L'espace web du sénégal : étude de son degré d'ouverture ´ travers l'analyse des liens hypertextes( Télécharger le fichier original )par El Hadji Malick GUEYE Université Paris 10 Nanterre - Master de Recherche 2005 |
II. Comment est structuré cet espace Web ?Etudier la structure de l'espace du Web du Sénégal, revient à essayer de voir quels sont les différents domaines d'activité qui sont présents en ligne dans les sites sénégalais, les différents acteurs, les différents types de site ainsi que la manière dont les sites de l'ensemble (.sn) se sont interconnecté. II.1. Secteurs d'activité, types d'autorité et types de sitev Description des différents secteurs d'activité Nous avons relevé 75 secteurs d'activité allant de l'informatique à l'artisanat en passant par la presse et la pêche. Dans les 278 sites sénégalais composant notre corpus de traitement, certains domaines sont très présents comme le montre la figure suivante : Figure 11 : Répartition des différents secteurs d'activités des sites sénégalais Tout naturellement, on retrouve en tête des secteurs les plus présents, les activités dont Internet présente une excellente opportunité quant à leur développement et leur expansion. C'est le cas d'abord de l'informatique et de tous les domaines tournant autour des technologies de l'information. Ces domaines ont connu un regain d'intérêt grâce notamment à l'existence de formations d'assez bonne qualité. Le Sénégal se place parmi les premiers pays du Tiers monde pour le nombre d'ingénieurs et de techniciens supérieurs par rapport à sa population (...). Le pays compterait 342 ingénieurs en informatique et 467 techniciens supérieurs par million d'habitants88(*). Ce qui n'a pas manqué de créer des vocations et de faire exploser ces domaines à travers la vitrine qu'offre le Web. Ensuite, l'enseignement et le tourisme (avec l'immobilier et l'hôtellerie) occupent une place qui mérite d'être signalée. En effet, l'enseignement a toujours été aux avant-postes dans l'appropriation et la pénétration de l'Internet au Sénégal. Nous rappelons juste que le premier serveur Web d'Afrique de l'Ouest a été installé à Dakar par l'Agence Universitaire de la Francophonie en 1995 à l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD), et les instituts et écoles de formation supérieures ont très vite adopté Internet et y ont assuré leur présence. Enfin, le secteur touristique est assez bien représenté, chose qui n'est pas surprenante quand on connaît l'importance que représente ce secteur pour l'économie sénégalaise. La vitrine d'exposition internationale qu'offre Internet ne peut que tout naturellement attirer les acteurs de ce domaine. Notons aussi, les bonnes places du secteur de l'environnement (notamment sous l'impulsion des ONG internationaux et locaux), de la finance et du consulting et de l'administration avec les différentes institutions gouvernementales. v Description des différents types d'autorité Nous avons choisi pour la catégorisation de notre corpus trois types d'autorité, c'est à dire la personne physique ou morale responsable de la création du site : Une entreprise, une institution, une association ou une personne physique. Sur les 278 sites du corpus, 153 sont des sites d'entreprises, 78 des sites d'institutions et 47 des sites d'associations et 0 pour les sites de personnes physiques. Figure 12 : Répartition des sites Web sénégalais par type d'autorité L'absence assez remarquée de sites individuels est peut-être à chercher dans les prix assez prohibitifs de la création de site Web mais aussi d'acquisition et de gestion d'un nom de domaine (.sn). En dehors des entreprises, des institutions et de quelques associations, très peu de personnes individuelles oseraient investir dans un nom de domaine même si les prix appliqués par NIC Sénégal ont fortement baissé ces dernières années. Et puis, l'acquisition de nom de domaine à très bas prix et l'hébergement gratuit de sites personnels sont aujourd'hui très répandus sur le Web. A part cela, nous notons une forte présence des sites d'entreprise ; chose qui peut montrer une assez bonne appropriation de l'outil Internet par les entreprises sénégalaises. Sachant que l'e-commerce n'est qu'à ses premiers balbutiements avec quelques sites comme Trade Point Sénégal89(*) qui jouent le rôle de pionnier, nous tenterons d'affirmer que cette présence des entreprises est surtout d'ordre publicitaire et de marketing notamment avec la vitrine qu'offre le Web. Les sites d'institutions sont dans leur grande majorité les sites des institutions et des directions gouvernementales, des universités, des écoles et instituts de formation supérieure mais aussi des grands organismes internationaux. Le gouvernement sénégalais s'est toujours investi pour assurer une assez bonne pénétration de cet outil dans les sphères administratifs. L'e-gouvernement initié par l'Etat sénégalais en janvier 2002 pour rendre accessibles, en ligne, aux citoyens les différents services de l'Etat en est une preuve90(*). La présence assez importante de grands organismes internationaux au Sénégal avec leur portée mondiale en est aussi pour beaucoup dans le dynamise de cette catégorie de sites. Le mot dynamisme est aussi ce qui peut caractériser les sites d'associations, même s'ils ne représentent qu'une petite partie des sites composants le corpus. Les ONG nationales, principaux acteurs de ce secteur, sont très actives dans le développement et l'appropriation de l'Internet comme l'a bien abordé Caroline Dulau91(*). Pour bien approfondir notre compréhension des différents types d'autorité, essayons de les analyser avec les différents secteurs d'activité à travers un réseau asymétrique. Figure 13 : Réseau asymétrique entre type d'autorité et secteur d'activité Il apparaît dans cette figure que, à part quelques domaines comme le syndicalisme, la santé, la coopération, la douane, l'enseignement (...) les entreprises touchent à peu prés à tous les secteurs d'activité ; ce qui est normal quand on sait que les sites d'entreprises représentent plus de la moitié des sites recensés. Dans les sites d'institutions, nous rencontrons aussi un nombre assez important et varié de secteurs d'activité dont certains se retrouvent aussi dans les sites d'entreprise et dans les sites d'association et d'autres qui lui sont exclusifs comme l'enseignement, la diplomatie, la coopération, la douane, etc. Les sites d'association, moins nombreux, touchent presque normalement peu de domaines d'activité. Notons juste qu'il y a aussi des secteurs qui leur sont exclusifs comme par exemple le syndicalisme. v Description des différents types de site Les 278 sites sénégalais, classés par type de site, se répartissent de la manière suivante :
Tableau 2 : Répartition des sites en type de site Figure 14 : Répartition des sites Web sénégalais par type de site Nous voyons que les homeserveurs sont les plus présents avec presque la moitié des sites recensés ; ce qui est dans « l'ordre normal » des choses quand on sait que ce type de site reste le plus nombreux sur Internet. Les sites de ressources occupent aussi une place assez important. Voir que 46% des sites sénégalais développent et proposent des ressources propres sur des domaines divers et variés montre qu'il y a un réel travail effectué sur le contenu. Ce qui est une excellente chose ; car, à notre avis, il ne s'agit pas seulement d'être sur le net, encore faudrait-il y exister et surtout y apporter du contenu sur les richesses notamment socio-culturelles du pays. Mais, compte tenu du phénomène d'extraversion du contenu des sites sénégalais (du contenu qui concerne beaucoup plus l'extérieur que le Sénégal) constaté par Thomas Guignard92(*), cette présence assez remarquée des sites de ressources est peut-être à aborder avec quelques réserves. Etant donné que notre méthodologie d'analyse n'est pas portée sur l'étude du contenu des pages Web mais plutôt sur les hyperliens, nous verrons plus loin s'il existerait ce même phénomène dans les habitudes de « sitations » entre sites sénégalais. Les sites de recherche qui représentent 4% de l'ensemble des sites du corpus sont presque des sites portails donnant accès à des ressources du Web. Comme pour les types d'autorité, nous allons faire une analyse réseau asymétrique des différents types de sites avec les secteurs d'activité. Figure 15 : Réseau asymétrique entre type de site et secteurs d'activité Nous constatons dans cette figure, une quasi égale répartition des secteurs d'activité entre les homeserveurs et les sites de ressources qui, par ailleurs, représentent respectivement 49% et 46% des 278 sites recensés. Nous constatons aussi que sur les 75 domaines relevés, seuls 5 secteurs se retrouvent à la fois dans les homeserveurs, dans les sites de ressources et dans les sites de recherche. Il s'agit de l'informatique, de la politique, de la culture, de la recherche et des services. On remarque « l'isolement » de la catégorie services Web avec trois sites et un seul secteur d'activité ; ceci est normal puisque ce type de sites proposent des services liés seulement à la vie du Web. Pour compléter cette partie consacrée à la description du corpus à travers les principales caractéristiques comme le type d'autorité, le type de site et les secteurs d'activité, une analyse réseau entre types de site et types d'autorité s'impose. Ceci va nous permettre de cerner l'importance de chaque type de site en fonction de l'organisme qui est à l'origine de sa création ; et inversement de comprendre la place de chaque type d'autorité à travers du ou des type(s) de site qu'il a créé(s). Figure 16 : Réseau asymétrique entre type d'autorité et type de site Nous voyons que parmi les trois types d'autorité, les sites des entreprises sont les seuls où nous rencontrons tous les types de sites. Si la grande majorité des sites d'entreprise sont des homeserveurs, chez les sites d'institutions, nous remarquons une nette prédominance des sites de ressources avec une importance accordée à la création de contenu. Ce qui est une très bonne chose car il y va tout simplement du rayonnement de l'espace Web du Sénégal. Dans la même lancée, nous retrouvons aussi les sites d'association qui, avec seulement 17% de l'ensemble des sites recensés, représentent prés de 27% des sites de ressources. Par ailleurs, nous notons que la totalité des services Web sont des sites d'entreprises. Les sites de recherche, composés dans la plupart de portail, sont aussi dans leur majorité des sites d'entreprise. * 88 CHÉNEAU-LOQUAY, Annie. Défis liés à l'insertion des technologies de l'information et de la communication dans les économies africaines : L'exemple d'Internet au Sénégal. In : Abdelkader Djeflat et Bruno Boidin, Ajustement et technologie en Afrique, Publisud, avril 2002, p 103 * 89 www.tpsnet.sn * 90 Le quotidien Walfadjri, 11/04/2005. Entretien avec Monsieur Thierno Ousmane Sy, conseiller du Président chargé des nouvelles technologies. Disponible aussi sur l'URL : http://www.walf.sn/interview/?id_inter=136 * 91 DULAU, Caroline. L'Internet au Sénégal : modes d'insertion, différents usages et réseaux de communication mis en place par les ONG Dakaroises. Mémoire de DEA, Université Bordeaux III, 2002, 100p. * 92 Idem. |
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