AVANT PROPOS
Les élèves ingénieurs des techniques
agricoles de l'Institut National Polytechnique Félix Houphouët
Boigny de Yamoussoukro sont appelés à avoir une maitrise parfaite
des techniques agricoles. C'est dans ce cadre que nous avons effectué le
stage 2A, 2ème stage au cours de la 1ère
année dans le but de prendre connaissance des techniques de mise en
place et d'entretien des productions végétales et/ou
animales : cas du cacao. Ce stage s'est déroulé du
1er au 31 Août à l'ANADER dans le département
de Bouaflé.
Ce stage nous a permis d'avoir une connaissance pratique de la
mise en place et de l'entretien d'une plantation de cacao.
INTRODUCTION
L'agriculture demeure le socle de l'économie Ivoirienne et
sa principale source de croissance grâce à l'exportation des
produits comme le cacao pour lequel le pays est le premier producteur depuis
1977. Conscient de ce fait, des perspectives aussitôt seront mises sur
pied pour une bonne exploitation et gestion de ces ressources. C'est alors que
verront le jour de nombreuses structures spécialisées telles que
l'ANADER pour la formation et l'encadrement des acteurs agricoles.
C'est pour
cette raison que nous, élèves Ingénieurs des Techniques
Agricoles de l'Institut National Polytechnique Félix Houphouët
Boigny de Yamoussoukro, futures acteurs du monde agronomique, avons
effectué un stage intitulé <<Mise en place et entretien des
productions végétales et/ou animales: cas du cacao >> du
1er au 31 Août 2008 dans la zone ANADER du département
de Bouaflé.
Dans la réalisation de ce présent rapport, il
sera pour nous question de présenter d'abord la structure d'accueil
et la zone de stage, ensuite de l'exploitation des différentes
étapes pour la mise en place et l'entretien de la culture du cacao et
enfin nous apporterons notre contribution personnelle par des critiques et
suggestions.
METHODOLOGIE
La réalisation de ce travail n'a été
possible que par la mise en place d'une méthodologie
appropriée.
Nous avons réalisé un travail préalable
de recherche à la bibliothèque de l'ESA concernant la monographie
de la région et la connaissance de la culture du cacao puisque nous
connaissions déjà le thème de notre stage.
Nous avons également recueilli auprès de
l'ANADER de Bouaflé et à la sous - préfecture des
données.
La plus grande partie du travail a consisté à
approcher le plus de paysans en vue de rendre plus crédible les
données reçues.
LOCALISATION ET MONOGRAPHIE
I.LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE ET PRESENTATION DE LA
STRUCTURE D'ACCUEIL
1.1 Localisation de la zone
d'étude
Le département de Bouaflé est situé au
centre Ouest de la Cote d'Ivoire dans la région de la Marahoué
dont il est le chef lieu. Il comprend deux sous préfectures, celle de
Bouaflé (2885 Km2) et celle de Bonon (1128 Km2).
La ville de Bouaflé se situe à 60 Km de Yamoussoukro, la capitale
politique et à 320 Km d'Abidjan, la capitale économique.
IL est limité:
- A l'Est par le département de Yamoussoukro
- A l'Ouest par le département de Daloa
- Au Nord par le département de Zuénoula
- Au Sud par le département de Sinfra
Notre étude s'est déroulée principalement
dans les villages de Djahakro (43 Km de Bouaflé), N'Douffoukankro (25 km
de Bouaflé), Guézanoufla (18 km de Bouaflé), Yoho (21 km
de Bouaflé).
1.2 Présentation de la structure
d'accueil : L'ANADER
1.2.1Historique
L'ANADER (Agence Nationale d'Appui au
développement Rural) a été créée en 1993
à la suite de la dissolution de trois établissements publics
nationaux qui sont :
- La CIDV : Compagnie Ivoirienne
pour le développement des vivriers. Cette structure avait pour
activité le développement des cultures vivrières.
- La SODEPRA :
Société pour le développement de la production Animale.
Elle avait pour activité le développement de divers types
d'élevages pour réduire le déficit de la Côte
d'Ivoire en protéines animales.
-La SATMACI :
Société d'Assistance Technique pour la Modernisation de
l'Agriculture en Côte d'Ivoire dont l'activité était
basée sur la culture du café et du cacao.
L'ANADER a repris les activités de ces trois
sociétés. Le capital de l'ANADER s'élève à
500.000.000 F CFA et se repartit de la manière suivante : 35%
à l'Etat et 65% aux privés. Elle est placée sous la
tutelle administrative et technique du Ministère de l'Agriculture et du
ministère de la production animale et des ressources halieutiques.
L'ANADER a son siège social situé à Abidjan au Boulevard
de la paix près de la CARENA.
1.2.2 Mission
La mission de l'ANADER consiste à l'amélioration
des conditions de vie du monde rural par la professionnalisation des
exploitants et de leur organisation en concevant et en mettant en oeuvre des
outils et programmes appropriés par des agents partageant les
mêmes valeurs( compétences, disponibilité et engagement)
pour assurer un développement durable et maitrisé.
1.2.3 Organisation spatiale de la zone ANADER
Bouaflé
La zone ANADER Bouaflé couvre deux sous
préfectures : celle de Bouaflé et celle de Bonon. Elle
compte cent villages repartis en vingt pays ruraux dont quatre dans la sous
préfecture de Bonon et seize dans la sous préfecture de
Bouaflé.
1.2.4 Organisation administrative et technique
La zone est dirigée par un (01) chef de zone (CZ) qui
coordonne les activités techniques et administratives. Il est
assisté au plan administratif par :
- un (01) assistant administratif et comptable (AAC) qui
s'occupe de la gestion du personnel, du matériel et de la
comptabilité.
- Une (01) secrétaire.
Et au plan technique par :
- un (01) technicien spécialisé en cultures
pérennes(TSCP), un (01) technicien spécialisé en cultures
annuelles(TSCA), un (01)technicien spécialisé en
élevage(TSE) et deux (02)techniciens spécialisés en
organisation professionnelles agricoles.
- deux (02) observateurs SARS
- un (01) enquêteur
- des animateurs de développement rural (ADR)
basés chacun dans un pays rural.
II. MONOGRAPHIE DE LA ZONE D'ETUDE
2.1 Milieu naturel
2.1.1 Climat
La région subit l'influence du climat tropical du type
baouléen caractérisé par quatre saisons dont deux saisons
pluvieuses et deux saisons sèches reparties comme suit :
- Une grande saison sèche de Novembre à Mars
- Une grande saison de pluies d'Avril à Juin
- Une petite saison sèche de juillet à
Août
- Une petite saison de pluies de Septembre à Octobre
2.1.2 Pluviométrie
L'évolution de la pluviométrie moyenne (1300mm)
annuelle reflète le changement climatique qui s'opère depuis
plusieurs années en Afrique de l'Ouest. Ces perturbations climatiques
provoquent le décalage des différentes saisons et par
conséquent modifient le calendrier cultural à cause de la
variation de la durée et de l'intensité de la
précipitation.
Le tableau ci-dessous présente les
données pluviométriques du département de Bouaflé
où s'est déroulé le stage.
Tableau 1 : pluviométrie moyenne
annuelle du département de Bouaflé de 2000 à 2005.
Années
|
Précipitations moyennes (mm)
|
2005
|
1001
|
2004
|
1478
|
2003
|
1154
|
2002
|
1133,5
|
2001
|
948
|
2000
|
1041
|
Source: ANADER Bouaflé
2.1.3 Vegetation
La végétation est celle du secteur mésophile
du domaine guinéen, là où s'établit le contact
entre la forêt dense humide à Celtis spp et Triclochiton
scleroxylon (samba) qui est considérée comme le type
fondamental de la forêt semi décidue. On y rencontre une
mosaïque de forêts et de savane, caractéristique du V
baoulé.
Du fait des actions
anthropiques, la structure originelle de la végétation a
été fortement dégradée laissant ainsi place
à de grandes étendues de jachères et de plantations de
cultures pérennes. Cependant quelques reliques existent et créent
un micro climat régional. La végétation du parc national
de la marahoué est de plus en plus agressée par les paysans du
fait du manque de forêt pour les cultures.
Photo 1 :
Végétation
2.1.4 Relief
Le relief de la région de Bouaflé est
constitué de plateaux, de plaines et est très peu
accidenté avec une altitude moyenne de 250 mètres. Cependant on y
trouve quelques élévations dont le Mont Lotanzia (652 m) de la
chaine Baoulé qui s'étend à l'Est de Bouaflé.
2.1.5 Sol
La région fait partie du secteur mésophile
caractérisée par deux ensembles géomorphologiques :
Les roches métamorphiques schisteuses et les roches basiques du complexe
volcano sédimentaire responsables des massifs des collines du centre et
les roches granitiques. Les sols issus de l'altération de ces roches
sont pour la plus part ferralitiques, moyennement déssaturés
à dominance argilo-sableux. Ils se caractérisent par un horizon
humifère peu épais mais riche en matières organiques,
faiblement acide et bien structurées. Ces sols offrent une bonne
aptitude agricole et se prêtent bien à la cacao culture.
2.1.6 Hydrographie
Le réseau hydrographique est dense. La région
est traversée par le fleuve Bandama. Ce fleuve possède de
nombreux affluents qui tarissent en saison sèche.
Photo
2 : Fleuve Marahoué
2.1.7 Température et hygrométrie
La température moyenne annuelle est de 26°C. Le
tableau renfermant les données allant de 1996 à 2004 nous permet
de mettre en évidence les mois les plus chauds au cours de
l'année. Les températures sont élevées, les
amplitudes diurnes sont donc relativement faibles. Le tableau montre que les
valeurs les plus élevées sont 27,8° et 24,4°C. Ce qui
correspond respectivement à la période de Février à
Mars et de juillet à décembre. Quant à l'humidité
relative, elle avoisine en moyenne 75%.
Tableau 2 : Température moyenne
mensuelle de 1996 à 2004
Mois
|
Température (°C)
|
Janvier
|
24,97
|
Février
|
27,3
|
Mars
|
27,81
|
Avril
|
27,2
|
Mai
|
26,56
|
Juin
|
25,43
|
Juillet
|
24,57
|
Août
|
24,6
|
Septembre
|
24,99
|
Octobre
|
25,26
|
Novembre
|
25,2
|
Décembre
|
24,43
|
Source: ANAM
Figure 1: Histogramme de la
température moyenne mensuelle de 1996 à 2004
2.1.8 La faune
La faune de notre localité est composée de
certains animaux tels que :
- Les insectes : criquets, mouches, Fourmis, abeilles,
termites, moustiques et les insectes nuisibles pour les cultures (Earias
beplaga, Selenothrips robucintus, Empoasca sp.) qui constituent une
véritable menace pour les cultures telles que le cacao.
- Les reptiles : serpents, lézards, et bien
d'autres.
- Les rongeurs : rats, écureuils etc.
- Les oiseaux : calao joues brunes (Bycanistes
cylindricus), la pintade à poitrine blanche (agelaste
meleagrides) qui menacent souvent les cultures annuelles comme le riz et
le mais. On observe aussi des rapaces tels que l'aigle martiale (Polemaetus
bellicocus) et l'aigle couronné (Stephanoaetus coronatus).
Quant aux mammifères, nous rencontrons des antilopes, des buffles
(Syncerus coffer), le bubale, le guid harnaché (Tragelaphus
scriptus scriptus), le babouin. Cette diversité d'animaux
s'explique par la présence d'un biotope diversifié et le
voisinage du parc national de la marahoué.
Aujourd'hui, compte tenu de la très forte pression
démographique qui occasionne le défrichement abusif, le
braconnage, la population d'animaux sauvages est menacée
d'extinction.
2.2 Milieu humain
2.2.1 Population et peuplement
Les peuples autochtones de Bouaflé sont composés
de Gouro, de Baoulé (Ayaou), de Yaouré et des peuples
Burkinabé. L'ethnie autochtone dominante est le Gouro. Les peuples
allochtones sont constitués de Baoulé, de Sénoufo et de
Malinké. Les peuples allogènes sont généralement
constitués de Mauritaniens qui s'adonnent aux petits commerces
(boutiques), de Burkinabés qui sont fortement impliqués dans la
culture du cacao, de Nigérians, de Nigériens et de
Guinéens.
2.2.2 Régime foncier
Chez les Gouro, la terre n'appartient pas à un individu
mais à un groupe dont le chef de terre n'est qu'un mandataire. La
tradition du droit d'usage et de propriété est sans
ambiguïté. Tout individu ayant obtenu autorisation de mettre en
valeur un terrain n'a qu'un droit d'usage de la terre qui retourne au domaine
collectif du lignage donateur. La terre est un bien commun inaliénable
qui se transmet de génération en génération.
Cependant, la terre peut être cédée aux
étrangers de façon provisoire moyennant quelques bouteilles de
boisson et une vente foncière par des actes sous seing privé.
2.2.3 Religions et interdits
Les religions pratiquées en majorité sont le
christianisme, l'islam. Malgré la présence de ces religions
l'animisme reste fortement encré dans les traditions. Il existe chez les
Gouro des jours où il est interdit de se rendre au champ : ce sont
le Mercredi et le vendredi.
2.2.4 Coopératives
Le département de Bouaflé regroupe une
cinquantaine de coopératives. Cependant, très peu fonctionnent
correctement. Ces coopératives jouent un rôle très
important dans la production et la commercialisation du cacao, du coton, du
café et d'autres cultures.
2.2.5 Système de production
Les paysans de la région de Bouaflé peuvent
être considérés comme des agro-éleveurs. Leur
système de production est du type agro-pastoral où l'agriculture
et l'élevage cohabitent de façon complémentaire par la
force de traction et la fumure organique qu'elle fournit. Les cultures du coton
et du maïs sont pratiquées fortement par les paysans. Le bananier
est cultivé en association avec le cacaoyer pour servir d'ombrage pour
le jeune cacaoyer. Ils sont supprimés lorsque l'auto ombrage se met en
place.
2.3 Productions
végétales
2.3.1 Cultures vivrières
Les cultures vivrières pratiquées par les
paysans sont surtout le riz pluvial, le maïs, l'arachide, l'igname, la
patate et le taro. Ces cultures sont surtout pratiquées en
association.
2.3.2 Cultures maraichères
On rencontre des cultures comme le chou, la salade, la tomate,
l'oignon vert, la carotte qui sont pratiquées le plus souvent par les
femmes. Cependant, on rencontre quelques hommes dans ce domaine.
2.3.3 Cultures d'exportation
Les cultures d'exportation sont représentées en
majorité par le café, le coton et le cacao.
L'hévéa et le palmier à huile sont des cultures
très peu développées.
2.4 Production animale
Les élevages pratiqués concernent les bovins,
les porcins, les volailles, l'achatiniculture, l'apiculture. Ces
élevages sont pratiqués pour certains de façon
traditionnelle et pour d'autres selon le type moderne.
MISE EN PLACE ET ENTRETIEN D'UNE PLANTATION DE
CACAO
I.ETUDE TECHNIQUE DU CACAOYER
1.1 Systématique du cacaoyer
Le cacaoyer appartient à la famille des
sterculiacées, au genre Theobroma et à
l'espèce cacao.
1.2 Botanique du cacaoyer
Le cacaoyer est un arbre de petite taille de 5 à 7m de
hauteur et parfois plus. Sa taille dépend de l'environnement. On
distingue un système radiculaire et un système
aérien :
- Le système radiculaire est essentiellement
constitué d'un pivot principal de 0,8 à 2m de long servant
à la fixation de l'arbre et des racines latérales qui prennent
naissance à la base du pivot.
- Le système aérien se constitue de branches, de
feuilles et du tronc.
1.2.2 La racine
Après la germination de la graine, la racine prend la
forme d'un pivot, qui donne naissance à des racines latérales.
Celles-ci ne prennent de développement important que dans la partie
supérieure. Les racines latérales sont abondantes chez le jeune
cacaoyer et se repartissent tous dans la couche superficielle du sol.
1.2.3 Le tronc
La croissance en hauteur de la tige n'est pas continue. Vers
l'âge de 18 mois, elle est interrompue. L'extrémité de la
tige présente l'aspect caractéristique d'un massif de 5 bourgeons
axillaires disposés en verticille et dont le développement donne
naissance à cinq branches plagiotropes formant la couronne. Le bourgeon
terminal disparait à ce stade, mais il arrive fréquemment qu'un
bourgeon axillaire en dessous des branches de la couronne se développe
et donne une deuxième couronne. Quatre étapes peuvent ainsi se
superposer à la tige initiale, mais seule la couronne supérieure
reste en place et les autres disparaissent. La croissance des branches est
indéfinie mais discontinue : Elle se fait par poussées
foliaires successives séparées par des périodes de repos
pendant lesquelles les bourgeons terminaux reprennent leur dormance.
1.2.4 La feuille
Les feuilles sont entières. Leur vie est égale
à 1 an. Sur un axe orthotrope, la phyllotaxie est de 3/8 et sur un axe
plagiotrope, elle est de 1/2.
1.2.5 La floraison
Le cacaoyer peut fleurir toute l'année. Les fleurs
apparaissent sur le bois âgé, en inflorescence. Les zones
où apparaissent chaque année les inflorescences forment de petits
massifs renflés que l'on appelle coussinets floraux. Un coussinet peut
porter de très nombreuses fleurs en même temps.
1.2.6 La fructification
Le cacaoyer produit annuellement plusieurs millions de fleurs
alors que quelques dizaines de fruits sont formés. Les fleurs non
fécondées soit par défaut de pollinisation soit par suite
d'incompatibilité avec le pollen reçu, flétrissent et
tombent. Le fruit est une baie appelée<< cabosse>>. Le jeune
fruit, lui est appelé<< chérelle>>. De nombreuses
chérelles n'arrivent pas à maturité et se
dessèchent. Il s'agit d'un phénomène normal connu sous le
nom de<<wilt>>.
1.2.7 La graine
Elle n'a pas d'albumen et la forme d'une fève est de 2
à3cm de long, recouverte d'une pulpe mucilagineuse blanche de saveur
sucrée et acidulée. Sous cette pulpe, se trouve la coque de la
graine. Cette graine est très riche en matière grasse (50%
à 55% de beurre de cacao). La graine est prête à germer
dès que le fruit est mûr (et même un peu avant). Elle perd
son pouvoir germinatif dès qu'elle est extraite de la cabosse. La
viabilité de ses graines est principalement affectée par la
température et l'humidité qui doit être de 100%.
Figure 2: Schéma du
cacaoyer
1.3 Ecologie du cacaoyer
1.3.1 Le sol
Le cacaoyer demande un sol à bon drainage interne,
c'est-à-dire une couleur homogène des couches avec une profondeur
utile égale à 1,2m, un taux d'éléments
grossiers inférieurs à 50%, frais dans son sous-sol et riche en
matière nutritive. Il préfère les sols argilo sableux (10%
à 40%) ou sablo-argileux avec une faible pente (<5%). Le sol doit
avoir une bonne porosité et une faible résistance à la
pénétration des racines. Les terres trop humides ne conviennent
pas. Le PH favorable se situe autour de 6.
1.3.2 La température
La température favorable au cacaoyer tourne autour de
25°C. Elle n'est donc pas un facteur limitant en Côte d'ivoire.
1.3.3 La pluviométrie
La pluviométrie moyenne nécessaire au bon
développement du cacaoyer est de 1300 mm de pluie au moins. Cela
constitue un facteur limitant dans certaines régions à savoir le
Centre et le Nord.
1.3.4 L'ombrage
Pendant les premiers stades de son développement, le
cacaoyer a besoin pour une croissance optimale d'un ombrage relativement dense
laissant que 25% à 50% de la lumière totale. Il est réduit
pour laisser passer 70% de la lumière ou supprimer lorsque
l'auto-ombrage intervient.
II. MISE EN PLACE D'UNE PLANTATION DE CACAO
2.1 La pépinière
Pour la mise en place d'une plantation de cacao, la
pépinière est nécessaire car c'est une des conditions
à la réussite de la plantation. La pépinière permet
d'éviter la forte mortalité issue des semis directs au champ.
Cette mortalité est souvent due aux mauvais temps et aux attaques des
rongeurs.
Photo 3 :
Pépinière
2.1.1 Le Choix de l'emplacement de la
pépinière
La pépinière est mise en place 6 à 8 mois
avant la plantation. Elle se situe le plus souvent à proximité
d'un point d'eau pour faciliter les arrosages. Elle peut être près
de la future plantation, du campement, du village ou à proximité
d'une terre humifère. L'essentiel est que la pépinière se
situe près d'un point d'eau. Nous avons rencontré souvent des
pépinières qui étaient complètement situées
dans des bas-fonds ; ce qui n'est pas conseillé.
2.1.2 La Confection de l'ombrière et
classement des sachets
L'ombrière est réalisée avec du bois, des
feuilles de palmes et du bambou. La hauteur est d'environ 1,5m au dessus du
sol. Les paysans ne tiennent pas trop compte des allées entre les
planches. Les sachets sont remplis avec de la bonne terre humifère
qu'ils récoltent en forêt.
2.1.3 Le semis
Le matériel végétal provient des
anciennes plantations. Les paysans eux-mêmes font la sélection des
cabosses qu'ils estiment saines. Les fèves sont semées dans les
sachets dans les deux jours qui suivent la récolte car la graine perd
son pouvoir germinatif lorsqu'elle reste longtemps hors de la cabosse. Les
graines sont semées en mettant le gros bout en bas, en cas de
doute, à plat pour que le pivot soit bien droit. Les graines
séjournent 6 à 8 mois en pépinière.
2.1.4 L'entretien de la
pépinière
La pépinière est arrosée tous les jours
pendant les 15 premiers jours qui suivent le semis, puis tous les 2 jours. La
quantité d'eau à apporter n'est pas trop respectée par les
paysans. Le dosage n'est que approximatif. La pépinière est
souvent sarclée pour éliminer les mauvaises herbes qui
constituent le réservoir de plusieurs insectes nuisibles et
éviter la concurrence hydrique et nutritionnelle.
2.2 La plantation
2.2.1 Le choix du terrain
Avant d'entreprendre tout défrichement, le paysan
s'assure que le sol convient à la culture du cacaoyer. Le choix du
terrain est fait de manière empirique. Les paysans apprécient la
fertilité du sol par certains signes comme la couleur du sol (rouge), la
présence d'éléments grossiers, la présence de
grands arbres qui témoignent de la profondeur du sol. Ils font le choix
du terrain sans une véritable étude scientifique mais se basent
sur leurs expériences antérieures. Compte tenu du manque de
forêt qui se fait de plus en plus sentir, les paysans font la culture du
cacao en association avec l'igname pour faciliter les entretiens. Le nettoyage
du champ d'igname permet en même temps de nettoyer le champ de cacao. Les
paysans transforment souvent des champs de café en champs de cacao. Ce
qui réduit considérablement les efforts de
défrichement.
2.2.2 Le défrichement
Le défrichement prend assez de temps et
nécessite beaucoup de moyens financiers surtout lorsqu'il s'agit d'une
forêt. Le paysan, aidé par sa famille et ses proches emploie aussi
des manoeuvres pour l'aider. Il procède d'abord à l'abattage du
sous bois puis à l'élimination des gros arbres. L'andainage et le
brulis interviennent par la suite.
Le défrichement se fait manuellement à l'aide de
machettes pour les petits arbres et avec des tronçonneuses pour les gros
arbres. Il arrive souvent qu'ils utilisent le feu pour tuer les gros arbres. Le
défrichement mécanisé n'est pas utilisé, même
pour les paysans qui ont de grandes plantations car en cacao culture, la
plantation se met en place progressivement et cela peu prendre plusieurs
années.
2.2.3 Le piquetage
C'est une opération qui est négligée par
la plus part des paysans. La densité et l'espacement entre les plants
sont réalisés au hasard. Les dimensions du piquetage sont de 3m X
2,5m pour la minorité de paysans qui accordent encore une importance
à cette opération.
2.2.4 La mise en place des plants
La trouaison qui devrait se faire normalement 1mois avant le
planting est une opération à laquelle les paysans n'attachent
aucune importance.
Les paysans creusent un trou d'une profondeur d'environ la
longueur de l'avant bras et les plants sont mis en terre le même jour. Le
planting se fait pendant les pluies tôt le matin (6h-10 h) en
évitant les heures chaudes (13h-16h) de la journée. Les jeunes
cacaoyers sont plantés avec beaucoup de précautions pour
éviter leur destruction et leur permettre de survivre dans leur nouvel
environnement. Les paysans veillent à ce que le collet du plant reste au
niveau du sol, la terre est ramenée autour en motte en tassant avec les
mains ou les pieds au fur et à mesure du rebouchage et en tournant
autour du plant. On évite de laisser une cuvette au pied du cacaoyer
pour empêcher la stagnation des eaux de pluies pouvant engendrer les
pourritures au niveau du collet. Cependant nous avons rencontré certains
paysans qui laissaient des cuvettes pour favoriser la rétention des eaux
de pluie. Ces paysans font cette pratique qu'ils disent avoir
hérité de leurs parents tout en ignorant les dangers auxquels ils
s'exposent.
2.2.5 La fertilisation
La fertilisation est une opération qui n'est vraiment
pas nécessaire en cacao culture car l'arbre se nourrit essentiellement
de la décomposition de ses propres feuilles. Dans la région, les
paysans ne trouvent pas nécessaire de faire un apport d'engrais
puisqu'ils ont des sols riches et propices à la culture du cacaoyer.
2.3 Les cultures associées
Ces cultures sont mises en place dans les interlignes soit 1
an avant, soit à la même année pour les bananiers et 2
à 3 ans avant pour les légumineuses à croissance rapide
(Glyricidia sepium, Albizza sp.). Ces cultures apportent souvent leur
ombrage aux jeunes cacaoyers et captent aussi l'azote atmosphérique pour
enrichir le sol.
III ENTRETIEN
Les entretiens regroupent toutes les opérations qui
consistent à préserver la santé de la plante et à
lui permettre un bon développement.
3.1 La lutte contre les adventices et le
désherbage
Le désherbage est une opération qui consiste
à maintenir en état de propreté le sol de la
cacaoyère pendant toute l'année. Le problème des
adventices ne se pose que pendant les 3 premières années.
Après la fermeture du couvert, la lumière qui parvient au sol est
insuffisante et les adventices sont éliminées d'elles
mêmes. Pour une plantation, le désherbage se fait 2 ou 3 fois
selon le temps du paysan. Pour une culture en association igname-cacaoyer, on
profite du nettoyage du champ d'igname pour nettoyer en même temps les
cacaoyers. Après la récolte des ignames, le champ reste propre
pour les jeunes cacaoyers. Parfois on sème le riz et les cacaoyers
profitent des entretiens du riz. Cette technique permet de maintenir la
propreté du champ de cacaoyer pendant 2 à 3 ans. Le
désherbage se fait généralement à la machette, la
daba. Le désherbage chimique n'est pas employé par les
paysans.
3.2 La taille de formation
L'opération consiste à aider les jeunes
cacaoyers à former leurs couronnes à une hauteur convenable (1,50
m à 1,80 m) le plus rapidement possible car la floraison ne se
déclenche que sur l'arbre ayant formé sa couronne. Cette
opération est nécessaire lorsque :
- L'arbre a formé une couronne basse ;
- De nombreux gourmands se sont développés sur
le tronc ;
- Le bourgeon est détruit par les insectes ;
- Lorsque l'arbre est endommagé accidentellement.
On supprime les autres gourmands du tronc et la couronne en
laissant 1 ou 2 gourmands. Il arrive aussi qu'on taille la partie
attaquée ou abimée et on laisse partir un gourmand. Avec un
sécateur ou la machette, l'opération se pratique dans une jeune
plantation de 1 à 2 ans.
3.3 Les insectes nuisibles au
cacaoyer
Depuis la pépinière jusqu'à la plantation
adulte et à la production de cabosses, le cacaoyer subit les attaques
d'insectes, de champignons et de certaines maladies. Les ennemis du cacaoyer
sont nombreux mais nous verrons ici ceux que nous avons le plus souvent
rencontrés.
3.3.1 Les insectes nuisibles en
pépinière
a. La chenille défoliatrice (Anomis
leona)
· Description et localisation
C'est une larve de lépidoptère de coloration
vert clair avec deux lignes dorsales longitudinales jaunes. Ils sont
localisés sur les feuilles tendres, les boutons floraux et les
fleurs.
· Dégâts
Ces chenilles perforent et rongent les jeunes feuilles. Elles
détruisent les boutons floraux et les fleurs.
Figure
3 : Anomis Leona
b. Les psylles (Tyora
tesmanni)
· Description et localisation
C'est un petit hémiptère avec des ailes
transparentes dont les larves sont reconnaissables par la matière
cireuse cotonneuse qu'elle sécrète et qui le couvre. On les
retrouve sur les jeunes pousses, à la face inférieure des
feuilles et sur le bourgeon terminal. Cet insecte attaque le cacaoyer à
tous les stades de son développement.
· Dégâts
Le bourgeon terminal, les jeunes pousses et les feuilles sont
piqués par les larves et les adultes. Leurs piqures causent le
dessèchement, la chute des feuilles, l'avortement des bourgeons et le
raccourcissement des entre noeuds.
c. Les scolytes des rameaux (Xyleborus
sp.)
· Description et localisation
C'est un coléoptère dont l'adulte est
très petit et a une coloration brune-noire. On le retrouve
généralement sur les tiges et les rameaux.
· Dégâts
La femelle creuse des galeries qui provoquent le
dessèchement progressif de la tige de haut en bas ou du rameau de
l'extrémité vers le trou. Les attaques sont plus
fréquentes en pépinière.
3.3.2 Les insectes nuisibles en jeune
plantation (moins de deux ans)
En plus des insectes déjà cités, nous
avons rencontré d'autres insectes qui s'attaquent aussi aux
cacaoyers.
a. Le vers épineux du cacaoyer
(Earias biplaga)
· Description et localisation
C'est une chenille fusiforme couverte de poils. Elle a une
coloration brunâtre avec quelques tâches plus claires que le reste
du corps. On la retrouve au niveau du bourgeon terminal, des feuilles
anthocyannées, des cherelles et des cabosses.
· Dégâts
La chenille dévore les feuilles anthocyannées et
détruit le bourgeon terminal en y creusant des galeries. Elle creuse des
galeries dans le cortex des fruits et provoque des déformations et la
chute des fruits.
b. Les thrips du cacaoyer (Selenothrips
rubrocinctus)
· Description et localisation
L'adulte est noirâtre et mesure 15 à 20 mm. La
larve a une coloration blanche crèmeuse et possède une bande
rouge sur les trois premiers segments abdominaux. L'insecte se localise sur la
face inférieure des feuilles, les cabosses et les bourgeons.
· Dégâts
Les larves et les adultes piquent les feuilles, les fruits et
les bourgeons. Les piqûres entrainent l'avortement des bourgeons, la
destruction de l'épiderme des feuilles qui présentent des zones
nécrosées à la face inférieure, la formation de
plages de cellules mortes pouvant recouvrir toute la cabosse (coloration
ferrugineuse).
c. Les curculionidés
défoliateurs
· Description et localisation
Ce sont des charançons (coléoptères) de
diverses tailles (5 à 8 mm) de forme ramassée et de couleur
terne. On les retrouve sur les feuilles et les cherelles.
· Dégâts
Les adultes découpent le bord du limbe en festons et
grignotent les cherelles entrainant la déformation ou la chute des
fruits.
3.3.3 Les insectes nuisibles au cacaoyer
adulte
Aux insectes déjà rencontrés en jeune
plantation, nous avons aussi :
La punaise verte (Bathycoelia
thalassina)
· Description et localisation
C'est une grosse punaise verte (17 à 18 mm) qu'on
retrouve sur les cabosses et les cherelles.
· Dégâts
Les larves et les adultes piquent les cabosses et sucent les
fèves laiteuses occasionnant la chute des cherelles. Selon la population
de cet insecte, les pertes de cherelles peuvent atteindre 60%.
Figure
4: Bathycoelia thalassina
a. Les mirides
· Description et localisation
Les mirides sont des punaises (pentatomidés) de forme
ovale et de taille variable (8 mm à 10 mm). Plusieurs espèces
s'attaquent aux cacaoyers. En Côte d'ivoire seulement quatre
espèces sont représentées mais Sahlbergella singularis et
Distantiella theobromae sont les plus répandus dans la cacaoyère
ivoirienne. On les retrouve sur les fruits au niveau de l'insertion du
pédoncule de la cabosse sur le tronc, au niveau des fourches, sur les
gourmands et les branchettes et dans les crevasses sur le tronc ou les
branches.
· Dégâts
Toutes les parties du cacaoyer, à l'exception des
feuilles sont piquées par les mirides. La salive injectée au
moment de la piqûre est toxique et détruit les cellules
végétales. Cela a pour conséquence sur le tronc et la
branche maitresse : la formation de chancre, la disparition des coussinets
floraux, sur les branchettes on a le dessèchement, le brunissement des
feuilles qui restent attachées aux rameaux. On note aussi le
dessèchement et la chute des cherelles, sur les cabosses formées
on remarque la formation de tâches rondes de couleur vert foncée
qui brunissent rapidement mais en général la maturation se
poursuit. Tout cela a pour résultat immédiat la perte de
production de 30% à 40%.
Figure 5 : Sahlbergella singularis
Figure6 :
Distantiella theobroma
b. Le foreur de tige
· Description et localisation
Le foreur de tige Ouest Africain est un papillon de nuit. Il
est localisé sur le tronc et sur les tiges.
· Dégâts
Le foreur de tige fait des dégâts importants
lorsqu'il est au stade de chenille. En Afrique de l'Ouest, ce stade dure trois
mois. Pendant cette période, la chenille grandit et creuse sa voie dans
le tronc de l'arbre, en créant de nombreuses galeries. Ces galeries
creusées peuvent également constituer une voie d'entrée
pour d'autres maladies comme la pourriture brune. Les branches et les troncs
attaqués perdent leurs feuilles, sèchent et meurent.
3.4 Les maladies du cacaoyer
3.4.1 La pourriture brune
Elle est causée par Phytophtora sp.. Les cabosses
attaquées présentent une ou plusieurs tâches translucides
qui brunissent au bout de 24 à 48 heures. Ces tâches
s'étendent rapidement à la surface de la cabosse par temps humide
et se recouvrent au bout de quelques jours d'un revêtement
sporifère blanc crème. Les tâches finissent par recouvrir
toute la cabosse qui en vieillissant devient sèche et de couleur
grisâtre. La pourriture brune peut également se manifester sur les
feuilles et dans le bois des rameaux du tronc ou des racines où elle
provoque l'apparition de chancres. Les principales sources de contamination
sont les résidus de récoltes, les cabosses déjà
atteintes, le sol de la cacaoyère et les coussinets floraux. La
dissémination de la maladie passe par les insectes, les animaux et l'eau
de ruissellement.
3.4.2 Le swollen shoot
Le swollen shoot est une maladie qui existait depuis
longtemps. Cependant, elle a pris de l'ampleur ces dernières
années. Elle est devenue la maladie la plus redoutée par les
paysans car la recherche n'a pas encore trouvé un remède
effectivement efficace.
C'est une maladie causée par un virus qui est transmis
par l'intermédiaire des cochenilles. Les premiers symptômes sont
observables sur les feuilles qui tombent par la suite. Les branches et le tronc
du cacaoyer se dessèchent progressivement et l'arbre meurt au bout de
trois à cinq ans.
Ø Symptômes sur les tiges et les racines
On observe un gonflement des rameaux, des gourmands et sur
toutes les parties de la tige, notamment à la base dans l'entre noeud ou
à l'extrémité. Les gonflements sont aussi observables sur
la racine pivotante, les racines latérales virosées.
Ø Symptômes sur les cabosses
La maladie se manifeste sur les cabosses par des
déformations et une réduction de la taille.
Généralement, les arbres infectés produisent peu de
cabosses et de taille plus petites que la normale puis dans certains cas, de
formes arrondies. Les fèves sont de tailles réduites avec une
proportion non négligeable de fèves plates.
Photo 4 :
Cacaoyers atteints de swollen shoot
3.5 Lutte contre les ennemis du
cacaoyer
La lutte contre les ennemis du cacaoyer se fait selon deux
techniques :
- Les techniques agronomiques
- Les traitements phytosanitaires
3.5.1 Les techniques agronomiques
Ce sont des techniques qui ont depuis longtemps
été négligées par les paysans. Cependant, ces
dernières années, l'ANADER a lancé un programme
nommé champ école qui est focalisé sur le
développement de la capacité des producteurs à prendre des
décisions de gestion de la culture à partir d'informations
précises et des connaissances acquises de
l'agro-écosystème.L'objectif principal est d'éviter au
maximum les produits phytosanitaires ou d'y recourir en dernière
position pour des traitements localisés. Ces techniques consistent:
- Au nettoyage régulier pour éliminer le
réservoir d'un bon nombre d'insectes et de rongeurs ;
- A faire régulièrement
l'égourmandage ;
- A limiter les sources de contamination ;
- A réduire l'humidité ambiante par
l'aération et le réglage de l'ombrage ;
- A détruire les plantes hôtes des mirides de la
famille des sterculiacées (kolatier, bois Bété, Samba...)
et les bombacacées, famille voisine (Fromager, Kapokier, Baobab).
3.5.2 Les traitements
phytosanitaires
Les traitements phytosanitaires qui constituent la solution
la plus prisée par les paysans sont constitués par les
insecticides qui luttent contre les insectes et les fongicides qui luttes
contre les maladies causées par les champignons. Ces produits agissent
soit par contact (le parasite est éliminé par contact avec le
produit) soit par ingestion (le parasite est éliminé lorsqu'il
mange l'organe traité).
3.5.2.1 Les insecticides
En magasin, ces produits sont reconnus par la couleur violette
de leur emballage. Cela permet aux paysans analphabètes de ne pas se
faire duper par les vendeurs. Les insecticides sont de deux genres:
- Les insecticides systémiques qui sont les plus
conseillés car ils ont une plus grande durée d'action. Ils sont
plus efficaces car ils détruisent les oeufs, les larves et les
adultes.
- Les insecticides de contact qui adhèrent à la
surface des organes de la plante traitée et ont une rémanence
très courte (28 jours).
Photo 5: Insecticide (Actara)
Photo 6: Insecticide (Angeo)
3.5.2.2 Les fongicides
Dans le commerce, on les reconnait par la couleur jaune de
leurs emballages. La plupart de ces produits sont utilisés par les
paysans pour lutter contre la pourriture brune du cacaoyer. On distingue aussi
les fongicides systémiques qui pénètrent dans les
premières couches cellulaires du cortex et les fongicides de contact qui
adhèrent à la surface de la cabosse.
Photo
7: Fongicide (Ridomil Gold plus)
3.5.2.3 Les périodes de
traitement
En général, les plantations de cacaoyers
subissent deux traitements. Le premier traitement entre juillet et septembre et
le deuxième entre Décembre et Février. Le traitement
à ces périodes se justifie par le fait que c'est à cette
période que le cacaoyer est attaqué par la plupart des maladies
et insectes. Cependant nous avons rencontré des paysans qui font le
traitement sans tenir compte du seuil d'attaque à partir duquel il faut
déclencher la lutte chimique.
Les paysans effectuent pour chaque traitement deux passages
espacés de quatre semaines soit au total quatre traitements par an. Les
traitements ont lieu le matin entre 7 et 11 heures. L'appareil utilisé
le plus souvent pour le traitement des cacaoyers adultes est l'atomiseur.
En pépinière, on utilise le pulvérisateur
qui est l'appareil le plus approprié pour éviter les
brûlures du feuillage.
Les paysans louent la prestation des phytotraiteurs qui vont
faire le traitement à 4500 F CFA, soit 3500F CFA pour la location de
machine et 1000 F CFA pour celui qui effectue le traitement. Cette somme n'est
pas fixe pour toutes les localités mais elle varie donc en fonction de
la localité et du phytotraiteur.
CRITIQUES ET SUGGESTIONS
I. AU NIVEAU DE L'ANADER
1.1 Les moyens de
déplacements
Les agents de la zone ANADER de Bouaflé disposent de
motos pour leurs déplacements dans les villages. Cependant, il se pose
fréquemment des problèmes de rupture de carburant et de
pièces de rechanges pour les motos, de matériels didactiques.
Nous suggérons que la Direction générale de l'ANADER
veille à l'équipement technique (carburant, pièces de
rechange, matériel de bureau) de la zone afin de permettre aux agents de
jouer pleinement leur rôle.
1.2 Les bâtiments
Nous avons remarqué que les locaux dans lesquelles
travaillent les agents sont contigües, ce qui contraint les agents
à être en surnombre dans les bureaux. L'ANADER aura donc
intérêt à penser à la construction d'un nouveau
bâtiment plus spacieux et reflétant ce que représente
l'agriculture pour le pays.
II. AU NIVEAU DES PAYSANS
2.1 L'itinéraire technique du cacaoyer
Le constat le plus marquant qui a été fait est
que les paysans négligent bons nombres d'opérations lors de la
mise en place de leurs plantations. Les opérations comme le piquetage,
la trouaison, le rebouchage des trous sont rares voir inexistantes parce
qu'elles sont considérées comme inutiles et une perte de temps.
Les paysans ignorent les techniques modernes de culture et se contentent des
anciennes pratiques dépassées de leurs parents.
Nous suggérons donc que les paysans puissent changer de
mentalité en s'adaptant aux changements qui ont lieu dans le secteur
grâce à un encadrement plus effectif de l'ANADER, du CNRA et de
tous les acteurs du secteur agricole.
2.2 Les semences
La majorité des paysans utilisent du matériel
végétal provenant de leurs anciennes plantations donc non
sélectionné. Ceci entraine à la longue une baisse de
productivité de l'arbre. Il serait préférable pour les
paysans d'utiliser des fèves fournies par le CNRA afin d'avoir un
meilleur rendement.
2.3 L'utilisation des produits
phytosanitaires
Les paysans sont tous unanimes à propos de
l'efficacité de ces produits. Cependant, l'utilisation abusive de ces
produits constitue une menace pour l'équilibre de la nature et pour la
qualité du cacao produit. On remarque souvent que certains insectes et/
ou maladies ont développé des résistances aux produits, ce
qui complique encore plus la lutte chimique.
Nous avons rencontré des paysans qui soutenaient que
pour eux, la période de traitement ne dépendait que du mois sans
tenir compte du seuil d'attaque de leurs champs par les insectes. Ils peuvent
même effectuer le traitement malgré qu'il n'y ait pas d'attaques
d'insectes ;<<C'est à titre préventif>> :
disaient-lis.
Nous suggérons que l'ANADER puisse aller jusqu'au bout
de son programme champ école afin d'écarter ce premier
réflexe de recourir aux produits phytosanitaires sans avoir
déterminé ou observé le seuil de dégâts.
C'est une technique qui est plus bénéfique pour l'agriculteur au
plan économique puis permet de garder l'équilibre de la nature et
la qualité du chocolat.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, nous pouvons retenir que le
milieu naturel de la région de Bouaflé est assez favorable pour
de nombreuses cultures, en particulier celle du cacao. Ce qui favorise la mise
en place et l'entretien qui sont des opérations à réaliser
avec délicatesse pour la réussite d'une plantation.
Au niveau de l'ANADER, nous avons noté une
structuration et une organisation du travail assez satisfaisant dans
l'ensemble. Cependant nous avons noté avec regret les ravages que fait
la maladie du swollen shoot dans la région.
Au vue de tout cela, nous pensons que l'Etat de Côte
d'ivoire, les structures de recherche (CNRA) et d'encadrement (ANADER) et les
paysans doivent conjuguer leurs efforts afin de trouver un remède contre
cette maladie qui si l'on ne prend garde sera la source principale de baisse de
la productivité du cacao. Cependant, les paysans, avant d'avoir un
remède plus efficace, ne pourraient-ils pas valoriser la lutte
agronomique ?
BILBLIOGRAPHIE
Ø Françis Lauginie, 2007. Conservation de la
nature et aires protégées en Côte d'ivoire. CEDA/NEI
Abidjan et Afrique Nature International
Ø Goule Abadé P., 2008. Conseil Agricole
à la création d'une plantation de cacao. ANADER, P5
Ø IITA/STCP, 2008. Atelier de formation des techniciens
spécialisés de l'ANADER sur l'approche champ école paysan
en cacaoculture : Atelier N°1 : centre de formation ANADER de
Gagnoa/Lakota, Manuel technique des facilitateurs, 120 P
Ø Konan Amani, 2007. Formation sur les
itinéraires techniques du cacaoyer. CNRA, 50 P
Ø Koné Attienyo, 2004. Les traitements
phytosanitaires des cultures pérennes : cas du cacaoyer
`Mémoire de fin d'étude''. Ecole regional d'Agriculture du Sud
Bingerville, 38 P
Ø Tié Zaouri R. , 2006. Lutte contre les
ennemis de la cacaoculture : cas de la zone de Bouaflé''Rapport de
stage''. Institut Privé d'Agriculture Tropicale(INPRAT), P7, P10, P11
P12
Ø Toto FabriceV, 2007. Organisation et fonctionnement
des coopératives de commercialisation du vivrier : cas du
département de Bouaflé `'Mémoire de fin de cycle''.
Université de Bouaké (URES Korhogo), P2, P3, P4, P5
ANNEXE
Annexe1 : Organisation de la Direction
Générale de l'ANADER
Conseil d'Administration
Conseillers techniques
-Chargé des projets et programme
-Chargé de la formation
Assistant de Direction
Direction Générale
Unité Centrale
Informatique et Système d'Information
Service Autonome
Marchés et moyens Généraux
Unité Centrale
Planification et Suivi-Evaluation
Service Autonome Genre et Développement
Marchés et moyens Généraux
Unité Centrale
Audit Interne et Contrôle de Gestion
Direction Générale Adjoint
Département Etude et Consultante
(DEC)
Département Formation et Resources Humaines
(DFRH)
Département Finances et Comptabilité
(DFC)
Département Vulgarisation et Innovation
Technologique
(DVIT)
Département Appui aux Filières et aux OPA
(DAFOPA)
Département Marqueting, Documentation, Communication et
Coopération (DMDCC)
Annexe 2 : Organisation de la Direction
Régionale de l'ANADER
Assistante de Direction
Direction Régionale
Conseillers technique
Coordinateur Technique Régional
Unité Régionale
Etude et Aménagements Ruraux
Unité Régionale
Planification, contrôle de gestion et
Suivie-Evaluation
Unité Régionale
Informatique et Système d'Information
Département Formation et Ressources Humaines et
Documentation
Service Régional Finances et Moyens
Généraux
Service Régional Vulgarisation et Innovation
Technologique
Service Régional Appui aux Filières et aux OPA
Service Régional Appui aux Filières
Chef de Zone
Animateurs de Développement Rural
Assistant Administratif et Comptable
Pool TS OPA
Pool TS CA-CP-E
Annexe 3: Traitements phytosanitaires
Insectes nuisibles
|
Produits Formulés
|
Matière Active
|
Coût
|
Périodes de traitements
|
Insecte de pépinières (chenilles, psylles,
cicadelles, petits coléoptères etc.
|
Endosulfant
|
Thiadant Utracarps
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Imidaclopride
|
Gawa 30
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Insectes de jeunes cacaoyers au champ (chenilles, psylles, petits
coléoptères, curculionidés, cicadelles etc.)
|
Endosulfant
|
Thiodan 50 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Diazinon
|
Basudine 600 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Imidaclopride
|
Gawa 30
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Endosulfant
|
Thiodan 50 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Mirides et autres insectes des cacaoyers adultes
|
Endosulfant
|
Thiodan 50 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Endosulfant + Deltaméthine
|
Miridan 20 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Diazinon
|
Basudine 600
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Propoxur
|
Uden 200 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Bifenthrin
|
Talstar 100 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Diazionon + Bifantrin
|
Diastar 420 EC
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
Termites
|
Imidaclopride
|
Gawa 30
|
10 000
|
Juillet/Août et Décembre/ Janvier
|
EC : Concentré émulsionnable
PM : Poudre mouillable
|