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LES pilais
Go ennementaux
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RESUME.
De 1960 à 2001, Madagascar a été
gouverné par trois partis gouvernementaux. L'analyse faite dans ce
mémoire s'intéresse au rapport à l'espace des
activités et des décisions politiques de deux de ces partis qui
ont dominé outrageusement la scène politique durant leur mandat
respectif. Il s'agit du PSD de 1958-1972 et de l'AREMA de 1975-1993 puis
de1997-2001 ; l'UNDD n'a pas été considéré, car il
n'a pas gouverné seul mais avec les forces vives. De plus, il n'est
resté aux commandes que trois ans.
Le PSD était le parti qui a pris en main la
destinée de Madagascar après son indépendance. Il a
hérité de l'époque coloniale une administration
très centralisée qui s'appuie sur une organisation administrative
déconcentrée et technocratique. Cela ne l'a pas
empêché de mener à bien la mise en branle du plan
quinquennal, véritable outil de développement. A travers cette
politique, le PSD a pu mener, à travers l'île, des actions cibles
se rapportant aux potentialités avouées de chaque région
avec toutefois des effets limités.
L'AREMA quant à lui a mené une réforme
administrative débouchant sur la mise en place du VIP, structure
décentralisée. Les nouvelles entités d'approche spatiale
ainsi établies ont besoin de pôle catalyseur pour être
viable. C'est ainsi que l'Etat s'est lancé dans la politique de
l'investissement à outrance et la création d'université
dans les chef lieu de province. Au contraire du PSD qui voulait que chaque
préfecture définisse sa propre priorité, l'AREMA a
privilégié la centralisation des initiatives économiques.
Cette politique s'est révélée désastreuse si bien
qu'à son retour au pouvoir en 1997, le parti décide de se
conformer à la politique de libre-entreprise.
Mots clés :
ii
REMERCIEMENTS.
J'ai pu terminer ce mémoire grâce au concours et
à l'aide de plusieurs personnes que je ne saurai taire les noms. Je
tiens particulièrement à remercier et saluer ces personnes, de
véritables guides, sans qui ce mémoire n'aurait jamais
été.
· A mes Parents qui n'ont jamais cessé de me
soutenir. Mes gratitudes vous sont toutes acquises car sans vos soutiens, je
n'aurai jamais réussi à aller aussi loin dans mes
études.
· A M. Gabriel RABEARIMANANA, Maître de
conférences. Votre patience durant nos conversations avait
facilité la rédaction et la démarche critique et
scientifique de ce mémoire.
· A Mme Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur
titulaire. Vous aviez été toujours présente durant mon
cursus universitaire. Vos conseils éclairés m'ont servi de guides
lors de l'élaboration de ce mémoire.
· A M. Lucien RAZANADRAKOTO, Professeur. Votre intervention
durant le séminaire de « Philosophie politique et morale »
a été un plus pour l'élaboration de ce mémoire.
· A Mme Simone RATSIVALAKA, Maître de
conférences. Vous aviez été la première Responsable
de ma formation pédagogique. J'ose espérer que vous trouveriez en
ce mémoire le reflet des démarches que vous avez entreprises
depuis.
· Aux autres personnes anonymes qui ont de près
ou de loin contribué à leur manière à
l'établissement de ce mémoire, notamment les personnels du
département de géographie - de l'INSTAT - de l'archive Nationale
- de la Vice-primature chargé des programmes économique et du
MinInter. A tous, MERCI !
iii
LISTE DES SIGLES.
AKFM Antokon'ny Kaongresy ho an'ny Fahaleovantenan'i
Madagasikara
AN Assemblée Nationale
ANGAP Association Nationale des Aires Protégées ANP
Assemblée Nationale Populaire
AREMA Avant-Garde de la Révolution malgache
BM Banque Mondiale
BTM Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra
CAIM Compagnie agricole et Industrielle de Madagascar
CEE Communauté Economique Européenne
CFD Caisse Française de Développement
CRD Conseil Rural de Développement
CRES Comité de redressement Economique et Social
CSI Conseil Supérieur des Institutions
CSR Conseil Suprême de la Révolution
CTRPD Conseil Technique Régional du Plan et du
Développement DCPE Document Cadre de Politique Economique
DIANA Diego - Ambilobe - Nosy-Be - Ambanja
DSRP Document de Stratégie de Réduction de la
pauvreté
FFKM Fiombonan'ny Fiangonana Kristianina Malagasy (Conseil des
églises chrétiennes de Madagascar)
FIFABE Fikambanan'ny Fampandrosoana ny lemak'i Bestiboka
(Coopérative pour le développement de
la plaine du Bestiboka)
FISA Fianakaviana Sambatra
FMI Fonds Monétaire International
FNDR Front National pour la Défense de la
Révolution
HAE Haute Autorité de l'Etat
HCC Haute Cour Constitutionnelle
HIMO Haute Intensité de main d'oeuvre
HTC Hautes Terres Centrales
HVM Hery Velona Madagasikara (Force vive de Madagascar)
HVR Hery Velona Rasalama (Force vive RASALAMA)
INSTAT Institut National de la Statistique
JORM Journal Officiel de la république de Madagascar
MGF Malagasy Franc
MID Marché Interbancaire de Devise
MMSM Mandatehezana Miaro ny Sosialisma Malagasy (Front pour la
défense du socialisme malgache)
OGM Organismes Génétiquement Modifiés
ONG Organisme Non Gouvernemental
ONU Organisation des Nations Unies
PADESM parti des Déshérités de Madagascar
PAS Politique d'Ajustement Structurel
PCD Plan Communal de Développement
PIB Produit Intérieur Brut
PNB Produit national Brut
PPI (projet des) Petits Périmètres
Irrigués
PPN Produits de première Nécessité
PSD parti Social Démocrate
RDM Repoblika Demokratika Malagasy
SAVA Sambava - Vohémar - Antalaha
TAN Taux d'Accroissement Naturel
TF Taux de Fécondité
TM Taux de Mortalité
TMI Taux de Mortalité Infantile
TN Taux de Natalité
UNDD Union Nationale Des Démocrates
URSS Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
USA United States of America
VIP Vondrom-bahoaka Itsinjaram-Pahefana
Table des matières.
Résumé. i
Remerciements. ii
Liste des sigles. iii
Table des matières. v
Introduction. 1
PARTIE I : LE PSD ET L'ESPACE MALGACHE (1960-1972) ; DES
TRANSFORMATIONS
MITIGEES. 5
Chapitre 1. l'ère TSIRANANA où le temps du
néocolonialisme. 6
I. Un pouvoir sans partage du PSD. 6
II. Un découpage territorial déconcentré et
technocratique. 9
Chapitre 2. Le plan quinquennal : outil de
développement de Madagascar ? 15
I. Rétrospective sur le Plan décennal de
1947-1957. 15
II. Le plan quinquennal de 1964, base des actions
initiées par le PSD. 17
vi
Chapitre 3. Un plan pour la modernisation du monde rural
et l'aménagement de l'espace urbain. 20
I. Les opérations agricoles et industrielles : Une
priorité pour le PSD. 21
II. Le Syndicat des Communes : Une institution «
éphémère. » 31
III. « Le travail au ras du sol » : Une entreprise qui
a échoué. 35
IV. L'aménagement d'un espace en mutation : La ville.
41
Conclusion partielle. 45
PARTIE II : L'AREMA : DE LA « REVOLUTION »
SOCIALISTE A LA RECONVERSION AU LIBERALISME. 47
Chapitre 4. La deuxième république : une
république AREMA. 48
I. La refonte de la valeur de la société malgache.
48
II. L'avènement de la deuxième république.
50
Chapitre 5. une stratégie spatiale mise en
échec par une conjoncture internationale défavorable.
56
I. Le VIP : Un concept valable mais une pratique
incohérente. 57
II. La réforme agraire : Une entreprise inaboutie. 62
III. L'investissement à outrance : Un échec
patent. 65
IV. La décentralisation de l'enseignement
supérieur, un travail à long terme. 70 Chapitre 6. de
la réforme des années 80 à la politique libérale de
la fin des années 90 76 I. Une situation économique en
pleine dégradation. 77
II. le dur apprentissage de la démocratie. 81
III. Vers le « développement durable » de
Madagascar. 89
Conclusion partielle. 91
Conclusion générale. 93
Table des illustrations. I
Liste des figures. I
Liste des graphes. II
Liste des organigrammes. III
Liste des tableaux. III
Bibliographie. V
ANNEXES. VIII
Carte de la densité de la population à Madagascar.
IX
La tentative échouée du découpage
territorial préconisé par le HVR. X
Entretien accordé par Mme Gisèle RABESAHALA XVII
Entretien accordé par M. Jonah RAKOTOARIVELO. XXV
Tableaux annexes. XXXIII
Index. a
Introduction.
C'
e développement recherché par les responsables
gouvernementaux à la tête de l'Etat malgache depuis 1960 a
nécessairement une dimension spatiale. Ce mémoire se propose
d'étudier la manière dont deux partis gouvernementaux ont voulu
aménager le territoire malgache : le PSD de 1958 à 1972 et
l'AREMA de 1975 à 1993 puis de 1997 à 2001.
Le choix du thème.
Le titre de ce mémoire de DEA est : « Les Partis
gouvernementaux et l'espace malgache de 1960 à 2001. » Ce choix
s'est imposé dans la mesure où les premiers responsables du
développement de Madagascar sont les gouvernants qui fixent les
modalités à suivre.
Les gens doivent travailler dans ce cadre. Or, ce cadre a
changé plusieurs fois depuis 1960. La constitution a été
remaniée sinon modifiée au moins cinq fois. On en est aujourd'hui
à la Troisième république. A chaque république, il
y avait eu des approches différentes - suivant l'idéologie, les
projets de sociétés défendus par le pouvoir - qui se sont
traduites par le découpage du territoire et la mise en oeuvre de
stratégies spatiales spécifiques, mais toujours ambitieuses.
La problématique.
problématique. Elle tente d'analyser les relations que
les Dirigeants ont entretenues avec l'espace et la population malgache. Une
analyse qui va recadrer les actions entreprises - des décisions
politiques - dans leur contexte spatial et voir ainsi la mutation qui s'est
opérée depuis 40 ans.
Les gouvernements successifs ont abordé la notion de
l'aménagement de différentes manières, mais le fil
conducteur de toutes ses actions était le développement de
Madagascar. Trois phases marquent cette évolution. Elles sont
représentées chacune par une république entrecoupée
de période de transition : la première république
véhiculait le concept du socialisme libéral encore empreinte du
néocolonialisme ; la deuxième république voulait mettre en
pratique une société organisée autour de la
révolution socialiste ; quant à la Troisième
république, elle prônait la mise en place d'une
société démocratique.
Les grandes orientations du mémoire.
En 40 ans d'indépendance, la situation
économique de Madagascar n'a cessé de se
détériorer. On s'efforce encore aujourd'hui de comprendre les
raisons de cette situation. L'une des causes est certainement politique car ce
sont les choix des Autorités qui influencent les décisions prises
par les techniciens, mais il ne faut pas non plus oublier les
péripéties de l'histoire. Ces tracas, au demeurant passagers, ont
grandement contribué à l'état actuel de la
Grande-île.
Tous les critères d'un Pays
sous-développés sont recensés à Madagascar : entre
1990-1995, le taux d'accroissement naturel (TAN) était de 3.2% - le taux
de mortalité infantile (TMI) culminait à 9.3% - le taux de
fréquentation des écoles ne cessait de péricliter - le
Produit national brut (PNB) était de 220US $ par habitant alors que la
dette extérieure, elle est de l'ordre de 120% du PNB. Pour comprendre ce
qu'il en est réellement, il suffit de remonter le temps - de revoir et
rediscuter ces décisions politiques qui ont des répercussions
jusqu'à maintenant. De ce fait, le plan adopté suivra la
chronologie d'autant plus que les deux Partis
gouvernementaux qui sont pris en compte - le PSD et l'AREMA - ont
dominé chacune une république1.
Les limites de la recherche.
Ce mémoire de recherche a, comme on l'a
déjà précisé, pour but d'analyser les actions des
gouvernements successifs qui se sont succédés à Madagascar
notamment celles qui ont eu des impacts directs sur l'espace. En cours de
travail, il a fallu pourtant revoir certaines ambitions à la baisse. Le
problème majeur est le manque d'information. Un pan de l'archive
relative au travail n'existe pas. Un exemple : dans les différents
ministères existant actuellement, on ne retrouve que très peu de
traces de la période de la deuxième république. Il a fallu
« se contenter » de récits auprès de diverses personnes
ressources qui traduisent les faits suivant leurs propres expériences. A
ce propos, l'annexe contient deux de ces entretiens qui abordent la
période considérée.
Par ailleurs, la recherche effectuée s'arrête en
l'an 2001, date du départ de M. RATSIRAKA du pouvoir. Cela a
été volontaire dans la mesure où les actions du
gouvernement actuel ne peuvent pas encore être analysées avec le
recul nécessaire pour un scientifique. Les actions du TIM2
sont en cours et leur aboutissement ne peut être évalué
honnêtement qu'à la fin du premier mandat de M. RAVALOMANANA.
Ceci étant, ce mémoire de recherche essaie tant
bien que mal de montrer que la situation actuelle de l'espace et de la
population malgache est le fruit des décisions politiques prises durant
ces quatre dernières décennies. Les actions, notamment spatiales
des deux Partis politiques qui ont dominé la période sont
revisitées et analysées sous divers angles. Pour finir, on peut
dire que depuis l'avènement de la troisième république en
1993, on est entré dans une transition qui ne dit pas son nom et qui
n'est pas terminée. Celle-ci prendra fin après la
1 L'AREMA a gouverné de 1975 à 1993 puis de 1997
à 2001. entre ces deux périodes, il y avait eu la période
UNDD. Son étude n'a pas été prise en compte dans ce
mémoire dans la mesure où ce parti n'était resté au
pouvoir que pendant trois ans. Une période assez courte et trouble qui
n'a laissé que très peu de trace.
2 parti de M. Marc RAVALOMANANA
mise en place d'une république aux structures fermes et
acceptées par la majorité des Malgaches.
Figure 1 : Localisation de la Grande-île dans le
Sud-Ouest de l'océan Indien. Fond de carte : Microsoft Encarta
Atlas.
Partie I : Le PSD et l'espace malgache
|
(1960-1972) ; Des transformations
mitigées.
|
CHAPITRE 1. L'ERE TS IRANANA OU LE TEMPS DU
NEOCOLON IALISME.
L
e 14 octobre 1958, l'Etat malgache fut érigé en
république. La Loi d'annexion du 6 août 1896 a été
déclarée caduque. Cette réforme passa après que les
Malgaches eurent
voté OUI au référendum du 28 septembre
1958. Ce n'était pas encore l'indépendance, néanmoins,
cela avait été le premier pas vers le recouvrement de la
souveraineté malgache. Le gouvernement qui a été mis en
place a exercé un pouvoir très personnel. Le PSD était
sans conteste le seul parti qui dominait la scène politique. Son action
est d'autant plus amplifiée qu'elle s'appuyait sur une organisation
administrative déconcentrée.
I. Un pouvoir sans partage du PSD.
A. Une république néocoloniale.
La république de Madagascar d'avant
l'indépendance n'était qu'une façade. Des trois conditions
qui font d'un Etat, un Etat, la Grande-île n'en remplissait qu'une : la
population. En effet, la France continuait à administrer les affaires
nationales et, une grande majorité du territoire malgache sont hors de
sa juridiction. On peut parler ici du cas des îles dépendances de
Madagascar, comme Bassa Di India - Tromelin - Europa - Les Glorieuses et Juan
de Nova... (cf. fig.1) La souveraineté de Madagascar sur ces îles
n'a guère dépassé les déclarations d'intention.
Jusqu'à maintenant, ces îles sont sous administration
française.
1) L'accord de coopération
franco-malgache du 2 avril
1960.
Cet accord a été établi avant
l'indépendance de Madagascar. Il lie le futur Etat indépendant
à l'ancien « maître » du Pays. Ce dispositif
restreignait le pouvoir souverain de Madagascar. Il a été
contesté par les deux Partis dans l'opposition d'alors : l'AKFM et le
MONIMA 3. Dans le fait, le Président TSIRANANA pensait
s'appuyer sur cette donnée pour émanciper Madagascar. Il voulait
un transfert en douceur : comme le Pasteur RAVELOJAONA, il voulait que la
souveraineté effective de Madagascar se fasse, après qu'une
élite malgache eut été constituée.
L'accord établi avec la France préfigurait une
main-mise de l'ancienne puissance coloniale sur les secteurs clés de
l'économie de la Grande-île. D'un commun accord, une entente
mutuelle de coopération volontaire avait été
trouvée sur le plan de la Politique étrangère - la
Défense - les Prestations monétaires - l'Economie et les finances
- l'enseignement - les Transports et Communication.
Là où les Malgaches ont été
intransigeants, c'était sur la question de l'intégrité
territoriale : les Français ont voulu que l'île Sainte
Marie4 ainsi que la base navale de Diego Suarez leur soient
cédées mais ils se sont heurtés à une fin de non
recevoir de la part des Malgaches...
2) Un régime de type «
présidentialiste modéré
».
La constitution du 29 avril 1959 s'inspire largement de la
constitution de la V è république française.
Ainsi, dans un premier temps, comme ce qui est inscrit dans la constitution
française de la V è république, le
Président de la république malgache avait été
élu par un collège de Grands électeurs composés par
les Membres de l'Assemblée Nationale. Ce n'est que le 6 avril 1962
qu'une modification avait été apportée faisant du
Président de la république une Personne élue au suffrage
universel direct. Cet amendement a été pris sur l'exemple de
la
3 Partis politiques héritiers des grands mouvements
nationalistes à Madagascar, notamment le MDRM et la
société secrète Jina.
4 L'Île Sainte Marie avait un statut particulier
bien avant la colonisation de Madagascar. Par des traités, le Royaume de
cette île avait fait allégeance à la France qui
considérait de facto son appartenance au territoire français.
constitution française qui en a fait de même. La
constitution de la première république reprenait en grande partie
les principes d'une démocratie de type occidental.
L'exécutif est de type monocéphale5,
il est élu au suffrage universel direct pour 7 ans. Le pouvoir du
Président de la république est grand car il s'appuie à la
fois sur ses prérogatives et sur une assemblée législative
complètement acquise à sa cause6. L'emprise de
l'exécutif est par conséquente prépondérante sur le
cours des affaires nationales.
Le Parlement est bicaméral avec une Chambre Haute et une
Chambre Basse :
· Le mode de scrutin pour les Sénateurs est un
suffrage au second degré pour les deux tiers des membres et une
désignation par le gouvernement pour le tiers restant.
· Quant aux Députés, ils sont élus au
suffrage universel direct.
Le Conseil Supérieur des Institutions (CSI)
complète l'institution de la première république. C'est
à peu près l'équivalent à la Haute Cours
Constitutionnelle (HCC) actuelle. Il contrôle la
constitutionnalité des lois promulguées et sert de Juge
électoral.
B. Le parti Social Démocrate : un parti Etat.
Comme partout dans les Pays sortis du joug de la
colonisation, la hantise des Dirigeants était de perdre pied et de voir
se désintégrer « l'Unité territoriale » issue de
la colonisation. Ils voulaient raffermir leur pouvoir et
l'intégrité du territoire national. Madagascar n'a pas
échappé à ce syndrome. Le PSD, parti du Président
TSIRANANA dominait la scène politique en faisant « main-basse
» sur tous les postes clés de l'administration. Une carte de membre
de ce parti en ce temps ouvrait bien des portes...
L'opposition au régime existait mais son aura
était faible. On peut citer l'AKFM qui, dans la Capitale, a pu tenir en
respect le parti PSD : le poste de Maire de la Capitale a été
occupé par le
5 Cas du gouvernement des USA : le Président
est à la fois le Chef de l'Etat et le Chef du Gouvernement.
6 Dans les couloirs de l'Assemblée Nationale
de l'époque, on ne retrouvait que 3 députés issus de
l'opposition. Les restes sont issus du parti du Président, le PSD.
Pasteur ANDRIAMANJATO Richard pendant les mandats de
TSIRANANA. Ce dernier pour affaiblir le pouvoir croissant du Maire a
nommé un Délégué Général du
gouvernement qui contrôlait les décisions des conseillers
municipaux...
Le territoire national est contrôlé par le PSD.
C'est un constat avéré. Cette « main-mise » est
appuyée par une administration dévouée au renforcement du
pouvoir du parti gouvernant.
II. Un découpage territorial
déconcentré et technocratique.
A chaque république, Madagascar avait connu des
divisions administratives aussi originales les unes que les autres. La
première république se démarque des deux
républiques qui vont lui succéder par la mise en place d'une
administration déconcentrée qui essayaient de planifier de l'Etat
central l'avenir de Madagascar. Cette administration est plus vouée au
« culte » de l'Etat plutôt qu'à celui des
administrés.
A. Une
division
administrative
héritée de l'époque
coloniale
(cf.
fig.2).
L'administration de la première république est
plus déconcentrée que décentralisée. C'est un choix
et aussi un héritage :
· Un choix car au lendemain de l'indépendance,
Madagascar avait très peu de cadres aptes à diriger les diverses
régions de l'île. Il fallait rendre l'Etat fort pour mener
à bien les actions de développement qu'il s'était
fixé d'entreprendre.
· Un héritage car la division administrative
existait déjà sous la période coloniale. Cette structure
n'est pas nouvelle dans la mesure où elle a été
héritée de la période coloniale. L'administration
coloniale privilégiait un pouvoir central fort pour peser de tout son
poids sur la cour des affaires de la colonie.
Figure 2 : Représentation graphique de la division
administrative de la première république. Source : G.
BASTIAN.
Il existait quatre échelons principaux dans le
découpage administratif de la première république (cf.
organigramme 1). Ces échelons sont des formes
déconcentrées de l'Etat : les fonctionnaires qui y oeuvraient
étaient désignés par l'Etat.
Seules, les Communes ont des élus : les Maires. Ces
derniers ont un grand rôle à jouer dans la mise en place et le
fonctionnement du plan notamment dans l'optique du « Travail au ras du
sol. »
B. Le choix des
divisions
administratives.
Le découpage administratif de la première
république est fortement centralisé bien que les
prérogatives de chaque entité administrative est assez large. On
va essayer d'expliquer le choix de ces découpages.
|
Provinces
|
|
|
6
|
|
|
|
|
|
|
18
|
|
|
|
|
|
|
92
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Communes
|
|
692
|
|
|
Organigramme 1 : Représentation schématique
|
de l'organisation administrative
|
durant la première république.
|
|
1) Les
provinces : Des
entités
régionales
homogènes.
Les Provinces sont au nombre de 6. Elles sont la clé de
voûte de l'organisation de la politique de développement de
Madagascar. A leur tête, on retrouve un exécutif7 qui a
rang de
Secrétaire d'Etat rattaché au ministère
de l'Intérieur. Leur découpage a été certainement
influencé par des caractères plus géographiques qu'humains
: on retrouve dans ces zones des traits assez similaires.
Ainsi, la province de Mahajanga s'ordonne autour du bassin
sédimentaire du Boina, une unité régionale qui a ses
caractéristiques propres : un climat sous l'influence de la mousson avec
deux saisons contrastées (un climat tropical chaud à saison
humide qui s'alterne avec une saison sèche), une
végétation dominée par la savane arborée avec des
reliques de forêt xérophile (comme la forêt
d'Ankarafantsika) et quelque lambeau de forêt galerie. Quant à la
population, elle est à dominante Sakalava dans le bassin du Boina.
L'ethnie Tsimihety est localisée vers le Nord (région de
Befandriana). C'est aussi une zone qui est en train de devenir un creuset
ethnique avec l'arrivée massive de gens de divers horizons de
l'île dans la plaine de Marovoay où la riziculture commence
à s'affirmer au détriment de la population sakalava, une
population pasteur...
Tuléar n'échappe pas non plus à cette
coïncidence du découpage avec la réalité
géographique. Le domaine du grand-sud est dominé par un climat
semi-aride qui englobe une majeure partie de la Province. Les ethnies qui y
vivent sont assez nombreuses mais leur caractéristique commune est
qu'elles font presque toutes les mêmes activités : le semi-
nomadisme qui s'articule entre autres autour de l'élevage extensif
(Bara, Antandroy etc.) ou de la pêche (Vezo) voire de la cueillette pour
les Mikea.
Cette analyse a quand même ses limites quand on regarde
par exemple, la Province de Fianarantsoa. Cette dernière est
formée par un ensemble comprenant la partie sud des Hautes Terres
Centrales (HTC) et une partie de la façade orientale de l'île.
Deux zones bien distinctes sur le plan géographique dont la limite
naturelle est la falaise tanàla. Il faut trouver ailleurs l'explication
de l'existence de cette Province. Si l'hinterland est peuplé en majeure
partie de l'ethnie Betsileo au Nord et des Bara au sud, il en va autrement du
peuplement de la façade orientale. Cette dernière connaît
l'existence de plusieurs ethnies qui « cohabitent » plus ou moins
paisiblement sur une portion assez restreinte du territoire (chaque ethnie est
localisée en général, entre deux interfluves). Même,
si cette zone a vocation à être autonome, la sagesse
politique en a décidé autrement pour ne pas
froisser « l'ego » de qui que ce soit. La province de Fianarantsoa
trouve son équilibre dans ce « savant dosage. »
En bref, les Provinces sont des zones avec des
caractéristiques assez identiques qui demandent de ce fait un
aménagement assez homogène. Leur érection durant la
période coloniale voulait faciliter le travail de l'administration dans
la compréhension des actions à entreprendre. C'est tout
naturellement que la toute jeune république de Madagascar s'y est
appuyée pour lancer ses futurs projets.
2) Les préfectures et les
sous-préfectures : Pour une meilleure
efficience de la présence de
l'Etat.
Les Préfectures et les sous-préfectures sont
des relais de l'administration sur le territoire. Elles jouent le rôle de
modérateur dans les actions gouvernementales car l'effectivité
des décisions venant de l'Etat central trouve leur application au sein
de ces territoires. Elles doivent ainsi être à l'écoute de
l'administration et des gens. Par ailleurs, elles sont l'émanation de
l'Etat sur le territoire sur lequel elles sont implantées et s'occupent
de tout ce qui a trait avec l'administration.
Madagascar avait 18 préfectures durant l'ère
TSIRANANA. La première remarque à tirer est que chaque Province
est subdivisée en 3 Préfectures sauf Antananarivo qui en compte 4
et Diego-Suarez qui en a 2. Chaque préfecture est un grand ensemble
régional qui englobe une certaine homogénéité bien
plus marquée que pour les Provinces. Leur désignation
répond à des critères cette fois-ci plus humaine et
économique. Chaque zone est caractérisée par des
activités bien spécifiques.
Par exemple, la Préfecture d'Antsohihy, d'une
superficie de 50.100 km2 englobe dans sa majeure partie le
territoire des Tsimihety. Le Vakinankaratra est habité par les gens du
même nom. Ce sont des ensembles de reliefs et de population assez
homogène qui aspire à la même réalité.
Ailleurs, comme pour la Préfecture d'Antalaha, des considérations
plus économiques ont influencé sa mise en place : c'est la
région de la culture de la vanille. L'approche initiée
démontre ainsi une volonté de mettre en relief
l'homogénéité pour insuffler la dynamique qui aiderait
chaque zone à se développer.
3) Les Communes :
L'embryon d'une nouvelle dynamique
locale.
Les communes, contrairement aux trois entités
territoriales sus-citées, ont des élus à leur tête.
C'est la seule forme de pouvoir décentralisé dans la
première république. C'est aussi l'entité administrative
la plus proche des gens. A cet effet, l'Etat malgache pense que les gens se
doivent de contribuer à l'amélioration et à la gestion de
leur espace de vie. C'est pour cette raison que les communes ont
été érigées. Elles sont « gouvernées
» par leur population qui va définir leur propre priorité.
Les Communes fonctionnent comme un véritable petit Etat. C'est la forme
originelle de la cité comme dans l'antique Grèce. On a un
exécutif, assisté d'un conseil qui oeuvre pour le bien-être
de la population de chaque circonscription. Les décisions prises par la
majorité sont appliquées sur le territoire communal. Les
possibles déviations de cette relative liberté sont
automatiquement signalées à l'entité administrative
supérieure.
Le statut de commune peut être révoqué
quand cette dernière ne remplit plus les conditions nécessaires
qui avaient amené à son érection. Il fallait donc que l'on
se « batte » pour garder ce statut. Celles qui perdent ce statut sont
ré-administrées par l'Etat central via ses démembrements.
Le rôle jouer par la commune est primordial dans la transformation de
l'espace malgache car c'est l'entité de base du développement. Le
plan quinquennal lui a attribué un rôle majeur défini dans
le travail au ras du sol.
CHAPITRE 2. LE PLAN QUINQUENNAL : OUTIL DE
DEVELOPPEMENT DE
MADAGASCAR ?
'-I
our dynamiser l'économie malgache, les Dirigeants de
la toute jeune république cherchaient la meilleure façon
d'opérer. Le credo de TSIRANANA était « asa fa
tsy
kabary 8». Il a voulu mettre cela en
pratique. Le Président convoquait une conférence pour
élaborer le Plan quinquennal qui avait débuté en 1964.
Auparavant, il faut signaler que Madagascar était déjà
sous le régime d'un autre plan.
I. Rétrospective sur le Plan décennal de
1947-1957.
Il faut se souvenir qu'au lendemain de la deuxième
Guerre Mondiale, la France avait été au bord de la ruine sans
l'intervention des Américains. Le Plan Marshall pour la reconstruction
de l'Europe avait été instauré.
La France avait alors eu conscience du fait que les colonies
étaient une charge trop grande pour le portefeuille de la
métropole. Pour que les colonies soient de moins en moins
dépendantes économiquement de la métropole, des Plans ont
été formulés. Madagascar devait en
bénéficier. Ces plans avaient été calqués
sur le modèle du plan américain.
A. Les points faibles de Madagascar.
Le Plan décennal de Madagascar énonçait
: « Le but recherché est l'amélioration du niveau de vie
des habitants de Madagascar qui ne peut être assurée que par le
développement parallèle de sa production et du commerce. »
Pour y arriver, le Pouvoir colonial avait fait le
diagnostic de la Grande-île. Cela a fait ressortir des
constats qui sont toujours d'actualité aujourd'hui :
· Dispersion des centres producteurs
· Tendance à la polyculture
· Existence de différents climats et sols
· Eloignement et enclavement des bassins susceptibles
d'être exploités
· Concentration de la population dans des zones
infertiles
Ces constats avaient emmené le Pouvoir colonial
à réorienter sa politique dans la Grande- île. Il avait
proposé une nouvelle politique s'orientant autour du plan qui avait
été établi vers la moitié des années 40.
B. La politique inscrite dans le plan.
Découlant du diagnostic fait, on a
préconisé à Madagascar, la concentration des efforts sur
quelques zones de rentabilité certaines et de grouper les moyens de
production quitte à léser certaines zones. Le souci, ici,
était bien loin du rééquilibrage des régions. Au
contraire, l'administration misait sur des zones à fortes
potentialités susceptibles de faire décoller l'économie
malgache.
Ce plan avait été financé à
hauteur de 57 milliards de Francs CFA. Le Gouvernement français se
proposait de le financer à hauteur de 29.5 milliards de Francs CFA, le
reste avait été accordé sous forme de crédits. Les
accents ont été mis sur l'amélioration des moyens de
communication : 68.4% des crédits alloués avaient
été injectés dans l'amélioration de ce secteur,
13.3% pour le secteur production dont l'agriculture et 18.3% à
l'équipement social. Il faut retenir que 49% des crédits
alloués avaient été affectés au secteur transport
étant donné que les lieux de productions seraient
dispersés comme il avait été noté auparavant.
II. Le plan quinquennal de 1964, base des actions
initiées par le PSD.
Comme bon nombre de pays, Madagascar s'est
décidé à mettre en place un plan pour orienter son
développement. Il faut toujours se situer dans la préoccupation
de l'époque : Madagascar avait eu son « indépendance, »
pourtant rien n'avait semblé changer. Le Pouvoir était toujours
encadré par des « conseillers étrangers. » Les
Malgaches voyaient cela de mauvais oeil : cela avait été
interprété par une grande partie de l'opinion comme une mainmise
des Français sur le cours des affaires nationales.
A. Une politique préconisant l'ouverture.
Le plan quinquennal de 1964 a été
élaboré pour améliorer la vie quotidienne des Malgaches et
répondre aux critiques de plus en plus acerbes envers le pouvoir.
Prévu pour durer pendant cinq ans, ce plan a été
prorogé jusqu'en 1972. Le Président TSIRANANA définissait
ce plan comme un outil visant à « transformer directement et
rapidement les données socio- économiques de l'île, sans
révolution, sans léser aucun intérêt, et en
profitant de tous les moyens (...) aussi bien la dynamique du secteur
privé libéral et capitaliste, que des cadres plus stricts des
entreprises d'Etat.9 »
Le Président se disait d'obédience socialiste.
Il n'en est pas moins que malgré cette tendance, il était ouvert
à toutes les propositions possibles qui pourraient améliorer le
quotidien des Malgaches. Il disait lui-même qu'il privilégiait
« la politique du ventre »... De ce fait, les
investissements aussi publics que privés étaient les bienvenus.
Lors d'une entrevue, il disait : « D'où qu'ils viennent, (...),
les investisseurs seront les bienvenus (...) sans craintes chez nous.
» La synergie se devait d'exister entre le Public et le Privé. Le
gouvernement de ce fait se propose d'investir là où les capitaux
privés font défauts.
Pour parfaire sa politique, les tenants du pouvoir de cette
période a commencé par édifier l'inventaire des actions
qui devraient être entreprises. Le « Livre Blanc », relatant la
situation de la grande-île de 1950 à 1960, a été
commandité. La formulation du plan va partir de ce constat. M. RABENORO
Césaire, Commissaire Général au Plan à cette
époque, disait que « le plan se devait d'être souple car
les données statistiques de l'île en ces temps étaient peu
crédibles » bien qu'il semble que rien n'a changé
jusqu'à maintenant...
Par ailleurs, pour mener à bien les actions futures,
il y avait eu l'adoption d'un Code des Investissements (JORM 1962/Ordonnance
N° 62-024 du 9 septembre 1962), de la mise en place de
sociétés destinées à compléter les actions
comme la SNI ou Société nationale d'Investissement (Ordonnance
N° 62-026 du 19 septembre 1962).
B. La prévision du plan « Tsiranana »
Le plan proposait d'investir 165 milliards de MGF
répartis à hauteur de 23% pour le secteur agricole - 17% pour
l'industrie et 51% pour le transport. Le souci évoqué
était qu'il faut accroître la production agricole malgache et
l'exporter.
Cette pratique ne doit pourtant pas se faire sans
l'assentiment de la majorité. Contrairement à ce qui était
inscrit dans le plan de 1950-60, le plan quinquennal de 1964 était plus
social. Il voulait « gommer » les disparités qui existaient
entre les couches sociales.
|
Total
|
Budget public
et subventions extérieures
|
Organismes publics et semi-publics
|
Capital privé
|
Investissements humains
|
Infrastructures et transports
|
83.42
|
33.64
|
16.85
|
26.68
|
6.25
|
Agriculture
|
38.66
|
20.60
|
2.24
|
8.68
|
7.14
|
Industrie
|
27.95
|
2.25
|
3.08
|
22.62
|
|
Equipements sociaux
|
12.46
|
10.48
|
1.03
|
0.35
|
0.60
|
Divers (commerce, information, coopération
etc.)
|
2.59
|
2.03
|
|
0.56
|
|
Total général
|
165.08
|
69
|
23.20
|
58.89
|
13.99
|
|
Tableau 1 : Répartition des investissements du plan (en
milliard de MGF). Source : Madagascar Afrique n°9, 1967
Le plan quinquennal de Madagascar se proposait d'atteindre
trois objectifs : subvenir à l'alimentation des malgaches -
accroître l'exportation pour contrebalancer l'importation et transformer
certains produits sur place pour freiner la fuite de « devises » lors
des importations pour que l'économie de la Grande-île puisse se
stabiliser. De grands efforts ont été faits pour améliorer
les voies de communication à Madagascar10. Une grande partie
des fonds du plan y est allouée.
C. Une organisation
s'appuyant sur l'appareil
administratif (cf.
organigramme 2).
Le Président de la république est le Premier
Responsable dans les décisions à prendre. Sous son
autorité, on retrouve deux organes s'occupant du plan : un Commissariat
Général au Plan à côté duquel siégeait
un Groupe de ministères. Ces ministères ne sont que des organes
consultatifs dans la conception. Ils doivent orienter les actions du
Commissariat Général au Plan.
Le souci des Dirigeants malgaches, dès le
début, était de traduire en acte l'aspiration réelle du
peuple : un développement concret. La concrétisation du
développement en partant de la base était une condition
indispensable dans la démarche de leur pensée : faire participer
les gens aux actions à venir. Le CTRPD ou Conseil Technique
Régional du Plan et du Développement a été
érigé en ce qui concerne les préfectures pour piloter et
suivre les actions du plan. Une autre cellule a aussi été
créée pour la Commune, le CRD ou Conseil Rural de
Développement, un organe consultatif.
Mais cette organisation avait été une source de
conflits. Les Ministères se battaient pour faire valoir leurs
préséances, quant aux CTRPD, ils n'étaient pas en mesure
de mener à bien leur tâche car l'emprise territoriale de la
préfecture est floue. C'est une limite administrative et non
géographique qui handicape gravement la mise en action des
décisions prises.
10 Depuis l'Indépendance jusqu'à
maintenant, le problème de la voie de communication est récurrent
dans les discours politiques des Dirigeants malgaches. C'est un cheval de
bataille sur lequel beaucoup de Politiciens ont tenté de surfer sans
grand succès. Le kilomètre de route praticable toute
l'année ne cesse de décroître.
Président de la République
Commissariat Général au Plan
Comité Interministériel du Plan et du
Développement
Conseil Technique Régional du Plan et du
Développement
Conseil Rural de Développement
Organigramme 2 : Représentation schématique de
l'organisation de la prise de décision du plan.
CHAPITRE 3. UN
PLAN POUR LA MODERNISATION DU MONDE RURAL ET
L'AMENAGEMENT DE L'ESPACE
URBAIN.
C'
e principal moteur du plan est l'agriculture. Avec
près de 5 millions de ruraux contre quelque 650.000 citadins et
villageois, il fallait prioriser cette frange de la population. Il est
impératif que les paysans accèdent à un statut
d'économie monétaire pour qu'un marché national puisse
s'épanouir.
Le PSD a cherché a initier une dynamique de
transformation de l'espace national à travers les opérations
agricoles et industrielles - les syndicats des communes - les travaux au ras du
sol. Ces opérations concernaient surtout le monde rural. La ville n'a
pourtant pas été délaissée avec les programmes de
créations de logements dans quelques localités de l'île.
I. Les opérations agricoles et industrielles
: Une priorité pour le PSD.
Figure 3 : Représentation graphique de la
répartition des grandes opérations effectuées par la
première république suivant les Provinces. Fond de carte :
Min Inter.
A. Des opérations pour
résoudre les problèmes économiques de
Madagascar.
Comme on l'a toujours souligné, l'économie de
Madagascar doit partir de la base. La majorité des Malgaches
étant des ruraux, il fallait apporter un soin particulier à ce
contexte. L'agriculture est ainsi devenue le défi majeur que se sont
lancés les Dirigeants de l'époque et ceux qui les ont
succédés plus tard.
1) Les zones
d'intervention des grandes opérations
(cf.
fig.3).
De premier abord, on peut être tenté de dire que la
répartition de ces actions sur le territoire malgache est inégale
:
· Une grande majorité des opérations qui
vont être menées est localisée dans les provinces
d'Antananarivo et Mahajanga. Il faut cependant distinguer que même dans
la province d'Antananarivo, on peut noter des nuances dans ces interventions.
Le Moyen- Ouest est beaucoup plus sollicité que le versant oriental.
Cette politique répond à une stratégie : le
redéploiement de la population vers cette partie de la province à
forte potentialité mais qui a été pendant longtemps
marginalisé. La densité de la population dans cette partie
d'Antananarivo est encore faible. Pour ce qui est de Mahajanga ; on est en
présence de la Province qui a la plus forte potentialité en terme
de développement : un bassin sédimentaire propice à
l'agriculture avec de larges plaines alluviales ; une côte à
l'abri des vents où la potentialité aquacole est palpable ; un
réseau hydrographique dense et un climat chaud toute l'année etc.
Malheureusement, son essor n'a guère été convaincant. Les
Sakalava, premiers occupants de cette partie de l'île, s'adonnaient
à un élevage de type extensif...
· Pour ce qui est de la côte Est et de la partie
septentrionale de l'île, on est en présence de zone sous
l'influence de l'alizé. Elles bénéficient de
l'implantation des cultures d'exportation héritées de
l'époque coloniale. Les futures actions proposées par le plan
vont s'appuyer sur la dynamisation de ces activités. De nouvelles
activités ont quand même été mises à l'ordre
du jour.
· En fin de compte, dans cette nouvelle politique
lancée par les Dirigeants, ce sont les Provinces de Toliara
(Tuléar) et de Fianarantsoa qui sont les moins « concernées.
» Très peu d'opérations vont y être menées.
Cela est sans doute dû au fait que les potentialités de ces deux
provinces sont quelques peu suffisantes : Tuléar, avec son climat semi-
aride, est difficile à aménager si l'on fait abstraction des
zones près des fleuves11 ; Fianarantsoa quant à elle
est déjà sous l'injonction d'une pression démographique
intense. Néanmoins, on verra que dans d'autres domaines, elles seront
gagnantes.
2) Les
différents types
d'intervention.
Les grandes opérations lancées par la
république malgache prenaient en compte les données
géographiques et l'existence d'embryon d'activités dans les
régions où les interventions vont être menées. A
partir de ces réalités, des projets ont été soumis.
Madagascar a été ainsi divisé en plusieurs zones
d'intervention.
a. Les opérations agricoles.
Les zones agricoles font suite aux études de la
potentialité des régions de Madagascar. Ces études vont
mettre en évidence une nouvelle vision de l'espace malgache qui va
générer des opérations agricoles d'envergure. Des
opérations qui ont fait la renommée du parti PSD quand il
était au pouvoir.
Mais avant de voir ces grandes zones agricoles, il est
nécessaire de signaler une forme particulière de l'intervention
de l'Etat. Il s'agit des fermes d'Etat qui sont une forme avancée de
l'intervention des gouvernants dans le monde rural. Des fermes étaient
érigées pour pallier l'absence du secteur privé dans des
zones à forte capacité de production. Elles servent de faire
valoir de la potentialité de certaines régions. Leur champ
d'action varie énormément allant de l'élevage porcin pour
la ferme de Bellevue à la culture de pommier pour Soanindrariny en
passant par l'élevage bovin à Ibaoka etc.
Ces fermes, implantées un peu partout dans la
Grande-île, servent de catalyseur dans les régions où elles
étaient. Elles insufflent en cela une nouvelle vision de l'espace
économique. Les gens, au contact de ces « nouveaux
phénomènes », ne peuvent que se bonifier. Mais l'essentiel,
bien évidemment sont les autres opérations entreprises dans les
zones agricoles :
· L'arrière-pays de l'Ouest malgache sera
voué à l'élevage12 tandis que les plaines
côtières seront le domaine de grandes cultures sur baiboho (coton,
riz etc.). Ainsi, il est prévu d'investir successivement près de
1.819 millions de Fmg et 2.560 millions de Fmg à Mahajanga et à
Antananarivo pour la construction d'une chaîne de production de viande
[allant de l'élevage jusqu'à l'abattage et l'exportation] suivant
la norme internationale. Les études faites ont en effet
révélé que ces zones ont une forte potentialité en
ce domaine.
· L'Est sera voué à la culture riche
d'exportation avec l'amélioration entre autres des plants de café
dont la culture est ancrée dans cette zone. La carte de la
répartition des surfaces des grandes opérations ci-dessus ne rend
pas compte de la disposition de ces cultures riches. Elles sont trop
éparpillées et cultivées par de petits exploitants
agricoles pour être quantifiées. Néanmoins, il faut
remarquer que tout l'Est malgache est concerné (de la façade
orientale de la Province de Diego-Suarez à l'extrême sud de la
Province de Fianarantsoa). Par ailleurs, d'autres opérations plus
zonales ont aussi été à l'ordre du jour comme la
plantation de palmiers à huile et de bananiers dans la région de
Toamasina et celle des cocotiers autour de Sambava.
· Dans le Sud, les aménagements ont
été concentrés autour des bras des grands fleuves de la
région. Leur mise en valeur a été
déléguée à des sociétés
d'aménagement tel le SEDEFITA ou le SAMANGOKY.
12 Le projet élevage dans la région
du Moyen-Ouest proposait de créer 5 ranches d'embouche semi-extensive de
4.000ha chacune et un abattoir d'une capacité de 30.600t/an. Ce projet
se fera en complète symbiose avec l'ODEMO `Opération de
développement du Moyen-Ouest)
Figure 4 : Représentation en surface (ha) des
différents projets d'aménagement. Fond de carte : Min
Inter.
on peut citer : l'ODEMO/SOMASAK dans le Moyen-ouest, la
SAMANGOKY dans la région de Morombe, la SEDEFITA à Toliara, la
SOMALAK dans l'Alaotra , le GOPR sur les Hautes Terres Centrales et la
COMEMA13 à Marovoay. Ces opération agricoles ont
été appuyées par une politique d'industrialisation
certaine.
b. Les opérations industrielles.
La balance commerciale de Madagascar est déficitaire.
La raison est que la Grande-île importe beaucoup, surtout des produits
finis qui, pourtant, peuvent être fabriqués sur place. Fort de ce
constat, l'Etat s'est lancé dans le développement de son tissu
industriel avec l'aide du secteur privé et, en s'efforçant de
doter les principales villes du pays. Trois organismes ont été
créés pour veiller à la coordination de cette politique.
Il y avait eu notamment le SNI ou Société nationale
d'Investissement. En outre, un nouveau code des investissements a
été élaboré pour favoriser la création
d'industries à Madagascar. Cet environnement serein avait permis
d'attirer de nombreux investisseurs privés. Les résultats ne se
sont pas faits attendre car dès 1966, 700 emplois furent
créés avec un investissement total de 1.220 millions de Fmg dans
le secteur industriel.
Parmi ces industries, on peut noter l'industrie de
transformation du papier, la Papeterie de Madagascar (PAPMAD) à
Ambohimanambola, Antananarivo, dont les fonds d'investissement
s'élevaient à 540 millions de Fmg. Elle a été
érigée en 1965 pour produire 7.000 à 8.000t/an de papiers
de diverse qualité. Autres industries, on peut citer : la raffinerie de
pétrole de Toamasina14, la SOTEMA15 ou
Société Textile de Mahajanga, la DCAN16 à
Antsiranana.
13 La COMEMA sera pris en exemple de ces grandes
sociétés d'aménagement.
14 La SMR ou Société Malgache de Raffinage a
été construite de 1964 à 1965. Elle a été
nationalisée en 1976 et intégrée dans le consortium SOLIMA
avant d'être cédée après la privatisation à
la société GALANA. Lors de sa mise en service, la SMR traitait
540.000t/an de produit pétrolier brut. Une capacité qui a
été amenée à 720.000t/an en 1972. La raffinerie
dispose d'une capacité de stockage de 255.000 m3 dont 143.000
m3 pour le pétrole brut, et 112.000 m3 pour les
produits intermédiaires finis. L'effectif des agents qui y travaillent
est de 346.
15 La SOTEMA a employé plus de 2 800 personnes, a
fermé ses portes en 1997 pour des difficultés financières
importantes (une dette de 140 milliards de Fmg). Cette unité
industrielle était une société d'état mixte
fondée en 1968. En 1996, son capital s'élevait à 3 510 675
000 Fmg. En 1998, elle a été cédée au groupe
SOCOTA.
16 La DCAN ou Direction de la construction et
d'armement navale a certes été créée bien avant la
première république (1945), mais elle a
bénéficié d'un appui certain de la part du gouvernement
PSD. Cette industrie a permis la création de nombreux emplois dans le
secteur industriel du le Nord de l'île.
Ainsi, à travers ces opérations agricoles et
industrielles encouragées par le gouvernement PSD, on sent le souci
réel mais sans doute limité de prendre en compte l'ensemble du
territoire national à travers les chefs lieu de province. Ce souci est
conforme à l'aspiration de toutes les forces politiques du moment qui
proclamaient un développement s'appuyant sur l'unité et
l'intégrité du territoire. Pour donner une idée
concrète des actions menées, la COMEMA a été prise
en exemple pour illustrer les travaux entrepris.
B. Exemple d'une
société d'aménagement :
La COMEMA (Comité
d'expansion de la Plaine de
Marovoay)
Figure 5 : Occupation du sol dans la région de la plaine
de Marovoay. Source : BD 500.
Aujourd'hui, Marovoay est plus connu pour être un haut
lieu de la riziculture malgache. Après la cuvette de l'Alaotra, la
plaine de Marovoay est considérée comme le deuxième
grenier à riz de Madagascar avec des productions de près de
45.000t/an. Marovoay est une plaine alluviale de 40.000ha dont près de
25.000 allouée à la riziculture. Elle est située au
confluent du Fleuve Betsiboka et de la baie de Bombetoka. La mise en valeur de
cette portion de territoire a commencé durant la colonisation.
1) Une plaine
prédisposée à la
pratique de la
riziculture
(cf.
fig.5).
Marovoay est l'ancienne Capitale politique du Royaume du
Boina. Comme les Sakalava sont plus éleveurs que cultivateurs, cette
plaine a été peu utilisée avant le début du
XXè siècle. C'est la colonisation qui a
commencé l'aménagement du terrain.
De grandes transformations du paysage ont dû être
mises en oeuvre pour que la plaine de Marovoay devienne viable (à cause
entre autres de la proximité de la mer qui a des incidences sur la
« salinité » du sol) : la plaine de Marovoay a une pente
faible qui empêche l'écoulement des eaux si bien qu'en saison de
pluie, elle est régulièrement inondée. Cette situation
n'est pas pour désavantager la zone car l'inondation renouvelle la
plaine en nutriment grâce au dépôt des alluvions
charriées depuis les HTC par les différents affluents du
Betsiboka. La maîtrise de l'irrigation est donc une condition
indispensable de la réussite de cet aménagement.
Un autre facteur à ne pas négliger est la
température qui dans le cas de Marovoay permet tout au long de
l'année de pratiquer la riziculture. Un riz a besoin d'une
température oscillant entre 18 à 25°C pour arriver à
maturité. A Marovoay, la température moyenne annuelle avoisine
les 25°C. C'est donc une situation favorable à l'expansion de cette
culture.
2) L'aménagement
d'avant la
COMEMA.
L'aménagement de Marovoay commençait au tout
début du siècle dernier. En 1908, la première station
agricole était opérationnelle. C'est un véritable
laboratoire pour l'amélioration des variétés de riz
à Madagascar, la création de nouvel outillage etc. dans cette
gestion, l'hydraulique relève de l'autorité
coloniale qui gère un réseau de canal atteignant une longueur de
plus de 100km au début des années 60.
Des colons français et malgaches s'y sont
installés. Mais les deux grandes firmes qui y ont travaillé
étaient la CAIM (Compagnie Agricole et Industrielle de Madagascar) et la
CFME (Compagnie Franco-malgache d'Exploitation).
La plaine de Marovoay produisait un riz de luxe connu sous le
nom de son découvreur : Ali Kombo, un Comorien qui y travaillait. Cette
variété a été destinée à
l'exportation17. Avec cette variété, on en arrive
à 4t/ha. Cette production était destinée à
l'exportation. Marovoay se prêtait à ce genre de culture car il
est situé tout prêt de la côte. Ce qui facilite grandement
les transports.
L'exploitation de cette zone se faisait sous le régime
du métayage qui a été contesté par un grand nombre
de gens au lendemain de l'indépendance. Par ailleurs, la gestion des
canaux hydraulique qui était du ressort du génie rural jusque
là a aussi été remise en cause. Certains des exploitants
ont décidé de prendre en main cette gestion pour avoir à
contrôler leur besoin en eau. Pour atténuer ses conflits, l'Etat a
créé la COMEMA.
3) Une société d'Etat
pour la redistribution du
terrain rizicole.
Le régime TSIRANANA avait créé la COMEMA
pour contrôler les contestations dans la plaine de Marovoay. La COMEMA
avait pour rôle de régler les différends résultant
du mouvement de décolonisation. En outre, elle devait veiller à
l'expansion de l'exploitation de la zone rizicole.
a. La mission : Une assistance concrète pour la
transformation de la plaine.
La COMEMA est mandaté par l'Etat pour racheter les
parts de la CAIM dans la plaine et ensuite de les revendre aux métayers
qui par cette procédure jouiront de leur récolte. La condition
fixée pour l'accès à la propriété des
parcelles était simple, il suffit de reverser à la COMEMA, 1/4
des récoltes sur une période de 10ans. Dans cette perspective, la
plupart des gens au tout début de la campagne étaient assez
motivée dans la mesure où elles vont devenir des
propriétaires. Elles prenaient part à la gestion des parcelles et
notamment dans la gestion des canaux d'irrigation et de drainage.
b. Des actions vite dépassées par la
réalité.
Très vite pourtant, l'entretien des canaux était
négligé. Certaines parcelles ont même été
privées d'eau. Une situation qui tendait à se dégrader. La
COMEMA, à ce moment contrôlait près de 13.000ha de terrain
rizicole qui ont besoin d'un sérieux « coup de lifting.
» L'événement de 72 marquait un point d'arrêt dans les
activités de la COMEMA. Sous prétexte du changement de
régime, les métayers refusent de s'acquitter de leur contrat (1/4
des récoltes) auprès de la société d'Etat et
demande qu'on leur donne des titres sur leur parcelle. Ils disent que ces
contrats n'avaient plus lieu d'être puisqu'ils avaient été
contractés auprès du défunt régime qui n'existait
plus. Cette situation avait emmené la nouvelle autorité a
créé le FIFABE pour gérer la zone en 1973.
4) Quid de
l'avenir de la
plaine de Marovoay ?
Le FIFABE colmatait les brèches avec les moyens de
bord. Mais sa tâche était difficile. Le FIFABE avait à
redistribuer des terres qui légalement appartenaient encore aux grandes
compagnies d'avant l'indépendance. Il a alors décidé
d'aménager de nouveaux terrains à redistribuer. Ces efforts,
forts louables, ont pourtant été arrêtés nets par
les conjonctures que le pays traversait vers la fin des années 70.
nouveau entretenues ; et la méthode de travail
réaménagée. L'avenir de la riziculture de Marovoay
dépend de la capacité de cette zone à s'assumer
d'elle-même. L'assistanat dont elle a fait l'objet jusqu là n'a
fait que l'entretenir pendant un temps. Son avenir, c'est aux acteurs qui y
oeuvrent de le définir.
Cette analyse quelque peu abrégée de la
situation de la plaine de Marovoay montre à quel point les
problèmes concernant le développement de Madagascar dépend
de beaucoup du facteur politique et de sa stabilité. C'est un miroir qui
renvoie la situation prévalant dans la grande-île. A chaque
gouvernement, on a un style pour appréhender la situation. C'est comme
si à chaque nouveau régime on prenait un nouveau départ
sans vraiment faire une lecture franche de la situation. Le pays y perd dans ce
jeu qui consiste à renier les pas déjà accomplis pour
faire valoir les nouveaux points de vue.
II. Le Syndicat des Communes : Une institution «
éphémère. »
A. Un système qui s'appuie sur la gestion
communautaire.
La société malgache fonctionne sous l'impulsion
du fokonolona. C'est une organisation de base qui s'appuie sur la notion de
parenté et de l'aide intercommunautaire. L'Etat n'a vraiment rien
inventé en la remettant au goût du jour : il s'est contenté
de donner à la population plus de possibilités avec de nouveaux
moyens de production qui vont être gérés en
communauté.
Un syndicat des communes est un ensemble de communes qui s'est
regroupé en vue de mettre en oeuvre leur moyen pour les grands
investissements. C'est une sorte de fédération de commune qui
travaille ensemble car une commune seule n'est pas en mesure de s'acquitter de
grandes dépenses qui vont grever leur trésorerie. On peut
distinguer deux types de syndicat des communes : les Syndicats
préfectoraux des communes et les simples syndicats des communes. Le
premier type concerne un ensemble de commune appartenant à une
même
préfecture et dont l'érection est de la
volonté de l'Etat tandis que le second se forme indépendamment
des limites administratives.
Figure 6 : Répartition des syndicats des communes
suivant leur nombre par province en 1967. Source : Archive nationale.
B. Des syndicats trop
ambitieux dans le choix des travaux
accomplis...
Le premier Syndicat des Communes était né dans
la région de Morondava. L'Etat apporte son aide pour le lancement du
projet. Ce dernier doit arriver à un stade d'autofinancement pour
être viable car il ne s'agit en aucun cas d'une assistance mais d'une
aide conjoncturelle qu'il faut stimuler, pérenniser. Les Syndicats des
communes fonctionnent comme des sociétés de type capitaliste. La
rentabilité doit être au rendez-vous sinon cela aura des
répercussions sur sa gestion.
1) De la répartition de
ces syndicats (cf.
fig.6).
On peut voir que c'est la Province de Mahajanga qui a le plus
grand nombre de syndicat avec 14 syndicats de commune (chiffre donné par
l'Etat malgache en 1967). A l'inverse, Antsiranana n'en possédait que 2.
Les autres provinces en comptent respectivement : 5 pour Fianarantsoa, 9 pour
Toliara, 12 pour Antananarivo et Toamasina. Malgré les écarts
entre le nombre des syndicats des communes d'une circonscription à
l'autre, on ne peut que signaler la présence de ceux-ci dans toutes les
Provinces du Pays.
Malheureusement, ces syndicats dans leur majorité
n'étaient pas rentables. Ils ont presque tous adoptés comme
terrain d'intervention l'entretien des routes avec l'achat d'engins y
afférents. Dans ce contexte, on a relevé que pour amortir
l'utilisation de ces engins, il fallait 1.000h/an de travail alors que dans la
majorité des cas, on ne les utilisait que pour 400 à 600 h. de
plus, quand ces machines tombaient en panne, il n'y avait pas de crédits
alloués à leur réparation... Cela entraîne
l'endettement des syndicats qui s'écartent de plus en plus de leur
mission initiale. Cette situation a emmené le Ministre tutelle a
demandé la fermeture de quelques-uns des syndicats qui sont
déficitaires dans certaines provinces. Mais ce n'était pas le cas
du Sud.
2) Les syndicats dans le Sud
: Un exemple de
réussite.
Contrairement à ce qui s'est passé dans le reste
de l'île, le Sud semble s'être adapté au rythme des
syndicats. Peut-être parce que c'est là-bas que
l'expérience a été tentée en premier. Toujours
est-il que suivant l'exemple de Morondava18 (qui a fait comme force
de développement les axiomes : « Production - commercialisation -
industrialisation. »), les autres syndicats dans cette région de
l'île se sont concentrés sur la résolution de leur
problème quotidien :
· A Morondava, il y avait eu la coordination des moyens
d'action des communes syndiquées dans la commercialisation des produits
agricoles.
· A Toliara tout comme à Fort-Dauphin, outre la
coordination des moyens d'action et de commercialisation, il y avait eu
l'industrialisation de la préfecture dans le cadre du plan de
développement.
· Dans le Manja, il y avait eu la coordination des moyens
existants pour effectuer les travaux inscrits dans les budgets.
· A Bekily, le syndicat gérait le fonctionnement
d'un auto-car/ambulance pour l'évacuation des malades vers un centre
médical.
Ces quelques exemples illustrent bien, que le syndicat des
communes peut être un véritable outil de développement s'il
travaille dans le sens des besoins vitaux de la région. Ici, on peut
voir que même si Toliara n'avait pas bénéficié de
grandes opérations comme les autres Provinces, avec les syndicats, elle
a pu s'épanouir.
18 Le Syndicat des communes de Morondava s'est
attelé à accroître les surfaces cultivables par
mécanisation. Ensuite, il a doublé, voire tripler leur rendement
pour arriver à 3246t d'arachide et de pois du cap. Un
bénéfice brut de 80 millions a ainsi pu être
dégagé auprès des comptoirs commerciaux.
III. « Le travail au ras du sol » : Une
entreprise qui a échoué.
A. Les prémices de
l'approche
participative.
Les travaux au ras du sol qui ont concerné la
totalité du territoire (cf. fig.7-8-9 et tableau 2) sont une initiative
prise pour faire comprendre aux gens que le développement devait avoir
l'aval de tous et que chacun à leur manière et dans la mesure de
leur possibilité y contribue. C'est une association de l'Etat et de la
population : « L'Etat prend en charge l'aide technique et l'aide
financière. Ce sont les techniciens de l'Etat qui étudieront les
projets (...) s'ils sont réalisables (...)C'est le budget de l'Etat qui
financera tout ce qui sera nécessaire et qui ne pourra pas être
trouvée sur place avec les moyens de bord. (...)De son
côté, la population doit se charger de tout le travail manuel
à sa portée. 19. La politique mise en place est
simple. Il
»
faut travailler pour avoir quelque chose. De cette façon,
les gens sont plus conscientes de l'importance des réalisations mises
à leur disposition.
Mme RABESAHALA Gisèle20 disait que «
la politique au ras du sol peut être traduit comme une vision plus
locale des actions (...) sans grandes théories mais des actions qui se
traduisent directement dans l'espace. »
B. Des actions
concrètes au niveau de
la base.
Les travaux compris dans cette approche sont des micro-projets
qui vont être faits pour améliorer le quotidien des gens. Ce sont
des aménagements de piste de desserte - des constructions de pont, de
bassin de pisciculture, de barrages et de petits canaux de petites dimensions
etc. en bref, des travaux qui ont trait à l'amélioration de la
condition du travail quotidien des gens.
19 Cette technique, citée par SALA G., n'est pas sans
rappelée les méthodes utilisées actuellement par le
Gouvernement malgache pour le développement de Madagascar. Cette
pratique trouve son écho dans le procédé du FID et de
certains ONGs qui préfèrent que les gens prennent part aux
réalisations qui vont leur être données.
20 Voir annexe, dans l'entretien accordé par Mme
Gisèle RABESAHALA
|
|
|
Nature des travaux
|
|
|
Total
|
|
Travaux routiers
|
Travaux génie rural
|
Agriculture et élevage
|
Forêt
|
Divers
|
|
Antananarivo
|
449
|
291
|
195
|
103
|
34
|
1072
|
Toliara
|
91
|
150
|
353
|
54
|
63
|
711
|
Fianarantsoa
|
248
|
195
|
217
|
70
|
44
|
774
|
Toamasina
|
165
|
154
|
294
|
96
|
17
|
726
|
Mahajanga
|
162
|
52
|
44
|
3
|
31
|
292
|
Antsiranana
|
65
|
44
|
30
|
15
|
4
|
158
|
TOTAL
|
1180
|
886
|
1133
|
341
|
193
|
3733
|
Tableau 2 : répartition des travaux au ras du sol par
province. Source : Archive nationale
Les travaux au ras du sol sont, dans sa constitution, les
prémices de l'actuel Plan de Développement Communal. Ce sont des
travaux faits pour dynamiser la Commune. D'ailleurs, à l'instar des
Plans rédigés actuellement, les travaux au ras du sol sont
priorisés suivant les besoins qui se font sentir et avec l'aval de la
population. Ils sont ensuite soumis à des entités
financières susceptibles de les appuyer.
C. Une vision locale des actions effectuées.
Dans son ensemble, c'est la province d'Antananarivo qui
bénéficie le plus de travaux au ras du sol. Antsiranana en avait
le moins. Cette analyse sommaire est pourtant relative si on combine ces
données avec d'autres facteurs comme le nombre d'habitants par province
(cf. fig.8 et 9).
Il faut cependant noter que 28.7% des travaux sont
localisés dans la Province d'Antananarivo. A l'inverse, Antsiranana n'en
bénéficie qu'à hauteur de 4.47% ; Mahajanga est à
7.8%. La moyenne pour les trois provinces restantes (Fianarantsoa, Toamasina et
Toliara) est de 19.74%. Ces données montrent combien la
répartition des travaux est inégale sur le territoire.
Par ailleurs, selon le type de travaux effectués,
l'entretien routier arrive en première position avec 31.6% des
subventions accordées. Il est suivi de près par l'agriculture et
l'élevage à 30.35%. Ces chiffres tendent à conforter les
actions menées dans les autres domaines du plan
qui consacrent le développement de l'agriculture et de son
moyen d'évacuation pour dynamiser le tissu économique de
Madagascar.
Figure 7 : Répartition des travaux au-ras du sol par
secteur d'activité. Source : Archive nationale.
Figure 8 : Répartition des subventions accordées
aux Travaux au ras du sol par province. Source : Archive nationale.
Figure 9 : Répartition de la subvention accordée
par habitant.
1) Une
organisation s'appuyant sur
l'entr'aide.
Les projets qui vont être mis en oeuvre doivent être
formulés par la population concernée. Ils doivent avoir
l'adhésion massive et la pleine collaboration des gens21. Ces
desiderata vont
être transmis à l'autorité
compétente, en l'occurrence la préfecture qui va aviser toute la
hiérarchie. C'est le gouvernement qui en dernier ressort décide
des actions à prendre. Des fonds vont être débloqués
au bénéfice de la commune sous forme de subventions ou de
prêts22.
Par ailleurs, on peut trouver d'après la fig.8 que la
notion d'investissement est relative. La plupart du temps, Antananarivo est
considéré comme une province « favorisée » par
les dirigeants. Certes, elle bénéficie d'une enveloppe
budgétaire plus conséquente par rapport aux autres provinces,
mais en absolue, ce « supposé » avantage fond. Ainsi, pour les
travaux au ras du sol, Antananarivo n'arrive qu'en quatrième position en
terme de subvention par habitant, avec 186.39Fmg/hab. Elle est loin
derrière Mahajanga qui totalise 247.24 Fmg/hab.
Il faut aussi retenir un fait : l'utilisation des fonds
alloués est strictement surveillée. Des écarts ou des
réalisations en retard peuvent être source de retrait des
subventions au profit d'autres projets dans d'autres circonscriptions. Cette
disposition a été prise pour qu'aucun investissement ne dorme
mais tourne à plein régime. L'Etat malgache est pressé
d'apporter des réponses aux actes qu'ils ont entrepris.
2) Les limites de la
politique au ras du sol.
Le Président avait certainement imaginé une
politique qui allait résoudre bien des problèmes lors de la mise
en place de l'approche au ras du sol. Il ne s'était certainement pas
attendu à ce que cette pratique devienne la fosse de son régime.
Faire participer les gens tel est le but de cette politique. Seulement, la
participation n'était pas « volontaire », elle était
faite de manière « coercitive » avec la persistance entre
autre du « karatra isan-jato », une sorte d'impôt de
capitation mise en place pour mieux contrôler les hommes valides... Les
procédés mis en oeuvre au tout début du plan a fait place
à des courses effrénées pour s'adjuger de la subvention
promise par l'Etat en cas d'acceptation du plan proposé.
des biens communautaires. Ces dina vont être des sources de
conflits quand les décisions des travaux à faire «
étaient passé entre les mains des responsables locaux. »
22 Les subventions concernent les travaux
effectués de concert avec la population locale, tandis que les
prêts sont des fonds avancés pour aider des circonscriptions
à se doter de matériels adéquats à ses besoins.
Les actions édictées n'étaient plus
définies par les gens concernées : c'étaient les
responsables locaux du plan qui dégageaient les principaux travaux
à effectuer. Cette maladresse allier à des conjonctures
défavorables sur le plan mondial avait précipité la fin du
Régime. Néanmoins, de grands travaux ont été
menés à terme grâce à cette pratique. On peut citer
en exemple le bassin de déversement de Behoririka (à
Antananarivo). De nombreuses écoles ainsi que des Centres de
Santé de base ont aussi été construits grâce
à cette méthode.
Malgré tout, le principe était contesté.
De plus, certaines actions n'étaient que du « saupoudrage ».
On se contentait de donner des coups de neuf pour des infrastructures
déjà existantes : pour le cas des routes, dans certaines
localités, les routes gravillonnées du temps de la colonisation
ont été « latérisées ». Cela a
accéléré leur dégradation sous l'action
conjuguée de l'eau de pluie et des charrettes (les barrières de
pluie n'étant pas respectées...). La politique que l'on a
escompté donner des impulsions nouvelles s'est
révélée vide de sens. De plus, la politique
d'autofinancement n'était jamais arrivée à terme, les
différentes localités vivent toujours sous subvention grevant un
peu plus les dépenses de l'Etat...
IV. L'aménagement d'un espace en mutation : La
ville.
Les efforts du plan, dans son ensemble, se sont
concentrés dans l'aménagement du monde rural. Cette politique
répond à une impérative : l'amélioration du niveau
de vie de la majorité des Malgaches. Il faut en effet savoir qu'il n'y
avait que 11.5% de la population qui sont citadins dans les années
60.
Les travaux d'aménagement urbain n'ont pas
été abandonnés pour autant. Ils ont été
entamés dans les zones à forte densité où le risque
de rupture en matière de logement décent pourrait se faire
sentir. De véritables plans d'aménagement urbain (PDU) ont
été ainsi élaborés. Ils concernaient quelques
localités dans l'île. Dans ces plans, de nouveaux quartiers ont
été dessinés tels 67ha à Antananarivo ou
Tsaramandroso à Mahajanga.
A. La Société
d'Equipement Immobilier de
Madagascar : Maître d'oeuvre de
l'aménagement urbain
(cf.
fig.8).
C'était la SEIMad qui avait la charge de la
construction de logements à Madagascar. Elle a été
créée en 1965 avec un capital de 1.358.800.000 Fmg. Le but qu'on
lui avait assigné est la réalisation des objectifs nationaux en
matière de construction immobilière et de gestion
foncière. Cette société est le fruit de la fusion de la
SIM (Société Immobilière de Madagascar), et de la SEURMAD
(Société d'équipement urbain et rural de Madagascar),
créées respectivement en 1951 et en 1962.
Les activités de la SEIMad couvrent plusieurs champs
d'action :
· Réalisation de tous les projets
d'aménagement foncier - de rénovation urbaine - de restauration
immobilière et d'action sur les quartiers dégradés.
· Etude et construction d'immeubles individuels ou
collectifs à usage principal d'habitation bénéficiant ou
non d'aides octroyés par l'Etat ou d'autres sources financières
venant d'un tierce partenaire.
· Etude et réalisation d'opération concernant
l'infrastructure générale et les équipements collectifs
des Collectivités.
En ces qualités, la SEIMad avait mené une politique
de construction immobilière prometteuse qui a vu l'érection sur
de nombreux sites de cités-logements.
Tableau 3 : Répartition des cités
créées par la SEIMad durant la première
république. Source : SEIMad.
Localité Nombre logement Site d'implantation et/ou
nom de la cité
Antananarivo A peu près 5724 Ambohipo, Ampefiloha, 67 ha,
Mandroseza, Analamahitsy,
Itaosy
Antsiranana 480 Cité la SIM, Grand Pavois
Fianarantsoa 72 Antarandolo
Mahajanga 597 Manjarisoa, Tsaramandroso
Manakara 33 Ambalakazaha
Mananjary 39 Andranomamy
Toamasina 461 Valpinson, Béryl rouge, Béryl rose
Toliara Une centaine Cité sisal, Beloha
Figure 10 : Répartition des logements
créés par la SEIMad par localité. Source : SEIMad.
Cette illustration montre l'importance que les dirigeants ont
apporté à l'évolution de la population urbaine, notamment
celle d'Antananarivo : les constructions prévues dans la Capitale est
bien plus importante que celles des autres localités concernées.
C'est une autre preuve pour conforter le constat de la centralisation du
pouvoir malgache. Cela a fait ressortir une Capitale macrocéphalique qui
a besoin d'une approche particulière dans son aménagement.
Découlant de cette concentration massive des gens dans
la Capitale, 76.5% des constructions faites ont été
recensées à Antananarivo. Il faut cependant voir que
malgré cette relative prépondérance de la Capitale dans
les opérations immobilières effectuées, les autres chef
lieu de province ont pu bénéficier aussi de ces constructions, de
même que deux préfectures dans la province de Fianarantsoa (cf.
fig. 10).
B. Les limites de la gestion du parc immobilier malgache.
Avec un parc estimé à près de 7.500
logements créés à son actif, la SEIMad peut se targuer
être le premier promoteur immobilier de Madagascar. Pourtant, ces
chiffres cachent mal la réalité que traverse le secteur
immobilier de la Grande-île. La majorité d'entre ces constructions
ont été inaugurées dans les années 60 pour rester
figer dans une posture décrépie.
La stagnation voire la paupérisation du secteur
immobilier est palpable à travers les nouvelles constructions qui ne
respectent plus ni les plans de développement urbain ni les normes de
construction. La tendance est aujourd'hui à la bidonvilisation parce que
l'Etat n'est plus en mesure d'apporter des solutions aux crises parcourues par
ce secteur en particulier et par le secteur de l'économie en
général.
Il faut savoir que lors de la construction de ces logements,
Madagascar avait contracté des prêts remboursables à long
terme. La détérioration du terme de l'échange a fait que
la SEIMad, gestionnaire de ces sites n'étaient plus en mesure
d'entretenir les constructions finies et encore moins de réinvestir. Les
frais de location des appartements sont reversés auprès des
principaux créditeurs...
Pour endiguer cette tendance pernicieuse, l'Etat malgache
décide dans les années 90 de mettre en vente une partie de ces
cités. La SEIMad annonce que près de 80% de ces logements sont
désormais « privatisés ». De plus, le secteur a
été libéralisé pour mettre en oeuvre une des
promesses présidentielles en 1997 : la construction de nouveaux
logements ; les fameux 35.000 logements sociaux/an. En tout cas, on constate
encore que les améliorations supposées n'ont pas encore vraiment
portées leur fruit jusqu'à maintenant.
CONCLUSION PARTIELLE.
A
près 12 années d'indépendance, Madagascar
connaissait une récession et accusait la fin des 30 glorieuses comme les
Pays de l'Europe. Le bilan du gouvernement PSD était
mis à mal par une majorité de la population. La
raison est simple ; malgré l'indépendance accordée en
1960, l'économie malgache est toujours influencée par les
décisions de l'ancienne puissance coloniale : la politique du
Gouvernement malgache s'aligne ostensiblement sur celle de la France notamment
en matière de relation internationale.
Pour corriger l'appréhension des Malgaches, le
gouvernement s'est lancé dans de vastes travaux aboutissant à la
mise en branle du plan quinquennal de 1964, véritable outil de
référence pour le développement de la Grande-île.
Les actions inscrites dans ce plan veulent traduire en acte l'attente des
Malgaches. De grands travaux ont été menés même si
les moyens manquaient : les grandes opérations agricoles et
industrielles (ODEMO-COMEMA-PAPMAD etc.) , la mise en place des syndicats des
communes et les travaux au ras du sol. On a tout fait pour améliorer le
quotidien des gens...
On peut retenir de cette stratégie à facettes
multiples du PSD une volonté ferme de procéder au
développement de toutes les composantes de l'espace national. Toutefois,
après des débuts forts prometteurs, il a fallu se rendre à
l'évidence que les actions menées par le PSD n'étaient pas
forcément acceptées par les gens. « Gouverner c'est
prévoir » et non « pallier les problèmes quotidiens
». Malgré quelque succès dans le domaine de
l'aménagement du
territoire, le PSD s'est révélé incapable
de trouver un second souffle à cause de querelles de succession à
la tête du parti. Les bévues se sont multipliées et la
répression du soulèvement du MONIMA dans le Sud en 1971 a
été le prélude de la chute du régime. Le
règne du parti Etat que le PSD a tenté de mettre en place a
été balayé après les évènements de
mai 1972. Le Général RAMANANTSOA avait pris alors le règne
du pouvoir pour une transition qui va conduire à l'avènement de
la deuxième république et l'arrivé d'un nouveau parti sur
l'échiquier politique malgache : l'AREMA.
Partie II : L'AREMA : de la « révolution
»
socialiste à la reconversion au
libéralisme.
|
CHAPITRE 4. LA
DEUXIEME REPUBLIQUE : UNE
REPUBLIQUE AREMA.
T
SIRANANA a été plébiscité lors de
l'élection présidentielle de 1972 avec un score fleuve : 99.8%
des suffrages exprimés lui étaient acquis... Pourtant au
lendemain de
cette écrasante victoire, Madagascar était au
bord de la désobéissance civile. La république
néocolonialiste a été dénoncée
accélérant la mise en place d'une structure transitoire qui
aboutit à la naissance de la deuxième république.
I. La refonte de la valeur de la société
malgache.
Après les événements de mai 1972, le
Président TSIRANANA avait appelé à la rescousse le
Général RAMANANTSOA pour former un cabinet de gouvernement. Le 8
octobre 1972, les gens se prononçaient pour la politique
préconisée par le gouvernement23 et destituaient de
facto le Président. C'est la fin de l'ère PSD. On peut retenir
des traits du nouveau gouvernement, quelques éclats qui auront des
incidences sur la future politique préconisée par l'AREMA.
A. La révision des accords de coopération
franco-malgache.
En 1973, l'accord de coopération établie entre le
Gouvernement malgache et celui de la France en 1960 a été
dénoncé par la partie malgache. De nouvelles dispositions ont
été prises
sous l'impulsion de M. RATSIRAKA, Ministre des Affaires
étrangères à l'époque. La révision de cet
accord fait suite à la recherche d'une plus grande « autonomie
» tant politique qu'économique vis à vis de l'ancienne
puissance coloniale. Cette révision tente de légitimer par des
actes, les revendications de 1972. On parlait déjà à cette
époque de « Partenaire égal »...
Parmi les mesures les plus spectaculaires de cette
révision, on peut citer : la transmission entre les mains des Malgaches
du contrôle des bases militaires occupées par l'armée
française sur le territoire malgache (dont celle de
Diégo-Suarez), la sortie de la zone Franc etc. Cette relative
indépendance retrouvée va être renforcée par une
restructuration de l'administration de base de la société
malgache.
B. La consécration du « fokonolona »
Le Colonel RATSIMANDRAVA conduisait une réforme de
l'administration du territoire avec la mise en place du fokonolona. Cette
stratégie répond à un souhait : voir une population plus
responsable, s'impliquer davantage de son développement. On parlait
alors de « maîtrise populaire du développement ».
L'ordonnance n° 73.009 du 24 mars 1973 consacrait le
Fokontany comme étant l'unité administrative et économique
de base dans lequel s'exerce le pouvoir et les prérogatives du
fokonolona. Cette réforme de l'administration va donner la
priorité à la population de base de prioriser ses besoins. Mais
cela n'a pas toujours été le cas car très vite cette
institution a été politisée rendant les discussions au
sein même de l'institution opaque et inaccessible à la
majorité des gens.
La transition prenait fin en 1975 après l'assassinat de
M. RATSIMANDRAVA. Le CSR (conseil suprême de la révolution)
apparaissait. M. RATSIRAKA était élu président de ce
conseil. C'est de cette institution que la deuxième république va
naître.
II. L'avènement de la deuxième
république.
Le 15 juin 1975, RATSIRAKA devenait la tête pensante de
la nouvelle institution créée par le Directoire Militaire, le
CSR. Au lendemain de cette nomination, il a enclenché la politique de
nationalisation de toutes les banques et les sociétés
d'assurance, assumant ainsi un virage de 180° dans la politique de la
conduite des affaires nationales. Très vite, l'Etat contrôlait une
grande partie de l'économie nationale. A la fin de l'année 1976,
61% de l'économie malgache est contrôlée par
l'Etat24. Les grandes entreprises privées
étrangères ont presque toutes été
nationalisées. A ce propos, Mme RABESAHALA disait que cette politique
traduisait en fait un désir de la part des Gouvernants de se
réapproprier les moyens de production pour que les Malgaches puissent
« se rendre maître de leur propre destiné...
»
Par ailleurs, avec ses proches collaborateurs, il s'est
attelé à la rédaction de la nouvelle constitution
[aboutissant à la naissance de la RDM] et de la nouvelle politique qu'il
voulait mettre en oeuvre. Cette politique est condensée dans la «
Charte de la révolution socialiste » plus connue par les Malgaches
sous l'appellation « Boky mena »
A. La charte de la
Révolution socialiste
malgache : assise de la
politique de la
RDM.
Les Malgaches étaient descendus dans la rue en
197225, pour réformer leur administration. Par ce geste, bien
des jeunes aspiraient à la « malgachisation » de
l'administration. Dans la charte, on pouvait lire, à la page 15 :
« Au lendemain de l'indépendance de 1960, les administrateurs
français partis, on les a remplacés par des administrateurs
malgaches mais en fait les grandes décisions continuaient de relever des
assistants techniques. » Il fallait trouver un moyen pour traduire en
acte ce rejet d'une administration contestée. La « charte de la
révolution socialiste. Tous azimuts. » a été la
réponse apportée par le nouveau pouvoir qui s'est
24 in « La marche de la liberté » de
RAFENOMANJATO
25 La révolution de 1972 n'est pas sans
rappeler les mouvements qui se sont déroulés aux USA et en France
vers la fin des années 60, avec le rejet d'une société
capitaliste. Les jeunes de ces pays ont fait savoir qu'ils attendent un peu
plus que ce que la société de consommation leur offre ; un peu
plus d'humanité...
constitué. Surfant sur la vague du communautarisme, elle
prône la « décentralisation effective26 » du
pouvoir et l'égalité de tous aux yeux de l'Etat.
1) La position de Madagascar sur
l'échiquier politique
international.
Rompant avec la ligne directive du régime de
TSIRANANA, l'Etat malgache s'est ouvert au régime de l'Est. Cette
politique a été initiée pour contrecarrer la main mise de
l'occident sur les affaires internes de Madagascar. Dans la p. 26 de la Charte,
on peut lire : « Madagascar se doit de ne compter que sur ses propres
efforts et ne considérer les efforts extérieurs que comme des
compléments. (...) Toute aide qui ne nous aide pas à nous passer
de l'aide étrangère doit être refusée...
»27 Cette position avait éloigné Madagascar
de ses anciens partenaires comme le régime apartheid de l'Afrique du
Sud, le régime sioniste d'Israël.
Cette attitude, les Dirigeants l'ont appelée le
neutralisme positif. Les Malgaches se définissent comme ne faisant
partie d'aucune des idéologies forces que le monde véhiculait
à cette époque de guerre froide. Ils se déclinent comme
étant la troisième force qui lutte contre toute forme de
ségrégation et d'impérialisme et aspirent à la paix
dans le monde.
2) La politique
intérieure
proposée par la
charte.
La constitution de la deuxième république
s'inspire librement de la charte. C'est donc à cette charte que se
réfèrent les grandes lignes de la politique intérieure de
Madagascar. D'ailleurs, une grande partie des chapitres du livre traite de cet
aspect.
La base de la société malgache est le socialisme
comme il a été défini dans la charte. Ce choix a
été conforté par la préexistence dans la
société malgache d'un embryon d'une société
26 En 1991, les ténors du HVR vont demander la mise en
place de la décentralisation effective de Madagascar. En fait, les bases
de cette décentralisation ont déjà été
imaginées bien avant. Seule sa mise en application était
restée vaine.
27 Cette prise de position ne concerne pas
seulement Madagascar. Bien des Pays d'Afrique s'y sont alignés. On peut
relever, l'année 2003, le cas du Zimbabwe qui avait refusé l'aide
humanitaire proposée par l'occident sous prétexte que
c'était des produits OGM alors que la population avait souffert du
passage d'un cataclysme naturel.
d'entr'aide sur lequel on va s'appuyer. Les critères du
socialisme, tel que les Malgaches le conçoivent, s'articulent autour des
faits suivants :
· Eradication de l'exploitation de l'homme par l'homme
· Suppression de l'injustice et de
l'inégalité
· Création d'un pouvoir révolutionnaire
défenseur de l'intérêt des couches laborieuses
· Existence d'une administration efficace
· Prise en main par l'Etat des moyens de production
· Existence à la base d'un organisme de gestion de
l'économie
· Décentralisation du pouvoir - de l'avoir - du
savoir - du savoir-faire et du faire-savoir.
Ces faits intègrent ce que l'on appelait en ces temps
le centralisme démocratique. Ce que l'on voulait ériger
était une société qui s'occuperait de tout le monde avec
un total respect de l'individu. Tout le monde devait travailler pour le bien de
la communauté. Les décisions prises par la majorité au
sein de la communauté ont force de loi et s'appliquent à tous. La
société a été organisée en cellule
décisionnelle au sein duquel les représentants de la base ont
droit de parole. L'AREMA compte sur cette nouvelle dynamique pour enclencher
les réformes économiques sensées réorganiser la
prise en main de l'essor des différentes régions de
l'île.
B. L'organisation du pouvoir socialiste
révolutionnaire.
Le 21 décembre 1975, les Malgaches ont
été appelés à un référendum qui va
légitimer l'arrivée de M. RATSIRAKA au pouvoir. Avec un Taux de
participation s'élevant à 93.01%, les Malgaches ont
répondu « OUI » à hauteur de 93.77% aux questions qu'on
leur a soumis. La deuxième république est née.
Désormais, le pouvoir peut mettre en oeuvre les politiques qu'il
s'était fixées de réaliser.
1) Les
institutions de
la deuxième
république
(cf. organigramme
3).
communiste » qui prônait la « lutte des
classes ». On sait que l'idéologie de la deuxième
république s'ordonne autour du « socialisme révolutionnaire
» s'inspirant directement des pays de l'Est. De cette idéologie
découlait l'organisation des institutions. Néanmoins, on retrouve
les trois organes « primaire » de pouvoir dans les textes en vigueur
:
Pouvoir legislatif
|
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Pouvoir exécutif
|
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Fonction juridictionnelle
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Assemblée Nationale populaire
|
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Président de la république
|
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Haute cour constitutionnelle
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Gouvernement
Organigramme 3 : Organisation du pouvoir sous la
deuxième république.
· L'exécutif est assez complexe car il est
formé de trois entités : le Président de la
république, le CSR (Conseil Suprême de la Révolution) et le
Gouvernement. Le pouvoir octroyé au Président de la
république est large (on verra ses attributions en détail dans un
autre point). Le CSR qui est l'émanation de l'organe érigé
par le Directoire militaire est le garant de la conformité des actions
gouvernementales aux règles définies par la « Charte de la
révolution socialiste ». Enfin, le gouvernement est «
l'exécuteur » des objectifs définis par le
Président.
· Le pouvoir législatif est monocaméral
avec l'Assemblée Nationale Populaire. Le pouvoir de
légiférer aurait dû échoir à cette
assemblée, pourtant elle ne l'a exercé que
modérément.
· Le troisième organe est la Haute Cour
Constitutionnelle. Elle contrôle la constitutionnalité des lois et
fait aussi office de juge électoral.
2) Un Chef d'Etat
omnipotent.
A l'instar des régimes dans les pays africains,
l'exécutif s'est étoffé pour asseoir son emprise sur la
cour des affaires nationales. La Constitution de la deuxième
république a été faite pour privilégier le pouvoir
de l'exécutif, notamment celui du Chef de l'Etat (sans pour autant
léser ceux des autres institutions). Ce choix n'est sans doute pas
dû au hasard : la république avait
besoin d'un régime fort pour soutenir les
réformes qui vont être entreprises et c'est d'autant plus
nécessaire que la Grande-île venait de sortir d'une « crise
majeure » à laquelle il fallait apporter des réponses.
Le Président de la république cumule de
nombreuses fonctions qui lui permettent de peser de tout son poids sur
l'échiquier politique : il est à la fois le Chef de
l'exécutif et du Conseil Suprême de la Révolution (CSR).
Par ailleurs en conseil des ministres, il peut légiférer sous
forme d'ordonnance. De ce fait, il cumule à la fois le pouvoir
exécutif et normatif... Ce dernier point fait que le Parlement devient
quasi-spectateur de la vie nationale.
C. CADOUX disait à ce propos : « Et le Pouvoir
qui avait manifestement au départ (1975) une coloration
collégiale -le Président de la république décidant
`en Conseil Suprême de la Révolution'- a rapidement glissé
au système présidentialiste(...) »28 Ce qui
démontre que l'esprit avec lequel le pouvoir a été
érigé véhiculait, au départ, un besoin fort de
concertation qui s'est peu à peu délité au profit d'un
pouvoir personnel « frisant l'autocratie ». On verra d'ailleurs dans
un autre point que le système proposé par le Colonel
RATSIMANDRAVA a été repris par les Dirigeants de la
République Démocratique de Madagascar (RDM) : il s'agit du
concept de fokonolona élargi en un système qu'est le VIP ou
« Vondrom-bahoaka ItsinjaramPahefana ».
3)
L'Avant-garde de la
Révolution Malgache
(AREMA) et le Front
National pour la Défense de la
République (FNDR)
.
Le régime du parti unique n'existait pas sous la
deuxième république. Il n'en est pas moins que c'est l'Etat qui
contrôlait les activités politiques. Le Front National pour la
Défense de la Révolution ou FNDR a été mis en
place. Son existence est même reconnue par la Constitution. Les Partis
politiques sont appelés à se regrouper au sein de cette
institution. Ce qui revient à dire qu'il y avait une tentative de
créer une « pensée unique » dans les activités
des Partis. Ceux qui étaient en dehors du front étaient
considérés comme des « hors-la-loi »... En
théorie, le FNDR aurait pu résoudre bien des problèmes car
il aurait dû être un lieu d'échange pour les
Partis qui, dans l'ensemble, ont soutenu la nouvelle
république. En définitive, c'est l'un des talons d'Achille du
nouveau pouvoir en place.
Graphe 1 : Exemple de résultat d'une élection
« régionale » en 1977. Source : Ministère de
l'Intérieur.
Les Malgaches, il est vrai, ont tendance à encenser
leurs dirigeants. C'est sans doute dû au fait de la culture du respect
des aînés (Les Dirigeants étant identifiés au «
ray aman-dreny »). Durant l'ère TSIRANANA, le PSD dominait
outrageusement la scène nationale car c'était le « parti du
Président ». Avec l'arrivée de RATSIRAKA au pouvoir, son
parti, l'AREMA devenait de facto le parti avec lequel il fallait compter. Lors
des principales élections qui ont eu lieu durant cette période,
l'AREMA est quasiment en statut de monopole (cf. graphe 1) occultant peu
à peu le FNDR. Cette fissure au sein du Front se reflétait
surtout à la base. Si les ténors des grands partis affichaient un
« front », il en va autrement au niveau local. L'AREMA (zanak'i
dada... )29, selon le dire de certains, faisait la
grosse-tête et snobait ses « partenaires » qui ne se privaient
pas non plus de le faire savoir...
L'exemple qu'on a pris (cf. graphe 1) montre le
résultat de l'élection des membres du conseil des
Firaisampokontany en 1977. Il y est visible que le parti AREMA était en
position de force. Et c'est d'autant plus vrai que dans les diverses
élections qui se sont effectuées à
Madagascar, tant au niveau national qu'au niveau des
collectivités locales, ce parti est toujours en nette position de
domination et a gagné beaucoup de sièges. Antananarivo
était la seule agglomération où son influence était
moindre. L'AKFM y est encore bien implanté comme pendant la
première république. Néanmoins, la dominance certaine de
l'AREMA dans les assises du pouvoir - au niveau des différentes
entités territoriales - lui a permis de mettre en oeuvre la
stratégie que le parti voulait appliquer au niveau des différents
démembrements de l'administration territoriale.
CHAPITRE g. UNE
STRATEGIE SPATIALE MISE EN ECHEC PAR UNE
CONJONCTURE INTERNATIONALE
DEFAVORABLE.
A
u niveau international, Madagascar a embrassé une
nouvelle ligne directive s'ordonnant autour de la politique tous-azimuts :
nouer des relations avec tous Pays
susceptibles d'aider la Grande-île. Cette ouverture a
été mise à profit pour défendre sur le plan
international le choix des Malgaches pour une société plus juste
et équitable dans la droite ligne du non-alignement ( un neutralisme
positif). Avec une organisation tout acquise à sa cause, le nouveau
parti au pouvoir, l'AREMA, a pu mettre en oeuvre les directives
formulées par la « Charte de la révolution »,
directives qui ont tenté de transformer positivement le territoire
national par le biais de la mise en place du VIP - de la réforme agraire
- de l'investissement à outrance et de la réforme de
l'enseignement.
I. Le VIP : Un concept valable mais une pratique
incohérente.
A. Plus de pouvoir au peuple...
Durant l'ère TSIRANANA, l'organisation administrative
du territoire se faisait en grande partie, sous la forme d'un pouvoir
déconcentré (bien que la Commune soit une forme
décentralisée ayant déjà existé en ce
temps). A l'inverse, le gouvernement de 1972 a préconisé
l'instauration d'une nouvelle organisation du pouvoir administratif.
RATSIMANDRAVA a élaboré une nouvelle structure reprise par les
dirigeants de la RDM : le VIP ou « Vondrombahoaka Itsinjaram-Pahefana
». Dès 1973, des ordonnances ont été
promulguées pour l'amélioration de la décentralisation. La
mise en place de cette décentralisation n'a été effective
qu'avec les élections qui se sont déroulées (après
la mise en place des assises territoriales sur lesquelles vont s'exercer ces
nouveaux pouvoirs).
FARITANY
Fivondronampokontany (Fivondronana)
Firaisampokontany (Firaisana)
Fokontany
Organigramme 4 : Schéma de l'ordonnancement du pouvoir
administratif sous la deuxième république.
En tout, outre le pouvoir central, on retrouve quatre
échelons de pouvoir décisionnel (cf. organigramme 3). En
malgache, cette nouvelle forme de décentralisation a été
connue sous l'appellation « Vondrom-bahoaka Itsinjaram-Pahefana
» ou VIP. On parle ici d'une réelle volonté de
changement dans la conduite des affaires car pour la première fois, les
Décideurs à la tête de ces entités seront
élus par le peuple au suffrage universel (c'est une des conditions de la
décentralisation). C'est l'ordonnance 76-044 du 27 décembre 1976
qui fixe l'organisation, le fonctionnement et l'attribution des
Collectivités Décentralisées.
1) Les
Collectivités
décentralisées selon la
deuxième république
(cf.
fig.11).
L'article premier de l'ordonnance 76-044 donne une
définition de cette Collectivité décentralisée :
« Une Collectivité décentralisée est une portion
du territoire national dans laquelle l'ensemble de ses habitants
électeurs de nationalité Malagasy, dirige l'activité
locale en vue du développement économique, social, culturel et
édilitaire. Elle est dotée de la personnalité morale et de
l'autonomie financière. » Cette définition est par
ailleurs complétée par la disposition prise dans la charte qui
dit que : « Seul l'octroi de responsabilités effectives
introduites aux différents échelons, du Fokontany jusqu'au
Faritany, permettra la mise en place de structures mobilisatrices.
»
En partant de ces énoncés, on peut
déduire que Madagascar voulait effectivement s'engager sur la voie de la
décentralisation. Une décentralisation qui allait donner plus de
pouvoir décisionnel aux différentes entités de cette
Collectivité. Ces dispositions ont été prises pour changer
l'approche du développement de Madagascar qui doit partir de la base.
a. Le Fokontany.
C'est l'échelle de base. Il est la plus proche du
peuple puisque sa délimitation reprend les limites des anciens
quartiers. Les gens qui y vivent forment une entité qui a vocation
à s'associer pour discuter de leur quotidien. C'est une approche
participative que l'on a tenté d'instaurer. Elle avait fait
décider les concepteurs de la délimitation administrative de
l'époque d'y instaurer une Assemblée Générale pour
discuter des actions à prendre30. Les décisions
concernant le fokontany y sont prises et ont force de loi.
30 Ce système instauré en 1976 a encore cours
aujourd'hui. Les Fokontany se réunissent toujours en AG pour
décider des grandes lignes des travaux relatifs à la vie
communautaire. Malheureusement, la plupart du temps, c'est la cacophonie qui y
règne car chacun veut faire entendre sa voie. Les réelles
décisions qui sont prises durant ces AG sont des compromis qui, au lieu
d'insuffler vie à la communauté, la condamne à une lente
agonie.
b. Les Firaisana et les Fivondronana.
Ce sont respectivement des groupements de fokontany et de
firaisana. Dans leur circonscription, ces collectivités assurent biens
des tâches qui ont trait au développement de leur division
administrative respective.
Les Fivondronana dans leur limite, reprend en grande partie
les limites des anciennes sous- préfectures. Les Firaisana quant
à eux sont des échelles d'approche nouvelle qui sont
censés fédérés les fokontany. On y discute des
problèmes qui concernent les fokontany limitrophes. Il faut remarquer
que les décisions prises par un fokontany peut concerner des territoires
en dehors de sa juridiction d'où cette disposition.
Ces deux structures étaient pour être plus
proche du peuple. Elles n'ont pourtant pas résolu certains
problèmes comme dans le domaine de l'administration. La lenteur que
cette dernière accuse en matière de transfert de
compétence a gravement paralysé l'essor de Madagascar.
Un exemple parmi tant d'autre est le cas du Firaisana de
Talata Volonondry qui dépendait de l'ancienne sous-préfecture de
Manjakandriana. Quand l'administration a basculé vers la nouvelle
structure, certaines actions administratives devaient encore être
traitées à Manjakandriana. Une débauche d'énergie
supplémentaire dans la mesure où il faut encore venir dans la
Capitale avant d'y aller. Les voies de communication directes n'existent pas
à moins d'y aller à pied... Ces problèmes d'ordre
administratif ont été la source de la corruption dans le milieu
des agents de l'Etat.
c. Les Faritany.
Leur limite reprend celle des anciennes provinces. La
différence majeure est que pour la nouvelle collectivité, on a
des élus à leur tête et non plus des hommes
désignés. Les Faritany, au fur et à mesure, ont
cristallisé la différence dans l'optique du développement.
Les moyens de communication entre chacune de ces entités étant
forts peu développé. Ils ont travaillé
chacun de leur côté. Toliara a même
été handicapé dans la mesure où pour aller de
Morondava à la Capitale du Faritany, il fallait repasser par
Antananarivo31...
2) Des attributions des
Collectivités.
Sur son territoire, le Fokonolona d'une Collectivité
décentralisée détient le pouvoir révolutionnaire :
administratif, législatif, juridictionnel, défense,
sécurité, économique, politique et social. Ainsi sous
réserve des modalités imposées par les principes du
centralisme démocratique et par les lois et règlements en vigueur
:
· Sur le plan administratif, il dispose de services publics
;
· Sur le plan législatif, il élabore des
dina ayant force exécutoire ;
· Sur le plan juridictionnel, il exerce les attributions
à lui confiées par les lois sur l'organisation judiciaire ;
· Sur le plan de la défense, il participe à
la défense du territoire et à la sécurité publique
;
· Sur le plan économique, il oeuvre pour le
développement de l'économie socialiste notamment en organisant
des coopératives ; sur le plan politique, il élit et
révoque ses représentants ;
· Sur le plan social, il réalise toute
activité concourant au bien-être social et au développement
socioculturel de ses membres.
31 Sans entrer dans une polémique vaine, on
peut noter que la limite du blocus qu'Antananarivo avait subi durant les «
évènements de 2002 » peut être expliquer par le fait
que « tous les chemins mènent à ... Antananarivo. » A
cause de cela, les Pro-Ratsiraka n'arrivaient pas à coordonner leur
activité.
Figure 11 : Représentation de la limite administrative
de la deuxième république. Source : BD 500.
3) Un centralisme
déguisé...
Le VIP était mis en place pour démocratiser le
pouvoir. Malheureusement, comme le jeu de la démocratie est
tronqué à cause du Front, ces assises administratives
étaient devenues des lieux où s'exerçaient la «
dictature » du parti dominant, en l'occurrence l'AREMA. Le verrouillage
systématique des décisions était devenu le lot quotidien
des Responsables locaux rendant les gens méfiant envers le
système.
De plus, comme l'appareil administratif était entre les
mains des seuls tenants du pouvoir, le parti AREMA. Partout, dans le rouage de
l'administration et de l'économie, les techniciens sont peu à peu
écartés au profit des gens acquises à la propagande
révolutionnaire (quand bien même ces dernières sont peu
qualifiées)32. Les Malgaches, peu à peu, se
désintéressaient du jeu politique qui ne favorisait guère
que ceux qui étaient dans le sérail. En fin de compte, cette
pratique « a sali la Politique » à Madagascar.
II. La réforme agraire : Une entreprise inaboutie.
Plus que la réforme de l'administration, c'est un
domaine auquel les dirigeants tenaient beaucoup. Ils voulaient restituer
à ceux qui cultivent la terre le droit d'en jouir pleinement. RATSIRAKA
proposait d'améliorer la condition de vie et de travail en milieu rural
: plus de progrès et d'avancée technologique. Pour cela, il a
fait appel au concours des pays de l'Est et a fait venir des engins
motorisés à Madagascar. Or, le terrain de Madagascar ne convenait
pas à ces types de véhicules. En effet, une grande partie des
terres dans la Grande-île - 60% à peu près - est en pente
difficile à aménager d'où l'échec du projet. Il en
va ainsi de plusieurs projets qui n'ont trouvé d'écho
auprès de la population car ils sont irréalisables. De plus comme
Madagascar entrait de nouveau en récession au début des
années 80, l'Etat n'était plus en mesure de pérenniser ses
actions fautes de budget...
A. Pourquoi la « révolution agraire » ?
Madagascar est un pays pauvre où près de 80% de
la population sont des ruraux. Cela ne veut pas dire que ces gens sont tous des
agriculteurs. Néanmoins, il fallait concéder que le
développement devait partir de cette frange majoritaire de la
population. La politique de la révolution agraire ne fait
qu'emboîter le pas tracé par le régime de TSIRANANA :
intégrer l'économie rurale dans le circuit de la grande
distribution et de consommation.
1) Une agriculture au service du
peuple.
Les Malgaches, dans son ensemble, pratiquaient une
agriculture d'autosubsistance qui ne favorisaient pas un décollage de
l'économie malgache. Cette pratique hypothéquait gravement les
chances de Madagascar de se développer. Tant que la Grande-île ne
produit pas suffisamment de denrées pour nourrir tous les Malgaches, on
se retrouve dans un cycle infernal. Pour renverser cette situation, il fallait
aider les ruraux à avoir plus confiance aux structures mises en place et
les inciter ainsi à produire plus. La charte s'engageait à
réinvestir les revenus issus de l'agriculture dans l'amélioration
des conditions de vie de la masse paysanne et de moderniser l'agriculture. Les
dirigeants espèrent aussi bannir l'exploitation de l'homme par l'homme.
Cette mesure a été à l'origine de cette réforme
agraire.
2) La réforme
agraire
proprement
dite.
« Deux régimes fonciers » cohabitent à
Madagascar : celui hérité du temps des royaumes et celui de
l'ère moderne. Le premier, de droit coutumier, avait
privilégié une certaine classe dans la société
tandis que le second s'appuie sur le droit positif.
S'appuyant sur la loi 66-025 du 19 décembre 1966 qui
dit dans son article premier : « Tout national, occupant de fait d'un
terrain à vocation agricole appartenant à autrui, quel que soit
le régime juridique de l'appropriation, a droit au maintien dans les
lieux (...) », le nouveau régime décide de sanctionner
ceux qui font mauvais usage de leur terre. « La terre appartient à
ceux qui la cultivent. » Tel est le nouveau mot d'ordre. En bref, cette
disposition annule toute velléité de faire main basse sur les
terrains qui désormais sont disponibles pour ceux qui sont
disposés à les aménager. Par ailleurs,
pour tempérer les ambitions trop grandes de certains, la parcelle de
terrain que l'on peut acquérir est limitée ceci afin de
privilégier les systèmes de production intensive en lieu et place
des grandes exploitations de type extensif.
B. Les mesures d'accompagnement.
Ces dispositions ne seraient s'il n'y a pas des mesures prises
pour faciliter leur mise en oeuvre. Ces conceptions sont des bases sur
lesquelles vont s'appuyer des réformes en profondeur de la mise en
valeur du monde rural malgache.
1)
L'obligation de
résultat.
Les terres sont une denrée rare qu'il faille
ménager. Son appropriation ne signifie nullement qu'on peut en faire
tout ce dont on voudrait. L'Etat exige que des résultats soient
tangibles. Les paysans ont l'obligation d'aménager sa parcelle. Le
non-suivi de cette règle peut conduire au retrait de la parcelle au
profit d'autrui. Dans les zones de grands aménagements, comme Marovoay
ou Alaotra, l'Etat peut dicter le type de mise en valeur que chaque
propriétaire doit suivre.
Il faut cependant noter que les terres peuvent être
transmises de génération en génération si
l'héritier s'engage à travailler la terre. Mais il lui est
interdit de le vendre ou de l'affermer. Cette disposition est prise pour
empêcher l'apparition d'une « bourgeoisie paysanne. »
2) La mise en place de la
coopérative.
Cette disposition a été prise suivant le
modèle des pays communistes qui ont mis en commun leurs moyens de
production. La collectivisation a pour but d'alléger les coûts
d'exploitation. La mise en commun des efforts peut en effet induire une
dynamique qui influera sur les résultats de la production. Parmi ces
coopératives, on peut citer la COOPAREMA qui est une émanation de
la préséance de l'AREMA dans les différentes actions
accomplies jusque là. Son étude aurait
été grandement un plus, malheureusement, les archives y
afférentes sont introuvables.
D'autres dispositions ont été aussi prises pour
faciliter la mutation du paysage agraire malgache. C'est ainsi qu'il y a eu la
création de la BTM, une banque qui saurait aider et conseiller les
paysans dans leur investissement. La réforme agraire démontre une
volonté certaine du pouvoir de faire évoluer l'espace rurale
malgache. Le tissu industriel n'était pas pour autant
délaissé ; au contraire, l'AREMA voulait « frapper un grand
coup » en mettant en place une politique ambitieuse : l'investissement
à outrance.
III. L'investissement à outrance : Un échec
patent.
Vers la fin des années 1970, en 1977 plus
précisément, Madagascar semblait avoir atteint un certain
équilibre dans ses balances commerciales. Cela est dû notamment
à un concours de circonstance favorable : La Grande-île a pu
écouler, sur le marché international, son café avec des
bénéfices, le Brésil ayant été touché
par une vague de froid qui a hypothéqué ses récoltes.
A. Un souci de
rééquilibrage de la
présence sur le
territoire
national ( cf.
fig.12).
L'Etat malgache est présent sur tout le territoire
malgache. Cette présence se manifeste à travers les
sociétés publiques ou fermes d'Etat qui ont été
érigées dans toute l'île. Cette situation est voulue car la
nouvelle approche édictée par la charte veuille que les actions
soient décentralisées. L'Etat dans cette démarche se
propose de venir auprès de la population pour leur apporter son soutien.
C'est une nouvelle politique qui tranche avec celle en vigueur sous la
première république.
L'AREMA a toujours eu comme souci le
rééquilibrage de la présence des activités
initiées par le gouvernement sur le territoire national. Cette politique
ne diffère en rien à celle préconisée par le PSD.
Au contraire, elle a renforcé celle de l'ancien parti tenant du
pouvoir.
La différence réside dans l'approche : le PSD
est considéré comme beaucoup plus capitaliste qui ne se soucie
guère plus que de l'intérêt économique de ses
activités ; l'AREMA par contre a une approche plus sociale de ses
projets. Le parti de M. RATSIRAKA pense ainsi avoir un plus grand poids
auprès de la population.
Figure 12 : Répartition des sociétés
contrôlées par l'Etat en terme de pourcentage sur le
territoire. Source : Archive BNI-CL
Figure 13 : Représentation graphique de la
répartition des sociétés publiques à
Madagascar. Source : Archive BNI-CL.
Certes, cette prise de position avait permis de créer
(ou de s'approprier via la nationalisation) des sociétés à
travers la grande-île, mais la politique de rééquilibrage
des investissements au niveau des Faritany n'avait pas que des avantages. Elle
avait poussé l'Etat malgache dans une course effrénée vers
l'investissement à outrance qui la plupart du temps était
mal-calculé.
B. Les investissements à outrance et
les sociétés
nationalisées (cf.
fig.13).
L'ancien régime a été critiqué
pour ses prises de position trop timorée dans les investissements. Du
fait de la conjoncture en bonne voie, notamment avec les devises
apportées par la vente du café, l'Etat malgache pensait que le
moment était venu de franchir le cap et de faire de grands
investissements. Cette politique a permis l'acquisition de nouveaux moyens de
transport (les fameux Ikarus venus de l'Europe de l'Est) et de labour (1.000
tracteurs venus d'URSS) - le développement de nouvelles infrastructures
- la construction de nouveaux centres universitaires dans les Faritany etc.
C'étaient de grands projets forts louables qui devaient porter ses
fruits à long terme.
La représentation graphique ci-dessus représente
une partie de ces investissements alliés aux sociétés
nationalisées de force. Elle permet de constater de visu la
prédominance dans les actions menées des industries ayant trait
avec le monde agricole. On peut citer entre autres la SIRAMA qui était
présente dans trois Faritany (Mahajanga, Toamasina, Antsiranana) et dont
le capital s'élève à 927.400.000Fmg - la KAFEMA
présente à Antsiranana et Fianarantsoa avec un capital de
26.260.000Fmg.
Mais l'industrie a été une grande
déconvenue de cette politique. Avec des usines surdimensionnées
ou mal-implantées, les techniciens ont confondu vitesse et
précipitation. Des complexes aux normes internationales ont ainsi vu le
jour sans pour autant fonctionner. Divers exemples sont à relever en ce
domaine :
· C'est le cas de l'Abattoir de Mahajanga situé
à l'entrée de la ville, sur la RN4. Ce grand ensemble dans les
années 80 n'avait que peu fonctionné. Vers la fin des
années 80, il a même été fermé. La seule
activité qui s'y faisait était le prêt de son groupe
électrogène à la JIRAMA dont la centrale thermique
n'arrivait pas à alimenter la ville en électricité avec de
fréquentes pannes dues au délestage...
· Les complexes de fabrication d'outillage agricole TOLY
ont aussi été un de ces exemples. Présents sur trois sites
avec un capital de 660.000.000Fmg, TOLY n'avait jamais fonctionné...
· Les usines LALASOA et la ZEREN (respectivement
pour la transformation du soja et la confection d'engrais) sont souvent
citées en exemple comme les usines n'ayant pas fonctionnées, mais
d'autres usines ont aussi vivoté comme le FAMAMA (Famokarana Mahabibo
Malagasy) à Mahajanga ou encore l'usine de construction de voiture
Karenjy à Fianarantsoa.
Tableau 4 : Liste exhaustive de quelques-unes des
sociétés nationalisées et/ou créées par
l'investissement à outrance. Source ; Archive BNI-CL/Min. de
l'industrialisation
Société Localisation Nombre Capital en
(Fmg) Activités
d'employés
AFM (Abattoir frigorifique de Mahajanga - -
Mahajanga)
ANM (Abattoir frigorifique de Morondava - -
Morondava)
COROI (Comptoir de commerce et de représentation pour
l'océan indien)
FAMAMA (Famokarana Mahabibo malagasy)
Nationale - - Importation de
marchandises - exportation de produits agricoles
Mahajanga - - Plantation et
transformation d'anacarde
FIARAFY Fianarantsoa 34 - Industrie automobile
HASYMA (Hasy malagasy) Toliara, Mahajanga 790 1.701.600.000
Collecte et transformation
du coton
JIRAMA (Jiro sy Rano Malagasy) Nationale 5.008 53.768.050.000
Entreprise de distribution
de l'électricité et de l'eau potable
KAFEMA (Kafe malagasy) Ambanja, Manakara 85 26.260.000 Industrie
caféière
LALASOA Antananarivo - - Transformation du soja en
lait de soja
LANSU (Langouste du Sud) Fort-Dauphin - - Pêche et
commercialisation de la langouste
MAMISOA Antsirabe - - Transformation du soja en
huile
SECREN (Société d'exploitation, de Antsiranana
1.108 2.000.000.000 Construction navale
construction et de réparation navale)
SEVIMA (Société d'exploitation de la Antananarivo
- - Industrie de mise en
viande à Madagascar) conserve de viande
SICE Nationale - - Commerce et distribution
SINPA (Société d'intérêt national des
Nationale - - Collecte et
produits agricoles commercialisation de
produits agricoles
SIRAMA (Siramamy malagasy) Mahajanga, 7.328 219.000.000
Industrie sucrière
Brickaville, Nosy-Be
SIRANALA (Siramamy Analaeva) Morondava 950 500.000.000 Industrie
sucrière
SOAVOANIO (Société Sambava Sambava - - Plantation
et
voanio) transformation de l'huile
de coprah
SOLIMA (Solika malagasy) Nationale 1.570 2.504.500.000 Industrie
pétrolière
SOMAPALM (Société malagasy pour le palmier
à huile)
SOPRAEX (Société promotion pour les produits
agricoles d'exportation)
Toamasina - - Plantation et
transformation de palmier à huile
Fianarantsoa - - Recherche en produit
pharmaceutique
Madagascar)
SUMATEX (Sud malgache textile) Toliara 788 - Industrie
textile
TOLY Toliara, Farafangana, - 660.000.000 Confection
d'outillage
Morondava mécanique
Tranombarotra ROSO Nationale - - Commerce et distribution
ZEREN Toamasina - - Transformation engrais
chimique
IV. La décentralisation de l'enseignement
supérieur, un travail à long terme.
La réforme de l'enseignement supérieur a
été prévue dans la charte de la deuxième
république33. Trois axes principaux ont été
proposés et mis en relief : la démocratisation - la
décentralisation et la restructuration de la pédagogie de
l'enseignement. Ces axes sont sensés apporter une nouvelle dynamique
dans la formation des futurs cadres de la nation.
Dans ce contexte, le gouvernement, s'est proposé
d'accroître le nombre d'étudiants qui vont fréquenter le
« banc » des facultés. L'augmentation du crédit
alloué à l'aide financière [la bourse estudiantine] a
été une des solutions proposées. De 3.000 boursiers en
1974, on est passé à 12.000 en 1979 : 60% des étudiants
bénéficient d'une bourse dont 70% avec le taux maximal. Cette
réforme de l'accession à la formation supérieure a
été renforcée par la mise en place de nouvelles
infrastructures : les Centres Universitaires Régionaux.
A. Les CUR : Des centres
d'enseignement supérieur de proximité (
cf. tableau
5).
Centre universitaire Matière
enseignée
Antananarivo Droit - économie - gestion - sociologie,
Lettres et Sciences Humaines, Médecine, Sciences -
Mathématiques - Physique et chimie
Antsiranana Filière électromécanique
Fianarantsoa Mathématiques, Physique, Ecole normale
niveau 3
Mahajanga Médecine dentaire
Toamasina Gestion
Toliara Lettre, Sciences, Ecole Normale, Philosophie
Tableau 5 : Représentation des «
spécialités » de chaque CUR. Source : Archive MENRES.
Les CUR ont été érigés pour
décentralisés l'enseignement
supérieur. il faut pourtant
voir que cette politique n'a vraiment pas résolu le problème dans
la mesure où les CUR étaient des centres
spécialisés en un domaine d'études précis. Par
conséquent, la mise en place d'un réseau sensé
décongestionné la concentration des étudiants à
Antananarivo n'avait pas eu l'effet escompté. Une grande partie de la
population estudiantine est toujours regroupée dans la Capitale.
Un autre constat révèle aussi que la
concentration d'étudiants dans les cités universitaires,
notamment à Antananarivo ne signifiait pas forcément augmentation
de la population estudiantine. Certaines personnes « squattaient »
les cités universitaires alors qu'elles ne sont plus inscrites dans les
facultés. Cette situation a été favorisée par un
climat de « laisser-aller » qui a gangrené le système
administratif malgache. Il a fallu attendre les années 90 pour voir
l'Etat reprendre en main la situation. L'assainissement a ainsi permis de
réduire de plus de la moitié, le nombre de l'effectif estudiantin
dans la Capitale : on est actuellement à 15.000 étudiants pour
Antananarivo.
B. Les CUR : Des exemples
d'investissement à
outrance clé en main
(cf.
fig14-15-16).
L'Etat malgache avait déboursé 30 milliards de
FMG pour la construction des CUR. Ces investissements ont été
contractés dans le cadre de la politique de l'investissement à
outrance. Madagascar travaillait avec des entreprises qui apportaient leur
savoir-faire en construction. Parmi les entreprises contactées, on peut
citer la FABRICA IMBALLAGI34 qui a transporté de Milan, en
Italie, les bâtiments préfabriqués et assemblés,
à Madagascar.
Tableau 6 : Les travaux effectués par
province. Source : Afrique-Asie, numéro spécial, 23
juin-6juillet 1980.
Type de construction
|
Antsiranana
|
Mahajanga
|
Toamasina
|
Toliara
|
Fianarantsoa
|
Antananarivo
|
Logement étudiant
|
500 (I)
|
|
500 (I)
|
300 (T)
|
500 (T)
|
1.500 (I)
|
|
500 (C)
|
|
500 (C)
|
300 (I)
|
|
1.500 (C)
|
Salle de cours
|
17 pour 50
|
7 (C)
|
1 pour 200
|
3 (T)
|
6 de 100 places
|
10 (I)
|
|
places (T)
|
|
places (I)
|
2 de100 et de
|
(T)
|
37 (C)
|
|
10 pour 100 places (T)
|
|
12 (C)
|
200 places (I)
|
|
|
|
15 pour 200 places (C)
|
|
|
|
|
|
Amphithéâtre
|
1 de 150 places
|
1 de 750 places
|
1 de 750 places
|
2 de 750 places
|
1 de 750 places
|
1 de 1.000
|
|
(I)
|
(C)
|
(I)
|
(I)
|
(T)
|
places (I)
|
|
2 de 750 places
|
|
1 de 750 places
|
|
|
2 de 750 places
|
|
(C)
|
|
(C)
|
|
|
(I)
|
|
|
|
|
|
|
2 de 1.000 places (C)
|
|
|
|
|
|
|
4 de 750 places
|
|
|
|
|
|
|
(C)
|
Restaurant
|
1 de 600 places
|
1 de 600 place
|
1 de 600 places
|
1 de 600 places
|
1 de 600 places
|
1 de 600 places
|
|
(I)
|
(C)
|
(C)
|
(I)
|
(T)
|
(I)
|
|
|
|
|
|
|
1 de 600 places
|
|
|
|
|
|
|
(C)
|
Logement professeur
|
10 (I)
|
10 (I)
|
10 (I)
|
20 (I)
|
10 (I)
|
15 (I)
|
|
|
|
|
|
|
20 (C)
|
Surface aménagée
|
31.073 m2
|
5.630 m2
|
25.747 m2
|
20.775 m2
|
14.226 m2
|
86.323 m2
|
|
N.B. : (T) : Entreprise locale - (I) : FABRICA IMBALLAGI - (C) :
CONACO
La répartition de ces installations est certes
inégale pour chaque CUR, mais il faut tenir compte des
spécialisations de chaque centre auquel on avait adjoint les
infrastructures. Malgré tout, on retrouve la volonté de l'AREMA
de mettre en place un réseau national pour l'éducation
supérieure.
Ces réseaux complètent les réformes
déjà amorcées dans l'enseignement primaire et secondaire.
Le but avoué est que les jeunes malgaches puissent accéder
à un minimum de savoir. Cela leur permettra d'oeuvrer pour le
développement de leur région respective et par ricochet de
madagascar.
187 logements étudiants, 33 logement de professeurs, 11
salles de cours de 100 places, 4 salles de cours de 200 places, 15 salles de
projection, 3 restaurants, 7 amphithéâtre.
Figure 14 : Représentation des surfaces
aménagées pour les CUR. Source : Archive Min.
Industrialisation.
Figure 15 : Représentation de la capacité
d'accueil des réalisations. Source : Archive Min.
Industrialisation.
Figure 16 : Représentation des réalisation
effectuées. Source : Archive Min Industrialisation.
C. La limite et l'échec de la politique du
régime.
Les techniciens ainsi que les dirigeants ont certainement vu
trop grand dans leur calcul lors des investissements à outrances.
Très peu d'entre les projets mis en route étaient viables si bien
que leur échec était patent. Ces calculs étaient d'autant
plus erronés que sur le plan international, une nouvelle
récession venait à tout remettre en cause.
La fin des années 70 a connu la deuxième crise
pétrolière, bouleversant l'économie mondiale au moment
où les Malgaches commençaient sa réforme
économique. La situation s'est désagrégée : en
1979, la balance commerciale devenait de plus en plus déficitaire avec
la baisse du prix des produits d'exportation alors que parallèlement, le
prix du pétrole et des produits importés augmentaient. Cet
état de fait a condamné Madagascar à emprunter - avec une
échéance à court terme et des taux d'intérêt
élevés - auprès des banques extérieures pour
honorer le payement des produits manufacturés, les intrants des
industries, le pétrole et le riz...
CHAPITRE 6. DE LA REFORME
DES ANNEES 80 A LA POLITIQUE
LIBERALE DE LA FIN DES
ANNEES 90
T
out le monde se souvient certainement des pénuries
dans les années 80 : des mères de famille qui se levaient
à 2-3 heures du matin pour faire la queue au bureau du
fokontany et recevoir le maigre ration de riz et des Produits
de première Nécessité (PPN) dans la rue de la Capitale...
Rien n'allait et les premières victimes étaient la couche moyenne
qui, du jour au lendemain, s'est retrouvée acculée devant
l'ampleur du phénomène. La situation était alarmante si
bien que le gouvernement a dû se plier et négocier auprès
de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI).
I. Une situation économique en pleine
dégradation.
A. Un Produit Intérieur Brut instable (cf. graphe
2).
Graphe 2 : Evolution du Produit Intérieur Brut de
Madagascar.
On perçoit une nette dépréciation du PIB
(Produit Intérieur Brut) 35 par habitant depuis
l'indépendance. Le plafond a été atteint en 1972 et
depuis, tout semble s'écrouler. A cette date, le PIB était
évalué à 250.000 Fmg (base 1984)36.
Paradoxalement, cette période coïncidait à la chute du
gouvernement de TSIRANANA. Depuis, la dégradation de la situation semble
irréversible. La Grande-île est aujourd'hui un des Pays le plus
pauvre au monde. Tous ses indicateurs économiques sont là pour
accréditer cette thèse : balance commerciale déficitaire,
prédominance du secteur agricole.
35 Le PIB est le montant total de la production de
biens et de services, fourni par les entreprises dans un pays quelle que soit
leur nationalité.
A l'opposé de cela, le PNB ou Produit National Brut
reflète l'évolution des masses monétaires
effectuées par les entreprises d'un pays tiers et sur son territoire et
en dehors.
36 1 Franc français équivaut à peu
près à 60 Fmg
Au tout début des années 80, pourtant, dû
certainement aux efforts effectués par l'AREMA et le Front, le PIB
semble s'être remis sur de bon rail avant de dégringoler et
afficher les 180 US $ au début de l'année 2003. Dans ces
années difficiles, l'augmentation du PIB passe de 8.6% en 1980 à
1.8% en 1981 alors que dans le même temps, le TAN frôle les 3%...
Cela démontre bien que Madagascar est toujours sur une pente raide et
que l'équilibre tellement souhaité est encore loin d'être
atteint.
Par ailleurs, quand on s'attarde sur l'analyse du PIB
constant, on retrouve une évolution en dent de scie dont la pointe
maximale se situe aux alentours du début des années 80.
L'explication la plus plausible est que c'est durant cette période que
Madagascar s'est lancé dans l'investissement à outrance. Des
capitaux étrangers ont afflué vers la Grande-île, mais cela
n'a pas profité à la masse de la population. Il est certain que
ces investissements auraient dû changer le quotidien des Malgaches mais
la réalité est autre.
A cause de ces capitaux empruntés à des taux
d'intérêt exorbitants et à court terme, l'économie
malgache s'est « grippée ». Il a fallu négocier et
trouver des partenaires solvables. Si Madagascar avait été une
entreprise on aurait parlé de faillite et de dépôt de
bilan. Mais un Etat n'est pas une entreprise et quand un régime est en
difficulté, il disparaît ou s'adapte à la situation.
B. La Politique de l'Ajustement Structurel (PAS ).
Bien qu'ayant fait partie des institutions de BRETTON WOODS
quelque temps après son indépendance, Madagascar n'a jamais eu
recours à leur service avant le début des années 80. A
cette époque, l'économie malgache était en ruine et il
fallait trouver des solutions qui dépassent le seul cadre de la
compétence des Dirigeants nationaux.
1) Une dette encombrante...
(cf. graphe
3)
est passé à 58% en 1982. Bref des soucis en
perspective qu'il a fallu maîtriser. Sans vraiment le dire tout haut,
Madagascar s'est mis au diapason des remarques apportées par les
institutions de BRETTON WOODS. En fait, il y est « forcé » car
les dettes de Madagascar commencent à s'entasser.
Graphe 3 : Evolution de la dette de Madagascar en million de
dollar depuis l'investissement à outrance.
La PAS répond à un impératif majeur : le
contrôle drastique de la dépense de l'Etat. Une politique
d'austérité est alors appliquée. Les actions
adoptées partent du postulat : le problème des Pays
bénéficiant de l'Ajustement est d'ordre structurel et non
conjoncturel et qu'il fallait une réforme en profondeur de la gestion
des affaires de ces Pays pour le résoudre.
On a cherché à canaliser les erreurs et d'y
apporter des solutions. Deux idées majeures ont été alors
mises en exergues pour l'application de cette politique : l'effectivité
de l'économie de marché avec la libéralisation et
l'instauration progressive de la démocratie. Ce sont des idées
qui sont inspirées directement de l'initiative capitaliste et du
libre-entreprise. Des conditions qui tranchent avec la politique en vigueur sur
la Grande-île.
ne laisse pas les gens au pouvoir indifférentes. Elles
s'en enorgueillissent et s'en vantent partout dans ses déplacements
à travers l'île... Cette réforme structurelle est «
l'arbre qui cache la forêt. » Si l'économie malgache semble
retrouver un second souffle, il en va autrement de la majorité de la
population qui assiste impuissante à la « descente aux enfers
» de leur niveau de vie.
2) Une
inflation galopante et
incontrôlable (cf.
graphe 4).
Graphe 4 : Evolution de l'inflation à Madagascar.
Malgré les mesures prises par l'Etat, il est
évident qu'au début des années 80 :
· L'inflation est devenue galopante et semble
incontrôlable.
· Le pouvoir d'achat des nationaux ne cesse de se
détériorer.
· Les PPN se font rares sur l'étal des marchands
alors que parallèlement, le marché noir - le « risoriso
» - gagne en ampleur.
· Le fossé entre riche et pauvre devient grand...
travailler pour le bien-être de chacun. A leur niveau,
les églises ont tenté d'atténuer l'hémorragie par
le biais des institutions caritatives qui oeuvrent en leur sein. Ces actions
étaient ponctuelles qui n'arrivaient qu'à masquer celles qui
étaient urgentes. Le gros du travail est encore là et attend la
prise de conscience des vrais tenants du Pouvoir. D'ailleurs, dans la
résolution de l'atelier qui s'est déroulé à
Antsirabe, le FFKM avait demandé que l'Etat se fassent connaître
auprès des gens : raffermir sa position dans la conduite des affaires
nationales.
Il est clair que les actions menées dans le cadre de
l'ajustement ne prenaient pas en compte la dimension sociale. Les mesures
prises sont impopulaires même si pendant ces déplacements, le
Pouvoir continue à haranguer les foules avec ses « Madagasikara
! Tsy Mandohalika ! »37 Un bien triste slogan eu
égard à la situation réelle à laquelle le peuple
est confronté. Or, la société auquel aspirent les
Dirigeants de l'époque aurait dû être une
société de « juste répartition des richesses et
des facteurs de production. »38 Cette fuite en avant du
régime de RATSIRAKA avait conduit à son rejet au début des
années 90.
II. le dur apprentissage de la démocratie.
Une transition de près de deux ans (Fin 91-début
93) va aboutir à la mise en place de la troisième
république. Cette dernière est encore au stade de balbutiement
car les prérogatives même de l'Etat restent encore floues.
37 « Madagascar ne baissera jamais les bras ! »
38 In « Stratégie pour l'an 2000 : du Tiers-monde
à la troisième puissance mondiale. »
A. Une constitution plus libérale.
1) Le parlementarisme comme
institution.
La nouvelle constitution a été approuvée
par le peuple sans que personne ne sache exactement vers quelle « nouvelle
aventure », Madagascar s'est engagé. Une nouvelle période
est en marche. Une période durant laquelle les Malgaches semblaient
avoir repris le goût d'espérer en une nouvelle ère de
prospérité. Cela se traduisait par des enthousiasmes
spontanés qui est contagieux : l'élan pour l'aide aux
sinistrés du Sud durant la famine des années 90 en est un bel
exemple ; on se donne la main pour aller de l'avant.
D'ailleurs, les nouveaux maîtres des céans ne
tarissent pas d'éloge envers le « nouveau-né. »
ANDRIAMANJATO Richard disait que c'était « une belle
constitution que beaucoup de Pays nous enviaient... » lors d'un des
entretiens qu'il avait accordé à la presse durant son mandat de
Président de l'Assemblée Nationale (AN) de la toute nouvelle
république. Mais cet état de grâce n'était que de
façade car en réalité, l'Etat malgache était
ingouvernable : « Trop de liberté tue la liberté » ; et
c'est d'autant plus vraie que, pour un Pays qui vient de sortir d'une longue
période de sevrage intellectuel, la Grande-île semble être
retombée dans un de ses travers, la précipitation.
La troisième république, due sans doute au
traumatisme des ères précédentes, a voulu limiter le
pouvoir entre les mains d'un seul homme. Pour ce faire, le parlementarisme a
été érigé en institution rendant le Chef de l'Etat
presque spectateur des actions du gouvernement. Ce dernier étant
désigné par les membres de l'assemblée. C'est une
situation assez paradoxe du fait même que le pouvoir passe entre les
mains d'une personne désignée (le Premier- ministre.) Alors que
la personne élue, en l'occurrence le Président de la
république n'a que très peu d'influence sur la cour des affaires
nationales. La limite de ce parlementarisme poussé est
révélée par ce que son illustre
président39 qualifie de « géométrie
variable. » Aucun groupe parlementaire n'est stable et les
députés changent d'opinion au gré des situations...
2) L'utopie du
régime parlementaire
: un exécutif
tiraillé.
M. ZAFY était le nouveau président de la
république élu au suffrage universel direct au mois de mars 1993.
Son pouvoir était pourtant restreint par un système
privilégiant le parlementarisme. Cet état de fait mettait le Chef
de l'Etat en concurrence direct avec le Chef du gouvernement. C'était
une faille dans la nouvelle constitution qui a suscité bien des remous
dans les décisions prises par le pouvoir exécutif.
Le point de vue des deux chefs de l'exécutif
divergeaient la plupart du temps. Leur lutte se faisait sur fond d'ambition
personnelle... Le chef du gouvernement préconisait la droite ligne
fixée par le FMI et la PAS tandis que le Président de la
république cherchait à s'extraire de ce cycle infernal en faisant
appel à des investisseurs étrangers.
a. Le flottement du Fmg : Une décision politique
courageuse.
Au tout début de la PAS (année 80 - début
90), le Fmg a été dévalué. C'était l'Etat
qui prenait des mesures afin de garantir la convertibilité de la monnaie
malgache. Pourtant en avril 1994, le gouvernement de M. RAVONY a
décidé de faire flotter le Fmg : c'est le Marché
Inter-bancaire de Devise (MID) qui va déterminer le prix du Fmg. L'Etat
n'interviendra plus. C'était l'expression pleine de la
libéralisation.
C'était une politique risquée car Madagascar
venait de sortir d'une assez longue période de crise. Les Malgaches
n'ont pourtant pas bronché conscients certainement que la réforme
devait passer par des sacrifices. Il faut pourtant noter que cette
démarche avait eu des répercussions sur le portefeuille des
ménages malgaches. Le prix des denrées ont augmenté
dû à l'inflation. Le semblant de stabilité perçu
à la fin des années 80 a tout d'un coup fait place à une
dure réalité : les Malgaches sont pauvres et de grands chemins
restent à parcourir avant de s'en sortir...
b. L'affaire des financements parallèles : Une
situation de crise.
en grande partie responsable de la paupérisation de la
population malgache. Cette population, il avait commencé à le
comprendre durant ses longues pérégrinations à travers
l'île : les fameux « Mada-raid ».
Les financements parallèles n'avaient pas eu les
résultats escomptés. Au contraire, ils n'ont fait qu'aggraver la
situation. Madagascar avait négocié des emprunts à des
taux d'intérêt exorbitants (encore une idée que l'histoire
a déjà démontré les limites...) qui ont fait
décoller sa dette extérieure (cf. graphe 3). De plus, certains
parmi les partenaires approchés par l'Etat malgache se sont
révélés être de « grands escrocs
internationaux. » Une situation qui n'a fait que ternir l'image de la
société malgache en voie de démocratisation et en
quête de reconnaissance sur le plan international.
3J Vers
le retour à un
régime de type
présidentiel
modéré.
Le premier amendement de la constitution de la
troisième république a été avalisé par
referendum sous l'impulsion du Président ZAFY. Il a voulu reprendre en
main la nomination du Premier-ministre afin d'avoir un peu plus d'influence sur
ce poste et par conséquent de faire avaliser sa politique. Son coup de
force est passé bien qu'on ait enregistré un taux d'abstention
élevé de la part des électeurs. Désormais, le
Président pouvait peser de tout son poids sur les décisions que
le gouvernement va prendre.
De ce fait, le pouvoir de l'AN a été quelque peu
émoussé. Elle n'émet plus que des propositions quant
à la nomination du futur premier-ministre. Malgré tout, il faut
savoir que l'AN pèse encore de tout son poids sur l'adoption du budget
de fonctionnement de l'Etat. Cette réforme est toujours en vigueur
aujourd'hui. Cette nouvelle organisation est représentée par
l'organigramme ci-après.
85
Fonction juridictionnelle
Haute Cour Constitutionnelle Nomination (6ans)
Pouvoir legislatif
Pouvoir exécutif
Chef du Gouvernement
Gouvernement
Sénat Suffrage au second degré pour les 2/3
(6ans)
Parlement Suffrage universel direct (4ans)
Président de la République Suffrage universel
direct (5ans)
Organigramme 5 : Représentation de l'organisation des
principaux pouvoirs à Madagascar durant la
troisième république.
Par ailleurs, le Parlement s'attaquait aussi à une
grande réforme de l'administration du territoire. Suivant ce qui a
été inscrit dans la constitution, le découpage territorial
a changé et c'est à l'AN de déterminer sa mise en place.
De grands débats s'y raccordent car la décentralisation est
devenue un point essentiel dans la construction du nouveau régime. On
peut dire même que c'est sa pierre angulaire...
B. La décentralisation, une épineuse
réforme.
Comme tous les grands pays d'Afrique, Madagascar depuis son
accession à l'indépendance, avait une administration très
centralisée. Presque toutes les décisions venaient du pouvoir
central. Pour l'Afrique, cette politique s'explique par le fait que les
frontières héritées de l'époque coloniale ne
coïncidaient pas à la frontière du Pays réel, celui
dans lequel évolue une population ou un groupe ethnique bien
déterminé. Ainsi, en Afrique de l'Ouest, le peuple Yoruba se
trouve éclaté dans près de trois Pays. En Afrique
centrale, le cas du Rwanda et du Burundi parle d'eux-mêmes : le
génocide qui s'est perpétré montre combien
l'équilibre régional est fragile. A cause de tout cela, le
Pouvoir a dû se renforcer pour asseoir son autorité. Ce pouvoir,
au fil des ans, a pourtant glissé vers une sorte de dictature qui
opprime la majorité de la population.
Madagascar n'est pourtant pas l'Afrique. C'est une île
dans laquelle, évolue une population qui se décline de
différentes manières suivant son adaptation dans le milieu dans
lequel elle vit. La deuxième république a tenté de mettre
en pratique le VIP mais n'y est arrivée que dans
86 la forme. L'année 90 va demander la mise en place
d'une « décentralisation effective » dans laquelle, le pouvoir
passera réellement entre les mains des pouvoirs
décentralisés.
1) La
décentralisation, une
tentative vaine de la
troisième
république40.
S'inspirant de la structure administrative en vigueur en
France, les constitutionnalistes malgaches ont opté pour une
décentralisation calquée sur le modèle français.
Les Régions et les Départements sont pressentis prendre le relais
des Fivondronampokontany et des Firaisampokontany. Le vrai problème est
que la mise en place de ces nouvelles structures se heurtaient à des
considérations dépassant le seul cadre du
développement.
ETAT CENTRAL
Régions (Le nombre de régions aurait dû
être 28)
Departements (158)
Commune Urbaine
Commune Rurale
Fokontany
Organigramme 6 : Représentation schématique de la
nouvelle forme de décentralisation de la troisième
république.
La décentralisation devait être un remède
à l'injustice spatiale et non le contraire. L'aspiration réelle
est que le développement parte désormais de la base et qu'elle
soit uniforme. L'Etat devient alors le garant de ce développement en
veillant à ce que chaque entité décentralisée ne
soit pas distancée dans sa mise en valeur. Dans ce contexte, l'Etat
reprend son rôle initial de garant et de soutien. Il ne fait plus de
« dirigisme ».
Les entités géographiques concernées
travailleront en premier pour son essor en essayant de faire valoir ses
potentialités et en relevant ses faiblesses. C'est de cette
manière que les Plans Communaux de Développement (PCD) ont vue le
jour. Ce sont des documents de travail sur lequel vont s'appuyer les futures
négociations que les Responsables administratifs vont être
amenés à faire.
Au retour de RATSIRAKA au pouvoir, cette disposition
administrative va être reniée une nouvelle fois pour une
réforme beaucoup plus en profondeur de la gestion du territoire
malgache. La Province Autonome va voir le jour.
2) Entre
fédéralisme et
régionalisation,
le cas des Provinces
autonomes.
A la fin prématurée de son mandat, au tout
début des années 90, une partie des partisans de M. RATSIRAKA
privilégiaient l'instauration du fédéralisme à
Madagascar. Un Etat fédéral est issu pourtant, comme on le sait,
de la fusion de plusieurs Etat indépendant qui délèguent
certains de leurs pouvoirs à une entité fédérale.
C'est le cas des USA, de la république Fédérale
d'Allemagne ou encore de la Confédération Helvétique.
Madagascar n'est pas dans cette situation. C'est un Etat que
l'on voulait faire imploser. Chacun sait que très peu de gens y
adhèrent. Pour trancher, on a alors imaginé un «
régime hybride » qui va satisfaire tout autant les
fédéralistes que les régionalistes : la province autonome.
Elle aurait en théorie une plus grande marge de manoeuvre que les
entités décentralisées.
Dans sa nouvelle forme, l'Etat malgache va être
doté d'une nouvelle structure administrative, la Province autonome, qui
aura des pouvoirs étendus en matières de législation et
d'exécution. Cette nouvelle structure va encadrer celles
déjà définies par la troisième république
(Régions, Communes)41
Communes Urbaines
Régions (22 selon la proposition actuelle)
PROVINCES AUTONOMES (6)
ETAT CENTRAL
Fokontany
Quartiers
Communes Rurales
88
Organigramme 7 : Disposition de la structure administrative
après le referendum du 5 mars 1997.
Un referendum a été décrété
pour remanier la constitution. Il a été mis à profit par
le président RATSIRAKA pour asseoir un peu plus son pouvoir. Si durant
l'éphémère ère ZAFY, il y avait eu une tentative de
« UNDDisation42 » de la vie politique nationale qui avait
échoué, au retour de RATSIRAKA, l'AREMA revient en force et
monopolise tout. Lors de la nouvelle législative de 1998, son parti
ainsi que ses alliés « raflent » 106 sièges sur les 150
à pourvoir...
Ce revirement de situation reflète-t-il vraiment
l'emprise de l'Amiral sur la cour des affaires nationales ? Rien n'est moins
sûr. Il semble que cette attitude de l'électorat ait
été influencée par le laisser-aller de l'après 90
où les gens attendaient beaucoup de choses sans gagner quoi que ce soit
en définitifs. Le seul point positif durant cette période a
été entr'aperçu par les Malgaches sous le Gouvernement
RATSIRAHONANA qui n'a « régné » que pendant une
période de transition. Il a tracé une nouvelle ligne de conduite
s'ordonnant autour du DCPE ou Document Cadre de Politique Economique.
III. Vers le « développement durable » de
Madagascar.
A. Pour une politique
d'ajustement à visage
humain.
Deux choses doivent être prises en compte dans la
compréhension du développement de Madagascar : l'évolution
de sa population et celle de son économie. Ces deux données
doivent être en complète symbiose avec l'exploitation des
données naturelles pour qu'à terme, la Grande-île
réussisse son pari de devenir le « nouveau dragon » de cette
région-ci de l'Océan Indien.
Que l'on veuille ou non, Madagascar depuis les années
80 est « gouverné » de fait par les institutions de BRETTON
WOODS. Les décisions politiques prises par nos Dirigeants doivent avoir
l'aval de ces institutions. Ainsi, la PAS (Politique d'Ajustement Structurel)
avait été l'élément principal du redressement de
l'économie malgache dans les années 80. Elle a été
insufflée par ces institutions.
Cette politique, il faut le savoir, s'applique à plus
d'un Pays dans le monde. Ce n'est pas le seul apanage de la Grande-île.
Très vite, pourtant, les Pays riches se sont rendu compte que cet
ajustement structurel appliqué dans les Pays en Voie de
Développement (PVD) n'aurait d'impacts que si la population ressente les
effets de ces actions. Il fallait alors rendre une image plus humaine à
cette politique.
B. Du DCPE ou Document Cadre de
Politique Economique au
DSRP ou Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté.
Que l'on parle de DCPE ou de DSRP, il ne faut pas se leurrer,
ce ne sont que les variantes de l'Ajustement Structurel initié au
début des années 80 par le FMI et la BM. Ces politiques visent
à « remettre en selle » les Pays tel que Madagascar. Mais
au-delà de cette « générosité, » il faut
se rendre à l'évidence, les Pays riches contrôlent encore
tout.
reprennent de l'autre. La mondialisation a en effet ouvert un
marché qui est sans cesse en expansion et presque saturé dans le
monde occidental ; les Pays émergents sur certains de leurs
activités les concurrencent... Il leur faut donc aider les Pays pauvres
à s'en sortir afin d'y implanter leur filiale. Cet état des lieux
n'enlève en rien l'opportunité qui s'offre à Madagascar
pour faire « briller ses cartes. » Les plans se font et se
défont ; aux dirigeants de les parfaire pour qu'ils deviennent
viables.
1) Le DCPE.
Deux DCPE ont été rédigés pour
Madagascar. Le premier avait eu cours de 1996-1999 et le second de 1997-2001.
En fait, le second est un remaniement du premier, le pouvoir en place ayant
changé...
Le DCPE est un outil qui détaille les politiques que
les Gouvernants voulaient mettre en oeuvre pour accélérer la
sortie de crise de Madagascar. Depuis 1994, une stratégie globale
d'ajustement structurel et de stabilisation financière, visant à
créer un environnement propice à accroître de
manière significative l'investissement et à stimuler
l'épargne, a été lancée. Il y est inscrit que
Madagascar a définitivement adopté une économie de
marché qui va favoriser le secteur privé.
A ce titre, l'Etat s'engage dans un laps de temps
établi au préalable à privatiser les
sociétés qui lui sont rattachées afin qu'une concurrence
saine puisse s'établir entre les investisseurs. C'est une des grandes
nouveautés de cette fin de millénaire. Après avoir fait
main basse sur des entreprises privées dans les années 70, l'Etat
malgache amorce un nouveau virage en acceptant de se défaire de ces
entreprises, qui au fil des années, sont devenues des poids morts pour
la caisse de l'Etat.
2) Le DSRP.
Ce n'est qu'une suite logique des actions entreprises par
l'Etat. En fait, le DSRP ou Document Cadre de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté replonge les Malgaches dans son
passé. Il fait l'état des lieux des actions entreprises jusque
là et émet des directives quant à ce
que devraient être les actions à faire dans le futur
proche et au-delà, les aménagements pérennes. C'est en
fait un plan qui ne dit pas son nom.
Ces outils visent à démontrer secteur par
secteur les lacunes qu'il fallait combler. A cet effet, la nouvelle politique
initiée donne une plus grande marge de manoeuvre à l'Etat et aux
entités territoriales concernées. On reconnaît alors
qu'à chaque entité territoriale, les problèmes doivent
être résolus différemment. De ce fait, l'approche
participative sera mise à l'épreuve.
CONCLUSION PARTIELLE.
C'
'AREMA a dirigé Madagascar presque sans interruption
pendant 25 ans, de 1975 à 2001, abstraction faite de la période
1993-1997. Durant ce quart de siècle, le parti avait connu trois phases
: la période de la révolution socialiste, celle de l'ajustement
structurel et enfin celle du libéralisme.
La première phase a permis à l'AREMA de mettre
en oeuvre une réforme en profondeur de la gestion de l'espace malgache.
Suivant les idées phares contenues dans la « Charte de la
révolution », le parti a décidé d'entreprendre la
décentralisation effective du pouvoir décisionnel avec la mise en
place du VIP. En outre, pour une meilleure approche du développement du
territoire, une politique toute aussi ambitieuse a été
lancée : l'investissement à outrance. Cette politique a permis
d'implanter un peu partout dans l'île, des industries de transformation
sensées devenir des pôles catalyseurs pour la dynamisation des
activités économiques du territoire. Dans le fond, cette approche
était parfaite mais elle a connu ses limites avec la
détérioration du terme de l'échange au niveau mondial. Le
gouvernement malgache n'a pu gérer cette variable qui a eu des
conséquences graves sur la gestion du patrimoine malgache.
L'échec des projets projetés par l'AREMA est palpable : un grand
nombre des industries créées par l'Etat n'ont jamais
fonctionné. La seule satisfaction
réelle aura été les CUR. Ces centres
universitaires ont pu fonctionner malgré quelques ratés qui n'ont
été rectifiés que vers la fin des années 90.
Il faut pourtant retenir que le début des années
80 a vu la mutation de la stratégie spatiale préconisée
par l'AREMA. M. RATSIRAKA a été forcé par la conjoncture
de composer avec les institutions de BRETTON WOODS. L'ajustement structurel a
été le remède préconisé. Il mise sur la
réforme structurelle de la gestion de l'Etat. La libéralisation a
été le mot d'ordre qu'il fallait suivre. Cela a ouvert la voie
à la naissance de la troisième république durant laquelle,
L'AREMA végétait pendant les premières périodes
avant de revenir en force en 1997 et d'imposer une nouvelle politique beaucoup
plus libérale et qui s'appuie sur une plus grande liberté pour
chaque entité décentralisée : les Provinces autonomes. A
cheval entre la régionalisation et la fédération, cette
institution se voulait être un nouveau point de départ pour la
gestion de l'espace malgache.
Conclusion générale.
A
près 40 ans d'indépendance, on est en droit de
se demander de ce qu'il est advenu de Madagascar et de poser la question de
l'héritage du PSD et de l'AREMA. A cause de décisions politiques,
certes courageuses, mais fort discutables, la Grande-île n'a cessé
de péricliter pour être un des pays le plus pauvre de la
planète.
Graphe 5 : Représentation illustrée de
l'état actuel du PIB et de l'IDH de Madagascar par rapport à
quelques Pays dans le monde.
INDICATEURS
CHIFFRES
de ces capacités réelles. Ces capacités si
elles sont énumérées doivent intégrer une triptyque
bien usitée aujourd'hui : l'homme - l'économie et
l'environnement.
Une population de plus en plus marginalisée
(cf. tableau 7).
Les données les plus récentes disponibles sur le
mouvement naturel de la population remontent à 2001. Elles donnent une
idée générale de l'évolution de la population de
Madagascar. Les indicateurs ci-après donnent une vue
générale de l'évolution de la population malgache.
Tableau 7 : Les principaux indicateurs de l'évolution de
la population de Madagascar. Source : Banque Mondiale - INSTAT.
Taux d'accroissement démographique moyen (TAN)
Taux de mortalité infantile (TMI) Taux de fécondité
(TF)
Taux brut de natalité (TN)
Taux brut de mortalité (TM) Taux de
Mortalité infantojuvénile
Taux de mortalité maternelle Espérance de
vie à la naissance
2.8% par an
88 %o naissances en 2001 contre 96%o en 1999 5.4 naissances par
femme (2001)
44%o (1997) 14%o (1997) 159%o (1999)
6.6%o (1999)
55.1 ans (en 1999) - 54.7 ans (en 2001)
A travers ces chiffres, on peut déduire, même si
c'est sur une période courte, que la condition de vie des Malgaches ne
cesse de se détériorer. Si on ne prend en compte que
l'espérance de vie, on est ainsi passé de 55.1 en 1999 à
54.7 ans en 2001. Certes, il faut relativiser ces données, mais il est
évident que les indices avancés confirment cet état. Ce
qui peut paraître étrange dans ce contexte est qu'en même
temps, le pouvoir en place annonce un taux d'accroissement positif de
l'économie, près de 6.7% en 2001. Mais cela s'explique car la
répartition de la richesse économique à Madagascar est
loin d'être équitable... Elle se fait au détriment de la
couche la plus vulnérable qui est majoritairement rurale et très
peu éduquée. En tout cas, la proportion de la population à
faibles revenus est encore fort élevée à Madagascar et
cette situation se ressent dans les actions effectuées dans le secteur
majeur de l'économie malgache, l'agriculture.
Un pays à vocation agricole ? (cf. graphe
7-8)
De Madagascar, on dit toujours que c'est un Pays très
rural où le secteur primaire prédomine (75% des actifs). Or ce
que l'on constate aujourd'hui c'est que le rendement stagne alors que,
parallèlement, la population augmente. Si on prend l'exemple de la
production rizicole, on constate que depuis son indépendance, Madagascar
fait du surplace.
Graphe 6 : Représentation graphique de la production en
paddy à Madagascar.
Madagascar n'arrive pas à combler ses besoins. Avant
les années 70, la Grande-île exportait du paddy (cf. graphe 6-7),
depuis, la situation s'est inversée. Le besoin en riz ne cesse
d'augmenter parce que la population croît. La question qui se pose est de
savoir pourquoi l'on n'a pas réussi à améliorer la
rentabilité. De grands travaux ont effectivement été
menés pour l'amélioration de la production rizicole comme la
sélection de variété de grain de riz adapté
à l'environnement malgache - l'introduction de nouvelle technique de
plantation mais rien n'y fait. Le principal problème auquel se heurte
cette filière est la dégradation de l'environnement. L'Alaotra,
premier grenier à riz de Madagascar, voit des rizières
ensablées et rendues inaptes à la culture à cause de la
déforestation...
D'autres points pourraient être aussi relevés
comme la dégradation des infrastructures [quoique cela ait
été plus ou moins atténuée par le projet PPI (Petit
Périmètre Irrigué) dans les années 90] ou
l'incapacité des agriculteurs à assimiler les nouvelles
techniques. Pour ce qui est de ce dernier point, la mentalité commence
à changer avec la présence des ONGs qui essaient tant bien que
mal de reprendre en main les activités laissées par l'Etat.
Antsirabe est l'exemple vivant de cette réussite. Main dans la main, les
paysans et les ONGs essaient de travailler dans la même direction avec
des réussites qui commencent à faire tâche d'huile
au-delà même de cette région. Il faut pourtant se rendre
à l'évidence : le développement est encore loin
d'être équitable pour toutes les régions de l'île.
Une disparité encore criarde.
L'inégalité se manifeste sous plusieurs formes.
Elle englobe tout aussi bien la répartition de la population que le
niveau de vie de celle-ci. Si on prend l'exemple de la répartition du
niveau de vie, on aura un graphe assez déséquilibré (cf.
graphe 8).
On sait que la décentralisation devait corriger les
disparités spatiales. Chaque territoire peut prioriser ainsi ses besoins
et les négocier auprès de possibles partenaires. L'Etat
n'intervient que pour faciliter ces transactions. Ce que l'on constate
aujourd'hui c'est que l'évolution des Provinces autonomes ne se fait pas
de la même manière. Certaines sont plus favorisées que
d'autres. Si on regarde les dépenses en ce qui concerne chaque Province
(cf. graphe 9), on constate que Fianarantsoa consomme la moins avec près
de 100.000Fmg d'écart
par rapport à Antananarivo (près de 325.000Fmg).
L'écart entre ville-campagne est aussi énorme.
Graphe 8 : Comparaison des dépenses sur le territoire
malgache.
Par ailleurs l'indice de pauvreté (cf. tableau 10)
révèle encore que certaines Provinces sont plus touchées
que d'autres par ce phénomène. Son évolution et son
incidence diffèrent pour chaque Province.
|
|
Taux
|
|
Intensité
|
|
|
1993
|
1997
|
1999
|
1993
|
1997
|
1999
|
Antananarivo
|
68.0
|
66.4
|
61.7
|
27.8
|
29.1
|
26.0
|
Fianarantsoa
|
74.2
|
75.1
|
81.1
|
33.7
|
32.0
|
40.2
|
Toamasina
|
77.9
|
79.8
|
71.3
|
33.7
|
39.0
|
32.6
|
Mahajanga
|
53.2
|
73.8
|
76.0
|
18.6
|
29.1
|
36.5
|
Toliara
|
81.1
|
82.0
|
71.6
|
42.8
|
46.4
|
33.7
|
Antsiranana
|
60.2
|
62.3
|
72.6
|
22.0
|
23.9
|
32.0
|
ENSEMBLE
|
70.0
|
73.3
|
71.3
|
30.3
|
33.6
|
32.8
|
Tableau 8 : Evolution de la situation de la pauvreté par
Faritany. Source : INSTAT, EPM, 97 et 99.
La pauvreté est un fait que tous et d'abord les partis
politiques disent vouloir éradiquer. En tout cas, pour la combattre,
l'un des moyens véritables qui peut se révéler efficace
est l'introduction des pauvres dans le circuit formel. Il faut qu'ils
participent à la lutte contre l'exclusion. C'est à partir de
cette idée que l'HIMO (Haute Intensité de Main d'oeuvre) a
été déployée.
Ces approches, pour la plupart des gens sont des «
recettes miracles ». Il n'en est rien pourtant car à bien y
regarder, on peut voir que ce ne sont que de nouvelles déclinaisons des
actions engagées bien des années auparavant. Dans une certaine
mesure, elles peuvent être considérées comme faisant partie
de l'héritage laissé par le PSD et l'AREMA.
De l'héritage laissé par le PSD et
l'AREMA.
Ces deux partis gouvernementaux avaient des stratégies
spatiales complémentaires car ils ont essayé à leur niveau
et suivant leur stratégie d'approche de corriger les disparités
spatiales existantes par l'entremise de la création de pôles
d'activités susceptibles de dynamiser les diverses régions de
l'île. Le PSD était allé très loin en ce domaine en
organisant les syndicats des communes, de véritables entreprises
publiques gérées par la population elle-même. L'AREMA, lui
avait misé sur l'investissement à outrance et la création
de complexes industriels qui auraient dû aider à la transformation
des produits issus du terroir.
Ces approches étaient spatiales et intègrent les
potentialités des diverses régions de Madagascar.
Malheureusement, leur politique était plutôt aveugle dans la
mesure où à force de gouverner sans véritable opposition,
ces partis étaient tombés dans les travers du dictat du parti
unique. Ils se sont peu à peu déviés de leur mission
principale en se détournant de la population qui les ont élus
pour s'attacher à mettre en pratique des théories qui n'ont plus
l'aval de la majorité.
Le risque est toujours grand pour les nouvelles
démocraties de tomber dans ces illusions qui en définitive ne
rend service à personne. Madagascar a déjà connu ces
expériences malheureuses mais la leçon ne semble pas avoir
été retenue. Le parti TIM aujourd'hui domine,
à son tour, outrageusement les différentes
sphères du pouvoir, une pratique qui n'a rien avoir avec une
véritable démocratie où les échanges et les
débats devraient être « la règle d'or. »
I
Table des illustrations.
Liste des figures.
Figure 1 : Localisation de la Grande-île dans le Sud-Ouest
de l'océan Indien. 4
Figure 2 : Représentation graphique de la division
administrative de la première république. 10
Figure 3 : Représentation graphique de la
répartition des grandes opérations effectuées par la
première république suivant les Provinces. 21
Figure 4 : Représentation en surface (ha) des
différents projets d'aménagement. 25
Figure 5 : Occupation du sol dans la région de la plaine
de Marovoay. 27
Figure 6 : Répartition des syndicats des communes suivant
leur nombre par province en 1967.
32
Figure 7 : Répartition des travaux au-ras du sol par
secteur d'activité. 37
Figure 8 : Répartition des subventions accordées
aux Travaux au ras du sol par province. 38
Figure 9 : Répartition de la subvention accordée
par habitant. 39
Figure 10 : Répartition des logements créés
par la SEIMad par localité. 43
Figure 11 : Représentation de la limite administrative de
la deuxième république. 61
Figure 12 : Répartition des sociétés
contrôlées par l'Etat en terme de pourcentage sur le territoire.
66
Figure 13 : Représentation graphique de la
répartition des sociétés publiques à Madagascar.
67
Figure 14 : Représentation des surfaces
aménagées pour les CUR. 73
Figure 15 : Représentation de la capacité d'accueil
des réalisations. 74
Figure 16 : Représentation des réalisation
effectuées. 75
Figure 17 : Représentation de la répartition de la
population par Firaisana. IX
Figure 18 : Les 28 Régions de Madagascar. XI
Liste des graphes.
Graphe 1 : Exemple de résultat d'une élection
« régionale » en 1977. 55
Graphe 2 : Evolution du Produit Intérieur Brut de
Madagascar. 77
Graphe 3 : Evolution de la dette de Madagascar en million de
dollar depuis l'investissement à outrance. 79
Graphe 4 : Evolution de l'inflation à Madagascar. 80
Graphe 5 : Représentation illustrée de
l'état actuel du PIB et de l'IDH de Madagascar par rapport à
quelques Pays dans le monde. 93
III
Graphe 7 : Représentation de l'évolution de la
production rizicole par rapport à l'évolution de la population.
95
Graphe 8 : Comparaison des dépenses sur le territoire
malgache. 97
Liste des organigrammes.
Organigramme 1 : Représentation schématique de
l'organisation administrative durant la première république.
11
Organigramme 2 : Représentation schématique de
l'organisation de la prise de décision du plan. 20
Organigramme 3 : Organisation du pouvoir sous la deuxième
république. 53
Organigramme 4 : Schéma de l'ordonnancement du pouvoir
administratif sous la deuxième république. 57
Organigramme 5 : Représentation de l'organisation des
principaux pouvoirs à Madagascar durant la troisième
république. 85
Organigramme 6 : Représentation schématique de la
nouvelle forme de décentralisation de la troisième
république. 86
Organigramme 7 : Disposition de la structure administrative
après le referendum du 5 mars
1997. 88
Liste des tableaux.
Tableau 2 : répartition des travaux au ras du sol par
province. 36
Tableau 3 : Répartition des cités
créées par la SEIMad durant la première république.
42
Tableau 4 : Liste exhaustive de quelques-unes des
sociétés nationalisées et/ou créées par
l'investissement à outrance. 69
Tableau 5 : Représentation des «
spécialités » de chaque CUR. 71
Tableau 6 : Les travaux effectués par province. 72
Tableau 7 : Les principaux indicateurs de l'évolution de
la population de Madagascar. 94
Tableau 8 : Evolution de la situation de la pauvreté par
Faritany. 97
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VI
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23p
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Décentralisées. » Ministère des Finances et du Plan,
Direction des Appuis aux Structures Décentralisées. Octobre 1995.
247p.
- « Tableau de bord social : Appui à la mise en
place d'un système national intégré de suivi de la
pauvreté. » Programme PNUD MAG/97/007-DAP1. Ministère des
Finances et de l'économie/SG/INSTAT. Déc. 2000. 132p.
- « Rapport sur l'activité du gouvernement du 1er
juillet 1965 au 30 juin 1966. » Présidence de la république.
Imprimerie Nationale. Tananarive 1966. 268p.
Autres documents :
- « Développements économiques récents
et conséquences de la crise politique actuelle sur
l'économie et les conditions de vie des malgaches. »
PNUD. Antananarivo. Mai 2002. 45p. - « Documents sur les
évènements de mai 1972. » Archive de l'AKFM/KDRSM. 1972.
33p.
- « Ento miakatra ity firenena ity. » Rapport des
forces vives sous l'égide du FFKM. 5-10
décembre 1990. 114p.
- « Impact financier de l'IPPTE. Le cas des 23 premiers
Pays. Banque Mondiale. » Juin 2001. 25p.
- « Le rôle de la gouvernance et de la
décentralisation dans la réduction de la pauvreté. »
Rapport sur le développement humain. PNUD. Madagascar. 2000. 183p.
- « Revue des dépenses publiques et de l'aide
extérieure pour les services sociaux de base. » Système des
nations unies. Décembre 2001. 117p.
- « Stratégie Nationale de gestion des risques et des
catastrophes. » Projet MAG/99/005/A/07/31- 05/31UNDP/CNS. Antananarivo,
Madagascar. 1999. 102p.
- « Technique d'enquête sur les transports ruraux.
» Rural and travel transport program. 2001. 12p.
- « Vahoaka Kristiana Malagasy miatrika ny
fanarenam-pirenena. » Zaika nataon'ny FFKM. 4-8 août 1982. 135p.
Documentations sur support multimédia
:
- Bibliorom Larousse 1998.
- Le Petit Robert 2001.
- Microsoft encarta 1998.
- Microsoft atlas encarta 1997.
- Mille textes. Ministère de la Justice.
Annexes.
Carte de la densité de la population à
Madagascar.
Figure 17 : Représentation de la répartition de
la population par Firaisana. Source : BD 500
La tentative échouée du découpage
territorial préconisé par le HVR.
La définition de la décentralisation pour la
troisième république.
La mise en place de la nouvelle forme de structure
administrative de la troisième république est la réponse
apportée aux différents symposiums qui se sont
succédés à Madagascar dans le but de trouver le meilleur
moyen pour son essor. La décentralisation, il faut le rappeler, a
été déjà érigée en institution depuis
les années 70. C'était la structure idéologique qui
gouvernait Madagascar pendant ces périodes, qui ont empêché
son effectivité.
C'est la loi 93-055 du 26 janvier 1994 qui donne une
idée générale de cette nouvelle approche. L'article 2 et 3
de cette loi précise les nouvelles dispositions quant à la
façon d'appréhender la décentralisation à
Madagascar. L'article 2 dit que : « Dans le cadre des objectifs
fixés par la Constitution, la politique de décentralisation
constitue un plan d'actions délibérées et
coordonnées en vue du développement équilibré et
harmonieux du territoire de la république. (...)
A ce titre, elle vise à donner à l'espace
géographique national une organisation rationnelle du territoire pour
servir de cadre institutionnel de participation effective des citoyens à
la gestion des affaires publiques et de pôles de croissance
économique. » Cette définition, il faut le dire, ne
diffère guère de ce qui a déjà été
énoncée auparavant par les autres régimes. Il a simplement
le mérite, cette fois-ci, d'avoir été confectionné
suivant les aspirations des gens. C'étaient les forums régionaux
initiés pendant la période transitoire qui s'y étaient
penchés.
Cette politique de décentralisation est par ailleurs
mieux expliciter dans l'article 3 de cette même loi. On peut y noter :
« Par la mise en oeuvre de la politique de décentralisation,
l'Etat assure la promotion du développement national, régional et
local par la recherche d'une plus grande intégration et d'une
mobilisation de la population dans les actions de développement et par
la responsabilité de celle-ci dans la définition et la
réalisation de toute action à entreprendre. (...)
XI
Figure 18 : Les 28 Régions de Madagascar. Source :
Min Inter.
A cet effet, l'Etat s'engage à mettre en place une
réforme institutionnelle tant dans son organisation territoriale que
dans ses structures centrales et à promouvoir une politique
d'aménagement du territoire destinée à remodeler le
territoire de la république en fonction d'exigences fonctionnelles
d'efficacité et des exigences du développement continu,
participatif, équilibré et harmonieux.
» Ces deux définitions ont induit la mise en place d'une
nouvelle structure administrative qui va s'appuyer sur de nouvelles bases que
l'Etat a à définir.
Les critères de délimitations des
collectivités décentralisées (cf. fig.17).
Les nouveaux échelons de la nouvelle structure
administrative sont déjà présentés par
l'organigramme n°6. La mise en place de ces différentes structures
dépendaient de plusieurs facteurs. Ces critères de
délimitation sont de plusieurs ordres mais l'Etat malgache a
privilégié trois en particulier : Le facteur d'ordre sociologique
- le facteur d'ordre physique et le facteur d'ordre socio-économique.
· Le premier facteur est un facteur subjectif. Il met en
relief des considérations d'ordre socioculturel, un facteur apte
à susciter la participation de la population au développement
régional. Les gens qui vivent sur une étendue donnée,
à force de se côtoyer, ont des repères qui les lient. Ces
repèrent peuvent être des filiations ou des méthodes de
travail similaire. Ces caractères forgent une unité qui peut
évoluer en même temps.
· Le deuxième facteur est d'ordre
géographique. C'est la prédisposition d'une région en
devenir de s'assumer. Sa définition part des réalités qui
peuvent être améliorer au fur et à mesure de la
possibilité de l'Etat : Possibilité de communication -
possibilité de concentration et de mouvement de population afin de
dégager un ensemble cohérent pour la rédaction d'un Plan
de Développement Régional.
· Le troisième facteur renvoie à la
possibilité et à la potentialité d'une région
d'oeuvrer pour son développement. Les collectivités qui vont
être érigées doivent avoir des potentialités
spécifiques sur lesquelles, on pourrait s'appuyer pour son essor.
Les différentes collectivités territoriales
décentralisées. Les Régions.
Les Régions sont des collectivités
territoriales de niveau stratégique. Elles visent à lier de
manière plus étroite le processus de planification et les
impératifs de développement régional. Les Régions
sont formées par le regroupement de 3 à 12 Départements
dans sa conception
originale43. La délimitation de ces
régions s'inscrit dans la « conglomération » d'un
certain nombre de Fivondronana qui présente des points communs
indépendamment des anciennes limites administratives. Ainsi, la
Région de l'Horombe englobait des Fivondronana appartenant
respectivement à l'ancien Faritany de Fianarantsoa et de Toliara...
Une Région a autorité sur son territoire. C'est
à elle de définir les grandes lignes de la politique qui va
être fait pur son développement :
· Identification des axes prioritaires
· Etablissement du schéma régional
d'aménagement du territoire (eau et assainissement, route et
électrification etc.)
· Etablissement du plan régional de
développement
· Cadrage et programmation des actions de
développement d'envergure régionale dont l'aménagement
hydro-agricole, la pêche, la promotion industrielle et artisanale et
commerciale, la promotion du secteur de service et de l'élevage.
· Gestion des routes et des infrastructures sanitaires
(Hôpital principal), des infrastructures éducatives et
d'enseignement sanitaire de type lycée.
· Mise en oeuvre à son échelon d'action de
mesure appropriée contre les calamités naturelles
· Gestion des patrimoines propres.
Les Départements.
Prévus au nombre de 158, les départements sont
des niveaux intermédiaires des CTD. Leur création devait
s'inscrire au sein des anciens Fivondronana ou au-delà. Un
département doit être formé tout au plus de 25 communes.
43 Depuis cette année (2004), l'Etat malgache est en
train de remettre sur les rails ce projet. Un appel d'offre a été
lancé pour recruter les futurs Chef de régions qui dans un
premier temps, vraisemblablement aura à piloter la mise en place
effective de cette structure administrative.
N.B. Comme ces chefs de régions seront
désignés, ils ne seront certainement pas des « élus
» ; ce qui marque un point d'arrêt dans la mise en application de la
décentralisation. C'est une nouvelle forme « déguisée
» de la déconcentration de l'Etat et donc d'un renforcement du
pouvoir central...
Il faut remarquer que cette collectivité a disparu
avant même sa mise en place. Elle a été
écartée de la nouvelle structure après le referendum de
1998 au profit d'un vaste projet plus ambitieux : La Province autonome.
Les travaux qui devaient échoir à cette
collectivité sont :
· Identification des principaux problèmes relevant
de la collectivité
· Identification et mise en oeuvre des projets sectoriels
relevant de son ressort
· Réalisation et gestion des équipements
socioculturels de type CEG, CSB II
· Construction et équipement de centres
pédagogiques
· Identification et gestion de programmes sanitaires
spécifiques
· Identification et gestion de projet d'aménagement
du territoire
· Gestion de patrimoine propre
LeS COmmUneS.
Ce sont les CTD de base. La commune, à son
échelle d'intervention, doit être en mesure de gérer toutes
les réalisations qui doivent être adaptées à la
satisfaction des besoins essentiels de la population.
La délimitation de la commune s'appuie sur l'analyse
des anciennes communes de la première république et des Firaisana
de la RDM. Ces considérations ont fait sortir deux niveaux
d'interventions : les Communes urbaines et les communes rurales.
Les Communes urbaines.
Sont considérées comme communes urbaines, les
communes qui remplissent les conditions ci-après :
· Ville présentant la cohésion d'une
agglomération urbanisée. Elle doit en outre justifiée
l'existence d'une zone urbaine et suburbaine pour l'extension future de la
ville (optimum directionnel pour l'extension). La ville proprement
parlée doit aussi posséder un Plan de développement Urbain
(PDU).
· Existence d'une ressource propre pour équilibrer
son budget de fonctionnement
· Les habitants doivent dépasser les 5.000
personnes. Pour les villes ayant 2.500 à 5.000 habitants, leur cas peut
être discuté si elles remplissent les conditions
sus-citées
· Existence d'infrastructure de base (VRD, voirie,
équipement collectif, hôtel de ville etc.)
Les communes rurales.
A l'inverse des communes urbaines, très peu d'exigences
sont à remplir pour être érigées en commune rurale.
Il faut avoir :
· Un groupement de villages (hameaux)
· Une densité de population assez
conséquente
· Existence de ressources locales
Ces deux dispositions n'expliquent pourtant pas les mesures
à prendre dans les cas où certaines portions de l'espace de
l'Etat malgache ne remplissent pas ces conditions. Dans la plupart des cas, on
les rattache à la collectivité proche qui ne s'en soucie
guère. Il faut pourtant que l'Etat trouve une parade quitte à
prendre en main le devenir de ces « no man's land. » Quoi qu'il en
soit, les communes ainsi établies ont des responsabilités
qu'elles ont à assumer. Ce sont :
· Identification des principaux besoins et problèmes
sociaux
· Mise en oeuvre des opérations liées
à ces problèmes
· Définition et réalisation des programmes
d'habitat et des équipements publics à caractères
urbains44
· Opération ayant trait à l'Etat civil, la
conscription militaire, le recensement de la population
44 Le problème lié à l'habitation est
récurrent dans la société malgache depuis
l'indépendance. Les logements se font rares et sont vétustes. Ils
ne suivent aucune norme de construction. Durant les propagandes
présidentielles de 1996, le Candidat RATSIRAKA en a même fait son
cheval de bataille. Il avait promis de construire 35.000 logements/an...
· Réalisation des actions et des aides sociales
· Opération de voirie, assainissement de
l'hygiène
· Réalisation et gestion de marché public,
aire de stationnement ou tout autre équipement générateur
de revenu comme les abattoirs, les espaces verts etc.
· Prévention de lutte contre les feux de brousse
· Construction et gestion d'équipements sportifs et
culturels
· Gestion de patrimoine propre
Entretien accordé par Mme Gisèle
RABESAHALA45
Q. : Pour vous quelle devrait être la priorité
pour le développement de Madagascar ? Qu'est ce qui a été
négligé jusqu'ici ?
G.R. : Il est difficile de parler de priorité car tout
est prioritaire. Ce qu'il faut voir c'est l'accroissement de la population, il
faut prévoir les actions à mener : « Gouverner, c'est
prévoir. » Il faut devancer les besoins des gens : Le salaire, les
habits, l'enseignement et l'habitation. Le revenu ne devrait jamais être
négligé où qu'il soit. C'est la clé de
l'économie.
Il faut améliorer la rentrée financière
des gens ; c'est ce qui a été négligée. Le
problème est que quand les dirigeants parlent d'économie, ils
pensent « Taux de croissance. » On parle aussi de partenariat, mais
les gens ne savent même pas ce que cela veut dire. Ce qui devrait
être le premier partenaire de l'Etat, c'est le peuple.
Le problème des fonctionnaires et des salariés
a toujours été mis au second plan par les gouvernements
successifs. Il y a eu parfois des privilèges accordés à
certains corporation comme les enseignants durant la première
république. Sous la deuxième république, rien n'a
été vraiment fait à part le relèvement du point
d'indice tous les ans et que les embauches doivent se faire au-dessus du «
SMIG. »
Q. : Au lendemain de l'indépendance, croyez-vous que
Madagascar formait vraiment une Nation ? Pourquoi a-t-on opté pour la
république ?
G.R. : Madagascar était vraiment une Nation même
avant la colonisation. C'était un Etat monarchique qui a
déjà été reconnu sur le plan international.
ANDRIANAMPOINIMERINA a été le vrai « Maître d'oeuvre
» de l'érection de cet Etat.
45 Entretien accordé le 1 et le 8 mars 2004. Mme
Gisèle RABESAHALA est une figure emblématique de la politique
malgache. Ancienne membre de l'AKFM, elle a été une opposante au
régime de TSIRANANA avant d'occuper successivement durant la
deuxième république et la troisième république le
poste de Ministre de la culture - Conseiller du Premier-ministre -
vice-président du sénat.
La république a été
préférée car la monarchie est une forme de gouvernance en
perdition. En plus les Malgaches avaient peur de «
l'hégémonie » des Merina. La place
prépondérante des merina durant le
XIXèsiècle a causé une frustration certaine,
une blessure qu'on ne voulait pas réveiller.
Q. : Lors de la première république, vous
étiez, du moins votre parti dans l'Opposition. Pourquoi ce choix ?
Est-ce que la politique préconisée par l'AKFM diffère de
la ligne directrice du PSD abstraction faite du référendum ou
votre parti a fait voter le NON ? Pourriez-vous citer quelques exemples de
points de friction ?
G.R. : On n'était pas d'accord car les Français
voulaient mettre des gens de confiances à eux : les PSD. Revoyez ce qui
a été fait en 58 avec le référendum. L'AKFM
n'était pas d'accord car notre combat en ces temps était
accès sur l'abolition de la loi d'annexion et l'érection d'un
gouvernement indépendant.
Les Français ont transféré le pouvoir
entre les mains des PSD tout en tenant à distance, voire
bâillonner les opposants. En 1960, il y a eu l'accord de
coopération franco-malgache. Cela s'est passé bien avant notre
indépendance. L'indépendance donnée par la France à
Madagascar était une coquille vide.
Q. : Que pensez-vous du plan initié par le PSD ?
J'entends par-là le plan quinquennal de 1964 ?
G.R. : Le PSD était entouré de conseiller
d'obédience socialiste. Cette partie sociale point dans les discours
mais n'avait pas réellement de vraie répercussion sur la vie
quotidienne des gens. Devant les protestations de plus en plus insistantes,
TSIRANANA a fini par céder et convoquer une conférence pour
l'élaboration du plan.
Dans ce plan, on trouvait des points positifs. C'était
le point de rupture entre l'AKFM et le MONIMA qui ne voulait entendre qu'une
indépendance vraie. L'AKFM est pour une économie planifiée
car l'avenir ne se font par à coup. De plus, l'indépendance
totale n'existe pas, on doit toujours s'appuyer sur quelqu'un d'autre. Si ce
n'est pas la France, ce sera la BM ou d'autres institutions ou d'autres Pays.
On peut prendre l'exemple des produits qui dépendent des cours
internationaux...
G.R. : Oui car ce sont les étrangers qui l'ont fait.
Pourtant le plan 1950-60 n'était pas à vraiment un plan,
c'était le point de vue des techniciens français. Ils voulaient
voir ce qu'il faudrait faire pour s'adapter à la nouvelle donne de
l'après-guerre.
TSIRANANA avait la vision du développement de
l'économie malgache. Le nationalisme l'animait malgré son point
d'ancrage « pro-français. »
Q. : On parlait beaucoup de « développement au
ras du sol ». Pourriez-vous en parler ? En quoi cela consiste vraiment ?
Quel était le vrai but de ce plan ?
G.R. : C'est un pragmatique, tout comme RAVALOMANANA qui
préconisait l'abandon de la politique au profit des actions. Or, tout
est politique.
La politique au ras du sol à la fin a
entraîné des abus : Comme le « Karatra isan-jato » qu'il
n'a jamais voulu supprimer ! L'impôt de capitation instauré nous
rabaissait au même niveau que les bétails. Les Français
disaient que les Malgaches étaient fainéants et qu'il fallait les
dissuader d'une autre manière pour travailler. Les travaux
communautaires ont été institués. Behoririka en est
l'exemple.
Le ras du sol peut être traduit par une vision plus
locale des actions. Point besoin de grands moyens ni de grandes
théories, il faut faire des actions qui se traduisent de façon
concrètes dans l'espace. C'était une utopie car cela n'existent
que dans les sociétés ayant des objectifs clairs et où
l'unité est de mise. Alors que là, on voit très bien que
la société malgache est divisée. Un autre exemple, le
repiquage en ligne. On a incité les gens à le faire mais cela n'a
pas marché car les gens ne savent pas en quoi cela consistait vraiment.
Cela a été fait dans l'anarchie totale qu'il y avait eu des
rejets : Les techniciens de l'agriculture n'en font qu'à leur
tête, l'engrais distribué sans instruction...
Ces rejets du développement au ras du sol ont conduit peu
à peu le régime à se durcir pour de venir de plus en plus
un régime autoritaire et répressif.
Q. : Comment analyser vous le fait que l'AKFM ait pu se
maintenir à la Mairie d'Antananarivo malgré la
prédominance du PSD ?
G.R. : Lors du référendum de 58, Antananarivo a
voté NON. Par tradition, Antananarivo est un foyer de contestation. Les
raisons sont tout aussi psychologiques qu'ethnique. En ces temps, la Province
était quasi-mono-éthnique.
Comme l'AKFM était le porte-parole de la contestation,
il a toujours été majoritaire. Le pouvoir a tenté de faire
des hold-up électoraux mais cela n'a rien changé.
Après l'indépendance, le pouvoir central a mis
en place un délégué Général pour
contrôler les actions du Maire. Le conseil municipal de ce fait n'avait
plus de pouvoir. Mais l'AKFM a quand même pu faire des travaux
sociaux.
Q. : Au lendemain de 1972, les Malgaches
réclamaient le bannissement du Néocolonialisme. Il y avait eu la
révision des accords de Coopération franco-malgache. Madagascar,
sur le plan international, embrassait le mouvement du non-alignement. Qu'en
pensez-vous ?
G.R. : L'AKFM a été à l'origine du
changement du pouvoir à Madagascar, même si l'on a essayé
d'occulter ce fait. Le parti a fait entrer dans le débat tout ce qui est
revendication économique et tout ce qui a attrait avec la
souveraineté nationale. Il a aussi prôné le neutralisme.
Le mouvement des étudiants, influencé par des
tendances gauchistes et le mouvement des étudiants de mai 68 en France
revendiquait la révision de l'accord de coopération avec la
France, surtout sur le plan de l'enseignement. RATSIRAKA a été
l'un des instigateurs de cette révision.
Sous RAMANANTSOA, il y avait deux hommes forts : RATSIRAKA et
RATSIMANDRAVA. Le premier est auréolé de ses prises de position
dans la révision de l'accord de coopération, il a mis sur le rail
la revendication de l'AKFM pour une politique de non-alignée.
Q. : Quelle vision la deuxième république a
voulu mettre en route pour le développement de Madagascar ?
G.R. : La deuxième république était
née à une époque charnière sur le plan
international avec la poussée très forte du mouvement des
non-alignés qui condamnait le néo-colonialisme. Madagascar se
posait la question, quelle voie choisir ? En Afrique, c'était la voie
révolutionnaire qui primait avec la recherche de voie originale
adaptée à la réalité du pays pour
l'indépendance économique et la gestion réelles des moyens
de production : Condamnation de l'apartheid, soutien aux Pays sur le point de
regagner leur indépendance etc.
toutes condensées dans les Chartes de la
révolution socialiste. C'étaient des actions «
généreuses, » un projet de société soumis au
référendum.
La Charte a mis en place sur le plan administratif, la
décentralisation avec les Faritany - les Fivondronana - les
Firaisampokontany - les Fokontany. Sur le plan économique, il avait eu
la nationalisation des sociétés, des terres, des banques et des
assurances. Cela a été à l'origine de grands changements.
Comme ces changements allaient à l'encontre des intérêts
des Français, il ne faut pas s'étonner que RATSIRAKA soit
diabolisé et que son régime fut considéré comme un
régime communiste. Il a fait ce que bon nombre d'Etat africain a aussi
fait : Remettre entre les mains de l'Etat malgache, les moyens de
production.
Si RATSIRAKA était convaincu du bien fondé de
ces actions, il n'en va pas de même pour les cadres de ces
sociétés. Leur première revendication est d'être
alignée au même émolument que les étrangers.
C'était le commencement de tous les abus et des comportements
anti-développement.
Sur le plan politique, il y a eu le FNDR. En 1990, on a
libéralisé les Partis.
Q. : La décentralisation a été mise en
place mais il semble que les décisions politiques soient prises par les
instances centrales. Est-ce que vous pourriez expliquer pourquoi ?
Il y a eu des lacunes, même si le Fokontany a
été apprécié par la population du fait que c'est
une structure proche de la base où les gens de diverses tendances se
côtoyaient.
Il y avait deux tendances : La tendance qui
préconisait la décentralisation à outrance et celle qui
privilégie la centralisation à outrance. Le centralisme est
hérité du régime monarchique. Cela a crée des
décalages énormes entre les Provinces et il faut y trouver une
solution sinon on aura une cassure et c'est toujours dangereux. On perd notre
temps à faire des élections qui aboutissent finalement à
un taux d'abstention élevé car il n'y a pas d'amélioration
dans la vie de tous les jours. Cela conduit à l'incivisme.
Q. : Après l'arrivée de M. RATSIRAKA au
pouvoir en 1975, il y avait eu la c éation du FNDR. En
r
quoi cela consistait-il effectivement ? L'AKFM en faisait
partie, mais on a noté la prépondérance de l'AREMA. Se
sentiez-vous floué dans cette institution ?
G.R. : Bien sûr, mais l'AKFM est né d'union de
Partis politiques. Et maintenant, aucun parti ne peut dire pouvoir diriger le
Pays de sa seule opinion. Il faut au moins un min de coopération entre
les Partis qui veulent faire avancer le Pays.
Les dirigeants de l'AREMA ne se privaient pas de dire qu'ils
sont les « légitimes. » Certains Partis ne supportaient pas
cela et ont quitté le front. Pour l'AKFM, ce n'était pas une
question de poste, ni d'intérêts, c'était un principe pour
le travail de concert.
Q. : Est-ce que ce système n'avait pas
grippé les institutions qu'on escomptait mettre en place avec la
décen ralisation du fait que c'est comme une administration
parallèle à celle de l'Etat à l'instar du
t
Comité cen ral du parti commun ste chinois ?
t i
Le FNDR restait un principe adopté au sommet. A la
base l'AREMA ne voulait pas partager leur prérogative. Cela aurait
dû être une structure dans laquelle on aurait échangé
les points de vue, d'aplanir les divergences, mais il en allait autrement.
Q. : Dans la première partie de la deuxième
république, il y avait eu les Nationalisations des entreprises
privées, notamment étrangères. Cette démarche
répondait à quelle stratégie ? Par ailleurs, avec la mise
en place des investissements à outrance on a vu l'érection de
nombreuses industries de transformation de PPN à Madagascar, mais la
plupart ont à peine fonctionné. Quel bilan tirez-vous de ces
années ?
G.R. : « Une décision quelconque n'est valable
que s'il a des gens pour les appliquer. » Cela n'a pas été
un succès. Les projets ont été mal préparés
et les Responsables désignés n'ont d'oeil que pour leur
intérêt. Les cadres ne se soumettent pas aux contrôles de
l'entreprise sous prétexte qu'ils n'ont pas à rendre compte de
leurs activités aux personnels.
Q. : Les Forces Vives ont clamé qu'ils sont les
maîtres d'oeuvre de la libéralisation à Madagascar alors
que les pourparlers avec les institutions de BRETTON WOODS ont commencé
vers la moitié des années 80. Pouvez-vous en parler ? En quoi
consistait effectivement l'ajustement structurel ?
G.R. : Dans les années 80, c'était un tournant
négatif. Madagascar était dans une situation critique due au fait
que l'industrie ne marchait pas très fort. Sur le plan international, le
pays occidental entrait dans une crise notamment à cause de la crise du
pétrole. On manquait de devise et il a fallu se tourner vers les
institutions de BRETTON WOODS pour avoir de l'argent frais (Madagascar
était déjà membre de ces institutions de puis 1963).
On met à plat les décisions prises, il faut
tout restructurer : Moins d'Etat, il faut privatiser. L'essentiel est
d'exporter, plus de subvention. Le résultat c'était
l'appauvrissement. Le domaine social est victime de cette politique.
Q. : En un mot, que retenez-vous de la politique mise en
place de 1993 à 1997 ?
G.R. : La démocratie est un thème mis à
la mode par les Pays de l'Ouest. Une forme de manifestation
détournée (démocratie des rues) par les opposants. Le
multipartisme aussi a fait son apparition avec maintenant près de 173
groupements politiques !
La démocratie est est-elle fonction de
l'élection ? Comment peut-on croire à une démocratie
sincère quand on sait qu'une majorité des malgaches est
illettrée ? Savent-ils seulement pour qui ils votent ? Ils votent pour
celui qui est au pouvoir et c'est tout.
Mais RATSIRAKA avait devancé cela en 1990. les plans ont
été certainement préparés.
ZAFY a nargué les institutions de BRETTON WOODS en se
référant à ANDRIANAMPOINIMERINA qui avait réussi
à faire des choses sans l'aide des étrangers. C'était une
période de « flambée du nationalisme. » Mais il faut
plus que cela pour diriger un Pays, il faut apporter une vision et ZAFY l'a
appris à ses dépends.
Il y a eu le « financements parallèles » qui a
mis à genou l'économie avec ses taux d'intérêt
énormes. On parlait même à une certaine époque de
l'affaire FLAMCO qui s'est peu à peu décantée...
Q. : Au retou de RATSIRAKA en 1997, vous étiez de
nouveau au pouvoir. Quelle impulsion
r
nouvelle a-t-on voulu mettre en branle à ce moment
?
G.R. : Il faut être lucide. Le RATSIRAKA de 97
n'était plus celui de 75. il a choqué en énonçant
des déclarations comme : « Je vais m'occuper désormais de ma
famille... » Il n'a pas à crier cela car c'est un chef d'Etat. Et
de plus sa vision était devenue trop personnelle.
Il voulait privilégier tous ceux qui ont souffert avec
lui pendant la traversée du désert. Il ignorait
complètement l'AKFM.
Il y avait la mise en place des Provinces autonomes. L'AKFM
adhérait à ce projet. Le parti a déjà
énoncé qu'il serait impossible de diriger le Pays du sommet. De
grandes discussions ont été faites autour de ce sujet. Il faut se
souvenir que pendant la grève de 91, avec les blocus, les gens des
Faritany ont été lésées. 9 mois de grève et
plus rien ne marchait notamment en Province. De ce fait, certaines ailes dures
des Provinces se prononcèrent clairement pour le
fédéralisme. Mais, on ne peut pas diviser un pays au risque de
voir des dérives sécessionnistes. Certains ont proposé les
Etats autonomes...
La Province autonome a été soutenue par l'AKFM.
Et c'est pour cela que le parti a soutenu RATSIRAKA. Pour ce qui est du reste,
l'humanisme et l'écologie, c'était fumeux...
Q : La DCPE pu s le DSRP on - s vra ment a dé
à trouver la voie pour sortir de la pauvreté ou ne . i t il i
i
serait-ce que des leurres imposés par les
institutions financières mondiales pou mieux contrôler
r
l'économie malgache et par ricochet le
développement de plu ieu s Pays du monde, anc ennement
s r i
colonisés qui ont adopté ces mécanismes
?
G.R. : C'est cela. Ce ne sont que des moutures de l'ajustement
structurel appliquées partout dans les Pays pauvres. La pauvreté
n'a fait qu'augmenter.
Q. : Pensez-vous que les Partis politiques malgaches qui
ont gouverné ont réellement des programmes définis pour le
développement de Madagascar ? Ces programmes répondent-ils
à quels critères : Le développement - le bien-être
?
G.R. : Il n'y a pas de programme. Un seul parti sortait du
lot : le Leader Fanilo. L'AREMA n'existe que parce qu'il y avait RATSIRAKA
exactement comme avec le TIM aujourd'hui. En 1999, des Partis politiques ont
fait des assises pour aboutir à la sortie d'un code de l'éthique
politique que devraient suivre les Partis politiques existants. On y a aussi
élaboré un code de projet électoral mais l'AREMA s'y est
opposé pour garder la majorité à tout prix.
Or l'objectif des politiciens devrait l'éducation civique
et non seulement avoir des sièges.
Q. : Enfin, à propos des Partis politiques malgaches,
ont-ils des idéologies à défendre ?
G.R. : La mondialisation n'a pas arrangé les choses. Soit
vous êtes pro-capitalistes soit pro-socialistes. Mais comme le bloc de
l'Est a disparu, il y a une nouvelle donne et on cherche encore ses
repères.
On a aujourd'hui la lutte contre la mondialisation
libérale et capitaliste où les sociétés
multinationales dictent leur Loi. La mondialisation est inévitable mais
elle ne doit pas se faire au détriment de la masse. Il faut un vrai
développement humain. Les politiciens malgaches ne comprennent pas
encore ou feignent d'ignorer cela. En France, il y a la lutte pour l'exception
culturelle (refus de « l'American way of life »),
les Malgaches pensent-ils à cela ? C'est cela le vrai
problème.
Entretien accordé par M. Jonah
RAKOTOARIVELO46.
Q. : Pour vous quelle devrait être la priorité
pour le développement de Madagascar ? Qu'est ce qui a été
négligé jusqu'ici ?
R.J. : Madagascar ne bénéficie pas d'une
situation favorable pour les échanges commerciaux à cause de sa
position excentrique, marginale. Les Pays africains qui nous entourent sont
pour la plupart des Pays anglophones.
La priorité pour Madagascar s'est de s'auto suffire :
Remplir les besoins fondamentaux i.e. trouver de quoi se nourrir - de quoi se
vêtir - où se loger ? les problèmes majeurs qui se
dégagent sont :
· Le problème de communication, très
marquée depuis 1972 alors que des Pays africains comme le Gabon ou le
Sénégal étaient déjà fort avancés en
ce domaine. C'est la communication en général. Pour ce qui est de
la voie de communication, cela a été négligé depuis
1975.
· Le problème de financement rural est aussi
flagrant. Le taux d'intérêt, appliqué par les banques et
les institutions financières, est trop élevé. Si bien que
les ruraux sont obligés de vendre leur « tanindrazana. » Il
n'y a pas de structures d'encadrement pour les soutenir sur le plan technique.
Il faut que les paysans deviennent des gestionnaires.
· Le problème de la maîtrise d'eau :
Inondation ou sécheresse. La technique rizicole ne pouvait se faire sans
la maîtrise de l'eau. D'autant plus que la superficie transformable en
rizière nécessite de grands investissements comme
l'érection de barrage.
· Il n'y pas tellement d'intégration entre le
programme de formation et l'issu des jeunes. L'adéquation entre les
formations proposées et les débouchés n'est pas parfaite :
Il faut adapter la formation au développement.
Par ailleurs, il faut le signaler, les Politiciens sont aussi
des barrages au développement. Certains politiciens soutiennent par
exemple le vol de zébus (...). Ils ne volent pas mais achètent
les zébus à des prix dérisoires : Un boeuf castré
valant 2.000.000 Fmg au moins est négocié à 200.000 Fmg...
Des leaders politiques, par cette pratique, entretiennent le vol. Les paysans,
devant ce phénomène, parquent leur
46 Entretien accordé le19 mars 2004. le Dr
RAKOTOARIVELO J. a été pendant un temps Président du
Faritany d'Antananarivo durant la deuxième république.
Actuellement, il est enseignant à l'IMATEP et à la Faculté
de Médecine.
bétail au lieu de les laisser « vagabonder. »
Le rendement descend à cause de cela : Les bêtes restent debout la
nuit dans les zones de parcage, pendant l'été, période de
la bonne pâture ; le jour, elles ne font que somnoler... cela provoque la
frigidité d'origine nutritionnelle qui a des impacts sur le
renouvellement de la population. Au lieu de mettre bas tous les ans, les
femelles ne donnent naissance qu'à un veau tous les 2ans ou au max. 2
veaux tous les 3ans.
Notre développement émane du secteur I. Le
problème c'est que les résultats des recherchent en ce domaine ne
sont pas appliqués. Il y aussi le problème de coordination : La
recherche dépendait d'un département alors que son application
échoit à un autre, or la communication ne passe pas...
La production reste alors stagnante sinon en
régression. Parmi ces causes, il faut voir la dégradation du sol.
Tous les ans, une partie des couches arables sont érodée. J'ai
parcouru beaucoup de Pays mais le phénomène de lavaka est unique
au monde. Le tavy doit aussi trouver une solution (...)
On dit à tort que Madagascar a beaucoup de terrains non
utilisés. A vol d'oiseau certainement, mais il faut voir que 60% des
terres à Madagascar ne sont pas « mécanisables » car
elles sont en pente de 30 à 60% voire plus. Les parties
mécanisables se situent dans le Sud-Ouest où la maîtrise de
l'eau pose problème. Sur la côte Est, les Plaines sont des «
matsabory »... Dans ce cas, il n'y a que la charrue qui est
appropriée pour leur mise en valeur et cela pose des problèmes de
développement.
On a essayé l'utilisation des tracteurs dans la
Région du Moyen-ouest et du Moyen-Est « mécanisable »,
mais l'encadrement des paysans par des mécaniciens n'étaient pas
suffisants. L'utilisation de ces moyens coûte très cher et ils les
utilisent tant que ça marche...
Pour ce qui est du secteur II : Il faut savoir que la
transformation nécessite de l'énergie, or l'énergie
coûte chère. On est toujours obligé de se servir des
Charbons de bois qui favorisent le défrichement. En Europe, si
l'énergie ne représente que 5% du budget mensuel d'un
ménage, chez nous on dépense allègrement les 500.000 Fmg
si on voulait avoir le minimum de conforts (télé,
réfrigérateur...)
La source énergétique est peu
compétitive. (...) Ce serait bien si on privilégie l'utilisation
de l'énergie hydroélectrique : Multiplier l'utilisation des
chutes d'eau, les « houilles blanches. » Les petites chutes on
déjà été utilisées durant l'ère
coloniale, mais à de faible dimension et pour des besoins ponctuels
comme le traitement de l'aleurite. On a eu ainsi la Chute de la Lily dans la
sous-préfecture d'Analavory - à Vohémar, Andrafainkona
etc. La politique de la JIRAMA est limitée aux grandes chutes :
Andekaleka, Namorona, Mandraka, il faut que cela change.
Les petites industries sont très peu
développées. La plupart d'entre elles sont entre les mains d'une
minorité originaire du sous continent indien (...) comme le SIB, le
COTONA etc. Les Malgaches sont peu présents en ce domaine (...)
peut-être ANDRIATSITOHAINA avec le tabac mais la plupart des «
riches » à Madagascar se sont investis dans le bâtiment.
RAMANANDRAIBE s'est lancé dans le négoce de la vanille mais pas
la transformation. Le secteur II est ainsi quasi-inexistante et par ricochet,
il y a très peu de débouchés pour les jeunes sortant de
l'Université. La mise en place d'une formation adaptée au
marché du travail doit se faire.
Le secteur III avec la politique bancaire doit être plus
souple (...) L'application d'un taux élevé grève les
actions de développement.
Q. : Au lendemain de l'indépendance, croyez-vous que
Madagascar formait vraiment une Nation ? Pourquoi a-t-on opté pour la
république ?
R.J. : L'indépendance a été obtenue en
1960. Des points de vue cependant divergeaient, certains optaient pour
l'indépendance unilatérale sous l'impulsion du MDRM. Les gens qui
étaient acquises à cette idée étaient celles qui
vivaient dans les régions où les colons étaient nombreux
comme à Sahasinaka. Ces gens étaient-elles conscientes de ce qui
les attendaient après « l'affranchissement » ?
Autre fait à retenir : Le « tribalisme. »
C'était un moyen utilisé par l'administration coloniale pour
diviser les Malgaches. Elle insinuait que si Madagascar recouvre son
indépendance, l'Etat « hova » reviendrait et les Merina
asserviraient les « autres. » Il y avait eu alors la création
du PADESM.
RAVELOJAONA était d'accord pour l'indépendance
mais à condition que l'on forme des cadres pour diriger la nation. La
majorité des gens voulait seulement occuper la place jadis
occupée par les « vazaha » : Devenir le Maître. C'est un
complexe encore fort dans le subconscient des jeunes d'aujourd'hui. Mais le
plus grave, c'est que l'on demande d'être rémunérer
à un taux que l'Etat ne peut pas se permettre(...). Personne n'est
consciente de sa responsabilité et ne se demande même pas de
savoir ce que son Pays attend de lui où de ce qu'il peut apporter
à ses compatriotes...
Cette situation, transférée dans le monde rural
se manifestait à travers le problème de clan (...). Cela a
été surtout vu dans le Sud-Est. Mais des traces ont aussi
été répertoriées comme à Ambositra où
trois familles « s'affrontaient » ; dans l'Imerina où
l'Avaradrano se méfiait des Atsimondrano etc.
Quand ils ont commencé à émigrer, ils y
ont apporté leur savoir-faire que les certaines tribus n'avaient pas.
Avant, l'Ouest malgache était relativement calme car la terre donne
à moindre coût... avec l'arrivée de ces « Mpila
ravinahitra, » les donnes ont changé et des frictions
existaient (...)
Ces contextes ont été utilisés par les
vazaha pour déstabiliser les Malgaches. Peu avant l'indépendance,
il y avait eu un suffrage censitaire qui excluait la majorité du peuple.
Là, on est en face d'une élection à suffrage universel
direct. Les Ruraux en sont-ils conscients ? Savent-ils que leur choix va
édicter le mode de gouvernance ? En 1972, à Tuléar,
TSIRANANA récoltait 100% des voies...On a accepté cela, tout le
monde était PSD ! Au temps de RATSIRAKA, on est AREMA.
Jusqu'à maintenant, ce n'est pas sûr que les
Malgaches votent pour défendre leurs opinions.. Où les gens
deviennent des opposants notoires sans idéologies où elles
s'acoquinent avec le pouvoir en place par manque d'idée ou par
intérêt !
Tout cela pour dire que le choix de la république a
été mûrement réfléchi. On ne pouvait pas
réveiller tous ces démons, d'ailleurs c'est la préparation
faite par les colons, d'obédience socialiste, en particulier
DEFFERRE.
Q. : Que pensez-vous du plan initié par le PSD ?
J'entends par-là le plan quinquennal de 1964 ?
R.J. : Je n'ai pas de données là-dessus mais je
tiens à signaler l'existence du CTRPD. C'est là que se
décidaient les programmes et notamment ceux « au ras du sol. »
(...) Malheureusement, il y avait des conflits d'intérêt au
détriment du plan.
Q. : On parlait beaucoup de « développement au
ras du sol ». Pourriez-vous en parler ? En quoi cela consiste vraiment
?
R.J. : Il faut retenir que le budget des Provinces
était important et on a pu travailler durant la première
république, contrairement au temps de RATSIRAKA. Mais, le ras du sol
était un saupoudrage qui avait fait plus de mal que de bien : des routes
gravillonnées durant la période coloniale ont été
lissées pour plus tard devenir des mares boueuses en temps de pluies...
Faute d'entretien, elles se sont progressivement
détériorées enclavant encore un peu plus certaines
régions de l'île (...)
Des petits progrès ont quand même
été faits. Il y a eu par exemple la construction de
maternités, d'écoles dans les communes, ces activités
étaient de leur ressort, mais l'Etat central était incapable d'y
envoyer des personnels fautes de postulants ou de budget...
Q. : Au lendemain de 1972, les Malgaches
réclamaient le bannissement du Néocolonialisme. Il y avait eu la
révision des accords de Coopération franco-malgache. Madagascar,
sur le plan international embrassait le mouvement du non-alignement. Qu'en
pensez-vous ?
R.J. : La politique du ventre était
préconisée. Les gens se contentaient de peu : Un ventre plein et
des divertissements leur suffisaient. Le problème c'est que les
intellectuels ont augmenté alors que les Français tenaient encore
des postes dans les ministères. On peut citer en exemple, le SG et le
Directeur de cabinet du Président qui étaient des
étrangers...
Cela a amené les Malgaches à se révolter.
Le non-alignement traduit le besoin d'indépendance. Mais il faut voir
qu'au de-là, les Malgaches dépendent toujours du contexte
international comme du prix du pétrole etc.
Q. : Quelle vision la deuxième république a
voulu mettre en route pour le développement de Madagascar ?
R.J. : C'est le développement autocentré : Ne
compter que sur sa propre force. Durant le premier mandat, on a pu voir se
traduire cette aspiration avec la construction des SFF (EPP)et des Centres de
Santé de Base. L'Université n'était pas en mesure de
satisfaire ces nouveaux débouchés. Les CUR ont commencé
à fonctionner mais des générations ont été
sacrifiées.
La politique de la malgachisation a aussi été un
handicap. On n'apprenait le français qu'en classe de seconde si bien que
la plupart des étudiants à l'Université ne fassent que le
baragouiner. Heureusement qu'il y avait les écoles confessionnelles.
Q. : Après l'arrivée de M. RATSIRAKA au pouvoir
en 1975, il y avait eu la c éation du FNDR. En
r
quoi cela consistait-il effectivement ?
R.J. : C'est la révolution et il a voulu copier la
Corée... et on vu la suite (...) Il y avait eu l'investissement à
outrance vers 1978. Au Brésil, le gel a compromis la récolte du
café, Madagascar a pu bénéficier de cela car les
conditions étaient excellentes et on a pu mettre sur le marché
nos produits pour contrebalancer le manque du fait de la défection du
Brésil.. Avec les bénéfices, on a pu mettre en oeuvre
l'investissement à outrance. Mais cela a été
politisé et n'a rien donné.
Q. : Dans ce système, existe-t-il une opposition au
régime ? Est-ce que ce n'est pas une politique
R.J. : Ce sont ceux qui étaient à
l'intérieur du régime qui s'érigeaient en opposants. Les
Partis autres que ceux du FNDR n'ont pas droit de cité. Le FFKM a quand
même fait un manifeste, avec le congrès de 1982.
Q. : Est-ce que ce système n'avait pas
grippé les institutions qu'on escomptait mettre en place avec la
décen ralisation du fait que c'est comme une administration
parallèle à celle de l'Etat à l'instar du
t
Comité cen ral du parti commun ste chinois ?
t i
R.J. : Les partis politiques devraient aider les gens à
travailler, à être de bons citoyens qui se soucient autant de leur
environnement que des décisions les concernant. Mais cela n'a pas
été le cas. Les politiciens ont pris la place des
exécutants. Les techniciens ont été écartés
au profit des politiciens qui ne maîtrisent guère le sujet
(...)
Q. : Dans la première partie de la deuxième
république, il y avait eu les Nationalisations des entreprises
privées, notamment étrangères. Cette démarche
répondait à quelle stratégie ? Par ailleurs, avec la mise
en place des investissements à outrance on a vu l'érection de
nombreuses industries de transformation de PPN à Madagascar, mais la
plupart ont à peine fonctionner. Quel bilan tirez-vous de ces
années ?
R.J. : Rien n'a marché. Des industries ont
été érigées mais n'ont pas fonctionné !
Q. : Les Forces Vives ont clamé qu'ils sont les
maîtres d'oeuvre de la libéralisation à Madagascar alors
que les pourparlers avec les institutions de BRETTON WOODS ont commencé
vers la moitié des années 80. Pouvez-vous en parler ? En quoi
consistait effectivement l'ajustement structurel ?
R.J. : Les devises deviennent insuffisantes et il a fallu
négocier. Même les pièces de rechanges pour les outils
comme les tracteurs étaient introuvables sur le marché national.
Cela a été à l'origine de la destruction du secteur coton
à Madagascar : L'entretien des machines agricoles devenait impossible.
Tous les produits étaient importés.
Q. : En un mot, que retenez-vous de la politique mise en
place de 1993 à 1997 ?
C'était l'occasion de la chute libre de Madagascar. On
a parlé de transparence, de déballage. Mais cela a
été pris au mauvais sens du terme. Ce n'est pas une vengeance
politique, cela devrait être une occasion d'aplanir les différends
et de résoudre les problèmes inhérents au
développement comme la corruption (...)
RATSIRAHONANA avait fait quelque chose, notamment à
l'endroit des fonctionnaires mais pas suffisante. Certaines actions sont
même peu inspirées comme la vente des maisons de fonctionnaire. A
Befelatanana, les chefs de service n'ont plus de logements qui auraient
dû leur échoir. A Ankatso, les futurs enseignants n'auraient plus
de logement de proximité... Il aurait dû accorder des prêts
à taux faible à ces gens sur la partance pour la construction de
leur habitat et laisser les locaux aux nouveaux (...).
Q. : Au retou de RATSIRAKA en 1997, on prônait la
réconciliation de l'Homme avec la Nature. Ar
t-on changé de politique de gouvernance (orientation
vert) ? Quelle impulsion nouvelle a-t-on voulu mettre en branle à ce
moment ?
R.J. : C'est une question de stratégie pour avoir du
financement. La mode aujourd'hui est l'environnement. Qui dit environnement dit
enveloppe budgétaire ! Mettre l'accent sur l'environnement n'est pas
mauvais surtout que nous n'avons pas assez de plage (enclavée ou
invendable) du fait que le tourisme est un créneau porteur.
Q : La DCPE pu s le DSRP on - s vra ment a dé à
trouver la voie pour sortir de la pauvreté ou ne . i t il i i
serait-ce que des leurres imposés par les institutions
financières mondiales pou mieux contrôler
r
l'économie malgache et par ricochet le
développement de plu ieu s Pays du monde, anc ennement
s r i
colonisés qui ont adopté ces mécanismes
?
R.J. : Pour le moment, on ne sait pas. Sans ces outils, il faut
noter que nous serions dans une même crise que celle qui a frappé
Madagascar dans les années 80.
Q. : Pensez-vous que les Partis politiques malgaches qui
ont gouverné ont réellement des programmes définis pour le
développement de Madagascar ? Ces programmes répondent-ils
à quels critères : Le développement - le bien-être
?
Q. : Enfin, à propos des partis politiques malgaches,
ont-ils des idéologies à défendre ? R.J. : Non. Il
n'y a que la course au siège...
Tableaux annexes.
Tableau annexe 1 : Evolution du PIB de Madagascar. Source :
INSTAT, Ministère de l'Economie du Budget et des Finances.
|
Pib constant (milliard Fmg)
|
Inflation
|
PIB/tête (Fmg 1984)
|
1960
|
673
|
|
233 593
|
1961
|
699
|
1,8
|
233 019
|
1962
|
739
|
3,4
|
232 954
|
1963
|
759
|
3,7
|
225 600
|
1964
|
803
|
1,7
|
229 265
|
1965
|
834
|
4,3
|
223 099
|
1966
|
900
|
5,8
|
222 587
|
1967
|
956
|
0,7
|
229 612
|
1968
|
1032
|
1,0
|
239 777
|
1969
|
1056
|
3,9
|
243 109
|
1970
|
1112
|
6,9
|
250 183
|
1971
|
1200
|
3,6
|
254 167
|
1972
|
1341
|
3,0
|
245 290
|
1973
|
1654
|
11,9
|
233 496
|
1974
|
1919
|
22,8
|
231 919
|
1975
|
2283
|
4,7
|
228 666
|
1976
|
2182
|
9,9
|
215 820
|
1977
|
2359
|
8,6
|
215 115
|
1978
|
2670
|
6,8
|
203 883
|
1979
|
3464
|
11,3
|
218 088
|
1980
|
4042
|
15,0
|
214 065
|
1981
|
3595
|
26,7
|
188 222
|
1982
|
3526
|
28,6
|
179 956
|
1983
|
3511
|
21,5
|
176 804
|
1984
|
1695
|
10,3
|
177 568
|
1985
|
1715
|
10,4
|
174 728
|
1986
|
1748
|
14,2
|
173 299
|
1987
|
1769
|
23,0
|
170 565
|
1988
|
1829
|
21,2
|
171 566
|
XXXIV
1989
|
1904
|
12,0
|
173 700
|
1990
|
1963
|
11,5
|
174 258
|
1991
|
1839
|
12,9
|
158 816
|
1992
|
1861
|
14,4
|
156 323
|
1993
|
1900
|
12,1
|
155 253
|
1994
|
1899
|
41,7
|
150 916
|
1995
|
1931
|
45,1
|
149 319
|
1996
|
1973
|
17,8
|
148 374
|
1997
|
2046
|
7,3
|
149 662
|
1998
|
2126
|
8,4
|
151 310
|
1999
|
2225
|
9,8
|
154 070
|
Tableau annexe 2 : Quelques PIB dans le monde. Source :
PNUD
Tableau annexe 3 : Population et structure. Source : Banque
Mondiale
Indicateurs
|
|
|
|
Niveau
|
|
|
|
|
Année
|
|
Total
|
|
Homme
|
|
Femme
|
|
|
Population totale
|
14
|
600
|
000
|
7
|
230
|
000
|
7
|
370
|
000
|
1999
|
0-4ans
|
2
|
691
|
105
|
1
|
364
|
274
|
1
|
326
|
831
|
1998
|
5-9ans
|
1
|
976
|
822
|
|
991
|
712
|
|
985
|
111
|
1998
|
|
|
|
|
|
|
|
XXXV
|
10-14ans
|
1
|
606
|
314
|
811
|
487
|
794
|
827
|
1998
|
15-19ans
|
1
|
489
|
571
|
752
|
955
|
736
|
617
|
1998
|
20-24ans
|
1
|
341
|
577
|
658
|
342
|
683
|
235
|
1998
|
25-29ans
|
1
|
089
|
462
|
529
|
444
|
560
|
019
|
1998
|
30-34ans
|
|
876
|
016
|
425
|
360
|
450
|
656
|
1998
|
35-39ans
|
|
763
|
454
|
376
|
676
|
386
|
778
|
1998
|
40-44ans
|
|
607
|
304
|
307
|
201
|
300
|
103
|
1998
|
45-49ans
|
|
466
|
967
|
234
|
611
|
232
|
357
|
1998
|
50-54ans
|
|
314
|
897
|
152
|
050
|
162
|
847
|
1998
|
55-59ans
|
|
286
|
985
|
137
|
263
|
149
|
722
|
1998
|
+ de 60ans
|
|
711
|
931
|
349
|
352
|
362
|
580
|
1998
|
Tableau annexe 4 : Pauvreté, Revenu, Emploi. Source :
BM
Indicateurs
|
Unité
|
|
Niveau
|
|
Année
|
|
|
Total
|
Homme
|
Femme
|
|
Indicateur de Développement Humain (IDH)
|
|
|
0,483
|
|
1999
|
Indicateur de la Participation des Femmes (IPF)
|
|
|
0.408
|
|
1999
|
Indicateur Séxospécifique du Développement
Humain (ISDH)
|
|
|
0,481
|
|
1999
|
Indicateur de Pénurie des Capacités (IPC)
|
|
|
0,481
|
|
1993
|
PIB/habitant
|
USD
|
|
267,5
|
|
2000
|
PNB/hab
|
USD
|
|
242,8
|
|
1997
|
|
|
|
|
|
1987-
|
Taux de croissance du PNB par habitant au cours des dix
dernières années
|
%
|
1,5
|
|
|
1997
|
Taux de croissance économique (estimation)
|
%
|
|
6,5
|
|
2001
|
Taux d'inflation (estimation)
|
%
|
|
9,9
|
|
2001
|
Pourcentage population inférieure au seuil de
pauvreté
|
%
|
|
71,3
|
|
1999
|
Pourcentage population pauvreté extrême
|
%
|
|
61,7
|
|
1999
|
Pourcentage dépenses en alimentation par rapport aux
dépenses totales des ménages
|
%
|
|
70,2
|
|
1999
|
Taux de chômage
|
%
|
|
2,8
|
|
1999
|
Taux de sous-emploi (inférieur à 35 heures)
|
%
|
54
|
|
|
|
Pourcentage population active par rapport population totale
|
%
|
52,3
|
53,3
|
46,7
|
1999
|
Taux brut d'activité (15-59 ans)
|
%
|
67.2
|
69,3
|
65,5
|
1993
|
Taux population active travaillant dans secteur informel non
agricole
|
%
|
|
|
|
|
Taux d'activité des moins de 15 ans
|
%
|
33
|
|
|
1999
|
% de la population active occupée dans l'agriculture
|
%
|
76,5
|
|
|
1999
|
% de la population active occupée dans l'industrie
|
%
|
4.7
|
4,3
|
5,2
|
1993
|
% de la population active occupée dans le secteur
tertiaire
|
%
|
11.3
|
10,9
|
11,7
|
1993
|
Tableau annexe 5 : Indicateur sur la santé à
Madagascar.
|
|
|
|
Source : BM.
|
|
|
|
Indicateurs
|
Unité
|
|
Niveau
|
|
Année
|
|
|
Total
|
Homme
|
Femme
|
|
% de population ayant accès à un service de
santé
|
%
|
|
45,9
|
|
1999
|
Prévalence contraceptive: méthodes modernes,
15-49ans
|
|
%
|
|
11,80%
|
2000
|
% d'accouchements assistés par un personnel de
santé
|
|
%
|
|
46%
|
2000
|
Prévalence du VIH (%)
|
%
|
|
0,16
|
|
2000
|
Insuffisance pondérale à la naissance
|
%
|
|
7,4
|
|
1992
|
Insuffisance pondérale des enfants (0-59mois)
|
%
|
|
33
|
|
2000
|
Malnutrition aiguë modérée et
sévère (0-59mois)
|
%
|
7,4
|
7,4
|
7,3
|
1995
|
Malnutrition chronique modérée et
sévère (0-59mois)
|
%
|
49,8
|
51,2
|
48,4
|
1995
|
Prévalence de l'anémie chez les femmes enceintes
|
|
%
|
|
22
|
2000
|
Consommation de sel iodé au niveau national
|
%
|
|
76
|
|
2000
|
% d'enfants de 0-59 mois complètement vaccinés
|
%
|
|
44,4
|
|
2000
|
|
|
16
|
|
|
|
Nombre de nouveaux cas de Rougeole par an
|
%
|
|
935
|
|
1995
|
Nombre de nouveaux cas de Poliomyélite par an
|
%
|
|
17
|
|
1995
|
Nombre de nouveaux cas de tétanos néonatal par
an
|
%
|
|
7
|
|
1995
|
% de femmes enceintes immunisées contre le
tétanos
|
|
%
|
|
48
|
2000
|
Taux d'utilisation de la TRO
|
%
|
|
22,2
|
|
2000
|
Prévalence de la syphilis chez les femmes enceintes
|
|
%
|
|
12
|
1995
|
Risque annuel d'infection de la tuberculose
|
%
|
|
2
|
|
1994
|
Nombre de Médecins p. 1000 hab. (secteur public)
|
p. 1000
|
|
8,6
|
|
1999
|
Nombre de Paramédicaux p.1000 hab. (secteur public)/
infirmiers
|
p.1000
|
|
20,4
|
|
1999
|
% de femmes ayant fait régulièrement les 3
consultations prénatales
|
%
|
71
|
2000
|
% de femmes du milieu urbain ayant régulièrement
les 3 consultations
|
|
|
|
prénatales
|
%
|
87
|
2000
|
% de femmes du milieu rural ayant fait
régulièrement les 3 consultations
|
|
|
|
prénatales
|
%
|
69
|
2000
|
a
INDEX.
administration, 6, 8, 9, 11, 13, 16, 49, 50, 52, 59, 62, 85,
XXII, XXVII, XXX
agriculture, 16, 20, 22, 63, VI, XIX, XXXVI
AKFM, iii, 7, 8, 56, VII, XVII, XVIII, XIX, XX, XXI, XXII,
XXIII, XXIV
Alaotra, 16, 28, 64, 96
aménagement, i, 2, 13, 16, 28, XI, XIII, XIV
ANDRIAMANJATO, 9, 82
Antananarivo, 13, 41, 56, 60, 97, V, VI, VII, XIX, XXV AREMA,
iii, 46, 47, 54, 55, 62, 88, XXI, XXII, XXIV, XXVIII
Assemblée Nationale, iii, 7, 8, 53, 82
Betsiboka, 16, 28
BM, iii, 76, 89, XVIII, XXXVI
centralisme, 52, 60, 62, XXI
charte de la Révolution socialiste malgache, 50
Collectivité, 58, 60
COMEMA, 27, 28, 29, 30
communes, 14, XIII, XIV, XV, XXVIII
Communes, 11, 14, 87, XIV
constitution, 1, 7, 36, 50, 51, 82, 83, 84, 85
CRD, iii, 19
CTRPD, iii, 19, XXVIII
DCPE, iii, 88, 89, 90, VI, XXIV, XXXI
décentralisation, i, 51, 57, 58, 85, 86, 96, VII, X, XIII,
XXI, XXII, XXX
découpage territorial, 9, 85
démocratie, 8, 62, 79, 81, VI, XXIII
Départements, 86, 87, XII, XIII
Députés, 8
Directoire Militaire, 50
Dirigeants, 2, 8, 15, 19, 22, 51, 54, 55, 78, 81, 89, VI DSRP,
iii, 89, 90, VI, XXIV, XXXI
économie, 7, 15, 16, 19, 20, 22, 45, 50, 52, 60, 62, 63,
76, 78, 80, 89, 90, 94, VII, XVII, XVIII, XIX, XXIII, XXIV, XXXI
Etat, iii, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 17, 23, 26, 29, 30, 31,
35,
40, 41, 46, 48, 50, 51, 52, 53, 54, 59, 62, 64, 68, 78, 79,
80, 81, 82, 83, 84, 86, 87, 90, 91, 96, V, X, XI, XII, XIII, XV,
XVII, XXI, XXII, XXIII, XXVII, XXVIII, XXX Faritany, 58, 59, 68, 97, XIII, XXI,
XXIII, XXV
FFKM, iii, 80, VII, XXX
Fianarantsoa, 12, 69, 96, 97, XIII
Firaisana, 59, IX, XIV
Fivondronana, 59, XIII, XXI
FMI, iii, 76, 78, 79, 83, 89
FNDR, iii, 54, 55, XXI, XXII, XXIX, XXX
Fokontany, 49, 58, XXI
Français, 7, 17, XVIII, XIX, XXI, XXIX
géométrie variable, 82
Gouvernement, 8, 16, 35, 45, 48, 53, 88
Grande-île, 2, 4, 6, 7, 16, 19, 24, 26, 45, 54, 56, 62, 63,
65,
77, 78, 79, 82, 89, 93, 96
HCC, iii, 8
HTC, iii, 12, 28
HVR, iii, 51, XXX
indépendance, 2, 6, 7, 9, 17, 29, 30, 45, 50, 78, 85, 93,
95, XV, XVII, XVIII, XX, XXVII, XXVIII, XXIX
industries, 76, XXII, XXVII, XXX
investissement, 40, 65, 78, 79, 90, V, XXIX
libéralisation, 79, 83, XXII, XXX
Madagascar, i, iii, iv, 1, 2, 6, 7, 8, 9, 11, 13, 15, 16, 17,
18, 19, 22, 26, 28, 29, 31, 35, 45, 48, 51, 52, 54, 56, 58, 59, 62, 63, 65, 76,
77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 87, 89, 90, 93, 94, 95, 96, 97, V, VI, VII,
X, XI, XVII, XVIII, XX,
XXII, XXIV, XXV, XX, XXVII, XXIX, XXX, XXXI, XXXIII, XXXVI
Mahajanga, 12, 68, 69, 97
Maires, 11
Malgaches, 6, 7, 17, 45, 49, 50, 51, 52, 55, 56, 62, 63, 76,
77, 78, 82, 83, 88, 90, 94, XVIII, XIX, XX, XXIV, XXVII, XXVIII, XXIX
Marovoay, 12, 27, 28, 29, 30, 31, 64
MONIMA, 7, XVIII
Nations Unies, iv
PADESM, iv, XXVII
Parlement, 8, 54, 85
PAS, iv, 78, 79, 83, 89
PIB, iv, 77, 78, 79, 93, XXXIII, XXXIV, XXXV
Plan, iii, iv, 15, 18, 19, 36, VI, VII, XII, XIV
PNB, iv, 2, 77, XXXV
Pouvoir, 15, 16, 17, 54, 78, 81, 85, V
Préfectures, 13
première république, 9, 11, 14, 48, 56, XVII, XVIII
Provinces, 11, 13, 87, 96, VI, XXI, XXIII, XXVIII
PSD, iv, 5, 8, 45, 48, 55, XVIII, XIX, XXVIII RABESAHALA, 35, 50,
XVII
RAKOTOARIVELO, XXV
RAMANANTSOA, 46, 48, XX
ras du sol, 14, 35, 36, 40, V, XIX, XXVIII RATSIMANDRAVA, 49, 54,
57, XX
RATSIRAKA, 49, 50, 52, 55, 62, 87, 88, V, XV, XX, XXI,
XXIII, XXIV, XXVIII, XXIX, XXXI
RAVONY, 54, 83
RAZANAMASY, V
réforme, 6, 49, 62, 63, 76, 79, 80, 83, 84, 85, 87, VI, XI
réforme agraire, 62, 63, VI
Régions, 86, 87, XI, XII
république, iv, 1, 2, 6, 7, 8, 10, 11, 15, 19, 46, 52, 53,
54, 87, V, VI, VII, X, XI, XVIII, XXVIII
Sakalava, 12, 28
Sénateurs, 8
Syndicat des Communes, 31, 33 TAN, iv, 2, 78, 94
transition, 2, 46, 81, 88, V
Travail au ras du sol, 11
Tsimihety, 12, 13
|
TSIRANANA, 6, 7, 8, 9, 13, 15, 17, 29, 48, 51, 55, 57, 63, 77,
XVII, XVIII, XIX, XXVII, XXVIII
Tuléar, 12, XXVIII
VIP, iv, 54, 57, 62, 85
ZAFY, 83, 84, 88, XXIII
|
b
|
|