UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON SORBONNE
UFR DE SCIENCES ECONOMIQUES
MASTER ECONOMIE DE L'INDUSTRIE ET DES SERVICES
2006-2007
CONNAISSANCE, DEVELOPPEMENT, DIVISION INTERNATIONALE DU
TRAVAIL : QUELLE PLACE POUR LES PAYS EMERGENTS ? LE CAS DE LA CHINE
ET L'INDE
Directeur : Carlo VERCELONNE
Présenté et soutenu par : Erick ATANGANA
« L'université de paris 1 Panthéon - Sorbonne
n'entend donner aucune approbation, ni désapprobation aux opinions
émises dans ce mémoire ; elles doivent être
considérées comme propres à l'auteur».
Remerciements
Je remercie tous le corps enseignant du Master recherche
Economie de l`Industrie et des Services pour la qualité de leurs
enseignements, et plus particulièrement M. Carlo Vercelonne, pour sa
disponibilité, ses critiques et ses précieux conseils qui m'ont
été d'une grande aide lors de la rédaction de ce
mémoire.TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION............................................................................6
PREMIERE PARTIE : UNE REVUE CRITIQUE DE LA
LITTERATURE....................................................................9
UNE POLARISATION DES ACTIVITES INTENSIVES EN CONNAISSANCE AU
SEIN DE LA TRIADE...........10
ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE ET DIVISION COGNITIVE DU
TRAVAIL................................................................................10
SPECIALISATION ET DIVISION INTERNATIONALE DU TRAVAIL : LA
MARGINALISATION DES PAYS DU SUD DANS LES ACTIVITES INTENSIVES EN
CONNAISSANCE.....................17
QUELQUES PROBLEMES POSES PAR LE DEBAT SUR LA NOUVELLE
DIT....................................................26
LE MODELE NEO
TAYLORIEN...................................................27
LA QUESTION DU TRANSFERT DE TEHNOLOGIE.....................27
UNE REELLE INTERNATIONALISATION DE LA
R&D ?..............28
DEUXIEME PARTIE : LA CHINE ET L'INDE A L'EPREUVE DES
FAITS...........................................................35
2.1. LA
CHINE.....................................................................35
2.1.1. LE SYSTEME NATIONAL D'INNOVATION
CHINOIS...................35
2.1.2 LA RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT EN CHINE : DES
PERFORMANCES REMARQUABLES MAIS CONTRASTEES...............41
2.1.3. LA CHINE DANS LA DIVISION INTERNATIONALE DES PROCESSUS
PRODUCTIFS ET L'ECHANGE DE BIENS
TECHNOLOGIQUES..................................................................46
2.1.4. QUELQUES FACTEURS CONTRIBUANT AU RENFORCEMENT DU POTENTIEL
TECHNOLOGIQUE CHINOIS, LES OBSTACLES A L'AVANCEE TECHNOLOGIQUE ET LES
PERSPECTIVES A VENIR.....52
2.2.
L'INDE...........................................................................60
2.2.1. UNE POLITIQUE NATIONALE DE R&D
AMBITIEUSE...............61
2.2.2. LA PARTICIPATION DE L'INDE DANS LA PRODUCTION SCIENTIFIQUE
MONDIALE.........................................................64
2.2.3. QUELQUES POLES D'EXCELLENCE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
INDIENNE............................................................68
2.2.4 LES ATOUTS POUR LE DEVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE ET
ECONOMIQUE DE L'INDE...........................................
...............73
2.2.5 LES CONTRAINTES LIEES AU RETARD DE L'INDE EN MATIERE DE
TECHNOLOGIE ET D'INNOVATION........................................79
CONCLUSION..............................................................................82
BIBLIOGRAPHIE........................................................................85
INTRODUCTION
Pendant les trois dernières décennies, le
capitalisme industriel a été affecté par plusieurs
changements, dont l'un des plus marquants est la crise du Fordisme. De nombreux
économistes ont tenté d'expliquer les mutations qui sont à
l'origine de la crise du Fordisme : pour certains, la crise du Fordisme
marque à la fois l'épuisement du capitalisme industriel et la
transition vers un nouveau capitalisme fondé sur la connaissance ou
encore capitalisme cognitif. C'est-à-dire que, la montée en
puissance du capitalisme cognitif correspond à une modification des
piliers du capitalisme industriel, dans laquelle le savoir, la connaissance et
l'immatériel sont des éléments principaux de la valeur au
niveau des facteurs travail et capital, mais aussi en termes d'innovations
(Lebert, Vercellone 2004). Deux faits importants pour expliquer le passage du
capitalisme industriel à l'économie de la connaissance doivent
être retenus :
- L'augmentation de la part du capital intangible (brevets,
dépenses de r&d, éducation, formation...) par rapport au
capital tangible dans le capital total ;
- La montée en puissance des NTIC, qui a permis
d'étendre le champ de diffusion de la connaissance, de faciliter son
accessibilité, et aussi d'augmenter sa vitesse de diffusion et de
transmission (Vercellone, 2003 ; Foray, 2000).
Cette nouvelle économie de la connaissance à
tendance à modifier la division internationale du travail notamment en
ce qui concerne les logiques et les déterminants de la localisation des
activités intensives en connaissance comme par exemple la R&D. Face
à la montée du poids des pays émergents dans la production
mondiale des biens et aussi des services, la R&D et l'innovation sont
souvent présentées comme une réponse possible des pays
développés pour conserver leurs avantages comparatifs et leurs
écarts technologiques. Cependant on parle de plus en plus de la
création de centres de R&D au sein des pays émergents et de
transferts de technologies. Aussi, les pays émergents semblent-ils
s'intègrent rapidement dans les réseaux mondiaux de R&D et
d'innovation. Il se pose donc la question de savoir quelle est la place
réelle des pays émergents dans le tableau de la R&D dans le
monde ? Question à laquelle ce mémoire se propose
d'apporter une réponse en prenant comme exemple le cas de la Chine et
de l'Inde.
La littérature économique est très
partagée sur cette question, certains auteurs pensent que les
activités d'innovation restent très largement concentrées
dans les pays de la Triade (Union Européenne, USA, Japon) et celles qui
sont délocalisés dans les pays émergents sont uniquement
consacrées au développement et non à la recherche, ceci
dans le but de d'adapter les produits à la demande locale (Mouhoud,
2003). D'autres développent plutôt une analyse basée sur
une logique d'acquisition des savoirs mondiaux et d'accès aux centres
d'excellences (Kuemmerle, 1997). Ainsi, la délocalisation de la R&D
aurait surtout pour objectif de permettre aux entreprises de profiter de
l'offre croissante en ingénieurs et scientifiques de qualité,
employables à moindre coût dans les pays émergents (OCDE,
2005). Il ne s'agirait pas que d'un processus incrémenté
d'adaptation à l'innovation pour des activités déjà
existantes, mais aussi de mettre en place un programme d'innovation plus
ambitieux qui consiste à créer et produire de nouvelles
connaissances (Hatem, 2006).
Ce mémoire sera composé de trois parties :
la première sera consacrée à une revue critique de la
littérature, où on présentera les différentes
analyses et les critiques. Cette revue critique de la littérature
permettra d'une part d'apporter des éclaircissements à des
questions comme : Pourquoi et dans quelle mesure peut-on parler de polarisation
au sein de la Triade ? Par quelles voies et de quelle manière cette
polarisation s'effectue-t-elle ? Et d'autre part est - ce - que ce
constat prend en compte tous les paramètres économiques ?
N'est-il pas exagéré de parler de polarisation au sein de la
Triade, alors que l'économie actuelle est globalisée ? Quels
sont donc les éléments de la théorie économique que
l'on peut apporter pour relativiser le constat selon lequel il existe une
polarisation des activités de recherche et d'innovations au sein des
pays de la Triade ? Dans la seconde partie, nous présenterons le
cas de la Chine et de l'Inde, nous essaierons, à partir d'analyses
théoriques et empiriques, de tirer les enseignements qui nous
permettront d'évaluer de manière précise et objective la
place de ces deux pays dans les réseaux mondiaux d'innovation et leur
positionnement dans la division internationale du travail pour les
activités intensives en connaissance. En effet, la Chine et l'Inde sont
deux pays émergents qui essaient chacun à sa manière de
s'insérer dans les réseaux mondiaux d'innovation. Ces deux pays
possèdent des atouts qui leurs sont propres et ont
amélioré leurs performances scientifiques ces dix
dernières années de manière remarquable. Les politiques
d'ouverture engagées dans les années 80 pour la Chine et 90 pour
l'Inde ont permis à ces deux pays de développer des avantages
comparatifs dans différents domaines technologiques. La Chine est
reconnu aujourd'hui comme le premier exportateur de produits TIC (Technologie
de l'Information et de la Communication) (Sachwald, 2007) et l'Inde comme le
premier exportateur de logiciel et services informatiques (Chauvin et Lemoine,
2003) et de médicaments génériques.
Malgré des faiblesses structurelles que l'on peut
déplorer, il n'en demeure pas moins que la course est lancée pour
le rattrapage technologique, et les réformes s'accentuent dans ce
sens : amélioration des systèmes nationaux d'innovation,
renforcement de la coopération entre les universités et les
entreprises, augmentation considérable de l'effort de recherche,
l'innovation est mise au centre de la politique économique, mise en
place de politiques favorisant l'arrivée des investissements directs
étrangers, renforcement des droits de propriété
intellectuelle, mise en place de politiques d'incitation au retour des
chercheurs expatriés dans les grands pays développés
etc.
La Chine et l'Inde ne disposant pas des mêmes
spécificités (en termes d'ouverture et d'investissements directs
étrangers) et des mêmes atouts, leur positionnement dans la
division internationale du travail se situe à des degrés et
à des niveaux différents (Chauvin et Lemoine, 2004). Le premier
dispose d'une main d'oeuvre abondante, lui permettant de réaliser des
économies d'échelles par l'exportation de biens technologiques.
En effet, la Chine importe principalement de ses voisins asiatiques des
pièces et composants de haute intensité technologique,
destinés à l'assemblage, pour ensuite exporter les produits finis
vers ses clients basés aux USA, en Europe et au Japon (Lemoine et
Unal-Kesenci, 2002). Le second à cause de son vivier de talents
composés d'ingénieurs et scientifiques de hauts niveaux, attire
des projets de R&D d'une grande intensité technologique. Cette
présence de scientifiques et ingénieurs qualifiés est
d'ailleurs à l'origine de son avantage comparatif créé de
manière « accidentelle » (Singh, 2003) dans le
domaine des logiciels et des services informatiques.
L'Inde et la Chine ont pris conscience de leurs
potentialités et souhaitent jouer un rôle de premier plan dans
l'économie mondiale. La science et la technologie sont les deux axes
privilégiés par chacun de ces deux pays pour favoriser leur
montée en puissance technologique et concrétiser leur
développement. Cependant, même si le rattrapage technologique est
en cours, pour l'instant on ne peut pas affirmer qu'il pourrait être
effectif dans le court terme.
Cette deuxième partie consacrée à la
Chine et l'Inde sera composée de deux chapitres, le premier portera
principalement sur les performances de la Chine dans l'économie dite de
la connaissance et sera composé de quatre sections : Dans la
première nous présenterons le système d'innovations
chinois : Ses évolutions, ses performances et ses faiblesses. Dans
la seconde nous évaluerons la contribution de la Chine à la
production scientifique mondiale et la place qu'elle occupe. La
troisième section nous permettra de positionner la Chine dans la
division internationale des processus productifs, principalement dans les
activités intensives en connaissance. Et enfin la quatrième
permettra de faire un bilan à la fois sur les facteurs permettant le
renforcement du potentiel technologique chinois, les obstacles à
l'avancée technologique et les perspectives à venir.
Le deuxième chapitre examinera dans une première
section les contours de la politique nationale de R&D indienne. La seconde
évaluera comme pour la Chine, le niveau de participation de l'Inde dans
les travaux d'ordre scientifique à travers des indicateurs comme les
brevets, les publications, la coopération scientifique internationale
etc. Dans la troisième section nous présenterons quelques
pôles d'excellence de la recherche scientifique en Inde. Dans la
quatrième qui sera consacré aux atouts qui pourraient permettre
le développement technologique indien, nous établirons une
analyse du secteur des TI (Technologie de l'Information) dans le but de
dégager des voies et moyens par lesquels ce secteur pourrait jouer le
rôle d'entraînement et élargir l'impact de son
développement à d'autres secteurs de l'économie nationale.
Et enfin la dernière section sera consacrée aux contraintes
liées au retard de l'Inde en matière de technologie et
d'innovation.
PREMIERE PARTIE : UNE REVUE
CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Selon le modèle de Ricardo et Ohlin, les pays se
spécialisent sur la production de biens pour lesquelles ils
détiennent un avantage comparatif. Ils importent les produits pour
lesquels ils détiennent un désavantage comparatif et
arrêtent de les produire, et en même temps exportent ceux pour
lesquels ils détiennent un avantage comparatif. Cette situation est
préférable à une situation d'autarcie, parce-qu'elle
permet de générer des gains de productivité qui
résulte de l'économie ainsi réalisée en facteurs de
production.
A partir des années 80, on assiste à une
réorganisation de la production sur une base mondiale, permettant une
croissance rapide du commerce en biens intermédiaires. On remarque une
fragmentation internationale des processus productifs. Les firmes
multinationales sont les principaux acteurs de ce mouvement, elles se
localisent dans différents pays, prenant part à la production de
denrées locales, mais chacune à différentes étapes
de la chaîne de valeur. L'objectif étant de mieux utiliser les
avantages comparatifs offerts par différents pays. Un pays peut
détenir un avantage comparatif seulement sur une étape du
processus de production et détenir un désavantage dans d'autres
phases. On parle de spécialisation verticale, contrairement à la
spécialisation horizontale où un pays à la maîtrise
totale en amont et en aval du processus de production.
La fragmentation internationale des processus productifs est
surtout motivée, par une logique de minimisation des coûts.
L'objectif est de produire chaque fragment là où les coûts
de production seront plus faibles. On parle de décomposition
internationale des processus productifs (DIPP) (Lassudrie-Duchêne, 1985).
Il existe aussi l'idée des rendements d'échelle croissants,
rendus possibles par une plus grande expansion du marché.
La mondialisation des échanges qui va de pair avec
l'internationalisation des processus productifs est souvent associée
à la baisse des coûts de transactions permise par les
progrès des transports et la montée en puissance des technologies
de l'information et de la communication (TIC). Ce qui donne la
possibilité aux firmes d'exploiter tous les atouts et avantages que
peuvent offrir les territoires et les pays. Cependant malgré cette
planétarisation des échanges et des processus productifs,
certains auteurs insistent plutôt sur une polarisation des
activités productives spécifiques aux pays de la Triade. Cette
polarisation serait d'autant plus marquée pour des activités
productives intensives en connaissance (R&D, innovation, hautes
technologies) (Mouhoud, 2003).
1.1. UNE POLARISATION DES ACTIVITES INTENSIVES EN CONNAISSANCE
AU SEIN DE LA TRIADE
« En fait la globalisation signifie pour nous,
l'aggravation de la polarisation des échanges de marchandises et de
capitaux dans les pays développés de la Triade »
(Mouhoud, 1995).
1.1.1. ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE ET DIVISION COGNITIVE DU
TRAVAIL
On peut citer plusieurs grandes mutations majeures qui
caractérisent le passage d'un capitalisme industriel vers un
capitalisme cognitif :
- le capital intangible (savoir, immatériel, stock de
connaissance...) est devenu la première source de valeur
- un régime d'innovation permanent remplace un
régime d'innovation incrémental et périodique propre au
capitalisme industriel
- Le lien de plus en plus étroit entre recherche
fondamentale et recherche appliquée notamment dans les activités
hautement « intensives en connaissance »
- Le facteur travail prend de plus en plus de poids par
rapport au facteur capital, ce qui conduit à des changements dans la
décomposition des processus productifs, et dans les modes d'organisation
de la production et d'internationalisation des firmes (Lebert et Vercellone
2004).
Cette transition vers une économie basée sur la
connaissance peut effectivement jouer un rôle essentiel dans
l'économie globalisée, plus particulièrement dans le
domaine de la R&D et l'innovation. C'est-à-dire qu'elle pourrait
être à l'origine d'une polarisation plutôt qu'une dispersion
des activités de R&D dans l'espace. Ceci peut être
illustré entre autres sur deux points : la décomposition
internationale des processus productifs et les déterminants de la
localisation des activités intensives en connaissance.
1.1.1.1 La décomposition internationale des
processus productifs
- Organisation de la production ou organisation et gestion
des compétences et savoirs
Le modèle classique de la firme taylorienne est
basé essentiellement sur une division technique du travail. Le bureau
d'études et des méthodes composé d'ingénieurs et de
scientifiques a pour rôle la conception et l'innovation. Alors que dans
les ateliers, les ouvriers sont réduits à la réalisation
des tâches. Au niveau de l'atelier il existe une parcellisation des
tâches définie sur un mode séquentiel, de manière
à diminuer les délais d'ajustement. Les tâches sont
parcellisées en séries d'opérations prescrites dès
le départ, normées, additives et séquentielles. Bien
entendu, dans ce modèle le socle de connaissance de l'ouvrier est
sollicité au minimum.
Sur le plan international, la logique de parcellisation des
tâches prime également. Les activités productives sont
localisées dans des territoires en fonction des avantages comparatifs
qu'ils détiennent. L'objectif principal ici est la minimisation des
coûts.
Aujourd'hui, les changements structurels de l'environnement
des entreprises et les nouveaux défis liés à la
globalisation des échanges poussent les entreprises à
développer des modèles organisationnels plus en phase avec leur
environnement économique.
Les faits les plus marquants en rapport avec les changements
structurels dans l'environnement des entreprises sont la montée en
puissance des nouvelles technologies, l'environnement fortement concurrentiel,
l'instabilité de la demande et la volatilité des marchés.
L'environnement fortement concurrentiel est basé sur la
variété de l'offre, la qualité des produits, et la
capacité d'innovation (Veltz, Zarifian, 1994). De ceci découle
la naissance d'un nouveau modèle industriel d'organisation de la
production qui se manifeste par une transformation du principe de la division
du travail qui passerait d'une logique technique à une logique de
compétences et d'apprentissages (Moati, Mouhoud 1994). Contrairement
à l'entreprise traditionnelle issue de la théorie
néoclassique où la compétitivité de l'entreprise
réside dans sa capacité à déterminer la combinaison
de facteurs de production optimale qui permet de maximiser son profit,
l'entreprise confrontée aux nouvelles contraintes citées plus
haut recherche plutôt l'efficience qualitative par l'innovation et la
qualité, et l'efficience dynamique par la capacité à
créer et l'adaptation1(*) (Moati, Mouhoud, 1994) . L'innovation est donc la
principale source de compétitivité. Les entreprises mettent en
place un contexte favorable à l'innovation et à la R&D. La
mise en place d'un contexte favorable à l'innovation va de pair avec la
capacité de mobiliser un bloc de compétences et de savoir
capable d'apporter une réponse à l'obsolescence rapide des
connaissances. Cette obsolescence des connaissances, quant à elle, est
liée à l'augmentation à la fois du rythme de l'innovation
et de la vitesse de circulation de l'information.
Dans ce cadre, la logique de minimisation des coûts,
bien que toujours présente devient de moins en moins
prépondérante. Mais, laisse plutôt la place à une
logique d'utilisation, d'acquisition (par l'apprentissage) et de
création de nouvelles connaissances. La pertinence de ces nouvelles
connaissances créées réside dans leur efficacité
à répondre aux sollicitations du marché.
Au total, les évolutions dans les formes
organisationnelles mettant en avant une division cognitive du travail
plutôt qu'une division technique du travail, peuvent remettre en question
les déterminants classiques de décomposition, de fragmentation,
et d'internationalisation des processus productifs. La logique pure
d'exploitation des différences de coûts comparatifs selon les
caractéristiques technologiques des modules ou fragments des processus
de production tend à reculer au profit d'une logique d'accès au
marché, à des compétences spécifiques et de
proximité ou de centralité géographique (Moati et
Mouhoud 2005).
- DIPP et division cognitive du travail
La DIPP peut être assimilée à une
extension de la division internationale du travail à l'ensemble des pays
selon l'idée d'avantage comparatif. Les firmes multinationales mettent
en place une DIPP par la délocalisation de certains segments de la
chaîne de valeur pour pouvoir profiter des avantages comparatifs que
présentent certains territoires.
La décomposition, en plusieurs segments correspond
à la production séparée de plusieurs biens
intermédiaires qui seront assemblées pour donner naissance au
produit final. On appelle « bien intermédiaire »
tout bien produit, réintroduit dans le cycle productif et disparaissant
au cours de ce dernier (Fontagné et Al., 1996). La
fragmentation des processus productifs est déterminée par deux
types de facteurs : les facteurs techniques qui correspondent au principe
de modularité des produits ou des procédés, et des
facteurs économiques liés à la distribution des avantages
comparatifs entre les pays ou les avantages de localisation entre les
différents sites (Lassudrie-Duchêne, 1985).
La DIPP a surtout été pratiquée dans des
industries où les procédés techniques présentent
une très grande modularité, c'est le cas de l'industrie
automobile et des composants électroniques.
Dans la DIPP, la modularité des techniques et des
produits, permet la production de plusieurs biens intermédiaires, dont
la finalité est l'assemblage de ces biens afin d'obtenir un bien final
destiné à la consommation ; on parle de
« réintégration» (Moati, Mouhoud 1994). La
réintégration nécessite la coordination de toutes les
parties prenant part à la chaîne de valeur. Coordination qui sera
d'autant plus difficile que la DIPP suppose d'une part, un processus de
production décomposable en fragments hétérogènes
sur le plan des facteurs de production, et d'autre part, des nations
caractérisées par des offres d'inputs
différenciées ; on parle de « contrainte de
différences » (Lassudrie-Duchêne, 1982). Cette
contrainte de différences va bien sûr provoquer une
dispersion spatiale des différents fragments de processus de
production ; mais cette dispersion peut être tempérée
par la coordination plus ou moins étroite de l'activité,
nécessaire à la recomposition physique des fragments, qui en
effet se rapportent à un même processus, on parle de
« contrainte d'interdépendances ».
La division cognitive du travail dont l'objectif
associée est l'optimisation de la capacité d'apprentissage,
favorisant le développement des compétences sera effectivement
influencée à la fois par cette contrainte de différences
et cette contrainte d'interdépendances. On entend par là le fait
que la division cognitive du travail est guidée par le principe qui veut
que la production de chaque segment tende à se localiser là
où résident les compétences et les blocs de savoirs
sous-jacents (Moati, Mouhoud 2005). Le processus de
réintégration ne consistera donc pas à assembler des
pièces, mais plutôt à réintégrer des savoirs
hétérogènes. Ce qui nécessite une densité
relationnelle entre les différentes parties prenant part aux processus
de production. La contrainte d'interdépendance quant à elle,
conduit à une coordination resserrée poussant les acteurs
à rechercher la proximité.
Ce principe de division cognitive du travail réclame
une proximité géographique et/ou culturelle des activités
de production compte tenu de l'exigence de réintégration et de
coordination des fragments de processus de production (Mouhoud, 1995).
Pour Mouhoud et Moati (2005), dans le cas des activités
de R&D et d'innovation, les activités de recherche qui sont en amont
du processus d'innovation nécessite une proximité physique, qui
fait qu'elles sont plus concentrées géographiquement. Elles sont
plutôt centralisées au sein des pays industrialisés, par
contre les activités de développement quant à elles sont
souvent plus dispersées géographiquement.
Les mécanismes de coordination liés à une
division cognitive du travail favorisent plutôt la concentration dans les
espaces des acteurs de la DIPP.
La division cognitive du travail pourrait être à
l'origine des changements concernant les nouveaux déterminants de la
localisation des activités intensives en connaissances.
1.1.1.2 Les déterminants de la localisation des
activités productives sur la base de la connaissance
- Le rôle des firmes multinationales
Comme mentionné en début de cette
première partie, les coûts de transports et la montée en
puissance des nouvelles technologies permettent aux firmes multinationales de
répartir leurs unités productives dans une large palette de
territoires. Elles sont les acteurs majeurs de la globalisation de
l'économie, par des mécanismes classiques tels que les IDE
(investissements directs étrangers), les fusions acquisitions, les
partenariats industriels, l'externalisation...
On peut remarquer que les flux d'IDE restent concentrés
entre les Etats-Unis, l'Union Européenne et le Japon (60%). Mais leur
part dans le total mondial tend à se réduire au profit des pays
émergents. En 2006, l'Union Européenne totalise 421 milliards
d'euros en IDE, les USA 136, la France 68, le Royaume Uni 131, la Chine 54, et
L'Inde 7 milliards2(*).
Les firmes multinationales jouent un rôle moteur dans la
R&D. Elles sont à l'origine de près de la moitié des
dépenses mondiales consacrées à la R&D et d'au moins
deux tiers des dépenses de recherche des entreprises
(évaluées à 450 milliards de dollars).
En 2005, d'après un rapport de la CNUCED, les
multinationales consacraient 28% de leurs investissements en R&D à
l'étranger. On assiste à un mouvement d'internationalisation de
la R&D des entreprises. Ce mouvement peut s'effectuer sous diverses
formes : accords, alliances, cessions et acquisitions de licences,
acquisitions de firmes étrangères à fort potentiel de
R&D, financement de travaux de centre de R&D étrangers ou
directement par l'ouverture de centres de R&D à l'étranger.
Cependant ce phénomène touche essentiellement les pays d'Europe
de l'Ouest, les USA et le Japon où restent concentrées le
potentiel mondial de R&D. Si l'on retient l'indicateur de concentration
mondiale des activités de R&D, on observe que les firmes
américaines représentent à elles seules 43,3% des
dépenses de R&D mondiales, suivi du Japon 18,3%, Allemagne 5,8%,
Royaume-Uni 5,8%, France 4,3%3(*).
Figure 1. : Répartition
des budgets de R&D par pays en 2006
La polarisation des activités de recherche et
d'innovation est le reflet à la fois des inégalités
régionales liées à la localisation des universités
et des centres de recherche dans les grandes métropoles et des
inégalités de développement entre les pays. Avec une
concentration encore plus marquée pour les activités de haute
technologie, (Mouhoud, 2003).
- Pourquoi les activités productives se
concentrent-elles dans l'espace ?
· Les économies
d'agglomération
Marshall (1920) est l'un des premiers économistes
à avoir analysé le concept d'économies
d'agglomération. Son étude était basée sur le
rôle de la coopération et les relations entre les firmes et
l'agglomération. Pour Marshall, la coopération est la forme la
plus avancée de l`agglomération. Par la suite de nombreuses
contributions ont été apportées permettant d'enrichir ce
thème. Becattini (1990) estime qu'un certain nombre de facteurs à
la fois historiques, juridiques, politiques amènent les firmes à
se concentrer dans un territoire. En plus de ces facteurs on peut citer le
stock de connaissances accumulées et le haut degré de
spécialisation industrielle.
La nouvelle géographie économique met en exergue
deux thèmes pour expliquer la concentration géographique des
activités dans l'espace : les rendements croissants et les
coûts de transactions.
La polarisation concerne particulièrement les
activités à rendement croissant qui peuvent
bénéficier du regroupement des firmes, des travailleurs, et de la
demande en un seul lieu. Ce regroupement peut encore plus s'intensifier
lorsque l'on assiste à la baisse des coûts de transactions
(coûts de transports, droits de douane, monnaie unique). Mais il est
aussi possible que ce phénomène s'inverse, au profit d'une
dispersion. C'est le cas où le poids des forces centrifuges (forte
concurrence, hausse des coûts salariaux...) l'emporte sur celui des
forces centripètes.
Catin et Al. (2002) développent un
modèle qui permet de dégager un ensemble de trajectoires de
concentration spatiale des activités technologiques en fonction du stade
de développement, de la diffusion des connaissances et des politiques
d'ouverture et d'infrastructures des pays. Ils distinguent les PI (pays
industrialisés), NPI (nouveaux pays industrialisés), PED (pays en
développement).
Le modèle de ces auteurs montre que le degré de
concentration spatiale des activités technologiques dépend
beaucoup du niveau de développement d'un pays. Ces auteurs
considèrent quatre phases de développement pour un PED, une phase
de départ, une deuxième phase où le PED s'engage dans une
nouvelle étape de développement, la troisième phase
où il passe au stade de NPI et la quatrième phase où il
devient un pays industriel. La constitution d'une activité technologique
dans un PED engagée dans la seconde phase de développement
nécessite l'utilisation d'une main d'oeuvre qualifiée
spécifique, et des consommations intermédiaires
générées par les industries locales à main d'oeuvre
peu qualifiée. C'est-à-dire que le PED doit atteindre un niveau
d'intégration économique beaucoup plus élevé que
dans la première étape pour que l'industrie technologique
commence à se répartir dans les centres urbains.
L'évolution des structures industrielles et les politiques d'ouvertures
internationales conduisent globalement à une concentration puis à
une diffusion progressive de l'agglomération vers les régions
périphériques. Dans les deux premières étapes, les
firmes technologiques restent totalement concentrées dans
l'agglomération, après, à partir du stade de NPI, et au
fur et à mesure que le pays se développe, le poids des forces
centripètes augmente, par exemple : la part des biens
consommés qui ont une haute valeur technologique, le niveau de
développement des infrastructures ; mais cette augmentation est
amoindrie et beaucoup plus compensée par l'augmentation du poids des
forces centrifuges telles que la part des firmes multinationales technologiques
dans l'industrie, le degré d'ouverture au commerce international, la
baisse des coûts de transports due au développement des
infrastructures nationales, l'intensité des externalités de
connaissance. Ici, le rôle de l'intégration économique est
important pour comprendre cette diffusion progressive des activités vers
la périphérie. Au fur et à mesure que le pays devient
plus intégré économiquement, le nombre de firmes
multinationales s'accroît, ce qui tend à renforcer la concurrence
avec les firmes locales. Cette concurrence va entraîner la baisse des
coûts d'importation des produits technologiques finals, qui
couplées à la baisse des coûts de transports va inciter les
firmes multinationales à étaler leurs activités
au-delà de l`agglomération.
Le modèle proposé par Catin et Al.
(2001) met en évidence deux étapes dans la trajectoire de
concentration spatiale : dans un premier temps, l'apparition d'une
industrie technologique et les effets d'entraînement inter-sectoriels
viennent renforcer le processus de concentration existant en
agglomération. Puis dans un second temps, l'intégration
économique croissante, les investissements dans les infrastructures de
transports, et l'évolution des structures économiques tendent
à favoriser la diffusion des activités en région
périphériques.
La diffusion devient efficiente avec le développement
d'une part du phénomène de congestion en agglomération, et
d'autre part du fait de développer les infrastructures et les
connaissances dans les régions périphériques (Henderson,
2000).
Le modèle de ces trois auteurs montre que le seuil de
retournement à partir duquel les activités commencent à se
répartir sur le territoire semble largement déterminée par
la nature et l'intensité des externalités de connaissances.
· Externalités de connaissance et
proximités
Les firmes technologiques s'implantent à
proximité des laboratoires de R&D et des universités pour
pouvoir bénéficier des spillovers technologiques et ainsi
améliorer leur capacité d'innovation. Avec les NTIC le processus
de circulation et de diffusion des connaissances est facilité, on
pourrait même penser que dans ce cas une proximité
géographique ou physique n'est plus nécessaire.
Torre et Rallet (2005) étudient les relations qui
existent entre proximité et localisation des activités
économiques. Les auteurs distinguent deux types de
proximités : la proximité géographique et la
proximité organisationnelle. La proximité organisationnelle est
en réalité la proximité relationnelle. C'est la
capacité qu'à une organisation de mettre en relation les acteurs
de la chaîne productive sans qu'ils ne soient proches
géographiquement. Selon ces deux auteurs, la proximité
relationnelle génère des mécanismes de coordination
très puissants qui permettent de pallier les problèmes
liés aux longues distances.
Si l'on distingue la recherche fondamentale de la recherche
appliquée, la proximité joue un rôle essentiel dans la
phase de recherche amont (recherche fondamentale), en revanche dans la phase
aval (recherche appliquée), l'obligation de proximité est
plutôt relative (Autant-Bernard, 2000). L'accès à la
recherche fondamentale nécessiterait une proximité plus
importante que l'accès à la recherche appliquée. En effet,
les connaissances nouvelles ou tacites4(*) issues de la recherche fondamentale ( Foray, 2000),
nécessitent une proximité géographique pour être
construites et diffusées. A l'inverse, les résultats issus de la
recherche appliquée, considérés comme
codifiés5(*), ont une
diffusion plus large.
La distinction entre connaissance tacite et connaissance
codifiée est très importante, parce-que ces deux types de
connaissances n'ont pas le même mode de diffusion, et la nature des
acteurs appelés à échanger est différente.
Au-delà de la proximité géographique et physique, la
construction et la création de connaissances tacites nécessitent
surtout une proximité organisationnelle et culturelle (Gilly et Torre,
2000). Le besoin de proximité physique s'avère plus important
dans les phases préliminaires du développement technologique,
qui mettent en jeu des connaissances de nature plutôt tacites que
codifiées.
Certains auteurs ont aussi essayé d'étudier les
relations entre recherche publique et recherche privée, et leur impact
dans la diffusion des externalités de connaissance. Les interactions
entre secteur public et secteur privé sont traditionnellement
liées à l'étroite complémentarité de ces
deux secteurs. Le premier privilégiant la recherche fondamentale, le
second la recherche appliquée. Pour Kline et Rosenberg (1986), il existe
de fortes interactions entre ces deux activités. Chaque type de
recherche renforcerait l'autre sans qu'il n'y ait pour autant de concurrence
entre elles.
Plusieurs autres études ont été
effectuées comme par exemple celle de Mansfield, (1995) et celle de
Beise et Tahl, (1999). Les auteurs observent un certain consensus selon
lequel il y aurait bien une diffusion de la recherche publique vers la
recherche privée, et cette diffusion se fait principalement par le
biais de la coopération. Les entreprises s'installent aussi dans des
régions où la politique publique de recherche est efficace
(systèmes nationaux d'innovations, subventions à la recherche...)
afin de bénéficier des externalités. Aussi, les
différences institutionnelles et culturelles qui existent entre les
chercheurs publics et privés pourraient nécessiter une
proximité géographique pour pallier la faiblesse de la
proximité organisée par le souci de coopération
(Gallié, Legros, 2005) .
- Une localisation basée sur la recherche de
compétences spécifiques
Contrairement à la division technique du travail
taylorienne, la division cognitive du travail ne repose pas sur un
découpage bien défini et prescrit des opérations. Elle
repose plutôt sur la capacité à produire de la connaissance
à partir de l'information. C'est par le biais de l'apprentissage que
cette production de nouvelles connaissances est possible. La compétence
et le savoir jouent en quelque sorte ici un rôle de catalyseur dans le
processus de création de connaissances. La politique de localisation de
la R&D des entreprises sera donc nécessairement liée au
niveau de compétences, de savoirs, et de spécialisations que
peuvent apporter les territoires où elles veulent s'implanter (Mouhoud,
2003).
Pour Mouhoud (2003), la délocalisation de la R&D
repose beaucoup plus sur la recherche d'éléments favorables au
développement des compétences que sur une logique de minimisation
des coûts. Les territoires riches en compétences
spécifiques seront beaucoup plus recherchés. La R&D est
tournée vers l'excellence technologique.
Les pays qui ont développé des
compétences particulières et une haute spécialisation
technologique vont concentrer toute l'activité de R&D. Cela
entraîne une polarisation des activités de r&d au sein des
grands pays industriels de la Triade, très riches en ressources
cognitives. En d'autres termes, la division cognitive du travail dans les
activités intensives en connaissance serait l'apanage des pays
présentant des similarités en termes de niveaux technologiques et
en stocks de ressources cognitives. Ce qui permet l'échange de biens
similaires mais différenciés. C'est plutôt la logique des
avantages absolus qui est prise en compte ici (Mouhoud, 1995).
« Ainsi, les pays connaissent une structuration de
leurs avantages comparatifs selon trois niveaux d'analyse souvent confondus
:
- la condition première de participation à la
division internationale cognitive du travail réside dans la
similarité de leurs niveaux des ressources cognitives (similarité
de niveau ou de stock de R&D);
- cette similarité dans le niveau des ressources
cognitives n'empêche pas la spécialisation des pays sur des
compétences issues de ces ressources en fonction des interactions entre
les institutions, les entreprises et l'histoire des conditions de production et
de reproduction des compétences ;
- la différence dans les compétences peut
ensuite se traduire par des similarités dans les produits
échangés au niveau des biens finals. Cette similarité est
en fait de même nature que la première puisque c'est la
convergence des revenus par tête qui homogénéise les
structures de consommation et qui engendre des demandes de biens similaires
différenciés entre pays à niveau de développement
comparable » (Mouhoud, 1995).
En ce qui concerne les pays émergents comme la Chine
par exemple, ils ne participent qu'à la phase aval qui correspond
à la phase de développement. C'est le cas des laboratoires de
soutien local qui ont pour objectif d'adapter les produits à la demande
locale.
1.1.2 SPECIALISATION ET DIVISION INTERNATIONALE DU
TRAVAIL : LA MARGINALISATION DES PAYS DU SUD DANS LES ACTIVITES INTENSIVES
EN CONNAISSANCE
1.1.2.1 Spécialisations : Pays du Nord moteurs
de l'innovation et pays du Sud suiveurs ou imitateurs
Le développement de la DIPP, a facilité la
montée en puissance du commerce en biens intermédiaires. On peut
considérer que le commerce en biens intermédiaires est soit la
conséquence ou la cause de la segmentation internationale des processus
productifs. Elle est à l'origine des spécialisations. Les pays
peuvent se spécialiser dans le ou les secteurs dans lesquels ils
détiennent un avantage comparatif.
Comme le montre le modèle HOS (Hicks, Ohlin,
Samuelson), il est avantageux pour un pays de se spécialiser dans la
production du bien utilisant le facteur dont il est relativement le mieux
doté. Un pays se positionne sur un segment de la chaîne de valeur,
dans lequel il détient un avantage comparatif. Cet avantage peut
être soit une dotation factorielle intensive en capital (pays
développés) soit une dotation intensive en travail (pays en voie
de développement).
Les différents stades de production d'un produit
correspondent à différentes fonctions de production, de sorte
qu'un pays peut avoir un avantage comparatif dans certains stades de
fabrication d'un produit et des désavantages dans d'autres. On peut
ainsi distinguer deux types de spécialisation : une
spécialisation horizontale, quand un pays a un avantage comparatif sur
l'ensemble du processus de production depuis les stades amont jusqu'aux stades
avals ; et une spécialisation verticale quand un pays a un
avantage seulement dans un (ou des) stades de fabrication d'un produit et des
désavantages comparatifs dans les autres stades.
La spécialisation verticale concerne essentiellement
les pays émergents dotés d'une intensité factorielle riche
en travail. Ils se spécialisent généralement dans les
activités avals, c'est-à-dire les activités de finitions
et d'assemblages qui sont devenues une phase cruciale de la segmentation
internationale des processus productifs. Ils demeurent ainsi positionnés
sur les stades intensifs en travail alors que les pays avancés
fournissent les produits à fort contenu en capital et technologie. Ce
qui amène Lemoine (2002) à penser que l'handicap des pays
à fort contenu en travail réside surtout au niveau de leur
positionnement sur la chaîne de valeur. En effet leur participation aux
stades intensifs en travail ne produit pas les externalités
technologiques nécessaires à améliorer rapidement leurs
capacités technologiques. C'est la question du mode de transfert de
technologie.
Traditionnellement les pays du Nord jouent le rôle de
meneur dans l'innovation et les pays du Sud, celui de suiveur ou imitateur. Les
grands pays industriels disposent d'un avantage comparatif soutenu dans le
domaine technologique (subventions publiques à recherche, ressources
cognitives, DPI ...). Les transferts de technologie du Nord vers le sud,
s'effectuent le plus souvent par les IDE ou les accords de partenariats,
entraînant une diffusion internationale des savoirs et des
compétences technologiques. Cette diffusion internationale banalise les
innovations, et donc pour garder son avantage comparatif le pays innovateur est
obligé de renouveler chaque fois sa capacité d'innovation par des
dépenses de R&D.
Mais ces investissements en R&D sont avant tout
justifiés par l'existence d'un système de protection efficace de
la rente d'innovation (Fontagné, 1990).
Fontagné (1990) fait la différence entre
services technologiques et biens technologiques. Pour cet auteur, les pays
innovateurs se spécialisent sur des paquets technologiques ou plus
simplement sur une technologie particulière dans laquelle ils
détiennent un avantage comparatif, du fait de leur richesse en
ressources cognitives. Et les pays suiveurs se spécialisent
plutôt dans la production du bien technologique final (production
intensive en travail) et non pas sur une technologie particulière. Ils
disposent d'un avantage comparatif à cause de la main d'oeuvre
abondante.
Dans le long terme, on assiste à une croissance des
dépenses de R&D du pays innovant dans le but de protéger son
avantage comparatif. On arrive à une situation où
l'économie innovante continue à exporter le paquet technologique
et à importer le bien final.
Cette analyse des spécialisations Nord-Sud rejoint le
constat effectué par Lemoine (2005) au sujet de la chine :
« Les échanges de haute technologie de la Chine
reflètent sa position dans la segmentation internationale des processus
productifs. En effet, plus de la moitié de la haute technologie
importée est incorporée dans des pièces et composants
et/ou dans des inputs destinés aux opérations d'assemblage. Les
quatre cinquièmes des exportations de produits de haute technologie sont
issus des opérations d'assemblage et sous-traitance. L'intensité
technologique des exportations chinoises résulte du contenu high-tech
des inputs importés plus qu'elle ne reflète la capacité
interne d'innovation ».
1.1.2.2 La récupération d'avantages
comparatifs et relocalisations
La théorie du cycle de vie de Vernon (1966) identifie
quatre étapes entre la création et la disparition d'un
produit : la phase de lancement, la phase de croissance et de
développement, la phase de maturité et la phase de déclin.
La phase de lancement est le résultat de l'innovation. L'entreprise
dispose d'un avantage compétitif et lance le produit sur le
marché. Pendant la phase de développement de nouveaux concurrents
apparaissent sur le marché en essayant d'imiter la technologie de
l'entreprise leader dans la fabrication du produit. La phase de maturité
correspond à la phase de banalisation. Elle est marquée par une
pression fortement concurrentielle (baisse des prix, dépenses
publicitaires...), dans laquelle les entreprises essayent de maintenir leurs
parts de marché. Une fois de plus l'innovation pourrait être la
réponse appropriée : l'entreprise va développer de
nouveaux produits pour maintenir son avantage compétitif.
Sur le plan de la division internationale du travail, les
pays du Nord délocalisent la production vers le Sud lorsque le produit
parvient à son stade de maturité. Ainsi les pays du Nord peuvent
se consacrer au développement de nouveaux produits, qui arrivés
à leur phase de banalisation seront délocalisés
à leur tour. Les pays du Nord innovent et les pays du Sud imitent avec
peut-être l'espoir de combler leur vide technologique.
Quelques contributions ont été apportées
par les économistes au sujet de la récupération des
avantages comparatifs. Des auteurs ont montré qu'il est possible de
récupérer des avantages comparatifs perdus par le Nord, suite
à une banalisation et une imitation d'un produit par le Sud.
Grossman et Helpman (1991) proposent un modèle d'une
économie mondiale avec deux pays à capacités
technologiques différentes. Les producteurs du Sud sont des imitateurs
des produits découverts par le pays du Nord, et les producteurs du Nord
peuvent innover dans la fabrication de ces mêmes produits. Le produit
arrive à maturité, et à ce niveau sa banalisation fait
qu'il est parfaitement imité par le pays du Sud, alors qu'il a
été inventé par le pays du Nord. On assiste à une
perte d'avantage comparatif. Mais le modèle montre que le pays du Nord
accomplit ses efforts d'innovation pour le récupérer et donc le
rapatrier, car il possède les compétences initiales (ressources
cognitives) et les activités de R&D très
développées. Et aussi, les politiques de subvention à la
recherche dans le pays du Nord augmentent le montant des ressources
consacrées à cette activité et donc la probabilité
d'innover. Ceci exerce un effet négatif sur l'activité
d'imitation du pays du Sud. Le pays du Nord parvient alors à
récupérer des avantages perdus sur les produits parvenus à
maturité dans le cycle du produit et à consolider leurs avantages
technologiques de long terme.
L'analyse de Mouhoud (1993) permet de mieux percevoir le
phénomène de récupération des avantages
comparatifs. Il considère deux biens, et deux pays, l'un
développé et l'autre en développement. La production du
premier bien est intensive en capital, facteur abondant dans le pays
développé. La production du second bien est intensive en travail,
facteur abondant dans le pays en développement. On suppose que le pays
développé maîtrise les nouvelles technologies et les
introduit dans le processus de production, et le pays en développement
ne pourra y accéder que dans le long terme. Il maintient donc les
techniques anciennes dans son processus de production. Le pays
développé se spécialisera dans le premier bien et le pays
en développement dans le second.
La maîtrise des nouvelles technologies par le pays
développé fait que le pays en développement perd son
avantage comparatif en termes d'abondance relative en travail pour le second
bien. Puisque l'introduction et la diffusion des nouvelles technologies par
le pays développé vont pallier son désavantage comparatif
en travail. En effet, dans le pays développé, l'introduction du
changement technique se diffuse dans les deux biens. Ce qui rend aussi la
production du second bien intensive en capital. Le pays en développement
ne peut se reporter sur le premier bien puisqu'on suppose qu'il demeure
intensif en capital. Le pays développé grâce à
l'introduction des nouvelles technologies à la possibilité
d'innover et de produire différentes variétés du premier
bien considéré comme intensif en capital. L'intensité
capitalistique ne se modifie pas pour le premier bien, par contre pour le
second bien, le rapport capital/travail s'inverse au profit du capital.
L'inversion du rapport capital/travail sur le second bien, permet au pays
développé de procéder aussi à une innovation de
produit sur celui-ci. Le pays développé a alors la
possibilité de produire différentes variétés du
premier bien et différentes variétés du second bien. Le
prix du second bien produit par le pays développé devient
inférieur ou égal au prix du même bien importé en
provenance du pays en développement. Le pays développé va
donc arbitrer entre le retour de la production du second bien dans son
territoire, et la délocalisation dans le pays du Sud. Si le gain de
délocalisation est inférieur au coût d'introduction de
nouveaux procédés technologiques, il décidera de cesser de
l'importer, de le fabriquer lui-même et de l'exporter, on parle de
relocalisation.
Il est important de rappeler que, le retour de l'avantage
comparatif du Sud vers le Nord est possible à la fois grâce aux
innovations de produit et aux innovations de procédés. Ces
innovations proviennent de l'avantage absolu en termes de ressources cognitives
et de politique de subvention à la recherche que le Nord détient
sur le Sud6(*). Le pays du
Nord a donc une capacité d'innovation largement plus forte que le pays
du Sud. Cette capacité d'innovation interne élevée rend un
peu plus obsolète l'activité d'imitation du pays du Sud, et le
pays du Nord parvient à récupérer des avantages perdus sur
des produits parvenus à maturité dans le cycle de produit.
Le Nord détient un avantage absolu qui lui permet de
renouveler en permanence, le produit imité. En effet, les avantages
issus de la spécialisation sur des blocs de compétences et des
ressources cognitives, et ceux qui découlent des ressources naturelles
ou de la disponibilité en main d'oeuvre abondante à faible
coût ont des trajectoires différentes dans le temps. Les premiers
sont appelés à se renouveler continuellement à cause de
l'effort de recherche, les seconds ont une nature éphémère
à cause du caractère permanent de l'innovation technologique
dans le Nord, et du cycle innovation-imitation7(*). On parle d'avantages comparatifs longs et d'avantages
comparatifs courts (Mouhoud, 1995).
Ce phénomène de récupération
d'avantages comparatifs a été surtout remarqué ces
dernières années dans le secteur des biotechnologies8(*). Le renforcement des droits de
propriété intellectuelle et l'extension du brevet dans le
domaine du vivant ont joué un très grand rôle dans la
reconquête par le Nord des avantages comparatifs même dans les
secteurs intensifs en travail9(*).
En effet, les DPI dont l'objectif principal est de combattre
le « passager clandestin ». C'est-à-dire
empêcher un agent n`ayant pas participé au financement d'un bien
d'y bénéficier sans contrepartie, se présente comme un
compromis nécessaire entre incitation à l'innovation et diffusion
des connaissances.
L'argument le plus mis en avant pour justifier les DPI dans le
domaine scientifique est le niveau très élevé des
dépenses de R&D par les entreprises dans la phase amont de la
recherche. L'élargissement et le prolongement des DPI, en accordant pour
les brevets une protection pour une période de temps limitée,
seraient alors la condition essentielle pour permettre aux firmes d'amortir
leurs coûts de R&D.
Ce système participe de manière active à
la marginalisation des pays du Sud, dans l'économie de la connaissance,
il favorise un transfert de ressources du Sud vers le Nord. Les savoirs et
connaissances du Sud qui ne bénéficient d'aucun système de
protection sont captées par le Nord par l'intermédiaire des DPI.
Il existe une appropriation gratuite des savoirs traditionnels du Sud. «
Par ailleurs le brevetage des savoirs traditionnels et des ressources issues
de la biodiversité se traduit par l'interdiction d'utiliser les semences
agricoles brevetées. La propriété intellectuelle peut en
fait permettre à une entreprise multinationale de s'approprier d'un
savoir traditionnel non protégé, en imposant ensuite son monopole
sur la commercialisation des semences, y compris aux agriculteurs qui
pratiquaient cette culture depuis des siècles » (Vercelone,
2004)
La relocalisation, c'est-à-dire le retour vers
le Nord d'activités qui auparavant avaient été
délocalisées vers des pays à faibles à coûts
salariaux, est l'une des conséquences de ce phénomène de
récupération d'avantages comparatifs. En effet des facteurs tels
que : la diffusion rapide des nouvelles technologies, les régimes
d'innovation, les changements organisationnels, la versatilité et
l'instabilité de la demande, l'incapacité pour le pays hôte
de fabriquer des produits adaptés à une demande de plus en plus
exigeante, les comportements opportunistes des sous-traitants, les droits de
propriété intellectuelle etc....sont des déterminants de
la relocalisation des firmes multinationales.
Le cas des firmes allemandes dans le milieu des années
80 est assez illustratifs : Grundig, notamment, qui avait
délocalisé à Taiwan sa production de TV, hi-fi et autres
produits de l'électronique grand public en 1977, a relocalisé en
Allemagne en 1983. Idem pour Siemens, déménagement à
Maurice en 1977, rapatriement en Allemagne en 1981(Mouhoud, 1992). Plus
récemment encore, en septembre 2006, la société
néerlandaise Samas, leader européen de l'ameublement de bureau a
rapatrié à Noyon dans l'Oise son activité de fabrication
de caisson de bureau. Cette activité avait été
délocalisée en Chine en 2000. De même l'entreprise Atol a
relocalisé dans le Jura la fabrication d'une gamme de produits
précédemment fabriqués en Chine10(*).
1.1.2.2 La marginalisation des pays du Sud dans les
investissements intensifs en connaissance
La figure 1 (page 13) nous montre que plus de 70% du budget de
la R&D est répartie entre les Etats-Unis, le Japon et l'Union
Européenne.
En somme, les phénomènes cités plus haut
tels que :
- La recherche de compétences spécifiques
liée à la division cognitive du travail, basée non pas sur
une logique technique, mais sur une logique d'acquisition de nouvelles
connaissances ;
- Les spécialisations Nord-Sud dans la segmentation
internationale des processus productifs, qui positionnent les pays
émergents dans la phase aval, non propice à l'acquisition et au
développement de nouvelles technologies ;
- Le phénomène de récupération des
avantages comparatifs qui entraîne les relocalisations. Ces
relocalisations qui quant à elles s'expliquent (dans le cas des secteurs
intensifs en connaissance) par la nécessité de réagir
efficacement et rapidement à la demande de plus en plus versatile et
instable. L'instabilité de la demande est le résultat du
changement du régime du cycle de l'innovation qui est passé d'un
régime incrémental à un régime continu favorisant
l'obsolescence rapide des connaissances ;
Conduisent à une polarisation des activités au
sein de la Triade. L'étude des flux des IDE permet de mieux
appréhender ce phénomène.
Selon l'AFII11(*), Les projets de R&D sont essentiellement
originaires de firmes nord-américaines et dans une moindre mesure
ouest-européennes, la part des investisseurs asiatiques étant par
contre extrêmement réduite. Les firmes US représentent
à elles seules 44,6 % des projets d'investissement. L'Europe de l'Ouest
arrive en seconde position des régions d'origine. Trois pays se
détachant nettement, les sociétés d'origine allemande,
française et britannique représentent à elles seules 24,5
% des projets.
Le rapport de la CNUCED (2006), présente, les fusions
acquisitions des firmes transnationales des pays développés
comme l'un des principaux stimuli de l'IDE. Un nombre croissant
d'opération sont également le fait des fonds communs de
placement. Elles ont augmenté de 88% entre 2004 et 2005. La plupart des
multinationales ayant des actifs à l'étranger sont
également issus des pays développés.
Tableau 1. : les 25
premières multinationales non financières classées selon
leurs actifs à l'étranger (en millions de dollars)
Source : CNUCED/Université Erasmus, World
Investment Report 2006, tableau A.I.11 de l'annexe,
(www.unctad.org/fdistatistics)
Les firmes américaines et Européennes forment le
peloton de tête, on peut quand même remarquer la présence de
la firme coréenne Hutchinson Whampoa en dix-septième position.
Tableau 2. :
entrées et sorties d'IDE dans les vingt premiers pays ou territoires
entre 2004 et 2005 (milliards de dollars).
Source : World investment report 2006, tableau B1. de
l'annexe, et base de données sur les IED/STN
(www.unctad.org/fdistatistics)
Le tableau 2 montre qu'en ce qui concerne, les entrées
d'IDE, un pays comme la Chine se retrouve en très bonne position dans le
monde. Troisième après le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Mais les
sorties d'IDE sont l'apanage des grands pays industriels et la Chine est
presque en dernière position.
Les pays développés sont la principale source
d'IDE, l'Union Européenne reste en tête, avec les Pays-Bas qui
occupent la première place. Les entrées d'IDE dans les pays
développés ont augmenté de 37% entre 2004 et 2005. La
CNUCED (2006) les évalue à 544 milliards de dollars, soit environ
60% du total mondial. Sur ce chiffre, 78% sont allés à l'Union
Européenne. Plus de 90% des IDE entrés dans les pays
développés provenaient des pays développés. Mais
les pays émergents semblent prendre de plus en plus d'ampleur dans ce
mouvement puisqu'ils se situent aujourd'hui à 17% du total mondial.
Si on se base essentiellement sur l'Europe en ce qui concerne
les investissements en R&D, on observe que 80% (Tableau 4) des projets
R&D sont issus des pays de la Triade, de même, la majeure partie des
firmes contributives sont soit américaines, Japonaises ou
Européennes (tableau 3). Même si les pays émergents
présentent une certaine avancée, (0 à 5,6%), leur part
dans les projets de R&D en Europe reste quand même minime.
Tableau 3. Les
principales multinationales investisseuse en R&D à l'étranger
en Europe entre 2002 et 2005
Source : AFII 2006 : les investissements
internationaux dans les centres r&d en Europe
Tableau 4. :
Répartition des projets de R&D selon la région d'origine
entre 2002 et 2005 en Europe (%)
ZONES
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Amérique du Nord
|
45,8
|
45,2
|
43,2
|
50,8
|
Japon
|
9,2
|
9,5
|
8,1
|
5,5
|
Inde
|
0
|
1,6
|
1,8
|
2,8
|
Chine
|
0
|
1,6
|
1,8
|
2,8
|
Europe
|
39,7
|
41,4
|
33,7
|
37,9
|
Source : AFII 2006 : les investissements
internationaux dans les centres R&D en Europe
L'internalisation de la R&D est un mouvement qui se fait
encore pour l'essentiel à l'intérieur des pays de l'OCDE. Mais
qui profite aussi, de manière croissante à une poignée de
pays en développement d'Asie (Chine et Inde en tête) et d'Europe
de l'Est. La part de l'Asie dans les dépenses de R&D à
l'étranger des firmes US est ainsi passée de 3,4 à 10 %
entre 1994 et 2002, tandis que celle de l'Europe déclinait de 69,6 %
à 58,8 %. Le mouvement semble s'accélérer : entre 2002 et
2004, la moitié des projets internationaux de R&D dans le monde se
serait ainsi localisée, selon la CNUCED (2005), dans les pays en
développement.
Au total dans cette section, nous avons essayé de
développer un argumentaire qui pourrait permettre d'arriver à la
conclusion selon laquelle il existe une polarisation des activités de
R&D au sein de la Triade. Pour appuyer ce constat nous avons
souligné précisément le rôle de la transition vers
l'économie de la connaissance qui elle-même a permis le passage de
la division technique du travail vers la division cognitive du travail. La
division cognitive du travail est basée sur une logique d'acquisition et
de créations de connaissances. Nous avons également
spécifié la nature des spécialisations internationales
dans la DIPP, qui en effet positionne plutôt les pays émergents
dans les phases intensives en travail. C'est-à-dire en aval dans la
chaîne de valeur.
La forte intensité capitalistique des pays
développés les amènent à se spécialiser sur
des paquets technologiques. Et les pays émergents dotés d'une
forte intensité en travail se situent plutôt au bout de la
chaîne. C'est-à-dire dans la production des biens finals.
Ce positionnement des pays en développement est
plutôt un handicap dans leur processus d'acquisition et de
développement des technologies (Lemoine et Unal-Kesenci 2002).
Puisqu'il ne permet pas d'améliorer rapidement leur capacité
technologique de sorte qu'ils puissent participer de manière active
à l'économie de la connaissance.
Cependant, il convient de préciser que ces analyses,
malgré leur pertinence ne sont pas sans soulever un certain nombre de
problèmes voire même de contradictions.
1.2. QUELQUES PROBLEMES
POSES PAR LE DEBAT SUR LA NOUVELLE D.I.T BASEE SUR LA CONNAISANCE
En effet, le pilier central sur lequel se situe l'approche de
Mouhoud (2003) est le passage d'une division technique du travail à une
division cognitive du travail. Mais ce constat ne fait pas consensus chez les
économistes. Pour certains la crise du Fordisme marque plutôt la
naissance du modèle Néo-taylorien de la division du travail.
De même, en ce qui concerne le transfert technologique,
beaucoup d'auteurs (Grossman et Helpman, 1991 ; Coe, Helpman, et
Hoffmaister, 1995 ; Keller, 2002 et Keller, 2007...) s'accordent pour dire que
le commerce de biens intermédiaires pourrait être un canal
important de transmission de technologie. Dans le cas des pays
émergents, l'importation de composants pour assemblage peut être
le moyen le plus facile d'acquérir de la haute technologie.
En plus ces analyses ne prennent pas en compte, les
critères de minimisation des coûts d'exploitation et de
production. Quand on sait que les ingénieurs et scientifiques de
certains pays émergents (Inde) présentent à peu
près le même niveau de compétences que ceux des pays
développés et sont employables à des salaires
compétitifs.
1.2.1. LE MODELE NEO-TAYLORIEN
Pour les auteurs issus de cette thèse, la mutation
principale née de la crise du Fordisme est le passage du modèle
Fordien de la production de masse rigide au modèle Néo-Taylorien
de la production de masse flexible. C'est le caractère de plus en plus
instable et versatile de la demande qui expliquerait la transition vers un
modèle de la production de masse flexible. Selon ces auteurs, la crise
de Fordisme serait la conséquence de l'incapacité de la
chaîne de production fordienne à satisfaire une demande de plus en
plus diversifiée.
Les nouvelles technologies jouent un rôle essentiel dans
cette approche parce-que leur introduction dans la division du travail a
permis, grâce à l'automatique et la robotique, de rendre la
production beaucoup plus flexible. C'est-à-dire un modèle capable
d'associer à la fois économies d'échelles et
économie de variétés (Vercelone, 2007). Ici
l'efficacité ne se trouve pas dans la mobilisation des savoirs des
travailleurs, elle se retrouve plutôt dans la capacité des firmes
à respecter les contraintes de qualité et de délais.
Cette logique Néo-taylorienne est basée sur
des localisations fondées sur la minimisation des coûts.
Même si certains pensent que les entreprises concernées par ce
type de division du travail exercent leurs activités dans des secteurs
de production de biens de consommation faiblement intensifs en connaissances
(Mouhoud, 2003a), cela ne représente en rien un frein à
l'extension de la logique taylorienne de minimisation des coûts à
des secteurs intensifs en connaissances. Puisque Mouhoud (2003a) stipule que
l'utilisation intensive des nouvelles technologies est propice à la mise
en place d'une division technique du travail flexibilisée.
En outre l'auteur admet en frôlant la contradiction que
l'une des principales caractéristiques de la polarisation actuelle de
l'économie mondiale est l'implication des nouveaux pays industriels
à capacité technologique dans la dynamique des échanges
entre les trois blocs de la Triade. Pour l`auteur la mondialisation même
si elle n'est pas vraiment un véritable processus d'échanges de
biens et de capitaux et de technologies à l'échelle
planétaire, « Elle se traduit en réalité par un
processus de polarisation de ces flux entre et à l'intérieur des
pays riches de la Triade, selon une logique qui, tout en impliquant certains
pays émergents, aboutit pour la plupart des pays à dotations
naturelles à une déconnexion forcée, les seuls avantages
de ces derniers résidant dans la disponibilité de ressources
naturelles ou de main d' oeuvre à bas prix. »
(Mouhoud, 2003a).
1.2.2. LA QUESTION DU TRANSFERT DE TEHNOLOGIE
Comme mentionnée en début de cette section, de
nombreux auteurs ont étudié les relations entre transfert de
technologie et avancée technologique.
Grossman et Helpman, (1991) étudient le lien qu'il y a
entre commerce, croissance et externalités de connaissances. Ils
considèrent un pays dans lequel les flux de connaissances scientifiques
et techniques venant de l'extérieur sont liés à l'ampleur
et à l'étendue du commerce international. Les auteurs montrent
que dans ces conditions, la majeure partie des externalités sont
générées par le commerce extérieur. Et de plus
toute politique de nature protectionniste aurait pour conséquence la
baisse du niveau et du rythme de l'innovation.
Plus tard, Coe et Helpman, (1995) présentent un
modèle dans lequel ils considèrent une économie soumise
à la fois à des dépenses de R&D locales, et à
des dépenses de R&D issues de l'étranger. Dans ce
modèle les efforts d'innovation sont considérés comme l'un
des principaux moteurs de l'avancée technologique. Les auteurs estiment
un modèle économétrique dans lequel les dépenses de
R&D issues des firmes étrangères ont un effet positif sur la
productivité, et cet effet peut être encore plus
élevé si on est en économie ouverte. De plus les
retombées technologiques sont très élevées à
la fois en ce qui concerne les dépenses de R&D locales et les
« spillovers » de R&D internationaux.
Dans le même ordre d'idée Coe, Helpman, et
Hoffmaister, (1995) approfondissent cette analyse. Cette fois-ci ils
considèrent un modèle comprenant deux pays : le premier est
un pays en développement dont l'intensité technologique est
beaucoup plus le fait de son commerce en biens intermédiaires avec le
pays développé que sa capacité interne d'innovation. Le
second est un pays développé qui détient un stock
important de connaissances (capital cognitif) accumulées grâce
à l'intensité des activités de recherche et
développement. Le pays en développement quant à lui
acquiert des technologies grâce au commerce en biens
intermédiaires incorporant des hauts paquets technologiques.
Le modèle économétrique est
estimé sous données de panels sous une période de 20 ans
et un échantillon de 77 pays. Les estimations montrent que les
retombées technologiques du pays développé vers le pays en
développement sont importantes.
La même analyse a été opérée
par Keller (2002), il étudie le lien entre productivité et
recherche et développement. Il analyse les effets de la R&D sur la
productivité de l'industrie locale, aussi bien la R&D issue de
l'intérieur comme celle issue de l'extérieur par le biais du
commerce en biens intermédiaires différenciés. L'auteur
estime un modèle économétrique basé sur les
dépenses de R&D mondiales sous la période 1970-1991. Les
coefficients estimés sont de l'ordre de 50% pour l'impact des
dépenses de R&D sur la productivité, dont 30% pour les
dépenses de R&D locales (quand l'effort de recherche est soutenu) et
20% pour les dépenses de R&D issues des industries
étrangères.
Plus récemment encore Keller (2007) fait le lien entre
transfert de technologie et importations de composants à haute valeur
ajoutée technologique. Pour cet auteur les importations sont souvent le
canal principal du transfert de technologie.
Au regard de ces différentes analysent qui nous
permettent de relativiser la thèse d'une polarisation des
activités de R&D au sein de la Triade, on pourrait penser que
l'événement le plus important qui caractérise la nouvelle
division du travail, est peut-être celui de la tendance à une
réelle internationalisation de la R&D.
1.2.3. UNE REELLE
INTERNATIONALISATION DE LA R&D ?
La globalisation de l'économie mondiale est un
phénomène qui s'est étendu à tous les secteurs de
l'économie, en passant par l'industrie et les services. La R&D
quant à elle n'y est pas restée en retrait. La DIPP s'est
également étendu à des activités de recherche et
développement, modifiant ainsi la carte des spécialisations
traditionnelles dans le monde. Les pays émergents tels que la Chine par
exemple, plutôt orientés vers les industries d'assemblage et les
secteurs intensifs en main d'oeuvre non qualifiée tentent de
« côtoyer » les pays développés dans
les secteurs intensifs en connaissances.
Dans les cinq secteurs dits à haute
technologie12(*), l'Europe
qui assurait encore 39,4% des exportations mondiales de ces produits en 1980,
n'en réalisait plus que 22% en 2003, les USA sont passés de
30,2% en 1980 à 16% en 2003. Or durant la même période, la
Chine dont la part était inférieure à 1% en 1980
atteignait déjà 4,3% en 2003. Sous un autre angle, les efforts
nationaux de r&d sont estimés à 2,7% du PIB pour les USA,
2,3% pour la France, et 1,2% pour la Chine. Quand on tien compte de la taille
relative des pays, on voit que la France effectuait 4,2% de la R&D totale
mondiale en 2002, les USA 35%, la part de la Chine s'élevait à
8,7%13(*).
Nous rappelons ici quelques faits stylisés
significatifs.
1.2.3.1. Quelques faits stylisés
La plupart des études économiques identifient
quatre principaux faits stylisés pour rendre compte du processus
d'internationalisation de la R&D pendant les deux dernières
décennies.
- La mobilité internationale de la recherche et des
chercheurs
On remarque depuis plus de 20 ans une migration internationale
des chercheurs. Même si les flux d'entrées-sorties
présentent une forte « asymétrie » en faveur
des Etats-Unis. Les flux d'entrées sont dirigés en majeure partie
aux USA comparé au reste du monde.
Le cas de la « Silicon Valley » est assez
illustratif. A partir des années 90, plus du tiers des
ingénieurs et chercheurs étaient des immigrants et les deux-tiers
étaient soit de nationalité Indienne ou Chinoise. Et en 2002,
plus de la moitié des entreprises technologiques de la Silicon Valley
ont été crées par des immigrants indiens et
chinois14(*).
- La valorisation internationale des acquis
technologiques.
Les firmes exploitent de manière croissante leurs
savoir-faire technologiques à l'étranger. Par des accords et
alliances, cessions et acquisitions de licences, acquisitions de firmes
étrangères à fort potentiel de R&D, financement de
travaux de centre de R&D étrangers....
- L'internationalisation de la science
L'augmentation du nombre d'étudiants étrangers
dans les filières scientifiques, et de la collaboration internationale
des institutions de recherche comme le montre le nombre de travaux en
co-publication. Cette internationalisation de la science a modifié la
carte géographique de création des connaissances et a
réorganisé les réseaux coopératifs.
- L'internationalisation de la R&D par les firmes
multinationales
La montée en puissance des pays émergents a
contribué à une internationalisation de la R&D. On a
assisté à la fois à une augmentation des dépenses
de R&D dans ces pays et à celles des firmes multinationales. Selon,
la CNUCED (2005), entre 2002 et 2004, la moitié des projets de R&D
seraient localisés dans les pays en développement, plus
particulièrement en chine et en inde. Les firmes multinationales qui
consacraient 10% de leur budget de R&D à l'étranger en 1993
sont passées à 28% en 2005. Cette même année, on
comptait 700 laboratoires de firmes étrangères
en Chine et 100 en Inde. Le secteur pharmaceutique arrive en tête des
secteurs dans l'internationalisation de la R&D.
Tableau 5. : Les processus
d'internationalisation de la R&D
Source : (Arthur D. Little,
2005)
Processus d'internationalisation
|
Mécanismes
|
Internationalisation de la science
|
Mobilité internationale des étudiants et
chercheurs aussi bien que la collaboration scientifique internationale
(publications conjointes)
|
Internationalisation par les firmes
|
Les firmes développent les activités de R&D
dans leurs pays d'origine et à l'étranger :
- la R&D localisée dans le pays d'origine utilise
les inputs technologiques issus de l'étranger à travers le
recrutement des scientifiques et techniciens étrangers ou par
l'acquisition des connaissances venues de l'étranger (licences ou
acquisition informelle des connaissances)
- la R&D conduite à l'étranger utilise les
ressources humaines disponibles localement
|
Collaboration internationale
|
Les partenaires technologiques (firmes et institutions
publiques de recherche) de pays différents s'associent pour
développer l'innovation et des savoir-faire
|
Valorisation des acquis technologiques
|
Les firmes exploitent leurs innovations dans le marché
mondial par des cessions de licences à l'étranger ou par la vente
de leurs innovations à des marchés étrangers
|
1.2.3.1. Les
déterminants de la localisation de la R&D des firmes
multinationales
- Les décisions de localisation des
activités de R&D en fonction des territoires
A ce sujet, (Kuemmerle, 1997) étudie les facteurs qui
permettent la valorisation de la R&D à l'étranger. Il conclut
que la concentration de l'activité de R&D n'est pas efficiente pour
les firmes dans le long terme. Parce-que le stock de connaissances mondiales
est dispersé et en perpétuelle augmentation. Les firmes doivent
être présentes dans une large palette de territoires afin de
bénéficier des connaissances issues de la recherche des
universités étrangères et celles des concurrents. De
même, une firme qui vend ses produits au niveau mondial à la
possibilité de développer beaucoup plus rapidement son potentiel
commercial.
L'auteur distingue deux types de localisation de
R&D : HBA (Home-base augmenting) et HBE (Home-base exploiting)
(Kuemmerle, 1999). HBA consiste à créer un laboratoire à
l'étranger qui permettra à la firme d'augmenter son capital de
connaissances par l'acquisition des connaissances issues de la dynamique
d'innovation locale, et ensuite les transférer dans le site d'origine.
HBE consiste à valoriser les connaissances scientifiques de la firme
à l'étranger.
Pour l'auteur, le choix du type de R&D sera fonction des
caractéristiques du pays étranger.
Les laboratoires voués à l'HBE seront
implantés dans des pays offrant de fortes opportunités de
marchés. L'objectif est d'adapter la production à la demande
locale. Par contre l'HBA sera plutôt implanté dans des pays qui
possède un nombre élevé d'ingénieurs et
scientifiques et dont le niveau de recherche scientifique est
élevé.
L'auteur admet que ces deux types de laboratoires se
retrouvent à la fois dans les pays les plus avancées et les pays
en développement. Même si dans le cas de ces derniers cela semble
être exceptionnel et serait l'apanage de pays ayant des dotations
spécifiques particulières ou une politique de recherche soutenue
ou alors des politiques économiques basées sur le long terme et
les pressions politiques locales.
La Chine dont la spécialisation dans les secteurs
intensifs en travail est indiscutable, pourrait très bien se coller
à cette analyse de Kuemmerle. Bien sur si on admet qu'aujourd'hui la
Chine compte plus d'étudiants que les Etats-Unis et presque autant de
chercheurs (Sachwald, 2006).
On peut aussi analyser l'attractivité des territoires
en fonction des facteurs de dispersion internationale et de centralisations
dans le pays d'origine. Sachwald (2006) distingue les facteurs liés
à la demande et ceux liés à l'offre de scientifiques et
techniciens15(*)
Tableau 6. :
Déterminant de la localisation des centres de R&D des
multinationales
FACTEURS
|
Caractéristiques de l'offre de scientifiques et
techniciens
|
Caractéristiques de la demande
|
Facteurs de centralisation dans le pays
d'origine
|
- Réputation internationale des capacités
technologiques du pays d'origine
- Economies d'échelle en R&D
|
Pays d'origine leader du marché
|
Facteurs de dispersion internationale
|
- Centres d'excellence à l'étranger
- Scientifiques et techniciens employables à
coûts bas ; augmentation rapide de l'offre de scientifiques et
ingénieurs dans les pays émergents
|
- Adaptation à la demande locale
- Devenir leader du marché à
l'étranger
|
Source : (Sachwald, 2006)
Dans ce contexte, la motivation principale de la dispersion
est soit l'adaptation à la demande locale, soit ce que Kuemmerle (1999)
appelle « Home-Base exploiting ».
Les pays émergents peuvent se situer dans ce
phénomène d'internationalisation de la R&d au niveau de
l'offre vaste de scientifiques et techniciens, et/ou au niveau des coûts
salariaux bas. La qualité de la main d'oeuvre constitue un
critère fondamental (Sachwald, 2004). Cependant, l'auteur distingue de
manière plus fine selon le type d'activité concerné. Pour
la R&D fondamentale, les principaux critères seront l'accès
aux pôles d'excellence de niveau international, la qualité des
chercheurs scientifiques, les possibilités de coopération avec la
recherche publique et universitaire. Pour les centres de développement
et de rationalisation, seront davantage privilégiés la
proximité au marché, les coûts globaux de fonctionnement,
et la disponibilité de main d'oeuvre de recherche appliquée
(ingénieurs et techniciens).
Pour Sachwald (2006), la Chine est logiquement
spécialisé dans des activités intensives en main d'oeuvre,
mais grâce à la mondialisation elle s'intègre à la
chaîne de valeur de secteurs intensifs en R&D. Ce qui veut dire
qu'effectivement les pays émergent pourraient participer à des
activités intensives en connaissances, mais le motif d'adaptation
à la demande resterait essentiel.
Hatem (2006) ne partage pas du tout cet avis, pour cet auteur,
les laboratoires de recherche implantés dans les pays émergeants
ne seraient pas seulement des centres d'adaptation de produits. Il s'agirait,
de plus en plus, de véritables centres de recherche, chargés de
concevoir des innovations destinées au marché mondial. Il prend
pour exemples, les cas de la firme Motorola avec ses centres de R&D en
Chine, de Microsoft et de General Electric en Inde, de Toyota en
Thaïlande, qui font partie du « noyau dur » du réseau
mondial d'innovation de ces entreprises. Des laboratoires pharmaceutiques comme
Pfizer, Eli Lily, Astra Zeneca, qui réalisent une part croissante de
leurs tests cliniques en Inde. En plus 30 % des nouveaux circuits
intégrés sont désormais conçus en Asie du sud-est.
« Il faut dire que cette région offre des conditions
attractives : des marchés en croissance rapide ; un environnement local
favorable à l'innovation grâce à une bonne collaboration
entre les mondes de la recherche et de l'entreprise ; une protection de la
propriété intellectuelle un peu mieux assuré que par le
passé. Et surtout, une abondance de jeunes chercheurs qualifiés,
créatifs et à bas coûts salariaux : la Chine, l'Inde et la
Russie représentent ainsi aujourd`hui le tiers des étudiants
mondiaux en sciences et techniques. Confrontés à la
pénurie de jeunes chercheurs dans leur pays d'origine (notamment en
Europe), désireuses de réduire leurs coûts de R&D, il
est naturel que les multinationales s'intéressent de plus en plus
à ces destinations » (Hatem, 2006).
L'OCDE (2005) dans son rapport sur la recherche et
développement dans le monde, apporte sa contribution à cette
question. L'organisme estime que l'internationalisation de la R&D en
dehors des pays de la triade est le résultat de l'interaction complexe
de facteurs négatifs et positifs (au regard des pays de la Triade). Du
côté des facteurs négatifs, l'intensification de la
concurrence, la hausse des coûts de R&D dans les pays
développés et la pénurie d'ingénieurs et de
scientifiques ainsi que la complexité croissante de la R&D rendent
plus nécessaires la spécialisation et l'internationalisation des
activités de R&D. Du côté des facteurs positifs, la
disponibilité croissante d'ingénieurs et de scientifiques
à des coûts compétitifs, la mondialisation des processus de
fabrication ainsi que l'existence de marchés importants et porteurs dans
certains pays en développement renforcent l'attrait de nouveaux
sites.
- Principaux facteurs qui déterminent la
localisation des activités de R&D
En définitive, si on assiste effectivement à une
internationalisation de la R&D, qui modifie les cartes des
spécialisations traditionnelles, il serait donc intéressant
d'identifier les principaux facteurs qui déterminent la localisation
des activités de recherche dans les territoires. La plupart des
études récentes (Harfi, 2004 ; Hatem, 2006 ; OCDE,
2005 ; Sachwald, 2006) identifient quatre principaux facteurs qui
déterminent la localisation de la R&D (par ordre décroissant
en fonction du degré d'importance) dans le monde :
· L'existence des centres d'excellence
C'est la possibilité pour la firme d'intégrer
des pôles d'excellence technologiques mondiaux de haut niveau et de
bénéficier efficacement des spillovers technologiques
· La qualité des scientifiques et des
chercheurs
Ce critère prend de plus en plus de l'importance avec
la montée en puissance des pays émergents comme la chine l'inde
et les pays d'Europe de l'Est qui sont très performants dans ce
domaine.
· La proximité entre les pôles de
recherches académiques et les laboratoires de R&D des
entreprises
Cela facilite la circulation des informations et des
connaissances dans un espace restreint regroupant de grandes
universités, les centres de recherche de renommée internationale
et les laboratoires de recherche et développement des firmes. Ce facteur
peut effectivement être relié au premier.
· Les coûts de production
Les pays émergents jouent encore ici un très
grand rôle vu le vivier de talents scientifiques qu'on peut retrouver
dans ces pays et la pénurie d'ingénieurs et de scientifiques dans
les pays développés. Non seulement leur niveau de qualification
est de plus en plus comparable à celui des scientifiques issus des
grands pays industriels, mais ils sont également employables à
des coûts moindres.
· L'attractivité du
marché
Il s'agit particulièrement du niveau
élevé de la demande et des consommateurs potentiels. Ce facteur
permet de développer de nouveaux débouchés et de produire
des rendements d'échelles croissants par une plus large expansion du
marché.
Finalement, à travers cette revue critique de la
littérature, nous avons dans un premier temps essayé de montrer
en quoi et de quelle manière peut-on parler de polarisation des
activités intensives en connaissance au sein de la triade. Puis nous
avons présenté les éléments qui pourraient amener
à relativiser la thèse d'une polarisation absolue. La
deuxième partie qui suivra sera consacrée à deux grands
pays émergents qui sont la Chine et L'Inde. Nous allons donc par la
suite essayer de dégager quelques enseignements concernant les tendances
qui structurent l'évolution de la DIT et éclaircir les termes ce
cette controverse à la lumière de l'expérience chinoise et
indienne.
DEUXIEME PARTIE : LA
CHINE ET L'INDE A L'EPREUVE DES FAITS
2.1. LA CHINE
La chine dès le début des années 80 a
engagé un certain nombre de réformes majeures pour ouvrir et
moderniser son économie. L'objectif était de fournir un cadre
favorable à l'investissement, à la recherche, à
l'innovation, et au commerce international. Depuis elle a enregistré
des performances économiques d'un très haut niveau. Le rapport de
la CNUCED(2006) met la Chine au troisième rang mondial derrière
les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pour les destinations des IDE. Elle a
également présenté un taux de croissance de 10,4% en
2006.
Cette politique de réforme engagée dans les
années 80 a modifié le cadre institutionnel des activités
de R&D en particulier, et celles de l'innovation en général.
A partir de 1985, le pays a également mis en place une série de
réformes visant à développer un système national
d'innovation compatible avec l'économie de marché. Il s'agissait
de créer un contexte favorable à la création et à
l'échange de connaissances entre les producteurs d'innovations et les
utilisateurs d'innovations.
La politique d'innovation de la chine va de pair avec la
volonté de construire un système national d'innovations solide et
efficace, comparable à ceux que l'on retrouve dans les grands pays
industrialisés.
2.1.1. LE SYTEME NATIONAL
D'INNOVATION CHINOIS (SNI)
2.1.1.1. Les transformations du SNI chinois
- La tentative de réorganisation des interactions
entre les acteurs de l'innovation (utilisateurs, producteurs,
gouvernement)
La Chine a commencé en réalité à
organiser son modèle institutionnel de la science et de la technologie
à partir des années 50. Sous l'initiative du parti communiste
chinois, il a été question de mettre en place des institutions
d'Etat à vocation scientifique et technologique.
A cette époque l'idée principale était la
séparation entre deux sphères de l'activité
économique : l'activité d'innovation et de recherche et
l'activité de production. La première entité est
totalement sous l'autorité du régime communiste et la seconde est
assurée par les entreprises. Tous les laboratoires et centres de R&D
étaient organisés sous l'égide de l'autorité
publique et toutes les décisions étaient à l'initiative de
celle-ci, indépendamment des entreprises. Ce système était
calqué sur le mode d'organisation soviétique, dans lequel
l'activité de recherche se concentrait dans quelques institutions
d'Etat, parmi lesquelles l'Académie de Sciences de la Chine (ASC) tenait
une place prépondérante au détriment des
universités.
C'est à partir des années 80 que la Chine, va
essayer de redéfinir un nouveau modèle structurel de gestion de
l'activité scientifique. Le modèle organisationnel de
séparation entre l'innovation et la production ayant montré son
incapacité à s'adapter à l'économie de
marché. La date cruciale est l `année 1985, date à
laquelle le comité central du parti communiste chinois décide de
réformer le modèle organisationnel de gestion de la science et la
technologie en Chine. L'objectif central de la réforme était de
réorganiser les relations entre les producteurs d'innovations, les
utilisateurs d'innovations et le gouvernement (Lundvall et Gu Shullin, 2006).
Ceci dans un contexte ou la nature de l'offre et la demande, et les modes de
coordination sont en cours de changement. Il était donc essentiel de
reformer un pilier essentiel de la croissance économique, qu'est
l'innovation, par le biais de la science et la technologie.
Cette réforme se concrétisera d'ailleurs par la
création en 1986 de la Fondation Nationale Chinoise pour les Sciences de
la nature (FNCS). Cet organisme est totalement conçu sur un
modèle libéral, attribuant des subventions à des projets
de recherche sélectionnés sur appels d'offres. Son but est de
dépasser les cloisonnements ministériels et Etatiques et de
développer les coopérations internationales. C'est la
première fois en Chine que la recherche est financée sur une base
compétitive, notamment par le biais de programmes incitatifs.
- Organisation et redéploiement des
compétences
La réforme du système d'innovation chinois est
axée sur deux grandes orientations : d'une part la mise en place
d'un « marché technologique » (Lundvall et
Gu Shullin, 2006) qui jouait le rôle de canal pour le transfert de
technologie, en relation avec les centres de R&D. Et d'autre part, la mise
en place d'un fond public d'allocations pour la recherche. L'objectif
étant de fournir une plus grande autonomie aux centres de recherches, ce
qui leur permet de réagir librement et efficacement aux sollicitations
et aux contraintes du marché telles que les appels d'offres, et le
recrutement du personnel engagé dans des projets.
La réforme du système national d'innovation
chinois, connaîtra un nouvel élan lorsque les autorités
prendront conscience de la difficulté du « marché
technologique » à jouer efficacement son rôle de
canal de transfert de technologie. En effet, non seulement l'étroitesse
du marché ne permettait pas de générer des revenus
conséquents pour supporter les coûts de la recherche, mais aussi
les utilisateurs d'innovation se trouvaient dans l'incapacité d'absorber
les transferts de technologie. Le gouvernement chinois réagira à
cette situation par le lancement en 1987 d'une politique de promotion des
fusions entre les centres de R&D et les entreprises. Cette politique de
fusion sera également affectée par des contraintes liées
aux différences structurelles institutionnelles et organisationnelles
entre les centres de recherche et les entreprises. Ce qui ne sera pas facile
à surmonter.
L'année suivante en 1988, le programme TORCH est
lancé. C'est un programme de soutien à l'innovation initié
par le Ministère des Sciences et Technologies chinois (MOST). Il a pour
objectif de développer l'industrie des produits de haute technologie en
vue en particulier de l'exportation. La mise en oeuvre de ce programme repose
sur des moyens diversifiés allant des parcs technologiques, à
l'aide aux sociétés innovantes en passant par les incubateurs. Ce
programme est mis en oeuvre par le Torch Hi-Tech Industry Development Center
qui dépend du MOST. Il est relayé au niveau provincial, par les
bureaux pour la Science et la Technologie. Les domaines scientifiques
prioritaires du programme TORCH sont l'électronique, l'informatique, la
microélectronique (Micro Electro Mecanical Systems), la mise au point de
nouveaux matériaux, la maîtrise de l'énergie et des
nouvelles sources d'énergies, les biotechnologies, la protection de
l'environnement et le développement de nouveaux médicaments.
A partir des années 1990, les effets des
réformes commencent à être visible. Grâce à
une série d'initiatives qui ont permis la transformation du
système d'innovation chinois.
- le point sur les transformations du système
d'innovation chinois
A l'heure actuelle, le système d'innovation chinois a
beaucoup évolué. Il est basé sur trois piliers :
les acteurs de l'innovation (centre de R&D, les industries
à fortes intensité capitalistique, qui apportent aux utilisateurs
les technologies incorporées dans les biens produits), les flux
technologiques (acquisition de machine(MP), acquisition de
matériel technologiques (SMP), investissements directs étrangers
(FDI), licences (TL), l'accès aux biens intermédiaires issus de
l'innovation industrielle, pour assemblage (OEM)),
l'interactivité entre les acteurs locaux et
internationaux de la recherche (Lundvall et Gu Shullin, 2006). La figure
216(*) illustre les
transformations du SNI chinois de la phase A à la phase B.
Figure 2. : Les
transformations du SNI chinois
TL: Technology Licensing
SMP: Sample Machine Procurement
PE: Procurement of Equipment
FDI: Foreign Direct Investment
OEM: OEM Assembly
B
R&D Institutes and Universities
Capital goods Industries
Domestic Manufactures
Domestic and International Markets
TL, PE, FDI + academic exchange
PE, FDI, TL
OEM
R&D Institutes
Capital Goods Industries
Domestic Manufactures
Domestic Market
A
TL, SMP
Source : (Lundvall et shulin
Gu, 2006)
Cette transformation a permis la mise en place d'une
série d'initiatives qui ont favorisé la promotion de
l'innovation. Nous résumons ici les cinq principales :
· Création de centres
d'innovation
L'une des caractéristiques principales de ces centres
est leur rôle de fournisseurs de services de base (essais, normes,
informatisation). Ils sont aussi souvent associés à des clusters
industriels.
Mais parfois, ces centres d'innovation arrivent à
dépasser leur rôle de simples fournisseurs de services d'appoint
pour devenir fournisseurs de modèles et prototypes. Le centre de Xiqiao
est un bon exemple avec son industrie des textiles de coton. Il y a 1670
entreprises dans les textiles (tissage, impression, broderie industrielle). On
trouve à Xiqiao un total de 2600 machines à tisser. La taille des
usines est petite et disparate et leur niveau technique est assez faible.
Depuis, 1999, le centre a produit plus de 8000 motifs de textile conçus
sur ordinateur dont la plupart sont utilisés par les entreprises. Un
lien très fort existe entre le centre et les entreprises, notamment du
fait que le centre sert d'intermédiaire pour tout ce qui concerne
l'informatisation des entreprises. La clientèle du centre s'est aussi
élargie au-delà du cluster industriel (Arvanitis, 2004).
La deuxième caractéristique de ces centres
d'innovation est leur adaptation aux conditions de l'industrie locale. Chaque
centre d'innovation affronte des structures industrielles très
différentes et la nature du secteur de production influence
évidemment beaucoup leur fonctionnement. L'information est souvent au
centre des préoccupations mais aucune expérience
précédente de veille technologique ne permet aux employés
des centres de vendre de l'information qui se limite dans la plupart des cas
à des pages Internet et dans le meilleur des cas à des
systèmes B2B. En fait, les demandes des entreprises en formation ou en
gestion sont très au-delà de ce que ces centres peuvent fournir.
La faiblesse des liens avec les universités et écoles techniques
rend ce travail de connexion encore plus rare et difficile.
· L'appui aux entreprises
Ce sont les subventions et les aides qu'apportent les
autorités aux entreprises pour faciliter leur entrée dans les
marchés : financements directs, crédit d'impôts,
facilitation de démarches, ouverture aux marchés publics. Ces
appuis se décident surtout au niveau national et dans les domaines dits
stratégiques et «sensibles».
Au niveau local, les PME reçoivent non pas des
financements directs mais des appuis en nature: paperasse administrative
facilitée, autorisations d'exportations et d'importations, prix du
terrain, aides à monter des collaborations avec des étrangers,
promotion de l'information, promotion de la formation notamment des patrons de
PME dans des domaines qui vont de la technique à la gestion. L'ensemble
de ces mesures locales revient donc soit à promouvoir essentiellement
l'infrastructure nécessaire au bon fonctionnement industriel, soit
à faciliter les contacts avec les autorités.
Une partie de cette politique est très visible et
clairement affichée. Ce sont toutes les initiatives envers les
entreprises de haute technologie, sous le chapeau du programme 86317(*) (initié en mars 1986)
ou « super 863 » (en 1996). L'appui à certains
domaines de haute technologie a permis de créer effectivement de
nouvelles ressources technologiques.
· Soutien à la création de clusters
industriels ou systèmes productifs locaux
La promotion des clusters industriels est l'une des formes
principales de renforcement de la politique industrielle et technologique. Ce
sont des secteurs industriels qui existaient auparavant et se consolident sur
la base d'industries déjà installées. La plupart du temps,
ces « clusters » industriels correspondent à des
marchés assez anciens de pièces ou de produits
spécialisés dans des secteurs traditionnels tels que le textile
par exemple.
Parfois, des clusters sont créés dans des
secteurs modernes, sur la base d'industries d'assemblage. La dynamique initiale
a surtout été le fait soit des investissements locaux (petites
entreprises de village, entreprises d'état ou locales qui se sont
reconverties) ou d'investissements de chinois de la diaspora, qui peuvent
parfois être considérables.
La nomination de clusters déjà existant en
«clusters industriels» officiellement reconnus permet
d'accéder à certaines ressources technologiques et à une
priorité en termes politiques. Ce détail a une importance
capitale pour les entreprises car elle ouvre l'accès à des
ressources plus diversifiées (Arvanitis, 2004).
· Redéploiement des anciens centres et
unités de recherche
Les anciens centres de recherche ou centres techniques sont
transformés en entreprises. Cela passe par l'autofinancement et la
nécessité de développer des ressources externes pour
continuer à exister. Pour répondre à cette nouvelle donne,
le moyen le plus simple est la vente de produits et parfois de services. Les
centres mettent donc au point des séries de produits relativement
faciles à concevoir et s'engagent dans la commercialisation. Cette
attitude est la réponse à une injonction claire des tutelles. En
outre elle vient après plus de vingt ans de réformes successives
des danwei (unités) de recherche dans tous les domaines et
particulièrement dans la métallurgie et la mécanique qui a
été le pilier de l'industrialisation durant la période
maoïste (Gu Shulin, 1999).
· Création de parcs
technologiques
Les parcs technologiques ont joué un rôle
important dans le développement de la communauté scientifique et
technique chinoise. Ces parcs technologiques permettent aux
sociétés de sciences et technologie de coopérer et
d'interagir en les plaçant à proximité l'une de l'autre.
54 parcs technologiques ont été créés en Chine dans
le cadre de ce programme.. Les parcs visent d'une part à faciliter le
développement des entreprises domestiques, et à les aider
à l'exportation, et d'autre part à attirer des entreprises
étrangères et des investissements étrangers. Les
entreprises installées dans les parcs bénéficient d'un
système d'allègement fiscal avantageux. Ainsi, les
sociétés high-tech ne paient aucune taxe sur les
bénéfices pendant les trois premières années, 7% de
4 à 6 ans et 15% au-delà de 7 ans (le prélèvement
habituel étant de 33%) (Arvanitis, 2004). Ces avantages fiscaux sont
aussi valables pour les industries étrangères s'implantant sur
les parcs. Leur imposition est moindre si les productions sont
exportées. De plus, elles peuvent bénéficier d'aides
à l'obtention de crédit, et des taux d'intérêt
aménagés.
En 2002, ces parcs technologiques employaient près de
3,5 millions de personnes, soit 25 fois plus qu'en 1991. Leur chiffre
d'affaires annuel dépassait 1500 milliards de yuans, pour une
augmentation annuelle moyenne de 60%, entre 1991 et 2002. Enfin, la valeur
ajoutée des produits commercialisés atteignait 328,6 de milliards
de yuans (Arvantis, 2004). Le parc de Zhongguancun à Pékin est le
premier qui a été mis en place dans le cadre du programme. La
chine a aussi développé la « Beijing Economic and Technology
Development Area », considérée comme le principal centre de
fabrication pour les multinationales. Le Central Business District et le parc
technologique de Tianzhu devraient aussi attirer des investissements
étrangers importants. Dans les autres régions, de nombreux parcs
technologiques ont aussi été développés hors du
cadre de ce programme. Dans les autres provinces, les parcs technologiques de
Shanghai comptent parmi les plus avancés. Vient ensuite la zone de
Xi'an, ayant généré 9.1 Milliards de yuans en 2001. La
construction de la zone technologique de Xi'an prit 10 ans, mais à la
fin de 2001, 4000 sociétés (dont 488 firmes
étrangères) étaient en activité dans la zone
(Arvanitis, 2004).
Les réformes engagées par la Chine pour
moderniser son système national d'innovation ont non seulement
été un préalable pour répondre aux contraintes de
marché liées à l'économie globalisée, mais
elles ont aussi produit d'énormes résultats dont quelques-uns des
plus significatifs viennent d'être énumérées.
Cependant, malgré ces performances remarquables, le système
d'innovation chinois présente encore quelques faiblesses dont il est
important de rappeler.
2.1.1.2. Les faiblesses du SNI chinois
- Pas d'effet systémique
Le degré des interactions et les effets
d'apprentissage entre les acteurs locaux du SNI chinois restent d'un niveau
très faible. La maîtrise et le transfert de technologie sont
surtout dominés par les technologies incorporées dans les
équipements, les machines et les composants importés. Il existe
rarement ou presque pas de politique d'innovation orientée pour un
secteur industriel précis. Que ce soit au niveau des centres
d'innovation, des gouvernements locaux ou dans la mise en place des parcs
technologiques, c'est l'entreprise qui est visée comme utilisateur
final. L'industrie ne joue pas son rôle de centre d'innovation pour
l'économie nationale en fournissant les méthodes nouvelles et les
moyens de production appropriés bénéfiques à tous
les acteurs de l'économie (Lundvall et Gu Shulin 2006). Les entreprises
sont donc obligées elles-mêmes de trouver leurs sources
d'approvisionnement technologique, elles s'orientent vers des clients
étrangers qui deviennent de fait les véritables fournisseurs de
technologie. Les Centres d'innovation sont souvent appelés à
jouer ce rôle mais il est difficile à définir tant le
niveau technologique des clients est faible. Leur manque d'expérience
dans la gestion de l'information technologique rend difficiles les
activités de veille technologique. Il paraît donc un peu
prématuré de parler de systèmes régionaux
d'innovation, moins encore d'un système national d'innovation
(Arvanitis, 2004).
- Pas assez de sources de financement de
l'innovation
Il y a assez peu de sources de financement de l'innovation.
Les fonds servent plutôt à créer des centres de recherche,
et des infrastructures. Quelques entreprises de capital-risque, se sont
créées, principalement à Pékin et Shanghai mais pas
dans les centres industriels du pays. De plus, les entreprises sont
réticentes à s'engager dans le soutien d'activités de
R&D de longue haleine (Arvantis, 2004). Le court terme est leur horizon et
cela même pour des grandes entreprises. Les entreprises chinoises
préfèrent plutôt s'insérer dans le marché
de « l'imitation », que d'investir dans des projets
lourds de R&D, dont elles n'ont pas l'assurance que l'effort de recherche
sera rentabilisé et suffisamment protégé par un
système de propriété intellectuelle solide.
- Une intégration verticale plutôt
qu'horizontale sur la chaîne de valeur
La Chine est intégrée verticalement sur la
chaîne de valeur technologique, ce qui peut être un frein à
la maîtrise totale du processus de production et à l'acquisition
de technologies. Elle se positionne en effet sur une/ou plusieurs parties de la
chaîne de valeur, mais pas en amont et en aval (Lemoine et Unal-Kesenci,
2002). Les firmes chinoises sont également intégrées
verticalement entre-elles.
L'intégration verticale des firmes chinoises tire son
origine de l'ancien système de planification soviétique, qui a
survécu malgré les réformes. Principalement à cause
de la volonté du gouvernement chinois de contrôler des secteurs
industriels dits « sensibles ». L'objectif était en
quelque sorte de contrôler la production et de la placer sous
l'autorité du pouvoir central.
2.1.2. LA RECHERCHE ET
DEVELOPEMENT EN CHINE : DES PERFORMANCES REMARQUABLES MAIS CONTRASTEES
2.1.2.1. Une augmentation rapide des dépenses de
recherche et développement et un grand nombre de chercheurs
Les efforts entamés depuis 20 ans par la Chine, pour
améliorer les performances de son système d'innovation ont
produit des résultats palpables. Elle a réussi à se
positionner mondialement en bonne place des pays pour lesquels les
dépenses de recherche et développement sont les plus
élevées. La Chine serait devenu en 2006 le deuxième pays
par l'effort de R&D en valeur absolue. De 0,6% de son PIB en 1995, ses
dépenses de recherches se sont accrues pour atteindre 1,23% du PIB en
2004. Après une stabilité entre 1991 et 1998, les dépenses
de R&D ont augmenté rapidement à partir de la fin des
années 90, passant 0,7% à 1,07% en 2002 (Tableau 7).
Le 10ème plan quinquennal en Chine avait pour objectif
de booster les dépenses de R&D pour atteindre 1,5% en 2005.
Même si l'effort de recherche en Chine est de loin comparable à
celui d'un pays comme le Japon ou les USA, elle a quand même
augmenté ses budgets de 10% entre 1997 et 2002.
Mais en ce qui concerne la recherche fondamentale, les efforts
de la Chine sont beaucoup plus modestes. Les grands pays industrialisés
affectent entre 15 et 25% de leurs dépenses de R&D à la
recherche fondamentale. Alors que la Chine est beaucoup plus engagée
dans la recherche appliquée (Sachwald, 2007). En 2002, seulement 5,5% de
ses dépenses en R&D étaient affectés à la
recherche fondamentale comparée aux Etats-Unis où ce chiffre
atteint 18%. En 2004, les USA ont consacré 0,5% de leur PIB à la
recherche fondamentale contre 0,1% pour la Chine (OCDE, 2005).
Le nombre de chercheurs a également augmenté de
77% entre 1995 et 2004. Avec 926 000 chercheurs, la Chine se situe
derrière les Etats-Unis (1,3 millions), et l'Union Européenne
(1,15 millions) et devant le Japon (650 000). Néanmoins, il faut
reconnaître que lorsque ces chiffres sont présentés en
valeur absolue, « l'effet taille » (immensité
de la population chinoise) de la Chine peut jouer un rôle important. Mais
ce nombre devient beaucoup plus faible, si l'on considère plutôt
le ratio du nombre de chercheurs pour 1000 emplois (Tableau 8).
Tableau 7. :
Dépenses de R&D (dépenses/PIB (%)) de la chine et quelques
pays de la triade
|
ANNEES
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
PAYS
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Chine
|
0,73
|
0,74
|
0,7
|
0,64
|
0,57
|
0,57
|
0,65
|
0,65
|
0,76
|
0,9
|
0,95
|
1,07
|
1,13
|
1,23
|
1,34
|
USA
|
2,71
|
2,64
|
2,52
|
2,42
|
2,51
|
2,55
|
2,58
|
2,62
|
2,66
|
2,74
|
2,76
|
2,65
|
2,68
|
2,68
|
|
EU
|
1,86
|
1,83
|
1,83
|
1,78
|
1,77
|
1,77
|
1,77
|
1,78
|
1,84
|
1,86
|
1,89
|
1,9
|
1,9
|
|
|
France
|
2,33
|
2,33
|
2,37
|
2,32
|
2,29
|
2,27
|
2,19
|
2,14
|
2,16
|
2,15
|
2,2
|
2,23
|
2,18
|
2,16
|
2,1
|
Allemagn
|
2,47
|
2,35
|
2,28
|
2,18
|
2,19
|
2,19
|
2,24
|
2,27
|
2,4
|
2,45
|
2,46
|
2,49
|
2,52
|
2,49
|
2,5
|
Japon
|
2,76
|
2,71
|
2,63
|
2,58
|
2,69
|
2,78
|
2,84
|
2,95
|
2,96
|
2,99
|
3,07
|
3,12
|
3,15
|
3,13
|
|
GB
|
2,07
|
2,03
|
2,06
|
2,01
|
1,95
|
1,88
|
1,81
|
1,8
|
1,87
|
1,86
|
1,87
|
1,89
|
1,88
|
1,7
|
|
Source : OECD factor book 2007,
Economic Environmental and Social statistics,
http://ocde.p4.siteinternet.com/publications/doifiles/302007011P1T068.xls
Tableau 8. :
Comparaison du nombre de chercheurs entre la Chine et quelques pays de la
triade.
PAYS
|
Nombre de chercheurs
|
Nombre de chercheurs pour 1000 emplois
|
Etats-Unis
|
1334628
|
9,6
|
Union Européenne
|
1169633
|
5,8
|
Chine
|
926252
|
1,2
|
Japon
|
675330
|
10,4
|
Source : OEDC factor book 2007,
Economic,Environmental and Social statistics,
http://ocde.p4.siteinternet.com/publications/doifiles/302007011P1T069.xls
2.1.2.2. Les brevets
Les brevets peuvent être considérés comme
l'indicateur de la créativité et du potentiel d'innovation d'un
pays ou d'une région. Ils sont assimilables à tous les autres
indicateurs de la science et de la technologie, ils nous permettent de
comprendre le fonctionnement des systèmes nationaux d'innovation, et de
mieux identifier les facteurs d'ordre scientifique et technique qui sont
à l'origine de la croissance économique.
Les brevets sont protégés par les DPI pour une
durée limitée au-delà de laquelle, l'innovation est
intégrée au domaine public.
Comme tout indicateur de performance technologique, les
brevets ne sont pas parfaits, et présentent quelques
inconvénients. En premier lieu, toutes les inventions ne sont pas
brevetées, et le niveau de protection des inventions n'est pas le
même en fonction des pays et des secteurs. Le second inconvénient
est lié aux différences de législation entre les pays, il
n'existe pas pour l'instant une harmonisation des lois au niveau mondiale
(Criscuolo et Martin, 2004).
La plupart des grands pays industrialisés disposent
d'une autorité dont le rôle est de protéger et de
gérer les inventions. Au sein de l'Union Européenne, c'est
l'office des brevets Européens EPO (Europan Patent Office), au Japon on
a le bureau japonais des brevets JPO (Japanese Patent Office), et aux Etats
-Unis la direction des brevets et des marques USPTO (US Patent and Trademark
Office).
La Chine elle aussi s'est dotée d'une structure
similaire SIPO (State Intellectual Propriety Office). A partir du début
des années 90, l'activité de cet organisme s'est fortement
intensifiée. Dans sa politique d'ouverture, le pays avait besoin
d'offrir aux investisseurs un cadre favorable à l'investissement et
à l'innovation.
Les chiffres présentés par le SIPO
reflètent une augmentation exponentielle du nombre de brevets
d'invention déposés en Chine (Figure 3).
Les firmes étrangères sont le facteur principal
qui a occasionné cette hausse dans le cas des brevets d'inventions
(figure 4). La proportion des brevets déposés en Chine par les
firmes étrangères et beaucoup plus élevées que dans
les pays de la Triade (Criscuolo et Martin, 2004). Une grande partie des
brevets d'inventions en Chine est surtout liée à l'importante
présence d'investissements américains et à la moindre
mesure de l'Union Européenne. De même la montée en
puissance des inventions en Chine est aussi le résultat de la
coopération scientifique internationale.
Figure 3. : Evolution du nombre de brevets
d'inventions déposées au SIPO entre 1990 et 2005
Source : China's National Bureau of statistics 2006,
www.stats.gov.cn
Figure 4. : Evolution des
brevets d'invention déposés en chine : comparaison entre
les firmes étrangères et les firmes locales.
Source : China's National Bureau of statistics 2006,
www.stats.gov.cn
L'entrée de la Chine dans l'organisation mondiale du
commerce en 2001 et les réformes sur la propriété
intellectuelle18(*) ont
largement contribué à la croissance importante du nombre de
dépôts de brevets dans ce pays. La mise en place d'un cadre
juridique et économique favorable à l'innovation expliquerait 70%
du boom du nombre de brevets observés entre 2000 et 2004 (Hu et
Jefferson, 2005). L'ouverture de l'économie chinoise a favorisé
la concurrence entre les firmes chinoises et les firmes
étrangères, elles ont en réalité pris conscience de
l'intérêt qu'il y avait à intégrer dans leur
stratégie une politique d'innovation soutenue. L'intensité de la
R&D et l'augmentation des dépenses de R&D pourraient aussi
expliquer la croissance du nombre de brevets déposés en Chine.
Mais les études et les indicateurs de l'OCDE présentent
plutôt une élasticité très faible entre
l'intensité de la R&D et l'évolution du nombre de brevets.
Par contre cette élasticité est assez élevée
lorsqu'il s'agit essentiellement des firmes locales chinoises (Sachwald, 2007).
Ce qui renforce l'idée selon laquelle la délocalisation des
centres de R&D vers la Chine à pour but l'adaptation des produits
à la demande locale.
Il faut cependant noter que les indicateurs de brevets
dépendent en grande partie du pays d'origine de l'organisme dans lequel
les données ont été fournies. Les indicateurs sont
affectés par un biais appelé « home advantage
bias» (Criscuolo et Martin, 2004). En effet, les institutions qui
régissent la propriété intellectuelle dans les pays
d'origine ont tendance à favoriser leur pays dans l'attribution des
brevets. Pour les données du SIPO, on observera une large part de
brevets d'origine chinoise, c'est le même cas pour l'EPO en Europe, et
l'UPSTO aux Etats-Unis.
Pour résoudre ce problème, l'OCDE a mis en place
les brevets « Triadiques », ce sont des brevets reconnus
à la fois par trois organismes nationaux de propriété
intellectuelle : l'EPO, le JPO, et l'UPSTO. Ces brevets fournissent une
base acceptable de comparaison au niveau international.
Si on prend comme indicateur, les brevets triadiques,
l'évolution des dépôts de brevets chinois, malgré
une croissance rapide est beaucoup plus faible comparée à des
pays comme les USA ou le Japon. Même si la Chine a doublé son
nombre de brevets triadiques de 72 à 144 entre 1999 et 2002, ce chiffre
reste toujours assez faible (Tableau 9). En 2003, l'UPSTO a classé la
Chine au 21ième rang des brevets déposés aux
Etats-Unis dont le détenteur était étranger, 0,3% des
brevets étaient d'origine chinoises, alors que des pays comme Taiwan et
la Corée détenaient respectivement 6% et 4,9% (Sachwald,
2007).
Tableau 9. : Evolution du nombre de
dépôts de brevets triadiques en fonction du pays
d'origine
|
ANNEES
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
PAYS
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Chine
|
13
|
16
|
15
|
16
|
19
|
21
|
40
|
41
|
72
|
87
|
128
|
144
|
177
|
USA
|
10183
|
10554
|
10362
|
10920
|
11990
|
12842
|
14431
|
14868
|
16296
|
17554
|
18064
|
18954
|
19222
|
EU 25
|
9106
|
9419
|
9841
|
10815
|
11318
|
12549
|
12941
|
13942
|
14998
|
16044
|
16168
|
16001
|
15990
|
France
|
1774
|
1630
|
1692
|
1864
|
1877
|
2085
|
2105
|
2274
|
2303
|
2372
|
2368
|
2352
|
2356
|
Allemagne
|
3655
|
3851
|
4005
|
4351
|
4727
|
5323
|
5463
|
5901
|
6389
|
7144
|
7275
|
7244
|
7111
|
Japon
|
8861
|
8152
|
8435
|
8206
|
9370
|
10307
|
10625
|
10999
|
12064
|
12954
|
12684
|
12928
|
13564
|
GB
|
1244
|
1299
|
1368
|
1465
|
1493
|
1594
|
1542
|
1645
|
1985
|
2088
|
2074
|
2014
|
2024
|
Source : OEDC factor book 2007,
Economic,Environmental and Social statistics,
http://ocde.p4.siteinternet.com/publications/doifiles/302007011P1T068.xls
2.1.2.3. Publications et coopération scientifique
internationale
Les publications scientifiques sont aussi des indicateurs
fiables de comparaison de l'intensité de la recherche fondamentale entre
pays.
La part mondiale de la Chine dans les publications
scientifiques s'est accrue de 88% en cinq ans de 1998 à 2007 (de 2,5
à 4,5%). A noter que 22,8% des travaux chinois donnent lieu à des
co-publications avec des chercheurs à l'étranger : 1/3 avec
l'Union Européenne ; 1/3 avec les Etats-Unis ; 17% avec le
Japon19(*). En 1999, la
Chine était au 10ième rang en terme de publications
scientifiques mondiales, en 2004 elle a atteint la 5ième
place. La coopération scientifique internationale permet aussi de
mesurer le niveau d'internationalisation des activités de recherche.
Elle a tendance à être plus intense dans les pays émergents
que dans les pays de la Triade. Par exemple 43% des brevets d'inventions
à Singapour sont le fruit de la coopération scientifique
internationale, en Chine ce chiffre est de 18%, l'Union Européenne 7,3%,
le Japon 2,9% et les Etats-Unis 11%. Les Etats-Unis sont le principal
partenaire de la Chine avec une contribution de 60%, suivie de l'Union
Européenne 40% et le Japon 7% (Criscuolo et Martin, 2004).
Il existe une corrélation entre l'augmentation des
dépenses de R&D en Chine et l'augmentation du nombre de publications
scientifiques. Seong et Al. (2006) estime en outre que cette
augmentation est principalement le fait de l'existence d'un large
réservoir de talents (étudiants et chercheurs) et du stock de
connaissances accumulées par le passé dans différents
domaines de la recherche fondamentale. Les performances de la Chine sont
particulièrement remarquables dans le domaine des Nanosciences et des
Nanotechnologies. Bien qu'elle se soit lancée plus tardivement dans ces
domaines que les grands pays industriels, elle a accompli des efforts
considérables qui lui ont permis d'améliorer son classement
mondial au niveau du nombre de publications scientifiques (Zhou et Leydesdorff,
2006).
Cependant, malgré les bonnes performances de la Chine
en matière de publications scientifiques, le taux de citation des
articles chinois reste encore très faible (Tableau 10). Même s'il
a augmenté de manière notable, il reste largement
inférieur à celui des pays publiant le plus (Zhou et Leydesdorff,
2006).
Tableau 10. : Classement des publications
scientifiques et des citations de publications
RANG
|
PAYS
|
NBRE DE PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES
|
NBRE MOYEN DE CITATION PAR PUBLICATION
|
1
|
Etats-Unis
|
2705652
|
12
|
2
|
Japon
|
713542
|
7
|
3
|
Allemagne
|
655586
|
9
|
4
|
Royaume-Uni
|
598470
|
10
|
5
|
France
|
484291
|
9
|
6
|
Canada
|
358007
|
10
|
7
|
Italie
|
310557
|
8
|
8
|
Russie
|
285856
|
3
|
9
|
Chine
|
236996
|
3
|
10
|
Australie
|
211549
|
8
|
Source : Seong et Al, 2005
2.1.3. LA CHINE DANS LA DIVISION INTERNATIONALE DES
PROCESSUS PRODUCTIFS ET L'ECHANGE DE BIENS TEHNOLOGIQUES
La Chine est l'un des pivots les plus importants de la
segmentation internationale des processus de production. La mondialisation des
échanges, à permis aux firmes multinationales de tirer profit
des avantages comparatifs qu'offrent différents pays. Elles ont ainsi pu
signer des contrats de sous-traitance, d'approvisionnement ou
d'outsourcing....
Dans cette segmentation internationale des processus
productifs, les pays en développement sont des fournisseurs à bas
coûts pour les stades de production intensifs en travail, la Chine du
fait de ses infrastructures, de la quantité et de la qualité de
sa main d'oeuvre, est devenue la plus grande plate-forme mondiale pour
l'exportation (Gaulier, et Al. 2006).
En 2005, plus de la moitié des exportations chinoises
provient d'opérations d'assemblage et de transformation de produits
semi-finis et composants importés, menées pour l'essentiel (plus
de 80%) par des filiales d'entreprises étrangères (Gaulier, et
Al. 2006).
Les exportations manufacturières de la Chine ont
augmenté de 20 % par an au cours des années 80 et des
années 90, et leur part dans les exportations mondiales est
passée de 1,7% en 1990 à 7% en 2000 (Lemoine et Unal-Kesenci,
2002). Cette expansion a été soutenue par des changements
importants dans leur composition. Dans les années 80 les exportations
chinoises ont été tirées par les industries
traditionnelles (textile et habillement) et dans les années 90 par les
produits électriques et électroniques. Entre 1980 et 1990, la
part des produits de la filière textile dans les exportations chinoises
a baissé de 32 à 26 %, tandis que celle de la filière
électrique et électronique augmentait de 11 à 33 %. Ces
évolutions se sont traduites par la percée chinoise sur de
nouveaux marchés mondiaux au cours de la dernière
décennie. En 2000, sa part dans les exportations mondiales a
dépassé 10 % dans l'horlogerie, l'électroménager,
l'électronique grand public, le matériel électrique
(Lemoine et Unal-Kesenci, 2002).
Le commerce chinois en biens de haute technologie a
également augmenté. Les importations chinoises de biens
manufacturés à haute intensité technologique sont
passées de 12 milliards de dollars en 1999 à 70 milliards en
2001, tandis que les exportations sont passées de 9 milliards de dollars
à 64 milliards. Entre 2000 et 2001, la Chine a vu ainsi sa part dans les
exportations mondiales de produits de haute technologie augmenter de 2%
à 5% (Criscuolo et Martin, 2004). Ce pays est aussi devenu le premier
exportateur mondial de produit TIC20(*) (Technologie de l'Information et de la communication)
devant les Etats-Unis. Cette forte croissance contraste avec la
stabilité des exportations japonaises sur les dix dernières
années (Figure 5). L'Allemagne, la Corée du Sud et les
États-Unis ont également augmenté leurs ventes, mais sans
commune mesure avec la Chine, pour qui elles ont plus que triplé depuis
2000 (Sachwald, 2007).
2.1.3.1. La Chine : premier exportateur mondial de
biens TIC
Aujourd'hui, la Chine est le premier exportateur mondial de
produits TIC (Figure 6). Une grande part des industries de haute technologie en
Chine sont des producteurs de biens TIC. Les biens TIC sont estimés
à peu-près à trois-quarts des exportations chinoises de
produits de haute technologie en 2001(Criscuolo et Martin, 2004).
Figure 6. : Evolutions des
exportations de TIC chinoises et de quelques pays de l'OCDE (Milliards de
dollars)
Source : OCDE, profils
statistiques par pays,
http://stats.oecd.org/wbos/viewhtml.aspx?queryname=338&querytype=view&lang=fr
Depuis le début des années 80, les
autorités chinoises ont multiplié les réformes
économiques de promotion des exportations. On peut citer par exemple
l'abaissement du niveau moyen des tarifs douaniers qui est passé de
41,3% en 1992 à 16,8% en 2001, et l'octroi d'exemptions tarifaires aux
produits destinées à être transformés avant
d'être réexportés (Lemoine et Unal-Kesenci, 2002). Cette
politique a segmenté le régime commercial chinois en plusieurs
catégories tarifaires :
-le commerce ordinaire qui recouvre les importations
destinées au marché intérieur et donc soumises au tarif
douanier normal, et les exportations essentiellement basées sur des
inputs locaux ;
-le commerce d'assemblage recouvre les importations
destinées à être réexportées après
assemblage ou transformation, qui bénéficient d'exemptions
tarifaires, ainsi que les exportations issues de ces opérations ;
- les importations de produits (équipement le plus
souvent) réalisées par les investisseurs étrangers au
titre de leur contribution au capital d'une filiale ou d'une joint venture.
Elles bénéficient aussi de préférences tarifaires
;
- diverses autres catégories de transactions qui
bénéficient aussi de régimes douaniers
préférentiels (compensation, commerce frontalier, etc.) (Lemoine
et Unal-Kesenci, 2002) .
Cette politique de promotion des exportations a
été très efficace. L'essor d'industries d'assemblage
fondées sur des inputs importés a été au
coeur de l'expansion du commerce extérieur chinois au cours des
années 90.
Depuis cette époque, l'assemblage des produits TIC a
permis simultanément une augmentation des importations et exportations
chinoises de produits de haute technologie (Figure 6). La Chine importe une
grande partie de composants en provenance des pays asiatiques, pour les
assembler et ensuite les exporter principalement vers les Etats-Unis et
l'Europe.
Figure 6. :
Evolutions des exportations et importations chinoises de produits de haute
technologie (en milliards
de dollars).
Source : (Sachwald, 2007)
Cependant, malgré le dynamisme des entreprises
chinoises dans le commerce de produits de haute technologie, les Etats-Unis
restent néanmoins le premier exportateur mondial. En effet, les
exportations chinoises de produits de haute technologie se concentre
essentiellement sur les produits TIC. De plus la Chine reste très
absente dans certains secteurs de haute technologie tels que l'industrie
pharmaceutique et l'aérospatiale. Les exportations chinoises sont encore
focalisées sur deux types de secteurs : les biens intensifs en main
d'oeuvre comme le textile et l'habillement d'une part, et les produits TIC dont
l'assemblage est intensif en main d'oeuvre d'autre part (Sachwald, 2007).
La Chine est le premier exportateur mondial des produits
électroniques grand public, d'ordinateurs et d'équipements de
télévision. Elle a enregistré un surplus commercial de 120
milliards de dollars pour ces trois catégories de produits en 2005, mais
par contre, elle a réalisé un déficit de 60 milliards de
dollars dans le cas des composants électroniques (Sachwald, 2007).
Le surplus commercial de la Chine résulte en grande
partie du commerce avec les pays avancés et en particulier avec les
Etats-Unis. Par contre les composants pour assemblage proviennent
essentiellement de ces voisins asiatiques, dont les principaux partenaires sont
la Corée et le Japon. En ce sens, les filiales des firmes
étrangères implantées en Chine, pourraient jouer un
rôle fondamental dans les exportations de produits TIC.
2.1.3.2. Le rôle des firmes étrangères
et des partenaires commerciaux de la Chine dans le secteur des TIC.
Le dynamisme chinois dans le commerce des biens
d'équipements TIC résulte essentiellement de ces relations
commerciales avec d'une part les pays avancés, plus
particulièrement les Etats-Unis et d'autre part ses voisins asiatiques
(Japon, Corée, Singapour, Malaisie, Thailande).
Les partenaires commerciaux de la Chine, ont pris part
à des degrés différents, à l'expansion de son
commerce en biens technologiques. Les pays asiatiques sont les principaux
fournisseurs d'inputs destinés aux opérations d'assemblage. En
effet la majeure partie de leurs exportations vers la Chine n'est donc pas
destinée à satisfaire la demande intérieure chinoise mais
à approvisionner en inputs les entreprises travaillant pour les
marchés tiers. Leur cible n'est pas le consommateur ou l'investisseur
local, mais la main-d'oeuvre chinoise. Ces flux reflètent la
segmentation des processus de production entre les pays industrialisés
d'Asie et le continent chinois, qui accueille les stades finals de production,
intensifs en travail, délocalisés par les firmes
étrangères (Lemoine et Unal-Kesenci, 2002).
Mais tel n'est pas le cas de l'Europe et des Etats-Unis qui
détiennent de fortes positions dans les importations de la Chine. La
Chine importe des biens intermédiaires dans le but de les assembler et
d'exporter les produits finis à ses clients, dont les principaux sont
les Etats-Unis, suivis par l'Union Européenne et le Japon (Criscuolo et
Martin, 2004).
Elle se positionne comme plate-forme mondiale d'exportations
pour les industries asiatiques. Dans ses échanges de biens TIC avec ses
partenaires commerciaux, la balance commerciale est excédentaire avec
les Etats-Unis et l'Union Européenne, elle est déficitaire avec
la Corée du sud et Singapour (Figure 7).
Figure 7. : Balance
commerciale de la chine dans son commerce de biens TIC avec ses
différents partenaires en 2005 (Milliards de dollars)
Source : (Sachwald, 2007)
Les entreprises étrangères sont les acteurs
majeurs des activités à haute intensité technologique en
Chine. Selon la CNUCED (2005), elles contribuent à 25% de l'effort de
recherche total des entreprises, ce qui est considérable comparé
à des pays comme les Etats-Unis (14%) ou l'Allemagne (22%). Cependant
leurs dépenses de R&D sont concentrées dans des
activités de développement pour adaptation à la demande
locale (Sachwald, 2007). L'étendue du marché chinois peut
expliquer ce choix stratégique.
Elles jouent également un rôle central dans la
percée fulgurante des exportations chinoises, passant de 1,8 à 7%
du marché mondial entre 1990 et 2005. L'apport de leur réseau de
distribution international et de leur savoir-faire commercial a fait gagner un
temps précieux à la Chine. Encore aujourd'hui, les entreprises
à capitaux étrangers réalisent 60% du commerce
extérieur chinois et 28% de la production industrielle, et la proportion
est en hausse21(*).
Le commerce intra-firmes entre les entreprises mères
des pays asiatiques et leurs filiales sur le continent chinois
représentent la partie la plus dynamique des échanges
extérieurs de la Chine. La domination des filiales
étrangères est particulièrement forte dans les
échanges de produits électriques et électroniques
où elles réalisent entre les trois-quarts et les quatre
cinquièmes des échanges d'assemblage (Tableau 11). Elle
reflète la densité des réseaux de production et
d'échanges qui se sont mis en place en Asie dans ces secteurs (Lemoine
et Unal-Kesenci, 2002).
Tableau 11. : Part
des filiales étrangères dans les exportations chinoises de
produits TIC (en %).
|
Part des filiales étrangères dans les
exportations de produit TIC
|
Part des filiales étrangères dans les
exportations totales
|
|
1998
|
2003
|
2003
|
Ordinateurs
|
99
|
97
|
15
|
Composants électroniques
|
81
|
92
|
5
|
TV, électronique grand public
|
96
|
78
|
5
|
Equipements télécom
|
96
|
91
|
4
|
Source : Sachwald, 2007.
Une étude menée par Sachwald (2007) montre que
la Chine n'est pas spécialisée dans la haute technologie (Figure
8). En effet le faible coût de la main d'oeuvre locale est
particulièrement attractif pour les opérations d'assemblage des
multinationales du secteur des TIC. L'auteur estime que la Chine est
logiquement spécialisée dans les productions intensives en
travail. Mais la fragmentation des chaînes de valeurs permet pourtant
à la Chine de contribuer à la production de produits intensifs en
technologie. Pour lui « il serait donc plus approprié de
parler de la Chine comme premier exportateur de travail d'assemblage dans les
TIC », au lieu de premier exportateur mondial de produits TIC.
Figure 8. : Poids des
industries dans la balance commerciale par niveau d'intensité
technologiques, 2005 (en % du commerce industriel)
Source : (Sachwald, 2007)
De même l'analyse de Lemoine (2005) va dans le
même sens que la précédente : « Les
échanges de haute technologie de la Chine reflètent sa position
dans la segmentation internationale des processus productifs. En effet, plus de
la moitié de la haute technologie importée est incorporée
dans des pièces et composants et/ou dans des inputs destinés aux
opérations d'assemblage. Les quatre cinquièmes des exportations
de produits de haute technologie sont issus des opérations d'assemblage
et sous-traitance. L'intensité technologique des exportations chinoises
résulte du contenu high-tech des inputs importés plus qu'elle ne
reflète la capacité interne d'innovation ».
2.1.4. QUELQUES FACTEURS CONTRIBUANT AU RENFORCEMENT DU
POTENTIEL TECHNOLOGIQUE CHINOIS, LES OBSTACLES A L'AVANCEE TECHNOLOGIQUE ET LES
PERSPECTIVES A VENIR.
2.1.4.1. Les facteurs contribuant à
l'amélioration des performances scientifiques et techniques de la
Chine
- Un large réservoir de talents à la fois
sur le plan national et international
Les réformes du système d'innovation chinois ont
précédés des réformes du système
éducatif et universitaire.
L'un des principaux projets, est le lancement par le
gouvernement du projet « Key Universities », il s'agissait
de la création 100 universités axées sur la recherche
fondamentale, et dont le rôle était de former des étudiants
en doctorats et de faciliter la coopération entre les universités
dans le domaine de la recherche et d'accélérer le rythme de la
transmission des acquis scientifiques et technologiques. L'autre projet phare
du gouvernement est aussi le lancement de l'ARWU (Academic Ranking of World
University) donc l'objectif est de comparer les universités chinoises et
les grandes universités du monde, en repérant les
différences et les écarts au niveau des méthodes
d'enseignement, des budgets allouées à la recherche et les
performances des étudiants. L'ARWU est un classement mondial des
universités initié par le ministère de l'enseignement
supérieur chinois et l'Université Jiao Tong de Shangai. Ce
classement, essaie d'homogénéiser les données et les
critères afin de fournir des critères de comparaison au niveau
international. Cela permet aux universités chinoises de
s'améliorer afin de parvenir à occuper la tête du
classement mondial des universités (WCU) (World Class University).
L'un des résultats visibles de la politique de
modernisation de l'enseignement supérieur en Chine est la construction
de 43 parcs scientifiques et techniques d'universités d'Etat dont les
travaux sont en cours. Certains sont devenus des bases très importantes
pour la transformation des produits de hautes et nouvelles technologies.
Aujourd'hui la Chine compte autant si ce n'est plus
d'étudiants que les Etats-Unis et l'Union Européenne. En 2006, on
comptait 2 273 établissements d'enseignement supérieur dans
l'ensemble du pays, accueillant plus de 21 millions d'étudiants.
L'enseignement pour la formation des aspirants chercheurs a connu un
développement rapide. Il a connu une augmentation annuelle
supérieure à 20% à partir de 200122(*). Selon l'UNESCO (2004), le
nombre d'étudiants chinois dans les établissements d'enseignement
supérieur avait doublé dans un laps de temps. Cependant la Chine
paraît moins performante lorsque l'on estime le nombre d'étudiants
en fonction de sa population (Tableau 12). L'effet taille joue encore ici un
rôle important.
Tableau 12. : Nombre
d'étudiants inscrits en troisième cycle en 2004
PAYS
|
Nombre d'étudiants
|
Nombre d'étudiants pour 100000 habitants
|
Chine
|
19 417 0 44
|
1494
|
Etats-Unis
|
16 900 471
|
5776
|
Japon
|
4 031 604
|
3746
|
Royaume-Uni
|
2 247 441
|
3791
|
Allemagne
|
2 185 224
|
2660
|
France
|
2 160 300
|
3600
|
Source : UNESCO, http://www.uis.unesco.org/
Pour Criscuolo et Martin (2004), la présence dans un
pays d'un important nombre de personnes ayant un niveau de connaissances
scientifiques poussée est importante pour le fonctionnement d'une
économie basée sur la connaissance. Pour ces deux auteurs, le
nombre d'étudiants inscrits dans les programmes avancés de
recherche est encore trop bas en Chine comparée aux Etats-Unis et
à l'Union Européenne.
Selon une étude du cabinet McKinsey, bien que la Chine
dispose d'un nombre élevé de jeunes diplômés, le
nombre de jeunes professionnels réellement capables de travailler dans
les entreprises étrangères est bien moindre. Le système
éducatif chinois privilégiant l'enseignement théorique, la
plupart des candidats à un poste d'ingénieur arrivent avec
très peu de pratique, notamment dans la conduite de projets ou le
travail en équipe. Les jeunes professionnels chinois ont un bon bagage
théorique, une forte capacité d'apprentissage, mais manquent de
compétences linguistiques et organisationnelles. La firme doit donc
compléter leur formation pour qu'ils soient opérationnels.
Les hommes politiques chinois ayant pris conscience des
retombées dont pourraient bénéficier le pays des apports
des chinois de la diaspora, notamment sur le plan organisationnel et
technique, ont proposé un ensemble de mesures d'incitation pour aider
les chinois non-résidents à créer des entreprises au pays.
Des politiques de promotion de retour des chinois ayant étudié
à l'étranger ont également été mises en
place. Le gouvernement a instauré différentes politiques visant
à faciliter le rapatriement et la réinsertion sociale des
chercheurs chinois travaillant à l'étranger : traitement
préférentiel pour le logement et la recherche, bourses
universitaires spécifiques, meilleure transparence dans le partage de
l'information.
Une enquête menée par Saxenian (2002), sur
l'impact des communautés immigrées de la Silicon Valley sur la
croissance de leur pays d'origine23(*), soutient que la contribution à la croissance
des pays d'origine des immigrés sera dans le long terme plus forte que
leur contribution à la richesse et à l'emploi en Californie. En
2002, 125000 ingénieurs étrangers de la Silicon Valley
étaient originaires d'Asie ; les immigrés indiens ou chinois
représentent à eux seuls 40 % de ce total. Il existe des
réseaux professionnels communautaires comme par exemple l'Institut
chinois des ingénieurs et l'Association des fabricants américains
d'origine asiatiques créée en 1979. Ces réseaux
professionnels se sont multipliés à partir des années 90,
et servent de canaux de recrutement et de sources d'information sur le
marché du travail. Ils fournissent également aux nouveaux membres
un accès aux modèles, contacts, conseils et source de
financement tandis qu'ils engendrent la connaissance nécessaire à
l'identification des opportunités de création d'entreprise.
L'impact de ses réseaux professionnels communautaires sur le dynamisme
entrepreunarial des immigrés chinois est assez significatif : selon
cette même enquête, les ingénieurs chinois et indiens
contrôlent plus de 29% des entreprises technologiques crées dans
la région depuis 1980, contre 12% au début des années 80.
Cette enquête révèle que 31% des immigrés chinois
hautement qualifiés de la Silicon Valley ont fondé ou dirigent
une entreprise, et 54% de ces immigrés envisageaient implanter leurs
affaires en Chine. De plus, 43% projettent revenir au pays pour travailler ou
créer une entreprise, l'enquête stipule également que les
immigrés chinois de la Silicon Valley sont plus éduqués et
plus compétents que leurs concitoyens restés au pays. Ceux qui
retournent en Chine contribuent au processus de répartition mondiale du
progrès technique et de créations d'entreprise. Des centres
d'entrepreunariat et d'innovations en réseaux naissent du travail de ces
immigrants grâce aux transferts de techniques et de modèles
d'organisation d'entreprise, entre la Silicon Valley et leur pays d'origine.
- Une politique d'ouverture favorisant les IDE
.
La politique d'ouverture de la Chine engagée dès
le début des années 80 a permis à ce pays d'être
l'une des destinations favorites des IDE. Aujourd'hui la Chine occupe le
troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni
(CNUCED, 2006). Ce positionnement est le résultat d'une
stratégie nationale de promotion de l'investissement direct
étranger. La promotion nationale de l'investissement direct
étranger en Chine s'est articulée autour d'une part de mesures
incitatives visant à orienter l'investissement dans des secteurs de
technologie avancée (par exemple la réduction du taux de TVA et
des possibilités d'amortissement fiscal accéléré
dans les secteurs des logiciels et des circuits intégrés). Et
d'autre part à encourager le développement des provinces les
plus défavorisées. Le cadre général de stimulation
de l'IDE reste fait d'avantages fiscaux et douaniers : exonération
totale puis partielle d'impôt sur le revenu des entreprises,
exonération de droits de douanes sur certains équipements
importés, crédit d'impôt pour achat d'équipements
locaux, etc. A cela peuvent s'ajouter d'autres types de mesures parmi
lesquelles des facilités d'approvisionnement en devises ou encore un
accès privilégié aux infrastructures locales24(*).
S'il est incontestable que les IDE constituent une source de
financement supplémentaire de l'économie chinoise, cependant leur
importance se situe surtout dans le développement de la capacité
industrielle et commerciale des entreprises chinoises, et les transferts de
savoir-faire et de technologie directement ou indirectement par effet
d'apprentissage sur les entreprises étrangères. Une abondante
littérature précise d'ailleurs les importantes retombées
technologiques dont peut bénéficier un pays émergent dans
le commerce en biens intermédiaires et les IDE25(*).
2.1.4.2. Une vue d'ensemble des obstacles au
décollage technologique de la Chine.
La Chine malgré ces performances remarquables en
recherche et développement présentent encore beaucoup de
contraintes d'ordre structurelles qui pourraient avoir un impact négatif
dan son avancée technologique dans son système d'organisation de
la recherche. On peut citer parmi les contraintes qui représentent un
frein au décollage technologique :
- La faible protection des entreprises et un
système de droit de propriété intellectuelle peu
solide.
En effet le phénomène de copiage étant
encore très développé en Chine, beaucoup d'entreprises
créent des parts de marché et réalisent des
bénéfices uniquement par l'imitation de produits. Elles ne voient
donc pas l'intérêt d'investir dans l'innovation afin de mettre sur
le marché des produits innovants, et même si c'était le cas
elles n'ont pas la garantie que l'effort de recherche sera soutenu,
rémunéré et protégé par un système de
propriété intellectuelle viable (Criscuolo et Martin,
2004) ;
- Des canaux de diffusion technologique
limités.
C'est l'une des faiblesses principales du système
d'innovation chinois dont nous avons évoqué en début de
cette deuxième partie. Il existe une difficulté de transfert des
connaissances scientifiques entre les institutions publiques de recherche et le
secteur industriel. Le gouvernement chinois a fait l'effort de mettre en place
des passerelles permettant ces transferts, mais ils restent limités par
le fait que la recherche scientifique est contrôlée en grande
partie par les institutions d'Etat. En outre les entreprises ne sont pas encore
complètement intégrées et de manière autonome dans
ce système, ce qui peut être un frein à la libre
circulation des connaissances. Les industries chinoises ont beaucoup plus
misé sur l'importation des composants à haute valeur
ajoutée technologique pour bénéficier efficacement des
transferts de technologie ;
- Une politique de restriction des IDE dans les secteurs
dits « sensibles ».
Le gouvernement chinois a mis en place une politique qui
interdit aux IDE l'accès à des secteurs comme l'aérien,
l'édition, les médias etc.26(*)Les structures de type joint ventures, par exemple,
bien que rudimentaires, restent privilégiées par les
investisseurs parce qu'elles bénéficient encore d'avantages
fiscaux. Mais le cadre juridique et réglementaire des investissements
limite la part de capital que peuvent détenir les investisseurs
étrangers. Ce cadre juridique permet aux autorités centrales
d'exercer un contrôle plus étroit sur les acquisitions
étrangères dans des secteurs « sensibles », et
éventuellement de s'opposer à de telles opérations en
invoquant la menace sur la sécurité économique nationale.
Dans ce contexte, l'intérêt des investisseurs à
transférer le coeur de leur technologie en Chine reste limité,
sauf dans le cas où ils détiendraient majoritairement le
contrôle de l'entreprise ;
- Pas assez de sources de financement.
Les instruments financiers pour la R&D et l'innovation
sont mal développés en Chine. Le système
hérité de la Planification soviétique n'est pas
conçu pour répondre aux besoins de financement de la R&D et
de l'innovation. Le capital-risque, comme source de financement de R&D,
n'est pas accessible à beaucoup d'entreprises chinoises, pour
l'instant ce mode de financement est régie par le gouvernement chinois.
En tout cas, il y a un manque de motivation réel des entreprises
chinoises à se consacrer de manière ambitieuse à la
recherche ;
- Le personnel de R&D a un niveau de compétence
en général beaucoup plus faible que dans les pays
développés.
Le problème vient du système d'éducation
chinois, qui privilégie l'enseignement théorique. Ce mode
d'enseignement n'est pas propice au développement des compétences
techniques et à l'habileté lors de la résolution des
problèmes. En plus le personnel chinois n'est pas assez formé
dans les techniques organisationnelles et de gestion des entreprises ;
- Part très faible de la recherche fondamentale
dans l'effort de recherche.
Malgré des dépenses de R&D
élevées et en pleine augmentation, on peut souligner quand
même la part très faible consacrée à la recherche
fondamentale : 0,07% du PIB, contre 0,5% aux Etats-Unis par exemple.
2.1.4.2. Les perspectives de l'évolution
technologique en Chine.
Les indicateurs internationaux utilisés pour
définir les capacités scientifiques et technologiques de la Chine
sont très contrastés (Sachwald, 2007). Il existe la plupart du
temps un biais statistique du à « l'effet
taille ». Le classement de la Chine varie suivant qu'on utilise
des indicateurs de taille ou d'intensité. En effet, la Chine est ainsi
le troisième pays pour les dépenses totales de R&D et le
second pour le nombre de chercheurs. Mais lorsque l'on considère par
exemple le ratio du nombre de chercheurs par emploi ou le ratio entre les
dépenses de R&D et le PIB, elle est moins bien classée. De
même, la Chine est classée 9ième mondial au
niveau des publications scientifiques, mais elle est beaucoup moins performante
lorsque l'on intègre l'indicateur de citation au nombre de publications
produites pour rendre compte de la contribution de la Chine à la science
mondiale.
En fonction de l'indicateur retenu, les capacités
technologiques de la Chine peuvent paraître soit élevées
soit moindre. C'est le cas lorsque l'on compare les brevets reconnus par le
SIPO et ceux de l'EPO ou encore les brevets triadiques. Par ailleurs les
différences de concept entre le système d'enseignement
supérieur chinois et celui des autres pays contredisent souvent les
indicateurs de qualité et rendent difficiles les comparaisons
internationales. Un ingénieur dans le sens
« occidental » du terme ne pourrait avoir la même
signification selon qu'on est en présence de données chinoises ou
Européennes.
Depuis le début des années 80, la Chine a
misé sur la science et la technologie pour booster son
développement économique. Elle a engagé de nombreuses
réformes pour moderniser son système national d'innovation et a
mené une politique d'ouverture économique pour attirer les
investissements directs étrangers, considérés comme canal
de transfert de technologie.
Elle est aujourd'hui la troisième destination mondiale
des investissements étrangers, mais en même temps, la Chine se
situe très loin derrière parmi les pays investisseurs à
l'étranger. Ce qui la différencie largement des autres pays de la
triade, qui sont tout d'abord les pionniers de l'investissement direct
étranger sortant, dont l'augmentation ces dernières années
tire son origine de la montée en puissance du phénomène
des fusions-acquisitions transcontinentales (CNUCED, 2006).
Néanmoins, la Chine ambitionne aussi de devenir un
investisseur international de premier plan, surtout qu'elle a les moyens de sa
politique. En effet, malgré les volumes importants
représentés par l'investissement direct étranger (environ
75 Milliards de dollars en 2005), il occupe une place plutôt modeste au
sein de l'économie chinoise. Les flux d'IDE n'ont jamais
dépassé 14% de l'investissement total en capital fixe, et
à peine 3,5% du montant total des financements levés chaque
année. D'un autre coté, le taux d'épargne chinois
étant l'un des plus élevés au monde (50% du PIB), et les
financements internes suffisent à faire face aux investissements
domestiques, même très élevés (l'excédent
courant est de l'ordre de 6 à 7% du PIB). Actuellement l'accumulation
rapide de réserves de change qui sont estimées à
près de 1000 Milliards de dollars américains à l'automne
2006 est captée par la Banque Centrale, à laquelle les
entreprises doivent remettre 80% de leurs rentrées en devises27(*).
Même si l'investissement financier est encore
très limité en Chine, il devrait prendre progressivement de
l'importance par rapport à l'investissement de type purement industriel.
En
effet, la convertibilité partielle de la monnaie
chinoise a eu jusqu'ici pour corollaire l'exclusion des opérateurs
étrangers des marchés financiers domestiques et les limitations
apportées aux opérations des banques étrangères. La
diminution programmée de la part de l'Etat dans les entreprises
publiques, la mise sur le marché des actifs gérés par les
structures des quatre banques commerciales d'Etat et l'ouverture progressive
des marchés financiers chinois, prévue par l'entrée dans
l'OMC, devraient entraîner une montée en régime de
l'investissement financier.
La Chine a également mis en place un programme de
réformes de la propriété intellectuelle. La protection de
la propriété intellectuelle fait partie des nouveaux combats des
autorités chinoises. Et à ce titre était organisé
un forum le 24 avril 2007 à Beijing. Avec, pour introduire les
débats, une intervention de la vice-Première ministre chinoise
qui a insisté sur le fait que la protection de la
propriété intellectuelle doit être considérée
en Chine comme un facteur majeur de la compétitivité du pays.
Après être revenue sur les progrès déjà
réalisés, elle a annoncé les mesures qui devraient
être prise pour rendre le système de protection plus efficace.
Cette année, la Chine a révisé et mis au point 14 lois
et règlements concernant les marques, les droits d'auteur ou les
brevets28(*). La
Première ministre a notamment affirmé que : « Avec
le développement des nouvelles technologies, la croissance des secteurs
du divertissement et la poursuite des phénomènes de
mondialisation, la propriété intellectuelle prend aujourd'hui une
importance jamais connue. C'est notamment pourquoi sa protection est
jugée comme une option obligée pour la Chine si elle veut assurer
la compétitivité internationale de ses entreprises. Des
entreprises qui sont d'ailleurs appelées à prendre des mesures
pour protéger leurs propres droits et intérêts, mais aussi
ceux d'autrui. La protection de la propriété intellectuelle en
Chine s'avère de plus en plus importante en dehors de la Chine. Avec les
produits, les services et les techniques exportés depuis la Chine, avec
les investissements chinois à l'étranger, les entreprises
chinoises disposent d'un nombre de droits d'auteurs toujours plus important. La
Chine va devenir un centre de recherche mondial. Un chiffre est éloquent
: durant les dix dernières années, le nombre de demande
d'inscription de brevets chinois aux Etats-Unis a été
multiplié par 15. Par conséquent, en remplissant ses obligations,
la Chine protège les droits d'auteur des autres, mais aussi ses propres
droits d'auteur. »
A plus long terme, le rôle de la Chine en tant
qu'investisseur international gagnera en importance. C'est un objectif
clairement soutenu des autorités chinoises qui visent à
positionner la Chine comme un investisseur international de premier plan. Les
résultats sont impressionnants : le flux annuel d'investissement direct
sortant chinois est passé de 2 à 3 Milliards de dollars en
moyenne à 5,4 Milliards de dollars en 2004 puis 12,2 Milliards de
dollars en 2005. Le gouvernement prévoit une croissance de 22% en
moyenne sur chacune des 5 années à venir, au terme de laquelle
l'ID chinois atteindrait 60 Milliards de dollars en 201029(*). Ce qui pourrait être
très bénéfique pour l'avancée technologique
chinoise, puisque investir à l'étranger entraîne des
exportations supplémentaires (machines, pièces
détachées, composants), mais aussi des importations
supplémentaires en provenance du pays d'accueil, qui peuvent être
un gage de transfert de technologie.
Les performances économiques de la Chine et son
ascension rapide dans l'échelle des puissances économiques ont
surpris et suscitent des craintes dans différentes parties du monde. Sa
capacité technologique aussi a connu une grande ascension. La part du
PIB consacrée par la Chine à la R&D a doublé en 10 ans
passant de 0,6% en 1995 à 1,3% en 2005. Cela représente une
augmentation moyenne des investissements en R&D de 20% par an dans un pays
dont le PIB augmente de 10% l'an. L'OCDE a annoncé récemment
qu'en Chine, le nombre des chercheurs travaillant dans le secteur de la R&D
serait déjà de 923 000, plaçant là ainsi la Chine
en seconde position30(*).
Selon ce même organisme, OCDE (04-12-2006), à ce rythme elle aura
atteint 2,2% en 2010 rattrapant l'Europe.
Cependant, il est important d'observer les indicateurs de la
capacité scientifique et technique de la Chine avec prudence, à
cause de « l'effet taille » évoqué plus
haut. Différents indicateurs brossent une image contrastée des
capacités scientifiques et technologiques de la Chine. Mais
d'après les indicateurs synthétiques, la Chine se classe un peu
en dessous du Brésil et un peu au-dessus de l'Inde (Sachwald, 2007).
Néanmoins, l'effort de la Chine en matière de
R&D reste indiscutable. La Chine est en ordre de bataille et fait l'effort
nécessaire pour devenir une puissance scientifique et technologique
dotée d'une réelle autonomie dans sa capacité
d'innovation. Elle entame son décollage technologique, construit des
centres d'excellence et attire des centres de R&D étrangers, mais
les faiblesses et les obstacles évoquées plus haut dans son
décollage technologique, ne lui permettent pas encore de
développer les composantes qui fondent les systèmes d'innovation
performants. Mais le rattrapage est en cours, même s'il n'aura
certainement pas lieu à très court terme. Si elle continue
à ce rythme, la Chine sera un jour la seconde voire la première
puissance mondiale en R&D. Mais cette perspective est encore largement
inscrite dans le futur et reste à concrétiser. L'écart
actuel entre la Chine et les principales puissances scientifiques de la triade
(Etats-Unis, Union Européenne et Japon) est encore plus que confortable,
d'autant que ces dernières ne resteront certainement pas leur niveau
actuel. Mais reconnaissons que la Chine détient le potentiel
nécessaire pour le rattrapage technologique et ce n'est plus qu'une
question de temps.
2.2. - L'INDE
L'Inde est au même titre que la Chine un pays
émergent engagé dans le développement technologique et la
modernisation de son économie. Il a mené des réformes
à partir du début des années 90 visant à renforcer
son ouverture économique. Sur le plan interne, des mesures partielles de
dérégulation et une politique fiscale expansionniste ont
stimulé la croissance. Mais en même temps ont provoqué la
montée de l'endettement interne et externe. Sur ce fond de
déséquilibres structurels, plusieurs chocs déclenchent en
1991 une crise des paiements extérieurs qui conduit le gouvernement
indien à amorcer un tournant dans sa stratégie économique.
Un programme de stabilisation et de réformes structurelles appuyé
par le FMI vise alors à libéraliser et ouvrir l'économie.
Le volet externe des réformes comporte une réduction de la
protection tarifaire et non tarifaire, l'introduction de la
convertibilité de la roupie pour les opérations courantes
à partir de 1994, une libéralisation partielle des
opérations de capital, et enfin des dispositions autorisant et
facilitant les investissements directs étrangers en 1997 (Chauvin et
Lemoine, 2004).
En 2004, L'Inde présentait un taux de croissance du
PIB de 7% et pesait environ 6% de l'économie mondiale, contre 2% un an
avant. La croissance du PIB par habitant en Inde a été de 3,8% en
moyenne de 1980 à 2004.
Les services ont été le moteur principal de la
croissance de l'économie indienne depuis 20 ans. Le poids des services
(services liés aux technologies de l'information et de la communication
TIC) dans l'économie est passé de 37% en 1980, à 40% en
1990 et 51% en 2002, contre 17% pour le secteur manufacturier (Chauvin et
Lemoine, 2003).
L'Inde se positionne aujourd'hui comme un pôle majeur de
la recherche scientifique mondiale dans certains domaines (Biotechnologies,
médicaments générique...). Ce positionnement est le fruit
d'une politique de R&D ambitieuse commencée en réalité
dans les années 50, dont la déclaration de politique du Premier
ministre Atal Bihari Vajpayee en 2003, témoigne de la priorité
donnée à la science et la technologie dans le
développement économique de l'Inde : « La
connaissance est devenue une source de pouvoir économique et de
puissance. Ce qui a conduit à des restrictions croissantes dans le
partage des connaissances et à de nouvelles normes de
propriété intellectuelle ».
Fort de ce constat, les autorités indiennes ont
énoncé une politique qui recoupe les préoccupations de la
plupart des pays industrialisés en matière de science, de
technologie et d'innovation. La recherche se voit assigner des objectifs
très généraux dans les domaines alimentaires, sanitaires,
énergétiques, environnementaux et en matière de
sécurité nationale...
2.2.1. UNE POLITIQUE NATIONALE DE R&D AMBITIEUSE
2.2.1.1. La science et la technologie, piliers de la
croissance économique
Les ambitions de l'Inde en matière de recherche
technologique ont été clairement définies dans le rapport
« Vision 2020 » qui avait été conduite à la fin
des années 90 sous l'égide du ministère chargé de
la science et de la technologie. Cet exercice de prospective technologique
avait permis d'élaborer des stratégies de développement
destinées à renforcer la compétitivité de
l'économie nationale dans dix-sept secteurs technologiques de pointe
tels que l'aéronautique, l'avionique, les capteurs, la robotique,
l'intelligence artificielle...
La politique gouvernementale d'innovation vise à
favoriser les échanges entre les institutions scientifiques publiques
et privées, tout en encourageant les chercheurs académiques
à améliorer leur niveau d'excellence pour atteindre les plus
hauts standards internationaux. Les chercheurs académiques sont par
ailleurs incités à développer les coopérations
internationales en vue de favoriser le développement du pays.
Un accroissement de l'effort de recherche a été
engagé pour pouvoir réaliser ces objectifs. La part de la R&D
dans le PIB est passé de 0,6% en 1980 pour atteindre 0,8% à la
fin des années 90 (Tableau 13).
Tableau 13. : Evolution des
dépenses de R&D /PIB de l'Inde.
ANNEE
|
Dépenses de R&D/PIB
|
1985
|
0,83
|
1986
|
0,88
|
1987
|
0,91
|
1988
|
0,9
|
1989
|
0,86
|
1990
|
0,79
|
1991
|
0,78
|
1992
|
0,76
|
1993
|
0,79
|
1994
|
0,73
|
1995
|
0,71
|
1996
|
0,72
|
1997
|
0,77
|
1998
|
0,81
|
1999
|
0,8
|
2000
|
0,8
|
2001
|
0,7
|
2002
|
0,7
|
2003
|
0,7
|
2004
|
0,6
|
2005
|
0,6
|
Source :
http://www.obs-ost.fr (de 1985
à 1996) et UNESCO,
http://stats.uis.unesco.org/unesco/TableViewer/tableView.aspx
de (1997 à 2005)
Le pays s'est également doté d'institutions de
recherches solides et organisées sur le plan académique et
administratif. La politique fédérale de R&D de l'Inde est
pilotée par le ministère de la Science et de la Technologie et
placée sous la tutelle du Premier ministre pour ce qui concerne
notamment les questions d'énergie atomique et d'espace. L'action du
ministère chargé de la R&D est organisée autour de
ministères, de directions et de conseils. Les organismes sous le
contrôle direct du ministère de la Science et de la Technologie
sont : le Department of Science and Technology (DST), le Department of
Scientific and Industrial Research (DSIR), le Council of Scientific and
Industrial Research (CSIR), le Department of Biotechnology (DBT), le Department
of Ocean Development (DOD). Celles dont la tutelle est partagée avec le
Premier ministre sont le Department of Space (DOS) et le Department of Atomic
Energy (DAE). Les entités de recherche placées sous la tutelle
d'autres ministères sont principalement l'Indian Council of Medical
Research (ICMR) ; le Defence Research & Development Organization (DRDO) ;
le Department of Information Technology (DIT), l'Indian Council of Agricultural
Research (ICAR) et le Department of Environment (DOEn). Quant aux
universités et à leurs centres de recherche, ils dépendent
du ministère du Développement des Ressources Humaines au niveau
fédéral et dans une moindre mesure des gouvernements des Etats
fédérés31(*).
Parmi, tous ces organismes, il existe trois dotés d'un
conseil scientifique autonome à l'échelle nationale : le
(DISR), l'(ICAR), et l'(ICMR). Chacun dispose de son réseau de
laboratoires, de bases et d'instituts, et traite des problèmes de
recherche et développement. La recherche et le développement dans
le domaine de l'énergie nucléaire sont supervisés par le
département de l'énergie atomique, et ceux en matière de
défense par le (DRDO) tandis que les départements techniques
dépendant de différents ministères ont leurs propres
divisions de recherche. On recense également le bureau indien des mines,
la commission du pétrole et du gaz, l'Indian standards
institution, ainsi que la commission des bourses de l'université
indienne qui soutient, encourage la recherche dans les universités en
créant, notamment, des centres de recherche de pointe dans diverses
disciplines.
L'Inde maîtrise des technologies de pointe
dans les secteurs du nucléaire, de l'espace, des
matériaux, de l'astrophysique et des super-ordinateurs, et se positionne
sur des marchés stratégiques spécifiques (ex : le
marché porteur de la conception et de la production de logiciels).
Depuis peu, le gouvernement applique la logique de l'économie de
marché à la recherche scientifique et technique, tout en
favorisant l'adaptation de la recherche scientifique aux besoins de l'industrie
et à la recherche de partenariats.
Dans le domaine de l'énergie atomique et de l'espace,
les réacteurs atomiques de l'Inde sont pleinement utilisés pour
la recherche, l'agriculture et l'industrie, et les isotopes et radio-isotopes
produits sont destinés au marché interne comme au marché
extérieur (Etats-Unis, Australie, France, Thaïlande et
Suède). Les objectifs principaux du programme spatial indien sont la
recherche en haute atmosphère (qui comprend les études des
particules neutres et la composition ionique de l'ionosphère),
l'investigation des champs magnétiques et électriques
associés à l'électrojet et leurs variations dans le temps
en fonction de l'activité solaire, l'étude de la
météorologie de la stratosphère et de la
mésosphère, et diverses recherches en astronomie. Les
progrès réalisés en météorologie
équatoriale, en particulier pour la région spécifique de
l'Océan indien, sont remarqués et ont été rendus
possibles grâce à la base aérospatiale Thumba
equatorial rocket launching station (TERLS), en collaboration avec des
organismes américains, russes et français32(*).
2.2.1.2. Un positionnement vers les secteurs à forte
intensité en capital humain
Le développement de l'économie de la
connaissance, a favorisé la mise en place de nouveaux secteurs,
à forte intensité en capital humain permettant ainsi à
l'Inde de prendre place sur des créneaux dynamiques de la demande
mondiale. La position géographique de l'Inde, qui la met à
l'écart des processus d'intégration régionale dynamiques,
freine sans doute l'internationalisation du pays. Les échanges de l'Inde
avec le reste du monde sont principalement orientés vers l'Europe
(28%), l'Asie de l'Est et du Sud-Est (22%) et l'Amérique du Nord (16%).
En outre ses voisins d'Asie du sud ne constituent pas un pôle
attractif.
Ces échanges sont fondés sur des
complémentarités traditionnelles entre pays
développées et pays en voie de développement : biens
d'équipement contre biens de consommations. Les exportations
manufacturières représentent seulement 16% du PIB indien, ce qui
est très faible comparé à un autre pays émergent
comme la Chine 38% (Chauvin et Lemoine, 2003).
L'insertion de l'Inde dans la segmentation internationale des
processus productifs pour les activités intensives en connaissance ne
s'est pas faite de la même manière que celle de la Chine.
C'est-à-dire sur une spécialisation verticale et une industrie
d'assemblage de composants pour exportation. Ainsi, les exportations indiennes
de produits de haute technologie révèlent une stratégie
industrielle différente de celle des pays d'Asie de l'Est et du Sud-Est
qui consiste à l'exportation massive de produits électroniques
et de télécommunication, issus de l'assemblage de composants
importés.
L'Inde a plutôt misé sur les services, notamment
les services informatiques. A partir du milieu des années 90, les
exportations indiennes de services ont connu une croissance très rapide.
Elles représentaient, en 1990, le quart des exportations de
marchandises, en 2000, elles en représentaient près de la
moitié. Cet essor a été largement porté par les
services informatiques qui représentaient 35% des exportations totales
de services en 2001. En 2003, l'Inde est en effet devenue, avec 20% des
exportations mondiales, le premier exportateur de logiciels et services
informatiques devant l'Irlande et les Etats-Unis. Dans ce domaine, elle a
largement devancé la Chine et se trouve en concurrence avec les pays
développés (Chauvin et Lemoine, 2003).
Dans les services informatiques, la
compétitivité de l'Inde s'explique par ses ressources en
ingénieurs et personnels qualifiés, anglophones, dont les
rémunérations sont très largement inférieures
à ceux des pays développés. En outre, ce secteur est moins
sensible aux obstacles qui limitent la compétitivité d'autres
industries (déficiences des infrastructures, pénurie de capital),
il est peu exposé à la résistance des structures en place
et est largement orienté à l'exportation. L'essentiel des
exportations de services informatiques est le fait d'entreprises indiennes
travaillant pour des commanditaires étrangers et la majorité des
exportations (70%) est destinée aux Etats-Unis, 20% pour l'Union
Européenne, 5% pour le Japon33(*). L'existence de réseaux d'ingénieurs
indiens recrutés par les firmes américaines dans les
années 80, les politiques d'externalisation de tâches
administratives, financières, logistiques etc. menées
par les firmes américaines dans les années 90, ont
favorisé le dynamisme de ce secteur (Chauvin et Lemoine 2003).
L'Inde ambitionne également de devenir leader dans des
secteurs tels que la biotechnologie et la pharmacie. Le pays dispose d'un
personnel hautement qualifié et inséré dans les
réseaux internationaux des institutions de recherche publiques de
qualité, et dans de grandes firmes pharmaceutiques.
Le secteur des biotechnologies bénéficie en Inde
de facteurs particulièrement favorables et d'une conjoncture très
porteuse soutenue par une forte demande intérieure. Avec une croissance
d'environ 30% par an au cours des 5 dernières années,
l'investissement dans le secteur des biotechnologies a dépassé
les 200 Milliards € en 200434(*). En outre les modifications réglementaires et
législatives, notamment les lois adoptées dans les années
70 destinées à faciliter l`acquisition des technologies
étrangères, et la signature des accords ADPIC35(*) (par la possibilité
d'octroi de licences obligatoires à l'exportation36(*)) ont permis à l'Inde de
devenir le premier exportateur mondial de médicaments
génériques et aux firmes indiennes d'acquérir 65% du
marché local de produits pharmaceutiques contre 25% en 1971(Chauvin et
Lemoine, 2003).
2.2.2. LA PARTICIPATION DE L'INDE DANS LA PRODUCTION
SCIENTIFIQUE MONDIALE
2.2.2.1. Les publications scientifiques internationales
Contrairement à la Chine, l'Inde occupe une place
plutôt modeste au niveau des publications scientifiques mondiales. Mais
l'indice d'impact des publications à deux ans a augmenté de 35%
entre 1999 et 2004, contre 28% pour la Chine (Tableau 14).
Tableau 14. Productions
scientifiques de l'Inde et de quelques pays (1999-2004)
PAYS
|
Part/monde % de publications
|
Indice d'impact à deux ans
|
1999
|
2004
|
Evol. %
|
1999
|
2004
|
Evol. %
|
Inde
|
2,1
|
2,3
|
10
|
0,31
|
0,42
|
+35
|
Etats-Unis
|
29,4
|
27,1
|
-8
|
1,46
|
1,49
|
+2
|
Chine
|
2,7
|
5,2
|
+89
|
0,39
|
0,50
|
+28
|
Japon
|
8,8
|
8,5
|
-4
|
0,84
|
0,86
|
+3
|
Source : www.obs-ost.fr
Cette place modeste de l'Inde peut être expliquée
par plusieurs facteurs :
- L'importance de la R&D dans les domaines
stratégiques (armement, espace et nucléaire), qui sont largement
soumis à des fortes restrictions de communication : ils
représentent près des deux tiers des recherches conduites au sein
des grandes agences scientifiques et technologiques indiennes ;
- Les liens privilégiés qu'elle avait
noués avec l'ancienne Union soviétique l'ont directement soumise
aux effets de l'effondrement de la recherche russe ;
- L'Inde est un pays en voie de développement qui a
des besoins sociaux spécifiques et s'est fixé des
priorités de recherche ne correspondant pas nécessairement aux
domaines d'intérêts de la communauté scientifique des pays
industrialisés. Ces travaux seront de ce fait moins susceptibles de
donner lieu à des publications. Il en est ainsi par exemple pour les
travaux concernant la malnutrition ou le développement de
variétés végétales locales à haut
rendement ;
- Une bonne partie des chercheurs indiens sont en
expatriation, et les résultats de leurs travaux sont souvent
comptabilisés dans les statistiques du pays d'accueil ;
L'Inde occupait en 2004 le troisième rang mondial des
publications scientifiques et sa progression est supérieure à
10%. Dans le domaine de la biologie fondamentale l'Inde est le pays qui a le
plus fort taux de progression au monde et présente un indice de
spécialisation de 0,63. Dans les sciences physiques, elle occupe la
deuxième place (Tableau 15 et 16).
Tableau 15. Evolution des publications scientifiques
en biologie fondamentale des cinq premiers pays au monde.
PAYS
|
Evolution
% 1999-2004
|
Indice de spécialisation
2004
|
Inde
|
+37
|
0,63
|
Suisse
|
+27
|
1,13
|
Russie
|
+24
|
0,52
|
Brésil
|
+23
|
1,04
|
Pays-Bas
|
+ 14
|
1,13
|
Source : www.obs-ost.fr
Tableau 16. Evolution des publications scientifiques
en sciences physiques des cinq premiers pays au monde.
PAYS
|
Evolution
% 1999-2004
|
Indice de spécialisation
2004
|
Corée du sud
|
+28
|
1,42
|
Inde
|
+22
|
1,12
|
Taiwan
|
+16
|
1,12
|
Pologne
|
+13
|
1,52
|
Brésil
|
+12
|
1,20
|
Source :
www.obs-ost.fr
Pour un niveau de développement scientifique
donné, le dynamisme scientifique d'un pays est attesté non
seulement par le poids de sa participation dans la production des connaissances
scientifiques, mais aussi par la visibilité internationale de ses
articles. C'est-à-dire sa capacité à mettre en place des
partenariats scientifiques dans des cadres variés : participation
à des programmes internationaux, stratégies de collaboration avec
des laboratoires d'excellence au niveau mondial.
Dans une discipline donnée, le ratio du nombre de
publications d'un pays produites en collaboration avec un pays étranger
par rapport au nombre total de ses publications est une des mesures pour
évaluer son niveau de collaborations internationales.
La place de l'Inde dans les co-publications internationales
est encore très faible 18% (Tableau 17). Quand on sait que la part d'un
autre pays émergent comme l'Afrique du sud atteint 40%. Même si en
Inde cette part a augmenté entre 2001 et 2004 de 17%.
Tableau 17. Taux de
co-publications internationales de l'Inde et de quelques pays émergents
en 2004.
PAYS
|
Taux de co-publications internationales % (2004)
|
Evolution 2001-2004
%
|
Inde
|
18
|
+17
|
Afrique du sud
|
43,5
|
+25
|
Brésil
|
32
|
-2
|
Corée du sud
|
24,9
|
+10
|
Source : www.obs-ost.fr
2.2.2.2. Les brevets internationaux
L'Inde n'occupe pas un classement appréciable pour les
dépôts de brevets, il représente une part de 0,1% de
demandes de brevets Européens (EPO) et 0,2% pour les brevets
américains (USPTO) entre 1999 et 2004. Mais ce pays se distingue
particulièrement dans deux disciplines les biotechnologies et la chimie
où il présente les plus forts taux de progression, soit 384% et
577% respectivement pour les brevets Européens et 359% et 175% pour les
brevets américains (Tableau 18, 19, 20, 21).
Tableau 18. Demande de brevets européens dans
la pharmacie et les biotechnologies pour les pays à plus fort taux de
progression (2004).
PAYS
|
Part/monde %
|
Evolution
1999-2004 %
|
Indice de spécialisation 2004
|
Inde
|
1,3
|
+384
|
3,17
|
Chine
|
1,6
|
+278
|
1,84
|
Corée du sud
|
1,6
|
+140
|
0,68
|
Israel
|
1,3
|
+33
|
1,32
|
Japon
|
11,1
|
+10
|
0,65
|
Source : www.obs-ost.fr
Tableau 19. Demande de brevets européens dans
la chimie pour les pays à plus fort taux de progression
(2004).
PAYS
|
Part/monde %
|
Evolution
1999-2004 %
|
Indice de spécialisation 2004
|
Inde
|
1,2
|
+577
|
3,09
|
Corée du sud
|
1,7
|
+216
|
0,72
|
Japon
|
20,2
|
+15
|
1,17
|
Pays-bas
|
2,2
|
+11
|
0,84
|
Canada
|
1,3
|
+11
|
0,79
|
Source : www.obs-ost.fr
Tableau 20. Brevets américains
délivrés dans la pharmacie et les biotechnologies pour les pays
à plus fort taux de progression (2004).
PAYS
|
Part/monde %
|
Evolution
1999-2004 %
|
Indice de spécialisation 2004
|
Inde
|
0,9
|
+359
|
12,44
|
Taiwan
|
0,6
|
+97
|
0,23
|
Corée du sud
|
0,9
|
+56
|
0,39
|
Allemagne
|
6,3
|
+23
|
0,91
|
Israël
|
1,1
|
+22
|
1,92
|
Source : www.obs-ost.fr
Tableau 21. Brevets américains
délivrés dans la chimie pour les pays à plus fort taux de
progression (2004).
PAYS
|
Part/monde %
|
Evolution
1999-2004 %
|
Indice de spécialisation 2004
|
Inde
|
0,7
|
+175
|
9,99
|
Corée du sud
|
1,8
|
+64
|
0,75
|
Taiwan
|
1,1
|
+44
|
0,44
|
Suède
|
0,7
|
+30
|
0,75
|
Australie
|
0,5
|
+28
|
1,03
|
Source :
www.obs-ost.fr
2.2.3. QUELQUES POLES D'EXCELLENCE DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE EN INDE
2.2.3.1. L'Inde : premier exportateur mondial de
logiciels et services informatiques
Le secteur des services en Inde est devenu l'un des moteurs
principaux de la croissance. Ce secteur emploie seulement 22% de la force de
travail en Inde, mais participe pour plus de 50% à la valeur
ajoutée. Le dynamisme des exportations indiennes dans les services est
surtout le fait des services informatiques. L'Inde aujourd'hui joue dans
« la cours des grands » dans le domaine des services
informatiques. Elle compte plusieurs grandes sociétés reconnues
à l'échelle mondiale, membres de la liste OCDE des 250
premières firmes mondiales des TIC (dont Tata Consultancy Services,
Wipro et Infosys), à la croissance rapide et ayant collectivement
multiplié leur chiffre d'affaires par 8 entre 2000 et 200537(*).
Les principaux services informatiques développés
par les firmes indiennes regroupent : le développement logiciel,
l'outsourcing ou offshoring, les ITES-BPO (Information Technology Enabled
Services-Business Process Outsourcing)38(*) qui regroupent les centres d'appels, et le traitement
de toutes les tâches administratives. Tout cela requiert une main
d'oeuvre qualifiée et un potentiel scientifique puissant. Les
exportations de services informatiques en Inde représentent en 2005,
4,1% du PIB (Tableau 21).
Tableau 21. Evolutions des
exportations de services informatiques par les firmes indiennes
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
% PIB
|
1,9
|
2,7
|
2,9
|
3,2
|
3,5
|
4,1
|
Source : « Les réseaux mondiaux
d'innovation, ANRT juin 2006, www.anrt.fr»
Les firmes indiennes ont permis à l'Inde de devenir
l'une des principales places mondiales de la création de logiciels.
Elles ont commencé par offrir des services de sous-traitance,
professionnels et personnalisés : conversion de codes et
réécriture de programmes. Et elles ont ensuite
évolué, parallèlement à l'essor des liaisons haut
débit, vers des développements et services à plus forte
valeur ajoutée en signant des accords en amont avec les grandes
entreprises mondiales du conseil. Le secteur informatique indien compte parmi
sa clientèle les plus grands groupes multinationaux, dans le domaine de
l'industrie (General Motors, Boeing, Nokia...), comme pour les services (Lehman
Brothers...). Les entreprises externalisent leur développement pour
réduire leurs coûts tandis que les grandes sociétés
occidentales de service informatique cèdent au « chant des
sirènes » des co-sous-traitants étrangers pour
préserver leurs marges. Par ailleurs ces entreprises ont ouvert de
nombreux centres de R&D spécialisés en Inde. Comme Motorola
avec le programme : Embedded solutions and services for 3G phones,
UMTS and Cable Modem Systems, ou Texas Instruments : Develops
embedded software for Broadband, Digital Signal Processor (DSP), Wireless
terminal Device drivers and operating systems, Multimedia,CODECS, Integrated
sofware development environment39(*). Et beaucoup d'autres, Intel, Schneider,
Siemens, etc. De même les firmes indiennes ont entamé leur
développement à l'international, c'est le cas d'Infosys qui a
fondé une filiale de consultants aux Etats-Unis en venant défier
sur leur terrain les grandes firmes américaines du secteur.
Les services informatiques en Inde sont en pleine croissance.
Le secteur affiche des résultats records, avec 30 Milliards de dollars
de revenus en 2006, en progression de 31,4% par rapport à 200540(*). Il est clair que l'Inde
possède un avantage comparatif important et durable en matière de
développement de logiciels et de services informatiques. Les deux
principaux facteurs économiques : en particulier une industrie
nationale de composants informatiques ainsi qu'une demande croissante de
logiciels sur le marché national et international sont
déterminants pour maintenir la croissance dans le secteur informatique,
ainsi que pour élargir son impact sur le développement (Singh,
2003).
2.2.3.2. Des institutions d'enseignement de haut niveau
Les établissements universitaires et assimilés
représentent un pan significatif du système national de R&D
et d'innovation, du fait de leur rôle de formation. A la fin des
années 90, l'Inde comptait quelque 250 universités et environ 200
000 enseignants. Les établissements d'enseignement supérieur
accueillaient environ 8 millions d'étudiants en 1998-1999, et 10
millions en 2003 (Khadria, 2004). Le pays dispose d'institutions d'enseignement
de niveau mondial qui disposent tous d'installations d'excellence. On peut
citer les deux plus importants : l'Indian Institute of Science (IISc)
basé à Bangalore et du réseau des Indian Institutes of
Technology (IIT).
L'IISc regroupe une quarantaine de départements, de
centres et d'unités, c'est un pôle d'excellence de la science et
de la technologie indienne. Il délivre chaque année une centaine
de thèses. La qualité des travaux des chercheurs de l'IISc,
mesurée sur la base de l'indice d'impact de ses publications, a valu
à ce centre d'être considéré comme un centre
d'excellence dans le classement mondial des pôles de recherche.
Les Indian Institutes of Technology (IIT) constituent une
filière d'élite pour la formation scientifique. Le prestige de
ces institutions, dont les premières ont été
fondées juste après l'indépendance, rayonne au-delà
des frontières du pays. Les diplômés de l'IIT sont, par
exemple, très recherchés aux Etats-Unis où ils
complètent souvent leur formation initiale par un doctorat. La
moitié des promotions des sept établissements émigrent
ainsi outre-Atlantique depuis des décennies. D'ailleurs la plupart des
immigrés indiens ayant créé des Start-ups à la
Silicon Valley sont issues de ces IIT.
Parmi les centres d'excellence du système indien de
recherches, on peut aussi citer le Tata Institute of Fundamental Research
(TIFR) considéré comme une institution de référence
en biologie, en chimie, en informatique, en mathématiques, en physique
et en sciences de l'éducation41(*).
2.2.3.3. Un domaine d'excellence : les
Biotechnologies
Pendant une vingtaine d'années, le gouvernement indien
a beaucoup investi dans les biotechnologies en multipliant des initiatives
pour la création d'institutions de recherche scientifique
consacrées à ce domaine. En 1981, création de l'Institut
national d'immunologie et du Centre de biologie cellulaire et
moléculaire. En 1982, le gouvernement a fondé le bureau national
des biotechnologies qui est devenu en 1986, la direction de la biotechnologie
DBT (Departement of Biotechnology) qui dépend du ministère de la
science et de la technologie. En 1983, création de l'Organisation
nationale tissulaire et cellulaire et de l'Institut de technologie microbienne.
Puis en 1988, création du Centre international de
génétique et de biotechnologie (Ramani, 1998).
La DBT a sous sa tutelle tous ces laboratoires voués
principalement à la recherche fondamentale. Elle a été
créée avec l'objectif de favoriser le développement de
l'activité publique et privée ainsi que pour promouvoir les
collaborations entre ces deux secteurs dans ce champ technologique,
particulièrement en matière de génie
génétique, d'immunologie, de culture de tissus, de génie
enzymatique...
Les biotechnologies en Inde concernent d'abord les firmes
pharmaceutiques. Ce secteur peut être considéré à
plusieurs titres comme un précurseur du rattrapage technologique de
l'Inde. La production de médicaments a enregistré tout au long de
la dernière décennie une croissance annuelle de l'ordre de 15
à 20 % et a réalisé un chiffre d'affaires de quelque 5
milliards de dollars en 2002.
Les laboratoires locaux ont tout d'abord opéré
une reconquête du marché indien. Entre 1995 et 2002, leur part sur
le marché national est passée de 66,5 % à 76,5 %. Cette
progression est liée au lancement de nouveaux produits. Et
symétriquement, le tassement des positions des laboratoires
étrangers découle en partie de leurs réticences à
distribuer de nouvelles molécules, de crainte que celles-ci soient
contrefaites par des entreprises indiennes, puis proposées à des
prix plus bas que ceux que les acteurs multinationaux entendent pratiquer.
Aussi certains groupes multinationaux ont-ils choisi de s'associer à des
producteurs locaux - et de n'y faire fabriquer que les produits dont ils
estiment qu'ils ne sont pas copiables. Ainsi Eli Lilly s'est-il
rapproché de Ranbaxy dès 1992. De même le Français
bioMérieux (qui emploie 54 personnes en Inde et y a
réalisé un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2003) a
choisi de coopérer avec la société Avesthagen dans le
domaine de la tuberculose42(*).
Le secteur des biotechnologies connaît une très
forte croissance des investissements, 26% entre 2003 et 2004, et 34% entre 2004
et 2005 (Figure 9). Ces investissements sont destinés à la fois
à la R&D et à la création d'infrastructures de
production et de recherche.
Un marché extrêmement porteur (Figure 10) et
l'écart salarial entre les chercheurs indiens et ceux des pays
développés expliquent en grande partie ce dynamisme.
L'Inde compte plus de 270 sociétés dans le
secteur des biotechnologies, et dont 47% des ventes proviennent des
exportations. Il se situe à la troisième place en Asie
après la Chine et Hong -Kong. Les prévisions à long terme
se situent autour de 5 Milliards de dollars de chiffre d'affaires en
201043(*).
Le pays fournit à la fois les vaccins, les
bio-génériques et les diagnostics à bas coûts. Les
vaccins représentent plus de 300 Milliards d'euros avec un taux de
croissance d'environ 30% par an.
La croissance de ce segment est alimentée par les
appels d'offre de l'OMS ainsi que par les programmes de vaccination du
gouvernement indien. L'Inde est aujourd'hui le premier producteur mondial, en
volume, du vaccin recombinant de l'hépatite B.
Les produits bio-génériques : d'après une
étude de Frost & Sullivan, les bio-génériques
pourraient représenter un marché de plus de 16 Milliards de
dollars d'ici a 2011. Les sociétés indiennes produisent
déjà industriellement plusieurs médicaments issus des
biotechnologies et sont particulièrement bien positionnées pour
profiter des opportunités du marché mondial des produits
génériques. 500 000 personnes en Inde travaillent dans des
laboratoires qui produisent et vendent des génériques. Ceci a
pour effet bénéfique, évidemment de permettre l'emploi
local, et bien sûr d'approvisionner en médicaments peu chers les
populations indiennes. Ainsi certains médicaments sont vendus
jusqu'à dix fois moins cher que les originaux. La moitié des
médicaments distribués dans le tiers monde pour lutter contre le
sida proviennent désormais d'Inde.
Le segment des diagnostics (78 M€ en 2004-05 - + 48% /
2003-04) est encore dominé par les importations mais les acteurs indiens
développent une offre locale notamment en recherchant des accords de
licences de technologie44(*).
Figure 9. : Evolution
des investissements dans le secteur des biotechnologies en Inde (En Milliards
d'euros).
Source :
http://www.missioneco.org/inde/
Figure 10. :
Evolution de la taille du secteur des biotechnologies en Inde (En Milliards
d'euros).
Source : http://www.missioneco.org/inde/
2.2.4. LES ATOUTS POUR LE DEVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE ET
ECONOMIQUE DE L'INDE
2.2.4.1. Les chercheurs indiens
- Une communauté scientifique dense et
mobile
La communauté scientifique indienne serait
la troisième plus importante au monde de par ses effectifs (4
millions annoncés). Le pays possède également près
de 1 200 unités industrielles de recherche et de développement,
400 centres et instituts nationaux de recherche fondamentale appliquée,
216 universités et 6 grandes écoles d'ingénieurs de
réputation internationale. L'impressionnant système universitaire
est l'autre force vive de la science et de la technologie du pays. Plus de 250
universités et écoles d'ingénieurs forment chaque
année plus de 200 000 scientifiques et ingénieurs (niveau master)
et 5 000 docteurs45(*).
Dans le cadre de la recherche fondamentale, le pays a mis sur pied des groupes
de recherche avec des capacités de classe mondiale dans certains
domaines de pointe comme la biophysique moléculaire, la neurobiologie,
les cristaux liquides, les appareils biomédicaux, la
superconductivité, l'astrophysique, le traitement parallèle et
les sciences atmosphériques.
La part des formations scientifiques et d'ingénieur
représenterait actuellement environ 25 % de l'ensemble. Le stock de
diplômés de l'enseignement supérieur dans les domaines de
la science et de la technologie (S&T) est évalué en 2000
à quelque 6,5 millions de personnes. Seulement 150 000 d'entre eux
seraient engagés dans des activités de R&D en Inde,
principalement dans des laboratoires publics. Les autres titulaires de
diplômes de S&T seraient pour une part engagés dans des
activités non technologiques (par exemple du management)
éventuellement conduites dans le secteur industriel. Et une autre
fraction aurait choisi d'exercer ses talents à
l'étranger46(*).
L'émigration d'une main d'oeuvre hautement
qualifiée débutée dans les années 90 a
contribué à l'accroissement de la présence indienne sur la
scène scientifique mondiale. Le mouvement était dirigé
essentiellement vers les Etats-Unis. Le nombre d'étudiants indiens
entrés aux États-Unis a fortement augmenté, passant de 15
000 étudiants en 1990 à près de 50 000 en 2001. Les
États-Unis constituent la destination privilégiée des
étudiants indiens, puisque près de 80 % de ceux qui se sont
inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur d'un pays
de l'OCDE en 2001 ont choisi les Etats-Unis (Khadria, 2004). En outre 165 000
Indiens résidant aux États-Unis en 1999 étaient des
scientifiques et des ingénieurs titulaires d'un diplôme de niveau
supérieur. Ils représentaient 13 % des résidents des
États-Unis nés à l'étranger et titulaires d'un
diplôme de niveau supérieur de science ou de sciences de
l'ingénieur, pourcentage supérieur à celui de tous les
autres pays. L'Inde représentait aussi une part importante des
résidents des États-Unis nés à l'étranger et
titulaires d'un doctorat en science ou en sciences de l'ingénieur,
à savoir 16 % sur un total de 30 000 personnes ; elle occupait à
cet égard la deuxième place après la Chine (Khadra, 2004).
En 2005, 9,5% des étudiants étrangers ayant soutenu une
thèse de doctorat en sciences et en ingénierie étaient
d'origine indienne. Les étudiants indiens occupent à ce titre la
deuxième place derrière la Chine (Tableau 22).
Tableau 21 :
Pourcentage d'étudiants indiens parmi les étudiants
étrangers ayant soutenu une thèse en sciences et
ingénierie aux USA entre 1995 et 2004.
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
11%
|
11%
|
13%
|
11,6%
|
10%
|
9%
|
8,8%
|
7,6%
|
8,1%
|
8,4%
|
9,5%
|
Source :
http://www.nsf.gov/statistics/
- « Brain drain » contre
« Brain bank »
Les effets de la migration des travailleurs hautement
qualifiés, (encore appelée « fuite de
cerveaux ») sur le développement de leur pays d'origine, sont
l'objet de beaucoup d'analyses dont les conclusions sont loin d'être
consensuelles. Le phénomène de globalisation a conduit à
la mobilité internationale du capital mais aussi à celle du
travail. Dans les domaines de la science et de la technologie, on peut
constater une immigration de « cerveaux » venant des pays
en voie de développement vers les pays développés. On n'a
vu naître de nombreuses inquiétudes de la part des
décideurs de pays en développement et ceux des pays
développés. Les pays en développement parlent de
« pilage » de leur main d'oeuvre qualifiée par les
pays développés, se voyant ainsi privés du potentiel
humain nécessaire pour stimuler leur développement. Et du
côté des pays développés, les différents
centres de recherche délocalisés dans les pays émergents
ont suscité des craintes face à l'emploi et au rattrapage
technologique de ces derniers.
Si l'on se place du point de vue d'un pays en voie de
développement, la question de savoir s'il existe un effet positif ou
négatif pour le pays d'origine est assez complexe parce-qu'on peut
relever à la fois des effets positifs et des effets négatifs
(Regets, 2007). Parmi les effets positifs pour le pays d'origine, on peut
citer : le transfert de connaissance ; facilité par la
collaboration internationale ; le retour des nationaux avec un bagage
solide ; la création de liens avec les institutions
étrangères de recherche ; l'exportation des connaissances
qui pourrait permettre d'éviter de gros investissements internes en
faveur de l'éducation ; les retombées économiques
issues des effets des réseaux de la diaspora, le transfert de
technologie...
Comme effets négatifs, on peut citer : Le
« brai drain », il s'agit d'une perte de
productivité intérieure du fait de l'absence dans le pays de
personnels hautement qualifiés ; les axes de recherches
abordés, ne sont pas orientés en fonction des priorités
locales (un laboratoire délocalisé en Inde peut plutôt
engager des efforts de recherche pour le cancer que pour le paludisme par
exemple) (Regest, 2007)...
A partir des années 90, les autorités indiennes
ont commencé peu à peu à modifier leur perception de
l'émigration massive des chercheurs locaux, passant du « brain
drain » au « brain bank » c'est-à-dire
considérer cette émigration comme un atout pour le
développement. Les déclarations du Premier ministre indien lors
d'un séminaire consacré à la diaspora indienne à
New Delhi en janvier 2001 atteste de l'importance que le pays donne à sa
diaspora scientifique et le rôle qu'elle pourrait jouer pour son
développement :
«I would like to emphasize that we do not
merely seek investments and asset transfer. What we seek is a broader
relationship - in fact a partnership among all children of Mother India, so
that our country can emerge as a major global player.»
«My government's policy is to assist the overseas
Indian community in maintaining its cultural identity and strengthening the
emotional, cultural and spiritual bonds that bind them to the country of their
origin.»
Le gouvernement indien a donc mis en place des réformes
dans ce sens. En 2000, le gouvernement a crée la Haute Commission de la
Diaspora indienne. Elle doit évaluer la situation des P.I.O (Person of
Indian Origin) et des N.R.I (Non Resident Indian), leurs aspirations et le
rôle qu'ils pourraient jouer dans le développement de l'Inde. Un
rapport final a été remis aux autorités en 2002. Il
comprend une évaluation quantitative des communautés
expatriées des catégories N.R.I et P.I.O qui atteint le chiffre
de 17 millions de personnes, ainsi qu'une description détaillée
de leur situation par pays (Khadria, 2004). Six chantiers ont
été retenus :
- Faciliter l'investissement et les transferts de technologie
et de connaissance, de la diaspora en Inde.
- Créer des institutions pour renforcer les liens
culturels avec l'Inde.
- Renforcer les mécanismes de protection des citoyens
indiens expatriés.
- Développer une politique de lutte contre les
discriminations subies par la diaspora.
- Transformer les membres de la diaspora en ambassadeurs de
l'Inde.
- Reconnaître la contribution de la diaspora au
développement du pays par la création d'une distinction
honorifique particulière et la mise en place de la double
citoyenneté.
Il a été également mis en place le
programme TOKTEN-INRIST47(*) lancé par le CSIR et le PNUD. L'objectif est
d'offrir des passerelles pour permettre aux expatriés de retourner au
pays et s'insérer dans de meilleures conditions.
Les universités indiennes ont également mis en
place des politiques d'incitation au retour par des propositions de postes et
des salaires motivants. Le secteur privé a aussi été
appelé à employer dans les unités de R&D les nouveaux
chercheurs venus de l'étranger, même si on a pu constater des
conflits dans la gestion du programme TOKTEN entre les entreprises et le CSIR,
dont il est reproché à ce dernier son fonctionnement
bureaucratique (Khadria, 2004)
2.2.4.2. La voie des TI (Technologie de l'Information)
L'avantage comparatif que détient l'Inde dans les
logiciels et services informatiques est soutenu à la fois
(au-delà de la forte présence d'ingénieurs et
scientifiques de haut niveau) par une industrie nationale de composants
informatiques, une large présence de centre de R&D établis
par les multinationales étrangères et enfin une demande
croissante de logiciels sur le marché national et international.
Il serait intéressant de voir dans quelle mesure le
secteur des TI pourraient jouer un rôle d'entraînement et
élargir l'impact de son développement à d'autres secteurs
de l'économie nationale.
- Un avantage comparatif réel
Selon la NASSCOM (2007), l'industrie du logiciel et des
services informatiques (BPO y compris) en Inde a enregistré une
croissance de 31% entre 2005 et 2006 atteignant 29,6 Milliards de dollars,
contre 22,5 en 2004-2005 (Tableau 22). Les exportations ont augmenté de
33% soit 23,6 milliards de dollars contre 17,7 en 2004-2005.
Ce secteur comptabilise environ un million d'emplois directs
de haute qualification et trois millions d'emplois indirects dans le Pays. Le
segment ITES-BPO a crée environ 100000 emplois de haut niveau de
qualification pendant la même période, celui des logiciels et des
services en a créé 120000 (Tableau 23).
Tableau 22. : Revenus
issus de l'industrie des logiciels et des services informatiques en Inde (En
milliards de dollars).
Segment
|
2004-2005
|
2005-2006
|
Exportations de logiciels et services
|
13,1
|
17,3
|
ITES-BPO
|
4,6
|
6,3
|
Marché domestique
|
4,8
|
6,0
|
TOTAL
|
22,5
|
29,6
|
Source : NASSCOM (2007)
Tableau 23. : Emplois
de hautes qualifications dans l'industrie indienne de logiciels et de
Services informatiques (En
milliards de dollars).
Segment
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Logiciel, R&D et services exportations
|
110000
|
162000
|
17000
|
205000
|
296000
|
390000
|
513000
|
ITES-BPO
|
42000
|
70000
|
106000
|
180000
|
216000
|
316000
|
409000
|
Marché domestique
|
132000
|
198114
|
246250
|
295000
|
318000
|
352000
|
365000
|
TOTAL
|
284000
|
430114
|
522250
|
670000
|
830000
|
1158000
|
1287000
|
Source : NASSCOM (2007)
L'avantage comparatif de l'Inde en matière de services
informatiques réside principalement dans l'existence des institutions
d'enseignement scientifique de haut niveau tels que les IIT qui produisent
des ingénieurs très qualifiés en grande quantité,
(étant donné que l'activité de développement de
logiciel, en passant par la modélisation, le codage, les tests et les
finitions nécessitent une main d'oeuvre très
expérimentée et possédant des compétences
élevées en technologie de l'information), l'utilisation de la
langue anglaise, les coûts de production bas. La construction de cet
avantage a surtout bénéficié de l'augmentation de la
demande née de la croissance générale du secteur des TIC
dans les années 90 (Singh, 2003).
Les TI sont envisagés par les dirigeants indiens comme
un levier économique pour tout le pays. L'objectif de devenir une «
superpuissance des technologies de l'information » était encore
réaffirmé dans les années 90, avec la création de
clusters spécialisés TI (Pune, Bangalore, Hyderabad), la
construction d'infrastructures telles qu'un réseau à fibre
optique reliant toutes les grandes villes indiennes, et le renforcement de la
formation des ingénieurs.
L'agglomération de Bangalore est un pôle de
compétence de niveau mondiale, on la surnomme la Silicon Valley
indienne. Les autorités indiennes ont contribué à
l'attractivité de Bangalore en faisant la capitale intellectuelle du
pays. D'ailleurs les plus grandes institutions d'enseignement scientifique de
l'Inde se trouvent à Bangalore, dont le très
célèbre Indian Institute of Science.
Au milieu des années 80, la politique de
libéralisation économique engagée dans le domaine des
hautes technologies et la volonté montrée par le gouvernement de
soutenir tout projet qui pouvait permettre d'attirer les entreprisses de haute
technologie ont permis la mise en place des parcs technologiques et des
concessions fiscales aux entreprises dont la production était
destinée exclusivement à l'exportation. Ainsi, en 1985 la
première multinationale à s'installer à Bangalore fut
Texas Instruments48(*). Le
rapport « Digital India49(*) » établie en 2001, stipule que la
ville de Bangalore accueillait 160 sièges d'entreprises
spécialisées dans les Softwares (Bangalore produit 35 % des
logiciels indiens), 55 000 professionnels spécialisés dans les
TIC, 103 établissements de R & D et 35 % des investissements par
capital-risque en Inde. En 2004, lors de son bilan annuel, le Software
Technology Parks of India (STPI) y recensait 746 raisons sociales. Cette ville
compte actuellement plus d'ingénieurs que la Silicon Valley.
- Un avantage comparatif à exploiter
En général, les économistes identifient
plusieurs facteurs pour expliquer la concentration des activités
productives un seul lieu : les économies d'échelle, les
économies d'agglomération qui découlent de la
présence d'infrastructures publiques, et les externalités de
connaissances.
La spécialisation d'un territoire profite aux
entreprises à proximité à cause du développement
des infrastructures et les effets d'entraînement inter-sectoriels,
ensuite l'intégration économique croissante et surtout
l'intensité des externalités de connaissances permet de
répartir l'activité sur l'ensemble du territoire (Catin et
Al, 2001).
Le développement des TI qui a entraîné la
numérisation de l'information a permis de réduire
considérablement les coûts de transaction dans les pays
développés. Cela à également permis de
réduire les coûts de recherche et de circulation de l'information,
et aussi de limiter les contraintes liées aux coûts
élevés des transports. D'où la montée en puissance
du Webcommerce et des politiques de numérisation des services publiques
dans les pays développés (fiche d'imposition en France).
Pour Arrow (1962) l'information est un bien non rival,
c'est-à-dire qu'un nouvel usager ne diminue pas l'information disponible
pour autrui, cela implique donc que le coût marginal pour satisfaire un
consommateur supplémentaire est nul.
Un pays dit émergent comme l'Inde pourrait tirer parti
de cette baisse du coût de production et de diffusion de l'information
en facilitant l'extension des TI dans d'autres secteurs comme le secteur
agricole, le secteur manufacturier et les activités sociales (Singh,
2003).
Même si le marché des logiciels et des services
en Inde est spécialement tourné vers une demande basée
à l'étranger, l'Inde pourrait envisager de développer son
potentiel en direction du marché local. Les firmes indiennes pourraient
bénéficier dans ce cas de la proximité avec la demande, et
donc une meilleure connaissance des besoins de celle-ci. Mais cela
nécessiterai un effort supplémentaire de la part des
autorités en termes de développement d'infrastructures de
télécommunications et de banalisation des outils TIC au sein de
la population. Cette difficulté pour les firmes indiennes de pouvoir
développer un marché domestique pourrait avoir un impact
négatif sur leur compétitivité dans le long terme, en ce
sens qu'elles seraient privées d'un cadre dans lequel pourrait
être mis en place le système du « learning by
doing », qui facilite l'apprentissage et favorise l'innovation.
Ce qui n'est pas le cas de leurs concurrents américains et irlandais par
exemple (Desai, 2002).
Toutefois il existe une très grande
complémentarité, entre les TI et les autres secteurs de
l'économie. Quand on voit la montée en puissance de l'ITES-BPO
(37% de croissance entre 2005 et 2006, selon la NASSCOM), on peut penser que
l'Inde pourrait réellement tirer parti de son avantage comparatif. Il
existe la possibilité de créer des nouveaux produits et services
disponibles à un large public en évitant de gros investissements
en infrastructures de télécommunications.
Il a par exemple été mis en place dans certains
pays en développement souvent peu bancarisé, un système
permettant de trouver des solutions alternatives innovantes au payement en
espèce. Il s'agit pour les clients d'effectuer des transactions
bancaires à partir de leurs téléphones portables. Au
Nigéria, "Chezola Pay" permet le transfert, la réception
d'argent, et le paiement de factures avec un compte rechargeable par carte
prépayée. Au Kenya "M-Pesa" lancé par un
opérateur de la place, est un service de paiement par SMS qui permet des
transferts d'argent (jusqu'à 400 dollars) par le système de peer
to peer. En Afrique du Sud, où plus de 70 % de la population
possède un téléphone portable, trois millions de personnes
auraient utilisé quotidiennement leur mobile, l'an dernier, pour
accéder à des services bancaires. En Zambie, l'équivalent
de 2 % du PNB du pays transiterait par la solution de paiement par
mobiles50(*).
Une autre approche serait de considérer les TI comme un
secteur d'entraînement à l'instar du Japon dans les années
50, avec l'industrie automobile. L'avantage comparatif que détient
l'Inde aujourd'hui dans le secteur des logiciels et des services informatiques
pourrait constituer un levier permettant de réaliser à long terme
cet objectif. Même si dans le cas du Japon, l'avantage comparatif dans
l'industrie automobile s'est construit par une volonté politique de
faire de ce secteur le pilier de la croissance, alors que l'avantage comparatif
de l'Inde s'est construit de manière
« accidentelle » (Singh, 2003), grâce à son
vivier technologique et aussi grâce à l'augmentation de la demande
globale dans le secteur des logiciels et services informatiques à partir
des années 90. En outre, le secteur automobile avait été
choisi comme levier de croissance et d'entraînement pour deux
raisons : premièrement le potentiel de croissance du secteur
automobile à cette époque, et aussi la diversité des
technologies utilisées dans cette industrie, dont la maîtrise
permettrait le développement à d'autres secteurs.
Le gouvernement indien a mis sur pied de nombreux projets et
initiatives pour bénéficier des retombées
économiques des TI et faciliter leur extension à d'autres
secteurs de l'économie. On peut citer :
- La possibilité pour les agriculteurs de l'Etat de
l'Andra Pradesh, d'un enregistrement assisté par ordinateur des titres
de propriété et les droits de timbres. Diminuant ainsi la
dépendance vis-à-vis des courtiers et les risques de
corruption ;
- La mise en place des cartes d'identité
informatisées pour tous les citoyens de l'Andra Pradesh. Ce qui a permis
de réduire considérablement les délais ;
- Un poste de contrôle informatique, pour la perception
d'impôts locaux dans l'Etat du Gujarat. Les données recueillies
sont transférées et stockées par l'intermédiaire
d'un serveur central, réduisant ainsi les risques de
corruption ;
- Création d'un site de payement automatique de
factures d'électricité à Kertala. La mise en place de ce
payement automatique à permis de regrouper un en seul site des payements
qui s'effectuaient dans 17 sites différents (Singh, 2003)...
2.2.5. LES CONTRAINTES LIEES AU RETARD DE L'INDE EN
MATIERE DE TECHNOLOGIE ET D'INNOVATION.
2.2.5.1. Les Infrastructures
L'Inde malgré les efforts qu'il engage dans le domaine
technologique est confronté à un réel problème
d'infrastructures, notamment dans les zones rurales.
Le secteur des services, à cause de l'expansion du
traitement des données en réseau grâce au web a pu se
dispenser de cette contrainte pour se développer. Les entreprises de
services ont la possibilité d'échanger des fichiers avec leurs
clients par voie numérique, et par des e-mails. Il y a même la
possibilité de faire des téléconférences à
distances pour des équipes se trouvant à de très grandes
distances géographiques. La technologie par voie IP (Internet Protocol)
permet aux centres d'appels de fonctionner parfaitement sans avoir besoin de
grosses infrastructures de télécommunications. Cependant la
montée en puissance du secteur TI en Inde qui est le segment le plus
dynamique (31% de croissance) du pays se construit sur une base dont on
pourrait dire instable. En effet, les infrastructures électriques,
énergétiques, de transports et de
télécommunications sont très peu
développées. Autoroutes, ponts modernes, aéroports
internationaux, approvisionnements fiables en énergie et
équipements de traitement des eaux manquent dans le pays. Ce
déficit d'infrastructures entraîne des instabilités et des
disparités géographiques malgré la croissance. Seules
quelques grandes villes comme Bangalore, Hyderabad, Madras, New Delhi,
Gurgaon, Noïda, Calcutta, profitent de la croissance actuelle. Dans le
reste de ce pays continent, le niveau d'infrastructure est
désastreux.
Conscient du fait que les difficultés liées aux
infrastructures freinent la croissance, le gouvernement à fait des
infrastructures une priorité nationale, l'Etat a consenti en 2005, un
prêt de 3 milliards $ de la Banque Mondiale destiné au financement
d'un programme d'infrastructure rurale en Inde, dénommé
Bharat Nirman. Les principaux objectifs de ce programme sont de
construire des routes, fournir de l'eau potable et installer du matériel
d'irrigation dans les villages indiens, principalement à travers des
projets exécutés au niveau des états51(*).
2.2.5.2. Le financement de la recherche
Le secteur privé tient une place globalement modeste
dans l'ensemble de l'effort de recherche en l'Inde. En 2005, seulement 20% des
dépenses de R&D indiennes sont assurées par les entreprises,
contre 75% pour le secteur public (Tableau 24). Alors qu'en Europe en 2003
environ 53% de la R&D est exécutée par les entreprises, 63%
aux Etats-Unis, et 75% au Japon52(*).
La participation des entreprises indiennes à l'effort
de recherche demeure encore très limitée comparée aux pays
de la triade. Ceci peut-être expliqué par l'histoire
récente de l'Inde, sa géopolitique et ses traits
géographiques.
En effet, suite aux relations économiques et
stratégiques qu'elles entretenaient autrefois avec l'ex URSS, l'Inde
avait opté pour une politique protectionniste. Cet environnement n'a pas
été favorable au développement d'une culture de
l'innovation industrielle : les entreprises indiennes pendant des
décennies se consacraient essentiellement à la duplication,
éventuellement sous une forme dégradée des produits et des
procédés qui avaient été développés
à l'étranger.
Un autre facteur peu propice au développement d'une
capacité d'innovation interne est l'immensité du territoire
indien et de sa population. Les entreprises disposent en effet d'un
marché national tellement vaste qu'elles pouvaient se permettre
d'ignorer largement le reste du monde, surtout tant qu'elles
bénéficiaient de barrières protectionnistes (Mani, 2002).
Les organismes publics ont toutefois entrepris de créer
une dynamique en matière de recherche appliquée. Un domaine de
recherche se distingue tout de même par ses réalisations : les
industries fondées sur la connaissance (Biotechnologies et TIC).
Tableau 24. : Dépenses
intérieures de R&D- répartition selon l'origine du
financement(%).
ANNEE
|
Secteur public
|
Entreprises
|
Enseignement supérieur
|
TOTAL
|
2002
|
76,5
|
19,3
|
4,2
|
100
|
2003
|
75,6
|
20,3
|
4,1
|
100
|
2004
|
75,4
|
20,0
|
4,6
|
100
|
2005
|
75,3
|
19,8
|
4,9
|
100
|
Source UNESCO, http://stats.uis.unesco.org/
2.2.5.3. Des centres de R&D, dont les axes de recherche
sont plutôt orientés vers les marchés étrangers
La stratégie des multinationales ayant
délocalisée leurs activités de R&D en Inde est
essentiellement basée sur une réduction des coûts de la
main d'oeuvre qualifiée, et de plus la production est destinée
principalement pour une clientèle résidant dans les pays
développés. En effet, L'activité des salariés
indiens des centres de recherches délocalisés en Inde n'est pas
appliquée à des besoins de l'industrie nationale. Le travail
novateur qui est effectué par ces chercheurs ou ces ingénieurs
répond presque exclusivement à des demandes internes au groupe
multinational auquel ceux-ci sont rattachés. Un ingénieur
informaticien pourra ainsi développer un logiciel destiné
à être utilisé aux Etats-Unis, au quartier
général de la multinational. Un spécialiste des
méthodes de production travaillera de même pour améliorer
un processus de fabrication mis en oeuvre dans une usine européenne. Un
chercheur en électronique développera un microprocesseur
destiné à être produit en extrême orient. Les
résultats de ces innovations ne sont donc pas susceptibles de se
diffuser dans le tissu productif local, ils ne constituent pas des
éléments propres à générer une hausse de la
productivité globale des facteurs du pays53(*).
Mais, les salariés issus de ces centres de recherches
constituent tout de même un socle de compétences solides pour le
pays. Ils ont aussi la possibilité comme la diaspora de
développer des réseaux de diffusion des connaissances
scientifiques à travers la création d'entreprises ou le transfert
des compétences acquises vers les centres de recherches indiens. Avec
l'avantage qu'ils sont résidents. Dans le cour terme, cette politique ne
bénéficie pas directement au pays d'accueil, mais son impact peut
se révéler très important dans le long terme.
CONCLUSION
L'Inde et la Chine ont su se positionner dans la nouvelle
économie mondiale, chacun en utilisant de manière efficiente ses
avantages comparatifs. Ces deux pays avancent à grand pas avec leurs
faiblesses et leurs atouts. Mais ont tout de même pris conscience du
rôle qu'ils pourraient jouer dans cette mondialisation.
La Chine et l'Inde ont encore beaucoup de défis
à relever que ce soit dans le cadre institutionnel, politique ou
économique. La Chine se doit de construire un système
d'innovation solide, pouvant protéger les innovations, et sortir de
cette dépendance des importations étrangères afin de se
doter d'une capacité d'innovation interne. L'Inde devra se doter
d'infrastructures de qualité et réorganiser le financement et
l'effort de recherche afin que sa forte intensité en capital humain
puisse dégager des spillovers localement. De même la croissance
enregistrée dans les TI devrait servir d'entraînement à
d'autres secteurs. Ce pays a beaucoup plus intérêt à miser
sur les TI, ce qui lui donnerait la possibilité de créer de
nouveaux produits et services tout en évitant des investissements
lourds en infrastructures. L'avantage comparatif qu'il détient à
cause de sa main d'oeuvre hautement qualifiée pourrait lui servir, il
devrait plutôt rester sur ce créneau et essayer d'asseoir sa
suprématie.
Cependant, on peut remarquer, vu les écarts actuels
entre les pays émergents et les pays de la Triade que le rattrapage
technologique est en cours, mais n'a pas encore eu lieu.
Des efforts sont entrepris des deux cotés pour couvrir
le retard technologique. Le transfert de technologie en Chine se fait en grande
partie par les inputs importés qui serviront pour assemblage. En Inde il
y a une spécialisation dans des secteurs intensifs en connaissance.
Comparée à la Chine, l'Inde essaie de se spécialiser sur
des secteurs industriels et technologiques de telle sorte qu'il devienne en
même temps un centre d'excellence pour la R&D des entreprises
multinationales et une super puissance technologique (cas du secteur des
technologies de l'information).
Ces deux pays disposent d'atouts qui pourraient leur permettre
d'entamer efficacement leur montée en puissance technologique. Les
faiblesses qu'on peut détecter ici sont pour la plupart d'ordre
structurelles, même si elles peuvent représenter un frein pour le
transfert de technologies, néanmoins, elles n'empêchent pas qu'il
ait lieu.
Si on admet qu'il y a transfert de technologie, on pourrait
tout de même se poser la question du mode de transfert de technologie et
de son optimalité. C'est-à-dire en termes de temps et
d'efficacité.
Comme nous l'avons rappelé durant notre exposé,
une bonne partie de la littérature admet que le positionnement dans
lequel la Chine se situe est un gage de transfert de technologie :
(Grossman et Helpman, 1991 ; Coe, Helpman, et Hoffmaister, 1995 ; Keller,
2002 et Keller, 2007...). De même il est évident que la
délocalisation des centres de R&D en Inde est une source
d'acquisitions et de transferts de connaissances pour le pays d'accueil.
Quel peut-donc être le positionnement optimal, pour un
pays émergent dans sa marche vers le rattrapage technologique ?
Plusieurs alternatives peuvent être envisagées :
- Le développement d'une capacité d'innovation
interne à travers le renforcement des systèmes nationaux
d'innovations ;
- L'importation de pièces et composants de haute
intensité technologique ;
- La spécialisation vers des secteurs technologiques
particuliers ;
- L'importation de machines et équipements de haute
technologie, dans le but d'améliorer les processus de production. C'est
le cas d'un pays comme la Turquie (Lemoine et Unal-Kesenci, 2003) ;
- Ou alors comme l'ont préconisé Perez et Soete
(1988), la possibilité de rattrapage technologique en sautant les
étapes classiques, c'est-à-dire de fortes dépenses de
R&D et l'existence de systèmes nationaux d'innovations solides. Mais
aujourd'hui le renforcement des droits de propriété
intellectuelle rend un peu illusoire ce genre d'approche.
Cette question n'est pas l'objet de cette étude, mais
une analyse plus dense et plus profonde pourrait permettre d'apporter plus de
clairvoyance aux décideurs. Il est clair que plusieurs facteurs
spécifiques propres à chaque pays pourraient être
déterminants dans le choix de tel ou tel autre mode d'acquisition de
technologies. Il serait donc intéressant de les identifier et de
déterminer la nature.
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* 1 Adaptation facilitée
par la capacité d'apprentissage
* 2 Source : CNUCED :
world investment report 2006
* 3 Voir graphique,
source : International r&d scoreboard
* 4 Ce sont les
compétences innées ou acquises et difficiles à formaliser,
elles peuvent être assimilées au capital intellectuel dans le
cadre d'une entreprise
* 5 Ce sont des connaissances
clairement articulées, et facilement diffusable, vu qu'elles peuvent
apparaître sous forme tangible : courrier électronique,
papier écrit
* 6 Système national
d'innovation solide (niveau d'éducation élevé, droit de
propriété intellectuelle, fonds publics pour la recherche...)
* 7 « L'avantage de
localisation du produit se modifie en fonction du cycle d'innovation -
imitation mais l'avantage long sur des compétences permet des retours
des avantages comparatifs révélés sur les produits. Le
cycle du produit ne constitue en fait qu'un moment dans la dynamique
d'évolution des connaissances issues d'un secteur donné. Les
spécialisations sur les blocs de compétences relèvent bien
de la logique des avantages absolus tandis que les spécialisations par
produits d'avantages comparatifs éphémères »
(Mouhoud, 1995)
* 8 « Par exemple, le
Royaume-Uni produit et exporte des palmiers-dattiers vers le Moyen-Orient,
grâce aux nouvelles biotechnologies. Le paradoxe ici étant que le
Royaume-Uni avait une indisponibilité absolue dans ce type de biens
avant cette innovation technologique et l'importation du moyen qui, lui,
possède un avantage naturel absolu. La substitution de la production de
biens issus des progrès technologiques aux importations en provenance
des pays qui en disposent naturellement affecte un grand nombre de
matières agricoles et minérales » (Mouhoud, 1995).
* 9 « Ce processus de
substitution des importations provenant du Sud repose en partie sur le
phénomène de la bio-piraterie des ressources et du patrimoine
culturel et intellectuel du tiers-monde. On peut songer à ce propos,
à titre d'exemple à la manière, dont les Etats-Unis ont
construit une économie du riz états-unien d'exportation à
partir de l'utilisation de variétés de riz Basmati
sélectionnées à l'origine par des paysans Indiens, et sur
lesquelles ensuite des firmes Américaines, comme Rice Tec ou Pepsi, ont
revendiqué des droits de propriétés intellectuels au moyen
de brevets et/ou des marques. Ainsi le 02 septembre 1997, Rice Tec a obtenu un
brevet sur les semences et le patrimoine génétique du riz
Basmati. Or comme le souligne à juste titre V. Shiva (2002), le type de
riz breveté par la Rice Tec possède les mêmes
qualités que les variétés Indiennes et donc ne devrait pas
être considéré comme étant une nouveauté
brevetable. » (Vercelone, 2004)
* 10 Source :
http://obouba.over-blog.com/article-5541065-6.html
* 11 Agence Française
pour les investissements Internationaux
* 12 Aéronautique et
espace, Pharmacie, Equipements informatiques, Equipements de communication,
instruments de précision
* 13Source :
www.nsf.gov/statistics/sein06
* 14 Source :
Jérôme Fourel (2003) « fuite et circulation des
cerveaux : les défis américains et asiatiques »,
Annales des mines n°16
* 15 cf tableau 6
* 16 La taille des
flèches est fonction du degré d'intensité des relations
entre les acteurs
* 17 Le Programme 863 (qui tire
son nom du mois de mars 1986 où il a été établi sur
la proposition de quatre universitaires éminents) porte sur le
développement, à moyen et à long termes, de la haute
technologie. Il est né du désir de quelques chercheurs de
maintenir un programme de recherche fondamentale de haut calibre à un
moment où la politique était fortement axée sur
l'application des sciences et de la technologie à des fins de croissance
économique. Le but de ce programme est de regrouper dans les centres
les jeunes scientifiques les plus brillants de chine, et aussi d'encourager les
scientifiques chinois étudiant à l'étranger à
revenir travailler dans ces centres. Source : http://www.idrc.ca/fr/
* 18
http://french.mofcom.gov.cn/
* 19 Source :
http://www.anrt.asso.fr/fr/pdf/RetD_Chine_F.GUINOT_%2006_%202007.pdf
* 20 Les définitions des
« technologies de l'information et de la communication », ainsi que
des produits de « haute technologie » sont celles de l'OCDE (OCDE
2002).
TIC : électroniques ; TV et radio transmetteurs ; appareils
pour les lignes téléphoniques et télégraphiques; TV
et radio récepteurs, appareils de son, vidéo et reproduction etc.
; instruments et appareils de mesure, de vérification, de test, de
navigation, etc., exceptés les équipements industriels ;
équipements industriels.
Haute technologie : Machines de bureau, de comptabilité et de
calculs ; équipements de communication, de TV et de radio ; instruments
(médicaux, d'optique...) ; aérospatial ; pharmacie. Source :
(Sachwald, 2007).
* 21 Source :
http://www.missioneco.org/chine/
* 22 Source :
http://french.china.org.cn/archives/chine2006/
* 23 SAXENIAN A.
« L'impact des communautés immigrées de la Silicon
Valley sur la croissance de leur pays d'origine » in Institutions
et innovations de la recherche aux systèmes sociaux d'innovation,
Bibliothèque Albin Michel ; Economie
* 24
http://www.missioneco.org/chine/
* 25 Voir : Coe et
Al. (1995), Keller (2002), et Keller (2007)
* 26 Voir mission
économique MINEFI-DGPTE : L'investissement direct étranger
en chine en 2005 : positionnement stratégique et environnement.
http://www.missioneco.org/chine/
* 27
http://www.missioneco.org/chine/
* 28
http://french.mofcom.gov.cn/
* 29
http://www.missioneco.org/chine/
* 30 http://www.oecd.org/
* 31 Pour plus de
détails sur le fonctionnement des organismes scientifiques en Inde,
voir : » Les systèmes nationaux de recherche et leurs
relations avec la France : Inde dossier pays, OST juin 2004 »,
http://www.obs-ost.fr
* 32 Inde : dossier-pays OST,
juin 2003, www.obs-ost.fr
* 33Inde : dossier-pays OST,
juin 2004, www.obs-ost.fr
* 34 DGPTE,
http://www.missioneco.org/inde/
* 35 (Aspects des Droits de
Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce). Cet accord a
été signé par les pays membres de l'organisation mondiale
du commerce. Il a pour objectif d'harmoniser à l'échelle mondiale
les régimes juridiques régissant la protection de la
propriété intellectuelle. Il établit, pour chacun des
principaux secteurs de la propriété intellectuelle, les normes
minimales de protection qui doivent être prévues par chaque membre
et offre par ailleurs la possibilité de recourir au système de
règlement des différends de l'OMC pour traiter les conflits
commerciaux dans ce domaine.
* 36 Utilisant la
flexibilité accordée par la Déclaration de Doha et
l'accord annoncé à l'OMC le 30 août 2003, l'Inde a
habilité son industrie pharmaceutique à fabriquer, dans le cadre
de la procédure de licences
obligatoires, des produits sous brevet afin de les exporter aux
pays n'ayant pas de capacités de fabrication suffisantes. La
délivrance par l'Inde d'une telle licence obligatoire peut intervenir
sur simple demande formulée par le pays bénéficiaire.
* 37 voir OCDE (2006),
Perspectives des technologies de l'information de l'OCDE 2006,
Chapitre 1. Évolution
récente et perspectives du secteur des TI, OCDE, Paris.
* 38 Sous-traitance des
tâches administratives pour des clients à distance (finance,
resources humaines, paye, etc)
* 39 Les réseaux
mondiaux d'innovation, ANRT Juin 2006 , www.anrt.fr
* 40 NASSCOM (2007),
www.nasscom.in/
* 41 KANAVI S. (2003),
Reinventing an Jewel, Business India, September 1-14, pp. 54-58.
* 42 Inde : dossier-pays OST,
juin 2004 www.obs-ost.fr
* 43 http://dbtindia.nic.in/
* 44
http://www.missioneco.org/inde/
* 45
http://www.solvaylive.com/static/wma/pdf
* 46 www.obs-ost.fr
* 47 Transfer of Knowledge and
Technology through Expatriate Nationals - Interface for Non-Resident Indian
Scientists & Technologists (TOKTEN-INRIST).
* 48
http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M203/Didelon.pdf
* 49
http://www.lestamp.com/publications_mondialisation/publication.grondeau.htm
* 50 www.lesafriques.com
* 51
http://web.worldbank.org/
* 52Inde : dossier-pays OST,
juin 2004, www.obs-ost.fr
* 53 Inde : dossier-pays OST,
juin 2004, www.obs-ost.fr