Déterminants du choix et du dimensionnement des
spéculations en production maraîchère au
Sud-Bénin.
Assogba R. B., Adéoti R., Coulibaly O. et
Adégbidi A.
Résumé
La culture maraîchère en milieux urbain et
péri-urbain joue un rôle important au plan social et
économique dans la vie de la population béninoise. Ce secteur est
aujourd'hui en pleine extension. Cependant, l'offre en produits
maraîchers au Bénin en général, et dans les
principales villes en particulier, demeure largement au-dessous de la demande.
Pour comprendre les déterminants de l'offre des produits
maraîchers au Sud-Bénin, la présente étude se
propose d'analyser les décisions des maraîchers en matière
de choix et de dimensionnement des spéculations sur les exploitations.
L'étude s'est déroulée dans deux zones
agro-écologiques du Bénin : la zone soudano-guinéenne
sur des terres de barre et la zone sableuse littorale et fluvio-lacustre. Un
échantillon de 136 maraîchers choisis de manière
raisonnée a été enquêté dans les deux zones.
Le modèle de régression Tobit a été utilisé
pour l'analyse des données. Les résultats indiquent que le choix
des légumes à produire et l'allocation de la terre aux
différentes spéculations sont affectées par des
facteurs naturels (site écologique etc.), des facteurs structurels
(équipements de production, terre, etc.), des facteurs
socio-économiques (prix des produits, coût de production,
accès au crédit agricole etc.), des facteurs agronomiques
(exigences techniques des cultures etc.), des facteurs institutionnels
(encadrement technique des maraîchers) et des facteurs liés au
maraîcher (sexe, âge et expérience du maraîcher). La
prise en compte de ces facteurs dans l'élaboration et la mise en oeuvre
des politiques agricoles permettrait à coup sûr d'accroître
l'offre des produits maraîchers au Bénin.
Mots clés : Maraîchage,
choix, Dimensionnement, Sud-Bénin
Analysis of factors affecting the choice and the farm
size in vegetable production in southern Benin.
Abstract
Vegetable production in urban and peri urban aerea plays an
important role at the social and economic scheme in Benin. It is a sector in
full extensio in urban environment in south Benin. It's appear today among the
main dies retained by the government as priority for the country. Vegetables
productions remain low and cannot cover the demands of peoples in the urban
areas in Benin. To undersand the offer of vegetable, this study has devoted to
analyse vegetable producer's decisions-making. The main objective is to analyse
the main factors affecting vegetable producers decisions-making in vegetable
choice and their farm size in south Benin. The area of the study covered two
major agroecological zones in south Benin. A sample of 136 vegetable producers
has been selected accross the two agroecological zones. To analyse the factors
that affected the choice of the crops and their farm size the regression model
of Tobit has been used. The results indicate that there are many factors
affecting the vegetable producer's decisions-making regarding the choice of the
crops and their farm size. There are natural factors (ecological site),
structural factors (equipment and land), socio-economic factors (price,
production cost, credit), agronomic factors, institutional factors (training)
and personal factors (age, sex and experience). Agricultural policies must take
into account those factors to improuve the offer of vegetable in Benin.
Keywords: Vegetables production, choice, farm
size, southern Benin
Introduction
Dans le contexte de l'agriculture urbaine, les cultures
maraîchères deviennent une activité économique
répondant de façon efficace à la demande alimentaire
urbaine (Coulibaly et al, 2004). Le maraîchage figure
aujourd'hui parmi les douze filières prioritaires identifiées et
retenues par le Gouvernement béninois dans le Plan de Relance du Secteur
Agricole et Rural (Tokannou et Quenum, 2007). Il joue un rôle
sociologiquement et économiquement important au sein de la population
béninoise. En effet, la consommation nationale de légumes frais
est très élevée et estimée en 2002, à 74.000
tonnes, soit environ 80 kg par personne et par an (PADAP, 2003). Les cultures
maraîchères sont produites dans toutes les régions du
Bénin surtout au Sud, en zones urbaines et périurbaines et dans
la vallée de l'Ouémé (Adorgloh-Hessou, 2006). Cependant,
les études réalisées par Mbaye et Renson (1996) et LARES
(2001) ont montré que l'offre en produits maraîchers au
Bénin en général, et dans les principales villes en
particulier, est largement au-dessous de la demande. Par exemple, la demande
annuelle du seul marché de Cotonou, représente environ cent
vingt- cinq pour cent (125%) de l'offre pour la tomate et cent-vingt pour cent
(120%) de l'offre pour l'oignon (LARES, 2001). Face à cette situation
de léthargie de la production maraîchère, il
s'avère nécessaire de comprendre les déterminants de
l'offre des légumes en milieux urbain et péri-urbain au
Bénin. A cet effet, la présente étude s'intéresse
à l'analyse des décisions des maraîchers en matière
de choix et de dimensionnement des spéculations. Le choix des
spéculations est au commencement de l'acte agricole ; c'est une
oeuvre fondamentale (Aho et Kossou, 1997). Par ailleurs, les agriculteurs
des régions intertropicales doivent placer leur bien-être
socio-économique au centre de leurs préoccupations et
dimensionner en conséquence leurs exploitations... (Aho et Kossou,
op cit).
La préoccupation centrale de cette étude est de
déterminer les facteurs qui affectent le choix et l'allocation de la
terre aux spéculations sur les exploitations maraîchères au
Sud-Bénin.
Matériel et méthode
Zone d'étude
L'étude s'est déroulée dans deux zones
agro-écologiques du Bénin. Il s'agit de la zone
soudano-guinéenne sur des terres de barre (zone3) et de la zone sableuse
littorale et fluvio-lacustre (zone1), toutes situées dans le
Sud-Bénin. Cette zone est caractérisée dans son ensemble
par un climat de type subéquatorial à 4 saisons (deux saisons de
pluies et deux saisons sèches), une pluviométrie annuelle variant
de 1.000 à 1.400 mm et une période de croissance
végétale d'environ 240 jours/an. Les températures varient
peu (25 à 30 °C). Dans la zone soudano-guinéenne sur des
terres de barre, la forêt dense semi-décidue a laissé place
à une végétation anthropique de palmiers et de
graminées. Les sols sont ferrallitiques et appelés
« terre de barre ». La zone sableuse littorale et
fluvio-lacustre est caractérisée par un relief uniforme et peu
marqué. La bande sableuse est une plaine alors que les vallées se
présentent sous forme de dépressions ouvertes ou
encaissées. On y retrouve des sols hydromorphes, fertiles mais
inondables pendant les crues des fleuves, et des sols sableux, peu fertiles.
Les principales formations végétales retrouvées dans cette
zone sont la savane herbeuse, le fourré arbustif et les prairies.
Au plan démographique, la densité de population
rurale par km² de terre cultivable est globalement élevée
(185 habitants/km² pour la zone soudano-guinéenne sur des terres de
barre, et 174 habitants/km² pour la zone sableuse littorale et
fluvio-lacustre) et indique une très forte pression démographique
sur les terres.
Echantillonnage
Trois grandes zones de production maraîchère ont
été distinguées au Sud-Bénin en se basant sur des
caractéristiques écologiques, édaphiques et climatiques
mais aussi les caractéristiques socio-économiques du milieu qui
intègrent la pression de l'urbanisation, les surfaces cultivées,
la disponibilité en eau et les infrastructures etc. (PADAP, 2003 ;
Adorgloh-Hessou, 2006 ; Assogba-Komlan et al, 2007). Il s'agit
de :
- la zone de bas-fonds qui regroupe la Vallée de
l'Ouémé représentée par les communes de Dangbo et
d'Adjohoun et la zone rurale de la commune de Grand Popo ;
- la zone côtière qui regroupe les communes de
Sèmè-Kpodji, de Ouidah et la partie sableuse de
Grand-Popo ;
- la zone intra-urbaine qui regroupe les villes de Cotonou et
de Porto-Novo.
Le choix des unités d'enquête a été
raisonné de façon à prendre en compte la diversité
des situations géographiques et des types d'exploitations. Trois
principaux critères ont présidé le choix des villages et
sites d'enquête : la zone de production, l'importance du
maraîchage au niveau des villages ou des sites, la distance et
l'accessibilité des villages ou des sites pendant la période
d'étude. Ainsi, les enquêtes ont été menées
dans les villages de Agonlin Lowé et Dannou dans la commune d'Adjohoun,
à Grand popo, Agoué et Gnito dans la commune de Grand popo, sur
le site du village maraîcher de Sèmè-Kpodji, sur le site de
Houéyiho à Cotonou et sur les sites de Sokomè et Acron
à Porto Novo. Par ailleurs le choix des exploitations
maraîchères a été dans un premier temps
raisonné de manière à prendre en compte la
diversité des systèmes de production. A l'intérieur des
catégories identifiées à l'issue de la
pré-typologie des systèmes de production réalisée
à cet effet, les exploitations sont choisies de façon
aléatoire.
Au total, 136 producteurs de légumes ont
été enquêtés dans les trois zones de production
sus-indiquées à raison de 45 dans la zone intra-urbaine, 45 dans
la zone de bas-fonds et 46 dans la zone côtière.
Analyses statistiques
La présente étude vise à identifier les
facteurs influençant le choix et le dimensionnement des
spéculations sur les exploitations maraîchères. A cet
effet, il a d'abord fallu identifier les trois principaux légumes
produits dans la zone d'étude grâce au calcul l'indice de rang
dont la formule se présente comme suit.
I= [(rang1 x 4) + (rang2 x 3) + (rang3 x 2) + (rang4 x
1)]/4.
Avec I l'indice de rang d'un légume donnée,
et rang 1, rang 2, rang 3 et rang 4, correspondant
respectivement au nombre de maraîchers ayant attribué le rang 1,
2, 3 et 4 au légume en question.
Les trois légumes ainsi identifiés ont
été retenus comme des cas pour l'étude de la
décision des maraîchers.
L'analyse des facteurs qui affectent le choix et le
dimensionnement des spéculations a été
modélisée à l'aide du modèle de régression
Tobit. Il a permis de tester la signification des coefficients, et
d'apprécier le sens de l'influence des différents facteurs sur le
choix et le dimensionnement des différentes spéculations.
La décision du maraîcher à produire un
légume donné (choix et dimension) est représentée
par l'équation suivante :
Vh est une variable latente qui permet d'approcher
la part de la superficie exploitée allouée par l'individu h
à la production d'une spéculation donnée.
Xh représente le vecteur
caractéristique de l'individu h, son exploitation et l'environnement
dans lequel il évolue.
B représente les paramètres du modèle
eh est le terme d'erreur indépendamment et
identiquement distribué selon une loi normale, avec une moyenne nulle et
une variance constante ó².
Pour une spéculation donnée, la variable
dépendante Yh du modèle correspond à la part de
la superficie exploitée allouée par le maraîcher à
sa. La relation peut s'écrire comme suit :
Le modèle Tobit permet d'estimer les paramètres
B et ó² à partir des observations de Yh et
Xh. La part de la superficie allouée à la production
d'une spéculation donnée étant positive ou nulle, la
fonction du maximum de vraisemblance peut s'exprimer sous la forme
suivante :
Ô et ö représentent respectivement la
fonction de répartition et la fonction de densité.
La description des variables explicatives incluses dans le
modèle de même que le signe attendu sont présentés
dans le tableau 1.
Tableau 1: Variables
indépendantes du modèle de régression, modalités et
signes attendus
Variables
|
Codes
|
Types
|
Modalités
|
Signes attendus
|
Age du maraîcher
|
Age
|
Numérique
|
Variable continue
|
+ / -
|
Sexe du maraîcher
|
Sex
|
Binaire
|
0= femmes 1= hommes
|
+ / -
|
Expérience du maraîcher
|
Expe
|
Numérique
|
Variable continue
|
+
|
Equipements d'irrigation disponible
|
Eqirrig
|
Ordinale
|
1= bassine ou boite trouée ; 2= arrosoir manuel ;
3= motopompe + bassin + arrosoir ; 4= motopompe+ raccord
flexible ; 5= pompes électriques ; 6= pompe + asperseurs
|
+
|
Equipements de traitement phytosanitaire disponibles
|
Eqtrait
|
Ordinale
|
0= Aucun ; 1= Bassine + Spathe
2= Arrosoir ; 3= Pulvérisateur
|
+
|
Superficie disponible
|
Supdispo
|
Numérique
|
Variable continue
|
-
|
Main-d'oeuvre disponible
|
Eqhoe
|
Numérique
|
Variable continue
|
+ / -
|
Site écologique de production
|
Siteco
|
Binaire
|
1= Sol sableux ; 2= Bas-fonds
|
+ / -
|
Régime foncier
|
Regfonc
|
Ordinale
|
1= achat ; 2= héritage ; 3= emprunt ; 4=
location
|
-
|
Zone de production
|
Zpro
|
Dichotomique
|
1= bas-fonds ; 2= cordon littoral ; 3= Zone
intra-urbaine
|
+ / -
|
Accès au crédit
|
Credit
|
Binaire
|
0= non ; 1= oui
|
+
|
Contact avec le CeRPA
|
Contact
|
Binaire
|
0= non ; 1= oui
|
+
|
Niveau d'encadrement
|
Encadr
|
Ordinale
|
0= aucune ; 1= Visites occasionnelles ;
2= Visites mensuelles ; 4=Visites bihebdomadaires
|
+
|
Source : Enquêtes, Juillet -
Septembre 2007
Résultats
Principaux légumes produits au
Sud-Bénin
Le tableau 2 présente les résultats du calcul
des indices de rang pour les différents légumes selon la
perception exprimée par les maraîchers.
Tableau 2: Calcul
des indices de rang des cultures
Cultures
|
Rang1
|
Rang2
|
Rang3
|
Rang4
|
Indices
|
Rangs
|
Amarante (Amaranthus hybridus)
|
4
|
11
|
16
|
14
|
187,25
|
1
|
Oignon (Allium cepa)
|
26
|
4
|
0
|
1
|
136
|
2
|
Laitue (Lactuca sativa)
|
13
|
14
|
7
|
13
|
133,75
|
3
|
Tomate (Solanum lycopersicum)
|
18
|
16
|
22
|
6
|
107,5
|
4
|
Célosie (Celosia argentea)
|
20
|
8
|
5
|
3
|
106,25
|
5
|
Chou (Brassica oleracea)
|
6
|
0
|
6
|
4
|
51
|
6
|
Carotte (Daucus carota)
|
17
|
18
|
9
|
3
|
48,5
|
7
|
Grande morelle (Solanum macrocarpum)
|
17
|
18
|
17
|
9
|
41,25
|
8
|
Concombre (Cucumis sativus)
|
0
|
4
|
2
|
2
|
21
|
9
|
Gombo (Hibiscus esculentus)
|
14
|
12
|
8
|
1
|
18
|
10
|
Navet (Brassica rapa)
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
11
|
Crincrin (Corchorus olitirius)
|
0
|
1
|
3
|
1
|
0,25
|
12
|
Pastèques (Citrullus lanatus)
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0,25
|
13
|
Menthe (Mentha arvensis)
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,25
|
14
|
Poivron (Capsicum annuum)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
15
|
Piment (Capsicum frutenscens)
|
0
|
20
|
19
|
18
|
0
|
16
|
Poireau (Allium porrum)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
17
|
Vernonia (Vernonia amygdalina)
|
1
|
2
|
2
|
4
|
0
|
18
|
Source : Enquêtes, Juillet -
Septembre 2007
L'Amarante vient en tête du classement (I= 187,25)
suivi par l'oignon (I= 136), et la laitue (I= 133,75). Selon la perception des
maraîchers, l'amarante, l'oignon et la laitue sont les trois
légumes les plus produits au Sud-Bénin.
Facteurs affectant le choix et la dimension des
spéculations
Cas de l'amarante
Le modèle de régression est hautement
significatif. Le pseudo R2 s'élève à 0,67, ce qui signifie
que 67 % des variations de la variable dépendante sont expliquées
par les variations des variables explicatives du modèle. Le test
individuel de signification des variables a révélé quatre
(4) coefficients significatifs au seuil de 10 % (Voir tableau 3).
- Le coefficient de la variable «zone de production»
est positif et significatif au seuil de 1 %. La zone de production influence
donc les décisions (choix et dimensionnement) des maraîchers de
produire l'amarante. Le signe positif du coefficient implique que l'amarante
occupe des proportions plus importantes de la superficie exploitée en
zones intra-urbaines.
- Le coefficient de la variable «accès au
crédit agricole» est significatif au seuil de 5 % et positif.
L'accès au crédit accroît la superficie allouée
à la production de l'amarante.
- L'expérience du maraîcher présente un
coefficient positif et significatif au seuil de 5 %. La superficie
allouée à la production de l'amarante croît avec
l'expérience des maraîchers.
- La variable «équipement de traitement»
présente un coefficient négatif et significatif au seuil de 10 %.
L'amarante est plus produite sur des exploitations faiblement
équipées, ne disposant pas d'un matériel assez performant
pour les traitements phytosanitaires.
Tableau 3:
Résultats de l'estimation du modèle Tobit pour
l'amarante
Variables
|
Coefficient
|
Std. Err.
|
P>|t|
|
Zone de production
|
0,657
|
0,135
|
0,000
|
Superficie disponible
|
0,004
|
0,084
|
0,962
|
Régime foncier
|
0,011
|
0,086
|
0,899
|
Equipement d'irrigation
|
0,017
|
0,063
|
0,786
|
Equipement de traitement
|
-0,230
|
0,124
|
0,067
|
Marché extérieur
|
0,014
|
0,129
|
0,914
|
Contact avec le CeRPA
|
0,162
|
0,184
|
0,380
|
Niveau d'encadrement
|
-0,017
|
0,061
|
0,781
|
Accès au crédit agricole
|
0,259
|
0,124
|
0,039
|
Age du maraîcher
|
-0,008
|
0,006
|
0,139
|
Sexe du maraîcher
|
-0,015
|
0,115
|
0,895
|
Expérience du maraîcher
|
0,011
|
0,005
|
0,036
|
Constante
|
-1,243
|
0,484
|
0,011
|
sigma
|
0,324
|
0,035
|
|
Source : Enquêtes, Juillet
- Septembre 2007
Cas de l'oignon
Le modèle de régression est hautement
significatif. Le pseudo R2 s'élève à 0,71, ce qui signifie
que 71% des variations de la variable dépendante sont expliquées
par les variations des variables explicatives du modèle. Le test
individuel de signification des variables a révélé cinq
(5) coefficients significatifs au seuil de 10 % (Voir tableau 4).
- La zone de production côtière présente
un coefficient positif et significatif au seuil de 1 %, ce qui implique
que les plus fortes proportions de superficie sont allouées à la
production d'oignon en zones côtières.
- Le niveau d'équipement d'irrigation présente
un coefficient positif et significatif au seuil de 10 %. Des proportions de
plus en plus fortes de la superficie exploitée sont allouées
à la production d'oignon selon la performance des équipements
d'irrigation disponibles.
- Le contact avec le CeRPA est significatif au seuil de 10 %
avec un coefficient positif. La superficie allouée à la
production d'oignon est plus importante lorsque les maraîchers ont un
contact avec le CeRPA.
- Le coefficient relatif à l'âge des
maraîchers est significatif au seuil de 5 % et positif. Donc plus les
maraîchers sont âgés, plus ils allouent de superficies
à la production d'oignon.
- L'expérience du maraîcher présente un
coefficient positif et significatif au seuil de 10 %. Les maraîchers les
plus expérimentés allouent plus de superficies à la
production d'oignon.
Tableau 4:
Résultats de l'estimation du modèle Tobit pour
l'oignon
Variables
|
Coefficients
|
Std. Err.
|
P>|t|
|
Zone côtière
|
0,794
|
0,255
|
0,002
|
Superficie disponible
|
-0,009
|
0,046
|
0,851
|
Régime foncier
|
-0,224
|
0,050
|
0,197
|
Equipement d'irrigation
|
0,510
|
0,300
|
0,092
|
Equipement de traitement
|
0,333
|
0,245
|
0,176
|
Marché extérieur
|
0,176
|
0,256
|
0,492
|
Contact avec le CeRPA
|
0,321
|
0,189
|
0,093
|
Niveau d'encadrement
|
-0,045
|
0,059
|
0,450
|
Accès au crédit agricole
|
0,065
|
0,111
|
0,562
|
Age du maraîcher
|
0,013
|
0,006
|
0,031
|
Sexe du maraîcher
|
-0,119
|
0,120
|
0,324
|
Expérience du maraîcher
|
0,014
|
0,008
|
0,063
|
Constante
|
-1,454
|
0,861
|
0,094
|
sigma
|
0,315
|
0,044
|
|
Source : Enquêtes,
Juillet - Septembre 2007
Cas de la laitue
Le modèle de régression est hautement
significatif. Le pseudo R2 s'élève à 0,72, ce qui signifie
que 72% des variations de la variable dépendante sont expliquées
par les variations des variables explicatives du modèle. Le test
individuel de signification des variables a révélé que six
(6) coefficients sont significatifs au seuil de 10 % (voir tableau 5).
- Le site écologique présente un coefficient
positif et significatif au seuil de 10 %, ce qui signifie que la laitue est
surtout produite sur les sols sableux.
- La superficie disponible présente un coefficient
négatif et significatif au seuil de 1 %. Les exploitations qui disposent
de grandes superficies allouent de faibles proportions de la superficie
exploitée à la production de laitue.
- Le contact avec le CeRPA présente un coefficient
positif et significatif au seuil de 10%. Les maraîchers qui sont en
contact avec la vulgarisation allouent plus de superficie à la
production de laitue.
- Le coefficient relatif à l'âge du
maraîcher est significatif au seuil de 5 % et négatif. Les jeunes
exploitants allouent une plus de superficie à la production de laitue.
- Le coefficient relatif à la variable sexe du
maraîcher est significatif au seuil de 5 % et positif. Les hommes
allouent plus de superficies à la production de laitue.
- L'expérience du maraîcher présente un
coefficient positif et significatif au seuil de 10 %. Les maraîchers les
plus expérimentés allouent plus de superficie à la
production de laitue.
Tableau 5:
Résultats de l'estimation du modèle Tobit pour la
laitue
Variables
|
Coefficients
|
Std. Err.
|
P>|t|
|
Site écologique
|
0,351
|
0,198
|
0,079
|
Superficie disponible
|
-0,917
|
0,250
|
0,000
|
Regime foncier
|
0,259
|
0,158
|
0,104
|
Equipement d'irrigation
|
0,022
|
0,056
|
0,702
|
Equipement de traitement
|
0,109
|
0,124
|
0,380
|
Marché extérieur
|
-0,195
|
0,161
|
0,228
|
Contact avec le CeRPA
|
0,310
|
0,172
|
0,073
|
Niveau d'encadrement
|
0,019
|
0,049
|
0,701
|
Accès au crédit agricole
|
-0,107
|
0,111
|
0,336
|
Age du maraîcher
|
-0,011
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0,005
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0,019
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Sexe du maraîcher
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0,185
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0,097
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0,059
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Expérience du maraîcher
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0,008
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0,005
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0,076
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constante
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-1,016
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0,584
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0,084
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sigma
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0,281
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0,031
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Source : Enquêtes,
Juillet - Septembre 2007
Discussions
Les analyses statistiques révèlent que plusieurs
facteurs affectent le choix et dimensionnement des spéculations sur les
exploitations maraîchères.
La zone de production affecte le choix et le dimensionnement
des spéculations sur les exploitations maraîchères. La
notion de zone de production utilisée ici inclut les paramètres
écologiques et socio-démographiques de l'environnement de
production des cultures maraîchères. Alors que l'amarante occupe
une place plus importante dans les systèmes de production des zones
intra-urbaines, l'intensité de la production d'oignon est plus
importante en zone côtière. Quant à la laitue, elle est
cultivée au Sud-Bénin plus sur sable qu'en bas-fonds. Ces
résultats pourraient être expliqués de diverses
manières.
Le contexte socio-démographique en zone intra-urbaine
entretient une forte pression sur la terre, ce qui réduit les
superficies exploitées (moins de 500 m² en moyenne par
maraîcher). Cette situation n'incite guère à la prise de
risque et de surcroît, limite les marges de manoeuvre des
maraîchers en ce qui concerne la diversification de la production qui est
une pratique reconnue de tous les maraîchers comme étant une
stratégie d'évitement de risque. Dans ces conditions, les
maraîchers se contentent des cultures moins exigeantes et moins
risquées telle l'amarante. Par ailleurs, la forte intensité de la
production de l'amarante en milieux intra-urbains et celle de la laitue en
milieux intra-urbains et périurbains pourraient être
imputées à la proximité de la demande potentielle
émanant des centres urbains.
Contrairement à l'amarante qui est cultivée
aussi bien en bas-fonds (Vallée de l'Ouémé) que sur sable
(Cotonou, Sèmè-Kpodji), l'oignon est surtout cultivé en
zone côtière. La forte intensité de production de l'oignon
en zone côtière pourrait être liée aux exigences
écologiques de la culture. En effet, l'oignon est une plante
potagère dont le bulbe se développe dans le sol. Contrairement
aux sols lourds et peu aérés des bas-fonds, les sols sableux et
légers des zones côtières offriraient aux cultures de
meilleures conditions de développement. Par ailleurs, l'influence du
site écologique sur la production de la laitue ne saurait être
liée aux préférences écologiques de la culture car
la laitue se développe aussi bien en bas-fonds (Porto Novo) que sur
sable (Cotonou, Sèmè-Kpodji). Ce résultat est plutôt
imputable à la proximité de la demande des centres urbains.
Dans le cas particulier de l'amarante, la forte
intensité de la production en zones intra-urbaines pourrait être
expliquée en partie par son utilisation dans la lutte contre les
nématodes. Selon les maraîchers, l'amarante de par son
système racinaire, permet de contrôler la population des
nématodes qui constituent de véritables dangers pour certaines
cultures (carotte, chou etc.).
La superficie disponible au niveau des exploitations
maraîchères affecte elle aussi le choix et la dimension des
spéculations. Son influence s'est révélée
pertinente sur la laitue. Plus la superficie de terre disponible au niveau des
exploitations maraîchères est grande, plus la proportion de terre
allouée à la production de laitue est faible. Ce résultat
s'explique aisément lorsqu'on sait que la laitue est surtout
cultivée en milieux urbains et péri-urbains où la pression
foncière est très accentuée. Dans le même temps, on
enregistre au niveau des centres urbains une forte demande en produits
maraîchers surtout les légumes exotiques dont la laitue. La forte
intensité de la production de laitue sur les exploitations disposant de
faibles superficies est donc le résultat de la combinaison des effets de
la forte pression foncière et de la proximité de la demande en
légumes exotiques dans les milieux urbains et péri-urbains.
Le choix et la dimension des spéculations sur les
exploitations maraîchères sont par ailleurs influencés par
l'accès des maraîchers au crédit agricole. En effet, le
crédit agricole constitue une importante source externe de financement
qui renforce la capacité de financement des exploitations. Il encourage
donc l'intensification de la production au niveau des exploitations. Cependant,
pour le cas spécifique de l'amarante, l'influence du crédit
agricole sur l'intensité de la production n'est pas directe. En effet,
sur les exploitations des zones urbaines et l'amarante n'est
généralement pas cultivé pour son revenu car elle est
très peu rémunératrice. Elle est surtout cultivée
pour le contrôle des nématodes. Dans les successions culturales,
elle est placée en avant des cultures les plus vulnérables aux
nématodes (chou, carotte, poivron etc.), ce qui permet au
maraîcher de réduire les coûts liés à l'achat
des produits phytosanitaires.
Les tests statistiques ont aussi révélé
que l'encadrement des maraîchers constitue lui aussi un important facteur
qui affecte le choix et la dimension des spéculations. Il affecte
positivement l'intensité de production de la laitue et de l'oignon. En
effet, l'une des finalités de l'intervention des structures telle le
CeRPA est le renforcement des capacités des producteurs. L'encadrement
améliore donc le savoir et renforce le savoir-faire au plan technique
des maraîchers. Ces derniers, confortés par la maîtrise
qu'ils ont dans la conduite technique des cultures, sont désormais plus
disposés à intensifier la production des cultures exigeantes et
les plus rémunératrices dont la laitue et l'oignon.
Les équipements disponibles au niveau de l'exploitation
affectent aussi la décision des maraîchers. Alors que la
production de l'oignon nécessite des équipements de plus en plus
performants, l'amarante quant à elle est surtout cultivée sur les
exploitations faiblement équipées. L'influence des
équipements en l'occurrence les équipements d'irrigation sur le
choix et la dimension de l'oignon sur les exploitations, est imputable aux
exigences de la cultures et aux caractéristiques du site
écologique. En effet, l'oignon est une culture plus ou moins exigeante
en eau (1 à 3 arrosages par jour selon le niveau de
développement). Il pousse plus facilement sur des sols sableux,
légers, bien aérés et riches en humus (MDR, 1996). Ainsi,
il est cultivé au Sud-Bénin sur les sols sableux du littoral. Les
exigences de la plante, combinées aux caractéristiques du site
écologiques de production de l'oignon, impliquent des équipements
d'irrigation plus ou moins performants pour assurer une meilleure couverture
des besoins en eau de la plante. En ce qui concerne l'amarante qui est une
culture peu exigeante, se développant aussi bien dans les
systèmes extensifs des zones de bas-fonds que dans les systèmes
plus ou moins intensifs des zones intra-urbaine et péri-urbaine, sa
production n'exige pas d'équipements performants.
L'âge du maraîcher affecte le choix et
l'allocation de la terre aux spéculations. Alors que l'âge du
maraîcher influence positivement l'intensité de production de
l'oignon, son influence est plutôt négative sur l'intensité
de la production de la laitue. De façon empirique, le goût du
risque baisse avec l'âge des individus. Ceci pourrait expliquée la
forte intensité de production de laitue au niveau des exploitations
conduites par les jeunes. La laitue étant une culture non seulement
exigeante mais aussi risquée en raison de la forte fluctuation du prix
(incertitude du marché), les jeunes maraîchers lui allouent plus
de superficie. En ce qui concerne l'oignon, ce résultat parait atypique.
Cependant, l'analyse de la corrélation entre l'âge du
maraîcher et le niveau d'équipement des exploitations
révèle un coefficient significatif et positif. Ce résultat
indique que l'âge du maraîcher et le niveau d'équipement de
son exploitation évoluent dans le même sens. En
conséquence, l'influence de l'âge sur l'intensité de la
production de l'oignon serait liée aux ressources disponibles qui
croissent avec l'âge du maraîcher, permettant ainsi à ce
dernier d'intensifier sa production.
L'influence du sexe du maraîcher sur le choix et la
dimension des spéculations s'est révélée pertinente
pour la laitue. L'intensité de production de la laitue est plus forte
sur les exploitations dirigées par les hommes. De façon
empirique, les femmes sont généralement moins motivées
face au risque. Ainsi, étant données les exigences et le risque
que comporte la production de certaines cultures exotiques en l'occurrence la
laitue, les femmes sont réticentes face à sa production. Elles
préfèrent les légumes qui demandent moins de travail et
moins risqués tels les légumes feuilles locaux dont les plus
produits sont l'amarante et la Grande morelle.
Selon les tests statistiques, l'expérience du
maraîcher affecte positivement l'intensité de la production de
l'amarante, de l'oignon et de la laitue. En effet, l'expérience
améliore non seulement le savoir et le savoir-faire technique des
maraîchers, mais aussi la connaissance du marché des
légumes. Elle confère donc au maraîcher une meilleure
capacité d'anticipation des périodes favorables et
défavorables afin de mieux planifier ses productions. Ainsi, les
maraîchers les plus expérimentés sont plus motivés
à intensifier la production des cultures les plus exigeantes, les plus
risquées et les plus rémunératrices telles que la laitue
et l'oignon. En ce qui concerne l'amarante, l'influence de l'expérience
du maraîcher sur sa production est plutôt imputable à son
utilisation sur les exploitations comme « plante de
liaison ». A cause de son aptitude à combattre les
nématodes, elle est cultivée pour préparer les parcelles
à recevoir des cultures plus rémunératrices (chou,
carotte, laitue, poivron etc.).
Conclusion
La présente étude a permis de comprendre la
logique des maraîchers à travers les facteurs qui affectent le
choix et de dimensionnement c'est-à-dire l'allocation de la terre aux
spéculations sur les exploitations maraîchères au
Sud-Bénin. Ces facteurs sont non seulement nombreux, mais aussi
très variables et interconnectés. Les maraîchers
décident des légumes à produire et de la dimension de
chaque spéculation sur les exploitations, en se basant sur les
facteurs naturels (site écologique), les facteurs structurels
(équipements de production, terre), les facteurs
socio-économiques (prix des produits, coût de production,
accès au crédit agricole accès au crédit agricole
etc.), les facteurs agronomiques (exigences techniques des cultures etc.), les
facteurs institutionnels (encadrement technique etc.) et les facteurs
liés au maraîcher lui-même (sexe, âge et
expérience). Pour un accroissement de l'offre des produits
maraîchers au Bénin, il est important que ces facteurs soient pris
en compte dans l'élaboration et la mises en oeuvre des politiques
agricoles initiées à cet effet.
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