Projet de développement communautaire en
Haïti : Méthodologie d'analyse des besoins locaux
présenté par
Nolex FONTIL
pour l'obtention du Master en Développement de
l'Université Senghor
Département Administration-Gestion
Spécialité Management de Projet
le 26 mars 2009
Devant le jury composé de :
Danièle BORDELEAU
|
Président
|
Directrice du Département Administration-Gestion
|
Bénoît DURET
|
Examinateur
|
Fondateur de l'Institut Mydiane, Vacour, France
|
Alain DELAGE
|
Examinateur
|
Directeur de la Filière Francophone de Gestion et
Commerce International, Université Aïn Shams, Le Caire, Egypte
|
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, je voudrais adresser mes
sincères remerciements à l'endroit :
- de l'université Senghor par le biais du Recteur,
Monsieur Fernand TEXIER, qui m'a accordé la bourse d'études qui
m'a permis de réaliser cette longue formation en Management de
projet ;
- du Professeur Gilles BERGERON de l'Université du
Québec à Montréal (UQAM) et Professeur associé de
l'université Senghor pour ses corrections et ses précieux
conseils dans la réalisation de ce mémoire ;
- de Madame Danièle BORDELEAU, Directrice du
département Administration-Gestion, pour ses corrections, ses directives
qui m'ont été très utiles ;
- de Madame Sophie TREINEN, ma directrice de stage de mise en
situation professionnelle à la FAO, pour son grand soutien pendant toute
la période du stage ;
- de l'ancien directeur du département, Monsieur Yves
LANGEVIN, pour son grand appui dans le choix et la formulation du sujet, son
soutien à la réalisation du mémoire.
Je dois également un grand remerciement à tous
les membres du personnel de l'université en général qui
m'ont été d'une manière ou d'une autre d'un grand soutien
durant ce long séjour en Egypte.
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à :
L'Eternel Dieu, pour son grand amour et sa
grâce ;
Mes chers parents Monsieur et Madame Calixte FONTIL, mes
grands amours ;
Mon neveu Woodson ALBERT que j'aime tant ;
Le grand Amour de ma vie Irvaline PIERRE ;
Kerline MONTPEROUSSE, une amie sincère et une grande
personnalité ;
Ma famille entière qui a vécu difficilement mon
absence.
Enfin, tous mes camarades de promotion qui, comme moi, ont bel
et bien vécu avec courage et détermination des moments difficiles
loin de leur terre natale.
LISTE DES
SIGLES
ACDI : Agence Canadienne de Développement
International.
ASEC : Assemblée de la Section Communale.
ASEG : Analyse Socio-économique selon le Genre.
BM : Banque Mondiale.
BRH : Banque de la République d'Haïti.
CASEC : Conseil d'Administration de la Section Communale.
CEPALC : Commission Economique pour l'Amérique Latine
et les Caraïbes.
CIA : Central Intelligence Agency
DANIDA : Agence Danoise pour le Développement
International.
EMMUS : Enquête sur la Mortalité, la
Morbidité et l'Utilisation des Services.
FAES : Fonds d'Assistance Economique et Sociale.
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture.
FMI : Fonds Monétaire International.
GAR : Gestion Axée sur les Résultats.
GCP : Gestion du Cycle de Projet.
GR : Gestion des Résultats.
GTZ : Coopération Technique Allemande pour le
Développement.
IDH : Indice de Développement Humain.
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique.
IOV : Indicateur Objectivement Vérifiable.
MARP : Méthode Accélérée de
Recherche Participative.
MCL : Méthode du Cadre Logique.
NORAD : Agence Norvégienne de Développement et
de Coopération.
NTIC : Nouvelle Technologie de l'Information et de la
Communication.
OCDE : Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique.
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
ONG : Organisation Non-Gouvernementale.
ONGI : Organisation Non-Gouvernementale Internationale.
ONU : Organisation des Nations Unies.
PIB/ha : Produit Intérieur Brut par habitant.
PIPO : Planification des Interventions par Objectifs.
PMI : Project Management Institut.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
PVD : Pays en Voie de Développement.
UE : Union Européenne.
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
URSS : Union des Républiques Socialistes et
Soviétiques.
USA : Etats-Unis d'Amérique.
USAID : Agence des Etats-Unis pour le Développement
International.
ZOPP : Planification des Projets par Objectifs.
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES
iii
LISTE DES ILLUSTRATIONS
viii
Liste des figures
viii
Liste des tableaux
viii
RESUME
ix
ABSTRACT
x
INTRODUCTION
1
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DU SOUS DEVELOPPEMENT
HAÏTIEN
4
1.1 Quelques mots sur le contexte mondial du
développement
4
1.2 Contexte général d'Haïti
5
1.3 La problématique de la pauvreté
d'Haïti
6
1.3.1 Historique de la pauvreté haïtienne
6
1.3.2 Les implications socio-économiques
6
1.4 Les projets communautaires dans la lutte contre la
pauvreté en Haïti
10
1.4.1 Le contexte, les acteurs et leurs rôles
10
1.4.2 Incidences et les contraintes principales
identifiées
10
1.4.3 La question de recherche
13
1.5 Importance du sujet dans le contexte d'Haïti
13
1.6 Objectifs
15
1.6.1 Objectif global
15
1.6.2 Objectif spécifique
15
CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE
16
2.1 Développement
16
2.1.1 Définition et origine
16
2.1.2 Evolution du concept
17
2.2 Projet de développement communautaire
19
2.2.1 Définition d'un projet
19
2.2.2 Définition du projet de développement
communautaire
19
2.2.3 Gestion du cycle de Projet
20
2.3 Gestion des projets de développement
communautaires
20
2.3.1 Les projets communautaires dans le contexte actuel
20
2.3.2 Cadre financier et organisationnel
21
2.3.3 Les principaux enjeux principaux
22
2.4 Analyse des besoins locaux
23
2.4.1 Approche conceptuelle
23
2.4.2 Fondement de l'analyse des besoins locaux d'une
communauté
24
2.4.3 Les approches
25
2.5 Les méthodes d'analyse des besoins
26
2.5.1 Méthode active de recherche participative (MARP)
26
2.5.2 Méthode du cadre logique
29
2.5.3 Gestion axée sur les résultats
31
2.5.4 Planification des interventions par objectifs
33
2.5.5 Analyse socioéconomique selon le genre
34
2.5.6 Analyses comparatives et critiques des méthodes
présentées
35
CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE DU TRAVAIL
38
3.1 Documentation
38
3.1.1 La catégorie de documentation théorique et
universitaire
38
3.1.2 La catégorie de documentation pratique ou de
terrain
38
3.2 Enquête
39
3.2.1 Buts de l'enquête et administration du formulaire
39
3.2.2 Critères de choix des enquêtés
39
3.2.3 Traitement des informations
39
3.3 Entretiens
40
3.4 Expérience du stage à l'agence des
Nations unies FAO
40
3.4.1 Résumé du contexte et du contenu du stage
40
3.4.2 Apport du stage à la réalisation du
mémoire
41
3.5 Contraintes de l'étude
42
CHAPITRE IV : ANALYSE DES BESOINS LOCAUX :
PROPOSITIONS POUR HAÏTI
43
4.1 Synthèse des résultats de
l'enquête de terrain
43
4.1.1 Présentation des Résultats
43
4.1.2 Interprétation des résultats et
conclusions
44
4.2 Le territoire, base du développement local
45
4.3 Proposition d'une méthodologie d'analyse
des besoins locaux
48
4.3.1 Quelle approche méthodologique ?
49
4.3.2 Le processus d'analyse des besoins
50
4.3.3 Format de présentation du cahier de charges local
58
4.4 Apports de cette proposition à la politique
nationale de développement
61
4.4.1 Un outil d'aide à la décision pour une
bonne politique nationale
61
4.4.2 Ses limites
61
CONCLUSION
62
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
64
ANNEXES
67
Annexe 1 : cycle de projet de la FAO
67
Annexe 2 : cycle de projet de l'UE
67
Annexe 3 : analyse des problèmes et des
stratégies
68
Annexe 4 : formulaire d'enquête
69
Annexe 5 : fiche des résultats de
l'enquête
71
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Liste des figures
Figure 1 Haïti dans les Caraïbes
5
Figure 2 PIB/ha d'Haïti en comparaison avec la
République Dominicaine
8
Figure 3 Cycle de vie du projet
20
Figure 4 Schéma de conformation des acteurs de
développement
22
Figure 5 Pyramide des besoins de l'Homme selon Abraham
Maslow
24
Figure 6 La chaîne des résultats de la
GAR
32
Figure 7 Découpage territorial et relation de
pouvoir en Haïti
46
Figure 8 Les diverses sources potentielles
d'idées susceptibles de conduire à un projet en Haïti
49
Figure 9 Schéma du processus d'analyse des
besoins locaux
50
Figure 10 Page de couverture type d'un cahier de
charges locales
58
Liste des tableaux
Tableau 1 Quelques indicateurs
socio-économiques sur Haïti
9
Tableau 2 Présentation des principaux outils de
la MARP
28
Tableau 3 Les phases de l'approche du cadre logique
30
Tableau 4 Structure du cadre logique
31
Tableau 5 Cadre de mesure du rendement
32
Tableau 6 Etapes de déroulement de la PIPO
33
Tableau 7 Les étapes d'analyse et les
principaux outils de l'ASEG
35
Tableau 8 Justificatifs de l'importance et des impacts
moyens ou plutôt faibles des projets communautaires
43
Tableau 9 Matrice de l'analyse des besoins
communautaires
56
Tableau 10 Table type de présentation des
priorités locales
60
Tableau 11 Table type des participants
60
RESUME
Les projets de développement communautaires sont, pour
Haïti comme tous les autres pays frappés par le mal du
sous-développement, un moyen judicieux de lutter contre la
pauvreté et la faim selon les termes des Objectifs du millénaire
pour le développement de 2000-2015. Ils sont une composante de la
nouvelle approche du développement, le développement local, qui
vise à faire participer les citoyens des collectivités au
développement national et d'en partager les résultats directs.
Ces projets s'orientent vers une catégorie spécifique de la
population qui a toujours été négligée et
exploitée à cause de leur situation socio-économique
marginale, de leurs moyens économiques précaires et de leur
faible pouvoir revendicatif ; ces personnes n'ont jamais pu prendre part
aux décisions concernant leur propre destinée. Après
environ deux décennies d'interventions pour une meilleure condition de
vie des communautés en difficulté, projeteurs,
spécialistes du développement, responsables politiques
réalisent que les impacts de ces interventions sont plutôt faibles
sur la réduction de la pauvreté dans le contexte
socio-économique haïtien. Certains estiment que les
activités conduites ont un trop grand écart par rapport aux
vraies attentes des communautés cibles. D'autres, par contre, pensent
que l'objectif des projets communautaires reste noble, mais, la prise en charge
post-projet par les bénéficiaires qui n'est pas efficace. Sur le
terrain, la question se pose sur la démarche du choix des interventions,
en particulier, l'efficacité des processus suivis et des outils
utilisés. Considérant l'importance de ces types de projets, en
tant qu'alternatives aux couches sociales infortunées pour se rattraper
dans le courant actuel du développement local et surtout pour
répondre à leurs besoins fondamentaux, nous nous sommes
intéressés à l'étude du problème sous le
thème « Projet de développement communautaire en
Haïti : méthodologie d'analyse des besoins locaux ».
L'objectif poursuivi est de proposer une approche
méthodologique assortie d'une boite à outils pour une analyse
plus efficiente des besoins des communautés locales en vue de
définir efficacement les priorités de développement.
Pour réaliser cette étude, des enquêtes
ont été menées sur le terrain et des interviews
réalisés avec des spécialistes du domaine du
développement. En outre, une analyse critique des principales
méthodes et outils courants utilisés dans le choix des projets
communautaires en Haïti a été effectuée.
Cette étude nous a permis de cerner le point de vue des
acteurs importants sur la situation actuelle des projets communautaires, de
mettre en évidence les contraintes qui caractérisent leur
fonctionnement et de relever des éléments de réponses aux
faiblesses des résultats obtenus après des interventions sur plus
de vingt ans. Fort des résultats de cette étude, nous avons
trouvé nécessaire, en guise de recommandation, de proposer d'une
approche méthodologique d'analyse des besoins locaux dans le cadre des
projets communautaires. Quelles sont la particularité, l'importance, la
limite de cette dite approche ? C'est quoi sa finalité ? Ce
sont autant de questions qui nous ont guidé dans l'élaboration de
la proposition méthodologique présentée à la fin du
présent travail.
Mots-clefs : Développement local,
projet communautaire, participation, communauté locale, besoins
locaux.
ABSTRACT
Community development projects in Haiti, as in all the other
countries hit by the danger of under-development, are considered as an
appropriate way to fight against poverty and hunger according to the terms of
the Millennium development goals of 2000-2015. They are a component of the new
approach of the development, the local development, which gives the people of
the local communities the opportunity to take part in the national development
and to share its direct benefits. These projects are directed towards a
specific category of the population which always was neglected because of their
marginal socio-economic situation, the weakness of their economic means and
their low capacity to claim. These people never could take part in the
decisions concerning their own destiny. After approximately two decades of
activities for a better living condition of the communities in difficulty,
project managers, specialists of development, political officials realize that
the impacts of these interventions are rather weak on the reduction of poverty
in the haïtian socio-economic context. Some people estimate that the led
activities have too a wide variation compared to true waiting of the target
communities. Others, on the contrary, think that the objective of the community
projects is good and correct; but, the people can't take charge of the
activities at the end of the project. On the field, the question arises on the
process to choice the projects, in particular, the effectiveness of the
followed processes and the tools used. Considering the importance of these
types of projects, as alternatives to the unfortunate social communities to
catch up the current of local development and especially to provide for their
fundamental needs, we were interested in a study of the problem under the topic
« Community project of development in Haiti: methodology for analysis of
the local needs ».
The aim of this research is to propose a methodological
approach supplied with a toolbox for a more efficient analysis of the needs for
the local communities in order to define the priorities of development
effectively.
To enrich this study, investigations in the field and
interviews with specialists were conducted. And moreover, a critical analysis
has been done on the principal methods and current tools used to choice
community projects in Haiti.
This study enabled us to carry out point of view of important
actors on the current situation of the community projects, to highlight the
constraints which characterize their performance and to raise of the brief
replies to the weaknesses of the results obtained afterwards more than twenty
years of interventions. In view of results of this study, we found necessary,
instead of recommendation, to propose an approach methodological to analyse of
local needs concerning the community projects. What are the characteristic, the
importance, the limit of the approach proposed? What is its finality? These are
questions that have guided us in the development of the methodological proposal
presented at the end of this work.
Key-words : Local development, community
project, participation, local community, local needs.
INTRODUCTION
Les projets de développement communautaires sont des
opportunités nouvelles créées dans le but de
répondre à des besoins fondamentaux, spécifiques et vitaux
des populations socio-économiquement les plus démunies. Ils
apportent aux communautés cibles des moyens techniques et financiers
pour promouvoir leur émancipation économique et sociale. D'une
manière générale, ils constituent sans conteste un moyen
mis au profit des groupes sociaux en difficulté pour se rattraper et
participer au développement local, nouvelle approche du
développement en vogue depuis les années 70.
En Haïti, ces types de projets sont d'une contribution
importante dans la lutte contre la pauvreté. Depuis la fin des
années 80, marquée par la chute précipitée par un
vaste mouvement politique, populaire et dévastateur du régime des
Duvalier détenant les rênes du pouvoir pendant environ trois
décennies (1957-1986), des centaines d'ONG et ONGI oeuvrent à
combler les disparités socio-économiques dans un pays que le
régime dictatorial a abandonné dans un état de
délabrement.
L'Etat voulant être plus interventionniste dans cette
campagne pour la réduction de la pauvreté a créé en
1990 une nouvelle institution, le Fond d'Assistance Economique et Social
(FAES), pour accompagner les communautés en difficulté par le
financement de petits projets de développement locaux. Ainsi un nombre
très important d'activités de ce genre ont été
menées pendant les 20 dernières années soit par ces ONG et
ONGI sur le terrain, soit par les institutions de l'Etat.
Pourtant, les opinions tant du côté de la
population que du côté des acteurs eux-mêmes sont
partagées sur les résultats ; les constats sur le terrain et les
statistiques montrent que les conditions de vie se sont plutôt
détériorées. Une telle situation suscite de nombreuses
interrogations sur l'efficacité des projets de développement
communautaires en dépit de l'importance de ces derniers aux yeux des
bénéficiaires. Certains critiques vont jusqu'à questionner
la manière dont ces projets ont été identifiés et
estiment que beaucoup d'entr'eux n'ont suivi aucune méthode. Pour
d'autres, l'absence d'une réelle implication locale serait à la
base de l'insuccès constaté de ces projets. En combinant
déjà ces points de vue, il y a lieu d'interroger aussi les
approches et les méthodes utilisées pour choisir ces projets. A
travers le thème « Projet de développement communautaire en
Haïti : Méthodologie d'analyse des besoins locaux », nous nous
sommes proposé de trouver le bien fondé de ces
préoccupations.
Par ailleurs, comme nous l'avons mentionné
précédemment, l'essentiel des critiques se porte sur la
qualité des initiatives de développement communautaires ;
c'est-à-dire, la faiblesse des impacts constatée aujourd'hui. Bon
nombre de projets mis en oeuvre appelés à perdurer cessent de
fonctionner ou tout simplement sont abandonnés dès qu'il n'y a
plus d'apport financier externe. Dans d'autres cas, différentes
infrastructures communautaires construites n'ont jamais été
exploitées, donc n'ont jamais rempli la mission qui a motivé leur
construction. Les investissements dans ce sens constituent un gaspillage et
auraient été plus utiles s'ils avaient pu valablement profiter
aux bénéficiaires.
L'une des hypothèses possibles serait que ces
activités ne vont pas dans le sens des besoins effectifs des
communautés bénéficiaires. Ainsi, ces initiatives ne sont
que des sources financières de brève échéance pour
les bénéficiaires pour qui les résultats sont de moindre
importance. Ainsi, faudra-t-il que ces projets, pour pouvoir contribuer au
développement, s'alignent sur les problèmes locaux que seules les
communautés maîtrisent vraiment pour les avoir vécus au
quotidien. Face à cet état de fait, il nous revient de poser
cette interrogation :
« Une meilleure lecture de la situation de ces
communautés et le choix participatif des alternatives ne pourront-ils
pas contribuer à améliorer la durabilité et les impacts
des projets de développement communautaires ? »
Cette question représente l'axe principal de la
réflexion de notre travail. Pour y répondre, nous avons
adopté une démarche méthodologique qui repose sur
plusieurs points :
- Une recherche bibliographique portant sur des ouvrages
théoriques sur le développement, des rapports de gestion de
projet ainsi qu'une exploration de diverses bases de données
statistiques haïtiennes et internationales (IHSI, BRH, FAO, NU, etc.) qui
a été effectuée pour trouver des informations
socio-économiques de base permettant de mieux décrire le contexte
de l'étude et son évolution, étayer la
problématique avec des faits concrets et élaborer, pour les
besoins de l'étude, une bonne revue de littérature ;
- Une enquête dont la démarche est décrite
dans le document a été réalisée sur le tas
auprès des techniciens et cadres d'ONG et d'institutions publiques
oeuvrant dans le domaine du développement en Haïti. Elle nous a
permis d'avoir l'appréciation faite par différents agents et
responsables d'institutions privées et publiques sur les
résultats des projets développement menés jusqu'ici dans
le pays et de connaitre également la perception et la maitrise des
techniques, des méthodes et des outils d'identification des
priorités locales mises aux points par des spécialistes et
institutions internationales telles PNUD, ACDI, EU, GTZ, etc. ;
- Des entretiens avec des spécialistes de
l'organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO)
ayant des expériences des terrains africains, ils ont été
portés sur « les besoins locaux » et
« participation » dans le cadre de l'amélioration de
la qualité des projets de développements ;
- Des éléments d'information d'un stage de mise
en situation professionnelle que nous avons réalisé à la
FAO à Rome de mai à juillet 2008 sous le thème «
bonnes pratiques agricoles et gestion des connaissances » ont
été également utilisés dans la réflexion
faite autour du sujet traité.
Toutes ces informations construites et analysées nous
ont conduit à fixer et réaliser l'objectif spécifique
suivant qui est :
« Proposer une approche méthodologique
assortie d'une boîte à outils pour une analyse plus efficiente des
besoins des communautés locales en vue de définir efficacement
les priorités de développement ».
Le plan organisationnel de ce travail se construit comme suit
:
- L'historique de la problématique du
sous-développement en Haïti et le rôle, l'impact et les
contraintes des projets de développement communautaires sur le terrain
;
- La revue de littérature en rapport avec le
thème du travail présentant la situation, les enjeux actuels du
développement et une analyse critique des approches suivies par les
acteurs ainsi que les principaux outils utilisés dans la recherche des
priorités en matière de développement au profit des
communautés socio-économiquement faibles ;
- La méthodologie qui décrit l'approche et la
méthode de collecte et de traitement des informations qui ont servi
à l'élaboration du travail ;
- La proposition méthodologique d'analyse des besoins
locaux en Haïti en conformité avec notre objectif
spécifique ;
- Enfin, la conclusion du travail.
CHAPITRE I
PROBLEMATIQUE DU SOUS
DEVELOPPEMENT HAÏTIEN
Haïti est l'un des pays les plus mal classés en
termes de niveau de développement après deux siècles
d'indépendance. Malgré tous les efforts tant nationaux
qu'internationaux, le pays a du mal à se tirer de son
sous-développement. Les interventions communautaires visant à
subvenir aux besoins des plus basses couches socio-économiques
n'apportent que des résultats bien au dessous de la satisfaction.
Dans ce premier chapitre de notre travail sur les projets
communautaires en Haïti, nous essayons de contextualiser la
problématique du sous-développement haïtien non de
manière isolée mais en intégrant des
éléments caractéristiques actuels de l'environnement
socio-économique et politique mondial. Nous exposons ainsi quelques
faits d'actualité sur le développement dans le monde, des causes
potentielles du sous-développement en Haïti. Ensuite, nous
présentons la situation des projets communautaires
considérés par plus d'un comme une stratégie efficace de
lutte contre la pauvreté ; c'est-à-dire, ses impacts, ses
faiblesses, ses forces et ses contraintes. Et, enfin, sont
présentés la question de recherche qui nous préoccupe,
l'importance de ce travail pour le pays et les objectifs qui y sont
poursuivis.
1.1 Quelques mots sur le
contexte mondial du développement
De la fin de la seconde guerre mondiale (1945) à
aujourd'hui, l'ordre économique mondial a fait de grands progrès
grâce au développement qu'ont connu de nombreux pays notamment de
l'Europe et de l'Asie suite à l'industrialisation. En effet, de 1950
à 1998, le produit intérieur brut (PIB) mondial a
été multiplié par six (OCDE, 2001)1(*). La mondialisation et les
Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) sont
venues débusquer les contraintes politico-commerciales et physiques par
la transformation de notre planète en une communauté ; le
« Global village », avec une plus grande
liberté de circulation (personnes, services, biens, capitaux, ...), des
moyens très efficaces d'exploration et d'exploitation de tous les types
de ressources où qu'elles puissent se trouver, permettant ainsi aux
peuples de s'affirmer et d'améliorer leurs conditions d'existence.
Malgré tous ces progrès économiques et
technologiques, la problématique de la pauvreté demeure critique
pour une grande partie de la population mondiale. Selon la Banque mondiale
citée par l'ONU lors de la réunion de haut niveau sur les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) tenue en
septembre 2008 à New York, 1.4 milliards de personnes dans le monde en
développement vivaient dans l'extrême pauvreté en 2005.
Depuis la signature, en l'an 2000, de la déclaration sur les OMD
constituant le cadre de référence mondiale pour les
décideurs internationaux et nationaux et dont l'objectif numéro
un (1) est « réduire l'extrême pauvreté et la
faim d'ici 2015 », les avis sur l'amélioration du cadre de vie
de la population sont mitigés. Le contexte mondial, devenant de plus en
plus difficile à cause des crises alimentaire et financière de
2008-2009, contribue à augmenter le niveau d'insécurité
alimentaire dans le monde et enfoncer davantage de gens dans la
pauvreté ; 53 millions de personnes supplémentaires
devraient être touchées par la pauvreté selon la BM2(*) . Ce qui permet de dire
qu'aujourd'hui l'enjeu est de taille par rapport à l'atteinte des OMD
qui semblent être de plus en plus utopiques. Aussi, demeure-t-il une
évidence que la question du développement des pays pauvres reste
toujours un défi, un but à atteindre.
1.2 Contexte
général d'Haïti
L'ile d'Haïti (
ýFigure 1) s'étend sur une
superficie de l'ordre de 78250 km2. Elle est la deuxième plus
importante des îles caraïbéennes de l'Amérique
baignées par l'océan Atlantique. Elle se situe entre les
latitudes nord 17° et 20° et les longitudes ouest 68° et
75°. La République d'Haïti, à l'ouest, partage cette
île avec la République dominicaine, à l'est, qui
s'étend sur environ deux tiers de la superficie totale. La
République d'Haïti, quant à elle, possède une
superficie de 27750 Km2 dont 75 % de montagnes et 25 % de plaines.
Elle a un climat semi-aride avec une pluviométrie moyenne annuelle de
1461 mm (FAO, 2000)3(*).
Selon des projections de l'Institut haïtien de statistique et
d'informatique (IHSI), la population haïtienne estimée à
9,29 millions habitants en 2005 devra atteindre les 10 millions d'ici
l'année 2010.
Figure 1
Haïti dans les Caraïbes
Source : Microsoft ® Encarta ® 2006
[DVD]. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation
Ancienne colonie française de 1625 à 1803, la
République d'Haïti est le deuxième Etat de l'Amérique
après les Etats-Unis à conquérir son indépendance
proclamée le 1er janvier 1804 en renversant le système
colonial et esclavagiste établi par la France durant environ deux
siècles. Bien que deux fois centenaire, la première
République noire indépendante n'a pas pu encore se tirer du
gouffre du sous-développement, elle se retrouve aujourd'hui
enlisée dans une situation de crises socio-économiques et
politiques ayant jalonnées toute son histoire.
1.3 La
problématique de la pauvreté d'Haïti
1.3.1 Historique de la pauvreté haïtienne
La nation haïtienne, depuis l'indépendance du pays
en 1804 contestée au départ par les puissances coloniales de
l'époque, est en proie à des crises politiques internes
épisodiques qui secouent le pays avec des conséquences
néfastes sur l'investissement privé et les programmes nationaux
de développement, rendant ainsi le pays infertile à toute
tentative de changement socio-économique. Le compromis entre anciens et
nouveaux libres pour se libérer du joug de l'esclavage s'est vite
dissipé dans les divergences économiques et politiques qui se
sont manifestées dans le pays au lendemain même de
l'indépendance.
La politique haïtienne est caractérisée par
la division et des luttes intestines créant une dichotomie sociale
pernicieuse (Noir/Mulâtre, Gens de la ville/Gens de la campagne, etc.) et
alimente la haine et l'intolérance. Les bévues politiques ont
déjà atteint plusieurs fois le summum comme les troubles
sociopolitiques de 1985-1986 pour mettre un terme au régime des Duvalier
au pouvoir pendant environ trois décennies (1957-1986). Elles ont par
ailleurs entraîné des interventions militaires dans le pays en
1915 et 1994 par les USA, en 2004 par les forces de sécurité des
Nations Unies après un chambardement politique et une recrudescence de
la violence et de l'insécurité. En outre, nous ne pouvons pas
ignorer le facteur de corruption décrié tant au niveau interne
qu'externe et ses impacts sur l'économie tout en étant une
entrave majeure au développement du pays ; ainsi, une bonne partie
des ressources du pays ont été détournées par des
régimes au pouvoir.
1.3.2 Les implications socio-économiques
Préoccupés au début par la sauvegarde de
l'indépendance et pendant tout le cours de l'histoire par les conflits
politiques, les responsables nationaux ont toujours relégué au
second rang les aspects sociaux et économiques essentiels au devenir de
la nation. Les conséquences économiques et sociales sont
aujourd'hui catastrophiques. En effet, la majeure partie des populations vivant
dans les zones reculées s'est retrouvée marginalisée.
Aux luttes politiques sont venues se greffer les agitations
sociales provoquées par la pauvreté. A cause de ces
instabilités, les activités économiques nationales se sont
révélées très peu efficaces et la pauvreté
ne fait que s'élargir avec des incidences sur toutes les couches de la
population. La situation s'est davantage détériorée
à la fin des années 80. Cette période coïncide avec
les grandes reformes institutionnelles en lien avec la modernisation
prônée par le Fonds Monétaire international (FMI), la
Banque Mondiale (BM) ; ce qui a conduit à une augmentation du taux
de chômage dans le pays. Un autre évènement marquant a
également vu le jour à cette même époque, il s'agit
de la libéralisation du marché haïtien. Cette
dernière décision a eu l'effet particulier
d'accélérer le déclin de la production nationale peu
compétitive constituée dans sa plus grande partie par la
production agricole, peu encadrée par les responsables étatiques.
Nous voulons aussi souligner que le secteur agricole représente la
principale source de revenus pour plus de 59 % de la population active du pays.
Le rapport annuel de 2006 de la Banque de la République d'Haïti
(BRH) montre que, depuis 1998, la production agricole a toujours
représenté plus d'un quart (¼) du PIB.
Dans son rapport d'étude sur la pauvreté en
Haïti réalisée en 2005, Rémy Montas, consultant du
projet « Stratégies non-conventionnelles pour le
développement économique en Haïti » de la
Commission Economique pour l'Amérique latine et les Caraïbes
(CEPALC), a relaté des déterminants de la grande pauvreté
haïtienne dont nous présentons quelques uns qui ont, encore
aujourd'hui, leur sens. Ce sont donc :
- Faiblesse du capital financier, pénurie
monétaire, faiblesse chronique des revenus publics et taxation
régressive ;
- Dégradation du capital physique (routes, ponts, ports,
systèmes d'irrigation) ;
- Drainage des capitaux par paiement d'indemnité à
colons et dette internationale ;
- Croissance démographique en présence des
ressources naturelles limitées.
Accablée, une importante partie de la population tant
des villes que des zones rurales a fait le choix de la migration. Aussi
beaucoup de gens ont-ils laissé le pays pour se rendre dans d'autres
pays notamment aux Antilles, aux USA, en République Dominicaine, au
Canada, etc. L'exode rural massif enclenché particulièrement au
début des années 90 a provoqué la pression de la
bidonvilisation dans les proximités des villes principales. Ce
résultat des processus cumulatifs d'instabilité politique et de
mauvaise gouvernance a conduit à un tableau sombre de la situation
actuelle d'Haïti. L'économie nationale souffre d'une
évolution fébrile avec un taux de croissance du Pib assez faible,
2.30 % en 2006 (BRH, 2006 ; IHSI, 2007) et 3.2 % en 2007 (IHSI, 2007).
Le PIB/hab. d'Haïti se situe entre 1600 et 1900 $ US (
ýFigure 2, p.
8), presque cinq fois inférieur à
celui de la République Dominicaine ; avec plus de trois quarts
(¾) de ses 8.5 millions d'habitants vivant en dessous du seuil de
pauvreté de 2 dollars par jour. Le pays se retrouve ainsi être
l'Etat le plus pauvre de l'Amérique. Donc, la pauvreté affecte la
population tant dans les villes que dans les zones rurales.
Particulièrement, dans les villes de peu d'importance où l'Etat
est moins présent, la situation est plus grave. Egset et Sletten
cités dans le document « Carte de pauvreté d'Haïti,
version 2004 » établi par les autorités nationales,
estiment que 69 % des gens dans des villes en dehors de l'aire
métropolitaine et 82 % dans les zones rurales vivent dans la
pauvreté (moins de 2 $ US/jour). Quant au chômage, il concerne
plus de 32 % de la population des individus âgés entre 15 et 64
ans.
Figure 2 PIB/ha d'Haïti en comparaison avec la
République Dominicaine4(*)
Source : Réalisée à partir des
données tirées de « Indexmundi » dans
[http://www.indexmundi.com/fr/haiti/] (page consultée le 30 août
2008).
Outre la pauvreté économique, nous voulons
signaler la pauvreté sociale laquelle englobe l'ensemble des carences
des conditions sociales de base à savoir le manque d'accès
à des services vitaux comme l'alimentation, la santé,
l'éducation, l'alphabétisation, l'assainissement, etc. Selon les statistiques fournies dans l'
« Enquête sur la mortalité, la morbidité et
l'utilisation des services, EMMUS IV (2006) », 24 % des enfants de
moins de 5 ans souffrent de malnutrition, 61 % des enfants de 6 à 59
mois ont une forme quelconque d'anémie. Du point de vue sanitaire, la
tendance n'est pas différente, l'accès à l'eau potable
demeure une préoccupation ; toujours d'après la même
source précédente, seulement 55 % de la population consomment une
eau provenant d'une source améliorée5(*), 50 % des ménages ne
disposent pas de toilettes.
Tableau 1 Quelques indicateurs
socio-économiques sur Haïti
Indicateurs
|
Valeurs, unités
|
Source des informations, année
|
Population totale,
|
9.29 millions d'habitants
|
IHSI, estimation pour l'année de 2005
|
Taux de la population en milieu urbain
|
43.2 %
|
IHSI, estimation pour l'année de 2005
|
Taux de la population en milieu rural
|
56.8 %
|
IHSI, estimation pour l'année de 2005
|
Taux de croissance de la population
|
2.493 %
|
CIA, estimation 2008
|
Taux d'alphabétisation (personne de dix (10) ans et
plus)
|
61,0 %
|
IHSI, 2003
|
Taux de scolarisation dans le primaire
|
50 %
|
UNICEF, 2006
|
Taux de mortalité infantile
|
84 %o
|
PNUD, 2007
|
Taux de mortalité maternelle
|
630 pour 100 000
|
EMMUS IV, 2006
|
Taux de prévalence du Vih/Sida dans la
Population
|
3,8 %
|
UNICEF, 2005
|
Taux de la population ayant accès à un
système d'assainissement amélioré
|
34 %
|
UNICEF, 2002
|
Incidence de pauvreté
|
76 %
|
EGSET, W. et P. SLETTEN, 2003
|
Espérance de vie à la naissance
|
60 ans
|
UNICEF, 2006
|
Taux de la population utilisant des sources d'eau potable
améliorées
|
56 %
|
UNICEF, 2004
|
Taux de chômage (Population âgée de 15
à 64 ans)
|
32,62 %
|
IHSI
|
Rang dans le classement de l'Idh
|
146e/
|
PNUD, 2007
|
Taux de croissance du Pib
|
3,2 %
|
IHSI, 2007
|
Pib per capita
|
739 $ US
|
IHSI, 2007
|
Taux d'inflation
|
10 %
|
IHSI, 2007
|
Dette externe
|
1.41 milliards $Us
|
BRH, 2006
|
Source : Réalisé à partir des
diverses sources contenues dans la colonne « sources des
informations, année »
1.4 Les
projets communautaires dans la lutte contre la pauvreté en
Haïti
1.4.1 Le contexte, les acteurs et leurs rôles
L'état de dégradation du cadre de vie dans le
pays, notamment dans les quartiers populaires des grandes villes et des zones
reculées le plus souvent à accès difficile en raison de
l'enclavement de la plus grande majorité de ces milieux, a touché
les consciences jusqu'au-delà des frontières. Ainsi, depuis
plusieurs décennies, différents acteurs publics, parapublics et
privés nationaux et internationaux interviennent dans la mise en oeuvre
de microprojets éparpillés un peu partout à travers le
territoire national en vue d'aider différentes communautés des
bidonvilles, des quartiers populaires et des milieux ruraux à
améliorer leurs situations sociales et économiques.
Couramment désignés sous l'appellation de
projets communautaires, ces activités menées directement par les
communautés ou parfois conjointement avec un appui technique externe ou
avec un partenaire financier aident les bénéficiaires à
promouvoir leurs activités économiques et améliorer leur
cadre de vie. En 1990, l'Etat haïtien, de son coté, a pris
l'initiative de créer un organisme public, le Fonds d'assistance
économique et sociale (FAES), avec la mission de venir en aide aux
communautés défavorisées. Le FAES aide celles-ci à
développer leur capital social et leur assure le financement des
activités prioritaires identifiées par elles mêmes mais
avec des appuis techniques. A coté de cet organe étatique,
environ 413 Organisations non-gouvernementales (ONG)6(*) nationales,
étrangères et internationales supportent des activités de
développement par leurs apports financier ou technique. Elles
interviennent majoritairement dans les domaines clefs : Agriculture et
pêche, environnement, éducation, santé, artisanat, etc. Il
nous est très difficile d'apporter des données exactes sur le
nombre ni le budget des projets supportés par ces institutions ;
car, elles interviennent à la fois dans des zones et des domaines
différents. Certaines jouent également des rôles de
plaidoyer ou de négociation auprès d'organisations caritatives
dans les pays développés. En raison de la mauvaise gouvernance
mise au compte de l'administration publique ainsi que les constantes crises
sociopolitiques, une bonne partie de l'aide internationale transite à
travers ces ONG pour atteindre les bénéficiaires ;
d'où leur rôle important dans la lutte contre la pauvreté
dans le pays.
1.4.2 Incidences et les contraintes principales
identifiées
Selon les résultats de notre enquête d'opinion
sur le terrain réalisée dans le cadre de ce travail (Annexe 5, p.
71), plus d'un reconnaît que les ONG offrent
une contribution de proximité dans divers secteurs d'activités
économiques, sociales et de protection de l'environnement. Elles
contribuent de plus à l'éveil de la conscience des
communautés défavorisées et reculées quant à
leur responsabilité dans le développement de leur propre zone et
à l'amélioration de leur environnement. Globalement, les projets
communautaires ont une incidence directe sur l'état de progression des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ; car,
sont directement concernées ces couches de la population qui sont les
principales cibles des OMD. En effet, en milieux urbains comme ruraux, les OMD
réunissent les problématiques liées à la
pauvreté, l'éducation, la santé, l'assainissement, etc.
Les ONG qui interviennent en milieu rural encouragent la protection de
l'environnement et fournissent leurs appuis financiers et techniques non
négligeables à des groupements d'agriculteurs qui en profitent
pour améliorer le fonctionnement de leurs exploitations.
Pourtant, comme dans beaucoup d'autres pays
bénéficiaires de ces formes d'assistance, les résultats de
ces interventions sont mitigés. Sur le terrain, les professionnels
affirment que les impacts sont plutôt faibles (Résultats de notre
enquête, Annexe 5, p.
71). Au regard de la situation actuelle, peu de
choses ont effectivement changé en dépit de l'abondance des
activités dites de développement menées jusqu'ici par les
ONG et les institutions publiques intervenant depuis déjà
plusieurs décennies sur le terrain. Plusieurs raisons peuvent expliquer
ce manque d'efficacité des actions entreprises par ces acteurs du
développement, qui sont essentiellement l'absence de synergie entre les
actions et l'absence d'ancrage social des actions.
Absence de synergie entre les actions
Les statistiques sur les ONG montrent que plusieurs centaines
d'organisations de développement opèrent dans le pays et se
croisent régulièrement sur le terrain. Selon les constats sur le
terrain, nombreuses d'entr'elles exécutent leurs programmes
indépendamment les unes des autres selon leurs approches dans une
même aire géographique et parfois dans un même
secteur ; ce qui entraîne de nombreux cas de duplication des
projets. Très souvent, les approches et les méthodes se
révèlent antagonistes et entraînent des effets pervers au
sein des communautés. Selon les résultats de l'enquête
menée dans le cadre de l'étude, les répondants ont
décrit la situation en ces termes :
- Faute de coordination et de synergie dans les actions,
témoignage des faiblesses institutionnelles ;
- Corruption, manque de crédibilité des promoteurs
locaux, les dépenses administratives élevées, manque de
suivi ;
- L'obstacle principal est l'absence de continuité dans
les affaires de l'Etat. Les Conseils communaux (CM), les Conseils
d'administration de section communale (CASEC), les Assemblées de section
communale (ASEC) étant des élus locaux mettent le plus souvent
les réalisations apportées par un projet à leur compte
pour en faire un capital politique, ce qui représente de fait une autre
contrainte au fonctionnement de ces types de projet.
Manque d'ancrage social des actions
Beaucoup de programmes exécutés ont
été choisis sur des bases de la bonne volonté des ONG, de
certaines influences politiques, sociales ou de contacts, sans une
réelle prise en compte des réalités du terrain. En effet,
la majorité de ces interventions sont conçues en dehors
mêmes des réalités locales. Selon un cadre d'organisation
de développement ayant répondu à notre enquête
« les bénéficiaires n'ont pas participé
à la planification des projets. Les potentiels locaux sont souvent
négligés dans la planification, la mise en oeuvre et la gestion
des projets ». L'approche participative préconisée
dans la gestion des projets de développement depuis le début des
années 80 n'est que récemment utilisée dans le contexte
haïtien. La méthode accélérée de recherche
participative (MARP) et le Diagnostic global rapide et participatif (DIGRAP)
sont les principales méthodes fondées sur la dite approche
utilisées par les professionnels. Cependant, le manque d'appropriation
des principaux outils, et la non-adaptation de ces derniers aux
réalités haïtiennes rendent leur utilisation
difficile ; leur emploi constitue, dans bien des cas, un simple exercice
répétitif suite à un séminaire de quelques jours
(Résultats de notre enquête : Annexe 5, p.
71).
Dans ces conditions, la plupart de ces programmes ou projets
ont connu des difficultés dans leur mise en oeuvre. En
référence aux expériences personnelles que nous avons eues
sur le terrain, soit en tant que coordonnateur de projet, soit comme
prestataire de service technique ou à travers d'autres occupations, nous
voulons signaler que lors des rencontres d'acteurs impliqués ou de
comités de pilotage, la population affiche une certaine opposition
à l'exécution de certaines activités prévues
jugées non conformes à leurs attentes. Selon un autre cas de
figure, les bénéficiaires cherchent uniquement à profiter
des avantages immédiats de ces projets comme par exemple vendre leurs
forces de travail.
En outre, il y a lieu de souligner « le flou
dans la participation et la faiblesse des engagements de la plupart des acteurs
locaux ». Comme le confirment les résultats de notre
enquête, ces acteurs, les directions des Ministères
concernés par le projet, les autorités locales (Conseil
municipal, Conseil d'administration de la section communale), les associations
et les groupements locaux, sont généralement peu impliqués
dans les actions en dépit du fait qu'ils constituent les piliers sur
lesquels repose la durabilité post-projet des livrables acquis. Ainsi
plusieurs centres de santé, écoles communautaires ont
été édifiés sans être réellement
utilisés aux fins sanitaire et éducative pour lesquelles ils ont
été construits. De même, des infrastructures (canaux
d'irrigation, routes, etc.), des structures de protection de sols, etc. ont
été aménagées et ont eu des durées de
service relativement très courtes ; ils n'ont pas pu produire les
impacts souhaités du fait du manque d'un véritable ancrage
social ; ce qui traduit manifestement la déficience de ces choix
qui sont loin d'être les priorités des
bénéficiaires. Entre temps, la situation se dégrade
davantage et la pauvreté s'accélère.
1.4.3 La question de recherche
Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons
réaliser que la problématique de la gestion des projets
communautaires, d'une part, s'articule fondamentalement autour de l'implication
des acteurs de base et de l'ancrage social des actions, lesquels font
défaut et d'autre part, elle se manifeste par une insuffisance des
résultats tant à court terme pour les effets qu'à long
terme pour les impacts. En outre, on enregistre une certaine confusion des ONG
sur le terrain. Cette confusion se traduit par une duplication des actions sur
un même territoire ; elles sont souvent conduites selon des
approches d'exécution antagonistes.
En conclusion, nous pouvons dire que l'essentiel de la
problématique se pose au tout début du processus de gestion des
projets de développement communautaires, c'est-à-dire, à
la phase d'identification. Ainsi, n'étant pas rigoureusement
maitrisée, les manquements à cette phase du projet se
répercutent-ils à toutes les autres étapes de son cycle de
vie en agissant négativement sur les critères de qualité
du projet tels : la pertinence, l'efficacité, l'efficience, les
impacts, etc.
Nous pouvons nous poser la question suivante : une
meilleure lecture de la situation de ces communautés et le choix
participatif des alternatives ne pourront-ils pas contribuer à
améliorer la durabilité et les impacts des projets de
développement communautaires ? Par rapport à cette
préoccupation, une analyse efficiente et efficace de la situation au
sein des communautés pourrait permettre de pallier ces
inconvénients, nonobstant, elle doit être faite de manière
concertée avec tous les acteurs concernés directs ou indirects.
Alors, faudra-t-il bien que des outils efficaces se trouvent disponibles pour
pouvoir concrétiser une telle démarche. Ainsi sommes-nous
amené à choisir le thème suivant pour notre
mémoire : « Projet de développement
communautaire en Haïti : Méthodologie d'analyse des besoins
locaux ».
1.5 Importance du
sujet dans le contexte d'Haïti
Nous voulons signaler au départ que, depuis
déjà plus d'une quinzaine d'années, toute une mobilisation
pour le développement d'Haïti est orientée vers le
développement local. Les autorités nationales, dans le cadre d'un
renforcement de ce processus de développement local, ont pris tout une
série de mesures d'accompagnement de proximité des
communautés dont la création en 1990 du Fond d'assistance
économique et sociale (FAES) décrit précédemment,
des tentatives de renforcement des collectivités locales en mettant
à leur disposition cadres et moyens financiers.
L'essence du travail que nous projetons à travers ce
thème est celle de fournir un guide de référence
adapté au contexte haïtien pour le diagnostic et l'analyse des
problèmes qui pourrait servir à tous les acteurs du
développement communautaire et local (ONG et structures
étatiques) dans le cadre d'un développement réel et
participatif. Il permettra de trouver une meilleure adéquation
entre les réelles aspirations socio-économiques des
localités et les actions de développement en fournissant aux
décideurs, aux institutions locales publiques et privées une
méthode efficace pour mieux juger de la qualité des
interventions. Il devra aussi combler les déficiences dans la
maîtrise du processus de la gestion de projet, notamment aux
étapes de diagnostic et d'analyse des situations, par une approche
méthodologique intégrante, adaptée. Enfin, outre
l'anticipation de certains problèmes courants du terrain tels, la
duplication, l'incohérence des actions et leur incompatibilité
avec les besoins réels des communautés qui seront résolues
à la base, notre travail facilitera davantage l'implication de tous les
acteurs locaux (population, autorités, ONG, organisations locales,
etc.) à la recherche de synergie et une meilleure responsabilisation en
vue d'améliorer la qualité des projets, d'en assurer la
durabilité et de rationaliser les investissements.
1.6
Objectifs
1.6.1 Objectif global
Dans le cadre de cette étude, l'objectif global
poursuivi est : Améliorer l'efficacité des projets
communautaires dans le cadre du processus développement local en
Haïti.
1.6.2 Objectif spécifique
Notre objectif spécifique est : Proposer une
approche méthodologique assortie d'une boite à outils pour une
analyse plus efficiente des besoins des communautés locales en vue de
définir efficacement les priorités de développement.
La situation socio-économique est préoccupante
et dans les villes et dans les zones rurales. Vu la gravité de la
situation, gouvernement et acteurs de terrain admettent que les projets
communautaires demeurent un moyen qui peut permettre d'améliorer les
conditions de vie dans les zones défavorisées. Pourtant, sur les
impacts de projets après plus de vingt années
d'expériences, les avis sont plutôt négatifs. Les critiques
sont surtout : absence de transparence et de participation locale,
inexistence de coordination et de synergie entre les interventions et le manque
d'ancrage social caractérisé par une trop forte influence
politique. En outre, les outils d'analyse des besoins communautaires sont peu
maitrisés et sont estimés peu efficaces par les utilisateurs sur
le terrain.
Notre réflexion se poursuit autour de la question
visant à impliquer d'avantage dans les recherches : les
bénéficiaires, les autorités locales et les autres acteurs
potentiels comme les autorités au niveau national et
intermédiaires, les bailleurs de fonds et les ONG qui interviennent sur
le territoire. En conséquence, nous nous sommes fixés les
objectifs précédents. L'étape suivante est une
présentation des connaissances, acquis sur le développement et
ses dérivés, le projet communautaire et ses principales
méthodes et outils. Elle comprend aussi une analyse critique faisant
ressortir l'importance et la faiblesse des approches, méthodes et outils
utilisés dans l'analyse des besoins locaux de manière
générale et par rapport au contexte haïtien en
particulier.
CHAPITRE II
REVUE DE
LITTERATURE
Pour mieux cerner la question que nous nous sommes
fixés dans le cadre de ce travail et pour pouvoir y répondre
valablement et également atteindre les objectifs de départ, nous
nous sommes attelés à établir un cadre théorique
documenté des concepts et éléments clefs de notre
thème de travail. A ce sujet, nous avons recherché ce que disent
les spécialistes et théoriciens du développement, quelques
expériences de techniciens et d'ONG du développement in situ et
enfin le contenu, la valeur, l'efficacité, de différents
méthodes et outils utilisés dans la gestion des projets
communautaires. En effet, dans cette partie, l'accent est mis sur la
conceptualisation du développement, ses appréhensions, son
évolution et sur les projets de développement communautaires et
l'analyse des besoins, les approches et les méthodes. A la fin, nous
présentons une analyse comparative et critique de ces approches et
méthodes, leurs forces, leurs faiblesses, leurs avantages et leurs
contraintes sur le terrain en tenant compte des différents points de vue
des techniciens qui ont répondu à notre questionnaire
d'enquête dans le cadre de cette étude.
2.1
Développement
2.1.1 Définition et origine
Le « développement » est
un concept polysémique utilisé dans divers domaines ; on dit
développement d'un être vivant pour expliquer l'apparition de
nouveaux organes, son évolution vers la maturité ; le
développement d'une entreprise est un processus de changement pour
rendre celle-ci plus performante, plus compétitive par des choix
stratégiques ou des innovations. Dans le cadre de cette étude, il
a plutôt une connotation anthropo-socio-économique,
c'est-à-dire qu'il se rapporte à l'état des conditions de
l'existence humaine dans un milieu. Dans son rapport cité par Rist
(2001), la Commission Sud (1990) a formulé la définition suivante
:
Le développement est un processus qui permet aux
êtres humains de développer leur personnalité, de prendre
conscience en eux-mêmes et de mener une existence digne et
épanouie. C'est un processus qui libère les populations de la
peur du besoin et de l'exploitation politique, économique et sociale.
C'est par le développement que l'indépendance politique acquiert
son sens véritable. Il se présente comme un processus de
croissance, un mouvement qui trouve sa source première dans la
société qui est elle-même en train d'évoluer.
(p.329)
La définition de cette commission des
représentants de 25 pays du sud, est particulièrement originale.
En effet, le développement est un processus endogène à la
fois économique, social et politique qui favorise
l'épanouissement et l'autonomie d'une population dans son milieu
d'évolution.
Durant de la seconde moitié du 20ème
siècle, particulièrement dès la fin de la
2ème Guerre Mondiale (1939-1945), la situation
politico-économique mondiale allait connaître un
déséquilibre sans précédent avec le déclin
de l'Europe suite aux conséquences lourdes de la guerre et la
montée en puissance des Etats-Unis. Parallèlement, d'autres
enjeux se dessinaient sur la scène politique internationale ; les
alliés devaient se protéger contre une expansion des idées
communistes sous le leadership de l'URSS, l'antipode de la vision capitaliste
occidentale. La guerre froide s'était en effet amorcée. C'est
dans ce contexte particulier de post guerre et de grands mouvements
idéologiques que le développement allait prendre une importante
dimension politique avec sa consécration par le président
américain Truman en annonçant, lors de son discours d'investiture
du 20 janvier 1949, le « Point IV » du plan
Marshal spécifique aux pays sous-développés. Cette
déclaration a fait un très grand écho, ce fut «
l'ère du Développement » (Rist, 2001).
2.1.2 Evolution du concept
Le développement n'est pas constant mais évolue
et s'adapte aux réalités socio-économiques et politiques
changeantes des sociétés. Plusieurs raisons expliquent cette
évolution : l'inefficacité des projets entrepris jusque dans les
années 1990 pour sortir les masses de la pauvreté (Blanchet,
2001), les retombées négatives de l'industrialisation sur
l'environnement. D'autres qualificatifs ont été ajoutés au
concept. Nous ne nous attarderons pas sur tous les attributs qui y ont
été apportés ; cependant, certains méritent
d'être soulignés étant donné qu'ils font
l'actualité et constituent la ligne de mire et de propagande de beaucoup
d'organisations locales, nationales et internationales en ce début du
21ème siècle qui réclament une autre forme de
développement, un développement durable et équitable.
Développement durable et équitable
De nos jours, il parait inconcevable à l'esprit des
développementistes des actions de développement qui ne prennent
pas en compte les générations futures. Les recherches montrent
que l'industrialisation, soubassement de la modernisation, est à
l'origine de grandes perturbations environnementales au point de mettre en
péril de nombreux écosystèmes. Cependant, des millions de
gens continuent de patauger dans la misère. Les problèmes
environnementaux seront toujours présents et plus menaçants tant
que les populations doivent avoir à affronter la misère et
l'injustice (Brundtland, 1987)7(*). Aujourd'hui, les esprits convergent plutôt vers
un développement qui touche toutes les couches sociales, un
développement avec une forme d'exploitation des richesses naturelles
avec moins d'impacts sur l'environnement et une distribution équitable
des profits sans toutefois compromettre l'existence des futures
générations.
Développement intégré
Le développement intégré peut être
défini comme une vision globale et stratégique du
développement qui intègre tous les facteurs susceptibles
d'influencer le processus de développement de manière à
réduire au strict minimum ceux capables d'impacts négatifs. Il
s'agit d'un développement logique et rationnel qui prend en compte tous
les aspects y compris toutes les conditions nécessaires dans un but de
croissance (Morise, 1992).
Développement participatif
Le développement participatif est né du constat
des échecs des actions entreprises par des organisations de
développement des années 70 (Blanchet, 2001). Il consacre la
légitimité du droit des communautés à participer
dans les décisions les concernant. Selon l'OCDE, cité par Yoda
(2004).
Le développement participatif suppose davantage de
démocratie, un plus grand rôle pour les organisations locales, une
plus grande autonomie administrative, le respect des droits de la personne
humaine, y compris les systèmes juridiques efficaces et accessibles...
(p.15)
Développement local
Le développement local est une nouvelle approche du
développement fondée sur le partenariat, la mobilisation et la
participation des forces vives locales (Pecqueur, 2000). Il vise la
valorisation des ressources par des acteurs locaux organisés en
partenariat pour créer de la richesse, du travail (Boucher et al.,
2001). Pour Mangin (1989) cité par Bonnal (1995),
Le développement local c'est pour les
sociétés locales la faculté de relocaliser leur
développement, en s'appuyant sur les caractéristiques de leur
espace: richesses naturelles, humaines, spécificité de l'espace,
organisation sociale propre, tradition culturelle. Pour cela, il faut que la
société "récupère" un certain nombre de fonctions
sur cet espace, mais aussi opère une sorte de rupture avec le
passé. Le développement local vise ainsi à recréer
un espace structuré par des pôles, relativement autonome, capable
de négocier avec l'extérieur...8(*)
Le développement local est ainsi une voie de sortie
pour les communautés par rapport à la mondialisation (Leloup et
al., 2007).
Développement communautaire
Le développement communautaire répond
spécifiquement à un besoin socio-économique des
catégories défavorisées de la population. C'est une
spécificité du développement local qui offre des
possibilités aux couches désavantagées sur un territoire
d'entreprendre et de participer à des activités en vue
d'améliorer leurs conditions socio-économiques. Douglas,
cité par André (2007), parle de développement
économique communautaire ; pour lui, il est « ... un ensemble
d'actions collectives visant la satisfaction d'intérêts locaux
à caractères socio-économiques »9(*). Selon lui, le
développement communautaire conduit à ce qu'il appelle «
économie sociale ou alternative » qui se veut un processus
de développement appuyé sur « la gestion collective, la
recherche de la rentabilité sans objectif d'enrichissement »
mais dont la production répond aux vrais besoins de la
communauté.
2.2 Projet de
développement communautaire
2.2.1 Définition d'un projet
D'après le « Project Management
Institut » (PMI) :
Un projet est toute activité réalisée une
seule fois, dotée d'un début et d'une fin
déterminée et qui vise à créer un produit ou un
savoir unique. Il peut nécessiter la participation d'une seule ou de
milliers de personnes. Sa durée peut être de quelques jours ou de
plusieurs années. Il peut être entrepris par une seule
organisation ou par un groupe d'organismes intéressés. Il peut
s'agir de quelque chose d'aussi simple que l'organisation d'un
événement d'une journée ou d'aussi complexe que la
construction d'un barrage sur une rivière. (p.3)
Les organismes de développement nationaux ou
internationaux ont élaboré leurs définitions
adaptées à leur contexte, selon leur politique sans être
trop différentes de celle du PMI. Pour l'UE (2004) « Un projet
est un ensemble d'activités visant à atteindre, dans des
délais fixés et avec un budget donné, des objectifs
clairement définis » (p.8). Toutes les
définitions apportées au concept « projet »
sont fondées sur ses caractéristiques particulières ;
il s'agit d'une initiative nouvelle, inhabituelle et singulière à
réaliser dans un temps défini avec une quantité
réaliste de ressources.
2.2.2 Définition du projet de
développement communautaire
Un projet de développement communautaire peut
être défini comme une action réalisée dans un
objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d'un
besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation,
travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.) d'une
communauté d'hommes et de femmes leur permettant de s'épanouir
dignement. « Il tente d'en valoriser les qualités (ressources,
atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en contourner les
contraintes. » (Daniel, 2003 : p.1). Il implique des groupes
d'intérêts divers notamment des membres de la communauté,
les autorités locales et des agents externes d'appui technique et
financier.
2.2.3 Gestion du cycle de Projet
Un projet passe par une série de phases successives
entre lesquelles il n'existe pas réellement de démarcation ;
elles sont toutes particulièrement importantes et déterminantes
pour la réussite du projet, elles définissent « le
cycle de vie du projet ». Le nombre de phases du cycle de vie
d'un projet n'est pas constant, il dépend du type de projet ainsi que
des acteurs en présence.
Figure 3 Cycle de vie du projet
Source : Langevin, 2006.
Dans le cadre des projets de développement de la
coopération, les phases dépendent de la politique
stratégique des pays ou des organisations concernées. Par
exemple : pour la FAO, le cycle du projet comprend six phases (Annexe 1, p.
67), les projets de l'UE en comportent cinq
(Annexe 2, p.
67). La gestion du cycle de projet est un ensemble
d'outils qui permettent de s'assurer du bon déroulement de chacune de
ces phases de manière à optimiser les chances de réussite
du projet.
2.3 Gestion des
projets de développement communautaires
2.3.1 Les projets communautaires dans le
contexte actuel
Les statistiques sur l'état de la pauvreté dans
le monde d'aujourd'hui sont alarmantes, en 2004, environ 2,5 milliards10(*) de personnes devraient se
retrouver en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 2 dollars
US par jour selon la BM rapportée par l'ACDI. La plus grande
majorité de ces pauvres se trouve dans les pays en voie de
développement de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie du Sud. Pourtant,
dans son « Rapport de suivi mondial 2007 », la BM
relate une légère réduction de la pauvreté en 2004
en comparaison à l'année 1990 ; ce qui serait un bon signe
pour la projection relative au premier objectif des OMD,
« Réduire de moitié l'extrême pauvreté
dans le monde » d'ici 2015. Cependant, par rapport à la
réalité socio économique actuelle, la crise
financière plus que redoutable déclenchée par la crise du
« Subprime » déclarée en 2007 avec
un impact mondial ; la crise alimentaire aggravée depuis le
début du deuxième trimestre 2008, ne font qu'empirer la situation
des Pays en voie de développement (PVD) et pourraient compromettre
l'atteinte des OMD. Les projets de développement communautaires
demeurent une opportunité pouvant permettre aux populations pauvres
d'aspirer à un mieux être. Ils pourraient être un moyen
efficace dans la lutte contre la pauvreté et la faim. En effet, ils
s'adressent aux communautés marginalisées en leur offrant la
possibilité de valoriser les ressources de leur espace. Ils sont en
outre un moyen de renforcer les organisations locales, lesquelles constituent
le potentiel qui doit constituer la base même du développement
à plus grande échelle, le développement national.
2.3.2 Cadre financier et
organisationnel
La gestion d'un projet de développement fait intervenir
différents acteurs : les communautés
bénéficiaires qui, bien souvent, ne sont pas en mesure de
répondre aux exigences financières et techniques des
activités, l'Etat national, à travers ses structures
déconcentrées, intervient en général par ses
apports financier et technique. D'autres acteurs ont confiné leurs
rôles dans l'exécution au coté de la communauté.
D'autres, par contre, se spécialisent comme intermédiaires des
agences de financement. La figure ci-dessous présente une configuration
générale des différentes parties prenantes dans un projet
de développement communautaire.
Figure
4 Schéma de conformation des acteurs de développement
Source : Beaudoux et al., 1992
2.3.3 Les principaux enjeux
principaux
Les populations des pays en développement vivent de
sérieux problèmes socioéconomiques. De nombreuses
communautés urbaines ou rurales n'ont pas accès aux services
sociaux de base comme l'alimentation, l'éducation, l'assainissement,
l'eau potable, les soins de santé, etc. Les petits projets de
développement, en très grande partie financés par des
agences de développement publiques, des Ong étrangères ou
des institutions internationales, ont pour but de permettre à ces
communautés de faire face à ces grandes préoccupations.
Les expériences des années 70-80 dans le développement ont
abouti à des résultats très faibles selon les avis
mitigés des acteurs. Ces projets conçus et exécutés
par des experts excluaient toute implication locale. Blanchet (2001) affirme
que « La participation des populations, un indicateur incontournable,
est à la base de l'évolution du travail social dans les pays du
Sud » (p.697). Pourtant, bien des projets entrepris selon cette
approche ont aussi échoué. En cas d'échec et selon les
causes, les effets peuvent être très négatifs. Des
communautés peuvent manifester une certaine méfiance par rapport
à d'autres interventions futures ; un échec de projet peut
être même source de conflits internes. Ainsi toute action de
développement se conçoit sur une base participative et ne doit
être un facteur d'aggravation de la situation-problème.
D'où la nécessité d'une approche méthodologique
simple mais efficace, applicable au territoire, compréhensible et
assimilable par les communautés de manière à faciliter la
participation et augmenter les chances de réussite des interventions.
2.4 Analyse
des besoins locaux
2.4.1 Approche conceptuelle
Qu'est-ce qu'un besoin ?
Selon l'Encyclopaedia universalis11(*), la notion de besoin renvoie
aux termes « nécessité,
pauvreté », donc une situation de désir,
d'insatisfaction, ce qui nous permet de dire qu'il s'agit d'un indice
d'insuffisance dans les relations de l'Homme et les ressources. Les besoins ne
sont pas immédiatement accessibles, ils sont souvent peu conscients ou
inexprimés et ne sont pas toujours légitimes (Soriano, 2005).
Généralement, les besoins sont catégorisés comme
suit :
- Les besoins primaires : ce sont les besoins psychologiques
ou élémentaires indispensable à la survie de l'être
humain (se nourrir, se reproduire, être en santé, etc.) ;
- Les besoins secondaires : ils sont d'ordre matériels
(loisirs, se déplacer, etc.) ;
- Les besoins fondamentaux : c'est la catégorie la
moins indispensable ou la moins importante, ces besoins sont d'ordre
existentiel ou philosophique, ils portent sur l'envie de l'individu de
questionner, de réfléchir.
Dans sa théorie sur les besoins publiée en 1943
dans l'article original « A Theory of Human
Motivation », le psychologue américain Maslow
établit des différences entre les différents types de
besoins ; il les présente sous une forme pyramidale de cinq niveaux
comme le montre la figure suivante.
Figure
5 Pyramide des besoins de l'Homme selon Abraham Maslow
Source : Citée par Bergeron, 2001.
Les besoins locaux ou communautaires
Au niveau d'un territoire, les individus ont des besoins
divers et variés dépendamment des origines, du sexe, de
l'âge, du statut socio-économique, etc. Cette diversité des
besoins rend délicate et un peu complexe la définition des
besoins globaux dans une communauté. L'ACDI, organisme canadien de
développement intervenant dans divers pays sous-développés
d'Afrique et d'Amérique, fonde sa politique sur les
« besoins humains fondamentaux ». Ces derniers
comprennent, au sens de l'Agence, ceux que nous avons
précédemment identifiés comme les besoins primaires. Par
ailleurs, les besoins locaux intègrent des conditions et des moyens qui
doivent permettre l'exploitation et la valorisation des ressources du
territoire en vue de l'épanouissement des communautés qui
l'habitent.
2.4.2 Fondement de l'analyse des besoins
locaux d'une communauté
La décision de répondre à un
problème donné ne peut être uniquement le fait de
l'intuition hasardeuse. En effet, une décision prise dans une pareille
condition peut se révéler aussi dangereuse ou même plus que
la situation problème elle-même. Dans une société,
une mauvaise décision, comme nous l'avons déjà
souligné, peut conduire à des problèmes de simples
conflits à des catastrophes ; en plus, ses impacts peuvent durer
longtemps. En matière de développement, quand les actions ne
respectent pas certaines normes techniques ou qu'elles n'ont pas
été bien évaluées avec la prise en compte d'un
certain nombre de facteurs internes (l'état des ressources, les
opportunités, les menaces, les dimensions économiques et sociaux
culturelles, etc.) et externes (les politiques nationales, les relations inter
communautaires, etc.), elles s'avèrent onéreuses et leurs
incidences sont souvent malheureuses. En ce qui concerne les projets, leur
durée et leurs coûts dépassent les prévisions et
dans certains cas, leurs effets négatifs n'ont pas été
anticipés (Bishop, 2002). L'inadéquation entre les actions de ces
projets et le contexte socio-économique en est, selon l'agence des
Nations Unies, l'une des causes principales.
L'analyse des besoins est une approche stratégique qui
permet d'abord d'évaluer une situation problème dans tous ses
aspects de manière à en trouver la solution la plus
économique et qui est suffisamment apte à transformer le
problème ou tout carrément l'éliminer. Les
communautés ont des caractéristiques intrinsèques qui
résultent des vus et vécus de leur histoire ; ces
caractéristiques sont aussi importantes pour être prises en compte
dès le début des projets de développement.
« L'analyse des besoins permet la compréhension de la
problématique en prenant en compte la vision, les représentations
portées par les bénéficiaires finaux. Elle débouche
sur des pistes d'actions visant à accompagner le public cible
... » (Soriano, 2005)12(*). Une étape d'analyse a donc une place
prédominante dans le choix des projets communautaires. Elle aide
à mieux cerner les configurations de la problématique locale,
à identifier les forces ainsi que les faiblesses des communautés
cibles, à connaître leurs priorités et à faire une
bonne traduction des informations en des actions concrètes
d'accompagnement, en d'autres termes leur véritable cahier de charges
qui sera alors un compromis entre les différentes composantes
sociales.
2.4.3 Les approches
La gestion des programmes et des projets de
développement a connu un grand changement dans l'approche adoptée
dans le processus de l'identification, de l'élaboration, de la mise en
oeuvre et du suivi de leurs activités.
L'approche top-down
L'approche « top-down » qui est
littéralement « l'approche du haut vers le bas » a
prédominé la gestion des projets de développement dans les
années 70 et 80. Ceux-ci ont été conçus par des
experts puis amenés et implantés dans les communautés sans
toutefois avoir eu les opinions des bénéficiaires ; ils ont
échoué en grand nombre. A titre d'exemple, les résultats
de plusieurs projets réalisés pendant 10 ans au Togo ont
été partagés entre les acteurs ; les projets se sont
révélés non viables et non durables (Blanchet, 2001). La
pertinence de cette approche a été remise en cause. Aujourd'hui
son utilisation est contestée par de nombreux spécialistes et les
organisations de développement.
L'approche bottom-up
Selon cette approche les actions de développement
doivent émerger du territoire par un processus qui permet aux
bénéficiaires de s'exprimer, de proposer et de participer pendant
tout le déroulement de ces actions. Plus d'un s'accorde à dire
que cette approche permet de renforcer la viabilité et la
durabilité des programmes et des projets ; elle les rend plus
efficaces à promouvoir le développement. C'est l'approche qui est
aujourd'hui la plus utilisée par les acteurs.
L'approche participative
Les acteurs du développement tant ceux qui sont sur le
terrain que ceux qui sont au niveau de la coopération financière
et technique reconnaissent le bien fondé de la participation de toutes
les parties prenantes dans les actions. Pour Harou et al. cités par
Lambert (2007) « Elle est la contribution des citoyens à la
construction de réponses aux besoins de la collectivité et (ou)
des différents groupes qui la composent »13(*). Son importance repose sur le
rôle que doivent jouer les communautés dans leur propre
développement ; « c'est l'occasion offerte aux
populations hommes et femmes de s'exprimer sur leur situation actuelle, de
participer et de prendre des décisions sur leur futur à savoir
leurs priorités de développement » (FAO, 2002).
2.5 Les méthodes d'analyse des
besoins
Il existe plusieurs méthodes qui ont été
mises au point pour identifier les besoins des communautés et
réaliser la gestion des projets. Yoda (2004) en a identifiées et
présentées près d'une quinzaine. Ces méthodes ont
été développées entre la période 1970-1990
soit par des organisations de développement soit par des techniciens
ayant une longue expérience de terrain. Dans le cadre de notre travail
nous avons choisi certaines d'entr'elles pour notre réflexion et comme
support de notre proposition dans le contexte particulier d'Haïti. Ces
méthodes de la littérature consultée relative à
l'identification des projets et à l'analyse des besoins en
matière de développement combinent les approches
« bottom-up » et participative. Notre choix est
fondé sur la flexibilité et l'adaptabilité de ces
méthodes, leurs pertinences éprouvées dans divers
contextes de pays en développement, et, leur utilisation importante en
Haïti.
2.5.1 Méthode active de recherche
participative (MARP)
D'après Ilboudo (2002) cité par Yoda (2004), la
MARP a été élaborée en 1960 par des chercheurs
suite au constat d'échec du transfert de technologie en direction des
pays pauvres. Cependant, ce n'est que dans les années 1970 et 1980
qu'elle allait être répandue dans les pays asiatiques et
africains. Plusieurs définitions lui ont été
accordées. Les praticiens la définissent comme un processus
intensif, itératif et rapide d'apprentissage s'appuyant sur une
équipe pluridisciplinaire. Elle accorde une grande importance au
savoir-faire local et cherche à trouver une combinaison avec les
connaissances scientifiques de façon à mieux les mettre en
valeur.
Description de la MARP
La MARP est divisé en quatre types selon les besoins et
la finalité de l'analyse en perspective, ainsi distingue-t-on :
- La MARP exploratoire qui permet d'identifier les principaux
problèmes d'une zone donnée et de formuler des hypothèses
d'actions préliminaires possibles ;
- La MARP thématique, elle est utilisée pour
approfondir des thématiques déjà identifiées
à partir de la MARP exploratoire ;
- La MARP de planification participative est la méthode de
planification d'une action de manière conjointe avec les
bénéficiaires ;
- La MARP d'évaluation participative sert à
l'évaluation ex-ante de l'action en vue d'anticiper et de minimiser les
risques d'échec.
Comme toute méthode, la MARP fournit une panoplie
d'outils pour l'identification des besoins, le choix des solutions, la
planification, la mise en oeuvre et le suivi des actions arrêtées.
Nous en présentons une synthèse dans le tableau suivant.
Tableau 2 Présentation des principaux outils de
la MARP
Type d'Analyse
|
Désignation de l'outil
|
But ou finalité de l'outil
|
Caractéristiques socio-économiques
|
Interview semi-structuré
|
Collecte d'informations auprès des populations par une
interaction avec les interviewés à partir d'un nombre restreint
de questions prédéfinies.
|
Profil historique
|
Réalisation d'une synthèse des faits historiques
qui sont survenus dans la communauté tout en dégageant leur
importance dans la situation actuelle.
|
Transec
|
Présentation d'une vision suivant une coupe mettant en
évidence les profils du relief et les principales utilisations faites
de l'espace.
|
Cartes
|
Représentation des différentes catégories
sociales, la distribution des ressources suivant les visions endogènes
des populations.
|
Analyse organisationnelle
|
Diagramme de Venn
|
Mise en évidence des organisations, associations ou
groupes internes et externes qui sont susceptibles d'influencer les
décisions, détermination des relations qui existent
entr'elles.
|
Diagramme de polarisation ou de flux
|
Détermination des différentes formes de relation
(causes-effets) entre les variables étudiées des
communautés.
|
Diagramme système
|
Etudes des relations entre les différentes composantes au
sein d'un même système.
|
Arbre des problèmes
|
Etablissement des priorités à partir d'un
classement des problèmes identifiés, et analysés suivant
leur ampleur, leurs impacts sur les populations.
|
Analyse temporelle
|
Calendriers
|
Appréciation des opportunités et des contraintes
dans le temps (jour, saison, année, etc.) relatifs aux changements des
variables de l'étude.
|
Classification
|
Grille de priorisation ou Matrice préférentielle
|
Classification des solutions envisageables en fonction des
urgences, de leur pertinence, leur faisabilité.
|
Matrice de classement par ordre de richesse
|
Répartition des populations par catégorie en
fonction de leurs niveaux sociaux par rapport à des
références préétablies.
|
Analyse des solutions
|
Analyse de faisabilité
|
Identification des atouts et contraintes financiers, sociaux,
environnementaux, techniques des différentes solutions souhaitables.
|
Grille de programmation
|
Planification des activités en fixant les allocations des
ressources et moyens, les responsabilités, les durées, les
extrants.
|
Cahier de suivi
|
L'outil suivi permet d'enregistrer des informations au cours de
l'évolution de l'action dans le but d'ajuster sa progression.
|
Grille d'évaluation
|
Appréciation des résultats partiels et finaux par
rapport aux objectifs planifiés.
|
Source : inspiré des notes tirées de Yoda,
2004.
2.5.2 Méthode du cadre
logique
La méthode du cadre logique (MCL) a été
mise au point à la fin des années 60 au profit de l'USAID (UE,
2004). « L'approche du cadre logique », avec des
règles spécifiques, mène à une matrice qui contient
la totalité du projet sous sa forme résumée, le
« Cadre Logique ». La méthode du cadre
logique est utilisée dans la planification, l'exécution, le suivi
et l'évaluation des interventions de développement. Aujourd'hui,
parmi le nombre important des organismes, sans compter l'USAID, qui
l'utilisent, nous distinguons :
- ACDI à travers une adaptation le
« Managing development Result » (MDR) en
français la Gestion axée sur les résultats (GAR) ;
- GTZ par sa version allemande le
« Ziel-Orientierte Projekt-Planung » (ZOPP) en
français la Planification des interventions par objectifs
(PIPO) ;
- UE, sous sa version Gestion du cycle de Projet (GCP) ;
- et d'autres comme la BM, NORAD, DANIDA, etc.
L'approche du cadre logique
L'approche du cadre logique permet aux parties prenantes
d'identifier, d'analyser conjointement une problématique et de
définir des objectifs pour la résoudre ; elle aboutit au
cadre logique. Elle est un processus avec deux phases principales (UE, 2004)
:
- une phase d'analyse ;
Cette phase permet aux parties prenantes de s'enquérir
de la situation problème et d'analyser de manière approfondie les
aspects sociaux, économiques, organisationnels ainsi que les
alternatives pour arriver à la situation désirée. C'est
également au cours de cette phase que sont évalués les
atouts, les risques. Quatre éléments principaux sont
analysés à cette phase, les parties prenantes, les
problèmes, les objectifs et la stratégie.
- une phase de programmation ;
Elle est l'étape de planification de la
stratégie d'intervention et l'élaboration du cadre logique. Ce
dernier sert à la préparation des différents outils
annexes dont le calendrier des activités, le calendrier des
ressources.
Tableau 3
Les phases de l'approche du cadre logique
Sources : Commission Européenne, 2004.
Configuration du cadre logique
Le cadre logique est un outil de programmation, de suivi et
d'évaluation de projet. Il est une forme matricielle de la planification
du projet selon une certaine logique de sorte qu'il soit compréhensible.
Le cadre logique est constitué de quatre colonnes et de quatre lignes
comme le montre la figure ci-dessous.
Tableau 4
Structure du cadre logique
Source : Commission Européenne, 2004.
2.5.3 Gestion axée sur les
résultats
La gestion axée sur les résultats (GAR) est une
méthode de l'ACDI. Elle est une version de l'approche du cadre logique
adaptée à la politique de l'organisation, selon elle :
La GAR est un moyen d'améliorer l'efficacité et
la responsabilité de la gestion en faisant participer les principaux
intervenants à la définition de résultats escomptés
réalistes, en évaluant les risques, en suivant les progrès
vers l'atteinte des résultats escomptés, en intégrant les
leçons apprises dans les décisions de gestion et les rapports sur
le rendement.14(*)
La GAR est fondée sur le principe selon lequel
« un résultat est un changement descriptible ou mesurable
amené par une relation de cause à effet ». Ainsi des
dispositifs d'outillage ont été élaborés en vue de
contrôler et de mesurer les résultats ; nous citons le
« cadre de mesure du rendement ».
Description de la méthode
La GAR accorde une grande importance à la participation
des parties prenantes à tous les niveaux du cycle du projet. Elle repose
sur six éléments clefs : participation des intervenants,
définition des résultats escomptés, détermination
des hypothèses et des risques, choix des indicateurs de rendement,
collecte d'information sur le rendement et rapports sur le rendement. Ces
éléments font partie intégrante du cycle de vie du projet.
La gestion des résultats des projets, selon cette approche, est
décrite à trois niveaux liés entr'eux par une relation de
causes à effets : les extrants issus de la progression des
activités, les effets produits par des extrants combinés et enfin
les impacts. L'ensemble définit la chaine des résultats de la
GAR.
Figure
6 La chaîne des résultats de la GAR
Source : ACDI, dans
[http://www.acdi-cida.gc.ca/CIDAWEB/acdicida.nsf/Fr/EMA-218132656-PPK]
(consulté le 13 septembre 2008)
Le cadre de mesure du rendement (
ýTableau 5) est l'outil de base de la GAR
pour la mesure des progrès accomplis par le projet. Sa
réalisation part de la définition des indicateurs, les valeurs de
références pour les activités et chaque niveau des
résultats. Le cadre de mesure du rendement exige aussi des informations
sur les sources de vérification, les méthodes de collecte des
données, les responsabilités pour les différents
indicateurs définis.
Tableau 5
Cadre de mesure du rendement
Source : ACDI, dans
[http://www.acdi-cida.gc.ca/CIDAWEB/acdicida.nsf/Fr/EMA-218132656-PPK]
(consulté le 13 septembre 2008)
2.5.4 Planification des interventions
par objectifs
Comme la GAR, la planification des interventions par objectifs
(PIPO) est apparentée à la méthode du cadre logique.
Celle-ci a subi des modifications de la part de l'organisation internationale
allemande, GTZ, qui a travaillé à améliorer ses faiblesses
en y ajoutant la phase d'analyse et la technique visuelle pour proposer sa
propre méthode, la PIPO, dans les années 80. Elle est en fait une
procédure et un ensemble d'outils qui permettent d'analyser, de
planifier, d'exécuter et d'évaluer des interventions par
objectif.
Description de la méthode
La PIPO est basée sur la participation de
manière à rassembler et à utiliser au maximum le savoir
faire et les compétences des groupes concernés ; son
efficacité dépend beaucoup de la capacité de
l'équipe pluridisciplinaire qui la conduit. Les principaux outils de la
PIPO comprennent le brainstorming, les techniques de visualisation
(métaplan), l'arbre des problèmes, l'arbre des objectifs (Annexe
3, p.
68). La démarche PIPO comprend deux grandes
étapes ; la première est l'analyse qui se porte sur les
organisations, la problématique, les objectifs et les stratégies,
et la seconde, la programmation qui conduit à l'élaboration de la
matrice de planification.
Tableau 6 Etapes de déroulement de la PIPO
Etapes
|
Phases
|
Contenu de la phase
|
Approche/Outils
|
Analyse
|
Analyse du contexte et de la participation
|
· La situation problème, l'environnement, les
ressources, les atouts de la zone, les contraintes, etc.
· Identification et caractérisation des individus,
des groupes, des institutions ayant un intérêt dans
l'intervention
· Intérêts, motifs, opinions
· Potentiel et force, faiblesse et crainte
· Implication dans l'intervention
|
Brainstorming, les techniques de visualisation
(métaplan)
|
Analyse des problèmes
|
· Identification des problèmes et du problème
central
· établissement d'une relation cause-effet entre les
problèmes
|
Hiérarchie des problèmes (arbre des
problèmes)
|
Stratégies
|
Description de la situation souhaitée à partir des
énoncés positifs de l'arbre des problèmes qui est devenu
l'arbre des objectifs selon une relation moyens-fins
|
Diagramme ou arbre des objectifs
|
Planification
|
Elaboration de la matrice de planification
|
· Description de la logique d'intervention
· Description des suppositions (les hypothèses
· Formulation des IOV
· Sources de vérification
· Détermination des coûts
|
Cadre logique
|
Source : Inspiré des notes tirées de Yoda,
2004.
2.5.5 Analyse socioéconomique
selon le genre
Connu sous le nom de l'ASEG, l'analyse socioéconomique
selon le genre est une autre méthode initiée par la FAO en 1993
pour améliorer l'efficacité des programmes et des projets de
développement. Elle veut aussi assurer des actions en conformité
avec les besoins des bénéficiaires. Cette méthode est une
combinaison des méthodes de la gestion du cycle de projet, du cadre
logique et des techniques du diagnostic rapide qu'elle intègre dans des
approches participative et d'analyse selon le genre.
Description de la méthode
L'ASEG a pour objectifs principaux d'abord d'identifier les
besoins, les responsabilités et les priorités des
différents groupes de la population, ensuite de repérer les
interdépendances entre les politiques, les programmes et les projets
ainsi que leurs effets sur les moyens d'existence de la population et enfin de
déterminer les potentialités d'action pour le changement.
L'ASEG repose sur trois principes ; le genre (sexe,
âge, niveau socioéconomique, appartenance ethnique, religion), la
priorité des catégories sociales défavorisées et la
participation. Le but de cette méthode est d'intégrer ces
principes à toutes les phases du cycle de vie des projets et des
programmes; des outils ont été prévus pour qu'elle puisse
être utilisée à tous les niveaux des politiques de
développement, le niveau macro (le niveau d'élaboration des
programmes, le niveau national), le niveau intermédiaire (le niveau des
organisations, des institutions) et le terrain (lieu d'exécution de
l'action, niveau des bénéficiaires).
Tableau 7 Les étapes d'analyse et les
principaux outils de l'ASEG
Activités de l'ASEG
|
Contenu de l'activité
|
Méthodes et Outils
|
Etude préliminaire
|
Impulsion du changement
Nature du problème
Analyse des parties prenantes
|
Principes et démarches d'un diagnostic rapide, Approche
participative, Exploitation de l'information existante
Diagramme de Venn (outils d'analyse des parties prenantes)
|
Analyse de la situation
|
Contexte de développement
|
Transec, Carte sociale du village, Carte des ressources du
village, Graphique des tendances, Profil institutionnel, Diagramme de Venn
|
Analyse des moyens d'existence des individus, des ménages
et des communautés
|
Diagramme du système d'exploitation, Tableau d'analyse des
avantages, Horloge des activités quotidiennes, Calendrier saisonnier,
Carte illustrée des ressources, Matrice des revenus et des
dépenses
|
Besoins, contraintes et ressources nécessaires
|
Organigramme des problèmes, Diagramme de l'analyse des
problèmes, Diagramme de Venn des parties prenantes, Matrice des conflits
et des partenariats
|
Priorités de développement des parties prenantes
|
Hiérarchisation des actions potentielles et Contributions
nécessaires
|
Matrice de classement des problèmes, Plan d'action des
meilleurs enjeux, Plan d'action communautaire provisoire
|
Source :
Réalisé à partir des notes tirées de l'ASEG, FAO,
2002.
2.5.6 Analyses comparatives et critiques
des méthodes présentées
Plus d'un estime que beaucoup d'efforts ont été
faits de 1980 à aujourd'hui pour apporter un plus grand rendement
aux projets et du coup pour promouvoir le développement des PVD. Les
leçons tirées des actions des années 70 ont permis de
découvrir que les communautés ont aussi un rôle à
jouer dans le processus. Ainsi, des méthodes et de nombreux outils de
développement fondés sur la participation des parties prenantes
ont été élaborés. Ceux que nous avons
présentés dans les pages précédentes, nous
permettent de dire qu'au niveau de la conception, ils renferment tous des
moyens pouvant permettre effectivement d'atteindre des résultats. Les
manières prévues pour identifier et exécuter des projets
prennent en compte tous les aspects socio-économiques, culturels, de
genre dans le but de mieux les adapter et surtout d'assurer l'efficacité
et la durabilité de ces projets. Cependant, aucune de ces
méthodes ne représente une garantie de réussite (UE,
2002). Et d'ailleurs, beaucoup de chercheurs, et d'institutions qui ont
eux-mêmes contribué à l'élaboration de ces
méthodes émettent des réserves sur leur efficacité.
Les outils proposés affichent tous leurs limites. S'ils servent bien aux
responsables de gestion de projets pour l'exécution, le suivi et
l'évaluation, les acteurs de terrain en particulier les utilisateurs ont
de la difficulté à s'en servir véritablement. Par exemple,
un animateur ne peut mener à bien la MARP ou quelque soit la
méthode que moyennant une bonne préparation préalable. Il
se pose un enjeu important ; la méthode, au lieu d'être un
instrument qui doit servir dans un processus de développement peut se
transformer en un simple exercice par des agents de terrain, comme par exemple
remplir le cadre logique. A propos de la MARP, l'organisme AQUADEV cité
par Yoda (2004) estime qu'elle peut être « quelquefois
extrêmement exigeante aussi bien sur le plan intellectuel que
physique » (p.117). Les résultats de notre enquête ont
confirmé la plupart des critiques formulées à l'endroit de
ces méthodes dont leur complexité et leur faiblesse dans le
processus d'analyse des problèmes et du choix des priorités de
développement.
A partir de la description des différentes
méthodes et de l'analyse précédente, nous pouvons affirmer
qu'elles ont des éléments de force qui les caractérisent
et justifient l'importance de leur utilisation dans l'identification des
projets ; néanmoins, elles présentent aussi des
inconvénients et des faiblesses qui limitent leur emploi
rationnel :
- Points forts
o Se reposant sur la participation et l'intégration de
tous les acteurs, toutes ces méthodes permettent de dégager une
compréhension commune de la situation-problème et une même
vision des choix à faire ;
o Elles permettent une transcription logique des interventions
en explicitant les relations de cause à effet et établissent
l'adéquation entre objectifs et ressources ;
o Sur le plan technique, elles donnent les moyens de
contrôler les interventions (suivi et évaluation) en
établissant aux préalables les critères et les indicateurs
qui sont eux aussi des résultats d'un compromis entre les acteurs.
- Points faibles
o Complexité de manipulation : l'utilisation des
outils demande beaucoup d'efforts intellectuels pour la plupart d'entr'eux, ce
qui les rend difficilement manipulables par des techniciens de niveau faible et
difficilement compréhensibles par les participants comme les
autorités locales, les membres de la population qui n'ont pas
nécessairement la capacité requise ;
o Insuffisance des outils : ils fournissent des
informations essentiellement qualitatives et par conséquent limite la
possibilité de faire une analyse beaucoup plus approfondie de la
situation à l'étude ;
o Exigence temporelle : l'approche participative, en
elle-même, demande beaucoup de temps pour être menée
à bien et pour favoriser, comme elle le veut, la participation et
l'implication de toutes les parties impliquées. Tous les participants
sont à priori ont leurs propres activités ; le temps est
donc précieux et a un coût.
En définitive, nous pourrions dire qu'aucune
méthode n'est parfaitement adaptée à un territoire, elle
dépend aussi des compétences de ceux qui la manipulent. Aussi,
aura-t-il toujours des ajustements à faire dans les outils et les
méthodes à utiliser dans un processus analyse de besoins et de
gestion de projets pour que tous les acteurs parlent le même langage
c'est-à-dire qu'ils se comprennent. Cette analyse nous permet de mettre
en évidence certaines avantages de ces méthodes. Sur le plan
technique, elles facilitent le travail de gestion (conception,
exécution, suivi-évaluation, etc.) des experts et des techniciens
avisés ; c'est-à-dire, des professionnels qui sont bien
imbus de ces méthodes ou qui ont le support intellectuel
nécessaire pour les maîtriser.
L'implication des bénéficiaires fait
l'unanimité chez les experts, responsables gouvernementaux et divers
acteurs du terrain comme étant une condition de base et essentielle au
succès des projets de développement. Les méthodes et tous
les outils élaborés pour l'étude d'une
situation-problème, la traduction des attentes communautaires, la
projection de la situation désirée sont loin d'être
définitifs ou de constituer la solution aux échecs des
interventions. Donc, la quête de la qualité des projets de
développement se poursuit. Aussi, nous revenons avec la question
cruciale autour de laquelle notre travail se concentre, à savoir :
une meilleure lecture de la situation des communautés et le choix
participatif des alternatives ne pourront-ils pas contribuer à
améliorer la durabilité et les impacts des projets de
développement communautaires ? En répondant par
l'affirmatif, nous tâcherons de présenter au chapitre 4 suivant la
méthodologie ci-après les éléments de l'objectif
spécifique de ce travail qui est « Proposer une approche
méthodologique assortie d'une boite à outils pour une analyse
plus efficiente des besoins des communautés locales en vue de
définir efficacement les priorités de
développement. ». Nous tenterons de rassembler dans un ordre
logique, structuré les composantes de notre proposition
méthodologique et de présenter chaque outil nécessaire
à chaque étape du processus d'analyse des besoins locaux de
développement.
CHAPITRE III
CADRE METHODOLOGIQUE DU
TRAVAIL
3.1
Documentation
Conformément à tout travail qui se veut d'un
fondement scientifique, nous avons effectué une bonne exploration des
connaissances théoriques, universitaires et pratiques relatives aux
concepts clefs du thème de recherche. A cet effet deux grandes
catégories de documentation ont été
consultées : une catégorie de documentation théorique
et universitaire, une catégorie de documentation pratique ou de
terrain.
3.1.1 La catégorie de
documentation théorique et universitaire
Cette catégorie de documentation nous a permis de
collecter des informations en vue cerner les différentes
appréhensions des concepts selon les diverses écoles de
pensées et de réaliser une appréciation critique des
différents points de vue sur le développement local ou
communautaire dans l'objectif de concevoir un cadre théorique en bonne
relation avec le travail réalisé.
3.1.2 La catégorie de
documentation pratique ou de terrain
La documentation pratique ou de terrain consiste en des
rapports de projets de développement, des articles sur des
expériences et des points de vue des institutions sensibles à la
problématique du sous-développement, de cadres et de
professionnels ayant travaillé dans des projets de développement
soit des ONG nationales et internationales soit des organismes étatiques
notamment en Afrique ou Amérique latine. Cette catégorie comprend
également différents guides et outillages élaborés
par des organismes internationaux dans le cadre de la promotion du
développement et de l'encadrement des acteurs de terrain. Les buts de
ces recherches sont les suivants :
- Evaluer la perception de responsables et de cadres d'ONG,
d'institutions étatiques et internationales sur les impacts des projets
de développement ;
- Déterminer la pertinence des critiques
énoncés à l'égard des approches et des
méthodes d'études des besoins des communautés et du choix
des priorités d'action prônées et entreprises sur le
terrain ;
- Etayer la problématique du travail avec des
données qui reflètent la réalité qui prévaut
dans le contexte d'Haïti.
3.2 Enquête
Dans la perspective de vérifier la pertinence de la
problématique traitée dans cette étude, de fonder
davantage les propositions qui y sont présentées et d'aligner
notre démarche sur une rigueur scientifique, nous avons
réalisé un sondage d'opinion sur le terrain au moyen d'une
enquête qualitative.
3.2.1 Buts de l'enquête et
administration du formulaire
Cette enquête a été réalisé
sous le thème « importance des projets de développement
communautaire et utilisation des méthodes d'études ou d'analyse
des besoins en Haïti. ». L'outil utilisé pour
réaliser cette enquête est un formulaire (Annexe 4, p.
69) élaboré à cette fin et
qui a été administré par courrier électronique.
Cette enquête de nature qualitative a permis de collecter des opinions de
responsables d'ONG, des professionnels et des universitaires en action sur le
terrain sur l'importance et les impacts des projets communautaires, des
informations sur le niveau d'utilisation et la perception des principaux outils
existants dans le cadre d'une analyse des besoins des communautés en
matières de développement.
3.2.2 Critères de choix des
enquêtés
Pour le choix des personnes à enquêter, nous
avons retenu les critères suivants ; la
personne doit :
- Avoir déjà participé au moins à
une étape de la gestion de projet communautaire (identification,
exécution, suivi, évaluation, etc.) ;
- Etre cadres ou techniciens d'une ONG ou d'une institution
publique qui oeuvrent dans le développement communautaire ;
- Etre Membres d'organisation locale de
développement.
3.2.3 Traitement des informations
Sur quarante cinq (45) personnes sollicitées dans le
cadre de l'enquête, quinze (15) ont rempli le formulaire et nous l'ont
renvoyé. Du nombre des enquêtés qui ont répondu,
neuf (9) travaillent dans le secteur privé ou dans une ONG, six (6) sont
du secteur public (Projets gouvernementaux, Ministère). Les informations
recueillies ont été synthétisées dans une grille de
dépouillement (Annexe 5, p.
71). Le résultat présenté au
chapitre 4 (p.
43) a été également
utilisé dans la définition de la problématique et pris en
compte dans la formulation des propositions élaborées dans cette
étude.
3.3 Entretiens
Nous avons pu réaliser deux entretiens avec de hauts
cadres15(*) de la FAO
durant notre séjour de stage à Rome, un spécialiste en
gestion de l'information du Département des connaissances et de la
communication et le coordonnateur du programme « Mountain Partnership
Secretariat ». Avec le premier, l'entretien s'est
réalisé sous le thème « développement
communautaire et besoins fondamentaux » tandis qu'avec le second
le thème abordé a été les rôles des
populations locales dans les projets de développement.
Ces entretiens ont été le partage de deux
expériences fructueuses sur des réalités africaines qu'ont
vécues ces cadres de la FAO .Ils nous ont fourni des informations utiles
dans le cadre de ce travail.
3.4
Expérience du stage à l'agence des Nations unies FAO
3.4.1 Résumé du contexte
et du contenu du stage
Le stage de mise en situation professionnelle fait partie
intégrante voire obligatoire dans la formation dispensée à
l'université Senghor. Aussi, j'ai pu réaliser mon stage au
siège social de la FAO à Rome sous la thématique
« Bonnes pratiques agricoles et gestion des connaissances pendant une
durée de trois mois (Mai-Juillet 2008) sous la supervision de madame
Sophie Treinen alors Coordonnatrice du sous programme Gestion des connaissances
et genre de l'organisation.
Le mandat du stage comprenait les tâches
présentées dans les trois grands points suivants :
a. Assister la coordonnatrice du sous-programme Gestion des
connaissances et genre ;
b. Travailler sur les bonnes pratiques agricoles en vue
d'aider la division à améliorer la qualité de sa base de
données de diffusion sur internet
[http://www.fao.org/bestpractices] ;
c. Préparer les minutes des réunions et des
fiches de synthèse.
J'ai effectué les réalisations
suivantes :
- Une recherche thématique dans les trois langues
(anglais, français et espagnol) sur les « bonnes et meilleures
pratiques » agricoles dans les bases de données en ligne de la FAO
en vu de permettre aux responsables d'apprécier la qualité, la
quantité et l'accessibilité des informations.
- Une recherche sur les métadonnées de
l'organisation et la présentation des informations sur les bonnes
pratiques agricoles. L'importance des résultats d'une telle recherche a
été de permettre une comparaison en vue d'amélioration
entre les différentes manières dont l'organisation
présente ses bonnes pratiques et celles utilisées par d'autres
grandes institutions.
- Une contribution au Programme de coopération
multilatéral Belgique/FAO, en particulier dans le cadre du projet «
Capitalisation des bonnes pratiques en appui à la production
agricole et la sécurité alimentaire » au profit de
quelques pays de l'Afrique de l'Ouest dont Sénégal, Burkina Faso,
Niger et Mali. Ce projet implique directement le sous-programme Gestion de
Connaissances et Genre avec un rôle fondamental à jouer surtout
dans la capitalisation des résultats et la formation sur les bonnes
pratiques et l'aspect genre. J'ai réalisé l'actualisation du
Cadre logique du projet à partir des informations issues d'un atelier de
travail sur le projet préalablement tenue au mois d'avril 2008.
- Contribution à titre de volontaire à la
réalisation de la « Conférence de haut niveau sur la
sécurité alimentaire mondiale: les défis du changement
climatique et des bioénergies » organisée par la FAO du 3 au
5 juin 2008.
L'expérience du stage m'a permis d'avoir une meilleure
compréhension de la problématique évoquée dans ce
travail et les données collectées constituent comme étant
une prise en compte d'une vision institutionnelle dans le cadre de cette
réflexion autour des projets de développement communautaires,
notamment la problématique de l'analyse des besoins locaux.
3.4.2 Apport du stage à la
réalisation du mémoire
A priori, le thème du stage, de même que les
activités qui y ont été réalisées semblent
ne pas avoir de lien étroit avec le problème traité dans
ce travail. Pourtant, ce stage est d'une importance non-négligeable dans
la réalisation du mémoire. En effet, l'expérience au sein
de la FAO, notamment avec le sous-programme « Gestion des
connaissances et genre », m'a permis d'approfondir des aspects
clefs et fondamentaux en matière d'approche et de vision des projets de
développement communautaires en particulier la manière dont
l'organisation a su intégrer les notions de genre (promotion
féminine et parité homme/femme), de participation, des
connaissances traditionnelles dans les activités de développement
et dans la lutte contre la pauvreté et la faim, l'une des raisons de
base d'existence de la FAO. C'est en quelque sorte, un support institutionnel
à ces grandes valeurs de la vision d'intégration des couches
sociales défavorisées que j`entends défendre et promouvoir
à travers ce travail de fin d'études. J'ai aussi profité
de l'expérience du stage pour réaliser des entretiens sur ces
notions fondamentales de l'approche nouvelle du développement et
d'autres éléments en rapport avec le mémoire avec
différents spécialistes du domaine que j'ai eu la chance de
rencontrer.
En outre, durant mon passage dans cette organisation mondiale
dotée d'une importante banque d'informations et de documentation, j'ai
profité pour m'enquérir sur le grand défi que
représente la problématique du sous-développement, les
choix et la stratégie d'action de la FAO.
3.5
Contraintes de l'étude
La réalisation de ce travail n'a pas été
sans contrainte ; notre distance par rapport à l'espace
d'étude ne nous à pas permis de diversifier aux maximum nos
sources de données et d'informations. La majeure partie de la
documentation sur la situation haïtienne utilisée a
été puisée sur les sites internet des institutions
publiques comme le FAES, MAE, IHSI, BRH, MPCE, etc. Nous n'avons pas pu entrer
en contact direct avec des responsables de ces institutions.
Toujours à cause des difficultés de
communication, certains acteurs (les responsables de mairie, les responsables
de groupes ou d'association locale, les représentants de CASEC) du
développement n'ont pas pu être touchés.
Aussi, nous sommes-nous limités à la
réalisation d'une enquête qualitative à partir d'un sondage
d'opinion sur l'importance des projets de développement et du niveau de
l'utilisation des outils d'analyse des besoins. Sur plus d'une centaine de
personnes et d'institutions sollicitées, seulement une quinzaine ont
accepté de remplir et de nous retourner le formulaire que nous leur
avons soumis.
Enfin, conformément aux
différentes étapes décrites dans le cadre
méthodologique, nous avons assemblé des informations,
collecté des données qui ont été ensuite
traitées et analysées. Les résultats ont été
utilisés, d'abord, dans la description de la problématique de
l'étude, l'élaboration de la revue de littérature. En
outre, ils nous ont permis de faire la corrélation entre le niveau
d'impacts estimés insuffisants par divers acteurs et la faiblesse dans
l'utilisation des principaux outils et méthodes appliqués en
gestion de projet de développement (p.
35). Dans le prochain chapitre, nous
présenterons :
- Une synthèse des résultats de notre
enquête réalisée sur l'importance des projets de
développement communautaire et utilisation des méthodes
d'études ou d'analyse des besoins en Haïti avec un argumentaire
fondé sur ces résultats en guise de justification de l'importance
de notre objectif spécifique (p.
15) dans le contexte d'Haïti ;
- Une présentation du découpage territorial et
de l'organisation politico-administrative en mettant en évidence le
système des relations de pouvoir dans le pays ainsi que son
rôle dans le développement local ;
- Notre proposition proprement dite qui comprendra le
développement détaillé de notre méthodologie
d'analyse des besoins : l'approche et les acteurs clefs, les
étapes, la démarche, l'extrant final ;
- Et enfin, l'apport de cette proposition à la
politique nationale de développement et ses limites.
CHAPITRE IV
ANALYSE DES BESOINS
LOCAUX : PROPOSITIONS POUR HAÏTI
4.1 Synthèse des résultats
de l'enquête de terrain
Pour nous enquérir de la réalité des
projets communautaires, nous avons lancé, dans le cadre de cette
étude une enquête dont le processus et les critères de
réalisation ont été décrits au chapitre
précédent (p.
39). Cette enquête, nous le rappelons, a
été réalisée sous le thème : importance
des projets de développement communautaire et utilisation des
méthodes d'études ou d'analyse des besoins en Haïti.
4.1.1 Présentation des
Résultats
- Taux de participation et caractéristiques des
personnes ayant répondu
Le questionnaire a été administré par
voie électronique à 45 personnes ; le nombre de
questionnaires remplis qui nous ont été renvoyés a
été de quinze (15). Le taux de réponse est de 33.3%. Des
personnes nous ayant retourné le questionnaire rempli, neuf (9), soit
60%, travaillent dans le secteur privé ou des ONG et six (6), soit 40%,
sont des cadres de la fonction publique. Quatorze (14) des
enquêtés (93%) disent avoir une expérience dans la gestion
de projet communautaire.
- Importance et impacts des projets communautaires en
Haïti
Selon tous les enquêtés (100%), les projets
communautaires sont importants pour Haïti. Pour ce qui est de leurs
impacts, 40% estiment qu'ils sont moyens et 60% pensent qu'ils sont
plutôt faibles. Les principaux arguments de justification
évoqués sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 8 Justificatifs de
l'importance et des impacts moyens ou plutôt faibles des projets
communautaires
Justification de l'importance des projets
communautaires en Haïti
|
Pourquoi les projets communautaires menés en
Haïti ont-ils des impacts moyens ou plutôt
faibles ?
|
- Les projets communautaires contribuent à la survie
collective et l'intégration plus ou moins réussie des couches
pauvres de la population (amélioration de l'accès à la
santé, l'éducation et la lutte contre la
pauvreté) ;
- Ils favorisent la valorisation de la main d'oeuvre
locale ;
- Les projets communautaires aident au déblocage de
certains problèmes socio-économiques dont les solutions sont au
dessus des moyens de la population ;
- C'est un bon moyen de renforcer les capacités locales
;
- Ils aident tant soit peu à améliorer les
conditions de vie d'une partie non négligeable de la population en
milieu rural.
|
- Manque de participation des bénéficiaires dans
la planification des projets, manque de suivi ;
- Faute de coordination et de synergie dans les actions.
Faiblesses institutionnelles ;
- Les potentiels locaux sont souvent négligés
dans la planification, la mise en oeuvre et la gestion des projets ;
- Manque de formation des élus et peu d'implication des
élus locaux ;
- Dépenses administratives trop élevées,
corruption, influences trop fortes de la politique sur les projets.
|
Source : Réalisé à partir des
données de l'enquête
- Connaissance et utilisation des méthodes et des
outils d'analyse des besoins locaux
Tous les enquêtés disent utiliser ou avoir
utilisé au moins une méthode courante d'analyse des besoins
locaux ; 40% estiment que ces outils sont pertinents pour l'analyse des
besoins, 53% pensent que ces outils ne le sont pas. Les faiblesses principales
formulées à l'endroit de ces méthodes et outils sont les
suivantes :
a. Manque d'appropriation par les acteurs concernés,
dans le cadre d'un partenariat fonctionnel ;
b. Elles prennent trop de temps et font appel à
beaucoup de compétences pour les manipuler ;
c. Ces méthodes sont lentes dans leur
réalisation. Et le mot « participation » peut porter
à équivoque ;
d. On obtient des informations de premières mains
certes, mais insuffisants pour cerner un problème dans toute sa
dimension (sociale, économique et environnementale) ;
e. Certaines d'entr'elles ne tiennent pas compte de la
réalité locale.
4.1.2 Interprétation des
résultats et conclusions
Le taux de réponse à cette enquête
apparaît relativement faible ; aucun bénéficiaire
direct de projet communautaire, même par l'intermédiaire de
représentant ou de chef de fil, n'a pu être contacté. Ceci
peut s'expliquer par la non-disponibilité des personnes
sollicitées durant la période étant donné que la
majorité de ces personnes travaillent en dehors des centres urbains dans
des zones plus ou moins reculées ; or en Haïti, l'accès
à l'internet au niveau de ces zones est quasi nul d'où la
difficulté d'avoir aussi une plus grande diversification des personnes
enquêtées. Toutefois, vu le rôle que les cadres et les
techniciens du développement jouent sur le terrain au côté
des organisations de base et de la population, leurs opinions sont loin
d'être négligeables mais sont un apport important à ce
travail.
Concernant l'importance des projets de développement
communautaires, il n'est pas étonnant de constater que
l'appréciation positive fait l'unanimité chez tous les
enquêtés. En effet, la littérature nous a
déjà démontré que ces types d'initiatives sont une
alternative à la crise économique dans divers autres pays,
notamment en Afrique. Cependant, les avis sont partagés sur leurs
impacts ; les enquêtés pensent que les impacts sont moyens ou
plutôt faibles. Nous pouvons résumer les raisons
évoquées dans les différents points suivants :
- Le manque d'implication réelle des communautés
bénéficiaires et des autorités locales ;
- L'absence d'un processus de prise en charge par les
bénéficiaires pour une gestion responsable post-projet ;
- Le projet sous entend « profiter de faire de
l'argent »
- La mauvaise gestion des ressources, dépenses
administratives trop importantes ;
- La mise en cause des méthodes et des outils
utilisés dans l'identification, l'exécution et le suivi des
projets.
En effet, les projets communautaires font face à des
difficultés importantes dont l'absence de synergie entre les actions
menées par les ONG et subissent beaucoup l'influence de la politique
laquelle sape l'objectif premier de ces projets. Par ailleurs, la participation
est plutôt un instrument de gestion du coût. Le travail non
rémunéré de la communauté semble résumer la
participation locale sans que les bénéficiaires aient de
réelles implications dans la gestion dans les projets ; ce qui pose
un grand doute sur la méthode participative. En outre, la mise en cause
des outils d'analyse des besoins est une autre grande interrogation sur la
pertinence des choix qui ont été faits par le moyen de ces
outils. Certaines critiques adressées contre ces outils dont lourdeur
(exigence en compétence, temps et ressources), complexité,
inadaptabilité au contexte local, etc. ne sont pas nouvelles mais
restent fondées. Cependant, l'esprit même de la conception de ces
outils n'a pas été qu'ils soient ipso facto conformes aux
réalités du terrain. Il y aurait une maîtrise insuffisante
du processus de l'analyse des besoins de par même la difficulté de
manipulation de ces instruments.
Par rapport à cette analyse, nous concluons qu'il y a
une relation entre l'insatisfaction des objectifs des projets et une
inefficacité du processus qu'ils ont suivi. En d'autres termes,
l'amélioration de la qualité des projets communautaires passerait
par une gestion saine et équilibrée de leur cycle. Cette gestion
saine et équilibrée du cycle des projets communautaires
nécessite d'un compromis social, une condition essentielle de
départ vu leur objectif et leur nature, à savoir des
résultats de bien-être collectif et implication forcément
de beaucoup d'acteurs divers : les ONG, les élus, les politiciens,
les fonctionnaires, etc. Ainsi, la problématique se pose au début
même du processus. Ce qui revient à dire, en répondant
à notre question de recherche de départ (p.
13), qu'une analyse judicieuse des besoins locaux
permettrait d'améliorer la qualité (durabilité, impacts,
et.) des projets communautaires au profit des populations
bénéficiaires. En conséquence, nous voulons apporter notre
contribution aux tentatives pour améliorer la durabilité et les
impacts des projets communautaires par la proposition d'une méthodologie
d'analyse de besoins locaux sur fond de participation et d'implication
réelle des acteurs potentiels. Etant donné que le territoire est
un élément de base de toutes réflexions sur le
développement, nous aimerions commencer par faire une
présentation de l'organisation territoriale et les rapports de pouvoir
en Haïti.
4.2 Le territoire, base du
développement local
Le développement local ou communautaire renvoie
à deux notions fondamentales : la communauté et le
territoire. Il serait important de donner une définition à ces
concepts et de les placer dans le contexte haïtien. D'abord, nous pouvons
dire qu'ils sont deux concepts intimement liés dans la mesure où
l'un ne peut exister sans l'autre au sens du développement. Le
territoire peut être appréhendé comme un espace
physique défini organisé par une communauté qui y vit et
en dépend. Quant à la communauté elle-même,
elle est constituée d'individus (hommes et femmes)
interdépendants qui se sont organisés partageant une même
histoire, des valeurs identiques et ayant le territoire en commun. D'une
manière générale, le territoire et la communauté se
sont historiquement constitués ; et, dans bien des cas, un cadre
juridique vient renforcer ce construit historique. C'est dans ce sens que l'on
parle de découpage territorial et administratif. Donc, le territoire est
un élément indispensable à prendre en compte dans toute
initiative de développement. Enfin, toute action de développement
réaliste devra être prise par/ou avec la communauté pour
résoudre des problèmes et des défis spécifiques de
son territoire et lui assurer de meilleures conditions de vie.
En Haïti, la constitution de 1987 détermine le
découpage territorial administratif. Elle divise le pays en trois
niveaux territoriaux interdépendants, le département, la commune,
la section communale et un système de pouvoir qui se décline
comme le montre la figure ci-dessous.
Figure 7 Découpage territorial et relation de
pouvoir en Haïti16(*)
Source : Conception personnelle dans le cadre du
mémoire
Le département comprend plusieurs communes, une commune
est composée d'un centre urbain et de plusieurs sections
communales ; ce qui fait de la Section communale la plus petite
entité territoriale administrative. Chaque niveau du territoire a une
forme d'organisation et une entité de pouvoir et de gestion de
proximité qui n'est autre que les autorités locales. Le
Département est administré et géré par un Conseil
départemental (CD), la Commune par un Conseil municipal (CM) et la
Section communale par un Conseil d'administration de la section communale
(CASEC). Chaque conseil est assisté dans ses tâches par une
assemblée. Les autorités locales sont par définition les
représentants du pouvoir central les plus proches des citoyens. Leurs
missions essentielles sont les suivantes :
- Exécuter les politiques des autorités
nationales sur leur territoire ;
- Représenter les citoyens auprès des
pouvoirs ;
- Assurer l'administration et la gestion de leur
territoire.
De part leurs influences et surtout leurs
responsabilités, les autorités locales constituent au
côté de la population un pilier important voire incontournable
dans le développement du territoire. Ainsi, s'agit-il d'une
nécessité que ces responsables locaux soient impliqués
dès le début du processus d'analyse des besoins afin de mieux
garantir la réussite, la pérennité et surtout la prise en
charge future des actions qui seront envisagées. Voilà entre
autres, une préoccupation à laquelle notre travail entend
apporter une réponse.
4.3 Proposition d'une méthodologie d'analyse des
besoins locaux
L'analyse des besoins locaux que nous pourrions assimiler
à l'identification des priorités des communautés locales
en matière de développement constitue une étape cruciale,
très délicate et complexe du processus de planification et de
gestion du développement, car la réussite même des actions
ou des projets à mettre en oeuvre en dépend pour leur plus grande
partie. Elle demeure une étape fondamentale pour trouver un vrai
compromis entre toutes les parties prenantes autour des initiatives à
entreprendre et le moment idéal d'anticipation des facteurs d'influence
sur le déploiement de ces dernières.
Sans vouloir abuser des concepts, nous désignons pour
des raisons techniques le résultat de cette analyse des besoins le
« Cahier de charges communautaires » ; il
s'agit pratiquement d'un mandat que se sont fixées collectivement les
différentes entités participantes d'une communauté qui se
sont engagées dans le processus et qui l'ont conduit à terme. Au
regard du contexte haïtien, cette délicatesse et cette
complexité qui entachent l'analyse des besoins nous amènent
à formuler les interrogations suivantes : D'où peut venir
l'idée déclencheuse de ce processus ? Qui sont les
interlocuteurs réels ? Comment inciter tous les interlocuteurs sans
distinction à intégrer cette dynamique ? Qui conduit
l'analyse des besoins ? Comment réaliser l'analyse des besoins et
à quelle fin ? Ce questionnement reste dans l'esprit de notre
travail et cohérent avec notre objectif spécifique de
départ. Il constitue dans les faits une transformation de celui-ci en
des questions dont les réponses que nous allons leur apporter
constitueront la contribution à la solution de la problématique
qui a été identifiée et décrite
précédemment.
Comme nous l'avons clairement énoncé
précédemment, le cahier de charges local est un compromis fait
entre diverses entités sur un territoire donné et qui contient
leurs différentes préoccupations bien
hiérarchisées, bien entendu, en fonction des urgences et des
moyens possibles. A travers ce document collectivement réalisé,
les parties prenantes formulent les solutions qu'elles jugent elles-mêmes
nécessaires et sur lesquelles elles donnent leur engagement à
supporter par des moyens identifiés personnellement ou à travers
leur représentation. C'est en d'autres termes la formalisation d'une
entente collective sur des choix de développement du territoire
concerné. Le déclenchement du processus d'analyse des besoins qui
conduit à l'élaboration du cahier de charges peut être
d'origines diverses comme l'illustre la figure suivante.
Figure
8 Les diverses sources potentielles d'idées susceptibles de conduire
à un projet en Haïti
Source : Conception personnelle dans le cadre du
mémoire
Ces idées sont très souvent l'expression d'un
sentiment, d'un besoin non-satisfait au sein de la population, d'une alerte ou
des signes avant-coureurs d'une problématique qui nécessite une
intervention sous peine d'aggravation.
4.3.1 Quelle
approche méthodologique ?
Les signes avant-coureurs ci-dessus déclenchent le
processus d'analyse. Mais qui sont les interlocuteurs ? Il est très
impérieux de se fier d'emblée aux idées de quelques
individus, il est plus fructueux de remonter jusqu'à la source en
confrontant différents points de vue à la recherche d'une
compréhension commune de la situation existante insatisfaisante. En
outre, la recherche des alternatives doit être elle-aussi
intégrante en vue d'un accord commun sur les initiatives
arrêtées. D'où la grande nécessité que
l'analyse des besoins soit une démarche purement participative et
respecte obligatoirement une certaine méthode. Nous devons ici signaler
que la participation bien qu'obligatoire ne doit pas être contraignante
sous peine de compromettre la pertinence des choix futurs des solutions. Elle
est requise à toutes les étapes et les phases du processus (
ýFigure 9, p.
50). Cet aspect est très délicat et
doit être abordé avec maestria ; la réussite de
l'analyse des besoins est ainsi tributaire de la compétence de
l'équipe qui la pilote.
Nombreuses documentations suggèrent une équipe
pluridisciplinaire. Nous ajoutons en outre que les membres de l'équipe
doivent disposer d'une bonne connaissance surtout en développement
communautaire et d'autres capacités intrinsèques (maîtrise
de soi, capacité d'écoute, imagination et
créativité, maitrise des outils à utiliser, etc.) ;
qu'ils soient en mesure d'aider la population à comprendre la
démarche et les outils, à interpréter les problèmes
et à trouver ses propres solutions sans se substituer à elle. La
réflexion thématique par les techniques du brainstorming avec
équipe non-structurée et équilibrée est une
excellente approche. Ce sont là les principaux aspects de la mission de
l'équipe de pilotage dans ce processus. Elle doit surtout et toujours
rechercher l'équilibre par une bonne gestion des influences (les meneurs
de groupes, responsables religieux, etc.) pour mieux faciliter les
échanges, bien identifier les groupes forts et ceux qui sont faibles et
les organiser de sorte que les influences directes soient minimes.
4.3.2 Le processus
d'analyse des besoins
Pour rester cohérent avec la méthode
participative que nous développons dans ce chapitre et dans un objectif
d'organisation simplifiée et compréhensible du processus
d'analyse des besoins communautaires adapté au contexte haïtien,
nous suggérons qu'il soit conduit en trois étapes successives,
préparation, opérationnalisation et décision telles que
présentées dans la figure ci-dessous.
Figure 9 Schéma du processus d'analyse des
besoins locaux
Source : Conception personnelle dans le cadre du
mémoire.
Chacune de ces étapes a un but spécifique dont
dépend celle qui suit ; et, pour chacune un savoir-faire et un
choix judicieux des outils nécessaires sont nécessaires. Dans les
lignes qui suivent, nous présentons en détail chacune d'elle en
mettant en exergue le but, les outils nécessaires et des exemples de
mécanisme de réalisation.
Etape de la préparation
Du processus d'analyse, l'étape de préparation
est le début une fois que l'alerte ou les signes avant-coureurs
élucidés ont suscité des intérêts pour
entreprendre une intervention. Le but poursuivi à cette étape est
de « Mettre en place les moyens nécessaires pour bien
mener l'analyse des besoins ». En effet, sa réalisation
devra permettre de répondre clairement à des interrogations clefs
pour la suite du processus dont :
- Quelle est la zone d'études ?
o Identification et localisation ;
o Caractéristiques physiques ;
o Niveau d'accessibilité ;
o Caractéristiques démographiques,
socio-économiques et culturelles ;
o Système d'organisation ;
o Etc.
- Qui sont les interlocuteurs ?
o Autorités locales (détenteurs de pouvoir
locaux) ;
o Responsables d'organisation et d'institution ;
o Groupements locaux ;
o Considération genre : femmes, hommes ;
o Autres Ong intervenant dans la communauté.
- Les outils à utiliser sont-ils clairs et
efficaces ?
o Inventaire des outils nécessaires ;
o Facilité de manipulation et de collecte des
informations ;
o Compréhension par les acteurs locaux et des
réalisateurs de terrain ;
o Degré de pertinence.
- Quels sont les moyens ?
o Ressources financières et matérielles ;
o Ressources humaines qualifiées (dans la mesure du
possible des ressources locales doivent être utilisées, cela
facilitera le déroulement du processus).
Au moins, les questions précédentes doivent
être répondues avant d'envisager l'étape suivante. Il est
évident que toutes les informations nécessaires à ce
niveau peuvent ne pas être disponibles à l'étape de la
préparation. Toutefois, elles doivent demeurer une préoccupation
des responsables de l'étude pour autant qu'elles soient
nécessaires à l'aboutissement concret du processus, d'où
l'importance des connaissances pratiques préalables du processus et du
domaine de développement du comité de pilotage.
Cette étape se réalise alternativement au bureau
et sur le terrain, elle nécessite des moyens financiers, humains et des
outils. Les moyens humains dont nous parlons ici ne sont autre qu'une
équipe de pilotage multidisciplinaire selon les besoins de
l'étude. Celle-ci doit être constituée au tout début
du processus dont elle a la quasi-responsabilité. Son effectif ne
devrait pas dépasser six personnes bien imbues des exigences qui
entachent la réalisation de l'analyse des besoins. Il incombe de la
responsabilité de cette équipe multidisciplinaire de
sélectionner, de tester et d'adapter tous les instruments
nécessaires de collecte, d'analyse et de synthèse des
résultats. L'aboutissement de cette première étape doit
rendre disponible les éléments suivants :
- Document d'informations préliminaires sur la zone
d'intervention,
Il doit contenir un maximum de données de base sur le
territoire (géographiques, démographiques,
socio-économiques, habitudes culturelles, liste des organisations et des
groupements locaux, Ong et des institutions intervenant dans la zone, etc.)
maitrisées par l'équipe de pilotage avant même d'aborder la
prochaine étape en vue de minimiser les risques de tâtonnement et
de mieux animer les échanges sur le terrain.
- Plan d'intervention
L'intervention sur le terrain doit être objet d'une
planification judicieuse, elle est présentée dans un document
particulier, le plan d'intervention. Réalisé sur la base
des premières sorties exploratoires, des contacts établis et du
document des informations préliminaires, il est l'outil de guide des
opérations pendant tout le processus sur le terrain. Le plan
d'intervention répond aux questions :
o Quoi (libellé de l'activité, son but) ?
o Où (lieu) ?
o Quand ?
o Durée/début-fin (le temps étant
précieux) ?
o Comment (enquête, interview, brainstorming, transec,
etc.) ?
o Les interlocuteurs17(*) ?
o Moyens (financier et matériel) ?
o etc.
Le plan d'intervention donne aux détails
l'échéancier des activités et le calendrier
détaillé des ressources nécessaires. Sa pertinence avec la
réalité de la zone d'intervention est déterminante. Il
doit prendre en compte également le calendrier des activités et
la disponibilité dans la communauté (jour de marché,
période de pointe, etc.). Les personnes concernées doivent en
être bien informées et avaliser le contenu. Ce qui permettra au
départ de créer de la confiance nécessaire à la
sensibilisation et à la participation et d'éviter du même
coup le risque de non-disponibilité de certains acteurs importants.
- Boite à outils
L'équipe de pilotage sélectionne d'avance
l'ensemble des outils18(*)
dont elle aura besoin. Les outils constituent l'épine dorsale du
processus. S'ils ne sont pas compris, ils ne seront pas utilisables et s'ils ne
sont pas adaptés au contexte, ils ne feront qu'augmenter les biais dans
les résultats. Dans ce sens, nous recommandons que leur choix soit
minutieux, qu'ils ne soient pas des simples formulaires, tableaux ou autres
types qu'il suffit de remplir. Ils devront faire objet de test in situ et
être expliqués et adaptés pour une meilleure
compréhension et utilisation. Concernant le choix des outils, tous ceux
présentés dans le chapitre 2 (p.
26) peuvent être envisagés.
Cependant, les outils de l'ASEG, de la MARP semblent plus efficaces en raison
de leur simplicité d'adaptation aux spécificités des
projets communautaires. Comme nous l'avons signalé
antérieurement, il n'existe pas d'outils parfaits pour identifier les
besoins des populations en développement. Toutefois, tout cela
dépend toujours de l'expérience et de la capacité des
membres de l'équipe de pilotage ; mais, la condition essentielle
est que les outils choisis puissent répondre valablement au besoin de
l'étude, c'est-à-dire transcrire efficacement les besoins locaux
spécifiques et réels de la communauté cible.
Etape de l'opérationnalisation
La collecte effective des données nécessaires
à l'analyse des besoins se réalise durant l'étape de
l'opérationnalisation et consiste au déploiement du plan
d'intervention. Le but poursuivi à cette étape est
« collecter et analyser de manière optimum toutes les
informations nécessaires à la prise de
décision ». Nous divisons cette étape en trois
phases rétroactives qui doivent être complétées
jusqu'à satisfaction de tous les participants.
- Phase de collecte des données
Avec la participation de la population, l'équipe de
pilotage recensera toute information utile sur le territoire au moyen des
outils et des méthodes bien élaborés de la boite à
outils. Nous rappelons qu'aucune donnée importante ne doit être
négligée, elles doivent permettre de décrire le plus
fidèlement possible la situation actuelle et se portent sur les aspects
géo-démographique (localisation, population, sexe,
catégories d'âge, etc.), biophysique (climat, environnement,
relief, ressources naturelles) et socio-économique et institutionnel du
territoire (infrastructures, activités, organisations ou groupements de
base existants, institutions classiques, etc.). L'issu de cette phase doit
conduire à la réalisation des documents suivants :
o Fiche descriptive de la situation physique et environnementale,
socio-économique, organisationnelle de la zone d'étude ;
o Liste détaillée et partagée de la
problématique d'ensemble.
- Phase de traitement et d'analyse
A ce niveau, on est en plein coeur de l'étude, c'est le
moment de la recherche des liens de causalité entre les problèmes
qui ont été identifiés. C'est aussi, la phase de l'analyse
de l'ambiance sur le territoire. L'équipe de pilotage doit d'abord
préparer cette phase en regroupant les problèmes par groupe
thématique. Nous suggérons fortement l'utilisation de groupe ou
atelier démocratique sur les différents groupes
thématiques, la méthode du brainstorming est très
intéressante pour favoriser l'échange de vision et de
compréhension de chacun sur un problème donné. Et, au bout
du compte, on devra aboutir :
o Fiches de présentation logique des véritables
problèmes hiérarchisés, c'est-à-dire par ordre
d'importance pour la communauté ;
o Fiche des contraintes et des atouts ou potentiels
physico-environnementaux et socio-économiques
identifiés ;
o Fiche détaillée des forces et faiblesses
organisationnelles ou institutionnelles de la zone.
- Phase de restitution et d'ajustement
Tous les résultats issus de la phase d'analyse
précédente seront présentés en
plénière ou à l'assemblée de la communauté y
compris tous les autres concernés initiés dès le
début du processus. Ils seront revus point par point, rectifiés
s'il y a lieu et validés d'un commun accord. A partir de ce moment, tous
les acteurs impliqués devront avoir une vision unique et commune de la
situation qui prévaut sur le territoire en question. L'ensemble des
documents ajustés et validés lors de cette phase permettra
à l'équipe de pilotage de rédiger un rapport
intermédiaire qui met un terme à cette étape de collecte
et analyse des données ; ce rapport est le « document
synthèse de diagnostic ».
Etape de décision
Le document synthèse de diagnostic augure
l'étape de décision dont le but visé est
« identifier les actions pertinentes et prioritaires de
développement ». Après avoir exploré
l'ensemble de la problématique de leur territoire et d'un commun accord,
validé la compréhension des problèmes identifiés,
les membres de la communauté y compris les autorités locales sont
alors appelés à dégager ensemble des alternatives ;
ils doivent maintenant avoir en quelque sorte le flair de la situation
désirée. Nous suggérons deux phases pour la prise de
décision :
- Phase d'identification des priorités
Les problèmes identifiés sont abordés
séparément et les membres de la communauté s'entendent
dans un premier temps sur deux ou trois propositions pertinentes de solutions
à chacun. Ensuite chacune des propositions est analysée à
lumière des informations sur les atouts et les contraintes du milieu et
les forces et les faiblesses institutionnelles locales. On essaiera de trouver
comment mitiger les contraintes et de renforcer les faiblesses ; il s'agit
là d'une analyse de préfaisabilité. L'équipe de
pilotage doit surveiller de ne pas trop influencer les choix mais tâcher
d'aider les participants à observer une certaine logique. Et, en fin de
compte, on retiendra le choix le plus approprié, faisable et
accepté par les participants pour construire une fiche descriptive du
scenario solutionnaire de chaque problème. Ensuite, devront être
élaborés les moyens et leurs sources de parvenir au
déploiement de ces actions. Il ne s'agit pas seulement de juste
énoncer des alternatives pour résoudre les problèmes, on
doit aussi fixer des responsabilités c'est-à-dire la contribution
des parties représentées, la contribution ou les rôles de
la communauté et des autorités locales. L'ensemble des choix
ainsi décidés formera la boite des scénarii ; ils
seront rapportés tels que définis dans le rapport final, le
cahier de charges.
- Phase d'élaboration du cahier de charges
Toutes les informations recueillies, les résultats des
différentes étapes jusqu'à la phase de décision
sont indispensables pour réaliser le rapport final que nous
désignons par « Cahier de charges local » ou
indifféremment « Plan de développement
local ». Cette tâche est confiée exclusivement au
comité de pilotage qui prendra le soin d'organiser toutes les
informations dans ce document unique. Le cahier de charges local ou Plan de
développement local est présenté à l'ensemble de la
communauté, ses autorités et différentes institutions qui
l'approuvent.
Tableau 9 Matrice de l'analyse des besoins
communautaires
Etapes
|
Buts
|
Moyens/outils
|
Extrants/Résultats
|
Préparation
|
Mettre en place les moyens nécessaires pour bien mener
l'analyse des besoins
|
- Ressources financières et humaines (Equipe de
pilotage),
- Moyens : visites de terrain, documentation, formations
(équipe de pilotage), entretiens sur le terrain,
- Outils : cartographie, guides d'entretien.
|
- Equipe de pilotage (5 personnes au plus de confessions
professionnelles différentes + 1 coordonnateur ou chef
d'équipe)
- Document d'informations préliminaires
(géographiques, démographiques, socio-économiques,
habitudes culturelles, liste des organisations locales, Ong et des institutions
intervenant dans la zone, etc.)
- Plan d'intervention (échéancier des
activités et calendrier détaillé des ressources
nécessaires)
- Boite à outils (outils de collecte et d'analyse des
données, outils de présentation des résultats)
|
Opérationnalisation
|
Collecter et analyser de manière optimum toutes les
informations nécessaires à la prise de décision
|
- Moyens : ressources financières et
matérielles disponibles
- Equipe de pilotage
- Outils (ceux résultant de l'étape
préparatoire) :
o Document d'informations préliminaires,
o Plan d'intervention,
o Boite à outils.
|
|
Phase de collecte des données
|
|
|
- Fiche descriptive de la situation physique et environnementale,
socio-économique, organisationnelle de la zone d'étude.
- liste détaillée et partagée de la
problématique d'ensemble.
|
Phase de traitement et d'analyse
|
|
|
- Fiches des problèmes identifiés
- Fiche des contrainte et des atouts ou potentiels
identifiés
- Fiche détaillée des forces et faiblesses
organisationnelles ou institutionnelles de la zone
|
Phase de restitution et d'ajustement
|
|
|
- Document synthèse de diagnostic
|
Décision
|
Identifier les actions pertinentes et prioritaires de
développement
|
Eléments de la boite à outils
|
|
Phase d'identification des priorités
|
|
|
- Boite des scenarii
|
Phase d'élaboration du cahier de charges
|
|
|
- Cahier de charges local/Plan de développement local
|
Source : Conception personnelle dans le cadre du
mémoire
4.3.3 Format de
présentation du cahier de charges local
Vu son importance en tant que support de promotion des
initiatives de développement communautaires et comme outil de
décision, le cahier de charges, rapport définitif et global du
processus, doit être élaboré dans un langage simple clair
et compréhensible par la population pour laquelle il est fait. Nous en
présentons un prototype de présentation avec quelques notices sur
le contenu de chacune de ses parties. Donc, le cahier de charges
comprendra :
1. Page de couverture
La page de couverture contient des informations
précises, le titre du document, le lieu et la date de la
réalisation de l'étude.
Figure
10 Page de couverture type d'un cahier de charges locales
Source :
Conception personnelle dans le cadre du mémoire
2. Hors textes
Comme son nom l'indique, la partie « hors
textes » comprend des éléments du document qui en donne
un premier aperçu du contenu et de son organisation à
l'utilisateur. Elle comprend :
- Résumé
Cette partie présente un sommaire du document dans sa
globalité. Comme dans tout autre document, son but est de permettre
à ceux qui s'y intéressent de se faire une première
idée du contenu.
- Liste des acronymes et abréviations
Tous les sigles et abréviations utilisés dans le
texte doivent être définis clairement pour faciliter la
compréhension par les utilisateurs.
- Table des matières
Elle présente l'organisation du rapport.
3. Introduction
Elle est une présentation succincte de l'étude,
un aperçu de son organisation et de son plan de réalisation et
expose le mobile et le contexte de sa réalisation.
4. Contexte de l'étude
On présente ici, la situation détaillée
de l'aire d'études sur les plans géo-démographique,
physico-environnemental, socio-économico-culturel, politique etc., tous
les aspects caractéristiques importants identifiés lors du
diagnostic.
5. Objectifs
Quels sont les grands intérêts de toutes les
parties impliquées ? Qu'est-ce que l'on cherche dans la
réalisation de l'étude (sa finalité) ?
6. Méthodologie
On fait ici la description de l'ensemble de la
démarche, la méthodologie, les outils utilisés, les
techniques de collecte des informations.
7. Résultats du diagnostic
Présentation détaillée et
argumentée de tous les problèmes identifiés ainsi que tout
ce qui a trait aux contraintes/menaces et atouts/opportunités du
territoire, forces et faiblesses significatives en prenant en compte tous les
aspects : géo-démographique, physico-environnemental,
socio-économico-culturel, politique etc., tous les aspects
caractéristiques importants identifiés lors du diagnostic.
8. Descriptifs des priorités arrêtées
Tous les choix ou projets retenus sont présentés
ici tels qu'ils ont été énoncés et définis
par les participants avec des informations comme le but poursuivi, les moyens
et les sources, les parties impliquées, etc. Ils peuvent être
présentés dans un tableau comme dans la figure ci-dessous.
Tableau
10 Table type de présentation des priorités locales
Source : Conception personnelle dans le cadre du
mémoire.
9. Liste complet des participants
Les noms de tous les participants sont aussi d'une grande
importance, il exprime une confirmation de la légitimité du
cahier de charges. Ainsi, les informations clefs comme l'identité,
l'adresse, l'activité (la fonction) ou la responsabilité de
chacun des participants doivent être connues de manière
précise et disponibles dans le rapport. Nous proposons le modèle
suivant pour l'enregistrement de ces informations pour l'insérer dans le
cahier de charges.
Tableau
11 Table type des participants
Source : Conception personnelle dans le cadre du
mémoire
4.4 Apports de cette proposition
à la politique nationale de développement
4.4.1 Un outil
d'aide à la décision pour une bonne politique nationale
Nous partons du principe que la politique nationale doit
répondre aux besoins internes du pays, c'est-à-dire faciliter les
conditions de vie des citoyens en leur pourvoyant biens et services dont ils
ont besoin. Normalement, elle doit se fonder sur les réalités
concrètes du terrain ; si non, elle est vouée à
l'échec. L'expérience montre que les politiques fondées
sur une démarche ascendante sont plus efficaces que celles
conçues aux sommets dans les ministères et dispatcher sur le
territoire. Lorsque nous considérons le contexte socio-économique
d'Haïti où les besoins sont multiples et variés des grandes
villes aux zones rurales les plus reculées. Le cahier de charges local,
de part sa conception et sa pertinence en tant que désirs manifestes de
la communauté qui le porte, constitue à juste titre un
soubassement crédible et un référentiel digne pour la
construction d'une politique nationale et l'élaboration de programme
communal jusqu'au niveau ministériel en passant par les directions
départementales.
Le cahier de charges représente aussi un guide de choix
pour les ONG qui interviennent sur le terrain ou qui le souhaitent. Il peut
bien favoriser la complémentarité de leurs interventions, la
rationalisation des investissements et enfin l'atteinte de bons
résultats dans leurs projets. Tout ceci est au profit d'un
développement local, participatif et réel ; car, la
participation et la responsabilisation des acteurs locaux, notamment des
bénéficiaires, sont déterminantes dans la construction de
leur propre développement.
4.4.2 Ses
limites
Le territoire étant sous l'influence de facteurs divers
d'ordre démographique (variation de la population, migration),
socio-économique, culturel, politique et même climatique est par
conséquent un espace dynamique, donc susceptible de changement dans le
temps. Alors, la durée de validité d'un cahier de charges n'est
pas illimitée. Dépendamment de la vitesse des transformations ou
des mutations, la durée de vie du cahier de charges varie d'un
territoire à un autre. C'est-à-dire, elle sera plus longue pour
les territoires ayant un rythme de changement relativement plus lent que ceux
qui connaissent des changements plus rapides. Dans ce sens, il est difficile de
préciser exactement la durée de validité du cahier de
charges ; pourtant, dans le contexte haïtien, elle peut être
approximativement d'un quinquennat au maximum. Par ailleurs, comme tout
instrument de développement, le cahier de charges proposé ici
n'est pas une panacée, il reste un élément de notre
proposition qui se veut répondre au maximum à un besoin sur le
terrain à savoir rendre les initiatives de développement
communautaires plus rentables, plus durables. Dans ce sens, il dépend
comme tous les autres méthodes et outils de la compétence de
l'équipe qui utilise cette approche et sa capacité de bien
s'imprégner de son objectif et du processus d'analyse des besoins tel
que présenté dans sa globalité.
CONCLUSION
Le choix des priorités en matière de
développement est loin d'être une démarche simple vu les
interrogations qu'ils soulèvent toujours du fait de l'écart
souvent trop important constaté lors des évaluations entre les
objectifs et les résultats réellement obtenus. Cette constatation
restera une réalité à laquelle tout acteur de projet de
développement se verra devoir faire face dans la mesure où il est
très peu probable que les projets de ce type soient des garantis ou
réussissent à cent pour cent. Comme nous avons pu le
démontrer, aucune méthode ni aucun outil ne sont totalement
adaptés pour étudier et mettre en oeuvre un projet et assurer que
celui-ci sera un succès total. Donc, on se retrouvera toujours à
ajuster, selon les besoins identifiés, activités et moyens de
manière à ce que les écarts soient minima entre buts et
réalisations.
En réalisant ce travail, nous avons voulu contribuer
à résoudre ce problème flagrant en Haïti auquel se
butent les agents de développement. Nous nous sommes fixés
l'objectif de proposer une approche méthodologique assortie d'une boite
à outils pour une analyse plus efficiente des besoins des
communautés locales en vue de définir efficacement les
priorités de développement.
Notre méthodologie s'est déroulée autour
de trois grands axes. D'une part, une recherche bibliographique qui nous a
permis d'explorer différentes méthodes, catégories
d'outils, des réflexions de spécialistes qui ont commenté
leur flexibilité à s'adapter sur des terrains divers. Tout ceci
dans le but de mieux comprendre les difficultés des utilisateurs
haïtiens et d'ailleurs dans la manipulation de ces méthodes et
outils lors des études d'identification des projets de
développement acceptés et voulus par les communautés
bénéficiaires. D'autre part, une enquête de terrain qui a
particulièrement touché des praticiens ayant tous une
expérience non négligeable dans le développement
communautaire et particulièrement dans l'utilisation d'une ou de
plusieurs de ces méthodes. Ils ont tous estimé que ces
méthodes ont leur faiblesse et leur ont attribué une part des
échecs des projets. Enfin, l'apport intéressant de notre stage
à la FAO qui nous a permis entre autre de réaliser deux
entretiens sur les thématiques besoins locaux et participation dans le
choix des projets communautaires.
L'étude a révélé, en plus d'une
insuffisance dans l'usage des outils du fait d'une non-maitrise de la plupart
des utilisateurs, que nombreux sont les projets qui n'ont suivi aucune
méthode rationnelle ; dans ce cas, le risque d'échec est toujours
imminent. Donc, il existe un réel besoin d'instruments d'analyse des
besoins adaptés avec la réalité haïtienne. Ainsi nous
sommes arrivés avec la proposition d'une approche méthodologique
pour analyser régulièrement les demandes des communautés
en difficulté. Par cette proposition, nous entendons apporter une
réponse à la question : Une meilleure lecture de la situation de
ces communautés et le choix participatif des alternatives ne
pourront-ils pas contribuer à améliorer la durabilité et
les impacts des projets de développement communautaires ? Cette
proposition se veut apporter une amélioration de la qualité des
projets, pour le moins dans leur choix. Elle se base sur la participation
démocratique, sans aucune forme de contrainte et une implication
soutenue des acteurs évoluant sur le territoire ciblé. Aussi elle
mise sur la sensibilisation pour une bonne conscientisation sur le rôle
de la participation dans un développement intégré. Elle
développe une approche proposant des techniques et prônant l'usage
d'outils déjà connus moyennant leur adaptation pour la collecte
des données, l'analyse de la situation et le choix des interventions.
Elle entend s'attaquer au problème à partir de la base et y
apporter une solution à cette étape fondamentale et cruciale du
cycle de gestion de projet qui est l'étape de l'identification des
projets de développement communautaires. Les résultats de ce
processus d'analyse des besoins sont rassemblés et organisés dans
« le cahier de charges locales », l'extrant final qui
constitue une entente collective sur le territoire et un nouvel outil de
promotion du développement local.
Cette proposition n'est pas exempte de la remarque que bien de
spécialistes ont déjà faite concernant les méthodes
existantes et que nous avons tentée de démontrer dans cette
étude à savoir qu'aucune méthode ne peut être
considérée comme une panacée surtout en matière de
développement. Elle reste, comme toutes les autres démarches,
tributaire d'une bonne connaissance des outils de base, un préalable
à sa bonne utilisation pratique. Par ailleurs, le fonctionnement de
cette proposition reste à prouver sur le terrain avec le souhait qu'il
atteigne son but qui est de composer les forces vives locales pour promouvoir
le développement en Haïti.
Enfin, pour avoir vécu les contraintes liées
à la gestion des projets de développement communautaires et
partagé l'importance confirmée de ces derniers dans la lutte
contre pauvreté, nous avons pensé saisir cette possibilité
de réaliser un mémoire de master professionnel pour apporter
notre pierre à l'amélioration des résultats estimés
plutôt faibles de l'ensemble de ces types de projet entrepris dans le
pays depuis tantôt un peu moins de trois décennies.
Cependant, le problème est-il résolu ?
Evidemment, ni oui ni non ne sont des réponses valables. Car, nous
n'avons abordé qu'une étape du cycle de projet, donc une
dimension du problème. Aussi, sera-t-il utile que d'autres recherches et
d'autres réflexions abordent ce même problème lié
à la qualité des projets. Ainsi, nous suggérions que
d'autres études soient menées sur la gestion des projets en
Haïti toujours dans cet objectif d'améliorer les pratiques et les
outils de gestion en ce qui concerne leur adaptabilité, leur
efficacité, en d'autres termes, leurs forces et faiblesses.
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
AGENCE CANADIENNE DE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL. Politique
de l'Acdi en matière de satisfaction des besoins humains
fondamentaux, Québec, Acdi, 1997, 31 p, ISBN : 0-662-63017-3.
AGENCE CANADIENNE
DE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL. « La gestion axée sur les
résultats à l'Acdi: Guide d'introduction aux concepts et aux
principes » dans
[http://www.acdi-cida.gc.ca/CIDAWEB/acdicida.nsf/Fr/8525711600526F0A852571190061C065?OpenDocument]
(page consultée le 12 mars 2008).
ANDRE, Joyal. « Développement local
communautaire, économie sociale alternative : quel enseignement pour le
tiers-monde ? » dans
[http://agora.qc.ca/RefText.nsf/Documents/Developpement_local--Developpement_local_communautaire_economie_sociale_par_Andre_Joyal]
(page consultée le 29 février 2008).
BANQUE MONDIALE. Objectifs du millénaire pour le
développement : Rapport de suivi global 2007, Washington, 274
p, ISBN-13: 978-0-8213-6975-3.
BANQUE DE LA REPUBLIQUE D'HAITI. Rapport annuel 2006,
Port-au-Prince, BRH, 2006, 127 p.
BEAUDOUX, Etienne et al. Cheminements d'une action de
développement: de l'identification à l'évaluation,
Paris, L'Harmattan, 1992, 203 p, ISBN 2-7384-1122-3.
BERGERON, Pierre G. La gestion dynamique : Concepts,
méthodes et applications, 3 éd., Montréal,
Gaëtan Morin, 880 p, ISBN 2-89105-783-X.
BISHOP, Clare. Programme d'analyse socioéconomique
selon le genre : Guide technique Gestion du cycle de projet, Rome, FAO,
2002, 89 p.
BLANCHET, Karl. « Le développement participatif,
entre souhaits et réalité » Dans Revue internationale
des sciences sociales, no. 170, vol. IV, France, Erès, 2001, pages
697-702, ISBN 9782865868940.
BONNAL, Jean. Participation et Risques D'exclusion -
Réflexions à Partir de Quelques Exemples Sahéliens,
Rome, FAO, 1995, ISBN 92-5-203653-9.
BOUCHER Jacques L. et Louis FRAVREAU. «
Développement local, organisation communautaire et économie
sociale : Une recension des écrits. » dans Cahiers du Crises,
Montréal, Université du Québec à Montréal,
2001, No ET0109, 85 p.
BRUNDTLAND, Gro Harlem. « Rapport Brundtland »
dans [http://www.wikilivres.info/wiki/Rapport_Brundtland] (page
consultée le 01 mars 2008).
BUREAU DES TECHNOLOGIES D'APPRENTISSAGE (BETA). Initiation
aux principes fondamentaux de la gestion de projet, Canada, DRHC, 2003, 16
p.
CAYEMITTES, Michel et al. Enquête mortalité,
morbidité et utilisation des services, EMMUS IV, Haïti,
Ministère de la Santé Publique et de la Population, Institut
Haïtien de l'Enfance, ORC Macro, 2006.
COMITE POUR L'ANNULATION DE LA DETTE DU TIERS MONDE. «
Haïti : 200 ans après, à quand l'indépendance
? » dans [http://www.cadtm.org/IMG/article_PDF/article_405.pdf] (page
consultée le 20 juillet 2008).
COMMISSION EUROPÉENNE- OFFICE DE COOPÉRATION
EUROPEAID. Méthodes de l'aide : lignes directrices, Gestion du Cycle
de Projet, Bruxelles, 2004, 160p.
DANIEL, Neu. Les notes méthodologiques n°4 :
Développement local et décentralisation Points de vue, GRET,
Mai 2003, 8 p.
INSTITUT HAITIEN DE STATISTIQUE ET D'INFORMATIQUE. Les
comptes économiques en 2007, Publication annuelle de l'IHSI #12,
Port-au-Prince, avril 2008.
INSTITUT HAITIEN DE STATISTIQUE ET D'INFORMATIQUE.
«Projection de la Population » dans
[http://www.ihsi.ht/pdf/projection/ProjectionsPopulation_Haiti_2007.pdf] (page
consultée le 19 septembre 2008).
JOACHIN, Benoit. Les Racines du sous-développement en
Haïti : la formation sociale d'Haïti (des conquistadores aux
marines), Port-au-Prince, Imprimerie Henry Deschamps, 1979, 257 p.
LANGEVIN, Yves.
Management de projet, Québec, Chenelière McGraw-Hill,
2007, 575p, ISBN 0-07-297863-5.
LAMBERT, Mathieu. « La participation citoyenne au
niveau local: différents moyens et des idées pour se
lancer. » dans [http://www.uvcw.be/articles/3,10,2,0,1798.htm],
page consultée le 26 octobre 2007.
LELOUP, Fabienne et al. « Le développement local
en Afrique de l'Ouest : quelle(s) réalité(s) possible(s)?
» dans Mondes en développement, Bruxelles, De Boeck
Université, pages 94-111, janvier 2007, ISBN 2-8041-4304-X.
MONTAS, Rémy. La pauvreté en Haïti :
Situation, causes et politiques de sortie, Cepalc, 2005, 62 p.
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET
L'AGRICULTURE. Aquastat dans
[http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/index.stm] (page consultée le
23 juillet 2008).
ORGANISATION POUR LA COOPERATION ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE.
« L'économie mondiale » dans
[http://www.theworldeconomy.org/publications/worldeconomy/frenchpdf/MaddtabB18.pdf]
(page consultée le 24 août 2008).
REPUBLIQUE D'HAITI, Ministère de la Planification et de la
Coopération Externe. Carte de pauvreté d'Haïti, version
2004, 124p.
RIST, Gilbert. Le développement : Histoire d'une
croyance occidentale, Paris, Presses de Sciences Po,
2ème édition, 2001, 442p, ISBN 2-7246-0864-X.
SORIANO, Véronique. « Fiches
Méthodes : Analyse des besoins » dans
[http://www.vivea.fr/sites/internet/Pages/NousConnaitre/kaleinove.aspx#signet5],
(page consultée le 10 mai 2008).
WILDE, Vicki. Programme d'analyse socioéconomique
selon le genre : Guide d'application au niveau terrain, Rome, FAO, 2002,
89 p.
YODA, Blaise. Montage et gestion participative des projets de
développement rural: outils et méthodes d'intervention,
Mémoire de troisième cycle en agronomie, Meknès, Ecole
nationale d'Agriculture de Meknès, 2004, 215p.
ANNEXES
Annexe 1 : cycle de projet de la FAO
Source : Guide technique Gestion du cycle de projet, ASEG, FAO,
2002
Annexe 2 : cycle de projet de l'UE
Source : Méthodes de l'aide : lignes directrices,
Gestion du Cycle de Projet, UE, 2004
Annexe 3 : analyse des problèmes et des
stratégies
Annexe 4 : formulaire d'enquête
Enquête sur l'importance des projets
de développement communautaire et l'utilisation des méthodes
d'études ou d'analyse des besoins en Haïti
1. Identification
a. Poste/Profession :
b. Secteur : FORMCHECKBOX public
FORMCHECKBOX privé/ONG
2. Avez vous déjà participé
à la gestion d'un projet de developpement communautaire ?
a. oui non
b. Si oui, à quel titre ?
FORMCHECKBOX Gestionnaire FORMCHECKBOX Consultant
FORMCHECKBOX Membre de
comité de pilotage FORMCHECKBOX Agent de
financement
FORMCHECKBOX Membre d'equipe de
terrain FORMCHECKBOX Suivi
- évaluation
FORMCHECKBOX autres,
précisez :
2. Croyez-vous que les projets de
développement communautaire ont une importance dans le contexte actuel
d'Haiti ?
a. oui non
b. Selon vous, comment voyez-vous cette
importance ?
3. D'après votre
expérience, les projets communautaires entrepris en Haiti jusque
là ont-ils contribué à améliorer les conditions de
vie des bénéficiaires ?
a. leurs impacts sont très
grands leurs impacts sont moyens
FORMCHECKBOX leurs impacts sont plutot faibles FORMCHECKBOX pas dutout d'impact
b. Si non, à quoi attribueriez-vous cet echec ?
4. Quelle (s) méthode (s)
utilisez-vous pour identifier et analiser les priorités des
bénéficiaires de vos projets ?
FORMCHECKBOX
MARP
FORMCHECKBOX Cadre Logique
(MCL)
FORMCHECKBOX Gestion axée sur les Résultats (GAR)
FORMCHECKBOX Planification par
objectif (PPO)
FORMCHECKBOX Analyse socio-économique selon le Genre (ASEG)
FORMCHECKBOX Diagnostic global
rapide et participatif (DIGRAP)
FORMCHECKBOX Autre,
précisez :
5. Ces méthodes vous
permettent-elles de bien cerner toutes les dimensions des problématiques
que vous traitez ?
oui non
6. Quelles sont selon vous la
(les) limite (s) de ces methodes ?
Annexe 5 : fiche des résultats de
l'enquête
Enquête sur l'importance des projets de
développement communautaire et l'utilisation des méthodes
d'études ou d'analyse des besoins en Haïti
Synthèse des résultats
1- Niveau de participation
a. Nombre de formulaires administrés : 45
b. Nombre de formulaires remplis retournés : 15
2- Caractéristiques des personnes ayant
répondu
Secteurs
|
Effectif
|
Ong / Privé
|
9
|
Public
|
6
|
Total
|
15
|
3- Participation à la gestion d'un projet de
developpement communautaire
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
14
|
93
|
Non
|
1
|
7
|
Total
|
15
|
100
|
4- Ayant estimé que les projets de développement
communautaire ont une importance dans le contexte actuel d'Haiti
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
15
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
15
|
100
|
Points de vus des professionnels sur l'importance des
projets de développement communautaires
|
- Pour compenser un peu ce que l'on n'a pas. Par exemple un
projet de sécurité alimentaire pourra combler le déficit
alimentaire dans la mesure qu'on renforce la production nationale pour
compenser cette perte au moyen et à long terme.
- Les projets de développement permettront au pays de
sortir de ses multiples contraintes socioéconomiques.
- Ils aident tant soit peu à améliorer les
conditions de vie d'une partie non négligeable de la population en
milieu rural.
- Dans le budget national, une part importante a
été octroyée par la communauté internationale
à travers des accords de prêt et/ou de subvention. Il est du
ressort du pouvoir central de définir des objectifs clairs, d'orienter
et d'harmoniser les actions des opérateurs.
- Certaines zones sont bénéficiaires de certains
services (adduction eau potable, électrification, protection de sol,
construction de route, ...)
- Dans ces genres de projets, ce sont les
bénéficiaires qui identifient, exécutent et gèrent
les projets. On est certain que la réalisation de ces derniers
résolve effectivement un problème existant, réel et
commun. Voilà, l'importance capitale de ces genres de projets.
- Les projets de développement communautaire ont une
très grande importance en Haïti dans la mesure où ces
projets tiennent compte des besoins urgents de la localité. De plus, ils
doivent se baser sur des approches participatives. D'ailleurs, la
majorité de ces projets en Haïti utilisent uniquement des gens ou
des professionnels qui viennent des grandes villes ou de l'extérieure ou
de l'étranger. Il serait mieux que les bénéficiaires y
participent.
- C'est un bon moyen de renforcer les capacités
locales. On sait très bien que les administrations communales, les
sections communales sont dépourvues de tout encadrement auprès de
l'Etat central; appuyer (formations, moyens financiers et logistiques) ces
institutions c'est promouvoir le développement endogène qui
constitue un pivot pour les pays en voie de développement tel
Haïti.
- Les projets de développement aident au
déblocage de certains problèmes socio-économiques dont les
solutions sont souvent au-dessus des moyens de la population des pays en voie
de développement visés. Ces projets contribuent à apporter
des ressources financières et techniques nécessaires au
développement. Les idées véhiculées à
travers ces projets aident les concernés à
réfléchir sur leur situation et à chercher des solutions
appropriées.
- Le fait que les projets sont identifiés par la
communauté et son implication directe dans l'exécution de ces
projets. Les structures organisées au niveau de la communauté
sont les principaux bénéficiaires des retombées des
projets.
- Contribution à la survie collective,
intégration plus ou moins réussie des marginaux et des couches
pauvres de la population, amélioration de la santé globale,
accès à l'éducation, lutte contre la pauvreté.
- Ces projets favorisent la valorisation de la main d'oeuvre
locale en attaquant les problèmes réels de chaque
communauté cible.
|
5- Impacts des projets communautaires
|
Effectif
|
%
|
Impacts sont très grands
|
0
|
0
|
Impacts sont moyens
|
6
|
40
|
Impacts sont plutot faibles
|
9
|
60
|
Pas dutout d'impact
|
0
|
0
|
Total
|
15
|
100
|
Points de vue des professionnels sur les causes des
échecs des projets communautaires
|
- Cet échec est du au fait que les
bénéficiaires n'ont pas participé dans la planification
des projets .Les potentiels locaux sont souvent négligés dans la
planification, la mise en oeuvre et la gestion des projets.
- Faute de coordination et de synergie dans les actions.
Témoignage des faiblesses institutionnelles, tels les ministères
sectoriels (notamment la Planification).
- Davantage de participation de la population locale. Plus de
négociations entre les acteurs. Accord sur les projets. Davantage de
suivi des projets si l'implication de la population.
- Besoin de plus de temps. Projets nouveaux. Manque de
formation des élus. Peu d'implication des pouvoirs locaux. Forte
présence de la politique avec les organisations des élections
- Corruption, les dépenses administratives
élevées, manque de suivi,
- Par la méthode d'approche. De plus, puisque c'est un
petit, tout le monde s'amuse à monter des projets pour s'enrichir au nom
des pauvres. En plus de leur méthode d'approche qui n'est pas bonne mais
les responsables des projets ne sont pas fiables. Leur premier but est surtout
faire de l'argent.
- L'obstacle principal est l'absence de continuité dans
les affaires de l'Etat. Les maires, Asec Casec étant des élus
locaux, ils assimilent le plus souvent les réalisations apportées
par un projet à ses causes. Ce qui ne manquerait de constituer de
véritables bâtons dans les roues.
|
6- Utilisation des outils d'analyse des besoins
|
Effectif
|
%
|
Marp
|
10
|
66;7
|
Cadre Logique (Mcl)
|
3
|
20
|
Gestion axée sur les Résultats (Gar)
|
1
|
7
|
Planification par objectif (Pipo)
|
3
|
20
|
Analyse socio-économique selon le Genre (Aseg)
|
4
|
26.7
|
Diagnostic global rapide et participatif (Digrap)
|
6
|
40
|
Autre
|
0
|
0
|
7- Perception des outils d'analyse sur leur pertinence
à traiter les problèmes
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
6
|
40
|
Non
|
8
|
53
|
Abstention
|
1
|
6
|
Total
|
15
|
100
|
8- Les limites évoqués de ces methodes
- Certaines d'entre elles ne tiennent pas compte de la
réalité locale.
|
- Toutes les priorités ne sont pas prises en compte.
Seules quelques idées provenant de leadeurs traditionnels sont retenues.
La nécessité d'arriver à des résultats rapides
(avec beaucoup de visibilité médiatique) ne favorise pas les
projets pouvant avoir un impact plus durable.
|
- Manque d'appropriation par les acteurs concernes, dans le
cadre d'un partenariat fonctionnel.
|
- Prenne beaucoup de temps. besoin de davantage de
compétences des acteurs locaux
|
- Manque de connaissance réelle du milieu,
réalité du terrain complexe, etc.
|
- S'il n'y a pas d'organisations ou des groupes de
développement local, ces méthodes sont difficilement
applicables.
|
- Cette méthode est lente dans la réalisation.
Et le mot "participative" peut porter à équivoque. Je pense
honnêtement que d'autres méthodes conviendraient mieux à la
réalité haïtienne.
|
- Délégation trop rapidement aux groupes
organisés dans la gestion financière. les organismes
d'accompagnement devraient toujours tenir une position semi dirigiste face aux
groupes avant de leur déléguer le total pouvoir.
|
- Manque de synergie par rapport au concret et à
l'imaginaire haïtien. Une certaine forme d'inadéquation par rapport
aux attentes.
|
- On obtient des informations de premières mains
certes, mais insuffisants pour cerner un problème dans toute sa
dimension (social, économique et environnemental).
|
- Certaines d'entr'elles ne tiennent pas en compte de la
réalité locale
|
* 1 Les statistiques
disponibles sur le site de l'OCDE [http://www.theworldeconomy.org] (page
consultée le 13 novembre 2008) montrent que le PIB mondial a
évolué de 5336.101 milliards en 1950 à 33725.635 milliards
en 1998 de dollars internationaux de 1990. La croissance mondiale s'est donc
accrue de plus de 6 fois en moins de 50 ans.
* 2 Source : Banque
Mondiale, 2009, dans [http://go.woldbank.org/KU5BUZ21BO] (page consulté
le 12 mars 2009).
* 3 Informations statistiques
par pays de la base de données de l'Organisation des nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO), disponibles dans
[http://www.fao.org/nr/water/aquastat/countries/haiti/index.stm] (page
consultée le 26 janvier 2009)
* 4 Les données
utilisées pour construire le diagramme sont tirées de
[http://www.indexmundi.com/fr/haiti/] (page consultée le 30 aout
2008)
* 5 Source d'eau
améliorée : robinets à domicile ou publique, puits ou
forages protégés, eau de sources protégées, eau de
pluie.
* 6 Selon un décompte
fait à partir de la liste des ONG reconnues en Haïti. Cette liste
est disponible sur le site Internet du Ministère de la Planification et
de la Coopération Externe [http://www.mpce.gouv.ht/ongreconnues.pdf],
environ 413 ONG travaillant en Haïti seraient officiellement reconnues par
l'Etat haïtien.
* 7 Madame Harlem Brundtland
a établi le lien étroit entre la pauvreté et les risques
écologiques dans le rapport de la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement dont elle a été la
présidente. Ce rapport publié en 1987 est accessible en ligne
dans [.http://www.wikilivres.info/wiki/Rapport_Brundtland] (consulté le
15 octobre 2008)
* 8 BONNAL, Jean.
Participation et Risques D'exclusion - Réflexions à Partir de
Quelques Exemples Sahéliens, série « participation
populaire »..., no 9, Rome, FAO, 1995, chapitre 1, texte en
ligne dans [http://www.fao.org/docrep/003/V5370F/v5370f00.HTM] (consulté
le 15 octobre 2008).
* 9 ANDRE, Joyal. «
Développement local communautaire, économie sociale
alternative : quel enseignement pour le tiers-monde ? », dans
[http://agora.qc.ca/RefText.nsf/Documents/Developpement_local--Developpement_local_communautaire_economie_sociale_par_Andre_Joyal]
(Page consultée le 29 février 2008)
* 10 Source : ACDI, dans
[http://www.canadiangeographic.ca/worldmap/cida/poverty.asp?language=FR&Resolution=],
(page consultée le 24 février 2008).
* 11 Encyclopaedia universalis.
Site web :
http://www.universalis-edu.com,
page, [http://www.universalis.fr/test_lexique.php?mots=besoin], (page
consultée le 08/06/08)
* 12 SORIANO, Véronique.
« Fiches Méthodes : Analyse des besoins » dans
[http://www.vivea.fr/sites/internet/Pages/NousConnaitre/kaleinove.aspx#signet5],
(page consultée le 10 mai 2008).
* 13 LAMBERT, Mathieu. «
La participation citoyenne au niveau local: différents moyens et des
idées pour se lancer. » dans
[http://www.uvcw.be/articles/3,10,2,0,1798.htm], page consultée le 26
octobre 2007.
* 14 ACDI. « La gestion
axée sur les résultats à l'Acdi: Guide d'introduction aux
concepts et aux principes » dans
[http://www.acdi-cida.gc.ca/CIDAWEB/acdicida.nsf/Fr/8525711600526F0A852571190061C065?OpenDocument]
(page consultée le 12 mars 2008).
* 15 GUINDO Bokary,
information management specialist
MCGUIRE Douglas, Coordinator « Mountain Partnership
Secretariat ».
* 16 Pour réaliser la
figure, nous avons utilisé les textes des articles 61 à 84 de la
Constitution haïtienne de 1987 en vigueur sur les collectivités
territoriales. L'intégralité de la constitution est disponible
sur le Site de documentation numérique du Ministère de
l'Économie et des Finances (MEF) de la République d'Haïti
dans la page [http://digitexthaiti.com/Lois/CH87/CH_TM.php] consultée
le12 décembre 2008.
* 17 Ici, pour les
interlocuteurs, la prudence est de mise ; il faut des choix
représentatifs des interlocuteurs sur le terrain et une bonne gestion
des influences sur les groupes marginaux. Il incombe à l'équipe
de pilotage, au moyen du savoir faire de ses membres, de faciliter
l'implication et la participation de tous.
* 18 Nous avons
présenté au niveau de la revue de littérature les
méthodes et les outils que nous estimons les plus importants, nous
invitons les intéressés qui le souhaitent de consulter les textes
suivants pour des informations complémentaires :
- Programme d'analyse socioéconomique selon le genre :
Guide d'application au niveau terrain, FAO, Rome, 2002, 89 p.
- Programme d'analyse socioéconomique selon le genre :
Guide technique Gestion du cycle de projet, FAO, Rome, 2002, 89 p.
- Méthodes de l'aide : lignes directrices, Gestion du
Cycle de Projet, COMMISSION EUROPÉENNE- OFFICE DE COOPÉRATION
EUROPEAID, Bruxelles, 2004, 160p.
Ces documents sont intégralement disponibles
gratuitement en ligne.
|