WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'intégration sous-régionale en CEMAC à  l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes

( Télécharger le fichier original )
par Achille SOMMO PENDE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion Générale

L

e présent travail visait le décryptage des enjeux liés à la mise en oeuvre de l'intégration sous-régionale en zone CEMAC à travers la libre circulation des biens et des personnes. Il s'agissait de comprendre pourquoi les Etats membres, précurseurs du processus d'intégration sous-régionale en Afrique dès 1954 avec l'union douanière équatoriale, tardent à rendre effectives, plus de cinquante (50) ans après, les échanges des facteurs de productions et de créations de richesses. Aujourd'hui encore, malgré la consécration d'un dispositif juridique et institutionnel favorable, et une volonté politique réelle longtemps décriée, l'état de la libre circulation des biens et des personnes suscite des interrogations. Aussi, pour nous, il a été question d'envisager une problématique de l'inadéquation entre la construction institutionnelle de la liberté de circulation des biens et des personnes, en zone CEMAC et mise en oeuvre de celle-ci.

Cette étude, à travers une analyse juridique et structuro-fonctionnaliste, a permis de comprendre que la zone CEMAC regorge plusieurs instruments d'opérationnalisation de la libre circulation des biens et des personnes matérialisés par l'institution du passeport communautaire et la signature de plusieurs accords privilégiés. De même, un appareil institutionnel inédit notamment à travers le FODEC et le PER, rend compte de la volonté des Etats de la sous-région d'aboutir de manière collective et harmonieuse à une intégration sous-régionale construite sur des bases solides de solidarité et de partage.

Pour autant, l'état d'opérationnalisation de la libre circulation des biens et des personnes en zone CEMAC, qui met en évidence un bilan mitigé à travers le faible taux d'échanges, les velléités protectionnistes et des querelles de leadership, permet de dégager plusieurs axes de réponses aux interrogations suscitées. Ainsi, dans un premier temps, les difficultés inhérentes au processus de mise en oeuvre de la liberté de circulation des biens et des personnes sont imputables à la faisabilité politique des reformes initiées au sein des Etats membres et de la communauté elle-même. Concrètement, dans un contexte de corruption généralisée, la faiblesse du réseau de transport et des infrastructures de productions, traduit des économies concurrentielles et un déficit de bonne gouvernance.

En deuxième lieu, la récente reconfiguration des forces en présence, due à la polarisation de l'économie mondiale autour des produits miniers et pétroliers favorables aux industries extractives, caractérielles de la majorité des pays de la sous-région, favorise l'augmentation nette des ressources de certains Etats. Cette manne contribue à alimenter les réticences des Etats « riches » à ouvrir leurs frontières et crée même une certaine « animosité » envers les autres Etats dépourvus de ces retombées. Aussi, l'instabilité sécuritaire de la sous-région du fait de la criminalité transfrontalière et de l'émergence des rebellions et groupes armés non identifiés, constituent la porte ouverte à la justification des politiques visant à réduire la mobilité des biens et des personnes. C'est ainsi, que l'on a assisté à la persistance des visas dans la zone durant le processus de mise en oeuvre de la libre circulation.

En réalité, ces pistes d'analyses qui ne sont pas propres aux Etats de la zone CEMAC, cachent un paramètre longtemps marginalisé. Le patrimoine commun ethnique et culturel des Etats de la zone CEMAC, jadis érigé en facteur d'intégration, s'est fragmenté aux prix des trajectoires politiques et socio-économiques différenciés. Ainsi, la mobilité des personnes et des biens s'est dégradée d'autant plus que les traits anthropologiques caractériels des peuples de la forêt équatoriale n'ont jamais été favorables aux échanges économiques. Ceci, conforté par l'émergence des préjugés ayant rendu la cohabitation difficile des différents peuples de la CEMAC.

Toutes ces pesanteurs structurelles, conjoncturelles et socio-anthropologiques qui entravent l'effectivité de la libre circulation des biens et des personnes en zone CEMAC corroborent parfaitement nos hypothèses initiales. Celles-ci rendent compte des défis que les Etats membres doivent relever dans l'optique de l'intégration sous-régionale et l'insertion à l'économie mondiale. Il en résulte que la multiplication des pratiques de bonne gouvernance à travers l'initiative des réformes probantes et le respect des engagements pris (notamment sur la TCI) est la première étape de ce chantier d'envergure. Ensuite, il convient d'intégrer les acteurs du secteur privé ainsi que la société civile, qui ont une vocation sous-régionale avérée, dans les projets intégrateurs et notamment le premier, celui de la libre circulation des facteurs de production. Cette démarche traduit le fait que pendant très longtemps, les populations ont été écartées de la dynamique communautaire au profit des sphères politico-administratives. D'où le constat d'échec de l'effectivité de la libre circulation. Il convient donc de replacer les peuples de la CEMAC au coeur du processus d'intégration sous-régionale. Aussi, dans la même logique la réhabilitation de l'esprit communautaire s'impose comme un impératif catégorique de façon à inciter les peuples à vouloir se connaitre et à cohabiter. Ce la passe par le partage des valeurs et la définition d'une identité communautaire.

Dans cette optique, les perspectives de la libre circulation en zone CEMAC sont vastes et dépendent entièrement de l'effort de concertation et de mobilisation des ressources de la part des pays membres de l'institution sous-régionale. Ainsi, l'émergence des projets fédérateurs, matérialisés par des acquis solides, visibles et irréversibles va contribuer à la mise en oeuvre progressive de la libre circulation des biens et des personnes.

Bien plus, l'état de à la mise en oeuvre de la liberté de circulation des biens et des personnes en zone CEMAC est symptomatique des difficultés liées à la construction de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale. Peut être a t- on très vite conclu que les pays membres de la CEMAC étaient voués à cohabiter de manière harmonieuse du simple fait de leur proximité géographique et du partage des frontières. Quoiqu'il en soit, notre étude, telle qu'elle a été menée, participe à une meilleure compréhension d'un domaine relativement épargné par les développements de la communauté scientifique. Ainsi, elle contribuera, sans doute à alimenter les réflexions visant à décrypter les processus d'intégration régionale en Afrique en général, et en Afrique centrale en particulier.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore