6.1.3. Effets
biocénotiques
De façon générale la lutte chimique
(herbicides, pesticides divers) a pour résultat d'appauvrir les
biocénoses, c'est à dire de réduire la biodiversité
des écosystèmes dans lesquels on la pratique.
6.1.3.1. Disparition ou diminution
d'espèces servant de nourriture
Les herbicides font disparaître avec les plantes
adventices, l'entomofaune qui en dépend et qui peut servir de nourriture
aux oiseaux insectivores.
Il y a aussi disparition de la couverture
végétale qui sert de refuge pour certains oiseaux et
mammifères pendant la mauvaise saison.
Dans l'Etat de Montana, le carbaryl utilisé contre les
criquets avait réduit le peuplement avien à 17% de sa
densité primitive.
6.1.3.2. Disparition d'espèces
concurrentes
Les herbicides en éliminant, par exemple, les
dicotylédones d'une région provoquent la pullulation de diverses
graminées. En Angleterre, sous l'action des herbicides certaines
espèces plus sensibles telle que Dactylis glomerata ont
été remplacées directement par d'autres graminées
comme Fertuca sp., Poa sp.
6.1.3.2. Disparition de prédateurs ou
d'ennemis naturels
Les insecticides ont des effets particulièrement graves
sur les prédateurs et les parasites des insectes. Lorsque le ravageur
est détruit, même à 90%, pendant que le prédateur ou
l'endoparasite du ravageur a été éliminé du milieu,
les populations de ce ravageur se reconstituent très rapidement.
Il est difficile de contrôler un ravageur à
l'absence ses ennemis naturels. Dans d'autres cas, l'application des
insecticides favorise la prolifération de ravageurs secondaires, moins
sensibles que l'espèce-cible mais aussi moins nombreux qu'elle au
départ.
6.1.3.3. Impact de l'emploi des pesticides sur
d'autres éléments de la biocoenose
Lors de l'utilisation des pesticides, d'autres
éléments de la biocénose subissent des intoxications
parfois mortelles directement ou indirectement.
Les abeilles sauvages sont particulièrement
touchées. Il s'ensuit alors une réduction de la production du
miel et la pollinisation des plantes. Au Brésil il existe
déjà une souche d'abeilles sauvages résistantes au D.D.T.
et dont le miel contient des concentrations élevées de ce
produit.
L'intoxication des abeilles, agents pollinisateurs, a des
conséquences non négligeables dans la reproduction
végétale.
Les oiseaux et surtout les rapaces sont touchés par la
consommation des proies intoxiquées (empoisonnement secondaire). Un
autre problème posé par les pesticides est l'apparition de
résistance. Selon l'O.M.S., la résistance aux insecticides
apparaît lorsqu'une population d'insectes développe la
faculté de survivre à une dose de toxique qui était
à l'origine létale pour la plupart des individus.
Supposons que les larves d'une espèce,
particulièrement d'insectes tel que le moustique anophèle,
vecteur du paludisme, sont traitées à grande échelle au
D.D.T, la probabilité est grande qu'il se trouve quelques larves qui
acquièrent dans leurs gènes l'information nécessaire
à la dégradation du D.D.T. dans l'organisme. Elles
échappent ainsi à l'action mortelle de ce produit.
En se reproduisant, les larves survivantes diffusent
l'information et forment par reproduction rapide des populations
d'anophèles résistantes au D.D.T. en quelques années.
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