CHAPITRE III
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
sur les espèces prioritaires
étudiées
III.1. Enquêtes sur l'offre et la demande des
marchés en espèces médicinales
La revue documentaire a permis de noter que la demande sur les
marchés urbains des produits des espèces médicinales est
forte. En 1988, la Direction des Eaux Forêts Chasse et de la Conservation
des Sols a estimé les besoins nationaux en phyto-médicaments
traditionnels à 1700 tonnes de produits divers (fruits et gousses,
exsudats, feuilles, écorces, racines, ...) [16, 21]. Calculés sur
la base d'un rythme de croissance démographique de 3% par an [1], ces
besoins devraient passer à 3000 tonnes en 2010. Ces données
permettent d'apprécier la pression croissante que les plantes de la
phyto-pharmacopée subissent dans cette partie du Sahel en proie à
la désertification.
Au Sénégal le commerce des plantes
médicinales fait vivre les herboristes. Leur chiffre d'affaire mensuel
avoisinait le salaire mensuel du sénégalais moyen ; il
était de l'ordre de 50.000 F CFA dans certains marchés urbains en
1996, selon FALL [36]. En 2004, les enquêtes de ENDA ont montrées
que ce chiffre d'affaire des herboristes dans cinq grandes villes (dont Dakar)
avoisinait les 300 000 F CFA par personne et par mois, en moyenne. Cette
herboristerie est génératrice de main d'oeuvre avec les
récolteurs, les grossistes, les détaillants. Avec la crise
économique et la cherté des médicaments modernes qui en a
résulté, ce secteur se taille une part de plus en plus importante
dans l'économie populaire ou informelle [25, 26].
C'est pourquoi, le nouveau projet initié par l'UICN,
ENDA-santé et le GRPM (Groupe de Recherche sur les Plantes
Médicinales de l'Université Cheikh Anta Diop), vise à
accroître les connaissances dans ce secteur informel [81].
Devant la diversité et l'utilisation massive
spontanée des plantes médicinales par les populations, les
phytothérapeutes et les divers acteurs de la filière, les
pouvoirs publics sont sensibilisés [72, 73, 82].
Le Sénégal dispose d'intéressantes
ressources végétales utilisables à des fins
médicinales. Très peu de travaux relatifs au recensement des
espèces vendues sur les marchés sénégalais ont
été publiés. Parmi ces travaux, nous citerons :
- l'inventaire réalisé par KERHARO en 1976 sur
les plantes médicinales vendues sur les marchés des villes [44].
L'auteur faisait état de 75 espèces sur un total de 542 plantes
médicinales répertoriées dans son ouvrage publié en
1974 [43]. Certaines de ces espèces sont exportées à
l'étranger et reviennent au Sénégal sous forme de
spécialités pharmaceutiques (cas de Sterculia
setigera).
- les enquêtes de LÔ et MAYNART sur les
marchés Saint-Louisiens de SOR en 1977 ; ces auteurs ont
élaboré un rapport de mission non publié qui porte sur 31
espèces médicinales répertoriées.
- les travaux de DIAGNE A. en 1988 qui a recensé 173
espèces médicinales appartenant à 53 familles dans le seul
marché de Tiléne à DAKAR [32].
- les enquêtes de LÔ et al. dans les
neufs régions [49] ; ces auteurs ont recensé 184 espèces
médicinales identifiées sur 42 étalages d'herboristes de
20 grands marchés urbains du Sénégal.
- les travaux de DASYLVA B. en 2001 qui a recensé sur
le marché dakarois 140 espèces médicinales
représentées par 170 échantillons dont les racines
représentent une proportion de 42% [29].
Des différentes enquêtes réalisées,
DASYLVA B. a établi en 2001 un répertoire que nous avons
complété avec les résultats de nos propres investigations.
Le rapport provisoire élaboré a été
présenté en février 1999, à l'occasion d'un atelier
organisé par la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM)
du Ministère de la Santé et de la Prévention du
Sénégal [82]. Ce rapport provisoire proposé ne saurait
prétendre être exhaustif, mais il incite à la
réflexion sur les plantes médicinales dans le système
sanitaire global.
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