Cadre théorique
Sur le terrain, nous avons effectué une analyse
spatiale des structures d'habitat et une analyse morphologique des objets
domestiques dans le but d'établir des typologies dans la culture
matérielle des Bakola. Le modèle
hypothético-déductif a été retenu comme
modèle théorique d'interprétation de ces résultats.
Et, selon les observations faites sur le terrain, l'évolutionnisme a
été retenu comme grille de lecture pour l'interprétation
de nos résultats.
Résultats obtenus
Dans la première partie que nous avons
intitulé : Contextes écologique et humain de la
région d'étude , nous présentons au chapitre 1 le
contexte écologique de la région de Bipindi-Lolodorf, notamment
le climat, le relief, la pédologie, la géologie, la
végétation, la faune et l'hydrographie. Nous y montrons la
relation qui lie le pygmée à son milieu écologique. Au
chapitre 2, nous énumérons la population humaine
c'est-à-dire les différents groupes ethniques voisins des Bakola
et l'historique de leur établissement dans le sud Cameroun.
Dans la deuxième partie, nous faisons une
présentation des résultats obtenus pendant la phase des
prospections au chapitre 1. Et, au chapitre 2, nous présentons les
résultats des sondages effectués sur les trois sites retenus pour
notre étude à savoir les sites de Mougo Bandè, Ngo
Manguèlè et Nabonzouondi I.
Au chapitre 1 de la troisième partie nous
présentons quelques aspects de la culture matérielle des Bakola
à savoir :les modèles d'aménagement et d'occupation
de l'espace, les modèles architecturaux ; et les objets et outils
domestiques des Bakola.
Pour ce qui est des modèles d'aménagement et
d'occupation de l'espace, nous avons noté l'existence de deux sortes
d'aires d'habitat. Une aire d'habitat liée au mode de vie
sédentaire qui le mbóga (deux types : ceux des
bords de route que nous pouvons appeler villages et ceux des forêts)
et une aire liée au mode de vie de chasseur qui est le
ngyágú.
Les mbóga des bords de route sont apparus dans
les années 1960, tandis que ceux des forêts remontent au
début des années 1930 ; grâce aux missionnaires
européens.
Diagramme 1. répartition des modes d'occupation de
l'espace
On repartit les modèles architecturaux des Bakola de la
manière suivante : les cases de feuilles avec toiture en feuilles
ou en folioles de raphia, les cases d'écorces d'arbres avec toiture en
folioles de raphia, les cases de terre avec toiture en folioles de raphia (dont
les unes avec chambres à coucher et d'autres des mono pièces) et
les cases de terre avec toiture en feuille d'aluminium (
généralement avec chambres à coucher).
Les objets domestiques comprennent les outils
manufacturés et les objets de fabrication pygmée. Ils se
repartissent de la sorte : les instruments de musique et costumes de
danse, les armes de chasse, l'armement de pêche, les outils de collecte
et d'activité agricole, les ustensiles de cuisine et le mobilier de case
.
Au deuxième chapitre de cette troisième partie,
nous avons fait une analyse d'abord historique, et ensuite
socio-anthropologique de la dynamique de la culture matérielle des
Bakola. Et à ces analyses, nous avons ajouté une portant sur les
moyens d'action sur la matière par les Bakola.
Au terme de cette analyse, il apparaît que les
changements observés sur les mode de création des campements par
les Bakola, les modèles de construction et sur la possession d'objets et
outils domestiques ; sont d'origine tant interne qu'externe aux
pygmées et d'apparition récente chez les Bakola de la
région de Bipindi -Lolodorf.
Au rang des facteurs internes aux Bakola, nous avons
relevé la démographie croissante des Bakola qui diminue les aires
de chasse et les oblige à se sédentariser de plus en plus.
Et, au rang des facteurs externes, la longue cohabitation avec
les groupes ethniques tels les Ngoumba et les Ewondo ; les programmes
d'insertion et d `intégration socio-économique du
gouvernement camerounais depuis les années 1970 ; et, plus
recemment à partir des années 1990, l'entrée dans le
milieu pygmée des ONG militant pour le développement
socio-économique des pygmées. Tous ces facteurs ont
été à l'origine de l'adoption de modèles nouveaux
d'occupation de l'espace, de construction de l'habitat et, d'objets et outils
domestiques.
La pauvreté de la documentation archéologique
dans les campements abandonnés démontre que les Bakola dans le
passé ne possédaient pas beaucoup d'objets manufacturés.
L'essentiel de leur outillage étant entièrement faite à
partir de la matière végétale Ce qui démontre une
fois la gestion rationnelle de leur milieu de vie ( forêt) par ces
populations forestières dans le passé.
Le schéma évolutif de la culture
matérielle des Bakola de la région se présente donc de la
sorte :
-au milieu du 19ème siècle ; il
s vivaient dans des huttes de forme hémisphérique et pratiquant
le nomadisme
-au début des années ; les missionnaires
européens pensent de plus en plus à leur insertion sociale et
créent à cet effet les premiers campements fixes pour
pygmées
-dès les années 1960, le gouvernement du jeune
Etat indépendant met sur pied des programmes d'intégration des
pygmées du Cameroun. Les centres de santé et écoles pour
pygmées sont crées à cet effet
-l'avènement de la liberté d'association au
début des années 1990 ; semble être un catalyseur et
vient accélérer un processus qui avait commencé vers les
années 1960 : l'intégration socio-économique et la
valorisation sur le plan culturel du pygmée.
Dès lors, un changement palpable a été
observé au niveau du mode de vie. Les Bakola tendent de plus en plus
à la sédentarisation, tout en continuant le nomadisme.
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