B -Politique monétaire et croissance
L'introduction de la monnaie dans les nouvelles
théories de la croissance a perpétué le clivage usuel
entre les auteurs pour qui toute politique monétaire est vouée
à l'échec et ceux pour qui, dans une tradition
keynésienne, une politique monétaire expansionniste permet
d'influer sur le niveau d'activité.
La littérature moderne sur ce thème date des
travaux de Tobin [1965] et Sidrauski [1967] :
- Tobin (1965) montre que la monnaie est
capable d'influer sur le niveau d'activité en modifiant le portefeuille
des ménages. La monnaie est considérée comme un actif
financier. Etant donné un certain niveau de
richesse, l'intensité capitalistique d'une
économie (capital/tête) dépend de la distribution de cette
richesse entre capital et monnaie. Si jamais la rentabilité de la
monnaie diminue sous l'effet de l'inflation alors les agents vont
préférer détenir des actifs réels dans leur
portefeuille, ce qui va se traduire par une augmentation de l'investissement et
donc une croissance plus forte.
- Sidrauski ( 1967) prend
une position diamétralement opposée. Il suppose que la monnaie
entre dans la composition de la fonction d'utilité des ménages
car elle fournit un flux de services issus de sa détention. Les
résultats conduisent à déterminer la super
neutralité de la monnaie. La monnaie dans ce cas ne jouerait aucun effet
ni à court terme, ni à long terme car elle ne serait pas
susceptible de jouer sur le niveau et l'évolution du PIB.
- Selon Emile James (1970), la monnaie est un
moyen d'action. Elle n'est pas un simple "voile", ni seulement un
"intermédiaire des échanges" et un "étalon de valeurs",
mais un levier permettant de promouvoir la croissance de l'économie, de
modifier la distribution des revenus et une source privilégiée de
puissance". Au-delà de certains niveaux, le développement des
opérations de crédits n'entraîne plus que la hausse des
prix, et non pas l'essor de l'activité. Les autorités
monétaires doivent donc se concerter pour rechercher quel est, parmi les
taux de croissance possibles, le plus compatible avec l'équilibre
monétaire. A ce sujet, il faut dire que la théorie
monétaire pure n'apporte guère de lumière. Mieux, le choix
à faire, si éclairé qu'il puisse être par la
comptabilité nationale, reste encore aléatoire.
Les principales études économétriques
cherchant à étudier l'impact des politiques financières
sur la croissance proviennent des travaux de Mc Kinnon
& Shaw (1973). Leur problématique
cherchait à mesurer les conséquences en terme de croissance des
politiques de répression financière mises en place après
les différents conflits mondiaux et la crise des années 30. Le
secteur financier accélère la croissance économique et
améliore les performances d'une économie en facilitant le
déplacement de capitaux vers les secteurs les plus productifs. Pour
Mc Kinnon, l'essor des marchés financiers et
l'approfondissement de l'intermédiation aident le développement
économique, en opposition à la situation où les
investisseurs sont contraints de s'autofinancer intégralement. Une bonne
politique économique consisterait donc à favoriser
l'approfondissement financier et certainement pas à contraindre le
développement des activités d'intermédiation.
En ce qui concerne, la relation entre l'offre de crédit et
croissance économique, objet essentiel de notre étude, la
littérature souffre de développement.
Les crédits à l'économie constituent une
forme de monnaie offerte par les banques. Cette forme de création
monétaire consiste en une transformation, par le système
bancaire, de créances sur les agents non bancaires en moyens de paiement
immédiatement utilisables pour effectuer des règlements.
Toutefois, le système bancaire ne peut créer de la monnaie que
s'il est assuré de pouvoir se procurer la monnaie Banque Centrale pour
faire face aux retraits en billets : il s'agit de la base monétaire de
la création. La monnaie ainsi créée est un multiple de la
réserve initiale R0 selon la relation suivante :
1
? M = où
1 R mesure le multiplica teur de crédit
0
r r
SAMBA MAMADOU O. (1998), à travers le
cadre théorique du "Modèle Intégré de Projection
Macro-Econométrique et de Simulation pour les Etats membres de l'UEMOA",
présente les mécanismes de transmission de la politique
monétaire dans les économies de l'UEMOA, notamment la relation
crédits à l'économie - prix. Le
modèle qui repose sur deux secteurs et deux biens, stipule que le
système bancaire influence l'activité économique à
la fois par le biais des crédits à l'économie et à
travers l'impact de la politique monétaire sur les prix.
Selon, HOUNSA (2003), la fonction de
crédits à l'économie résulte d'une analyse du
comportement des banques, basée sur l'approche de gestion de
portefeuille. L'auteur indique par ailleurs que le niveau des crédits
à l'économie est insuffisant pour financer l'économie
béninoise.
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