Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question.( Télécharger le fichier original )par Soufiane BOUKARTA Institut d'aménagement régional AIX-Marseille III - Master 2 2009 |
V. CONCLUSION GENERALE :SIDI ELHOUARI, ENTRE TERRITORIALITE HABITANTE ET
REHABILITATION Dans la première partie du mémoire, nous avons démontré en explorant l'évolution de la notion du projet urbain, que ce dernier est le germe d'une dichotomie, entre le global et le local, nourrie par la montée du contentieux et le refus de toute planification faite a priori. Dans un souci de résoudre ces conflits là où ils sont nés, le retour au local s'est posé comme une échelle pertinente et fertile pour aborder la question urbaine, selon une démarche structurale de dépendance interne, avec l'introduction de l'habitant comme acteur au lieu de simple usager. Le projet urbain a libéré l'urbanisme du carcan de la procédure, qui conçoit la production de l'urbain comme l'agencement d'un ensemble de règles posées et conçues a priori. Enfin, aborder l'urbain comme une démarche contextuelle nous pousse à mettre l'accent sur le Flou qui texture le déroulement comme la stabilité du projet urbain. Dans la deuxième partie, nous avons pris le <<local>> comme point de départ méthodologique pour comprendre les logiques qui sous tendent la re-production du local et qui se résument en deux points, <<tension et appropriation >>. Nous avons exploré la re-production du local à travers une grille de lecture comprenant trois notions: l'espace, le lieu et le territoire. A chaque niveau d'analyse, nous avons pu trouver que la re-production du local passe nécessairement par la résolution de cette tension, qui, elle, peut être traduite par une série de quatre ambigüités. La première concerne la question des références qui est hétérogène entre les acteurs. La deuxième ambigüité pose la question de l'interprétation de la mémoire du lieu et les expériences du passé. La troisième ambiguïté s'installe quant à l'interprétation du présent, donc de la vie quotidienne des habitants. Enfin, A travers l'exploration de l'objet de la gouvernance locale, nous pouvons poser La quatrième ambigüité autour de la question de la <<pertinence>> du territoire et la légitimité des conduites vis-à-vis les habitants. Cela nous pousse à reformuler notre hypothèse de départ et à en poser une deuxième :
Dans la troisième partie, nous avons cherché à comprendre les principes qui pourront nous permettre de saisir la << stabilité >> du projet urbain. Pour ce faire nous sommes passés par un état de l'art (non exhaustif) qui a trait aux modes de territorialité habitante et à l'action collective. Dans un premier temps, nous avons exploré avec A.Bourdin les modes de territorialité habitante qui se traduisent concrètement dans la sphère des <<représentations>> et des << pratiques de la vie quotidienne >>. Dans un second temps, nous avons exploré la notion de l'action collective avec M.Crozier, Firedberg et nous pouvons en tirer trois conclusions. Primo, la nécessité de rompre avec la notion du système à connotation déterministe et le remplacer par le système à caractère contingent et heuristique. Secundo, le pouvoir est au centre des rapports de régulation, et la règle, formelle ou informelle comme ressource à l'action. Tertio, la régulation de contrôle, c'est-à-dire du droit, a toujours une effectivité partielle. Sous l'optique de la théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud, La territorialité habitante serait appelée << la régulation autonome >>, qui, selon lui, peut s'opposer à la régulation de contrôle et compromettre la stabilité de projet urbain, donc de la réhabilitation urbaine. Cela nous incite à poser une troisième hypothèse via laquelle, on stipule que : la stabilité de projet urbain reste non stationnaire et que sa mise en oeuvre nécessite un suivi et un contrôle, donc un rapport de force imposant l'ordre local, et cela à travers les deux régulations, de contrôle et conjointe. Voir Figure ci-dessous. Figure 24 : le cadre conceptuel de l'analyse. Nous avons présenté dans la quatrième partie un terrain d'étude, qui nous parait exemplaire pour deux raisons. Primo, il recèle une valeur patrimoniale très riche et reconnue due à une histoire tourmentée marquée par le passage de plusieurs civilisations. Secundo, la durée du projet de la réhabilitation de quartier qui, elle, a aujourd'hui dix hui ans et elle est encore incertaine. Cela étaye avec clarté notre questionnement qui a trait au temps et la stabilité du projet urbain d'où la pertinence du choix du quartier de Sidi Elhouri comme terrain d'étude. Toutefois, la vérfication des hypthèses et la validation des résultats nous pousse à compléter le choix des terrains d'étude par l'analyse d'un ou deux autres cas similaires. Nous pouvons choisir d'ajouter un autre cas dans le territoire algérien ou Francais. REPÈRES MÉTHODOLOGIQUES: Il nous parait à travers le cadre conceptuel que nous avons développé jusque là, que l'essence des actions ou des pratiques habitantes dépend non seulement de leur identité individuelle et collective et leur espace d'appartenance, mais aussi du projet de réhabilitation urbaine portée par les pouvoirs publics. Dans cette optique, l'approche globale nous parait pertinente à analyser pour pouvoir appréhender la territorialité habitante en ayant ce projet de réhabilitation comme background expliquant les actions habitantes. En s'appuyant sur le cadre conceptuel développé (voir schéma ci-dessus), inspiré de l'approche organisationnelle de Friedberg et de la théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud, nous présentons notre esquisse méthodologique comme suit28 : En premier temps, nous ferons une contextualisation à deux dimensions: (i) Contextualisation sociodémographique afin d'identifier le(s) quartier(s) par une série d'indicateurs, comme la catégorie socioprofessionnelle, le taux de chômage, la trajectoire de vie...etc.(ii) Contextualisation spatial en observant la qualité de l'espace public, des espace verts et la qualité des façades...etc. Dans un second temps, nous procéderons par identifier << la régulation de contrôle » (règles du droit) et << conjointe » (la participation) dans une démarche diachronique. Pour ce faire nous procéderons en deux étapes : (i) Premièrement par la collecte de la littérature grise : à travers les documents produits par les pouvoirs publics, à savoir les cahiers de charges des POS. Ainsi que les documents de POS (règlements, documents graphiques et notes de présentation des règles) produits par les architectes-urbanistes. L'analyse sémantique de 28 L'esquisse méthodologique présentée n'a de linéarité que la présentation. La recherche sera entamée dans une démarche itérative et croisée. cette base de données collectée doit nous permettre « l'identification spatiale » de la régulation de contrôle en termes d'organisation des pratiques existantes et projetées, droit de construction et utilisation du sol. (ii) Deuxièmement, nous entreprendrons une série d'entrevues semi-directive avec les pouvoirs publics, comme les maires, les directeurs d'urbanisme et ceux de la culture (vu qu'il s'agit d'un quartier à valeur patrimonial). Ainsi que les architectes urbanistes désignés pour mener cette étude. Notre guide d'entretien portera principalement sur : la participation directe des habitants à travers les réunions, les contraintes ou résistances qu'ils ont trouvées lors du montage du projet, le temps prévu pour cette opération de réhabilitation. Dans un troisième temps, nous chercherons à identifier la territorialité habitante (régulation autonome), c'est-à-dire l'ensemble des pratiques et représentations habitantes qui ont trait au quartier comme espace de vie. Pour ce faire, premièrement on relèvera toutes les pratiques habitantes régnantes dans le quartier(s), et nous ferons aussi des relevés sur des maisons choisies pour l'enquête pour rendre tangible les modifications apportées au cadre bâti une fois comparés avec les plans conservés aux archives de la commune. Deuxièmement nous ferons des entrevues semi-directives auprès des habitants. Ces entrevues seront guidées par; la trajectoire de vie (lieu ou il habitait avant), leurs intérêts et leurs implications dans le projet de réhabilitation, leurs résistances et leurs craintes, et leurs réactions vis-à-vis la durée du projet, sur la possible réhabilitation privée du cadre bâtie, et enfin selon eux, qu'elle serait la solution à entreprendre. Dans un quatrième temps, nous confronterons ce que nous aurions, produit et rassemblé comme matériaux, et recueilli comme témoignages. Cela doit nous permettre : (i) de jauger le décalage entre la régulation de contrôle (planifiée) avec la régulation autonome (effective); (ii) de saisir le jeu d'acteurs à travers les éventuels changements de règles (entre les différents POS). La recherche que nous désirons entreprendre reste partielle dans la construction encore en vogue, longue et continue du projet urbain comme une manière de faire l'urbain. Notre apport se veut éclaircir, selon une optique régulationniste et organisationnelle, la durée du projet urbain et sa stabilité en confrontant le mode de territorialité habitante avec la conduite d'élaboration du projet urbain dans le cadre d'une réhabilitation urbaine. B I B L I O G R A P H I E
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