1.2. La problématique de
l'histoire et des RI. Quelle histoire pour quelles RI ?
Y a t-il un lien de causalité entre l'histoire et les
RI, de façon à dire que l'histoire est la cause des RI, ou que
les RI sont l'effet de l'histoire ?. Si ce lien de cause à effet
existe, de quelle manière faut-il le comprendre ?
L'histoire comme défini plus haut, est la narration
des faits du passé. Cette définition bien que candide, fait
ressortir trois points majeurs : narration-faits- passé. La
première notion, celle du « passé »fait
allusion au temps. Mais quel temps ? A partir de quand commence le
passé pris en compte par l'histoire. ? Nous voudrions dire que,
« hier, la semaine dernière, ou le mois dernier, ou l'an
dernier, ou la dernière décennie, ou encore le siècle
dernier... » sont tous des expressions ou des
éléments de mesure du temps passé. Et ils ont chacun une
valeur quand on veut apprécier l'impact de l'histoire. En effet, un fait
récent sera beaucoup plus présent dans les esprits qu'un fait
lointain. Partant, le fait récent aura beaucoup plus d'emprise sur les
prises de décisions qu'un fait des temps immémoriaux. Cependant,
l'histoire lointaine pourrait dans certaines occasions influer plus sur le
présent que l'histoire contemporaine. Et si tel est le cas, c'est la
composante « faits » de notre triade qui
prévaut. Les faits, ou encore les événements qui
constituent l'histoire ont une importance de part leur ampleur. Par exemple,
aussi lointain que remontent les deux guerres mondiales dans l'échelle
du temps, l'on en parlera toujours. Si volontiers, l'on parle plus de la
guerre de 1945 que de la crise des fusées de Cuba de 1962, c'est
bien à cause de l'ampleur du premier sur le second. Ainsi, plus
l'événement est d'ampleur et plus l'histoire le retiendra et plus
il aura effet sur la gestion des relations internationales.
Des trois composantes, celle qui semble marquer le plus
l'histoire, est la « narration ». Si la préhistoire
est très imprécise, c'est parce qu'elle n'a pas été
écrite. Pourtant, l'histoire quand bien même écrite, n'est
pas toujours aussi parfaite. La narration des faits est un point crucial parce
qu'elle même (narration), est affectée par plusieurs facteurs.
Partant du fait qu'il peut exister une histoire vraie ou fausse, une histoire
officielle ou officieuse, avec des impacts différents, il apparaît
nécessaire de considérer ces facteurs de narration. La
manière d'écrire l'histoire est une fonction du narrateur, aussi
appelé histographe dans le cas d'espèce, et qui plus est une
personne physique, avec ses forces et limites. L'histographe en principe,
devrait se contenter de relater les faits tels qui se sont
déroulés sans ajouter ni enlever un iota. Cependant, et souvent,
pour des raisons diverses : intérêts personnels pour la
question, désir d'interprétations des faits, médiocres
moyens de collecte des informations, les faits sont jugés trop abjects
ou trop simples pour être décrits tel quel, le narrateur
certainement rendra son « devoir » avec plus de
subjectivité.
Il y a également le rôle que joue la presse dans
son ensemble sur les décisions politiques. De part leurs commentaires
soient objectifs ou très subjectifs des faits historiques ou
récents, les hommes de medias influencent l'opinion publique, mais
surtout les décideurs politiques. Il a été rapporté
que les publications françaises parues de 1933 à 1939 en rapport
avec l'image de l'Allemagne nationale-socialiste, a eu un grand impact dans les
relations bilatérales d'avant guerre. Par exemple, dans son ouvrage,
En l'An III de la Croix Gammee, Raymond Cartier ecrivait
que : « La plus grande stupidité qui ait jamais
été proférée, est celle qui consiste à dire
qu'un Allemand et un Français, au fond , se ressemblent. Il se
ressemblent parce qu'ils ont l'un et l'autre deux bras, deux jambes et une
tête sur une paire d'épaules. Mais entre les âmes et les
cerveaux, il n'y a pour ainsi dire aucune parenté ». De
même, L'abbé Lambert maire d'Oran, à
cette même époque, affirmait dans son journal de voyage
que « L'Allemand est d'une autre race ». En
clair, ces genres de déclarations incendiaires peuvent, quand il sont
pris en considération par les leaders et une grand majorité de la
population, rendre les RI plus tendues entres deux peuples.
Dans tous les cas, que l'histoire soit bien rendue ou pas, le
politique qui viendra à se servir de l'histoire, le ferra toujours dans
ses intérêts, ou selon sa propre vision. L'histoire peut
être établie dans toute sa véracité, mais le leader
peut en décider autrement. A preuve, c'est bien récemment que
certaines nations d'Europe ont reconnu l'holocauste des juifs, pourtant
avérée. Aussi vraie que cela puisse paraître, la traite
négrière a desservi l'Afrique et a servi les autres pendant plus
de 400 ans. Mais, à l'Assemblée des Nations Unis en 2000 en
Afrique du Sud, à la demande des Africains de reconnaître la
traite négrière comme un crime contre l'humanité, assortie
des réparations y afférentes; non seulement l'occident, avec
à sa tête les USA n'ont pas reconnu les accusations, mais ils se
justifiaient pas le faite que la loi n'est pas rétroactive. Ainsi, la
Cours Internationale de Justice de la Haye n'a pu le prendre en compte.
Apres que Karl Marx ait développé la doctrine du
socialisme-communisme, tous ceux qui ont poursuivi son oeuvre, qu'il s'agisse
de Lénine, Staline, Kroutchev, ou Brejnev, ont tous gardé le
manteau du communisme, mais avec des variations. L'on a eu à parler des
doctrines comme le Léninisme ou Stalinisme. Que dira t-on de Gorbatchev,
qui s'est totalement démarqué du système, avec sa vision
propre, pour aboutir à la Perestroïka qui a fait
« sauter » le communisme ? Ici, peut-être que
l'histoire n'a pas trop guide Gorbatchev. Mais l'atmosphère, les
pressions du moment, et les réalités du monde communiste, l'ont
poussé à retourner le manteau.
Nicolas Machiavel, accusé à tort ou à
raison d'avoir introduit la corruption dans les affaires politiques, disait
dans le Prince au chapitre vingt quatre que «... Les
hommes sont plus attirés par le présent que par le passé,
à tel point que, quand ils trouvent le présent bon et propice,
ils ne cherchent pas plus loin... ». C'était une
invitation au Prince à sonder le présent, à s'accommoder
au présent pour mieux maîtriser ses sujets. Dans ce sens, les RI
peuvent souvent s'orienter sans tenir compte de l'histoire, les circonstances
du moment prévalant. Ainsi, les propres initiatives, le
développement de nouvelles théories, le désir de
conquête de nouvelles zone d'influence pour la géostratégie
et géopolitique, ou des raisons purement mercantiles, peuvent influer
éminemment sur les RI que l'histoire ne le ferrait.
Aujourd'hui, à l'ère énergétique,
il suffit de découvrir de nouveaux gisements de pétrole ou de
diamants dans l'antarctique ou dans l'arctique, pour que les grandes puissances
se ruent vers ces zones. Conséquence, ces endroits froids et
incompatibles à la vie humaine, deviendront le lieu de tous les complots
et de démonstrations de puissance. Un autre exemple, que le cas du Tchad
nous enseigne, est celui d'un pays qui peut rester sans être
intéressé par qui que ce soit. Mais la découverte de
nouveaux gisements de pétrole sur son territoire va le porter au faites
des relations internationales. L'or noir a joue un rôle
prépondérant dans les RI ces dix dernières années.
De façon globale, en considérant que les
événements « neufs » d'aujourd'hui
constitueront l'histoire de demain, fait que l'histoire aura toujours sa place
dans les RI. De plus, en reconnaissant que les ingrédients
avérés des RI sont : les conflits, guerres, complots, crise
économique et autres ; qui auront pour remèdes, encore les
guerre, ou les alliances, les accords, traites, et les aides ; on se rend
compte qu' il n'y a rien qui ne soit véritablement nouveau, ce ne sont
que les acteurs qui changent. Le lien entre histoire et RI peut être un
lien de causalité, comme il peut ne pas l'être. Il suffit de
reconnaître tout simplement qu'il existent des interactions entre
l'histoire et les RI. Ce qui nous permet de revenir sur la thèse de ce
devoir pour dire que l'histoire joue effectivement un rôle important dans
les RI. Et c'est ce que nous nous attellerons à soutenir dans les lignes
qui suivent.
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