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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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9. Conceptions contemporaines

Depuis, des études réalisées par les cliniciens ont approfondi de plus en plus le concept du traumatisme psychique. Pour certains comme Briole et Lebigot19(*), inspirés par la théorie de J. Lacan, le traumatisme est perçu comme une conséquence de l'expérience de confrontation avec le réel de la mort (mort physique de l'autre, ou menace de mort physique ou psychique pour nous-même), sans possibilité d'y attribuer une signification. D'après ces auteurs20(*), des situations diverses peuvent déclencher un traumatisme mais le plus traumatogène est la menace de mort. Le sujet s'est vu mort, ou, autrement dit, il s'est détaché de lui et a vu sa propre personne entrain de mourir.

« Le choc est d'autant plus violent que l'appareil psychique ne dispose dans son système signifiant d'aucun élément préparé à travestir la mort réelle ; car si chacun dispose de significations se référant au cadavre et aux rituels de deuil, à partir de son expérience et de sa culture, il ne dispose d'aucun élément se référant à l'expérience réelle de la mort. Dans notre conscience, nous n'avons jamais été mort et nous ne disposons d'aucun témoignage de quelqu'un qui l'ait été et qui en soit revenu. Nous n'avons pas de " représentation mentale " de la mort, pour la bonne raison que nous n'en avons jamais eu de " présentation " préalable » 21(*).

Quant à la mort psychique, Jacques Roisin22(*) nous dit qu'il faut la distinguer de la mort physique. C'est lorsqu'on a été détruit psychiquement. Par exemple, le viol est toujours vécu comme une mort mais c'est une mort psychique. La femme n'a pas cru qu'elle serait tuée physiquement. Ces femmes disent qu'elles sont mortes en tant que femmes. Donc, c'est quelque chose de vital psychiquement pour elle qui a été démoli.

Pour d'autres auteurs, quand il s'agit de traumatismes engendrés par la violence extrême, intentionnelle, organisée, sa notion devient plus complexe car « c'est ce qui fonde l'humanité même du sujet qui est touché : les liens sont rompus, la Loi attaquée, l'ordre symbolique bouleversé, les tabous fondamentaux brisés ». La révélation de la nature possiblement monstrueuse de tout être humain - et de soi - en surgit. Ce type de situation affecte non seulement les individus, mais aussi la famille, le groupe qui se trouvent désorganisés, privés parfois de leur capacité à se protéger les uns les autres »23(*)

10. La répétition dans le traumatisme et ses corollaires

« La mort, croisée du regard, se répète indéfiniment,

en boucle dans son imaginaire... »24(*)

(Lassagne, 2000)

Au cours de nos différentes lectures, nous avons remarqué que la mémoire d'un sujet traumatisé est altérée. Des auteurs parlent des hypermnésies et d'amnésies. Ces troubles mnésiques, surtout quand il s'agit des hypermnésies, entravent la vie du sujet traumatisé et sont des conséquences directes de l'événement vécu. Nous allons essayer d'expliquer la perception de certains auteurs à ce propos.

A. L'hypermnésie et l'amnésie dans le traumatisme

Dans la question du traumatisme Houballah distingue le traumatisme amnésique et le traumatisme hypermnésique. L'auteur reste fidèle à la conception de Freud concernant les traumatismes de l'enfance. La névrose traumatique amnésique survient dans la première ou deuxième partie de l'enfance tandis que la névrose traumatique hypermnèsique est production des agents extérieurs c'est-à-dire peut survenir après un accident, guerre, etc.

Si le sujet, victime du traumatisme « devient amnésique, cela signifie qu'après-coup s'est produit un refoulement, et le symptôme ici présent ne fait que témoigner d'un retour du refoulé. Si, en revanche, le facteur traumatogène demeure présent dans le conscient, ne cessant de se répéter au point d'entraver l'activité du sujet, on parle alors d'hypermnésie, car celui-ci n'arrive pas à l'oublier »25(*).

Pour l'auteur la stratégie à adopter face à ces deux types de « névrose » sera tout à fait différente : pour la première le travail consiste à lever l'amnésie, à restituer la scène traumatique oubliée et pour la névrose traumatique hypermnésique consiste à faire oublier l'événement. Après le traumatisme sa caractéristique en est la fixation de la mémoire soit sur l'événement proprement dit, soit sur un élément précis. La victime ne cesse de ruminer, de se remémorer. C'est dans ce deuxième volet que se comptent les traumatisés de guerre.

* 19 Crocq, L. Dépassement et assomption du trauma. www.enm.justice.fr/centre_de_ressources/ dossiers_reflexions/oeuvre_justice2/3_depassement_trauma.htm

* 20 Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob. Page 197.

* 21 C. Crocq, L. Dépassement et assomption du trauma. www.enm.justice.fr/centre_de_ressources/ dossiers_reflexions/oeuvre_justice2/3_depassement_trauma.htm

* 22 Roisin, J. (2003). De la survivance à la vie : clinique et théorie psychanalytique du traumatisme. Thèse de doctorat non éditée, Université Catholique de Louvain.

* 23 Le Journal International De Victimologie. Traumas psychiques chez les demandeurs d'asile en France. www.jidv.com/BAUBET,T-JIDV2004_%202(2).htm

* 24 De Clercq, M. & Lebigot, F. (2001). Les traumatismes psychiques. Paris : Masson

* 25 Houbballah, A. (1998). Destin du traumatisme. Paris : Hachette Littératures. Page 75.

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