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Effet de la dette extérieure sur la croissance économique au Bénin

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par Gbènoukpo Modeste Arnaud DEDEHOUANOU
Université d'Abomey-Calavi - DEA en Economie 2009
  

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2- Analyse économétrique de l'effet de la dette extérieure sur la croissance économique au Bénin et validation des hypothèses

a- Analyse économétrique de l'effet de la dette extérieure sur la croissance économique au Bénin

L'écriture du modèle de court terme est justifiée car le coefficient de la force de rappel à l'équilibre â9 = -0,9403 est négatif et significativement différent de zéro au seuil de 1% (son test de student est supérieur à 1,96 en valeur absolue). Il existe un mécanisme à correction d'erreur. A long terme les déséquilibres entre le taux de croissance par tête du PIB et les variables explicatives du modèle se compensent de sorte que les séries ont des évolutions similaires. Â9 représente la vitesse à laquelle tout déséquilibre entre les niveaux désirés et effectifs du taux de croissance par tête du PIB est résorbé dans l'année qui suit tout choc. â10 =-0,9403 implique que l'on arrive à ajuster 94,03% du déséquilibre entre les niveaux désirés et effectifs du taux de croissance par tête du PIB. Ainsi les chocs sur le taux de croissance par tête du PIB au Bénin se corrigent à 94,03% par l'effet de « feed-back ». En d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année est entièrement résorbé au bout d'une année, et deux jours.

Les différents tests effectués au niveau de ce modèle ont été concluants. En effet le R² ajusté= 0,3915, la statistique de Fisher est égale à 2,21 ce qui permet de dire que le modèle reste globalement significatif. Egalement la distribution est normale, les erreurs sont homoscédastiques et non corrélés au seuil de 5%. Sans oublier le test de Ramsey nous rassure quant à la bonne spécification du modèle (voir annexe pour les différents).

Maintenant qu'en est il du modèle de long terme ?

Les résultats de l'estimation nous montre que le taux d'investissement public a eu un impact négatif mais significatif à 10% sur la croissance du PIB. On note que le signe obtenu ne correspond pas au signe attendu ; de plus une augmentation de un point du taux d'investissement public entraîne une baisse du taux de croissance de 0,1193. Ce qui est contraire à la théorie selon laquelle l'investissement public par les effets qu'il induit favorise la croissance et donc le développement. En effet il est possible de voir ce signe lorsque les investissements réalisés ne sont pas utiles aux populations ou tout simplement une mauvaise utilisation de ces infrastructures peut induire des flux de recettes négatifs donc des financements pour l'entretien assez coûteux et donc ralentirait la croissance.

Les variations des termes de l'échange ont un impact négatif sur la croissance au Bénin et son coefficient reste non significatif mais faible, car ils sont très vulnérables aux chocs extérieurs avec une balance commerciale structurelle déficitaire. Ce signe montre que la dégradation des termes de l'échange réduit le taux de croissance du PIB et donc en cherchant à maintenir ce taux à un niveau acceptable, le pays va s'endetter et ceci davantage. Mais cette idée sera rejetée par Leonce Yapo (2002) et Cashin P. et Potillo (2000) qui trouvent que cette dégradation des termes de l'échange n'explique pas forcement l'endettement. La controverse de ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que la détérioration des termes de l'échange n'a sûrement pas encore atteint le point ou les recettes en devises fléchissent en dégradant la situation financière et économique du pays.

L'ouverture commerciale n'est pas aussi pertinente, son coefficient (-1,7285) est non significatif traduisant ainsi que l'ouverture commerciale n'a peut être pas d'impact sur la productivité à travers les transferts de connaissances et des bénéfices efficients et de façon consécutive sur la croissance du Bénin. Le résultat controverse de Marc Raffinot et Baptiste Venet (2001) qui ont conclu une inexistence de relation entre l'endettement et l'ouverture commerciale, semble être vérifié pour le Bénin. La faiblesse du lien entre l'endettement extérieur et l'ouverture commerciale est à priori surprenante, puisqu'une économie qui s'endette à l'extérieur devrait avoir le souci de préserver sa solidarité. Néanmoins, ceci peut sans doute s'expliquer par le fait que le Bénin n'emprunte qu'auprès d'organismes publics qui ne sanctionnent que faiblement les défauts de paiement.

Dans l'équation de la croissance, on a introduit l'indicateur de dette extérieure sur le PIB au carré dans le but d'estimer une courbe de Laffer entre la dette et la croissance et pour connaître le niveau de la dette pour lequel l'effet sur la croissance est optimal et le degré à partir duquel il devient négatif. En effet, nos résultats montrent qu'il y a une relation non linéaire entre la dette et la croissance, car le coefficient (0,1489) de la dette extérieure sur le PIB est positif, tandis que celui de la dette extérieure sur le PIB au carré (-0,0154) est négatif et sont tous significatifs au seuil de 1%. Ainsi, le Bénin montre un comportement analogue à une courbe de Laffer. En maximum l'équation de croissance en ce qui concerne la dette extérieure, on a trouvé que le niveau optimal pour la croissance correspond à une proportion de 0,14% de dette sur le PIB. A partir de ce niveau la contribution maximale de la dette à croissance diminue progressivement.

Le service de la dette a le signe attendu mais reste non significatif. Il contribue à la réduction du taux de croissance du PIB ce qui se traduit par un coefficient de -0,0129. Donc le ratio service de la dette est un facteur de décélération de la croissance du PIB comme en témoigne son élasticité. Mais ce résultat peut trouver une validation théorique au regard de la théorie économique. En effet le service de la dette désigne les paiements d'amortissements et d'intérêts qu'assure le débiteur en conséquence des emprunts effectués. Aussi lorsque les ressources issues des exportations sont insuffisantes pour faire face au remboursement des emprunts contractés alors le pays accumule des arriérés de payement jusqu'à une certaine période. Face aux montants élevés des arriérés et les pressions des créanciers dans le long terme le pays se voit obliger de s'endetter pour rembourser les anciennes dettes contractées, ce qui accroît le service de la dette extérieure et ralentit la croissance du PIB. Cette non significativité pourrait être également expliquée par le fait que le Bénin a entrepris une politique de désendettement qui réduit d'importantes sommes de sa dette extérieure.

Le paradoxe de «l'aide publique au développement » : on note ainsi que le signe de l'interaction aide-croissance ne correspond pas au signe attendu ce qui signifie qu'une augmentation de l'aide de 1% induit une baisse du taux de croissance de 0,03031. Le signe négatif démontre que l'assistance extérieure ne contribue pas à améliorer la croissance. La raison provient de deux ordres : la nature de l'aide allouée et un effet revenu.

En effet il est possible de réaliser des niveaux élevés de taux de croissance à moyen comme à long terme grâce à l'aide lorsque les flux d'aide servent à développer des programmes auxquels sont intégrés les besoins des populations concernés d'une part et d'autre part une infrastructure publique et ajoutent ainsi à la productivité des facteurs privés, notamment des couches défavorisés (Gupta, Powell et Yang, 2006). Mais la mauvaise utilisation de l'assistance technique qui ne parvient pas toujours à réaliser le transfert de connaissance sollicité, l'imposition de consultants internationaux expatriés dont la rémunération ne cadre pas avec le coût de la vie au Bénin (Bipen 2000) et le déplacement des cadres de la fonction publique aux fins de l'administration des programmes financés par l'aide sont autant de facteurs qui érodent l'efficacité de l'aide. A ces facteurs,  s'ajoute l'adhésion moindre aux politiques et programmes de développement des bailleurs de fonds par les parties locales qui les considèrent comme leur étant imposés. En outre les programmes d'aide sont fortement fragmentés par l'absence d'un système efficace de coordination des financements. En plus les aides directes n'appuient pas les programmes équilibrés pleinement intégrés au budget national ; ce qui rend difficile la tache à mener par l'Etat. Les aides sont aussi liées, c'est-à- dire que le pays bénéficiaire qu'est le Bénin est contraint d'effectuer des dépenses découlant de ces aides dans les pays donateurs.

L'effet revenu, quant à lui, s'explique par le fait qu'une augmentation de l'aide entraîne des pressions sur les salaires, ce qui à un effet négatif sur la croissance. L'augmentation de l'aide au budget de l'Etat le conduirait à accroître ses frais de fonctionnement et de personnel, en particulier les salaires dans les autres secteurs de l'administration, ce qui pousse à la hausse les salaires du secteur formel ailleurs dans l'économie. La hausse de ces frais induit une hausse des prix et une appréciation du taux de change. En revanche, l'appréciation du taux de change renchérit les exportations surtout agricoles. Il en résulte alors une baisse de la compétitivité prix qui agirait négativement sur la croissance.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle