Résumé
Dès le lancement officiel des activités de la
CEMAC le 25 juin 1999 en Guinée Equatoriale, les Etats membres se sont
fixés comme objectif majeur de construire un marché commun
compétitif et concurrentiel, basé sur la libre circulation des
biens et des personnes, en vue de se doter d'une meilleure capacité de
création de richesse et d'insertion dans l'économie mondiale. En
dépit des progrès réalisés, force est de constater
que la libre circulation des biens et des personnes est très peu
effective. Cette défaillance met en évidence un bilan
mitigé qui se traduit par la non réalisation des objectifs
fixés par la nouvelle institution sous-régionale et la faiblesse
de l'esprit communautaire. De même, l'existence des
velléités protectionnistes et les dysfonctionnements du
mécanisme de financement ont considérablement réduits
l'ampleur des projets intégrateurs. Les observateurs du processus
d'intégration sous-régionale en Afrique Centrale ont tendance
à indexer l'absence de volonté politique pour expliquer les
retards accusés. Loin de réfuter cette thèse, ces
dernières années, la CEMAC a pris des engagements forts pour
rendre effective la liberté de circulation des biens et des personnes.
Cependant, il existe des pesanteurs qui s'imposent à la volonté
politique des Etats membres de la CEMAC et entravent de ce fait l'effort
consacré à la libre circulation. Concrètement, ces
obstacles sont d'ordre structurel et se manifestent par un déficit de
bonne gouvernance dans un contexte de corruption
généralisé. Ces entraves sont également
liées à la conjoncture qui a contribué soit à
fragiliser les Etats de l'Afrique Centrale soit à favoriser les
rivalités et querelles au sein de la communauté. En outre, des
facteurs socio-anthropologiques contribuent à retarder la dynamique
d'intégration sous-régionale.
Dans ce contexte, certains scénarios peuvent être
envisagés quant à l'effectivité de la libre circulation
des biens et des personnes en zone CEMAC. Le scénario
« pessimiste » de la libre circulation en panne ; le
scénario « réaliste » qui met en exergue une
effectivité progressive de la libre circulation ; le dernier
scénario, optimiste qui donne lieu à une effectivité de la
libre circulation. Aussi, le scénario réaliste qui est le plus
plausible, ne peut se réaliser que si les Etats de la zone CEMAC
relèvent certains défis. Le premier de ces défis est
surtout de réhabiliter l'esprit communautaire dans la sous-région
afin de mieux cerner les bienfaits de l'intégration. Ensuite, il est
question de multiplier les pratiques de bonne gouvernance à travers la
mise en oeuvre des mécanismes probants et l'harmonisation des politiques
budgétaires. Enfin, la suite logique est de replacer les peuples au
coeur du processus d'intégration, cela passe par une meilleure
implication du secteur privé et de la société civile dans
les initiatives communautaires.
Mots clés :
intégration sous-régionale, libre circulation, communauté,
marché, biens, personnes, pesanteurs, perspectives, conjoncture
mondiale, bonne gouvernance.
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