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Les Partis gouvernementaux et l'espace malgache de 1960 à 2001

( Télécharger le fichier original )
par Lala Herizo RANDRIAMIHAINGO
Université d'Antananarivo - DEA 2004
  

Disponible en mode multipage

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RESUME.

De 1960 à 2001, Madagascar a été gouverné par trois partis gouvernementaux. L'analyse faite dans ce mémoire s'intéresse au rapport à l'espace des activités et des décisions politiques de deux de ces partis qui ont dominé outrageusement la scène politique durant leur mandat respectif. Il s'agit du PSD de 1958-1972 et de l'AREMA de 1975-1993 puis de1997-2001 ; l'UNDD n'a pas été considéré, car il n'a pas gouverné seul mais avec les forces vives. De plus, il n'est resté aux commandes que trois ans.

Le PSD était le parti qui a pris en main la destinée de Madagascar après son indépendance. Il a hérité de l'époque coloniale une administration très centralisée qui s'appuie sur une organisation administrative déconcentrée et technocratique. Cela ne l'a pas empêché de mener à bien la mise en branle du plan quinquennal, véritable outil de développement. A travers cette politique, le PSD a pu mener, à travers l'île, des actions cibles se rapportant aux potentialités avouées de chaque région avec toutefois des effets limités.

L'AREMA quant à lui a mené une réforme administrative débouchant sur la mise en place du VIP, structure décentralisée. Les nouvelles entités d'approche spatiale ainsi établies ont besoin de pôle catalyseur pour être viable. C'est ainsi que l'Etat s'est lancé dans la politique de l'investissement à outrance et la création d'université dans les chef lieu de province. Au contraire du PSD qui voulait que chaque préfecture définisse sa propre priorité, l'AREMA a privilégié la centralisation des initiatives économiques. Cette politique s'est révélée désastreuse si bien qu'à son retour au pouvoir en 1997, le parti décide de se conformer à la politique de libre-entreprise.

Mots clés :

ii

REMERCIEMENTS.

J'ai pu terminer ce mémoire grâce au concours et à l'aide de plusieurs personnes que je ne saurai taire les noms. Je tiens particulièrement à remercier et saluer ces personnes, de véritables guides, sans qui ce mémoire n'aurait jamais été.

· A mes Parents qui n'ont jamais cessé de me soutenir. Mes gratitudes vous sont toutes acquises car sans vos soutiens, je n'aurai jamais réussi à aller aussi loin dans mes études.

· A M. Gabriel RABEARIMANANA, Maître de conférences. Votre patience durant nos conversations avait facilité la rédaction et la démarche critique et scientifique de ce mémoire.

· A Mme Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur titulaire. Vous aviez été toujours présente durant mon cursus universitaire. Vos conseils éclairés m'ont servi de guides lors de l'élaboration de ce mémoire.

· A M. Lucien RAZANADRAKOTO, Professeur. Votre intervention durant le séminaire
de « Philosophie politique et morale » a été un plus pour l'élaboration de ce mémoire.

· A Mme Simone RATSIVALAKA, Maître de conférences. Vous aviez été la première Responsable de ma formation pédagogique. J'ose espérer que vous trouveriez en ce mémoire le reflet des démarches que vous avez entreprises depuis.

· Aux autres personnes anonymes qui ont de près ou de loin contribué à leur manière à l'établissement de ce mémoire, notamment les personnels du département de géographie - de l'INSTAT - de l'archive Nationale - de la Vice-primature chargé des programmes économique et du MinInter. A tous, MERCI !

iii

LISTE DES SIGLES.

AKFM Antokon'ny Kaongresy ho an'ny Fahaleovantenan'i Madagasikara

AN Assemblée Nationale

ANGAP Association Nationale des Aires Protégées ANP Assemblée Nationale Populaire

AREMA Avant-Garde de la Révolution malgache

BM Banque Mondiale

BTM Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra

CAIM Compagnie agricole et Industrielle de Madagascar

CEE Communauté Economique Européenne

CFD Caisse Française de Développement

CRD Conseil Rural de Développement

CRES Comité de redressement Economique et Social

CSI Conseil Supérieur des Institutions

CSR Conseil Suprême de la Révolution

CTRPD Conseil Technique Régional du Plan et du Développement DCPE Document Cadre de Politique Economique

DIANA Diego - Ambilobe - Nosy-Be - Ambanja

DSRP Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté

FFKM Fiombonan'ny Fiangonana Kristianina Malagasy (Conseil des églises chrétiennes de Madagascar)

FIFABE Fikambanan'ny Fampandrosoana ny lemak'i Bestiboka (Coopérative pour le développement de

la plaine du Bestiboka)

FISA Fianakaviana Sambatra

FMI Fonds Monétaire International

FNDR Front National pour la Défense de la Révolution

HAE Haute Autorité de l'Etat

HCC Haute Cour Constitutionnelle

HIMO Haute Intensité de main d'oeuvre

HTC Hautes Terres Centrales

HVM Hery Velona Madagasikara (Force vive de Madagascar)

HVR Hery Velona Rasalama (Force vive RASALAMA)

INSTAT Institut National de la Statistique

JORM Journal Officiel de la république de Madagascar

MGF Malagasy Franc

MID Marché Interbancaire de Devise

MMSM Mandatehezana Miaro ny Sosialisma Malagasy (Front pour la défense du socialisme malgache)

OGM Organismes Génétiquement Modifiés

ONG Organisme Non Gouvernemental

ONU Organisation des Nations Unies

PADESM parti des Déshérités de Madagascar

PAS Politique d'Ajustement Structurel

PCD Plan Communal de Développement

PIB Produit Intérieur Brut

PNB Produit national Brut

PPI (projet des) Petits Périmètres Irrigués

PPN Produits de première Nécessité

PSD parti Social Démocrate

RDM Repoblika Demokratika Malagasy

SAVA Sambava - Vohémar - Antalaha

TAN Taux d'Accroissement Naturel

TF Taux de Fécondité

TM Taux de Mortalité

TMI Taux de Mortalité Infantile

TN Taux de Natalité

UNDD Union Nationale Des Démocrates

URSS Union des Républiques Socialistes Soviétiques

USA United States of America

VIP Vondrom-bahoaka Itsinjaram-Pahefana

Table des matières.

Résumé. i

Remerciements. ii

Liste des sigles. iii

Table des matières. v

Introduction. 1

PARTIE I : LE PSD ET L'ESPACE MALGACHE (1960-1972) ; DES TRANSFORMATIONS

MITIGEES. 5

Chapitre 1. l'ère TSIRANANA où le temps du néocolonialisme. 6

I. Un pouvoir sans partage du PSD. 6

II. Un découpage territorial déconcentré et technocratique. 9

Chapitre 2. Le plan quinquennal : outil de développement de Madagascar ? 15

I. Rétrospective sur le Plan décennal de 1947-1957. 15

II. Le plan quinquennal de 1964, base des actions initiées par le PSD. 17

vi

Chapitre 3. Un plan pour la modernisation du monde rural et l'aménagement de l'espace urbain. 20

I. Les opérations agricoles et industrielles : Une priorité pour le PSD. 21

II. Le Syndicat des Communes : Une institution « éphémère. » 31

III. « Le travail au ras du sol » : Une entreprise qui a échoué. 35

IV. L'aménagement d'un espace en mutation : La ville. 41

Conclusion partielle. 45

PARTIE II : L'AREMA : DE LA « REVOLUTION » SOCIALISTE A LA RECONVERSION AU LIBERALISME. 47

Chapitre 4. La deuxième république : une république AREMA. 48

I. La refonte de la valeur de la société malgache. 48

II. L'avènement de la deuxième république. 50

Chapitre 5. une stratégie spatiale mise en échec par une conjoncture internationale défavorable. 56

I. Le VIP : Un concept valable mais une pratique incohérente. 57

II. La réforme agraire : Une entreprise inaboutie. 62

III. L'investissement à outrance : Un échec patent. 65

IV. La décentralisation de l'enseignement supérieur, un travail à long terme. 70
Chapitre 6. de la réforme des années 80 à la politique libérale de la fin des années 90 76 I. Une situation économique en pleine dégradation. 77

II. le dur apprentissage de la démocratie. 81

III. Vers le « développement durable » de Madagascar. 89

Conclusion partielle. 91

Conclusion générale. 93

Table des illustrations. I

Liste des figures. I

Liste des graphes. II

Liste des organigrammes. III

Liste des tableaux. III

Bibliographie. V

ANNEXES. VIII

Carte de la densité de la population à Madagascar. IX

La tentative échouée du découpage territorial préconisé par le HVR. X

Entretien accordé par Mme Gisèle RABESAHALA XVII

Entretien accordé par M. Jonah RAKOTOARIVELO. XXV

Tableaux annexes. XXXIII

Index. a

Introduction.

C'

e développement recherché par les responsables gouvernementaux à la tête de l'Etat malgache depuis 1960 a nécessairement une dimension spatiale. Ce mémoire se propose d'étudier la manière dont deux partis gouvernementaux ont voulu aménager le territoire malgache : le PSD de 1958 à 1972 et l'AREMA de 1975 à 1993 puis de 1997 à 2001.

Le choix du thème.

Le titre de ce mémoire de DEA est : « Les Partis gouvernementaux et l'espace malgache de 1960 à 2001. » Ce choix s'est imposé dans la mesure où les premiers responsables du développement de Madagascar sont les gouvernants qui fixent les modalités à suivre.

Les gens doivent travailler dans ce cadre. Or, ce cadre a changé plusieurs fois depuis 1960. La constitution a été remaniée sinon modifiée au moins cinq fois. On en est aujourd'hui à la Troisième république. A chaque république, il y avait eu des approches différentes - suivant l'idéologie, les projets de sociétés défendus par le pouvoir - qui se sont traduites par le découpage du territoire et la mise en oeuvre de stratégies spatiales spécifiques, mais toujours ambitieuses.

La problématique.

problématique. Elle tente d'analyser les relations que les Dirigeants ont entretenues avec l'espace et la population malgache. Une analyse qui va recadrer les actions entreprises - des décisions politiques - dans leur contexte spatial et voir ainsi la mutation qui s'est opérée depuis 40 ans.

Les gouvernements successifs ont abordé la notion de l'aménagement de différentes manières, mais le fil conducteur de toutes ses actions était le développement de Madagascar. Trois phases marquent cette évolution. Elles sont représentées chacune par une république entrecoupée de période de transition : la première république véhiculait le concept du socialisme libéral encore empreinte du néocolonialisme ; la deuxième république voulait mettre en pratique une société organisée autour de la révolution socialiste ; quant à la Troisième république, elle prônait la mise en place d'une société démocratique.

Les grandes orientations du mémoire.

En 40 ans d'indépendance, la situation économique de Madagascar n'a cessé de se détériorer. On s'efforce encore aujourd'hui de comprendre les raisons de cette situation. L'une des causes est certainement politique car ce sont les choix des Autorités qui influencent les décisions prises par les techniciens, mais il ne faut pas non plus oublier les péripéties de l'histoire. Ces tracas, au demeurant passagers, ont grandement contribué à l'état actuel de la Grande-île.

Tous les critères d'un Pays sous-développés sont recensés à Madagascar : entre 1990-1995, le taux d'accroissement naturel (TAN) était de 3.2% - le taux de mortalité infantile (TMI) culminait à 9.3% - le taux de fréquentation des écoles ne cessait de péricliter - le Produit national brut (PNB) était de 220US $ par habitant alors que la dette extérieure, elle est de l'ordre de 120% du PNB. Pour comprendre ce qu'il en est réellement, il suffit de remonter le temps - de revoir et rediscuter ces décisions politiques qui ont des répercussions jusqu'à maintenant. De ce fait, le plan adopté suivra la chronologie d'autant plus que les deux Partis

gouvernementaux qui sont pris en compte - le PSD et l'AREMA - ont dominé chacune une république1.

Les limites de la recherche.

Ce mémoire de recherche a, comme on l'a déjà précisé, pour but d'analyser les actions des gouvernements successifs qui se sont succédés à Madagascar notamment celles qui ont eu des impacts directs sur l'espace. En cours de travail, il a fallu pourtant revoir certaines ambitions à la baisse. Le problème majeur est le manque d'information. Un pan de l'archive relative au travail n'existe pas. Un exemple : dans les différents ministères existant actuellement, on ne retrouve que très peu de traces de la période de la deuxième république. Il a fallu « se contenter » de récits auprès de diverses personnes ressources qui traduisent les faits suivant leurs propres expériences. A ce propos, l'annexe contient deux de ces entretiens qui abordent la période considérée.

Par ailleurs, la recherche effectuée s'arrête en l'an 2001, date du départ de M. RATSIRAKA du pouvoir. Cela a été volontaire dans la mesure où les actions du gouvernement actuel ne peuvent pas encore être analysées avec le recul nécessaire pour un scientifique. Les actions du TIM2 sont en cours et leur aboutissement ne peut être évalué honnêtement qu'à la fin du premier mandat de M. RAVALOMANANA.

Ceci étant, ce mémoire de recherche essaie tant bien que mal de montrer que la situation actuelle de l'espace et de la population malgache est le fruit des décisions politiques prises durant ces quatre dernières décennies. Les actions, notamment spatiales des deux Partis politiques qui ont dominé la période sont revisitées et analysées sous divers angles. Pour finir, on peut dire que depuis l'avènement de la troisième république en 1993, on est entré dans une transition qui ne dit pas son nom et qui n'est pas terminée. Celle-ci prendra fin après la

1 L'AREMA a gouverné de 1975 à 1993 puis de 1997 à 2001. entre ces deux périodes, il y avait eu la période UNDD. Son étude n'a pas été prise en compte dans ce mémoire dans la mesure où ce parti n'était resté au pouvoir que pendant trois ans. Une période assez courte et trouble qui n'a laissé que très peu de trace.

2 parti de M. Marc RAVALOMANANA

mise en place d'une république aux structures fermes et acceptées par la majorité des Malgaches.

Figure 1 : Localisation de la Grande-île dans le Sud-Ouest de l'océan Indien.
Fond de carte : Microsoft Encarta Atlas.

Partie I : Le PSD et l'espace malgache

(1960-1972) ; Des transformations mitigées.

CHAPITRE 1. L'ERE TS IRANANA OU LE TEMPS DU

NEOCOLON IALISME.

L

e 14 octobre 1958, l'Etat malgache fut érigé en république. La Loi d'annexion du 6 août 1896 a été déclarée caduque. Cette réforme passa après que les Malgaches eurent

voté OUI au référendum du 28 septembre 1958. Ce n'était pas encore l'indépendance, néanmoins, cela avait été le premier pas vers le recouvrement de la souveraineté malgache. Le gouvernement qui a été mis en place a exercé un pouvoir très personnel. Le PSD était sans conteste le seul parti qui dominait la scène politique. Son action est d'autant plus amplifiée qu'elle s'appuyait sur une organisation administrative déconcentrée.

I. Un pouvoir sans partage du PSD.

A. Une république néocoloniale.

La république de Madagascar d'avant l'indépendance n'était qu'une façade. Des trois conditions qui font d'un Etat, un Etat, la Grande-île n'en remplissait qu'une : la population. En effet, la France continuait à administrer les affaires nationales et, une grande majorité du territoire malgache sont hors de sa juridiction. On peut parler ici du cas des îles dépendances de Madagascar, comme Bassa Di India - Tromelin - Europa - Les Glorieuses et Juan de Nova... (cf. fig.1) La souveraineté de Madagascar sur ces îles n'a guère dépassé les déclarations d'intention. Jusqu'à maintenant, ces îles sont sous administration française.

1) L'accord de coopération franco-malgache du 2 avril 1960.

Cet accord a été établi avant l'indépendance de Madagascar. Il lie le futur Etat indépendant à l'ancien « maître » du Pays. Ce dispositif restreignait le pouvoir souverain de Madagascar. Il a été contesté par les deux Partis dans l'opposition d'alors : l'AKFM et le MONIMA 3. Dans le fait, le Président TSIRANANA pensait s'appuyer sur cette donnée pour émanciper Madagascar. Il voulait un transfert en douceur : comme le Pasteur RAVELOJAONA, il voulait que la souveraineté effective de Madagascar se fasse, après qu'une élite malgache eut été constituée.

L'accord établi avec la France préfigurait une main-mise de l'ancienne puissance coloniale sur les secteurs clés de l'économie de la Grande-île. D'un commun accord, une entente mutuelle de coopération volontaire avait été trouvée sur le plan de la Politique étrangère - la Défense - les Prestations monétaires - l'Economie et les finances - l'enseignement - les Transports et Communication.

Là où les Malgaches ont été intransigeants, c'était sur la question de l'intégrité territoriale : les Français ont voulu que l'île Sainte Marie4 ainsi que la base navale de Diego Suarez leur soient cédées mais ils se sont heurtés à une fin de non recevoir de la part des Malgaches...

2) Un régime de type « présidentialiste modéré ».

La constitution du 29 avril 1959 s'inspire largement de la constitution de la V è république française. Ainsi, dans un premier temps, comme ce qui est inscrit dans la constitution française de la V è république, le Président de la république malgache avait été élu par un collège de Grands électeurs composés par les Membres de l'Assemblée Nationale. Ce n'est que le 6 avril 1962 qu'une modification avait été apportée faisant du Président de la république une Personne élue au suffrage universel direct. Cet amendement a été pris sur l'exemple de la

3 Partis politiques héritiers des grands mouvements nationalistes à Madagascar, notamment le MDRM et la société secrète Jina.

4 L'Île Sainte Marie avait un statut particulier bien avant la colonisation de Madagascar. Par des traités, le Royaume de cette île avait fait allégeance à la France qui considérait de facto son appartenance au territoire français.

constitution française qui en a fait de même. La constitution de la première république reprenait en grande partie les principes d'une démocratie de type occidental.

L'exécutif est de type monocéphale5, il est élu au suffrage universel direct pour 7 ans. Le pouvoir du Président de la république est grand car il s'appuie à la fois sur ses prérogatives et sur une assemblée législative complètement acquise à sa cause6. L'emprise de l'exécutif est par conséquente prépondérante sur le cours des affaires nationales.

Le Parlement est bicaméral avec une Chambre Haute et une Chambre Basse :

· Le mode de scrutin pour les Sénateurs est un suffrage au second degré pour les deux tiers des membres et une désignation par le gouvernement pour le tiers restant.

· Quant aux Députés, ils sont élus au suffrage universel direct.

Le Conseil Supérieur des Institutions (CSI) complète l'institution de la première république. C'est à peu près l'équivalent à la Haute Cours Constitutionnelle (HCC) actuelle. Il contrôle la constitutionnalité des lois promulguées et sert de Juge électoral.

B. Le parti Social Démocrate : un parti Etat.

Comme partout dans les Pays sortis du joug de la colonisation, la hantise des Dirigeants était de perdre pied et de voir se désintégrer « l'Unité territoriale » issue de la colonisation. Ils voulaient raffermir leur pouvoir et l'intégrité du territoire national. Madagascar n'a pas échappé à ce syndrome. Le PSD, parti du Président TSIRANANA dominait la scène politique en faisant « main-basse » sur tous les postes clés de l'administration. Une carte de membre de ce parti en ce temps ouvrait bien des portes...

L'opposition au régime existait mais son aura était faible. On peut citer l'AKFM qui, dans la Capitale, a pu tenir en respect le parti PSD : le poste de Maire de la Capitale a été occupé par le

5 Cas du gouvernement des USA : le Président est à la fois le Chef de l'Etat et le Chef du Gouvernement.

6 Dans les couloirs de l'Assemblée Nationale de l'époque, on ne retrouvait que 3 députés issus de l'opposition. Les restes sont issus du parti du Président, le PSD.

Pasteur ANDRIAMANJATO Richard pendant les mandats de TSIRANANA. Ce dernier pour affaiblir le pouvoir croissant du Maire a nommé un Délégué Général du gouvernement qui contrôlait les décisions des conseillers municipaux...

Le territoire national est contrôlé par le PSD. C'est un constat avéré. Cette « main-mise » est appuyée par une administration dévouée au renforcement du pouvoir du parti gouvernant.

II. Un découpage territorial déconcentré et technocratique.

A chaque république, Madagascar avait connu des divisions administratives aussi originales les unes que les autres. La première république se démarque des deux républiques qui vont lui succéder par la mise en place d'une administration déconcentrée qui essayaient de planifier de l'Etat central l'avenir de Madagascar. Cette administration est plus vouée au « culte » de l'Etat plutôt qu'à celui des administrés.

A. Une division administrative héritée de l'époque coloniale (cf. fig.2).

L'administration de la première république est plus déconcentrée que décentralisée. C'est un choix et aussi un héritage :

· Un choix car au lendemain de l'indépendance, Madagascar avait très peu de cadres aptes à diriger les diverses régions de l'île. Il fallait rendre l'Etat fort pour mener à bien les actions de développement qu'il s'était fixé d'entreprendre.

· Un héritage car la division administrative existait déjà sous la période coloniale. Cette structure n'est pas nouvelle dans la mesure où elle a été héritée de la période coloniale. L'administration coloniale privilégiait un pouvoir central fort pour peser de tout son poids sur la cour des affaires de la colonie.

Figure 2 : Représentation graphique de la division administrative de la première république.
Source : G. BASTIAN.

Il existait quatre échelons principaux dans le découpage administratif de la première république (cf. organigramme 1). Ces échelons sont des formes déconcentrées de l'Etat : les fonctionnaires qui y oeuvraient étaient désignés par l'Etat.

Seules, les Communes ont des élus : les Maires. Ces derniers ont un grand rôle à jouer dans la mise en place et le fonctionnement du plan notamment dans l'optique du « Travail au ras du sol. »

B. Le choix des divisions administratives.

Le découpage administratif de la première république est fortement centralisé bien que les prérogatives de chaque entité administrative est assez large. On va essayer d'expliquer le choix de ces découpages.

 

Provinces

 
 

6

 
 
 
 
 
 

18

 
 
 
 
 
 

92

 
 
 
 
 
 
 
 

Communes

 

692

 
 

Organigramme 1 : Représentation schématique

de l'organisation administrative

durant la première république.

 

1) Les provinces : Des entités régionales homogènes.

Les Provinces sont au nombre de 6. Elles sont la clé de voûte de l'organisation de la politique de développement de Madagascar. A leur tête, on retrouve un exécutif7 qui a rang de

Secrétaire d'Etat rattaché au ministère de l'Intérieur. Leur découpage a été certainement influencé par des caractères plus géographiques qu'humains : on retrouve dans ces zones des traits assez similaires.

Ainsi, la province de Mahajanga s'ordonne autour du bassin sédimentaire du Boina, une unité régionale qui a ses caractéristiques propres : un climat sous l'influence de la mousson avec deux saisons contrastées (un climat tropical chaud à saison humide qui s'alterne avec une saison sèche), une végétation dominée par la savane arborée avec des reliques de forêt xérophile (comme la forêt d'Ankarafantsika) et quelque lambeau de forêt galerie. Quant à la population, elle est à dominante Sakalava dans le bassin du Boina. L'ethnie Tsimihety est localisée vers le Nord (région de Befandriana). C'est aussi une zone qui est en train de devenir un creuset ethnique avec l'arrivée massive de gens de divers horizons de l'île dans la plaine de Marovoay où la riziculture commence à s'affirmer au détriment de la population sakalava, une population pasteur...

Tuléar n'échappe pas non plus à cette coïncidence du découpage avec la réalité géographique. Le domaine du grand-sud est dominé par un climat semi-aride qui englobe une majeure partie de la Province. Les ethnies qui y vivent sont assez nombreuses mais leur caractéristique commune est qu'elles font presque toutes les mêmes activités : le semi- nomadisme qui s'articule entre autres autour de l'élevage extensif (Bara, Antandroy etc.) ou de la pêche (Vezo) voire de la cueillette pour les Mikea.

Cette analyse a quand même ses limites quand on regarde par exemple, la Province de Fianarantsoa. Cette dernière est formée par un ensemble comprenant la partie sud des Hautes Terres Centrales (HTC) et une partie de la façade orientale de l'île. Deux zones bien distinctes sur le plan géographique dont la limite naturelle est la falaise tanàla. Il faut trouver ailleurs l'explication de l'existence de cette Province. Si l'hinterland est peuplé en majeure partie de l'ethnie Betsileo au Nord et des Bara au sud, il en va autrement du peuplement de la façade orientale. Cette dernière connaît l'existence de plusieurs ethnies qui « cohabitent » plus ou moins paisiblement sur une portion assez restreinte du territoire (chaque ethnie est localisée en général, entre deux interfluves). Même, si cette zone a vocation à être autonome, la sagesse

politique en a décidé autrement pour ne pas froisser « l'ego » de qui que ce soit. La province de Fianarantsoa trouve son équilibre dans ce « savant dosage. »

En bref, les Provinces sont des zones avec des caractéristiques assez identiques qui demandent de ce fait un aménagement assez homogène. Leur érection durant la période coloniale voulait faciliter le travail de l'administration dans la compréhension des actions à entreprendre. C'est tout naturellement que la toute jeune république de Madagascar s'y est appuyée pour lancer ses futurs projets.

2) Les préfectures et les sous-préfectures : Pour une meilleure efficience de la présence de l'Etat.

Les Préfectures et les sous-préfectures sont des relais de l'administration sur le territoire. Elles jouent le rôle de modérateur dans les actions gouvernementales car l'effectivité des décisions venant de l'Etat central trouve leur application au sein de ces territoires. Elles doivent ainsi être à l'écoute de l'administration et des gens. Par ailleurs, elles sont l'émanation de l'Etat sur le territoire sur lequel elles sont implantées et s'occupent de tout ce qui a trait avec l'administration.

Madagascar avait 18 préfectures durant l'ère TSIRANANA. La première remarque à tirer est que chaque Province est subdivisée en 3 Préfectures sauf Antananarivo qui en compte 4 et Diego-Suarez qui en a 2. Chaque préfecture est un grand ensemble régional qui englobe une certaine homogénéité bien plus marquée que pour les Provinces. Leur désignation répond à des critères cette fois-ci plus humaine et économique. Chaque zone est caractérisée par des activités bien spécifiques.

Par exemple, la Préfecture d'Antsohihy, d'une superficie de 50.100 km2 englobe dans sa majeure partie le territoire des Tsimihety. Le Vakinankaratra est habité par les gens du même nom. Ce sont des ensembles de reliefs et de population assez homogène qui aspire à la même réalité. Ailleurs, comme pour la Préfecture d'Antalaha, des considérations plus économiques ont influencé sa mise en place : c'est la région de la culture de la vanille. L'approche initiée

démontre ainsi une volonté de mettre en relief l'homogénéité pour insuffler la dynamique qui aiderait chaque zone à se développer.

3) Les Communes : L'embryon d'une nouvelle dynamique locale.

Les communes, contrairement aux trois entités territoriales sus-citées, ont des élus à leur tête. C'est la seule forme de pouvoir décentralisé dans la première république. C'est aussi l'entité administrative la plus proche des gens. A cet effet, l'Etat malgache pense que les gens se doivent de contribuer à l'amélioration et à la gestion de leur espace de vie. C'est pour cette raison que les communes ont été érigées. Elles sont « gouvernées » par leur population qui va définir leur propre priorité. Les Communes fonctionnent comme un véritable petit Etat. C'est la forme originelle de la cité comme dans l'antique Grèce. On a un exécutif, assisté d'un conseil qui oeuvre pour le bien-être de la population de chaque circonscription. Les décisions prises par la majorité sont appliquées sur le territoire communal. Les possibles déviations de cette relative liberté sont automatiquement signalées à l'entité administrative supérieure.

Le statut de commune peut être révoqué quand cette dernière ne remplit plus les conditions nécessaires qui avaient amené à son érection. Il fallait donc que l'on se « batte » pour garder ce statut. Celles qui perdent ce statut sont ré-administrées par l'Etat central via ses démembrements. Le rôle jouer par la commune est primordial dans la transformation de l'espace malgache car c'est l'entité de base du développement. Le plan quinquennal lui a attribué un rôle majeur défini dans le travail au ras du sol.

CHAPITRE 2. LE PLAN QUINQUENNAL : OUTIL DE

DEVELOPPEMENT DE

MADAGASCAR ?

'-I

our dynamiser l'économie malgache, les Dirigeants de la toute jeune république cherchaient la meilleure façon d'opérer. Le credo de TSIRANANA était « asa fa tsy

kabary 8». Il a voulu mettre cela en pratique. Le Président convoquait une conférence pour élaborer le Plan quinquennal qui avait débuté en 1964. Auparavant, il faut signaler que Madagascar était déjà sous le régime d'un autre plan.

I. Rétrospective sur le Plan décennal de 1947-1957.

Il faut se souvenir qu'au lendemain de la deuxième Guerre Mondiale, la France avait été au bord de la ruine sans l'intervention des Américains. Le Plan Marshall pour la reconstruction de l'Europe avait été instauré.

La France avait alors eu conscience du fait que les colonies étaient une charge trop grande pour le portefeuille de la métropole. Pour que les colonies soient de moins en moins dépendantes économiquement de la métropole, des Plans ont été formulés. Madagascar devait en bénéficier. Ces plans avaient été calqués sur le modèle du plan américain.

A. Les points faibles de Madagascar.

Le Plan décennal de Madagascar énonçait : « Le but recherché est l'amélioration du niveau de vie des habitants de Madagascar qui ne peut être assurée que par le développement parallèle de sa production et du commerce. » Pour y arriver, le Pouvoir colonial avait fait le

diagnostic de la Grande-île. Cela a fait ressortir des constats qui sont toujours d'actualité aujourd'hui :

· Dispersion des centres producteurs

· Tendance à la polyculture

· Existence de différents climats et sols

· Eloignement et enclavement des bassins susceptibles d'être exploités

· Concentration de la population dans des zones infertiles

Ces constats avaient emmené le Pouvoir colonial à réorienter sa politique dans la Grande- île. Il avait proposé une nouvelle politique s'orientant autour du plan qui avait été établi vers la moitié des années 40.

B. La politique inscrite dans le plan.

Découlant du diagnostic fait, on a préconisé à Madagascar, la concentration des efforts sur quelques zones de rentabilité certaines et de grouper les moyens de production quitte à léser certaines zones. Le souci, ici, était bien loin du rééquilibrage des régions. Au contraire, l'administration misait sur des zones à fortes potentialités susceptibles de faire décoller l'économie malgache.

Ce plan avait été financé à hauteur de 57 milliards de Francs CFA. Le Gouvernement français se proposait de le financer à hauteur de 29.5 milliards de Francs CFA, le reste avait été accordé sous forme de crédits. Les accents ont été mis sur l'amélioration des moyens de communication : 68.4% des crédits alloués avaient été injectés dans l'amélioration de ce secteur, 13.3% pour le secteur production dont l'agriculture et 18.3% à l'équipement social. Il faut retenir que 49% des crédits alloués avaient été affectés au secteur transport étant donné que les lieux de productions seraient dispersés comme il avait été noté auparavant.

II. Le plan quinquennal de 1964, base des actions initiées par le PSD.

Comme bon nombre de pays, Madagascar s'est décidé à mettre en place un plan pour orienter son développement. Il faut toujours se situer dans la préoccupation de l'époque : Madagascar avait eu son « indépendance, » pourtant rien n'avait semblé changer. Le Pouvoir était toujours encadré par des « conseillers étrangers. » Les Malgaches voyaient cela de mauvais oeil : cela avait été interprété par une grande partie de l'opinion comme une mainmise des Français sur le cours des affaires nationales.

A. Une politique préconisant l'ouverture.

Le plan quinquennal de 1964 a été élaboré pour améliorer la vie quotidienne des Malgaches et répondre aux critiques de plus en plus acerbes envers le pouvoir. Prévu pour durer pendant cinq ans, ce plan a été prorogé jusqu'en 1972. Le Président TSIRANANA définissait ce plan comme un outil visant à « transformer directement et rapidement les données socio- économiques de l'île, sans révolution, sans léser aucun intérêt, et en profitant de tous les moyens (...) aussi bien la dynamique du secteur privé libéral et capitaliste, que des cadres plus stricts des entreprises d'Etat.9 »

Le Président se disait d'obédience socialiste. Il n'en est pas moins que malgré cette tendance, il était ouvert à toutes les propositions possibles qui pourraient améliorer le quotidien des Malgaches. Il disait lui-même qu'il privilégiait « la politique du ventre »... De ce fait, les investissements aussi publics que privés étaient les bienvenus. Lors d'une entrevue, il disait : « D'où qu'ils viennent, (...), les investisseurs seront les bienvenus (...) sans craintes chez nous. » La synergie se devait d'exister entre le Public et le Privé. Le gouvernement de ce fait se propose d'investir là où les capitaux privés font défauts.

Pour parfaire sa politique, les tenants du pouvoir de cette période a commencé par édifier l'inventaire des actions qui devraient être entreprises. Le « Livre Blanc », relatant la situation de la grande-île de 1950 à 1960, a été commandité. La formulation du plan va partir de ce constat. M. RABENORO Césaire, Commissaire Général au Plan à cette époque, disait que « le plan se devait d'être souple car les données statistiques de l'île en ces temps étaient peu crédibles » bien qu'il semble que rien n'a changé jusqu'à maintenant...

Par ailleurs, pour mener à bien les actions futures, il y avait eu l'adoption d'un Code des Investissements (JORM 1962/Ordonnance N° 62-024 du 9 septembre 1962), de la mise en place de sociétés destinées à compléter les actions comme la SNI ou Société nationale d'Investissement (Ordonnance N° 62-026 du 19 septembre 1962).

B. La prévision du plan « Tsiranana »

Le plan proposait d'investir 165 milliards de MGF répartis à hauteur de 23% pour le secteur agricole - 17% pour l'industrie et 51% pour le transport. Le souci évoqué était qu'il faut accroître la production agricole malgache et l'exporter.

Cette pratique ne doit pourtant pas se faire sans l'assentiment de la majorité. Contrairement à ce qui était inscrit dans le plan de 1950-60, le plan quinquennal de 1964 était plus social. Il voulait « gommer » les disparités qui existaient entre les couches sociales.

 

Total

Budget public et
subventions
extérieures

Organismes publics
et semi-publics

Capital
privé

Investissements
humains

Infrastructures et transports

83.42

33.64

16.85

26.68

6.25

Agriculture

38.66

20.60

2.24

8.68

7.14

Industrie

27.95

2.25

3.08

22.62

 

Equipements sociaux

12.46

10.48

1.03

0.35

0.60

Divers (commerce, information, coopération etc.)

2.59

2.03

 

0.56

 

Total général

165.08

69

23.20

58.89

13.99

 

Tableau 1 : Répartition des investissements du plan (en milliard de MGF).
Source : Madagascar Afrique n°9, 1967

Le plan quinquennal de Madagascar se proposait d'atteindre trois objectifs : subvenir à l'alimentation des malgaches - accroître l'exportation pour contrebalancer l'importation et transformer certains produits sur place pour freiner la fuite de « devises » lors des importations pour que l'économie de la Grande-île puisse se stabiliser. De grands efforts ont été faits pour améliorer les voies de communication à Madagascar10. Une grande partie des fonds du plan y est allouée.

C. Une organisation s'appuyant sur l'appareil administratif (cf. organigramme 2).

Le Président de la république est le Premier Responsable dans les décisions à prendre. Sous son autorité, on retrouve deux organes s'occupant du plan : un Commissariat Général au Plan à côté duquel siégeait un Groupe de ministères. Ces ministères ne sont que des organes consultatifs dans la conception. Ils doivent orienter les actions du Commissariat Général au Plan.

Le souci des Dirigeants malgaches, dès le début, était de traduire en acte l'aspiration réelle du peuple : un développement concret. La concrétisation du développement en partant de la base était une condition indispensable dans la démarche de leur pensée : faire participer les gens aux actions à venir. Le CTRPD ou Conseil Technique Régional du Plan et du Développement a été érigé en ce qui concerne les préfectures pour piloter et suivre les actions du plan. Une autre cellule a aussi été créée pour la Commune, le CRD ou Conseil Rural de Développement, un organe consultatif.

Mais cette organisation avait été une source de conflits. Les Ministères se battaient pour faire valoir leurs préséances, quant aux CTRPD, ils n'étaient pas en mesure de mener à bien leur tâche car l'emprise territoriale de la préfecture est floue. C'est une limite administrative et non géographique qui handicape gravement la mise en action des décisions prises.

10 Depuis l'Indépendance jusqu'à maintenant, le problème de la voie de communication est récurrent dans les discours politiques des Dirigeants malgaches. C'est un cheval de bataille sur lequel beaucoup de Politiciens ont tenté de surfer sans grand succès. Le kilomètre de route praticable toute l'année ne cesse de décroître.

Président de la République

Commissariat Général au Plan

Comité Interministériel du Plan et du Développement

Conseil Technique Régional du Plan et du Développement

Conseil Rural de Développement

Organigramme 2 : Représentation schématique de l'organisation de la prise de décision du plan.

CHAPITRE 3. UN PLAN POUR LA MODERNISATION DU MONDE RURAL ET L'AMENAGEMENT DE L'ESPACE

URBAIN.

C'

e principal moteur du plan est l'agriculture. Avec près de 5 millions de ruraux contre quelque 650.000 citadins et villageois, il fallait prioriser cette frange de la population. Il est impératif que les paysans accèdent à un statut d'économie monétaire pour qu'un marché national puisse s'épanouir.

Le PSD a cherché a initier une dynamique de transformation de l'espace national à travers les opérations agricoles et industrielles - les syndicats des communes - les travaux au ras du sol. Ces opérations concernaient surtout le monde rural. La ville n'a pourtant pas été délaissée avec les programmes de créations de logements dans quelques localités de l'île.

I. Les opérations agricoles et industrielles : Une priorité pour le PSD.

Figure 3 : Représentation graphique de la répartition des grandes opérations effectuées par la première république
suivant les Provinces.
Fond de carte : Min Inter.

A. Des opérations pour résoudre les problèmes économiques de Madagascar.

Comme on l'a toujours souligné, l'économie de Madagascar doit partir de la base. La majorité des Malgaches étant des ruraux, il fallait apporter un soin particulier à ce contexte. L'agriculture est ainsi devenue le défi majeur que se sont lancés les Dirigeants de l'époque et ceux qui les ont succédés plus tard.

1) Les zones d'intervention des grandes opérations (cf. fig.3).

De premier abord, on peut être tenté de dire que la répartition de ces actions sur le territoire malgache est inégale :

· Une grande majorité des opérations qui vont être menées est localisée dans les provinces d'Antananarivo et Mahajanga. Il faut cependant distinguer que même dans la province d'Antananarivo, on peut noter des nuances dans ces interventions. Le Moyen- Ouest est beaucoup plus sollicité que le versant oriental. Cette politique répond à une stratégie : le redéploiement de la population vers cette partie de la province à forte potentialité mais qui a été pendant longtemps marginalisé. La densité de la population dans cette partie d'Antananarivo est encore faible. Pour ce qui est de Mahajanga ; on est en présence de la Province qui a la plus forte potentialité en terme de développement : un bassin sédimentaire propice à l'agriculture avec de larges plaines alluviales ; une côte à l'abri des vents où la potentialité aquacole est palpable ; un réseau hydrographique dense et un climat chaud toute l'année etc. Malheureusement, son essor n'a guère été convaincant. Les Sakalava, premiers occupants de cette partie de l'île, s'adonnaient à un élevage de type extensif...

· Pour ce qui est de la côte Est et de la partie septentrionale de l'île, on est en présence de zone sous l'influence de l'alizé. Elles bénéficient de l'implantation des cultures d'exportation héritées de l'époque coloniale. Les futures actions proposées par le plan vont s'appuyer sur la dynamisation de ces activités. De nouvelles activités ont quand même été mises à l'ordre du jour.


· En fin de compte, dans cette nouvelle politique lancée par les Dirigeants, ce sont les Provinces de Toliara (Tuléar) et de Fianarantsoa qui sont les moins « concernées. » Très peu d'opérations vont y être menées. Cela est sans doute dû au fait que les potentialités de ces deux provinces sont quelques peu suffisantes : Tuléar, avec son climat semi- aride, est difficile à aménager si l'on fait abstraction des zones près des fleuves11 ; Fianarantsoa quant à elle est déjà sous l'injonction d'une pression démographique intense. Néanmoins, on verra que dans d'autres domaines, elles seront gagnantes.

2) Les différents types d'intervention.

Les grandes opérations lancées par la république malgache prenaient en compte les données géographiques et l'existence d'embryon d'activités dans les régions où les interventions vont être menées. A partir de ces réalités, des projets ont été soumis. Madagascar a été ainsi divisé en plusieurs zones d'intervention.

a. Les opérations agricoles.

Les zones agricoles font suite aux études de la potentialité des régions de Madagascar. Ces études vont mettre en évidence une nouvelle vision de l'espace malgache qui va générer des opérations agricoles d'envergure. Des opérations qui ont fait la renommée du parti PSD quand il était au pouvoir.

Mais avant de voir ces grandes zones agricoles, il est nécessaire de signaler une forme particulière de l'intervention de l'Etat. Il s'agit des fermes d'Etat qui sont une forme avancée de l'intervention des gouvernants dans le monde rural. Des fermes étaient érigées pour pallier l'absence du secteur privé dans des zones à forte capacité de production. Elles servent de faire valoir de la potentialité de certaines régions. Leur champ d'action varie énormément allant de l'élevage porcin pour la ferme de Bellevue à la culture de pommier pour Soanindrariny en passant par l'élevage bovin à Ibaoka etc.

Ces fermes, implantées un peu partout dans la Grande-île, servent de catalyseur dans les régions où elles étaient. Elles insufflent en cela une nouvelle vision de l'espace économique. Les gens, au contact de ces « nouveaux phénomènes », ne peuvent que se bonifier. Mais l'essentiel, bien évidemment sont les autres opérations entreprises dans les zones agricoles :

· L'arrière-pays de l'Ouest malgache sera voué à l'élevage12 tandis que les plaines côtières seront le domaine de grandes cultures sur baiboho (coton, riz etc.). Ainsi, il est prévu d'investir successivement près de 1.819 millions de Fmg et 2.560 millions de Fmg à Mahajanga et à Antananarivo pour la construction d'une chaîne de production de viande [allant de l'élevage jusqu'à l'abattage et l'exportation] suivant la norme internationale. Les études faites ont en effet révélé que ces zones ont une forte potentialité en ce domaine.

· L'Est sera voué à la culture riche d'exportation avec l'amélioration entre autres des plants de café dont la culture est ancrée dans cette zone. La carte de la répartition des surfaces des grandes opérations ci-dessus ne rend pas compte de la disposition de ces cultures riches. Elles sont trop éparpillées et cultivées par de petits exploitants agricoles pour être quantifiées. Néanmoins, il faut remarquer que tout l'Est malgache est concerné (de la façade orientale de la Province de Diego-Suarez à l'extrême sud de la Province de Fianarantsoa). Par ailleurs, d'autres opérations plus zonales ont aussi été à l'ordre du jour comme la plantation de palmiers à huile et de bananiers dans la région de Toamasina et celle des cocotiers autour de Sambava.

· Dans le Sud, les aménagements ont été concentrés autour des bras des grands fleuves de la région. Leur mise en valeur a été déléguée à des sociétés d'aménagement tel le SEDEFITA ou le SAMANGOKY.

12 Le projet élevage dans la région du Moyen-Ouest proposait de créer 5 ranches d'embouche semi-extensive de 4.000ha chacune et un abattoir d'une capacité de 30.600t/an. Ce projet se fera en complète symbiose avec l'ODEMO `Opération de développement du Moyen-Ouest)

Figure 4 : Représentation en surface (ha) des différents projets d'aménagement.
Fond de carte : Min Inter.

on peut citer : l'ODEMO/SOMASAK dans le Moyen-ouest, la SAMANGOKY dans la région de Morombe, la SEDEFITA à Toliara, la SOMALAK dans l'Alaotra , le GOPR sur les Hautes Terres Centrales et la COMEMA13 à Marovoay. Ces opération agricoles ont été appuyées par une politique d'industrialisation certaine.

b. Les opérations industrielles.

La balance commerciale de Madagascar est déficitaire. La raison est que la Grande-île importe beaucoup, surtout des produits finis qui, pourtant, peuvent être fabriqués sur place. Fort de ce constat, l'Etat s'est lancé dans le développement de son tissu industriel avec l'aide du secteur privé et, en s'efforçant de doter les principales villes du pays. Trois organismes ont été créés pour veiller à la coordination de cette politique. Il y avait eu notamment le SNI ou Société nationale d'Investissement. En outre, un nouveau code des investissements a été élaboré pour favoriser la création d'industries à Madagascar. Cet environnement serein avait permis d'attirer de nombreux investisseurs privés. Les résultats ne se sont pas faits attendre car dès 1966, 700 emplois furent créés avec un investissement total de 1.220 millions de Fmg dans le secteur industriel.

Parmi ces industries, on peut noter l'industrie de transformation du papier, la Papeterie de Madagascar (PAPMAD) à Ambohimanambola, Antananarivo, dont les fonds d'investissement s'élevaient à 540 millions de Fmg. Elle a été érigée en 1965 pour produire 7.000 à 8.000t/an de papiers de diverse qualité. Autres industries, on peut citer : la raffinerie de pétrole de Toamasina14, la SOTEMA15 ou Société Textile de Mahajanga, la DCAN16 à Antsiranana.

13 La COMEMA sera pris en exemple de ces grandes sociétés d'aménagement.

14 La SMR ou Société Malgache de Raffinage a été construite de 1964 à 1965. Elle a été nationalisée en 1976 et intégrée dans le consortium SOLIMA avant d'être cédée après la privatisation à la société GALANA. Lors de sa mise en service, la SMR traitait 540.000t/an de produit pétrolier brut. Une capacité qui a été amenée à 720.000t/an en 1972. La raffinerie dispose d'une capacité de stockage de 255.000 m3 dont 143.000 m3 pour le pétrole brut, et 112.000 m3 pour les produits intermédiaires finis. L'effectif des agents qui y travaillent est de 346.

15 La SOTEMA a employé plus de 2 800 personnes, a fermé ses portes en 1997 pour des difficultés financières importantes (une dette de 140 milliards de Fmg). Cette unité industrielle était une société d'état mixte fondée en 1968. En 1996, son capital s'élevait à 3 510 675 000 Fmg. En 1998, elle a été cédée au groupe SOCOTA.

16 La DCAN ou Direction de la construction et d'armement navale a certes été créée bien avant la première république (1945), mais elle a bénéficié d'un appui certain de la part du gouvernement PSD. Cette industrie a permis la création de nombreux emplois dans le secteur industriel du le Nord de l'île.

Ainsi, à travers ces opérations agricoles et industrielles encouragées par le gouvernement PSD, on sent le souci réel mais sans doute limité de prendre en compte l'ensemble du territoire national à travers les chefs lieu de province. Ce souci est conforme à l'aspiration de toutes les forces politiques du moment qui proclamaient un développement s'appuyant sur l'unité et l'intégrité du territoire. Pour donner une idée concrète des actions menées, la COMEMA a été prise en exemple pour illustrer les travaux entrepris.

B. Exemple d'une société d'aménagement : La COMEMA (Comité d'expansion de la Plaine de Marovoay)

Figure 5 : Occupation du sol dans la région de la plaine de Marovoay.
Source : BD 500.

Aujourd'hui, Marovoay est plus connu pour être un haut lieu de la riziculture malgache. Après la cuvette de l'Alaotra, la plaine de Marovoay est considérée comme le deuxième grenier à riz de Madagascar avec des productions de près de 45.000t/an. Marovoay est une plaine alluviale de 40.000ha dont près de 25.000 allouée à la riziculture. Elle est située au confluent du Fleuve Betsiboka et de la baie de Bombetoka. La mise en valeur de cette portion de territoire a commencé durant la colonisation.

1) Une plaine prédisposée à la pratique de la riziculture (cf. fig.5).

Marovoay est l'ancienne Capitale politique du Royaume du Boina. Comme les Sakalava sont plus éleveurs que cultivateurs, cette plaine a été peu utilisée avant le début du XXè siècle. C'est la colonisation qui a commencé l'aménagement du terrain.

De grandes transformations du paysage ont dû être mises en oeuvre pour que la plaine de Marovoay devienne viable (à cause entre autres de la proximité de la mer qui a des incidences sur la « salinité » du sol) : la plaine de Marovoay a une pente faible qui empêche l'écoulement des eaux si bien qu'en saison de pluie, elle est régulièrement inondée. Cette situation n'est pas pour désavantager la zone car l'inondation renouvelle la plaine en nutriment grâce au dépôt des alluvions charriées depuis les HTC par les différents affluents du Betsiboka. La maîtrise de l'irrigation est donc une condition indispensable de la réussite de cet aménagement.

Un autre facteur à ne pas négliger est la température qui dans le cas de Marovoay permet tout au long de l'année de pratiquer la riziculture. Un riz a besoin d'une température oscillant entre 18 à 25°C pour arriver à maturité. A Marovoay, la température moyenne annuelle avoisine les 25°C. C'est donc une situation favorable à l'expansion de cette culture.

2) L'aménagement d'avant la COMEMA.

L'aménagement de Marovoay commençait au tout début du siècle dernier. En 1908, la première station agricole était opérationnelle. C'est un véritable laboratoire pour l'amélioration des variétés de riz à Madagascar, la création de nouvel outillage etc. dans cette

gestion, l'hydraulique relève de l'autorité coloniale qui gère un réseau de canal atteignant une longueur de plus de 100km au début des années 60.

Des colons français et malgaches s'y sont installés. Mais les deux grandes firmes qui y ont travaillé étaient la CAIM (Compagnie Agricole et Industrielle de Madagascar) et la CFME (Compagnie Franco-malgache d'Exploitation).

La plaine de Marovoay produisait un riz de luxe connu sous le nom de son découvreur : Ali Kombo, un Comorien qui y travaillait. Cette variété a été destinée à l'exportation17. Avec cette variété, on en arrive à 4t/ha. Cette production était destinée à l'exportation. Marovoay se prêtait à ce genre de culture car il est situé tout prêt de la côte. Ce qui facilite grandement les transports.

L'exploitation de cette zone se faisait sous le régime du métayage qui a été contesté par un grand nombre de gens au lendemain de l'indépendance. Par ailleurs, la gestion des canaux hydraulique qui était du ressort du génie rural jusque là a aussi été remise en cause. Certains des exploitants ont décidé de prendre en main cette gestion pour avoir à contrôler leur besoin en eau. Pour atténuer ses conflits, l'Etat a créé la COMEMA.

3) Une société d'Etat pour la redistribution du terrain rizicole.

Le régime TSIRANANA avait créé la COMEMA pour contrôler les contestations dans la plaine de Marovoay. La COMEMA avait pour rôle de régler les différends résultant du mouvement de décolonisation. En outre, elle devait veiller à l'expansion de l'exploitation de la zone rizicole.

a. La mission : Une assistance concrète pour la transformation de la plaine.

La COMEMA est mandaté par l'Etat pour racheter les parts de la CAIM dans la plaine et ensuite de les revendre aux métayers qui par cette procédure jouiront de leur récolte. La condition fixée pour l'accès à la propriété des parcelles était simple, il suffit de reverser à la COMEMA, 1/4 des récoltes sur une période de 10ans. Dans cette perspective, la plupart des gens au tout début de la campagne étaient assez motivée dans la mesure où elles vont devenir des propriétaires. Elles prenaient part à la gestion des parcelles et notamment dans la gestion des canaux d'irrigation et de drainage.

b. Des actions vite dépassées par la réalité.

Très vite pourtant, l'entretien des canaux était négligé. Certaines parcelles ont même été privées d'eau. Une situation qui tendait à se dégrader. La COMEMA, à ce moment contrôlait près de 13.000ha de terrain rizicole qui ont besoin d'un sérieux « coup de lifting. » L'événement de 72 marquait un point d'arrêt dans les activités de la COMEMA. Sous prétexte du changement de régime, les métayers refusent de s'acquitter de leur contrat (1/4 des récoltes) auprès de la société d'Etat et demande qu'on leur donne des titres sur leur parcelle. Ils disent que ces contrats n'avaient plus lieu d'être puisqu'ils avaient été contractés auprès du défunt régime qui n'existait plus. Cette situation avait emmené la nouvelle autorité a créé le FIFABE pour gérer la zone en 1973.

4) Quid de l'avenir de la plaine de Marovoay ?

Le FIFABE colmatait les brèches avec les moyens de bord. Mais sa tâche était difficile. Le FIFABE avait à redistribuer des terres qui légalement appartenaient encore aux grandes compagnies d'avant l'indépendance. Il a alors décidé d'aménager de nouveaux terrains à redistribuer. Ces efforts, forts louables, ont pourtant été arrêtés nets par les conjonctures que le pays traversait vers la fin des années 70.

nouveau entretenues ; et la méthode de travail réaménagée. L'avenir de la riziculture de Marovoay dépend de la capacité de cette zone à s'assumer d'elle-même. L'assistanat dont elle a fait l'objet jusqu là n'a fait que l'entretenir pendant un temps. Son avenir, c'est aux acteurs qui y oeuvrent de le définir.

Cette analyse quelque peu abrégée de la situation de la plaine de Marovoay montre à quel point les problèmes concernant le développement de Madagascar dépend de beaucoup du facteur politique et de sa stabilité. C'est un miroir qui renvoie la situation prévalant dans la grande-île. A chaque gouvernement, on a un style pour appréhender la situation. C'est comme si à chaque nouveau régime on prenait un nouveau départ sans vraiment faire une lecture franche de la situation. Le pays y perd dans ce jeu qui consiste à renier les pas déjà accomplis pour faire valoir les nouveaux points de vue.

II. Le Syndicat des Communes : Une institution « éphémère. »

A. Un système qui s'appuie sur la gestion communautaire.

La société malgache fonctionne sous l'impulsion du fokonolona. C'est une organisation de base qui s'appuie sur la notion de parenté et de l'aide intercommunautaire. L'Etat n'a vraiment rien inventé en la remettant au goût du jour : il s'est contenté de donner à la population plus de possibilités avec de nouveaux moyens de production qui vont être gérés en communauté.

Un syndicat des communes est un ensemble de communes qui s'est regroupé en vue de mettre en oeuvre leur moyen pour les grands investissements. C'est une sorte de fédération de commune qui travaille ensemble car une commune seule n'est pas en mesure de s'acquitter de grandes dépenses qui vont grever leur trésorerie. On peut distinguer deux types de syndicat des communes : les Syndicats préfectoraux des communes et les simples syndicats des communes. Le premier type concerne un ensemble de commune appartenant à une même

préfecture et dont l'érection est de la volonté de l'Etat tandis que le second se forme indépendamment des limites administratives.

Figure 6 : Répartition des syndicats des communes suivant leur nombre par province en 1967.
Source : Archive nationale.

B. Des syndicats trop ambitieux dans le choix des travaux accomplis...

Le premier Syndicat des Communes était né dans la région de Morondava. L'Etat apporte son aide pour le lancement du projet. Ce dernier doit arriver à un stade d'autofinancement pour être viable car il ne s'agit en aucun cas d'une assistance mais d'une aide conjoncturelle qu'il faut stimuler, pérenniser. Les Syndicats des communes fonctionnent comme des sociétés de type capitaliste. La rentabilité doit être au rendez-vous sinon cela aura des répercussions sur sa gestion.

1) De la répartition de ces syndicats (cf. fig.6).

On peut voir que c'est la Province de Mahajanga qui a le plus grand nombre de syndicat avec 14 syndicats de commune (chiffre donné par l'Etat malgache en 1967). A l'inverse, Antsiranana n'en possédait que 2. Les autres provinces en comptent respectivement : 5 pour Fianarantsoa, 9 pour Toliara, 12 pour Antananarivo et Toamasina. Malgré les écarts entre le nombre des syndicats des communes d'une circonscription à l'autre, on ne peut que signaler la présence de ceux-ci dans toutes les Provinces du Pays.

Malheureusement, ces syndicats dans leur majorité n'étaient pas rentables. Ils ont presque tous adoptés comme terrain d'intervention l'entretien des routes avec l'achat d'engins y afférents. Dans ce contexte, on a relevé que pour amortir l'utilisation de ces engins, il fallait 1.000h/an de travail alors que dans la majorité des cas, on ne les utilisait que pour 400 à 600 h. de plus, quand ces machines tombaient en panne, il n'y avait pas de crédits alloués à leur réparation... Cela entraîne l'endettement des syndicats qui s'écartent de plus en plus de leur mission initiale. Cette situation a emmené le Ministre tutelle a demandé la fermeture de quelques-uns des syndicats qui sont déficitaires dans certaines provinces. Mais ce n'était pas le cas du Sud.

2) Les syndicats dans le Sud : Un exemple de réussite.

Contrairement à ce qui s'est passé dans le reste de l'île, le Sud semble s'être adapté au rythme des syndicats. Peut-être parce que c'est là-bas que l'expérience a été tentée en premier. Toujours est-il que suivant l'exemple de Morondava18 (qui a fait comme force de développement les axiomes : « Production - commercialisation - industrialisation. »), les autres syndicats dans cette région de l'île se sont concentrés sur la résolution de leur problème quotidien :

· A Morondava, il y avait eu la coordination des moyens d'action des communes syndiquées dans la commercialisation des produits agricoles.

· A Toliara tout comme à Fort-Dauphin, outre la coordination des moyens d'action et de commercialisation, il y avait eu l'industrialisation de la préfecture dans le cadre du plan de développement.

· Dans le Manja, il y avait eu la coordination des moyens existants pour effectuer les travaux inscrits dans les budgets.

· A Bekily, le syndicat gérait le fonctionnement d'un auto-car/ambulance pour l'évacuation des malades vers un centre médical.

Ces quelques exemples illustrent bien, que le syndicat des communes peut être un véritable outil de développement s'il travaille dans le sens des besoins vitaux de la région. Ici, on peut voir que même si Toliara n'avait pas bénéficié de grandes opérations comme les autres Provinces, avec les syndicats, elle a pu s'épanouir.

18 Le Syndicat des communes de Morondava s'est attelé à accroître les surfaces cultivables par mécanisation. Ensuite, il a doublé, voire tripler leur rendement pour arriver à 3246t d'arachide et de pois du cap. Un bénéfice brut de 80 millions a ainsi pu être dégagé auprès des comptoirs commerciaux.

III. « Le travail au ras du sol » : Une entreprise qui a échoué.

A. Les prémices de l'approche participative.

Les travaux au ras du sol qui ont concerné la totalité du territoire (cf. fig.7-8-9 et tableau 2) sont une initiative prise pour faire comprendre aux gens que le développement devait avoir l'aval de tous et que chacun à leur manière et dans la mesure de leur possibilité y contribue. C'est une association de l'Etat et de la population : « L'Etat prend en charge l'aide technique et l'aide financière. Ce sont les techniciens de l'Etat qui étudieront les projets (...) s'ils sont réalisables (...)C'est le budget de l'Etat qui financera tout ce qui sera nécessaire et qui ne pourra pas être trouvée sur place avec les moyens de bord. (...)De son côté, la population doit se charger de tout le travail manuel à sa portée. 19. La politique mise en place est simple. Il

»

faut travailler pour avoir quelque chose. De cette façon, les gens sont plus conscientes de l'importance des réalisations mises à leur disposition.

Mme RABESAHALA Gisèle20 disait que « la politique au ras du sol peut être traduit comme une vision plus locale des actions (...) sans grandes théories mais des actions qui se traduisent directement dans l'espace. »

B. Des actions concrètes au niveau de la base.

Les travaux compris dans cette approche sont des micro-projets qui vont être faits pour améliorer le quotidien des gens. Ce sont des aménagements de piste de desserte - des constructions de pont, de bassin de pisciculture, de barrages et de petits canaux de petites dimensions etc. en bref, des travaux qui ont trait à l'amélioration de la condition du travail quotidien des gens.

19 Cette technique, citée par SALA G., n'est pas sans rappelée les méthodes utilisées actuellement par le Gouvernement malgache pour le développement de Madagascar. Cette pratique trouve son écho dans le procédé du FID et de certains ONGs qui préfèrent que les gens prennent part aux réalisations qui vont leur être données.

20 Voir annexe, dans l'entretien accordé par Mme Gisèle RABESAHALA

 
 
 

Nature des travaux

 
 

Total

 

Travaux routiers

Travaux génie
rural

Agriculture et
élevage

Forêt

Divers

 

Antananarivo

449

291

195

103

34

1072

Toliara

91

150

353

54

63

711

Fianarantsoa

248

195

217

70

44

774

Toamasina

165

154

294

96

17

726

Mahajanga

162

52

44

3

31

292

Antsiranana

65

44

30

15

4

158

TOTAL

1180

886

1133

341

193

3733

Tableau 2 : répartition des travaux au ras du sol par province.
Source : Archive nationale

Les travaux au ras du sol sont, dans sa constitution, les prémices de l'actuel Plan de Développement Communal. Ce sont des travaux faits pour dynamiser la Commune. D'ailleurs, à l'instar des Plans rédigés actuellement, les travaux au ras du sol sont priorisés suivant les besoins qui se font sentir et avec l'aval de la population. Ils sont ensuite soumis à des entités financières susceptibles de les appuyer.

C. Une vision locale des actions effectuées.

Dans son ensemble, c'est la province d'Antananarivo qui bénéficie le plus de travaux au ras du sol. Antsiranana en avait le moins. Cette analyse sommaire est pourtant relative si on combine ces données avec d'autres facteurs comme le nombre d'habitants par province (cf. fig.8 et 9).

Il faut cependant noter que 28.7% des travaux sont localisés dans la Province d'Antananarivo. A l'inverse, Antsiranana n'en bénéficie qu'à hauteur de 4.47% ; Mahajanga est à 7.8%. La moyenne pour les trois provinces restantes (Fianarantsoa, Toamasina et Toliara) est de 19.74%. Ces données montrent combien la répartition des travaux est inégale sur le territoire.

Par ailleurs, selon le type de travaux effectués, l'entretien routier arrive en première position avec 31.6% des subventions accordées. Il est suivi de près par l'agriculture et l'élevage à 30.35%. Ces chiffres tendent à conforter les actions menées dans les autres domaines du plan

qui consacrent le développement de l'agriculture et de son moyen d'évacuation pour dynamiser le tissu économique de Madagascar.

Figure 7 : Répartition des travaux au-ras du sol par secteur d'activité.
Source : Archive nationale.

Figure 8 : Répartition des subventions accordées aux Travaux au ras du sol par province.
Source : Archive nationale.

Figure 9 : Répartition de la subvention accordée par habitant.

1) Une organisation s'appuyant sur l'entr'aide.

Les projets qui vont être mis en oeuvre doivent être formulés par la population concernée. Ils doivent avoir l'adhésion massive et la pleine collaboration des gens21. Ces desiderata vont

être transmis à l'autorité compétente, en l'occurrence la préfecture qui va aviser toute la hiérarchie. C'est le gouvernement qui en dernier ressort décide des actions à prendre. Des fonds vont être débloqués au bénéfice de la commune sous forme de subventions ou de prêts22.

Par ailleurs, on peut trouver d'après la fig.8 que la notion d'investissement est relative. La plupart du temps, Antananarivo est considéré comme une province « favorisée » par les dirigeants. Certes, elle bénéficie d'une enveloppe budgétaire plus conséquente par rapport aux autres provinces, mais en absolue, ce « supposé » avantage fond. Ainsi, pour les travaux au ras du sol, Antananarivo n'arrive qu'en quatrième position en terme de subvention par habitant, avec 186.39Fmg/hab. Elle est loin derrière Mahajanga qui totalise 247.24 Fmg/hab.

Il faut aussi retenir un fait : l'utilisation des fonds alloués est strictement surveillée. Des écarts ou des réalisations en retard peuvent être source de retrait des subventions au profit d'autres projets dans d'autres circonscriptions. Cette disposition a été prise pour qu'aucun investissement ne dorme mais tourne à plein régime. L'Etat malgache est pressé d'apporter des réponses aux actes qu'ils ont entrepris.

2) Les limites de la politique au ras du sol.

Le Président avait certainement imaginé une politique qui allait résoudre bien des problèmes lors de la mise en place de l'approche au ras du sol. Il ne s'était certainement pas attendu à ce que cette pratique devienne la fosse de son régime. Faire participer les gens tel est le but de cette politique. Seulement, la participation n'était pas « volontaire », elle était faite de manière « coercitive » avec la persistance entre autre du « karatra isan-jato », une sorte d'impôt de capitation mise en place pour mieux contrôler les hommes valides... Les procédés mis en oeuvre au tout début du plan a fait place à des courses effrénées pour s'adjuger de la subvention promise par l'Etat en cas d'acceptation du plan proposé.

des biens communautaires. Ces dina vont être des sources de conflits quand les décisions des travaux à faire « étaient passé entre les mains des responsables locaux. »

22 Les subventions concernent les travaux effectués de concert avec la population locale, tandis que les prêts sont des fonds avancés pour aider des circonscriptions à se doter de matériels adéquats à ses besoins.

Les actions édictées n'étaient plus définies par les gens concernées : c'étaient les responsables locaux du plan qui dégageaient les principaux travaux à effectuer. Cette maladresse allier à des conjonctures défavorables sur le plan mondial avait précipité la fin du Régime. Néanmoins, de grands travaux ont été menés à terme grâce à cette pratique. On peut citer en exemple le bassin de déversement de Behoririka (à Antananarivo). De nombreuses écoles ainsi que des Centres de Santé de base ont aussi été construits grâce à cette méthode.

Malgré tout, le principe était contesté. De plus, certaines actions n'étaient que du « saupoudrage ». On se contentait de donner des coups de neuf pour des infrastructures déjà existantes : pour le cas des routes, dans certaines localités, les routes gravillonnées du temps de la colonisation ont été « latérisées ». Cela a accéléré leur dégradation sous l'action conjuguée de l'eau de pluie et des charrettes (les barrières de pluie n'étant pas respectées...). La politique que l'on a escompté donner des impulsions nouvelles s'est révélée vide de sens. De plus, la politique d'autofinancement n'était jamais arrivée à terme, les différentes localités vivent toujours sous subvention grevant un peu plus les dépenses de l'Etat...

IV. L'aménagement d'un espace en mutation : La ville.

Les efforts du plan, dans son ensemble, se sont concentrés dans l'aménagement du monde rural. Cette politique répond à une impérative : l'amélioration du niveau de vie de la majorité des Malgaches. Il faut en effet savoir qu'il n'y avait que 11.5% de la population qui sont citadins dans les années 60.

Les travaux d'aménagement urbain n'ont pas été abandonnés pour autant. Ils ont été entamés dans les zones à forte densité où le risque de rupture en matière de logement décent pourrait se faire sentir. De véritables plans d'aménagement urbain (PDU) ont été ainsi élaborés. Ils concernaient quelques localités dans l'île. Dans ces plans, de nouveaux quartiers ont été dessinés tels 67ha à Antananarivo ou Tsaramandroso à Mahajanga.

A. La Société d'Equipement Immobilier de Madagascar : Maître d'oeuvre de l'aménagement urbain (cf. fig.8).

C'était la SEIMad qui avait la charge de la construction de logements à Madagascar. Elle a été créée en 1965 avec un capital de 1.358.800.000 Fmg. Le but qu'on lui avait assigné est la réalisation des objectifs nationaux en matière de construction immobilière et de gestion foncière. Cette société est le fruit de la fusion de la SIM (Société Immobilière de Madagascar), et de la SEURMAD (Société d'équipement urbain et rural de Madagascar), créées respectivement en 1951 et en 1962.

Les activités de la SEIMad couvrent plusieurs champs d'action :

· Réalisation de tous les projets d'aménagement foncier - de rénovation urbaine - de restauration immobilière et d'action sur les quartiers dégradés.

· Etude et construction d'immeubles individuels ou collectifs à usage principal d'habitation bénéficiant ou non d'aides octroyés par l'Etat ou d'autres sources financières venant d'un tierce partenaire.

· Etude et réalisation d'opération concernant l'infrastructure générale et les équipements collectifs des Collectivités.

En ces qualités, la SEIMad avait mené une politique de construction immobilière prometteuse qui a vu l'érection sur de nombreux sites de cités-logements.

Tableau 3 : Répartition des cités créées par la SEIMad durant la première république.
Source : SEIMad.

Localité Nombre logement Site d'implantation et/ou nom de la cité

Antananarivo A peu près 5724 Ambohipo, Ampefiloha, 67 ha, Mandroseza, Analamahitsy,

Itaosy

Antsiranana 480 Cité la SIM, Grand Pavois

Fianarantsoa 72 Antarandolo

Mahajanga 597 Manjarisoa, Tsaramandroso

Manakara 33 Ambalakazaha

Mananjary 39 Andranomamy

Toamasina 461 Valpinson, Béryl rouge, Béryl rose

Toliara Une centaine Cité sisal, Beloha

Figure 10 : Répartition des logements créés par la SEIMad par localité.
Source : SEIMad.

Cette illustration montre l'importance que les dirigeants ont apporté à l'évolution de la population urbaine, notamment celle d'Antananarivo : les constructions prévues dans la Capitale est bien plus importante que celles des autres localités concernées. C'est une autre preuve pour conforter le constat de la centralisation du pouvoir malgache. Cela a fait ressortir une Capitale macrocéphalique qui a besoin d'une approche particulière dans son aménagement.

Découlant de cette concentration massive des gens dans la Capitale, 76.5% des constructions faites ont été recensées à Antananarivo. Il faut cependant voir que malgré cette relative prépondérance de la Capitale dans les opérations immobilières effectuées, les autres chef lieu de province ont pu bénéficier aussi de ces constructions, de même que deux préfectures dans la province de Fianarantsoa (cf. fig. 10).

B. Les limites de la gestion du parc immobilier malgache.

Avec un parc estimé à près de 7.500 logements créés à son actif, la SEIMad peut se targuer être le premier promoteur immobilier de Madagascar. Pourtant, ces chiffres cachent mal la réalité que traverse le secteur immobilier de la Grande-île. La majorité d'entre ces constructions ont été inaugurées dans les années 60 pour rester figer dans une posture décrépie.

La stagnation voire la paupérisation du secteur immobilier est palpable à travers les nouvelles constructions qui ne respectent plus ni les plans de développement urbain ni les normes de construction. La tendance est aujourd'hui à la bidonvilisation parce que l'Etat n'est plus en mesure d'apporter des solutions aux crises parcourues par ce secteur en particulier et par le secteur de l'économie en général.

Il faut savoir que lors de la construction de ces logements, Madagascar avait contracté des prêts remboursables à long terme. La détérioration du terme de l'échange a fait que la SEIMad, gestionnaire de ces sites n'étaient plus en mesure d'entretenir les constructions finies et encore moins de réinvestir. Les frais de location des appartements sont reversés auprès des principaux créditeurs...

Pour endiguer cette tendance pernicieuse, l'Etat malgache décide dans les années 90 de mettre en vente une partie de ces cités. La SEIMad annonce que près de 80% de ces logements sont désormais « privatisés ». De plus, le secteur a été libéralisé pour mettre en oeuvre une des promesses présidentielles en 1997 : la construction de nouveaux logements ; les fameux 35.000 logements sociaux/an. En tout cas, on constate encore que les améliorations supposées n'ont pas encore vraiment portées leur fruit jusqu'à maintenant.

CONCLUSION PARTIELLE.

A

près 12 années d'indépendance, Madagascar connaissait une récession et accusait la fin des 30 glorieuses comme les Pays de l'Europe. Le bilan du gouvernement PSD était

mis à mal par une majorité de la population. La raison est simple ; malgré l'indépendance accordée en 1960, l'économie malgache est toujours influencée par les décisions de l'ancienne puissance coloniale : la politique du Gouvernement malgache s'aligne ostensiblement sur celle de la France notamment en matière de relation internationale.

Pour corriger l'appréhension des Malgaches, le gouvernement s'est lancé dans de vastes travaux aboutissant à la mise en branle du plan quinquennal de 1964, véritable outil de référence pour le développement de la Grande-île. Les actions inscrites dans ce plan veulent traduire en acte l'attente des Malgaches. De grands travaux ont été menés même si les moyens manquaient : les grandes opérations agricoles et industrielles (ODEMO-COMEMA-PAPMAD etc.) , la mise en place des syndicats des communes et les travaux au ras du sol. On a tout fait pour améliorer le quotidien des gens...

On peut retenir de cette stratégie à facettes multiples du PSD une volonté ferme de procéder au développement de toutes les composantes de l'espace national. Toutefois, après des débuts forts prometteurs, il a fallu se rendre à l'évidence que les actions menées par le PSD n'étaient pas forcément acceptées par les gens. « Gouverner c'est prévoir » et non « pallier les problèmes quotidiens ». Malgré quelque succès dans le domaine de l'aménagement du

territoire, le PSD s'est révélé incapable de trouver un second souffle à cause de querelles de succession à la tête du parti. Les bévues se sont multipliées et la répression du soulèvement du MONIMA dans le Sud en 1971 a été le prélude de la chute du régime. Le règne du parti Etat que le PSD a tenté de mettre en place a été balayé après les évènements de mai 1972. Le Général RAMANANTSOA avait pris alors le règne du pouvoir pour une transition qui va conduire à l'avènement de la deuxième république et l'arrivé d'un nouveau parti sur l'échiquier politique malgache : l'AREMA.

Partie II : L'AREMA : de la « révolution »

socialiste à la reconversion au libéralisme.

CHAPITRE 4. LA DEUXIEME REPUBLIQUE : UNE REPUBLIQUE AREMA.

T

SIRANANA a été plébiscité lors de l'élection présidentielle de 1972 avec un score fleuve : 99.8% des suffrages exprimés lui étaient acquis... Pourtant au lendemain de

cette écrasante victoire, Madagascar était au bord de la désobéissance civile. La république néocolonialiste a été dénoncée accélérant la mise en place d'une structure transitoire qui aboutit à la naissance de la deuxième république.

I. La refonte de la valeur de la société malgache.

Après les événements de mai 1972, le Président TSIRANANA avait appelé à la rescousse le Général RAMANANTSOA pour former un cabinet de gouvernement. Le 8 octobre 1972, les gens se prononçaient pour la politique préconisée par le gouvernement23 et destituaient de facto le Président. C'est la fin de l'ère PSD. On peut retenir des traits du nouveau gouvernement, quelques éclats qui auront des incidences sur la future politique préconisée par l'AREMA.

A. La révision des accords de coopération franco-malgache.

En 1973, l'accord de coopération établie entre le Gouvernement malgache et celui de la France en 1960 a été dénoncé par la partie malgache. De nouvelles dispositions ont été prises

sous l'impulsion de M. RATSIRAKA, Ministre des Affaires étrangères à l'époque. La révision de cet accord fait suite à la recherche d'une plus grande « autonomie » tant politique qu'économique vis à vis de l'ancienne puissance coloniale. Cette révision tente de légitimer par des actes, les revendications de 1972. On parlait déjà à cette époque de « Partenaire égal »...

Parmi les mesures les plus spectaculaires de cette révision, on peut citer : la transmission entre les mains des Malgaches du contrôle des bases militaires occupées par l'armée française sur le territoire malgache (dont celle de Diégo-Suarez), la sortie de la zone Franc etc. Cette relative indépendance retrouvée va être renforcée par une restructuration de l'administration de base de la société malgache.

B. La consécration du « fokonolona »

Le Colonel RATSIMANDRAVA conduisait une réforme de l'administration du territoire avec la mise en place du fokonolona. Cette stratégie répond à un souhait : voir une population plus responsable, s'impliquer davantage de son développement. On parlait alors de « maîtrise populaire du développement ».

L'ordonnance n° 73.009 du 24 mars 1973 consacrait le Fokontany comme étant l'unité administrative et économique de base dans lequel s'exerce le pouvoir et les prérogatives du fokonolona. Cette réforme de l'administration va donner la priorité à la population de base de prioriser ses besoins. Mais cela n'a pas toujours été le cas car très vite cette institution a été politisée rendant les discussions au sein même de l'institution opaque et inaccessible à la majorité des gens.

La transition prenait fin en 1975 après l'assassinat de M. RATSIMANDRAVA. Le CSR (conseil suprême de la révolution) apparaissait. M. RATSIRAKA était élu président de ce conseil. C'est de cette institution que la deuxième république va naître.

II. L'avènement de la deuxième république.

Le 15 juin 1975, RATSIRAKA devenait la tête pensante de la nouvelle institution créée par le Directoire Militaire, le CSR. Au lendemain de cette nomination, il a enclenché la politique de nationalisation de toutes les banques et les sociétés d'assurance, assumant ainsi un virage de 180° dans la politique de la conduite des affaires nationales. Très vite, l'Etat contrôlait une grande partie de l'économie nationale. A la fin de l'année 1976, 61% de l'économie malgache est contrôlée par l'Etat24. Les grandes entreprises privées étrangères ont presque toutes été nationalisées. A ce propos, Mme RABESAHALA disait que cette politique traduisait en fait un désir de la part des Gouvernants de se réapproprier les moyens de production pour que les Malgaches puissent « se rendre maître de leur propre destiné... »

Par ailleurs, avec ses proches collaborateurs, il s'est attelé à la rédaction de la nouvelle constitution [aboutissant à la naissance de la RDM] et de la nouvelle politique qu'il voulait mettre en oeuvre. Cette politique est condensée dans la « Charte de la révolution socialiste » plus connue par les Malgaches sous l'appellation « Boky mena »

A. La charte de la Révolution socialiste malgache : assise de la politique de la RDM.

Les Malgaches étaient descendus dans la rue en 197225, pour réformer leur administration. Par ce geste, bien des jeunes aspiraient à la « malgachisation » de l'administration. Dans la charte, on pouvait lire, à la page 15 : « Au lendemain de l'indépendance de 1960, les administrateurs français partis, on les a remplacés par des administrateurs malgaches mais en fait les grandes décisions continuaient de relever des assistants techniques. » Il fallait trouver un moyen pour traduire en acte ce rejet d'une administration contestée. La « charte de la révolution socialiste. Tous azimuts. » a été la réponse apportée par le nouveau pouvoir qui s'est

24 in « La marche de la liberté » de RAFENOMANJATO

25 La révolution de 1972 n'est pas sans rappeler les mouvements qui se sont déroulés aux USA et en France vers la fin des années 60, avec le rejet d'une société capitaliste. Les jeunes de ces pays ont fait savoir qu'ils attendent un peu plus que ce que la société de consommation leur offre ; un peu plus d'humanité...

constitué. Surfant sur la vague du communautarisme, elle prône la « décentralisation effective26 » du pouvoir et l'égalité de tous aux yeux de l'Etat.

1) La position de Madagascar sur l'échiquier politique international.

Rompant avec la ligne directive du régime de TSIRANANA, l'Etat malgache s'est ouvert au régime de l'Est. Cette politique a été initiée pour contrecarrer la main mise de l'occident sur les affaires internes de Madagascar. Dans la p. 26 de la Charte, on peut lire : « Madagascar se doit de ne compter que sur ses propres efforts et ne considérer les efforts extérieurs que comme des compléments. (...) Toute aide qui ne nous aide pas à nous passer de l'aide étrangère doit être refusée... »27 Cette position avait éloigné Madagascar de ses anciens partenaires comme le régime apartheid de l'Afrique du Sud, le régime sioniste d'Israël.

Cette attitude, les Dirigeants l'ont appelée le neutralisme positif. Les Malgaches se définissent comme ne faisant partie d'aucune des idéologies forces que le monde véhiculait à cette époque de guerre froide. Ils se déclinent comme étant la troisième force qui lutte contre toute forme de ségrégation et d'impérialisme et aspirent à la paix dans le monde.

2) La politique intérieure proposée par la charte.

La constitution de la deuxième république s'inspire librement de la charte. C'est donc à cette charte que se réfèrent les grandes lignes de la politique intérieure de Madagascar. D'ailleurs, une grande partie des chapitres du livre traite de cet aspect.

La base de la société malgache est le socialisme comme il a été défini dans la charte. Ce choix a été conforté par la préexistence dans la société malgache d'un embryon d'une société

26 En 1991, les ténors du HVR vont demander la mise en place de la décentralisation effective de Madagascar. En fait, les bases de cette décentralisation ont déjà été imaginées bien avant. Seule sa mise en application était restée vaine.

27 Cette prise de position ne concerne pas seulement Madagascar. Bien des Pays d'Afrique s'y sont alignés. On peut relever, l'année 2003, le cas du Zimbabwe qui avait refusé l'aide humanitaire proposée par l'occident sous prétexte que c'était des produits OGM alors que la population avait souffert du passage d'un cataclysme naturel.

d'entr'aide sur lequel on va s'appuyer. Les critères du socialisme, tel que les Malgaches le conçoivent, s'articulent autour des faits suivants :

· Eradication de l'exploitation de l'homme par l'homme

· Suppression de l'injustice et de l'inégalité

· Création d'un pouvoir révolutionnaire défenseur de l'intérêt des couches laborieuses

· Existence d'une administration efficace

· Prise en main par l'Etat des moyens de production

· Existence à la base d'un organisme de gestion de l'économie

· Décentralisation du pouvoir - de l'avoir - du savoir - du savoir-faire et du faire-savoir.

Ces faits intègrent ce que l'on appelait en ces temps le centralisme démocratique. Ce que l'on voulait ériger était une société qui s'occuperait de tout le monde avec un total respect de l'individu. Tout le monde devait travailler pour le bien de la communauté. Les décisions prises par la majorité au sein de la communauté ont force de loi et s'appliquent à tous. La société a été organisée en cellule décisionnelle au sein duquel les représentants de la base ont droit de parole. L'AREMA compte sur cette nouvelle dynamique pour enclencher les réformes économiques sensées réorganiser la prise en main de l'essor des différentes régions de l'île.

B. L'organisation du pouvoir socialiste révolutionnaire.

Le 21 décembre 1975, les Malgaches ont été appelés à un référendum qui va légitimer l'arrivée de M. RATSIRAKA au pouvoir. Avec un Taux de participation s'élevant à 93.01%, les Malgaches ont répondu « OUI » à hauteur de 93.77% aux questions qu'on leur a soumis. La deuxième république est née. Désormais, le pouvoir peut mettre en oeuvre les politiques qu'il s'était fixées de réaliser.

1) Les institutions de la deuxième république (cf. organigramme 3).

communiste » qui prônait la « lutte des classes ». On sait que l'idéologie de la deuxième république s'ordonne autour du « socialisme révolutionnaire » s'inspirant directement des pays de l'Est. De cette idéologie découlait l'organisation des institutions. Néanmoins, on retrouve les trois organes « primaire » de pouvoir dans les textes en vigueur :

Pouvoir legislatif

 

Pouvoir exécutif

 

Fonction juridictionnelle

 
 
 
 
 

Assemblée Nationale populaire

 

Président de la république

 

Haute cour constitutionnelle

 
 
 
 
 
 
 
 

Gouvernement

Organigramme 3 : Organisation du pouvoir sous la deuxième république.

· L'exécutif est assez complexe car il est formé de trois entités : le Président de la république, le CSR (Conseil Suprême de la Révolution) et le Gouvernement. Le pouvoir octroyé au Président de la république est large (on verra ses attributions en détail dans un autre point). Le CSR qui est l'émanation de l'organe érigé par le Directoire militaire est le garant de la conformité des actions gouvernementales aux règles définies par la « Charte de la révolution socialiste ». Enfin, le gouvernement est « l'exécuteur » des objectifs définis par le Président.

· Le pouvoir législatif est monocaméral avec l'Assemblée Nationale Populaire. Le pouvoir de légiférer aurait dû échoir à cette assemblée, pourtant elle ne l'a exercé que modérément.

· Le troisième organe est la Haute Cour Constitutionnelle. Elle contrôle la constitutionnalité des lois et fait aussi office de juge électoral.

2) Un Chef d'Etat omnipotent.

A l'instar des régimes dans les pays africains, l'exécutif s'est étoffé pour asseoir son emprise sur la cour des affaires nationales. La Constitution de la deuxième république a été faite pour privilégier le pouvoir de l'exécutif, notamment celui du Chef de l'Etat (sans pour autant léser ceux des autres institutions). Ce choix n'est sans doute pas dû au hasard : la république avait

besoin d'un régime fort pour soutenir les réformes qui vont être entreprises et c'est d'autant plus nécessaire que la Grande-île venait de sortir d'une « crise majeure » à laquelle il fallait apporter des réponses.

Le Président de la république cumule de nombreuses fonctions qui lui permettent de peser de tout son poids sur l'échiquier politique : il est à la fois le Chef de l'exécutif et du Conseil Suprême de la Révolution (CSR). Par ailleurs en conseil des ministres, il peut légiférer sous forme d'ordonnance. De ce fait, il cumule à la fois le pouvoir exécutif et normatif... Ce dernier point fait que le Parlement devient quasi-spectateur de la vie nationale.

C. CADOUX disait à ce propos : « Et le Pouvoir qui avait manifestement au départ (1975) une coloration collégiale -le Président de la république décidant `en Conseil Suprême de la Révolution'- a rapidement glissé au système présidentialiste(...) »28 Ce qui démontre que l'esprit avec lequel le pouvoir a été érigé véhiculait, au départ, un besoin fort de concertation qui s'est peu à peu délité au profit d'un pouvoir personnel « frisant l'autocratie ». On verra d'ailleurs dans un autre point que le système proposé par le Colonel RATSIMANDRAVA a été repris par les Dirigeants de la République Démocratique de Madagascar (RDM) : il s'agit du concept de fokonolona élargi en un système qu'est le VIP ou « Vondrom-bahoaka ItsinjaramPahefana ».

3) L'Avant-garde de la Révolution Malgache (AREMA) et le Front National pour la Défense de la République (FNDR) .

Le régime du parti unique n'existait pas sous la deuxième république. Il n'en est pas moins que c'est l'Etat qui contrôlait les activités politiques. Le Front National pour la Défense de la Révolution ou FNDR a été mis en place. Son existence est même reconnue par la Constitution. Les Partis politiques sont appelés à se regrouper au sein de cette institution. Ce qui revient à dire qu'il y avait une tentative de créer une « pensée unique » dans les activités des Partis. Ceux qui étaient en dehors du front étaient considérés comme des « hors-la-loi »... En théorie, le FNDR aurait pu résoudre bien des problèmes car il aurait dû être un lieu d'échange pour les

Partis qui, dans l'ensemble, ont soutenu la nouvelle république. En définitive, c'est l'un des talons d'Achille du nouveau pouvoir en place.

Graphe 1 : Exemple de résultat d'une élection « régionale » en 1977.
Source : Ministère de l'Intérieur.

Les Malgaches, il est vrai, ont tendance à encenser leurs dirigeants. C'est sans doute dû au fait de la culture du respect des aînés (Les Dirigeants étant identifiés au « ray aman-dreny »). Durant l'ère TSIRANANA, le PSD dominait outrageusement la scène nationale car c'était le « parti du Président ». Avec l'arrivée de RATSIRAKA au pouvoir, son parti, l'AREMA devenait de facto le parti avec lequel il fallait compter. Lors des principales élections qui ont eu lieu durant cette période, l'AREMA est quasiment en statut de monopole (cf. graphe 1) occultant peu à peu le FNDR. Cette fissure au sein du Front se reflétait surtout à la base. Si les ténors des grands partis affichaient un « front », il en va autrement au niveau local. L'AREMA (zanak'i dada... )29, selon le dire de certains, faisait la grosse-tête et snobait ses « partenaires » qui ne se privaient pas non plus de le faire savoir...

L'exemple qu'on a pris (cf. graphe 1) montre le résultat de l'élection des membres du conseil des Firaisampokontany en 1977. Il y est visible que le parti AREMA était en position de force. Et c'est d'autant plus vrai que dans les diverses élections qui se sont effectuées à

Madagascar, tant au niveau national qu'au niveau des collectivités locales, ce parti est toujours en nette position de domination et a gagné beaucoup de sièges. Antananarivo était la seule agglomération où son influence était moindre. L'AKFM y est encore bien implanté comme pendant la première république. Néanmoins, la dominance certaine de l'AREMA dans les assises du pouvoir - au niveau des différentes entités territoriales - lui a permis de mettre en oeuvre la stratégie que le parti voulait appliquer au niveau des différents démembrements de l'administration territoriale.

CHAPITRE g. UNE STRATEGIE SPATIALE MISE EN ECHEC PAR UNE CONJONCTURE INTERNATIONALE DEFAVORABLE.

A

u niveau international, Madagascar a embrassé une nouvelle ligne directive s'ordonnant autour de la politique tous-azimuts : nouer des relations avec tous Pays

susceptibles d'aider la Grande-île. Cette ouverture a été mise à profit pour défendre sur le plan international le choix des Malgaches pour une société plus juste et équitable dans la droite ligne du non-alignement ( un neutralisme positif). Avec une organisation tout acquise à sa cause, le nouveau parti au pouvoir, l'AREMA, a pu mettre en oeuvre les directives formulées par la « Charte de la révolution », directives qui ont tenté de transformer positivement le territoire national par le biais de la mise en place du VIP - de la réforme agraire - de l'investissement à outrance et de la réforme de l'enseignement.

I. Le VIP : Un concept valable mais une pratique incohérente.

A. Plus de pouvoir au peuple...

Durant l'ère TSIRANANA, l'organisation administrative du territoire se faisait en grande partie, sous la forme d'un pouvoir déconcentré (bien que la Commune soit une forme décentralisée ayant déjà existé en ce temps). A l'inverse, le gouvernement de 1972 a préconisé l'instauration d'une nouvelle organisation du pouvoir administratif. RATSIMANDRAVA a élaboré une nouvelle structure reprise par les dirigeants de la RDM : le VIP ou « Vondrombahoaka Itsinjaram-Pahefana ». Dès 1973, des ordonnances ont été promulguées pour l'amélioration de la décentralisation. La mise en place de cette décentralisation n'a été effective qu'avec les élections qui se sont déroulées (après la mise en place des assises territoriales sur lesquelles vont s'exercer ces nouveaux pouvoirs).

FARITANY

Fivondronampokontany
(Fivondronana)

Firaisampokontany
(Firaisana)

Fokontany

Organigramme 4 : Schéma de l'ordonnancement du pouvoir administratif sous la deuxième république.

En tout, outre le pouvoir central, on retrouve quatre échelons de pouvoir décisionnel (cf. organigramme 3). En malgache, cette nouvelle forme de décentralisation a été connue sous l'appellation « Vondrom-bahoaka Itsinjaram-Pahefana » ou VIP. On parle ici d'une réelle volonté de changement dans la conduite des affaires car pour la première fois, les Décideurs à la tête de ces entités seront élus par le peuple au suffrage universel (c'est une des conditions de la décentralisation). C'est l'ordonnance 76-044 du 27 décembre 1976 qui fixe l'organisation, le fonctionnement et l'attribution des Collectivités Décentralisées.

1) Les Collectivités décentralisées selon la deuxième république (cf. fig.11).

L'article premier de l'ordonnance 76-044 donne une définition de cette Collectivité décentralisée : « Une Collectivité décentralisée est une portion du territoire national dans laquelle l'ensemble de ses habitants électeurs de nationalité Malagasy, dirige l'activité locale en vue du développement économique, social, culturel et édilitaire. Elle est dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. » Cette définition est par ailleurs complétée par la disposition prise dans la charte qui dit que : « Seul l'octroi de responsabilités effectives introduites aux différents échelons, du Fokontany jusqu'au Faritany, permettra la mise en place de structures mobilisatrices. »

En partant de ces énoncés, on peut déduire que Madagascar voulait effectivement s'engager sur la voie de la décentralisation. Une décentralisation qui allait donner plus de pouvoir décisionnel aux différentes entités de cette Collectivité. Ces dispositions ont été prises pour changer l'approche du développement de Madagascar qui doit partir de la base.

a. Le Fokontany.

C'est l'échelle de base. Il est la plus proche du peuple puisque sa délimitation reprend les limites des anciens quartiers. Les gens qui y vivent forment une entité qui a vocation à s'associer pour discuter de leur quotidien. C'est une approche participative que l'on a tenté d'instaurer. Elle avait fait décider les concepteurs de la délimitation administrative de l'époque d'y instaurer une Assemblée Générale pour discuter des actions à prendre30. Les décisions concernant le fokontany y sont prises et ont force de loi.

30 Ce système instauré en 1976 a encore cours aujourd'hui. Les Fokontany se réunissent toujours en AG pour décider des grandes lignes des travaux relatifs à la vie communautaire. Malheureusement, la plupart du temps, c'est la cacophonie qui y règne car chacun veut faire entendre sa voie. Les réelles décisions qui sont prises durant ces AG sont des compromis qui, au lieu d'insuffler vie à la communauté, la condamne à une lente agonie.

b. Les Firaisana et les Fivondronana.

Ce sont respectivement des groupements de fokontany et de firaisana. Dans leur circonscription, ces collectivités assurent biens des tâches qui ont trait au développement de leur division administrative respective.

Les Fivondronana dans leur limite, reprend en grande partie les limites des anciennes sous- préfectures. Les Firaisana quant à eux sont des échelles d'approche nouvelle qui sont censés fédérés les fokontany. On y discute des problèmes qui concernent les fokontany limitrophes. Il faut remarquer que les décisions prises par un fokontany peut concerner des territoires en dehors de sa juridiction d'où cette disposition.

Ces deux structures étaient pour être plus proche du peuple. Elles n'ont pourtant pas résolu certains problèmes comme dans le domaine de l'administration. La lenteur que cette dernière accuse en matière de transfert de compétence a gravement paralysé l'essor de Madagascar.

Un exemple parmi tant d'autre est le cas du Firaisana de Talata Volonondry qui dépendait de l'ancienne sous-préfecture de Manjakandriana. Quand l'administration a basculé vers la nouvelle structure, certaines actions administratives devaient encore être traitées à Manjakandriana. Une débauche d'énergie supplémentaire dans la mesure où il faut encore venir dans la Capitale avant d'y aller. Les voies de communication directes n'existent pas à moins d'y aller à pied... Ces problèmes d'ordre administratif ont été la source de la corruption dans le milieu des agents de l'Etat.

c. Les Faritany.

Leur limite reprend celle des anciennes provinces. La différence majeure est que pour la nouvelle collectivité, on a des élus à leur tête et non plus des hommes désignés. Les Faritany, au fur et à mesure, ont cristallisé la différence dans l'optique du développement. Les moyens de communication entre chacune de ces entités étant forts peu développé. Ils ont travaillé

chacun de leur côté. Toliara a même été handicapé dans la mesure où pour aller de Morondava à la Capitale du Faritany, il fallait repasser par Antananarivo31...

2) Des attributions des Collectivités.

Sur son territoire, le Fokonolona d'une Collectivité décentralisée détient le pouvoir révolutionnaire : administratif, législatif, juridictionnel, défense, sécurité, économique, politique et social. Ainsi sous réserve des modalités imposées par les principes du centralisme démocratique et par les lois et règlements en vigueur :

· Sur le plan administratif, il dispose de services publics ;

· Sur le plan législatif, il élabore des dina ayant force exécutoire ;

· Sur le plan juridictionnel, il exerce les attributions à lui confiées par les lois sur l'organisation judiciaire ;

· Sur le plan de la défense, il participe à la défense du territoire et à la sécurité publique ;

· Sur le plan économique, il oeuvre pour le développement de l'économie socialiste notamment en organisant des coopératives ; sur le plan politique, il élit et révoque ses représentants ;

· Sur le plan social, il réalise toute activité concourant au bien-être social et au développement socioculturel de ses membres.

31 Sans entrer dans une polémique vaine, on peut noter que la limite du blocus qu'Antananarivo avait subi durant les « évènements de 2002 » peut être expliquer par le fait que « tous les chemins mènent à ... Antananarivo. » A cause de cela, les Pro-Ratsiraka n'arrivaient pas à coordonner leur activité.

Figure 11 : Représentation de la limite administrative de la deuxième république.
Source : BD 500.

3) Un centralisme dégui...

Le VIP était mis en place pour démocratiser le pouvoir. Malheureusement, comme le jeu de la démocratie est tronqué à cause du Front, ces assises administratives étaient devenues des lieux où s'exerçaient la « dictature » du parti dominant, en l'occurrence l'AREMA. Le verrouillage systématique des décisions était devenu le lot quotidien des Responsables locaux rendant les gens méfiant envers le système.

De plus, comme l'appareil administratif était entre les mains des seuls tenants du pouvoir, le parti AREMA. Partout, dans le rouage de l'administration et de l'économie, les techniciens sont peu à peu écartés au profit des gens acquises à la propagande révolutionnaire (quand bien même ces dernières sont peu qualifiées)32. Les Malgaches, peu à peu, se désintéressaient du jeu politique qui ne favorisait guère que ceux qui étaient dans le sérail. En fin de compte, cette pratique « a sali la Politique » à Madagascar.

II. La réforme agraire : Une entreprise inaboutie.

Plus que la réforme de l'administration, c'est un domaine auquel les dirigeants tenaient beaucoup. Ils voulaient restituer à ceux qui cultivent la terre le droit d'en jouir pleinement. RATSIRAKA proposait d'améliorer la condition de vie et de travail en milieu rural : plus de progrès et d'avancée technologique. Pour cela, il a fait appel au concours des pays de l'Est et a fait venir des engins motorisés à Madagascar. Or, le terrain de Madagascar ne convenait pas à ces types de véhicules. En effet, une grande partie des terres dans la Grande-île - 60% à peu près - est en pente difficile à aménager d'où l'échec du projet. Il en va ainsi de plusieurs projets qui n'ont trouvé d'écho auprès de la population car ils sont irréalisables. De plus comme Madagascar entrait de nouveau en récession au début des années 80, l'Etat n'était plus en mesure de pérenniser ses actions fautes de budget...

A. Pourquoi la « révolution agraire » ?

Madagascar est un pays pauvre où près de 80% de la population sont des ruraux. Cela ne veut pas dire que ces gens sont tous des agriculteurs. Néanmoins, il fallait concéder que le développement devait partir de cette frange majoritaire de la population. La politique de la révolution agraire ne fait qu'emboîter le pas tracé par le régime de TSIRANANA : intégrer l'économie rurale dans le circuit de la grande distribution et de consommation.

1) Une agriculture au service du peuple.

Les Malgaches, dans son ensemble, pratiquaient une agriculture d'autosubsistance qui ne favorisaient pas un décollage de l'économie malgache. Cette pratique hypothéquait gravement les chances de Madagascar de se développer. Tant que la Grande-île ne produit pas suffisamment de denrées pour nourrir tous les Malgaches, on se retrouve dans un cycle infernal. Pour renverser cette situation, il fallait aider les ruraux à avoir plus confiance aux structures mises en place et les inciter ainsi à produire plus. La charte s'engageait à réinvestir les revenus issus de l'agriculture dans l'amélioration des conditions de vie de la masse paysanne et de moderniser l'agriculture. Les dirigeants espèrent aussi bannir l'exploitation de l'homme par l'homme. Cette mesure a été à l'origine de cette réforme agraire.

2) La réforme agraire proprement dite.

« Deux régimes fonciers » cohabitent à Madagascar : celui hérité du temps des royaumes et celui de l'ère moderne. Le premier, de droit coutumier, avait privilégié une certaine classe dans la société tandis que le second s'appuie sur le droit positif.

S'appuyant sur la loi 66-025 du 19 décembre 1966 qui dit dans son article premier : « Tout national, occupant de fait d'un terrain à vocation agricole appartenant à autrui, quel que soit le régime juridique de l'appropriation, a droit au maintien dans les lieux (...) », le nouveau régime décide de sanctionner ceux qui font mauvais usage de leur terre. « La terre appartient à ceux qui la cultivent. » Tel est le nouveau mot d'ordre. En bref, cette disposition annule toute velléité de faire main basse sur les terrains qui désormais sont disponibles pour ceux qui sont

disposés à les aménager. Par ailleurs, pour tempérer les ambitions trop grandes de certains, la parcelle de terrain que l'on peut acquérir est limitée ceci afin de privilégier les systèmes de production intensive en lieu et place des grandes exploitations de type extensif.

B. Les mesures d'accompagnement.

Ces dispositions ne seraient s'il n'y a pas des mesures prises pour faciliter leur mise en oeuvre. Ces conceptions sont des bases sur lesquelles vont s'appuyer des réformes en profondeur de la mise en valeur du monde rural malgache.

1) L'obligation de résultat.

Les terres sont une denrée rare qu'il faille ménager. Son appropriation ne signifie nullement qu'on peut en faire tout ce dont on voudrait. L'Etat exige que des résultats soient tangibles. Les paysans ont l'obligation d'aménager sa parcelle. Le non-suivi de cette règle peut conduire au retrait de la parcelle au profit d'autrui. Dans les zones de grands aménagements, comme Marovoay ou Alaotra, l'Etat peut dicter le type de mise en valeur que chaque propriétaire doit suivre.

Il faut cependant noter que les terres peuvent être transmises de génération en génération si l'héritier s'engage à travailler la terre. Mais il lui est interdit de le vendre ou de l'affermer. Cette disposition est prise pour empêcher l'apparition d'une « bourgeoisie paysanne. »

2) La mise en place de la coopérative.

Cette disposition a été prise suivant le modèle des pays communistes qui ont mis en commun leurs moyens de production. La collectivisation a pour but d'alléger les coûts d'exploitation. La mise en commun des efforts peut en effet induire une dynamique qui influera sur les résultats de la production. Parmi ces coopératives, on peut citer la COOPAREMA qui est une émanation de la préséance de l'AREMA dans les différentes actions

accomplies jusque là. Son étude aurait été grandement un plus, malheureusement, les archives y afférentes sont introuvables.

D'autres dispositions ont été aussi prises pour faciliter la mutation du paysage agraire malgache. C'est ainsi qu'il y a eu la création de la BTM, une banque qui saurait aider et conseiller les paysans dans leur investissement. La réforme agraire démontre une volonté certaine du pouvoir de faire évoluer l'espace rurale malgache. Le tissu industriel n'était pas pour autant délaissé ; au contraire, l'AREMA voulait « frapper un grand coup » en mettant en place une politique ambitieuse : l'investissement à outrance.

III. L'investissement à outrance : Un échec patent.

Vers la fin des années 1970, en 1977 plus précisément, Madagascar semblait avoir atteint un certain équilibre dans ses balances commerciales. Cela est dû notamment à un concours de circonstance favorable : La Grande-île a pu écouler, sur le marché international, son café avec des bénéfices, le Brésil ayant été touché par une vague de froid qui a hypothéqué ses récoltes.

A. Un souci de rééquilibrage de la présence sur le territoire national ( cf. fig.12).

L'Etat malgache est présent sur tout le territoire malgache. Cette présence se manifeste à travers les sociétés publiques ou fermes d'Etat qui ont été érigées dans toute l'île. Cette situation est voulue car la nouvelle approche édictée par la charte veuille que les actions soient décentralisées. L'Etat dans cette démarche se propose de venir auprès de la population pour leur apporter son soutien. C'est une nouvelle politique qui tranche avec celle en vigueur sous la première république.

L'AREMA a toujours eu comme souci le rééquilibrage de la présence des activités initiées par le gouvernement sur le territoire national. Cette politique ne diffère en rien à celle préconisée par le PSD. Au contraire, elle a renforcé celle de l'ancien parti tenant du pouvoir.

La différence réside dans l'approche : le PSD est considéré comme beaucoup plus capitaliste qui ne se soucie guère plus que de l'intérêt économique de ses activités ; l'AREMA par contre a une approche plus sociale de ses projets. Le parti de M. RATSIRAKA pense ainsi avoir un plus grand poids auprès de la population.

Figure 12 : Répartition des sociétés contrôlées par l'Etat en terme de pourcentage sur le territoire.
Source : Archive BNI-CL

Figure 13 : Représentation graphique de la répartition des sociétés publiques à Madagascar.
Source : Archive BNI-CL.

Certes, cette prise de position avait permis de créer (ou de s'approprier via la nationalisation) des sociétés à travers la grande-île, mais la politique de rééquilibrage des investissements au niveau des Faritany n'avait pas que des avantages. Elle avait poussé l'Etat malgache dans une course effrénée vers l'investissement à outrance qui la plupart du temps était mal-calculé.

B. Les investissements à outrance et les sociétés nationalisées (cf. fig.13).

L'ancien régime a été critiqué pour ses prises de position trop timorée dans les investissements. Du fait de la conjoncture en bonne voie, notamment avec les devises apportées par la vente du café, l'Etat malgache pensait que le moment était venu de franchir le cap et de faire de grands investissements. Cette politique a permis l'acquisition de nouveaux moyens de transport (les fameux Ikarus venus de l'Europe de l'Est) et de labour (1.000 tracteurs venus d'URSS) - le développement de nouvelles infrastructures - la construction de nouveaux centres universitaires dans les Faritany etc. C'étaient de grands projets forts louables qui devaient porter ses fruits à long terme.

La représentation graphique ci-dessus représente une partie de ces investissements alliés aux sociétés nationalisées de force. Elle permet de constater de visu la prédominance dans les actions menées des industries ayant trait avec le monde agricole. On peut citer entre autres la SIRAMA qui était présente dans trois Faritany (Mahajanga, Toamasina, Antsiranana) et dont le capital s'élève à 927.400.000Fmg - la KAFEMA présente à Antsiranana et Fianarantsoa avec un capital de 26.260.000Fmg.

Mais l'industrie a été une grande déconvenue de cette politique. Avec des usines surdimensionnées ou mal-implantées, les techniciens ont confondu vitesse et précipitation. Des complexes aux normes internationales ont ainsi vu le jour sans pour autant fonctionner. Divers exemples sont à relever en ce domaine :

· C'est le cas de l'Abattoir de Mahajanga situé à l'entrée de la ville, sur la RN4. Ce grand ensemble dans les années 80 n'avait que peu fonctionné. Vers la fin des années 80, il a même été fermé. La seule activité qui s'y faisait était le prêt de son groupe électrogène à la JIRAMA dont la centrale thermique n'arrivait pas à alimenter la ville en électricité avec de fréquentes pannes dues au délestage...

· Les complexes de fabrication d'outillage agricole TOLY ont aussi été un de ces exemples. Présents sur trois sites avec un capital de 660.000.000Fmg, TOLY n'avait jamais fonctionné...


· Les usines LALASOA et la ZEREN (respectivement pour la transformation du soja et la confection d'engrais) sont souvent citées en exemple comme les usines n'ayant pas fonctionnées, mais d'autres usines ont aussi vivoté comme le FAMAMA (Famokarana Mahabibo Malagasy) à Mahajanga ou encore l'usine de construction de voiture Karenjy à Fianarantsoa.

Tableau 4 : Liste exhaustive de quelques-unes des sociétés nationalisées et/ou créées par l'investissement à outrance.
Source ; Archive BNI-CL/Min. de l'industrialisation

Société Localisation Nombre Capital en (Fmg) Activités

d'employés

AFM (Abattoir frigorifique de Mahajanga - -

Mahajanga)

ANM (Abattoir frigorifique de Morondava - -

Morondava)

COROI (Comptoir de commerce et de représentation pour l'océan indien)

FAMAMA (Famokarana Mahabibo malagasy)

Nationale - - Importation de

marchandises - exportation de produits agricoles

Mahajanga - - Plantation et

transformation d'anacarde

FIARAFY Fianarantsoa 34 - Industrie automobile

HASYMA (Hasy malagasy) Toliara, Mahajanga 790 1.701.600.000 Collecte et transformation

du coton

JIRAMA (Jiro sy Rano Malagasy) Nationale 5.008 53.768.050.000 Entreprise de distribution

de l'électricité et de l'eau potable

KAFEMA (Kafe malagasy) Ambanja, Manakara 85 26.260.000 Industrie caféière

LALASOA Antananarivo - - Transformation du soja en

lait de soja

LANSU (Langouste du Sud) Fort-Dauphin - - Pêche et

commercialisation de la langouste

MAMISOA Antsirabe - - Transformation du soja en

huile

SECREN (Société d'exploitation, de Antsiranana 1.108 2.000.000.000 Construction navale

construction et de réparation navale)

SEVIMA (Société d'exploitation de la Antananarivo - - Industrie de mise en

viande à Madagascar) conserve de viande

SICE Nationale - - Commerce et distribution

SINPA (Société d'intérêt national des Nationale - - Collecte et

produits agricoles commercialisation de

produits agricoles

SIRAMA (Siramamy malagasy) Mahajanga, 7.328 219.000.000 Industrie sucrière

Brickaville, Nosy-Be

SIRANALA (Siramamy Analaeva) Morondava 950 500.000.000 Industrie sucrière

SOAVOANIO (Société Sambava Sambava - - Plantation et

voanio) transformation de l'huile

de coprah

SOLIMA (Solika malagasy) Nationale 1.570 2.504.500.000 Industrie pétrolière

SOMAPALM (Société malagasy pour le palmier à huile)

SOPRAEX (Société promotion pour
les produits agricoles d'exportation)

Toamasina - - Plantation et

transformation de palmier à huile

Fianarantsoa - - Recherche en produit

pharmaceutique

Madagascar)

SUMATEX (Sud malgache textile) Toliara 788 - Industrie textile

TOLY Toliara, Farafangana, - 660.000.000 Confection d'outillage

Morondava mécanique

Tranombarotra ROSO Nationale - - Commerce et distribution

ZEREN Toamasina - - Transformation engrais

chimique

IV. La décentralisation de l'enseignement supérieur, un travail à long terme.

La réforme de l'enseignement supérieur a été prévue dans la charte de la deuxième république33. Trois axes principaux ont été proposés et mis en relief : la démocratisation - la décentralisation et la restructuration de la pédagogie de l'enseignement. Ces axes sont sensés apporter une nouvelle dynamique dans la formation des futurs cadres de la nation.

Dans ce contexte, le gouvernement, s'est proposé d'accroître le nombre d'étudiants qui vont fréquenter le « banc » des facultés. L'augmentation du crédit alloué à l'aide financière [la bourse estudiantine] a été une des solutions proposées. De 3.000 boursiers en 1974, on est passé à 12.000 en 1979 : 60% des étudiants bénéficient d'une bourse dont 70% avec le taux maximal. Cette réforme de l'accession à la formation supérieure a été renforcée par la mise en place de nouvelles infrastructures : les Centres Universitaires Régionaux.

A. Les CUR : Des centres d'enseignement supérieur de proximi( cf. tableau 5).

Centre universitaire Matière enseignée

Antananarivo Droit - économie - gestion - sociologie, Lettres et Sciences Humaines, Médecine, Sciences -

Mathématiques - Physique et chimie

Antsiranana Filière électromécanique

Fianarantsoa Mathématiques, Physique, Ecole normale niveau 3

Mahajanga Médecine dentaire

Toamasina Gestion

Toliara Lettre, Sciences, Ecole Normale, Philosophie

Tableau 5 : Représentation des « spécialités » de chaque CUR.
Source : Archive MENRES.

Les CUR ont été érigés pour décentralisés l'enseignement supérieur. il faut pourtant voir que cette politique n'a vraiment pas résolu le problème dans la mesure où les CUR étaient des centres spécialisés en un domaine d'études précis. Par conséquent, la mise en place d'un réseau sensé décongestionné la concentration des étudiants à Antananarivo n'avait pas eu l'effet escompté. Une grande partie de la population estudiantine est toujours regroupée dans la Capitale.

Un autre constat révèle aussi que la concentration d'étudiants dans les cités universitaires, notamment à Antananarivo ne signifiait pas forcément augmentation de la population estudiantine. Certaines personnes « squattaient » les cités universitaires alors qu'elles ne sont plus inscrites dans les facultés. Cette situation a été favorisée par un climat de « laisser-aller » qui a gangrené le système administratif malgache. Il a fallu attendre les années 90 pour voir l'Etat reprendre en main la situation. L'assainissement a ainsi permis de réduire de plus de la moitié, le nombre de l'effectif estudiantin dans la Capitale : on est actuellement à 15.000 étudiants pour Antananarivo.

B. Les CUR : Des exemples d'investissement à outrance clé en main (cf. fig14-15-16).

L'Etat malgache avait déboursé 30 milliards de FMG pour la construction des CUR. Ces investissements ont été contractés dans le cadre de la politique de l'investissement à outrance. Madagascar travaillait avec des entreprises qui apportaient leur savoir-faire en construction. Parmi les entreprises contactées, on peut citer la FABRICA IMBALLAGI34 qui a transporté de Milan, en Italie, les bâtiments préfabriqués et assemblés, à Madagascar.

Tableau 6 : Les travaux effectués par province.
Source : Afrique-Asie, numéro spécial, 23 juin-6juillet 1980.

Type de construction

Antsiranana

Mahajanga

Toamasina

Toliara

Fianarantsoa

Antananarivo

Logement étudiant

500 (I)

 

500 (I)

300 (T)

500 (T)

1.500 (I)

 

500 (C)

 

500 (C)

300 (I)

 

1.500 (C)

Salle de cours

17 pour 50

7 (C)

1 pour 200

3 (T)

6 de 100 places

10 (I)

 

places (T)

 

places (I)

2 de100 et de

(T)

37 (C)

 

10 pour 100 places (T)

 

12 (C)

200 places (I)

 
 
 

15 pour 200 places (C)

 
 
 
 
 

Amphithéâtre

1 de 150 places

1 de 750 places

1 de 750 places

2 de 750 places

1 de 750 places

1 de 1.000

 

(I)

(C)

(I)

(I)

(T)

places (I)

 

2 de 750 places

 

1 de 750 places

 
 

2 de 750 places

 

(C)

 

(C)

 
 

(I)

 
 
 
 
 
 

2 de 1.000
places (C)

 
 
 
 
 
 

4 de 750 places

 
 
 
 
 
 

(C)

Restaurant

1 de 600 places

1 de 600 place

1 de 600 places

1 de 600 places

1 de 600 places

1 de 600 places

 

(I)

(C)

(C)

(I)

(T)

(I)

 
 
 
 
 
 

1 de 600 places

 
 
 
 
 
 

(C)

Logement professeur

10 (I)

10 (I)

10 (I)

20 (I)

10 (I)

15 (I)

 
 
 
 
 
 

20 (C)

Surface aménagée

31.073 m2

5.630 m2

25.747 m2

20.775 m2

14.226 m2

86.323 m2

 

N.B. : (T) : Entreprise locale - (I) : FABRICA IMBALLAGI - (C) : CONACO

La répartition de ces installations est certes inégale pour chaque CUR, mais il faut tenir compte des spécialisations de chaque centre auquel on avait adjoint les infrastructures. Malgré tout, on retrouve la volonté de l'AREMA de mettre en place un réseau national pour l'éducation supérieure.

Ces réseaux complètent les réformes déjà amorcées dans l'enseignement primaire et secondaire. Le but avoué est que les jeunes malgaches puissent accéder à un minimum de savoir. Cela leur permettra d'oeuvrer pour le développement de leur région respective et par ricochet de madagascar.

187 logements étudiants, 33 logement de professeurs, 11 salles de cours de 100 places, 4 salles de cours de 200 places, 15 salles de projection, 3 restaurants, 7 amphithéâtre.

Figure 14 : Représentation des surfaces aménagées pour les CUR.
Source : Archive Min. Industrialisation.

Figure 15 : Représentation de la capacité d'accueil des réalisations.
Source : Archive Min. Industrialisation.

Figure 16 : Représentation des réalisation effectuées.
Source : Archive Min Industrialisation.

C. La limite et l'échec de la politique du régime.

Les techniciens ainsi que les dirigeants ont certainement vu trop grand dans leur calcul lors des investissements à outrances. Très peu d'entre les projets mis en route étaient viables si bien que leur échec était patent. Ces calculs étaient d'autant plus erronés que sur le plan international, une nouvelle récession venait à tout remettre en cause.

La fin des années 70 a connu la deuxième crise pétrolière, bouleversant l'économie mondiale au moment où les Malgaches commençaient sa réforme économique. La situation s'est désagrégée : en 1979, la balance commerciale devenait de plus en plus déficitaire avec la baisse du prix des produits d'exportation alors que parallèlement, le prix du pétrole et des produits importés augmentaient. Cet état de fait a condamné Madagascar à emprunter - avec une échéance à court terme et des taux d'intérêt élevés - auprès des banques extérieures pour honorer le payement des produits manufacturés, les intrants des industries, le pétrole et le riz...

CHAPITRE 6. DE LA REFORME DES ANNEES 80 A LA POLITIQUE LIBERALE DE LA FIN DES

ANNEES 90

T

out le monde se souvient certainement des pénuries dans les années 80 : des mères de famille qui se levaient à 2-3 heures du matin pour faire la queue au bureau du

fokontany et recevoir le maigre ration de riz et des Produits de première Nécessité (PPN) dans la rue de la Capitale... Rien n'allait et les premières victimes étaient la couche moyenne qui, du jour au lendemain, s'est retrouvée acculée devant l'ampleur du phénomène. La situation était alarmante si bien que le gouvernement a dû se plier et négocier auprès de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI).

I. Une situation économique en pleine dégradation.

A. Un Produit Intérieur Brut instable (cf. graphe 2).

Graphe 2 : Evolution du Produit Intérieur Brut de Madagascar.

On perçoit une nette dépréciation du PIB (Produit Intérieur Brut) 35 par habitant depuis l'indépendance. Le plafond a été atteint en 1972 et depuis, tout semble s'écrouler. A cette date, le PIB était évalué à 250.000 Fmg (base 1984)36. Paradoxalement, cette période coïncidait à la chute du gouvernement de TSIRANANA. Depuis, la dégradation de la situation semble irréversible. La Grande-île est aujourd'hui un des Pays le plus pauvre au monde. Tous ses indicateurs économiques sont là pour accréditer cette thèse : balance commerciale déficitaire, prédominance du secteur agricole.

35 Le PIB est le montant total de la production de biens et de services, fourni par les entreprises dans un pays quelle que soit leur nationalité.

A l'opposé de cela, le PNB ou Produit National Brut reflète l'évolution des masses monétaires effectuées par les entreprises d'un pays tiers et sur son territoire et en dehors.

36 1 Franc français équivaut à peu près à 60 Fmg

Au tout début des années 80, pourtant, dû certainement aux efforts effectués par l'AREMA et le Front, le PIB semble s'être remis sur de bon rail avant de dégringoler et afficher les 180 US $ au début de l'année 2003. Dans ces années difficiles, l'augmentation du PIB passe de 8.6% en 1980 à 1.8% en 1981 alors que dans le même temps, le TAN frôle les 3%... Cela démontre bien que Madagascar est toujours sur une pente raide et que l'équilibre tellement souhaité est encore loin d'être atteint.

Par ailleurs, quand on s'attarde sur l'analyse du PIB constant, on retrouve une évolution en dent de scie dont la pointe maximale se situe aux alentours du début des années 80. L'explication la plus plausible est que c'est durant cette période que Madagascar s'est lancé dans l'investissement à outrance. Des capitaux étrangers ont afflué vers la Grande-île, mais cela n'a pas profité à la masse de la population. Il est certain que ces investissements auraient dû changer le quotidien des Malgaches mais la réalité est autre.

A cause de ces capitaux empruntés à des taux d'intérêt exorbitants et à court terme, l'économie malgache s'est « grippée ». Il a fallu négocier et trouver des partenaires solvables. Si Madagascar avait été une entreprise on aurait parlé de faillite et de dépôt de bilan. Mais un Etat n'est pas une entreprise et quand un régime est en difficulté, il disparaît ou s'adapte à la situation.

B. La Politique de l'Ajustement Structurel (PAS ).

Bien qu'ayant fait partie des institutions de BRETTON WOODS quelque temps après son indépendance, Madagascar n'a jamais eu recours à leur service avant le début des années 80. A cette époque, l'économie malgache était en ruine et il fallait trouver des solutions qui dépassent le seul cadre de la compétence des Dirigeants nationaux.

1) Une dette encombrante... (cf. graphe 3)

est passé à 58% en 1982. Bref des soucis en perspective qu'il a fallu maîtriser. Sans vraiment le dire tout haut, Madagascar s'est mis au diapason des remarques apportées par les institutions de BRETTON WOODS. En fait, il y est « forcé » car les dettes de Madagascar commencent à s'entasser.

Graphe 3 : Evolution de la dette de Madagascar en million de dollar depuis l'investissement à outrance.

La PAS répond à un impératif majeur : le contrôle drastique de la dépense de l'Etat. Une politique d'austérité est alors appliquée. Les actions adoptées partent du postulat : le problème des Pays bénéficiant de l'Ajustement est d'ordre structurel et non conjoncturel et qu'il fallait une réforme en profondeur de la gestion des affaires de ces Pays pour le résoudre.

On a cherché à canaliser les erreurs et d'y apporter des solutions. Deux idées majeures ont été alors mises en exergues pour l'application de cette politique : l'effectivité de l'économie de marché avec la libéralisation et l'instauration progressive de la démocratie. Ce sont des idées qui sont inspirées directement de l'initiative capitaliste et du libre-entreprise. Des conditions qui tranchent avec la politique en vigueur sur la Grande-île.

ne laisse pas les gens au pouvoir indifférentes. Elles s'en enorgueillissent et s'en vantent partout dans ses déplacements à travers l'île... Cette réforme structurelle est « l'arbre qui cache la forêt. » Si l'économie malgache semble retrouver un second souffle, il en va autrement de la majorité de la population qui assiste impuissante à la « descente aux enfers » de leur niveau de vie.

2) Une inflation galopante et incontrôlable (cf. graphe 4).

Graphe 4 : Evolution de l'inflation à Madagascar.

Malgré les mesures prises par l'Etat, il est évident qu'au début des années 80 :

· L'inflation est devenue galopante et semble incontrôlable.

· Le pouvoir d'achat des nationaux ne cesse de se détériorer.

· Les PPN se font rares sur l'étal des marchands alors que parallèlement, le marché noir - le « risoriso » - gagne en ampleur.

· Le fossé entre riche et pauvre devient grand...

travailler pour le bien-être de chacun. A leur niveau, les églises ont tenté d'atténuer l'hémorragie par le biais des institutions caritatives qui oeuvrent en leur sein. Ces actions étaient ponctuelles qui n'arrivaient qu'à masquer celles qui étaient urgentes. Le gros du travail est encore là et attend la prise de conscience des vrais tenants du Pouvoir. D'ailleurs, dans la résolution de l'atelier qui s'est déroulé à Antsirabe, le FFKM avait demandé que l'Etat se fassent connaître auprès des gens : raffermir sa position dans la conduite des affaires nationales.

Il est clair que les actions menées dans le cadre de l'ajustement ne prenaient pas en compte la dimension sociale. Les mesures prises sont impopulaires même si pendant ces déplacements, le Pouvoir continue à haranguer les foules avec ses « Madagasikara ! Tsy Mandohalika ! »37 Un bien triste slogan eu égard à la situation réelle à laquelle le peuple est confronté. Or, la société auquel aspirent les Dirigeants de l'époque aurait dû être une société de « juste répartition des richesses et des facteurs de production. »38 Cette fuite en avant du régime de RATSIRAKA avait conduit à son rejet au début des années 90.

II. le dur apprentissage de la démocratie.

Une transition de près de deux ans (Fin 91-début 93) va aboutir à la mise en place de la troisième république. Cette dernière est encore au stade de balbutiement car les prérogatives même de l'Etat restent encore floues.

37 « Madagascar ne baissera jamais les bras ! »

38 In « Stratégie pour l'an 2000 : du Tiers-monde à la troisième puissance mondiale. »

A. Une constitution plus libérale.

1) Le parlementarisme comme institution.

La nouvelle constitution a été approuvée par le peuple sans que personne ne sache exactement vers quelle « nouvelle aventure », Madagascar s'est engagé. Une nouvelle période est en marche. Une période durant laquelle les Malgaches semblaient avoir repris le goût d'espérer en une nouvelle ère de prospérité. Cela se traduisait par des enthousiasmes spontanés qui est contagieux : l'élan pour l'aide aux sinistrés du Sud durant la famine des années 90 en est un bel exemple ; on se donne la main pour aller de l'avant.

D'ailleurs, les nouveaux maîtres des céans ne tarissent pas d'éloge envers le « nouveau-né. » ANDRIAMANJATO Richard disait que c'était « une belle constitution que beaucoup de Pays nous enviaient... » lors d'un des entretiens qu'il avait accordé à la presse durant son mandat de Président de l'Assemblée Nationale (AN) de la toute nouvelle république. Mais cet état de grâce n'était que de façade car en réalité, l'Etat malgache était ingouvernable : « Trop de liberté tue la liberté » ; et c'est d'autant plus vraie que, pour un Pays qui vient de sortir d'une longue période de sevrage intellectuel, la Grande-île semble être retombée dans un de ses travers, la précipitation.

La troisième république, due sans doute au traumatisme des ères précédentes, a voulu limiter le pouvoir entre les mains d'un seul homme. Pour ce faire, le parlementarisme a été érigé en institution rendant le Chef de l'Etat presque spectateur des actions du gouvernement. Ce dernier étant désigné par les membres de l'assemblée. C'est une situation assez paradoxe du fait même que le pouvoir passe entre les mains d'une personne désignée (le Premier- ministre.) Alors que la personne élue, en l'occurrence le Président de la république n'a que très peu d'influence sur la cour des affaires nationales. La limite de ce parlementarisme poussé est révélée par ce que son illustre président39 qualifie de « géométrie variable. » Aucun groupe parlementaire n'est stable et les députés changent d'opinion au gré des situations...

2) L'utopie du régime parlementaire : un exécutif tiraillé.

M. ZAFY était le nouveau président de la république élu au suffrage universel direct au mois de mars 1993. Son pouvoir était pourtant restreint par un système privilégiant le parlementarisme. Cet état de fait mettait le Chef de l'Etat en concurrence direct avec le Chef du gouvernement. C'était une faille dans la nouvelle constitution qui a suscité bien des remous dans les décisions prises par le pouvoir exécutif.

Le point de vue des deux chefs de l'exécutif divergeaient la plupart du temps. Leur lutte se faisait sur fond d'ambition personnelle... Le chef du gouvernement préconisait la droite ligne fixée par le FMI et la PAS tandis que le Président de la république cherchait à s'extraire de ce cycle infernal en faisant appel à des investisseurs étrangers.

a. Le flottement du Fmg : Une décision politique courageuse.

Au tout début de la PAS (année 80 - début 90), le Fmg a été dévalué. C'était l'Etat qui prenait des mesures afin de garantir la convertibilité de la monnaie malgache. Pourtant en avril 1994, le gouvernement de M. RAVONY a décidé de faire flotter le Fmg : c'est le Marché Inter-bancaire de Devise (MID) qui va déterminer le prix du Fmg. L'Etat n'interviendra plus. C'était l'expression pleine de la libéralisation.

C'était une politique risquée car Madagascar venait de sortir d'une assez longue période de crise. Les Malgaches n'ont pourtant pas bronché conscients certainement que la réforme devait passer par des sacrifices. Il faut pourtant noter que cette démarche avait eu des répercussions sur le portefeuille des ménages malgaches. Le prix des denrées ont augmenté dû à l'inflation. Le semblant de stabilité perçu à la fin des années 80 a tout d'un coup fait place à une dure réalité : les Malgaches sont pauvres et de grands chemins restent à parcourir avant de s'en sortir...

b. L'affaire des financements parallèles : Une situation de crise.

en grande partie responsable de la paupérisation de la population malgache. Cette population, il avait commencé à le comprendre durant ses longues pérégrinations à travers l'île : les fameux « Mada-raid ».

Les financements parallèles n'avaient pas eu les résultats escomptés. Au contraire, ils n'ont fait qu'aggraver la situation. Madagascar avait négocié des emprunts à des taux d'intérêt exorbitants (encore une idée que l'histoire a déjà démontré les limites...) qui ont fait décoller sa dette extérieure (cf. graphe 3). De plus, certains parmi les partenaires approchés par l'Etat malgache se sont révélés être de « grands escrocs internationaux. » Une situation qui n'a fait que ternir l'image de la société malgache en voie de démocratisation et en quête de reconnaissance sur le plan international.

3J Vers le retour à un régime de type présidentiel modéré.

Le premier amendement de la constitution de la troisième république a été avalisé par referendum sous l'impulsion du Président ZAFY. Il a voulu reprendre en main la nomination du Premier-ministre afin d'avoir un peu plus d'influence sur ce poste et par conséquent de faire avaliser sa politique. Son coup de force est passé bien qu'on ait enregistré un taux d'abstention élevé de la part des électeurs. Désormais, le Président pouvait peser de tout son poids sur les décisions que le gouvernement va prendre.

De ce fait, le pouvoir de l'AN a été quelque peu émoussé. Elle n'émet plus que des propositions quant à la nomination du futur premier-ministre. Malgré tout, il faut savoir que l'AN pèse encore de tout son poids sur l'adoption du budget de fonctionnement de l'Etat. Cette réforme est toujours en vigueur aujourd'hui. Cette nouvelle organisation est représentée par l'organigramme ci-après.

85

Fonction juridictionnelle

Haute Cour Constitutionnelle
Nomination (6ans)

Pouvoir legislatif

Pouvoir exécutif

Chef du Gouvernement

Gouvernement

Sénat
Suffrage au second degré pour les 2/3 (6ans)

Parlement
Suffrage universel direct (4ans)

Président de la République
Suffrage universel direct (5ans)

Organigramme 5 : Représentation de l'organisation des principaux pouvoirs à Madagascar durant la troisième
république.

Par ailleurs, le Parlement s'attaquait aussi à une grande réforme de l'administration du territoire. Suivant ce qui a été inscrit dans la constitution, le découpage territorial a changé et c'est à l'AN de déterminer sa mise en place. De grands débats s'y raccordent car la décentralisation est devenue un point essentiel dans la construction du nouveau régime. On peut dire même que c'est sa pierre angulaire...

B. La décentralisation, une épineuse réforme.

Comme tous les grands pays d'Afrique, Madagascar depuis son accession à l'indépendance, avait une administration très centralisée. Presque toutes les décisions venaient du pouvoir central. Pour l'Afrique, cette politique s'explique par le fait que les frontières héritées de l'époque coloniale ne coïncidaient pas à la frontière du Pays réel, celui dans lequel évolue une population ou un groupe ethnique bien déterminé. Ainsi, en Afrique de l'Ouest, le peuple Yoruba se trouve éclaté dans près de trois Pays. En Afrique centrale, le cas du Rwanda et du Burundi parle d'eux-mêmes : le génocide qui s'est perpétré montre combien l'équilibre régional est fragile. A cause de tout cela, le Pouvoir a dû se renforcer pour asseoir son autorité. Ce pouvoir, au fil des ans, a pourtant glissé vers une sorte de dictature qui opprime la majorité de la population.

Madagascar n'est pourtant pas l'Afrique. C'est une île dans laquelle, évolue une population qui se décline de différentes manières suivant son adaptation dans le milieu dans lequel elle vit. La deuxième république a tenté de mettre en pratique le VIP mais n'y est arrivée que dans

86 la forme. L'année 90 va demander la mise en place d'une « décentralisation effective » dans laquelle, le pouvoir passera réellement entre les mains des pouvoirs décentralisés.

1) La décentralisation, une tentative vaine de la troisième république40.

S'inspirant de la structure administrative en vigueur en France, les constitutionnalistes malgaches ont opté pour une décentralisation calquée sur le modèle français. Les Régions et les Départements sont pressentis prendre le relais des Fivondronampokontany et des Firaisampokontany. Le vrai problème est que la mise en place de ces nouvelles structures se heurtaient à des considérations dépassant le seul cadre du développement.

ETAT CENTRAL

Régions
(Le nombre de régions aurait dû être 28)

Departements
(158)

Commune Urbaine

Commune Rurale

Fokontany

Organigramme 6 : Représentation schématique de la nouvelle forme de décentralisation de la troisième république.

La décentralisation devait être un remède à l'injustice spatiale et non le contraire. L'aspiration réelle est que le développement parte désormais de la base et qu'elle soit uniforme. L'Etat devient alors le garant de ce développement en veillant à ce que chaque entité décentralisée ne soit pas distancée dans sa mise en valeur. Dans ce contexte, l'Etat reprend son rôle initial de garant et de soutien. Il ne fait plus de « dirigisme ».

Les entités géographiques concernées travailleront en premier pour son essor en essayant de faire valoir ses potentialités et en relevant ses faiblesses. C'est de cette manière que les Plans Communaux de Développement (PCD) ont vue le jour. Ce sont des documents de travail sur lequel vont s'appuyer les futures négociations que les Responsables administratifs vont être amenés à faire.

Au retour de RATSIRAKA au pouvoir, cette disposition administrative va être reniée une nouvelle fois pour une réforme beaucoup plus en profondeur de la gestion du territoire malgache. La Province Autonome va voir le jour.

2) Entre fédéralisme et régionalisation, le cas des Provinces autonomes.

A la fin prématurée de son mandat, au tout début des années 90, une partie des partisans de M. RATSIRAKA privilégiaient l'instauration du fédéralisme à Madagascar. Un Etat fédéral est issu pourtant, comme on le sait, de la fusion de plusieurs Etat indépendant qui délèguent certains de leurs pouvoirs à une entité fédérale. C'est le cas des USA, de la république Fédérale d'Allemagne ou encore de la Confédération Helvétique.

Madagascar n'est pas dans cette situation. C'est un Etat que l'on voulait faire imploser. Chacun sait que très peu de gens y adhèrent. Pour trancher, on a alors imaginé un « régime hybride » qui va satisfaire tout autant les fédéralistes que les régionalistes : la province autonome. Elle aurait en théorie une plus grande marge de manoeuvre que les entités décentralisées.

Dans sa nouvelle forme, l'Etat malgache va être doté d'une nouvelle structure administrative, la Province autonome, qui aura des pouvoirs étendus en matières de législation et d'exécution. Cette nouvelle structure va encadrer celles déjà définies par la troisième république (Régions, Communes)41

Communes Urbaines

Régions
(22 selon la proposition actuelle)

PROVINCES AUTONOMES
(6)

ETAT CENTRAL

Fokontany

Quartiers

Communes Rurales

88

Organigramme 7 : Disposition de la structure administrative après le referendum du 5 mars 1997.

Un referendum a été décrété pour remanier la constitution. Il a été mis à profit par le président RATSIRAKA pour asseoir un peu plus son pouvoir. Si durant l'éphémère ère ZAFY, il y avait eu une tentative de « UNDDisation42 » de la vie politique nationale qui avait échoué, au retour de RATSIRAKA, l'AREMA revient en force et monopolise tout. Lors de la nouvelle législative de 1998, son parti ainsi que ses alliés « raflent » 106 sièges sur les 150 à pourvoir...

Ce revirement de situation reflète-t-il vraiment l'emprise de l'Amiral sur la cour des affaires nationales ? Rien n'est moins sûr. Il semble que cette attitude de l'électorat ait été influencée par le laisser-aller de l'après 90 où les gens attendaient beaucoup de choses sans gagner quoi que ce soit en définitifs. Le seul point positif durant cette période a été entr'aperçu par les Malgaches sous le Gouvernement RATSIRAHONANA qui n'a « régné » que pendant une période de transition. Il a tracé une nouvelle ligne de conduite s'ordonnant autour du DCPE ou Document Cadre de Politique Economique.

III. Vers le « développement durable » de Madagascar.

A. Pour une politique d'ajustement à visage humain.

Deux choses doivent être prises en compte dans la compréhension du développement de Madagascar : l'évolution de sa population et celle de son économie. Ces deux données doivent être en complète symbiose avec l'exploitation des données naturelles pour qu'à terme, la Grande-île réussisse son pari de devenir le « nouveau dragon » de cette région-ci de l'Océan Indien.

Que l'on veuille ou non, Madagascar depuis les années 80 est « gouverné » de fait par les institutions de BRETTON WOODS. Les décisions politiques prises par nos Dirigeants doivent avoir l'aval de ces institutions. Ainsi, la PAS (Politique d'Ajustement Structurel) avait été l'élément principal du redressement de l'économie malgache dans les années 80. Elle a été insufflée par ces institutions.

Cette politique, il faut le savoir, s'applique à plus d'un Pays dans le monde. Ce n'est pas le seul apanage de la Grande-île. Très vite, pourtant, les Pays riches se sont rendu compte que cet ajustement structurel appliqué dans les Pays en Voie de Développement (PVD) n'aurait d'impacts que si la population ressente les effets de ces actions. Il fallait alors rendre une image plus humaine à cette politique.

B. Du DCPE ou Document Cadre de Politique Economique au DSRP ou Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

Que l'on parle de DCPE ou de DSRP, il ne faut pas se leurrer, ce ne sont que les variantes de l'Ajustement Structurel initié au début des années 80 par le FMI et la BM. Ces politiques visent à « remettre en selle » les Pays tel que Madagascar. Mais au-delà de cette « générosité, » il faut se rendre à l'évidence, les Pays riches contrôlent encore tout.

reprennent de l'autre. La mondialisation a en effet ouvert un marché qui est sans cesse en expansion et presque saturé dans le monde occidental ; les Pays émergents sur certains de leurs activités les concurrencent... Il leur faut donc aider les Pays pauvres à s'en sortir afin d'y implanter leur filiale. Cet état des lieux n'enlève en rien l'opportunité qui s'offre à Madagascar pour faire « briller ses cartes. » Les plans se font et se défont ; aux dirigeants de les parfaire pour qu'ils deviennent viables.

1) Le DCPE.

Deux DCPE ont été rédigés pour Madagascar. Le premier avait eu cours de 1996-1999 et le second de 1997-2001. En fait, le second est un remaniement du premier, le pouvoir en place ayant changé...

Le DCPE est un outil qui détaille les politiques que les Gouvernants voulaient mettre en oeuvre pour accélérer la sortie de crise de Madagascar. Depuis 1994, une stratégie globale d'ajustement structurel et de stabilisation financière, visant à créer un environnement propice à accroître de manière significative l'investissement et à stimuler l'épargne, a été lancée. Il y est inscrit que Madagascar a définitivement adopté une économie de marché qui va favoriser le secteur privé.

A ce titre, l'Etat s'engage dans un laps de temps établi au préalable à privatiser les sociétés qui lui sont rattachées afin qu'une concurrence saine puisse s'établir entre les investisseurs. C'est une des grandes nouveautés de cette fin de millénaire. Après avoir fait main basse sur des entreprises privées dans les années 70, l'Etat malgache amorce un nouveau virage en acceptant de se défaire de ces entreprises, qui au fil des années, sont devenues des poids morts pour la caisse de l'Etat.

2) Le DSRP.

Ce n'est qu'une suite logique des actions entreprises par l'Etat. En fait, le DSRP ou Document Cadre de Stratégie de Réduction de la Pauvreté replonge les Malgaches dans son passé. Il fait l'état des lieux des actions entreprises jusque là et émet des directives quant à ce

que devraient être les actions à faire dans le futur proche et au-delà, les aménagements pérennes. C'est en fait un plan qui ne dit pas son nom.

Ces outils visent à démontrer secteur par secteur les lacunes qu'il fallait combler. A cet effet, la nouvelle politique initiée donne une plus grande marge de manoeuvre à l'Etat et aux entités territoriales concernées. On reconnaît alors qu'à chaque entité territoriale, les problèmes doivent être résolus différemment. De ce fait, l'approche participative sera mise à l'épreuve.

CONCLUSION PARTIELLE.

C'

'AREMA a dirigé Madagascar presque sans interruption pendant 25 ans, de 1975 à 2001, abstraction faite de la période 1993-1997. Durant ce quart de siècle, le parti avait connu trois phases : la période de la révolution socialiste, celle de l'ajustement structurel et enfin celle du libéralisme.

La première phase a permis à l'AREMA de mettre en oeuvre une réforme en profondeur de la gestion de l'espace malgache. Suivant les idées phares contenues dans la « Charte de la révolution », le parti a décidé d'entreprendre la décentralisation effective du pouvoir décisionnel avec la mise en place du VIP. En outre, pour une meilleure approche du développement du territoire, une politique toute aussi ambitieuse a été lancée : l'investissement à outrance. Cette politique a permis d'implanter un peu partout dans l'île, des industries de transformation sensées devenir des pôles catalyseurs pour la dynamisation des activités économiques du territoire. Dans le fond, cette approche était parfaite mais elle a connu ses limites avec la détérioration du terme de l'échange au niveau mondial. Le gouvernement malgache n'a pu gérer cette variable qui a eu des conséquences graves sur la gestion du patrimoine malgache. L'échec des projets projetés par l'AREMA est palpable : un grand nombre des industries créées par l'Etat n'ont jamais fonctionné. La seule satisfaction

réelle aura été les CUR. Ces centres universitaires ont pu fonctionner malgré quelques ratés qui n'ont été rectifiés que vers la fin des années 90.

Il faut pourtant retenir que le début des années 80 a vu la mutation de la stratégie spatiale préconisée par l'AREMA. M. RATSIRAKA a été forcé par la conjoncture de composer avec les institutions de BRETTON WOODS. L'ajustement structurel a été le remède préconisé. Il mise sur la réforme structurelle de la gestion de l'Etat. La libéralisation a été le mot d'ordre qu'il fallait suivre. Cela a ouvert la voie à la naissance de la troisième république durant laquelle, L'AREMA végétait pendant les premières périodes avant de revenir en force en 1997 et d'imposer une nouvelle politique beaucoup plus libérale et qui s'appuie sur une plus grande liberté pour chaque entité décentralisée : les Provinces autonomes. A cheval entre la régionalisation et la fédération, cette institution se voulait être un nouveau point de départ pour la gestion de l'espace malgache.

Conclusion générale.

A

près 40 ans d'indépendance, on est en droit de se demander de ce qu'il est advenu de Madagascar et de poser la question de l'héritage du PSD et de l'AREMA. A cause de décisions politiques, certes courageuses, mais fort discutables, la Grande-île n'a cessé de péricliter pour être un des pays le plus pauvre de la planète.

Graphe 5 : Représentation illustrée de l'état actuel du PIB et de l'IDH de Madagascar par rapport à quelques Pays
dans le monde.

INDICATEURS

CHIFFRES

de ces capacités réelles. Ces capacités si elles sont énumérées doivent intégrer une triptyque bien usitée aujourd'hui : l'homme - l'économie et l'environnement.

Une population de plus en plus marginalisée (cf. tableau 7).

Les données les plus récentes disponibles sur le mouvement naturel de la population remontent à 2001. Elles donnent une idée générale de l'évolution de la population de Madagascar. Les indicateurs ci-après donnent une vue générale de l'évolution de la population malgache.

Tableau 7 : Les principaux indicateurs de l'évolution de la population de Madagascar.
Source : Banque Mondiale - INSTAT.

Taux d'accroissement démographique moyen (TAN) Taux de mortalité infantile (TMI) Taux de fécondité (TF)

Taux brut de natalité (TN)

Taux brut de mortalité (TM) Taux de Mortalité infantojuvénile

Taux de mortalité maternelle Espérance de vie à la naissance

2.8% par an

88 %o naissances en 2001 contre 96%o en 1999 5.4 naissances par femme (2001)

44%o (1997) 14%o (1997) 159%o (1999)

6.6%o (1999)

55.1 ans (en 1999) - 54.7 ans (en 2001)

A travers ces chiffres, on peut déduire, même si c'est sur une période courte, que la condition de vie des Malgaches ne cesse de se détériorer. Si on ne prend en compte que l'espérance de vie, on est ainsi passé de 55.1 en 1999 à 54.7 ans en 2001. Certes, il faut relativiser ces données, mais il est évident que les indices avancés confirment cet état. Ce qui peut paraître étrange dans ce contexte est qu'en même temps, le pouvoir en place annonce un taux d'accroissement positif de l'économie, près de 6.7% en 2001. Mais cela s'explique car la répartition de la richesse économique à Madagascar est loin d'être équitable... Elle se fait au détriment de la couche la plus vulnérable qui est majoritairement rurale et très peu éduquée. En tout cas, la proportion de la population à faibles revenus est encore fort élevée à Madagascar et cette situation se ressent dans les actions effectuées dans le secteur majeur de l'économie malgache, l'agriculture.

Un pays à vocation agricole ? (cf. graphe 7-8)

De Madagascar, on dit toujours que c'est un Pays très rural où le secteur primaire prédomine (75% des actifs). Or ce que l'on constate aujourd'hui c'est que le rendement stagne alors que, parallèlement, la population augmente. Si on prend l'exemple de la production rizicole, on constate que depuis son indépendance, Madagascar fait du surplace.

Graphe 6 : Représentation graphique de la production en paddy à Madagascar.

Madagascar n'arrive pas à combler ses besoins. Avant les années 70, la Grande-île exportait du paddy (cf. graphe 6-7), depuis, la situation s'est inversée. Le besoin en riz ne cesse d'augmenter parce que la population croît. La question qui se pose est de savoir pourquoi l'on n'a pas réussi à améliorer la rentabilité. De grands travaux ont effectivement été menés pour l'amélioration de la production rizicole comme la sélection de variété de grain de riz adapté à l'environnement malgache - l'introduction de nouvelle technique de plantation mais rien n'y fait. Le principal problème auquel se heurte cette filière est la dégradation de l'environnement. L'Alaotra, premier grenier à riz de Madagascar, voit des rizières ensablées et rendues inaptes à la culture à cause de la déforestation...

D'autres points pourraient être aussi relevés comme la dégradation des infrastructures [quoique cela ait été plus ou moins atténuée par le projet PPI (Petit Périmètre Irrigué) dans les années 90] ou l'incapacité des agriculteurs à assimiler les nouvelles techniques. Pour ce qui est de ce dernier point, la mentalité commence à changer avec la présence des ONGs qui essaient tant bien que mal de reprendre en main les activités laissées par l'Etat. Antsirabe est l'exemple vivant de cette réussite. Main dans la main, les paysans et les ONGs essaient de travailler dans la même direction avec des réussites qui commencent à faire tâche d'huile au-delà même de cette région. Il faut pourtant se rendre à l'évidence : le développement est encore loin d'être équitable pour toutes les régions de l'île.

Une disparité encore criarde.

L'inégalité se manifeste sous plusieurs formes. Elle englobe tout aussi bien la répartition de la population que le niveau de vie de celle-ci. Si on prend l'exemple de la répartition du niveau de vie, on aura un graphe assez déséquilibré (cf. graphe 8).

On sait que la décentralisation devait corriger les disparités spatiales. Chaque territoire peut prioriser ainsi ses besoins et les négocier auprès de possibles partenaires. L'Etat n'intervient que pour faciliter ces transactions. Ce que l'on constate aujourd'hui c'est que l'évolution des Provinces autonomes ne se fait pas de la même manière. Certaines sont plus favorisées que d'autres. Si on regarde les dépenses en ce qui concerne chaque Province (cf. graphe 9), on constate que Fianarantsoa consomme la moins avec près de 100.000Fmg d'écart

par rapport à Antananarivo (près de 325.000Fmg). L'écart entre ville-campagne est aussi énorme.

Graphe 8 : Comparaison des dépenses sur le territoire malgache.

Par ailleurs l'indice de pauvreté (cf. tableau 10) révèle encore que certaines Provinces sont plus touchées que d'autres par ce phénomène. Son évolution et son incidence diffèrent pour chaque Province.

 
 

Taux

 

Intensité

 
 

1993

1997

1999

1993

1997

1999

Antananarivo

68.0

66.4

61.7

27.8

29.1

26.0

Fianarantsoa

74.2

75.1

81.1

33.7

32.0

40.2

Toamasina

77.9

79.8

71.3

33.7

39.0

32.6

Mahajanga

53.2

73.8

76.0

18.6

29.1

36.5

Toliara

81.1

82.0

71.6

42.8

46.4

33.7

Antsiranana

60.2

62.3

72.6

22.0

23.9

32.0

ENSEMBLE

70.0

73.3

71.3

30.3

33.6

32.8

Tableau 8 : Evolution de la situation de la pauvreté par Faritany.
Source : INSTAT, EPM, 97 et 99.

La pauvreté est un fait que tous et d'abord les partis politiques disent vouloir éradiquer. En tout cas, pour la combattre, l'un des moyens véritables qui peut se révéler efficace est l'introduction des pauvres dans le circuit formel. Il faut qu'ils participent à la lutte contre l'exclusion. C'est à partir de cette idée que l'HIMO (Haute Intensité de Main d'oeuvre) a été déployée.

Ces approches, pour la plupart des gens sont des « recettes miracles ». Il n'en est rien pourtant car à bien y regarder, on peut voir que ce ne sont que de nouvelles déclinaisons des actions engagées bien des années auparavant. Dans une certaine mesure, elles peuvent être considérées comme faisant partie de l'héritage laissé par le PSD et l'AREMA.

De l'héritage laissé par le PSD et l'AREMA.

Ces deux partis gouvernementaux avaient des stratégies spatiales complémentaires car ils ont essayé à leur niveau et suivant leur stratégie d'approche de corriger les disparités spatiales existantes par l'entremise de la création de pôles d'activités susceptibles de dynamiser les diverses régions de l'île. Le PSD était allé très loin en ce domaine en organisant les syndicats des communes, de véritables entreprises publiques gérées par la population elle-même. L'AREMA, lui avait misé sur l'investissement à outrance et la création de complexes industriels qui auraient dû aider à la transformation des produits issus du terroir.

Ces approches étaient spatiales et intègrent les potentialités des diverses régions de Madagascar. Malheureusement, leur politique était plutôt aveugle dans la mesure où à force de gouverner sans véritable opposition, ces partis étaient tombés dans les travers du dictat du parti unique. Ils se sont peu à peu déviés de leur mission principale en se détournant de la population qui les ont élus pour s'attacher à mettre en pratique des théories qui n'ont plus l'aval de la majorité.

Le risque est toujours grand pour les nouvelles démocraties de tomber dans ces illusions qui en définitive ne rend service à personne. Madagascar a déjà connu ces expériences malheureuses mais la leçon ne semble pas avoir été retenue. Le parti TIM aujourd'hui domine,

à son tour, outrageusement les différentes sphères du pouvoir, une pratique qui n'a rien avoir avec une véritable démocratie où les échanges et les débats devraient être « la règle d'or. »

I

Table des illustrations.

Liste des figures.

Figure 1 : Localisation de la Grande-île dans le Sud-Ouest de l'océan Indien. 4

Figure 2 : Représentation graphique de la division administrative de la première république. 10

Figure 3 : Représentation graphique de la répartition des grandes opérations effectuées par la première république suivant les Provinces. 21

Figure 4 : Représentation en surface (ha) des différents projets d'aménagement. 25

Figure 5 : Occupation du sol dans la région de la plaine de Marovoay. 27

Figure 6 : Répartition des syndicats des communes suivant leur nombre par province en 1967.

32

Figure 7 : Répartition des travaux au-ras du sol par secteur d'activité. 37

Figure 8 : Répartition des subventions accordées aux Travaux au ras du sol par province. 38

Figure 9 : Répartition de la subvention accordée par habitant. 39

Figure 10 : Répartition des logements créés par la SEIMad par localité. 43

Figure 11 : Représentation de la limite administrative de la deuxième république. 61

Figure 12 : Répartition des sociétés contrôlées par l'Etat en terme de pourcentage sur le territoire. 66

Figure 13 : Représentation graphique de la répartition des sociétés publiques à Madagascar. 67

Figure 14 : Représentation des surfaces aménagées pour les CUR. 73

Figure 15 : Représentation de la capacité d'accueil des réalisations. 74

Figure 16 : Représentation des réalisation effectuées. 75

Figure 17 : Représentation de la répartition de la population par Firaisana. IX

Figure 18 : Les 28 Régions de Madagascar. XI

Liste des graphes.

Graphe 1 : Exemple de résultat d'une élection « régionale » en 1977. 55

Graphe 2 : Evolution du Produit Intérieur Brut de Madagascar. 77

Graphe 3 : Evolution de la dette de Madagascar en million de dollar depuis l'investissement à outrance. 79

Graphe 4 : Evolution de l'inflation à Madagascar. 80

Graphe 5 : Représentation illustrée de l'état actuel du PIB et de l'IDH de Madagascar par rapport à quelques Pays dans le monde. 93

III

Graphe 7 : Représentation de l'évolution de la production rizicole par rapport à l'évolution de la population. 95

Graphe 8 : Comparaison des dépenses sur le territoire malgache. 97

Liste des organigrammes.

Organigramme 1 : Représentation schématique de l'organisation administrative durant la première république. 11

Organigramme 2 : Représentation schématique de l'organisation de la prise de décision du plan. 20

Organigramme 3 : Organisation du pouvoir sous la deuxième république. 53

Organigramme 4 : Schéma de l'ordonnancement du pouvoir administratif sous la deuxième république. 57

Organigramme 5 : Représentation de l'organisation des principaux pouvoirs à Madagascar durant la troisième république. 85

Organigramme 6 : Représentation schématique de la nouvelle forme de décentralisation de la troisième république. 86

Organigramme 7 : Disposition de la structure administrative après le referendum du 5 mars

1997. 88

Liste des tableaux.

Tableau 2 : répartition des travaux au ras du sol par province. 36

Tableau 3 : Répartition des cités créées par la SEIMad durant la première république. 42

Tableau 4 : Liste exhaustive de quelques-unes des sociétés nationalisées et/ou créées par l'investissement à outrance. 69

Tableau 5 : Représentation des « spécialités » de chaque CUR. 71

Tableau 6 : Les travaux effectués par province. 72

Tableau 7 : Les principaux indicateurs de l'évolution de la population de Madagascar. 94

Tableau 8 : Evolution de la situation de la pauvreté par Faritany. 97

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VII

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Autres documents :

- « Développements économiques récents et conséquences de la crise politique actuelle sur

l'économie et les conditions de vie des malgaches. » PNUD. Antananarivo. Mai 2002. 45p. - « Documents sur les évènements de mai 1972. » Archive de l'AKFM/KDRSM. 1972. 33p.

- « Ento miakatra ity firenena ity. » Rapport des forces vives sous l'égide du FFKM. 5-10

décembre 1990. 114p.

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- « Stratégie Nationale de gestion des risques et des catastrophes. » Projet MAG/99/005/A/07/31- 05/31UNDP/CNS. Antananarivo, Madagascar. 1999. 102p.

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Documentations sur support multimédia :

- Bibliorom Larousse 1998.

- Le Petit Robert 2001.

- Microsoft encarta 1998.

- Microsoft atlas encarta 1997.

- Mille textes. Ministère de la Justice.

Annexes.

Carte de la densité de la population à Madagascar.

Figure 17 : Représentation de la répartition de la population par Firaisana.
Source : BD 500

La tentative échouée du découpage territorial préconisé par le HVR.

La définition de la décentralisation pour la troisième république.

La mise en place de la nouvelle forme de structure administrative de la troisième république est la réponse apportée aux différents symposiums qui se sont succédés à Madagascar dans le but de trouver le meilleur moyen pour son essor. La décentralisation, il faut le rappeler, a été déjà érigée en institution depuis les années 70. C'était la structure idéologique qui gouvernait Madagascar pendant ces périodes, qui ont empêché son effectivité.

C'est la loi 93-055 du 26 janvier 1994 qui donne une idée générale de cette nouvelle approche. L'article 2 et 3 de cette loi précise les nouvelles dispositions quant à la façon d'appréhender la décentralisation à Madagascar. L'article 2 dit que : « Dans le cadre des objectifs fixés par la Constitution, la politique de décentralisation constitue un plan d'actions délibérées et coordonnées en vue du développement équilibré et harmonieux du territoire de la république. (...)

A ce titre, elle vise à donner à l'espace géographique national une organisation rationnelle du territoire pour servir de cadre institutionnel de participation effective des citoyens à la gestion des affaires publiques et de pôles de croissance économique. » Cette définition, il faut le dire, ne diffère guère de ce qui a déjà été énoncée auparavant par les autres régimes. Il a simplement le mérite, cette fois-ci, d'avoir été confectionné suivant les aspirations des gens. C'étaient les forums régionaux initiés pendant la période transitoire qui s'y étaient penchés.

Cette politique de décentralisation est par ailleurs mieux expliciter dans l'article 3 de cette même loi. On peut y noter : « Par la mise en oeuvre de la politique de décentralisation, l'Etat assure la promotion du développement national, régional et local par la recherche d'une plus grande intégration et d'une mobilisation de la population dans les actions de développement et par la responsabilité de celle-ci dans la définition et la réalisation de toute action à entreprendre. (...)

XI

Figure 18 : Les 28 Régions de Madagascar.
Source : Min Inter.

A cet effet, l'Etat s'engage à mettre en place une réforme institutionnelle tant dans son organisation territoriale que dans ses structures centrales et à promouvoir une politique d'aménagement du territoire destinée à remodeler le territoire de la république en fonction d'exigences fonctionnelles d'efficacité et des exigences du développement continu,

participatif, équilibré et harmonieux. » Ces deux définitions ont induit la mise en place d'une nouvelle structure administrative qui va s'appuyer sur de nouvelles bases que l'Etat a à définir.

Les critères de délimitations des collectivités décentralisées (cf. fig.17).

Les nouveaux échelons de la nouvelle structure administrative sont déjà présentés par l'organigramme n°6. La mise en place de ces différentes structures dépendaient de plusieurs facteurs. Ces critères de délimitation sont de plusieurs ordres mais l'Etat malgache a privilégié trois en particulier : Le facteur d'ordre sociologique - le facteur d'ordre physique et le facteur d'ordre socio-économique.

· Le premier facteur est un facteur subjectif. Il met en relief des considérations d'ordre socioculturel, un facteur apte à susciter la participation de la population au développement régional. Les gens qui vivent sur une étendue donnée, à force de se côtoyer, ont des repères qui les lient. Ces repèrent peuvent être des filiations ou des méthodes de travail similaire. Ces caractères forgent une unité qui peut évoluer en même temps.

· Le deuxième facteur est d'ordre géographique. C'est la prédisposition d'une région en devenir de s'assumer. Sa définition part des réalités qui peuvent être améliorer au fur et à mesure de la possibilité de l'Etat : Possibilité de communication - possibilité de concentration et de mouvement de population afin de dégager un ensemble cohérent pour la rédaction d'un Plan de Développement Régional.

· Le troisième facteur renvoie à la possibilité et à la potentialité d'une région d'oeuvrer pour son développement. Les collectivités qui vont être érigées doivent avoir des potentialités spécifiques sur lesquelles, on pourrait s'appuyer pour son essor.

Les différentes collectivités territoriales décentralisées. Les Régions.

Les Régions sont des collectivités territoriales de niveau stratégique. Elles visent à lier de manière plus étroite le processus de planification et les impératifs de développement régional. Les Régions sont formées par le regroupement de 3 à 12 Départements dans sa conception

originale43. La délimitation de ces régions s'inscrit dans la « conglomération » d'un certain nombre de Fivondronana qui présente des points communs indépendamment des anciennes limites administratives. Ainsi, la Région de l'Horombe englobait des Fivondronana appartenant respectivement à l'ancien Faritany de Fianarantsoa et de Toliara...

Une Région a autorité sur son territoire. C'est à elle de définir les grandes lignes de la politique qui va être fait pur son développement :

· Identification des axes prioritaires

· Etablissement du schéma régional d'aménagement du territoire (eau et assainissement, route et électrification etc.)

· Etablissement du plan régional de développement

· Cadrage et programmation des actions de développement d'envergure régionale dont l'aménagement hydro-agricole, la pêche, la promotion industrielle et artisanale et commerciale, la promotion du secteur de service et de l'élevage.

· Gestion des routes et des infrastructures sanitaires (Hôpital principal), des infrastructures éducatives et d'enseignement sanitaire de type lycée.

· Mise en oeuvre à son échelon d'action de mesure appropriée contre les calamités naturelles

· Gestion des patrimoines propres.

Les Départements.

Prévus au nombre de 158, les départements sont des niveaux intermédiaires des CTD. Leur création devait s'inscrire au sein des anciens Fivondronana ou au-delà. Un département doit être formé tout au plus de 25 communes.

43 Depuis cette année (2004), l'Etat malgache est en train de remettre sur les rails ce projet. Un appel d'offre a été lancé pour recruter les futurs Chef de régions qui dans un premier temps, vraisemblablement aura à piloter la mise en place effective de cette structure administrative.

N.B. Comme ces chefs de régions seront désignés, ils ne seront certainement pas des « élus » ; ce qui marque un point d'arrêt dans la mise en application de la décentralisation. C'est une nouvelle forme « déguisée » de la déconcentration de l'Etat et donc d'un renforcement du pouvoir central...

Il faut remarquer que cette collectivité a disparu avant même sa mise en place. Elle a été écartée de la nouvelle structure après le referendum de 1998 au profit d'un vaste projet plus ambitieux : La Province autonome.

Les travaux qui devaient échoir à cette collectivité sont :

· Identification des principaux problèmes relevant de la collectivité

· Identification et mise en oeuvre des projets sectoriels relevant de son ressort

· Réalisation et gestion des équipements socioculturels de type CEG, CSB II

· Construction et équipement de centres pédagogiques

· Identification et gestion de programmes sanitaires spécifiques

· Identification et gestion de projet d'aménagement du territoire

· Gestion de patrimoine propre

LeS COmmUneS.

Ce sont les CTD de base. La commune, à son échelle d'intervention, doit être en mesure de gérer toutes les réalisations qui doivent être adaptées à la satisfaction des besoins essentiels de la population.

La délimitation de la commune s'appuie sur l'analyse des anciennes communes de la première république et des Firaisana de la RDM. Ces considérations ont fait sortir deux niveaux d'interventions : les Communes urbaines et les communes rurales.

Les Communes urbaines.

Sont considérées comme communes urbaines, les communes qui remplissent les conditions ci-après :

· Ville présentant la cohésion d'une agglomération urbanisée. Elle doit en outre justifiée l'existence d'une zone urbaine et suburbaine pour l'extension future de la ville (optimum directionnel pour l'extension). La ville proprement parlée doit aussi posséder un Plan de développement Urbain (PDU).

· Existence d'une ressource propre pour équilibrer son budget de fonctionnement

· Les habitants doivent dépasser les 5.000 personnes. Pour les villes ayant 2.500 à 5.000 habitants, leur cas peut être discuté si elles remplissent les conditions sus-citées

· Existence d'infrastructure de base (VRD, voirie, équipement collectif, hôtel de ville etc.)

Les communes rurales.

A l'inverse des communes urbaines, très peu d'exigences sont à remplir pour être érigées en commune rurale. Il faut avoir :

· Un groupement de villages (hameaux)

· Une densité de population assez conséquente

· Existence de ressources locales

Ces deux dispositions n'expliquent pourtant pas les mesures à prendre dans les cas où certaines portions de l'espace de l'Etat malgache ne remplissent pas ces conditions. Dans la plupart des cas, on les rattache à la collectivité proche qui ne s'en soucie guère. Il faut pourtant que l'Etat trouve une parade quitte à prendre en main le devenir de ces « no man's land. » Quoi qu'il en soit, les communes ainsi établies ont des responsabilités qu'elles ont à assumer. Ce sont :

· Identification des principaux besoins et problèmes sociaux

· Mise en oeuvre des opérations liées à ces problèmes

· Définition et réalisation des programmes d'habitat et des équipements publics à caractères urbains44

· Opération ayant trait à l'Etat civil, la conscription militaire, le recensement de la population

44 Le problème lié à l'habitation est récurrent dans la société malgache depuis l'indépendance. Les logements se font rares et sont vétustes. Ils ne suivent aucune norme de construction. Durant les propagandes présidentielles de 1996, le Candidat RATSIRAKA en a même fait son cheval de bataille. Il avait promis de construire 35.000 logements/an...

· Réalisation des actions et des aides sociales

· Opération de voirie, assainissement de l'hygiène

· Réalisation et gestion de marché public, aire de stationnement ou tout autre équipement générateur de revenu comme les abattoirs, les espaces verts etc.

· Prévention de lutte contre les feux de brousse

· Construction et gestion d'équipements sportifs et culturels

· Gestion de patrimoine propre

Entretien accordé par Mme Gisèle RABESAHALA45

Q. : Pour vous quelle devrait être la priorité pour le développement de Madagascar ? Qu'est ce qui a été négligé jusqu'ici ?

G.R. : Il est difficile de parler de priorité car tout est prioritaire. Ce qu'il faut voir c'est l'accroissement de la population, il faut prévoir les actions à mener : « Gouverner, c'est prévoir. » Il faut devancer les besoins des gens : Le salaire, les habits, l'enseignement et l'habitation. Le revenu ne devrait jamais être négligé où qu'il soit. C'est la clé de l'économie.

Il faut améliorer la rentrée financière des gens ; c'est ce qui a été négligée. Le problème est que quand les dirigeants parlent d'économie, ils pensent « Taux de croissance. » On parle aussi de partenariat, mais les gens ne savent même pas ce que cela veut dire. Ce qui devrait être le premier partenaire de l'Etat, c'est le peuple.

Le problème des fonctionnaires et des salariés a toujours été mis au second plan par les gouvernements successifs. Il y a eu parfois des privilèges accordés à certains corporation comme les enseignants durant la première république. Sous la deuxième république, rien n'a été vraiment fait à part le relèvement du point d'indice tous les ans et que les embauches doivent se faire au-dessus du « SMIG. »

Q. : Au lendemain de l'indépendance, croyez-vous que Madagascar formait vraiment une Nation ? Pourquoi a-t-on opté pour la république ?

G.R. : Madagascar était vraiment une Nation même avant la colonisation. C'était un Etat monarchique qui a déjà été reconnu sur le plan international. ANDRIANAMPOINIMERINA a été le vrai « Maître d'oeuvre » de l'érection de cet Etat.

45 Entretien accordé le 1 et le 8 mars 2004. Mme Gisèle RABESAHALA est une figure emblématique de la politique malgache. Ancienne membre de l'AKFM, elle a été une opposante au régime de TSIRANANA avant d'occuper successivement durant la deuxième république et la troisième république le poste de Ministre de la culture - Conseiller du Premier-ministre - vice-président du sénat.

La république a été préférée car la monarchie est une forme de gouvernance en perdition. En plus les Malgaches avaient peur de « l'hégémonie » des Merina. La place prépondérante des merina durant le XIXèsiècle a causé une frustration certaine, une blessure qu'on ne voulait pas réveiller.

Q. : Lors de la première république, vous étiez, du moins votre parti dans l'Opposition. Pourquoi ce choix ? Est-ce que la politique préconisée par l'AKFM diffère de la ligne directrice du PSD abstraction faite du référendum ou votre parti a fait voter le NON ? Pourriez-vous citer quelques exemples de points de friction ?

G.R. : On n'était pas d'accord car les Français voulaient mettre des gens de confiances à eux : les PSD. Revoyez ce qui a été fait en 58 avec le référendum. L'AKFM n'était pas d'accord car notre combat en ces temps était accès sur l'abolition de la loi d'annexion et l'érection d'un gouvernement indépendant.

Les Français ont transféré le pouvoir entre les mains des PSD tout en tenant à distance, voire bâillonner les opposants. En 1960, il y a eu l'accord de coopération franco-malgache. Cela s'est passé bien avant notre indépendance. L'indépendance donnée par la France à Madagascar était une coquille vide.

Q. : Que pensez-vous du plan initié par le PSD ? J'entends par-là le plan quinquennal de 1964 ?

G.R. : Le PSD était entouré de conseiller d'obédience socialiste. Cette partie sociale point dans les discours mais n'avait pas réellement de vraie répercussion sur la vie quotidienne des gens. Devant les protestations de plus en plus insistantes, TSIRANANA a fini par céder et convoquer une conférence pour l'élaboration du plan.

Dans ce plan, on trouvait des points positifs. C'était le point de rupture entre l'AKFM et le MONIMA qui ne voulait entendre qu'une indépendance vraie. L'AKFM est pour une économie planifiée car l'avenir ne se font par à coup. De plus, l'indépendance totale n'existe pas, on doit toujours s'appuyer sur quelqu'un d'autre. Si ce n'est pas la France, ce sera la BM ou d'autres institutions ou d'autres Pays. On peut prendre l'exemple des produits qui dépendent des cours internationaux...

G.R. : Oui car ce sont les étrangers qui l'ont fait. Pourtant le plan 1950-60 n'était pas à vraiment un plan, c'était le point de vue des techniciens français. Ils voulaient voir ce qu'il faudrait faire pour s'adapter à la nouvelle donne de l'après-guerre.

TSIRANANA avait la vision du développement de l'économie malgache. Le nationalisme l'animait malgré son point d'ancrage « pro-français. »

Q. : On parlait beaucoup de « développement au ras du sol ». Pourriez-vous en parler ? En quoi cela consiste vraiment ? Quel était le vrai but de ce plan ?

G.R. : C'est un pragmatique, tout comme RAVALOMANANA qui préconisait l'abandon de la politique au profit des actions. Or, tout est politique.

La politique au ras du sol à la fin a entraîné des abus : Comme le « Karatra isan-jato » qu'il n'a jamais voulu supprimer ! L'impôt de capitation instauré nous rabaissait au même niveau que les bétails. Les Français disaient que les Malgaches étaient fainéants et qu'il fallait les dissuader d'une autre manière pour travailler. Les travaux communautaires ont été institués. Behoririka en est l'exemple.

Le ras du sol peut être traduit par une vision plus locale des actions. Point besoin de grands moyens ni de grandes théories, il faut faire des actions qui se traduisent de façon concrètes dans l'espace. C'était une utopie car cela n'existent que dans les sociétés ayant des objectifs clairs et où l'unité est de mise. Alors que là, on voit très bien que la société malgache est divisée. Un autre exemple, le repiquage en ligne. On a incité les gens à le faire mais cela n'a pas marché car les gens ne savent pas en quoi cela consistait vraiment. Cela a été fait dans l'anarchie totale qu'il y avait eu des rejets : Les techniciens de l'agriculture n'en font qu'à leur tête, l'engrais distribué sans instruction...

Ces rejets du développement au ras du sol ont conduit peu à peu le régime à se durcir pour de venir de plus en plus un régime autoritaire et répressif.

Q. : Comment analyser vous le fait que l'AKFM ait pu se maintenir à la Mairie d'Antananarivo malgré la prédominance du PSD ?

G.R. : Lors du référendum de 58, Antananarivo a voté NON. Par tradition, Antananarivo est un foyer de contestation. Les raisons sont tout aussi psychologiques qu'ethnique. En ces temps, la Province était quasi-mono-éthnique.

Comme l'AKFM était le porte-parole de la contestation, il a toujours été majoritaire. Le pouvoir a tenté de faire des hold-up électoraux mais cela n'a rien changé.

Après l'indépendance, le pouvoir central a mis en place un délégué Général pour contrôler les actions du Maire. Le conseil municipal de ce fait n'avait plus de pouvoir. Mais l'AKFM a quand même pu faire des travaux sociaux.

Q. : Au lendemain de 1972, les Malgaches réclamaient le bannissement du Néocolonialisme. Il y avait eu la révision des accords de Coopération franco-malgache. Madagascar, sur le plan international, embrassait le mouvement du non-alignement. Qu'en pensez-vous ?

G.R. : L'AKFM a été à l'origine du changement du pouvoir à Madagascar, même si l'on a essayé d'occulter ce fait. Le parti a fait entrer dans le débat tout ce qui est revendication économique et tout ce qui a attrait avec la souveraineté nationale. Il a aussi prôné le neutralisme.

Le mouvement des étudiants, influencé par des tendances gauchistes et le mouvement des étudiants de mai 68 en France revendiquait la révision de l'accord de coopération avec la France, surtout sur le plan de l'enseignement. RATSIRAKA a été l'un des instigateurs de cette révision.

Sous RAMANANTSOA, il y avait deux hommes forts : RATSIRAKA et RATSIMANDRAVA. Le premier est auréolé de ses prises de position dans la révision de l'accord de coopération, il a mis sur le rail la revendication de l'AKFM pour une politique de non-alignée.

Q. : Quelle vision la deuxième république a voulu mettre en route pour le développement de Madagascar ?

G.R. : La deuxième république était née à une époque charnière sur le plan international avec la poussée très forte du mouvement des non-alignés qui condamnait le néo-colonialisme. Madagascar se posait la question, quelle voie choisir ? En Afrique, c'était la voie révolutionnaire qui primait avec la recherche de voie originale adaptée à la réalité du pays pour l'indépendance économique et la gestion réelles des moyens de production : Condamnation de l'apartheid, soutien aux Pays sur le point de regagner leur indépendance etc.

toutes condensées dans les Chartes de la révolution socialiste. C'étaient des actions « généreuses, » un projet de société soumis au référendum.

La Charte a mis en place sur le plan administratif, la décentralisation avec les Faritany - les Fivondronana - les Firaisampokontany - les Fokontany. Sur le plan économique, il avait eu la nationalisation des sociétés, des terres, des banques et des assurances. Cela a été à l'origine de grands changements. Comme ces changements allaient à l'encontre des intérêts des Français, il ne faut pas s'étonner que RATSIRAKA soit diabolisé et que son régime fut considéré comme un régime communiste. Il a fait ce que bon nombre d'Etat africain a aussi fait : Remettre entre les mains de l'Etat malgache, les moyens de production.

Si RATSIRAKA était convaincu du bien fondé de ces actions, il n'en va pas de même pour les cadres de ces sociétés. Leur première revendication est d'être alignée au même émolument que les étrangers. C'était le commencement de tous les abus et des comportements anti-développement.

Sur le plan politique, il y a eu le FNDR. En 1990, on a libéralisé les Partis.

Q. : La décentralisation a été mise en place mais il semble que les décisions politiques soient prises par les instances centrales. Est-ce que vous pourriez expliquer pourquoi ?

Il y a eu des lacunes, même si le Fokontany a été apprécié par la population du fait que c'est une structure proche de la base où les gens de diverses tendances se côtoyaient.

Il y avait deux tendances : La tendance qui préconisait la décentralisation à outrance et celle qui privilégie la centralisation à outrance. Le centralisme est hérité du régime monarchique. Cela a crée des décalages énormes entre les Provinces et il faut y trouver une solution sinon on aura une cassure et c'est toujours dangereux. On perd notre temps à faire des élections qui aboutissent finalement à un taux d'abstention élevé car il n'y a pas d'amélioration dans la vie de tous les jours. Cela conduit à l'incivisme.

Q. : Après l'arrivée de M. RATSIRAKA au pouvoir en 1975, il y avait eu la c éation du FNDR. En

r

quoi cela consistait-il effectivement ? L'AKFM en faisait partie, mais on a noté la prépondérance de l'AREMA. Se sentiez-vous floué dans cette institution ?

G.R. : Bien sûr, mais l'AKFM est né d'union de Partis politiques. Et maintenant, aucun parti ne peut dire pouvoir diriger le Pays de sa seule opinion. Il faut au moins un min de coopération entre les Partis qui veulent faire avancer le Pays.

Les dirigeants de l'AREMA ne se privaient pas de dire qu'ils sont les « légitimes. » Certains Partis ne supportaient pas cela et ont quitté le front. Pour l'AKFM, ce n'était pas une question de poste, ni d'intérêts, c'était un principe pour le travail de concert.

Q. : Est-ce que ce système n'avait pas grippé les institutions qu'on escomptait mettre en place avec la décen ralisation du fait que c'est comme une administration parallèle à celle de l'Etat à l'instar du

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Comité cen ral du parti commun ste chinois ?

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Le FNDR restait un principe adopté au sommet. A la base l'AREMA ne voulait pas partager leur prérogative. Cela aurait dû être une structure dans laquelle on aurait échangé les points de vue, d'aplanir les divergences, mais il en allait autrement.

Q. : Dans la première partie de la deuxième république, il y avait eu les Nationalisations des entreprises privées, notamment étrangères. Cette démarche répondait à quelle stratégie ? Par ailleurs, avec la mise en place des investissements à outrance on a vu l'érection de nombreuses industries de transformation de PPN à Madagascar, mais la plupart ont à peine fonctionné. Quel bilan tirez-vous de ces années ?

G.R. : « Une décision quelconque n'est valable que s'il a des gens pour les appliquer. » Cela n'a pas été un succès. Les projets ont été mal préparés et les Responsables désignés n'ont d'oeil que pour leur intérêt. Les cadres ne se soumettent pas aux contrôles de l'entreprise sous prétexte qu'ils n'ont pas à rendre compte de leurs activités aux personnels.

Q. : Les Forces Vives ont clamé qu'ils sont les maîtres d'oeuvre de la libéralisation à Madagascar alors que les pourparlers avec les institutions de BRETTON WOODS ont commencé vers la moitié des années 80. Pouvez-vous en parler ? En quoi consistait effectivement l'ajustement structurel ?

G.R. : Dans les années 80, c'était un tournant négatif. Madagascar était dans une situation critique due au fait que l'industrie ne marchait pas très fort. Sur le plan international, le pays occidental entrait dans une crise notamment à cause de la crise du pétrole. On manquait de devise et il a fallu se tourner vers les institutions de BRETTON WOODS pour avoir de l'argent frais (Madagascar était déjà membre de ces institutions de puis 1963).

On met à plat les décisions prises, il faut tout restructurer : Moins d'Etat, il faut privatiser. L'essentiel est d'exporter, plus de subvention. Le résultat c'était l'appauvrissement. Le domaine social est victime de cette politique.

Q. : En un mot, que retenez-vous de la politique mise en place de 1993 à 1997 ?

G.R. : La démocratie est un thème mis à la mode par les Pays de l'Ouest. Une forme de manifestation détournée (démocratie des rues) par les opposants. Le multipartisme aussi a fait son apparition avec maintenant près de 173 groupements politiques !

La démocratie est est-elle fonction de l'élection ? Comment peut-on croire à une démocratie sincère quand on sait qu'une majorité des malgaches est illettrée ? Savent-ils seulement pour qui ils votent ? Ils votent pour celui qui est au pouvoir et c'est tout.

Mais RATSIRAKA avait devancé cela en 1990. les plans ont été certainement préparés.

ZAFY a nargué les institutions de BRETTON WOODS en se référant à ANDRIANAMPOINIMERINA qui avait réussi à faire des choses sans l'aide des étrangers. C'était une période de « flambée du nationalisme. » Mais il faut plus que cela pour diriger un Pays, il faut apporter une vision et ZAFY l'a appris à ses dépends.

Il y a eu le « financements parallèles » qui a mis à genou l'économie avec ses taux d'intérêt énormes. On parlait même à une certaine époque de l'affaire FLAMCO qui s'est peu à peu décantée...

Q. : Au retou de RATSIRAKA en 1997, vous étiez de nouveau au pouvoir. Quelle impulsion

r

nouvelle a-t-on voulu mettre en branle à ce moment ?

G.R. : Il faut être lucide. Le RATSIRAKA de 97 n'était plus celui de 75. il a choqué en énonçant des déclarations comme : « Je vais m'occuper désormais de ma famille... » Il n'a pas à crier cela car c'est un chef d'Etat. Et de plus sa vision était devenue trop personnelle.

Il voulait privilégier tous ceux qui ont souffert avec lui pendant la traversée du désert. Il ignorait complètement l'AKFM.

Il y avait la mise en place des Provinces autonomes. L'AKFM adhérait à ce projet. Le parti a déjà énoncé qu'il serait impossible de diriger le Pays du sommet. De grandes discussions ont été faites autour de ce sujet. Il faut se souvenir que pendant la grève de 91, avec les blocus, les gens des Faritany ont été lésées. 9 mois de grève et plus rien ne marchait notamment en Province. De ce fait, certaines ailes dures des Provinces se prononcèrent clairement pour le fédéralisme. Mais, on ne peut pas diviser un pays au risque de voir des dérives sécessionnistes. Certains ont proposé les Etats autonomes...

La Province autonome a été soutenue par l'AKFM. Et c'est pour cela que le parti a soutenu RATSIRAKA. Pour ce qui est du reste, l'humanisme et l'écologie, c'était fumeux...

Q : La DCPE pu s le DSRP on - s vra ment a dé à trouver la voie pour sortir de la pauvreté ou ne . i t il i i

serait-ce que des leurres imposés par les institutions financières mondiales pou mieux contrôler

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l'économie malgache et par ricochet le développement de plu ieu s Pays du monde, anc ennement

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colonisés qui ont adopté ces mécanismes ?

G.R. : C'est cela. Ce ne sont que des moutures de l'ajustement structurel appliquées partout dans les Pays pauvres. La pauvreté n'a fait qu'augmenter.

Q. : Pensez-vous que les Partis politiques malgaches qui ont gouverné ont réellement des programmes définis pour le développement de Madagascar ? Ces programmes répondent-ils à quels critères : Le développement - le bien-être ?

G.R. : Il n'y a pas de programme. Un seul parti sortait du lot : le Leader Fanilo. L'AREMA n'existe que parce qu'il y avait RATSIRAKA exactement comme avec le TIM aujourd'hui. En 1999, des Partis politiques ont fait des assises pour aboutir à la sortie d'un code de l'éthique politique que devraient suivre les Partis politiques existants. On y a aussi élaboré un code de projet électoral mais l'AREMA s'y est opposé pour garder la majorité à tout prix.

Or l'objectif des politiciens devrait l'éducation civique et non seulement avoir des sièges.

Q. : Enfin, à propos des Partis politiques malgaches, ont-ils des idéologies à défendre ?

G.R. : La mondialisation n'a pas arrangé les choses. Soit vous êtes pro-capitalistes soit pro-socialistes. Mais comme le bloc de l'Est a disparu, il y a une nouvelle donne et on cherche encore ses repères.

On a aujourd'hui la lutte contre la mondialisation libérale et capitaliste où les sociétés multinationales dictent leur Loi. La mondialisation est inévitable mais elle ne doit pas se faire au détriment de la masse. Il faut un vrai développement humain. Les politiciens malgaches ne comprennent pas encore ou feignent d'ignorer cela. En France, il y a la lutte pour l'exception culturelle (refus de « l'American way of life »), les Malgaches pensent-ils à cela ? C'est cela le vrai problème.

Entretien accordé par M. Jonah RAKOTOARIVELO46.

Q. : Pour vous quelle devrait être la priorité pour le développement de Madagascar ? Qu'est ce qui a été négligé jusqu'ici ?

R.J. : Madagascar ne bénéficie pas d'une situation favorable pour les échanges commerciaux à cause de sa position excentrique, marginale. Les Pays africains qui nous entourent sont pour la plupart des Pays anglophones.

La priorité pour Madagascar s'est de s'auto suffire : Remplir les besoins fondamentaux i.e. trouver de quoi se nourrir - de quoi se vêtir - où se loger ? les problèmes majeurs qui se dégagent sont :

· Le problème de communication, très marquée depuis 1972 alors que des Pays africains comme le Gabon ou le Sénégal étaient déjà fort avancés en ce domaine. C'est la communication en général. Pour ce qui est de la voie de communication, cela a été négligé depuis 1975.

· Le problème de financement rural est aussi flagrant. Le taux d'intérêt, appliqué par les banques et les institutions financières, est trop élevé. Si bien que les ruraux sont obligés de vendre leur « tanindrazana. » Il n'y a pas de structures d'encadrement pour les soutenir sur le plan technique. Il faut que les paysans deviennent des gestionnaires.

· Le problème de la maîtrise d'eau : Inondation ou sécheresse. La technique rizicole ne pouvait se faire sans la maîtrise de l'eau. D'autant plus que la superficie transformable en rizière nécessite de grands investissements comme l'érection de barrage.

· Il n'y pas tellement d'intégration entre le programme de formation et l'issu des jeunes. L'adéquation entre les formations proposées et les débouchés n'est pas parfaite : Il faut adapter la formation au développement.

Par ailleurs, il faut le signaler, les Politiciens sont aussi des barrages au développement. Certains politiciens soutiennent par exemple le vol de zébus (...). Ils ne volent pas mais achètent les zébus à des prix dérisoires : Un boeuf castré valant 2.000.000 Fmg au moins est négocié à 200.000 Fmg... Des leaders politiques, par cette pratique, entretiennent le vol. Les paysans, devant ce phénomène, parquent leur

46 Entretien accordé le19 mars 2004. le Dr RAKOTOARIVELO J. a été pendant un temps Président du Faritany d'Antananarivo durant la deuxième république. Actuellement, il est enseignant à l'IMATEP et à la Faculté de Médecine.

bétail au lieu de les laisser « vagabonder. » Le rendement descend à cause de cela : Les bêtes restent debout la nuit dans les zones de parcage, pendant l'été, période de la bonne pâture ; le jour, elles ne font que somnoler... cela provoque la frigidité d'origine nutritionnelle qui a des impacts sur le renouvellement de la population. Au lieu de mettre bas tous les ans, les femelles ne donnent naissance qu'à un veau tous les 2ans ou au max. 2 veaux tous les 3ans.

Notre développement émane du secteur I. Le problème c'est que les résultats des recherchent en ce domaine ne sont pas appliqués. Il y aussi le problème de coordination : La recherche dépendait d'un département alors que son application échoit à un autre, or la communication ne passe pas...

La production reste alors stagnante sinon en régression. Parmi ces causes, il faut voir la dégradation du sol. Tous les ans, une partie des couches arables sont érodée. J'ai parcouru beaucoup de Pays mais le phénomène de lavaka est unique au monde. Le tavy doit aussi trouver une solution (...)

On dit à tort que Madagascar a beaucoup de terrains non utilisés. A vol d'oiseau certainement, mais il faut voir que 60% des terres à Madagascar ne sont pas « mécanisables » car elles sont en pente de 30 à 60% voire plus. Les parties mécanisables se situent dans le Sud-Ouest où la maîtrise de l'eau pose problème. Sur la côte Est, les Plaines sont des « matsabory »... Dans ce cas, il n'y a que la charrue qui est appropriée pour leur mise en valeur et cela pose des problèmes de développement.

On a essayé l'utilisation des tracteurs dans la Région du Moyen-ouest et du Moyen-Est « mécanisable », mais l'encadrement des paysans par des mécaniciens n'étaient pas suffisants. L'utilisation de ces moyens coûte très cher et ils les utilisent tant que ça marche...

Pour ce qui est du secteur II : Il faut savoir que la transformation nécessite de l'énergie, or l'énergie coûte chère. On est toujours obligé de se servir des Charbons de bois qui favorisent le défrichement. En Europe, si l'énergie ne représente que 5% du budget mensuel d'un ménage, chez nous on dépense allègrement les 500.000 Fmg si on voulait avoir le minimum de conforts (télé, réfrigérateur...)

La source énergétique est peu compétitive. (...) Ce serait bien si on privilégie l'utilisation de l'énergie hydroélectrique : Multiplier l'utilisation des chutes d'eau, les « houilles blanches. » Les petites chutes on déjà été utilisées durant l'ère coloniale, mais à de faible dimension et pour des besoins ponctuels comme le traitement de l'aleurite. On a eu ainsi la Chute de la Lily dans la sous-préfecture d'Analavory - à Vohémar, Andrafainkona etc. La politique de la JIRAMA est limitée aux grandes chutes : Andekaleka, Namorona, Mandraka, il faut que cela change.

Les petites industries sont très peu développées. La plupart d'entre elles sont entre les mains d'une minorité originaire du sous continent indien (...) comme le SIB, le COTONA etc. Les Malgaches sont peu présents en ce domaine (...) peut-être ANDRIATSITOHAINA avec le tabac mais la plupart des « riches » à Madagascar se sont investis dans le bâtiment. RAMANANDRAIBE s'est lancé dans le négoce de la vanille mais pas la transformation. Le secteur II est ainsi quasi-inexistante et par ricochet, il y a très peu de débouchés pour les jeunes sortant de l'Université. La mise en place d'une formation adaptée au marché du travail doit se faire.

Le secteur III avec la politique bancaire doit être plus souple (...) L'application d'un taux élevé grève les actions de développement.

Q. : Au lendemain de l'indépendance, croyez-vous que Madagascar formait vraiment une Nation ? Pourquoi a-t-on opté pour la république ?

R.J. : L'indépendance a été obtenue en 1960. Des points de vue cependant divergeaient, certains optaient pour l'indépendance unilatérale sous l'impulsion du MDRM. Les gens qui étaient acquises à cette idée étaient celles qui vivaient dans les régions où les colons étaient nombreux comme à Sahasinaka. Ces gens étaient-elles conscientes de ce qui les attendaient après « l'affranchissement » ?

Autre fait à retenir : Le « tribalisme. » C'était un moyen utilisé par l'administration coloniale pour diviser les Malgaches. Elle insinuait que si Madagascar recouvre son indépendance, l'Etat « hova » reviendrait et les Merina asserviraient les « autres. » Il y avait eu alors la création du PADESM.

RAVELOJAONA était d'accord pour l'indépendance mais à condition que l'on forme des cadres pour diriger la nation. La majorité des gens voulait seulement occuper la place jadis occupée par les « vazaha » : Devenir le Maître. C'est un complexe encore fort dans le subconscient des jeunes d'aujourd'hui. Mais le plus grave, c'est que l'on demande d'être rémunérer à un taux que l'Etat ne peut pas se permettre(...). Personne n'est consciente de sa responsabilité et ne se demande même pas de savoir ce que son Pays attend de lui où de ce qu'il peut apporter à ses compatriotes...

Cette situation, transférée dans le monde rural se manifestait à travers le problème de clan (...). Cela a été surtout vu dans le Sud-Est. Mais des traces ont aussi été répertoriées comme à Ambositra où trois familles « s'affrontaient » ; dans l'Imerina où l'Avaradrano se méfiait des Atsimondrano etc.

Quand ils ont commencé à émigrer, ils y ont apporté leur savoir-faire que les certaines tribus n'avaient pas. Avant, l'Ouest malgache était relativement calme car la terre donne à moindre coût... avec l'arrivée de ces « Mpila ravinahitra, » les donnes ont changé et des frictions existaient (...)

Ces contextes ont été utilisés par les vazaha pour déstabiliser les Malgaches. Peu avant l'indépendance, il y avait eu un suffrage censitaire qui excluait la majorité du peuple. Là, on est en face d'une élection à suffrage universel direct. Les Ruraux en sont-ils conscients ? Savent-ils que leur choix va édicter le mode de gouvernance ? En 1972, à Tuléar, TSIRANANA récoltait 100% des voies...On a accepté cela, tout le monde était PSD ! Au temps de RATSIRAKA, on est AREMA.

Jusqu'à maintenant, ce n'est pas sûr que les Malgaches votent pour défendre leurs opinions.. Où les gens deviennent des opposants notoires sans idéologies où elles s'acoquinent avec le pouvoir en place par manque d'idée ou par intérêt !

Tout cela pour dire que le choix de la république a été mûrement réfléchi. On ne pouvait pas réveiller tous ces démons, d'ailleurs c'est la préparation faite par les colons, d'obédience socialiste, en particulier DEFFERRE.

Q. : Que pensez-vous du plan initié par le PSD ? J'entends par-là le plan quinquennal de 1964 ?

R.J. : Je n'ai pas de données là-dessus mais je tiens à signaler l'existence du CTRPD. C'est là que se décidaient les programmes et notamment ceux « au ras du sol. » (...) Malheureusement, il y avait des conflits d'intérêt au détriment du plan.

Q. : On parlait beaucoup de « développement au ras du sol ». Pourriez-vous en parler ? En quoi cela consiste vraiment ?

R.J. : Il faut retenir que le budget des Provinces était important et on a pu travailler durant la première république, contrairement au temps de RATSIRAKA. Mais, le ras du sol était un saupoudrage qui avait fait plus de mal que de bien : des routes gravillonnées durant la période coloniale ont été lissées pour plus tard devenir des mares boueuses en temps de pluies... Faute d'entretien, elles se sont progressivement détériorées enclavant encore un peu plus certaines régions de l'île (...)

Des petits progrès ont quand même été faits. Il y a eu par exemple la construction de maternités, d'écoles dans les communes, ces activités étaient de leur ressort, mais l'Etat central était incapable d'y envoyer des personnels fautes de postulants ou de budget...

Q. : Au lendemain de 1972, les Malgaches réclamaient le bannissement du Néocolonialisme. Il y avait eu la révision des accords de Coopération franco-malgache. Madagascar, sur le plan international embrassait le mouvement du non-alignement. Qu'en pensez-vous ?

R.J. : La politique du ventre était préconisée. Les gens se contentaient de peu : Un ventre plein et des divertissements leur suffisaient. Le problème c'est que les intellectuels ont augmenté alors que les Français tenaient encore des postes dans les ministères. On peut citer en exemple, le SG et le Directeur de cabinet du Président qui étaient des étrangers...

Cela a amené les Malgaches à se révolter. Le non-alignement traduit le besoin d'indépendance. Mais il faut voir qu'au de-là, les Malgaches dépendent toujours du contexte international comme du prix du pétrole etc.

Q. : Quelle vision la deuxième république a voulu mettre en route pour le développement de Madagascar ?

R.J. : C'est le développement autocentré : Ne compter que sur sa propre force. Durant le premier mandat, on a pu voir se traduire cette aspiration avec la construction des SFF (EPP)et des Centres de Santé de Base. L'Université n'était pas en mesure de satisfaire ces nouveaux débouchés. Les CUR ont commencé à fonctionner mais des générations ont été sacrifiées.

La politique de la malgachisation a aussi été un handicap. On n'apprenait le français qu'en classe de seconde si bien que la plupart des étudiants à l'Université ne fassent que le baragouiner. Heureusement qu'il y avait les écoles confessionnelles.

Q. : Après l'arrivée de M. RATSIRAKA au pouvoir en 1975, il y avait eu la c éation du FNDR. En

r

quoi cela consistait-il effectivement ?

R.J. : C'est la révolution et il a voulu copier la Corée... et on vu la suite (...) Il y avait eu l'investissement à outrance vers 1978. Au Brésil, le gel a compromis la récolte du café, Madagascar a pu bénéficier de cela car les conditions étaient excellentes et on a pu mettre sur le marché nos produits pour contrebalancer le manque du fait de la défection du Brésil.. Avec les bénéfices, on a pu mettre en oeuvre l'investissement à outrance. Mais cela a été politisé et n'a rien donné.

Q. : Dans ce système, existe-t-il une opposition au régime ? Est-ce que ce n'est pas une politique

R.J. : Ce sont ceux qui étaient à l'intérieur du régime qui s'érigeaient en opposants. Les Partis autres que ceux du FNDR n'ont pas droit de cité. Le FFKM a quand même fait un manifeste, avec le congrès de 1982.

Q. : Est-ce que ce système n'avait pas grippé les institutions qu'on escomptait mettre en place avec la décen ralisation du fait que c'est comme une administration parallèle à celle de l'Etat à l'instar du

t

Comité cen ral du parti commun ste chinois ?

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R.J. : Les partis politiques devraient aider les gens à travailler, à être de bons citoyens qui se soucient autant de leur environnement que des décisions les concernant. Mais cela n'a pas été le cas. Les politiciens ont pris la place des exécutants. Les techniciens ont été écartés au profit des politiciens qui ne maîtrisent guère le sujet (...)

Q. : Dans la première partie de la deuxième république, il y avait eu les Nationalisations des entreprises privées, notamment étrangères. Cette démarche répondait à quelle stratégie ? Par ailleurs, avec la mise en place des investissements à outrance on a vu l'érection de nombreuses industries de transformation de PPN à Madagascar, mais la plupart ont à peine fonctionner. Quel bilan tirez-vous de ces années ?

R.J. : Rien n'a marché. Des industries ont été érigées mais n'ont pas fonctionné !

Q. : Les Forces Vives ont clamé qu'ils sont les maîtres d'oeuvre de la libéralisation à Madagascar alors que les pourparlers avec les institutions de BRETTON WOODS ont commencé vers la moitié des années 80. Pouvez-vous en parler ? En quoi consistait effectivement l'ajustement structurel ?

R.J. : Les devises deviennent insuffisantes et il a fallu négocier. Même les pièces de rechanges pour les outils comme les tracteurs étaient introuvables sur le marché national. Cela a été à l'origine de la destruction du secteur coton à Madagascar : L'entretien des machines agricoles devenait impossible. Tous les produits étaient importés.

Q. : En un mot, que retenez-vous de la politique mise en place de 1993 à 1997 ?

C'était l'occasion de la chute libre de Madagascar. On a parlé de transparence, de déballage. Mais cela a été pris au mauvais sens du terme. Ce n'est pas une vengeance politique, cela devrait être une occasion d'aplanir les différends et de résoudre les problèmes inhérents au développement comme la corruption (...)

RATSIRAHONANA avait fait quelque chose, notamment à l'endroit des fonctionnaires mais pas suffisante. Certaines actions sont même peu inspirées comme la vente des maisons de fonctionnaire. A Befelatanana, les chefs de service n'ont plus de logements qui auraient dû leur échoir. A Ankatso, les futurs enseignants n'auraient plus de logement de proximité... Il aurait dû accorder des prêts à taux faible à ces gens sur la partance pour la construction de leur habitat et laisser les locaux aux nouveaux (...).

Q. : Au retou de RATSIRAKA en 1997, on prônait la réconciliation de l'Homme avec la Nature. Ar

t-on changé de politique de gouvernance (orientation vert) ? Quelle impulsion nouvelle a-t-on voulu mettre en branle à ce moment ?

R.J. : C'est une question de stratégie pour avoir du financement. La mode aujourd'hui est l'environnement. Qui dit environnement dit enveloppe budgétaire ! Mettre l'accent sur l'environnement n'est pas mauvais surtout que nous n'avons pas assez de plage (enclavée ou invendable) du fait que le tourisme est un créneau porteur.

Q : La DCPE pu s le DSRP on - s vra ment a dé à trouver la voie pour sortir de la pauvreté ou ne . i t il i i

serait-ce que des leurres imposés par les institutions financières mondiales pou mieux contrôler

r

l'économie malgache et par ricochet le développement de plu ieu s Pays du monde, anc ennement

s r i

colonisés qui ont adopté ces mécanismes ?

R.J. : Pour le moment, on ne sait pas. Sans ces outils, il faut noter que nous serions dans une même crise que celle qui a frappé Madagascar dans les années 80.

Q. : Pensez-vous que les Partis politiques malgaches qui ont gouverné ont réellement des programmes définis pour le développement de Madagascar ? Ces programmes répondent-ils à quels critères : Le développement - le bien-être ?

Q. : Enfin, à propos des partis politiques malgaches, ont-ils des idéologies à défendre ? R.J. : Non. Il n'y a que la course au siège...

Tableaux annexes.

Tableau annexe 1 : Evolution du PIB de Madagascar.
Source : INSTAT, Ministère de l'Economie du Budget et des Finances.

 

Pib constant (milliard Fmg)

Inflation

PIB/tête (Fmg 1984)

1960

673

 

233 593

1961

699

1,8

233 019

1962

739

3,4

232 954

1963

759

3,7

225 600

1964

803

1,7

229 265

1965

834

4,3

223 099

1966

900

5,8

222 587

1967

956

0,7

229 612

1968

1032

1,0

239 777

1969

1056

3,9

243 109

1970

1112

6,9

250 183

1971

1200

3,6

254 167

1972

1341

3,0

245 290

1973

1654

11,9

233 496

1974

1919

22,8

231 919

1975

2283

4,7

228 666

1976

2182

9,9

215 820

1977

2359

8,6

215 115

1978

2670

6,8

203 883

1979

3464

11,3

218 088

1980

4042

15,0

214 065

1981

3595

26,7

188 222

1982

3526

28,6

179 956

1983

3511

21,5

176 804

1984

1695

10,3

177 568

1985

1715

10,4

174 728

1986

1748

14,2

173 299

1987

1769

23,0

170 565

1988

1829

21,2

171 566

XXXIV

1989

1904

12,0

173 700

1990

1963

11,5

174 258

1991

1839

12,9

158 816

1992

1861

14,4

156 323

1993

1900

12,1

155 253

1994

1899

41,7

150 916

1995

1931

45,1

149 319

1996

1973

17,8

148 374

1997

2046

7,3

149 662

1998

2126

8,4

151 310

1999

2225

9,8

154 070

Tableau annexe 2 : Quelques PIB dans le monde.
Source : PNUD

Tableau annexe 3 : Population et structure.
Source : Banque Mondiale

Indicateurs

 
 
 

Niveau

 
 
 
 

Année

 

Total

 

Homme

 

Femme

 
 

Population totale

14

600

000

7

230

000

7

370

000

1999

0-4ans

2

691

105

1

364

274

1

326

831

1998

5-9ans

1

976

822

 

991

712

 

985

111

1998

 
 
 
 
 
 
 

XXXV

10-14ans

1

606

314

811

487

794

827

1998

15-19ans

1

489

571

752

955

736

617

1998

20-24ans

1

341

577

658

342

683

235

1998

25-29ans

1

089

462

529

444

560

019

1998

30-34ans

 

876

016

425

360

450

656

1998

35-39ans

 

763

454

376

676

386

778

1998

40-44ans

 

607

304

307

201

300

103

1998

45-49ans

 

466

967

234

611

232

357

1998

50-54ans

 

314

897

152

050

162

847

1998

55-59ans

 

286

985

137

263

149

722

1998

+ de 60ans

 

711

931

349

352

362

580

1998

Tableau annexe 4 : Pauvreté, Revenu, Emploi.
Source : BM

Indicateurs

Unité

 

Niveau

 

Année

 
 

Total

Homme

Femme

 

Indicateur de Développement Humain (IDH)

 
 

0,483

 

1999

Indicateur de la Participation des Femmes (IPF)

 
 

0.408

 

1999

Indicateur Séxospécifique du Développement Humain (ISDH)

 
 

0,481

 

1999

Indicateur de Pénurie des Capacités (IPC)

 
 

0,481

 

1993

PIB/habitant

USD

 

267,5

 

2000

PNB/hab

USD

 

242,8

 

1997

 
 
 
 
 

1987-

Taux de croissance du PNB par habitant au cours des dix dernières années

%

1,5

 
 

1997

Taux de croissance économique (estimation)

%

 

6,5

 

2001

Taux d'inflation (estimation)

%

 

9,9

 

2001

Pourcentage population inférieure au seuil de pauvreté

%

 

71,3

 

1999

Pourcentage population pauvreté extrême

%

 

61,7

 

1999

Pourcentage dépenses en alimentation par rapport aux dépenses totales des ménages

%

 

70,2

 

1999

Taux de chômage

%

 

2,8

 

1999

Taux de sous-emploi (inférieur à 35 heures)

%

54

 
 
 

Pourcentage population active par rapport population totale

%

52,3

53,3

46,7

1999

Taux brut d'activité (15-59 ans)

%

67.2

69,3

65,5

1993

Taux population active travaillant dans secteur informel non agricole

%

 
 
 
 

Taux d'activité des moins de 15 ans

%

33

 
 

1999

% de la population active occupée dans l'agriculture

%

76,5

 
 

1999

% de la population active occupée dans l'industrie

%

4.7

4,3

5,2

1993

% de la population active occupée dans le secteur tertiaire

%

11.3

10,9

11,7

1993

Tableau annexe 5 : Indicateur sur la santé à Madagascar.

 
 
 

Source : BM.

 
 
 

Indicateurs

Unité

 

Niveau

 

Année

 
 

Total

Homme

Femme

 

% de population ayant accès à un service de santé

%

 

45,9

 

1999

Prévalence contraceptive: méthodes modernes, 15-49ans

 

%

 

11,80%

2000

% d'accouchements assistés par un personnel de santé

 

%

 

46%

2000

Prévalence du VIH (%)

%

 

0,16

 

2000

Insuffisance pondérale à la naissance

%

 

7,4

 

1992

Insuffisance pondérale des enfants (0-59mois)

%

 

33

 

2000

Malnutrition aiguë modérée et sévère (0-59mois)

%

7,4

7,4

7,3

1995

Malnutrition chronique modérée et sévère (0-59mois)

%

49,8

51,2

48,4

1995

Prévalence de l'anémie chez les femmes enceintes

 

%

 

22

2000

Consommation de sel iodé au niveau national

%

 

76

 

2000

% d'enfants de 0-59 mois complètement vaccinés

%

 

44,4

 

2000

 
 

16

 
 
 

Nombre de nouveaux cas de Rougeole par an

%

 

935

 

1995

Nombre de nouveaux cas de Poliomyélite par an

%

 

17

 

1995

Nombre de nouveaux cas de tétanos néonatal par an

%

 

7

 

1995

% de femmes enceintes immunisées contre le tétanos

 

%

 

48

2000

Taux d'utilisation de la TRO

%

 

22,2

 

2000

Prévalence de la syphilis chez les femmes enceintes

 

%

 

12

1995

Risque annuel d'infection de la tuberculose

%

 

2

 

1994

Nombre de Médecins p. 1000 hab. (secteur public)

p. 1000

 

8,6

 

1999

Nombre de Paramédicaux p.1000 hab. (secteur public)/ infirmiers

p.1000

 

20,4

 

1999

% de femmes ayant fait régulièrement les 3 consultations prénatales

%

71

2000

% de femmes du milieu urbain ayant régulièrement les 3 consultations

 
 
 

prénatales

%

87

2000

% de femmes du milieu rural ayant fait régulièrement les 3 consultations

 
 
 

prénatales

%

69

2000

a

INDEX.

administration, 6, 8, 9, 11, 13, 16, 49, 50, 52, 59, 62, 85,

XXII, XXVII, XXX

agriculture, 16, 20, 22, 63, VI, XIX, XXXVI

AKFM, iii, 7, 8, 56, VII, XVII, XVIII, XIX, XX, XXI, XXII,

XXIII, XXIV

Alaotra, 16, 28, 64, 96

aménagement, i, 2, 13, 16, 28, XI, XIII, XIV ANDRIAMANJATO, 9, 82

Antananarivo, 13, 41, 56, 60, 97, V, VI, VII, XIX, XXV AREMA, iii, 46, 47, 54, 55, 62, 88, XXI, XXII, XXIV, XXVIII

Assemblée Nationale, iii, 7, 8, 53, 82

Betsiboka, 16, 28

BM, iii, 76, 89, XVIII, XXXVI

centralisme, 52, 60, 62, XXI

charte de la Révolution socialiste malgache, 50

Collectivité, 58, 60

COMEMA, 27, 28, 29, 30

communes, 14, XIII, XIV, XV, XXVIII

Communes, 11, 14, 87, XIV

constitution, 1, 7, 36, 50, 51, 82, 83, 84, 85

CRD, iii, 19

CTRPD, iii, 19, XXVIII

DCPE, iii, 88, 89, 90, VI, XXIV, XXXI

décentralisation, i, 51, 57, 58, 85, 86, 96, VII, X, XIII, XXI, XXII, XXX

découpage territorial, 9, 85

démocratie, 8, 62, 79, 81, VI, XXIII

Départements, 86, 87, XII, XIII

Députés, 8

Directoire Militaire, 50

Dirigeants, 2, 8, 15, 19, 22, 51, 54, 55, 78, 81, 89, VI DSRP, iii, 89, 90, VI, XXIV, XXXI

économie, 7, 15, 16, 19, 20, 22, 45, 50, 52, 60, 62, 63, 76, 78,
80, 89, 90, 94, VII, XVII, XVIII, XIX, XXIII, XXIV, XXXI

Etat, iii, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 17, 23, 26, 29, 30, 31, 35,

40, 41, 46, 48, 50, 51, 52, 53, 54, 59, 62, 64, 68, 78, 79,

80, 81, 82, 83, 84, 86, 87, 90, 91, 96, V, X, XI, XII, XIII, XV, XVII, XXI, XXII, XXIII, XXVII, XXVIII, XXX Faritany, 58, 59, 68, 97, XIII, XXI, XXIII, XXV

FFKM, iii, 80, VII, XXX

Fianarantsoa, 12, 69, 96, 97, XIII

Firaisana, 59, IX, XIV

Fivondronana, 59, XIII, XXI

FMI, iii, 76, 78, 79, 83, 89

FNDR, iii, 54, 55, XXI, XXII, XXIX, XXX

Fokontany, 49, 58, XXI

Français, 7, 17, XVIII, XIX, XXI, XXIX

géométrie variable, 82

Gouvernement, 8, 16, 35, 45, 48, 53, 88

Grande-île, 2, 4, 6, 7, 16, 19, 24, 26, 45, 54, 56, 62, 63, 65,

77, 78, 79, 82, 89, 93, 96

HCC, iii, 8

HTC, iii, 12, 28

HVR, iii, 51, XXX

indépendance, 2, 6, 7, 9, 17, 29, 30, 45, 50, 78, 85, 93, 95, XV, XVII, XVIII, XX, XXVII, XXVIII, XXIX

industries, 76, XXII, XXVII, XXX

investissement, 40, 65, 78, 79, 90, V, XXIX

libéralisation, 79, 83, XXII, XXX

Madagascar, i, iii, iv, 1, 2, 6, 7, 8, 9, 11, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 22, 26, 28, 29, 31, 35, 45, 48, 51, 52, 54, 56, 58, 59, 62, 63, 65, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 87, 89, 90, 93, 94, 95, 96, 97, V, VI, VII, X, XI, XVII, XVIII, XX,

XXII, XXIV, XXV, XX, XXVII, XXIX, XXX, XXXI, XXXIII, XXXVI

Mahajanga, 12, 68, 69, 97

Maires, 11

Malgaches, 6, 7, 17, 45, 49, 50, 51, 52, 55, 56, 62, 63, 76, 77,
78, 82, 83, 88, 90, 94, XVIII, XIX, XX, XXIV, XXVII, XXVIII, XXIX

Marovoay, 12, 27, 28, 29, 30, 31, 64

MONIMA, 7, XVIII

Nations Unies, iv

PADESM, iv, XXVII

Parlement, 8, 54, 85

PAS, iv, 78, 79, 83, 89

PIB, iv, 77, 78, 79, 93, XXXIII, XXXIV, XXXV

Plan, iii, iv, 15, 18, 19, 36, VI, VII, XII, XIV

PNB, iv, 2, 77, XXXV

Pouvoir, 15, 16, 17, 54, 78, 81, 85, V

Préfectures, 13

première république, 9, 11, 14, 48, 56, XVII, XVIII Provinces, 11, 13, 87, 96, VI, XXI, XXIII, XXVIII

PSD, iv, 5, 8, 45, 48, 55, XVIII, XIX, XXVIII RABESAHALA, 35, 50, XVII

RAKOTOARIVELO, XXV

RAMANANTSOA, 46, 48, XX

ras du sol, 14, 35, 36, 40, V, XIX, XXVIII RATSIMANDRAVA, 49, 54, 57, XX

RATSIRAKA, 49, 50, 52, 55, 62, 87, 88, V, XV, XX, XXI,

XXIII, XXIV, XXVIII, XXIX, XXXI

RAVONY, 54, 83

RAZANAMASY, V

réforme, 6, 49, 62, 63, 76, 79, 80, 83, 84, 85, 87, VI, XI réforme agraire, 62, 63, VI

Régions, 86, 87, XI, XII

république, iv, 1, 2, 6, 7, 8, 10, 11, 15, 19, 46, 52, 53, 54, 87, V, VI, VII, X, XI, XVIII, XXVIII

Sakalava, 12, 28

Sénateurs, 8

Syndicat des Communes, 31, 33 TAN, iv, 2, 78, 94

transition, 2, 46, 81, 88, V

Travail au ras du sol, 11

Tsimihety, 12, 13

TSIRANANA, 6, 7, 8, 9, 13, 15, 17, 29, 48, 51, 55, 57, 63, 77, XVII, XVIII, XIX, XXVII, XXVIII

Tuléar, 12, XXVIII

VIP, iv, 54, 57, 62, 85

ZAFY, 83, 84, 88, XXIII

b






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