbres sains ». Cependant, cette assertion reste peu valable
aujourd'hui avec la présence de certaines souches ne portant pas de
rejets. Cela serait dû à la mortalité de ces souches suite
à un dépérissement provoqué par un champignon,
Fomes lignosus découvert pour la première fois en 1972
par le CTFT (1989). AKE (2005), affirme dans son étude que l'ampleur du
champignon Fomes lignosus a été constatée en 2002
sur le site de Séguié.
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