Consortium EURMed Université Paul Cézanne,
Aix-Marseille III Institut d'Urbanisme et d'Aménagement
Régional
Mémoire entrant dans le cadre de l'obtention
du Master étude urbaine en régions
méditerranéennes
Projet urbain et retour du sujet ? La
stabilité en question.
La conception éclatée : Sidi Elhouari
[ORAN-Algérie] face à son patrimoine, un Projet urbain en
gestation?
Par BOUKARTA Soufiane Encadré
par MAZZELLA Sylvie
Jury composé de :
DOMENACH Hervé, professeur à
L'IUAR, Aix en Provence MAZZELLA Sylvie, enseignante à
la MMSH, Aix en Provence.
Table des matières
INTRODUCTION : 4
I. Evolution de la notion du projet urbain : le retour du
« local » 8
I.1 Evolution Du Projet Urbain : 8
I.2 Condition D'emergence Du Projet Urbain : 9
I.1 Les Valeurs Du Projet Urbain : 11
En guise de synthese : le projet urbain comme guide d'action :
13
II. Logiques de Re-production du local et gouvernance
Locale 15
II.1 LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU LOCAL: 15
II.1.1 De La Logique De « L'espace » 15
II.1.1.1 Espace de representation et representation de l'espace :
un scenario de marchandage
17
II.1.2 ...A la logique du lieu 18
II.1.3 ...Et de territoire : 21
II.1.3.1 Au-delà de territoire, la territorialité ?
24
II.2 GOUVERNANCE LOCALE : LE QUARTIER COMME ECHELLE D'ACTION
24
II.2.1 La gouvernance comme osmose entre le global et le local et
le quartier comme echelle d'action : 24
II.2.2 La regulation sociale comme enjeux de la gouvernance
locale: 26
En guise de synthèse : Le local entre Acteurs, Forme
d'association et régulation : 26
III. L'action collective: Fabrique de la 'grammaire du
possible' 28
III.1 Principe d'analyse de l'action collective :
28
III.1.1 La rationalite et la notion de la rationalite limitee des
acteurs : 29
III.1.2 La contingence des acteurs et la notion du systeme:
29
III.1.3 Le pouvoir comme capacite d'action : 30
III.2 Principes de l'appropriation habitante du local : 31
III.2.1 Le Local Cognitif : 31
III.2.2 L'approche Interactionniste : 31
III.3 Approches De L'action Collective : 32
III.3.1 L'approche organisationnelle de friedberg : 32
III.3.2 L'approche régulationniste de j-d reynaud : 33
En guise de synthese : la regulation sociale comme homeostasie de
projet urbain ? 35
IV. Sidi El Houari, une histoire tourmentée et un
patrimoine urbain
incontournable : 37
IV.1 Situation géographique de la ville d'Oran : 37
IV.2 L'histoire du quartier de Sidi Elhouari : 37
V. CONCLUSION GENERALE : 44
BIBLIOGRAPHIE 48
Table des Figures:
Figure 1: le raisonnement suivi. 7
Figure 2: logique de reproduction de l'espace (a). Source: Auteur
18
Figure 3 : processus de production du local entre territoire et
territorialité. 27
Figure 4: La régulation globale. Source: Auteur. 35
Figure 5 : Oran et sa situation dans le territoire
algérien. Source : montage personnel 37
Figure 6: le quartier de Sidi Elhouari.Source:
réalisé à partir de googleMap. 38
Figure 7 : la Casbah de Sidi El houari Aujourd'hui. Non
classé. Source : R.Moussaoui : 2008 : 3. 38
Figure 8 : Porte de Canastel. Classée. Source : R.
Moussaoui 2008 : 5. 38
Figure 9 : La porte de Santon. Classé en 1953. Source :
R.Moussaoui 2008 : 6 39
Figure 10 : L'église de Saint-Louis. Classé en
1952. Source : R.Moussaoui 2008 : 39
Figure 11 : Tambour de San-Jose. Classé en 1952. Source :
R.Moussaoui 2008 39
Figure 12 : Porte d'Espagne. Classé en 1906. Source :
K.Metair 2005 : 14. 39
Figure 13: le château neuf. Classé en 1952. Source :
Photos-algérie.fr 39
Figure 14 : Ecusson espagnol. Classé en 1952. Source :
K.Métair : 2005 :9 39
Figure 15 : Plais du Bey. Classé en 1952. Source :
R.Moussaoui 2008 :9 40
Figure 16 : Mosquée du Pacha. 40
Figure 17 : mosquée de la perle. Classée en 1900.
Source : 40
Figure 18 : La porte de Caravansérail et promenade de
l'étang. Classés en 1952. Source :
villedoran.com 40
Figure 19 : Profil schématique expliquant
l'évolution historique du quartier. Source: Auteur. 41
Figure 20 : l'ancienne préfecture et le tramway d'Oran.
Source :
pagesperso-orange.fr 42
Figure 21 : le theâtre régional. Non classé.
Source :
decouverte.algerie.free.fr
42
Figure 22: le trésor. Non classé. Source :
pagesperso-orange.fr 42
Figure 23 : l'extension de la ville vers l'Est dans les
années 1950. Source: K.Metair : 8. 42
Figure 24 : le cadre conceptuel de l'analyse. 45
INTRODUCTION:
FOISONNEMENT DES PRATIQUES, PLURALITÉ D'ACTEURS
ET GENESE D'UN QUESTIONNEMENT
Le projet1 urbain fut adopté suite à
l'échec de l'urbanisme déterministe, celui du plan, afin que
l'urbanisme incarne de nouveau sa raison d'être comme <<discipline
opérationnelle » d'analyse et de transformation de l'espace urbain,
et qu'en aucun cas avoir la maîtrise comme fin en soi. En effet,
l'urbanisme de part sa définition, est une science, art ou technique de
l'organisation spatiale des établissements humains [F.Choay : 2005 :
911]. Il se définit aussi comme pratique renouvelée sans cesse,
visant la découverte des lois dont le fonctionnement spontanée
était jusqu'alors demeuré caché, et à les appliquer
délibérément dans la conception et l'organisation de
l'espace [idem : 912]. Autrement dit, l'urbanisme est la pratique qui se
reconnait par la théorie qui découle de son action. De ce fait,
le projet urbain constitue une sorte de cristallisation ou d'une
maturité de plus de cent ans d'exercice. De part sa
légitimité2, il fût rapidement adopté par
une pluralité d'acteurs, pouvoirs publics, urbanistes provenant de
toutes <<disciplines confondues », et même l'habitant qui, par
l'avènement de projet urbain comme une nouvelle manière de faire
l'urbain, a pu s'approprier le rôle << d'acteur » au lieu de
simple << usager ».
Nos diverses lectures sur la question du projet urbain nous
ont permis de cerner les différentes pistes de recherche, qui sont en
vogue aujourd'hui, dans deux grands répertoires : (i) L'approche typo
morphologique : qui tient à déceler les processus de la
morphogenèse de la forme urbaine. Elle fût Prônée par
l'école italienne d'après-guerre comme critique au courant
moderniste, avec Saverio Muratori et ses disciples Aldo Rossi, Carlo Aymonino,
Vittorio Gregotti. Elle a connu et connait une adoption internationale, en
France, avec Ph.Panerai et D. Mangin et dans les pays du Maghreb.
1 << Le projet, son étymologie, renvoie
à un vieux mot français qui, à travers le « pourject
», désigne un travail d'architecte : la construction du balcon, cet
élément lancé avec audace au dessus du vide, son extension
de sens indique que dans l'activité productive de l'homme, bien d'autres
dispositifs peuvent être envisagés, formulés comme
virtualités potentiellement réalisables » [D.pinson :
2000 : 79].
2 Dés la fin de XVII siècle, le mot design
(dessein) en anglais fût remplacé pour un moment par le mot
project dérivé du vieux français pour
décrire les nouvelles réformes socio-économiques à
l'oeuvre. Dés lors, le projet prend une nouvelle tournure et se trouve,
désormais, lié à des notions pour le moins attractifs :
innovation, création, identité et développement.
[J-P.Boutinet: 2006 : 13].
(ii) L'approche organisationnelle : qui tend à
comprendre les logiques via lesquelles le projet urbain est monté. Cette
approche prend souvent la nomination de << gouvernance », ou la
problématique se résume dans la fameuse question << A qui
le territoire appartient-il? ».
L'objectif de ce travail est de s'inscrire dans une approche
<< organisationnelle », et de contribuer au débat portant sur
l'action territoriale en milieu urbain. Il s'agit de mettre l'accent sur le
rôle des habitants-acteurs, dans le montage-réalisation du projet
urbain à travers une opération de réhabilitation urbaine
d'un quartier historique. Ce type de quartier occupe souvent une position
centrale dans la ville, ce qui double sa valeur aux yeux des pouvoirs publics
qui tentent, non seulement la réhabilitation du patrimoine bâti
mais aussi une revitalisation économique, en rendant le quartier propice
aux activités économiques. Par ailleurs, les habitants qui y
vivent se trouvent menacés par ce projet qui cherche à les
remplacer par de nouvelles populations pouvant s'adapter aux changements qui
auront lieu après la réhabilitation. Cela interpelle le sujet qui
est l'habitant et le remet au centre de la question urbaine. La
linéarité procédurale, via laquelle se déroule une
opération de réhabilitation d'un quartier, disparait pour laisser
place à l'incertitude, qui, elle, affectera le <<
déroulement » du projet ce qui peut, au lieu de réhabiliter,
laisser tomber en ruine des bâtiments à forte valeur patrimoniale.
Dans la perspective de mieux comprendre les enjeux et saisir les rapports qui
sous-tendent les acteurs. Nous avons fondé notre problématique
sur le déroulement et la stabilité du projet urbain en
confrontant l'action des habitants-acteurs avec la logique et la conduite
d'élaboration du projet de réhabilitation:
Quelle est l'influence que peut exercer
l'habitant-acteur sur la durée du projet de réhabilitation dans
une démarche de projet urbain? : Selon quelle logique le projet se
conçoit-il, et comment sera-t-il stabilisé?
Notre problématique s'inscrit dans la réflexion,
déjà enclenchée et encore en vogue, qui gravite autour de
la notion du projet urbain comme conduite, et l'introduction de l'habitant
comme acteur et son influence sur la conduite d'un projet d'aménagement.
En somme l'interrogation posée se pose nécessairement dans une
démarche diachronique. Notre démarche est instruite par une
problématique et un mode de raisonnement c'est-àdire par les
prémisses d'une série de notions théoriques, dont
l'articulation nous
permettra d'établir un cadre analytique et une grille de
lecture pour explorer la réalité empirique et interroger les
faits. Pour ce faire, nous avons procédé en deux temps.
(i) Déconstruction de l'action : de Re-production du
local pour comprendre les logiques des acteurs (l'habitant aussi) ; et de
l'action collective pour saisir les rapports qui sous tendent les acteurs et la
stabilité des interactions. (ii) Construction du cadre analytique en
capitalisant les acquis théoriques dans des schémas pour
appréhender l'approche d'une façon globale .Par la suite il nous
sera possible de situer l'habitant-acteur dans la chaîne des rôles
et comprendre sa ou ses logiques d'action et les modes stabilité du
projet.
Nous sommes partis de l'hypothèse
générale selon laquelle l'introduction de l'habitant comme acteur
dans l'action de la réhabilitation urbaine pose l'incertitude quant
à la réalisation et suppose un rapport de pouvoir pour stabiliser
le projet urbain.
Pour guider le déroulement de ce mémoire, nous
nous sommes basés sur un << terrain de réflexion >> :
le quartier de <<Sidi Elhouari >> à Oran, capital de l'ouest
Algérien. C'est un cas, qui est à notre sens <<
révélateur >> et << exemplaire >> de projet de
réhabilitation urbaine mis en attente en partie par l'action de
l'habitant lui-même. Bien que sa valeur patrimoniale soit reconnue
à l'échelle nationale et internationale3 (classement
UNESCO), et malgré les tentatives de valorisation via les POS successifs
qui ont commencé depuis 19924, le quartier connait encore un
processus de dégradation. Dix huit ans après le premier POS, le
projet de réhabilitation du quartier stagne. La chronologie du projet
est encore ouverte à l'incertitude et sa stabilité n'est pas
encore claire.
Conçu comme un protocole de recherche, notre
mémoire vise la validation de la problématique soulevée,
discuter les hypothèses adoptées, proposer un terrain(s)
d'étude et proposer des repères méthodologiques dans
l'intention de poursuivre la recherche dans le cadre d'une thèse. En
outre, nous tenons à apporter dans ce mémoire un état de
savoir autour de la question soulevée.
Le mémoire est structuré en cinq parties dont
les trois premières constituent le cadrage théorique. Dans la
première partie, nous tenons à revisiter la notion de projet
urbain à travers son évolution, ses conditions d'émergence
et ses valeurs. La deuxième partie du mémoire pose la
problématique de reproduction du <<local>> à travers
la confrontation
3 La ville d'Oran à organiser pour cet effet, un colloque
international, entre le 19 et le 21 octobre 2008.
4 L'algérie s'est dotée depuis 1990 de la loi
n° 90-29 du 1er décembre 1990 relative à
l'aménagement et l'urbanisme, où le PDAU et le POS sont
considérés comme les instruments d'urbanisme.
de notions de différents auteurs. Elle y pose in
fine la question de la gouvernance locale. La troisième partie
quant à elle, fait le point par un état de l'art, sans chercher
l'exhaustif, sur les différents modes d'appropriation du local par les
habitants, et sur les différentes approches « théoriques
» de l'action collective. L'apport théorique
développé dans les
trois premières parties nous permettra par la suite de
choisir un terrain(s) d'étude, quisera présenté
succinctement dans la quatrième partie. Nous conclurons, dans la
cinquième partie, notre réflexion par une
reprise-synthèse des différentes conclusions partielles à
laquelle nous joignons une esquisse de la méthodologie pour le(s) cas
d'étude choisi(s). Voir schéma ci-dessous.
CADRAGE THEORIQUE
II. logique de reproduction du ulocal
»:
· Confrontation des notions.
· Gouvernance locale
Comment approcher la réalité
complexe de l'action collective?
Comment le local se
reproduit-il ?
INTRODUCTION: Cadrer l'intention de recherche entre
problématique et hypothèses. uHabitant-acteur, durée et
stabilité du projet urbain »
I. Évolution du concept:
Le retour du u LOCAL »
III. Etat de l'art des approches sur l'action
collective:
· Modes d'Appropriation du local.
· Approche de l'action collective.
CAS D'ETUDE
Quel cadre pour approcher le rôle de l'habitant-acteur ?
Quels sont les critères de choix du cas d'étude ?
IV. Présentation du terrain
d'étude.
CONCLUSION
V. CONCLUSION: Reprise des conclusions partielles,
discussion des hypothèses et Esquisse méthodologique pour une
suite en thèse.
Figure 1: Le raisonnement suivi.
I. EVOLUTION DE LA NOTION DU PROJET
URBAIN : LE RETOUR DU « LOCAL»
I.1 EVOLUTION DU PROJET URBAIN :
Nous essayons de déceler, dans les lignes qui suivent,
l'évolution de la notion du projet urbain, en France, comme une nouvelle
manière de faire l'urbain, et comprendre ainsi les transformations
majeures qui ont affectées l'urbain. Pour certains auteurs, comme
Roncayolo [2000], Ingallina [2008] et Hayot [2000] , le terme de projet urbain
est apparu dans sa version conjoncturelle, à la fin de la grande
expansion des années 1960, où on essayait de dissocier une vision
très systématique et trop mécanique de l'espace et de
découvrir de nouvelle rationalités, moins détachée
des hommes, plus proches des conduites et des aspirations, et probablement plus
complexes. Et c'est ainsi qui est né l'urbanisme dit << des
aménageurs >> ou les rapports sociaux sont tournés presque
exclusivement, comme l'ont bien remarqué P.Merlin et
P.George5, vers une géographie urbaine
préoccupée de l'existence d'une armature urbaine à
l'échelle du territoire. Donc, une quête de maîtrise
<< a priori>> du fait urbain, en s'intéressant, à
organiser les flux de la force de travail au lieu de s'intéresser aux
modes de vie des habitants. Cette approche ne renvoie en aucun cas à la
notion sociologique, entendu dans le sens Durkheimien, c'est-à-dire,
participer dans le fonctionnement du système sociale. Les années
1960 ont été marquées par une montée du contentieux
et refus de plus en plus élargis de l'espace résidentiel <<
fonctionnaliste >>. Et l'Etat <<fort centraliste >> commanda
des << modèle culturels >> sur les <<modes d'habiter
>> et sur les pratiques sociales. L'approche fonctionnaliste, culturelle
ou non, n'a de vertu que le fait qu'elle a réduit l'habitant à un
simple << usager de l'espace >>. Dans les années 1960, les
premiers travaux de sociologues tels Henri Coing (1966) dénoncent les
effets sociaux de la rénovation urbaine et du relogement dans les
quartiers ouvriers parisiens. Avec l'avènement des années 1970,
les professionnels de l'urbain remirent en question les <<certitudes
radieuses >> [A.Hayot : 2000 : 17], surtout avec l'apport de la
sociologie qui a bien éclaircis la << complexité >>
du fait urbain. Néanmoins, Hayot stipule que cette approche même,
et malgré son apport clairement positif, est tombée dans le
piège de la négation de toute réalité
concrète du phénomène urbain. Les années 1980 quant
à elles, ont été vouées à revaloriser et
atténuer les ségrégations urbaines
5 Cité par Hayot [2000 : 16].
crées dans les années 60 et 70. On assistait
aussi dans cette période à un foisonnement d'initiatives, les DSQ
[développement social des quartiers], les DSU [développement
social urbain] et les ZEP [zone d'éducation prioritaire] et les OPAH
[opération programmées d'amélioration de l'habitat] ,
jusqu'à 1989, ou le président Mitterrand prononça pour la
première fois la notion de << politique de la ville6
>> qui tend à regrouper les initiatives partielles,
résoudre les conflits, et rétablir les dévalorisation
sociales en réhabilitant7 et rénovant8 la
vie des habitants dans tous ses aspects (économique, social,
culturel...). L'Etat intervient dans ce cadre à titre d'incitateur
[Grafmeyer et Authier : 2008 : 114] ou Etat animateur [J. Donzelot, cité
par Grafmeyer et Authier, Ibidem]. Et c'est ainsi que le <<
localisme >> fût créé et encore conforté par
une décentralisation des compétences données aux
collectivités locales. La volonté étant de traiter et
répondre aux problèmes à l'échelle ou ils se
posent. Le << localisme >> ainsi adopté, perçu comme
une <<construction sociale des populations>> [Michel Verret,
cité par Hayot : 2000 : 18] en leur ouvrant le champ de la participation
ou de l'auto-gestion. Il apparait donc comme un outil de planification et de et
une sorte de résistance à toute globalité conçue
a priori.
I.2 CONDITION D'EMERGENCE DU PROJET URBAIN :
Pour que le projet urbain, comme démarche, soit
adopté, il faut que certaines conditions soient mises en places, et que
nous essayons ici, à travers nos lectures, de les cerner dans les points
qui suivent :
1. Redistribution et reconnaissance des
rôles: le projet urbain s'est déployé comme
synonyme d'une rupture épistémologique, ou la profession de
chaque urbaniste se trouvait remise en question, et c'est ainsi que l'Etat
centraliste-fort devient alors un << Etat arrangeur >> [F.Ascher :
2007 : 18], << régulateur >> visant entamer des actions
<< légitimes >> avec un << pouvoir amoindris >>.
Cela se fait avec une << densification >> des réseaux
d'acteurs locaux Impliqués dans le territoire en question avec un
portage nécessairement politique.
6 En suivant les pas de la France, L'Algérie s'est
dotée en 2006 d'une loi dite << loi d'orientation de la
ville>>, qui pour le moins, nous semble assez ambitieuse car elle est
encore loin de la pratique.
7 «Pour une meilleure « image sociale » et une
plus grande valeur économique ». [Grafmeyer et Authier : 2008
: 108].
8 «Produit bien par elle-même un reclassement
brutal des modes de vie, des trajectoires et des activités locales, elle
est en même temps un révélateur et un
accélérateur de changement sociaux dont elle n'était pas
l'unique déterminant ». [ibidem]
2.
Le décloisonnement des compétences
: accompagnant la <<construction sociale >> de nouveaux
savoir-faire urbain et corrélativement, l'émergence de
capacités nouvelles << d'expertise >>. Et ce par l'ouverture
mutuelle entre les disciplines sans << hiérarchie >>, qui
auparavant étaient << hermétiques >> les unes par
rapport aux autres, et s'approprier la << coopération>>
comme un nouveau paradigme de la pratique urbaine.
3. La flexibilité : Daniel
Carrière, directeur de l'association <<centre ville pour tous
>>, stipule que si on part des schémas de résolution
très rigide, on risque de faire des dégâts. « Il faut
oublier, parfois, ce que l'on sait ! » [J-S Borja et al : 2010 : 99]
pour que la coopération soit effective. Cela veut dire qu'il faut mettre
son savoir-faire de spécialiste derrière soi et négocier
avec un langage simple, limpide et << concret >>. Cela ne veut
surtout pas dire que le spécialiste délaisse son savoir d'expert,
mais il doit tout juste chercher le bon moment pour l'introduire.
C'est-à-dire le temps comme rythme ou démarche via laquelle,
l'acteur entame son action. D.Barthelot nous éclaire sur ce point en
disant : << La règle, mal utilisée,
sans projet ou comme projet a montré ses limites dans la
définition et l'encadrement de la forme urbaine >> [2000 :
207]. Ainsi, « L'espace normé
ne crée pas le projet>> [J.Dubois : 2006]. De cela, il nous
est clair que le projet urbain cherche une << flexibilité >>
par l'introduction de << l'incertitude >> qui s'installe non pas
par manque de savoir et d'expertise mais par le flou qui texture la
réalisation.
4. La multi-temporalité urbaine :
d'après Roncayolo [2000, op.cit], la ville est l'articulation de trois
temps, le temps de la création, de la négociation et celui
d'usage. Le réajustement de ces trois temps se présente comme un
rétablissement difficile d'une <<a-synchronie >>, ce qui
rend l'espace comme un véritable << accordéon >>,
beaucoup plus lié au temps qu'à la distance. Entre autre le
projet urbain est une conception du <<temps de la continuité
>> [Ingallina : 2008 : 118], en conjuguant les temps, les plus lents avec
les plus rapides. Pour ce faire, il est indispensable que les parties prenantes
intéressées, par le projet urbain comme démarche,
conjuguent ces temps d`une façon cohérente, afin d'éviter
que la chronologie du projet même devienne problématique et
intervienne négativement sur le cadre de vie des habitants comme c'est
le cas pour le quartier de Sidi el houari à Oran, ou le temps du projet
(plus de dix huit ans) a influé négativement sur le patrimoine et
a permis sa dégradation. Cela nous éclaire que Le temps des
ajustements entre formes et société
échappent à nos << déterminismes >> et
à notre << prévisibilité >> pour partie et
peut être pour l'essentiel.
5. La qualité du processus comme
finalité : La conception du projet urbain comme <<
processus social>> [Roncayolo 2000, op cit] où les habitants, les
groupes, et les responsables interagissant entre les contraintes de l'espace et
la fabrication du destin social (pratiques sociales, espace public...). Il est
alors impossible de concevoir la notion de projet urbain indépendamment
de cette notion de << processus >>, tant dans la construction que
dans la réalisation matérielle. Le projet urbain est une
notion qui n'est éclaircie ni trop tôt, ni trop
mécaniquement, [...], est plus productive d'expériences et de
réflexions que lorsqu'elle se fige et entre dans le
carcan de procédures imposées9. Le
projet urbain s'intéresse donc à la qualité du
processus.
I.1 LES VALEURS DU PROJET URBAIN :
En parcourant La notion de << projet urbain >>
à travers nos lectures, il nous a paru que chaque auteur, de part sa
position dans la pratique urbaine, définisse le projet urbain selon sa
discipline dont il [l'acteur] émane et l'expérience de sa
pratique d'urbaniste. Et c'est bien ce qui a bien remarqué D.Pinson
[2000 : 79] en disant que « le concept ne peut donc plus être la
propriété d'une discipline: il participe d'un type de
société qui vit un temps qui n'est plus comme
arrêté, mais constamment en attente de son «
à-venir >>. La
<<poly-appréhension>> de l'urbanisme en tant que discipline
<< indisciplinée >> [D.Pinson : 2003], lui confère sa
part multidimensionnelle, que nous essayons de cadrer ici dans les points qui
suivent :
La valeur politique : avec le recul de la
participation citoyenne que la sphère politique connait ces derniers
temps, le projet urbain de par sa valeur de << crédibilité
>> dû à son caractère << concret >>, rend
l'action publique << légitime >>10 et permet
ainsi aux acteurs publics d'être plus prêt des citoyens et en
parfaite <<coopération >>. Le projet urbain est donc comme
osmose entre la communauté locale et les acteurs publics.
La valeur économique : le projet urbain
permet la revitalisation urbaine, et <<rend>> ainsi
à l'espace urbain son <<usage>> [Ch.Devillers,
cité par ingallina : 2008 : 20] dans une
sphère d'activités tissée à l'image d'un
réseau, qui prend en considération les dynamiques globales
9 Marcel Roncayolo, «Conceptions, structures
matérielles, pratiques », In Enquête, La ville des
sciences sociales, 1996, [En ligne], mis en ligne le 15 octobre 2008. URL :
http://enquete.revues.org/document703.html.
10 D'après Zygmunt Bauman [2006] la
légitimité se construit entre le nombre (des acteurs
impliqués) et l'expert (langage scientifique, ou ce que le simple
citoyen ne connait pas).
et mobilise les localités afin de répondre avec
efficacité et selon une hiérarchie cohérente aux
dynamiques du marché national et international.
La valeur architecturale et urbanistique : le
projet urbain intervient soit ; sous forme d'une projection nouvelle sur un
espace vierge ou espace récupéré suite à une
démolition, et cela se fait le plus souvent avec l'intervention des
architectes-urbanistes stars (les plus fameux), comme RemKoolhas pour le projet
Euralille, ou encore Renzo Piano pour le projet de << Postdamer Platz
>> à Berlin. Ce type d'opérations est
généralement suivi par une médiatisation vraisemblablement
excessive pour attirer les capitaux ainsi que les entreprises et se doter ainsi
d'une légitimité d'action multi dimensionnelles ; Le projet
urbain intervient aussi, dans le cadre d'une restauration ou
réhabilitation d'un cadre bâti, généralement
à valeur patrimonial, et cela, génère souvent une
<<gentrification 11>> porteuse d'un conflit,
voire d'une lutte pour assurer le <<vivre ensemble>> des habitants
qui s'y trouve. Nous citons ici, à titre d'exemple, le cas de la Rue de
la république à Marseille, qu'on a suivi de prêt, et
assisté à une réunion qui s'est tenue le 12 mars 2010
entre habitants et associations, pour dresser un bilan de leurs actions
publié sous forme d'un livre et cd 12. Ainsi, le cas de
l'école italienne << del Recupero >>, à
Bologne, ou les comités de quartier ont pu mobiliser les pouvoirs
publics et récupérer ainsi leurs patrimoine, mais certains
habitants ne pouvaient pas y revenir vu que les loyers sont montés en
flèche après << il Recupero >> [Ingallina :
2008].
La valeur socioculturelle : de part le
caractère de coopération et de << lutte >>, le projet
urbain permet une << proximité culturelle >> entre les
différents acteurs, et cela se fait en produisant un <<
vocabulaire commun >> qui va permettre par la suite de créer des
piste d'entente. Et cela, on l'avait bien vu dans la même réunion
du 12 Mars, car les habitants, doctorant (JeanStéphane Borja) et membres
de l'association utilisaient un vocabulaire << scientifique >>,
entre <<gentrification, espace public et territoire >>, ce qui
confère au projet urbain la qualité d'un outil <<
d'apprentissage >> et de << pédagogie >>. Aussi, le
projet urbain se veut comme un vecteur de lien social et de l'identité
locale [Z. Maghnous Dris : 2008]. La surabondante littérature sur le
lien social montre << l'importance >> de ce dernier sans pour
autant le rendre clair. A travers nos lectures, nous pouvons définir le
lien social dans le cadre de projet urbain comme, << la communauté
du projet >> regroupée dans des réseaux ou dans des
structures
11 «Néologisme utilisé pour rendre compte
de la venue (ou de retour) de groupes sociaux aisés (gentry) dans le
centre des villes, en particulier dans des quartiers
dégradés.» [F.Asher: 2008: 80].
12 Le livre s'intitule <<attention à la fermeture
des portes >>, et il est accompagné par un Cd
réalisé par les artistes de l'association << centre ville
pour tous >>, et qui résume, en 40 minutes, les impressions des
différents habitants et militants du mouvement associatif. [J-S Borja et
al : 2000]
intermédiaires. D'après Pierre BOUVIER [2005 :
30-35], Les liens sociaux peuvent être positifs(Locke, Rousseau,
Proudhon, Durkheim), ou l'objectif est l'émancipation, la
liberté, l'égalité la justice et la solidarité ;
négatifs .(Hobbes, Marx, Bourdieu, Boétie) soulignent la
prévalence dans les interactions et les institutions des rapports de
domination et de contraintes ; et enfin Les liens sociaux neutres (Striner,
Weber, Goffman, Boudon) qui se présentent comme des vecteurs et
pratiques pouvant aider l'individu stratège à concrétiser
un objectif. Le lien social se forme à partir de trois points [A.Bourdin
: 2000 : 19-20]: (i) D'abord la complémentarité et
l'échange ; (ii) la division du travail social crée des
différences sur la base de la complémentarité, ce qui
permet d'augmenter le <<sentiment d'appartenance >> qui conduit
à renforcer le lien; (iii) Le vivre ensemble et le partage d'une
même quotidienneté, le lieu du << corps à
corps>> [F.Choay, cité par, A.Bourdin : 2000 : 21], ce qui assure
une proximité bidimensionnelle, spatiale et culturelle. (iv) Et nous
ajoutons comme dernier point l'intentionnalité du projet urbain, que
J.Lévy [cité par M.Lussault : 2000] définit comme Le
fait que les actions humaine préexistent dans les représentations
des agents sous forme de finalités de la volonté ou du
désir et les transforment ainsi en acteurs , ce qui permet de
stimuler la confrontation ou l'opposition entre un << ici et
maintenant >> [c'est-à-dire le droit de vivre ensemble
ici] et un << nouvel ailleurs >>[C.Viviane : 2000
:61], c'est-à-dire le projet proposé au début de
l'opération.
EN GUISE DE SYNTHESE : LE PROJET URBAIN COMME GUIDE
D'ACTION :
L'étude de l'évolution du projet urbain comme
une nouvelle démarche de faire l'urbain, nous a démontré
que ce dernier est le fruit d'une lutte et montée du contentieux contre
le déterminisme fonctionnaliste des années d'après-guerre.
Le projet urbain intervient donc comme une révolte [D.Pinson : 2000 :
80] et impose une approche << structurale >> [Z.Maghnous Dris:
2008] basée sur des << dépendances internes >>
déployées sous forme de réseaux et d'instances
fonctionnant avec des logiques ,peu ou prou, cohérentes mais
visant le même objectif : << produire une nouvelle localité
>> en intégrant l'habitant non comme un simple usager, mais le
reconnaître comme un acteur ayant la capacité d'intervenir via ses
<< expertises d'usage >>13. Le projet urbain est donc le
germe d'une dichotomie, d'une tension entre l'ordre global et local, et il
intervient comme pour organiser l'action, vu que ce dernier
13 Comme l'a bien dit M. Urbain dans une
conférence, sur le développement durable, tenue le mois de Mars
2010 à Aix en Provence.
tend à simuler la réalité via les
<<images-stimulus>> (maquettes, plans, images 3d...)
proposés au début par les pouvoirs publics, faisant appel
à une mobilisation horizontale. L'idée étant qu'il ne
s'agit pas de trouver La Solution, mais bien de faire en sorte que les
acteurs prennent positions et orientent ainsi le travail par le choix qu'ils
font [Toussaint et Zimmermann: 165]. Ces interactions inter-acteurs
créent une sorte de <<culture commune de projet >>
liée au local comme ressource, en participant ainsi activement dans la
Reconfiguration de leur environnement de vie. Et à travers cette
mobilisation << horizontale >>, le territoire local sera
approprié par tous les acteurs impliqués : habitants, pouvoirs
publics ainsi que les urbanistes techniciens. Entre autre le projet urbain est
une pensée de la reconnaissance de ce qui est là, des traces,
du substrat, une reconnaissance du mouvement et du flux dans lequel on se situe
[Ch.Devillers : 1994 : 12-13] et un cadre de pensée pour
régénérer la ville au profit de ses habitants. Et il est
aussi un <<guide de l'action >> pour adapter la ville à la
demande sociétale et jouer comme levier économique, social et
urbain. Et quand on dit <<guide >>, ce n'est plus pour figer le
projet urbain comme procédure mais comme une <<
aideinterprétation>> d'une réalité complexe, car le
projet urbain ne peut pas s'ériger en tant que méthode, mais
comme une série de démarches relatives à chaque contexte,
en mettant au point des outils de planification contextuelle proches de la
réalité et ouvertes à la discussion. Encore, faut-il
rappeler que c'est bien les qualités même du projet urbain, en
terme de mobilisation << habitante >>, et l'incertitude qui texture
sa chronologie et sa stabilité qui attire notre attention. Car elles
[les qualités de P.U] sont susceptibles parfois d'avoir des
retombées négatives sur un cadre bâti (patrimoine) qui,
lui, ne peut pas toujours attendre.
In fine, la vulgate14 localiste s'est
imposée à notre lexique sans le moindre examen, comme l'a
déjà bien constaté A. Bourdin [Op.cit : 16]. Le local est
global du fait qu'il contienne des dimensions sociales, économiques et
politiques. Son exploration constitue pour nous une <<armature
intellectuelle >> [idem : 16] et un point de
départ méthodologique à travers lequel nous explorons en
premier temps, les modes ou approches de Re-production du local, la gouvernance
locale, ainsi que les logiques et les approches théorique de l'action
collective.
14 « Un ensemble de propositions reçus pour vraies
sans être soumises au moindre examen, parce qu'elles sont largement
répandues, exactement comme la bible de saint Jérôme fut
considérée comme authentique par le concile de Trente, parce que
consacrée à l'usage. », [A.Bourdin : 2000 :16]
II. LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU
LOCAL ET GOUVERNANCE LOCALE
II.1 LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU LOCAL:
La recherche sur les logiques de reproduction du local
[J.Lévy et Michel Lassault 2000, A.Bourdin 2000 et H.Lefebvre 1986] nous
a renvoyé tantôt sur << l'espace >>, tantôt sur
le <<lieu>> et tantôt sur << le territoire et la
territorialité >>. Cela témoigne le caractère
polysémique du local. Quelle est la différence qui sous-tend ces
logiques ? Y a-t-il une relation entre espace, lieu et territoire ? Pour
répondre à ces questions, il est indispensable de définir
chaque notion en montrant à chaque fois les différences et les
éventuelles relations afin d'appréhender la question de la
re-production du local.
II.1.1 DE LA LOGIQUE DE « L'ESPACE »...
La notion << d'espace >> prise isolément a
une connotation traditionnellement mathématique,
géométrique, et parfois même temporelle, donc une sorte
d'abstraction souvent sans contenu. En aménagement et en urbanisme,
l'espace est défini comme un bien rare dont il importe d'organiser
rationnellement la consommation [P.Merlin :2005 :351]. Cela nous mène
à considérer l'espace comme un << produit social>>
conçu et construit pour répondre aux aspirations des
sociétés, donc à << l'obligation du temps
présent >>, présent << entendu comme
s'étendant sur une certaine durée, celle qui intéresse la
société d'aujourd'hui >> [S.Mazzella :2008]. Entre autre,
l'espace entre dans l'organisation des <<forces de production >>,
donc dans la division du travail, ce qui lui confère le caractère
de << propriété >> et << d'échange
>>, donc il s'achète comme il se vend, l'espace a une <<
valeur >>. L'espace se présente donc comme un << un ensemble
de relations>> voulant <<organiser>> le local. Le temps forme
avec l'espace un binôme inséparable, ou le << temps oriente
l'espace >> et l'espace tend à << maîtriser le
temps>> [H.Lefebvre :1986 :309]. Ce qui veut dire que l'intervention sur
l'espace se comprend comme une quête d'un rythme qui échappe
à la nature [Ibidem]. Selon H.Lefebvre, cette volonté de
régir l'espace passe par trois temps. Tout d'abord ; (i) Le temps de
<<la découverte >>, c'est-à-dire de nouveaux espaces
ou des possibilités permettant le dépassement d'une contrainte
quelle soit un fait de la nature ou de l'homme ; (ii) Le temps de la production
c'est-à-dire de l'organisation spatiale ; (iii) Et enfin le temps de la
création d'oeuvre(s).
Le temps accentue aussi l'idée de <<
l'accumulation >>, chère à Lefebvre qui la rend un
élément essentiel dans l'action de la production de l'espace. Le
<< processus cumulatif >> et la production ne se dissocient pas,
car il n'y a point une production sans accumulation des techniques et
connaissances [Idem : 307]. En continuant sur la même
ligné, c'est-à-dire l'espace vu comme spatialisation d'un
processus cumulatif des connaissances et techniques. L'espace
s'appréhende en trois temps. (i) << L'espace de vie >> que
Ph.Gervais-Lambony et al [2001 :83] le définissent comme l'espace ou
s'inscrit « la vie quotidienne » et l'univers relationnel des
citadins, et M.Lussault [2000] comme l'espace des « pratiques
spatiales ». Il correspond à l'espace «
fréquenté » et parcouru par chacun avec un minimum de «
régularité ». On peut ressortir de ces
définitions, la volonté d'organiser << l'action, le rythme
et l'accessibilité >> et qui ne peuvent être
opérationnels sans un minimum de pouvoir et de contrôle. Donc la
production de l'espace s'appuie sur l'espace lui-même comme source
d'action et d'organisation en vue de lui conférer une << valeur
d'échange >> [Lefebvre 1986], qui, elle, permettra aux pouvoirs
publics d'assurer la continuité entre les différentes
localités. Il y a certes une abstraction mais
<<concrète>> disait H.Lefebvre [1986 :35], tout comme
l'argent qui est à la fois << abstrait >> et <<
concret >> vu sa << puisque pratique >>. L'espace de vie se
veut alors << objectif >> et << englobant >>. (ii)
<< L'espace vécu >> se définit comme la relation
<< subjective>> que tissent Les habitants avec leurs lieux de vie.
Sa connaissance passe par l'écoute des acteurs, par la prise en compte
de leur pratiques de leurs représentations, c'est-à-dire de
perception-appréciation, et de leurs imaginaires [Ph.Gervais-Lambony et
al:2001 :83]. Il (l'espace vécu) se définit selon le vocabulaire
Lefebvrien comme << valeur d'usage >> faisant appel à
l'histoire qui lie l'espace et ses habitants. (iii) << L'espace
perçu >> se constitue par La perception de l'espace de vie et
vécu. Et c'est cet espace qui définit la relation avec
l'altérité en créant ainsi une cohésion, une
continuité comme il peut générer une coupure, donc une
<< frontière >>. L'accessibilité est en bonne partie
<<perceptive >>, un quartier sale reflète l'image de
l'insécurité, car, comme l'a déjà constaté
A.Bourdin [2000 :222-223], le couple qualité-sécurité est
inséparable. La sécurité, qui se définit comme la
capacité de maîtriser l'aléatoire via un ensemble de
dispositifs d'optimisation qui supprime le risque [Ibidem], constitue
un élément essentiel dans l'organisation du local car elle a une
connotation synecdoque, et nous citerons ici le cas de
l'Algérie qui est perçu comme un pays sécuritairement
instable, malgré que l'insécurité, si elle existe
vraiment, ne peut pas être partout, mais la dimension synecdoque tend
à généraliser l'insécurité pour tout le
pays, ce qui a réduit sensiblement << la mobilité >>,
donc les rentes du tourisme, vers ce pays malgré ses richesses. Et pour
cela, les dispositifs
technologiques et les systèmes experts sont de plus en
plus utilisés, et nous citons à titre d'exemple le
<<space syntax>> de BILL Hillier qui est un système
expert très répandu, non pas seulement en Angleterre mais aussi
dans plusieurs Etats du monde, à savoir la France, l'Italie et
même dans les pays du Golf.
II.1.1.1 ESPACE DE REPRESENTATION ET REPRESENTATION DE
L'ESPACE : UN
SCENARIO DE MARCHANDAGE.
A travers l'exploration de la logique de reproduction de
l'espace, il nous est clair maintenant que l'espace est un produit triaxial, on
peut bien le lire à travers l'espace de vie, l'espace vécu et
l'espace perçu. (i) L'espace de vie se présente comme une
représentation(s) du local (espace) prôné par les
concepteurs et les pouvoirs publics qui visent la construction d'une
organisation et division du travail à une échelle qui peut
être parfois mondiale comme c'est le cas pour les métropoles. Une
tendance à introduire le local dans un ordre et un rythme visant
l'homogénéisation et la répartition des espaces selon la
logique d'utilité, entre autre, l'espace vaut la valeur de son
utilité. Pour ce faire les pouvoirs publics tendent à donner une
valeur d'échange, pour << marchandage >> [Lefevbre : 1986]
stimulée par un état de savoir (rapports et diagnostics),
c'est-à-dire l'espace de vie ou représentations de l'espace sont
pénétrées de savoir (connaissances et idéologies
mêlées) [Lefevbre : 1986 : 57]. L'ordre local se présente
comme l'ensemble des pratiques sociales exercées par les habitants de
l'espace en question, cela veut dire que l'espace est la morphologie sociale
[Idem :112]. Vouloir introduire l'ordre local dans le global
(stratégie) remis au centre les habitants eux même. (ii) Pour
répondre à cela, les habitants jouent la carte de la <<
valeur d'usage >> en s'appuyant sur<< l'affirmation du local
>>, traduit par le symbolisme, les représentations et imagination
des habitants. (iii) la relation avec l'altérité se construit
selon cette tension entre, représentation de l'espace (conçu) et
l'espace de représentation (vécu). L'espace perçu est en
quelque sorte une << externalité15 >> produite
par la perception du conflit, << espace de vie >> (organisation et
contrôle) et espace vécu (pratiques sociales). L'espace
perçu dépend donc de « l'ensemble des
interrelation sociales spatialisées
>>16.
In fine, l'espace, le local trouve son fondement
selon H. Lefebvre dans la tension: la valeur d'échange et la valeur
d'usage. C'est-à-dire entre le maintien des habitants avec leurs
pratiques socio-spatiales dans l'espace en question ou leur remplacement par
une morphologie sociale, donc par des pratiques sociales répondant
à la stratégie conçue. Lefevbre en conclut que la
production de l'espace est le produit des rapports sociaux et des
15 Selon le dictionnaire de Guerrien, la définition
d'une externalité est << expression utilisée pour
désigner toute situation ou les activités d'un (ou plusieurs)
agents(s) économique(s) ont des conséquences sur le bien
être d'autres usagers, sans qu'il y'ait des échanges ou des
transactions entre eux. [A.Bourdin : 2000 :177]
16 D'aprés Frémont cité par GUY DI
Méo, 2000.
stratégies de marchandage. Et qu'enfin, l'espace ainsi
défini n'en est qu'un espace différencié. Voir
schéma ci-dessous.
D'identification
Figure 2: logique de reproduction de l'espace (a).
Source: Auteur
II.1.2 ...A LA LOGIQUE DU LIEU...
Le lieu, selon M.Lussault [GUY DI Méo : 2000],
constitue la plus petite unité spatiale complexe. Il se
caractérise par sa brève continuité, la
contigüité des tissus qui le composent. Le lieu peut être une
aire géographique vaste comme le Silicon Valley à San Francisco
[Bourdin : 2000 : 57]. Il porte en lui un sens spatial particulier qui lui
rend, comme D.Retaillé [GUY DI Méo : 2000] l'a remarqué,
un milieu doué d'une <<puissance>> capable de grouper et
maintenir ensemble des êtres hétérogènes en
cohabitation et corrélation réciproque. Cette capacité de
regrouper s'explique par les logiques qui le fondent, à savoir <<
l'identité locale>>, << l'appropriation>> et <<
l'appartenance >> [Julien Aldhuy : 2009 : 5].
L'identité est un terme polysémique. Selon les
définitions données par le Petit Robert,
il évoque la similitude, << caractère de ce qui est
identique >>, l'unité, << caractère de ce qui
est UN >>, la permanence, << caractère de ce qui reste
identique à soi-même >>, la reconnaissance
et l'individualisation, << le fait pour une personne
d'être tel individu et de pouvoir également être
reconnue pour telle sans nulle confusion grâce aux
éléments qui l'individualisent » [V.De Gaulejac : 2002 : 1].
L'identité se définit d'une façon objective en s'appuyant
sur des critères de nature juridique (diplôme,
nationalité...), et sur des critères de nature subjective qui
renvoie quant à elle à des <<représentations de
soi-même » confronté au regard des autres sur soi.
Le mode d'inscription identitaire ne se fait pas d'une
façon linéaire, mais selon et suivant un processus dialectique du
rapport sujet/objet. [V.De Gaulejac : 2002 : 2]. Donc, il est question de
parler <<processus identitaire » plutôt qu'une entité
qui renvoie l'idée de la stabilité et de la permanence. La notion
de processus implique l'idée de changement, alors que l'identité
est synonyme de ce qui est identique, de similitude et d'une stabilité.
C'est paradoxal comme situation. Le développement durable reflète
le même cas. Développement synonyme de changement, et durable
synonyme de tout ce qui ne change pas. Ou est la durabilité ? Le
développement durable est un concept qui fut crée pour <<
maintenir la biosphère et garantir un développement qui dure dans
le temps ». Entre autre c'est l'objectif et la valeur qui sont durables.
Et pour l'identité, où se trouve la permanence? Edmond Marc
Lipianski, Isable Taboada-Leonetti et Ana Vasquez [cités par De Gaulejac
: 2002 : 4] parlent à ce propos << d'unité diachronique
d'un processus évolutif ». C'est bien l'épaisseur du temps
et la stabilité de l'objectif qui garantissent cette <<permanence
identitaire ».
L'identité locale se définit comme un
phénomène de représentations [Caterine Reginensi, 2000 :
357]. Cette représentabilité peut être instaurée par
l'histoire [Ch.Robin : 2000 : 116] comme elle peut être carrément
inventée [Carlini: 2003 : 113]. Et dans les deux cas, le lieu est la
ressource qui permet cette re-construction identitaire. Tout d'abord,
l'histoire saisie dans le sens institutionnel se veut unifier les
mémoires collectives et à leur donner une certaine unité.
La mémoire collective, quant à elle, se définie comme une
réappropriation du passé accordée aux aspirations du
présent. Halbwachs, dans la << La Topographie
légendaire », a montré à travers les
récits des fables de la mémoire de L. Valensi
[cité par Mazzella : 2008], que l'histoire subit une sorte d' <<
affabulation », de <<variations de mémoires »,
liée aux aspirations des groupes qui vivent l'instant présent.
Son efficacité est jaugée par sa capacité de lier l'espace
au temps [Mazzella : 2008]. Tout cela témoigne le caractère,
à la fois, << subjectif » et << heuristique » de
la mémoire collective. Cette mémoire
collective une fois réappropriée se
présente comme un << mythe >> autour duquel gravitent un
ensemble de pratiques sociales, ce qui s'exprime en << ordre local
>>. Autrement dit, et comme disait Norberg-Shultz, ce théoricien
de l'espace [cité par Lefebvre: 1986 : 343], le jalonnement du local n'a
pour but que la << mémorisation >> et la
<<reconnaissance>> (subjective) des lieux. La mémoire
collective se maintient par une intériorisation, puis
extériorisation sous forme d'un ensemble de pratiques sociales qui ne
sont pas universelles, elles sont structurées selon des «
modèles culturels », des habitus dirait Bourdieu, ou le propre et
le sale, le montré et le caché, le privé et le public, ne
sont pas forcément distribué, voire distingués de
façon univoque et universelle [cité par Ch.Robin, 2000 :
113]. La proximité culturelle (mémorielle) crée un
sentiment << d'appartenance >> à un groupe et abolit donc
les distance. Et c'est dans cette aire d'appartenance et de proximité
que nous voyons se former un schéma complexe de <<socialisation
urbaine17 >>, qui, elle, transgresse le lieu, propre à
un monde constitué anthropologiquement, pour créer soit une
continuité ou une frontière socio-spatiale avec d'autres lieux,
et cela via le jeu de communication identitaire qui fait et défait les
groupes [Bourdieu, 1997 : 283]. L'identité se traduit comme un principe
qui tend à organiser << l'architecture sociale >> et les
pratiques sociales du local en définissant ce que peuvent être les
groupes sociaux locaux [Bourdin : 2000 : 199].
Dans cette optique d'identité et de mémoire
locales, Les lieux patrimoniaux sont porteurs de structures immuables et
peuvent constituer la référence de l'ici et maintenant
[Bourdin : 2000 : 37]. Quand ces lieux se présentent comme contexte
d'action, cela permet une <<substantification >> de cette
référence. << Le patrimoine fait le territoire, qui fait le
local>> [Bourdin : 2000 : 44]. C'est-à-dire, la possibilité
de maintenir la population locale ainsi que leurs pratiques sociales ou les
développer à leur faveur. In fine, le lieu se
présente aussi comme un <<capital symbolique >> pouvant
<< orienter >> et constituer donc une << utilité pour
l'action >> (de type bottom up, par le bas). Et comme
exemple d'action bottom up, nous citons le cas des quartiers bolonais
qui ont été restaurés grâce à une
mobilisation poussées par les Comités d'intérêt de
quartier [CIQ], et qui a aboutit à une réhabilitation avec le
maintien des habitants. Nous avons présenté le lieu comme un
capital symbolique (identité et mémoire collective), lié
au temps comme à l'espace, et maintenu par un ensemble de pratiques
sociales. Ce qui lui permet, bien évidement, d'être un point
d'appuie et de
17 Danilo Martucelli et François De Singly [2009 :
52-80] distinguent quatre modes de socialisation. (i) socialisation
adossé aux habitudes (ii) socialisation par les normes (iii)
socialisation soutenu par autrui (iv) socialisation construite par les
épreuves. Les deux premiers modes insistent sur le coté
multiformes d'incorporation du social, les deux derniers accentuent davantage
le travail du groupe sur soi. Autrement dit, une socialisation inconsciente et
consciente.
résistance pour les habitants du lieu, comme ça
peut aider les pouvoir publics à s'infiltrer dans les interstices de la
mémoire du lieu et faire passer leur vision d'ordre global et assurer
par la suite une continuité des lieux et c'est ce qu'on va essayer de
déceler en explorant la reproduction de l'espace selon la logique de
territoire.
II.1.3 ...ET DE TERRITOIRE :
J.Lévy a constaté que la notion du territoire
renvoie à plus de huit définitions [Julien
Aldhuy : 2009] que nous n'allons pas exposer ici, mais
justement pour dire que le territoire
requiert de nous un effort de définition en tant
qu'objet scientifique. Conventionnellement,
et d'après P.Merlin [2005 : 882], le territoire est
un étendu d'un espace « approprié » par un
individu ou une communauté. On emploi territoire
aussi pour désigner « l'espace délimité »
sur
lequel s'exerce « l'autorité » d'un Etat
ou d'une « collectivité » [...] et dans les deux cas,
la notion du
territoire n'est pas seulement spatiale, mais implique une
dimension « temporelle »
« d'appropriation » et de « constitution
». Selon quelle logique le territoire se re-produit-il?
D'après cette définition, le territoire semble
trouver son fondement autour de trois notions,
à savoir, << l'appropriation », <<
autorité exercée sur un espace délimité » et
le <<temps ».
(i) Appropriation? par qui ? de quoi et comment?
L'appropriation comme action consistant à prendre possession d'un objet
physique ou mental. Au sens juridique, l'appropriation peut être
légale ou illégale [F.Choay 2005 : 59]. L'appropriation dans le
sens des ethnologues, pour qui, l'appropriation est l'ensemble des <<
conduites de marquage » pour limité l'espace approprié, ce
qui nous renvoie à la <<dimension défensive ». Par
analogie, l'expression <<appropriation de l'espace » désigne
l'ensemble des conduites qui assurent un certain << maniement »
affectif et symbolique de l'environnement spatial en question
[ibidem]. A ce propos, Claude Raffestin [cité par Guy di
Méo : 2000], définit le territoire comme << une
réordination de l'espace [...] Il peut être
considéré comme de l'espace informé par la
sémio-sphère », c'est-à-dire l'ensemble des
signes culturels qui caractérisent les groupes d'une
société. Le territoire est définit différemment
selon les disciplines. Selon l'optique des géographes, le territoire
serait un produit des liens sociaux dans un espace. Liens sociaux saisis dans
le sens de P.Bouvier [2005 : 32], c'est-à-dire, structuration dans le
maillage des pratiques et des représentations. C'est << un
outil de régulation sociale à travers sa capacité à
reproduire l'organisation sociale dont il est le produit » [J.Aldhuy
: 2009]. Pour les économistes, le territoire est un <<
système de production ouvert » fonctionnant selon le principe de
la
<< consommation productrice >> [Lefebvre: 1986 :
432], c'est-à-dire par la taxe imposée sur les activités
économique (consommation d'espace), qui, elle (la taxe), sera
employée pour produire d'autre activités et ainsi de suite (un
cercle vicieux). L'économie se définit pratiquement comme une
connexion de flux et de réseaux [idem : 401] voulant regrouper
les lieux, avec leurs spécificités socioculturelles, et leur
conférant ainsi le sens << collectif >> sous formes de
<< modèles >> d'input-output. Tandis que pour le
politique, le territoire est tout d'abord une assise électorale, un
moyen de légitimations des actions publiques donc des régulations
politiques et sociales. C'est ce que Michel Lussault appelle : <<
régime de visibilité >> [Lussault : 2000].
(ii)Autorité ? pourquoi ? le territoire, qui est par
nature multi scalaire, a pour finalité de produire en tissant des
collectivités humaines, peu ou prou dans le respect de leur
appartenance socioculturelle, sous forme de réseaux de relation et de
flux entre les différents lieux qui le composent. Autrement dit, le
territoire est une << volonté >> de
<<production>> selon un mode de découpage
hiérarchisé et de << contrôle >>. Cette
question de << volonté >> de faire un territoire nous
renvoie à la question du << référentiel >> qui
est différent d'une échelle à une autre [Guy Di
Méo, cité par Julien Aldhuy : 2009]. Cela doit nous permettre
d'introduire l'idée selon laquelle il existe une <<tension
permanente >> entre territoire et territorialité, qui, elle, se
définit comme << une relation individuelle et/ou collective
[dans] un rapport complexe au(x) territoire(s) » [Di
Méo Guy cité par Julien Aldhuy : 2009 : 5]. Cette
territorialité témoigne de la multi dimensionnalité du
vécu (des habitants et des pouvoirs publics). Tandis que le territoire
serait considéré comme un moyen << d'ordonnancement>>
de la territorialité selon la logique de production (fonctionnelle), et
d'ailleurs, c'est pour cela que Raffestin [cité par Aldhuy : 2009 : 5]
définit le territoire comme << la prison que les hommes se
donnent ». Cette tension entre territoire et territorialité
pose la question de la <<pertinence>> du territoire
vis-à-vis les habitants du local.
(iii) Le temps? Le territoire se présente comme une maille
joignant le global au local
grâce à sa capacité en <<
réseau >> [Verpraet : 2000 : 53]. Cette mise en réseau se
présente comme un ordre, donc comme un temps [Lefebvre: 1986 : 343], en
répondant à la logique du territoire entendu comme
<<interface>> facilitant << l'accessibilité >>
inter-lieux et favorisant ainsi << l'intérêt collectif
>>. L'espace public est le lieu qui conforte cette idée de
d'accessibilité, donc de << mobilité >> qui est une
condition très importante dans la compréhension de l'espace
collectif, car elle constitue le fondement de la pensée sur la
fabrication de la ville [Ingallina : 2008 : 118]. Le territoire fortement
hiérarchisé se veut
organisateur de l'espace sous l'angle, de <<flux>>
et << croisement des flux >>, autrement dit, de la << gestion
des distance>> pour << contrôler >>, produire <<
efficacement >> et maîtriser le temps (des flux), car Le temps se
saisit dans le mouvement [Lefebvre: 1986 :114].
Intervenir sur le local avec la logique de territoire, veut
dire opposer la valeur d'échange (production et efficacité) avec
la valeur d'usage (la valeur de l'espace vécu). Cela veut dire que le
territoire tend à échanger l'usage des habitants (subjectif et
peu productif) par un usage hiérarchisé selon une logique de
production et d'efficacité. L'usage de l'espace est constitué
fondamentalement par cinq espaces [J.ALdhuy : 2009] : (i) Espace
résidentiel (ii) Espace d'approvisionnement (en biens et services),
(iii) Espace de loisir et de culture. (iv) Espace de travail et (v) Espace de
transport. Comme Exemple d'échange, nous citons l'exemple de la rue de
la république à Marseille, où l'ordre du territoire s'est
exprimé ouvertement et directement sous la langue de C.Valette, adjoint
maire délégué à l'urbanisme : << on a
besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous
débarrasser de la moitié des habitants de la yille. Le coeur de
la yille mérité autre chose>> [cité par J-S
Borja et al : 2010 : 26]. Cette idée de territoire tend vers une
recomposition de la localité << statique >> pour la rendre
<< localité mobile>> [Bordreuil, cité par Bourdin :
2000 : 64], par une définition des services structurés autour de
la << vie quotidienne >>qui s'organise avec une certaine
régularité et se construit autour de trois éléments
[A.Bourdin : 2000 : 218-224]. (i) La constellation des biens et des services
centrés sur l'individu, la famille ou le domicile. (ii) Les
séquences, c'est-à-dire les types d'activités
enchainées que l'on connait et que l'on reproduit. Comme la
mobilité <<domicile-travail >>. (iii) Enfin le <<style
de vie >>, c'est-àdire l'ensemble des solutions
préférentielles choisies, associées à une structure
du sens, notamment une image de soi et de la quotidienneté, tel que la
proximité des espace de loisir, des centres de commerce, de travail, de
culture. C'est ce << mode de vie >> qui fait la valeur d'usage de
l'espace en question [Lefebvre : 1986 : 381].
II.1.3.1 Au-delà de Territoire, la
Territorialité ?
Il nous est clair maintenant que le territoire réunit
en son sein, l'espace de vie, l'espace vécu et l'espace perçu
[Guy di méo : 2000]. L'espace de vie (conçu) représente la
volonté de lier le global et le local en regroupant-associant les lieux
et en leur conférant une << valeur d'échange », et
l'espace vécu reflète la territorialité,
c'est-à-dire l'ensemble des « rapports existentiels » et
sociaux que les individus en groupe entretiennent avec l'espace qu'ils
produisent et reproduisent quotidiennement à travers les figures, les
images, les catégories et les objets géographiques « qu'ils
mobilisent » dans un projet de production [Guy di Méo : 2000].
Et c'est cette territorialité qui définit ou l'altérite
(l'espace perçu) de l'espace en question à travers les modes
d'appropriations des habitants et leur degré d'implication dans le
projet de production de l'espace. Le territoire est une sorte << maille
totale » [Debarbieux Bernard, cité par J.Aldhuy : 2009] et reste
ouvert et prêt à épouser toutes les combinaisons spatiales
que tissent les collectivités humaines. Tandis que la
territorialité se présente comme une nécessité
ontologique ayant le pouvoir de fixer les <<conditions de l'existence du
territoire » [G. Di Méo : 2000].
II.2 GOUVERNANCE LOCALE: LE QUARTIER COMME ECHELLE
D'ACTION.
Nous savons jusque là que la Re-production du local est
une question de tension entre la valeur d'échange qui a une
finalité externe basée sur une logique fonctionnelle, et une
valeur d'usage à finalité interne fonctionnant selon la logique
des sentiments, de temps long (logique du lieu). La gouvernance s'est alors
présentée à nous comme un fil conducteur qui doit nous
permettre de comprendre comment le conflit se résout-il ?
II.2.1 LA GOUVERNANCE COMME OSMOSE ENTRE LE GLOBAL ET
LE LOCAL ET LE QUARTIER COMME ECHELLE D'ACTION :
Le concept << gouvernance »,
Aujourd'hui en vogue, provient du terme médiéval
gubernantia qui renvoie à l'idée d'orientation des
conduites [Le Galès et Lascoumes : 2007 : 21]. La
littérature sur la gouvernance nous a renvoyé vers l'action et la
politique publique. Elle [la gouvernance] met l'accent sur << les formes
d'organisation horizontale et verticale de l'action publique » [Le
Galès, cité par A.Bourdin : 140]. La gouvernance diffère
de la gouvernementalité (démarche top down) [Le
Galès et Lascoumes : 2007 : 7], et tend à l'affaiblir au profit
d'autres autorités telles que la justice ou autorités
indépendantes...[Le Galès, cité par A.Bourdin : 140].
A travers la démarche de projet urbain saisi comme
technologie de l'action [A. Bourdin : 2000 : 160] et un outil pour le
développement local [Z. Maghnous Dris : 2008], les acteurs publics
tendent à déployer leurs stratégies en respectant les
divers intérêts, la localité comme la globalité.
Cela se fait, d'après J-P Gaudin [1997 : 57-95] selon une logique de
concurrence, d'attraction économique. Dans cette perspective l'action
publique se présente comme une stratégie d'occupation du
territoire (local) par les acteurs économiques en leur assurant un
environnement propice à l'activité économique. A.Magnaghi
[2003 : 29-32] distingue trois approches de développement local. (i)
L'approche fonctionnaliste s'appuie sur les réseaux longs forgés
par la mondialisation. Les lois économiques déterminent les
objectifs, les lieux, les modalités et les techniques de la production
et d'occupation de territoire. (ii) l'approche environnementaliste marque le
passage de l'économie du monde vide vers l'économie du monde
plein. Cela se fait par le truchement des cadres normatifs à haut niveau
de qualité environnementale. Cette approche reste sectorielle et ne
change pas les lois économiques dominantes. (iii) L'approche
territorialiste qui s'appuie sur le milieu naturel, le milieu construit et
l'homme. Cette démarche tend à « interpréter
l'identité de longue durée >> afin de retrouver ce que
Magnaghi appelle la « sagesse du lieu >>. Le « Glocal >>
comme certains auteurs aiment l'appeler ou la conception patrimonialiste du
local [Bourdin : 2000], mais Magnaghi va loin dans sa vision, il propose que le
local soit le point de départ pour une mondialisation par le bas. Une
« utopie concrète>> dit-il. La seule localité qui
résiste à la mondialisation est celle qui vit en autarcie, celle
que nous ne connaissons pas [Bourdin : 2000]. En attendant une
éventuelle matérialisation de cette utopie, nous
préférons continuer sur la lignée de l'approche
territorialiste, c'est-à-dire le « glocal >> ou «
patrimonialiste >>[A.Bourdin : 2000], la démarche qui conjugue les
intérêts à travers une médiation entre les
différentes échelles, de la parcelle à la ville, par
« l'embrayage » (agencement) [Ingallina 2008 :10]. Il s'agit
d'un processus itératif où les échelles de la
ville s'articulent. On assiste à travers ces jeux d'échelles
à une tendance qui remet le quartier au centre de l'action publique.
Défini comme division administrative de la ville ou partie ayant sa
physionomie propre et une certaine unité [Le petit robert: 2001],
le quartier est alors un espace marquant pouvant être identifié
par un ensemble d'indicateurs statistiques. Il suffit tout juste de taper le
nom d'un quartier dans le moteur de recherche de L' I.N.S.E.E, et voir la masse
d'information qui en découle, pour se rendre compte que le quartier est
saisi vraiment comme une «référence>>
priviligiée de l'action publique.
II.2.2LA REGULATION SOCIALE COMME ENJEUX DE LA
GOUVERNANCE LOCALE:
Avec l'augmentation du contentieux et le rejet de tout
déterminisme << extérieur >> à la
localité (chargée de mémoire), la régulation
politique s'est trouvée isolée et sans effet, et obligée
à s'intégrer en tant qu'une maille dans le système de la
régulation sociale (globale). Pour ce faire, les collectivités
locales s'appuient sur la << planification urbaine18 >>
et la << gouvernance >> comme conduite, pour organiser le jeu
complexe d'acteurs. La régulation sociale s'articule autour de cinq
points [Le Galès et Lascoumes : 2007 : 13-14] (i) Les Acteurs. (ii)
Représentation d'un enjeu (cadres cognitifs et normatifs). (iii)
Institutions (normes, règles, routines). (iv) processus (formes
d'interactions). (v) les résultats. Les acteurs s'interagissent en
coopération comme en lutte, pour constituer << le collectif de
conception>> [Viviane Claude: 2000]. Donc la question du local est
intimement liée à la <<régulation sociale >>,
qui, elle, est inséparable de << l'action collective >>,
objet de notre prochain chapitre d'analyse théorique.
En guise de synthèse : Le local entre Acteurs,
Forme d'association et régulation:
Nous avons vu à travers notre exploration de la
reproduction du local selon les logiques de l'espace, du lieu et celle du
territoire que le local trouve son fondement dans une logique de
<<tension>> et << d'appropriation >>. Tensions entre :
espace vécu et espace conçu [Lefebvre: 1986], organisation et
identification [Bourdin : 2000], territoire et territorialité [Guy Di
Méo : 2000] et en terme de généralité, tension
entre substitution et permanence [Ingallina : 2008]. En effet, le local semble
être la pratique qui conteste [...] le dispositif critique
[...] il travaille les multi-possible [L.Sfez, cité par
Bourdin : 2000 : 8]. Le territoire est d'autant plus conçu que
vécu, du fait qu'il se déploie comme un réseau ayant comme
but l'homogénéisation. La territorialité, pose la question
de la <<pertinence>> et de la << légitimité
>> de ce territoire vis-à-vis les habitants au niveau local, et
elle se définie comme l'action entreprise par une pluralité
d'acteur impliquée dans la production du local, où chacun tend,
selon son référentiel et échelle d'action, à
s'approprier le territoire suivant des stratégies alimentées par
le local comme ressource , d'où l'essence de la tension, voir
schéma ci-dessous. Le territoire saisi comme vision globale
procède par une forme d'association institutionnalisée a
priori. Mais il se trouve confronté à une nouvelle forme
d'invalidation de la consistance
18 «Peut être définie comme l'ensemble
des démarches que les collectivités publiques mettent en oeuvre
pour exercer un contrôle sur la configuration des espaces urbains, sur
leurs usages, sur leur devenir» [Grafmeyer et Authier : 2008 :
100].
des modèles territoriaux et au peu de
flexibilité des institutions déjà établies [Dubar :
Verpraet : 2000 : 52]. Autrement dit la production du local ne requiert ni mode
ni modèle mais une dynamique déployée et stabilisée
à travers le processus de la territorialité. Le local pose alors
la question de la <<régulation par le bas >> ce qui ne peut
se passer sans une véritable << gouvernance locale>> ou le
quartier constitue l'échelle privilégiée de l'action.
Figure 3 : processus de production du local entre
territoire et territorialité.
III. L'action collective: Fabrique de la
'grammaire du possible'
Nous avons vu à travers l'analyse de la Re-production
du local, que ce dernier semble résister à une vision de
territoire voulant lui conférer un usage et une occupation <<
institutionnalisés >> pour qu'il y ait une possibilité
<< d'échange >> avec la hiérarchie (la
continuité de flux de réseaux entre les différents lieux
qui composent le territoire). Dans notre cas, c'est-à-dire les quartiers
historiques à forte valeur patrimoniale, la résistance
portée par les habitants du lieu même tend à
détourner le processus de territorialisation à leur profit en
créant ce que Lascoumes et Le Galès [2007] appellent << la
grammaire du possible >>. Il s'agit donc plutôt de deux efforts de
régulation, l'un global, et l'autre local. Pour comprendre << les
mécanismes d'anticipation et de stabilité>> de projet
urbain et situer l'habitant-acteur dans la chaine des rôles, nous avons
étudié l'action collective en se basant sur les conclusions de
l'école française de la sociologie de l'action, à savoir,
M.Crozier et son disciple Friedberg, et J-D Reynaud19.
III.1 PRINCIPE D'ANALYSE DE L'ACTION COLLECTIVE:
D'après Friedberg et J-D Reynaud les principes
d'analyse de l'action collective peuvent être cernés entre
rationalité des acteurs, la contingence et le pouvoir comme
capacité d'action. Cette grille d'analyse doit nous permettre l'analyse
des différentes actions des acteurs dans la dynamique du renouvellement
urbain d'un quartier historique. Sociologiquement, l'action se définit
comme la mise en oeuvre de moyens pour réaliser un objectif
[A.Bourdin :2000 :162]. Elle trouve son effet entre le geste de
<<qualifier>> le contexte, à travers une
descriptioninterprétation, et <<justifier>> par la suite la
prise de position prônée par l'acteur [M.Lussault: 2000].
L'individu contemporain construit librement son être social, mais c'est
bien cette liberté qui provoque chez lui une <<
anxiété >> qu'il tend à la limiter en cherchant
<< la similitude>> et << l'entre-soi >>, ce qui va
donner à l'action une dimension collective et qui se traduit
concrètement par le retour du << mythe communautaire
>> dit Z.Bauman [2006].
19 Bien qu'on connait A.Tourraine et Boudon et qui ont
été cités maintes fois par plusieurs auteurs.
III.1.1 LA RATIONALITE ET LA NOTION DE LA RATIONALITE
LIMITEE DES ACTEURS :
Les pouvoirs publics cherchent << le minimum-optimum
», en maximisant leur efficience (économique) et en
réduisant leurs compétences [Le Galès et Lascoumes : 2007
:30]. Tandis que l'habitant-acteur n'obéit que très
imparfaitement à la rationalité du marché. En bref, le
besoin de rationalité dépend de << l'intérêt
» de l'acteur en question ainsi que de sa position dans le système.
Aussi, chaque acteur agit selon sa propre rationalité, car chacun d'eux
a son propre registre de préférences qui, comme l'a
déjà démontré H.Simon20 en 1957, ces
préférences ne sont pas stables dans le temps. Ce qui veut dire
que la rationalité des acteurs est << limitée ». Simon
étaye cette conclusion en arguant que l'information d'un acteur est
toujours incomplète, et d'autre part, aucun acteur n'est capable
d'optimiser ses solutions, vu que la complexité des processus mentaux
dépasse, et de beaucoup, les capacités de traitements des
informations et de raisonnement de l'être humain. Nous pouvons conclure
que l'acteur n'optimise pas, il se contente d'une solution <<
satisfaisante ». Et que l'action est qualifiée de rationnelle
pourvu qu'elle ait tout juste un sens qui soit communicable hors de la
communauté qui l'a crée et à laquelle il était
destiné [J-D Reynaud : 1997 : 316]. Il importe alors de souligner
la portée heuristique de la notion de << préférence
» qui dépend tout naturellement de l'apprentissage qui
découle du processus même de territorialisation qui permet
à l'acteur d'enrichir progressivement le sens du comportement «
utilitariste » [...] médiatisé par les contraintes
particulières du contexte [Friedberg: 1997 : 228-229]. Friedberg,
conforte son raisonnement en disant que : << ils [les acteurs] n'existent
pas indépendamment du contexte d'action dans lequel ils jouent et dont
la structuration21 conditionne leurs rationalités et leurs
actions tout en étant façonnée en retour par
elle-même » [idem : 229-230]. Cela nous pousse à
porter plus d'attention sur les relations de l'acteur dans sa quête de
solution aux contraintes posées par le contexte.
III.1.2 LA CONTINGENCE DES ACTEURS ET LA NOTION DU
SYSTEME:
La réflexion sur l'acteur ne peut se développer
en dehors d'une réflexion sur le << système d'acteurs
empirique ». Firedberg, rejette le postulat du <<
déterminisme » qui connote la notion du système, en arguant
que le système, lui-même a une dimension heuristique : << le
système reste une coquille vide qui reste à remplir et à
spécifier » [Friedberg: 1997 : 235]. L'acteur et le système
sont co-constitutifs, ils se structurent et se restructurent mutuellement.
20 Cité par Friedberg [1997], J-D Reynaud [1997],
A.Bourdin [2000] et Le Galès et Lascoumes [2007].
21 «C'est à dire structuration de la situation ou
de l'espace d'action considéré en termes d'acteurs, d'enjeux,
d'interêts, de jeux et de règles du jeu qui donnent sens et
cohérence à ce vécu.»[Friedberg: 1997: 304]
Les acteurs sont contingents [Idem : 229]. Il importe
alors d'insister sur la contextualisation des acteurs. Car c'est le champ
d'action qui leur permet de développer leurs rationalités. Dans
cette perspective, l'action collective peut être saisie comme le
produit d'un ensemble de jeux [La figure de jeu entendue dans son sens
heuristique] articulés en un système englobant qui peut
lui-même se comprendre comme un « méta-jeu
», intégrant au premier et au second degré
tous les jeux opérationnels [Idem : 237]. Le système selon
cette optique nous permet de penser que les conditions de stabilité,
comme d'instabilité du projet urbain sont affectées par cet
ensemble de jeux et restent par conséquent << incertaines
>>.
III.1.3 LE POUVOIR COMME CAPACITE D'ACTION :
Le pouvoir n'existe pas en soi. Il s'établit entre deux
parties qui se positionnent au moins temporairement dans une structure
organisée. Le pouvoir peut alors se définir comme relation et
comme processus [M.Crozier : 1976 :33]. La création-entretien de
cette relation de pouvoir s'appuie sur la légitimité, qui quant
à elle, se déploie sur deux axes: (i) le vocabulaire
exploité : << Le pouvoir d'agir dépend dans une grande
mesure du vocabulaire dont nous disposons ainsi que de la manière plus
ou moins opportune dont nous savons le faire fructifier »
[Clément Rosset, cité par Guy Di Méo : 2000]. Ce
vocabulaire trouve toute sa pertinence s'il est soustrait du
<<lieu>> saisi dans sa valeur patrimoniale. Car le lieu est un
symbole, une figure de rhétorique du territoire [B. Debarbieux,
cité par M.Lussault :2000]. (ii) Le réseau relationnel
tissé en vu d'atteindre l'objectif conçu par le groupe. J-D
Reynaud fusionne ces deux points dans la notion de << l'efficacité
>> du projet de renouvellement en question.
D'une façon opérationnelle, le pouvoir
s'installe dans << la sphère des incertitudes>> qui texture
la réalisation du projet urbain. Selon ce point de vue, le pouvoir d'un
acteur se définit comme le rapport de contrôle exercé
sur une source d'incertitude pouvant affecter la poursuite des objectifs de
l'organisation [M.Crozier :1976 :36]. C'est ce que Friedberg appelle
<< la capacité d'action >>, qui, elle, s'établit en
deux temps [Idem : 38]: (i) La négociation, qui peut prendre une allure
de lutte, s'installe pour poser les jalons << d'échange >>.
(ii) La règle intervient comme cristallisation de ce rapport de pouvoir
et le résultat de négociation. Cela doit nous permettre de lire
le jeu de pouvoir dans les modifications des règles. Le recours à
la règle s'explique par ses << fonctions latentes >>. On en
distingue cinq [Friedberg: 1997 :72] : (i) La règle permet le
contrôle à distance. (ii) Elle constitue un écran et une
protection en réduisant les relations interpersonnelles. (iii) Elle
restreint l'arbitraire du supérieur et légitime la sanction. (iv)
Elle rend possible l'apathie, c'est-à-dire un comportement de retrait
qui se
contente d'appliquer les règles. (v) Elle permet par
là le marchandage avec la hiérarchie. Dans cette perspective, le
pouvoir peut et doit être défini comme la capacité d'un
acteur à structurer des processus << d'échange » plus
ou moins durable en sa faveur, en exploitant les contraintes et
opportunités de la situation pour imposer les termes de l'échange
favorable à ses intérêts [Friedberg: 1997 : 128]. Selon le
vocabulaire de Jean-Daniel Reynaud, ce processus interactionnel menant à
la règle s'appelle : << la regulation
». Il propose la théorie de la régulation
sociale qui complète l'approche organisationnelle de Friedberg.
III.2 PRINCIPES DE L'APPROPRIATION HABITANTE DU
LOCAL:
A.Bourdin [2000] distingue deux modes d'analyse de
l'appropriation habitante via lesquels le local se construit. Une approche du
<<local cognitif » et une approche interactionniste ».
III.2.1 LE LOCAL COGNITIF :
Historiquement, le mérite de cette méthode est
attribué à K.Lynch qui a initié les bases d'une approche
cognitive de l'espace construit. Cette approche met en exergue la relation
entre l'image mentale (la représentation) territoriale et
l'identité individuelle et collective. P.Pellegrino et ses
collaborateurs ont démontré que la << spatialité
» est culturellement construite, et par laquelle un sujet
appréhende les objets tout en se positionnant lui-même [A.Bourdin
: 2000 : 24]. Cette conclusion distingue l'espace créé
territorialement (construction fonctionnelle) de << l'espace
d'appartenance » qui résulte de l'inscription d'un acteur social
dans un groupe d'appartenance en un lieu. On peut alors affirmer que le local
est cognitif vu qu'il stimule ce processus d'identification, qui, lui, est
alimenté par les valeurs sociales du groupe d'appartenance.
III.2.2 L'APPROCHE INTERACTIONNISTE :
Cette approche repose sur l'affirmation que l'identité
est construite à partir d'un groupe d'appartenance. En s'appuyant sur
une méthode inspirée de la phénoménologie d'Alfred
Schutz, B.Poche déploie sa démarche sur quatre points. (i) Le
lien social, comme processus de construction du sens. Car vivre ensemble
stipule le partage d'une représentation commune du monde. (ii) Le
partage de la vie quotidienne qui selon Schutz, guide l'orientation
spatio-temporelle. (iii) La coprésence, interactionniste par essence, ne
peut en aucun cas être remplacée par une communication
artificielle. (iv) Le lieu (pratiques de la vie quotidienne) comme mode
organisateur de l'expérience sociale. Cette démarche montre
l'importance du legs du passé (<< local hérité
» selon A.Bourdin) approprié par un groupe sous forme d'un ensemble
de représentations et de codes (mémoire collective) transmet
ou
légué aux générations successives
par les << pratiques >> (action collective): <<
L'héritage du passé est fondateur, porteur de structures
immuables qui constituent la référence » [A.Bourdin :
2000 :37].
Si on s'ouvre sur la notion de territoire entendu dans son
sens éthologique, Goffman [cité par Bourdin 2000] nous
éclaire que << le territoire du moi >> se déplace
avec l'individu et caractérise sa manière d'organiser les
relations avec les autres. Cela met en exergue l'importance de
l'expérience d'individu lié à sa << trajectoire de
vie >>.
III.3 ETAT DE L'ART SUR LES APPROCHES DE L'ACTION
COLLECTIVE:
Nous avons recensé à travers nos lectures une
série d'approches de l'action collective22. Et nous
présentons seulement l'approche organisationnelle de Friedberg et la
théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud vu que les deux
approches se joignent et se complètent et peuvent construire pour Nous
une << grille de lecture >> pour appréhender la
réalité empirique de l'action collective.
III.3.1 L'APPROCHE ORGANISATIONNELLE DE FRIEDBERG :
Développée par Friedberg, cette méthode a
pour enjeux l'appréhension du jeu complexe des acteurs objet du
renouvellement urbain. Cette méthode accorde la priorité à
la réalité des relations dans un contexte d'action
spécifique. En s'appuyant sur un démontage minutieux de l'action
collective, Friedberg en ressort une armature intellectuelle
(rationalité limitée, acteurs contingents et pouvoir) qui nous
permet d'éclaircir l'ambigüité qui texture la <<
structuration >> du champ d'action. Une structuration, toujours
particulière et contingente, en termes d'acteurs, d'enjeux,
d'interêts, de jeux et de règles du jeu, qui donnent sens et
cohérence à ce vécu, <<ordre local>>, dit
Friedberg. Il met en exergue la régulation mixte, qui se forge et se
construit entre une régulation formelle et informelle. La
régulation formelle est grignotée peu à peu par la
régulation informelle par les acteurs qui tendent, quant à eux,
à modifier les règles du jeu et à en déplacer ou
limiter leurs validités. Pour décrypter ce processus, Friedberg
met aux centre la notion du pouvoir, fourre-tout dit-il. Il le définit
comme un processus via lequel l'acteur tend à nouer des relations selon
les contraintes rencontrées en vue d'orienter l'échange à
sa faveur. Cette définition met en exergue le contexte dans lequel se
déroule l'action, et la capacité de négocier des acteurs
qui, quant à
22 Nous citons; l'approche par les capabilités de
l'action collective dont le germe est attribué du A.Sen, prix Nobel en
économie 1998. Cette approche a connu un engouement très large
dans le monde anglophone. Voir Repenser l'action collective, une approche
par les capabilités, J-L Dubois et al. Éd L'harmattan 2007;
Et l'agir communicationnel de Jurgen Habermas.
elle, constitue l'objet de l'asymitrie,
d'inégalité entre acteurs selon Friedberg. Selon cette optique,
l'action collective se présente comme un système de
négociation peu ou prou violent, toujours ouvert ,lié
à la contingence des acteurs et réfute tout déterminisme
a priori. En l'occurence, la stabilité du projet urbain est
obligatoirement << ajustable >> et sanctionée par des
validations partielles et partiales : <<un processus cumulatif de
renforcement des acteurs et d'affaiblissement concomitant des autres [...] de
ce fait de plus en plus performent, musclé, alerte, et permettrait
à ses memebres de s'atrophier progressivement>> [Friedberg:
1997 : 289]. In fine, cette approche tend à synthètiser
l'ordre local (l'enjeu du projet urbain) comme une <<concurrence entre
une régulation formelle et informelle >>. Cette conclusion nous
ramène à étudier la théorie de la régulation
sociale de Jean-Daniel Reynaud qui complète l'approche de Friedberg.
III.3.2 L'APPROCHE RÉGULATIONNISTE DE J-D
REYNAUD :
La théorie de la régulation sociale tient
à réunir et à synthétiser les différents
courants de la sociologie. A savoir l'école durkheimienne,
l'école de la sociologie des organisations de M.Crozier et de son
disciple Friedberg, l'habitus de Bourdieu... Cette théorie tente de
reformuler la problématique de la cohésion sociale, en essayant
de répondre à la question: << Quels sont les
mécanismes sociaux qui assurent la stabilité et
l'inertie des règles sociales ? »
[B.Grassineau : 03 :2004].
Pour répondre à ce questionnement, le cadre
théorique, développé par Reynaud, s'articule autour de
trois notions clefs: l'acteur, la règle et l'action collective. (i)
L'acteur : l'individu capable d'effectuer une action << raisonnable
>> qui, selon de R.Boudon, doit être justifiable et communicable.
(ii) La règle : Reynaud l'a définie comme un principe
organisateur où un modèle qui oriente l'action : << les
règles ne sont rien d'autre que leur capacité réelle
à régler des interactions sociales. Elle est bien une contrainte
et non une habitude >>. [Reynaud : 1997 : 18]. Il est clair que
la règle est importante, mais Reynaud précise que ce qui est
capital dans sa démarche c'est bien la régulation en tant que
processus. Cela n'exclut en aucun cas la règle, mais elle est introduite
de telle manière qu'elle soit <<instable>> et <<
modulable >> par les acteurs le long de la régulation. (iii)
L'action collective: élément d'analyse pertinent. Elle se
définit comme l'engagement d'un groupe en vue d'orienter les
finalités d'un projet à leurs profits. Ce regroupement d'acteurs
ne peut se faire que dans le partage d'un ensemble de règles
adoptées, voir crées collectivement : << les règles
sont propres à la vie sociale, mais elles sont d'origine collectives,
elles tirent leur caractère contraignant du fait qu'elles sont les
conditions d'une collectivité » [Idem : 96].
Pour le maintien et la cohérence des règles,
Reynaud proposes trois mécanismes interdépendants ; la sanction,
l'accord et la légitimité. Dans cette optique, l'action doit
chercher la légitimation. Il a signalé à maintes reprises
que la régulation formelle, dite de droit, se traduit souvent par un
décalage avec la régulation effective, qui, quant à elle
dépend de l'autonomie dont les acteurs (les habitants) peuvent en
disposer. Reynaud appelle cet affaiblissement de la régulation formelle
<<anomie>> [Idem : 266]. Elle se traduit par l'absence
<< objective >> des règles du au relâchement de la
régulation légitime, elle peut aussi se lire à travers le
degré d'enfermement de l'espace en question. En suivant cette
lignée, les acteurs peuvent adhérer à certaines
règles selon leurs stratégies pour légitimer leurs
conduites, et d'en rejeter d'autres qui s'opposent à leurs
intérêts. De ce point de vu, la règle est perçue
comme une << ressource >> permettant l'acquisition d'une <<
capacité d'action >> pouvant conférer aux acteurs qui
l'invoque des avantages et limite en même temps les possibilités
d'action d'autres acteurs. Elle (la règle) est une sorte de
contrôle social. Il s'agit alors de deux efforts de régulation,
l'un de contrôle, et l'autre autonome [Reynaud : 1989]. Ils ne s'opposent
pas en bloc mais le premier, dit de L'Etat (ou des collectivités locale)
cherche à régler son activité par un contrôle de
l'extérieur [idem : 5]. La régulation de contrôle
apparait facilement à l'observateur, parce qu'elle a une valeur
juridique, tandis que la régulation autonome, produite par les groupes
ne se révèle qu'après un examen in situ des
pratiques. Toutes les deux sont alimentées par un ensemble de valeurs et
de croyances. La première invoque une logique externe qui est celle du
coût et d'efficacité, et la seconde est <<interne>>
liée à l'affectivité et aux sentiments [idem :
6]. La régulation autonome peut s'opposer à la régulation
de contrôle en faisant appel au << droit de vivre ensemble
>>, à l'équité, à l'ancienneté...etc.
Cela ressort l'idée d'une <<construction>>: << c'est
une organisation souvent élaborée, qui est enseignée au
nouveaux venus et en partie imposée >> [idem : 10]. Aussi
Reynaud invoque << l'habitus >> de Bourdieu pour expliquer la
relation qui lie l'habitant à son lieu de vie. Réciproquement, La
régulation de contrôle n'est pas toujours exprimée d'une
façon adéquate dans la réglementation officielle. C'est
son orientation stratégique qui fait sens : << peser de
l'extérieur sur la régulation d'un groupe sociale >>
[Ibidem].
Reynaud, comme Friedberg, prône l'idée qui
stipule que le pouvoir est au centre de la relation qui lie la
régulation autonome et de contrôle. La stabilité (bien
qu'elle soit jamais finie) de cette relation de pouvoir passe par ce que
Reynaud appelle <<régulation conjointe >>, qui elle se
traduit concrètement par les voies de participation <<
organisée >>. Cette relation a l'ambition de résoudre les
<< conflits >> par la << négociation >> qui
énonce << l'accord >> et le cristallise sous forme de
règle. La règle produite serait <<normative>> parce
qu'elle est
<<cognitive>>: << Celui qui l'invoque invite
à une action en lui proposant un sens >> [Reynaud : 1997 :68]. La
régulation conjointe peut, ajoute Reynaud, renforcer une règle
autonome. Et stipule qu'elle est l'expression de la démocratie
même. Cela suppose l'établissement d'un << choix conscient
>> selon la formule de M.Crozier [1976 :17].
EN GUISE DE SYNTHESE : LA REGULATION SOCIALE COMME
HOMEOSTASIE DE PROJET URBAIN ?
Nous avons montré dans cette partie les principes de
l'action collective ainsi que les différentes approches qui pourront
éclairer le rôle que peut jouer un habitant. Nous avons
commencé par les deux approches [A.Bourdin] qui pourront décrire
le rapport que noue un habitant avec son espace de vie. Dans l'approche du
local cognitif, Bourdin met en exergue le rôle du <<capital
culturel >> et <<l'identité individuelle et
collective>> dans la construction et la représentation de <<
l'espace d'appartenance >>. Et à travers la démarche
interactionniste, il a voulu attirer notre attention sur l'importance de
<< l'héritage >> d'un espace par un groupe qui l'approprie
sous une forme de << mémoire collective >>, qui, elle, est
maintenue par un ensemble de pratiques et de représentations <<
immuables>>, mais communicables et transmissibles aux nouveau venues
comme aux nouvelles générations ce qui assure sa
continuité. Ces deux méthodes nous permettent
l'appréhension des <<modes d'appropriation >> de l'espace de
vie par les habitants, c'est ce que s'appelle dans le langage de Freidberg et
J-D Reyanaud <<régulation informelle >> ou <<
régulation autonome >>.
Figure 4: La régulation globale. Source:
Auteur.
Dans un souci fonctionnel, les pouvoirs publics tendent, selon
leurs stratégies de territoire, (global) à lier, par
<<régulation de contrôle >>, les différentes
localités en modifiant l'ordre local qui devient << l'objet de
la négociation et de marchandage >>.Cette volonté de faire,
se lit
dans les rapports, les règlements produits pour cet
objectif. Tandis que la <<régulation autonome » qu'on ne peut
la cerner que par une exploration in situ. Le local subit alors un
concours de régulation, qui pour l'appréhender, Friedberg pose le
pouvoir au centre des interactions, en le définissant comme <<
capacité d'action » visant la négociation des faits en
faveur des acteurs qui l'utilisent. Les acteurs qui exercent le pouvoir,
entendu comme processus de négociation explicite voire implicite,
passent par les << règles » pour figer << l'accord de
l'échange ». L'anticipation des acteurs s'appuie sur les <<
règles » formelles, de droit, << informelle ou autonome,
produit de la localité » en grignotant la règle formelle
pour pousser les pouvoirs publics à la négociation autour d'une
régulation << conjointe » qui peut remplacer ou renforcer des
règles autonomes en créant d'autres. Dans cette optique, la
règle devient une ressource d'action et de légitimité, et
la régulation comme un enjeu social. Voir schéma ci-dessus.
IV. Sidi El Houari, une histoire tourmentée
et
un patrimoine urbain incontournable :
IV.1 Situation géographique de la yille d'Oran
:
La ville d'Oran, (wahran en arabe), surnommée « la
radieuse », est la deuxième grande ville
de l'Algérie. Elle se situe au Nord-Ouest
Algérien. C'est une ville portuaire ayant une superficie de 2 114
km2. La commune compte à elle seule plus de 850 000
habitants. Tandis que l'agglomération oranaise compte en compte plus de
1 453 150 en 200923.
Figure 5 : Oran et sa situation dans le territoire
algérien. Source : montage personnel.
IV.2 L'histoire du quartier de Sidi Elhouari :
Sidi Elhouari constitue le noyau historique de la ville d'Oran,
capitale de l'ouest Algérien.
L'histoire tourmentée de la ville, inscrite dans les
lieux comme dans les pierres, témoigne le passage de quatre
civilisations (andalouse, espagnole, ottomane et française) en un seul
lieu. Nous voulons montrer dans cette partie la richesse patrimoniale du
quartier et son développement dans le temps sans présenter les
données sur l'évolution de la population, vu que ces
données sont inaccessibles par internet et demande de nous une
présence in situ. On peut restituer l'histoire du quartier sur
quatre périodes.
23 Le Guide touristique de la yille.
Figure 6: le quartier de Sidi Elhouari.Source:
réalisé à partir de googleMap.
(i) La fondation d'Oran en 903 :
Oran, Ouahran24 tel est le nom d'origine
berbère que porta la petite bourgade fondée en 903.
Les marins andalous s'installèrent dans ce lieu pour sa
nature géographique particulière. Etendu le long du ravin de Ras
El Ain, et abritait des vents dominant par la montagne de Murdjadjou. La ville
fût Conçue à l'image des villes arabo-musulmane de
l'époque et entourée de murailles et on pouvait y accéder
par le truchement de deux portes, la porte de Telemcen, et la porte de Canastel
(encore debout). Sa morphologie était caractérisée par un
dédale de ruelles convergentes vers une place centrale et comportait une
citadelle (appelée aujourd'hui la Casbah) dominant la ville,
siège du gouverneur et sa milice. La morphologie du terrain jouait un
rôle important dans la composition urbaine. L'urbanisme fût
additionnel et organique.
Figure 7 : la Casbah de Sidi El houari Aujourd'hui. Non
classée. Source: R.Moussaoui : 2008 : 3.
|
Figure 8 : Porte de Canastel.
Classée. Source: R. Moussaoui 2008 : 5.
|
24 Sa position géographique et sa
qualité de place forte expliquent son étymologie de « lieu
d'accès difficile » ou ouaer en arabe [R. Lespès :
2003 :41].
(ii) La période Espagnole et Turque entre 1505 et
1832 :
Oran fût conquise par les espagnols entre 1505 et 1708.
L'aspect général de la ville ne fût pas changé, mais
le caractère défensif, quant à lui, fût
renforcé notamment avec la construction d'édifice à
caractère militaire : le château neuf construit vers le nord du
quartier, le fort saintphilippe, fort saint-andré et fort de Santa Cruz
fondé au sommet de la montagne de Mourdjadjou. Quant à la casbah,
ces muraille en pierre de terre furent remplacées en partie par la
pierre taillée, et c'est à cette époque de l'histoire que
fût édifiée la porte d'Espagne (1598, encore debout).
Figure 9 : La porte de Santon. Classée en 1953.
Source: R.Moussaoui 2008 : 6
Figure 11 : Tambour de San-Jose. Classée en
1952. Source: R.Moussaoui 2008
Figure 13: le château neuf. Classé en
1952. Source: Photos-algérie.fr25
Figure 10 : L'église de Saint-Louis.
Classée en 1952. Source: R.Moussaoui 2008 :
Figure 12 : Porte d'Espagne. Classée en 1906.
Source: K.Metair 2005 : 14.
Figure 14 : Ecusson espagnol. Classé en 1952.
Source: K.Métair : 2005 :9.
25
http://www.photos-algerie.fr/ORAN-LE-CHATEAU-NEUF-n-PA1134-c-3.html
Entre 1708 et 1732, les turcs sous le commandement du Bey
Mustapha Bouchelaghem conquirent la ville mais ils ne parvinrent pas à
faire des changements considérables mis à part l'introduction des
arcades sur quelques édifices espagnoles et la transformation des
anciennes églises et couvent en mosquées et synagogue [S.
Benkada : 2008] et la construction d'un vaste jardin à
l'intérieur du château neuf, connu aujourd'hui sous l'appellation
du <<promenade de l'étang >>.26
Figure 15 : Plais du Bey. Classé en 1952.
Source: R.Moussaoui 2008 :9.
Figure 16 : Mosquée du Pacha. Classée en
1954. Source: R.Moussaoui 2008 :9.
Figure 17 : mosquée de la perle. Classée en
1900. Source: Figure 18 : La porte de Caravansérail et promenade
de
R.Moussaoui 2008 :10. l'étang.
Classés en 1952. Source :
villedoran.com
Octobre 1790, un fort séisme frappa la ville et
démolît une grande partie de la ville ce qui a permit au turcs de
reprendre la ville jusqu'à 1831. Le bey Mohammed Elkébir
étala la ville sur la partie droite du l'Oued El Rehi pour repeupler la
ville sinistrée par le séisme. A la fin de ces périodes le
noyau historique d'Oran était constitué, de la Blanca (qui
comprend la Casbah) et le Petit Santon, qui est l'ancienne ville espagnole de
la << Calère >> qui regroupait tous les bâtiments
militaires et le quartier juif (en plus de la Casbah), construit après
le séisme par les turcs.
26 << Les vastes jardins du Bey Bouchelaghem, furent
intégrés dans le domaine public; mais, on leur garda
néanmoins, le nom de «Huertas de los Bigotillos» (jardins du
Moustachu), en allusion au Bey Bouchelaghem >> [S. Benkada :
2008].
(iii) La période française, de1832 à
1962 :
Les français ont urbanisé une grande partie du
quartier de Sidi Elhouari et de la ville d'Oran en général. A
leur arrivée, les français se sont installés dans la
vieille ville, la Casbah (la Blanca), en reconvertissant et en construisant des
bâtiments stratégiques comme en témoigne l'ex hopital
Baudens. Mais avec le temps, la Casbah devint petite et non conforme au mode de
vie des français qui décidèrent de construire, pas loin de
la Casbah, un tissu régulier et ouvert et qui devint après le
quartier Stalingrad. En 1845, cette même extension connut une
opération d'envergure qui fût le recouvrement (voir schéma
ci-dessous) de l'Oued El Rehi pour établir dessus un boulevard
baptisé après Stalingrad, et autour duquel
s'élevèrent de nombreux équipements (Mairie,
Préfecture, trésor public et services communaux). Ce boulevard
constitua un espace de convergence et de centralité de la ville d'Oran
pendant plus d'un siècle. Par ailleurs, et dans la même
période, les français réalisèrent la
dernière extension de la cuvette de Stalingrad avec la construction du
quartier des << indigènes >> (appelé Médina
Jdida). Pour que, à partir de 1930, les aménageurs
français se penchaient vers le vaste plateau d'Oran et les avantages
qu'offrait son site facilement exploitable. De nouveaux bâtiments s'y
installaient et les équipements de la centralité (hôtel de
ville, théâtre) rebondissaient autour de la place d'Arme (place du
1er novembre). De Gaulle intervint en 1959 par le fameux
<<plan de Constantine>> qui a comme objectif la revalorisation des
grandes villes algériennes par la construction d'importants
établissements et de grandes infrastructures. De l'autre coté,
Sidi Elhouari abandonné par les spéculateurs, stagna et
commença à se replier sur lui-même, le quartier se
dégrade et Stalingrade perd son attirance. La population
Européenne <<bourgeoise>> décida de quitter le
quartier pour occuper les nouveaux prestigieux quartiers de la ville (le front
de mer), pour laisser Sidi Elhouari à une population Algérienne
ou Espagnole n'ayant pas les moyens pour entretenir le patrimoine
bâti.
Figure 19 : Profil schématique expliquant
l'évolution historique du quartier. Source: Auteur.
Figure 20 : l'ancienne préfecture et le tramway
d'Oran. Source:
pagesperso-orange.fr27 Figure 21 : le theâtre
régional. Non classé.
Source :
decouverte.algerie.free.fr
Figure 23 : l'extension de la ville vers l'Est
dans
Figure 22: le trésor. Non classé. Source :
pagesperso-orange.fr
les années 1950. Source: K.Metair :
8.
Il est à noté que dans cette période de
la colonisation française, le quartier a connu un processus de
classification des bâtiments à forte valeur patrimoniale (porte
d'Espagne en 1906, la porte de Canastel et la porte du Santon en 1953,
église Saint-Louis, le château Neuf, palais du bey et promenade de
l'étang en 1952,mosquée de Pacha et la demeure de Bey hassan en
1954). Aujourd'hui, K.Metair (chargé d'urbanisme à la commune
d'Oran) dans un article exposé dans le colloque international qui s'est
tenu entre le 19 et le 21 octobre 2010, propose un projet de classement de tout
le quartier de Sidi Elhouari.
(iv) La période d'après
l'indépendance de 1962 à nos jours: Sidi Elhouari, un
quartier qui échappe à la
réhabilitation?
Après l'indépendance, l'urbanisation de la ville
d'Oran, continue à se développer sur le haut plateau, vers
l'Est, puisque la cuvette de Stalingrad s'est trouvée saturée
à cause du massif de Murdjadjou et l'installation des zones
industrielle et la Sebkha(lac salé) au sud. Toute
27
http://pagesperso-orange.fr/roland.garcia/Photos%20Souvenirs.html
l'extension de la ville s'est faite en longueur vers l'Est.
Pour guider et orienter la production des sol urbanisable, la ville a
approuvé en 1977 son premier P.U.D (plan d'urbanisme directeur), mais il
ne fût pas respecté et l'extension se développa rapidement
et d'une façon anarchique. Par ailleurs, le quartier de Sidi Elhouari
s'est trouvé isolé et le patrimoine bâti se dégrada
d'une façon rapide. La ville d'Oran lança alors un POS (plan
d'occupation du sol) en 1992, puis en 2002, puis un troisième en 2006,
pour arrêter la dégradation du cadre bâti et
réhabiliter le quartier, mais aucun de ces POS ne pouvait réussir
ce projet qui parait, pour le moins, aux observateurs externes, comme une
tâche aisée à finalité certaine. Mais le quartier
,pourtant riche en patrimoine historique, connait toujours (jusqu'à nos
jours) une dégradation de son cadre bâti.
V. CONCLUSION GENERALE :
SIDI ELHOUARI, ENTRE TERRITORIALITE HABITANTE ET
REHABILITATION URBAINE : UNE STABILITE INCERTAINE ?
Dans la première partie du mémoire, nous avons
démontré en explorant l'évolution de la notion du projet
urbain, que ce dernier est le germe d'une dichotomie, entre le global et le
local, nourrie par la montée du contentieux et le refus de toute
planification faite a priori. Dans un souci de résoudre ces
conflits là où ils sont nés, le retour au local s'est
posé comme une échelle pertinente et fertile pour aborder la
question urbaine, selon une démarche structurale de dépendance
interne, avec l'introduction de l'habitant comme acteur au lieu de simple
usager. Le projet urbain a libéré l'urbanisme du carcan de la
procédure, qui conçoit la production de l'urbain comme
l'agencement d'un ensemble de règles posées et conçues
a priori. Enfin, aborder l'urbain comme une démarche
contextuelle nous pousse à mettre l'accent sur le Flou qui texture le
déroulement comme la stabilité du projet urbain.
Dans la deuxième partie, nous avons pris le
<<local>> comme point de départ méthodologique pour
comprendre les logiques qui sous tendent la re-production du local et qui se
résument en deux points, <<tension et appropriation >>. Nous
avons exploré la re-production du local à travers une grille de
lecture comprenant trois notions: l'espace, le lieu et le territoire. A chaque
niveau d'analyse, nous avons pu trouver que la re-production du local passe
nécessairement par la résolution de cette tension, qui, elle,
peut être traduite par une série de quatre ambigüités.
La première concerne la question des références qui est
hétérogène entre les acteurs. La deuxième
ambigüité pose la question de l'interprétation de la
mémoire du lieu et les expériences du passé. La
troisième ambiguïté s'installe quant à
l'interprétation du présent, donc de la vie quotidienne des
habitants. Enfin, A travers l'exploration de l'objet de la gouvernance locale,
nous pouvons poser La quatrième ambigüité autour de la
question de la <<pertinence>> du territoire et la
légitimité des conduites vis-à-vis les habitants. Cela
nous pousse à reformuler notre hypothèse de départ et
à en poser une deuxième :
· Le déroulement de la réhabilitation,
selon la démarche de projet urbain, stagne essentiellement à
cause l'inadaptabilité entre le territoire (le POS
élaboré) et la << territorialité habitante >>
(qui résiste).
· La seconde hypothèse se pose quant à
la pertinence de la conduite et la conception de territoire,
c'est-à-dire que la conception du POS avec sa << conduite
>>, saisis comme orientation stratégique, ne prend pas assez en
considération la territorialité habitante (l'usage de l'espace
par les habitants).
Dans la troisième partie, nous avons cherché
à comprendre les principes qui pourront nous permettre de saisir la
<< stabilité >> du projet urbain. Pour ce faire nous sommes
passés par un état de l'art (non exhaustif) qui a trait aux modes
de territorialité habitante et à l'action collective. Dans un
premier temps, nous avons exploré avec A.Bourdin les modes de
territorialité habitante qui se traduisent concrètement dans la
sphère des <<représentations>> et des <<
pratiques de la vie quotidienne >>. Dans un second temps, nous avons
exploré la notion de l'action collective avec M.Crozier, Firedberg et
nous pouvons en tirer trois conclusions. Primo, la
nécessité de rompre avec la notion du système à
connotation déterministe et le remplacer par le système à
caractère contingent et heuristique. Secundo, le pouvoir est au
centre des rapports de régulation, et la règle, formelle ou
informelle comme ressource à l'action. Tertio, la
régulation de contrôle, c'est-à-dire du droit, a toujours
une effectivité partielle. Sous l'optique de la théorie de la
régulation sociale de J-D Reynaud, La territorialité habitante
serait appelée << la régulation autonome >>, qui,
selon lui, peut s'opposer à la régulation de contrôle et
compromettre la stabilité de projet urbain, donc de la
réhabilitation urbaine. Cela nous incite à poser une
troisième hypothèse via laquelle, on stipule que : la
stabilité de projet urbain reste non stationnaire et que sa mise en
oeuvre nécessite un suivi et un contrôle, donc un rapport de force
imposant l'ordre local, et cela à travers les deux régulations,
de contrôle et conjointe. Voir Figure ci-dessous.
Figure 24 : le cadre conceptuel de
l'analyse.
Nous avons présenté dans la quatrième
partie un terrain d'étude, qui nous parait exemplaire pour deux raisons.
Primo, il recèle une valeur patrimoniale très riche et
reconnue due à une histoire tourmentée marquée par le
passage de plusieurs civilisations. Secundo, la durée du projet
de la réhabilitation de quartier qui, elle, a aujourd'hui dix hui ans et
elle est encore incertaine. Cela étaye avec clarté notre
questionnement qui a trait au temps et la stabilité du projet urbain
d'où la pertinence du choix du quartier de Sidi Elhouri comme terrain
d'étude. Toutefois, la vérfication des hypthèses et la
validation des résultats nous pousse à compléter le choix
des terrains d'étude par l'analyse d'un ou deux autres cas similaires.
Nous pouvons choisir d'ajouter un autre cas dans le territoire algérien
ou Francais.
REPÈRES MÉTHODOLOGIQUES:
Il nous parait à travers le cadre conceptuel que nous
avons développé jusque là, que l'essence des actions ou
des pratiques habitantes dépend non seulement de leur identité
individuelle et collective et leur espace d'appartenance, mais aussi du projet
de réhabilitation urbaine portée par les pouvoirs publics. Dans
cette optique, l'approche globale nous parait pertinente à analyser pour
pouvoir appréhender la territorialité habitante en ayant ce
projet de réhabilitation comme background expliquant les
actions habitantes. En s'appuyant sur le cadre conceptuel
développé (voir schéma ci-dessus), inspiré de
l'approche organisationnelle de Friedberg et de la théorie de la
régulation sociale de J-D Reynaud, nous présentons notre esquisse
méthodologique comme suit28 :
En premier temps, nous ferons une contextualisation à
deux dimensions: (i) Contextualisation sociodémographique afin
d'identifier le(s) quartier(s) par une série d'indicateurs, comme la
catégorie socioprofessionnelle, le taux de chômage, la trajectoire
de vie...etc.(ii) Contextualisation spatial en observant la qualité de
l'espace public, des espace verts et la qualité des
façades...etc.
Dans un second temps, nous procéderons par identifier
<< la régulation de contrôle » (règles du droit)
et << conjointe » (la participation) dans une démarche
diachronique. Pour ce faire nous procéderons en deux étapes : (i)
Premièrement par la collecte de la littérature grise : à
travers les documents produits par les pouvoirs publics, à savoir les
cahiers de charges des POS. Ainsi que les documents de POS (règlements,
documents graphiques et notes de présentation des règles)
produits par les architectes-urbanistes. L'analyse sémantique de
28 L'esquisse méthodologique présentée n'a
de linéarité que la présentation. La recherche sera
entamée dans une démarche itérative et croisée.
cette base de données collectée doit nous
permettre « l'identification spatiale » de la régulation de
contrôle en termes d'organisation des pratiques existantes et
projetées, droit de construction et utilisation du sol. (ii)
Deuxièmement, nous entreprendrons une série d'entrevues
semi-directive avec les pouvoirs publics, comme les maires, les directeurs
d'urbanisme et ceux de la culture (vu qu'il s'agit d'un quartier à
valeur patrimonial). Ainsi que les architectes urbanistes
désignés pour mener cette étude. Notre guide d'entretien
portera principalement sur : la participation directe des habitants à
travers les réunions, les contraintes ou résistances qu'ils ont
trouvées lors du montage du projet, le temps prévu pour cette
opération de réhabilitation.
Dans un troisième temps, nous chercherons à
identifier la territorialité habitante (régulation autonome),
c'est-à-dire l'ensemble des pratiques et représentations
habitantes qui ont trait au quartier comme espace de vie. Pour ce faire,
premièrement on relèvera toutes les pratiques habitantes
régnantes dans le quartier(s), et nous ferons aussi des relevés
sur des maisons choisies pour l'enquête pour rendre tangible les
modifications apportées au cadre bâti une fois comparés
avec les plans conservés aux archives de la commune. Deuxièmement
nous ferons des entrevues semi-directives auprès des habitants. Ces
entrevues seront guidées par; la trajectoire de vie (lieu ou il habitait
avant), leurs intérêts et leurs implications dans le projet de
réhabilitation, leurs résistances et leurs craintes, et leurs
réactions vis-à-vis la durée du projet, sur la possible
réhabilitation privée du cadre bâtie, et enfin selon eux,
qu'elle serait la solution à entreprendre.
Dans un quatrième temps, nous confronterons ce que nous
aurions, produit et rassemblé comme matériaux, et recueilli comme
témoignages. Cela doit nous permettre : (i) de jauger le décalage
entre la régulation de contrôle (planifiée) avec la
régulation autonome (effective); (ii) de saisir le jeu d'acteurs
à travers les éventuels changements de règles (entre les
différents POS).
La recherche que nous désirons entreprendre reste
partielle dans la construction encore en vogue, longue et continue du projet
urbain comme une manière de faire l'urbain. Notre apport se veut
éclaircir, selon une optique régulationniste et
organisationnelle, la durée du projet urbain et sa stabilité en
confrontant le mode de territorialité habitante avec la conduite
d'élaboration du projet urbain dans le cadre d'une réhabilitation
urbaine.
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