Le pardon et la justice post conflits en Afrique. Etude comparative des dynamiques des acteurs et des institutions du dedans et du dehors (Afrique du Sud, Rwanda)( Télécharger le fichier original )par Alain-Roger Edou Mvelle Université de Yaoundé 2 - DEA 2008 |
La justiceLa justice désigne ce qui est juste. Rendre la justice consiste essentiellement à dire ce qui est juste dans l'espèce concrète soumise au tribunal19(*). Pour l'économiste et internationaliste Mokhtar Lakehal, la justice renvoie au respect des règles écrites ou coutumières, qui reconnaissent les intérêts légitimes et les droits d'un individu, d'un groupe, ou de tout un peuple20(*). Elle est aussi « l'idéal de responsabilité et d'équité en ce qui concerne la protection et la revendication des droits et la prévention et la punition des violations... C'est un concept enraciné dans toutes les cultures et les traditions nationales... »21(*). La justice sera perçue, ici, comme la sanction d'une violation d'une part et comme l'une des conditions de la sociabilité post conflit d'autre part. Cette affirmation de Jean Paul II semble corroborer cette vision : « Il n' y a pas de paix sans justice. Il n'y a pas de justice sans pardon. »22(*). Manifestement, pardon et justice font sens dans les sociétés ayant connu un conflit. Le conflitCe terme traduit une situation d'opposition, sous des formes très diverses, des individus ou des groupes dont les intérêts sont divergents23(*). Pour Mokhtar Lakehal, le conflit est un désaccord verbal, le déclenchement d'une guerre meurtrière. Il est le fait des Hommes. Cette définition, bien qu'édifiante, introduit néanmoins un flou. L'assimilation par l'auteur du concept de conflit à celui de « guerre meurtrière » est particulièrement osée. En effet, loin d'être une guerre, le conflit s'en distingue par l'intensité de la violence plus marquée dans le cas de cette dernière. Les sociétés civilisées ont des moyens de le prévenir. Mais il est inévitable par la nature de ces sociétés. Il a plusieurs formes : conflit à somme négative (la fin n'emporte aucun gain net aux deux protagonistes mais au contraire des pertes), conflit à somme nulle (ni gain ni perte), conflit à somme positive (gain des deux parties)24(*). L'auteur a le mérite de nous indiquer que le conflit est une coproduction humaine et sociale. Celui-ci peut éventuellement faire l'objet d'anticipation et possède des rationalités liées aux rapports de force entre ses acteurs. Selon le Philosophe, économiste et historien italien Pietro Verri, le conflit rend compte des affrontements qui peuvent se produire entre deux ou plusieurs Etats, entre un Etat et un acteur non étatique, entre un Etat et une faction dissidente, entre deux ethnies diverses à l'intérieur d'une entité étatique25(*). Le but ici est d'insister sur la typologie des conflits. Dans cette étude, nous aurons à faire avec deux conflits politiques à relents ethnico racial. Qu'en est-il du concept institution ? * 19 Raymond Guillien et Jean Vincent (dir), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 2003, p.344. * 20 Mokhtar Lakehal, Dictionnaire de science politique, 2e ed, Paris, l'Harmattan, 2005, p.232. * 21 Rapport du Secrétaire Général de l'ONU, sur le rétablissement de l'état de droit et l'administration de la justice pendant la période de transition dans les sociétés en proie à un conflit ou sortant d'un conflit, S/2004/616, paragraphe7. * 22 Paroles prononcées en 2002, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la paix. * 23Gilles Ferréol, Philippe Cauche, Jean-Marie Dupez, Nicole Gadrey, Michel Simon, Dictionnaire de Sociologie, Paris, Armand Colin, 1991, p. 32. * 24 Op. cit ; pp. 92-93. * 25Pietro Verri, Dictionnaire du droit international des conflits armés, CICR, Génève, 1988, p. 36-37. |
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