Toute recherche scientifique exige la contribution de
plusieurs personnes. Elle bénéficie de l'aide tant
matérielle, financière, intellectuelle que morale de personnes
auxquelles nous voulons exprimer notre profonde reconnaissance.
Nos remerciements s'adressent à ceux qui ont
répondu au questionnaire de recherche :
- La Direction de l'Enseignement Préscolaire et
Primaire du Ministère de l'Éducation au Rwanda
- La Coordination Nationale de l'Éducation Pour Tous et
son Secrétariat au Ministère de l'Éducation au Rwanda.
- Les Directeurs des Écoles Normales Primaires
(E.N.P/T.T.C) au Rwanda.
- Les enseignants.
Nous tenons également à remercier ici :
- Le Professeur Maurice KOUYATE qui, par son accompagnement,
sa disponibilité, son expérience dans le domaine de la formation
des enseignants et sa rigueur, nous a permis de mener à bien notre
recherche.
- L'administration académique et tous les professeurs
du CELAF/ ISSPR pour leur encadrement pédagogique. Nous remercions en
particulier, les Professeurs de l'année de
Maîtrise 2004-2005: Pr. TAPE Goze, Pr. ANY-BGAYERE Sahou, Pr. KOFFI
Daniel, Dr. Patrice AKE et Édouard DELOISY. Ils nous ont permis
d'appréhender avec audace et précision l'étape initiatique
de la recherche scientifique.
- LEFEUVRE Loïc, pour sa lecture minutieuse et attentive.
- Toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une
autre, ont permis la réalisation de cette recherche.
*******************************************
« Il n' y a pas d'autre choix que d'
``éduquer'',
et de le faire vite et bien »
Joseph KI-ZERBO
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ..1
CHAPITRE 1 :
PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE.
8
1.1. L'INTÉRÊT POUR LE SUJET
9
1.2. INTÉRÊT PÉDAGOGIQUE DU
SUJET
12
1.3. INTERET NATIONAL ET SOCIAL DU SUJET
13
1.4. ÉNONCÉ DU PROBLÈME
14
1.5. LA QUESTION DE RECHERCHE
15
CHAPITRE 2 :
ANALYSE DES CONCEPTS CLÉS
16
2.1. NAISSANCE DU CONCEPT
« ÉDUCATION POUR TOUS »
17
2.2. ÉDUCATION POUR TOUS
COMME POLITIQUE
18
2.3. PILIERS ET STRUCTURES DE L'ÉDUCATION POUR
TOUS.
19
2.3.1. LES PILIERS DE L'ÉDUCATION POUR
TOUS
19
2.3.2. LES STRUCTURES DE L'ÉDUCATION POUR
TOUS
20
2.3.2.1. ÉDUCATION DE BASE
20
2.3.2.2. ÉDUCATION
PRÉSCOLAIRE
20
2.3.2.3. ÉDUCATION
PRIMAIRE
21
2.3.2.4. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
UNIVERSEL (EPU)
21
2.3.2.5. ENSEIGNEMENT
ARTISANAL
21
2.3.2.6. PROGRAMME DE
RATTRAPAGE
21
2.3.2.7. ÉDUCATION
SPÉCIALE
22
2.3.2.8.
ALPHABÉTISATION
22
2.4. METHODES D'ENSEIGNEMENT ET
D'EVALUATION
23
2.4.1. METHODES D'ENSEIGNEMENT
23
2.4.2. METHODES D'EVALUATION
25
2.4.2.1. RENDEMENT SCOLAIRE
26
2.4.2.2. DÉPERDITION SCOLAIRE
26
CHAPITRE 3:
REVUE DE LITTÉRATURE
28
3.1.LES ÉCOLES NORMALES PRIMAIRES
30
3.1.1. LES ECOLES NORMALES PUBLIQUES
31
3.1.2. LES ÉCOLES NORMALES DE JEAN-BAPTISTE DE
LA SALLE
35
3.1.2.1. ORGANISATION DES ÉCOLES NORMALES
PRIMAIRES.
38
3.1.2.2. L'AUTONOMIE DES ÉCOLES
NORMALES
40
3.1.2.3. LE RECRUTEMENT DES
ELEVES-MAÎTRES
41
3.1.2.4. REGIME FINANCIER DES ÉCOLES
NORMALES
42
3.1.2.5. LES PRINCIPES PEDAGOGIQUES
42
3.1.2.6. MATIERES ENSEIGNEES DANS LES ÉCOLES
NORMALES
44
3.2. POLITIQUES EDUCATIVES DE
L'EDUCATION POUR TOUS.
45
3.2.1. LA DÉCLARATION
MONDIALE SUR L'EDUCATION POUR TOUS.
45
3.2.2. LA POLITIQUE EDUCATIVE SUR
L'ÉDUCATION POUR TOUS AU RWANDA.
48
3.2.2.1. POLITIQUE EDUCATIVE.
48
3.2.2.1.1. MISSION DE
L'EDUCATION
48
3.2.2.1.2. BUTS DE
L'EDUCATION
49
3.2.2.1.3. OBJECTIFS SPECIFIQUES DU
SECTEUR DE L'EDUCATION.
49
3.2.2.2. PLAN STRATEGIQUE ET LE PLAN
D'ACTION
50
3.2.2.2.1. L'OBJECTIF GLOBAL DE
L'ÉDUCATION DE BASE
50
3.2.2.2.2. L'ENGAGEMENT DU RWANDA EN MATIÈRE
DE L'EDUCATION POUR TOUS.
51
3.2.2.2.3. PRIORITES POUR L'ÉDUCATION DE
BASE
51
CHAPITRE 4:
LA FORMATION DES ENSEIGNANTS POUR
L'ÉDUCATION DE BASE.
53
4.1. FORMATION INITIALE
55
4.1.1. LA FORMATION INFUSE
56
4.1.2. LA FORMATION
TRADITIONNELLE
56
4.1.3. LA FORMATION
SCIENTIFIQUE
57
4.1.4. LA FORMATION
BEHAVIORISTE
58
4.1.5. LA FORMATION HUMANISTE
61
4.2. FORMATION CONTINUE DES
ENSEIGNANTS
64
4.3. LA FORMATION DES
ADULTES.
65
4.3.1. LES STRUCTURES
D'ALPHABÉTISATION.
65
4.3.2. PRINCIPAUX OBJECTIFS
GÉNÉRAUX DE L'ALPHABÉTISATION
67
4.3.3. POLITIQUES ET PROGRAMMES
D'ALPHABÉTISATION
68
CHAPITRE 5:
CADRE MÉTHODOLOGIQUE
70
5.1. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
71
5.1.1. OBJECTIF GÉNÉRAL
71
5.1.2. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
71
5.2. HYPOTHÈSE DE L'ÉTUDE
72
5.3. PRÉSENTATION DU CONTEXTE DE
L'ÉTUDE
72
5.3.1. LES ECOLES NORMALES PRIMAIRES DANS LE
SYSTÈME ÉDUCATIF RWANDAIS
74
5.3.2. ORGANISATION, STRUCTURE ET POPULATION DES
ECOLES NORMALES PRIMAIRES
75
5.4. CHOIX DE L'APPROCHE METHODOLOGIQUE
77
5.5. POPULATION D'ETUDE
79
5.5.1. CHOIX D'UN ECHANTILLON REPRESENTATIF.
80
5.5.2. METHODES DE COLLECTE DES DONNEES
81
5.5.3. ENQUETE QUANTITATIVE
82
5.5.4. L'INTERVIEW
82
5.5.5. LE QUESTIONNAIRE
84
5.5.5.1. QUESTIONS À RÉPONSES
FERMÉES.
84
5.5.5.2. QUESTIONS À RÉPONSES
OUVERTES.
84
CHAPITRE 6 :
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS.
86
6.1. RÉSULTATS DE L'INTERVIEW
88
6.2. TENDANCES DÉGAGÉES PAR LE
QUESTIONNAIRE D'ENQUÊTE
89
6.2.1. EDUCATION POUR TOUS : BASE DE LA
RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ ET L'AMÉLIORATION DU BIEN
ÊTRE DE LA POPULATION.
89
6.2.2. L'IMPLICATION DES ECOLES NORMALES DANS LA
PLANIFICATION ET DANS L'EXÉCUTION DU PLAN D'ACTION DE L'EDUCATION POUR
TOUS.
92
6.2.3. L'ENGAGEMENT DES ÉCOLES NORMALES
PRIMAIRES À LA MISE EN OEUVRE DES OBJECTIFS DE L'EDUCATION POUR
TOUS.
95
6.2.3. 1. LES ACTIVITÉS DES ECOLES NORMALES EN
FAVEUR DE L'EDUCATION POUR TOUS
95
6.2.3. 2. FORMATION INITIALE ET CONTINUE DES
ENSEIGNANTS DU PRIMAIRE
100
6.2.3.2. 1. FORMATION INITIALE
100
6.2.3.2.2. FORMATION CONTINUE DES ENSEIGNANTS DU
PRIMAIRE.
103
6.2.4. LA FORMATION DES ENSEIGNANTS DANS LE CADRE DE
L'EDUCATION POUR TOUS.
105
6.2.4.1. LES DIFFÉRENTS PROGRAMMES DE
L'ÉDUCATION DE BASE.
105
6.2.4.2. AMÉLIORATION DE LA FORMATION DES
ÉLÈVES-MAÎTRES.
107
6.2.4.3. AMÉLIORATION DU RENDEMENT
SCOLAIRE.
108
6.2.4.4. LA SENSIBILISATION DE LA POPULATION
ENSEIGNANTE.
109
CHAPITRE 7 :
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS.
110
7.1. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
111
7.2. DISCUSSION - INTERPRÉTATION
113
7.2.1. DE L'ÉDUCATION AU BIEN-ÊTRE DE LA
POPULATION
113
7.2.2. DE LA PLANIFICATION À LA PARTICIPATION
EN ÉDUCATION
115
7.2.3. DE L'INITIATIVE PÉDAGOGIQUE À LA
CONTRIBUTION AU PROCESSUS DE L'EDUCATION POUR TOUS.
116
7.2.4. FORMATION INITIALE ET CONTINUE
119
7.2.4.1. DE LA FORMATION INITIALE À
L'ENSEIGNEMENT
119
7.2.4.2. DE LA FORMATION CONTINUE À LA
RÉUSSITE SCOLAIRE.
122
7.3. INTERPRÉTATION D'ENSEMBLE DES
RÉSULTATS.
124
7.3.1. LA FORMATION INITIALE DES
ÉLÈVES-MAÎTRES.
124
7.3.2. ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES
PARASCOLAIRES DES ECOLES NORMALES PRIMAIRES
127
CHAPITRE 8 :
PROPOSITIONS.
128
CONCLUSION
140
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
143
ANNEXES 144
ABREVIATIONS ET
SIGLES
CELAF/ISSPR
|
Centre Lassalien
Africain / Institut
Supérieur de Sciences
Pédagogiques et Religieuses
|
C.E.R.A.I.
|
Centre d'Enseignement
Rural et Artisanal Intègre
|
C.N.D.P.
|
Centre National de
Développement des Programmes
|
C.N.E.R.
|
Conseil National des
Examens au Rwanda.
|
C.N.R.U:
|
Commission Nationale
Rwandaise pour l'UNESCO
|
E.D.D.
|
Education en vue du
Développement Durable.
|
E.N.P./P.T.C/T.T.C
|
Ecole Normale
Primaire/ Primary Teachers
College/ Teachers Training
College
|
E.N.T.
|
Ecole Normale
Technique
|
E.P.T
|
Education Pour
Tous
|
E.P.U.
|
Enseignement Primaire
Universel
|
G.T.Z.
|
Deutsche Gesellschaft für
Technische Zusammenarbeit GmbH
|
I.G.E.
|
Inspection
Générale de l'Education.
|
IMPRESCO
|
Imprimerie Scolaire
|
I.R.S.T.
|
Institut de Recherche
Scientifique et Technologique
|
I.S.A.E.
|
Institut Supérieur
d'Agriculture et d'Elevage.
|
K.H.I
|
Kigali Health
Institute
|
K.I.E
|
Kigali Institute of
Education
|
K.I.S.T
|
Kigali Institute of
Sciences Technology and Management
|
MINEDUC
|
Ministère de l'Éducation, de la Science, de la
Technologie et de la Recherche Scientifique
|
N.C.H.E:
|
National Council of
High Education/Conseil
National de l'Enseignement
Supérieur
|
N.R.F/F.N.R
|
National Research
Fund/Fond National pour la
Recherche
|
O.N.G :
|
Organisation Non
Gouvernementale
|
P.E.P.E.
|
Protection et Education de la
Petite Enfance
|
P.S.S.E.
|
Plan Stratégique du
Secteur de l'Education
|
RAAS
|
Rwandan Academy of
Arts and Sciences.
|
S.F.A.R
|
Student Financing Agency for
Rwanda/Agence Rwandaise de Financement des Étudiants
|
S.T.E.
|
Sciences et Technologie
Élémentaire
|
TSC
|
Teachers' Service
Commission
|
T.I.C./I.C.T
|
Technologie de l'Information et de la
Communication/Information and Communication Technologies
|
UNESCO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la
Science et la Culture
|
U.C.A.O/U.U.A.
|
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité
Universitaire d'Abidjan
|
U.N.R.
|
Université Nationale du
Rwanda.
|
V.I.H/SIDA
|
Virus Immunodéficitaire
Humain/Syndrome
d'Immuno-Déficience
Acquise
|
INTRODUCTION
Le thème qui fait l'objet de notre étude est
centré sur l'analyse et la recherche de l'implication des Ecoles
Normales Primaires au processus de l'Education Pour Tous; c'est-à-dire
la contribution effective des institutions de formation des enseignants du
primaire à ce processus. Pour cibler les contributions possibles au
processus de l'Éducation Pour Tous, nous voulons mettre en
évidence le lien qui existe entre « la politique de
l'Education Pour Tous » et la formation des enseignants du
primaire tout au long de notre travail de recherche. Les politiques
éducatives déclarées seront des outils nécessaires
pour connaître l'ensemble des décisions prises par anticipation en
vue de préciser les attentes de la société rwandaise
vis-à-vis de l'éducation formelle et non formelle.
Toute éducation comprend plusieurs étapes et est
le résultat d'un long processus. Toute société a des
valeurs à transmettre aux nouvelles générations. Elle veut
que toutes les nouvelles générations soient
éduquées en vue d'être intégrées dans la
société. Le concept de l'«Éducation Pour Tous
(EPT) » n'est donc pas nouveau dans le système éducatif
rwandais. Comme dans tous ceux des pays accédant à
l'indépendance en matière d'éducation formelle, le
Gouvernement Rwandais de la Première République a essayé
de le structurer en confiant deux missions essentielles à
l'école : l'expansion de l'éducation en tant que
moteur du développement d'une part et l'enseignement primaire universel
et obligatoire d'une autre part. C'est dans ce contexte que la loi du
27 août 1966 a mis fin au monopole de l'Église dans
l'enseignement ; les écoles primaires ont été
nationalisées.
La société rwandaise a toujours
désiré donner une éducation de base à tous les
citoyens. Mais la jeune nation, dépourvue du personnel enseignant et des
moyens financiers nécessaires pour ouvrir les écoles de formation
des instituteurs, n'a pu offrir l'éducation de base à tous.
L'enseignement secondaire est ainsi, pendant plusieurs années
accessible, seulement à un petit nombre d'élèves
sélectionnés, parfois sur des bases subjectives.
Dans le désir de bâtir une société
ouverte sur le monde, capable de se prendre en charge et d'être
compétitive sur le marché du travail, le Gouvernement de la
Deuxième République a initié une réforme du
système éducatif en 1979-1980 dans le but de
démocratiser l'éducation, puis de
créer un lien entre l'école, la production et le
développement national. Très ambitieuses mais sans
élaboration d'un processus éducatif, toutes ces intentions
politiques en matière de l'éducation n'ont pas connu de vraies
réalisations ; beaucoup d'initiatives sont restées
ponctuelles et dépendantes des bailleurs de fonds. À long terme,
la continuité du système n'était pas assurée et on
revenait à la case de départ.
La réforme de 1979-1980, en créant des
écoles de métiers appelées couramment CERAI (Centre
d'Enseignement Rural et Artisanal Intégré), en renforçant
l'école primaire sur huit ans au lieu de six ans et en créant des
Écoles Normales Techniques pour former les enseignants de ces
écoles, avait suscité beaucoup d'espoir au Rwanda. Mais,
après quelques années, ces écoles de métiers et les
Écoles Normales Techniques ont été purement et simplement
supprimées. Les septième et huitième années de
l'enseignement primaire, initiées par la même réforme, sont
supprimées pour en revenir au système de six ans.
À la fin de la Deuxième République, les
objectifs n'ont pas été atteints. Pendant cette période,
le système scolaire a été marqué par
l'instabilité et les inégalités sociales. Les
critères de passage de l'enseignement primaire à l'enseignement
secondaire étaient basés sur l'équilibre régional
et ethnique et non sur une évaluation des connaissances scolaires.
L'école rwandaise connaîtra des effets néfastes du
génocide 1994, car elle n'a pas pu rester à l'écart des
divisions ethniques et régionales. De nombreux enseignants ont
participé activement à ces horribles massacres.
Au milieu de l'instabilité politique et du
tâtonnement du système éducatif rwandais,
« l'Éducation Pour Tous » ne peut être une
chose acquise du jour au lendemain. C'est un processus qui doit se
préparer dès la formation initiale des enseignants. C'est
à l'École Normale que l'élève-maître acquiert
des attitudes, des comportements, des méthodologies, le sens de
responsabilité et la déontologie professionnelle. Ce processus
exige une planification rigoureuse. La planification de l'EPT doit être
considérée comme un processus et non comme des actions
ponctuelles dans le secteur de l'éducation. Ces actions ponctuelles
peuvent parfois nous donner l'impression d'un avancement considérable du
processus éducatif ou d'une réalisation importante, mais, si
elles ne se trouvent pas insérées dans la politique sectorielle
de l'éducation, dans un processus bien planifié, elles n'ont que
peu d'utilité. Ainsi, la réalisation de
« l'Éducation Pour Tous » dépendra en grande
partie de la planification et des formations initiale et continue des
enseignants. La politique éducative nationale doit tenir compte de
cette réalité.
Depuis 1994, le Gouvernement d'Union Nationale, pour
redresser et développer le secteur de l'éducation, s'est
fixé deux missions essentielles confiées à
l'école : former les ressources humaines nécessaires
au développement économique et social et promouvoir la paix
et la tolérance au sein de la société rwandaise.
Ces deux missions ont permis d'entrer dans une autre phase de
développement de la politique sectorielle de l'éducation :
Nous avons entamé une nouvelle phase de
développement et par conséquent, le secteur de l'éducation
a besoin d'une nouvelle politique. Le Rwanda, comme tant d'autres pays se
trouve maintenant à la croisée des chemins avec les engagements
d'aboutir à quelques objectifs de développement international,
tels que l'Enseignement Primaire Universel (EPU) et l'Éducation Pour
Tous. (......). La nouvelle politique du secteur de l'éducation devrait
être le reflet de ce nouveau milieu politique. Ce milieu exige à
ce que tout domaine d'activité économique soit géré
comme secteur, la nécessité donc d'adopter une approche
sectorielle s'impose pour que le secteur de l'éducation puisse recevoir
la contribution de tous les acteurs1(*).
A travers cette politique éducative qui envisage de
nouvelles orientations dans le secteur de l'éducation, le Gouvernement
d'Union Nationale a pris conscience du besoin de réformer l'approche de
la formation des enseignants pour empêcher la répétition de
la situation où les enseignants étaient vus comme contribuant
significativement au génocide et rendre la formation des enseignants
plus professionnelle par la mise en place des collèges (ENP)
consacrés à la formation d'enseignants2(*) (plutôt que de prendre
leur formation comme branche de l'enseignement secondaire).
L'engagement pour l'Éducation Pour Tous (EPT), et en
particulier la réalisation rapide de l'Enseignement Primaire Universel
(EPU), y compris la hausse de la qualité comme motivation pour des taux
d'accès et de conservation croissants, a exercé une forte
pression sur le système pour former des enseignants efficaces du
primaire3(*). Le processus
est en marche mais une réorganisation des ENP s'avère urgente en
faveur de l'EPU et en général de l'EPT. La mission
nécessite d'être bien définie et aussi élargie pour
permettre aux élèves-maîtres de contribuer à leur
formation pédagogique. Les ENP sont composées par des acteurs
devant contribuer au processus de l'Enseignement Primaire Universel et de
l'Éducation Pour Tous.
Les concepts de l'EPU et EPT, vus comme utopie sur le
continent africain et les autres pays du tiers monde, sont pourtant
réalisables. L'éducation se présente comme une solution
« sine qua non » pour sortir de la misère et pour
pouvoir entrer en compétition économique avec les pays
développés ; c'est une vision que nous partageons avec le
Gouvernement Rwandais et d'autres pays africains. Pour Fay Chung, ancien
Ministre de l'éducation du Zimbabwe « l'éducation a un
rôle important à jouer dans l'instauration et la définition
des valeurs qui feront de l'Afrique un continent politiquement et
culturellement uni, harmonieux et tourné vers
l'avenir »4(*). Le
besoin d'éducation semble plus que jamais urgent. Nous devons
investir dans l'éducation. Sans négliger les autres étapes
de la formation, il nous faut à tout prix offrir l'éducation de
base à tous les Rwandais: « cela signifie que nous attendons
beaucoup des enseignants, qu'il sera beaucoup exigé d'eux, car il
dépend d'eux en grande partie que cette vision devienne une
réalité »5(*)
La formation initiale des enseignants doit tenir compte de la
vision de « l'Éducation Primaire Universelle » ainsi
que de « l'Éducation Pour Tous », d'où le
rôle primordial des onze Écoles Normales Primaires.
L'Éducation Pour Tous devrait être un processus éducatif
conduit dans un esprit de l'éducation de qualité. Koïchiro
Matsuura, Directeur Général de l'UNESCO6(*) ne souhaite pas que la
quantité soit privilégiée au détriment de la
qualité quand il dit:
La finalité de l'éducation ne peut plus se
réduire à dispenser l'instruction ou la maîtrise des
compétences nécessaires pour exercer un métier. Il ne faut
pas oublier qu'éduquer, c'est conduire dehors (ex ducere), c'est donner
à l'apprenant les moyens de son ouverture au monde, c'est le mener
jusqu'au plein épanouissement de ses capacités. Perdre de vue de
cette approche, privilégier dans l'«éducation pour
tous » le « tous » au détriment de
l'«éducation », conduirait à développer un
nouveau type d'analphabétisme et à creuser les disparités
et les inégalités centre lesquelles l'éducation doit
justement être la plus puissante des armes.
Dans les pays du tiers monde, le danger de la mise en
application de l'Enseignement Primaire Universel est la surpopulation des
classes primaires. Bien que les politiques insistent sur la qualité
d'éduquer, concrètement la course à la réalisation
de l'EPU néglige parfois la qualité. L'évaluation
formative dans les écoles devient quasiment impossible à cause du
nombre d'élèves et on se contente de l'examen de fin de
trimestre, l'élève restant souvent un inconnu. Les
critères de passage à la classe supérieure deviennent
moins rigoureux, la promotion automatique est privilégiée. La
qualité est sacrifiée au profit de la quantité. Cela est
observable au Rwanda où avec « le système de double
vacation », un enseignant se retrouve avec 156
élèves : 78 élèves le matin et 78 autres
l'après-midi, ce qui réduit le temps d'apprentissage de
moitié pour les élèves et double le temps de travail des
enseignants. Cela affecte la qualité de l'enseignement. Le ratio
d'élèves par enseignant est de un pour 72 élèves
à l'intérieur du pays, et de un pour 47 élèves dans
la Capitale. On peut citer également le cas de l'Ouganda où
« les écoles sont en nombre insuffisant pour accueillir des
élèves toujours plus nombreux. Le ratio d'élèves
par enseignant y est de un pour 63 (contre 37 en 1996) et il n'est pas rare que
les instituteurs aient 150 élèves par classe (et cinq enfants par
pupitre) »7(*). La
conséquence se manifeste dans la diminution de la qualité de
l'encadrement pédagogique. L'enseignement individualisé, ou
centré sur l'apprenant, devient pratiquement impossible. D'après
le rapport de l'Unesco, les parents ayant des moyens préfèrent
actuellement l'enseignement privé à l'enseignement public. Cette
surpopulation dans l'enseignement primaire des pays du tiers monde est due au
manque de moyens financiers pour augmenter le nombre d'enseignants et le nombre
de classes proportionnellement à la population scolarisable. La
créativité dans l'invention de nouvelles méthodes
pédagogiques adaptées à la situation s'avère
nécessaire pour le processus de l'éducation.
L'Education Pour Tous ne doit pas être un vain mot mais
un comportement pédagogique. Tous les enseignants et les parents doivent
être imprégnés de la vision de l'Education Pour Tous. Le
bien-fondé de cette éducation doit s'installer dans l'esprit des
élèves-maîtres. Le système éducatif rwandais
sera meilleur dès que la qualité de ses enseignants
s'améliorera. Dans notre travail, suite aux enquêtes menées
auprès du Directeur de l'enseignement préscolaire et primaire du
Ministère de l'éducation Nationale, de la Coordination Nationale
de l'Education Pour Tous au Rwanda, des onze directeurs des Ecoles Normales
Primaires, de quelques enseignants, nous serons en mesure de cibler des
contributions importantes des ENP au processus de l'Education Pour Tous au
Rwanda. Ce travail est reparti en huit chapitres.
Dans le
premier chapitre nous dégagerons la problématique de ce travail
en constatant qu'une grande partie de la population est analphabète.
Devant cette réalité « comment parler de
développement, de démocratie véritable, de
citoyenneté si 50 % des habitants sont
analphabètes ? »8(*) Nous préciserons les motifs du choix du sujet,
l'intérêt pédagogique et l'intérêt social.
« Si un effort important n'est pas consenti en faveur de
l'école qui permettra une accélération du processus de
scolarisation, une grande partie des enfants (...) restera
écartée des bénéfices de l'éducation pendant
cinquante ans »9(*). Nous énoncerons le problème et la
question de recherche.
Le deuxième sera consacré à l'analyse des
concepts clés liés à l'éducation en rapport avec
les objectifs de l'Education Pour Tous : sa politique, ses piliers et ses
structures de base. Les méthodes d'enseignement et d'évaluation
seront analysées en rapport avec ses conséquences.
Dans le troisième chapitre, nous ferons l'inventaire
des documents portant sur le système éducatif des Écoles
Normales Primaires. Bien que nous parlerons un peu des Ecoles Normales
Primaires de l'enseignement public en France et en Côte d'Ivoire, le
modèle des Ecoles Normales (autrefois appelées
« Séminaires des Maîtres d'écoles ») de
Monsieur Jean-Baptiste de la Salle est choisi pour une simple raison
historique. Le modèle des Ecoles Normales du système
éducatif du Rwanda nous vient de la Belgique (ancien colonisateur du
Rwanda) par le biais des missionnaires catholiques, les Frères des
Ecoles Chrétiennes et les Frères de la Charité, qui ont
ouvert les premières Ecoles Normales au Rwanda. Nous présenterons
la déclaration mondiale sur l'Education Pour Tous et la politique
éducative du système éducatif rwandais en rapport avec les
objectifs de « l'Éducation Pour Tous » et ses
implications.
Le quatrième chapitre passera d'abord en revue les
modèles de formation initiale tels que l'infuse, le traditionnel, le
béhaviorisme, l'humanisme, le scientifique. Ensuite, nous
présenterons la formation continue des enseignants du primaire. Enfin,
nous parlerons de la formation des adultes et des structures
d'alphabétisation, du programme et des objectifs
d'alphabétisation.
Le cinquième chapitre sera centré sur le cadre
méthodologique. Ce qui nous permettra d'énoncer les intentions de
notre recherche. Nous définirons des objectifs à deux niveaux:
l'objectif général pour présenter notre intention
générale de recherche et les objectifs spécifiques pour
expliciter toutes les opérations de recherche. Nous énoncerons
l'hypothèse de l'étude que notre recherche veut confirmer. Pour
faciliter la compréhension de l'objet de recherche, nous
présenterons brièvement le contexte de l'étude,
l'échantillonnage, les méthodes de recherche et l'analyse des
données
Le sixième chapitre présentera des
résultats d'interview et des enquêtes menées au sein du
Ministère de l'Education et des Écoles Normales au Rwanda. Nous
présenterons les résultats obtenus aux questions fermées
et aux questions ouvertes en utilisant la méthode qualitative
plutôt que la méthode quantitative. Les souhaits du terrain
d'étude seront mis en évidence, ce qui nous permettra
d'interpréter les résultats.
Le septième chapitre sera consacré à la
discussion et à l'interprétation des résultats. Il s'agit
de déterminer si notre hypothèse est confirmée ou
infirmée et de faire ressortir quelques perspectives pédagogiques
en faveur de l'Éducation Pour Tous au sein des Écoles Normales
Primaires au Rwanda.
Le huitième chapitre se préoccupera de donner
des propositions à partir des résultats de notre recherche. Nous
serons en mesure de proposer de nouvelles missions ou d'élargir les
missions des Ecoles Normales Primaires au Rwanda en faveur de l'Education Pour
Tous.
En conclusion, nous rappellerons les grandes lignes de notre
démarche ainsi que des résultats de la recherche. Nous essaierons
de souligner en quoi la recherche nous a permis de mieux comprendre l'Education
Pour Tous en rapport avec le rôle des Ecoles Normales primaires. Il
s'agit pour nous de montrer en quoi notre recherche apporte un plus sur le
fonctionnement des Ecoles Normales en ce qui concerne le processus des
objectifs de l'Education Pour Tous au Rwanda.
CHAPITRE 1
Problématique de l'étude.
Nous abordons la formulation de notre problématique.
Celle-ci nous permet d'entrer dans la phase de théorisation de notre
étude. La problématique va découler de la motivation de
départ qui se situe dans notre ancienne responsabilité à
l'École Normale Primaire de Kirambo. Cette motivation sera
exprimée à travers trois catégories
d'intérêts : l'intérêt du sujet,
l'intérêt pédagogique et l'intérêt national et
social.
1.1. L'INTÉRÊT POUR LE SUJET
Si nous sommes d'accord avec Kant pour affirmer que
l'éducation doit développer dans chaque individu toute la
perfection dont il est capable, l'éducation devient un bon cadeau qu'il
faudrait offrir à toute l'humanité pour la rendre plus humaine.
Si l'éducation vise à développer le respect de l'autre, la
tolérance, le dialogue, le respect des droits et devoirs,
l'éducation devient une clef pour ouvrir la porte de la paix dans un
monde déchiré par des tensions ethniques et le désir de
domination, dans un monde où « la loi du plus fort est
toujours la meilleure », un monde dominé par les puissances
militaires et économiques.
L'éducation est un droit fondamental. Personne n'a le
droit d'en priver qui que ce soit. Cette certitude fonde la déclaration
mondiale de l'Éducation Pour Tous (EPT), adoptée à
l'unanimité le 09 mars 1990 à Jomtien en Thaïlande
(voir aussi dans la constitution du Rwanda, article n°40), au moment
où le Rwanda traversait une crise politique qui a abouti au
génocide de 1994. Cette déclaration n'a eu aucun impact dans le
système éducatif de cette période. Après cette
tragédie, le Rwanda avait besoin d'une nouvelle orientation
éducative spécifique à la culture de la paix. Pour cela la
société rwandaise avait besoin d'éducateurs
libérés de l'esclavage ethnique, régional et politique,
donc d'éducateurs pour tous en vue d'humaniser et de socialiser les
Rwandais.
Dans cette vision éducative, « chaque
génération de jeunes doit apprendre les rôles et les
valeurs, les droits et les devoirs partagés par la société
dans laquelle elle est née. C'est en apprenant ces rôles que les
enfants sont socialisés, initiés aux attentes que la
société entretient à leur égard.
Simultanément, la société se trouve à produire des
individus qui sauront maintenir et défendre l'ordre
social »10(*).
Préoccupé de l'unité nationale, le Gouvernement Rwandais
doit assurer l'éducation de tous les citoyens selon la capacité
de chacun et non selon l'équilibre ethnique et régional qui a
conduit le pays au génocide. C'est dans ce contexte que « le
Rwanda, comme tant d'autres pays se trouve maintenant à la
croisée des chemins avec l'engagement d'aboutir à quelques
objectifs de développement international, tels que l'Enseignement
Primaire Universel (EPU) et l'Éducation Pour Tous
(EPT) »11(*)
Après le Forum mondial de Dakar, le Rwanda s'est
engagé dans le processus de l'EPT en mettant sur place un
Secrétariat National pour l'EPT au sein du Ministère de
l'Éducation (MINEDUC) en septembre 2001. Le Plan d'Action a
été publié en juillet 2003. Le coût total de ce plan
est estimé à 382.819.140.455 Frw12(*), soit 652 162 O79 USD, soit 530 220 416 EUR pour la
période de 2003 à 2015. Ce montant représente une somme
importante dans le budget national, et le Gouvernement Rwandais seul ne peut
financer ce projet de grande envergure. Sa mise en exécution exige
l'implication des ONG, « des Agences de l'ONU, des Agences d'aide
bilatérale, des Églises et de la Société
Civile »13(*).
L'implication de chacun dans cette politique nous semble nécessaire.
C'est une des raisons qui nous pousse à chercher quelle pourrait
être la contribution effective des Centres de Formation
Pédagogique comme les Écoles Normales Primaires. Cette
contribution se limitera au niveau de l'Éducation de Base selon les
priorités définies dans le plan stratégique du Secteur de
l'éducation.
Les données statistiques sont très
inquiétantes (dans l'éducation de base) : sur cent enfants
(100) scolarisables, il n'y a que soixante six (66) qui vont à
l'école ; trente-quatre enfants sur cent (34%) sont privés
de l'instruction. Le taux d'alphabétisation s'élève
à 47,8% pour les femmes tandis que celui des hommes est estimé
à 58,1 %14(*).
Quarante-huit pour cent (48%) de la population est donc analphabète et
52 % des Rwandais sont alphabétisés. Le taux d'inscription net
à l'école primaire est de 74%. Le taux de redoublement y est de
33% et le taux d'abandon se situe à 12,8% 15(*) pour l'année scolaire
2001. Ce dernier pourcentage a augmenté pour l'année scolaire
2003 (15,2%)16(*). C'est
un gros problème pour la réalisation du Plan d'Action de
l'Education Pour Tous.
Ces données nous laissent comprendre qu'il faut une
étude approfondie des causes. Il est difficile de penser à un
développement économique durable quand la moitié de la
population est analphabète et moins instruite. Un grand nombre d'hommes
et de femmes sont empêchés de développer pleinement leurs
capacités personnelles. C'est dans ce contexte que
l'intérêt pour l'Education Pour Tous est né lorsque
nous étions responsable de l'École Normale Primaire
(ENP)17(*) de Kirambo,
grâce au Club d'alphabétisation composé par des
élèves-maîtres de l'École Normale et l'ouverture au
sein de l'ENP Kirambo d'un centre de programme de rattrapage18(*) pour les enfants qui n'ont
jamais été à l'école et ceux qui ont
abandonné l'enseignement primaire. C'est une des priorités de la
Stratégie de l'éducation de base (Phase 1 du Plan de
l'EPT) : chercher et réintégrer les enfants
déscolarisés dans le système d'enseignement primaire
formel et offrir des programmes flexibles aux enfants
« difficiles à intégrer ».19(*) Ce programme a permis aux
élèves-maîtres de s'initier à l'approche par
compétence utilisée dans l'apprentissage.
Nous nous demandions également pourquoi les
Écoles Normales ne sont pas considérées comme acteurs dans
le processus de l'Éducation Pour Tous. En tant qu'Institutions de
formation des instituteurs, au-delà de la formation des enseignants, ne
peuvent-elles pas s'engager en ouvrant leurs portes à la population
environnante pour l'alphabétisation fonctionnelle et d'autres
programmes? Outillées pédagogiquement, ne peuvent-elles pas
offrir un cadre de formation pour l'alphabétisation des adultes ?
Les écoles primaires d'application ne devraient-elles pas être un
modèle de l'EPT en quantité et en qualité (en
renforçant les capacités et les compétences des
enseignants, un des moyens les plus efficaces pour créer un
intérêt chez les apprenants) ? À côté des
écoles primaires d'application, n'y a-t-il pas moyen d'ouvrir des
programmes de rattrapage pour permettre aux enfants plus âgés et
à ceux qui ont abandonné l'école d'intégrer
l'éducation formelle ? Autrement dit, les enseignants des
Écoles Normales et les élèves-maîtres ne peuvent-ils
pas contribuer à la réduction de taux d'analphabètes,
d'abandon scolaire, d'échec scolaire, etc. ? Dans le but de trouver
les pistes à proposer au Ministère de l'éducation et aux
autres décideurs, nous avons décidé d'approfondir d'une
manière plus rigoureuse le sujet.
1.2. INTÉRÊT PÉDAGOGIQUE DU SUJET
Pédagogiquement l'Ecole Normale a beaucoup
d'intérêts dans la participation au processus de
« l'Education Pour Tous » d'autant plus que la
réalisation de l'éducation primaire dépend d'elle par sa
mission de formation initiale des enseignants. L'éducation de base et
l'éducation en général sont des sujets qui
préoccupent beaucoup de pédagogues et d'éducateurs
(instruits ou non-instruits) ainsi que d'autres partenaires politiques ou les
dirigeants de la société. Nelson Mandela, ex-président de
l'Afrique du Sud avait dit que « l'éducation est l'arme la
plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde ». Cette
affirmation est vraie dans le sens où l'éducation vise à
développer « le respect de l'autre, la tolérance, le
dialogue, le respect des droits ... »20(*) de l'homme.
Chaque citoyen devrait bénéficier de
l'éducation de base. Comme disait Kant « l'éducation
doit développer dans chaque individu toute la perfection dont il est
capable ». Pour les sociétés de type occidental, qui
valorisent la réussite individuelle, l'éducation vise à
« développer l'autonomie, à éveiller au monde,
à permettre l'épanouissement de l'individu ».
Contrairement à ce type d'éducation, Durkheim pense que
l'éducation doit se faire au profit de la société et que
les adultes de la société doivent exercer cette activité
sur les nouvelles générations pour l'intérêt de la
vie sociale. C'est ainsi que l'éducation « a pour objet de
susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états
physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la
société politique dans son ensemble et le milieu spécial
auquel il est particulièrement destiné »21(*).
Nous pouvons retenir de plusieurs pédagogues qu'une
bonne éducation considère l'individu et son intégration
dans la société. Ainsi l'éducation devient un droit. Toute
personne doit bénéficier de son droit, d'où la
nécessité de l'EPT. La mise en application de ces conceptions
pédagogiques revient aux Écoles Normales Primaires
destinées à former les enseignants. Cela renforce l'affirmation
de Buisson qui dit que « l'idée de fonder des
établissements où se formerait et se recruterait le personnel
enseignant des écoles primaires est née le jour où, pour
la première fois, on songea à répandre l'instruction
primaire en la rendant accessible à tous »22(*)
1.2. INTERET NATIONAL ET SOCIAL DU SUJET
L'Etat Rwandais, et la société rwandaise en
général ont un grand intérêt à avoir une
population instruite. L'espoir d'évolution de la société
est fondé le plus souvent sur les ressources humaines dont elle
dispose. Les nouvelles générations sont éduquées
pour assurer la survie de la société. C'est dans ce refus de la
mort d'une société, ce désir de faire vivre infiniment la
société, que les adultes exercent une activité
éducative sur les nouvelles générations. Une
société qui tend à disparaître ignore
l'éducation.
L'éducation est devenue un outil indispensable pour
tout progrès et changement de la société dans tous les
domaines du secteur de la vie, même dans le domaine économique.
Dans le courant actuel de la mondialisation, les pays en voie de
développement veulent sortir de la pauvreté. Plusieurs discours
et séminaires d'atelier préconisés par la
communauté internationale mettent en premier
« l'éducation pour tous » comme moyen de
réduire la pauvreté, d'envisager un développement durable
et d'améliorer le bien-être de la population. Le Président
Thabo Mbeki, d'Afrique du Sud, affirme que « nulle part dans le
monde, le développement durable n'a pu être atteint sans un
système éducatif efficace, sans une solide éducation
primaire universelle, (...) sans offrir des chances d'apprendre égales
à tous »23(*)
Le Gouvernement Rwandais considérant à son tour
l'éducation comme un droit fondamental, qu'il y a une relation existant
entre le manque d'éducation et la pauvreté, prend
l'éducation comme « un outil essentiel pour s'assurer que tous
les citoyens rwandais femmes et hommes, filles et garçons
réalisent leur plein potentiel. Le développement des ressources
humaines constitue un des facteurs principaux qui aident à atteindre le
développement social et économique durable »24(*).
Le Gouvernement Rwandais s'est engagé dans la
réalisation du processus de l'Education Pour Tous pour 2015, et en
particulier, à réaliser rapidement l'éducation primaire
universelle vers 2010. Cela impliquera les onze écoles normales
primaires (laboratoires de pédagogie et pépinières
d'enseignants en principe) dans la formation initiale et continue des
enseignants. Sans l'implication effective de cette entité,
« l'éducation pour tous restera un objectif vain, tant sur le
plan quantitatif que qualitatif»25(*). Les enseignants doivent être associés
à part entière dans les efforts pour l'Education Pour Tous. Toute
réforme du système éducatif ou courant pédagogique
qui n'implique pas les enseignants dans la planification et la prise de
décision est vouée à l'échec.
1.3. ÉNONCÉ DU PROBLÈME
Dans un premier temps, le problème de notre
thème « contribution des Écoles Normales Primaires au
processus de l'Éducation pour tous » se pose par le fait que
les onze Écoles Normales Primaires, institutions chargées de
former les enseignants du primaire au niveau national ainsi que des enseignants
du primaire, n'ont pas participé à l'élaboration du Plan
d'Action National de l'EPT26(*) au Rwanda. La formation initiale et
continue27(*) des
enseignants de l'éducation de base n'est pas bien perçue dans le
plan d'action pour l'exécution comme mission des écoles normales
primaires. Cela peut être la cause principale de la non
réalisation des plans d'éducation. La faible ou inexistante
participation de certains groupes d'acteurs influents du système
éducatif explique la lenteur du processus. Ces différents
acteurs, n'ayant pas été impliqués dans
l'élaboration, ne se sentent pas concernés par des initiatives
où leur participation est négligée.
Dans un deuxième temps, le bilan de l'Education Pour
Tous n'est pas satisfaisant dans les pays du tiers-monde y compris au
Rwanda. Le rapport mondial de suivi sur l'EPT montre que « les
progrès accomplis vers la réalisation des six objectifs (de
Dakar) de l'EPT sont insuffisants : le monde n'est pas en voie de
réalisation de l'EPT d'ici 2015 »28(*). Il y a quinze ans, des pays,
y compris le Rwanda, se sont engagés à investir dans l'Education
Pour Tous, « ils savent que savoir lire, écrire et compter est
la condition préalable à la création d'une main-d'oeuvre
compétitive et d'une nation de parents responsables et de citoyens
actifs »29(*).
Le Rwanda considère cette option comme moyen de réduire la
pauvreté et d'améliorer le bien-être de sa population. Quel
bilan pourrons-nous faire après quinze ans?
En 1990, sur une population de cent personnes
âgées de quinze ans et plus, cinquante personnes étaient
alphabètes30(*).
Nous sommes passés de 50% à 52% en quinze ans. À ce rythme
le Rwanda prendra beaucoup d'années pour arriver à
l'alphabétisation générale de la population.
L'enseignement primaire universel connaît beaucoup
d'obstacles liés au système éducatif actuel. Selon les
statistiques (figure 1), pour les cinq premières années de
l'enseignement primaire, le taux de redoublement (un élève sur
cinq redouble) ainsi que le taux d'abandon scolaire (plus de 15% abandonnent
leur scolarisation) sont très élevés.31(*) :
Figure 1: Rendement scolaire(promotion, redoublement et
abandon)
Bien que les efforts du Ministère de l'Éducation
soient considérables, le bilan de l'EPT n'est pas satisfaisant. Il
faudrait, à notre avis, impliquer davantage les acteurs influents du
système éducatif. Au niveau de l'éducation non formelle,
il est important de clarifier les rôles : qui fait quoi ? Avec
qui ? Comment ? Etc. Une coordination technique et
pédagogique sur le terrain nous semble importante. S'appuyer sur les
institutions de formation pédagogique existantes serait une des
stratégies les plus sûres.
1.5.
LA QUESTION DE RECHERCHE
Ce travail cherche à répondre aux questions
suivantes :
- Quel est l'impact des écoles normales primaires dans
le processus de l'éducation pour tous ?
- Quels sont les rôles que les Ecoles Normales
Primaires ont à jouer dans le processus de l'éducation pour
tous ?
CHAPITRE 2
Analyse des concepts
clés
Ce chapitre consiste à mettre en évidence les
concepts clés utilisés dans ce travail de recherche. Nous
insistons surtout sur les concepts liés à la politique et
à la structure des objectifs de l'Education Pour Tous (EPT)
2.1. NAISSANCE DU CONCEPT « ÉDUCATION POUR
TOUS »
Il est abusif de parler de la naissance du concept de
« l'éducation pour tous » en dehors du concept
« éducation ». Parler de l'éducation pour
tous sans considérer les différentes définitions du
concept « éducation », nous mettrait en
contradiction avec les valeurs de l'éducation reconnues universellement.
Chercher à dater la naissance de l'éducation en tant
qu'éducation n'a pas de sens. Bien qu'on puisse faire l'histoire de
l'éducation, elle ne consiste pas nécessairement à dater
le début de l'éducation, mais elle vise à analyser des
courants pédagogiques et leurs fondateurs en les situant dans le temps
et l'espace.
Si nous sommes d'accord pour dire que l'homme a subi une
certaine évolution d'humanisation jusqu'à ce qu'il soit homme
intelligent « homo sapiens sapiens », c'est par
l'éducation que l'homme a réussi à se distinguer des
autres animaux pour devenir plus sociable. Ici nous ne voulons parler ni de
l'humanisme psychologique qui considère « que l'homme est
naturellement bon et cherche spontanément un haut niveau de
réalisation de soi si l'environnement ne vient pas contrarier sa
croissance »32(*), ni de l'humanisme pédagogique qui
« vise à faire émerger en tout individu l'homme
idéal, l'honnête homme, celui qui maîtrise les
humanités, les mathématiques, la science, en un mot les
connaissances de son époque, et qui par un travail assidu, la
fréquentation des grandes oeuvres du passé, a suffisamment
fortifié sa volonté pour atteindre à la sagesse et
à un certain détachement »33(*). Sans exclure ces options,
nous voulons parler de l'humanisation qui est le fruit d'un processus
éducatif basé sur des rites, des moeurs, des règles, des
traditions, etc. Bref, il s'agit d'une éducation qui prend sa source
dans les acquis (les valeurs) de l'évolution de l'humanité. Ce
patrimoine culturel a davantage été conceptualisé avec la
découverte de l'écriture. Les nouvelles générations
ont droit d'avoir accès à ce patrimoine et le devoir de le
fortifier et de l'enrichir. C'est dans cette vision que nous abordons le
concept de l'Éducation Pour Tous, et de l'éducation en
général comme droit et devoir. À travers les
écrits, nous verrons l'intérêt donné à
l'éducation par les sociétés particulières et par
la communauté internationale.
2.2. ÉDUCATION POUR TOUS COMME POLITIQUE
Dans la mesure où la politique éducative est
l'ensemble des décisions prises par anticipation en vue de formaliser
les attentes de la société vis-à-vis de
l'éducation, l'Éducation Pour Tous apparaît comme la
résolution politique d'un problème. Comme nous le verrons au
troisième chapitre, les papes, les évêques et les
curés ont organisé l'enseignement primaire dans toutes les
paroisses dès 525 (après J.C) jusqu'à la veille de la
révolution française pour justifier leur pouvoir. La raison
était plus politique que pastorale. L'Église Catholique fut
promotrice de l'enseignement accessible à un plus grand nombre
d'enfants. Cette équité n'était valable qu'aux enfants de
familles chrétiennes - catholiques. Pour rendre cet enseignement plus
méthodique, au 17ème siècle, l'Église de
France trouve nécessaire de former des personnes au métier
d'enseignant, oeuvre qui sera confiée à Monsieur l'Abbé
Jean-Baptiste de la Salle ainsi qu'à la congrégation des Soeurs
Ursulines.
Monsieur l'Abbé Jean-Baptiste de la Salle ouvrit des
Écoles Normales (au 17ème et au
18ème siècles) pour former les enseignants des
écoles primaires et fonda une congrégation de Frères pour
les écoles chrétiennes dans le but de rendre universel
l'enseignement primaire. Il préconisa l'enseignement collectif. Toutes
les Écoles Normales en Europe avaient l'objectif de former beaucoup
d'enseignants en vue d'instruire le plus d'enfants possible. La
réclamation de la laïcité dans l'enseignement pourrait
donner l'impression que cette instruction était uniquement pour les
enfants catholiques. Il est clair aussi que chaque curé devait avoir une
école pour ses paroissiens (nécessairement catholiques). Il a
fallu que Ferdinand BUISSON au 19ème siècle lutte pour
la laïcité de l'enseignement pour permettre à tous les
enfants d'accéder à l'éducation sans aucune contrainte de
religion.
Ferdinand BUISSON, politicien et pédagogue
français n'hésite pas à dire que c'est à partir du
moment où on a eu l'idée de fonder les Écoles Normales qu'
« on songea à répandre l'instruction primaire en la
rendant accessible à tous »34(*). Pour que les non catholiques et les pauvres puissent
bénéficier de cette éducation en France, Buisson comme
inspecteur général de l'instruction publique en France (1878) et
Président de Ligue des droits de l'homme (1913-1923), et un des
fondateurs de cette organisation lutta pour la laïcité de
l'enseignement, sa gratuité et pour l'enseignement professionnel
obligatoire. Il organisa l'enseignement primaire public pour permettre
à tous les enfants de fréquenter l'école sans distinction
de religion.
Avec la naissance de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Éducation, la Science et la Culture (UNESCO)35(*) le 4 novembre 1946 et les
autres organismes de défense des droits de la personne, les
déclarations universelles en faveur de l'éducation furent
proclamées. En 1948, la déclaration universelle des droits de
l'homme dans son article 26 affirme avec fermeté « le droit
à l'éducation primaire gratuite pour tous». En mars
1990 à Jomtien (Thaïlande), la conférence mondiale se
réunit sur le sujet de l'Éducation Pour Tous et la
déclaration mondiale sur l'Éducation pour tous est sortie de
cette conférence. Cette déclaration est un appel à
l'action pour répondre aux besoins fondamentaux d'apprentissage de tous
les enfants et adultes. Cette déclaration pour la première fois,
exprime un consensus universel sur une vision élargie de
l'éducation de base ainsi qu'un engagement renouvelé d'assurer
l'Éducation Pour Tous dans tous les pays. Pour permettre à tous
ceux qui sont impliqués dans le processus de l'Éducation Pour
Tous, à tous les niveaux, la déclaration exprime le désir
de consolider la formation initiale et continue des enseignants. Et cela semble
exiger une réforme des programmes d'enseignement36(*).
2.3.
PILIERS ET STRUCTURES DE L'ÉDUCATION POUR TOUS.
2.3.1. LES PILIERS DE
L'ÉDUCATION POUR TOUS
Pour que l'éducation réponde à sa
mission, selon l'UNESCO, elle doit s'organiser autour de
« quatre apprentissages fondamentaux qui, tout au long de la vie,
seront en quelque sorte pour chaque individu les « piliers de la
connaissance » : apprendre à
connaître, c'est-à-dire acquérir les instruments
de la compréhension ; apprendre à faire,
pour pouvoir agir sur son environnement ; apprendre à vivre
ensemble, afin de participer et de coopérer avec les autres
à toutes les activités humaines ; enfin, apprendre
à être, cheminement essentiel qui participe des
trois précédents »37(*). L'accès et l'équité sont des
préoccupations majeures de l'Éducation Pour Tous. Ces quatre
piliers se construisent à l'intérieur de l'éducation
formelle dans les structures de l'éducation de base avant tout et les
structures de la société particulière en
général.
2.3.2. LES STRUCTURES DE
L'ÉDUCATION POUR TOUS
La politique de « l'éducation pour
tous » s'appuie sur les bases existantes des systèmes
éducatifs. Son objectif principal est « d'offrir une
éducation de base à tous les enfants, à tous les jeunes et
à tous les adultes partout dans le monde »38(*) Cette éducation de base
peut se transmettre par l'enseignement primaire universel, par la
réintégration des enfants déscolarisés en leur
donnant un programme de rattrapage, par l'alphabétisation fonctionnelle
et l'éducation spéciale.
2.3.2.1. ÉDUCATION DE BASE
Ce concept est confondu parfois avec l'enseignement primaire.
L'éducation de base n'est pas uniquement l'enseignement primaire; ce
dernier fait partie de l'éducation de base. Nous pouvons dire tout
simplement que l'éducation de base comprend l'ensemble des savoirs,
valeurs et savoir-faire qui constituent le fondement de l'apprentissage tout au
long de la vie. Cette éducation est appelée
« éducation fondamentale ». À
l'intérieur de cette éducation, nous trouvons les
éléments qui la constituent: écoles préscolaires,
primaires, écoles artisanales, les écoles spéciales,
programmes de rattrapage, programmes d'alphabétisation, programmes
d'hygiène, de santé et d'économie domestiques, etc.
2.3.2.2. ÉDUCATION PRÉSCOLAIRE
L'éducation préscolaire est une partie
intégrante de l'éducation de base. Cette partie est
constituée de l'ensemble des activités d'éveil
programmées à l'intention des jeunes enfants depuis la naissance
jusqu'à l'âge de six ou sept ans (avant d'accéder à
l'enseignement primaire). Au Rwanda, « l'éducation
préscolaire est organisée au sein des écoles
appelées `` écoles maternelles''. Ces écoles ont pour
objectif de favoriser la scolarisation de l'enfant et l'éveil de ses
facultés en lui accordant la possibilité de jouer avec d'autres
enfants, de pratiquer des exercices physiques, rythmiques et manuels. Elle vise
aussi à préparer l'enfant à mieux suivre l'enseignement
primaire »39(*)
2.3.2.3. ÉDUCATION PRIMAIRE
L'éducation primaire des enfants est
l'élément essentiel de l'éducation de base, dans la mesure
où le cycle de la vie humaine exige l'acquisition le plus tôt
possible de certaines connaissances de base et les compétences de la vie
courante. Si l'école primaire constitue le principal véhicule de
l'enseignement primaire, d'autres approches complémentaires, informelles
et plus souples sont également nécessaires pour réaliser
l'objectif de l'enseignement primaire universel.
2.3.2.4. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE UNIVERSEL (EPU)
L'enseignement primaire est appelé universel quand
l'inscription de la totalité des enfants scolarisables dans
l'enseignement primaire correspond à un taux de scolarisation net de
100%. Au Rwanda « l'enseignement primaire assure l'éducation
civique, morale, intellectuelle et physique des écoliers et leur donne
des connaissances de base dont ils ont besoin dans la vie quotidienne et les
prépare à suivre l'enseignement secondaire ou
artisanal »40(*).
2.3.2.5. ENSEIGNEMENT ARTISANAL
La loi organique portant sur l'éducation précise
que « l'enseignement artisanal assure aux élèves une
éducation centrée sur des métiers variés en vue
d'acquérir les connaissances nécessaires pour exercer un
métier qui leur permettra de gagner leur vie et de développer le
pays »41(*).
2.3.2.6. PROGRAMME DE RATTRAPAGE
C'est un programme qui consiste à
réintégrer les enfants déscolarises dans le système
d'enseignement primaire formel42(*) ou dans l'enseignement artisanal. Dans la lutte
contre l'échec scolaire, l'UNESCO considère cette option comme
un impératif pour l'Éducation Pour Tous en disant que
« des mesures de réinsertion et de rattrapage doivent
également être envisagées pour permettre aux jeunes qui
accèdent au marché du travail sans qualifications,
d'acquérir les compétences nécessaires à leur vie
professionnelle. Par la suite, des dispositifs offrant une nouvelle chance
à des populations jeunes ou adultes marginalisées, par
l'accès à de nouveaux cycles de formation, doivent
systématiquement être
développés »43(*)
2.3.2.7.
ÉDUCATION SPÉCIALE
L'éducation spéciale consiste à offrir
des programmes aux enfants « difficiles à
intégrer ». L'éducation spéciale est
constituée d'un ensemble de méthodes pédagogiques et
thérapeutiques pour des sujets soumis à l'obligation scolaire
mais qui ne peuvent progresser au rythme des instructions officielles et des
usages de l'école ordinaire. Cette population est très
hétérogène, puisqu'elle comporte, entre autres, aussi bien
des débiles que des caractériels intelligents.44(*) Ainsi, dans le système
éducatif rwandais, « l'enseignement spécial vise
à accueillir des enfants ayant une infirmité particulière,
corporelle, mentale ou les deux à la fois ne pouvant pas être
scolarisés dans les écoles ordinaires, en vue de leur donner un
enseignement et une éducation susceptibles d'augmenter leurs
facultés pour qu'ils puissent subvenir à leurs besoins et
participer au développement du pays »45(*)
2.3.2.8.
ALPHABÉTISATION
Dans le sens général du terme, plusieurs auteurs
sont d'accord pour dire que l'alphabétisation est l'enseignement de
l'écriture et de la lecture à des personnes analphabètes.
Nous parlons de l'analphabète adulte quand il s'agit d'une personne de
15 ans ou plus qui ne sait ni lire ni écrire et ne comprend pas des
messages simples rédigés dans une langue quelconque. Le taux
d'analphabétisme se réfère au nombre d'adultes
analphabètes en pourcentage du total de la population adulte (quinze ans
et plus). Parfois, on parle de l'analphabétisme fonctionnel: une
personne devient analphabète fonctionnel lorsque après avoir
appris, elle devient incapable de lire et d'écrire, et ne comprend pas
un exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne.
2.4. METHODES D'ENSEIGNEMENT ET
D'EVALUATION
La réussite des apprenants dépend en grande
partie de la méthodologie utilisée pendant l'acte
pédagogique. Les méthodes d'enseignement sont
déterminantes dans le processus d'apprentissage et dans l'acquisition
des nouvelles compétences mesurables. Généralement, les
méthodes d'évaluation sont conditionnées par les
méthodes d'enseignement. Elles vont de pair.
Les méthodes d'enseignement sont définies comme
un ensemble d'« organisation codifiée de techniques et de
moyens ayant pour but de faciliter l'action éducative46(*) ». Elles peuvent
dépendre en grande partie des choix politiques : type d'homme qu'on
veut former pour la société particulière et la
société en général. Éduquer un futur
prêtre est différent d'éduquer un futur militaire ;
les méthodes d'enseignement seront différentes. De même que
« éduquer un groupe dominant d'élites est
différent d'« éduquer toute la population ».
Les méthodes d'enseignement ne seront pas les mêmes, puisque les
finalités sont différentes. Les méthodes
d'évaluation seront différentes : pour l'éducation de
groupe dominant d'élites, l'évaluation sera sélective,
l'apprenant sera en concours d'élimination permanent.
Quant à l'éducation populaire,
l'évaluation sera promotionnelle en faveur des apprenants. Si la
politique éducative est en faveur de l'Education Pour Tous, les
méthodes d'enseignement et d'évaluation seront conçues en
fonction de cette politique (mouvement pédagogique). Il faut faire
réussir le plus possible d'élèves et faire acquérir
toutes les compétences utiles possibles. Nous allons essayer de
comprendre quelques méthodes d'enseignement et d'évaluation avant
d'aborder le concept de « rendement scolaire ».
2.4.1. METHODES D'ENSEIGNEMENT
Les spécialistes ont pu classer tous les courants
pédagogiques et méthodologiques en « fonction de
l'activité des apprenants », par rapport à l'autonomie
de l'apprenant, en fonction de leurs auteurs (méthode Socrate, Dewey,
etc.) mais sans aucune unanimité. Une grande partie des
pédagogues classent les méthodes pédagogiques en trois
catégories :
- méthode dogmatique ou expositive : il suffit
d'enseigner pour que l'élève apprenne;
- méthode interrogative : le maître conduit
le raisonnement;
- méthodes actives : elles sont centrées
sur l'apprenant.
Plusieurs systèmes éducatifs, en particulier
celui du Rwanda, utilisent encore la pédagogie traditionnelle. Les
caractéristiques essentielles en sont47(*) :
- l'acceptation sans trop de nuances de la relation
d'autorité : formateur - formé;
- l'acceptation de résultats scolaires se distribuant
approximativement selon une courbe de Gauss (très peu de très
grand, très peu de très petit, et beaucoup de moyen);
- l'acceptation du principe selon lequel :
« le rôle du maître consiste à dispenser le
savoir, l'élève devant s'organiser au mieux pour
apprendre ».
C'est une méthode purement dogmatique (utilisant le
cours magistral). Elle est parfois améliorée par la
méthode interrogative en ayant des objectifs bien précis. Ce
modèle favorise le verbalisme, la passivité intellectuelle et
néglige la psychologie de l'enfant. Actuellement, le mouvement de l'EPT,
dominé par le pragmatisme, semble privilégier les méthodes
pédagogiques centrées sur l'apprenant (méthodes actives).
L'acquisition des compétences semble aussi être une
priorité éducative dès l'éducation de base.
L'approche par compétences basée sur la théorie de
l'École Nouvelle devient un modèle à adopter par nos
systèmes éducatifs en faveur de l'EPT. En dehors de tout
obstacle, il faut que l'école soit aimée par l'apprenant. Le
modèle de l'Ecole Nouvelle attire l'attention pour notre travail.
Comme nous l'avons vu, l'École Nouvelle utilise des
méthodes actives48(*). Normalement, toute méthode active fait
participer l'apprenant dans le processus d'apprentissage. L'Ecole Nouvelle vise
à préparer l'enfant à la vie en favorisant au maximum
l'épanouissement de la personnalité sous différents
aspects. L'Ecole Nouvelle a profité du travail de nombreux
pédagogues : John Dewey (la méthode des projets), Parkhurst
(le plan de Dalton), Carleton Washburne (le plan Winnetka), Maria Montessori,
Ovide Decroly (les centres d'intérêts) et Célestin Freinet.
Les caractéristiques générales de l'Ecole Nouvelle sont
les suivantes49(*) :
- l'enfant agit et fait ses propres
expériences,
- les programmes et les méthodes d'enseignement se
basent sur des intérêts, des goûts et des tendances de
l'enfant. L'élève est donc au centre de l'enseignement :
c'est le pédocentrisme.
- il y a engagement libre de l'enfant ;
- un climat démocratique règne dans les
classes,
- l'autodiscipline est encouragée,
- l'enseignant est avant tout un guide,
- le travail manuel est en honneur ;
- il faut s'appuyer sur l'activité de
l'enfant ; celui-ci a une structure mentale différente de celle de
l'adulte ; ses concepts sont établis à partir de son
activité concrète ;
- la formation sociale est favorisée à
travers les travaux en groupe.
- une certaine liberté et une certaine autonomie
sont accordées à l'enfant pour contribuer à
l'épanouissement de sa personnalité et rendre faciles ses
acquisitions.
- chaque enfant a un niveau de développement
propre à son âge, il faut par conséquent respecter le
rythme de travail de chacun.
2.4.2. METHODES D'EVALUATION
En matière d'éducation, le concept de
l'évaluation vient du verbe évaluer, c'est-à-dire
attribuer une valeur à l'apprentissage ou au contenu d'apprentissage.
Tout formateur doit remplir deux grands rôles sociaux : celui de
pédagogue (en facilitant les apprentissages) et celui de
sélectionneur (en attribuant des notes et faisant passer des examens).
À chacun de ces rôles sociaux correspond un type
d'évaluation. On évalue toujours dans le but de prendre une
décision.
La nature de la décision qu'on souhaite prendre permet
de distinguer deux types d'évaluation : l'évaluation
sommative qui a pour but de sanctionner une activité d'apprentissage,
afin de comptabiliser ce résultat en vue d'un classement ou d'une
sélection. L `évaluation formative qui a pour but d'informer
l'apprenant, puis l'enseignant, du degré d'atteinte des objectifs.
Autrement dit, l'évaluation formative permet à l'apprenant de
prendre conscience de ses difficultés, de ses erreurs, de ses
hésitations, de ses dépassements, de ses progrès, de ses
réussites enfin. Cette évaluation est un allié puissant
vers l'autonomie parce qu'elle suscite la prise de conscience et l'analyse de
ses actions50(*). Ces
types d'évaluation portent principalement sur les aptitudes
spécifiques à des apprentissages, sur les performances scolaires.
Dans ce contexte nous pouvons parler du rendement scolaire.
2.4.2.1. RENDEMENT SCOLAIRE
En terme économique, le rendement est la production,
fruit de l'efficacité. Selon l'UNESCO, on considère
généralement qu'un système éducatif est efficace
s'il fournit, pour un coût minimum, la production escomptée en
termes de jeunes gens munis des connaissances et du savoir-faire prescrits par
la société. En d'autres termes, un système éducatif
est jugé efficace si pour une quantité donnée de
ressources (humaines, financières et matérielles), il maximise la
production escomptée, tant sur le plan quantitatif que sur le plan
qualitatif51(*).
Le rendement interne du système éducatif
s'analyse sur la base de trois indicateurs, à savoir le taux de
promotion (pourcentage d'élèves d'un niveau qui sont admis
ou promus au niveau supérieur par rapport à ceux de
l'année précédente, par exemple de la
1ère année à la 2ème
année), le taux de redoublement (pourcentage
d'élèves qui redoublement au même niveau par rapport
à l'effectif de l'année précédente, par exemple des
élèves de 1ère année qui redoublent en
1ère année) et le taux d'abandon (100% -(% de
promus + % de redoublants) indique le pourcentage qu'on ne retrouve plus dans
le système52(*).
C'est dans le contexte d'abandon et de redoublement qu'on peut parler de la
déperdition scolaire.
2.4.2.2.
DÉPERDITION SCOLAIRE
En matière d'éducation, il s'agit des ressources
humaines et matérielles employées ou
« gaspillées » pour des élèves qui
doivent redoubler une classe ou qui abandonnent l'école avant d'avoir
mené à bien un cycle d'enseignement. Elle témoigne de
l'inefficacité d'un système scolaire et renvoie aux chances
gâchées pour ces enfants de développer les connaissances,
les savoir-faire, les attitudes et les valeurs dont ils ont besoin pour mener
une vie productive et continuer à apprendre53(*).
Cette déperdition englobe certainement l'échec
scolaire si « le phénomène de déperdition
scolaire dans l'enseignement primaire se traduit par le nombre
considérable d'enfants qui, pour une raison ou pour une autre, ne
réussissent pas à acquérir l'ensemble des
compétences enseignées au cours du cycle primaire54(*) ». Au niveau des
programmes d'éducation non- formelle, surtout les cours
d'alphabétisation des adultes, la déperdition reste un
problème crucial, un grand obstacle pour atteindre les objectifs de
l'Éducation Pour Tous en 2015. Les données dans ce domaine sont
difficilement accessibles. Nous resterons dans le domaine de l'éducation
formelle. Le redoublement et l'abandon sont des obstacles majeurs pour
atteindre l'objectif de l'Éducation Pour Tous dans les pays en
développement. Les systèmes éducatifs doivent trouver les
voies et moyens de limiter la « déperdition
scolaire ». Le choix des méthodes d'enseignement et
d'évaluation est un des moyens d'y arriver. Encore faudrait-il que les
enseignants soient formés dans les Écoles Normales et que les
systèmes scolaires soient réformés en faveur de
l'Éducation Pour Tous. Les taux de redoublement et d'abandon très
élevés ne confirment-ils pas en quelque sorte la
défaillance des systèmes scolaires dans les pays en voie de
développement et en particulier le système scolaire rwandais? Les
efforts que le Gouvernement Rwandais mène dans ce sens et les
enquêtes menées dans les Écoles Normales ainsi que dans les
écoles primaires nous donneront la réponse.
CHAPITRE 3
Revue de
littérature
Le chapitre troisième vise à faire état
des Écoles Normales des Instituteurs dans la littérature. Pour ce
faire nous nous rappelons du proverbe africain « si tu ne sais pas
plus où tu vas, retourne-toi et regarde d'où tu
viens »; on prépare mieux le monde de demain si l'on
connaît le monde d'hier. L'École et la formation des enseignants
ont connu, connaissent et connaîtront d'importantes transformations; il
est utile et nécessaire d'étudier l'histoire des Institutions de
formation des instituteurs qui nous ont été transmises par
l'Occident pour connaître la motivation première de la formation
des maîtres d'écoles.
Cependant cette étude ne peut pas se faire sans
difficultés scientifiques; bien que très peu de documents
existent sur l'histoire des Écoles Normales, l'objectivité veut
que nous nous servions de ces documents. Pour les Écoles Normales
Primaires étatiques, nous pouvons nous contenter d'Yvette
Delsaut55(*) qui essaie de
nous tracer l'histoire des ENP en France, parfois liée à
l'histoire de la formation des maîtres d'écoles catholiques :
histoire tourmentée d'une Institution pédagogique qui, depuis
l'époque de la révolution française, est chargée de
former les maîtres de l'école primaire. Cette histoire
présente des difficultés constantes à définir le
rôle et la place du maître dans sa classe et dans le monde social.
Pour la formation des maîtres d'écoles
catholiques, F.MAXIMIN56(*) nous présente l'histoire des écoles
primaires paroissiales et des ENP. La qualité de l'enseignement exigeait
qu'il y ait des enseignants formés à ce métier d'où
la raison d'être des Écoles Normales fondées par Monsieur
l'Abbé Jean-Baptiste de la Salle. Ces écoles nous permettront de
comprendre l'originalité des Écoles Normales qui ont comme
finalité d'origine « l'Éducation Pour Tous ».
La déclaration mondiale sur l'Éducation Pour
Tous nous permettra de comprendre que l'histoire de l'éducation a une
continuité dans les valeurs éducatives. À travers les
documents portant sur l'éducation au Rwanda, nous verrons que
l'éducation devient de plus en plus universelle. La politique
éducative d'un pays en particulier le Rwanda, doit tenir compte des
objectifs de l'éducation mondialement définis et des valeurs
éducatives universellement reconnues. L'éducation n'est plus
l'affaire d'une société particulière, l'éducation
est devenue une affaire planétaire.
3.1. LES ÉCOLES NORMALES
PRIMAIRES
L'École Normale Primaire est un établissement
spécial pour former des futurs maîtres de l'école primaire.
Historiquement, le système de formation des enseignants commence au
16ème siècle avec l'Eglise Catholique (dans les
noviciats). Au début, cette formation était
réservée aux religieux- enseignants (les Ursulines chez les
femmes, et les Frères des Écoles Chrétiennes chez les
hommes). Ces religieux enseignants, formés religieusement et
pédagogiquement, constituaient dans le monde catholique un nouveau type
de maître et de maîtresse d'école. Chez les femmes, la
formation s'étendait aux laïques, comme par exemple au Puy
où dès le 17ème siècle les Béates
viennent se former quelques mois chez les Demoiselles de l'Instruction. Pour
les hommes, Jean-Baptiste de la Salle et Charles Démia échouent
dans leurs tentatives de créer des séminaires de maîtres
d'école57(*).
C'est dans les pays protestants germaniques que se
multiplient les Écoles Normales dont la formule58(*) est imitée à la
fin du 18ème siècle par l'Empire des Habsbourg. Le
modèle des Ecoles Normales selon Jean-Baptiste de la Salle nous permet
de se situer dans l'histoire de l'éducation et en particulier de la
formation des enseignants du primaire. Monsieur Jean-Baptiste de la Salle a
fondé plusieurs écoles chrétiennes en France dans le but
de rendre accessible l'éducation (instruction) à tous. Il a vite
compris qu'il fallait former les enseignants en fondant les
« Séminaires de Maîtres d'écoles ».
Selon la conception de Jean-Baptiste de la Salle, si on forme les enseignants,
c'est dans le but de permettre à un grand nombre d'enfants
d'accéder à l'instruction. Toute fondation d'une école
normale devait avoir comme objectif primordial de
« répandre l'éducation ». Comme nous l'avons
vu dans les pages précédentes, Jean-Baptiste de la Salle et
Buisson insistent sur la raison d'être des Écoles Normales en
disant que ces établissements ne sont nés que « le jour
où, pour la première fois, on songea à répandre
l'instruction primaire ».
Dans l'objectif de l'accessibilité de
l'éducation primaire pour tous, Jean-Baptiste de la Salle a fondé
les écoles normales qui ont formé un grand nombre d'instituteurs
en France, en Belgique et dans d'autres pays dans lesquels ses disciples
(Frères des Écoles Chrétiennes) ont fondé les
écoles normales pour répondre aux besoins réels du temps.
Cette oeuvre se situait dans la mission de l'Eglise de son temps. Comme
prêtre soucieux de l'Enseignement Catholique, Jean-Baptiste de la Salle a
compris que l'enseignement de l'Église ne doit pas se limiter à
la catéchèse. L'acquisition des compétences de la vie
(écriture; lecture, arithmétique, art, musique, etc.) est
importante pour l'éducation. Avant de continuer regardons d'abord
l'importance que l'Etat français donnait à la formation des
maîtres d'écoles.
3.1.1. LES ECOLES NORMALES PUBLIQUES59(*)
Ayant le monopole de l'enseignement, la formation des
enseignants fut longtemps organisée par des congrégations
religieuses enseignantes. Bien que la formule des Écoles Normales
Départementales en France est adoptée dès l'empire pour
résoudre le problème de formation des enseignants en dehors des
congrégations, l'École Normale de Strasbourg(crée en 1810)
est la seule réalisation impériale dans le cadre de la formation
des maîtres d'école. L'expansion de cette formule s'arrête
avec la fin du régime impérial qui voulait contrôler la
formation des maîtres.
Nous pouvons souligner les initiatives contradictoires des
Libéraux et des Ultras60(*) en ce qui concerne la formation des maîtres
d'écoles. Les uns dénoncent l'intention révolutionnaire et
les autres dénoncent l'ambition impériale d'endoctriner les
élèves. Ces écoles de l'État sont accusées
aussi de manque d'unité entre-elles ; elles n'ont rien de commun
sauf « vouloir imposer une conception politique et morale
exclusive »61(*). C'est une école qui incarne
l'idéologie impérialiste. Le nouveau régime veut mettre
fin au fonctionnement des Écoles Normales départementales.
C'est ainsi que le mouvement libéral, encouragé
par l'action gouvernementale de Decazes, introduit en France l'institution
basée sur l'enseignement mutuel62(*) initié par l'Ecossais Andrew Bell après
l'avoir vu pratiquer aux Indes. L'enseignement mutuel dispense les cours
normaux qui fonctionnent hors du pouvoir public comme enseignement
privé. Ces cours normaux sont sous l'autorité d'une
« société pour l'instruction
élémentaire » qui assure une formation rapide. Ces
cours disparaissent en 1820 à cause de l'expansion des
congrégations enseignantes qui ont un modèle de formation des
instituteurs « séminaire de maîtres
d'école » pour les hommes et des noviciats pour les femmes.
L'idée de l'École Normale départementale
est réapparue en 1828 avec le gouvernement de conciliation dirigé
par Martignac (1828-1829). Une dizaine d'établissements s'ouvrent. Le
retour des Ultras favorable à l'enseignement catholique stoppe
l'expansion des Écoles Normales départementales pour permettre
une percée des congrégations enseignantes dans la formation des
maîtres d'écoles primaires. Après la révolution de
1830, l'Église est écartée et cède la formation
des enseignants à l'État.
Les Écoles Normales départementales et les
Cours Normaux coexistent et rivalisent. Ils affichent une opposition dans la
pratique pédagogique et dans tous les points de vues.
Privilégiées et créées par l'État, les
Écoles Normales départementales sont subventionnées. Ces
deux types de formation sont séparés :
· Les Écoles Normales
départementales : s'adressaient uniquement aux
élèves-maîtres jeunes, internes, qui y font un
séjour prolongé.
· Les cours normaux : s'adressaient
aux adultes, rassemblés pour un temps restreint, en vue d'une formation
strictement pédagogique.
Après beaucoup des conflits entre les adeptes de
l'École Normale et les adeptes de l'enseignement mutuel, la loi
Guizot63(*),
adoptée en 1833, vient résoudre ces problèmes en faveur
des Écoles Normales départementales. Cette loi oblige les
communes à entretenir une école publique gratuite pour les plus
pauvres et à organiser l'instruction primaire. L'État commence
à avoir un intérêt particulier à l'enseignement en
matière de la gestion de la cité. Il ne veut plus laisser le
monopole d'un enseignement de qualité à l'Église, raison
pour la quelle la formation des enseignants devient une priorité pour
l'État. Guizot lui-même, avec une équipe de trois
conseillers, organise le système des Écoles Normales dans le but
d'uniformiser le statut des écoles sur les aspects suivants:
rapport entre les écoles, niveau des élèves, contenu des
programmes, durée des études, structure idéologique,
ensemble des valeurs constitutives d'un esprit de corps, le dévouement
et la rigueur. Pour les Écoles Normales Primaires, le statut de la loi
Guizot a trois accès fondamentaux :
1. Programme
d'enseignement : l'instruction religieuse obligatoire
mais non exclusivement catholique. les études sont fixées pour
deux ans
2. Recrutement des
élèves :
· Avoir plus de 16 ans
· Passer un concours d'entrée simple
· Bonne impression de caractère
· Bonne impression de dispositions
· Internat ou externat
· Boursiers ou élèves libres
· Contrat d'engagement de dix ans aux boursiers (le
non-respect oblige à rembourser le prix de deux ans de
formation)
· Examen de sortie.
3. Personnel : le Directeur est
nommé par le Ministre et ses adjoints par le recteur.
La nouveauté dans les Écoles Normales Primaires
en 1837 est la proposition d'une réglementation intérieure pour
signifier que les Écoles Normales Primaires sont des
« véritables séminaires laïques », une
conception fondée sur le fait que les normaliens mènent une vie
matérielle simple avec une discipline sévère tel que le
contrôle des lectures et l'obligation de silence. Il est remarquable que
l'École de la Monarchie de Juillet avait besoin « des
instituteurs à la fois instruits et compétents,
dévoués et soumis, vertueux et chrétiens, des
maîtres dociles et moraux, capables d'assurer, par leur action sur les
jeunes générations, la stabilité des institutions
politiques et la sécurité de la société
bourgeoise»64(*).
Avec cette conception l'éducation de ce temps ne
pouvait pas être conçue autrement que « sous une forme
autoritaire et répressive, et on le voit même dans la rigueur et
la vigilance morales de l'enseignement catholique »65(*). Bien que cette conception
éducative est à relativiser actuellement, elle est un des
facteurs de l'efficacité de l'Église en matière
d'éducation et son organisation. Le pouvoir étatique choisit
exactement ce modèle pour l'organisation des écoles.
L'organisation des Écoles Normales Primaires rend
l'enseignement plus formel. Le métier d'enseignant revient aux
initiés, l'enseignement n'est plus laissé aux aventuriers. Il
faut avoir fait l'École Normale et réussi au Brevet de
capacité pour obtenir le pouvoir d'exercer la profession d'enseignant.
Le Brevet de capacité est institué par le décret
impérial du 17/03/1808 délivré par le Grand Maître
de l'Université.
Depuis l'ordonnance du 29/02/1816, le brevet de
capacité comprenait trois degrés hiérarchisés selon
la difficulté croissante des épreuves à passer. Les
religieux en étaient dispensés, ils présentaient
uniquement la lettre d'obédience. La loi de 1850 ramène le Brevet
de capacité à deux niveaux : le Brevet simple et le Brevet
complet. La loi de juin 1881 connaît deux niveaux sous les noms de
Brevet élémentaire et Brevet supérieur. Il s'y ajoute un
certificat d'aptitude pédagogique qui complètera les anciens
brevets de capacité pour l'accession à la profession
d'instituteur66(*).
Dans les écoles Normales Primaires, l'enseignement est
basé sur la formation morale de l'Instituteur selon le modèle des
séminaires catholiques. Avec la formation populaire, les Écoles
Normales se trouvent engagées à la bonne place pour venir en aide
l'État. Leur contribution en matière d'éducation populaire
est remarquable ; nous verrons que cela est vrai aussi pour les
Écoles Normales de Jean-Baptiste de la Salle. L'École Normale
Primaire devenait de plus en plus l'instrument du pouvoir public en
véhiculant des idéaux politiques par leurs enseignements.
Considérant l'importance et l'efficacité de la
formation du futur enseignant des citoyens du pays dans une structure
rigoureusement organisée, le modèle de l'enseignement mutuel
appliqué surtout dans les écoles anglicanes est rejeté
ainsi que le mode traditionnel d'enseignement dit individuel pour adopter une
méthode d'enseignement simultané à l'image de la
pédagogie des Frères des Écoles Chrétiennes. Le
constat est que « l'adoption de cette méthode ne laissait
aucune place au flou de la pluralité pédagogique, [...] elle
contribuait à centraliser le pouvoir de décision, d'organisation
et de mise en oeuvre du système en son entier. Ainsi la formation des
maîtres de l'École primaire est une priorité liée
à ce choix puisque le système mutuel par définition,
pouvait se passer de ce corps de professionnels »67(*).
Avec le pouvoir républicain favorable aux
congrégations religieuses on envisageait la suppression des
Écoles Normales Départementales pour favoriser les Écoles
Normales Primaires de l'Église. C'est ainsi qu'elles croissent en nombre
avec l'ouverture de la première École Normale des institutrices
en 1838 et quatre autres en 1842 (au total elles étaient huit). La chute
du Second Empire en 1870, laisse en place deux partis dont les conceptions
à l'égard de la formation des maîtres sont parfaitement
antagonistes : les conservateurs souhaitent rendre à
l'Église le contrôle de cette formation et les Républicains
s'appuient sur l'exemple de la victoire prussienne dans laquelle ils voient un
effet direct du système scolaire autoritaire que la Prusse applique
depuis longtemps, pour réclamer des Écoles Normales obligatoires
dans les départements. En 1883, on vote une loi sur la création
des Écoles Normales d'Instituteurs (trices) dans chaque
département de la France. L'École Normale de Jules Ferry68(*)est une conquête de la
raison et de la modernité, avec ses impératifs laïcs,
c'est-à-dire indépendant du jugement inspiré par les
certitudes religieuses. C'est la période de « la fin d'un
sexe », les filles, elles aussi ont droit à
l'éducation. Ainsi les Écoles Normales et les écoles
primaires seront réorganisées69(*) pour pouvoir améliorer la qualité de
l'enseignement. Au vingtième siècle les Écoles Normales
ont été plus structurées et le niveau de formation
haussé pour répondre aux besoins de l'évolution de
l'enseignement. Vu l'importance de l'enseignement catholique, il nous semble
important de faire un aperçu historique sur la formation des
maîtres d'école primaire organisée par Jean-Baptiste de la
Salle.
3.1.2. LES ÉCOLES NORMALES DE
JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE
L'Église considérait la mission d'enseigner
comme une orientation éducative reçue de Jésus Christ
« allez, enseignez toutes les nations »70(*). Dans cette logique,
l'enseignement de l'Église devrait s'adresser à tout le monde.
Pour accomplir cette mission l'Église s'est obligée à
mettre sur place une structure scolaire. Dans ce courant de pensée,
plusieurs autorités de l'Église, papes, évêques,
curés, n'hésitaient pas à dire « allez, faites
l'école ». Ils organisaient les écoles dans leurs
palais. La présence de ces écoles légitimait leur pouvoir
comme autorité venant de Jésus-Christ.
L'école restera dans les préoccupations majeures
de l'Église Catholique. Tous les Conciles avaient à l'ordre du
jour la question de l'école. En 529, le Concile de Vaison exige que
chaque Curé ouvre une école pour ses paroissiens. En 1179, le
Concile de Latran s'exprime en ces
termes : « l'Église de Dieu, étant
obligée, comme une bonne et tendre mère de pourvoir aux besoins
corporels et spirituels des pauvres désireux de procurer aux enfants
dépourvues des ressources pécuniaires la faculté
d'apprendre à lire et d'avancer dans l'étude des lettres, ordonne
que chaque Église ait un maître chargé d'instruire
gratuitement [...] les écoliers pauvres ».71(*) La gratuité de
l'éducation de base restera une chance dans l'enseignement primaire.
Dans le progrès de la société en
matière d'éducation, l'Église a donné une
contribution considérable. En 1400, dans les pays où
l'Église Catholique avait des adeptes, chaque paroisse avait une
école primaire. L'enseignement primaire était accessible à
tous les enfants de ces paroisses. L'alphabétisation des adultes
était aussi prise en compte. Mais, suite aux guerres civiles,
l'enseignement a connu des difficultés ; de nombreuses
écoles ont été détruites. L'Église a pu
faire face à ces difficultés pour que les écoles se
répandent en insistant encore sur la gratuité de
l'éducation de base par la voix du Concile de Trente en 1545 en ces
termes : « qu'il eut dans chaque église un prêtre
pour enseigner gratuitement la grammaire [...] aux écoliers
pauvres »72(*) .
Le Concile provincial de Cambrai exige que les écoles détruites
par la guerre soient rétablies et entretenues et que l'église
s'occupe de l'instruction de la Jeunesse.
Dans l'histoire de l'éducation, nous constatons que
l'école a été bien structurée et organisée
par l'Église catholique. F. Maximin nous affirme dans son ouvrage que
« l'école est née de l'Église » par le
fait même que avant «le christianisme, la charge d'enseigner
était considérée comme une besogne d'esclave ; c'est
parmi les esclaves qu'on choisissait le
« pédagogue » pour enseigner aux seuls
riches ».73(*)
Avec l'Église, un changement radical du métier d'enseignement fut
opéré. Le métier est valorisé d'abord par
l'implication des prêtres dans l'enseignement, ensuite la naissance des
congrégations enseignantes perfectionne le métier d'enseignant et
enfin les écoles spéciales sont fondées pour la formation
des maîtres. L'enseignement primaire devient plus accessible. Avant la
révolution de 1789, l'Église catholique avait organisé
convenablement l'enseignement primaire dans tous les villages.74(*)
Pour accomplir cette tâche d'enseignant avec
compétence, l'Église avait mis en place un système de
formation des enseignants. Tous les religieux - enseignants avaient suivi la
formation dans les séminaires des maîtres d'écoles pour les
hommes ou dans les noviciats pour les femmes (au 16ème
siècle chez les Soeurs des Ursulines et au 17ème
siècle chez les Frères des écoles chrétiennes).
Les Écoles Normales de l'Église pour la formation des
enseignants laïcs avaient plus de succès chez les femmes que chez
les hommes. L'idée de ces Écoles Normales est davantage chez
Jean-Baptiste de la Salle qui a fondé les Frères des
Écoles Chrétiennes depuis 1683 avec le projet d'une École
Normale à Rethel. Sa première école normale établie
est celle de Reims en 1684.
Suite à ces préoccupations pédagogiques,
Monsieur l'Abbé Jean-Baptiste de la Salle fonde l'Institut des
Frères des Écoles Chrétiennes pour la formation des
religieux - enseignants et éducateurs. Pour former des laïcs au
« sacerdoce de l'enseignement », il fonda des Écoles
Normales appelées autrefois « Séminaires des
maîtres d'écoles ». Nous pouvons citer : Premier
projet d'une École Normale à Rethel en 1683 ; l'École
Normale de Reims en 1684 ; Second projet de l'École Normale
à Rethel en 1685 ; projet d'une École Normale dans le
Marquisat de Mont Cornet en 1685 ; École Normale de Saint Cassier
à Paris en 1688 ; École Normale de Saint Hippolyte à
Paris en 1699 et l'École Normale Saint Denis près de Paris.
La révolution française de 1789 nationalisa les
biens de l'Église (2 novembre) y compris les écoles. N'ayant pas
été préparées, plusieurs écoles y compris
les écoles normales tombent en ruine. Cette révolution tentera
d'instaurer l'enseignement primaire comme avant, mais sans succès
à cause des ruines accumulées. Cela suscitera le désir de
former des maîtres d'écoles primaires dans les écoles
spécialisées. L'École Normale de Paris sera
créée sans succès par le décret du 30 octobre 1794.
La première École Normale véritablement ouverte est celle
de Strasbourg en 1810 (Pour être maître au début du
19ème siècle on n'exigeait que le savoir lire et
écrire). Suite à leur compétence de formation des
maîtres, certaines congrégations religieuses, en particuliers les
Frères des Écoles Chrétiennes, se virent confiées
les Écoles Normales par l'État français après la
révolution.
En dehors de la France, les disciples de Jean-Baptiste de la
Salle fondent plusieurs écoles normales au 19ème
siècle et au début du 20ème siècle. Nous
pouvons citer des fondations suivantes; en Autriche : deux écoles
normales ; en Colombie : une école normale ; en
Hollande : une école normale ; en Irlande : une
école normale ; Nicaragua : une école normale ;
Tchécoslovaquie : une école normale. En Belgique : sept
écoles normales pour la formation des instituteurs du primaire.
La formule de la Belgique qu'on appelle «
École Normale Primaire de la langue française » et
l'École Primaire de la langue française servant de l'École
primaire d'application sera transmise au Rwanda par les premiers missionnaires
catholiques, en particulier les congrégations enseignantes telles que
celles des Frères des Écoles Chrétiennes et des
Frères de la Charité pendant la période de colonisation
belge. C'est à partir de cette conception de formation des enseignants
du primaire qu'on peut comprendre les Écoles Normales Primaires du
système éducatif rwandais qui a beaucoup de convergences avec la
formule de formation du système anglais « Teachers Training
College (TTC) ». C'est à partir aussi de l'organisation des
Écoles Normales Primaires et de la doctrine pédagogique que nous
pouvons comprendre la politique éducative sous-jacente des institutions
de formation pédagogique.
3.1.2.1.
ORGANISATION DES ÉCOLES NORMALES PRIMAIRES.
Les Ecoles Normales, par leur appellation, ont des normes
à suivre. L'intérêt pédagogique est le centre de
leur structure. Ainsi, Monsieur l'Abbé Jean-Baptiste de la Salle fut
préoccupé par la formation des maîtres d'écoles
laïcs depuis 1679. L'oeuvre de la formation des maîtres urbains est
prospère avec l'augmentation considérable des maîtres
religieux. De nouvelles Ecoles Normales sont fondées pour
préparer les enseignants des écoles primaires de la campagne.
Cette formation privilégie les élèves-maîtres
laïcs. Ils doivent se soumettre au régime de l'internat.
La formation des élèves-maîtres s'est
toujours donnée en exigeant qu'ils vivent ensemble pendant leur
formation. Les écoles normales sont soumises au régime de
l'internat. Dans la politique éducative de M. Jean-Baptiste de la Salle,
l'école normale n'est pas uniquement un établissement
d'instruction, il ne vise pas seulement à faire acquérir des
connaissances tout en mettant à profit l'enseignement par
l'éducation intellectuelle et morale des élèves, mais
l'École Normale doit faire des éducateurs. M. Jean-Baptiste de la
Salle affirme que « le maître [...] est presque un
prêtre, et sa vocation comme un sacerdoce, il doit être
éduqué dans un séminaire»75(*). Ce régime d'internat
visait plusieurs objectifs pour former véritablement un maître
d'école:
- acquérir et développer la
mentalité et les aptitudes professionnelles;
- reformer les habitudes incompatibles avec
l'emploi;
- s'accoutumer à la douceur et à la
correction du langage;
- apprendre à observer la nature humaine dans ses
manifestations les plus spontanées et s'habituer à une
règle austère qu'il faudra suivre toute sa vie professionnelle
qui exige beaucoup des sacrifices;
- savoir expérimentalement de quelles joies
internes une pareille vie peut être remplie et ne tomber dans aucun
excès;
- savoir discerner parmi les distractions et les
plaisirs.
Bref, pour donner au futur instituteur cet ensemble de
dispositions mentales et d'inclinations du coeur qui doivent constituer sa
physionomie morale, il n'est pas trop de quelques années de vie commune,
d'astreinte à des exercices appropriés, sous l'affectueuse et
ferme direction de guides dévoués.76(*)
Après Jean-Baptiste de la Salle, le système
d'internat fut adopté par plusieurs écoles normales dans les
différents pays. En Belgique, la loi de 1842 créa les deux
écoles Normales de Nivelles et de Lierre exigeant que les
élèves de ces écoles normales soient externes mais
après quelques années des difficultés de la formation sont
nombreuses ; les écoles normales de l'État furent ainsi
soumises à l'internat complet. Tout le monde reconnaît
l'importance de vivre ensemble pendant la formation des futurs
enseignants ; le Cardinal Sterckx, en 1848, sans toutefois donner plus de
précision, affirme que « ni en France, ni Allemagne, les
auteurs qui ont plus écrit sur l'éducation, des
élèves-instituteurs sont unanimement d'avis qu'ils doivent
être formés, pendant plusieurs années, dans des internats
et que ces établissements, pour atteindre leur but, ne doivent pas
contenir un trop grand nombre d'élèves »77(*). Ce régime d'internat
est maintenu dans les écoles normales primaires au Rwanda, Kenya,
Tanzanie, Ouganda, etc. Les élèves-maîtres doivent vivre
ensemble pendant trois ans. Bref, le régime d'internat considère
les points les plus importants : « destinés à
vivre dans le monde, les futurs instituteurs doivent connaître le monde.
Le recul dans lequel nous les maintenons leur permettra de le juger avec plus
de vérité et d'objectivité ». Formant les
éducateurs, la formation intellectuelle est renforcée par le
savoir-vivre ensemble parce qu'ils sont « destinés au
même métier, tendant au même but, il est bon qu'ils soient
ensemble pendant la formation »78(*)
3.1.2.2. L'AUTONOMIE DES ÉCOLES NORMALES
L'autonomie des établissements scolaires
destinés à la formation des maîtres d'école consiste
en une acquisition d'indépendance intellectuelle et morale ;
à l'organisation différente des autres établissements.
Pour Jean-Baptiste de la Salle, les Écoles Normales sont des
établissements uniquement et exclusivement destinés à la
formation des maîtres laïcs. Elles ne doivent avoir d'autres
options, comme les collèges ou les lycées qui ont beaucoup
d'élèves, pour pouvoir assurer une formation solide des
élèves-maîtres. Cette option apparaît aussi dans la
proposition 98 organisant les ENP en TTC au Rwanda. Pour bien remplir sa
double mission de formation initiale et continuée des enseignants, les
Écoles Normales ne devaient pas être soumises aux mêmes lois
que les autres établissements d'enseignement secondaire.
L'autonomie va encore plus loin ;
l'élève-maître doit apprendre à devenir autonome.
Pour le devenir, il faut que son environnement soit son exemple. Autrement
dit, la formation des élèves-maîtres dépend en bonne
partie de l'atmosphère que l'on peut créer autour d'eux et de la
situation dans laquelle ils vivent. Les ENP doivent avoir une orientation
nettement professionnelle, la discipline doit être différente d'un
autre établissement car à 20 ans, le jeune instituteur est
abandonné à lui-même, devient responsable d'une population
scolaire. Le choix des élèves-maîtres doit viser des jeunes
capables d'acquérir l'autonomie pendant la période de
formation.
3.1.2.2. LE
RECRUTEMENT DES ELEVES-MAÎTRES
En Belgique, l'arrêté royal du 4 septembre 1896
réglant l'admission des élèves-maîtres dans les
Écoles Normales agréées exige :
- avoir quinze ans et être doué d'une bonne
santé physique ;
- jouir d'une bonne constitution, sans aucune
infirmité ou/ et défaut physique de nature à affaiblir
l'autorité que l'instituteur doit avoir sur ses élèves;
- avoir une conduite irréprochable.
- faire l'examen d'admission : culture
générale et la somme des connaissances.
- C'est la capacité intellectuelle qui est
évaluée.
Ces exigences seront appliquées dans les colonies
belges y compris au Rwanda. Pour sa part le Rwanda reformule ces
exigences79(*) autrement
sans aucune contradiction apparente mais avec un complément en insistant
sur le besoin réel de l'enseignement :
- s'assurer du bon choix des
élèves-maîtres pour la formation des enseignants;
- planifier le recrutement des candidats pour les ENP de
sorte que les élèves qui gagnent et obtiennent des
récompenses puissent être recrutés pour la formation, et
qu'ils bénéficient spécifiquement des bourses
d'études;
- enrôler les candidats capables dans les ENP pour
qu'à long terme, la meilleure qualité des
élèves-maîtres contribue à l'amélioration
globale de la qualité d'éducation ;
- réduire l'inscription aux ENP : un nombre
plus petit d'étudiants peut contribuer à la formation de
meilleure qualité.
Jean-Baptiste de la Salle, dans le recrutement des
élèves-maîtres dans ses Écoles Normales, exige
d'autres qualités à savoir celles du coeur et de la
volonté. Pour lui, l'élève - maître doit avoir de
solides vertus et doit être un homme honnête. Ses vertus
chrétiennes doivent être marquées par la « foi
vive ». Il insistait sur la santé, l'intelligence, la conduite
irréprochable, la vertu pour les candidats aux fonctions
d'instituteurs.
3.1.2.4. REGIME FINANCIER DES ÉCOLES NORMALES
Toute école utilise les moyens pour atteindre ses
objectifs. La dimension économique est un des moyens pour arriver
à des fins éducatives. Le manque de financement est un des grands
obstacles de l'Éducation pour tous. Pour faciliter
l'accessibilité à l'éducation, M. Jean-Baptiste de la
Salle avait instauré la gratuite de l'enseignement pour atteindre les
enfants pauvres. Il avait des fonds destinés au fonctionnement scolaire
(bourse pour les enfants pauvres). Les écoles normales de Jean-Baptiste
de la Salle furent toujours gratuites ; « les
élèves-maîtres, dit-il lui-même, sont logés,
nourris et blanchis gratuitement. Les normaliens jouissent de bourses
d'études grâce aux personnes généreuses qui
comprenaient l'importance des écoles normales »80(*)
Pour éviter tout obstacle financier aux
élèves-maîtres, Jean-Baptiste de la Salle n'avait jamais
voulu exiger l'uniforme scolaire. Les élèves-maîtres
s'habillaient comme tout le monde, mais ils se distinguaient par leurs cheveux
plus courts. Plus tard, les élèves des Écoles Normales de
Jean-Baptiste de la Salle seront contraints de porter l'uniforme, suite
à l'arrêté ministériel du 27 avril 1849 signé
de CH. Rogier déterminant ainsi qu'il adopte l'uniforme des
Écoles Normales de l'État.
3.1.2.5. LES PRINCIPES PEDAGOGIQUES
Les principes pédagogiques (doctrine
pédagogique) des Écoles Normales de Jean-Baptiste de la Salle
sont le fruit de l'étude et d'une longue expérience. La conduite
de ses écoles prend en compte les règles pédagogiques sur
la connaissance intégrale de l'enfant : sa nature, ses dispositions
personnelles, ses énergies surnaturelles, sa destinée en ce monde
et dans l'autre. Cette conduite a le souci de préparer l'enfant à
vivre dans son temps et dans sa patrie pour son bonheur. L'organisation
pédagogique est basée sur le mode simultané qui consiste
à regrouper les élèves selon « le
degré de leur avancement et la somme de leur
connaissance ».
La doctrine pédagogique adoptée par
Jean-Baptiste de la Salle consiste à appliquer une
pédagogie dynamique qui s'adapte aux besoins éducatifs
qu'on constate dans des réformes de méthodes d'enseignement. En
son temps, la langue d'alphabétisation était le latin. Alors, au
lieu d'apprendre à lire en latin, ces Écoles Normales adoptent
une nouvelle méthode d'alphabétisation par les langues
maternelles. Il est prouvé par plusieurs pédagogues que le
premier apprentissage dans la langue maternelle aide davantage le
développement de l'intelligence et l'acquisition des nouvelles
compétences. Cette évolution pédagogique par
l'homme de l'Église latine, a eu des impacts sur la
société française. Les Français commençaient
à écrire leur langue avant le latin car
« en simplifiant et en multipliant les maîtres,
Jean-Baptiste de la Salle généralisa la connaissance pratique de
l'écriture ».81(*) Cette méthodologie
insiste aussi sur l'exercice de l'analyse et du jugement que l'apprenant doit
effectuer dans son apprentissage ; « on apprendra aux
élèves qui lisent couramment, à connaître les
voyelles et les consonnes, à les distinguer les unes des autres. On leur
enseignera par raison pourquoi on appelle les unes voyelles et les autres
consonnes... »82(*) Les futurs maîtres sont exercés
à pratiquer cette méthodologie au cours de leur formation dans
les Écoles Normales.
Dans la doctrine pédagogique des écoles de
Jean-Baptiste de la Salle, nous pouvons retenir que sa méthodologie
insiste sur l'activité personnelle de l'apprenant. Il définit le
rôle de l'enseignant en ce terme : « le rôle du
maître est d'aider les élèves à se servir de leur
raison »83(*) Le
maître ne doit pas trop aider les élèves à
résoudre les difficultés qu'ils rencontrent dans la
résolution d'un problème, mais il doit les encourager à
trouver les solutions eux-mêmes. Pour obtenir des résultats
mesurables et pratiques de cette méthodologie, le maître ne peut
pas se contenter de donner l'énoncé des problèmes à
résoudre, mais il doit obliger les élèves à
inventer eux-mêmes les problèmes à résoudre selon
leur capacité. C'est une manière aussi de donner l'autonomie
à l'apprenant pendant le processus d'apprentissage.
Le maître devrait rendre son enseignement
pratique : donner les notions essentielles, faire des leçons
claires et brèves, suivies d'applications nombreuses et bien
contrôlées.84(*) Bref, Jean-Baptiste de la Salle se résume en
disant que : « enseigner aux enfants les principes, les genres et les
avantages de l'art qu'ils étudient est une chose utile, mais la pratique
est encore plus nécessaire que la théorie »85(*) Ainsi dans les
Écoles Normales la formation des enseignants devrait être plus
pratique que théorique. La pratique sur le terrain (dans les
écoles primaires d'application) est irremplaçable dans la
formation des futurs enseignants.
3.1.2.6. MATIERES ENSEIGNEES DANS LES ÉCOLES NORMALES
En général, les matières
enseignées dans les Écoles Normales doivent préparer les
élèves-maîtres à leur métier d'enseignant. En
Belgique, l'arrêté royal du 17 décembre 1843 indique le
programme des matières enseignées dans les ENP : la
religion, la méthode ou la théorie générale de
l'art d'enseigner et de communiquer ses connaissances, la langue maternelle
(français ou flamand), l'écriture, l'arithmétique, le
système légal des poids et mesure, la géographie du pays,
l'histoire nationale, les lois les plus usuelles (la loi sur l'instruction
primaire), l'art épistolaire, la tenue de livres, le dessin
linéaire et l'arpentage, le chant grégorien, la musique et l'art
de toucher l'orgue. Les notions utiles (économie domestique, jardinage,
etc.).
Ces cours étaient obligatoirement donnés dans
les Écoles Normales primaires de l'État comme dans les
Écoles Normales primaires agréées en Belgique ainsi que
dans les colonies belges (Rwanda, RDC, Burundi). En Belgique comme dans les
colonies, le programme des Écoles Normales a connu des réformes
adaptées aux politiques éducatives du temps. Au Rwanda comme
en Côte d'Ivoire, actuellement l'accent est mis sur la préparation
professionnelle notamment la conduite de la classe et la connaissance de
l'enfant. Les contenus portent essentiellement sur un renforcement des
connaissances et des aptitudes intellectuelles, la connaissance de l'enfant, la
psychologie de l'apprentissage, la préparation et l'évaluation de
l'acte pédagogique et l'entraînement à la conduite de la
classe86(*).
3.2. POLITIQUES EDUCATIVES DE
L'EDUCATION POUR TOUS.
3.2.1. LA DÉCLARATION MONDIALE SUR L'EDUCATION POUR
TOUS.
La déclaration mondiale sur l'éducation pour
tous adoptée le 9 mars 1990 avait pour but de demander à toutes
les nations de« répondre aux besoins éducatifs
fondamentaux » et de rappeler que cela est un droit fondamental de la
personne. Depuis ce temps, nous avons assisté à une grande
mobilisation des chefs d'état, nous pouvons donner l'exemple de la
« Conférence sur l'éducation pour la Renaissance de
l'Afrique » à Johannesburg (Afrique du Sud), le 6
décembre 1996. Nous n'allons pas en faire le bilan. Néanmoins, le
rapport mondial de suivi sur l'EPT 2002 affirme qu'un groupe de pays de
l'Afrique subsaharienne, l'Inde et le Pakistan risquent fort de ne pas
atteindre les objectifs de l'Enseignement Primaire Universel (57pays) et de
l'Education Pour Tous (79 pays)87(*).
L'Éducation primaire universelle serait sur la bonne
voie dans un certain nombre de pays y compris le Rwanda, mais l'EPT a un grand
chemin à parcourir car « les progrès accomplis vers la
réalisation des objectifs de l'EPT sont insuffisants : le monde
n'est pas en voie de réaliser l'EPT d'ici 2015 »88(*). Les préoccupations
majeures qui ont fait qu'il y ait une conférence mondiale sur
l'éducation pour tous existent encore. D'après ce rapport, dans
plusieurs pays de la planète, l'état de la situation dans
laquelle l'éducation de base a été présentée
en 1990 ne s'est pas beaucoup amélioré, elle était la
même en 2002. Les problèmes n'ont pas été
résolus. Les pays et les bailleurs de fonds n'ont pas respecté
leurs engagements. Ce n'est qu'en 2000 avec le forum mondial sur l'EPT à
Dakar que les engagements ont été renouvelés par les
États et les bailleurs de fonds. Nous pouvons évoquer les
problèmes d'accès à l'éducation de base, l'abandon
scolaire, la qualité de l'enseignement liée à la formation
des enseignants, l'alphabétisation des adultes, etc. La situation se
présente de la manière suivante :
- Accès à l'éducation de
base:
- plus de cent millions n'ont pas d'accès à
l'éducation de base dont soixante millions de filles et quarante
millions de garçons
- plus d'un tiers des adultes du monde n'ont pas accès
au savoir imprimé, à la Nouvelle Technologie de l'Information et
de la Communication
- Abandon scolaire :
- Plus de cent millions d'enfants et adultes
n'achèvent pas le cycle éducatif de base entamé.
- Qualité de l'enseignement de base :
- Des millions d'enfants et adultes achèvent le cycle
de base sans acquérir le niveau de connaissances et des
compétences indispensables.
- Analphabétisme :
- Environ 960 millions d'adultes sont analphabètes,
dont 640 millions de femmes et 320 millions d'hommes
- L'analphabétisme fonctionnel existe dans tous les
pays
- Obstacles à l'éducation pour
tous :
- Le fardeau grandissant de la dette et le manque
d'évolution économique des pays en développement
- Les disparités économiques entre les pays
- La croissance démographique rapide
- La mort évitable des enfants
- La dégradation de l'environnement
- La guerre, la violence et les conflits.
C'est dans ce contexte que la déclaration mondiale sur
l'EPT a été faite en comptant sur les forces telles que :
la coopération entre les nations, les droits et facultés
essentiels des femmes deviennent effectifs, les réalisations
scientifiques et culturelles, les informations disponibles dont une bonne
partie présente un intérêt pour la survie de l'être
humain et son bien-être élémentaire, les informations sur
les moyens d'acquérir des nouvelles connaissances, source de
mieux-être, c'est-à-dire « apprendre à
apprendre ». Les progrès remarquables accomplis par de
nombreux pays dans le secteur de l'éducation permettent de dire que
l'éducation fondamentale pour tous est un but accessible.
Cependant, la conférence réaffirme que
« l'éducation est un droit fondamental pour tous, femmes et
hommes, à tout âge et dans le monde entier ». La
conférence affirme avec fermeté que «
l'éducation contribue à l'amélioration de la
sécurité, de la santé, de la prospérité et
de l'équilibre écologique dans le monde, en même temps
qu'elle favorise le progrès social, économique et culturel, la
tolérance et la coopération internationale ».
L'éducation devient une condition suffisante pour le
développement de l'individu et de la société. La
conférence reconnaît que le savoir traditionnel et le patrimoine
culturel autochtone ont une valeur et une validité propres.
La conférence constate aussi l'insuffisance de
l'éducation dispensée. L'éducation nécessite d'en
améliorer la qualité et la pertinence en rendant l'accès
universel. C'est à partir de l'éducation fondamentale solide
qu'on peut renforcer l'éducation de qualité et donner un
développement autonome à chaque individu. Les institutions de
formation pédagogique, chargées de former des futurs enseignants
et les enseignants en fonction, doivent contribuer de façon effective
à l'amélioration de la qualité de l'éducation de
base. C'est en formant de bons enseignants qu'on peut répondre
efficacement aux objectifs de l'Éducation Pour Tous.
Dans le même sens, l'UNESCO s'adresse aux enseignants en
ces termes : « En tant qu'enseignants, vous êtes sur la ligne
de front pour la mise en oeuvre des innovations pédagogiques, votre
compréhension et votre connaissance des problèmes concernant
l'établissement d'un rapport entre éducation de base et le monde
du travail sont donc très importantes.»89(*)
La déclaration est composée de dix articles
essentiels (voir en annexe): « Répondre aux besoins
éducatifs fondamentaux; Élargir notre vision; Universaliser
l'accès et promouvoir l'équité; Mettre l'accent sur la
réussite de l'apprentissage; Élargir les moyens et le champ de
l'éducation fondamentale; Améliorer le contexte de
l'apprentissage; Renforcer les partenariats; Mettre en place des politiques
d'accompagnement ; Mobiliser des ressources; Renforcer la
solidarité internationale ». Pour sa mise en application,
cette déclaration a été traduite en objectifs que nous
appelons couramment
« les objectifs de l'Éducation Pour Tous ».
Nous présentons les six objectifs de Dakar (forum mondial sur l'EPT en
avril 2000)90(*) :
1. Étendre et améliorer les soins et
l'éducation obligatoire de la petite enfance dans son ensemble,
spécialement des enfants les plus vulnérables et les enfants
handicapés.
2. S'assurer qu'en 2015 tous les enfants, en particulier
les filles, les enfants vivant dans des circonstances difficiles et ceux qui
appartiennent aux minorités ethniques, aient accès à une
éducation primaire complète, gratuite et obligatoire de bonne
qualité.
3. S'assurer que les besoins d'apprentissage de tous les
jeunes et de tous les adultes soient satisfaits grâce à un
accès équitable à un apprentissage approprié et
à des programmes de formation pour la vie.
4. Réaliser une amélioration de 50% des
niveaux d'alphabétisation des adultes, spécialement des femmes,
et un accès équitable à l'éducation de base et
continue pour les adultes, d'ici 2015.
5. Éliminer les disparités du genre dans
l'enseignement primaire et secondaire en 2005, et réaliser
l'égalité du genre dans l'éducation en 2015, avec une
attention particulière pour assurer l'accès total et
équitable des filles et l'achèvement d'une éducation de
base de qualité.
6. Améliorer tous les aspects de la qualité
de l'éducation et assurer l'excellence pour tous afin que des
résultats reconnus et mesurables soient atteints par tous,
spécialement en matière d'alphabétisation, de calcul et
d'acquisition des compétences de base pour la vie.
3.2.2. LA POLITIQUE EDUCATIVE SUR L'ÉDUCATION POUR
TOUS AU RWANDA.
3.2.2.1. POLITIQUE
EDUCATIVE.
La formulation de la politique éducative rwandaise a le
souci de répondre aux attentes de la société rwandaise
après la guerre et le génocide. Les attentes de la
communauté internationale sont au coeur de cette politique. Elle
considère les six objectifs de Dakar sur l'éducation pour tous
et les objectifs de développement du Millenium liés à
l'éducation. À cela un septième objectif s'ajoute :
Prévenir la propagation et limiter l'extension de l'infection du
VIH/SIDA au sein et en dehors de l'environnement scolaire.
3.2.2.1.1. MISSION DE L'EDUCATION
L a mission de l'éducation est définie en ces
termes : « L'objectif global du Gouvernement du Rwanda est de
réduire la pauvreté et d'améliorer ainsi le
bien-être de sa population. Dans ce contexte, le but de
l'éducation est de lutter contre l'ignorance et l'analphabétisme
et de produire les ressources humaines nécessaires pour le
développement socio-économique du Rwanda par le biais du
système éducatif »91(*).
3.2.2.1.2. BUTS DE L'EDUCATION
Après avoir défini la mission de
l'éducation, le secteur de l'éducation est appelé à
atteindre les buts éducatifs suivants:92(*)
1. Éduquer un citoyen libre et libéré de
toutes les formes de discrimination, y compris la discrimination basée
sur le genre, l'exclusion et le favoritisme;
2. Contribuer à la promotion d'une culture de paix et
insister sur les valeurs Rwandaises et universelles de justice, de paix, de
tolérance, de respect des droits de l'homme, d'égalité du
genre, de solidarité et de démocratie;
3. Dispenser une éducation morale, sociale, physique
et professionnelle par la promotion des compétences et des aptitudes
individuelles au service de la reconstruction nationale et du
développement durable du pays;
4. Promouvoir la science et la technologie avec une attention
spéciale à la technologie de l'information et de la communication
(TIC)
5. Développer chez le citoyen rwandais l'autonomie de
pensée, l'esprit patriotique, le sens de fierté civique, l'amour
du travail bien fait et la conscience mondiale;
6. Transformer la population rwandaise en un capital humain
de développement par l'acquisition de compétences en
matière de développement
7. Éliminer toutes les causes et obstacles qui
conduisent à la disparité en matière d'éducation,
que ce soit le genre, l'infirmité, le groupe géographique ou
social.
3.2.2.1.3. OBJECTIFS SPECIFIQUES DU
SECTEUR DE L'EDUCATION.
Pour faciliter la mise en application et mesurer les
résultats, il a fallu définir les objectifs spécifiques du
secteur de l'éducation:
1. S'assurer que l'éducation sera disponible et
accessible à tout le peuple rwandais ;
2. Améliorer la qualité et la pertinence de
l'éducation ;
3. Promouvoir l'enseignement de la science et de la
technologie avec une attention spéciale sur la TIC ;
4. Promouvoir le trilinguisme dans le pays (Kinyarwanda,
Anglais et Français)
5. Promouvoir une éducation intégrale
complète orientée vers le respect des droits de l'homme
adaptée à la situation actuelle du pays ;
6. Sensibiliser l'enfant et lui inculquer l'importance de
l'environnement, de l'hygiène et de la santé ainsi que sur la
protection contre le VIH/SIDA ;
7. Améliorer la capacité de planification, de
gestion et d'administration de l'éducation,
8. Promouvoir la recherche comme facteur de mobilisation en
faveur du développement national et harmoniser le programme de
recherche.
3.2.2.2. PLAN
STRATEGIQUE ET LE PLAN D'ACTION
En matière d'éducation au Rwanda, le
Ministère de l'Éducation dispose de trois documents essentiels:
« Politique du Secteur de l'éducation; Plan Stratégique
du Secteur de l'éducation 2004-2005 et Éducation Pour Tous :
Plan d'Action ». Le premier document définit la politique
éducative nationale, les deux autres définissent sa mise en
application et en particulier des objectifs de l'Éducation Pour Tous et
du développement du Millenium.
Dans les domaines de concentration, le Plan Stratégique
du Secteur de l'Éducation (PSSE) prends en compte tout le secteur de
l'éducation ainsi que le Plan d'action de l'EPT sans ignorer tout le
secteur de l'éducation, et privilégie l'éducation de base
(voir : tableau 2)
TABLEAU 2: comparaison de deux plans du secteur de
l'éducation
Plan Stratégique Secteur de
l'Education
|
Éducation pour tous : Plan
d'action
|
1. L'Éducation de Base
2. L'Enseignement Secondaire
3. L'enseignement Supérieur
Science, Technologie et Recherche
|
1. L'enseignement préscolaire et maternel.
2. L'accès et rétention dans l'enseignement
primaire
3. L'amélioration de la qualité de
l'enseignement
4. Réduction des inégalités dans
l'enseignement
5. La Formation professionnelle des jeunes et des adultes.
6. L'alphabétisation et l'éducation pour
Adultes
7. VIH/SIDA et Éducation à la santé
|
3.2.2.2.1. L'objectif global de
l'éducation de base
Dans le cadre stratégique pour l'Éducation de
base, l'objectif global est de servir de fondement pour un accès plus
équitable à l'éducation universelle de base, par
l'accroissement des places dans les écoles primaires, par
l'amélioration de la gestion institutionnelle, et par l'octroi
d'opportunités d'études (y compris les opportunités de
formations professionnelles et d'alphabétisation) pour les
déscolarisés, les enfants et les adultes difficilement
accessibles. Ainsi, l'accès, le maintien et la qualité dans
l'éducation primaire seront améliorés, les
disparités et les inégalités seront
éliminées et des mesures seront prises pour arrêter la
propagation de la pandémie du VIH/SIDA dans les écoles93(*).
3.2.2.2.2. L'engagement du Rwanda en matière de
l'Education Pour Tous.
Le Rwanda s'est engagé dans les objectifs de
Développement du Millenium en matière de l'éducation dans
le Cadre d'Action de Dakar pour l'éducation pour tous :
· D'ici 2015, tous les enfants en âge de
scolarisation auront accès à une scolarisation gratuite de
qualité et les inégalités sexuelles dans les écoles
seront éliminées ;
· Les niveaux d'analphabétisme au sein de la
population adulte seront réduits de moitié d'ici 2015, et les
opportunités d'apprentissage pour les jeunes et les adultes seront
largement accrues ;
· Tous les aspects d'une éducation de
qualité seront améliorés.
3.2.2.2.3. PRIORITES POUR
L'ÉDUCATION DE BASE
Pour les cinq premières années de la
Stratégie de l'Éducation de Base (Phase 1 du Plan de l'EPT),
l'éducation de base, en particulier l'enseignement primaire, est une
priorité pour le Ministère de l'éducation dans les
allocations financières. Les priorités pour la mise en
application seront :
· Chercher et réintégrer les enfants
déscolarisés dans le système d'enseignement primaire
formel ; offrir des programmes flexibles aux enfants
« difficiles à intégrer »
· Construire plus de salles de classe et écoles
au niveau du primaire
· Améliorer la qualité de
l'éducation à tous les niveaux, spécialement par la
réforme des programmes d'enseignement et une fourniture adéquate
du matériel didactique ;
· Former un plus grand nombre d'enseignants du primaire
dans les Centres de Formation Pédagogique (ENP) améliorés,
à travers le nouveau programme d'enseignement à
distance ;
· Accroître la présence des enfants en bas
âge dans les centres de Protection et Éducation de la Petite
Enfance (PEPE)
· Accroître les dépenses consacrées
à l'enseignement des sciences, de la technologie et de la TIC
· Améliorer les performances scolaires des filles
jusqu'à la fin de leurs études ;
· Renforcer les mécanismes de suivi et
d'évaluation
· Réduire le taux d'analphabétisme chez
les adultes
· Augmenter les opportunités pour la jeunesse
déscolarisée et les adultes de suivre des programmes de formation
professionnelle
· Fournir le matériel et la formation pour
l'éducation sur le VIH/SIDA
· Accroître les dépenses pour le
trilinguisme dans l'enseignement
Le Gouvernement Rwandais cherche à réaliser ces
objectifs à base de stratégies. L'amélioration de la
qualité de l'enseignement reste un impératif. D'où la
nécessité de compter sur les centres de formation
pédagogique en ces termes « la formation initiale et la
formation au service pour les enseignants sont offertes dans onze TTC (ENP). Il
y a une TTC dans chaque province pour améliorer la qualité du
personnel enseignant et pour la promotion des enseignants sous-qualifiés
déjà en place et offrir une formation de base intensive aux
enseignants nouvellement recrutés »94(*).
Pour que les ENP puissent réaliser cette mission, le
Ministère de l'éducation doit prêter une attention
particulière au recrutement du personnel formateur de ces institutions
et à l'allocation d'un budget différent des autres écoles
secondaires.
CHAPITRE 4
La formation des enseignants pour l'éducation de
base.
Quand on parle de la formation des enseignants (teacher's
training), nous touchons plutôt l'aspect technique : apprendre
à devenir un enseignant. Pourtant, l'enseignant devait être aussi
un éducateur. La conception anglaise prend cet aspect technique comme
faisant partie de l'enseignant et non le tout. Les systèmes anglophones
parlent de teacher's education (éducation des enseignants) pour
dire que le futur éducateur est éduqué à devenir un
éducateur et non un simple enseignant. La formation prend en compte la
personne totale.
Actuellement, « la prise des options fondamentales
relatives à la formation des maîtres et son organisation
relèvent du processus général de construction des
curriculums pour assurer la cohérence entre le projet éducatif et
la préparation de ceux qui sont appelés à le mettre en
oeuvre »95(*).
Les écoles normales (centre de formation pédagogique,...) ont
pour rôle d'assurer la préparation des futurs enseignants.
Néanmoins, ces écoles normales, étymologiquement les
écoles dans lesquelles l'on trouve les normes, ont pour mission, soit de
montrer comment enseigner à des « maîtres
d'école » qui professent sans aucune formation
pédagogique, soit de former les jeunes collégiens qui souhaitent
devenir enseignants professionnels.
Pendant longtemps le programme des Écoles Normales fut
limité aux disciplines enseignées à l'école
primaire. Mais plus tard la culture générale des normaliens sera
prise en compte grâce aux revendications des Directeurs des Écoles
Normales. À titre d'exemple le Prussien progressiste A.W. Diesterweng,
directeur d'école normale revendique une formation solide pour les
instituteurs96(*). Les
Écoles Normales devaient rendre le métier d'enseignant plus
professionnel (cela était aussi la vision de J.Baptiste de la Salle au
17ème Siècle). Le métier d'enseignant ne doit
pas être improvisé ; c'est un processus de formation
professionnelle.
Lemosse observe qu'au sens anglais qui s'impose
progressivement en français, l'activité d'un professionnel
présente les caractéristiques suivantes97(*) :
a) l'exercice d'une profession implique une activité
intellectuelle qui engage la responsabilité individuelle de celui qui
l'exerce ;
b) c'est une activité savante et non de nature
routinière, mécanique ou répétitive
c) elle est pourtant pratique, puisqu'elle se définit
comme l'exercice d'un art, plutôt que purement théorique ou
spéculative
d) sa technique s'apprend au terme d'une longue formation
e) le groupe qui exerce cette activité est régi
par une forte organisation et une grande cohérence internes
f) il s'agit d'une activité de nature altruiste au
terme de laquelle un service précieux est rendu à la
société.
Dans les pays en développement tel que le Rwanda, le
chemin à parcourir est encore long pour que la profession enseignante
réponde à ces critères. Ainsi, après la formation
initiale, pour se professionnaliser davantage l'enseignant doit continuer sa
formation, d'où l'importance de l'Éducation permanente.
L'enseignant doit prendre conscience que « l'éducateur
enseigne à la fois ce qu'il sait et ce qu'il est. La personne se
transforme, doit continuer à se développer, à s'enrichir
au cours de la vie »98(*). Comme dans tous les autres secteurs professionnels,
la formation de l'éducateur doit se continuer pendant sa carrière
d'éducateur. La formation initiale des enseignants tiendra compte aussi
de l'évolution de la société en particulier du secteur de
l'éducation, pour pouvoir bien préparer les éducateurs et
les éducatrices qui formeront les citoyens de la cité.
4.1. FORMATION INITIALE
Nous pouvons le constater, parmi les enseignants, il en existe
certains qui n'ont jamais fréquenté les institutions de
formation, mais qui enseignent quand même. D'où viennent leurs
méthodes d'enseignement ? Ils ont été à
l'école, ils ont vu comment les maîtres enseignaient, ils imitent
et ils essaient de voir comment les autres enseignent. Dans ce contexte, V. de
LANDESHEERE dira que l'enseignant peut être vu comme un artisan qui a
appris auprès d'un maître dont il imite les façons de
faire, elles-mêmes issues en partie de l'expérience
accumulée des prédécesseurs. Cette façon de faire
s'oppose au professionnalisme du métier d'enseignant qui doit
« s'appuyer autant que possible sur des connaissances
théoriques expérimentalement validées »99(*).
Le tâtonnement100(*) qui existe dans les structures des institutions de
formation des maîtres d'école prouve que « la
méthode de formation des maîtres est elle-même loin
d'être bien maîtrisée : on ne sait pas encore, de
façon scientifiquement établie, comment on apprend à
enseigner. »101(*). Mais quatre grandes options méthodologiques
peuvent se distinguer : la formation infuse, la formation traditionnelle,
la formation scientifique et la formation humaniste.
4.1.1. LA FORMATION INFUSE
Quand on dit que telle personne a une science infuse, c'est
pour dire qu'elle est savante sans avoir étudié. En
pédagogie, la formation infuse est définie comme un
« art d'enseigner dont les professeurs, non préparés
à leur mission pédagogique et psychologique, trouvent la source
dans leur « bon sens » leur intuition et dans la
reproduction des modèles pédagogiques qu'ils ont observés
et intériorisés lorsqu'ils étaient élèves ou
étudiants »102(*). Ils deviennent des enseignants sans avoir appris
comment enseigner. Si nous considérons que la formation des enseignants
se fait à l'intérieur d'une institution de formation
pédagogique suivie de la pratique, nous n'avons pas raison de classer la
formation infuse dans les modèles de formation des enseignants. Mais
l'histoire nous oblige à la reconnaître comme une pratique.
À cause des centres de formation pédagogique des instituteurs
dans plusieurs pays, ce choix des enseignants dans l'éducation de
primaire tend à disparaître. Cependant la formation traditionnelle
reste omniprésente dans les systèmes éducatifs de certains
pays en voie de développement.
4.1.2. LA FORMATION TRADITIONNELLE
Cette appellation désigne la démarche
caractéristique des anciennes Écoles Normales d'instituteurs.
« La formation comprenait des éléments de la culture
générale, étude des disciplines à enseigner, des
notions de psychologie restées longtemps naïves ou livresques, et
une préparation pédagogique trouvant ses sources principales dans
l'histoire de l'éducation et dans l'expérience vécue des
professeurs de didactique. Une place importante était
réservée à l'observation du terrain scolaire et à
la pratique »103(*). Cette formation a connu des adaptations selon les
époques et les pays. Beaucoup d'enseignants de métier ont
été formés avec cette formule. L'évaluation de
cette formule reste difficile. Nous pouvons souligner tout simplement qu'elle
est accusée de manque de recherche expérimentale en
éducation. La recherche scientifique ne se pratiquait pas, d'où
le mouvement de formation scientifique.
4.1.3. LA FORMATION SCIENTIFIQUE
La formation scientifique vient en opposition à la
formation traditionnelle. L'éducation est considérée comme
un art ; l'intuition a sa place en éducation. Elle peut intervenir
souvent de façon décisive au moment de prendre des
décisions graves, dans des situations qui, à la limite, sont
toujours uniques. Compte tenu de différents facteurs et de nombreuses
interactions dans la pratique éducative, il est très difficile
d'en faire une analyse rationnelle dans des situations graves. Deux voies
s'offrent alors 104(*): celle de l'empirisme (l'expérience montre
que dans des cas à peu près semblables, telle décision
s'est avérée efficace) et l'approche scientifique.
L'approche scientifique est une « formation qui
commence par l'étude approfondie des disciplines fondatrices dans leur
état plus avancé, se poursuit par l'étude des
caractéristiques et du fonctionnement de l'individu réputé
normal ou sain, et se termine par l'étude des problèmes ou des
troubles connus de façon à y remédier ou à les
surmonter. Pour qu'une telle formule porte ses fruits, elle doit être
profondément ancrée dans les réalités du terrain,
la théorie et la pratique se validant et se défiant
mutuellement105(*) ».
Ce type de formation donne les outils nécessaires aux
futurs enseignants qui leur permettront de poursuivre les études
universitaires et l'évolution scientifique particulièrement dans
leur domaine d'enseignement. Cependant, il reste à déplorer que
cette formation ne met pas en place une méthode ou une approche bien
structurée qu'on puisse utiliser pour former un futur enseignant
à la pratique quotidienne de l'apprentissage.
La formation scientifique fournit deux grandes voies possibles
pour former l'enseignant : l'immersion, ou approche globale (qui consiste
à faire « immerger », entrer
l'élève-maître sur le terrain des praticiens de
l'enseignement ; c'est de l'empirisme) et l'approche analytique (qui consiste
à analyser ces pratiques). Smith (1969), pour cette approche
scientifique adopte une méthode plus pratique : « Les
élèves-maîtres commencent par observer des
activités réelles, y participent dans la mesure de leurs
possibilités, et repèrent à cette occasion des
phénomènes et des problèmes. L'enseignement
théorique qui suit aide à les analyser et à les
comprendre. Les élèves-maîtres reviennent ensuite sur le
terrain pour approfondir leurs observations et en faire de nouvelles. Ce
va-et-vient continue et, petit à petit, la pratique effective
augmente106(*) ».
La psychologie béhavioriste est utilisée
à l'intérieur de cette formation, parfois avec des nuances et des
choix possibles. Nous pouvons étudier deux approches plus
structurées : l'approche de la formation béhavioriste et
celle de la formation humaniste.
4.1.4. LA FORMATION BEHAVIORISTE
Le modèle béhavioriste est un des modèles
les plus structurés des méthodes actives. Il se présente
de la manière suivante :
· Objectif : faire des enseignants
des spécialistes des sciences appliquées du comportement,
travaillant dans des équipes dont les membres unissent leur
expertise.
· Programmes : souvent modulaires,
ils sont conçus pour faire acquérir les habilités
indispensables
· Exercices proposés :
- la simulation : on fournit
à l'élève-maître un ensemble d'informations
relatives à un problème pédagogique particulier et on lui
demande de réagir de façon aussi adéquate que possible.
Par exemple, un cas d'indiscipline en classe est présenté dans un
petit film. L'élève-maître propose sa solution, et un
second film montre les effets qu'elle aurait pu avoir. Une discussion aide
à tirer les leçons de l'expérience. Le professeur peut
organiser d'autres expériences à discuter avec les
élèves-maîtres sans toutefois utiliser le film.
L'expérimentation de cette pratique a prouvé que des exercices de
simulation aident les élèves-maîtres à pratiquer
sans devoir se rendre sur le terrain.
- L'autoscopie : cet exercice
consiste à utiliser le magnétophone. On enregistre son propre
discours et on l'écoute. Cela permet de découvrir ses
imperfections et de modifier ces comportements de façon durable. Pour
réussir avec cette méthode, le formateur doit avoir des
connaissances pédagogiques solides et une expérience approfondie
des techniques de modifications comportementales
- Le micro-enseignement107(*) :
cette technique d'enseignement préconise que les bons
formateurs fassent participer les élèves en leur posant des
questions, les encouragent, utilisent leurs idées, donnent des exemples,
etc.
· Méthode de formation : les
méthodes d'enseignement utilisées sont en fonction des
compétences attendues, «les critères permettant
d'établir si ces compétences sont acquises, sont définis
de façon opératoire, dès le départ, et sont rendus
publics »
· Objectifs à atteindre :
les habilités sont hiérarchisées et traduites en objectifs
à atteindre par chaque élève-maître. Houston
distingue cinq catégories d'objectifs 108(*):
1. Objectifs cognitifs : pouvoir apporter
la preuve de l'acquisition de connaissances et d'habilités
données ;
2. Objectifs de performance :
être capable de traduire ses connaissances en actions.
3. Objectifs axés sur les
conséquences : être capable de susciter un
apprentissage donné.
4. Objectifs affectifs : faire
acquérir une meilleure image de soi, susciter la curiosité, la
tolérance... Ces objectifs sont inclus dans les
précédents.
5. Objectifs exploratoires : susciter
des situations, des activités favorables à des apprentissages
positifs, non précisés d'avance.
Il est évident que cette méthode de formation
est différente de celle de la formation traditionnelle. Les aspects
suivants sont à relever 109(*):
a) Le critère du succès est la réussite
d'actions éducatives et non la qualité de connaissances
théoriques.
b) Chacun se forme à l'allure qui lui convient,
indépendamment des notions d'année scolaire ou de durée
réglementaire d'un cours. La formation ne se termine donc pas au
même moment pour tous.
c) La formation ne commence pas au même point pour
tous, mais là où chacun est arrivé. Au besoin, des
activités permettent de s'approprier les prérequis sont
proposées.
d) On s'efforce de tenir compte des différents styles
d'apprentissage.
Comme toute méthode, cette méthode n'est pas
idéale, elle a ses avantages et ses limites que nous présentons
dans le tableau suivant:
Tableau 3 : Avantages et désavantages de la
méthode béhavioriste
Les avantages de la méthode
|
Les dangers de la méthode
|
- Précision du projet
|
- Réduction de la place faite à la culture
générale
|
- système modulaire qui donne de la souplesse et une
pédagogie de maîtrise aisément pratiquée
|
- Mécanisation des comportements
|
|
|
La solution à préconiser pour éviter ces
dangers est d'avoir « le souci de poursuivre au moins autant des
objectifs de transfert que des objectifs de maîtrise. Toute acquisition
d'une compétence doit s'accompagner d'une réflexion critique et
permettre l'initiative, la créativité110(*)». La formation
béhavioriste privilégiant beaucoup la micro-leçon dans la
formation des élèves-maîtres, il nous semble important de
présenter cette méthode qui a connu et qui continue de
connaître beaucoup de succès.
Cette technique de micro-enseignement dans la formation des
élèves-maîtres111(*) est apparentée à l'enseignement
programmé skinnérien, avec lequel elle partage les
caractéristiques suivantes :
- l'apprentissage est individualisé;
- un modèle comportemental précis est
proposé;
- l'imitation de ce modèle peut être
répétée à volonté;
- le renforcement apporté par la réussite
éventuelle de la micro-leçon et l'évaluation par les
condisciples et par le professeur est immédiate;
- l'avancement se fait pas à pas, de façon
progressive.
Le Micro-enseignement a pour but d'installer les
habilités pédagogiques les unes après les autres :
- savoir introduire une leçon;
- éveiller l'intérêt pour un objet, un
problème;
- apprendre à poser des questions à
différents niveaux cognitifs;
- encourager les élèves;
- exprimer un sentiment par des comportements non verbaux;
- illustrer une notion;
- utiliser une technique audiovisuelle;
- provoquer une discussion entre les élèves;
- faire la synthèse d'une leçon.
Cette technique d'enseignement est centrée sur
l'enseignant et non sur l'apprenant. Heureusement, selon Brusling112(*) cette méthode a
connu une évolution observable entre 1963-1972:
1) Centrée au départ sur le professeur, la
procédure a eu tendance à se centrer davantage sur
l'élève
2) D'objectifs comportementaux indépendants des
disciplines enseignées, elle s'est ouverte davantage à des
objectifs spécifiques à celles-ci
3) De même, de l'apprentissage d'habiletés
simples et isolées, elle s'est orientée de plus en plus vers un
apprentissage d'habileté intégratives (faisceaux élargis
de comportements)
4) D'objectifs préalablement définis, elle
a évolué vers une participation active des stagiaires dans la
formulation des objectifs.
4.1.5. LA FORMATION HUMANISTE
La préoccupation majeure de la formation humaniste est
le développement individuel de l'éducateur. Il est
« considéré comme l'instrument essentiel de
l'enseignement, en étant ouvert à l'élève, capable
de communiquer intensément, confiant dans la capacité de
l'apprenant à résoudre lui-même ses problèmes et
à construire la connaissance »113(*). L'approche situationnelle
114(*)(placée au
centre de cette conception) fondée sur la relation du maître en
formation initiale ou continuée, avec sa propre formation et ses
situations éducatives dans lesquelles il est engagé, sont une
référence. Cette formation a pour but de vivre une
expérience intellectuelle et sociale. Le formateur et le formé
coopèrent à la réalisation d'un projet de formation. Ce
qui est important, c'est « apprendre à observer,
à analyser les situations et à démêler les
échos qu'elles trouvent en chacun. Théorie et pratique se
valident alors mutuellement en un va-et-vient permanent »115(*).
La démarche de la formation humaniste se
schématise de la façon suivante116(*) :
1. Formuler un projet personnel de formation.
2. Vivre une ou plusieurs expériences sur le terrain
éducatif
3. Analyser coopérativement ces situations et,
à cette occasion, comprendre ce qu'elles signifient pour chacun des
acteurs. Au cours de ces séances de réflexion, les
méthodes et les techniques utilisées ou auxquelles on aurait pu
recourir sont examinées, discutées. Les interlocuteurs
s'efforcent de dégager les idées fondamentales et leurs
implications.
4. À côte de ces séances d'analyse
particulières, qui se substituent à l'enseignement traditionnel,
des séminaires permanents jouent un rôle important. Ils sont
librement accessibles aux élèves-maîtres, plus ou moins
avancés dans leur formation. Grâce à la qualité et
à l'intensité des échanges qui se produisent, s'instaure
une communauté d'apprentissage dont les formateurs et des enseignants
déjà en fonction font partie.
On retrouve ainsi l'esprit des Centres d'enseignants dont il
sera question à propos de la formation continue. Ce
modèle de formation nous semble meilleur, mais il est accusé
d'imprécision et de manque d'efficacité dans la construction
d'une compétence professionnelle solide. C'est ainsi que Fuller (1970)
propose un modèle de formation personnalisée. Il adopte une
approche qui se centre sur ce qui serait la préoccupation dominante
générale des élèves-maîtres à
différentes périodes de leur apprentissage117(*) :
1. Avant qu'ils n'enseignent, les
élèves-maîtres voient les classes à travers leur
propre expérience d'écoliers et sont souvent très
critiques vis-à-vis des professeurs observés.
2. Apparaît ensuite une période de doute :
« serai-je vraiment capable d'enseigner ? »
3. Suit, chez le futur enseignant, un sentiment de
frustration causé par la grandeur jugée exagérée
des groupes-classes, par la lutte perpétuelle contre le temps, par le
manque de moyens et de connaissances didactiques.
4. Au stade suivant, l'élève-maître
s'interroge de plus en plus sur les effets que son enseignement peut avoir sur
ses élèves, en particulier sur ce qu'ils apprennent
réellement
5. Enfin, une préoccupation croissante se manifeste
à propos des besoins et des intérêts réels des
élèves.
Dans la formation initiale, les formateurs doivent amener les
élèves-maîtres à s'interroger sur ces cinq types de
questions et à rechercher les réactions adéquates dans
leur processus de formation. Malgré les limites, il nous semble
important de donner une place à ce modèle de formation humaniste
dans la formation initiale des enseignants.
Après ce parcours, comme disait V. DE LANDSHEERE,
« la certitude est loin de régner sur la meilleure
façon de former les enseignants ou, plus exactement, de les aider
à se former »118(*) en faveur de l'Education Pour Tous. Le modèle
béhavioriste, à cause de son insistance, de sa rigueur, nous
semble adapté pour la réalisation de la politique de l'Education
Pour Tous dans le sixième objectif de Dakar : une politique qui
insiste sur l'acquisition des compétences de base pour la vie.
L'enseignant ne peut aller dans ce sens que dans la mesure où
lui-même a été formé dans cette perspective.
Cependant, il serait plus enrichissant de prendre dans chaque
modèle les éléments favorables à la formation des
enseignants. Pendant la formation, il faut susciter un esprit de recherche chez
les élèves-maîtres pour une éventuelle
rénovation de leur formation. Quant au contenu, selon une vision plus
générale, tous les modèles sont d'accord sur les aspects
suivants :
- une culture générale solide;
- l'étude approfondie des disciplines à
enseigner;
- la formation psychologique et pédagogique
rigoureuse;
- l'initiation active aux méthodes et à la
pratique de la recherche;
- une riche expérience pratique sur le terrain suivie
par un accompagnateur.
Cette formation sera plus efficace lorsque les
élèves-maîtres seront associés à la
définition des objectifs et aux choix des méthodes qui seront
utilisées pour les atteindre119(*)
4.2. FORMATION CONTINUE DES ENSEIGNANTS
Dans le cadre de l'éducation pour tous, les objectifs
de la formation continue restent les mêmes que ceux de la formation
continue en général120(*) :
- actualiser les connaissances et en faire
acquérir de nouvelles ;
- assurer le développement de la compétence
professionnelle ;
- ouvrir des possibilités de promotion, de
mobilité ou de reconversion professionnelle ;
- permettre des spécialisations ;
- préparer à des fonctions
particulières dans le système éducatif.
De plus, la formation continue consiste à aider les
débutants dans l'enseignement ; il ne s'agit pas de résoudre
les problèmes pédagogiques à leur place mais de leur
offrir des ressources humaines et matérielles. On peut en mentionner
quelques unes121(*) :
- Soutien informel par les collègues. Des
échanges directs avec des collègues proches, à propos de
problèmes communs, constituent peut-être la source de
perfectionnement la plus efficace. Le travail en équipe, notamment pour
la préparation de cours destinés à des classes
parallèles, diminue l'angoisse que ressent le débutant, face aux
réalités complexes de l'univers scolaire. Une collaboration bien
comprise allège les tâches, pendant les premières
années de fonction, et crée parfois une réelle
dynamique ;
- Le soutien apporté par les professeurs qui ont
assuré la formation initiale dans les Écoles Normales qui ont le
devoir d'assurer la formation continue au Rwanda par exemple ;
- L'encadrement permanent par des conseillers
pédagogiques.
Enfin, comme les centres d'enseignants du système
français, les écoles normales primaires dans le cadre de la
formation continue peuvent se voir attribuer les objectifs suivants122(*) :
- évaluation des besoins de formation ;
- organisation de groupes de réflexion sur les
théories et les pratiques pédagogiques ;
- actualisation des connaissances et initiation aux nouvelles
technologies de l'éducation ;
- lancement ou soutien d'innovations et de recherches
pédagogiques appliquées ;
- diffusion des résultats de la recherche en
éducation ;
- aide pour l'adaptation des curriculums nationaux aux
réalités éducatives
- aide à la résolution de problèmes
détectés dans les processus d'enseignement et
d'apprentissage ;
- soutien d'enseignants qui souhaitent faire des
études complémentaires, par exemple dans les
universités ;
- aide aux reconversions professionnelles de ceux qui le
souhaitent
- instauration de bonnes relations avec le monde
académique et les mouvements d'enseignants.
4.3. LA FORMATION DES ADULTES.
L'alphabétisation fait partie intégrante de
l'éducation de base. La déclaration mondiale sur l'Education Pour
Tous dans son premier article affirme que « toute personne, enfant,
jeune et adulte, devra bénéficier des chances de la scolarisation
destinée à répondre aux besoins de l'éducation de
base. Les besoins comportent à la fois des instruments essentiels
à l'apprentissage (tel que l'alphabétisation, l'expression orale,
le calcul et la résolution de problèmes) et le contenu de base de
l'éducation (telles que les connaissances, les compétences et les
attitudes)... »123(*). La déclaration souhaite que
l'alphabétisation se fasse dans les langues maternelles pour renforcer
l'identité et le patrimoine culturels des sociétés
particulières.
4.3.1. LES
STRUCTURES D'ALPHABÉTISATION.
Les structures d'alphabétisation connaissent parfois
des difficultés de maintien et d'assimilation dues aux
alphabétiseurs qui n'ont aucune méthode d'enseignement. Pourtant,
l'efficacité de l'alphabétisation nécessite une
méthodologie. Comme tout système d'apprentissage, « la
qualité de l'enseignement et de l'apprentissage des cours
d'alphabétisation est très importante. Trop souvent une mauvaise
qualité et des conditions d'enseignement non satisfaisantes
prédominent. Les adultes qui s'étaient empressés de
s'inscrire sont rapidement déçus et abandonnent les
cours »124(*)
En considérant l'importance donnée à
l'alphabétisation, actuellement, à travers le monde, il nous
semble important de souligner la nécessité d'instaurer des
programmes de formation à l'intérieur des centres de formation
des enseignants chargés de l'éducation de base. Paulo Freire
dans son ouvrage sur « l'éducation de la
liberté » insistait pour que l'alphabétisation
« ne soit pas administrée d'en haut comme un cadeau ou comme
une règle imposée, mais progresse de l'intérieur vers
l'extérieur par l'effort de l'analphabète lui-même avec la
simple collaboration de l'éducateur »125(*). Ce qui veut dire que
l'éducateur doit avoir des qualités telles que beaucoup
d'habiletés, des compétences méthodologiques, le sens de
l'humain pour soutenir l'adulte dans la longue et difficile démarche
qu'il a entreprise.
Contrairement à l'UNESCO qui définit une
personne alphabétisée comme « celle qui peut à
la fois lire et écrire une phrase courte et simple en décrivant
sa vie quotidienne, et qui comprend ce qu'elle fait », pour que
l'adulte soit fonctionnellement alphabétisé, certains pensent que
l'éducateur doit lui offrir un niveau de lecture équivalant
à trois ou quatre ans de l'école primaire126(*). Cela signifie que l'adulte
est capable de comprendre au premier degré les écrits
utilisés dans la vie courante (enseignes, formulaires administratifs
simples, modes d'emploi, ...) et d'écrire des adresses, des lettres
intelligibles à propos de choses familières. D'autres pensent que
l'alphabétisé doit être capable de lire, en les comprenant
bien et en sachant y appliquer un esprit critique, des textes tels qu'on les
trouve dans les grands magazines d'information générale127(*).
Dans cette perspective, nous pouvons dire que la personne
n'est plus illettrée mais elle peut entrer dans la catégorie de
littérisme linguistique. Cependant nous ne pouvons parler du
littérisme linguistique qu'au moment où la personne est capable
d'utiliser de façon consciente les symboles, linguistiques ou non, dans
l'expression orale ou écrite en vue de la production des
éléments du discours. Ce littérisme s'exerce sous trois
formes : le langage, la lecture, l'écriture. Kunst GNAMUS dans son
ouvrage « l'alphabétisation à la veille du
21ème siècle » distingue d'autres
littérismes : littérisme discursif qui correspond à
trois formes de dialogues (dialogue de persuasion, d'investigation et de
négociation); littérisme critique et créatif,
présenté comme un mouvement théorique ou pratique de la
philosophie et de la pédagogie du littérisme, qui tente de
dégager les textes d'influences non critiques et de leur redonner leur
valeur cognitive; littérisme métalinguistique qui consiste en la
connaissance des lois, règles principes et stratégies qui
régissent le fonctionnement de la langue. Kunst parle aussi du
littérisme informatique et du littérisme
médiatique128(*).
Cette conception de Kunst sur une personne dite alphabétisée
reflète une culture de haut niveau. Partant de cette définition,
une bonne partie de la population serait considérée comme
analphabète fonctionnelle.
4.3.2. PRINCIPAUX
OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE L'ALPHABÉTISATION
Pour mener les actions auprès d'adultes dans la
perspective de réaliser les objectifs de l'Éducation Pour Tous,
l'alphabétisation est élément de base sinon le moyen
unique utilisable pour y parvenir. Cela exige que les objectifs de ce processus
soient bien définis. Les objectifs suivants nous semblent les plus
importants dans la mise en oeuvre de l'alphabétisation :
- Rendre la personne capable d'accomplir un grand nombre
d'actes de la vie quotidienne et professionnelle qui nécessitent la
lecture et l'écriture.
- Donner à l'enfant et à l'adulte une
habileté indispensable à l'éducation permanente;
- Faire acquérir un instrument de promotion
sociale;
- Faire acquérir un instrument de participation
à la démocratie;
- Faire acquérir un instrument nécessaire au
combat politique;
- Permettre d'éviter le stigma à celui qui n'a
pas pu acquérir des instruments premiers de la culture.
L'enseignement de la lecture aux adultes représente
beaucoup de difficultés. L'enseignant doit tenir compte de
problèmes intellectuels et moraux chez les analphabètes.
Psychologiquement, l'analphabète vit des sentiments d'exclusion et
d'incapacité (présence de l'écriture dans son milieu de
vie : centre de santé, banques, mairies,..) ; il
considère son état comme une infirmité honteuse. Dans sa
méthodologie andragogique, l'enseignant doit prendre en
considération cet aspect psychologique. Pour faciliter cet
apprentissage, l'alphabétisation doit se faire dans la langue que
l'adulte connaît mieux. Hunter pose les exigences suivantes qui
soutiennent les conditions du succès129(*) :
- Les programmes doivent partir des besoins et des
problèmes des participants. Une participation active, consciente et
organisée du groupe ou de la population, à tous les niveaux et
à tous les stades du programme est fondamentale
- Les programmes doivent être crédibles et
inspirer confiance
- La pratique et la théorie doivent toujours aller de
pair
- Les programmes doivent être mis en oeuvre par des
animateurs ou des éducateurs intégrés dans la vie des
communautés locales.
- Ceux qui apprennent doivent avoir l'occasion de participer
à la construction du matériel qui sera utilisé.
4.3.3. POLITIQUES
ET PROGRAMMES D'ALPHABÉTISATION
Paulo Freire dans son ouvrage cité
précédemment affirme que « les raisons qui expliquent
actuellement les efforts d'alphabétisation massive à travers le
monde sont tantôt idéalistes, tantôt économiques ou
politiques. Cela relève de l'idéalisme, de la volonté
d'assurer le respect des droits de l'homme en faisant acquérir par tous
l'un des principaux moyens d'informer, de s'exprimer et de communiquer ;
ainsi est facilité l'accès aux richesses culturelles
amassées par l'humanité »130(*)
Dans tous les programmes des leaders politiques,
l'éducation reflète l'idéologie politique du parti au
pouvoir, l'alphabétisation des adultes y a sa place. Beaucoup
d'initiatives ont des motivations essentiellement politiques. Certains leaders
ont vu dans l'alphabétisation le moyen de diffuser les doctrines qu'ils
voulaient imposer. Tandis que d'autres fortes personnalités voyaient
dans l'alphabétisation une façon d'armer le peuple contre
l'oppression131(*).
Comment expliquer les échecs de la campagne
d'alphabétisation ? La plupart des échecs
d'alphabétisation s'expliqueraient par le manque de méthodologie
des alphabétiseurs car même les campagnes d'alphabétisation
réalisées dans certains pays par des étudiants, des
volontaires indigènes, ou étrangers grâce aux
« instructions et les documents de travail que leur ont
été donnés, revêtaient une grande importance. Ils
devaient à la fois informer sur les buts poursuivis et sur la
méthodologie à adopter »132(*). Cela n'a été
favorable que dans les villes. Rien dans l'enseignement (apprentissage) ne
remplacera une méthodologie bien apprise et expérimentée.
Toute improvisation du métier d'enseignant porte de grands risques pour
l'apprenant.
La meilleure méthodologie d'alphabétisation dans
les pays en développement est de « partir du vécu
des personnes à alphabétiser et leur faire percevoir l'importance
du littérisme pour la résolution de leurs
problèmes »133(*). Une fois l'alphabétisation acquise, il faut
chercher le moyen de conserver les acquis, ce que Lazarus appelle des
programmes post- alphabétisation. Ces programmes ont pour
objectifs134(*) :
- d'assurer la rétention des habiletés de
lecture, d'écriture et de calcul, afin de rendre les citoyens
effectivement capables de fonctionner dans leur vie quotidienne ;
- d'offrir des programmes formels ou informels
d'éducation continue à ceux qui le désirent.
Ce programme de post-alphabétisation est valable aussi
pour les élèves qui ont abandonné l'école avant la
fin de l'école primaire. Il peut élargir la formation, dans
certains pays comme le Rwanda où il existe un système de
programme de rattrapage scolaire qui permet à ceux qui avaient
abandonné l'école d'achever leur éducation de base, et
à ceux qui n'avaient jamais fréquenté l'école de
bénéficier de l'éducation de base. La réussite de
ces programmes exige une méthode adéquate d'enseignement.
.
CHAPITRE 5
Cadre
méthodologique
L'objectif de ce chapitre est d'expliquer la
méthodologie adoptée pour évaluer l'engagement des
Écoles Normales dans le processus de l'Éducation Pour Tous, et
l'amélioration de la réussite scolaire et de
l'alphabétisation (réduire l'abandon et le redoublement dans le
cadre de l'éducation de base)
Nous allons présenter le contexte d'étude et la
méthode utilisée pour recueillir les données.
Néanmoins, nous devons préciser d'abord les objectifs de la
recherche et énoncer les hypothèses.
5.1. Objectifs de la recherche
5.1.1. Objectif général
L'objectif général de cette étude est
d'examiner l'impact des Écoles Normales primaires dans le processus
de l'Éducation Pour Tous au Rwanda. Nous voudrions exposer le
rôle que les Écoles Normales primaires peuvent jouer dans ce
processus. Cela nous permettra de savoir dans quels domaines on peut
élargir la mission des Écoles Normales Primaires afin de
contribuer à la réalisation des objectifs de l'Enseignement
Primaire Universel (EPU) en particulier, et de l'Éducation Pour Tous en
général.
5.1.2. Objectifs spécifiques
Pour être plus précis dans cette étude,
nous nous sommes fixés des objectifs spécifiques qui
découlent de l'objectif général tels que :
- Identifier les réalisations en faveur de
l'Éducation Pour Tous
- Analyser la Mission des Écoles Normales Primaires
- Contribuer à l'amélioration de la formation
initiale et continue des enseignants du primaire
- Proposer de nouvelles missions au sein des Écoles
Normales Primaires en faveur de l'Éducation Pour Tous.
5.2. Hypothèse de l'étude
Pour atteindre l'objectif de la recherche, nous devons faire
une supposition qui va nous servir pour mener logiquement notre étude.
Notre hypothèse est la suivante :
L'engagement des Écoles Normales Primaires dans la
mise en oeuvre des objectifs de l'Éducation Pour Tous influence
favorablement le taux de réussite scolaire et d'alphabétisation.
Il existe une relation entre le système éducatif et les Centres
de Formation Pédagogique (ENP/TTC) relativement aux objectifs de
l'Éducation Pour Tous.
Plus les Écoles Normales Primaires sont
impliquées dans la planification et dans l'exécution du Plan
d'Action pour l'Éducation pour tous, plus les objectifs de
l'Éducation Pour Tous et, en particulier, les objectifs de
l'Enseignement Primaire Universel seront atteints.
5.3. Présentation du contexte de l'étude
Notre étude nous renvoie au milieu éducatif
rwandais. Le Rwanda est un des pays plus pauvres135(*) et les plus endettés
de la planète136(*). C'est un petit pays enclavé de
26340km2, avec une population de plus de huit millions d'habitants
avec une densité de 306 habitants/km2. Avec un taux de
croissance annuelle de 2,9%, l'espérance de vie y est de 49ans. Ce pays,
composé de douze provinces, est situé au sud de l'Équateur
et au centre de l'Afrique. Il partage ses frontières avec la
République Démocratique du Congo à l'ouest, l'Ouganda au
nord, la Tanzanie au Sud. Le Rwanda utilise trois langues officielles : le
Kinyarwanda, le Français et l'Anglais. Toute la population parle le
Kinyarwanda comme langue nationale, 52 % de la population est
alphabétisée dans cette langue. Le Rwanda a très peu de
ressources naturelles, il exporte essentiellement du thé et du
café. Pendant la période de redressement, on constate la
réalisation d'une croissance économique et un programme de
libéralisation économique et politique.
Pour faire face aux problèmes économiques, les
actions dans le Document de Stratégies de Réduction de la
Pauvreté sont élaborées dans la Vision Globale de
Développement au Rwanda, Vision 2020, qui montre les objectifs
clés que le Rwanda doit réaliser pour devenir un pays de revenu
moyen d'ici 2020 137(*):
Ø Bonne gouvernance économique et politique
Ø Transformation économique rurale
Ø Développement des ressources humaines
Ø Développement et promotion du secteur
privé
Ø Intégration économique,
régionale et internationale
Ø Réduction de la pauvreté.
Les structures administratives et politiques
décentralisent le pouvoir jusqu'au niveau local et encouragent la
participation de la population. Les activités du Ministère de
l'éducation sont entreprises au niveau décentralisé. Ceci
ne facilite pas le travail au niveau de la formation continue des enseignants
du primaire pour toute la province. Les Écoles Normales sont, d'une
part, centralisées au Ministère de l'Éducation et, d'autre
part, à la Province. Les ENP sont difficilement
décentralisées au niveau de District parce que l'espace
géographique et administratif des ENP dépasse le
District138(*). Elles
devraient avoir un statut spécial dans la politique de la
décentralisation. Comme nous l'avons vu avec les ENP de Jean-Baptiste
de la Salle, les établissements destinés uniquement et
exclusivement à la formation des enseignants devraient avoir
également un statut différent des autres écoles
secondaires. Cela a été constaté pour les Teachers
Training Colleges de l'Afrique de l'Est lors d'un voyage d'étude
organisé par le Ministère de l'éducation.
Il est connu que le règlement général de
l'enseignement secondaire ne peut pas tenir compte de besoins
spécifiques des ENP. L'équipe du voyage d'étude en
Tanzanie (dans les Teachers Colleges) composée du Secrétaire
Général au Ministère de l'éducation, du Chef de
Division des programmes scolaires et cinq directeurs des ENP, après
avoir constaté que les ENP de la Tanzanie sont traitées
séparément des autres écoles secondaires et qu'elles
disposent d'une certaine autonomie au niveau de la décentralisation, ils
ont proposé au Ministère de l'éducation que :
« L'ENP devra recouvrer sa spécificité vis à vis
des autres écoles secondaires. Les instances ministérielles
doivent fonctionner de manière à ne plus noyer les ENP/TTC dans
l'enseignement secondaire. L'ENP devra être équipé à
la hauteur d'un véritable centre de formation. Ses infrastructures, ses
équipements et ses ressources humaines serviront aussi bien à la
formation initiale qu'à la formation continue »139(*).
Le Rwanda fait face à une situation
macro-économique qui résulte d'un grand problème
macro-structurel, dû au sous-développement des ressources
humaines, surtout dans l'alphabétisation et le développement des
compétences. Ceci représente une priorité d'action
concernant l'amélioration de l'enseignement de base qui est un facteur
important dans la réduction de la pauvreté. Le secteur de
l'éducation et de la formation a besoin d'une planification rigoureuse
et consistante, d'une orientation et d'un suivi conformément aux
politiques éducatives définies140(*). Les Écoles Normales Primaires
méritent une restructuration et une réorientation des missions en
faveur de l'EPT. Autrement dit, il est important de revoir le système de
formation des enseignants de l'éducation de base (son histoire) au
Rwanda.
5.3.1. Les Ecoles Normales Primaires dans le système
éducatif rwandais
Les Ecoles Normales Primaires se situent ainsi dans l'histoire
du Rwanda. La formation des enseignants du primaire a commencé avec les
Congrégations religieuses qui ont créé les Ecoles des
Moniteurs D3 et les Ecoles Normales D4 en 1960. Ces
écoles utilisaient les programmes calqués sur ceux de la Belgique
(voir chap. 3).
Avec l'indépendance, la formation des enseignants fut
améliorée en créant les Ecoles Normales Terminales
D5 et les Ecoles Normales Moyennes Pédagogiques D7
en 1967. Ces Ecoles Normales fonctionnaient sur le modèle de la
Belgique. Avec la réforme de 1979-1980, nous avons connu la
création des ENP et ENT en 1981 : des Ecoles Normales Primaires
D6 pour former les enseignants de l'enseignement
général au primaire et les Ecoles Normales Techniques
(D5)141(*)
pour former les enseignants de l'enseignement professionnel (petits
métiers) au primaire et au post-primaire. Après le
génocide de 1994, la volonté de réformer les écoles
normales primaires est manifeste, le processus est long car cela demande la
réforme des programmes. Actuellement, l'École Normale Primaire
(ENP) ou Primary Teachers College (PTC) est appelée aussi Teachers'
Training College (TTC) pour signifier qu'elle est un établissement
scolaire de formation pédagogique. Ce modèle de formation des
enseignants confie à l'Ecole Normale une double mission: la formation
initiale et la formation continuée des enseignants du primaire. La
formation initiale commence avec le deuxième cycle de l'enseignement
secondaire, technique et professionnel. Elle dure trois ans. Quant à la
formation continuée, elle doit se faire en faveur des enseignants du
primaire en fonction sous forme de séminaires ou de sessions.
5.3.2. Organisation, structure et population des Ecoles
Normales Primaires
Comme nous l'avons vu avec des ENP de Jean-Baptiste de la
Salle au deuxième chapitre, dans les Ecoles Normales Primaires au
Rwanda, les élèves-maîtres vivent en internat pendant leur
formation. C'est une manière d'apprendre à vivre ensemble pour un
« but commun de l'éducation ». Une bonne partie des
objectifs de l'internat est une référence dans les écoles
normales au Rwanda.
Au Rwanda, les Ecoles Normales Primaires s'organisent
autour d'un programme de formation défini par le ministère.
Normalement, toute formation a des objectifs bien précis qui
déterminent le profil de sortie. L'enseignant du primaire doit avoir
acquis des savoirs, savoir faire et savoir être lui permettant de :
1. donner aux élèves une formation humaine
valable et adaptée aux réalités nationales ;
2. se perfectionner sans cesse et de se sentir à la
hauteur de sa tâche ;
3. rendre l'élève capable d'acquérir un
bagage suffisant qui lui permette de s'intégrer dans la vie du pays et
par conséquent d'y être utile ;
4. exercer certaines fonctions administratives, notamment
celle de responsable ou de Directeur d'un centre scolaire primaire, tout en
respectant leurs exigences
5. accéder aux études supérieurs dans
certaines facultés : Sciences de l'éducation et d'autres
disciplines appliquées à l'enseignement.
Le programme est constitué
de :
1. Cours professionnels:
· psychopédagogie,
· méthodologie : (leçons d'essai,
leçons pratiques)
· didactique spéciale :
- En quatrième
année : Kinyarwanda, français, anglais,
calcul, Sciences et Technologie Elémentaire
En cinquième année :
histoire, géographie, éducation politique, religion/morale,
dessin, musique, éducation physique et sportive
En sixième année : la
pratique pédagogique et le séminaire
Cours généraux :
· la mathématique, la physique,
· la biologie, la chimie,
· le français, l'anglais, le kinyarwanda,
· la géographie, l'histoire, la musique.
La formation initiale des enseignants doit tenir compte de la
société rwandaise. Ainsi « la formation des enseignants
exige une double approche. D'une part, l'étudiant doit considérer
les notions de base de l'enseignement en pensant à la relation entre les
connaissances, le développement de l'enfant, l'apprentissage et la
société avec ses objectifs et valeurs multiples. D'autre part, il
doit recevoir une formation pour savoir comment exercer les compétences
essentielles de l'apprentissage et de l'enseignement »142(*)
5.4. CHOIX DE L'APPROCHE METHODOLOGIQUE
Suite à ce que nous connaissons maintenant sur les ENP,
comment pouvons-nous savoir si les Écoles Normales Primaires (TTC) ont
un impact ou un rôle à jouer dans le processus de
l'éducation pour tous? C'est la question à laquelle notre
étude cherche à répondre.
Pour collecter des éléments de réponses
à cette question, nous avons fait le choix de l'approche quantitative en
procédant par une méthode d'enquête avec un questionnaire
type mixte qui consiste à poser une question fermée suivie d'une
question ouverte. Exemple : Le taux de redoublement et d'abandon est
encore élevé. Cela a t-il un lien entre la formation initiale des
enseignants et l'apprentissage ou un manque de formation continue des
enseignants ? Oui....Non ... Expliquez..... . Nous avons cherché
à recueillir des données observables et quantifiables. Cette
approche consiste à analyser le lien qui existe entre le système
éducatif et les Écoles Normales Primaires au Rwanda pour
déterminer la cause de l'effet, les effets des variables
indépendantes ou des variables dépendantes.
Les acteurs de l'éducation interrogés sont
invités à s'exprimer librement sur le système
éducatif dans le processus de l'Éducation Pour Tous et
l'implication des Centres de Formation Pédagogique. Plus
précisément, dans notre étude, il s'agit de
déterminer la contribution des Écoles Normales Primaires dans le
processus de l'Éducation Pour Tous, ce que les ENP font et surtout ce
qu'elles ne font pas et qu'on estime qu'elles pourraient faire pour contribuer
au processus de l'éducation pour tous. La méthode pour
étudier l'impact des Écoles Normales Primaires au processus de
l'Éducation Pour Tous prend sa source dans différents paradigmes
d'options pédagogiques qui engagent des paradigmes de type
interactionniste143(*).
Nous savons qu'il existe plusieurs options pédagogiques
pour la formation des enseignants et des écoliers, d'une part, et
d'autre part, que les objectifs de l'éducation pour tous ont une
approche par compétences. Cette approche qui s'implante aujourd'hui a
des conséquences pédagogiques importantes dans la mesure
où « elle modifie non seulement la conception des programmes
d'étude, mais aussi le rôle et les tâches des enseignants
auprès des élèves »144(*). Cela entraîne
nécessairement la modification du contenu et des orientations des
programmes de formation initiales des enseignants. Nous savons que le
modèle béhavioriste dans la formation des enseignants est le plus
structuré et le plus adapté à l'acquisition des
compétences attendues. La formation doit déboucher sur
l'acquisition des compétences pratiques et utiles pour la vie dès
l'éducation de base selon la vision des objectifs de l'EPT.
Quant à notre recherche, non seulement elle prend en
compte le paradigme de formation béhavioriste, mais elle s'enracine
aussi dans le paradigme historiciste. Il s'agit de faire appel à
l'histoire des institutions de formation pédagogique qui sont à
l'origine de l'éducation formelle, de saisir le modèle empirique
des pays occidentaux (celui de Jean-Baptiste de la Salle) et d'autres
modèles formels de formation (formation traditionnelle, formation
infuse, formation scientifique, formation humaniste, etc.), de saisir aussi
l'histoire des institutions de formation pédagogique par rapport
à la conception de l'EPT. C'est ainsi que« l'évolution
actuelle de la formation des enseignants est d'autant plus
compréhensible qu'elle est replacée dans son contexte
historique ».145(*)
Bien que cette étude donne l'impression d'être de
type exploratoire et descriptif146(*), elle se situe dans une recherche-action dans la
mesure où nos sujets de recherche se trouvent engagés et
contribuent à identifier des solutions aux problèmes
étudiés. Elle devrait déboucher sur un engagement
décisionnel de la part des Écoles Normales en faveur de
l'Éducation pour tous.
5.5. POPULATION D'ETUDE
Notre population d'étude est constituée des
onze Écoles Normales Primaire. Ces écoles sont chargées de
donner la formation initiale et la formation continue147(*) aux enseignants du primaire.
Chacune de ces écoles est située dans une Province administrative
du Rwanda :
Tableau 4 : Liste des institutions de formation
pédagogique au Primaire
Institutions de formation pédagogique
|
Province administrative
|
ENP/TTC BICUMBI
|
KIGALI- RURAL
|
ENP/TTC KAVUMU
|
GITARAMA
|
ENP/TTC SAVE
|
BUTARE
|
ENP/TTC MBUGA
|
GIKONGORO
|
ENP/TTC MURURU
|
CYANGUGU
|
ENP/TTC ZAZA
|
KIBUNGO
|
ENP/TTC RUKARA
|
UMUTARA
|
ENP/TTC RUBENGERA
|
KIBUYE
|
ENP/TTC GACUBA
|
GISENYI
|
ENP/TTC KIRAMBO
|
RUHENGERI
|
ENP/TTC BYUMBA
|
BYUMBA
|
Chacun de ces établissements forme des
élèves-maîtres venant de la province correspondante sauf
quelques cas exceptionnels d'élèves-maîtres venant des
autres provinces. Chaque École Normale fournit donc des enseignants aux
écoles primaires de sa province. On peut donc appeler ces écoles
normales « Écoles Normales Provinciales » comme on
les appelait « Écoles Normales
Départementales » en France.
5.5.1. CHOIX D'UN ECHANTILLON REPRESENTATIF.
Notre étude cherche à savoir si ces
écoles ont un impact sur la réalisation des objectifs de l'EPT et
en particulier, ceux de l'EPU. Pour cela, nous avons fait le choix de mener une
enquête auprès de chaque École Normale. Nous avons
interrogé le Directeur et deux enseignants de chacune d'elles. Notre
première catégorie de population est de trente-trois personnes
(33) : onze Directeurs des Écoles Normales Primaires et vingt-deux
enseignants des écoles primaires d'application des ENP. La Direction
chargée de l'enseignement préscolaire et primaire au
Ministère de l'éducation, la Coordination Nationale de l'EPT et
son Secrétariat constituent notre deuxième catégorie de la
population d'échantillonnage.
Pourquoi avons-nous adressé ce questionnaire à
ces trois groupes ? Nous avons tenu à ce que chaque population
d'échantillonnage soit représentée. Nous avons d'abord
choisi la Direction de l'Enseignement Préscolaire et Primaire au niveau
national puisqu'elle contrôle la mise en application de la politique
éducative dans le cadre de l'éducation de base en collaboration
avec les instances décentralisées. Ensuite, nous avons choisi la
Coordination de l'EPT au niveau national et son Secrétariat
composé de deux personnes chargées de la promotion de
l'Éducation Pour Tous au Rwanda, parce que cette équipe est
chargée de la planification et de la conception de la mise en
application de six objectifs de Dakar sur l'Éducation Pour Tous. Quant
aux Institutions de formation des enseignants du primaire, nous y avons
interrogé les onze Directeurs des Écoles Normales et vingt-deux
enseignants, parce qu'ils sont en mesure de nous informer de ce qu'ils sont
capables de faire sur le terrain en faveur de l'EPT et de ce dont ils ne sont
pas capables. Ils connaissent leurs échecs, leurs succès, leurs
initiatives et les besoins du terrain. Pour en savoir davantage, un des
directeurs des ENP, celui de l'ENP Byumba nous a accordé une interview
lors de son passage à Abidjan le 12/11/2004.
Le choix de ces catégories d'échantillonnage
s'est fait de façon raisonnée. Nous sommes assuré que ces
personnes pouvaient nous fournir des informations essentielles d'autant plus
qu'elles sont les premiers responsables techniques et politiques de
l'éducation de base au Rwanda et de la promotion de l'éducation
pour tous au niveau national. Bref, ils sont en mesure de nous fournir les
données indispensables pour résoudre le problème
posé.
5.5.2. METHODES DE COLLECTE DES DONNEES
Pour collecter les données, nous avons utilisé
des questionnaires d'enquête comme instrument de base. En
élaborant les questionnaires, nous avons mis l'accent sur la formation
des enseignants et les objectifs de Dakar sur l'Éducation Pour Tous
ainsi que la politique du secteur de l'éducation au Rwanda dans le cadre
de l'éducation de base. Globalement, nous avons mis en évidence
les aspects suivants :
Ø Éducation Pour Tous : base de la
réduction de la pauvreté et l'amélioration du
bien-être de la population.
Ø Implication des ENP dans la planification et dans
l'exécution du plan d'Action de l'EPT.
Ø L'engagement des Écoles Normales Primaires
à la mise en oeuvre des objectifs de l'Éducation Pour Tous.
Ø Formation initiale et continuée des
enseignants du primaire dans le cadre de l'Éducation Pour Tous.
Nous avons construit trois questionnaires
différents : un questionnaire adressé au Ministère de
l'éducation, un autre aux Directeurs des ENP et un troisième aux
enseignants. Certaines questions étaient communes et d'autres
étaient particulières selon les spécificités de
chaque catégorie.
5.5.3. ENQUETE QUANTITATIVE
L'enquête est considérée comme une
démarche de recherche. Elle permet au chercheur d'obtenir des
informations auprès des personnes enquêtées. Cette
enquête peut être qualitative ou quantitative. Elle est qualitative
dans la mesure où des personnes interrogées s'expriment librement
dans un entretien ou interview avec le chercheur. Elle est quantitative quand
elle utilise comme un instrument de base un
« questionnaire » adressé à un grand nombre
de sujets. Les personnes interrogées constituent un échantillon
représentatif de la population étudiée.
Pour notre étude, nous avons procédé par
un questionnement préparé autour de l'École Normale
Primaire et autour du processus de l'Éducation Pour Tous au Rwanda. Il
fallait d'abord vérifier si réellement les ENP sont
engagées dans la mise en oeuvre des objectifs de l'Éducation Pour
Tous ou si elles sont intégrées de façon formelle dans la
planification et la mise en exécution des objectifs de l'EPT. Notre
hypothèse est qu'elles ne sont ni engagées, ni
intégrées de façon formelle dans la planification et dans
l'application des objectifs de l'EPT. Pour vérifier cette
hypothèse, nous avons choisi de mener l'enquête sur le terrain en
utilisant un questionnaire et, entre-temps, nous avons eu un entretien avec un
des Directeurs des Écoles Normales Primaires.
5.5.4. L'INTERVIEW
L'interview est un entretien au cours duquel un
enquêteur interroge une personne sur ses opinions, ses expériences
et ses perceptions. Il s'agit d'un tête-à-tête oral entre
deux personnes ou une personne et un groupe de personnes dont l'une transmet
à l'autre les informations recherchées. C'est un dialogue dans
lequel l'interviewé s'exprime librement, tandis que le chercheur
facilite ce dialogue par ses questions ouvertes et ses réactions. Le
chercheur oriente l'entretien pour éviter que l'interlocuteur
s'éloigne des objectifs de la recherche148(*).
Il existe plusieurs types d'interviews, mais l'interview la
plus utilisée en sciences sociales est celle de type semi-directif ou
semi-dirigé. Pour Paul N'DA, l'entretien semi-directif est ni
entièrement libre, ni entièrement dirigé par un grand
nombre de questions précises structurées. Il s'agit tout
simplement d'utiliser un guide d'entretien relativement ouvert qui permet au
chercheur d'obtenir les informations nécessaires. Toutes les questions
prévues ne sont pas nécessairement posées, le chercheur
exerce une souplesse pour permettre à l'interviewé de s'exprimer,
il suffit seulement de recentrer parfois l'entretien sur les objectifs de
recherche.
Pour notre travail, nous avons utilisé l'interview
individuelle. L'avantage de ce type d'interview est que la personne
interrogée est seule. Elle s'exprime librement sans craindre les
contradictions. La personne enquêtée a le sentiment de dire la
vérité parce que le chercheur l'a sollicité pour
recueillir ses avis et ses sentiments sur le sujet étudié.
Notre entretien avec le Directeur de l'ENP Byumba a
été préparé par rapport aux objectifs poursuivis et
à notre hypothèse de recherche. Bien que nous ayons choisi des
thèmes abordés dans l'enquête écrite, cette
interview nous a permis de compléter les informations recueillies par le
questionnaire. Nous avons surtout ciblé les thèmes
suivants :
1. La formation initiale des enseignants du primaire et
l'éducation de base
2. La vie pédagogique de l'ENP BYUMBA dans son
milieu
3. L'influence des ENP auprès de l'enseignement
primaire
4. La réalisation des objectifs de l'Éducation
Pour Tous.
5.5.5. LE QUESTIONNAIRE
Dans un travail de recherche, « l'enquête par
questionnaire consiste à poser, par écrit, à des sujets
une série de questions relatives à une situation, à leur
opinion, à leurs attentes, ... »149(*). Cette méthode exige
que les réponses soient écrites. En général,
l'enquête par questionnaire vise à vérifier des
hypothèses en faisant l'analyse de phénomènes sociaux
qu'on peut étudier à partir des informations données par
des individus.
Pour notre travail, nous avons procédé en
utilisant deux types de questions : des questions fermées et des
questions ouvertes.
5.5.5.1. QUESTIONS À RÉPONSES FERMÉES.
Une question à réponse fermée donne deux
possibilités de réponse: Oui ou Non. Exemple : Les
institutions de formation pédagogique ont-elles un rôle à
jouer dans la réduction des analphabètes? Oui......Non...... La
question à réponse fermée peut parfois offrir plus de deux
possibilités de réponses.
Bien que la question fermée permette d'orienter le
sujet vers les possibilités des réponses auxquelles les personnes
interrogées ne pouvaient penser, elle ne donne pas assez d'informations
utiles. Ce qui nous a poussé à privilégier des questions
ouvertes pour notre travail.
5.5.5.2. QUESTIONS À RÉPONSES OUVERTES.
Les enquêtes basées sur les questions à
réponses ouvertes permettent aux personnes interrogées de
s'exprimer librement et longuement. Exemple : à votre avis, que
faudrait-il faire pour améliorer la sensibilisation à
l'Education Pour Tous dans la population enseignante ?
Les questions à réponses ouvertes donnent des
informations riches et diversifiées, et le dépouillement
soulève alors des problèmes de classement et de
catégorisation.
Pour notre recherche, les questions ont été
formulées de façon indirecte de manière qu'elles se
présentent dans les catégories suivantes150(*) :
· Questions de comportement : ces
questions veulent susciter des personnes interrogées à
décrire la place ou le rôle qu'elles occupent pour nous permettre
de connaître leur engagement dans le processus de l'EPT. Ex. :
avez-vous une place dans la structure institutionnelle sur l'Éducation
Pour Tous au Rwanda?
· Questions d'opinion : ces
questions ont pour but de connaître la manière de penser ou de
juger de la personne interrogée face à un problème
précis. Ex. : à votre avis que faudrait-il faire pour
améliorer la formation des élèves-maîtres en faveur
de l'Éducation Pour Tous?
· Questions d'intention ou
d'anticipation : ces questions ont pour but de préparer un
projet pour l'avenir. Ex. : Pensez-vous que c'est une bonne chose
d'appuyer et d'encourager la création de clubs d'alphabétisation
au sein des Écoles Normales Primaires?
· Questions de connaissance : ces
questions sont formulées pour permettre au chercheur de savoir ce que
les personnes interrogées savent réellement. Ex. : Avez-vous
une information sur la politique de l'Éducation Pour Tous au Rwanda et
le plan d'action de l'Éducation Pour Tous au Rwanda?
Le choix de nos questions a été fait en fonction
des objectifs poursuivis. Les questions ont donc été construites
à partir de notre problématique et de notre hypothèse, ce
qui nous permet de présenter les résultats de notre recherche
dans le chapitre suivant.
CHAPITRE 6
Présentation des
résultats.
Les résultats que nous vous présentons dans ce
chapitre proviennent des faits observés au cours des enquêtes
menées sur le terrain de recherche. Voici les catégories de
personnes ayant répondu aux questionnaires et à l'interview.
Tableau 5 : Liste des personnes ayant
répondu aux questionnaires
Catégories
|
Questionnaire
|
Interview
|
Total
|
Coordinateur National de l'Éducation Pour Tous au
Ministère de l'éducation
|
1
|
|
1
|
Directeur de l'Enseignement Préscolaire et Primaire au
Ministère de l'éducation
|
1
|
|
1
|
Secrétariat National de l'EPT au Ministère de
l'éducation
|
2
|
|
2
|
Directeurs d'ENP/TTC
|
11
|
1
|
12
|
Enseignants ENP et Primaire d'Application
|
22
|
|
22
|
Total
|
37
|
1
|
38
|
Les informations collectées nous donnent la
possibilité d'affirmer l'existence d'un lien étroit entre
l'éducation de base et les Écoles Normales chargées de
fournir les enseignants du primaire. C'est avec une formation solide des
enseignants qu'on peut améliorer la qualité de l'enseignement
primaire. L'Éducation Pour Tous ne doit pas se limiter à la
quantité; la qualité doit être placée au centre des
objectifs de l'EPT. Si l'enfant a droit à l'éducation, il a
surtout droit à une éducation de qualité. L'Unesco est
d'accord avec l'idée que « améliorer les conditions
d'accès à l'éducation et à la scolarisation
générale n'a de sens que si cela s'accompagne de progrès
concernant la nature et la qualité de l'enseignement
dispensé»152(*). Bien que le Rwanda se présente comme un
pays qui faisant beaucoup de progrès dans l'enseignement primaire
universel, les lacunes visibles au niveau de la qualité de
l'enseignement ne peuvent pas nous laisser dans l'indifférence. Nous
pourrons approfondir cet aspect dans le chapitre de discussion des
résultats.
Nos résultats sont surtout le fait de la recherche
qualitative fondée sur l'interview d'abord, ensuite sur les questions
ouvertes visant des cas précis (ex. engagement des ENP). De même
avis que Paul N'DA, ne pouvant pas établir un lien causal entre des
variables opérationnalisés, nous analysons tout simplement les
données collectées et nous en tirons une description riche et
détaillée153(*). Ainsi, nous présentons en premier lieu les
résultats de l'interview que nous avons eue avec le Directeur de l'ENP
Byumba, et en second lieu, les résultats de l'enquête
écrite.
6.1. RÉSULTATS DE L'INTERVIEW
Ces informations nous ont permis d'orienter notre
questionnaire et de compléter les informations collectées par ce
questionnaire. Comme indiqué dans le chapitre du cadre
méthodologique, pendant l'entretien que nous avons eu avec le Directeur
de l'ENP Byumba, nous avons ciblé les thèmes suivants :
5. La formation initiale des enseignants du primaire et
l'éducation de base
6. La vie pédagogique de l'ENP BYUMBA dans son
milieu
7. L'influence des ENP auprès de l'enseignement
primaire
8. La réalisation des objectifs de l'éducation
pour tous.
Selon l'ordre des thèmes ciblés, les
résultats de notre entretien se résument dans des phases
suivantes :
1. Formation initiale des enseignants du primaire
et l'éducation de base :
La formation initiale dispensée aux
élèves-maîtres dans les ENP permet aux futurs enseignants
d'enseigner uniquement à l'école primaire. Le directeur insiste
sur l'urgence d'y insérer les programmes de l'enseignement
préscolaire et d'autres programmes de l'éducation de base. En
effet, les lauréats des ENP, bien qu'ils soient formés uniquement
pour l'école primaire, sont parfois engagés dans l'enseignement
préscolaire, ou les écoles maternelles, ou dans le programme de
réinsertion des enfants déscolarisés, voire même
dans le programme d'alphabétisation.
2. La vie pédagogique de l'École
Normale Primaire de Byumba :
Pour la vie pédagogique de l'ENP Byumba, l'école
aide les élèves-maîtres pauvres matériellement pour
réussir leur formation initiale. Les expériences
d'alphabétisation de la population jeune-adulte du milieu ont
été faites, mais sans succès parce que les enseignants
n'avaient aucune motivation dans ce domaine. Le directeur souligne le manque
d'initiative de la part des enseignants-formateurs. Bien qu'il ait connu un
échec dans le domaine d'alphabétisation, le Directeur envisage
sérieusement de reprendre l'expérience autrement en utilisant des
clubs d'élèves-maîtres qui fonctionnent bien dans cette ENP
tels que : le club environnement et le club droit de l'homme.
D'après lui, c'est le seul moyen de véhiculer les messages sur
l'environnement et le droit de l'homme.
3. L'influence des ENP auprès de
l'enseignement primaire :
Quant à l'influence que les ENP peuvent avoir sur
l'enseignement primaire; cela est évident car, pour lui, ce sont les ENP
qui donnent des attitudes, des comportements et le sens de la
responsabilité aux enseignants par la formation pédagogique
initiale.
4. La réalisation des objectifs de
l'éducation pour tous au Rwanda :
S'agissant des objectifs de l'EPT, il faut sensibiliser
suffisamment les enseignants au développement du pays par
l'éducation.
6.2. TENDANCES DÉGAGÉES PAR LE QUESTIONNAIRE
D'ENQUÊTE
Nous allons présenter les tendances
dégagées par les résultats du questionnaire
d'enquête en fonction des variables mises en relation avec
l'hypothèse avancée :
- L'Éducation Pour Tous : base de la réduction
de la pauvreté et l'amélioration du bien être de la
population.
- L'implication des Écoles Normales Primaires dans la
planification et dans l'exécution du Plan d'Action de l'EPT.
- L'engagement des ENP à la mise en oeuvre des
objectifs de l'EPT.
- La formation des enseignants du primaire dans le cadre de
l'EPT.
6.2.1. Education Pour Tous : base de la réduction
de la pauvreté et l'amélioration du bien être de la
population.
La première question de notre enquête vise
à savoir l'importance de l'éducation. Pour permettre aux gens de
s'exprimer nous avions posé notre question en ces termes :
Considérez-vous le processus de l'EPT comme moyen de
réduire la pauvreté et d'améliorer le bien être de
la population rwandaise? Oui/ Non..... Pourquoi ?
Les résultats à réponse fermée se
présentent de la manière suivante :
Tableau 6 : EPT : moyen de réduire la
pauvreté
Catégories
|
oui
|
Non
|
abstention
|
total
|
%
|
Coordinateur National de l'Éducation Pour Tous au
Ministère de l'éducation (MINEDUC)
|
1
|
0
|
0
|
1
|
100
|
Directeur de l'Enseignement Préscolaire et Primaire au
Ministère de l'éducation
|
1
|
0
|
0
|
1
|
100
|
Secrétariat National de l'EPT au MINEDUC
|
2
|
0
|
0
|
2
|
100
|
Directeurs d'ENP/TTC
|
11
|
0
|
0
|
11
|
100
|
Enseignants ENP et Primaire d'Application
|
22
|
0
|
0
|
22
|
100
|
Total
|
37
|
0
|
0
|
37
|
100
|
L'enquête nous montre que 100% des personnes
interrogées de toutes les catégories, considèrent
l'Éducation Pour Tous comme un moyen de réduire la
pauvreté et d'améliorer le bien être de la population.
La deuxième partie de la question leur a permis de
s'exprimer. En utilisant l'analyse de contenu par catégorisation; nous
avons retenu deux unités de significations : le
développement et la démocratie.
Tableau 7: l'éducation pour tous conduit au
développement et à la démocratie
unités de significations
|
Enseignants exprimés
|
enseignants interrogés
|
% exprimé
|
Développement
|
14
|
22
|
63.63
|
Démocratie
|
8
|
22
|
36.36
|
Ces deux unités de significations vont ensemble.
D'après des enseignants interrogés, l'éducation conduit
d'abord au développement et ensuite à la démocratie. Ces
deux unités de significations peuvent être comparées dans
la représentation graphique suivante :
Les réponses ouvertes des onze Directeurs des ENP
concernent le développement qui prend en compte les
compétences de la vie courante (64%), sciences et technologie (36%).
Pour les Directeurs des ENP, les compétences de la vie courante, la
science et la technologie, forment une base de la réduction de la
pauvreté et l'amélioration du bien être de la personne.
Tableau 8: l'éducation pour tous : apport
des compétences, de la science et technologie
unités de signification
|
Directeurs exprimés
|
Directeurs interrogés
|
% exprimé
|
Compétences de base
|
7
|
11
|
64
|
Science et technologie
|
4
|
11
|
36
|
|
|
|
|
On peut présenter ces résultats dans la
représentation graphique suivante :
Figure 3 : Apport des compétences et de la
science et technologie
Pour les personnes interrogées au
Ministère154(*)
(voir le tableau 7), il s'agit de faire en sorte que les objectifs
fixés en sept thèmes engagent des activités réelles
telles qu'elles sont figurées dans les plans d'éducation (Plan
Stratégique du Secteur de l'Éducation et le Plan d'Action de
l'EPT)155(*). Cette
réponse n'étant pas quantifiable, il s'agira d'interpréter
le sens de la réponse (son optimisme et son pessimisme) de façon
qualitative dans la discussion des résultats. Dans tous les cas, l'EPT
exige un engagement considérable des personnes impliquées
implicitement ou explicitement dans le secteur de l'éducation.
Considérant l'objectif que le Ministère de
l'éducation s'est fixé pour atteindre les objectifs de l'EPT et
ce que nous observons en pratique, nous avons posé cette question :
Nous constatons un progrès significatif dans le cadre de
l'enseignement Primaire universel, mais le taux d'analphabétisme reste
très élevé. Quelles sont les mesures envisagées
pour arriver à 85 % d'alphabètes d'ici à 2010
?
Le coordinateur de l'Education Pour Tous au Rwanda a
répondu à cette question en ces termes : « nous
avons envisagé de mobiliser les autorités locales
pour la formation, utiliser les enseignants et ceux qui ont terminé
leurs études dans l'enseignement secondaire ». Mais
cette mobilisation ne semble pas être envisagée dans le plan
d'action de l'EPT. Bien que la formation des alphabétiseurs soit
envisagée dans le plan d'action de l'EPT, nous verrons plus tard que le
ministère n'envisage même pas la formation des
alphabétiseurs pour le moment (d'après la réponse à
une question posée). Notre problématique dans la discussion de
résultats est de savoir comment envisager une telle mobilisation sans
formation pédagogique.
6.2.2. L'implication des Ecoles Normales dans la
planification et dans l'exécution du Plan d'Action de l'Education Pour
Tous.
En considérant que la mise en oeuvre du plan
d'action consiste à utiliser les ressources humaines physiques et
financières sous la direction du personnel responsable des
activités pour atteindre les objectifs retenus, nous avons voulu savoir
comment les Directeurs des ENP et les enseignants sont impliqués dans le
plan d'action de l'Éducation pour tous parce que nous supposons qu'ils
sont des acteurs techniques influents du système éducatif.
Pour nous rendre compte de la participation des acteurs de
l'éducation dans la planification ou dans la prise de décision,
nous avons cherché d'abord à savoir si les enseignants avaient
suffisamment été informés sur les objectifs de
l'Éducation Pour Tous en demandant : Avez-vous une
information sur la politique de l'Éducation Pour Tous au Rwanda et le
plan d'action de l'Éducation Pour Tous? Oui/Non. Si oui la
quelle? 59% des enseignants interrogés n'ont eu aucune
information sur la politique de l'Éducation Pour Tous; 32% disent qu'ils
détiennent une information; 9% n'ont pas voulu s'exprimer sur cette
question (Voir le tableau ci-après).
Tableau 9 : Niveau d'information reçue sur
la politique du Gouvernement
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
abstention
|
%
|
Total
|
Enseignants
|
7
|
32
|
13
|
59
|
2
|
9
|
22
|
Nous pouvons présenter ces résultats dans la
représentation graphique :
Figure 4 : Niveau d'information reçue sur la
politique du Gouvernement
Ceux qui ont reçu une information sur l'EPT (32%)
disent qu'ils ont entendu parler de la gratuité de l'enseignement
primaire et de l'EPU, ainsi que de la lutte contre la disparité des
sexes. Il faudrait souligner qu'un nombre important (44.5% de ceux qui ont une
information) n'a pas pu préciser l'information reçue. Les
tendances se présentent da la manière suivante en pourcentage
(voir figure 5) :
Figure 5 : Niveau d'information reçue sur
la disparité, l'EPU et la gratuité
Après avoir mesuré le degré d'information
nous avons adressé les questions suivantes aux Directeurs des ENP et aux
enseignants :
Avez-vous participé (ou été
consulté) à l'élaboration du Plan d'Action de
l'Éducation pour tous au Rwanda ? Oui/Non. Avez-vous une place dans
la structure institutionnelle sur l'EPT et la préparation du plan
d'action ? Oui/Non. Si oui laquelle ? Les
résultats de l'enquête montrent que tous les Directeurs des ENP et
les enseignants interrogés (voir tableau 5) sont unanimes pour dire
qu'ils ne sont pas associés dans l'élaboration du plan d'action
de l'EPT. Les Directeurs n'occupent aucune place dans la structure
institutionnelle de l'EPT telle qu'elle est présentée dans le
Plan d'Action de l'Education Pour Tous (p.8).
Nous nous sommes demandé s'il ne fallait pas chercher
la possibilité d'impliquer davantage les directeurs des Écoles
Normales Primaires et les enseignants. C'est ainsi que nous avons posé
cette question : À votre avis, que faudrait-il faire pour
améliorer l'intégration des ENP et les enseignants dans le plan
d'action de l'EPT comme acteurs ?
Telle qu'elle se présente, la réponse des agents
de la promotion de l'EPT au Ministère n'est pas précise.
« Ceci a commencé, car le plan d'action ou autres
stratégies sont impliquées dans les activités des
Provinces, districts et écoles. Et les formations relatives ont eu
lieu ». Cette réponse ne semble pas répondre exactement
à la question.
Quant aux Directeurs des ENP et les enseignants
interrogés nous pouvons retenir trois unités de
signification sous forme de demande d'intégration,
de consultation et de
formation :
Tableau 10 : demande d'intégration, de
consultation et de formation
|
Intégration
|
Consultation
|
Formation
|
Directeurs
|
11/11
|
8/11
|
7/11
|
Enseignants
|
7/22
|
18/22
|
13/22
|
Les onze directeurs d'Écoles Normales Primaires sont
unanimes pour dire qu'il est très urgent que les ENP et les enseignants
soient intégrés dans la planification. Ils apprécient leur
intégration dans la planification de la réforme des ENP en cours.
Quant aux enseignants, il est souhaitable que le
Ministère demande leurs avis et que leurs suggestions soient
considérées. Les enseignants interrogés souhaitent que des
enseignants soient consultés dans la prise de certaines décisions
qui les impliquent dans la mise en exécution (ex. : ils n'ont
jamais été consultés pour le règlement de la
promotion automatique). Ils souhaitent qu'ils ne soient pas marginalisés
dans la planification des plans d'action en matière d'éducation
de base. Ils souhaitent que la formation en matière d'Education Pour
Tous soit faite à leur égard et qu'ils aient suffisamment
d'informations pour se sentir intégrés dans cette vision. Dans
ce sens ils disent qu'ils sont prêts à apporter leur contribution
à l'enseignement en dehors des heures de classe prévues par le
Ministère. Cette contribution se limiterait à
l'alphabétisation des personnes qui sont dans leurs milieux de vie. Ils
se proposent de contribuer à la formation des alphabétiseurs.
6.2.3. L'ENGAGEMENT DES ÉCOLES NORMALES PRIMAIRES
À LA MISE EN OEUVRE DES OBJECTIFS DE L'EDUCATION POUR TOUS.
«C'est en forgeant qu'on devient forgeron » dit
un proverbe. C'est en s'engageant aussi dans des activités
pédagogiques qu'on devient pédagogue. Nous voulons mieux
connaître les avis du Ministère, des Directeurs des ENP et des
enseignants sur les activités pédagogiques
réalisées par des élèves-maîtres et leurs
formateurs en matière de l'Éducation Pour Tous.
6.2.3. 1. Les activités des Ecoles Normales en faveur
de l'Education Pour Tous
En dehors de la formation initiale des enseignants du primaire
assurée par les ENP, nous avons enquêté pour savoir si les
ENP ont un rôle à jouer dans le processus de l'EPT. Pour plus de
précision nous avons posé la série de questions:
Nous constatons un progrès significatif
dans le cadre de l'Enseignement Primaire Universel, mais le taux des
analphabètes reste très élevé. Les institutions de
formation pédagogique comme les ENP ont-elles un rôle à
jouer dans la réduction de l'alphabétisme? Oui/Non. Si oui
lequel ? Sinon pourquoi?
Toutes les personnes du Ministère interrogées
sont d'accord pour reconnaître que les ENP ont un grand rôle
à jouer dans la réduction de l'analphabétisme d'autant
plus que les ENP sont implantées dans les villages où vivent
beaucoup d'analphabètes. Si les ENP s'organisent, elles pourront
diminuer le taux d'analphabétisme. Cependant, cela demande qu'on
introduise le cours d'andragogie dans le programme des TTC. En ce qui concerne
les directeurs des ENP et les enseignants, le résultat à la
question fermée se présente de la manière
suivante :
Tableau 11 : Réponses comparées des
directeurs et des enseignants
|
Oui
|
Non
|
obtention
|
Total
|
Directeurs
|
10
|
1
|
0
|
11
|
Enseignants
|
22
|
0
|
0
|
22
|
Le résultat de la question ouverte peut être
représenté en quatre catégories d'unités d'analyse
(le rôle que les ENP peuvent assurer)
Tableau 12 : Les rôles que les ENP peuvent
assurer
Unités de significations
|
Directeurs des ENP
|
%
|
Enseignants ENP/Primaire
|
%
|
% Total
|
Formation des alphabétiseurs
et des enseignants
|
11/11
|
100
|
13/22
|
59
|
72.7
|
Club d'alphabétisation
|
3/11
|
27.2
|
16/22
|
72
|
57.5
|
Amélioration de la qualité d'enseignement
|
---
|
--
|
6/22
|
27.2
|
27.2
|
Sensibilisation
|
2/11
|
18.1
|
5/22
|
22.7
|
21.2
|
Après avoir observé qu'il y a une École
Normale Primaire qui s'occupe de l'alphabétisation par le biais d'un
club d'élèves-maîtres, l'autre question a été
posée de la manière suivante :
La population analphabète (jeune et adulte)
manque l'intérêt de fréquenter les centres
d'alphabétisation qui sont dans les Districts, suite au manque
d'approche pédagogique des agents alphabétiseurs. Le cas des
Districts de Cyeru et Nyamugali : Le club d'alphabétisation de l'ENP
Kirambo est plus fréquenté que les centres
d'alphabétisation (300 à 400 personnes/an). Qu'en
pensez-vous ?
Tableau (13) comparatif pour les causes de
fréquentation et de la non fréquentation des centres
d'alphabétisation.
Personnes. exprimées
|
Club d'alphabétisation
|
Centres d'alphabétisation
|
Agents du ministère
|
Motivation et formation
|
Manque de motivation et de formation
|
Directeurs des ENP
|
Dévouement, compétence et
créativité
|
Manque de dévouement et des
compétences
|
Enseignants
|
Motivation, performance, équipement
pédagogique et collaboration avec des autorités politiques et
administratives
|
Non motivés et sans formation, sans
équipement pédagogiques. Manque d'intérêt des
autorités locales
|
Des agents du Ministère (voir tableau 5) pensent que
les élèves-maîtres sont plus formés
pédagogiquement et motivés pour assumer cette tâche que les
alphabétiseurs. Ces alphabétiseurs qui travaillent dans les
centres d'alphabétisation n'ont ni la formation adéquate ni la
motivation. Les Directeurs des ENP soulignent le dévouement, la
compétence, la créativité de la part des
élèves-maîtres membres du club d'alphabétisation.
Les enseignants interrogés mentionnent la motivation, la performance des
élèves-maîtres (club) en matière
d'alphabétisation et l'équipement en matériel
pédagogique qu'on trouve dans les ENP ainsi que la bonne collaboration
avec des autorités locales (politiques et administratives).
Pour savoir s'il faut encourager ou non la création des
clubs d'alphabétisation au sein des ENP et dans quelle mesure le
Ministère de l'éducation peut appuyer cette initiative et s'il
faut envisager la formation des alphabétiseurs au sein des Écoles
Normales Primaires, nous avons posé deux questions.
1. Pensez-vous que c'est une bonne chose d'appuyer
et d'encourager la création des clubs d'alphabétisation au sein
des ENP à l'exemple de l'ENP Kirambo ? Oui/Non.
Des agents du Ministère de l'éducation (voir
tableau 5), les Directeurs des ENP et les enseignants interrogés disent
qu'il faut appuyer et encourager la création des clubs
d'alphabétisation.
2. Avec l'appui du MINEDUC, est-il possible
d'envisager une formation des agents d'alphabétisation au sein des ENP ?
Oui/Non. Comment?
À cette question, des agents du ministère de
l'éducation donnent une réponse très courte en ces
termes : « Pas pour le moment, mais c'est
envisageable ». Tous les Directeurs des ENP et les
enseignants interrogés pensent que cela est envisageable si le
Ministère donne un appui aux ENP. Avec l'appui du Ministère, les
Directeurs des ENP envisagent de former un groupe cible ou un
groupe des volontaires pour l'encadrement des centres
d'alphabétisation existants. Pour réaliser ce projet avec
succès, les Directeurs des ENP souhaitent avoir
l'équipement pédagogique nécessaire et
disposer d'un esprit de créativité et de la
bonne volonté de la part de tous les formateurs des
élèves-maîtres; c'est dans ce sens que les directeurs
souhaitent qu'il y ait une formation de formateurs. C'est ainsi que les
enseignants souhaitent que les agents d'alphabétisation soient
formés par les professeurs des ENP et des
élèves-maîtres. Mais il faudrait qu'ils soient
formés par des spécialistes de l'alphabétisation que le
Ministère peut fournir aux ENP. Dans ces résultats nous pouvons
cibler quelques unités de significations quantifiables : formation
de groupe cible, de groupe des volontaires pour encadrement, de formateurs
et l'équipement pédagogique.
Tableau 14: formation des alphabétiseurs au
sein des ENP
Unités de significations
|
Directeurs des ENP
|
%
|
Formation de groupe cible
|
5/11
|
50
|
Formation de groupe des volontaires pour encadrement
|
3/11
|
27.2
|
Formation des formateurs
|
8/11
|
72.7
|
Équipement pédagogique
|
6/11
|
54.4
|
Les enseignants interrogés souhaitent que le programme
d'alphabétisation soit inséré dans le programme de
formation des élèves-maîtres. Pour faire de
l'alphabétisation de masse, des enseignants proposent l'utilisation des
salles des classes du primaire ou des ENP pendant les vacances. Ils pensent
aussi qu'il est bon d'exploiter le temps libre de normaliens et les week-ends
pour que les élèves-maîtres puissent alphabétiser.
Les enseignants demandent au Ministère de l'éducation d'appuyer
financièrement ces initiatives : achat du matériel
didactique, sensibilisation médiatisée
et prime d'encouragement. Dans tous les cas, les enseignants
souhaitent qu'il y ait des centres de formation des
formateurs. Pour quantifier les réponses des enseignants, nous
avons ciblé trois unités de significations : demande du
matériel didactique, de sensibilisation médiatisée et de
centres de formation des formateurs.
Tableau 15: Demande d'appui au Ministère de
l'éducation
Unités de significations
|
Enseignants
|
%
|
Matériel didactique
|
11/22
|
50
|
Sensibilisation médiatisée
|
8/22
|
36.3
|
Centres de formation des formateurs
|
4/22
|
18.1
|
Avant de parler de la formation initiale des ENP, nous avons
demandé aux Directeurs des ENP de nous préciser la mission des
ENP, surtout des réalisations et des difficultés :
Pouvez-vous énumérer quelques réalisations
significatives. Quels sont les obstacles significatifs?
Les résultats se présentent de la manière
suivante :
Tableau 16: Réalisations et obstacles
significatifs des ENP
Réalisations
|
Obstacles
|
· Augmentation du taux de qualification des
enseignants,
· Hausse du niveau des enseignants.
· Programme de formation des enseignants du
primaire en Sciences et Technologie élémentaire (STE)
|
· Grand nombre d'élèves à
encadrer pédagogiquement
· Personnel enseignant non compétent et non
qualifié
(manque des ressources humaines et financières
suffisantes)
· Manque de matériels
pédagogiques
· Personnel insuffisant, programme surchargé
et charge horaire hebdomadaire de l'enseignant surchargés,
· Manque de volonté d'y investir des moyens
nécessaires de la part du gouvernement
|
Les réalisations
significatives se résument à l'augmentation du taux de
qualification des enseignants du primaire et la hausse de
niveau d'études des enseignants. Le programme de
formation continue des enseignants du primaire a
été fait dans le cadre d'un nouveau programme d'enseignement
introduit à l'école primaire (Sciences et Technologies
élémentaires). En ce qui concerne les obstacles significatifs,
les Directeurs évoquent le problème de l'encadrement
pédagogique d'un trop grand nombre
d'élèves-maîtres orientés dans les Écoles
Normales Primaires. Beaucoup de difficultés se résument au
manque de ressources humaines et financières156(*). D'après les
Directeurs, les ENP fonctionnent avec un personnel enseignant insuffisamment
qualifié et compétent. Le programme des ENP est surchargé;
la surcharge horaire (25-30 heures/semaine) des formateurs des
élèves-maîtres n'est pas favorable à la formation
d'un enseignant.
Cette question bilan a été aussi posée
aux agents du Ministère de l'éducation en ces termes :
dans la politique de l'EPT, cadre de base, les réalisations
actuelles sont nombreuses. Pouvez vous énumérer quelques
réalisations significatives au niveau national ? Quels sont les
obstacles significatifs au niveau national ?
D'après des personnes interrogées du
Ministère, les réalisations de l'EPT au niveau national sont
résumées dans le tableau suivant :
Tableau 16: réalisations et obstacles
significatifs de l'EPT au niveau national
Réalisations
significatives
|
Obstacles significatifs
|
- Les partenaires de l'éducation
sont connus et coordonnés
- une planification en éducation
- une orientation commune
- une harmonie dans les exécutions
|
- la collaboration insuffisante
- mécanismes de documentation
inefficaces
- échanges des rapports qui restent au niveau du
souhait.
|
|
6.2.3. 2. Formation initiale et continue des
enseignants du primaire
Pour connaître suffisamment le fonctionnement, nous
avons posé des questions essentiellement pour la formation initiale et
pour la formation continue.
6.2.3.2. 1. Formation initiale
Pour savoir si la formation dispensée dans les ENP est
adaptée aux objectifs de l'EPT, nous avons posé la question
suivante :
La formation initiale des enseignants du primaire
donnée dans les ENP répond-elle aux attentes de l'Enseignement
Primaire Universel et de l'Éducation pour tous? Oui/Non. Pourquoi?
Les résultats de la première question à
réponse fermée se présentent de la manière
suivante :
Tableau 17: Formation initiale des ENP face aux
attentes de l'EPT
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
abstention
|
%
|
Total
|
Ministère
|
-
|
-
|
4
|
100
|
-
|
-
|
4
|
Directeurs des ENP
|
5
|
45.5
|
5
|
45.5
|
1
|
9
|
11
|
|
Cette question a été posée uniquement
aux agents du Ministère et aux Directeurs des ENP. Les agents du
Ministère affirment que la formation initiale dispensée par les
ENP ne répond pas aux attentes de l'EPT. C'est la raison principale qui
fait que le Ministère de l'éducation prévoit une
réforme des ENP pour parer aux faiblesses constatées.
Quant aux Directeurs des ENP, les avis sont
partagés : 45.5% des Directeurs affirment que la formation
donnée dans les ENP répond aux attentes de l'EPT et de l'EPU.
D'après eux, cette formation donne des outils nécessaires pour
l'alphabétisation et l'enseignement de base, et il suffit de lui donner
une orientation plus pratique. Les lauréats des ENP ont un bagage
permettant de répondre aux attentes de l'EPU et de l'EPT. Les directeurs
pensent que les programmes de matières proposées sont de nature
à fournir un enseignement compétent. Les partisans du non (45.5%
des Directeurs des ENP) disent que le programme des ENP est colossal, mais que
c'est un colosse aux pieds d'argile. Il faudrait que le programme soit
modifié et actualisé pour répondre aux attentes de
l'EPT.
Nous avons formulé autrement cette question aux
enseignants pour savoir leur appréciation vis-à-vis de leur
formation : la formation initiale des enseignants du primaire
donnée dans les Écoles Normales Primaires est-elle suffisante
pour l'enseignement du primaire?
Les résultats à cette question se
présentent comme suit :
Tableau 18: La suffisance et l'insuffisance de la
formation initiale des enseignants du primaire
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Abstention
|
%
|
Total
|
Enseignants
|
10
|
45
|
12
|
55
|
-
|
-
|
22
|
|
Les partisans du oui (45% des enseignants interrogés)
estiment que la formation donnée dans les ENP est suffisante pour
l'enseignement du primaire. Les partisans du non (55% des enseignants
interrogés) estiment que la formation donnée dans les
écoles normales primaires n'est pas suffisante pour satisfaire aux
exigences de l'enseignement primaire actuel. Tous les enseignants
interrogés sont unanimes pour dire qu'il est important d'apprendre les
nouvelles méthodologies pour satisfaire la demande de l'Enseignement
Primaire Universel et de l'Éducation Pour Tous. Une demande de formation
continue est exprimée par des enseignants en fonction.
Suite à la réforme des ENP envisagée par
le Ministère de l'éducation et suite au voyage d'études
que les Directeurs des ENP ont effectué dans les TTC en Tanzanie et au
Kenya, nous avons questionné les directeurs des ENP en ces termes :
À votre avis, la réforme des ENP envisagée
après le voyage d'étude des Directeurs des ENP en Tanzanie et au
Kenya dans les « Teachers' Colleges education » aidera-t-elle les
ENP à répondre à leur double vocation et à
s'ouvrir aux nouvelles missions pédagogiques en faveur de l'EPT?
Oui/Non. Lesquelles?
Les résultats de la partie fermée de la question
sont :
Tableau 19 : Impact positif / négatif du
voyage d'étude en Tanzanie et Kenya
Oui
|
Non
|
Abstention
|
Total
|
6
|
1
|
4
|
11
|
|
Pour les résultats de la deuxième partie, un
directeur qui a dit non estime que le problème de
disponibilité des fonds est crucial. Quatre d'entre eux n'ont pas
jugé nécessaire de s'exprimer sur cette question. Quant aux six
directeurs qui ont affiché leur optimisme, ils mettent en
évidence les points suivants :
- L'École Normale Primaire aura une vraie structure
suivant les échelons de l'enseignant et elle sera dotée de tous
les moyens didactiques et financiers.
- Le Ministère de l'éducation et les
bienfaiteurs se chargeront de financer la formation continue des
enseignants.
- Les Écoles Normales Primaires seront de
véritables centres de formation pédagogique avec les
écoles d'application : préscolaire, primaire, programme de
rattrapage.
- L'élève-maître aura la formation
pédagogique appliquée aux programmes suivants :
préscolaire, primaire, rattrapage scolaire et alphabétisation
- L'école normale primaire améliorera la
qualité de la formation des enseignants de l'éducation de
base.
6.2.3.2.2. Formation continue des enseignants du
primaire.
Supposant que le manque de formation continue des enseignants
peut conduire à l'échec scolaire, nous avons posé la
question ci-après au Ministère de l'éducation et aux
Directeurs des Ecoles Normales Primaire pour pouvoir nous rendre compte si la
formation continue est assurée.
Selon la vision décrite dans le document de
proposition 1998, les onze ENP connues sous le nom de TTC (Teachers Training
Colleges) avaient une double vocation : formation initiale de trois ans et
formation continue des enseignants du primaire. Pourquoi l'option de la
formation continue n'est-elle pas prise en compte?
La réponse du Ministère est que
« la formation continue n'est pas encore prise en compte à
cause du manque de professeurs qualifiés. Autrement, chaque École
Normale Primaire aurait un professeur chargé de la Formation
Continue ».
Pour les directeurs, la formation n'a pas eu lieu par manque
de planification et de prise en charge des
enseignants en poste à l'école primaire.
Pour les enseignants, nous avons formulé autrement la
question : à votre avis, que faudrait-il faire pour
améliorer la formation continue des enseignants? Les
réponses à cette question montrent que les enseignants souhaitent
recevoir une formation en méthodologie et en
fabrication de matériel didactique une fois par
trimestre ou pendant les grandes vacances. L'existence de plusieurs
centres de formation continue des enseignants du primaire et
de bibliothèques équipées est
souhaitée par les enseignants interrogés.
Nous avons demandé pourquoi « le
taux de redoublement et d'abandon est-il encore élevé? Cela
a-t-il un lien avec la formation initiale des enseignants et l'apprentissage et
un manque de formation continue? »
Pour le Ministère de l'éducation, la formation
initiale ne prépare pas les enseignants adaptés à la
situation réelle des écoles. Les avis des directeurs sont
partagés : pour certains, les enfants ont beaucoup de distractions;
les parents et les élèves se désintéressent de
l'école à cause du manque de matériel et du surpeuplement
des classes. Pour d'autres, la formation initiale et continue des enseignants
n'a pas réussi à changer les mentalités des enseignants
formés dans un système traditionnel relativement élitiste.
Pour les enseignants interrogés, les causes de l'abandon et de
redoublement peuvent se présenter de la manière
suivante en fonction des unités d'analyse suivantes
(voir figure 6) :
6.2.4. LA FORMATION DES ENSEIGNANTS DANS LE CADRE DE
L'EDUCATION POUR TOUS.
La réussite des objectifs de l'Éducation Pour
Tous exige une nouvelle approche méthodologique. Le concept de
« l'éducation pour tous » ne peut être mis en
application effective, que si on connaît bien son but et sa valeur. Il
est important de mettre l'accent sur la compréhension par l'enseignant
des éléments importants pour assurer l'efficacité de
l'apprentissage : les méthodes pédagogiques, les
compétences que nous voulons que l'apprenant acquiert ainsi que les
méthodes d'évaluation. Pour que l'enseignant du primaire soit
à la hauteur de la tâche, il doit affronter de nouvelles exigences
de formation. C'est ainsi qu'à partir de la formation existante nous
avons mené une enquête pour savoir ce qu'il faudrait
améliorer en faveur de l'éducation pour tous. Les Écoles
Normales Primaires devraient considérer les différents programmes
de l'éducation de base dans la formation des enseignants, en particulier
« apprendre à enseigner les différents programmes de
l'éducation de base ».
6.2.4.1. Les différents programmes de
l'éducation de base.
Pour connaître les avis, nous avons posé la
question suivante au Ministère, aux Directeurs des ENP et aux
enseignants du primaire :
Pour répondre aux besoins réels de
l'éducation de base au Rwanda, l'enseignant doit être à la
hauteur. Les ENP doivent apprendre aux élèves-maîtres
comment enseigner les différents programme de l'éducation de base
: préscolaire, primaire, programme de réintégration
scolaire et alphabétisation fonctionnelle (jeune et adulte).
Souhaiteriez-vous que tous ces programmes soient appliqués dans les
écoles proches des ENP dans les écoles primaires d'application ?
Utile : oui/Non. Indispensable : Oui/Non. Pourquoi ?
Les résultats à réponse fermée
se présentent de la manière suivante :
Tableau 20: Avis sur les programmes d'éducation
de base au sein des ENP
Enquêtés
|
Utile
|
indispensable
|
Non
|
Abstention
|
Total exprimé
|
Ministère
|
4
|
-
|
0
|
0
|
4
|
Directeurs des ENP
|
11
|
idem
|
0
|
0
|
11
|
Enseignants
|
6
|
16
|
0
|
0
|
22
|
Toutes les personnes interrogées pensent qu'il est
très utile, voire même
indispensable d'introduire tous ces programmes de
l'éducation de base dans les ENP pour atteindre les objectifs de
l'éducation pour tous.
Pour le Ministère, cette préparation des futurs
enseignants coûterait moins cher à l'État et attirerait
plus de candidats dans les écoles normales.
Pour les onze Directeurs des ENP, l'atteindre les objectifs de
l'EPT exige que tous les acteurs de l'éducation de base soient
impliqués directement dans la formation des
élèves-maîtres. Compte tenu du fait qu'il n'existe pas
d'autres institutions de formation des enseignants des programmes du
préscolaire, de l'éducation spéciale et de rattrapage
scolaire; la formation des enseignants de tout le domaine de l'éducation
de base devrait être sous la responsabilité des ENP.
Pour les Directeurs des ENP/TTC, il est urgent que les Écoles
Normales assument leur rôle de formation pour pouvoir arriver à
une véritable éducation de base au Rwanda. En un mot; le
rôle des ENP devrait être la « formation des enseignants
pour tous »
Pour les enseignants interrogés, apprendre aux
élèves-maîtres à enseigner les différents
programmes de l'enseignement de base est une urgence pour former
« un enseignant compétent pour
tous ». Ils trouvent que c'est une stratégie pour
améliorer l'éducation de base. L'analyse de ce
contenu peut se présenter sous forme de graphique de la manière
suivante :
6.2.4.2. Amélioration de la formation des
élèves-maîtres.
Dans le cadre de l'Éducation Pour Tous, nous avons
voulu chercher s'il existe une possibilité d'améliorer la
formation des élèves-maîtres sans toutefois parler de
réforme, mais seulement de réajustement du système. Pour
cela, nous avons interrogé des personnes du Ministère, des ENP et
des enseignants de base à l'aide d'une question très
ouverte : À votre avis, que faudrait-il faire pour
améliorer la formation des élèves-maîtres en faveur
de l'EPT?
Pour le Ministère, il faut faire acquérir des
connaissances par des méthodes actives et non des
méthodes traditionnelles, intégrer la formation des enseignants
aux réalités nationales et internationales.
Pour les onze Directeurs d'ENP, il faudrait que les
élèves-maîtres se sentent concernés par leur
formation. Cela demande qu'ils soient formés dans l'esprit des objectifs
de l'EPT par un personnel formateur compétent. Les Directeurs demandent
que le Ministère fournisse les documents nécessaires, donne un
programme moins surchargé, des classes moins surpeuplées et un
horaire adapté. Les directeurs demandent aussi que la carrière
enseignante soit revalorisée.
Pour les enseignants interrogés, les objectifs de
l'éducation de base doivent être bien expliqués dans la
formation des élèves maîtres. Les différents
documents de l'EPT devraient aussi être disponibles dans
les écoles normales primaires. Bien que l'ayant souligné dans la
question précédente, les enseignants reviennent encore sur les
différents programmes de l'éducation de base,
qu'il faudrait implanter dans l'éducation de base au sein des ENP pour
permettre aux élèves-maîtres d'apprendre comment les
enseigner. Les enseignants interrogés demandent que l'approche
par compétence soit introduite dans les Écoles normales
primaires. Ces demandes se présentent graphiquement de la manière
suivante :
6.2.4.3. Amélioration du rendement scolaire.
La formation continue des enseignants a pour but
d'améliorer le rendement scolaire. Durant notre enquête, nous
avons approché les Directeurs des ENP et des enseignants pour savoir ce
qu'ils préconisent pour l'améliorer. Pour avoir des informations
nous avons proposé une question très ouverte en ces termes :
à votre avis, que faudrait-il faire pour améliorer le
rendement scolaire?
Pour les Directeurs, les méthodes modernes
s'imposent. Il faut passer de l'enseignement traditionnel à un
enseignement qui utilise des méthodes actives et
participatives (bien comprises et bien pratiquées). Cela exige
la disponibilité d'enseignants qualifiés et compétents.
Les Directeurs demandent de réduire l'effectif des élèves
dans les classes et de rendre disponible les manuels scolaires
dans les écoles primaires. L'amélioration du rendement
scolaire dépend de la réduction de la pauvreté et
de l'augmentation des conditions de motivations pour les enseignants.
Les enseignants interrogés souhaitent que
l'inspection soit renforcée pour inciter les enseignants qui
manquent parfois de conscience professionnelle à assumer leur
rôle. Pour améliorer le rendement scolaire, des
enseignants interrogés proposent que les méthodes
d'enseignement soient accompagnées par des manuels scolaires et du
matériel didactique adéquats. Pour permettre aux
élèves d'acquérir des compétences utiles, il
faudrait réduire le nombre d'élèves par classe. Cela
favoriserait un meilleur encadrement pédagogique des apprenants. Les
enseignants soulignent aussi le point important de la sensibilisation des
parents et des autorités locales sur l'importance d'une meilleure
éducation.
6.2.4.4. La sensibilisation de la population enseignante.
Comme nous l'avons souligné plusieurs fois dans ce
travail, l'atteinte des objectifs de l'éducation pour tous dépend
aussi de la compréhension des enseignants. C'est dans ce sens que nous
avons interrogé des agents du Ministère, les Directeurs des TTC
et des enseignants pour connaître leurs opinions sur la sensibilisation
de la population enseignante en demandant : à votre
avis, que faudrait-il faire pour améliorer la sensibilisation de
l'éducation pour tous dans la population enseignante?
Pour le ministère, il faut faire en sorte que
l'enseignant prenne l'éducation comme une activité
intégrale. Il ne doit pas séparer l'école de la vie de
l'apprenant.
Pour les onze directeurs des ENP, les enseignants doivent se
sentir concernés par l'Éducation Pour Tous mais il faudrait que
le ministère assure la formation continue des enseignants. Ce n'est
qu'à l'intérieur des objectifs de la formation continue qu'on
peut insérer les objectifs de l'éducation pour tous. Si cela
n'est pas possible, il faut organiser les sessions de sensibilisation à
l'EPT et donner un certificat de participation pour encourager et motiver des
enseignants.
Pour les enseignants interrogés, il faut informer les
enseignants puisqu'une grande partie des enseignants ignorent les objectifs de
l'EPT. Le Ministère devrait organiser des stages et des formations
pendant les grandes vacances. Des enseignants pensent qu'il faut d'abord
sensibiliser les directeurs des centres scolaires.
En conclusion de cette présentation des
résultats, nous pouvons dire que les enseignants interrogés
souhaitent que l'Éducation Pour Tous soit une responsabilité de
chaque Rwandais. Nous avons un devoir d'orienter les analphabètes vers
l'école d'alphabétisation et l'école en
général. Ils souhaitent que les Rwandais soient formés
à la conception des projets pour leur avenir économique.
L'apprentissage doit déboucher sur des compétences utiles. Nous
aborderons ce point dans la discussion et l'interprétation de
résultats dans le chapitre suivant.
CHAPITRE 7
Interprétation des
résultats.
Après avoir analysé des résultats
d'enquête sur l'impact des écoles normales primaires dans le
processus de l'éducation pour tous au Rwanda, nous voulons apporter des
tentatives d'interprétation ou d'explication. En général
l'interprétation des résultats reprend les hypothèses de
recherche pour voir si l'orientation de données les confirme ou les
infirme dans le cadre théorique choisi. Nous passerons en revue les
résultats des travaux réalisés dans le temps et dans
l'espace sur le même sujet ou le sujet orienté dans le même
sens. Cependant, faisons d'abord la synthèse des résultats.
7.1. Synthèse des résultats
Le dépouillement et l'analyse des productions des
personnes interrogées nous amènent à faire les
constatations suivantes :
- L'éducation est un processus de développement
vers la démocratie. Elle ne peut conduire au développement
qu'à partir de l'apprentissage des compétences indispensables de
la vie courante. Le développement est le fruit de l'apprentissage des
sciences et de la technologie. Pour atteindre les objectifs de
l'éducation pour tous d'ici l'an 2015 dans ce sens, le
Rwanda doit réaliser une mobilisation considérable des ressources
humaines et financières.
- L'obstacle principal à la réalisation l'EPT se
résume en ces termes : les acteurs
internes (les directeurs d'écoles et des enseignants)
du système éducatif n'ont pas suffisamment
d'informations sur la politique du gouvernement en matière de l'EPT et
ils ne sont pas impliqués dans la planification et l'élaboration
de plan d'action en éducation d'où la
difficulté majeure dans l'exécution des plans
d'éducation.
- Suite aux activités pédagogiques
réalisées au sein des ENP et aux avis des personnes
interrogées, les ENP peuvent contribuer à la
réduction du taux d'analphabètes par la formation des
alphabétiseurs et l'initiation des clubs d'alphabétisation dans
des écoles secondaires.
- Bien qu'en matière d'Education Pour Tous, les ENP
enregistrent des réalisations significatives dans l'augmentation du taux
de qualification des enseignants du primaire et la hausse de niveau
d'études des enseignants, les programmes des Ecoles Normales Primaires
ne répondent pas aux attentes de l'éducation pour tous. Autrement
dit le programme du système éducatif rwandais n'est
pas adapté à la nouvelle vision de l'éducation
internationale.
- La réforme des ENP doit tenir compte de la formation
pédagogique appliquée aux programmes de l'éducation de
base dans son ensemble. La qualité de l'enseignement de base
ne peut être améliorée qu'à partir de la formation
fournie par les ENP aux futurs enseignants. Les ENP sont bien
placées aussi pour assurer une sensibilisation à l'Education Pour
Tous de qualité.
- La formation continue des enseignants du primaire n'est pas
assurée et n'a aucune planification. Cependant, il existe quelques
formations ponctuelles ici où là. Les causes de
l'abandon et de redoublement sont liées aux lacunes du système
scolaire : la structure et la formation continue
insuffisante des enseignants. Pour envisager une réussite scolaire, le
remplacement des méthodes traditionnelles d'enseignement par des
méthodes actives, la formation d'enseignants adaptés aux
réalités nationales et internationales, sont des exigences sine
qua non.
- Pour une meilleure réussite scolaire, il est
souhaitable que l'État engage des ressources humaines
compétentes et qualifiées dans la formation des enseignants au
sein des ENP. Cela doit être accompagné par une campagne de
sensibilisation de l'éducation pour tous en faveur de la population
enseignante.
7.2. Discussion - Interprétation
7.2.1. De l'éducation au bien-être de la
population
Pourquoi l'éducation est-elle un processus du
développement qui ne conduit à la démocratie et au
développement qu'à partir de l'apprentissage des
compétences indispensables de la vie courante ; et que ce
développement devient le fruit de l'apprentissage des sciences et de
technologie ?
Ce résultat confirme d'abord l'objectif global du
Gouvernement du Rwanda qui stipule que l'éducation doit
« réduire la pauvreté et améliorer le
bien-être de sa population ». Pour réaliser cet
objectif, le Gouvernement Rwandais confie une mission essentielle à
l'école : « former les ressources humaines
nécessaires au développement économique et
social ». Cependant, c'est un long processus qui commence avec la
lutte contre l'ignorance et l'analphabétisme. Il est illusoire de penser
à une véritable démocratie dans un pays où la
majorité de la population est analphabète, bien que le Rwanda ait
52,4% de la population alphabétisée. C'est ainsi qu'un des buts
de l'éducation au Rwanda est de contribuer à la promotion de la
culture de paix et d'insister sur les valeurs rwandaises et universelles de
justice, de paix, de tolérance, le respect des droits de la personne,
l'égalité et la démocratie.
Ce résultat confirme ensuite la vision de l'UNESCO par
la voix de VINAYAGUM Chinapah qui prône que les compétences de la
vie courante désignent certains acquis fondamentaux indispensables
à tout être humain pour vivre en société,
s'épanouir intellectuellement et améliorer la qualité de
son existence. Il s'agit en premier lieu de certaines connaissances
« fonctionnelles » très concrètes ayant trait
à la santé et au bien-être physique, mais aussi à la
vie de tous les jours. Cela va des règles élémentaires
d'hygiène inculquées au jeune enfant aux comportements à
adopter en cas d'accident ou de catastrophe naturelle. C'est exactement dans le
modèle béhavioriste que la simulation permet de fournir
à l'élève un ensemble d'informations relatives à un
problème pédagogique particulier et on lui demande de
réagir de façon aussi adéquate que possible.
Ce résultat de la recherche confirme encore deux des
buts de l'éducation définis par le secteur de l'éducation
au Rwanda à savoir : promouvoir la science et la technologie avec
une attention spéciale à la technologie de l'information et de la
communication, transformer la population rwandaise en un capital humain de
développement par l'acquisition de compétences en matière
de développement.
Enfin, nos résultats confirment la vision de
l'Éducation en vue du Développement Durable (EDD) dans son
quatrième axe qui stipule la formation de la population active dans les
différents secteurs économiques. Des programmes de formation
continue doivent permettre à la population active d'acquérir les
connaissances et les compétences indispensables à la prise de
décisions et à l'exercice de ses fonctions sur des modes
durables. Dans son premier axe, l'éducation est reconnue comme une
condition indispensable et un catalyseur plus important du développement
durable157(*)
Le Rwanda est-il dans la bonne voie pour atteindre les
objectifs de l'EPT d'ici 2015 afin de sortir de sa pauvreté par une
mobilisation considérable des ressources humaines et
financières ? Notre résultat confirme l'échec de
plusieurs tentatives d'objectifs à atteindre les buts de l'EPU et de
l'EPT en général qui n'ont pas été
réalisés. Le plan de redressement du secteur de
l'éducation 1998-2000, avait comme objectif de réaliser l'EPU en
2005 et l'EPT en 2010. L'objectif de l'EPU n'est pas atteint en cette
année 2005 et nous n'avons aucun espoir pour atteindre l'EPT en 2010.
Actuellement le plan d'action de l'EPT 2003-2015 a ajouté cinq ans
à chacun de ces objectifs (EPT et EPU). Ne seront-ils pas
obligés de repousser encore l'échéance du plan d'action de
l'EPT ? L'évaluation régulière de ce plan devrait
servir à prévoir une planification réaliste des
activités. Encore faudrait-il que les acteurs internes du système
éducatif soient impliqués davantage.
7.2.2. De la planification à la participation en
éducation
Pourquoi le manque d'information sur la politique du
gouvernement en matière d'éducation et la non participation du
personnel de l'éducation de base à la planification et
l'élaboration du plan d'action de l'Éducation Pour Tous au Rwanda
peuvent être un obstacle majeur pour sa mise en oeuvre ?
Les résultats obtenus nous montrent que le personnel
exécutant de l'éducation de base n'a pas été
associé à la réalisation du plan d'action de l'EPT. Les
mécanismes de mobilisation des enseignants et des Écoles Normales
Primaires n'ont pas été mis en place pour les sensibiliser
à contribuer à la réussite de l'Education Pour Tous.
L'inconvénient de cette procédure est que les acteurs non
associés se sentent moins responsables de la réussite ou de
l'échec de la mise en oeuvre du plan d'action de l'EPT. Ils se
contentent d'exécuter les ordres du Ministère. Sur le terrain,
des enseignants affichent parfois un mécontentement face aux classes
surpeuplées158(*)
pour scolariser le plus d'enfants possible. Le règlement de promotion
automatique qui oblige à réduire le taux de redoublement à
10% et abolit le renvoi des élèves moins intelligents n'a pas
été bien accueilli par la population enseignante et le monde
intellectuel (surtout les enseignants et des ecclésiastiques qui
détiennent encore plusieurs écoles) formés dans le
système traditionnel relativement élitiste, cela parce qu'ils ne
sont pas informés sur les raisons qui ont motivé ces
décisions. Quoi qu'on en dise, l'insistance sur l'information et la
sensibilisation est une demande d'urgence pour renforcer le partenariat avec
tous ceux qui sont susceptibles de contribuer à la réalisation de
l'EPT.
7.2.3. De l'initiative pédagogique à la
contribution au processus de l'Education Pour Tous.
Pourquoi les activités pédagogiques
réalisées (alphabétisation des jeunes et adultes) au sein
des écoles normales primaires contribuent-elles au processus de
réalisation de l'Éducation Pour Tous et connaissent-elles
plus de succès que les centres d'alphabétisation? Y a-t-il une
différence entre l'école Normale primaire et d'autres
établissements d'enseignement secondaire ?
Ces résultats vont dans le même sens que
l'originalité des écoles normales de Jean-Baptiste de la Salle et
la conception de Ferninand Buisson. Ces deux pédagogues pensaient que
c'est en songeant à rendre l'éducation ou l'instruction
accessible à tous que les Écoles Normales sont nées. C'est
en simplifiant la formation et en multipliant les maîtres que
Jean-Baptiste de la Salle généralisa la connaissance de
l'écriture et de la lecture en France.
Nos résultats réaffirment aussi l'objectif
principal de l'éducation pour tous qui est d'offrir une éducation
de base à tous les enfants, à tous les adultes. Si les
Écoles Normales Primaires ont un grand rôle à jouer pour
l'atteinte de cet objectif, c'est parce que cela est exactement leur
rôle principal comme institutions pédagogiques en partenariat avec
d'autres secteurs.
Ces résultats s'examinent aussi dans le diagramme de
partenariat en matière de l'éducation pour tous selon l'UNESCO
tel qu'il se présente ci-dessous :
Institut de formation des enseignants (ENP)
Organisations gouvernementales
ONG
Communautés
Organisations populaires
Médias
EPT
Diagramme de partenariat en matière de
l'éducation pour tous selon l'UNESCO :
Selon l'UNESCO, pour répondre aux besoins
éducatifs fondamentaux à travers l'éducation pour tous, il
est nécessaire de renforcer le partenariat entre plusieurs secteurs.
Pour une bonne mise en oeuvre des programmes de l'éducation, il est
important d'établir un partenariat entre les enseignants, les parents,
la communauté locale, les apprenants, le gouvernement et les
organisations non gouvernementales. Le rôle des ENP ne serait-il pas
aussi d'être acteur dans le cadre de la formation pédagogique de
l'éducation de base (formation des alphabétiseurs) et des
initiatives pédagogiques (clubs d'alphabétisation) en partenariat
avec la communauté locale dans laquelle chaque ENP est
située ?
Suite aux résultats, le principe des initiatives
pédagogiques des ENP dans le cadre de l'Education Pour Tous est
très apprécié et encouragé. En plus de la formation
initiale des enseignants du primaire, il est envisageable de confier la
formation des alphabétiseurs aux ENP. Bien que ce soit envisageable,
comment expliquer que le Ministère n'ait pour le moment aucun projet de
confier d'autres missions en matière de l'éducation de base aux
ENP ? Pour quelle raison ?
En fait, le Ministère n'est pas contre le fait que les
ENP s'occupent de cette formation puisqu'il reconnaît que ces
écoles normales sont outillées pédagogiquement. Sa
réticence est probablement liée au manque de moyen financier, de
personnel compétent pour appuyer cette formation, à la politique
de décentralisation imprécise sur le fonctionnement d'une seule
Ecole Normale Primaire dans chaque province du territoire national, à la
différenciation non encore établie par rapport aux autres
écoles secondaires. Dans ce sens, un des pionniers des écoles
normales primaires, Jean-Baptiste de la Salle affirme que l'école
normale est un établissement uniquement et exclusivement destiné
à la formation des instituteurs. Elle ne doit pas avoir d'autres options
comme collèges ou lycées qui ont beaucoup d'élèves
pour pouvoir assurer une formation solide d'élèves-maîtres.
Ce résultat se situe dans la vision de l'Unesco qui
stipule que les partenariats au sein de l'école elle-même sont
particulièrement importants pour la construction d'une communauté
favorable à l'apprentissage. Autrement dit, l'Unesco insiste sur le
concept de la « société
d'apprentissage » : une société dans laquelle les
« possibilités d'apprentissage formel et non formel pour les
enfants, les adolescents et les adultes sont élargies en dehors aussi
bien qu'au sein de l'école ». Dans ce sens les écoles
devraient être plus ouvertes à leur milieu d'implantation. Est-il
normal qu'une École Normale Primaire soit entourée par une
population analphabète ? Bien que nos enquêtes enregistrent
des initiatives pédagogiques louables de la part des certaines
écoles normales envers leur milieu, ces initiatives ne sont pas
généralisées dans les écoles normales au Rwanda.
Les initiatives pédagogiques devraient se multiplier dans les ENP pour
permettre aux élèves-maîtres de saisir une chance
d'apprendre à prendre des initiatives si cela peut s'apprendre.
Les résultats de la recherche sur les initiatives
pédagogiques des ENP en matière de l'éducation se situent
aussi au niveau des partenariats évidents au sein de la
communauté où « les réseaux officiels et
bénévoles peuvent être utilisés pour faire prendre
conscience à l'opinion des objectifs de l'éducation pour tous
afin qu'elle y adhère ». La motivation, le dévouement
et la créativité dans un club d'alphabétisation à
l'école normale peuvent être une méthodologie de
sensibilisation et de prise de conscience de l'importance
de l'éducation et du métier d'enseignement. Bien que les
partenaires extérieurs soient connus et coordonnés par le
ministère de l'éducation, il reste à découvrir
davantage les partenaires internes et à les faire adhérer
à la planification et à l'orientation commune ainsi qu'à
l'harmonie dans les exécutions.
7.2.4. Formation initiale et continue
Il est important de distinguer la formation initiale de la
formation continue. Cependant la formation continue est la continuité ou
la mise à jour de la formation initiale. Elle permet à
l'enseignant de se perfectionner et d'être un enseignant des apprenants
du temps, tandis que la formation initiale permet au futur enseignant
d'apprendre à devenir un enseignant. Nous allons essayer de comprendre
des résultats observés.
7.2.4.1. De la formation initiale à l'enseignement
Avec toutes les réalisations significatives dans
l'augmentation du taux de qualification et de la hausse de niveau
d'études des enseignants du primaire, comment expliquer que les
programmes des Écoles Normales Primaires ne répondent pas aux
attentes de l'Éducation Pour Tous ? Pourquoi la réforme des
Écoles Normales doit-elle tenir compte de la formation
pédagogique appliquée aux programmes de l'éducation de
base dans son ensemble (alphabétisation, préscolaire, primaire,
la réinsertion scolaire,....) et l'amélioration de la
qualité de l'enseignement en faveur de l'Éducation Pour
Tous ?
Ce résultat confirme en quelque sorte la vision de
l'UNESCO en matière de l'Éducation en vue du Développement
Durable (EDD) qui pense que les programmes des systèmes
éducatifs actuels ne sont pas adaptés à la vision du
développement durable. Dans le deuxième axe de l'EDD159(*), on prévoit une
réorientation des programmes d'éducation existants dans le sens
d'une approche globale et interdisciplinaire tenant compte des
réalités des particularités culturelles et
régionales. L'EDD devrait être la plus intégrée
possible dans les cadres du systèmes éducatifs existants.
L'objectif central est de promouvoir les savoirs, les compétences, les
styles de vie et les valeurs qui rendent un avenir viable possible.
Le résultat de notre enquête souligne quelques
priorités du Gouvernement Rwandais en matière de
l'Éducation Pour Tous: l'amélioration de la qualité de
l'éducation à tous les niveaux, spécialement par la
réforme des programmes d'enseignement et une fourniture adéquate
du matériel didactique, la formation d'un plus grand nombre
d'enseignants du primaire dans les centres de formation pédagogique(ENP)
améliorés ; la révision de tous les cours de
formation des enseignants pour intégrer des modules sur le VIH/Sida et
les compétences de vie et donner la formation au travail pour les
élèves-maîtres des ENP. C'est un projet de grande
envergure qui est situé dans la vision de l'éducation
internationale ; sa réalisation exigera absolument le soutien
international. C'est dans ce contexte que les programmes de l'éducation
de base dans son ensemble pourront être intégrés dans les
Écoles Normales améliorées avec des méthodes
d'enseignement adaptées à notre temps.
Ce résultat confirme les choix politiques de
l'Education Pour Tous qui privilégient des méthodes actives,
surtout les méthodes pédagogiques centrées sur l'apprenant
(pédocentrisme). Dans ce sens, nos résultats sont en concordance
avec des résultats de l'École Nouvelle de John Dewey, Parkhurst,
Carleton Washburne, Maria Montessori, Ovide Decroly et Célestin Freinet.
L'École Nouvelle est en général
caractérisée par la manière dont l'enfant agit et fait ses
propres expériences. Des programmes et des méthodes
d'enseignement se basent sur des intérêts, des goûts et des
tendances de l'enfant. L'élève est donc au centre de
l'enseignement : c'est le pédocentrisme. Un
engagement libre est laissé à l'apprenant dans un climat
démocratique en classe; c'est en ce sens que l'autodiscipline doit
être encouragée et que l'enseignant doit se considérer
comme un guide. Le travail manuel est en honneur. Le maître doit
s'appuyer sur l'activité de l'enfant ; celui-ci a une structure
mentale différente de celle de l'adulte ; ses concepts sont
établis à partir de son activité concrète. La
formation sociale est favorisée à travers les travaux en groupe.
Une certaine liberté et une certaine autonomie sont accordées aux
apprenants pour contribuer à l'épanouissement de leur
personnalité et rendre faciles leurs acquisitions. Chaque apprenant
ayant son niveau de développement propre à un âge
déterminé, il faut par conséquent respecter le rythme de
travail de chacun. L'Ecole Normale Primaire au Rwanda sera-t-elle en mesure de
quitter le modèle de formation traditionnelle pour former des
enseignants dans cette nouvelle vision ?
Notre résultat corrobore le modèle
béhavioriste dans le sens que les élèves maîtres
doivent être formés dans les méthodes
privilégiées par la politique de l'EPT. Comme nous l'avons
souligné dans le quatrième chapitre, le modèle
béhavioriste est un des modèles le plus structuré des
méthodes actives. Son objectif est de
faire des enseignants des spécialistes des sciences
appliquées du comportement, travaillant dans des équipes dont les
membres unissent leurs expertises. Leurs
Programmes sont souvent modulaires. Ils
sont conçus pour faire acquérir les habilités
indispensables. Les exercices proposés aux
élèves-maîtres sont basés sur la simulation,
l'autoscopie et le micro enseignement. Les méthodes d'enseignement sont
utilisées en fonction des compétences attendues. Les
critères permettant d'établir si ces compétences sont
acquises, sont définis de façon opératoire dès le
départ et sont rendus publics. L'application de cette méthode
devait tenir compte de ses dangers constatés qui se résument dans
la réduction de la place faite à la culture
générale et la mécanisation des comportements. La
réflexion, l'initiative et la créativité devraient
accompagner l'acquisition d'une compétence.
Enfin ce résultat rejoint les principes
pédagogiques de Jean-Baptiste de la Salle qui consistent à
appliquer une pédagogie dynamique. Le rôle du maître est
d'aider les élèves à se servir de leur raison et non
à résoudre les problèmes à leur place. Les
élèves doivent inventer eux-mêmes des problèmes
à résoudre selon leur capacité. Pendant le processus
d'apprentissage, l'élève doit acquérir au fur à
mesure plus d'autonomie. Pour Jean-Baptiste de la Salle, la pratique est plus
nécessaire que la théorie. Le nouvel enseignant ne pourra
améliorer sa qualité d'enseignant qu'à partir de la
créativité pédagogique quotidienne dans le désir de
perfectionner sa méthodologie par une formation continue.
7.2.4.2. De la formation continue à la réussite
scolaire.
Les lacunes du système éducatif (sa structure et
la formation continue non assurée) sont les causes majeures de l'abandon
et du redoublement des élèves. La réussite scolaire exige
le changement de la méthode traditionnelle d'enseignement pour la
méthode active et la formation des enseignants adaptée aux
réalités nationales et internationales.
Ce résultat corrobore la théorie de LANDSHEERE
G. qui dit que, pour les enseignants en fonction, la formation continue
consiste à actualiser les connaissances et à en acquérir
de nouvelles. La formation continue assure aussi le développement de la
compétence professionnelle. Quant au débutant, la formation
continue vise à lui offrir des ressources humaines et
matérielles.
Le manque de formation continue ne permet pas à
l'enseignant d'actualiser ses connaissances et d'améliorer sa
compétence professionnelle. Comment peut-on envisager vraiment
l'éducation pour tous dans un pays où la formation des
enseignants du primaire n'est pas assurée convenablement ?
L'acquisition des compétences indispensables selon la vision de l'EPT ne
sera-t-elle pas un vain concept ? Ou ne se contentera que du nombre
d'enfants scolarisés ? Quelles seront alors la qualité de
l'éducation et la réussite scolaire ? L'absence de
formation continue expose le système éducatif aux dangers de
l'échec scolaire ou encore de la déperdition scolaire comme nous
l'observons avec les taux de redoublement et d'abandon élevés. On
pourrait parler peut être d'une situation d'échec scolaire,
puisque pour une raison ou une autre, beaucoup d'enfants n'acquièrent
pas l'ensemble des compétences enseignées au primaire.
Ce travail confirme donc les résultats de plusieurs
enquêtes menées au Rwanda160(*)dans la perspective de l'appréciation de
l'école primaire au Rwanda. Elles montrent que seulement 39,1% des
Rwandais sont satisfaits de l'école primaire.
Les enfants qui ont abandonné l'école (28%)
disent qu'ils ne sont pas en mesure d'étudier ; ce qui nous conduit
à remarquer que l'enseignement primaire est centré sur les
examens au lieu d'être centré sur l'apprenant. Par
conséquent, les enseignants interrogés (28%) disent que les
causes de l'abandon sont liées à l'organisation de
l'école et aux méthodes d'enseignement utilisées. Bien que
l'école soit perçue comme un passage obligatoire pour la
promotion sociale, 10% des enfants ont quitté l'école parce
qu'ils ne la trouvent pas utile.
Les causes de redoublement sont aussi liées
à celles que nous avons évoqué, et parfois le redoublement
conduit à l'abandon. Des enseignants (18,75%) évoquent le
problème de méthodologie inadaptée à cause du
manque de formation continue des maîtres et de l'absentéisme des
élèves. Nos résultats corroborent les résultats de
l'Enquête de Dépistage des Dépenses Publiques qui montrent
que 12,50 % d'élèves s'absentent à l'école
primaire: 3,6 heures par semaine (pour cause de pauvreté) ;
5heures/semaine (pour cause de maladies et de travaux). Le surpeuplement des
classes peut être aussi une cause majeure: 8,6 élèves
par école manquent d'espace en 1ère année.
D'autres causes relevées par l'Enquête sur les Conditions de Vie
des Ménages sont liées à la pauvreté : 50 %
des enfants vivent dans de mauvaises conditions de vie (travaux ménagers
(12,7%), manque de suivi des parents).
Toutes ces observations montrent que la réussite
scolaire est conditionnée par les facteurs évoqués plus
haut: la formation continue avec des méthodes actives et participatives
bien comprises accompagnée des manuels scolaires et de matériel
didactique adéquat, des effectifs normaux dans les classes. C'est
l'essentiel de la demande des enseignants interrogés ainsi que les
Directeurs d'Ecoles Normales Primaires. Encore faudrait-il que l'inspection
soit renforcée pour susciter la prise de conscience de certains
enseignants afin que l'efficacité soit quantifiable tant en
quantité qu'en qualité. Cela ne pourra se faire qu'à
partir d'une mobilisation humaine et financière de tous les partenaires
de l'éducation (internes et externes) si on veut réellement
à aboutir à la qualité de l'enseignement de base.
7.3. Interprétation d'ensemble des
résultats.
La tentative de compréhension et
l'interprétation des résultats obtenus par rapport au cadre
théorique choisi nous permettent de poser une question décisive
dans le sens de notre hypothèse de recherche pour déterminer si
les onze Écoles Normales Primaires du Rwanda peuvent réellement
contribuer à la réalisation des objectifs de l'éducation
pour tous. Nous avons émis l'hypothèse que l'engagement
des ENP à la mise en oeuvre des objectifs de l'EPT influence
favorablement le taux de réussite scolaire et d'alphabétisation.
Nous avons dit aussi qu'il existe une relation entre le
système éducatif et les écoles normales primaires
relativement aux objectifs de l'éducation pour tous.
Où en sommes-nous?
Bien que plusieurs facteurs entrent en jeux au niveau de la
réussite scolaire, les résultats obtenus montrent que les
institutions de formation des enseignants ont un grand rôle à
jouer dans ce domaine. Les enquêtes réalisées nous ont
permis de classer le rôle des ENP (ou l'engagement) en deux
catégories essentielles pour nous permettre de vérifier notre
hypothèse : la formation initiale des
élèves-maîtres et les activités pédagogiques
parascolaires; ici nous pouvons ajouter le leadership des
leaders formels des ENP (Directeurs).
7.3.1. La formation initiale des
élèves-maîtres.
Le premier objectif de la formation des
élèves-maîtres est de former le futur maître
de l'école primaire. La manière de le former
diffère suivant le modèle de formation pédagogique choisi,
modèle qui doit correspondre aux besoins éducatifs du temps et de
la société. Bien que le modèle de formation
pédagogique du Rwanda ait connu des remaniements pour passer du
modèle traditionnel au modèle béhavioriste, les traces du
modèle traditionnel sont omniprésentes dans l'enseignement.
C'est dans ce contexte que les ENP fournissent suffisamment
d'enseignants du primaire pour répondre à l'objectif de l'EPU.
Nous pouvons dire que notre hypothèse est confirmée en
ce sens que les ENP arrivent à répondre à un des objectifs
de l'Éducation Pour Tous.
Les réalités actuelles du cadre de
l'Éducation Pour Tous exigent que le programme de formation des
enseignants soit réajusté ou tout simplement reformé.
C'est le désir des personnes questionnées. Bien que la
compréhension des attentes de l'EPT à l'égard des ENP ne
soit pas la même, les personnes interrogées sont d'accord pour
dire que cette formation des enseignants du primaire ne répond pas aux
attentes de l'EPT. Nous observons que pour certains, l'EPT signifie seulement
mettre tous les enfants scolarisables à l'école. Pour d'autres,
il ne suffit pas seulement de mettre les enfants à l'école, mais
celle-ci doit aussi leur apprendre les compétences nécessaires
à la vie courante et indispensables. Nous précisons aussi que
l'éducation ne s'arrête pas aux enfants, elle doit viser tout le
monde selon les besoins éducatifs de chaque individu. Bref, la
réforme souhaitée peut entrer exactement dans le cadre de
l'Éducation en vue du Développement Durable (EDD) 2005-2014 dans
son deuxième axe qui propose une réorientation des programmes
existants dans une vision de l'éducation internationale basée sur
des compétences indispensables et utiles (cf. chap. 7.2.4.1).
Au sujet de cette nouvelle vision, les personnes
interrogées ont exprimé le désir de voir les
élèves-maîtres formés à tous les programmes
de l'éducation de base (alphabétisation, préscolaire,
primaire, etc.) dans lesquels ils s'engagent après l'École
Normale Primaire. En anticipant les propositions que nous suggérerons
dans le chapitre 8, ceux qui n'ont pas eu cette formation pourront être
mis à niveau par l'intermédiaire de la formation continue. Cela
nous semble être une demande pertinente pour l'éducation. Une
partie de l'éducation de base ne doit pas être laissée au
hasard (aux aventuriers de l'éducation). La formation initiale de ces
enseignants est indispensable.
La formation initiale des enseignants devrait être
accompagnée par la formation continue dans leurs activités
pédagogiques. Les enquêtes nous ont montré que le manque de
la formation continue est un handicap pédagogique dans l'enseignement
primaire au Rwanda. Aucune structure de formation continue n'a
fonctionné dans l'histoire de l'éducation formelle au Rwanda. La
proposition de 1998 qui avait confié cette tâche aux écoles
normales avait suscité un grand espoir chez les enseignants. Cette
structure n'a fonctionné qu'une seule fois à propos d'un seul
nouveau programme (à l'école primaire), celui de la Science et de
la Technologie élémentaire, un programme financé par un
organisme allemand (GTZ). A l'échéance de ce projet, la formation
continue des enseignants du primaire assurée par les ENP s'est
arrêtée.
Bien que les personnes du Ministère interrogées
évoquent le manque du personnel compétent et
qualifié au sein des ENP, nous ne pouvons pas minimiser la
charge horaire hebdomadaire qui est celle des enseignants des autres
écoles secondaires. Normalement, il faudrait considérer la
spécificité des enseignants-formateurs des ENP. Le salaire
accordé aux enseignants ne motive pas les personnes qualifiées et
compétentes à s'engager dans ce secteur. Ce qui nous fait dire
que le problème de financement et de planification
souligné par des Directeurs des ENP nous semble être la cause
réelle de la non continuité de la formation des enseignants du
primaire au sein des Écoles Normales Primaires.
Il est tout à fait normal que des enseignants du
primaire expriment le besoin de se perfectionner en méthodologie et en
fabrication de matériel didactique. Au niveau des programmes
d'enseignement du primaire, beaucoup d'enseignants n'ont pas été
préparés à l'enseignement de deux langues
étrangères (Anglais et français) au primaire. Les
anciennes générations des ENP ont été
formées pour enseigner une seule langue étrangère
(français). Des enseignants interrogés pensent que la formation
continue des enseignants dans ce domaine est une urgence pour qu'ils puissent
assumer leur tâche avec compétence. Ils soulignent que le manque
de formation continue peut être une des causes de l'abandon scolaire et
de l'augmentation du taux de redoublement (l'école et la
méthodologie des enseignants sont mises en cause) même si le style
(de modèle humaniste) de la formation initiale des
élèves-maîtres vise à former des enseignants plus
doués qui, à leur tour, se font un devoir de former des enfants
plus doués. En conséquence, l'école n'est pas
aimée par des enfants moyens ou en difficulté dans
l'apprentissage. Le règlement de promotion automatique161(*) imposé par le
Ministère de l'éducation a fait couler beaucoup d'encre chez les
partisans de la promotion élitiste.
7.3.2. Activités pédagogiques parascolaires des
Ecoles Normales Primaires
L'évaluation des activités pédagogiques
réalisées par des élèves-maîtres de l'Ecole
Normale Primaire de Kirambo dans le cadre de l'Education Pour Tous nous permet
de dire que notre première hypothèse est confirmée dans sa
totalité. En effet, les élèves maîtres ont
participé à la diminution du nombre d'analphabètes ;
ils se sont donc engagés dans la réalisation de l'objectif
4 (alphabétisation des adultes) de l'éducation pour tous.
Certes, les ENP ont formé suffisamment d'enseignants
pour permettre aux écoles primaires d'avoir un personnel qualifié
et de recevoir un grand nombre d'enfants scolarisables. Bien que les
écoles normales primaires soient critiquées, personne ne conteste
leur rôle. Leur influence se concrétise dans des attitudes, des
comportements et le sens de responsabilité qu'elles offrent aux
élèves-maîtres par la formation pédagogique
initiale. Le Ministère est conscient que les ENP sont à mesure de
contribuer réellement à réduire le taux
d'analphabétisme. L'ENP Kirambo est un exemple dans ce domaine par le
club d'alphabétisation et son programme de rattrapage scolaire. L'ENP
Byumba en est un autre exemple par les clubs
« environnement » et « droit de
l'homme » qui considèrent l'alphabétisation comme moyen
de véhiculer les messages sur l'environnement et les droits de l'homme.
Si le Ministère pense qu'il est envisageable de former les
alphabétiseurs au sein des ENP, il faut nécessairement passer par
les moyens humains et financiers. C'est une des raisons qui fait que le
Ministère dit « pas pour le moment ».
En résumé, le rôle des Écoles
Normales Primaires est incontestable et devrait être incontournable.
Cependant son rôle est parfois contourné, et cela est
peut-être une des raisons du non aboutissement des plans d'action
d'éducation de base planifiés et conçus par les
techniciens et les consultants (venant des pays étrangers) au
Ministère de l'éducation. Cela rejoint la deuxième partie
de notre hypothèse : plus les Écoles Normales Primaires et
les enseignants seront impliqués dans la planification du plan d'action
pour l'Éducation Pour Tous, plus les objectifs de l'EPT et en
particulier ceux de l'Enseignement Primaire Universel, seront atteints. Bien
que l'atteinte des objectifs de l'EPT soit prévue pour l'année
2015, les tendances nous montrent que l'engagement des ENP peut influencer
favorablement le système éducatif et contribuer à la
réussite du processus de l'EPT. Notre hypothèse est donc
confirmée.
CHAPITRE 8
Propositions.
Au début de notre travail de recherche, nous avons
évoqué le problème lié à la non
participation des acteurs internes(enseignants et institutions de formation des
enseignants) du système éducatif dans l'élaboration des
plans d'action en éducation, spécialement celui de l'EPT. Les
résultats obtenus ont confirmé l'existence de ce problème.
Nous avions supposé que le bilan de l'Éducation Pour Tous au
Rwanda n'était pas satisfaisant, bien que la volonté d'y arriver
soit exprimée dans le plan d'action. Les efforts fournis pour la
réalisation de l'enseignement primaire universel sont louables bien que
les lacunes du système concernant la qualité soient
évidentes ( le surpeuplement des classes, la formation initiale des
enseignants non adaptée, la formation continue des enseignants ainsi que
la formation initiale des enseignants de préscolaire non
assurées). Le taux d'alphabétisation n'a pas connu d'augmentation
significative depuis la déclaration mondiale sur l'EPT (1990), puisque
nous sommes passés de 50% à 52% en quinze ans.
Suite à ces constats, nous avons voulu mener une
recherche pour déterminer si les Écoles Normales Primaires (la
seule structure actuellement chargée de la formation des enseignants de
l'éducation de base, surtout du primaire) pouvaient contribuer au
processus de l'EPT. Nous avons enquêté à l'intérieur
de ces écoles et au Ministère de l'éducation. Les avis des
uns et des autres nous ont prouvé que les Écoles Normales
Primaires ont un impact positif et un grand rôle à jouer pour la
réalisation des objectifs de l'EPT. Cela nous a permit d'identifier des
réalisations des Écoles Normales favorables à l'EPT et
d'analyser la mission possible des ENP. C'est à partir des lacunes
constatées et des manquements observés que nous voulons proposer
des remèdes et des solutions pratiques. Nos propositions se
résument en cinq points :
1. Améliorer l'éducation pour le bien-être
de la population
2. Attribuer aux ENP une place influente dans le processus de
l'EPT
3. Encourager les initiatives pédagogiques dans le
cadre de l'EPT
4. Renforcer la formation initiale dans le cadre de l'EPT
5. Planifier la formation continue des enseignants en faveur
de l'EPT
Proposition 1 :
Améliorer l'éducation pour le
bien-être de la population
Notre proposition rejoint la demande de la
société actuelle. Nous constatons que, de plus en plus,
l'éducation est mise en avant pour trouver une solution à tous
les problèmes ou combler un manque dans un domaine de la vie. On
souhaite l'éducation à la paix dans les pays en
guerre où la violation des droits de la personne est
omniprésente. On insiste sur l'éducation à la
justice quand une certaine injustice est exercée sur un groupe
dans la société. Le gouvernement ne parle que de
l'éducation à la citoyenneté quand les
valeurs de la citoyenneté et de la patrie ne sont plus à l'ordre
du jour. Tout le monde compte sur l'éducation sexuelle
pour résoudre le problème de la pandémie du Sida qui
ravage le monde, etc.
Au début de ce troisième millénaire,
l'Unesco parle de l'Éducation en vue du Développement
Durable parce que l'éducation a montré ses limites au
niveau du développement. Même si toute éducation vise
à une transformation comportementale de la personne et de la
société, toute éducation ne vise pas nécessairement
à une transformation durable. Cette recherche d'une éducation
adéquate n'a que le seul but : le bien être de la personne.
L'éducation formelle est-elle une solution ? Devrait-elle avoir une
recette toute faite pour tous temps et en tout lieu ? Les plans
d'éducation ne sont-ils pas liés à un contexte
donné ?
En effet, dans la période que nous vivons, le monde
entier s'est engagé à répondre aux besoins
éducatifs fondamentaux, d'où la volonté de
l'Éducation Pour Tous car toute personne a droit à
l'acquisition des compétences indispensables et utiles.
Concrètement, il revient à l'État d'assurer ce droit.
Pour répondre aux besoins éducatifs et
améliorer le bien-être de la population pour un
développement durable, les résultats de recherche montrent que le
système éducatif du Rwanda souffre d'un déficit dans
l'apprentissage des compétences indispensables de base. La science et la
technologie ne sont pas suffisamment développées dans
l'enseignement. Dans l'effort de mobilisation des ressources humaines et
financières de l'État, nous proposons au Gouvernement
d'orienter le système éducatif dans le domaine de la science et
de la technologie et d'assurer l'acquisition du minimum de
compétences à toute la population telles que nous les
présentons dans ce tronc commun des compétences de
base selon l'UNESCO:
DOMAINES
Compétences de la vie courante
Mathématiques
Lecture
Écriture
Résolution de problèmes
Savoir-faire sociaux
Compter, écrire, comparer, comprendre
Vocabulaire, compréhension de la lecture,
écriture
Indentification de mots, synonymes, antonymes, lecture et
compréhension de textes, courts et d'images, écriture et copies
de courtes phrases
Nombres entiers, décimales, fractions, tableaux,
graphiques, figures
Santé, hygiène, nutrition, vie quotidienne,
environnement social et naturel
Addition, soustraction, division et multiplication
Proposition 2 :
Attribuer aux Écoles Normales Primaire une place
influente dans le processus de l'Éducation Pour Tous.
Les résultats de la recherche nous ont prouvé
que la planification de l'éducation est centralisée par le
Ministère de l'éducation. Les plans d'action dans le domaine de
l'éducation souffrent de la non-participation des acteurs techniques
exécutants (Institutions de formation des enseignants du primaire et
population enseignante). Ils ne sont ni impliqués, ni consultés
au cours de la réalisation des plans d'éducation et de la prise
de décisions relatives à l'enseignement. L'insuffisance
d'informations sur la politique du Gouvernement en matière
d'éducation est aussi un obstacle majeur pour la réalisation des
objectifs de l'éducation pour tous.
Les résultats de la recherche nous ont montré
que les Ecoles Normales Primaires ont un impact positif sur le
système éducatif et une influence auprès de la population
enseignante. C'est dans ce contexte que nous proposons qu'on
attribue aux ENP une place influente dans le processus de l'EPT. Cela
exige que les ENP aient une place dans la structure institutionnelle
sur l'éducation pour tous et la préparation des plans
d'action. L'information sur le plan d'action et son exécution
éventuelle sont importantes pour qu'elles puissent contribuer
réellement au processus de l'EPT. Dans le processus de
réalisation de l'Enseignement Primaire
Universel, on n'omettra plus le rôle principal des
écoles chargées de la formation des maîtres. Leurs avis
seront sollicités. Tel est le souhait des personnes interrogées.
Pour finir, les résultats de la recherche nous
amènent à constater que le secteur de l'éducation n'a pas
un système d'information adéquat; beaucoup d'enseignants n'ont
pas assez d'informations sur la politique du Gouvernement concernant le
l'Éducation Pour Tous. Il est souhaitable que le Ministère de
l'éducation renforce son système d'information en
utilisant les différents médias. Nous nous appuyons sur
la vision de l'Unesco pour dire qu' « il faut utiliser au maximum les
médias dans la marche vers les objectifs de l'EPT. La
décentralisation, fondée sur le partenariat avec la
presse (journaux et magazine), avec la radio, la
télévision et le cinéma,
peut s'avérer précieuse ». C'est par les médias
qu'on peut informer un grand nombre de personnes à la fois et attirer
l'attention du public. Les médias sont les moyens les plus efficaces
pour transmettre au public des idées et des informations. D'autres
moyens utilisables sont les campagnes d'affichages dans des lieux
publics : églises, écoles, marchés, centres
commerciaux, bureaux administratifs, centres de santé, hôpitaux,
gares routières, ronds points, etc. C'est par une campagne de
sensibilisation à l'Éducation Pour Tous et la
publication du plan d'action de l'EPT auprès des
enseignants et des ENP que les objectifs de l'EPT peuvent être compris.
Il est souhaitable que ce plan d'action de l'EPT et la politique
éducative soient disponibles dans toutes les langues utilisées au
Rwanda (Kinyarwanda, Français et Anglais) pour permettre à tous
les Rwandais d'y participer. C'est une des stratégies possibles pour
mobiliser le peuple et susciter des initiatives.
Proposition 3 :
Encourager des initiatives pédagogiques dans le
cadre de l'Éducation Pour Tous.
Les résultats de la recherche nous indiquent que les
ENP sont bien placées dans le diagramme du partenariat de l'EPT pour
pouvoir participer activement au processus. En plus de la formation initiale
qui est la première mission de l'école normale, son engagement
dans la communauté locale en matière d'éducation est
indispensable. C'est dans ce domaine que nous formulons nos propositions.
Des initiatives pédagogiques en faveur de la population
environnante sont possibles ; d'abord parce que l'Ecole Normale est
outillée pédagogiquement ; ensuite les
élèves-maîtres après une année de formation
pédagogique, sont en mesure d'alphabétiser. Grâce au
régime d'internat, ils disposent suffisamment de temps pendant le
week-end; enfin, les activités parascolaires sont prévues dans
l'emploi du temps de l'internat. En s'appuyant sur l'expérience de
l'ENP Kirambo, nous proposons que les clubs d'alphabétisation
soient généralisés dans les onze ENP et encouragés
pédagogiquement et financièrement.
Considérant les lacunes évoquées au sujet
des centres d'alphabétisation, la nécessite d'ouvrir
l'école à son milieu et d'en faire un milieu d'apprentissage, il
est souhaitable que les écoles normales contribuent à la
réalisation de l'EPT. Cette contribution doit se réaliser dans le
cadre des formations initiale et continue des alphabétiseurs. A partir
des résultats observés, nous proposons que des ENP puissent mener
les actions pédagogiques suivantes:
· former les alphabétiseurs et un groupe
des volontaires pour l'encadrement.
· former un groupe cible de formateurs
d'alphabétiseurs.
Ces actions peuvent être réalisées avec
l'aide du Ministère de l'éducation avec celle d'autres
ministères ayants dans leurs attributions l'éducation et le
bien-être de la population ainsi qu'avec le pouvoir
décentralisé dans les Provinces.
Proposition 4 :
Renforcer la formation initiale dans le cadre de
l'Éducation Pour Tous.
Les résultats de notre recherche en concordance avec la
vision de l'UNESCO en matière d'Éducation Pour Tous affirment que
la formation initiale des enseignants du primaire a besoin d'une réforme
puisque le programme actuel ne répond pas aux attentes de
l'éducation en vue d'un développement durable. Les
stratégies traditionnelles d'enseignement et d'apprentissage
appliquées à la formation initiale des enseignants ont besoin
des nouvelles orientations et de nouveaux contenus.
Nos propositions dans ce domaine prennent en
considération l'histoire de l'éducation. L'enseignement
était conçu comme un transfert de connaissances entre
l'enseignant et l'enseigné. L'acte pédagogique en classe
consistait à faire acquérir par l'apprenant un ensemble de
savoirs organisés en séquences ou en objectifs. L'apprenant bien
formé était celui qui obtenait la meilleure note puisqu'il
suivait convenablement l'enseignant pendant l'acte pédagogique.
Cependant, ces acquis scolaires planifiés en dehors de
l'apprenant, sont parfois passagers et souvent peu utiles. Cela a
été prouvé par des recherches en apprentissage et en
pédagogie cognitive. Il est souhaitable que le système
éducatif soit orienté vers un apprentissage qui permette à
l'apprenant d'apprendre pour comprendre, pour construire lui-même son
savoir en faisant quelque chose qui l'intéresse et le motive.
Pour stimuler les potentialités de l'apprenant, il est
souhaitable que le système éducatif favorise les
compétences qui intègrent les savoirs et les savoir-faire plus
complexes et plus autonomes.
Dans ce contexte, nous proposons que les ENP adoptent
l'Approche par compétences dans la formation initiale
comme modèle de formation. Nous proposons que cette
approche soit appliquée en relation avec le modèle de formation
béhavioriste. En l'utilisant nous suggérons qu'on tienne
compte des points essentiels du modèle de formation scientifique pour
remédier aux désavantages constatés dans le modèle
de formation béhavioriste (voir chapitre 4).
Il est important de savoir que l'approche par
compétences prônée par les objectifs de l'Éducation
Pour Tous doit conduire à des modifications pédagogiques
importantes, concernant les programmes d'études, le rôle et les
tâches de l'enseignant auprès des apprenants, les contenus et
orientations des programmes de formation initiale et continue des enseignants.
L'apprenant doit être l'acteur principal, les stratégies
d'apprentissage devenant plus importantes que les méthodes
d'enseignement. La psychologie de l'apprentissage doit accorder la
priorité aux activités de formation qui permettent aux
enseignants de mieux connaître les façons d'apprendre de
l'élève. La pratique de l'évaluation formative permet
à l'enseignant de mieux évaluer l'élève et de
l'accompagner dans ses progrès. La didactique
interdisciplinaire favorise une meilleure conception des activités
pédagogiques.
L'approche par compétences est la seule démarche
qui est appliquée dans des programmes de formation des enseignants des
systèmes éducatifs162(*) plus avancés dans des pays riches comme USA,
Angleterre, Japon, etc. Dans ces pays, le futur enseignant doit être
capable de mobiliser son savoir et son savoir-faire dans des situations
pédagogiques réelles. Le nombre des grandes compétences
touche les éléments essentiels du savoir faire d'un
enseignant : concevoir des situations d'apprentissage, aider et
évaluer les élèves dans l'apprentissage, donner le
goût d'apprendre et de produire, animer et communiquer efficacement,
résoudre les difficultés pédagogiques, intégrer les
technologies de l'information, travailler avec l'équipe éducative
et les parents, continuer à se perfectionner, etc. C'est dans ce
contexte que nous proposons que la formation initiale des enseignants
soit élargie dans le cadre de l'éducation de base.
Depuis le début de l'histoire de l'éducation au
Rwanda, bien que la formation des enseignants du programme de
rattrapage (réinsertion des enfants
déscolarisés ou non scolarisés)
soit centralisée au ministère de
l'éducation, aucune structure formelle ne se charge de la
formation des enseignants du préscolaire.
Considérant que ce sont des lauréats des Ecoles Normales
Primaires qui sont le plus souvent engagés dans ce niveau de formation,
il est souhaitable qu'on introduise ces programmes dans la
formation dispensée par des ENP.
En général, le préscolaire fait partie
intégrante du système d'éducation primaire.163(*) Dans l'objectif de la
protection et d'éducation de la petite enfance, l'Unesco affirme que
l'apprentissage précoce a un fort effet positif sur les apprentissages
ultérieurs dans le primaire et au-delà. Nous proposons que les
écoles primaires d'application des ENP intègrent aussi
deux ans de préscolaire. Cela est le grand souhait
exprimé par des personnes interrogées. L'objectif
pédagogique est de permettre aux élèves maîtres de
faire leur stage dans cette partie de l'éducation de bas âges,
dans laquelle ils sont engagés à la sortie de l'École
Normale.
Quant au programme de rattrapage, il a pour but de
réinsérer les enfants déscolarisés et
d'insérer les enfants non scolarisés dans le système
éducatif. Cet objectif est dans la mouvance de l'Unesco qui recommande
aux pays de prévoir des programmes destinés à
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux des groupes
défavorisés, des jeunes non scolarisés et des adultes
n'ayant pas ou ayant difficilement accès aux services de
l'éducation fondamentale. Suite aux résultats de la recherche,
nous proposons que chaque ENP ait un programme de rattrapage à
l'exemple de l'ENP Kirambo (11 centres sur 70 centres prévus au
niveau national dans le Plan Stratégique du Secteur de
l'Éducation). Cela permettra aux élèves-maîtres de
bénéficier de la formation pédagogique et du stage
pédagogique dans cette partie de l'éducation de base. Il faudrait
souligner que la formation continue des enseignants du programme de rattrapage
est assurée par le Ministère, bien que la formation des
enseignants du primaire n'est pas planifiée.
Proposition 5 :
Planifier la formation continue des enseignants en
faveur de l'Éducation Pour Tous.
Il est universellement reconnu que le stage pédagogique
et la formation continue devraient être au centre de la formation des
enseignants, d'autant plus que le stage forme l'idéal de
développement et de démonstration des aptitudes
pédagogiques et des connaissances professionnelles. Les résultats
de la recherche nous montrent une autre réalité de la formation
en rapport à ce que nous avons dit dans le cadre théorique sur la
formation continue. Nous constatons que la formation continue ne doit pas
servir seulement au développement des enseignants, elle doit servir
surtout à améliorer la réussite scolaire des
élèves et à augmenter le rendement
pédagogique de l'école. Nous proposons que la
formation continue soit planifiée dans le but de la réussite
scolaire. Ce qui exige la planification des activités qui
développent la capacité des enseignants dans le but d'apprendre
à travailler ensemble au sein de l'équipe éducative et de
s'engager dans une démarche de recherche conceptuelle
pédagogique. Cela permettra de développer l'esprit d'analyse
rationnel et d'échange sur l'amélioration des pratiques
pédagogiques.
La formation continue doit considérer la
nouveauté dans l'approche pédagogique. La Technologie de
l'Information et de la Communication a beaucoup influencé les
changements de conception des sociétés. Elle a diversifié
les sources d'apprentissage de l'élève. Les enseignants n'ont
plus le monopole de la transmission du savoir. C'est dans ce contexte que le
rôle de l'enseignant doit être redéfini. Dans ce sens, nous
proposons que les enseignants soient formés pour acquérir
de nouvelles compétences dans le domaine des nouvelles
approches en méthodologie (ou stratégies
d'enseignement), des disciplines enseignées au primaire et de la
fabrication du Matériel Didactique.
La formation initiale doit tenir compte aussi du changement de
la famille rwandaise. La cellule familiale a éclaté et nombreux
enfants ne vivent plus avec leurs parents ou n'ont plus de parents. Le
génocide a laissé des traces douloureuses et des questions sans
réponses. Les jeunes se tournent vers l'école pour chercher
à se situer eux-mêmes et à comprendre le pays dans lequel
ils vivent. Or, les enseignants n'ont pas été
préparés à répondre à ces questions, ils
n'ont ni préparation, ni compétence. Dans ce contexte
nous proposons que des enseignants aient une formation adéquate
en psychologie de traumatismes et dans l'accompagnement des enfants
traumatisés. L'enseignant doit être formé pour
pouvoir aider les élèves à trouver la solution aux
problèmes de la vie courante tels que : l'intolérance, la
violence, l'agression et la discrimination sexuelle, la drogue, le VIH/Sida, le
manque de respect, etc. Ainsi les compétences à développer
chez les enseignants, aussi bien en formation initiale que continue, ne sont
donc pas uniquement pédagogiques, loin de là.
CONCLUSION
Au terme de ce travail, nous rappelons que l'objectif
principal était d'examiner l'impact des Écoles normales Primaires
sur l'EPT. La problématique de ce travail est liée d'abord
à la non participation de ces Écoles Normales à la
planification et à l'élaboration du plan d'action de
l'Éducation Pour Tous, ensuite à la lenteur de la progression de
l'Éducation Pour Tous. Le Rwanda n'enregistre pas de progrès
significatif dans la réduction du taux d'analphabètes (2% dans la
période de 15ans). Enfin, notre problématique est liée aux
lacunes du système éducatif rwandais qui ne cesse d'enregistrer
une baisse continuelle de la qualité de l'enseignement : les taux
d'abandon et de redoublement sont encore élevés.
Dans la recherche des causes et des solutions, nous avons
avancé l'hypothèse que « l'engagement des
Écoles Normales Primaires dans la mise en oeuvre des objectifs de
l'Éducation Pour Tous influence favorablement le taux de réussite
scolaire et d'alphabétisation. Il existe une relation entre le
système éducatif et les Centres de Formation Pédagogique
(ENP/TTC) relativement aux objectifs de l'Éducation Pour
Tous.
Plus les Écoles Normales Primaires sont
impliquées dans la planification et dans l'exécution du Plan
d'Action pour l'Éducation pour tous, plus les objectifs de
l'Éducation Pour Tous, et en particulier les objectifs de l'Enseignement
Primaire Universel, seront atteints ».
Pour avoir suffisamment d'informations significatives, nous
avons choisi de mener une enquête plus qualitative que quantitative
auprès de la Coordination National de l'Éducation Pour Tous au
Rwanda, du Secrétariat de l'EPT au Ministère de
l'éducation, de la Direction de l'enseignement préscolaire et
primaire au Ministère de l'éducation, des onze Directeurs des ENP
et de vingt deux enseignants. Notre instrument de recherche était
basé sur le questionnaire d'enquête et d'interview. L'analyse des
résultats nous a permis d'atteindre les objectifs fixés au
départ.
Nous avons d'abord identifié les réalisations
des Écoles Normales Primaires en faveur de l'EPT. Ces dernières
années, les ENP ont formé initialement un grand nombre
d'enseignants du primaire, ce qui justifie l'augmentation du taux de
qualification ( plus de 2500 enseignants/an) et la hausse de niveau
d'étude (pour les enseignants qui n'étaient pas
qualifiés). Des activités pédagogiques parascolaires des
élèves-maîtres organisées à
l'intérieur des clubs d'alphabétisation nous ont permis de
constater que les ENP peuvent contribuer à la réduction du taux
d'analphabètes. Cela nous a permis de confirmer une partie de notre
hypothèse de recherche.
Ensuite, les résultats observés nous ont permis
d'évaluer la mission des Écoles Normales Primaires. Nous avons
constaté que leur première mission, la formation initiale des
futurs enseignants du primaire, est bien remplie, bien que les programmes ne
répondent pas aux attentes des objectifs de l'EPT. La réforme est
à l'ordre du jour pour améliorer les méthodes de formation
qui exigent actuellement de nouvelles approches méthodologiques (ou
stratégiques). Leur deuxième mission qui concerne la formation
continue des enseignants en fonction enregistre un échec. Cette
formation, confiée aux ENP par la proposition 98 du Ministère de
l'éducation, n'a connu qu'un début de réalisation avec le
nouveau programme de Sciences et Technologies Élémentaires au
primaire (programme financé par GTZ : ONG allemande). Le manque de
planification et de financement sont des obstacles majeurs à la
réalisation de cette mission. La formation continue n'est donc pas
assurée, ce qui contribue à l'échec scolaire et à
la baisse de la qualité de l'enseignement primaire.
Enfin, l'analyse de résultats nous a prouvé que
les ENP peuvent contribuer à la réussite scolaire en
améliorant la qualité de la formation initiale des enseignants et
en assurant la formation continue. Cela confirme totalement notre
hypothèse de recherche, par le fait que la qualité de
l'enseignement ne peut être améliorée qu'à partir de
la valorisation des formations initiale et continue des enseignants. Ces
résultats nous ont prouvé aussi que la réussite scolaire
au Rwanda exige le changement des méthodes d'enseignement. Il faut
passer de l'enseignement traditionnel aux méthodes actives bien
pratiquées et bien comprises. Cependant les ressources humaines doivent
être encouragées par un salaire convenable pour que les ENP aient
le personnel qualifié et compétent.
Au terme de ce travail, peut-on dire ce qu'il apporte en lien
avec la mission des Ecoles Normales Primaires? Cette étude nous a permis
de découvrir que, en plus de la formation initiale des enseignants du
primaire, les ENP peuvent assurer d'autres missions en faveur de
l'éducation. Des résultats nous ont fait comprendre que la
formation initiale des enseignants du primaire doit être élargie
à toute l'éducation de base, d'autant plus que des
lauréats des ENP, préparés uniquement pour le primaire,
s'engagent dans l'enseignement préscolaire, dans le programme de
rattrapage et d'alphabétisation des adultes (plus de 15 ans). Puisqu'il
n'y a aucune autre structure chargée de la formation des enseignants de
l'éducation de base, il est souhaitable que le problème soit
étudié pour intégrer ces programmes dans les ENP. Le
besoin éducatif du terrain demande aussi que les alphabétiseurs
soient formés pédagogiquement au sein des ENP. Ces écoles
doivent être des communautés d'apprentissages ouvertes à
leur entourage.
Le constat est aussi que les Écoles Normales sont bien
placées pour la sensibilisation à l'Éducation Pour Tous
de qualité par la qualité de la formation des enseignants. Elles
sont réellement la voie sûre pour la réalisation de toute
réforme scolaire et de tout changement de méthode
pédagogique dans le système éducatif. Nous l'avons vu au
cours de l'analyse des résultats : les causes de l'abandon et de
redoublement sont liées aux lacunes du système éducatif
(sa structure et la formation continue non assurée).
Bref, il y a une grande relation systémique entre le
système éducatif et les instituts de formation des enseignants,
entre la formation des enseignants et la réussite scolaire des
apprenants. Souvent, on ne tient pas compte de cette réalité.
L'étude de l'impact de la formation des enseignants comme
facteur de réussite scolaire peut apporter davantage
d'affirmations objectives sur ce phénomène. Bien que notre
étude nous ait permis de réaliser que le processus de
l'Éducation Pour Tous implique de nombreux facteurs et beaucoup de
partenaires, il reste à développer les stratégies de
contribution de ces partenaires dans un processus éducatif qui
permettent à chacun de donner sa contribution. L'Éducation Pour
Tous est l'affaire de tout le monde. Nous avons un seul choix :
éduquer. Autrement dit, selon Joseph Ki-Zerbo, « il n'y a plus
de choix que d'éduquer, et de le faire vite et bien. Dans des
sociétés en crise où l'urgence criante et permanente
frappe tous les domaines de la vie, les choix doivent être à la
fois immédiats et radicaux. Éduquer ou Périr, c'est bien
ainsi que se pose l'interrogation de l'avenir »164(*)
Références
bibliographiques.
LIVRES :
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formation des enseignants, PUF, Paris, 1983.
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tous : Le monde est-il sur la bonne voie? Rapport
mondial de suivi sur l'EPT, éditions UNESCO, Paris, 2002.
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des enseignants, PUF, Paris 1990.
4. DE LANDSHEERE V., L'éducation et
formation, PUF, Paris, 1992.
5. DELORS, J., Éducation, un trésor est
caché dedans, Éditions UNESCO, Paris, 1999.
6. DELSAUT, Y., La place du maître : Une
chronologie des Écoles Normales d'Instituteurs,
éditions l'Harmattan, Paris, 1992.
7. FARRANT, Principles and practice of
Education, 1994.
8. FERRY G., Le Trajet de la formation : les
enseignants entre la théorie et la pratique,
Dunod, Paris, 1983.
9. Freire, P., L'éducation, pratique de la
liberté, Seuil, Paris, 1971.
10. FULLER F. F., Personalised education for
teachers: an introduction for teacher educators, Austin,
Texas of University Texas, 1970.
11. HOUSTON W. R., Exploring competency based
education, Berkeley, McCutchan, 1974.
12. KI-ZERBO J., éduquer ou
périr, UNICEF, UNESCO, Paris, 1990.
13. LAZARUS, R., Adult literacy, second
stage, in T. Husén and T.N. Post-lethwaite, o.c.,
202-2005, Oxford, Pergamon, 1985.
14. LEMOSSE M.,
Le « professionnalisme » des
enseignants : le point de vue anglais, Recherches et
formation, PUF, Paris, 1989.
15. MAXIMIN, L. Les Écoles Normales de Saint
Jean-Baptiste de la Salle : étude historique et
critique, Bruxelles, 1922.
16. MORIN, Lucie et Louis BRUNET, Philosophie de
l'éducation : 1. Sciences de
l'Éducation, Presses de l'Université Laval,
Québéc., 1992.
17. N'DA, P., Méthodologie de la recherche de
la problématique à la discussion des
résultats, EDUCI, Abidjan, 2002.
18. UNESCO, rapport mondial sur
l'éducation, Éditions Unesco, 1998.
19. UNESCO, Éducation pour tous : situation et
tendances; Occasions perdues : Quand l'école faillit
à sa mission, éditions UNESCO, Paris,
1998.
20. VINAYAGUM Ch., L'éducation pour
tous : quelle qualité? Manuel pour le suivi
permanant des acquis scolaires, Éditions UNESCO, Paris, 2000.
Ouvrages de référence :
1. RAYNAL F. et REUNIER A. Pédagogie :
dictionnaire des concepts clés; apprentissages,
formation et psychologie cognitive, ESF Paris, 1997.
2. Dictionnaire de Psychologie PUF,
Paris, 1991.
3. AVANZINI G. Dictionnaire Historique de
l'Éducation Chrétienne : Collection des
Sciences de l'Éducation, Édition Don Bosco
Paris, 2001.
4. SHEILA M. Haggis (1997), Manuel pour la formation
des enseignants dans le cadre de l'éducation pour tous
(deux volumes), UNESCO, Paris, 1997.
5. HUNTER G. St. J., Adult Literacy. Developed
countries in T. Husén et T.N. Postlethwaite, The International
Encyclopaedia of Education, Oxford, Pergamon, 1985.
ARTICLES PERIODIQUES :
1. CHUNG Fay, « Quand l'école sort
de ses murs; Salvador : des parents directeurs
d'école », Le Courrier de l'UNESCO, Mars 2000,
p.26.
2. FAUGERE Pierre, « Éducation pour
tous : Mobilisation des Chefs d'État du
Sahel », Afrique Éducation n°79,
février 2001, p. 28.
3. MATSUURA Koïchiro, « Quand
l'école sort de ses murs : Une révolution
copernicienne », Le Courrier de l'UNESCO, Mars 2000,
p.17.
OUVRAGES GOUVERNEMENTAUX :
1. Ministère de Finance et de Planification
économique, Vision 2020, Kigali, Gouvernement
du Rwanda, 2002.
2. Ministère de l'Éducation, La Politique
Sectorielle de l'Éducation, Kigali, Gouvernement du Rwanda,
2002.
3. Ministère de l'éducation,
Éducation Pour Tous : Plan
d'Action, Kigali, Gouvernement du Rwanda, 2003.
4. Ministère de l'éducation, Plan
Stratégique du Secteur de l'Éducation 2004-2008,
Kigali, Gouvernement du Rwanda, 2003.
5. Ministère de l'éducation,
Enseignement Primaire 2003-2004 : recensement
statistique, Kigali, Gouvernement du Rwanda, 2004.
6. Ministère de l'éducation, Loi
organique N°20/2003 du 03/08/2003 portant organisation de
l'éducation, Kigali, Gouvernement du Rwanda, 2003.
7. Ministère de l'éducation
Psychopédagogie, 6ème de l'École
Normale Primaire, Kigali, Gouvernement du Rwanda, 1988.
8. Ministère de l'éducation, Rapport
sommaire sur les visites d'étude en Tanzanie et au Kenya,
Kigali, Gouvernement du Rwanda, 2004.
9. Ministère de l'éducation, Rapport
national : le développement de
l'éducation1990-2000, Kigali, Gouvernement du Rwanda,
2001.
INTERNET:
1.
http://www.edu-int.org/2004-03-fr/2004-03-00.html
2.
http://www.edu-int.org/2004-03-fr/2004-03-00.html
3.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/maulini/formation-ch.html
Annexes
ANNEXE I
DECLARATION MONDIALE SUR L'EDUCATION POUR
TOUS : REPONDRE AUX BESOINS EDUCATIFS FONDAMENTAUX.
L'éducation pour
tous : les objectifs
Article I - Répondre aux
besoins éducatifs fondamentaux
1. Toute personne - enfant, adolescent
ou adulte - doit pouvoir bénéficier d'une formation
conçue pour répondre à ses besoins éducatifs
fondamentaux. Ces besoins concernent aussi bien les outils d'apprentissage
essentiels (lecture, écriture, expression orale, calcul,
résolution de problèmes) que les contenus éducatifs
fondamentaux (connaissances, aptitudes, valeurs, attitudes) dont l'être
humain a besoin pour survivre, pour développer toutes ses
facultés, pour vivre et travailler dans la dignité, pour
participer pleinement au développement, pour améliorer la
qualité de son existence, pour prendre des décisions
éclairées et pour continuer à apprendre. Le champ des
besoins éducatifs fondamentaux et la manière dont il convient d'y
répondre varient selon les pays et les cultures et évoluent
inévitablement au fil du temps.
2. En pourvoyant à ces besoins, on
confère aux membres de toute société la
capacité - ainsi que la responsabilité correspondante -
de respecter et faire fructifier leur patrimoine culturel, linguistique et
spirituel commun, de promouvoir l'éducation d'autrui, de défendre
la cause de la justice sociale, de protéger l'environnement, de se
montrer tolérants envers les systèmes sociaux, politiques ou
religieux différents du leur, en veillant à ce que les valeurs
humanistes communément admises et les droits de l'homme soient
sauvegardés, et d'oeuvrer pour la paix et la solidarité
internationales dans un monde caractérisé par
l'interdépendance.
3. Un autre but, non moins fondamental, du
développement de l'éducation est la transmission et
l'enrichissement des valeurs culturelles et morales communes. C'est en elles
que l'individu et la société trouvent leur identité et
leur valeur.
4. L'éducation fondamentale n'est pas
seulement une fin en soi. Elle est l'assise d'une formation permanente et d'un
développement de l'être humain, sur laquelle les pays peuvent
édifier de façon systématique d'autres niveaux et d'autres
types d'éducation et de formation.
L'éducation pour
tous : une vision plus large et un engagement renouvelé
Article II - Élargir notre
vision
1. S'employer à répondre aux
besoins éducatifs fondamentaux de tous ne saurait se réduire
à réinvestir dans l'éducation fondamentale telle qu'elle
existe actuellement. Une vision plus large s'impose, afin d'aller
au-delà des moyens présentement mis en oeuvre, des structures
institutionnelles, des programmes d'enseignement et des systèmes
classiques de formation, tout en s'appuyant sur ce qu'il y a de meilleur dans
la pratique actuelle. L'accroissement quantitatif de l'information et la
capacité de communication sans précédent avec laquelle il
se conjugue engendrent aujourd'hui des possibilités inédites,
dont nous devons tirer parti avec inventivité et avec la volonté
de parvenir à une plus grande efficacité.
2. Cette approche élargie implique les
orientations ci-après, développées dans les articles III
à VII :
- Universaliser l'accès et promouvoir
l'équité ;
- Mettre l'accent sur la réussite de
l'apprentissage ;
- Élargir les moyens et le champ de
l'éducation fondamentale ;
- Améliorer le contexte de
l'apprentissage ;
- Renforcer les partenariats.
3. Les individus ne pourront réaliser
leurs potentialités considérables et ne seront à
même de contribuer au progrès de l'humanité que si on leur
donne les moyens d'acquérir l'instruction et les bases dont ils ont
besoin pour puiser dans la masse toujours croissante de connaissances
susceptibles de leur être utiles et pour mettre à profit les
nouveaux moyens de transmission de ce savoir.
Article III - Universaliser
l'accès et promouvoir l'équité
1. Tous les enfants, tous les adolescents et
tous les adultes devraient avoir accès à l'éducation
fondamentale. À cette fin, il convient de développer les services
éducatifs de qualité et de prendre des mesures
systématiques pour réduire les disparités.
2. Pour être équitable,
l'éducation fondamentale doit offrir à tous les enfants, tous les
adolescents et tous les adultes la possibilité d'atteindre un niveau
d'instruction satisfaisant et de s'y maintenir.
3. La priorité absolue devrait
être d'assurer l'accès des filles et des femmes à
l'éducation et d'améliorer la qualité de la formation qui
leur est dispensée, ainsi que de lever tous les obstacles à leur
participation active. Tous les stéréotypes sexuels sont à
bannir de l'éducation.
4. Il faut s'attacher activement à
éliminer les disparités éducatives qui peuvent exister au
détriment de certains groupes. Les pauvres, les enfants des rues et les
enfants qui travaillent, les populations des zones rurales ou reculées,
les nomades et les travailleurs migrants, les populations autochtones, les
minorités ethniques, raciales et linguistiques, les
réfugiés, les personnes déplacées par la guerre,
les populations sous régime d'occupation, ne doivent subir aucune
discrimination dans l'accès aux formations.
5. Les besoins éducatifs des
handicapés exigent une attention spéciale. Il est
nécessaire de prendre des mesures pour assurer, dans le cadre même
du système éducatif, l'égalité d'accès
à l'éducation de toutes les catégories de personnes
handicapées.
Article IV - Mettre l'accent
sur la réussite de l'apprentissage
L'élargissement des possibilités de formation ne
peut aboutir, en dernière analyse, au développement
véritable de l'individu ou de la société que si les
formations offertes se traduisent par des apprentissages effectifs,
c'est-à-dire par l'acquisition des connaissances, de la capacité
de raisonnement, des savoir-faire et des valeurs utiles L'éducation
fondamentale doit donc être axée sur l'acquisition effective et
les résultats de l'apprentissage, et non pas sur le seul fait de
s'inscrire à une formation, de la suivre jusqu'à son terme et
d'obtenir le certificat qui la sanctionne. Les méthodes actives,
fondées sur la participation, sont particulièrement aptes
à assurer cette acquisition et à permettre à ceux qui
apprennent de réaliser pleinement leurs potentialités. Il est
nécessaire de définir pour chaque programme éducatif des
niveaux d'acquisition satisfaisants et d'appliquer des systèmes
améliorés d'évaluation des résultats.
Article V - Élargir les
moyens et le champ de l'éducation fondamentale
La diversité et la complexité des besoins
d'apprentissage fondamentaux des enfants, des adolescents et des adultes, ainsi
que l'évolution de ces besoins, nécessitent d'élargir et
de constamment redéfinir le champ de l'éducation fondamentale,
afin de prendre en compte les éléments suivants :
- L'apprentissage commence dès la naissance. Cela
implique que l'on accorde l'attention voulue aux soins aux enfants et à
leur éducation initiale, qui peuvent être dispensés dans le
cadre d'arrangements faisant intervenir les familles, la communauté ou
des structures institutionnelles, selon les besoins.
- Le principal système de formation assurant
l'éducation fondamentale des enfants en dehors de la famille est
l'école primaire. L'enseignement primaire doit être universel,
apporter une réponse aux besoins éducatifs fondamentaux de tous
les enfants et tenir compte de la culture et des besoins de la
communauté ainsi que des possibilités offertes par celle-ci. Des
formations supplémentaires de substitution peuvent être mises en
place pour contribuer à répondre aux besoins des enfants qui
n'ont pas accès à l'enseignement scolaire ou n'y ont qu'un
accès limité, à condition qu'elles respectent les normes
pédagogiques appliquées à l'enseignement scolaire et
bénéficient d'un financement suffisant.
- Les besoins d'apprentissage fondamentaux des adolescents et
des adultes sont variés et il convient pour les satisfaire de recourir
à des systèmes de formation divers. Des programmes
d'alphabétisation sont indispensables car l'alphabétisation est
un apprentissage nécessaire en soi qui se trouve à la source des
autres compétences essentielles de l'existence. L'alphabétisation
dans la langue maternelle renforce l'identité culturelle et la prise de
conscience du patrimoine culturel. D'autres besoins pourront être
satisfaits par une formation professionnelle, par l'apprentissage d'un
métier et par des programmes d'éducation formelle et non formelle
concernant la santé, la nutrition, la population, les techniques
agricoles, l'environnement, la science, la technologie, la vie familiale -
y compris une information en matière de fécondité -
et d'autres problèmes de société.
- Tous les instruments et canaux d'information, de
communication et d'action disponibles pourraient être mis à
contribution pour aider à transmettre les connaissances essentielles et
pour informer et éduquer le public dans le domaine social. À
côté des supports traditionnellement utilisés, il convient
d'exploiter le potentiel qu'offrent les bibliothèques, la
télévision, la radio et les autres moyens d'information pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de tous. Ces divers
éléments devraient constituer un système
intégré, c'est-à-dire être complémentaires,
se renforcer mutuellement et répondre à des normes comparables,
et ils devraient contribuer à la mise en place et au
développement de possibilités d'éducation permanente.
Article VI - Améliorer le
contexte de l'apprentissage
L'apprentissage ne peut être conçu
isolément. C'est pourquoi la société doit assurer à
tous les apprenants l'alimentation, les soins de santé et, d'une
manière générale, le soutien physique et affectif dont ils
ont besoin pour participer activement à leur propre éducation et
en tirer bénéfice. Les programmes éducatifs communautaires
destinés aux adultes devraient inculquer à ceux-ci les
connaissances et les savoir-faire requis pour améliorer les conditions
d'apprentissage des enfants. L'éducation des enfants et celle de leurs
parents ou des autres personnes qui en ont la garde se renforcent
réciproquement et cette interaction devrait être mise à
profit pour que l'apprentissage de tous s'effectue dans un climat stimulant et
chaleureux.
Article VII - Renforcer les
partenariats
C'est aux autorités nationales, régionales et
locales responsables de l'enseignement qu'il incombe plus
particulièrement de mettre en place des services éducatifs de
base pour tous, mais on ne saurait attendre d'elles qu'elles fournissent toutes
les ressources humaines, financières ou institutionnelles requises pour
cette tâche. Des partenariats nouveaux et plus actifs doivent se
constituer à tous les niveaux : partenariats entre les divers
sous-secteurs et les diverses formes de l'éducation, tenant compte du
rôle spécifique des enseignants et de celui des administrateurs et
autres personnels de l'éducation ; partenariats entre
l'éducation et d'autres départements ministériels,
notamment ceux du Plan, des finances, de la santé, du travail, de la
communication et d'autres secteurs sociaux ; partenariats entre
l'État et les organisations non gouvernementales, le secteur
privé, les collectivités locales, les groupes religieux et les
familles. Il est particulièrement important de reconnaître le
rôle crucial joué par les familles comme par les enseignants.
À cet égard, il est urgent que les conditions de service et le
statut des enseignants, qui constituent un facteur déterminant de la
mise en oeuvre de l'éducation pour tous, soient améliorés
dans tous les pays conformément à la Recommandation OIT/Unesco
concernant la condition du personnel enseignant (l966). Des partenariats
authentiques facilitent la planification, la mise en oeuvre, la gestion et
l'évaluation des programmes d'éducation fondamentale. La
« vision élargie » et l'« engagement
renouvelé » que nous prônons reposent sur de tels
partenariats.
L'éducation pour
tous : les conditions requises
Article VIII - Mettre en place
des politiques d'accompagnement
1. Il est indispensable, pour assurer
pleinement l'éducation fondamentale et son utilisation efficace aux fins
du développement individuel et social, de prévoir des politiques
d'accompagnement dans les secteurs social, culturel et économique.
L'éducation fondamentale pour tous suppose un engagement et une
volonté politiques étayés par des mesures
budgétaires et allant de pair avec une réforme de l'enseignement
et un renforcement des institutions. Une politique économique et
commerciale et une politique du travail, de l'emploi et de la santé
judicieuses amélioreront la motivation des apprenants et leur
permettront d'apporter une contribution plus positive au développement
de la société.
2. Les sociétés devraient aussi
offrir à l'éducation fondamentale le bénéfice d'un
solide environnement intellectuel et scientifique. Cela implique une
amélioration de l'enseignement supérieur et le
développement de la recherche scientifique. D'étroits contacts
avec le savoir technologique et scientifique contemporain devraient pouvoir
exister à tous les niveaux d'éducation.
Article IX - Mobiliser des
ressources
1. Pour pouvoir satisfaire les besoins
éducatifs fondamentaux de tous, en élargissant notablement le
champ de l'action menée, il est indispensable de mobiliser de nouvelles
ressources financières et humaines, publiques, privées et
volontaires, outre celles qui existent déjà. C'est la
société tout entière qui doit être mise à
contribution, si l'on considère que le temps, l'énergie et
l'argent consacrés à l'éducation fondamentale constituent
peut-être l'investissement humain le plus déterminant pour
l'avenir d'un pays.
2. L'élargissement du financement
public implique des prélèvements sur les ressources de toutes les
administrations de l'État responsables du développement humain,
par une augmentation en valeur absolue comme en valeur relative des
crédits alloués aux services d'éducation fondamentale,
sans toutefois perdre de vue que, dans la répartition des ressources
nationales, l'éducation est certes un secteur important, mais au
même titre que d'autres. S'attacher sérieusement à mieux
tirer parti des ressources disponibles pour l'éducation et à
améliorer l'efficacité des programmes éducatifs permettra
non seulement de produire davantage mais aussi, sans doute, d'attirer de
nouvelles ressources. L'urgence qu'il y a à répondre aux besoins
éducatifs fondamentaux pourra nécessiter une redistribution des
ressources entre les secteurs, par exemple une réaffectation de
crédits militaires en faveur des dépenses d'éducation.
Mais surtout, les pays engagés dans un processus d'ajustement structurel
et ployant sous le fardeau de la dette extérieure devront veiller
à ce que l'éducation fondamentale bénéficie d'une
protection spéciale. Aujourd'hui plus que jamais, il faut voir dans
l'éducation une dimension fondamentale de tout projet social, culturel
et économique.
Article X - Renforcer la
solidarité internationale
1. Satisfaire les besoins éducatifs
fondamentaux constitue une responsabilité commune et universelle de
l'humanité, qui exige la solidarité internationale et des
relations économiques équitables et justes afin de corriger les
disparités économiques existantes. Toutes les nations ont
à offrir des connaissances et des expériences utiles pour la
conception de politiques et programmes d'éducation efficaces.
2. Une augmentation substantielle et de
longue durée des ressources consacrées à
l'éducation fondamentale sera indispensable. Il incombe à la
communauté mondiale, y compris les organisations et institutions
intergouvernementales, de pallier d'urgence les contraintes qui empêchent
certains pays de réaliser l'éducation pour tous. Cela suppose
l'adoption de mesures visant à augmenter le budget national des pays les
plus pauvres ou à alléger un endettement trop lourd.
Créanciers et débiteurs doivent trouver des formules novatrices
et équitables pour réduire cette charge, car la capacité
de nombreux pays en développement de répondre effectivement
à leurs besoins d'éducation et autre s besoins essentiels serait
grandement améliorée par le règlement du problème
de la dette.
3. Il convient de se préoccuper des
besoins d'éducation fondamentale des adultes et des enfants partout
où ces besoins existent. Les pays les moins avancés et les pays
à faible revenu ont des besoins spéciaux et devront
bénéficier en priorité de l'appui international
accordé à l'éducation fondamentale pendant les
années 90.
4. Toutes les nations doivent aussi unir
leurs efforts pour résoudre les conflits et les dissensions, mettre fin
aux occupations militaires et installer les populations déplacées
ou faciliter leur retour dans leur pays d'origine, en veillant à
répondre à leurs besoins éducatifs fondamentaux. Seul un
environnement stable et pacifique peut offrir des conditions qui permettent
à chaque être humain, enfant ou adulte, de tirer
bénéfice des objectifs de la présente
Déclaration.
Nous, participants à la Conférence mondiale sur
l'éducation pour tous, réaffirmons le droit de toute personne
à l'éducation. Tel est le fondement de notre détermination
individuelle et collective à assurer l'éducation pour tous.
Nous nous engageons à agir conjointement dans les
domaines de responsabilité qui sont les nôtres, et à
prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de
l'éducation pour tous. Ensemble, nous faisons appel aux gouvernements,
aux organisations concernées et aux individus pour qu'ils s'associent
à cette entreprise d'une urgente nécessitée.
Les besoins éducatifs fondamentaux de tous peuvent, et
doivent, être satisfaits. Il ne saurait y avoir façon plus valable
de commencer l'Année internationale de l'alphabétisation et de
progresser dans la voie des objectifs de la Décennie internationale des
personnes handicapées (1983-1992), de la Décennie
mondiale du développement culturel (1988-1997), de la
quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement
(1990-1999), de la Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes et des
Stratégies prospectives d'action pour la promotion de la femme, ainsi
que de la Convention sur les droits de l'enfant. Jamais le moment n'a
été plus propice pour nous engager à assurer à
tous, partout dans le monde, la possibilité d'acquérir les
apprentissages fondamentaux.
En conséquence, nous adoptons la présente
Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous :
Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux, et nous convenons
d'un Cadre d'action pour répondre aux besoins éducatifs
fondamentaux, qui doit permettre de réaliser les objectifs
énoncés dans cette Déclaration.
ANNEXE II
GRILLE HORAIRE DE L'ENSEIGNEMENT PEDAGOGIQUE AU
RWANDA.
I. Cours spécifiques
|
4ème année
|
5ème année
|
6ème année
|
1. Psychopédagogie
2. Méthodologie
- Leçons d'essai
- Leçons pratiques
3. Pratique Pédagogique + Séminaire
|
4
4
2
-
-
|
3
2
2
3
-
|
3
-
-
3
2
|
II. Cours généraux
|
|
|
|
1. Mathématiques
2. Français
3. Anglais
4. Kinyarwanda
5. Physique
6. Chimie
7. Biologie
8. Technologie
9. E.P.S./Secourisme
10. Éducation Politique
11. Religion/Morale
12. Histoire
13. Géographie
14. Musique
15. Dessin
|
3
3
3
2
2
2
2
1
1
1
1
2
2
1
1
|
3
3
3
2
2
2
2
1
1
1
1
2
2
1
1
|
3
3
3
2
2
1
2
1
1
1
1
1
1
1
2
|
TOTAL : 18 Branches
|
37
|
37
|
33
|
GRILLE HORAIRE DU PRIMAIRE (hebdomadaire)
BRANCHES
|
1ère Année
|
2ème Année
|
3ème Année
|
4ème Année
|
5ème Année
|
6ème Année
|
Kinyarwanda
|
7
|
7
|
6
|
3
|
3
|
3
|
Français
|
4
|
4
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Anglais
|
4
|
4
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Mathématique
|
6
|
6
|
6
|
5
|
5
|
5
|
Sciences et technologie élémentaire
|
3
|
3
|
3
|
4
|
4
|
4
|
Initiation artistique
|
2
|
2
|
2
|
1
|
1
|
1
|
Éducation Physique et sport
|
2
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Religion
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Morale
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Civisme
|
1
|
1
|
1
|
2
|
2
|
2
|
Histoire
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
1
|
Géographie
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
1
|
Devoir
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
1
|
Travail Manuel
|
30 min
|
30 min
|
30 min
|
30 min
|
30 min
|
30 min
|
Total
|
31h30
|
31h30
|
31h30
|
31h30
|
31h30
|
31h30
|
ANNEXE III
LA STRUCTURE DU SYSTEME D'ENSEIGNEMENT AU
RWANDA.
Degré d'enseignement
Age
Durée et cycle
Supérieur *
Cycle unique de 4 ou 5
3ème cycle
Secondaire
1er cycle
2ème cycle
ENP/TTC
14 à 19 ans
A3 :
A2 :
Technique et professionnel à cycle court
14 à 17 ans
14 à 19 ans
Primaire
7 à 13 ans
1er cycle
2ème cycle
3 à 6 ans
Source : Ministère de l'Éducation, juin
1997
* : Structure adoptée à partir de 2000
.1. EDUCATION PRESCOLAIRE : (2-3 ans pour
enfants de 3 à 6 ans) dans les écoles maternelles.
2. ENSEIGNEMENT PRIMAIRE : 5 ans dont 3 ans de
1er cycle pour lecture, écriture, mathématiques de base en
Kinyarwanda et 3 ans de 2e cycle d'enseignement général
fondamental.
- Le primaire est sanctionné par un certificat
d'études primaires.
3. ENSEIGNEMENT POST - PRIMAIRE : formation
professionnelle de 1 à 3 ans dans les centres des métiers.
4. ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : 6 ans 1er cycle de
3 ans ou Tronc commun 2e cycle de 3 ans : diverses filières ou sections
d'enseignement secondaire général, d'enseignement secondaire
pédagogique, d'enseignement technique et professionnel.
- Le premier cycle est sanctionné par un
Certificat de fin de tronc commun.
- Le 2e cycle par un Certificat d'études
secondaires ou par un diplôme de fin d'études
secondaires.
5. EDUCATION SPECIALE : assurer aux
handicapés physiques et mentaux une éducation qui leur facilite
l'intégration sociale. Une attention particulière sera consentie
en vue d'établir les textes légaux et réglementaires
régissant l'éducation spéciale et de créer
davantage de structures d'accueil et de gestion. Pour l'instant, il y a
seulement 3 écoles, une école pour les sourds-muets, une pour les
aveugles et une autre pour les handicapés mentaux.
6. ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : On prévoit sa
restructuration.
Aujourd'hui, on a 2 cycles : - Un cycle unique de Licence
à 4 ans sauf en Pharmacie, Agronomie, Sciences de l'Ingénieur,
où l'on fait 5 ans et la Médecine qui dure 6 ans.
- un 3ème cycle de Doctorat de 2 à 4 ans
ANNEXE IV
LA STRUCTURE INSTITUTIONNELLE POUR L'ACTION SUR L'EPT
ET LA PREPARATION DU PLAN.
Conférence Nationale sur l'EPT
Forum National pour l'EPT
Secrétariat du Forum National Groupes
Thématiques
Comité Provincial pour l'EPT (12)
Secrétariat du Comité Provincial
Groupes Thématiques Provinciaux
Comité de District pour l'EPT (106)
Source : Éducation Pour Tous : Plan d'Action,
juin 2003, p.8
ANNEXE V : Questionnaires
I. CONSIGNES
Dans le cadre du travail du cycle de Maîtrise en
éducation, nous menons une étude sur le processus de
l'éducation pour tous et l'implication des centres de formation
pédagogique au Rwanda. Nous vous demandons de fournir librement des
informations sincères puisque vos réponses ne seront
utilisées qu'à des seules fins de recherche. Le fruit de cette
recherche restera à l'I. S.S.P.R, intégré
académiquement à l'Université Catholique de l'Afrique de
l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan- Côte d'Ivoire. Après
la soutenance une copie de ce mémoire sera envoyée au
Ministère de l'Éducation, de la Science, de la Technologie et de
la Recherche Scientifique au Rwanda à titre d'information.
II. Trois catégories de questions vous sont
proposées
· Pour des questions fermées, vous cochez la
réponse correspondante.
· Pour des questions semi-fermées, vous expliquez
brièvement
· Pour des questions ouvertes, exprimez-vous
brièvement.
·
Questionnaire adressé à la Coordination Nationale de l'EPT et
à la Direction de l'Enseignement Préscolaire et Primaire du
MINEDUC-KIGALI
1. Considérez-vous le processus de l'EPT comme moyen de
réduire la pauvreté et d'améliorer le bien-être de
la population rwandaise ? Oui...............Non.....................
Pourquoi...................................................................................................................................................................................................................................
2. La formation initiale des enseignants du primaire
donnée dans les ENP répond-elle aux attentes de l'EPU et de
l'EPT ? Oui...................Non......................................
Pourquoi.................................................................................................................................................................................................................................
3. Selon la vision décrite dans le document de
proposition 1998, les onze ENP connues sous le nom de TTC (Teachers Training
Colleges) avaient une double vocation : formation initiale de trois ans et
la formation continue des enseignants du primaire. Pourquoi l'option de la
formation continue n'est pas prise en compte dans les ENP?
.......................................................................................
4. Les taux de redoublement et d'abandon sont encore
élevés. Cela a-t-il un lien entre la formation initiale des
enseignants et l'apprentissage ou un manque de formation continue des
enseignants ?
Oui............Non............Expliquez.....................................................................
5. Nous constatons un progrès significatif dans le cadre
de l'Enseignement Primaire universel, mais le taux des analphabètes
reste très élevé. Quelles sont les mesures
envisagées pour arriver à 85% d'ici à
2010 ?..........................................................................................
.................................................................................................
6. Les institutions de formation pédagogique comme les
ENP ont-ils un rôle à jouer dans la réduction des
analphabètes? Oui.......Non...............Si oui lequel ?
...........................................................................
Sinon
pourquoi ?......................................................................
7. La population analphabète (jeune et adulte) manque
l'intérêt de fréquenter les centres
d'alphabétisation qui sont dans les Districts suite au manque d'approche
pédagogique des agents- alphabétiseurs. Le cas du District de
Cyeru et Nyamugali : le club d'alphabétisation de l'ENP Kirambo est
plus fréquenté que les centres d'alphabétisation (300
à 400 personnes/an). Qu'en pensez-vous ?
............................................................................................
............................................................................................................
8. Pensez-vous que c'est une bonne chose d'appuyer et
d'encourager la création des clubs d'alphabétisation au sein des
ENP à l'exemple de l'ENP Kirambo ?
Oui...............Non...................
9. Est-il possible d'envisager une formation des agents
d'alphabétisation au sein des ENP ? Oui..........Non............
Comment ?............................................................................................
10. Pour répondre aux besoins réels de
l'éducation de base au Rwanda ; l'enseignant doit être
à la hauteur. Les ENP doivent apprendre aux
élèves-maîtres comment enseigner les différents
programmes de l'éducation de base : préscolaire, primaire,
programme de rattrapage et alphabétisation fonctionnelle (jeune et
adulte). Souhaiteriez-vous que tous ces programmes soient appliqués
proches des ENP dans les écoles d'application ?
Utile : oui..........Non..............
Indispensable : Oui............Non.........
Pourquoi ?..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
11. A votre avis, que faudrait-il faire pour
améliorer la formation des élèves-maîtres en
faveur de
l'EPT ?................................................................................................................................................................................................................................ ................................................................................................................
12. Que faudrait-il faire pour améliorer la
sensibilisation à l'EPT dans la population enseignante
...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
13. À votre avis, que faudrait-il faire pour
améliorer l'intégration dans le plan d'action de l'EPT les ENP
comme actrices ?
...............................................................................................................................................................................................................................
14. Dans la politique de l'EPT, cadre de l'éducation de
base ; les réalisations actuelles sont nombreuses.
a. Pouvez-vous énumérez quelques
réalisations significatives au niveau national.
..................................................................................................................................................................................................................
b. Quels sont les obstacles significatifs au niveau
national ? .................................
·
Questionnaire adressé aux Directeurs des ENP/TTC
I. Présentation :
Établissement......................................................................
Nombre d'année d'expérience dans
l'enseignement......................
Nombre d'année à la Direction de l'École
Normale..............
II. Questions
1. Considérez-vous le processus de l'Éducation pour
tous comme moyen de réduire la pauvreté et d'améliorer le
bien-être de la population rwandaise ?
Oui...............Non.....................
Pourquoi......................................................................................................
2. Avez-vous participé (ou consulté) à
l'élaboration du Plan d'Action de l'Éducation pour tous au Rwanda
? Oui.......Non.......
3. Avez-vous une place dans la structure institutionnelle sur
l'EPT et la préparation du plan d'action ? Oui........Non...............
Si oui laquelle ?...........................................
4. La formation initiale des enseignants du primaire
donnée dans les ENP répond aux attentes de l'Enseignement
Primaire Universel et de l'Éducation pour tous?
Oui...................Non......................................
Pourquoi......................................................................................................
5. Les taux de redoublement et d'abandon sont encore
élevés à l'école primaire. Cela a-t-il un lien
entre la formation initiale des enseignants et l'apprentissage ou un manque de
formation continue des enseignants ?
Oui............Non............Expliquez..................................................................
6. Nous constatons un progrès significatif dans le cadre
de l'Enseignement Primaire universel, mais le taux des analphabètes
reste très élevé. Les institutions de formation
pédagogique comme les ENP ont-elles un rôle à jouer dans la
réduction d'analphabétisme? Oui........
......Non................. Si oui lequel ?
......................................................
Sinon pourquoi
?......................................................................
7. Le club d'alphabétisation de l'ENP Kirambo est plus
fréquenté que les centres d'alphabétisation (300 à
400 personnes/an). Quand pensez-vous ?
...............................................................................................................
8. Pensez-vous que c'est une bonne chose d'appuyer et
d'encourager la création des clubs d'alphabétisation au sein des
ENP à l'exemple de l'ENP Kirambo ? Oui...Non......Avec l'appui du
MINEDUC, est-il possible d'envisager une formation des agents
d'alphabétisation au sein des ENP ? Oui..........Non............Comment
? ............
9. Pour répondre aux besoins réels de
l'éducation de base au Rwanda ; l'enseignant doit être à la
hauteur. Les ENP doivent apprendre aux élèves-maîtres
comment enseigner les différents programme de l'éducation de base
: préscolaire, primaire, programme de réintégration
scolaire et alphabétisation fonctionnelle (jeune et adulte).
Souhaiteriez-vous que tous ces programmes soient appliqués proches des
ENP dans les écoles d'application ?
Utile : oui..........Non..............
Indispensable : Oui............Non.........
Pourquoi
?...................................................................................................
...............................................................................................................
10. A votre avis, que faudrait-il faire pour améliorer
:
a. La formation des élèves-maîtres en faveur
de l'EPT ?
..............................................................................................................
b. La sensibilisation de l'EPT dans population enseignante ?
...............................................................................................................
c. Le rendement scolaire(promotion, redoublement, abandon)
?..................... ............
.................................................................................................................
d. L'intégration dans le plan d'action à l'EPT les
ENP comme acteurs
...............................................................................................................
11. Selon la vision décrite dans le document de
proposition 1998, les onze ENP connues sous le nom de TTC (Teachers Training
Colleges) avaient une double vocation : formation initiale de trois ans et la
formation continue des enseignants du primaire. Les TTC ont-ils rempli leur
mission ? Oui..........
Non..................Pourquoi....................................................
............................................................................................................
a. Pouvez-vous énumérez quelques
réalisations significatives.
...............................................................................................................
b. Quels sont les obstacles significatifs ?
..........................................................................................................................................................
12. À votre avis, la réforme des ENP
envisagée après le voyage d'étude des Directeurs des ENP
en Tanzanie et au Kenya dans les « Teachers Colleges » aidera les
ENP à répondre à sa double vocation et à s'ouvrir
aux nouvelles missions pédagogiques en faveur de l'EPT?
Oui...................Non...................lesquelles ?......
· · Questionnaire
adressé aux enseignants des ENP/TTC et des Écoles Primaires
d'application
I. Présentation :
Établissement..........................................................
Nombre d'année d'expérience dans
l'enseignement......................
Qualification.............................................
II Questions
1. Considérez-vous le processus de l'Éducation pour
tous comme moyen de réduire la pauvreté et d'améliorer le
bien-être de la population rwandaise ?
Oui...............Non.....................
Pourquoi.....................................................................................................................................................................................................................
2. Tous vos amis et voisins sont capables d'écrire et de
lire ? Oui........Non............
3. Avez-vous une information sur la politique de
l'Éducation Pour Tous au Rwanda et sur Plan d'Action de
l'Éducation pour tous au Rwanda ? Oui.......Non....... Si oui
laquelle.........
4. Avez-vous une place dans la structure institutionnelle sur
l'EPT et la préparation du plan d'action ? Oui........Non...............
Si oui laquelle ?...............
5. La formation initiale des enseignants du primaire
donnée dans les ENP est suffisante pour l'enseignement primaire ?
Oui...................Non......................................
Justifiez votre réponse
..............................................................................
...............................................................................................................
6. Les taux de redoublement et d'abandon sont encore
élevés à l'école primaire. Quelles sont les causes
réelles?...
.................................................................................
7. Les institutions de formation pédagogique comme les ENP
ont-elles un rôle à jouer dans la réduction
d'analphabétisme? Oui.................Non................
Si oui lequel ?
...........................................................................
Sinon pourquoi
?......................................................................
8. Le club d'alphabétisation de l'ENP Kirambo (300
à 400 jeunes et adultes analphabètes/an) est plus
fréquenté que les centres d'alphabétisation des Districts
Cyeru et Nyamugali. Quand pensez-vous ?
...............................................................................................................
9. Pensez-vous que c'est une bonne chose d'appuyer et
d'encourager la création des clubs d'alphabétisation au sein des
ENP à l'exemple de l'ENP Kirambo ?
Oui...............Non...................
10. Avec l'appui du MINEDUC, est-il possible d'envisager une
formation des agents d'alphabétisation au sein des ENP.
Oui..........Non............
Comment...................................................................................................
11. Pour répondre aux besoins réels de
l'éducation de base au Rwanda ; l'enseignant doit être à la
hauteur. Les ENP doivent apprendre aux élèves-maîtres
comment enseigner les différents programmes de l'éducation de
base : préscolaire, primaire, programme de réintégration
scolaire et alphabétisation fonctionnelle (jeune et adulte).
Souhaiteriez-vous que tous ces programmes soient appliqués proches des
ENP dans les écoles d'application ?
Utile : oui..........Non..............
Indispensable : Oui............Non.........
Pourquoi
?.......................................................................................
.....
12. A votre avis, que faudrait-il faire pour améliorer
:
a. La formation des élèves-maîtres en faveur
de l'EPT ? ..................................................
b. La formation continue des enseignants ?
.................................................................
c. La sensibilisation à l'EPT dans la population
enseignante ? ......................................
d. Le rendement scolaire (promotion, redoublement, abandon) ?
....................................
e. L'intégration des enseignants dans le plan d'action de
l'EPT ? .......................................
13. Autres souhaits en faveurs de l'Éducation pour tous
...............................................................................................................
ANNEXE VI
ORGANIGRAME DU MINISTERE DE L'EDUCATION, DE LA SCIENCE, DE LA
TECHNOLOGIE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Cabine du Secrétaire d'État Chargé de
l'Enseignement Primaire et Secondaire.
|
Cabinet du Ministre
|
- UNR - IGE
- KIST - CNRU
- KIE - SFAR
- KHI - CNDP
- ISAE - NCHE
- IRST - TSC
- IMPRESCO - NRF/FNR
- CNE - RAAS
Secrétariat Général
Unité des Relations Publiques et de Gestion des Ressources
internes :
- Relation Publiques et Communication
- Secrétariat Central
- Gestion et Développement des Ressources humaines
- Comptabilité
- Finances et Logistique
- ICT
- Affaires juridiques
Unité santé scolaire et sport
scolaire
- HIV/SIDA
- Environnement
- Hygiène et Nutrition
- Sports Scolaires
Unité Construction, équipement et
financement scolaires
- Construction, Maintenance et
Réhabilitation
- Équipement et mobilier scolaire
- Financement et Gestion des infrastructures scolaires
Unité Enseignement Non Formel
- Alphabétisation Fonctionnelle
- Technologie Approprié
- Rattrapage (catch up)
Unité Enseignement Supérieur, Recherche et
Technologie
- Enseignement Supérieur et Education continue
- Promotion de la Science et de la Technologie
- Recherche scientifique
Unité Enseignement Préscolaire, Primaire
et Secondaire
- Enseignement préscolaire
- Enseignement primaire
- Enseignement Secondaire, Général
- Enseignement Technique et Professionnel
- Education Spéciale
Unité Études et Planification et de
l'Education
- Carte scolaire
- Planification de l'éducation
- Coopération en éducation
- Politiques et programmes nationaux de perfectionnement des
enseignants
- Gestion de système des informations éducatives
- Education des filles
* 1 MINEDUC, La Politique
Sectorielle de l'Éducation, p2
* 2 MINEDUC, Rapport sommaire
sur les visites d'étude en Tanzanie et au Kenya. P 33
* 3 Ibid. p. 33
* 4 LE COURRIER DE L'UNESCO,
mars 2000, p. 26
* 5 UNESCO, rapport mondial sur
l'éducation, p. 16
* 6 UNESCO, Éducation
pour tous : Quand l'école sort de ses murs, p 17
* 7 Le Courrier de l'UNESCO, p.
23
* 8 Afrique Éducation
n°79, p. 28
* 9 Idem
* 10 Morin, L., Brunet, L.,
Philosophie de l'éducation : 1. Sciences de
l'Éducation, p.232
* 11 MINEDUC, Politique
Sectorielle de l'Éducation, p.2
* 12 MINEDUC, Éducation
Pour Tous : Plan d'Action, p.57
* 13 Ibid. p4
* 14 MINEDUC, Politique
Sectorielle de l'Éducation, p.3
* 15 Ibid. P.4
* 16 Selon les statistiques du
Ministère de l'éducation
* 17 Chargée de la
formation initiale et continue des instituteurs, appelée en Anglais
TTC : Teachers Training College
* 18 Initiative de
l'école normale acceptée par le Ministère de
l'éducation
* 19 MINEDUC, Plan
Stratégique du Secteur de l'Éducation 2004-2008, p.14
* 20 Dictionnaire des concepts
clés
* 21 Ibid.
* 22 Cité par MAXIMIN,
L., Les Écoles Normales de Saint Jean-Baptiste de la Salle, p. 7
* 23 Afrique Éducation
n°79 p. 28
* 24 MINEDUC, la politique
sectorielle de l'éducation, p. 3
* 25 Directeur
Général de l'UNESCO, Éducation pour tous : Une
révolution copernicienne, p. 17
* 26 Cela peut signifier que
les ENP ne sont pas très considérées dans le processus de
l'EPT
* 27 La formation continue des
enseignants du primaire n'est pas assurée actuellement.
* 28 UNESCO, EPT : Le
monde est-il sur la bonne voie?, p. 198
* 29 UNESCO, EPT :
Occasions perdues, Quand l'école faillit à sa mission, p 5
* 30 Dictionnaire universel, p
1417
* 31 MINEDUC, Enseignement
Primaire 2003-2004 : recensement statistique, p 6
* 32 Pédagogie :
dictionnaire des concepts clés; apprentissages, formation et psychologie
cognitive, p.170
* 33 Ibid. 169-170
* 34 Op cit. MAXIMIN, p. 7
* 35UNESCO se consacre en
particulier à l'alphabétisation, la diffusion de l'enseignement
obligatoire et gratuit, la lutte contre le racisme, la recherche scientifique,
la préservation des monuments.
* 36 Cf. Manuel pour la
formation des enseignants dans le cadre de l'éducation pour tous, Vol.
1, p. iii
* 37 UNESCO, Éducation,
un trésor est caché dedans, p. 83-84
* 38 UNESCO, Éducation
pour tous : le monde est-il sur la bonne voie? p. 3
* 39 Loi organique
N°20/2003 du 03/08/2003 portant organisation de l'éducation au
Rwanda, article 6
* 40 Ibid, article 7
* 41 Ibid., article 8
* 42 MINEDUC, Plan
Stratégique du Secteur de l'Éducation 2004-2008, p.14
* 43 UNESCO,
L'éducation : un trésor caché dedans, p. 137-138
* 44 Dictionnaire de
Psychologie, p. 232
* 45 Loi organique
N°20/2003 du 03/08/2003, article 12
* 46 F.RAYNAL& A.
RIEUNIER, 1997, p. 227
* 47 F.RAYNAL& A.
RIEUNIER, 1997, p. 277
* 48 Fruit également
des psychologues, en particulier sur le développement de l'enfant chez
Piaget.
* 49 Psychopédagogie,
6ème de l'École Normale Primaire au Rwanda, p. 8-16
* 50 Cf. F.RAYNAL& A.
RIEUNIER, p. 133-134
* 51 Éducation pour
tous, Occasions perdues : Quand l'école faillit sa mission, p.
13
* 52 MINEDUC, Enseignement
Primaire 2003-2004 : recensement statistique, p. 6-7
* 53 Éducation pour
tous : Situation et tendances 1998, p. 46
* 54 Ibid., p. 11
* 55 DELSAUT Y., La place du
maître : Une chronologie des Écoles Normales d'Instituteurs,
édit. L'Harmattan, Paris, 1992
* 56 MAXIMIN, L. Les
Écoles Normales de Saint Jean-Baptiste de la Salle, étude
historique et critique, Bruxelles, 1922.
* 57 Guy Avanzini, Dictionnaire
Historique de l'Éducation Chrétienne, p. 231
* 58 Les documents de ce
modèle ne sont pas accessibles pour le moment
* 59 Toutes les informations
sont tirées de l'ouvrage d'Yvette DELSAUT, La place du
maître : Une chronologie des Écoles Normales d'Instituteurs,
édit. L'Harmattan, Paris, 1992
* 60 Nom donné sous la
Restauration aux ultraroyalistes, représentant de l'opposition royaliste
à la Charte de 1814. Les Ultras forment des sociétés
secrètes comme des chevaliers de la foi qui s'abritaient sous le couvert
d'une association religieuse, la congrégation.
* 61 Yvette DELSAUT, p. 12
* 62 Méthode au moyen de
laquelle une école tout entière peut s'instruire elle-même,
sous la surveillance d'un seul maître, son principe reposant en effet sur
la réciprocité de l'enseignement entre les écoliers, le
plus capable servant de maître à celui qui l'est le moins.
* 63 Ministre de l'Instruction
Publique sous la Monarchie de Juillet
* 64Yvette Delsaut, p. 16
* 65Ibid. p. 16
* 66 Cf. ibid. p. 19
* 67 Ibid. p. 33
* 68 Ministre de l'instruction
publique en 1879
* 69 Par Jules Ferry et Paul
Bert avec des professionnels de l'éducation : Buisson Ferdinand,
Octave Gréard, Félix Pécault
* 70 Cf. Mt. 28,19
* 71 Maximin, p. 8
* 72 ibid, p. 9
* 73 Maximin, p. 10
* 74 Cf. ibid. p. 10
* 75 Maximin, p. 56
* 76 Cf. Maximin, p. 56
* 77 ibid. p. 57
* 78 Ibid., p. 59
* 79 Propositions (non encore
appliquées) tirées du rapport sommaire sur les visites
d'étude du MINEDUC en Tanzanie et au Kenya du 30 mai au 5 juillet
2004
* 80 Op. cit. Maximin
* 81 MAXIMIN, p. 146
* 82 ibid, p. 147
* 83 Ibid, p. 147
* 84 Cf. MAXIMIN, p. 148
* 85 Ibid.
* 86 Voir Grille horaire de
l'École Normale Pédagogique au Rwanda en annexes.
* 87 Rapport mondiale sur
l'EPT, L'éducation pour tous : Le monde est-il sur la bonne voie?
p. 198
* 88 Ibid., p. 26
* 89 Manuel pour la formation
des enseignants dans le cadre de l'Éducation pour tous, Volume 2
* 90 Les engagements (six
objectifs) formulés lors de la conférence tenue à Jomtien
n'ont pas été respectés, d'où la
nécessité du Forum de Dakar (Cadre d'Action de Dakar 2000) pour
reformuler les mêmes objectifs sur l'éducation de base. Les
progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de l'EPT sont
insuffisants : le monde n'est pas en voie de réaliser l'EPT d'ici
2015, d'après le rapport 2002.
* 91 Politique Sectorielle de
l'éducation au Rwanda, p. 7
* 92 Ibidem p. 8
* 93Cf. Plan stratégique
du secteur de l'éducation au Rwanda, p. 14
* 94 Éducation pour
tous : Plan d'Action, p. 34
* 95 V. de LANDSHEERE, p.
350
* 96 Ibid. p, 351
* 97 Lemosse M.
Le « professionnalisme » des enseignants, 1989, 6,
55-66 in V. de LANDSHEERE, p. 353
* 98 V. de LANDSHEERE, p.
354
* 99 Ibidem
* 100 Certains pays comme la
France ont supprimé les Écoles Normales des instituteurs et les
autres comme le Rwanda sont toujours à la recherche d'un modèle
de formation des enseignants
* 101 ibidem
* 102 ibid. p.355
* 103 Ibid
* 104 Ibid. p. 356
* 105 ibidem
* 106 Ibid. p. 357
* 107 Technique
inventée en 1963 à l'université de Stanford(aux USA) par
Allen et Ryan, dans le but de former rapidement des enseignants. Ils analysent
l'activité d'enseignants chevronnés compétents, afin
d'identifier les principales techniques (habilités) mises en oeuvre par
les « bons formateurs ».
* 108 Houston W. R. (1974)
Exploring competency based education, Berkeley, McCutchan, p.7-8, in DE
LANDSHEERE, p. 358
* 109 DE LANDSHEERE, p. 358
* 110 Cf. Ibid. p. 358-359
* 111 Toutes les informations
de Micro-enseignement sont tirées DE LANDSHEERE et F. RAYNAL&A.
RIEUNIER
* 112 Cité in Altet M.
et Britten J.D., Micro-enseignement et formation des enseignants, Paris, PUF,
1983, p. 203
* 113 DE LANDSHEERE, p. 362
* 114 Ferry G., Le Trajet de
la formation : les enseignants entre la théorie et la pratique,
Dunod, 1983, p.77
* 115 DE LANDSHEERE, p. 362
* 116 Ibidem
* 117 Fuller F. F.,
Personalised education for teachers : an introduction for teacher
educators, Austin, Texas of University Texas, 1970 in DE LANDSHEERE, p. 363
* 118 DE LANDSHEERE, p. 364
* 119 Ibid.
* 120 DE LANDSHEERE G.,
Organiser la formation continue des enseignants, Éducation, 1990 in
ibid., p. 365
* 121 Ibid, p. 366
* 122 Ibid. p. 367
* 123 Cf. Sheila M. Haggis
(1997), Manuel pour la formation des enseignants dans le cadre de
l'éducation pour tous, Vol. 2, Thème 8, p. 3
* 124 Ibid. p. 9
* 125 Freire (1971)
L'éducation, pratique de la liberté, Paris, Seuil
* 126 Cf. Viviane de
LANDSHEERE (1992), L'éducation et la formation, p. 561
* 127 Ibid, p. 558
* 128 Op. cit. ibidem
* 129 Hunter, 1985, p. 202 in
Viviane de LANDSHEERE, L'éducation et formation, p. 560
* 130 Paulo Freire, La
conscientisation et l'information, grâce à
l'alphabétisation, ouvrent la voie à la libération, p. 557
* 131 V. LANDSHEERE, 1992, p.
562
* 132 ibidem
* 133 ibidem
* 134 Lazarus, R. (1985),
Adult litaracy, second stage, in Viviane LANDSHEERE, éducation et
formation, o.c. p. 563
* 135 60 % de la population
vit en dessous du seuil de la pauvrette
* 136 65% de son PNB
* 137 MINEDUC,
Éducation Pour Tous : Plan d'Action, p.13
* 138 Une École Normale
est chargée de la formation des enseignants au niveau de toute la
Province
* 139 MINEDUC (Juin 2004)
Rapport de mission en Tanzanie (Teachers colleges) rédigé par
MPAMO, p. 15
* 140 Cf. MINEDUC,
Éducation Pour Tous : Plan d'Action, p. 14
* 141 Après quelques
années, les ENT sont supprimées
* 142 Farrant(1994) :
Principles and practice of Éducation cité dans le discours du
15/01/04 de Musabeyezu Narcisse, Directeur de l'Enseignement primaire et
préscolaire au Ministère de l'éducation (Rwanda)
* 143 Plusieurs acteurs ont
à prendre une décision
* 144 MINEDUC-ACDI, Choix
stratégiques pour améliorer les compétences des
enseignants au Rwanda, p. 15
* 145
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/maulini/formation-ch.html
* 146 Consiste à
collecter les informations sur les caractéristiques d'une entité
éducative (ENP)
* 147 Mission qu'elles ont du
mal à mettre en exécution
* 148 Cf. P. N'DA,
Méthodologie de recherche, p. 86
* 149 Paul N'DA,
Méthodologie de la recherche de la problématique à la
discussion des résultats, p. 80
* 150151 Cf. Ibid. p. 82
* 152 L'éducation pour
tous : quelle qualité? Manuel pour le suivi permanant des acquis
scolaires, p. 19
* 153Cf. Paul N'DA, p. 113
* 154 Il s'agit de trois
premières catégories des personnes qui travaillent au
Ministère. Il faut souligner que le questionnaire envoyé au
ministère a été répondu par ce groupe des
personnes. Les résultats constitue le point de vu du
ministère.
* 155 Voir dans le chapitre de
la revue de littérature : plan stratégique et le plan
d'action
* 156 L'investissement de
l'État ne considère pas les particularités des ENP, elles
ont le même budget de fonctionnement que les autres écoles
secondaires de l'enseignement général
* 157Cf.
http://www.edu-int.org/2004-03-fr/2004-03-00.html
* 158 Les classes du primaire
sont surpeuplées car le budget de l'Etat ne permet pas d'augmenter
suffisamment le nombre d'enseignants selon les enfants scolarisables et
pourtant tous les enfants doivent être acceptés à
l'école.
* 159 Cf.
http://www.edu-int.org/2004-03-fr/2004-03-00.html
* 160 Il s'agit des :
Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages (ECVM) ;
Enquête de Dépistage des Dépenses Publiques (EDDP) ;
Enquêtes à Indicateurs Multiples
* 161 Ce règlement a
été fait pour pouvoir diminuer le taux de redoublement et
d'abandon en éradiquant tout renvoi de l'élève à
cause de son niveau d'intelligence.
* 162 Il est actuellement
difficile de réaliser ce système éducatif dans un pays
pauvre comme le Rwanda, mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas commencer
un processus.
* 163 Cela est souligné
dans le rapport de voyage d'étude des Directeurs des ENP en Tanzanie
* 164 KI-ZERBO J. (1990)
éduquer ou périr, Unicef-Unesco, p.9