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Déterminants du choix et du dimensionnement des spéculations en production maraà®chère au Sud-Bénin.

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par Babatoundé Roland ASSOGBA
Faculté des Sciences Agronomiques de l' niversité d'Abomey-Calavi, Bénin - Diplome d'Ingenieur Agronome, Option Economie Socio-Anthropologie et Communication pour le developpement 2008
  

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Discussions

Les analyses statistiques révèlent que plusieurs facteurs affectent le choix et dimensionnement des spéculations sur les exploitations maraîchères.

La zone de production affecte le choix et le dimensionnement des spéculations sur les exploitations maraîchères. La notion de zone de production utilisée ici inclut les paramètres écologiques et socio-démographiques de l'environnement de production des cultures maraîchères. Alors que l'amarante occupe une place plus importante dans les systèmes de production des zones intra-urbaines, l'intensité de la production d'oignon est plus importante en zone côtière. Quant à la laitue, elle est cultivée au Sud-Bénin plus sur sable qu'en bas-fonds. Ces résultats pourraient être expliqués de diverses manières.

Le contexte socio-démographique en zone intra-urbaine entretient une forte pression sur la terre, ce qui réduit les superficies exploitées (moins de 500 m² en moyenne par maraîcher). Cette situation n'incite guère à la prise de risque et de surcroît, limite les marges de manoeuvre des maraîchers en ce qui concerne la diversification de la production qui est une pratique reconnue de tous les maraîchers comme étant une stratégie d'évitement de risque. Dans ces conditions, les maraîchers se contentent des cultures moins exigeantes et moins risquées telle l'amarante. Par ailleurs, la forte intensité de la production de l'amarante en milieux intra-urbains et celle de la laitue en milieux intra-urbains et périurbains pourraient être imputées à la proximité de la demande potentielle émanant des centres urbains.

Contrairement à l'amarante qui est cultivée aussi bien en bas-fonds (Vallée de l'Ouémé) que sur sable (Cotonou, Sèmè-Kpodji), l'oignon est surtout cultivé en zone côtière. La forte intensité de production de l'oignon en zone côtière pourrait être liée aux exigences écologiques de la culture. En effet, l'oignon est une plante potagère dont le bulbe se développe dans le sol. Contrairement aux sols lourds et peu aérés des bas-fonds, les sols sableux et légers des zones côtières offriraient aux cultures de meilleures conditions de développement. Par ailleurs, l'influence du site écologique sur la production de la laitue ne saurait être liée aux préférences écologiques de la culture car la laitue se développe aussi bien en bas-fonds (Porto Novo) que sur sable (Cotonou, Sèmè-Kpodji). Ce résultat est plutôt imputable à la proximité de la demande des centres urbains.

Dans le cas particulier de l'amarante, la forte intensité de la production en zones intra-urbaines pourrait être expliquée en partie par son utilisation dans la lutte contre les nématodes. Selon les maraîchers, l'amarante de par son système racinaire, permet de contrôler la population des nématodes qui constituent de véritables dangers pour certaines cultures (carotte, chou etc.).

La superficie disponible au niveau des exploitations maraîchères affecte elle aussi le choix et la dimension des spéculations. Son influence s'est révélée pertinente sur la laitue. Plus la superficie de terre disponible au niveau des exploitations maraîchères est grande, plus la proportion de terre allouée à la production de laitue est faible. Ce résultat s'explique aisément lorsqu'on sait que la laitue est surtout cultivée en milieux urbains et péri-urbains où la pression foncière est très accentuée. Dans le même temps, on enregistre au niveau des centres urbains une forte demande en produits maraîchers surtout les légumes exotiques dont la laitue. La forte intensité de la production de laitue sur les exploitations disposant de faibles superficies est donc le résultat de la combinaison des effets de la forte pression foncière et de la proximité de la demande en légumes exotiques dans les milieux urbains et péri-urbains.

Le choix et la dimension des spéculations sur les exploitations maraîchères sont par ailleurs influencés par l'accès des maraîchers au crédit agricole. En effet, le crédit agricole constitue une importante source externe de financement qui renforce la capacité de financement des exploitations. Il encourage donc l'intensification de la production au niveau des exploitations. Cependant, pour le cas spécifique de l'amarante, l'influence du crédit agricole sur l'intensité de la production n'est pas directe. En effet, sur les exploitations des zones urbaines et l'amarante n'est généralement pas cultivé pour son revenu car elle est très peu rémunératrice. Elle est surtout cultivée pour le contrôle des nématodes. Dans les successions culturales, elle est placée en avant des cultures les plus vulnérables aux nématodes (chou, carotte, poivron etc.), ce qui permet au maraîcher de réduire les coûts liés à l'achat des produits phytosanitaires.

Les tests statistiques ont aussi révélé que l'encadrement des maraîchers constitue lui aussi un important facteur qui affecte le choix et la dimension des spéculations. Il affecte positivement l'intensité de production de la laitue et de l'oignon. En effet, l'une des finalités de l'intervention des structures telle le CeRPA est le renforcement des capacités des producteurs. L'encadrement améliore donc le savoir et renforce le savoir-faire au plan technique des maraîchers. Ces derniers, confortés par la maîtrise qu'ils ont dans la conduite technique des cultures, sont désormais plus disposés à intensifier la production des cultures exigeantes et les plus rémunératrices dont la laitue et l'oignon.

Les équipements disponibles au niveau de l'exploitation affectent aussi la décision des maraîchers. Alors que la production de l'oignon nécessite des équipements de plus en plus performants, l'amarante quant à elle est surtout cultivée sur les exploitations faiblement équipées. L'influence des équipements en l'occurrence les équipements d'irrigation sur le choix et la dimension de l'oignon sur les exploitations, est imputable aux exigences de la cultures et aux caractéristiques du site écologique. En effet, l'oignon est une culture plus ou moins exigeante en eau (1 à 3 arrosages par jour selon le niveau de développement). Il pousse plus facilement sur des sols sableux, légers, bien aérés et riches en humus (MDR, 1996). Ainsi, il est cultivé au Sud-Bénin sur les sols sableux du littoral. Les exigences de la plante, combinées aux caractéristiques du site écologiques de production de l'oignon, impliquent des équipements d'irrigation plus ou moins performants pour assurer une meilleure couverture des besoins en eau de la plante. En ce qui concerne l'amarante qui est une culture peu exigeante, se développant aussi bien dans les systèmes extensifs des zones de bas-fonds que dans les systèmes plus ou moins intensifs des zones intra-urbaine et péri-urbaine, sa production n'exige pas d'équipements performants.

L'âge du maraîcher affecte le choix et l'allocation de la terre aux spéculations. Alors que l'âge du maraîcher influence positivement l'intensité de production de l'oignon, son influence est plutôt négative sur l'intensité de la production de la laitue. De façon empirique, le goût du risque baisse avec l'âge des individus. Ceci pourrait expliquée la forte intensité de production de laitue au niveau des exploitations conduites par les jeunes. La laitue étant une culture non seulement exigeante mais aussi risquée en raison de la forte fluctuation du prix (incertitude du marché), les jeunes maraîchers lui allouent plus de superficie. En ce qui concerne l'oignon, ce résultat parait atypique. Cependant, l'analyse de la corrélation entre l'âge du maraîcher et le niveau d'équipement des exploitations révèle un coefficient significatif et positif. Ce résultat indique que l'âge du maraîcher et le niveau d'équipement de son exploitation évoluent dans le même sens. En conséquence, l'influence de l'âge sur l'intensité de la production de l'oignon serait liée aux ressources disponibles qui croissent avec l'âge du maraîcher, permettant ainsi à ce dernier d'intensifier sa production.

L'influence du sexe du maraîcher sur le choix et la dimension des spéculations s'est révélée pertinente pour la laitue. L'intensité de production de la laitue est plus forte sur les exploitations dirigées par les hommes. De façon empirique, les femmes sont généralement moins motivées face au risque. Ainsi, étant données les exigences et le risque que comporte la production de certaines cultures exotiques en l'occurrence la laitue, les femmes sont réticentes face à sa production. Elles préfèrent les légumes qui demandent moins de travail et moins risqués tels les légumes feuilles locaux dont les plus produits sont l'amarante et la Grande morelle.

Selon les tests statistiques, l'expérience du maraîcher affecte positivement l'intensité de la production de l'amarante, de l'oignon et de la laitue. En effet, l'expérience améliore non seulement le savoir et le savoir-faire technique des maraîchers, mais aussi la connaissance du marché des légumes. Elle confère donc au maraîcher une meilleure capacité d'anticipation des périodes favorables et défavorables afin de mieux planifier ses productions. Ainsi, les maraîchers les plus expérimentés sont plus motivés à intensifier la production des cultures les plus exigeantes, les plus risquées et les plus rémunératrices telles que la laitue et l'oignon. En ce qui concerne l'amarante, l'influence de l'expérience du maraîcher sur sa production est plutôt imputable à son utilisation sur les exploitations comme « plante de liaison ». A cause de son aptitude à combattre les nématodes, elle est cultivée pour préparer les parcelles à recevoir des cultures plus rémunératrices (chou, carotte, laitue, poivron etc.).

Conclusion

La présente étude a permis de comprendre la logique des maraîchers à travers les facteurs qui affectent le choix et de dimensionnement c'est-à-dire l'allocation de la terre aux spéculations sur les exploitations maraîchères au Sud-Bénin. Ces facteurs sont non seulement nombreux, mais aussi très variables et interconnectés. Les maraîchers décident des légumes à produire et de la dimension de chaque spéculation sur les exploitations, en se basant sur les facteurs naturels (site écologique), les facteurs structurels (équipements de production, terre), les facteurs socio-économiques (prix des produits, coût de production, accès au crédit agricole accès au crédit agricole etc.), les facteurs agronomiques (exigences techniques des cultures etc.), les facteurs institutionnels (encadrement technique etc.) et les facteurs liés au maraîcher lui-même (sexe, âge et expérience). Pour un accroissement de l'offre des produits maraîchers au Bénin, il est important que ces facteurs soient pris en compte dans l'élaboration et la mises en oeuvre des politiques agricoles initiées à cet effet.

Références bibliographiques

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand