b-Les
développements empiriques sur la croissance
Les nouvelles théories de la croissance ont
engendré une forte reprise des analyses empiriques et notamment
économétriques. Ceci a eu des retombées positives en ce
qui concerne la constitution des bases de données. Toutefois, peu de ces
analyses portent spécifiquement sur les pays les plus pauvres.
La plupart des analyses générales mettent
l'accent sur une particularité africaine, qui se matérialise par
le fait que la variable muette attachée aux pays africains est
significative. Cette spécificité a été
analysée en détail par Collier et Gunning (1997). Ces derniers
concluent que quatre facteurs jouent un rôle important dans la faible
performance africaine en terme de croissance ; faible ouverture du
marché des biens (du fait de nombreuses distorsions, manque de capital
social, fractionnement socio- ethnique, le respect des contrats), risques
élevés (notamment au niveau de l'inflation) et faible performance
du secteur publique.
La faiblesse du secteur financier joue également un
rôle mais moins important.
Savidès (1995) a montré qu'en Afrique, les
conditions initiales (PIB/habitant de l'année de départ) influent
négativement sur le taux de croissance du PIB/ habitant, ce qui
étaye la thèse de convergence au sein du groupe. En revanche, le
taux d'investissement, la croissance de la population, l'ouverture commerciale,
le développement financier et le degré de liberté
politique et économique ont un impact positif et significatif sur le
taux de croissance. En revanche la croissance du ratio de dépenses
publiques sur le PIB contribue à l'augmentation de la croissance du
PIB par habitant.
Enfin le taux de scolarisation dans le secondaire, le taux de
croissance de la population et la variabilité du taux de change
réel ne semblent avoir aucune influence statistiquement
décelable.
Savidès (1995) souligne que l'absence de
significativité du taux de scolarisation peut être due au fait que
le taux de scolarisation dans le secondaire n'est sans doute pas un bon
indicateur du capital humain, parce qu'il ne prend pas en compte
l'efficacité de la formation.
Des résultats très proches sont obtenus par Ojo
et Osshikoya (1995). Pour eux, la croissance africaine est essentiellement
expliquée (positivement) par le taux d'investissement,
(négativement) par le taux de croissance de la population,
(positivement) par les exportations, (positivement) par le taux de change
réel. Cette analyse inclut un groupe de pays à faible revenus qui
comprend six pays : (Bénin, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, ex-Zaire et
Zambie).
S'agissant de la quantification du lien entre le financement
extérieur générateur d'endettement et les facteurs de
croissance, l'hypothèse est que tout financement extérieur
reçu est destiné à l'investissement. Le fait de supposer
qu'une partie du financement est destinée à la consommation
(Kessler 1985), ne modifie pas les résultats qualitatifs. Il modifie
bien entendu les résultats quantitatifs, en repoussant la date
d'annulation de la dette (en cas d'insolvabilité), sauf si l'on adopte
la position à la Azam Plane (1986) qui considère la connaissance
comme source de croissance dans les pays les plus pauvres, il faut tenir compte
du fait que l'Etat est le seul agent économique susceptible d'emprunter
à l'étranger, en raison du rationnement de crédit qui
touche presque tous les opérateurs privés.
Dans la situation typique de ces pays en dehors de l'Etat
proprement dit, seules quelques grandes entreprises publiques sont susceptibles
d'obtenir quelques crédits extérieurs et
généralement auprès d'agences publiques
spécialisées (SFI, Proparco...). Encore ces crédits sont
en majorité avalisés par l'Etat d'après les données
de la Banque mondiale pour 1995 (Global Development Finance 1997).
La dette extérieure à long terme était
entièrement publique dans la plupart des pays à faible revenu.
Ojo et Oshikoya (1995) procèdent à une analyse
économique de panel (68 pays de 1970 à 1995) qui semble aussi
valider cette hypothèse pour les pays africains en
général. Dans les équations qui expliquent le taux de
croissance réel par habitant d'une part, le taux d'investissement
d'autre part, la variable taux d'endettement extérieur est
significative, quoique faiblement dans le second cas. D'après leurs
estimations, une réduction du taux d'endettement (dette
extérieure/PIB) de 10% entraînerait une augmentation du taux de
croissance des économies africaines de 0 ,3% et une augmentation de
0,4% du taux d'investissement.
Dessus et Herrera (1996) utilisant une procédure
d'estimation d'équations simultanées, mettant en lumière
un effet négatif de la dette publique sur l'investissement privé
de faible niveau (élasticité de -0,03), mais fortement
significative (il est cependant curieux de constater que les résultats
ne présentent aucun effet repérable de l'endettement public sur
l'investissement public).Mais ces résultats ne font pas
l'unanimité.
D.Cohen (1996) montre empiriquement que la dette a pesé
sur la croissance dans les pays en développement. Cependant, le
résultat général n'est pas obtenu pour tous les pays de
l'échantillon, notamment en ce qui concerne les pays africains.
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