B - Les progrès dans le domaine de l'urbanisme,
de la médecine et de l'éducation.
D'abord, dans le domaine des villes, nous assistons à
une urbanisation grandissante (notons, par exemple, les travaux du
préfet Haussmann à Paris22, la mise
en place des égouts et la distribution plus
généralisée de l'eau potable) corrélative à
un exode rural qui s'intensifie, justement parce que les progrès
scientifiques et techniques mécanisent de plus en plus le travail
agricole. L'offre de la main d'oeuvre devient ainsi supérieure à
la demande, ce qui pousse alors les gens à aller chercher du travail en
ville. La population est alors plus mobile et les mentalités
évoluent aussi rapidement, car s'opère le passage d'une
civilisation rurale à une civilisation plus urbaine.
Ensuite, dans le domaine médical,
Pasteur crée le premier vaccin contre la rage,
l'aspirine est créée par Bayer en 1899, et
enfin, les progrès dans le domaine de l'hygiène et de la
santé permettent une espérance de vie plus longue.
Enfin, dans le domaine de l'éducation, les lois de
Jules Ferry (1881-1882) rendent l'enseignement primaire
obligatoire et gratuit.
C - Le contexte philosophique.
Tous ces progrès scientifiques et techniques favorisent
l'émergence de la complexité. Dans le domaine de
l'épistémologie (des sciences notamment), le
positivisme23 d'Auguste
22 Cf. VERNE Jules. Paris au XX°
siècle. Paris : Hetzel, 1996 (ouvrage posthume). 186 p.
23 Système philosophique d'Auguste
Comte (1798-1857), qui, récusant les a priori
métaphysiques, voit dans l'observation des faits positifs, dans
l'expérience, l'unique fondement de la connaissance.
Le positivisme considère que l'humanité passe par
trois étapes : théologique, métaphysique et positive.
Dans
Comte (1798-1857) considère que la
vérification des connaissances par l'expérience est l'unique
critère de vérité24. Cette doctrine
philosophique conduit à une volonté sans précédent
de tout classer, même ce qui est inclassable, et d'établir des
hiérarchies dans les différentes sciences présentes alors.
Ce positivisme échevelé s'apparente en quelques points au
scientisme25, même si ce dernier affirme que la science peut
fournir des explications à toutes les questions qui se posent à
l'homme, ce que conteste le positivisme, notamment dans la deuxième
moitié du 19° siècle.
D'autre part, depuis la publication des travaux de
Charles Darwin (1809-1882) sur De l'origine des
espèces au moyen de la sélection naturelle (1859), les
réflexions scientifiques se font dans une toile de fond
évolutionniste, la démarche d'Auguste Comte
s'inscrivant aussi dans une logique évolutionniste26. Par
ailleurs, cette période est aussi celle de l'explosion des sciences
naturelles, comme la minéralogie, la zoologie, la botanique,
l'agronomie...
L'idée alors que les sociétés
évoluent en passant par certains stades est de plus en plus forte. La
fin du 19° siècle marque aussi l'émergence de la
géographie humaine27, période contemporaine de
l'institutionnalisation de la Géographie (notamment à
l'université). Notons, dans un autre registre, que le 19°
siècle est aussi pour la France la mise en place de la République
(après 1871).
l'état positif, l'esprit humain trouve
l'explication ultime des phénomènes en élaborant les lois
de leur enchaînement. Au travers du positivisme, Auguste
Comte projette de fonder une nouvelle discipline, la physique
sociale (qu'on appellera plus tard la sociologie), dont l'objet est
l'étude des phénomènes sociaux. Cette nouvelle discipline
a pour mission, selon Comte, d'achever l'ensemble du
système des sciences, d'inaugurer ainsi le règne de la
philosophie positive, et d'atteindre du même coup le bonheur de
l'humanité.
24 C'est sûrement pour cette raison que les
héros de Jules Verne voyagent autant : ils veulent
vérifier les connaissances scientifiques par l'expérience,
d'où la nécessité de voyager (que ce soit autour du monde,
dans la terre ou vers la lune...).
25 Opinion philosophique de la fin du 19°
siècle, qui affirme que la science nous fait connaître la
totalité des choses qui existent et que cette connaissance suffit
à satisfaire toutes les aspirations humaines.
26 Nous assistons alors à une révolution
paradigmatique, telle que conçue par Thomas Kuhn.
27 Jules Verne fait peu de
géographie humaine dans ses romans, d'où la distance prise
par Paul Vidal de la Blache (1845-1919) avec ce dernier. En
revanche, ses liens avec Elisée Reclus (1830-1905) sont
plus importants et amicaux.
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