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Synthèse : L'Evolution de l'Homme ou la recherche des origines dans les discours scientifiques et artistiques - Analyse sémiologique de la représentation de l'Homme de la préhistoire occidentale

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par Elodie Mielczareck
Université Paris 5 - René Descartes - Maà®trise de Sciences du Langage 2007
  

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UNIVERSITÉ PARIS V - SORBONNE

UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ?- SORBONNE
MASTER SDL

L'EVOLUTION DE L'HOMME OU LA

RECHERCHE DES ORIGINES

DANS LES DISOURS SCIENTIFIQUES ET

ARTISTIQUES

ANALYsE sÉMIOLOGIQUE DE LA REPRÉsENTATION DE L'HOMME DE LA PRÉHIsTOIRE OCCIDENTALE

par Elodie Mielczareck

SÉMIOLOGUE

12, rue de Béarn
75003 PARIS
06.03.73.31.61

septembre 2008

Sommaire

I L'Homme et son évolution dans les discours scientifiques 5

II L'Homme et son évolution dans les discours artistiques 15

III L'hominité ou la construction mythique de l'homme préhistorique 23

Première partie

L Homme et son evolution dans les

discours scientifiques

Chapitre 1

Corpus A : La phase interprétative

ou le dégagement des

insus culturels

1.1 La mise en scène de l'Homme 1.1.1 Dans le corpus global

D'un point de vue scénique, la position de l'Homme occupe /lextrémité de la chaîne évolutive/. Il se situe à /l'extrémité droite/ delimageOril existe une idéologie puissante qui oppose <droite> versus <gauche>'. Le genre humain se place donc du côté de <l'avenir>, du <progrès>, de la <réussite>de l<intelligence>Point de vue pour le moins anthropocentriste. Cela n'est pas sans rappeler lanecdote de notre préface dont l'une des ouvertures problématiques estquest-ce que lintelligence? Comment mesurer l'intelligence d'une autre espèce? Dominique Lestel pose la question dans son article 2 : sommes-nous assez intelligents pour nous rendre compte delintelligence des autres espèces non humaines?

« L'homme est-il capable de voir le monde autrement que de son propre point de vue? Le langage semble être le dernier bastion du propre de lhomme. Depuis quelques décénnies, on s'efforce denseigner différentes formes de langage à des grands singes. Mais que peuvent-ils nous dire dautre que ce que nous attendons d'eux. On les soumet à l'école des hommesmais on ignore encore tout de leurs modes de communication symbolique dans la nature. »

L'Homme est avant tout présenté dans le discours scientifique comme être unique et exceptionnel, différents de tous les autres éléments et êtres naturels.

L'Homme est /debout/. Or cette posture est très significative en ce qui concerne l'Homme et son évolution. C'est queffectivement la question de la bipédieest centrale.

1A cet égard, consulter le chapitre 3 « La sémiologie enextension.Un signe dea vieociale" e trait gauche droite»pp 145-187

2voir , p 330.

Mais contrairement à ce que l'on peut pensernombre de primates non humains sont bipèdes, Pascal Picq nous rappelle que3 :

« Donc la question n'est pas bipède ou pas bipède [] mais quelle est limportance de la bipédie dans le répertoire locomoteur [] »

C'est-à-dire que ce qui compte c'est la fréquence de bipédiequi atteint 99% chez les Hommes (seulement 40 à 60% chez les chimpanzés et chez Lucy) Ainsi, lHommeest le primate le plus fréquemment en position bipèdeEt cest cette fréquence qui aurait entraîné des changements morphologiques notables quant à lévolution des capacités motrices et cognitives. L'Homme de notre corpus devient ainsi le <représentant symbolique de l'Evolution>. Or l'idée d'<évolution> semble sémantiquement aliénée à la notion de <progrès>, nous y reviendrons. /LHomme debout/ cest donc <la marchedu progrès et de l'intelligence>.

Pour autant, la kinésie est /statique/il y a donc une marche mais qui restede lordre du symbolique. En outre, la combinaison des signifiants /kinésie statique/x /partition entière/x/point de vue de niveau/x/mimogestualité visible/ participe à lidée que ce qui est représenté c'est l'essence de lHommeIl sagit de montrer lHomme dans ses particularités anatomiques et morphologiques par rapport aux autres espèces ou aux autres animaux. D'ailleurs, bien souvent la /nudité est complète/cest quils'agitde représenter l'Homme dans son aspect <le plus naturel possible>

Par ailleurs, cet Homme c'est l'homme. Rien de tautologique dans cette phrase, simplement c'est le /sexe masculin/ qui est le plus majoritairement représenté. Cet homme a la /peau claire/ c'est-à-dire qu'il correspond aux stéréotypes de <lhomme occidentaleuropéen>. /Les bras et les mains tombent le long du corps/ mais /les poings sont serrés/ Il s'agit donc de représenter l'Homme non dans son <inaction> (malgré la /kinésie statique/) mais dans une certaine <volonté> que lancrage sémantique nous renvoie bien ?serrer les poingsU, taper du point sur la tableU (= <se faire respecter>) etc.

1.1.2 L'Homme dans le règne animal

Il existe une convergence absolue sil y a un /humain/ alorsil y a des /primates non humains/. Cela tient à l'exercice même de la représentation de larbre phylogénétique qui, puisque le chimpanzé et le bonobo sont les cousins de lHomme (cest pour cela qu'ils sont toujours /à proximité directe de lHomme/) a pour vocation dexpliquer lévolution de l'homme et son émergence en tant qu'espèce particulière du règne animal, biologique ou naturel. La mise en scène du linguistique conforte laspect de <scientificité> la / chromie est noire/, /le texte orienté de manière horizontale/ ajoute à la <sobriété de la représentation>. Notons toutefois que les référents iconiques sont colorés mais de manière monochrome.

Le lpositionnement de l'humainl est très significatif comme nous avons pu lévoquer ci-dessus. Les animaux lsont à sa gauchel Les primates non humains les plus récurrents du corpus sont lle chimpanzél, lle gorillel ll'orang-outanl et lle gibbonl Or Claude Louis Gallien nous explique que :

« La super-famille des hominoïdes rassemble actuellementaux cotésde lHomme

lui-meme, les grands singes d'Afrique le gorille et le chimpanzé - et ceux d'Asie : le siamang, le gibbon et l'ourang-outanCes six genres sont laboutissement d'une évolution qui débute avec lapparition des catarrhiniens à la fin de l'éocène, il y a une cinquantaine de millions dannées»?

Il y a donc un véritable souci scientifique dans les arbres phylogénétiques de notre corpus de rendre compte des liens entre les divers hominoïdes dont faitpartie intégrante l'Homme. Les singes énumérés ci-dessus sont cadrés lde profill ou deltrois quartl et lregardent vers la droitel c'est-à-dire l<en direction de lHomme qui lui-meme regarde hors cadre>l. Il y a donc une vision commune vers lavenir le progrès, lévolution> dont l'Homme est l'ultime chainon soit le plus accompli>

L'Homme est ldeboutl, nous ne reviendrons pas sur la pertinence de cette posture. De meme, le lsexe masculinl est celui prédominantSa nudité est complète et lon peut constater qu'il n'y a de poils que les cheveux ou la barbe. Letorse, les bras et les jambes sont limberbesl. La peau et les cheveux sont lclairsl Pas de distinction entre lHomme et les primates non humains en ce qui concerne la kinésie et le point de vue de niveau ou la visibilité de la mimogestualité. Notons que pour le primate non humain la posture ldeboutl est périphérique.

Les poings de l'humain ne sont pas serrésMais sIl tient un accessoire en mainalors c'est une arme qu'il tient de sa main droite et dont la pointe est dirigée vers le haut. C'est-à-dire que l'Homme est celui qui détient un lmatériaux construit et donc culturell Or cet objet culturel n'est pas tenu dans une visée de défense ou d agression> puisque lla pointe est dirigée vers le hautl elle est donc <inoffensive mais <tout à fait présente . La sagaie, outil de chasse créé par Homo sapiens, est constitué d'un manche en bois et d'une partie supérieure à laquelle est accolé un silex solidement emmanché.Cette arme, qui est la plus représentée du corpusdevient alors le symbole de l adaptationde l'Homme à l'environnement naturel>.

1.1.3 L'Homme et ses origines

Encore, lle positionnement de l'humainl est significatifil se situe à llextrémité droite de l'imagel. On retrouve cette sphère de lévolution du progrès qui y est associée. De meme, le représentant du genre humain est de lsexe masculinl et a la lpeau clairel, il est limberbel bien que lses cheveux et sa barbe soient trèsfoncésl Ainsi, comparativement à la représentation de l'Homme dans les arbres phylogénétiques, lHomme ne correspond-il pas exactement au meme stéréotype lcheveux clairslx lpeauclairel x limberbel. Autrement dit, s'il y a une meme représentation du corps qui correspond aux

?, p 202.

canons de la Renaissance, pour autant Cro-Magnon correspond au stéréotype <occidental des pays du sud> alors que l'Homme des arbres phylogénétiques cest-à-dire moins Cro- Magnon que l'Homme du XXème siècle correspond au stéréotype <occidental des pays du nord>. C'est-à-dire que même si, au fond lHomme du XXème siècle et Cro-Magnon, d'un point de vue évolutif, cela est la même choseil semble y avoir distinction dans es représentations.

L'Homme a une sagaie qu'il tient de sa /main droite/ là encore le /côté droit/ est connoté <positivement>. La nudité n'est pas un trait pertinentSes /bras sont tendus/ et /ses poings sont serrés/ c'est-à-dire que lHomme semble <prêt à laction> Ilny a pas de différenciation entre Homo sapiens et le genre autre qu'Homo sapiens en ce qui concerne la /posture debout/, le /sexe masculin//la mimogestualité hors cadre/ le /point de vue de niveau/, la /partition entière/le /cadrage de profil/ et /les poings serrés/. Pour autant, l'autre genre n'a pas les bras tendus mais /tombant le long du corps/, ainsi Il est plus subtilement rallié à la sphère de la <passivité>Toutefois, sa /kinésie est dynamique/ (contrairement à celle dHomo sapiens qui est /statique/). En résumé, d'un côté Homo sapiens a une /kinésie statique/ mais est en /posture tendue/ et <prêt à l'action>, de l'autre côté, l'autre genre a les /bras tombant le long du corps/ mais / sa kinésie est en mouvement/. AinsiHomo sapiens est en position d'<observateur>, sa position est <réfléchie> alors que l'autre genre est plutôt <désarticulé> dans le sens où sa marche est pluôt liée à l'<errance> quà la <progression raisonnée>

Le genre autre qu'Homo sapiens est présenté comme étant /recouvert de poils/ y surgit alors une part d'<animalité>. Ne peut-on y voir unetentative inconsciente de considérer les autres genres comme chaînon manquant du passagede lanimal à lHomme ?

1.2 Conformité et marginalité

1.2.1 Le corps académique

Le /corps canonique de la Renaissance/ est en conformité avec le corpus. A cet égard, le choix du David de Michel-Ange, dans l'annonce 11en tant que représentant iconique de l'Homme, est probant. Ce mythe biblique met en avant la puissance de l<intelligence humaine> face à la <brutalité animale> de l'adversaire Goliath. Ainsi, lHomme est le symbole de la <pensée active et raisonnée> et de la <juste victoire aussi bien intellectuelle que physique voire esthétique>Cest une fois de plus une manière de mettre l'accent sur la spécificité de l'Homme au sein du règne animal. La classification zoologique place l'Homme au sein du règne animalpour autantil sagit de mettre en avant ce qui l'en éloigne. Ce /corps de la Renaissance/ nest pas sans aller de paire avec une <représentation stéréotypique occidentale de lHomme aux cheveux et à la peau clairs>

1.2.2 La sexuation

Un trait marginal au corpus est la représentation du /sexe féminin/La sexuationest donc très fortement marquée. Or comme nous avons montré que lHomme se plaçaitdu côté de l'<évolution> et du <progrès>, est-ce à comprendre que les femmes nont pas de poids dans ce qui peut -être décrit comme étant <la marche du monde>? Lanalyse de notre corpus B va nous permettre d'approfondir cette problématique de la sexuation. En tous les cas, /l'absence de femme/ dans la thématique de lHomme et son évolution est tout à fait significative et rend compte de schèmes sexistes et archaïques.Nous y reviendrons.

1.2.3 L'Homme à l'image de Dieu

Comme nous le souligne Claude Louis Galliennotre vision de lHomme deNéandertal a quelque peu changé depuis les représentations de Boulequà lépoque personne nosait remettre en cause. Effectivement, nous ne pensons plus que Néandertal est un ancêtre dégénéré, un débile mental au crâne difforme. William Kingdocteur dont les avis faisaient autorité, déclarait :

« Le crâne de l'Homme de Néandertal est à tel point simiesqueque incline à croire que les pensées et les désirs qui lhabitèrent ne dépassèrent amais ceux d'un animal... »?

Ainsi donc, notre vision a changé

?, p 318.

Cette image qui est visible dans l'ouvrage de Gallien6 compare la représentation moderne (claire) de celle de Boule (grisée). Nous y reviendrons mais précisons de suite que si la science s'éloigne des conceptions bibliqueselle ne reste pas moins attachée à une certaine image de l'Homme qui est celle que Dieu a façonné à son image.

Concernant notre corpus, le genre autre quHomo sapiens a le corps /couvert de poils/ et n'est pas sans rappeler une certaine <animalité>Ainsi conformément à ce qui aété évoqué plus tôt, Homo sapiens se définit comme étant du côté de l'<intelligence> et du <progrès>, de la <civilisation> et de la <culture>Parallèlementtout ce qui nest pas Homo sapiens est rattaché à la sphère de l'<archaïsme>de l<animalité>de la <bestialité>, de la <non culture> et de la <non intelligence>

1.2.4 La pluralité du genre humain

Une annonce qui nous a posé quelques soucis est lannonce18 pour laquelle nous cherchions à faire surgir les insus culturelsPlusieurs éléments ont attiré notre attention. Premièrement, l'homme correspond au stéréotype <occidental> (/yeux bleus/x/peau claire/x/cheveux blonds/), est situé /tout en bas à lextrémité droite/or cette position n'est pas sans rappeler celle du <chaînon ultime> soit du <progrès> et de la <civilisation>. Il y a donc un insu raciste important. Qui plus est larrière plan est uni alors que pour les hommes correspondant au stéréotype <non occidental> (/peau mate/x/cheveux foncés/x/yeux foncés/) larrière plan est un paysage de nature. Doit-on y voir a résurgence de l'opposition nature versus culture? Ainsi donccette annonce qui nest pas de prime abord considérée comme significative à l'égard de la problématique de lévolution porte un insu raciste suffisamment important pour que lon comprenne le stéréotype <occidental> comme étant <la manifestation la plus accomplie delintelligence et de la culture>. En outre, cette annonce qui présente la diversité de la population humaine est suivie, quelques pages plus loindun texte dans lequel on expose les théories de Linné sur l'existence des races rouges, jaunesnoires et blanches. Il est ajouté quecette conception est tout à fait erronée, alors pourquoi présenter cette photo qui met en avant un personnage stéréotypé <occidental>, un autre stéréotypé <oriental> et un autre stéréotypé <africain>?

Par ailleurs, l'Homme des arbres phylogénétiques correspond, comme nous lavons vu plus haut, au stéréotype <occidental des pays du nord>Or cet Homme c'est celui, actuel, dont on a pu analyser les séquences génétiques pour les comparer au règne animal. En revanche, l'Homme représentant du genre homo sapiens c'est-à-dire nous-mêmes envisagés dans l'axe évolutif depuis Cro-Magnon, correspond austéréotype <occidental des pays du sud>. Ainsi, n'est-ce pas une formulation implicite que met au jour analyse sémiologique, à savoir que respectivement du moins évolué au plus civilisé, nous trouvons nos ancêtres puis Cro-Magnon, puis lHomme <occidental des pays du sud>et enfin l'Homme <occidental des pays du nord>?

60p. cit, p 330.

Nous en profitons pour signaler que lannonce 17 a pour vocation de montrer les populations actuelles les plus proches de « lancêtre Adam »Or cette annonce montre la population hottentote à travers la célèbre éfigie de Saartjie Baartman (de son vrai nom Sawtche) plus connue sous le nom de la Vénus Hottentote, surnom qu'elle devait à ses proportions charnues. Mais c'est plus comme animal de foire que cette femme était considerée. Est-ce un autre insus raciste? Pourquoi ne pas avoir présenté une personne hottentote autre que celle exploitée en tant que représentante de la race inférieure aux yeux des européens de l'époque? De mêmeon nous présente un Khoisan dAfrique du Sud avec son arc et ses flêches, or aujourdhui lon sait très bien que les peuples qualifiés indigènes ont été exploités, mis au goût du progrès occidental industrialisés, etc. Aujourd'hui il n'existe plus un seul groupe humain totalement coupé du monde alors pourquoi vouloir les représenter absolument en tenues traditionnelles, cérémonielles plutôt que la manière dont les groupes humains sont réellement?

Ainsi, dans ces deux annonces qui mettent en avant la pluralité de lHomme par rapport à la problématique de l'évolution, il y a une certaine volonté du discours scientifique, plus ou moins consciente, de rester attaché à certains traits stéréotypiques qui scindent population civilisée et population indigène.

1.3 Corpus connexe : la vérification des hypothèses

Les représentations de Burian confirment la pleine puissance du genre Homo sapiens par rapport aux autres. Ces représentations sont datées, en revanche, les photos prises lors de mon séjour dans le Périgord au Musée de lHomme et qui représentent lHomme de Néandertal offrent une vision révisée de lHomme de Néandertal et pourtant.. Si cette fois-ci il n'est pas couvert de poils7, il est habillé de manière plutôt sommaire. Des haillons déchirés lui recouvrent le corpsUne des conférencières du musée nous a avoué avoir été choquée par cette représentation alors quà un étage au-dessus, la poupée de cire de Homo sapiens est impeccable. Mais ce n'est pas tout, les représentations de cire sont confiées à des artistes, or celui qui soccupait de Néandertal lui avaitalors conçu un morceau de viande rouge vif que Néandertal sapprêtait à croquer Sil est vrai que certaines fouilles archéologiques ont révélé sur les sites néandertaliens la manifestationde rites anthropophagiques, il était réducteur de ne présenter Néandertal que sous son aspect anthropophagique. Les conférenciers du musée se sont donc réunis auprès du directeur pour que celui-ci propose à l'artiste de changer son point de vue, ce qui a été diifficilement accepté.

De même, notre annonce 20, très caricaturale qui oppose un Néandertal desarticulé, pauvrement vêtu et dans une attitude agressive à Cro-Magnon savamment habilléet dans une attitude plutôt sage et réflexive, offre une vision tout à fait périmée et pourtant elle

7Maintenant l'on sait que Néandertal nedevaitpas tre reeouvert depoils, sinon il n'aurait pu eeeetuer un synthèse suffisante de la vitamine D voirlouvrage deClaude ouisGallien, Op. cit, p 332 pour de plus amples informations

est toujours visible dans le Musée de labri Pataud qui accueille des milliers de personnes chaque année.

1.4 Les tropes

Après analyse, nous pouvons affirmer que lHomme est le représentant allégorique du <progrès> et de la <civilsation>. C'est donc un corrolaire de significations euphoriques, positives qui accompagne la représentation de lHommeà linverseles autres représentants (animaux ou ancêtres ou autres espèces) sont rattachés à des connotaa tions en contraste par rapport à ce champ sémantique et visuel euphorique mis en avant. Finalement, tout ce qui n'est pas Homo sapiens est présenté comme étant l'antithèse de la représentation d'Homo sapiens. Et à l'intérieur même de l'espèce Homo sapiens, nous avons pu constater une hiérarchie particulière dont le paroxysme du progrès est e stéréotype <occidental des pays du nord>

Deuxième partie

L Homme et son evolution dans les

discours artistiques

Chapitre 2

Corpus B : La phase interprétative

ou le dégagement des

insus culturels

2.1 La mise en scène de l'Homme

2.1.1 Une scénographie particulière

La combinaison des signifiants tels que /format portrait/*/construction humaine et matériaux en p1/*/clarté en P1/*/personnage(s) en p1/*/paysage de nature en plan intermédiaire et arrière plan/ montre l'importance du sujet lHomme' et son habitat. Il ne s'agit effectivement pas de rendre compte dun paysage ou des éléments naturels mais de la manière dont l'Homme utilise les ressources de la nature pour construire ses objets. L'on pressent déjà la dichotomie Nature/ Culture. Dailleurs, Cro-Magnonest pour nombre de spécialistes le point de départ de lArt (peintures dans les grottes) et donc de la Culture proprement dite. Penchons-nous sur cette relationquels liens les représentations tissent-elles entre l'Homme et la Nature environnante?

S'il y a un /paysage de nature/ alors le personnage esttoujours situé au /milieu de l'axe horizontal/, position à la fois centrale de lHomme mais non dominante. LHomme paraît en relation harmonieuse, en relation d'interdépendance avec la Nature mais toutefois pas en position de dominanceEn effetIl semble toujours soumis auxaléasdes éléments naturels. La présence de signifiants tels que /armes en main/* /bras gauche en action/ (soit le bras droit du personnage)*/poing gauche très serré/ (soit le poing droit du personnage)*/attitude de grande concentration/*/attitude de grande inquiétude/*/attitude de grande tristesse/*/absence totale deliens affectifs entre lhommeet la femme/ confèrent à représenter la mise en scène des activités quotidiennes sous angle d'une certaine rudesse. En outre, la dangerosité de la vie est particulièrement présente dans les peintures de Maxime Faivre (aEaF)

1Nous utiliserons une majuscule au mot Hommeorsque nous parlerons el'omme T eaemmee

Par ailleurs, ces scènes de la vie quotidienne semblent etre des scènes familiales, ilny a jamais moins de trois personnages la proxémie des personnages et leurs attitudes> semblent définir un lien clanesque entre les membresToutefois, on ne peut s'empêcher de remarquer la distribution des sexes au sein de ces familles oùil y a toujours une seule femme pour plusieurs hommes . Les femmes ne semblent etre que définies par leur <role familial de mère ( femme en pi * bébé, enfant en pi * toujours en contact ) le role de l'homme semble moins se définir par cet aspectil est dailleurs souvent difficile de distinguer le père, du frère etc. Nous y reviendrons lorsque nous aborderons la question de la sexuation.

2.1.2 Le corps académique

La combinaison des signifiants tels que partition entière * mimogestualité visible montre le souci de représenter le corps de lHomme préhistorique. Ce corps de lHomme moderne, c'est le notre. Pas d'erreur scientifiquequoiquePascal Picq souligne dans son ouvrage2 :

« Les populations humaines actuelles appartiennent à une seule et meme espèce : Homo sapiens [...1 Les premiers Homo sapiens sont plus corpulents, plus robustes et plus encéphalisés que leurs représentants actuels.

Nous ajoutons que ces différences sont dordre purement morphologiques et non génétiques. On peut donc hésiter à affirmer que les représentations du corpus soient erronées puisque Cro-Magnon, c'est nous-memesPour autantil est certain que le point de vue adopté dans la représentation du corps est celui académique et hérité de la Renaissance (Leonard de Vinci, Raphaël etc.) qui a revisité les canons esthétiques de lAntiquité (Praxitèle). Souvent, la nudité est partielle la poitrine visible mais cette mise en avant de la nudité n'est pas sans etre accompagnée de caractéristiques telles que jamais de poils au torse * muscles saillants * peau claire Ainsi, le corps, s'ilest montré dans sa nudité, est celui de l'Homme occidental et correspondant aux canons esthétiques occidentaux. On peut donc parler d'anachronisme et de projection culturelle ethnocentriste.

2.1.3 La sexuation

La sexuation se définit dans les représentations de manière axiologique la droite> versus la gauche . L' appui de l'homme se fait de manière convergente sur le coté gauche (soit sur la droite du personnage)Inversement l appui de la femme seréalise de manière convergente sur le coté droit (soit sur la gauche du personnage) Ors'ily a arme en main , celle-ci converge sur le coté droit du personnagede meme le bras en action du personnage est le droit, ainsi la force semble etre du coté droit et donc du coté de l'homme et non de la femme.

La position assise est paritairement partagéeen revanche la position debout est plutot celle de l'homme dans les représentationsOr nous avons vu dans lanalyse du

20p. cit, p 175 et p 192

corpus A que celle-ci est significativel Homme debout cest l Homme en marche symbolique vers le progrès Ainsi donccest lhomme et non la femme qui entame <la marche évolutive tournée vers la civilisationla culture le progrès Dailleurs est-ce que cela ne renvoie pas à la conception périmée du mari qui travaillefait <tourner le monde> par sa puissance économique pendant que la femme saffaire aux taches domestiques, et est donc coupée de la marche du monde?

Soulignons qu'il arrive tout de meme à la femme detre debout (mais moins que l'homme) ; il lui arrive aussi d'etre à quatre pattes au sol. Or cela narrive jamais aux hommes. La femme connait donc une posture de grande soumission qui est certes périphérique dans notre corpus mais en tous les cas jamais partagée avec les hommes. En outre, la femme semble uniquement représentée dans son role de mère nourricière> ( poitrine visible * contact avec bébé ou enfant ) Elle semble uniquement rattachée aux soucis maternels liés à l'éducation des enfantsPlus encore, alors que lhommese caractérise par une attitude d'observation et de réflexion importante ( regardhors cadre * <attitude de concentration *), la femme semble davantage liée à la sphère émotionnelle ( attitude de grande inquiétude ou de grande tristesse * kinésie statique * mouvement autocentré ). Si ces sentiments de tristesse et dinquiétude sont partagés, lanalyse en degré nous montre que le paroxysme de ces attitudes (degré 2) est attribuéaux femmes.

2.1.4 Synthèse

Si nous résumons quelque peu notre analyse ci-dessus, lon peut dégager quelques idéologèmes pertinents quant à la mise en scène dune sexuation fortement marquée.Le corps de l'Homme préhistorique est un corps fantasmé qui obéitaux canons esthétiques de l'art occidental. L'homme est davantage rattaché à la sphère du < <dynamisme> > et l'< <activité> >. A l'inverse, la femme est directement reliée à la sphère de la < <passivité>>. Elle n'a qu'une seule fois une arme en main, dans la peinture de Maxime Faivre (aF), image la plus marginale du corpus (systémie formelle) Lhomme est davantage dans l'<<autonomie> > ( parfois isolé * souvent proche * jamais en contact sauf lors d'un combat (E) ) et la femme davantage dans la < <dépendance> > ( toujours proche ou en contact * une seule femme pour plusieurs hommes )

Par ailleurs, si l'on se réfère aux thèmes bibliques fondamentaux, notamment celui d'Adam et Eve, l'on se rend compte qu'il y a contamination de ces idéaux religieuxdans notre corpus. Selon le récit de la GenèseEve fut créée à partir dune des cotes dAdam, ainsi celui-ci ne serait plus seul, Eve laiderait et pallierait son ennui. Cette penséeréductrice du role de la femme est la meme que celle présentée par notre corpus. La femme n'est ni active , ni combattante , ni inventrice dobjets elle est uniquement mère. N'est-ce pas seulement voir en elle ses capacités reproductives? Seulement son aptitude à fournir à l'homme sa lignée éternelle? Cette vision contraint la femme à ses aptitudes physiques et non intellectuelles.

Il y a des traces dans notre corpus dinsus bibliques qui renvoient à une conceptionde

la femme proche de la terre ( mimogestualité dirigée vers le bas x position assise ou au sol), au bas corporel si l'on se réfère à la thèse de Bakhtine qui étudie Rabelais3. La femme renvoie aussi à quelque chose de mystérieux sombre d<incompréhensible> (/la femme est souvent dans un abri, une grotte etc) Y ressort lidée bibliquede la méifiance et du vice car la femme est souvent tapie dans lombre (quand elle est dans un abri ou une grotte) , cela en lien avec l'idée de la femme tentatrice et pecheresse> repsonsable de la chute des Hommes et qui pour cela, doit enfanter dans la douleur

Un autre point de vue autre que biblique et plus psychanalytique seraitcelui de considérer le sexe féminin comme un mystère que révèle son anatomie même.En effet, si l'organe érectile des hommes est visibleil nen va pas de meme pour celui de la femme. Il y a donc tout un imaginaire qui se greffe sur la féminité et que lon peut retrouver dans cette mise en scène de la grotte de l ombre et de l abri quelque chose de caché , d' intime>. La grotte devient ainsi unlieu synecdotique du sexe féminin, sombre , humide , inquiétant>

2.2 Conformité et marginalité du corpus

Les annonces les plus conformes rendent compte dune sexuationtrès marquée.Lhomme est lié à la sphère de l' action ou de la réflexion alors que lafemme est présentéedans une attitude passive>. L'annonce Gla plus marginale du corpus, se comprend comme étant une oxymore c'est-à-dire rapprochant des groupes syntaxiques qui s'opposent dans la grammaire du corpus. Effectivement la combinaison femme x sans homme x /arme en main x attitude active est surprenante car atypique lorsque lon étudie le corpus.

2.3 Corpus connexe la vérification des hypothèses

2.3.1 L'interdépendance entre représentations artistiques et bibliques

La peinture de Cormon montre parfaitement cette interdépendanceLa peinture se veut représentative d'un fait bibliquepour autant les personnages sont semblables aux Hommes préhistoriques de notre corpusavec la présence centrale de la femme-mère liée à la sphère du pathos. Plus grave nous semble cette représentation à vocation scientiifique

?. Bakhtine développe uneétude originale qui porte sur'ambivalence des représentations grotesquesde l'écriture rabelaisienne pour simplifier de manière extrême, a mort est renaissance, 'enner qui condamne est avenir, etc. « Toutes les images analogues sont bicorporelles, biiaciales, grosses a négation et affirmation, le haut et le bas les injures et es ouanges y sont ondus etmêlés dans des proportions variables. »(p 406)Bakhtine développe une théoriennovanteelonaquelle 'échelle hiérarchique verti cale, l'idée d'asceisioi verticale menant du ciel à la terre est en fin de compte un mouvementhoriiontal. Cette conception qui est celle de lépoque de Rabelaisnous est bien étrangère, pouromprendrees oeuvres, il faut d'abord comprendre lascensiondes hommes non commee perrectionnement de ''me individuelle dans les sphères hiérarchiques supérieuresmaisdanse processus historique de développee ment de l'humanité»(p 404) Ainsi, Rabaisser consiste à rapprocher deaerre, à communier avec la terre comme un principe dabsoprtion ei même temps que de naissance en rabaissanton ensevelit et on sème du meme coup, on donne la mort pour redonner e our ensuite, mieux et plus»(p 0)ci, nous avons parler de bas corporel non dans l'ambivalence qui est celle de lépoque rabelaisiennemaispour désigner le phénomène selon lequel la femme est toujours proche dea terre>et de'<ensevelissementt

présentée récemment par Ian Tatersall dans laquelle on peutlire la résurgence du thème biblique de la fuite du jardin d'Eden. Une fois encore lhomme regarde devant lui, actif, face à l'avenir qui l'attend, la femme, ellesemble tournée vers le passé et la~ect. C'est tout le problème de la vulgarisation scientifique qui à un moment donné sélectionne certains traits au détriment des autrespourtant aussi pertinents, parce quelle ne peut pas tout raconter ni tout faire comprendre. Lorsquelle séloigne de sa complexité qui tend à la rendre exacte, la Science perd de son exhaustivité et de sa véracité.

2.3.2 La représentation du corps

Nous avons choisi quelques gravures de Gustave Doréillustrant laBible afinde montrer le corps mis en lumière. Il s'agit là aussi du corps hérité des canons esthétiques antiques réanimés par la Renaissanceun corps occidental (/peau clair/) filconducteur de toutes les représentations mentales que permet la Bible. Cest pour cela quilnous a semblé intéressant de montrer cette couverture de Ne'wsWeek qui joue sur la /couleur de peau de Adam et Eve/. Claudine Cohen nous précise que suite aux dernières découvertes scientifiques sur l 'Eve mitochondriale, les populations les plus originaires viennent d'Afrique. L'on voit bien à quel point le mythe des origines qui est un mythereligieuxa été repris par la science qui tente aujourdhui de découvrirnotamment par loutilADN quelles sont les origines de l'HommeAlors même que les termes Science" et Religion" semblent contradictoires, l'on voit bien que leur but est le mêmeécrire une Histoire des origines de l'Homme ; une idéologie face à une autre idéologie

2.3.3 La représentation de la femme

Nous avons repris d'autres gravures dans L'Homme primitif (visibles dans le corpus connexe du corpus B) mais qui ne correspondent pas au même moment de lHistoire (Néolithique ou l'age de la pierre polie), pourtanton y retrouve les mêmes aspects stéé réotypiques de la sexuation. La femme est toujours avec les enfants et se consacreaux taches ménagères alors que l'homme sen va, armérapporter la nourriture. Il nous semble important de revenir sur l'idée fondamentalethéorisée et appliquée par Barthesdans ses écrits : le phénomène de naturalisation du culturel . Finalement, retracer, redessiner les origines de l'Homme sous ses aspects sétéreotypiques, aujourdhui communs, nestce pas permettre de se conforter dans une représentation dont on ne sait pas au justesi elle est véridique mais la poser comme telle? Ainsi si lon cantonne les femmes à uncertain rôe et qu'il en a toujours été ainsi, pourquoi changer cela? Si lHomme de la préhistoire a su dompter la nature environnante, pourquoi ne pas continuer? Si lidée de progrès est indissociable de la société occidentale, pourquoi lenvisager autrement ? Si le corps parfait est celui de la juste morale pourquoi le présenter sous un aspect disgracieux?

2.4 Les tropes

Au sein de ses représentations, on peut lire deux figures de style majeures loxymore et la litote. La première figure se définit comme le rapprochement de deux entités pourtant sémantiquement opposées (exemplele clair-obscur) Dans notre corpus, la présence de l'homme et de sa charge sémantique juxtaposée à la femme et à sa charge sémantique nous rappelle cette figure : l'homme, métaphore de lactionde la réflexion et de lautonomie, en coprésence avec la femme, métaphore de la passivité et du sentimentalisme. Ils'effectue effectivement un jeu de symétrie inversée entre lhomme et la femme. Ce qui les lie, c'est avant tout la différence de leurs aptitudesLa seconde figure se définit par le faitde dire peu pour suggérer beaucoup (exemple : « va je ne te hais point »dans Phèdre, la célèbre pièce de Racine). Il nous semble que ces représentations ne mettent pas en avant le rôe de la femme et ne paraissent pas porteuses dun quelconque rabaissement de prime abord, et pourtant, leurs mises en scènes concourent à suggérer beaucoup quant à la répartitiondes taches dans la vie quotidienne et aux aptitudes plutôt fragiles de la femme : la femme est présentée comme étant l'antithèse de l'homme avec toutes les conséquences connotatives que cela implique.

Troisième partie

L' homi ni té ou la construction

mythique de l'homme préhistorique

Chapitre 3

Interprétation : la représentation

globale de l'Homme préhistorique

3.1 Sémantique

3.1.1 Le terme Evolution

Nous aimerions revenir sur le terme évolution. Ce terme est porteur d'une constellation de significations. Et, bien souventon le rallie aux penseurs évolutionnistes.Or chose étrange, nous fait remarquer Stephen Jay Gould', les plus grands évolutionnistes du XIXème siècle n'ont pas utilisé ce mot dans lédition originale de leurs oeuvres.Darwin parlait de descendance avec modi~cation, Lamarck de transformisme, Haeckel de théories des transmutations. L'auteur s'interroge sur ce phénomène. D'une partle terme d'évolution semble être employé par le biologiste Haller dans un senstechnique précis que Darwin ne peut partager car cette théorie développée par Haller de lévolution embryonnaire est en opposition avec les fondements darwiniens. Dautre part, Darwin s'interdisait d'utiliser les mots inférieur et supérieur. Par conséquent, il ne pouvait employer un mot dont le concept était inséparable de la notion de <progrès>Mais avec Spencer, le mot évolution devient synonyme de descendance avec modi~cation. Or, pour les évolutionnistes dans leur majorité« le changement organique conduit inévitablement à un accroissement de la complexité -lHomme- »Il devient donctout naturel demployer le terme d'évolution à la place du terme descendance avec modi~cation.

Nous sommes donc tombé dans cet écueil qui consiste à considérer évolution et progrès comme synonymes. Ainsi, l'évolution humaine nest pas une suite de changements mais une amélioration, un accroissement d'intelligenceune fuite en avant vers le mélioratif. Cette distinction mal opérée trouve sa réalisation dans les abus du darwinisme social notamment.

« Cette théorie aujourd'hui discréditée classait les groupes humains et les
cultures en fonction de critères ayant trait à leur niveau dévolution, les Eu-
ropéens se trouvant au sommet et les habitants de leurs colonies, enbas, bien

entendu. C'est aujourd'hui l'un des éléments fondamentaux de notre arrogance, de notre tendance à dominer le million d'espèces qui habitent notre planète, au lieu de vivre en bonne intelligence avec ellesLes écrits restent, bien sûr, et l'on n'y peut rien. On peut toutefois se demander pourquoi les savants ont provoqué ce terrible malentendu en choisissant un mot courant, qui signifie progrès, pour désigner ce que Darwinnommaitmoins spectaculairement mais plus correctement descendance avec modi~cation »2

Nous nous permettons de faire figurer cette longue citation car nous latrouvons tout à fait juste et pertinente. Elle permet de rendre compte des difficultés que l'Homme a à se réaliser pleinement en harmonie avec son environnement et les rapportsdedomination qu'Il inflige aux autres et donc à lui-mêmeEn outre« les Européens setrouvant au sommet et les habitants de leurs coloniesen bas »de léchelle évolutive, nest-ce pas la résurgence des insus raciste et eurocentriste que nous avons dégagé lors de la phase interprétative de notre corpus?

3.1.2 Le terme Homo sapiens

Nous aimerions également revenir sur le terme Homo sapiens. Sapiens, provient du verbe latin sapere (=savoir). Il s'agit du participe présent de la forme savant ou qui sait. Notre espèce est donc celle qui saitexpression méliorative rattachée au champ sémantique de l'<intelligence>, de l'<ingéniosité> et de la <sagesse>Autrement dit, la <culture>, la <finesse d'esprit> émergent avec le genre homo sapiens. Cette approche exagérée est en tous les cas celles qui se cache derrière la notion sapiens et celle qui est présentée par les insus culturels dégagés lors de la phase interprétative. D'ailleurs, 'Henri Bergson, philosophe français, s'efforcera de tempérer une vision de l'Homme qu'il jugeait trop exclusivement fondée sur l'intellectualitéIl proposa donc le terme de Homo faber soit l'homme artisan.

3.1.3 Le terme Cro-magnon

Le terme Cro-Magnon est synonyme d'Homo sapiens. Ce dernier est utilisé plus volontiers dans le discours scientifiqueLe nom vient de la découverte dans la commune des Eyzies-en-Tayac (en Périgord), de labri (< cro »en occitan) de M. Magnon par le géologue Louis Lartet d'un crâne en 1868. Cette appellation est en principe destinée aux Homo Sapiens Sapiens européens, mais la qualification de Cro-magnon s'est ensuite étendue à tous les hommes du Paléolithique supérieurLe terme semble donc moins connoté que homo sapiens puisque, étant toponyme, il renvoie à un nom propre et non à un nom commun.

3.1.4 Le terme Néandertal

Le terme Néandertai doit son origine également au lieu d'une découverte importante (toponymie). Le nom de Neander avait été donné à cette vallée en lhonneur de Joachim

Neumann (1650-1680), dit aussi Joachim Neander carsuivant un usage familial datant de son grand-père, il se faisait appeler par son patronymetraduit en grec.

Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.

Ainsi donc, l'Homme de Néandertal est « lHomme nouveau »puisque en grec íE soit <nouveau> et áíäñò soit <Homme>. Ce qui est pour le moins étonnant vu lapparition très ancienne de cette espèce.

Par ailleurs, deux points de vue s'affrontentSoit les chercheurs considèrent quilny a pas réellement de discontinuité entre les divers types Homo. A l'inverse, d'autres chercheurs mettent l'accent sur la pluralité des espèces qui ont formé des rameaux spéciifiques de la grande famille humaine de façon brutaleClaude Louis Gallien préçise

« Cette divergence d'opinion montre que les « savants »contemporains ne sont pas beaucoup plus à l'aise que leurs prédécesseurs quandil s'agitdaborder au fond la question de la nature de l'HommeEnfant de singe, ou créé à limage de Dieu? Objet d'une création unique, ou aboutissement aléatoire dune série de « brouillons »dont l'animalité pose problème? Lidée bien commode dune double humanité, qui permet de séparer les « sauvages »des « hommes sages et savants »que nous sommes réapparaît régulièrement sous des formes plus ou moins claires [...1 »?

Or l'Homme de Néandertal semble symboliser cette forme de pensée. Certains scientiifiques ont donc proposé l'appellation Homo sapiens neandertalensis pour rendre compte des manifestations culturelles de l'espèce. Cette problématique est toujours actuelle et montre que les idéologies et les préconçus transforment ou adaptent le savoir scientiifique selon le point de vue adopté.

En réalisant cette partie sur le sémantisme des mots et leurs charges connotatives, nous avons voulu montrer le pouvoir des mots etlimaginaire auquel ceux-ci renvoient. La subjectivité, avant d'être une question de point de vuese trouve déjà fondamentalement en Langue.

3.2 Le point de vue et l'objet

3.2.1 La volonté d'objectivité

La problématique de l'objectivité est centrale dans toute démarche scientiifique.Les sciences dites eaactes se présentent comme étant les plus ifiables et les autres sciences, notamment celles dites humaines luttent à ressembler à ces modèles d'objectivitéMais, nous l'avons déjà abordé dans la partie théoriquemême les sciences exactes ne peuvent

30p. cit, p 369.

atteindre le paroxysme de l'objectivitéCest dailleurs pour cela que Martinet, qui reprenait les enseignements de Saussure, insistait sur le postulat « Cest le point de vue qui fait l'objet. »

Dans Mémoire de singe et paroles d''homme4, Boris Cyrulnik, éthologue et psychanalyste, nous confie sa démarche scientifiquesa volonté dobjectivité et les difficultés que la science connaît pour y parvenir. C'est que lanalyse scientifique est dépendante de la démarche d'observation. Or c'est cette position centrale de lobservateur qui pose problème. C'est, par ailleurs, le problème que soulève Lévi-Strauss lorsquilcommente es écrits de Marcel Mauss et la question du fait social total5. Ce qui n'est pas sans aller à l'encontre de la citation d'Albert Einstein qui se refusait à concevoir lobservateur comme donnée à inclure dans l'observation :

« Trouver des lois de la Nature dont la forme reste identiquetrouver une image du monde qui soit indépendante de l'observateur»6

Cette idée selon laquelle l'observateur est à exclure de lobservationtient au fait que « [...1 l'observateur par le simple fait de nommer la chose observée, la modifie.» ? C'est donc un réel problème auquel la science en général est confrontée. Pour autant, Lévis-Strauss lorsqu'il commente le travail de Marcel Mauss8 parle d'objectivation infinie, c'est-à-dire que son discours sur Mausssubjectif puisquedépendant de son point de vue, devient lui-même objet d'un autre discours ce qui permet une certaine objectivation puisque la critique devient l'objet de la critiqueAinsi tout discours devient ui-même objet d'un autre discours et ceci à l'infini sans que lobservateur soit exclut de sonanalyse puisque c'est son point de vue qui fonde lobjet

A propos de la difficulté à rendre compte des événements selon une certaine objectivité, Boris Cyrulnik raconte cette anecdote à propos dun devoir écrit que ses éèves devaient rendre au sujet des femelles tupayes et de leur acte de cannibalisme elles dévorent leurs enfants) :

« [.. .1 Un autre pensait que le propre de la nature féminine est dêtre agressée. « Etre enceinte, c'est subir le mâle. De toute façonles femelles, ça na pas la capacité de se défendre. Alors, cette bonne femmeelle se défoule en mangeant son enfant. »Un autre refusait de répondre parce que la méthodologie était critiquable, que je ne fournissais pas assez de données, que je les influençais au nom d'un savoir qui m'accordait le pouvoir [1 Une jolie féministe expliquait de manière très ferme que cétait comme ça que les males assuraient leur suprématie. La condition des femelles tupayes est tellement insupportable que plutôt que de perdre leurs enfantselles préfèrent les manger se les réincorporer. Le cannibalisme féminin est la preuve du sadisme des mâles.

4.

5Voir .

?Ibid. p 18.
7lhid, p 39.

8.

Ces réponses renforcent en moi l'idée que toute opinion sur le monde est un acte de création autobiographique. En parlant des femellestupayes, chaque étudiant n'avait parlé que de lui même. Interpréter le mondecest livrer son inconscient. L'observer, c'est déjà linterpréter»?

Concernant le sujet de notre mémoire, il est indéniable que du point de vue adopté par le scientifique et ses convictions dépendent les résultats de son analyse.Ace titre, Boris Cyrulnik préçise :

« L'événement psychique est tellement reconstruit par la personnalité de celui qui le perçoit, que, bien souvent, il apporte plus de renseignements sur la structure mentale de celui qui observe que sur la chose observée. » 10

Ainsi donc, toute démarche analytique semble-t-elle vouée à une subjectivationirrémédiable. Ce qui n'est pas sans poser le problème de la subjectivité dans ce présent mémoire.

3.2.2 Idéologies

Nous l'avions déjà évoqué, dabord Saussure (la langue nest pas une nomenclature) puis Sapir et Whorf ont montré comment la langue organisait le réel et non linverse. En ce qui concerne le thème de notre mémoire, lon voit bien comment certains mots, tels évolution ou les appellations scientifiques (homo neandertalensis versus homo sapiens neandertalensis), contribuent à façonner le réel selon le point de vue adoptéAinsi, nous apparaissons et nous nous définissons comme étant les êtres les plus évolués. C'est bien la nature qui nous a doté de membres articuléscerveau etcPourtantil apparaîtclairement que c'est le culturel qui nous fait nous envisager comme le paroxysme de l évolution.

Ronald Wright exprime d'ailleurs très justement que la notion de <progrès> et par là même celle de <civilisation> et d'<évolution> sont non seulement subjectives mais construites selon un point de vue anthropocentristeethnocentriste et eurocentriste

« De tout temps, et encore aujourd'hui, les peuples civilisés se sont crus plus policés, et en fait meilleurs, que les prétendus sauvages. Mais les valeurs morales attachées à la civilisation sont spécieusestrop souvent elles servent à justifier l'attaque et la domination dautres sociétés moins puissantes. Dans leur ge d'or impérial, les Français se croyaient investis dune mission salvatrice et les Britanniques portaient leur fardeau de l'homme blanc - que venaient alléger les armes automatiques F.] De nos joursWashington prétend régenter et sauvegarder le monde civilisé, une tradition qui dans la rhétorique américaine remonte au déracinement et à l'extermination des premiers habitants de ce pays. »11

Effectivement, le colonialisme est la preuve que les relations internationales sont régies par le pouvoir, la domination et que cette scission tient dun découpage du monde

9Ihid, p 120. 10Ihid, p 68. 11, p 41.

arbitraire qui renvoie elle même à une conception du monde biaiséeCe discours colonialiste n'est-il pas celui que l'on retrouve dans lanalyse de notre corpus? Boris Cyrulniikde préciser : « Notre intention idéologique sert de préalable interprétatifàtoute perception du monde. »12

Malgré l'effort des chercheurs et des scientifiquesil semble donc que science et idéologie soient liées.

« La pollution idéologique dans la sciencec'est la forme que prend undiscours lorsqu'il sert à justifier un désir cachéCest aussi un discours logique lorsqu'il sert d'alibi à un discours affectifinconscientA ce titre, lediscours scientifique possède une fonction idéologiqueen plus et en trop»13

En ce qui concerne notre corpus, nous avons déjà pu dégager quelques idéologèmes (représentation de la femme et de l'homme, du corpsreprise de thèmes bibliques etc..Nous avons trouvé cette citation de Claude-Louis Gallien très pertinente puisquellerésume sous un aspect plus théorique les conclusions particulières de notre analyse

« [...1 amèneront les savants les plus radicalement progressistes dusiècle des Lumières à remettre carrément en cause la notion de création de l'Homme, telle que définie par la Bible, pour la remplacer par une recherche de lorigine de l'espèce humaine [...1 Cependant, il n'est pas si facile de rejetter le poids des traditions, et si les hommes des Lumières ne font plus guère de référence à l'âge d'or du Paradis terrestre, c'est pour mieux développer une contre-image assez naïve, fortement inspirée par les récits de lAntiquité. On y représente les premiers hommes, réduits à une quasi animalitévivant dans un état misérable sur une Terre inhospitalière peuplée de bêtes féroces, et uniquement préoccupés d'assurer leur survie. » 14

Ainsi donc, la représentation de l'Homme et de son évolution est-elle dépendante de l'observateur et de l'époque de celui-cide ses idéologies et de sa culture. Or cela n'est pas sans poser la question de lobjectivité même de ce présent travail.Sianalyse sémiologique tend à déchiffrer les signes de manière objectivante, il ne fait aucun doute que la discipline reste entravée, comme toutes les autres sciences, par le point de vue de l'observateur et l'histoire personnelle de celui-ci son psychisme et sa culture.

3.2.3 Stéréotypes

Il nous a semblé important de revenir sur cette notion de stéréotype. Ruth Amossy et Anne Herschberg Pierrot15 ainsi que Georges Vignaux 16 nous expliquent que le stéréotypage (= processus de formation des stéréotypes) est indispensable au fonctionnement de la pensée. C'est-à-dire que nous sommes obligés de catégoriser le monde pour pouvoir

120p. cit, p 68. 130p. cit, p 70. 14, p 79.

15Voir leur ouvrage

16Voir .

le penser et l'organiser. Ruth Amossy et Anne Herschberg présentent aussi le stéréotype comme un instrument de catégorisation qui permet de distinguer un nous d'un ils.

« Les psychologues en viennent à reconnaître le caractère inévitable, voire indispensable, du stéréotype. Sources derreurs et de préjugés, il apparaîtaussi comme un facteur de cohésion sociale, un élément constructifdans le rapport à soi et à l'Autre. »1?

Aussi, la question n'est pas de savoir si le stéréotype se fonde sur une quelconque vérité, « F.. .1 il ne faut pas considérer les stéréotypes comme corrects ou incorrects mais comme utiles ou nocifs. »La notion de stéréotype renvoie à notre imaginaire social, à notre logique des représentations collectivesCest au travers eux que nous percevons et interprétons le monde. Notre démarche sémiologique ajustement été dedéconstruirecette vision du monde pour percevoir les stéréotypes sous-jacents. Marc Angenot construita notion d'idéologèrne afin de mieux délimiter les composantes de la doxa. On pourrait définir l'idéologème comme la somme des stéréotypes représentatifsdune idéologie liés à une époque et à une société donnée. Boris Cyrulnik confirme la force des insus culturels :

« L'expérience vécue, la connaissance intellectuelle marquent leur empreinte
sur notre appareil à percevoir le monde, au point den bouleverser le monde
perçu. Notre représentation intellectuelle du monde peut nous gouverner jus-

qu'à nous rendre aveugles à tout ce qui nest pas compris dans cette représentation. »18

On peut aussi s'interroger sur la capacité de lesprit humain à se soustraire aux pensées archétypales qui l'entourent. Il semble que contre tout effort lesprit humain soitobligé dans un premier temps de simplifier les choses pour les retenir et les organiser entre elles et dans un deuxième temps de les poser comme postulats pour pouvoir approfondir sa pensée. C'est pour cela que la sémiologie existera toujours. Ce qui nous faitdire que a sémiologie a toujours existé. Elle a connu des formes plus philosophiques, ouplus ittéraire mais son esprit critique est toujours apparu à partir du moment oùil y a eu métalangage c'est-à-dire quand l'humain a pu parler à propos du monde ou de ses objets et sans être en présence directe avec ceux-ci.

Il convient de retenir que le stéréotype est indispensable àtout mécanisme de pensée mais qu'il s'avère souvent réducteur et erronéConcernant notre mémoire, nous effectuons un récaptitulatif des différents idéologèmes analysés en dernière partie.

3.3 Le problème de la vulgarisation scientifique

Nous ne reviendrons pas sur les problèmes de dogmatisme scientifique évoqués dans la partie théorique. Constatons simplement que dun côté le savoir doitêtre diffusé pour pouvoir être remis en cause et participer en cela à la santé de la pensée scientifique et d'un autre côté cet effort de diffusion du savoir ne peut quouvrir des pistes forcément

17Ihid, p 39. 180p. cit, p 49.

simplistes que le receveur devra lui-mêmejuger comme étant suffisantes ou nonet chercher
par lui-même à approfondir cette connaissancedéjà plus tout à fait exacte, quon lui sert.

Boris Cyrulnik évoque le point de vue réducteur du scientisme

« L'ennui des approches scientifiques, cest quelles sont réductrices.Comme celui qui posait son flacon d'huile sur le rebord de la fenêtre pour savoir à quelle température elle gelait. Ce pré-scientifique nenvisageait de lhuile ni son goût, ni sa couleur, ni ses préparations culinaires ni lhistoire de safabrication. Il ne connaissait rien de l'huile totaleréelleexistante. Simplement, sa méthode de réalisme naïf lui avait permis de savoir à quelle température elle gelait. Il avait donc réduit sa connaissance sur lhuile à un seul de ses éléments, et grâce à cette restriction, il devenait scientifique. Leffet pervers de cette connaissance commence avec celui qui prétend réduire lhuile à son gel. Cette démarche caractérise le scientisme qui na rien de scientifique. »19

De même les phénomènes d'essentialisation peuvent-être dangereux. Qu'est ce que LA femme, L'art africain? Il n'y a pas quune manière dêtre femme et il y a une multitude de manifestations dans l'art arficainC'est réduire la pluralité à une essence uniqueet par là même tout à fait réductrice et ignorante de la réalitéDans le sujettraité par notre mémoire, nous avons été confronté à ce problème de la vulgarisation scientifique qui est principalement un problème d'essentialisation lHomme et lévolution. LHomme de notre corpus est un représentant qui exclut toutes les autres possibilités lest /blanc/ /athlétique/, de sexe /masculin/ etc. Cest nier la diversité humaine et ses richesses.En outre, la diversité humaine, lorsquelle est évoquée, ne rend compte que dinsus racistes majeurs. Par conséquent, le discours scientifique et artistique construisent leur propre histoire de l'Homme.

A ce propos, nous avons une autre anecdote à raconter concernant notre séjour dans le Périgord Noir. Nombre de conférenciers nous ont avoué avoir rebaptisé le célèbrefilm de vulgarisation scientifique dirigé par Yves Coppens L'Odyss de l'espèce en ces termes : « l'odyssée de la pire espèce »à cause des nombreuses incohérences scientifiques qui subsitent (une femelle homo erectus accouche d'un homo sapiens, voilà comment notre espèce serait venue au monde, ce qui est tout à fait improbable) Si cette histoire nous a fait sourire, l'on ne peut nier la démarche honorable de vouloir diffuser à un large public l'histoire de nos origines. Apparemmentelle aura permis à de nombreuses personnes non sensibilisées à ce sujet de vouloir en savoir plus et entamer des recherches.Mais pour celles qui ne font pas cet effort, c'est face à un savoir tronqué, réducteur et donc erroné qu'elles se trouvent. Cette problématique ne semble pouvoir être résolue.

??Op. (it, p 29.

3.4 Ethos, scénographie, construction mythique brève conclusion de notre recherche

3.4.1 Notre démarche sémiologique

Notre démarche a donc été de partir de la combinaison des signifiés <Evolution> x <Homme> et de rendre compte de la variabilité des signifiants cest-àdire de la Matière (dont parle Barthes) à travers laquelle le signifié se manifeste. Et nous lavons vu dans la partie théorique, le mythe met en avant une pluralité de signifiants (par rapport à la Langue dans laquelle on trouve un signifié pour un signifiant) Nous avons mis en avant dans la partie explicative le code de notre corpus que nous a permis la phase descriptive. L'analyse des variations de la Matière a été mise en avant dans cette partie interprétative. Il y a donc la Langue de notre corpus (ou le système) qui évoque <LEvolution de l'Homme> et la Parole qui met en avant les réalisations différentesainsi, chaque annonce de notre corpus est-elle une réalisation différente de la Languesoit une Parole.La Matière est le support graphique et visuel au travers duquel se manifeste la Parole.

Nous avons mis en évidence qu'il existait au sein de notre système des règles d'exclusion : représentation de l'Homme occidental qui exclut la représentation de lHomme oriental, par exemple. Des règles d'oppositionlhomme est opposé à lafemme. Des règles d'association : l'Homme est associé au <progrès>à l<intelligence> etc. Il y a donc un protocole d'Usage concernant la représentation de lHomme préhistoriqueil s'agitdun homme occidental représentant symbolique du progrèsOn peut se poser la question d'une telle motivation. En ce qui concerne la problématique de la sexuation, peut-être que l'Homme de l'évolution représenté est de sexe masculin à cause de la similitude des deux signifiants, la majuscule n'étant pas obligatoire. En ce qui concerne lanthropocentrisme et l'eurocentrisme, nous avons vu dans la partiethéorique que la science (et a religion) a construit une histoire dont l'Homme est toujours lélément le pius abouti et que l'Homme blanc est toujours pius civiiis que les autres.

Si l'on se refère aux enseignements de Roland Barthes lorsquil explicite sa théorie du mouvement de naturalisation du culturel , l'on pourrait créer un néologisme qui rendrait compte des idéologèmes sous jacents dans la représentation de lHomme et son évolution. On pourrait parler d'hominité. L'hominité se serait alors l'homme /blanc/<civilisé> <en marche vers le progrès>, de sexe /masculin/ qui avec les insus culturels dégagés lors de l'interprétation de notre corpus, rendrait naturel ce qui est culturel lassociation de l'homme /blanc/ aux valeurs positives de la <civilisation>du <progrès>de l'<intelligence humaine> en opposition avec les valeurs de <faiblesse> (pour la femme) de <non civilisation> (pour tout ce qui est autre que /homme blanc/)

3.4.2 L'Homme cet être unique

Aristote affirmait « L'homme est le seul animal politique »Platon disait « Lhomme est le seul animal bipède »puis Rabelais dajouter « Le rire est le propre de lhomme »

Descartes de démontrer « L'homme est le seul animal doué de raison »Thomas Huxley approfondissait « L'homme est le seul animal moral »Engels et lécole marxiste clamaient « L'homme, c'est l'outil», « L'homme est le seul animal culturel »pour les anthropologues et Lévi-Strauss de préciser qu'il est le seul à observer letabou de linceste.Chomsky de son côté concoit que « L'homme est le seul animal doué dun véritable langage » David Premack poursuit « L'homme est le seul animal pédagogique »et Boris Cyrulnikdit « L'homme est le seul animal historique»A chaque époque, pour chaque penseur ils'agit de concevoir l'Homme dans sa spécificitédans son unicité cest-àdire de lextraire du monde naturel. Or c'est aussi ce qui se passe dans notre corpus, LHomme est toujours ce que les autres ne sont pas, /l'homme blanc typé occidental/ et porteur de <mélioration> est toujours l'antithèse des autres éléments auquelsil est juxtaposé et qui sont connotés négativement.

Boris Cyrulnik observe :

« Que de blessures narcissiques pour payer nos progrèsCopernic nous apprend que la Terre n'est pas le centre de l'universDarwin découvre que l'homme, fils de Dieu, participe au monde animal ; Freud nous fait comprendre que notre esprit rationnel est géré par notre inconscient irrationnel et main- tentant voilà qu'on découvre le psychisme animalson accès au social, au langage et au symbole. »20

Malgré ces blessures narcissiques, ces avancées épistémologiqueslHomme ne cesse de vouloir se découvrir et mettre en avant son particularisme qui fait de lui un être d'exception.

3.4.3 La place de la femme

Ce que nous voulons montrer est la manière dont le discours scientifique, lorsqu'il parle de l'évolution de l'Homme, puise dans les faits objectivement naturels et glisse parfois vers des arguments quieux, sont culturels. Dans le discours artistique et ence qui concerne la sexuation, le postulat est le suivantL'Homme est anatomiquement plus fort que la femme car ayant une masse musculaireplus dévelopée que l'on peut qualifier de donnée naturelle objective. Pour autant, les représentations glissent vers quelque chose de beaucoup plus culturalisé du type la femme s'occupe des enfants et est eaclusivement reliée à la sphère de la maternité pendant que lhomme chasse . Et ce sans doute où le féminisme a échoué ou plutôt s'est mal fait comprendrecest quil ne sagit pas de remettre en cause les différences naturelles qui subsistent entre lhomme et la femme seule la femme peut accoucher, seul l'homme peut produire du sperme etc) mais de remettre en cause les postulats culturels qui scindent univers masculin et univers féminin du type le monde appartient à l'homme et le foyer à la femme. On est à ce moment dans les expressions figées, dans un imaginaire social dont le mode de fonctionnement est le stéréotype. A ce propos, Boris Cyrulnik nous livre lanecdote

20 ?? ??t, p 16.

« Chaque année, dans mon séminaire pour jeunes psychiatres, un étudiant soutient l'idée que « chacune de nos cellules possède un programme génétique différent, XX pour les femmesXY pour les hommes. Toutes les constantes biologiques diffèrent selon le sexeaucun métabolisme nest superposable, le dimorphisme sexuel est un des plus flagrants des espèces vivantes »Chaque année, il provoque l'hostilité d'une étudiante qui lui répond que « cest le capitalisme qui donne aux femmes l'envie du pénis »parce que « ce sexe a été valorisé par ce système économique pour mieux rentabiliser les hommes et asservir les femmes ». Ces deux raisonnements ne s'excluent pas.Ce nest pas parce qu'une culture asservit les femmes quil faut en conclure que les différences de nature n'existent pas»21

Or réequilibrer les différences culturelles entre hommes et femmes ne peut s'effecteur dans un premier temps, qu'au travers de la LangueAutrement dit si lon veut que la femme est sa place dans la société, encore faut-il quelle lest en Langue22.

Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne en Artsnous explique23 que la Renaissance redécouvre l'Antiquité qu'elle considère comme un ge dorAussi, leshumanistes de 'époque ne peuvent faire d'exception sur la représentation du corps, tellement présent, notamment dans la statuaire :

« Les canons imitent autant que faire se peut ceux de lAntiquité, car on pense qu'autrefois les corps étaient plus beaux. Les artistesde laRenaissance essaient donc de retrouver les proportions idéales dans la statuairedesAnciens ou dans les textes qui en parlent (Vitruve) Etils sen inspirent. Cet équilibre formel correspond également à la représentation morale que lon se fait de la décence et de la convenance. La Renaissance a dautant mieux adopté les idées de l'Antiquité qu'elle pouvait les adapter à la morale chrétienne. Léonard, Raphaël... ont peint les corps dans des poses retenues, ainsi que les visages. Car le visage, lui aussi, doit obéir aux lois des proportions et de la symétrie. Dans le cas contraire, il est considéré comme laidOr la beauté physique est à cette époque, indice de beauté morale. »

Ainsi, le corps tel qu'il est mis en avant par le discours scientifique est celui, emprunté au discours artistique et religieux, idéalisé que nous a légué laRenaissance enrevisitant es mythes de l'Antiquité. Or ce corpscest avant tout celui de lhomme. Nadeije LaneyrieDagen préçise :

« L'idéal de la beauté est indéniablement masculinCest ce que ne cessent de montrer les traités d'anatomie, qui prennent pour modèle le corps de l'homme. »

21, p 90.

22Nous pensons notamment àlimportanteexploration proposée par AnneeMarie Houdebinetes collègues concernant la féminisation des noms de métierssVoirLa féminisation des noms de métiers en français et dans d'autres langues, Paris Editions L'Harmattant, 998.

23Voir l'entretien de l'Express visiblesur Internet à'adresse

http ://www.lexpressfr/mag/tentations/dossier/beaute/dossierrasp ida=3998998p=1

En outre, aux alentours de 1400, le peintre Cennino Cennini décritdans le Livre de l'art, les proportions idéales du corps masculinEt il ajoute« Celles de la femme, je n'en parlerai pas, car elle n'a aucune mesure parfaite»

L'idée de l'infériorité du corps féminin sera longue à disparaître ettrouve sa justification dans le discours religieux. Au début du XVIIe siècle, Rubens affirme dans a Théorie de la figure humaine : « l'homme seul en la personne d'Adam a été créé àlimage de Dieu formée à partir de la côte d'Adam, Eve nest quun reflet imparfait du projet divin, une sorte de sous-produit ». Or, nous l'avons constaté à travers létude de notre corpus, e corps de l'Homme c'est le corps de l'hommesuivi de tous les insus culturels qui rallie e sexe masculin à l'univers sémantique du terme évolution. La femme reste, dans la représentation de l'évolution par le discours scientifique et artistique, cantonnéeàdes schèmes stéréotypiques non valorisés et non valorisants. Lon peut même parler de forme topique c'est-à-dire « croyances présentées comme communes à une certaine collectivité »24. Effectivement, l'image de la femme dans notre corpus souffre dêtre dépendante des divers lieua communs évoqués plus haut : <maternité>, <foyer><faiblesse> etc.

3.4.4 L'Homme et son image fantasmée

Puisque c'est l'Homme qui est à penseron peut tout à fait créer un corpus qui étudierait cet objet devenu sémiologiquece que nous avons fait selon une approche qui est celle de l'évolution. Et comme nous le confirme Claude Louis Gallien la question des origines (de l'Univers ou de l'Homme) est une préoccupation permanente dans lhistoire de l'humanité. Ainsi,

« Chaque groupe humain, chaque culture, chaque civilisation sest efforcée et s'efforce de résoudre à sa manière, par le mythe la religion ou la science, ce qui demeure fondamentalement une énigme [] Bien entendu la science n'est jamais totalement neutre, indépendante de la société dans laquelle elle se développe, et ses analyses tendent à faire référence au cadre de pensée préfiguré par les religions et les philosophies dominantes»25

Or, si l'on en croit Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, Dieu étant mort, l'Homme est devenu sont unique solution. Il se considère donc aussi comme incarnant le pouvoir absolu. Nous sommes donc dans cette idéologie de la < <suprématie de lHomme> > sur ce qui l'entoure. Pour autant, et la recrudescence du créationnisme nous le confirme, l'Homme lutte à se détacher de ses acquis religieux. Etdans le discoursscientifique et artistique, nous avons pu montrer à travers nos deux corpus comment le corps de lHomme souffre d'une représentation fantasméeLHomme représenté cest lHomme à limage de Dieu, c'est l'homme athlétique et musclé de la RenaissanceCar toute autre image est tout à fait dérangeante. Nous prenons pour exemple cette citation de François René de Chateaubriand (1768- 1848) dans le Cénie du christianisme, publié en 1802, qui déplore :

24, p 97.

25 ?? ??t, p 58.

« [...1 de trouver aujourd'hui l'Homme mammifère rangédaprès le systèmede Linnaeus, avec les singes, les chauves-souris et les paresseux.Ne valait-il pas autant le laisser à la tête de la création, où l'avaient placé Moïse, Aristote, Buffon et la Nature? Touchant de son me aux cieux et de son corps à la terre, on aimait à le voir former, dans la chaîne des êtres lanneau qui lie le monde visible au monde invisible, le temps à léternité»26

Il s'agit donc d'introduire la théorie dite des faces développée par Brown et Levinson s'inspirant de Goffman chaque individu possède une face positive qui correspond à a façade sociale, à l'image valorisante de soi que l'on sefforce de présenter à lextérieur Et une face négative qui correspond au territoire de chacun et qui relève du corps et de l'intimité. L'enjeu de toute communication étant de préserver ses propres faces sans menacer celle des autres. Il nous semble important de montrer comme limagede lHomme doit être positive, elle doit préserver limage valorisante de soi-même. Pour la religion, cette image valorisante est celle de l'Homme (mais en fait homme) créé à limage divine. Pour la science, cette image valorisante passe par la dévalorisation de tout ce qui nest pas Homo sapiens.

Ainsi, la mise en scène de l'Homme et de son évolution donne-t-elle lieu à une scénographie particulière. Dominique Maingueneau27 développe l'idée selon laquelle « chaque texte est la trace d'un discours où la parole est mise en scène »Il différencie la scène englobante qui renvoie au type de discours, la scène génériqne qui renvoie au genre du discours et introduit la notion de scénographie qui est la scène construite par le texte lui-même. Or ceci est un apport majeur puisque finalement chaque énonciations'efforce de mettre en place son propre dispositif de parole« La scénographie légitime un énoncé qui, en retour, doit la légitimer. »La scénographie peut sappuyer sur des scènes validées c'est-à-dire déjà inscrites dans notre mémoire collective (= stéréotype autonome, décontextualisé disponible pour être réinvesti par des archétypes popularisés) Comme nous e rappelle Maingueneau,

« Enoncer, ce n'est pas seulement avancer des idéescest aussi essayer de mettre en place, de légitimer le cadre de son énonciation »

La scénographie de notre corpus donne à voir lévolution de lHommetel quIl se l'envisage et tel qu'Il se fantasmeOn assiste à la réalisation dune parole particulière. Comme nous le rappelle Ruth Amossy28, toute prise de parole implique la construction d'une image de soi, souvent à l'insu de l'énonciateurDucrot différencie donc les instances internes au discours qui sont fictionnelles (L) de lêtre empirique ( ë) qui se situe hors du langage. Peut-on comprendre l'ethos comme étant dépendant de (L) et lethos pré discursif comme étant dépendant de (ë)? Dominique Maingueneau élargit la notion d'ethos qui selon lui n'appartient pas seulement à largumentation mais doit être rattaché

26Claude Louis Gallien, Op. cit, p 87.

27.

28.

plus largement à tout processus de persuasion et dadhésion du sujet à certaines positions discursives. Maingueneau insiste sur le fait que ce que lefficacité de lethostient « qu'il enveloppe en quelque sorte lénonciation sans être explicite dans lénoncé Ainsi, l'ethos mis en place dans le discours scientifique et artistique concernant lHommeet son évolution regorge d 'insus anthropocentristesethnocentristes, sexistes et parfois même racistes.

3.5 Ouverture l'Homme et son environnement

L'exercice de la pensée critique estnous lavons vu le pilier detoute compréhension satisfaisante. Le mythe est une constructionil faut le déconstruire. Aucundiscours, même scientifique, ne doit se soustraire à cet exerciceOractuellement lon peut se demander si cela est véritablement réalisé. Nous pensons notamment aux messages publicitaires d'EDF, de l'ADEME ou autre qui se proposent de préserver notre capital environnemental tout en remettant la pleine puissance de leurs agissements et convictions dans les mains de l'avenir technologique et de son savoir-faire entrevu. Le discours scientifique qui vise à affirmer « Ce n'est pas de la magiecest de la technologie »ne respecte déà

plus l'engagement scientifique de la remise en questionEncore une fois, lidée de <développement technologique> est assuré par lautorité de la science et de son exerciceet

est assimilé au <mieux>, au <progrès>à l<amélioration>Autrement dit la science établit un contrat tacite de confiance qu'il ne convient pas de remettre en cause.

Cependant, l'allégorie de l'Homme comme symbole de <progrès>de <civilisation> et de <sagesse> est mise à mal par les dégâts environnementaux actuels avec léquation du type : civilisation = impact écologique majeur sur la nature. Du coup tout se passe comme s'il y avait un phénomène de valorisation accru qui vise à montrer que lHomme est capable de surmonter les catastrophes de nature lui animal de culture. Ce qui nous renvoie au slogan du type Vous allez aimer l'avenir et au rêve vendu par EDF lorsquil présente l'historique de l'Iles de Paquescivilisation disparue.

Il semble que les écosystèmes nous environnant paient actuellement cette idéologie que la science et la religion ont contribué à façonneren parallèle dune vision utilitariste de la nature qui s'est profilé au XVIIIe siècle la suprématie de lHomme. 29

Effectivement, Anne-Marie Houdebine précise que la sémiologie met le doigt sur ces questions qui nous taraudent, nous angoissent, nous fascinent ou nous obsèdent, force est de constater que la problématique de <lEvolution de lHomme> renvoieàdivers malaises de notre civilisation tels la question du racismede la sexuation, de la domination de l'Homme sur son environnement et de la perfection du corps notamment

29Nous renvoyons à la lecture de cet ouvrage d'qui rend compte demaniire plus oumoins alarmiste de la situation écologique actuelle.

Table des matières

I

1

L'Homme et son évolution dans les discours scientifiques

Corpus A : La phase interprétative ou e dégagement des insus culturels

5

7

 

1.1

La mise en scène de l'Homme. . . . . . . . . . .

7

 
 

1.1.1 Dans le corpus global.... . ... . . . . . . . . . . . . . . .

7

 
 

1.1.2 L'Homme dans le règne animal. . . . . . . . .

8

 
 

1.1.3 L'Homme et ses origines. . . . . . . . .

9

 

1.2

Conformité et marginalité.. . ... . . . . . . . . . . . . . . . .

10

 
 

1.2.1 Le corps académique. . ... . . . . . . . . . . . . . . . .

10

 
 

1.2.2 La sexuation ........ . ... . .. . . . . . . . . . . . . . .

11

 
 

1.2.3 L'Homme à l'image de Dieu. . .. . . . . . . . . . . . . . . .

11

 
 

1.2.4 La pluralité du genre humain . .. . . .. . . . . . . . . . . .

12

 

1.3

Corpus connexe : la vérification des hypothèses

13

 

1.4

Les tropes . . .. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14

II

L'Homme et son évolution dans les discours artistiques

15

2

Corpus B : La phase interprétative ou e dégagement des

 
 

insus culturels

17

 

2.1

La mise en scène de l'Homme. . . . . . . . . . .

17

 
 

2.1.1 Une scénographie particulière. . . . . . . . . . .

17

 
 

2.1.2 Le corps académique. . ... . . . . . . . . . . . . . . . .

18

 
 

2.1.3 Lasexuation ........ . ... . .. . . . . . . . . . . . . . .

18

 
 

2.1.4 Synthèse .................. . . .. . . . . . . . . . .

19

 

2.2

Conformité et marginalité du corpus. . . . . .

20

 

2.3

Corpus connexe : la vérification des hypothèses

20

 
 

2.3.1 L'interdépendance entre représentations artistiques et bibliques

20

 
 

2.3.2 La représentation du corps. . . . . . . . . . . . .

21

 
 

2.3.3 La représentation de la femme. . . . . . . . . . .

21

 

2.4

Les tropes .................. . ... . . . . . . . . . . . . .

22

III L'hominité ou la construction mythique de l'homme préhistorique 23

3 Interprétation a représentation globaae de l'Homme prééistoriiqe 2

3.1 Sémantique ................... . ... . .. . . . . . . . . 25

3.1.1 Le terme Evointion 25

3.1.2 Le terme Homo sapiens 26

3.1.3 Le terme Cro-magnon 26

3.1.4 Le terme Néanderta1 26

3.2 Le point de vue et l'objet. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3.2.1 La volonté d'objectivité. . . . . . . . . . . . . 27

3.2.2 Idéologies ................ . ... . . . . . . . . . . . . 29

3.2.3 Stéréotypes . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

3.3 Le problème de la vulgarisation scientifique 31
3.4 Ethos, scénographie, construction mythiquebrève conclusion de notre

recherche .................................. . . 33

3.4.1 Notre démarche sémiologique. . . . . . . . 33

3.4.2 L'Homme cet être unique. . . . . . . . . . . . . . . . . 33

3.4.3 La place de la femme....... . .. . . .. . . . . . . . . . . . 34

3.4.4 L'Homme et son image fantasmée 36

3.5 Ouverture : l'Homme et son environnement 38






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery