UNIVERSITÉ PARIS V - SORBONNE
UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ?- SORBONNE MASTER SDL
L'EVOLUTION DE L'HOMME OU LA
RECHERCHE DES ORIGINES
DANS LES DISOURS SCIENTIFIQUES ET
ARTISTIQUES
ANALYsE sÉMIOLOGIQUE DE LA REPRÉsENTATION DE
L'HOMME DE LA PRÉHIsTOIRE OCCIDENTALE
par Elodie Mielczareck
SÉMIOLOGUE
12, rue de Béarn 75003 PARIS 06.03.73.31.61
septembre 2008
Sommaire
I L'Homme et son évolution dans les discours scientifiques
5
II L'Homme et son évolution dans les discours artistiques
15
III L'hominité ou la construction mythique de l'homme
préhistorique 23
Première partie
L Homme et son evolution dans les
discours scientifiques
Chapitre 1
Corpus A : La phase interprétative
ou le dégagement des
insus culturels
1.1 La mise en scène de l'Homme 1.1.1 Dans le corpus
global
D'un point de vue scénique, la position de l'Homme
occupe /lextrémité de la chaîne évolutive/. Il se
situe à /l'extrémité droite/ delimageOril existe une
idéologie puissante qui oppose <droite> versus
<gauche>'. Le genre humain se place donc du côté
de <l'avenir>, du <progrès>, de la <réussite>de
l<intelligence>Point de vue pour le moins anthropocentriste. Cela n'est
pas sans rappeler lanecdote de notre préface dont l'une des ouvertures
problématiques estquest-ce que lintelligence? Comment mesurer
l'intelligence d'une autre espèce? Dominique Lestel pose la question
dans son article 2 : sommes-nous assez intelligents pour nous rendre compte
delintelligence des autres espèces non humaines?
« L'homme est-il capable de voir le monde autrement que
de son propre point de vue? Le langage semble être le dernier bastion du
propre de lhomme. Depuis quelques décénnies, on s'efforce
denseigner différentes formes de langage à des grands singes.
Mais que peuvent-ils nous dire dautre que ce que nous attendons d'eux. On les
soumet à l'école des hommesmais on ignore encore tout de leurs
modes de communication symbolique dans la nature. »
L'Homme est avant tout présenté dans le discours
scientifique comme être unique et exceptionnel, différents de tous
les autres éléments et êtres naturels.
L'Homme est /debout/. Or cette posture est très
significative en ce qui concerne l'Homme et son évolution. C'est
queffectivement la question de la bipédieest centrale.
1A cet égard, consulter le chapitre 3 « La
sémiologie enextension.Un signe dea vieociale" e trait gauche
droite»pp 145-187
2voir , p 330.
Mais contrairement à ce que l'on peut pensernombre de
primates non humains sont bipèdes, Pascal Picq nous rappelle
que3 :
« Donc la question n'est pas bipède ou pas
bipède [] mais quelle est limportance de la bipédie dans le
répertoire locomoteur [] »
C'est-à-dire que ce qui compte c'est la
fréquence de bipédiequi atteint 99% chez les Hommes (seulement 40
à 60% chez les chimpanzés et chez Lucy) Ainsi, lHommeest le
primate le plus fréquemment en position bipèdeEt cest cette
fréquence qui aurait entraîné des changements
morphologiques notables quant à lévolution des capacités
motrices et cognitives. L'Homme de notre corpus devient ainsi le
<représentant symbolique de l'Evolution>. Or l'idée
d'<évolution> semble sémantiquement aliénée
à la notion de <progrès>, nous y reviendrons. /LHomme
debout/ cest donc <la marchedu progrès et de l'intelligence>.
Pour autant, la kinésie est /statique/il y a donc une
marche mais qui restede lordre du symbolique. En outre, la combinaison des
signifiants /kinésie statique/x /partition entière/x/point de vue
de niveau/x/mimogestualité visible/ participe à lidée que
ce qui est représenté c'est l'essence de lHommeIl sagit de
montrer lHomme dans ses particularités anatomiques et morphologiques par
rapport aux autres espèces ou aux autres animaux. D'ailleurs, bien
souvent la /nudité est complète/cest quils'agitde
représenter l'Homme dans son aspect <le plus naturel possible>
Par ailleurs, cet Homme c'est l'homme. Rien de tautologique
dans cette phrase, simplement c'est le /sexe masculin/ qui est le plus
majoritairement représenté. Cet homme a la /peau claire/
c'est-à-dire qu'il correspond aux stéréotypes de
<lhomme occidentaleuropéen>. /Les bras et les mains tombent le
long du corps/ mais /les poings sont serrés/ Il s'agit donc de
représenter l'Homme non dans son <inaction> (malgré la
/kinésie statique/) mais dans une certaine <volonté> que
lancrage sémantique nous renvoie bien ?serrer les poingsU, taper du
point sur la tableU (= <se faire respecter>) etc.
1.1.2 L'Homme dans le règne animal
Il existe une convergence absolue sil y a un /humain/ alorsil
y a des /primates non humains/. Cela tient à l'exercice même de la
représentation de larbre phylogénétique qui, puisque le
chimpanzé et le bonobo sont les cousins de lHomme (cest pour cela qu'ils
sont toujours /à proximité directe de lHomme/) a pour vocation
dexpliquer lévolution de l'homme et son émergence en tant
qu'espèce particulière du règne animal, biologique ou
naturel. La mise en scène du linguistique conforte laspect de
<scientificité> la / chromie est noire/, /le texte orienté
de manière horizontale/ ajoute à la <sobriété de
la représentation>. Notons toutefois que les référents
iconiques sont colorés mais de manière monochrome.
Le lpositionnement de l'humainl est très significatif
comme nous avons pu lévoquer ci-dessus. Les animaux lsont à sa
gauchel Les primates non humains les plus récurrents du corpus sont lle
chimpanzél, lle gorillel ll'orang-outanl et lle gibbonl Or Claude Louis
Gallien nous explique que :
« La super-famille des hominoïdes rassemble
actuellementaux cotésde lHomme
lui-meme, les grands singes d'Afrique le gorille et le
chimpanzé - et ceux d'Asie : le siamang, le gibbon et l'ourang-outanCes
six genres sont laboutissement d'une évolution qui débute avec
lapparition des catarrhiniens à la fin de l'éocène, il y a
une cinquantaine de millions dannées»?
Il y a donc un véritable souci scientifique dans les
arbres phylogénétiques de notre corpus de rendre compte des liens
entre les divers hominoïdes dont faitpartie intégrante l'Homme. Les
singes énumérés ci-dessus sont cadrés lde profill
ou deltrois quartl et lregardent vers la droitel c'est-à-dire l<en
direction de lHomme qui lui-meme regarde hors cadre>l. Il y a donc une
vision commune vers lavenir le progrès, lévolution> dont
l'Homme est l'ultime chainon soit le plus accompli>
L'Homme est ldeboutl, nous ne reviendrons pas sur la
pertinence de cette posture. De meme, le lsexe masculinl est celui
prédominantSa nudité est complète et lon peut constater
qu'il n'y a de poils que les cheveux ou la barbe. Letorse, les bras et les
jambes sont limberbesl. La peau et les cheveux sont lclairsl Pas de distinction
entre lHomme et les primates non humains en ce qui concerne la kinésie
et le point de vue de niveau ou la visibilité de la
mimogestualité. Notons que pour le primate non humain la posture
ldeboutl est périphérique.
Les poings de l'humain ne sont pas serrésMais sIl tient
un accessoire en mainalors c'est une arme qu'il tient de sa main droite et dont
la pointe est dirigée vers le haut. C'est-à-dire que l'Homme est
celui qui détient un lmatériaux construit et donc culturell Or
cet objet culturel n'est pas tenu dans une visée de défense ou d
agression> puisque lla pointe est dirigée vers le hautl elle est donc
<inoffensive mais <tout à fait présente . La sagaie, outil
de chasse créé par Homo sapiens, est constitué d'un manche
en bois et d'une partie supérieure à laquelle est accolé
un silex solidement emmanché.Cette arme, qui est la plus
représentée du corpusdevient alors le symbole de l adaptationde
l'Homme à l'environnement naturel>.
1.1.3 L'Homme et ses origines
Encore, lle positionnement de l'humainl est significatifil se
situe à llextrémité droite de l'imagel. On retrouve cette
sphère de lévolution du progrès qui y est associée.
De meme, le représentant du genre humain est de lsexe masculinl et a la
lpeau clairel, il est limberbel bien que lses cheveux et sa barbe soient
trèsfoncésl Ainsi, comparativement à la
représentation de l'Homme dans les arbres phylogénétiques,
lHomme ne correspond-il pas exactement au meme stéréotype
lcheveux clairslx lpeauclairel x limberbel. Autrement dit, s'il y a une meme
représentation du corps qui correspond aux
?, p 202.
canons de la Renaissance, pour autant Cro-Magnon correspond au
stéréotype <occidental des pays du sud> alors que l'Homme
des arbres phylogénétiques cest-à-dire moins Cro- Magnon
que l'Homme du XXème siècle correspond au
stéréotype <occidental des pays du nord>.
C'est-à-dire que même si, au fond lHomme du XXème
siècle et Cro-Magnon, d'un point de vue évolutif, cela est la
même choseil semble y avoir distinction dans es
représentations.
L'Homme a une sagaie qu'il tient de sa /main droite/ là
encore le /côté droit/ est connoté <positivement>. La
nudité n'est pas un trait pertinentSes /bras sont tendus/ et /ses poings
sont serrés/ c'est-à-dire que lHomme semble <prêt
à laction> Ilny a pas de différenciation entre Homo sapiens et
le genre autre qu'Homo sapiens en ce qui concerne la /posture debout/, le /sexe
masculin//la mimogestualité hors cadre/ le /point de vue de niveau/, la
/partition entière/le /cadrage de profil/ et /les poings serrés/.
Pour autant, l'autre genre n'a pas les bras tendus mais /tombant le long du
corps/, ainsi Il est plus subtilement rallié à la sphère
de la <passivité>Toutefois, sa /kinésie est dynamique/
(contrairement à celle dHomo sapiens qui est /statique/). En
résumé, d'un côté Homo sapiens a une /kinésie
statique/ mais est en /posture tendue/ et <prêt à l'action>,
de l'autre côté, l'autre genre a les /bras tombant le long du
corps/ mais / sa kinésie est en mouvement/. AinsiHomo sapiens est en
position d'<observateur>, sa position est <réfléchie>
alors que l'autre genre est plutôt <désarticulé> dans
le sens où sa marche est pluôt liée à
l'<errance> quà la <progression raisonnée>
Le genre autre qu'Homo sapiens est présenté
comme étant /recouvert de poils/ y surgit alors une part
d'<animalité>. Ne peut-on y voir unetentative inconsciente de
considérer les autres genres comme chaînon manquant du passagede
lanimal à lHomme ?
1.2 Conformité et marginalité
1.2.1 Le corps académique
Le /corps canonique de la Renaissance/ est en
conformité avec le corpus. A cet égard, le choix du David de
Michel-Ange, dans l'annonce 11en tant que représentant iconique de
l'Homme, est probant. Ce mythe biblique met en avant la puissance de
l<intelligence humaine> face à la <brutalité animale>
de l'adversaire Goliath. Ainsi, lHomme est le symbole de la <pensée
active et raisonnée> et de la <juste victoire aussi bien
intellectuelle que physique voire esthétique>Cest une fois de plus
une manière de mettre l'accent sur la spécificité de
l'Homme au sein du règne animal. La classification zoologique place
l'Homme au sein du règne animalpour autantil sagit de mettre en avant ce
qui l'en éloigne. Ce /corps de la Renaissance/ nest pas sans aller de
paire avec une <représentation stéréotypique
occidentale de lHomme aux cheveux et à la peau clairs>
1.2.2 La sexuation
Un trait marginal au corpus est la représentation du
/sexe féminin/La sexuationest donc très fortement marquée.
Or comme nous avons montré que lHomme se plaçaitdu
côté de l'<évolution> et du <progrès>,
est-ce à comprendre que les femmes nont pas de poids dans ce qui peut
-être décrit comme étant <la marche du monde>?
Lanalyse de notre corpus B va nous permettre d'approfondir cette
problématique de la sexuation. En tous les cas, /l'absence de femme/
dans la thématique de lHomme et son évolution est tout à
fait significative et rend compte de schèmes sexistes et
archaïques.Nous y reviendrons.
1.2.3 L'Homme à l'image de Dieu
Comme nous le souligne Claude Louis Galliennotre vision de
lHomme deNéandertal a quelque peu changé depuis les
représentations de Boulequà lépoque personne nosait
remettre en cause. Effectivement, nous ne pensons plus que Néandertal
est un ancêtre dégénéré, un débile
mental au crâne difforme. William Kingdocteur dont les avis faisaient
autorité, déclarait :
« Le crâne de l'Homme de Néandertal est
à tel point simiesqueque incline à croire que les pensées
et les désirs qui lhabitèrent ne dépassèrent amais
ceux d'un animal... »?
Ainsi donc, notre vision a changé
?, p 318.
Cette image qui est visible dans l'ouvrage de
Gallien6 compare la représentation moderne (claire) de celle
de Boule (grisée). Nous y reviendrons mais précisons de suite que
si la science s'éloigne des conceptions bibliqueselle ne reste pas moins
attachée à une certaine image de l'Homme qui est celle que Dieu a
façonné à son image.
Concernant notre corpus, le genre autre quHomo sapiens a le
corps /couvert de poils/ et n'est pas sans rappeler une certaine
<animalité>Ainsi conformément à ce qui
aété évoqué plus tôt, Homo sapiens se
définit comme étant du côté de
l'<intelligence> et du <progrès>, de la <civilisation>
et de la <culture>Parallèlementtout ce qui nest pas Homo sapiens
est rattaché à la sphère de l'<archaïsme>de
l<animalité>de la <bestialité>, de la <non
culture> et de la <non intelligence>
1.2.4 La pluralité du genre humain
Une annonce qui nous a posé quelques soucis est
lannonce18 pour laquelle nous cherchions à faire surgir les insus
culturelsPlusieurs éléments ont attiré notre attention.
Premièrement, l'homme correspond au stéréotype
<occidental> (/yeux bleus/x/peau claire/x/cheveux blonds/), est
situé /tout en bas à lextrémité droite/or cette
position n'est pas sans rappeler celle du <chaînon ultime> soit du
<progrès> et de la <civilisation>. Il y a donc un insu
raciste important. Qui plus est larrière plan est uni alors que pour les
hommes correspondant au stéréotype <non occidental> (/peau
mate/x/cheveux foncés/x/yeux foncés/) larrière plan est un
paysage de nature. Doit-on y voir a résurgence de l'opposition nature
versus culture? Ainsi donccette annonce qui nest pas de prime abord
considérée comme significative à l'égard de la
problématique de lévolution porte un insu raciste suffisamment
important pour que lon comprenne le stéréotype <occidental>
comme étant <la manifestation la plus accomplie delintelligence et de
la culture>. En outre, cette annonce qui présente la diversité
de la population humaine est suivie, quelques pages plus loindun texte dans
lequel on expose les théories de Linné sur l'existence des races
rouges, jaunesnoires et blanches. Il est ajouté quecette conception est
tout à fait erronée, alors pourquoi présenter cette photo
qui met en avant un personnage stéréotypé
<occidental>, un autre stéréotypé <oriental>
et un autre stéréotypé <africain>?
Par ailleurs, l'Homme des arbres phylogénétiques
correspond, comme nous lavons vu plus haut, au stéréotype
<occidental des pays du nord>Or cet Homme c'est celui, actuel, dont on a
pu analyser les séquences génétiques pour les comparer au
règne animal. En revanche, l'Homme représentant du genre homo
sapiens c'est-à-dire nous-mêmes envisagés dans l'axe
évolutif depuis Cro-Magnon, correspond austéréotype
<occidental des pays du sud>. Ainsi, n'est-ce pas une formulation
implicite que met au jour analyse sémiologique, à savoir que
respectivement du moins évolué au plus civilisé, nous
trouvons nos ancêtres puis Cro-Magnon, puis lHomme <occidental des
pays du sud>et enfin l'Homme <occidental des pays du nord>?
60p. cit, p 330.
Nous en profitons pour signaler que lannonce 17 a pour
vocation de montrer les populations actuelles les plus proches de «
lancêtre Adam »Or cette annonce montre la population hottentote
à travers la célèbre éfigie de Saartjie Baartman
(de son vrai nom Sawtche) plus connue sous le nom de la Vénus
Hottentote, surnom qu'elle devait à ses proportions charnues. Mais c'est
plus comme animal de foire que cette femme était considerée.
Est-ce un autre insus raciste? Pourquoi ne pas avoir présenté une
personne hottentote autre que celle exploitée en tant que
représentante de la race inférieure aux yeux des européens
de l'époque? De mêmeon nous présente un Khoisan dAfrique du
Sud avec son arc et ses flêches, or aujourdhui lon sait très bien
que les peuples qualifiés indigènes ont été
exploités, mis au goût du progrès occidental
industrialisés, etc. Aujourd'hui il n'existe plus un seul groupe humain
totalement coupé du monde alors pourquoi vouloir les représenter
absolument en tenues traditionnelles, cérémonielles plutôt
que la manière dont les groupes humains sont réellement?
Ainsi, dans ces deux annonces qui mettent en avant la
pluralité de lHomme par rapport à la problématique de
l'évolution, il y a une certaine volonté du discours
scientifique, plus ou moins consciente, de rester attaché à
certains traits stéréotypiques qui scindent population
civilisée et population indigène.
1.3 Corpus connexe : la vérification des
hypothèses
Les représentations de Burian confirment la pleine
puissance du genre Homo sapiens par rapport aux autres. Ces
représentations sont datées, en revanche, les photos prises lors
de mon séjour dans le Périgord au Musée de lHomme et qui
représentent lHomme de Néandertal offrent une vision
révisée de lHomme de Néandertal et pourtant.. Si cette
fois-ci il n'est pas couvert de poils7, il est habillé de
manière plutôt sommaire. Des haillons déchirés lui
recouvrent le corpsUne des conférencières du musée nous a
avoué avoir été choquée par cette
représentation alors quà un étage au-dessus, la
poupée de cire de Homo sapiens est impeccable. Mais ce n'est pas tout,
les représentations de cire sont confiées à des artistes,
or celui qui soccupait de Néandertal lui avaitalors conçu un
morceau de viande rouge vif que Néandertal sapprêtait à
croquer Sil est vrai que certaines fouilles archéologiques ont
révélé sur les sites néandertaliens la
manifestationde rites anthropophagiques, il était réducteur de ne
présenter Néandertal que sous son aspect anthropophagique. Les
conférenciers du musée se sont donc réunis auprès
du directeur pour que celui-ci propose à l'artiste de changer son point
de vue, ce qui a été diifficilement accepté.
De même, notre annonce 20, très caricaturale qui
oppose un Néandertal desarticulé, pauvrement vêtu et dans
une attitude agressive à Cro-Magnon savamment habilléet dans une
attitude plutôt sage et réflexive, offre une vision tout à
fait périmée et pourtant elle
7Maintenant l'on sait que Néandertal
nedevaitpas tre reeouvert depoils, sinon il n'aurait pu eeeetuer un
synthèse suffisante de la vitamine D voirlouvrage deClaude ouisGallien,
Op. cit, p 332 pour de plus amples informations
est toujours visible dans le Musée de labri Pataud qui
accueille des milliers de personnes chaque année.
1.4 Les tropes
Après analyse, nous pouvons affirmer que lHomme est le
représentant allégorique du <progrès> et de la
<civilsation>. C'est donc un corrolaire de significations euphoriques,
positives qui accompagne la représentation de lHommeà linverseles
autres représentants (animaux ou ancêtres ou autres
espèces) sont rattachés à des connotaa tions en contraste
par rapport à ce champ sémantique et visuel euphorique mis en
avant. Finalement, tout ce qui n'est pas Homo sapiens est
présenté comme étant l'antithèse de la
représentation d'Homo sapiens. Et à l'intérieur même
de l'espèce Homo sapiens, nous avons pu constater une hiérarchie
particulière dont le paroxysme du progrès est e
stéréotype <occidental des pays du nord>
Deuxième partie
L Homme et son evolution dans les
discours artistiques
Chapitre 2
Corpus B : La phase interprétative
ou le dégagement des
insus culturels
2.1 La mise en scène de l'Homme
2.1.1 Une scénographie particulière
La combinaison des signifiants tels que /format
portrait/*/construction humaine et matériaux en p1/*/clarté en
P1/*/personnage(s) en p1/*/paysage de nature en plan intermédiaire et
arrière plan/ montre l'importance du sujet lHomme' et son
habitat. Il ne s'agit effectivement pas de rendre compte dun paysage ou des
éléments naturels mais de la manière dont l'Homme utilise
les ressources de la nature pour construire ses objets. L'on pressent
déjà la dichotomie Nature/ Culture. Dailleurs, Cro-Magnonest pour
nombre de spécialistes le point de départ de lArt (peintures dans
les grottes) et donc de la Culture proprement dite. Penchons-nous sur cette
relationquels liens les représentations tissent-elles entre l'Homme et
la Nature environnante?
S'il y a un /paysage de nature/ alors le personnage
esttoujours situé au /milieu de l'axe horizontal/, position à la
fois centrale de lHomme mais non dominante. LHomme paraît en relation
harmonieuse, en relation d'interdépendance avec la Nature mais toutefois
pas en position de dominanceEn effetIl semble toujours soumis
auxaléasdes éléments naturels. La présence de
signifiants tels que /armes en main/* /bras gauche en action/ (soit le bras
droit du personnage)*/poing gauche très serré/ (soit le poing
droit du personnage)*/attitude de grande concentration/*/attitude de grande
inquiétude/*/attitude de grande tristesse/*/absence totale deliens
affectifs entre lhommeet la femme/ confèrent à représenter
la mise en scène des activités quotidiennes sous angle d'une
certaine rudesse. En outre, la dangerosité de la vie est
particulièrement présente dans les peintures de Maxime Faivre
(aEaF)
1Nous utiliserons une majuscule au mot Hommeorsque
nous parlerons el'omme T eaemmee
Par ailleurs, ces scènes de la vie quotidienne semblent
etre des scènes familiales, ilny a jamais moins de trois personnages la
proxémie des personnages et leurs attitudes> semblent définir
un lien clanesque entre les membresToutefois, on ne peut s'empêcher de
remarquer la distribution des sexes au sein de ces familles oùil y a
toujours une seule femme pour plusieurs hommes . Les femmes ne semblent etre
que définies par leur <role familial de mère ( femme en pi *
bébé, enfant en pi * toujours en contact ) le role de l'homme
semble moins se définir par cet aspectil est dailleurs souvent difficile
de distinguer le père, du frère etc. Nous y reviendrons lorsque
nous aborderons la question de la sexuation.
2.1.2 Le corps académique
La combinaison des signifiants tels que partition
entière * mimogestualité visible montre le souci de
représenter le corps de lHomme préhistorique. Ce corps de lHomme
moderne, c'est le notre. Pas d'erreur scientifiquequoiquePascal Picq souligne
dans son ouvrage2 :
« Les populations humaines actuelles appartiennent
à une seule et meme espèce : Homo sapiens [...1 Les premiers Homo
sapiens sont plus corpulents, plus robustes et plus encéphalisés
que leurs représentants actuels.
Nous ajoutons que ces différences sont dordre purement
morphologiques et non génétiques. On peut donc hésiter
à affirmer que les représentations du corpus soient
erronées puisque Cro-Magnon, c'est nous-memesPour autantil est certain
que le point de vue adopté dans la représentation du corps est
celui académique et hérité de la Renaissance (Leonard de
Vinci, Raphaël etc.) qui a revisité les canons esthétiques
de lAntiquité (Praxitèle). Souvent, la nudité est
partielle la poitrine visible mais cette mise en avant de la nudité
n'est pas sans etre accompagnée de caractéristiques telles que
jamais de poils au torse * muscles saillants * peau claire Ainsi, le corps,
s'ilest montré dans sa nudité, est celui de l'Homme occidental et
correspondant aux canons esthétiques occidentaux. On peut donc parler
d'anachronisme et de projection culturelle ethnocentriste.
2.1.3 La sexuation
La sexuation se définit dans les représentations
de manière axiologique la droite> versus la gauche . L' appui de
l'homme se fait de manière convergente sur le coté gauche (soit
sur la droite du personnage)Inversement l appui de la femme seréalise de
manière convergente sur le coté droit (soit sur la gauche du
personnage) Ors'ily a arme en main , celle-ci converge sur le coté droit
du personnagede meme le bras en action du personnage est le droit, ainsi la
force semble etre du coté droit et donc du coté de l'homme et non
de la femme.
La position assise est paritairement partagéeen
revanche la position debout est plutot celle de l'homme dans les
représentationsOr nous avons vu dans lanalyse du
20p. cit, p 175 et p 192
corpus A que celle-ci est significativel Homme debout cest l
Homme en marche symbolique vers le progrès Ainsi donccest lhomme et non
la femme qui entame <la marche évolutive tournée vers la
civilisationla culture le progrès Dailleurs est-ce que cela ne renvoie
pas à la conception périmée du mari qui travaillefait
<tourner le monde> par sa puissance économique pendant que la
femme saffaire aux taches domestiques, et est donc coupée de la marche
du monde?
Soulignons qu'il arrive tout de meme à la femme detre
debout (mais moins que l'homme) ; il lui arrive aussi d'etre à quatre
pattes au sol. Or cela narrive jamais aux hommes. La femme connait donc une
posture de grande soumission qui est certes périphérique dans
notre corpus mais en tous les cas jamais partagée avec les hommes. En
outre, la femme semble uniquement représentée dans son role de
mère nourricière> ( poitrine visible * contact avec
bébé ou enfant ) Elle semble uniquement rattachée aux
soucis maternels liés à l'éducation des enfantsPlus
encore, alors que lhommese caractérise par une attitude d'observation et
de réflexion importante ( regardhors cadre * <attitude de
concentration *), la femme semble davantage liée à la
sphère émotionnelle ( attitude de grande inquiétude ou de
grande tristesse * kinésie statique * mouvement autocentré ). Si
ces sentiments de tristesse et dinquiétude sont partagés,
lanalyse en degré nous montre que le paroxysme de ces attitudes
(degré 2) est attribuéaux femmes.
2.1.4 Synthèse
Si nous résumons quelque peu notre analyse ci-dessus,
lon peut dégager quelques idéologèmes pertinents quant
à la mise en scène dune sexuation fortement marquée.Le
corps de l'Homme préhistorique est un corps fantasmé qui
obéitaux canons esthétiques de l'art occidental. L'homme est
davantage rattaché à la sphère du < <dynamisme>
> et l'< <activité> >. A l'inverse, la femme est
directement reliée à la sphère de la <
<passivité>>. Elle n'a qu'une seule fois une arme en main, dans
la peinture de Maxime Faivre (aF), image la plus marginale du corpus
(systémie formelle) Lhomme est davantage dans l'<<autonomie>
> ( parfois isolé * souvent proche * jamais en contact sauf lors d'un
combat (E) ) et la femme davantage dans la < <dépendance> >
( toujours proche ou en contact * une seule femme pour plusieurs hommes )
Par ailleurs, si l'on se réfère aux
thèmes bibliques fondamentaux, notamment celui d'Adam et Eve, l'on se
rend compte qu'il y a contamination de ces idéaux religieuxdans notre
corpus. Selon le récit de la GenèseEve fut créée
à partir dune des cotes dAdam, ainsi celui-ci ne serait plus seul, Eve
laiderait et pallierait son ennui. Cette penséeréductrice du role
de la femme est la meme que celle présentée par notre corpus. La
femme n'est ni active , ni combattante , ni inventrice dobjets elle est
uniquement mère. N'est-ce pas seulement voir en elle ses
capacités reproductives? Seulement son aptitude à fournir
à l'homme sa lignée éternelle? Cette vision contraint la
femme à ses aptitudes physiques et non intellectuelles.
Il y a des traces dans notre corpus dinsus bibliques qui
renvoient à une conceptionde
la femme proche de la terre ( mimogestualité
dirigée vers le bas x position assise ou au sol), au bas corporel si
l'on se réfère à la thèse de Bakhtine qui
étudie Rabelais3. La femme renvoie aussi à quelque
chose de mystérieux sombre d<incompréhensible> (/la femme
est souvent dans un abri, une grotte etc) Y ressort lidée bibliquede la
méifiance et du vice car la femme est souvent tapie dans lombre (quand
elle est dans un abri ou une grotte) , cela en lien avec l'idée de la
femme tentatrice et pecheresse> repsonsable de la chute des Hommes et qui
pour cela, doit enfanter dans la douleur
Un autre point de vue autre que biblique et plus
psychanalytique seraitcelui de considérer le sexe féminin comme
un mystère que révèle son anatomie même.En effet, si
l'organe érectile des hommes est visibleil nen va pas de meme pour celui
de la femme. Il y a donc tout un imaginaire qui se greffe sur la
féminité et que lon peut retrouver dans cette mise en
scène de la grotte de l ombre et de l abri quelque chose de caché
, d' intime>. La grotte devient ainsi unlieu synecdotique du sexe
féminin, sombre , humide , inquiétant>
2.2 Conformité et marginalité du corpus
Les annonces les plus conformes rendent compte dune
sexuationtrès marquée.Lhomme est lié à la
sphère de l' action ou de la réflexion alors que lafemme est
présentéedans une attitude passive>. L'annonce Gla plus
marginale du corpus, se comprend comme étant une oxymore
c'est-à-dire rapprochant des groupes syntaxiques qui s'opposent dans la
grammaire du corpus. Effectivement la combinaison femme x sans homme x /arme en
main x attitude active est surprenante car atypique lorsque lon étudie
le corpus.
2.3 Corpus connexe la vérification des
hypothèses
2.3.1 L'interdépendance entre représentations
artistiques et bibliques
La peinture de Cormon montre parfaitement cette
interdépendanceLa peinture se veut représentative d'un fait
bibliquepour autant les personnages sont semblables aux Hommes
préhistoriques de notre corpusavec la présence centrale de la
femme-mère liée à la sphère du pathos. Plus grave
nous semble cette représentation à vocation scientiifique
?. Bakhtine développe uneétude originale qui
porte sur'ambivalence des représentations grotesquesde l'écriture
rabelaisienne pour simplifier de manière extrême, a mort est
renaissance, 'enner qui condamne est avenir, etc. « Toutes les images
analogues sont bicorporelles, biiaciales, grosses a négation et
affirmation, le haut et le bas les injures et es ouanges y sont ondus
etmêlés dans des proportions variables. »(p 406)Bakhtine
développe une théoriennovanteelonaquelle 'échelle
hiérarchique verti cale, l'idée d'asceisioi verticale menant du
ciel à la terre est en fin de compte un mouvementhoriiontal. Cette
conception qui est celle de lépoque de Rabelaisnous est bien
étrangère, pouromprendrees oeuvres, il faut d'abord comprendre
lascensiondes hommes non commee perrectionnement de ''me individuelle dans les
sphères hiérarchiques supérieuresmaisdanse processus
historique de développee ment de l'humanité»(p 404) Ainsi,
Rabaisser consiste à rapprocher deaerre, à communier avec la
terre comme un principe dabsoprtion ei même temps que de naissance en
rabaissanton ensevelit et on sème du meme coup, on donne la mort pour
redonner e our ensuite, mieux et plus»(p 0)ci, nous avons parler de bas
corporel non dans l'ambivalence qui est celle de lépoque
rabelaisiennemaispour désigner le phénomène selon lequel
la femme est toujours proche dea terre>et de'<ensevelissementt
présentée récemment par Ian Tatersall
dans laquelle on peutlire la résurgence du thème biblique de la
fuite du jardin d'Eden. Une fois encore lhomme regarde devant lui, actif, face
à l'avenir qui l'attend, la femme, ellesemble tournée vers le
passé et la~ect. C'est tout le problème de la vulgarisation
scientifique qui à un moment donné sélectionne certains
traits au détriment des autrespourtant aussi pertinents, parce quelle ne
peut pas tout raconter ni tout faire comprendre. Lorsquelle séloigne de
sa complexité qui tend à la rendre exacte, la Science perd de son
exhaustivité et de sa véracité.
2.3.2 La représentation du corps
Nous avons choisi quelques gravures de Gustave
Doréillustrant laBible afinde montrer le corps mis en lumière. Il
s'agit là aussi du corps hérité des canons
esthétiques antiques réanimés par la Renaissanceun corps
occidental (/peau clair/) filconducteur de toutes les représentations
mentales que permet la Bible. Cest pour cela quilnous a semblé
intéressant de montrer cette couverture de Ne'wsWeek qui joue sur la
/couleur de peau de Adam et Eve/. Claudine Cohen nous précise que suite
aux dernières découvertes scientifiques sur l 'Eve
mitochondriale, les populations les plus originaires viennent d'Afrique. L'on
voit bien à quel point le mythe des origines qui est un mythereligieuxa
été repris par la science qui tente aujourdhui de
découvrirnotamment par loutilADN quelles sont les origines de
l'HommeAlors même que les termes Science" et Religion" semblent
contradictoires, l'on voit bien que leur but est le mêmeécrire une
Histoire des origines de l'Homme ; une idéologie face à une autre
idéologie
2.3.3 La représentation de la femme
Nous avons repris d'autres gravures dans L'Homme primitif
(visibles dans le corpus connexe du corpus B) mais qui ne correspondent pas au
même moment de lHistoire (Néolithique ou l'age de la pierre
polie), pourtanton y retrouve les mêmes aspects stéé
réotypiques de la sexuation. La femme est toujours avec les enfants et
se consacreaux taches ménagères alors que l'homme sen va,
armérapporter la nourriture. Il nous semble important de revenir sur
l'idée fondamentalethéorisée et appliquée par
Barthesdans ses écrits : le phénomène de naturalisation du
culturel . Finalement, retracer, redessiner les origines de l'Homme sous ses
aspects sétéreotypiques, aujourdhui communs, nestce pas permettre
de se conforter dans une représentation dont on ne sait pas au justesi
elle est véridique mais la poser comme telle? Ainsi si lon cantonne les
femmes à uncertain rôe et qu'il en a toujours été
ainsi, pourquoi changer cela? Si lHomme de la préhistoire a su dompter
la nature environnante, pourquoi ne pas continuer? Si lidée de
progrès est indissociable de la société occidentale,
pourquoi lenvisager autrement ? Si le corps parfait est celui de la juste
morale pourquoi le présenter sous un aspect disgracieux?
2.4 Les tropes
Au sein de ses représentations, on peut lire deux
figures de style majeures loxymore et la litote. La première figure se
définit comme le rapprochement de deux entités pourtant
sémantiquement opposées (exemplele clair-obscur) Dans notre
corpus, la présence de l'homme et de sa charge sémantique
juxtaposée à la femme et à sa charge sémantique
nous rappelle cette figure : l'homme, métaphore de lactionde la
réflexion et de lautonomie, en coprésence avec la femme,
métaphore de la passivité et du sentimentalisme. Ils'effectue
effectivement un jeu de symétrie inversée entre lhomme et la
femme. Ce qui les lie, c'est avant tout la différence de leurs
aptitudesLa seconde figure se définit par le faitde dire peu pour
suggérer beaucoup (exemple : « va je ne te hais point »dans
Phèdre, la célèbre pièce de Racine). Il nous semble
que ces représentations ne mettent pas en avant le rôe de la femme
et ne paraissent pas porteuses dun quelconque rabaissement de prime abord, et
pourtant, leurs mises en scènes concourent à suggérer
beaucoup quant à la répartitiondes taches dans la vie quotidienne
et aux aptitudes plutôt fragiles de la femme : la femme est
présentée comme étant l'antithèse de l'homme avec
toutes les conséquences connotatives que cela implique.
Troisième partie
L' homi ni té ou la construction
mythique de l'homme préhistorique
Chapitre 3
Interprétation : la représentation
globale de l'Homme préhistorique
3.1 Sémantique
3.1.1 Le terme Evolution
Nous aimerions revenir sur le terme évolution. Ce terme
est porteur d'une constellation de significations. Et, bien souventon le rallie
aux penseurs évolutionnistes.Or chose étrange, nous fait
remarquer Stephen Jay Gould', les plus grands évolutionnistes
du XIXème siècle n'ont pas utilisé ce mot dans
lédition originale de leurs oeuvres.Darwin parlait de descendance avec
modi~cation, Lamarck de transformisme, Haeckel de théories des
transmutations. L'auteur s'interroge sur ce phénomène. D'une
partle terme d'évolution semble être employé par le
biologiste Haller dans un senstechnique précis que Darwin ne peut
partager car cette théorie développée par Haller de
lévolution embryonnaire est en opposition avec les fondements
darwiniens. Dautre part, Darwin s'interdisait d'utiliser les mots
inférieur et supérieur. Par conséquent, il ne pouvait
employer un mot dont le concept était inséparable de la notion de
<progrès>Mais avec Spencer, le mot évolution devient
synonyme de descendance avec modi~cation. Or, pour les évolutionnistes
dans leur majorité« le changement organique conduit
inévitablement à un accroissement de la complexité
-lHomme- »Il devient donctout naturel demployer le terme
d'évolution à la place du terme descendance avec modi~cation.
Nous sommes donc tombé dans cet écueil qui
consiste à considérer évolution et progrès comme
synonymes. Ainsi, l'évolution humaine nest pas une suite de changements
mais une amélioration, un accroissement d'intelligenceune fuite en avant
vers le mélioratif. Cette distinction mal opérée trouve sa
réalisation dans les abus du darwinisme social notamment.
« Cette théorie aujourd'hui
discréditée classait les groupes humains et les cultures en
fonction de critères ayant trait à leur niveau dévolution,
les Eu- ropéens se trouvant au sommet et les habitants de leurs
colonies, enbas, bien
entendu. C'est aujourd'hui l'un des éléments
fondamentaux de notre arrogance, de notre tendance à dominer le million
d'espèces qui habitent notre planète, au lieu de vivre en bonne
intelligence avec ellesLes écrits restent, bien sûr, et l'on n'y
peut rien. On peut toutefois se demander pourquoi les savants ont
provoqué ce terrible malentendu en choisissant un mot courant, qui
signifie progrès, pour désigner ce que Darwinnommaitmoins
spectaculairement mais plus correctement descendance avec modi~cation
»2
Nous nous permettons de faire figurer cette longue citation
car nous latrouvons tout à fait juste et pertinente. Elle permet de
rendre compte des difficultés que l'Homme a à se réaliser
pleinement en harmonie avec son environnement et les rapportsdedomination qu'Il
inflige aux autres et donc à lui-mêmeEn outre« les
Européens setrouvant au sommet et les habitants de leurs coloniesen bas
»de léchelle évolutive, nest-ce pas la résurgence des
insus raciste et eurocentriste que nous avons dégagé lors de la
phase interprétative de notre corpus?
3.1.2 Le terme Homo sapiens
Nous aimerions également revenir sur le terme Homo
sapiens. Sapiens, provient du verbe latin sapere (=savoir). Il s'agit du
participe présent de la forme savant ou qui sait. Notre espèce
est donc celle qui saitexpression méliorative rattachée au champ
sémantique de l'<intelligence>, de
l'<ingéniosité> et de la <sagesse>Autrement dit, la
<culture>, la <finesse d'esprit> émergent avec le genre homo
sapiens. Cette approche exagérée est en tous les cas celles qui
se cache derrière la notion sapiens et celle qui est
présentée par les insus culturels dégagés lors de
la phase interprétative. D'ailleurs, 'Henri Bergson, philosophe
français, s'efforcera de tempérer une vision de l'Homme qu'il
jugeait trop exclusivement fondée sur l'intellectualitéIl proposa
donc le terme de Homo faber soit l'homme artisan.
3.1.3 Le terme Cro-magnon
Le terme Cro-Magnon est synonyme d'Homo sapiens. Ce dernier
est utilisé plus volontiers dans le discours scientifiqueLe nom vient de
la découverte dans la commune des Eyzies-en-Tayac (en Périgord),
de labri (< cro »en occitan) de M. Magnon par le géologue Louis
Lartet d'un crâne en 1868. Cette appellation est en principe
destinée aux Homo Sapiens Sapiens européens, mais la
qualification de Cro-magnon s'est ensuite étendue à tous les
hommes du Paléolithique supérieurLe terme semble donc moins
connoté que homo sapiens puisque, étant toponyme, il renvoie
à un nom propre et non à un nom commun.
3.1.4 Le terme Néandertal
Le terme Néandertai doit son origine également au
lieu d'une découverte importante (toponymie). Le nom de Neander avait
été donné à cette vallée en lhonneur de
Joachim
Neumann (1650-1680), dit aussi Joachim Neander carsuivant un
usage familial datant de son grand-père, il se faisait appeler par son
patronymetraduit en grec.
Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore
populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration
dans cette vallée, jadis idyllique.
Ainsi donc, l'Homme de Néandertal est « lHomme
nouveau »puisque en grec íE soit <nouveau> et
áíäñò soit <Homme>. Ce qui est pour le
moins étonnant vu lapparition très ancienne de cette
espèce.
Par ailleurs, deux points de vue s'affrontentSoit les
chercheurs considèrent quilny a pas réellement de
discontinuité entre les divers types Homo. A l'inverse, d'autres
chercheurs mettent l'accent sur la pluralité des espèces qui ont
formé des rameaux spéciifiques de la grande famille humaine de
façon brutaleClaude Louis Gallien préçise
« Cette divergence d'opinion montre que les «
savants »contemporains ne sont pas beaucoup plus à l'aise que leurs
prédécesseurs quandil s'agitdaborder au fond la question de la
nature de l'HommeEnfant de singe, ou créé à limage de
Dieu? Objet d'une création unique, ou aboutissement aléatoire
dune série de « brouillons »dont l'animalité pose
problème? Lidée bien commode dune double humanité, qui
permet de séparer les « sauvages »des « hommes sages et
savants »que nous sommes réapparaît
régulièrement sous des formes plus ou moins claires [...1
»?
Or l'Homme de Néandertal semble symboliser cette forme
de pensée. Certains scientiifiques ont donc proposé l'appellation
Homo sapiens neandertalensis pour rendre compte des manifestations culturelles
de l'espèce. Cette problématique est toujours actuelle et montre
que les idéologies et les préconçus transforment ou
adaptent le savoir scientiifique selon le point de vue adopté.
En réalisant cette partie sur le sémantisme des
mots et leurs charges connotatives, nous avons voulu montrer le pouvoir des
mots etlimaginaire auquel ceux-ci renvoient. La subjectivité, avant
d'être une question de point de vuese trouve déjà
fondamentalement en Langue.
3.2 Le point de vue et l'objet
3.2.1 La volonté d'objectivité
La problématique de l'objectivité est centrale
dans toute démarche scientiifique.Les sciences dites eaactes se
présentent comme étant les plus ifiables et les autres sciences,
notamment celles dites humaines luttent à ressembler à ces
modèles d'objectivitéMais, nous l'avons déjà
abordé dans la partie théoriquemême les sciences exactes ne
peuvent
30p. cit, p 369.
atteindre le paroxysme de l'objectivitéCest dailleurs
pour cela que Martinet, qui reprenait les enseignements de Saussure, insistait
sur le postulat « Cest le point de vue qui fait l'objet. »
Dans Mémoire de singe et paroles d''homme4,
Boris Cyrulnik, éthologue et psychanalyste, nous confie sa
démarche scientifiquesa volonté dobjectivité et les
difficultés que la science connaît pour y parvenir. C'est que
lanalyse scientifique est dépendante de la démarche
d'observation. Or c'est cette position centrale de lobservateur qui pose
problème. C'est, par ailleurs, le problème que soulève
Lévi-Strauss lorsquilcommente es écrits de Marcel Mauss et la
question du fait social total5. Ce qui n'est pas sans aller à
l'encontre de la citation d'Albert Einstein qui se refusait à concevoir
lobservateur comme donnée à inclure dans l'observation :
« Trouver des lois de la Nature dont la forme reste
identiquetrouver une image du monde qui soit indépendante de
l'observateur»6
Cette idée selon laquelle l'observateur est à
exclure de lobservationtient au fait que « [...1 l'observateur par le
simple fait de nommer la chose observée, la modifie.» ? C'est donc
un réel problème auquel la science en général est
confrontée. Pour autant, Lévis-Strauss lorsqu'il commente le
travail de Marcel Mauss8 parle d'objectivation infinie,
c'est-à-dire que son discours sur Mausssubjectif puisquedépendant
de son point de vue, devient lui-même objet d'un autre discours ce qui
permet une certaine objectivation puisque la critique devient l'objet de la
critiqueAinsi tout discours devient ui-même objet d'un autre discours et
ceci à l'infini sans que lobservateur soit exclut de sonanalyse puisque
c'est son point de vue qui fonde lobjet
A propos de la difficulté à rendre compte des
événements selon une certaine objectivité, Boris Cyrulnik
raconte cette anecdote à propos dun devoir écrit que ses
éèves devaient rendre au sujet des femelles tupayes et de leur
acte de cannibalisme elles dévorent leurs enfants) :
« [.. .1 Un autre pensait que le propre de la nature
féminine est dêtre agressée. « Etre enceinte, c'est
subir le mâle. De toute façonles femelles, ça na pas la
capacité de se défendre. Alors, cette bonne femmeelle se
défoule en mangeant son enfant. »Un autre refusait de
répondre parce que la méthodologie était critiquable, que
je ne fournissais pas assez de données, que je les influençais au
nom d'un savoir qui m'accordait le pouvoir [1 Une jolie féministe
expliquait de manière très ferme que cétait comme
ça que les males assuraient leur suprématie. La condition des
femelles tupayes est tellement insupportable que plutôt que de perdre
leurs enfantselles préfèrent les manger se les
réincorporer. Le cannibalisme féminin est la preuve du sadisme
des mâles.
4.
5Voir .
?Ibid. p 18. 7lhid, p 39.
8.
Ces réponses renforcent en moi l'idée que toute
opinion sur le monde est un acte de création autobiographique. En
parlant des femellestupayes, chaque étudiant n'avait parlé que de
lui même. Interpréter le mondecest livrer son inconscient.
L'observer, c'est déjà linterpréter»?
Concernant le sujet de notre mémoire, il est
indéniable que du point de vue adopté par le scientifique et ses
convictions dépendent les résultats de son analyse.Ace titre,
Boris Cyrulnik préçise :
« L'événement psychique est tellement
reconstruit par la personnalité de celui qui le perçoit, que,
bien souvent, il apporte plus de renseignements sur la structure mentale de
celui qui observe que sur la chose observée. » 10
Ainsi donc, toute démarche analytique semble-t-elle
vouée à une subjectivationirrémédiable. Ce qui
n'est pas sans poser le problème de la subjectivité dans ce
présent mémoire.
3.2.2 Idéologies
Nous l'avions déjà évoqué, dabord
Saussure (la langue nest pas une nomenclature) puis Sapir et Whorf ont
montré comment la langue organisait le réel et non linverse. En
ce qui concerne le thème de notre mémoire, lon voit bien comment
certains mots, tels évolution ou les appellations scientifiques (homo
neandertalensis versus homo sapiens neandertalensis), contribuent à
façonner le réel selon le point de vue adoptéAinsi, nous
apparaissons et nous nous définissons comme étant les êtres
les plus évolués. C'est bien la nature qui nous a doté de
membres articuléscerveau etcPourtantil apparaîtclairement que
c'est le culturel qui nous fait nous envisager comme le paroxysme de l
évolution.
Ronald Wright exprime d'ailleurs très justement que la
notion de <progrès> et par là même celle de
<civilisation> et d'<évolution> sont non seulement
subjectives mais construites selon un point de vue
anthropocentristeethnocentriste et eurocentriste
« De tout temps, et encore aujourd'hui, les peuples
civilisés se sont crus plus policés, et en fait meilleurs, que
les prétendus sauvages. Mais les valeurs morales attachées
à la civilisation sont spécieusestrop souvent elles servent
à justifier l'attaque et la domination dautres sociétés
moins puissantes. Dans leur ge d'or impérial, les Français se
croyaient investis dune mission salvatrice et les Britanniques portaient leur
fardeau de l'homme blanc - que venaient alléger les armes automatiques
F.] De nos joursWashington prétend régenter et sauvegarder le
monde civilisé, une tradition qui dans la rhétorique
américaine remonte au déracinement et à l'extermination
des premiers habitants de ce pays. »11
Effectivement, le colonialisme est la preuve que les relations
internationales sont régies par le pouvoir, la domination et que cette
scission tient dun découpage du monde
9Ihid, p 120. 10Ihid, p 68.
11, p 41.
arbitraire qui renvoie elle même à une conception
du monde biaiséeCe discours colonialiste n'est-il pas celui que l'on
retrouve dans lanalyse de notre corpus? Boris Cyrulniikde préciser :
« Notre intention idéologique sert de préalable
interprétatifàtoute perception du monde. »12
Malgré l'effort des chercheurs et des scientifiquesil
semble donc que science et idéologie soient liées.
« La pollution idéologique dans la sciencec'est la
forme que prend undiscours lorsqu'il sert à justifier un désir
cachéCest aussi un discours logique lorsqu'il sert d'alibi à un
discours affectifinconscientA ce titre, lediscours scientifique possède
une fonction idéologiqueen plus et en trop»13
En ce qui concerne notre corpus, nous avons déjà
pu dégager quelques idéologèmes (représentation de
la femme et de l'homme, du corpsreprise de thèmes bibliques etc..Nous
avons trouvé cette citation de Claude-Louis Gallien très
pertinente puisquellerésume sous un aspect plus théorique les
conclusions particulières de notre analyse
« [...1 amèneront les savants les plus
radicalement progressistes dusiècle des Lumières à
remettre carrément en cause la notion de création de l'Homme,
telle que définie par la Bible, pour la remplacer par une recherche de
lorigine de l'espèce humaine [...1 Cependant, il n'est pas si facile de
rejetter le poids des traditions, et si les hommes des Lumières ne font
plus guère de référence à l'âge d'or du
Paradis terrestre, c'est pour mieux développer une contre-image assez
naïve, fortement inspirée par les récits de
lAntiquité. On y représente les premiers hommes, réduits
à une quasi animalitévivant dans un état misérable
sur une Terre inhospitalière peuplée de bêtes
féroces, et uniquement préoccupés d'assurer leur survie.
» 14
Ainsi donc, la représentation de l'Homme et de son
évolution est-elle dépendante de l'observateur et de
l'époque de celui-cide ses idéologies et de sa culture. Or cela
n'est pas sans poser la question de lobjectivité même de ce
présent travail.Sianalyse sémiologique tend à
déchiffrer les signes de manière objectivante, il ne fait aucun
doute que la discipline reste entravée, comme toutes les autres
sciences, par le point de vue de l'observateur et l'histoire personnelle de
celui-ci son psychisme et sa culture.
3.2.3 Stéréotypes
Il nous a semblé important de revenir sur cette notion
de stéréotype. Ruth Amossy et Anne Herschberg
Pierrot15 ainsi que Georges Vignaux 16 nous expliquent
que le stéréotypage (= processus de formation des
stéréotypes) est indispensable au fonctionnement de la
pensée. C'est-à-dire que nous sommes obligés de
catégoriser le monde pour pouvoir
120p. cit, p 68. 130p. cit, p 70.
14, p 79.
15Voir leur ouvrage
16Voir .
le penser et l'organiser. Ruth Amossy et Anne Herschberg
présentent aussi le stéréotype comme un instrument de
catégorisation qui permet de distinguer un nous d'un ils.
« Les psychologues en viennent à reconnaître
le caractère inévitable, voire indispensable, du
stéréotype. Sources derreurs et de préjugés, il
apparaîtaussi comme un facteur de cohésion sociale, un
élément constructifdans le rapport à soi et à
l'Autre. »1?
Aussi, la question n'est pas de savoir si le
stéréotype se fonde sur une quelconque vérité,
« F.. .1 il ne faut pas considérer les stéréotypes
comme corrects ou incorrects mais comme utiles ou nocifs. »La notion de
stéréotype renvoie à notre imaginaire social, à
notre logique des représentations collectivesCest au travers eux que
nous percevons et interprétons le monde. Notre démarche
sémiologique ajustement été dedéconstruirecette
vision du monde pour percevoir les stéréotypes sous-jacents. Marc
Angenot construita notion d'idéologèrne afin de mieux
délimiter les composantes de la doxa. On pourrait définir
l'idéologème comme la somme des stéréotypes
représentatifsdune idéologie liés à une
époque et à une société donnée. Boris
Cyrulnik confirme la force des insus culturels :
« L'expérience vécue, la connaissance
intellectuelle marquent leur empreinte sur notre appareil à percevoir
le monde, au point den bouleverser le monde perçu. Notre
représentation intellectuelle du monde peut nous gouverner jus-
qu'à nous rendre aveugles à tout ce qui nest pas
compris dans cette représentation. »18
On peut aussi s'interroger sur la capacité de lesprit
humain à se soustraire aux pensées archétypales qui
l'entourent. Il semble que contre tout effort lesprit humain soitobligé
dans un premier temps de simplifier les choses pour les retenir et les
organiser entre elles et dans un deuxième temps de les poser comme
postulats pour pouvoir approfondir sa pensée. C'est pour cela que la
sémiologie existera toujours. Ce qui nous faitdire que a
sémiologie a toujours existé. Elle a connu des formes plus
philosophiques, ouplus ittéraire mais son esprit critique est toujours
apparu à partir du moment oùil y a eu métalangage
c'est-à-dire quand l'humain a pu parler à propos du monde ou de
ses objets et sans être en présence directe avec ceux-ci.
Il convient de retenir que le stéréotype est
indispensable àtout mécanisme de pensée mais qu'il
s'avère souvent réducteur et erronéConcernant notre
mémoire, nous effectuons un récaptitulatif des différents
idéologèmes analysés en dernière partie.
3.3 Le problème de la vulgarisation scientifique
Nous ne reviendrons pas sur les problèmes de dogmatisme
scientifique évoqués dans la partie théorique. Constatons
simplement que dun côté le savoir doitêtre diffusé
pour pouvoir être remis en cause et participer en cela à la
santé de la pensée scientifique et d'un autre côté
cet effort de diffusion du savoir ne peut quouvrir des pistes
forcément
17Ihid, p 39. 180p. cit, p 49.
simplistes que le receveur devra lui-mêmejuger comme
étant suffisantes ou nonet chercher par lui-même à
approfondir cette connaissancedéjà plus tout à fait
exacte, quon lui sert.
Boris Cyrulnik évoque le point de vue réducteur du
scientisme
« L'ennui des approches scientifiques, cest quelles sont
réductrices.Comme celui qui posait son flacon d'huile sur le rebord de
la fenêtre pour savoir à quelle température elle gelait. Ce
pré-scientifique nenvisageait de lhuile ni son goût, ni sa
couleur, ni ses préparations culinaires ni lhistoire de safabrication.
Il ne connaissait rien de l'huile totaleréelleexistante. Simplement, sa
méthode de réalisme naïf lui avait permis de savoir à
quelle température elle gelait. Il avait donc réduit sa
connaissance sur lhuile à un seul de ses éléments, et
grâce à cette restriction, il devenait scientifique. Leffet
pervers de cette connaissance commence avec celui qui prétend
réduire lhuile à son gel. Cette démarche
caractérise le scientisme qui na rien de scientifique. »19
De même les phénomènes d'essentialisation
peuvent-être dangereux. Qu'est ce que LA femme, L'art africain? Il n'y a
pas quune manière dêtre femme et il y a une multitude de
manifestations dans l'art arficainC'est réduire la pluralité
à une essence uniqueet par là même tout à fait
réductrice et ignorante de la réalitéDans le
sujettraité par notre mémoire, nous avons été
confronté à ce problème de la vulgarisation scientifique
qui est principalement un problème d'essentialisation lHomme et
lévolution. LHomme de notre corpus est un représentant qui exclut
toutes les autres possibilités lest /blanc/ /athlétique/, de sexe
/masculin/ etc. Cest nier la diversité humaine et ses richesses.En
outre, la diversité humaine, lorsquelle est évoquée, ne
rend compte que dinsus racistes majeurs. Par conséquent, le discours
scientifique et artistique construisent leur propre histoire de l'Homme.
A ce propos, nous avons une autre anecdote à raconter
concernant notre séjour dans le Périgord Noir. Nombre de
conférenciers nous ont avoué avoir rebaptisé le
célèbrefilm de vulgarisation scientifique dirigé par Yves
Coppens L'Odyss de l'espèce en ces termes : « l'odyssée de
la pire espèce »à cause des nombreuses incohérences
scientifiques qui subsitent (une femelle homo erectus accouche d'un homo
sapiens, voilà comment notre espèce serait venue au monde, ce qui
est tout à fait improbable) Si cette histoire nous a fait sourire, l'on
ne peut nier la démarche honorable de vouloir diffuser à un large
public l'histoire de nos origines. Apparemmentelle aura permis à de
nombreuses personnes non sensibilisées à ce sujet de vouloir en
savoir plus et entamer des recherches.Mais pour celles qui ne font pas cet
effort, c'est face à un savoir tronqué, réducteur et donc
erroné qu'elles se trouvent. Cette problématique ne semble
pouvoir être résolue.
??Op. (it, p 29.
3.4 Ethos, scénographie, construction mythique
brève conclusion de notre recherche
3.4.1 Notre démarche sémiologique
Notre démarche a donc été de partir de la
combinaison des signifiés <Evolution> x <Homme> et de rendre
compte de la variabilité des signifiants cest-àdire de la
Matière (dont parle Barthes) à travers laquelle le
signifié se manifeste. Et nous lavons vu dans la partie
théorique, le mythe met en avant une pluralité de signifiants
(par rapport à la Langue dans laquelle on trouve un signifié pour
un signifiant) Nous avons mis en avant dans la partie explicative le code de
notre corpus que nous a permis la phase descriptive. L'analyse des variations
de la Matière a été mise en avant dans cette partie
interprétative. Il y a donc la Langue de notre corpus (ou le
système) qui évoque <LEvolution de l'Homme> et la Parole
qui met en avant les réalisations différentesainsi, chaque
annonce de notre corpus est-elle une réalisation différente de la
Languesoit une Parole.La Matière est le support graphique et visuel au
travers duquel se manifeste la Parole.
Nous avons mis en évidence qu'il existait au sein de
notre système des règles d'exclusion : représentation de
l'Homme occidental qui exclut la représentation de lHomme oriental, par
exemple. Des règles d'oppositionlhomme est opposé à
lafemme. Des règles d'association : l'Homme est associé au
<progrès>à l<intelligence> etc. Il y a donc un
protocole d'Usage concernant la représentation de lHomme
préhistoriqueil s'agitdun homme occidental représentant
symbolique du progrèsOn peut se poser la question d'une telle
motivation. En ce qui concerne la problématique de la sexuation,
peut-être que l'Homme de l'évolution représenté est
de sexe masculin à cause de la similitude des deux signifiants, la
majuscule n'étant pas obligatoire. En ce qui concerne lanthropocentrisme
et l'eurocentrisme, nous avons vu dans la partiethéorique que la science
(et a religion) a construit une histoire dont l'Homme est toujours
lélément le pius abouti et que l'Homme blanc est toujours pius
civiiis que les autres.
Si l'on se refère aux enseignements de Roland Barthes
lorsquil explicite sa théorie du mouvement de naturalisation du culturel
, l'on pourrait créer un néologisme qui rendrait compte des
idéologèmes sous jacents dans la représentation de lHomme
et son évolution. On pourrait parler d'hominité.
L'hominité se serait alors l'homme /blanc/<civilisé> <en
marche vers le progrès>, de sexe /masculin/ qui avec les insus
culturels dégagés lors de l'interprétation de notre
corpus, rendrait naturel ce qui est culturel lassociation de l'homme /blanc/
aux valeurs positives de la <civilisation>du <progrès>de
l'<intelligence humaine> en opposition avec les valeurs de
<faiblesse> (pour la femme) de <non civilisation> (pour tout ce qui
est autre que /homme blanc/)
3.4.2 L'Homme cet être unique
Aristote affirmait « L'homme est le seul animal politique
»Platon disait « Lhomme est le seul animal bipède »puis
Rabelais dajouter « Le rire est le propre de lhomme »
Descartes de démontrer « L'homme est le seul
animal doué de raison »Thomas Huxley approfondissait « L'homme
est le seul animal moral »Engels et lécole marxiste clamaient
« L'homme, c'est l'outil», « L'homme est le seul animal culturel
»pour les anthropologues et Lévi-Strauss de préciser qu'il
est le seul à observer letabou de linceste.Chomsky de son
côté concoit que « L'homme est le seul animal doué dun
véritable langage » David Premack poursuit « L'homme est le
seul animal pédagogique »et Boris Cyrulnikdit « L'homme est le
seul animal historique»A chaque époque, pour chaque penseur
ils'agit de concevoir l'Homme dans sa spécificitédans son
unicité cest-àdire de lextraire du monde naturel. Or c'est aussi
ce qui se passe dans notre corpus, LHomme est toujours ce que les autres ne
sont pas, /l'homme blanc typé occidental/ et porteur de
<mélioration> est toujours l'antithèse des autres
éléments auquelsil est juxtaposé et qui sont
connotés négativement.
Boris Cyrulnik observe :
« Que de blessures narcissiques pour payer nos
progrèsCopernic nous apprend que la Terre n'est pas le centre de
l'universDarwin découvre que l'homme, fils de Dieu, participe au monde
animal ; Freud nous fait comprendre que notre esprit rationnel est
géré par notre inconscient irrationnel et main- tentant
voilà qu'on découvre le psychisme animalson accès au
social, au langage et au symbole. »20
Malgré ces blessures narcissiques, ces avancées
épistémologiqueslHomme ne cesse de vouloir se découvrir et
mettre en avant son particularisme qui fait de lui un être
d'exception.
3.4.3 La place de la femme
Ce que nous voulons montrer est la manière dont le
discours scientifique, lorsqu'il parle de l'évolution de l'Homme, puise
dans les faits objectivement naturels et glisse parfois vers des arguments
quieux, sont culturels. Dans le discours artistique et ence qui concerne la
sexuation, le postulat est le suivantL'Homme est anatomiquement plus fort que
la femme car ayant une masse musculaireplus dévelopée que l'on
peut qualifier de donnée naturelle objective. Pour autant, les
représentations glissent vers quelque chose de beaucoup plus
culturalisé du type la femme s'occupe des enfants et est eaclusivement
reliée à la sphère de la maternité pendant que
lhomme chasse . Et ce sans doute où le féminisme a
échoué ou plutôt s'est mal fait comprendrecest quil ne
sagit pas de remettre en cause les différences naturelles qui subsistent
entre lhomme et la femme seule la femme peut accoucher, seul l'homme peut
produire du sperme etc) mais de remettre en cause les postulats culturels qui
scindent univers masculin et univers féminin du type le monde appartient
à l'homme et le foyer à la femme. On est à ce moment dans
les expressions figées, dans un imaginaire social dont le mode de
fonctionnement est le stéréotype. A ce propos, Boris Cyrulnik
nous livre lanecdote
20 ?? ??t, p 16.
« Chaque année, dans mon séminaire pour
jeunes psychiatres, un étudiant soutient l'idée que «
chacune de nos cellules possède un programme génétique
différent, XX pour les femmesXY pour les hommes. Toutes les constantes
biologiques diffèrent selon le sexeaucun métabolisme nest
superposable, le dimorphisme sexuel est un des plus flagrants des
espèces vivantes »Chaque année, il provoque
l'hostilité d'une étudiante qui lui répond que « cest
le capitalisme qui donne aux femmes l'envie du pénis »parce que
« ce sexe a été valorisé par ce système
économique pour mieux rentabiliser les hommes et asservir les femmes
». Ces deux raisonnements ne s'excluent pas.Ce nest pas parce qu'une
culture asservit les femmes quil faut en conclure que les différences de
nature n'existent pas»21
Or réequilibrer les différences culturelles
entre hommes et femmes ne peut s'effecteur dans un premier temps, qu'au travers
de la LangueAutrement dit si lon veut que la femme est sa place dans la
société, encore faut-il quelle lest en Langue22.
Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne en Artsnous
explique23 que la Renaissance redécouvre l'Antiquité
qu'elle considère comme un ge dorAussi, leshumanistes de 'époque
ne peuvent faire d'exception sur la représentation du corps, tellement
présent, notamment dans la statuaire :
« Les canons imitent autant que faire se peut ceux de
lAntiquité, car on pense qu'autrefois les corps étaient plus
beaux. Les artistesde laRenaissance essaient donc de retrouver les proportions
idéales dans la statuairedesAnciens ou dans les textes qui en parlent
(Vitruve) Etils sen inspirent. Cet équilibre formel correspond
également à la représentation morale que lon se fait de la
décence et de la convenance. La Renaissance a dautant mieux
adopté les idées de l'Antiquité qu'elle pouvait les
adapter à la morale chrétienne. Léonard, Raphaël...
ont peint les corps dans des poses retenues, ainsi que les visages. Car le
visage, lui aussi, doit obéir aux lois des proportions et de la
symétrie. Dans le cas contraire, il est considéré comme
laidOr la beauté physique est à cette époque, indice de
beauté morale. »
Ainsi, le corps tel qu'il est mis en avant par le discours
scientifique est celui, emprunté au discours artistique et religieux,
idéalisé que nous a légué laRenaissance
enrevisitant es mythes de l'Antiquité. Or ce corpscest avant tout celui
de lhomme. Nadeije LaneyrieDagen préçise :
« L'idéal de la beauté est
indéniablement masculinCest ce que ne cessent de montrer les
traités d'anatomie, qui prennent pour modèle le corps de l'homme.
»
21, p 90.
22Nous pensons notamment
àlimportanteexploration proposée par AnneeMarie Houdebinetes
collègues concernant la féminisation des noms de
métierssVoirLa féminisation des noms de métiers en
français et dans d'autres langues, Paris Editions L'Harmattant, 998.
23Voir l'entretien de l'Express visiblesur Internet
à'adresse
http ://www.lexpressfr/mag/tentations/dossier/beaute/dossierrasp
ida=3998998p=1
En outre, aux alentours de 1400, le peintre Cennino Cennini
décritdans le Livre de l'art, les proportions idéales du corps
masculinEt il ajoute« Celles de la femme, je n'en parlerai pas, car elle
n'a aucune mesure parfaite»
L'idée de l'infériorité du corps
féminin sera longue à disparaître ettrouve sa justification
dans le discours religieux. Au début du XVIIe siècle, Rubens
affirme dans a Théorie de la figure humaine : « l'homme seul en la
personne d'Adam a été créé àlimage de Dieu
formée à partir de la côte d'Adam, Eve nest quun reflet
imparfait du projet divin, une sorte de sous-produit ». Or, nous l'avons
constaté à travers létude de notre corpus, e corps de
l'Homme c'est le corps de l'hommesuivi de tous les insus culturels qui rallie e
sexe masculin à l'univers sémantique du terme évolution.
La femme reste, dans la représentation de l'évolution par le
discours scientifique et artistique, cantonnéeàdes schèmes
stéréotypiques non valorisés et non valorisants. Lon peut
même parler de forme topique c'est-à-dire « croyances
présentées comme communes à une certaine
collectivité »24. Effectivement, l'image de la femme
dans notre corpus souffre dêtre dépendante des divers lieua
communs évoqués plus haut : <maternité>,
<foyer><faiblesse> etc.
3.4.4 L'Homme et son image fantasmée
Puisque c'est l'Homme qui est à penseron peut tout
à fait créer un corpus qui étudierait cet objet devenu
sémiologiquece que nous avons fait selon une approche qui est celle de
l'évolution. Et comme nous le confirme Claude Louis Gallien la question
des origines (de l'Univers ou de l'Homme) est une préoccupation
permanente dans lhistoire de l'humanité. Ainsi,
« Chaque groupe humain, chaque culture, chaque
civilisation sest efforcée et s'efforce de résoudre à sa
manière, par le mythe la religion ou la science, ce qui demeure
fondamentalement une énigme [] Bien entendu la science n'est jamais
totalement neutre, indépendante de la société dans
laquelle elle se développe, et ses analyses tendent à faire
référence au cadre de pensée préfiguré par
les religions et les philosophies dominantes»25
Or, si l'on en croit Nietzsche dans Ainsi parlait
Zarathoustra, Dieu étant mort, l'Homme est devenu sont unique solution.
Il se considère donc aussi comme incarnant le pouvoir absolu. Nous
sommes donc dans cette idéologie de la < <suprématie de
lHomme> > sur ce qui l'entoure. Pour autant, et la recrudescence du
créationnisme nous le confirme, l'Homme lutte à se
détacher de ses acquis religieux. Etdans le discoursscientifique et
artistique, nous avons pu montrer à travers nos deux corpus comment le
corps de lHomme souffre d'une représentation fantasméeLHomme
représenté cest lHomme à limage de Dieu, c'est l'homme
athlétique et musclé de la RenaissanceCar toute autre image est
tout à fait dérangeante. Nous prenons pour exemple cette citation
de François René de Chateaubriand (1768- 1848) dans le
Cénie du christianisme, publié en 1802, qui déplore :
24, p 97.
25 ?? ??t, p 58.
« [...1 de trouver aujourd'hui l'Homme mammifère
rangédaprès le systèmede Linnaeus, avec les singes, les
chauves-souris et les paresseux.Ne valait-il pas autant le laisser à la
tête de la création, où l'avaient placé Moïse,
Aristote, Buffon et la Nature? Touchant de son me aux cieux et de son corps
à la terre, on aimait à le voir former, dans la chaîne des
êtres lanneau qui lie le monde visible au monde invisible, le temps
à léternité»26
Il s'agit donc d'introduire la théorie dite des faces
développée par Brown et Levinson s'inspirant de Goffman chaque
individu possède une face positive qui correspond à a
façade sociale, à l'image valorisante de soi que l'on sefforce de
présenter à lextérieur Et une face négative qui
correspond au territoire de chacun et qui relève du corps et de
l'intimité. L'enjeu de toute communication étant de
préserver ses propres faces sans menacer celle des autres. Il nous
semble important de montrer comme limagede lHomme doit être positive,
elle doit préserver limage valorisante de soi-même. Pour la
religion, cette image valorisante est celle de l'Homme (mais en fait homme)
créé à limage divine. Pour la science, cette image
valorisante passe par la dévalorisation de tout ce qui nest pas Homo
sapiens.
Ainsi, la mise en scène de l'Homme et de son
évolution donne-t-elle lieu à une scénographie
particulière. Dominique Maingueneau27 développe
l'idée selon laquelle « chaque texte est la trace d'un discours
où la parole est mise en scène »Il différencie la
scène englobante qui renvoie au type de discours, la scène
génériqne qui renvoie au genre du discours et introduit la notion
de scénographie qui est la scène construite par le texte
lui-même. Or ceci est un apport majeur puisque finalement chaque
énonciations'efforce de mettre en place son propre dispositif de
parole« La scénographie légitime un énoncé
qui, en retour, doit la légitimer. »La scénographie peut
sappuyer sur des scènes validées c'est-à-dire
déjà inscrites dans notre mémoire collective (=
stéréotype autonome, décontextualisé disponible
pour être réinvesti par des archétypes popularisés)
Comme nous e rappelle Maingueneau,
« Enoncer, ce n'est pas seulement avancer des
idéescest aussi essayer de mettre en place, de légitimer le cadre
de son énonciation »
La scénographie de notre corpus donne à voir
lévolution de lHommetel quIl se l'envisage et tel qu'Il se fantasmeOn
assiste à la réalisation dune parole particulière. Comme
nous le rappelle Ruth Amossy28, toute prise de parole implique la
construction d'une image de soi, souvent à l'insu de
l'énonciateurDucrot différencie donc les instances internes au
discours qui sont fictionnelles (L) de lêtre empirique ( ë) qui se
situe hors du langage. Peut-on comprendre l'ethos comme étant
dépendant de (L) et lethos pré discursif comme étant
dépendant de (ë)? Dominique Maingueneau élargit la notion
d'ethos qui selon lui n'appartient pas seulement à largumentation mais
doit être rattaché
26Claude Louis Gallien, Op. cit, p 87.
27.
28.
plus largement à tout processus de persuasion et
dadhésion du sujet à certaines positions discursives. Maingueneau
insiste sur le fait que ce que lefficacité de lethostient « qu'il
enveloppe en quelque sorte lénonciation sans être explicite dans
lénoncé Ainsi, l'ethos mis en place dans le discours scientifique
et artistique concernant lHommeet son évolution regorge d 'insus
anthropocentristesethnocentristes, sexistes et parfois même racistes.
3.5 Ouverture l'Homme et son environnement
L'exercice de la pensée critique estnous lavons vu le
pilier detoute compréhension satisfaisante. Le mythe est une
constructionil faut le déconstruire. Aucundiscours, même
scientifique, ne doit se soustraire à cet exerciceOractuellement lon
peut se demander si cela est véritablement réalisé. Nous
pensons notamment aux messages publicitaires d'EDF, de l'ADEME ou autre qui se
proposent de préserver notre capital environnemental tout en remettant
la pleine puissance de leurs agissements et convictions dans les mains de
l'avenir technologique et de son savoir-faire entrevu. Le discours scientifique
qui vise à affirmer « Ce n'est pas de la magiecest de la
technologie »ne respecte déà
plus l'engagement scientifique de la remise en questionEncore
une fois, lidée de <développement technologique>
est assuré par lautorité de la science et de son exerciceet
est assimilé au <mieux>, au
<progrès>à l<amélioration>Autrement dit la
science établit un contrat tacite de confiance qu'il ne convient pas de
remettre en cause.
Cependant, l'allégorie de l'Homme comme symbole de
<progrès>de <civilisation> et de <sagesse> est mise
à mal par les dégâts environnementaux actuels avec
léquation du type : civilisation = impact écologique majeur sur
la nature. Du coup tout se passe comme s'il y avait un phénomène
de valorisation accru qui vise à montrer que lHomme est capable de
surmonter les catastrophes de nature lui animal de culture. Ce qui nous renvoie
au slogan du type Vous allez aimer l'avenir et au rêve vendu par EDF
lorsquil présente l'historique de l'Iles de Paquescivilisation
disparue.
Il semble que les écosystèmes nous environnant
paient actuellement cette idéologie que la science et la religion ont
contribué à façonneren parallèle dune vision
utilitariste de la nature qui s'est profilé au XVIIIe siècle la
suprématie de lHomme. 29
Effectivement, Anne-Marie Houdebine précise que la
sémiologie met le doigt sur ces questions qui nous taraudent, nous
angoissent, nous fascinent ou nous obsèdent, force est de constater que
la problématique de <lEvolution de lHomme> renvoieàdivers
malaises de notre civilisation tels la question du racismede la sexuation, de
la domination de l'Homme sur son environnement et de la perfection du corps
notamment
29Nous renvoyons à la lecture de cet ouvrage
d'qui rend compte demaniire plus oumoins alarmiste de la situation
écologique actuelle.
Table des matières
I
1
|
L'Homme et son évolution dans les discours
scientifiques
Corpus A : La phase interprétative ou e dégagement
des insus culturels
|
5
7
|
|
1.1
|
La mise en scène de l'Homme. . . . . . . . . . .
|
7
|
|
|
1.1.1 Dans le corpus global.... . ... . . . . . . . . . . . . . .
.
|
7
|
|
|
1.1.2 L'Homme dans le règne animal. . . . . . . . .
|
8
|
|
|
1.1.3 L'Homme et ses origines. . . . . . . . .
|
9
|
|
1.2
|
Conformité et marginalité.. . ... . . . . . . . . .
. . . . . . .
|
10
|
|
|
1.2.1 Le corps académique. . ... . . . . . . . . . . . . .
. . .
|
10
|
|
|
1.2.2 La sexuation ........ . ... . .. . . . . . . . . . . . . .
.
|
11
|
|
|
1.2.3 L'Homme à l'image de Dieu. . .. . . . . . . . . . .
. . . . .
|
11
|
|
|
1.2.4 La pluralité du genre humain . .. . . .. . . . . . .
. . . . .
|
12
|
|
1.3
|
Corpus connexe : la vérification des
hypothèses
|
13
|
|
1.4
|
Les tropes . . .. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . .
|
14
|
II
|
L'Homme et son évolution dans les discours artistiques
|
15
|
2
|
Corpus B : La phase interprétative ou e dégagement
des
|
|
|
insus culturels
|
17
|
|
2.1
|
La mise en scène de l'Homme. . . . . . . . . . .
|
17
|
|
|
2.1.1 Une scénographie particulière. . . . .
. . . . . .
|
17
|
|
|
2.1.2 Le corps académique. . ... . . . . . . . . . . . . .
. . .
|
18
|
|
|
2.1.3 Lasexuation ........ . ... . .. . . . . . . . . . . . . .
.
|
18
|
|
|
2.1.4 Synthèse .................. . . .. . . . . . . . . .
.
|
19
|
|
2.2
|
Conformité et marginalité du corpus. . . . . .
|
20
|
|
2.3
|
Corpus connexe : la vérification des
hypothèses
|
20
|
|
|
2.3.1 L'interdépendance entre représentations
artistiques et bibliques
|
20
|
|
|
2.3.2 La représentation du corps. . . . . . . . . . . .
.
|
21
|
|
|
2.3.3 La représentation de la femme. . . . . . . . . .
.
|
21
|
|
2.4
|
Les tropes .................. . ... . . . . . . . . . . . . .
|
22
|
III L'hominité ou la construction mythique de l'homme
préhistorique 23
3 Interprétation a représentation globaae de
l'Homme prééistoriiqe 2
3.1 Sémantique ................... . ... . .. . . . . . .
. . 25
3.1.1 Le terme Evointion 25
3.1.2 Le terme Homo sapiens 26
3.1.3 Le terme Cro-magnon 26
3.1.4 Le terme Néanderta1 26
3.2 Le point de vue et l'objet. . .. . . . . . . . . . . . . . .
. . . 27
3.2.1 La volonté d'objectivité. . . . . . . . . . .
. . 27
3.2.2 Idéologies ................ . ... . . . . . . . . .
. . . 29
3.2.3 Stéréotypes . . . .. . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . 30
3.3 Le problème de la vulgarisation scientifique
31 3.4 Ethos, scénographie, construction mythiquebrève
conclusion de notre
recherche .................................. . . 33
3.4.1 Notre démarche sémiologique. . . . . . . .
33
3.4.2 L'Homme cet être unique. . . . . . . . . . . . . . .
. . 33
3.4.3 La place de la femme....... . .. . . .. . . . . . . . . . .
. 34
3.4.4 L'Homme et son image fantasmée 36
3.5 Ouverture : l'Homme et son environnement 38
|