Université d'Antananarivo - Faculté des
Lettres et Sciences Humaines - Département de
Géographie
21 février 2003
Talata Volonondry :
Une commune en pleine mutation dans le Nord
d'Antananarivo
Randriamihaingo Lala Herizo
RESUME.
A l'époque des Royaumes, Talata était une
principauté forte et prospère. Elle s'est appuyée en ces
temps sur l'élevage bovin et son marché hebdomadaire pour asseoir
son emprise sur le circuit économique de la Région septentrionale
d'Antananarivo. Peu à peu son aura s'est éteint. Actuellement, il
est du devoir de chaque commune de travailler pour dynamiser l'économie
de Madagascar. Pour ce faire, les différentes régions de
Madagascar sont amenées à faire du diagnostic pour dégager
leurs points forts et leurs faiblesses.
Talata Volonondry qui est située au nord de la
capitale, à une vingtaine de kilomètre, doit en faire autant.
C'est une commune constituée de collines convexes avec des vallons
encaissés. Sa population est le résultat d'une installation
précoce qui a commencé au temps des royaumes : ce sont les
descendants « des gardiens » de la frontière de l'Est et du
Nord, respectivement de la frontière avec les Sihanaka et les Sakalava.
Les Mandiavato comme on les appelle, sont des agriculteurs dans sa
majorité. Ils travaillent surtout dans les vallons. Leur terrain de
culture est de plus en plus morcelé à cause de l'augmentation de
la population ( 316hab/km2, 1 ha cultivable par famille
d'agriculteur ). Ils doivent revoir leur mode d'exploitation pour rester dans
le « rythme ». Des travaux sont à faire pour que l'on puisse
reconquérir les flancs des collines. Ces derniers ont perdu leur
fertilité après des années de services. Par ailleurs, il
faut aussi tenir compte de l'environnement. Les travaux doivent se faire
suivant trois axes complémentaires : l'Environnement, l'HOMME et
l'Economie.
Mots clés :
Dégradation, réhabilitation, protection, gestion,
développement.
b
REMERCIEMENTS.
Ce travail n'aurait jamais vu le jour sans le concours actif
et les appuis que diverses personnes nous ont apportés. Aussi nous
tenons ici à les citer pour leurs contributions et les conseils qu'ils
ont bien voulu nous prodiguer :
A Madame le Professeur RAMAMONJISOA Josélyne qui a bien
voulu nous épauler dans cette épreuve. Nous vous sommes
reconnaissants pour tous vos conseils, votre sollicitude et les
abnégations dont vous aviez fait preuve.
A Monsieur RANTOANDRO Gabriel, Professeur, merci d'avoir
accepté de présider cette séance. Toutes nos gratitudes
vous accompagnent.
A Monsieur RAVALISON James, Directeur du Département de
Géographie, vous étiez toujours présents durant notre
cursus universitaire. Vos explications sur le terrain durant le Voyage
d'études ont été un plus dans notre bagage universitaire.
Merci.
A Madame RATSIVALAKA Simone, Maître de
conférences, vous étiez notre guide pendant nos années
universitaires. Votre dévouement à la cause de l'environnement
était une lumière qui avait influencé notre façon
de voir l'avenir. Pour toutes vos aides, merci.
A Monsieur le Maire de la Commune de Talata Volonondry qui a
facilité nos travaux de recherches ainsi qu'à ses proches
collaborateurs et les élus des quartiers, un grand merci.
A Monsieur RAKOTOVAO Narivony Joseph, chef de Service des
Infrastructures de la Radio Nederland, vos aides sur le terrain ont
été plus que ce que nous aurions pu attendre, merci.
A nos amis de l'Association « Tontolo Mendrika »,
merci pour vos encouragements. Puissiez-vous à votre tour terminer le
plus tôt possible vos mémoires.
A mes Parents et ma soeur, vous aviez toujours
été présents. Votre patience et votre amour ont
été d'un grand réconfort. MERCI.
A tous ceux qui ont de près ou de loin contribué
à l'exécution de cet ouvrage, nous vous disons merci et
espérons que vous seriez toujours là dans nos prochaines
quêtes.
TABLES DES MATIERES.
RESUME. A
REMERCIEMENTS. B
TABLES DES MATIERES C
INTRODUCTION. 1
PARTIE I : LA NOTION DE POUVOIR, UN CONCEPT EVOLUTIF
DANS LE TEMPS
CHAPITRE 1 : TALATA VOLONONDRY : L'EXEMPLE D'UNE COMMUNE
A LA
TRAINE 8
I - LE PAYS DES « MILLE COLLINES » 8
A - Un paysage formé de massifs collinaires 9
B - Un environnement en pleine dégradation.
13
II - LA POPULATION, UNE UNITE STABLE. 16
A - Une densité variant selon la topographie.
18
B - Le clan, unité de base de la répartition de
la population. 20
III - UNE ECONOMIE STAGNANTE. 22
A - Le marché du mardi, point de rencontre et
d'échange. 22
B - Le secteur agricole toujours dominant. 24
CHAPITRE 2 : LA DECENTRALISATION. 27
I - LE MONDE DES SEIGNEURS FEODAUX : LES «
TOMPOMENAKELY » 27
B - Le déclin de la principauté. 30
II - L'ETATISATION DU POUVOIR OU LE CENTRALISME A OUTRANCE. 31
A - L'empreinte de la colonisation. 32
B - 40ans d'indépendance et la quête de
l'identité perdue 33
III - DE L'ESPRIT ATTENTISTE A CELUI DU TRAVAILLEUR 35
A - Le nouveau « deal » des années 90
35
B - La structure actuelle de la décentralisation.
36
CONCLUSION PARTIELLE. 38
PARTIE II : DES POTENTIALITES LONGTEMPS IGNOREES
CHAPITRE 3 : UNE COMMUNE DANS LA TORPEUR. 40
I - UN REVEIL DIFFICILE. 40
A - Une densité démographique au seuil de la
rupture. 40
B - Une Commune pauvre. 43
C - Un environnement fortement dégradé.
45
D - Des infrastructures en délabrement 48
E - Antananarivo, la ville tentation. 49
II - L'UNION POUR ALLER DE L'AVANT. 51
A - La cohésion clanique, base d'une communauté
de départ 51
B - Des points d'ancrage visibles dans l'espace. 52
C - Antananarivo, ville d'écoulement des produits et
d'approvisionnement 54
CHAPITRE 4 : DES FUTURS POLES CATALYSEURS. 56
I - LA RADIO NEDERLAND. 56
A - Une chaîne internationale. 56
B - Le premier grand aménagement de la Commune.
59
II - LA SOCIETE DE PRODUCTION ANIMALE DE MADAGASCAR OU SOPRAMAD.
61
A - De l'association à la Société
61
B - Des activités cadrant avec le besoin paysan
63
III - LA MUTUELLE DE CREDITS. 64
A - Une banque de proximité. 65
B - L 'OTIV à Talata. 66
e
PARTIE III : VERS LE DEVELOPPEMENT D'UNE COMMUNE
CHAPITRE 5 : DES SOLUTIONS POUR AVANCER. 71
I - LA REHABILITATION DES VALLEES, UN DEFI A RELEVER. 71
A - Le rôle des versants dans l'agriculture 71
B - Les bas-fonds menacés 75
C - Le repeuplement des versants. 77
II - L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL 81
A - La mise en place de groupements de paysans 81
B - L'appui et l'aide au secteur agricole 83
III - DES TRAVAUX SPECIFIQUES. 85
A - Freiner la fuite de la nouvelle génération.
85
B - « Se vendre pour se faire connaître »
87
CHAPITRE 6 : LE ROLE DE L'ETAT ET DES CITOYENS
89
I - L'ETAT DANS LA DECENTRALISATION. 89
A - Le transfert de gérance. 89
B - Un aménagement voulu. 91
II - CHACUN CONSTRUIT SON AVENIR. 93
A - Le travail est la source de la richesse 93
B - Pour un avenir meilleur. 94
CONCLUSION GENERALE. 97
BIBLIOGRAPHIE I
TABLE DES ILLUSTRATIONS. IV
GLOSSAIRE. VII
ANNEXES. XI
INTRODUCTION.
M
adagascar est un des pays qui cherche encore son chemin dans
la croisade pour le développement. Loin d'atteindre ses ambitions, la
Grande Ile, pourtant forte en potentialités, semble s'enliser dans le
bourbier du marasme économique. L'attentisme n'est plus de mise. Il faut
agir.
« Le développement rapide et durable » est
devenu le leitmotiv des pouvoirs qui se sont succédés depuis la
« mini-révolution » de la fin des années 90.
De nouvelles structures ont été mises en place pour
répondre à cette aspiration. Une nouvelle constitution a
même été adoptée. Un nouveau pacte qui marque
l'avènement d'une nouvelle ère reléguant aux oubliettes
les dérives marxistes de la deuxième république. Le
ton est donné à la libre entreprise et au développement
conjugué des différentes régions composantes de
l'île.
Pour arriver à cette fin, les dirigeants ont axé
les programmes établis sur la décentralisation : donner plus de
pouvoir aux différentes entités régionales qui forment les
phalanges de l'Etat auprès du peuple. Le but avoué de cette
nouvelle politique est de résorber les disparités spatiales en
favorisant les initiatives locales afin de guider le territoire concerné
vers sa destinée.
Cette structure est encore à un stade de balbutiement.
Depuis l'adoption des textes régissant la Troisième
République jusqu'à aujourd'hui, on semble expérimenter
plusieurs combinaisons émaillées de nombreux soubresauts
émanant du microcosme politique. A ce sujet, on peut
citer, notamment la révision de la constitution par
référendum en 1995 ( Loi constitutionnelle n° 95-001 du 13
octobre 1995 ) sous l'impulsion du Président- professeur ZAFY Albert qui
a dénaturé le régime parlementaire d'alors ; ou encore le
« vrai-faux » changement de constitution initié par Le
Président-amiral RATSIRAKA Didier en 1998 ( Loi constitutionnelle
n° 98-00 1 du 8 avril 1998 ).
Dans la Troisième République, l'Etat malgache
est passé du Système Parlementaire à un Système
Semi-présidentiel, avec une plus grande prépondérance du
pouvoir accordé à l'Exécutif.
Malgré tous ces changements qui ont surtout
affecté les hautes sphères du pouvoir, les structures de bases
ont été épargnées. Ainsi la commune est maintenue.
C'est l'unité de base de la décentralisation car elle est la plus
proche de la population.
Ayant une surface faible, la commune est le terrain
idéal pour comprendre le désir réel de la population. En
effet, les gens des différentes régions de Madagascar n'ont pas
les mêmes souhaits. L'Etat doit pourtant satisfaire ces desiderata.
Aussi, est-il nécessaire de mieux connaître les problèmes
inhérents à chaque commune pour pouvoir ensuite les
résoudre. Les études aujourd'hui doivent donc partir de la
compréhension de la Commune et par ce fait privilégie cette
échelle.
Talata Volonondry est une de ces communes. Bien que
située dans la couronne périphérique de la capitale, elle
a toutes les peines du monde à s'affirmer. Or il est bien évident
que tôt ou tard, elle doit sortir de sa torpeur. D'autant plus
qu'Antananarivo a soif d'espace et elle risque d'en faire les frais.
Située à une vingtaine de km de la Capitale,
Talata est une commune d'une superficie de 55 km2. 28 fokontany (
Figure 2 ) regroupant quelque 17.400 âmes sont recensées en son
sein. Les activités de la commune sont encore tournées vers
l'agriculture. Une agriculture très peu développée et qui
s'appuie surtout sur le rythme saisonnier de la pluie. Cette situation a
perduré depuis des générations. Aucune amélioration
n'a été décelée dans ses activités comme si
le temps s'était arrêté de s'écouler.
Le moment est venu pour qu'enfin Talata Volonondry prenne son
essor et retrouve la place qui lui est due dans l'effort, pour la promotion du
développement de Madagascar.
« TALATA VOLONONDRY, UNE COMMUNE EN PLEINE MUTATION DANS
LE NORD D'ANTANANARIVO » est un essai à la concrétisation
de ce projet.
Cette étude s'appuiera sur l'exemple de cette commune
pour démontrer que l'effort à mener pour le développement
de Madagascar doit s'appuyer sur le local. Un travail qui part de la base et
non un plan « parachuté d'en haut » rendant la
population-cible spectateur de son propre devenir. Ici comme il est
initié dans le nouveau pacte, les gens sont les propres acteurs de leur
réussite.
Ce mémoire, à travers Talata, tentera de mettre
en exergue les différents aspects qui devraient être pris en
compte pour appréhender la notion de décentralisation et, de
répondre à la question induite par le développement
durable.
A cet effet, une interrogation s'adresse à tout un
chacun. Une requête qui sera la problématique et, donc le fil
directeur de ce travail. Elle se posera comme suit : « Comment une
collectivité de base en quête d'identité peut-elle
travailler pour asseoir son assise sur l'étendue de son territoire ?
» Cette question est d'autant plus pertinente qu'aujourd'hui les
limites exactes des différentes circonscriptions administratives sont
complètement floues.
Talata, comme il est dit un peu plus haut se trouve dans la
couronne d'influence de la Capitale. C'est à la fois un avantage et un
inconvénient que l'on tentera d'expliquer dans le cours de ce devoir.
Pour parvenir au résultat ci-après, il a fallu
travailler dur. La démarche adoptée pour ce devoir répond
à une impérieuse envie de donner à la Commune rurale de
Talata Volonondry un document de travail élaboré dans lequel, les
« Responsables » pourront puiser des commentaires et autres remarques
aptes à aider la Région : Ce sera un support pour les travaux
qu'elle entreprendra dans le futur. Très peu d'informations sont
disponibles sur cette région septentrionale d'Antananarivo.
Ce mémoire a débuté, vers la fin de
l'année 2000 par le choix du sujet. A partir de là, nous avons
commencé à contacter les responsables de la Commune pour une
collaboration, pour que nous puissions avoir accès aux
différents
documents qui y sont disponibles. Hélas, la monographie
de la région s'est résumée en une page qui ne comportait
guère que très peu d'indices sur ce qui s'y passait
réellement. Nous avons alors décidé d'arpenter les
différentes bibliothèques de la Capitale, Antananarivo, pour y
« dénicher » des informations susceptibles de nous orienter
dans notre quête. Cela s'est révélé tout aussi
décevant, les seules documentations disponibles ne font mention que
d'Antananarivo Avaradrano. Après quelque six mois de recherches
documentaires ( allant du mois de mars au mois d'août 2001 ), nous avons
pu dégager un premier plan de travail. Avec cela, nous avons
établi des questionnaires pour confronter les informations en notre
possession et la réalité ambiante ( la liste des
questionnaire-ménages est disponible dans l'annexe ). Nous avons
volontairement, à ce moment là, interrompu notre travail de
recherches pour prendre du recul afin de ne pas trop s'y investir au risque de
perdre l'objectivité tant requise dans le travail d'un géographe.
En outre, nous avons pensé pouvoir enrichir nos documents, avec la
refonte de la liste électorale en vue de la présidentielle de
décembre 2001. Malheureusement, avec les problèmes que la Nation
a subis, il nous a fallu tout revoir. Le travail n'a pu reprendre que vers le
mois d'avril, quand un semblant de tranquillité s'est
installé.
Pendant le mois de mai, nous nous étions entretenus
avec les divers responsables de la Commune. A partir du mois de juin,
l'enquête fait auprès des ménages a pu reprendre,
après son interruption ( Les premiers travaux d'enquêtes ont
été menés au mois de janvier ). En trois mois, nous avons
pu mener 690 entretiens ( soit une moyenne de sept ménages
visités par jour ). Cela correspond à peu près à un
taux d'échantillonnage de 20%. Les enquêtés ont
été choisis au hasard, mais ils représentent toute la
couche sociale et les différents secteurs d'activités
présents dans la commune.
L'inventaire s'est fait au mois d'août 2002. Il est
à noter qu'entre temps, nous avons pu bénéficier d'une
base de données émanant de la Commune se rapportant à 30%
de la population de Talata. On a confronté ces deux bases de
données qui étaient complémentaires pour sortir le nouveau
plan de rédaction. Ce mémoire a été
rédigé au mois de septembre 2002. sa rédaction a
duré pendant un mois.
Cet ouvrage comporte trois parties. La première partie
décrit la région, d'abord par l'analyse de la Région
suivant trois axes: le milieu naturel, le milieu HUMAIN et le milieu
économique ; puis, par l'historique des systèmes de gouvernements
ayant régenté Madagascar à travers la Commune rurale de
Talata Volonondry. Bien que cette démarche ne soit pas vraiment
géographique, il nous
est apparu utile de le faire pour cadrer les analyses qui vont
suivre avec le contexte originel de la Région et sa mutation. Talata
étant une des régions fondatrices de la future Nation
malagasy.
Dans la deuxième partie, nous nous efforcerions de
faire le diagnostic de Talata Volonondry. La géographie est une science
qui s'appuie sur l'espace et les actions humaines, aussi nous est-il paru
nécessaire de décrire les réalités de la commune
conformément à ce point de vue. L'analyse se fera suivant
l'étude physique du milieu afin de comprendre le mode d'adaptation
auquel l'homme a dû faire face, l'aperçu de la place que tient
l'individu dans ce milieu et l'examen des activités dans la commune.
La troisième et dernière partie, à
l'issue du diagnostic, propose des axes de travail qui pourraient aider la
commune à trouver dans le meilleur délai des solutions aux
problèmes auxquels, elle est confrontée. C'est une liste
exhaustive qui servira à canaliser les actions à entreprendre
pour accélérer et soutenir la bonne marche de la commune rurale
de Talata Volonondry.
Figure 1: Carte régionale de la Région de
Talata Volonondry
Source : Fond de carte F.T.M. f Carte Ambohimanga f Echelle : 1 :
100 000e
|
PARTIE I : La notion de pouvoir,
un concept évolutif dans le
temps.
|
|
Chapitre 1 : Talata Volonondry : l'exemple
d'une commune à la traîne.
I- Le pays des « mille collines ».
Figure 2 : Limite administrative de la commune de Talata
Volonondry. Source : Fond de carte F.T.M. f Enquête
personnelle.
'
ituée à une trentaine de kilomètre de la
Capitale, Antananarivo, Talata Volonondry est une Commune Rurale d'une
superficie de 55 km2 .
Loin des turpitudes de la Capitale pourtant si proche, elle
essaie de se réveiller de son lourd sommeil de plomb comme les autres
communes de la Grande île. Pour cela elle doit effectuer un diagnostic
interne et voir le mal qui la ronge.
A- Un paysage formé de massifs collinaires.
Quand on part pour le nord d'Antananarivo, on quitte la plaine
de Betsimitatatra pour arriver peu à peu dans une zone formée de
chaînes de collines qui partent de la commune rurale de Sabotsy-Namehana.
Cette formation est le résultat de plusieurs centaines de milliers
d'années d'évolution à l'échelle géologique.
Les Géographes-physiciens l'appellent Surface d'aplanissement
inachevé du mi-tertiaire. Cette surface d'aplanissement inachevé
est aussi appelée surface d'aplanissement niveau II. Ce
trait caractéristique se retrouve presque sur le « dos de la
crête » de Madagascar, par exemple à Fianarantsoa etc. L'un
de ses caractéristiques principaux est un décalage
altimétriques repérables entre 1650- 1150 m
1- Une topographie défavorable à
l'installation humaine.
Comme tous les lieux situés en altitude et partout sur
les Hautes Terres Centrales ( HTC ) de Madagascar, Talata Volonondry est un
défi pour l'implantation humaine. Il y a très peu de terrains
aménageables, ce qui est un handicap énorme d'autant plus que
l'activité de la Commune est tournée vers l'agriculture :
L'encaissement des vallées est un frein pour l'exploitation agricole.
Sur les 55km2 de surface que comptent la Commune, seulement 34% sont
exploitables ( Figure 3 et Schéma 1 ) .
Talata a une altitude comprise entre 1300m au sud-est ( dans
la région d'Antanambao ) et près de 1600m au nord ( dans la
région d'Ambolo ). Ces données ne sont que relatives car Talata
est une zone collinaire. Ce qui est étonnant c'est que tous les vallons
disponibles sont aménagés, mais les pentes des collines sont
délaissées.
Figure 3 : Représentation physique de la Commune.
Source : Fond de carte F.T.M. f Carte Ambohimanga
Schéma 1 : 3 profils topographiques donnant
l'allure générale du paysage de Talata. Source : Fond de
carte F.T.M.
2- Un Sol pauvre, peu adapté à la
culture.
Dans la majeure partie de sa constitution pédologique,
Talata se présente avec des sols ferrallitiques à rendement
médiocre sur les versants des collines. Dans les bas fonds, on a des
sols hydromorphes adaptés à la culture avec l'apport d'alluvions
venant des collines. Mais, ils sont sur de faible surface pour être
rentables sur le plan de l'exploitation agricole.
Ainsi la Commune n'arrive pas à s'affirmer étant
donné que son « principal moyen» de travail ne lui
permet pas de subvenir à ses besoins propres. Les efforts sont
concentrés sur la riziculture irriguée dans les bas-fonds avec
des techniques encore archaïques : la bêche comme moyen de
production. Cette culture accapare une grande partie du temps des paysans, or
le rendement est moyen. Il est estimé à 1,2t/ha. Cela donne une
production annuelle de 1351t pour la Commune. Les grands centres de production
rizicole de Talata se situent dans la région d'Ambolo et le long de la
berge de la rivière Ampasika localisée dans le sud de la
Commune.
Sur les versants, l'empreinte de l'homme est faible.
Même si on y note des activités, elles ne sont que sommaires. La
culture sèche la plus pratiquée est celle du manioc. Les gens
n'aménagent pas vraiment ces endroits, ils se contentent d'enfouir les
tiges et d'attendre la récolte. Cette pratique est
généralisée. Or c'est l'un des facteurs sources de la
dégradation de l'environnement.
Schéma 2 : Processus de la formation d'un sol.
Source : Microsoft® Encarta® 99
La formation du sol suit des cycles qui s'étendent sur
plusieurs milliers d'années rythmée par la succession des
périodes pluviales et displuviales. L'effet conjugué de la pluie
et du soleil en alternance provoque la fissuration de la roche- mère sur
laquelle va se former une première couche de matières organiques
tels les lichens et les mousses. Peu à peu la matière organique
s'enrichit. Le sol est colonisé par de plus grandes plantes à
mesure que le sol devient épais. Cette formation est fragile et sa
reconstitution demande de longues périodes sur le plan de
l'évolution.
B- Un environnement en pleine dégradation.
Comme partout à Madagascar, Talata est
confrontée au problème de la dégradation de son
écosystème. Bien sûr, la Commune s'attèle à
faire face à ce problème mais les dégâts sont tels
qu'il faut s'armer de patience et de courage pour y arriver.
1- La formation originelle absente.
Photo 1 : Une forêt d'eucalyptus après le
passage d'un feu de brousse. Source : Cliché de l'auteur.
L'emprise de l'homme est palpable dans l'exploitation des
ressources naturelles. A cause des problèmes découlant de la
situation qui règne à Madagascar, les gens utilisent tout ce qui
leur tombe entre les mains pour les valoriser.
La forêt est la première à en faire les
frais pour la confection des charbons de bois et la recherche de bois de
chauffe. Peu à peu, le sol est mis à nu sur les versants.
Attaqué par l'érosion tant d'origine hydrique que d'origine
éolienne, le sol à son tour s'appauvrit. A partir de là,
le cycle infernal de la dégradation de l'environnement s'enclenche.
En plus les années à répétition
des feux de brousse ont fini par sceller le sort du sol qui est devenu peu
à peu ingrat et inapte à la culture, surtout sur les versants.
Sur certaines portions de ces versants même, il est impossible de
labourer au risque de voir l'outil détruit.
La faune aussi s'appauvrit. Ceux qui restent sont les rats des
champs, des rongeurs fouisseurs et quelques insectes qui ont pu se
réfugier sous terre. Les reptiles sont de moins en moins nombreux et,
facteurs démontrant le problème du sol : les vers de terres (
Lombric ) deviennent rares. En outre, les oiseaux migrateurs comme les
sarcelles et les oies sauvages ne passent plus que rarement. L'équilibre
écologique est rompu.
2- Talata Volonondry, un bassin versant ?
Talata a de nombreuses sources. Le problème aujourd'hui
c'est que ces sources commencent à se tarir à cause du
problème de l'environnement.
Avec la déforestation et les feux de brousse
conjugués à la montée de la sécheresse au niveau
mondial, les nappes phréatiques ne sont plus alimentées en
eau.
a° Le cycle de l'eau.
L'eau et le sol sont les éléments principaux
dans le monde de l'agriculture. Sans eau, les plantes ne poussent pas. Aussi il
est nécessaire de connaître le cycle de l'eau à partir du
moment où elle tombe sous forme de pluie.
Quand la pluie tombe, une partie reste en suspension au niveau
du sol : Ce sont l'eau de capillarité et l'eau de ruissellement ( L'eau
de ruissellement est à l'origine de l'érosion hydrique ). Elle va
alimenter et les lacs et les rivières. Une
autre partie s'infiltre dans le sol pour alimenter la nappe
phréatique : c'est l'eau de gravité.
L'eau de capillarité s'infiltre aussi dans le sol et
occupe les espaces vides. Elle peut être absorbée par les
radicelles ou s'évaporer.
b° Le rôle de la plante dans le cycle.
Par ailleurs, il faut noter le rôle que tient la plante
dans l'infiltration de l'eau dans le sol. Sans la plante, la pluie attaque la
surface du sol de front. Ce dernier est alors vite saturé et n'arrive
plus à absorber l'eau. A ce stade, la pluie érode le sol. Elle
arrache les éléments nutritifs et prive le sol des
éléments qui le rendent cultivables. Le sol peu à peu
devient stérile.
Or, s'il existe une quelconque plante pour faire
barrière entre la pluie et le sol, ce dernier ne risque pas d'être
attaqué de front comme cité ci-dessus. La pluie tombe sur la
plante qui amortit sa chute. L'eau s'écoule lentement le long de la
plante avant d'atteindre le sol. Ainsi, le risque est moindre.
Evolution de la précipitation dans la
Région de TALATA
|
700 600 500 400 300 200 100 0
|
|
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
Précipitation1997 Précipitation 1998
Précipitation 1999
Précipitation 2000 Précipitation2001
Graphique 1 : Représentation graphique de la
courbe pluviométrique dans la Région d'Ambohitrabiby pendant
un quinquennat.
Source : Station météorologique Ampandrianomby.
c° L'existence de nombreuses sources.
L'une des plus grandes rivières de la région (
en terme de longueur dans la Commune ) est l'Ampasika situé dans le sud
de la Commune et le Mambakely dans le nord-ouest.
Les nappes phréatiques commencent à se tarir.
Avant, on peut puiser dans les puits au plus fort des mois de
sécheresse. Aujourd'hui, à la même période, on a du
mal à y soutirer de l'eau boueuse.
Cette situation est aggravée par le problème de
la sécheresse qui commence à sévir au niveau mondial. Le
rythme de la pluviométrie a changé, accusant d'année en
année un déficit.
II- La population, une unité stable.
T
alata est habitée depuis l'époque des Rois par
les Mandiavato, un clan intégré dans la « grande famille
» de la population de l'Avaradrano. Ces
données n'ont pas changé jusqu'à
maintenant. La majorité des habitants de la commune y est originaire.
Selon les études menées auprès de la population, moins de
3% des gens viennent d'autres régions. Ces « immigrants » sont
pour la plupart constitués par le corps des administrateurs, des
enseignants et des religieux.
La population de Talata Volonondry était estimée
à 17403 en 2000. cela donne une densité de
316.4hab/km2. Une densité très élevée
par rapport à la moyenne nationale qui est de 26.6hab/km2 en
2001 ( L'état du monde 2001, 2000 ). Cela est dû à
l'histoire. C'est l'un des foyers de peuplement de Madagascar dans le
passé.
Figure 4 : Répartition de la population dans la
Commune. Source : Fond de carte F.T.M. f Base de données de la
Commune.
A- Une densité variant selon la topographie.
De part sa morphologie, la Commune de Talata présente
de grands ensembles de foyers de peuplement dictés par les
activités agricoles et par la proximité de la Route Nationale.
Selon les enquêtes effectuées sur le terrain, la
taille moyenne de la famille se situe autour de 4.98 alors que la moyenne pour
l'Avaradrano est de 5.1.
1- Les zones peuplées.
Les zones peuplées se situent le long des pourtours des
grands bas-fonds où il est facile d'implanter sa bêche ( angady en
malgache ) dans le sol. Ainsi le Sud de la Commune regroupe un grand nombre de
population installé autour des bras de la rivière
Ampasika. Cette population est estimée à 31% de l'effectif
total. Quand on analyse la région, on trouve que c'est la partie la
moins élevée de la Commune. La dénivellation est moins de
150m avec des pentes douces. Même si la majeure partie du Sud se
présente comme une sorte de cuvette s'ordonnant autour de la
rivière Ampasika ; il n'y a pas vraiment de plaine car cette
cuvette est surtout constituée de glacis de raccordement. Le
Sud abrite 11 fokontany ( Figure 4 ).
A l'ouest, près de la source de la rivière
Mambakely ( Figure 3 ), on a une autre zone de confluence qui
s'organise autour d'Ankadivoribe. 17% de la population de la commune y vivent.
Cette partie de Talata Volonondry se présente comme une vallée
qui s'ouvre à l'ouest vers la plaine de Laniera sise dans la
région de la Commune de Sabotsy-Namehana. Elle regroupe 5 Fokontany.
Près de 60% des fokontany de la commune sont
localisés auprès d'un bras de rivière. Ces
localités représentent 54% de l'effectif total de la population
de la commune.
collines. 5 localités sont dans cette situation, y
comprise Talata Volonondry, le Chef-lieu de la Commune. 25% de la population y
ont élu domiciles.
Ainsi, les hommes ont choisi de s'établir dans des
lieux où il leur est plus facile de travailler la terre. En tout, ils
sont 79% dans ce cas. En outre, les gens aussi s'installent le plus près
possible de la Route Nationale. Cette situation est le résultat de
l'économie marchande : plus on est près de cette route ( synonyme
des contacts avec la Capitale Antananarivo ) plus on a de la chance
d'écouler les produits de la terre.
2- Les zones vide d'hommes.
Par déduction, les zones vides d'homme se
déclinent comme étant les lieux incultes et les endroits loin des
circuits d'échanges. Ces zones sont pour la plupart situées au
Nord de la Commune. Loin d'être une zone enclavée, le Nord en a
pourtant toutes les caractéristiques car c'est une zone collinaire,
difficile à aménager ( Figure 4 ). Ainsi, il n'y a qu'un seul
fokontany dans la région : Amparafara. Et encore, cette localité
auparavant était rattachée au Fivondronana d'Ambohidratrimo. Mais
comme Talata lui est beaucoup plus proche en terme de distance, elle a
opté pour cette dernière. C'est une zone de « no man's land
», très éloignée des grands centres de communication
et d'échanges.
Photo 2 : Talata dans sa grande majorité est
formée de collines massives et convexes, difficiles
à aménager.
Source: Cliché de l'auteur.
B- Le clan, unité de base de la
répartition de la population.
L'Avaradrano est connue pour « ses grandes
familles». Ces clans y ont élu domiciles depuis des temps
immémoriaux. Leur répartition a été
organisée par les grands Rois d'autrefois.
1- L'espace organisé autour du «
Tanindrazana ».
Talata est le territoire des Mandiavato et cela, depuis
l'époque des royaumes. La division clanique est toujours visible dans
l'organisation de l'espace. Si au début, l'implantation de ces clans
était le résultat de l'expansion du royaume Merina qui voulait
fortifier ses frontières à cause des incursions incessantes des
Sakalava sur ses terres. Aujourd'hui, les gens y sont car c'est leur «
Tanindrazana » ( patrie ).
La notion de patrie est vivace pour tous les Malgaches. C'est
le point de départ de l'individu, son ancrage. Pour un malgache
l'identité est tributaire de l'ascendance ; des exploits de celle-ci qui
rejaillissent sur les descendances. C'est pour cela que dans cette
contrée, le clan a encore une influence dans l'organisation de la
Région.
2- L'importance de la patrie dans la vision malgache.
L'homogénéité du groupe ethnique est
palpable dans la commune. 97%de la population y est originaire, du moins
originaire de la région de l'Avaradrano et du Mandiavato ( Mandiavato
est limitrophe des Pays sihanaka et sakalava ). Cette
homogénéité est le fruit de la transmission des terres de
père en fils. La notion d'appropriation des terres revêt une
importance particulière pour les Malgaches : c'est la source de la vie.
D'ailleurs, sur les Hautes Terres, personne ne vend « cette
précieuse richesse ». Elle se transmet de
génération en génération. C'est le symbole de
l'existence.
Dans l'histoire, la guerre qui a opposé Madagascar
à la France illustre bien cette situation. Les Reines successives n'ont
jamais voulu céder devant les exigences françaises pour les
terres du Nord de Madagascar. Ce qui a conduit aux conflits menant à
l'annexion de l'île.
Aujourd'hui, les étrangers ne peuvent pas encore avoir de
titres de terrains, et ce à cause des héritages de l'histoire.
3- Une jeunesse dans le « goulet » de
l'entonnoir.
Comme partout à Madagascar, Talata a une population
très jeune. Près de 60% de la population ont moins de 25ans.
Cataloguer comme étant la richesse de ce pays, Les jeunes sont pourtant
ignorés dans le passé proche de la politique de Madagascar.
Représentation de la population par secteur
d'âge
30%
8%
62%
>50 ans 25-50 ans 25 ans
Graphique 2 : répartition de la population par
secteur d'âge. Source : Enquête personnelle. Taux
d'échantillonnage 20%
Talata connaît le boom de la jeunesse. Avec 62% (
Graphique 2 ) de l'effectif total de la population, les "teen-agers" trustent
le haut du pavé. Les actions de la commune devraient se concentrer sur
leur devenir, sinon ils tourneraient dans la mauvaise direction comme tout
jeune désoeuvré.
Cette population est confrontée au problème de
la vitesse à laquelle le nombre de l'effectif augmente. Comme les jeunes
sont nombreux, le nombre de naissance s'accroît, alors que
l'espérance de vie elle est constamment en
augmentation. On atteint facilement les 70-75ans avant de
s'éteindre. Cette tendance n'est pas prête de s'inverser de si
tôt, car la limitation de naissance n'est pas encore dans le "manuel" des
villageois. Quoique, le nombre moyen de la famille aujourd'hui se situe autour
de 4.98...
III- Une économie stagnante.
L
es activités de la commune sont tournées vers
l'agriculture. C'est une activité qui est encore au stade de
l'autoconsommation. Les techniques utilisées sont encore celles
héritées des ancêtres. Très peu de nouveautés
y ont été introduites.
A- Le marché du mardi, point de rencontre et
d'échange.
Dans le temps, Mandiavato avait comme Capitale politique,
Ambohitrabiby. Depuis l'instauration du marché de Talata Volonondry,
sous RALAMBO et sa modernisation sous ANDRIANAMPOINIMERINA ; l'emprise de la
capitale politique s'est peu à peu effacée aux dépens de
la nouvelle Capitale économique. Talata est devenue un centre de
décision dans le nord-est d'Antananarivo.
1- Un point de diffusion des nouvelles.
Si Mahajanga a son « kalizy », Talata, comme tout
Madagascar connaît la « Nouvelle des rues ». C'est la
civilisation orale qui veut cela. Le jour du marché, les informations
circulent. C'est le point de rencontre et d'échange des idées.
Les techniciens de l'agriculture y viennent aussi pour
renseigner les paysans des nouveautés dans le domaine de
l'aménagement agricole. Leur venue est aujourd'hui, devenue rare.
2- Un lieu d'écoulement des produits.
Talata Volonondry est à cheval entre le Betsimitatatra
et la zone drainée en amont par le Betsiboka. Ce dernier plus ou moins
enclavé, utilise Talata via les routes secondaires comme étape
incontournable sur le chemin de la Capitale. C'est un lieu de rupture de charge
: on troque la charrette au véhicule pour le transport des
marchandises.
Talata est essentielle pour les régions Nord et
Nord-Est d'Antananarivo, elle sert de marché pour les produits de la
terre. Des gens de la Capitale y viennent pour s'approvisionner en
denrées fraîches. C'est aussi une sorte de bourse des produits
agricoles car la spéculation y est monnaie courante pour l'achat en gros
des produits du terroir ( maniocs, riz, haricots, oignons... )
3- Un lieu d'approvisionnement.
A l'instar des nouvelles qui circulent lors du marché,
Talata est aussi, le lieu où les ruraux s'approvisionnent en Produits de
Premières Nécessités ( PPN ). Son aura s'étend dans
toute la sous-région de cette partie d'Antananarivo. Ainsi, les communes
des alentours y viennent faire leurs emplettes : Antsahafilo,
Ambohitrolomahitsy, Fieferana, Ambohimanga et même des contrées
aussi éloignées que Sadabe ou Anjozorobe. Dans le cas de ces
communes, ce sont des détaillants qui la plupart du temps y vont pour
renouveler leurs articles auprès des grossistes ambulants.
En somme, la Commune sert d'intermédiaire entre la
Capitale et les Communes du Nord de la Province d'Antananarivo dans les
échanges de biens de consommation et des récoltes des
agriculteurs. Cette situation ne profite pas pour autant à la caisse de
la commune. Elle n'est que spectatrice des transactions qui s'y
déroulent. Seuls les taxes sur l'allocation des stands lui reviennent.
Or, ceux-ci ne sont évalués qu'à 18.000.000Fmg par an !
Antananarivo
Produits de Première Nécessité
Talata Volonondry
Produits de la terre
Communes / Fokontany
33,81%
9,60%
56,60%
secteur 1 secteur 2 secteur 3
Diagramme 1 : Schéma montrant le circuit suivi par
les produits dans le marché de Talata
B- Le secteur agricole toujours dominant.
Avec un secteur primaire évalué à
près de 56.5% ( Graphique 3 ) de la population active, Talata Volonondry
a une activité tournée résolument vers l'agriculture bien
que ce chiffre soit nettement inférieur à la moyenne nationale (
située aux alentours de 75-80% ). Ce chiffre démontre que
même à la porte de la Capitale, l'agriculture est toujours le
travail le plus pratiqué. D'ailleurs que faire d'autres ?
Représentation de la population de la commune
par secteur d'activités
1- L'agriculture jardinatoire dans un
périmètre réduit.
Talata a très peu de terrain de culture à cause
du relief qui se présente sous forme de collines à versants
convexes. Il a fallu s'adapter à cette situation. La population a alors
annexé les vallons certes de petites tailles, mais qui leur permettent
de survivre.
Dans cette otique, on n'a que très peu de surface pour
travailler. Les gens se sont mis à cultiver sur les bas des pentes. Ces
bas des pentes sont le domaine des légumineuses. Talata en produit une
assez grande quantité par rapport à la surface exploitée :
Cela est dû au fait que les gens s'occupent d'autant mieux de leur
plantation que celle-ci est de taille faible (Voir annexe pour la liste des
produits agricoles de Talata ).
.
Photo 3 : Bas de pente.
Les cultures des bas de pentes sont des compléments
nécessaires dans l'activité agricole des gens. Ici, on a des
taros, des pêchers etc.
Source : Cliché de l'auteur.
2- Une riziculture d'autosubsistance.
Talata en tout produit 1 145t de riz par an sur une superficie
évaluée à 1351 ha. Cette production est loin de satisfaire
le besoin local. Ce chiffre donne dans les 65.8kg/personne/an. Ce qui est
insuffisant. Il y a un déficit d'au moins 250t. Ce déficit, la
Commune le comble en s'approvisionnant dans l'arrière-pays de Talata (
Mangamila, Sadabe, etc. ).
Le système de la riziculture dans la Commune est encore
celle pratiquée par les générations d'avant. A peine si on
y a apporté quelques changements comme le « repiquage en ligne
». Il a fallu un assez long temps avant que les cultivateurs ne
l'adoptent.
Le problème principal de la région c'est
l'absence de mentor, un modèle sur lequel, les gens puissent prendre
exemple. Leur formation se fait sur le tas. A force de tâtonnements et
d'erreurs, ils préfèrent revenir aux méthodes
ancestrales.
Photo 4 : Les bas-fonds sont le domaine du riz.
Source : Cliché de l'auteur.
3- Les plantes à bulbes, de nouveaux
créneaux pour le développement.
Dans les années 60, la culture de l'ail et de l'oignon
a été introduite dans cette partie de Tana. Comme dans bon nombre
de région de l'Imerina, ces plantes étaient tabous. Après
la levée de l'interdiction, leur culture n'a cessé de s'affirmer
dans le paysage agricole.
Ces plantes sont surtout localisées dans le Nord-Ouest
de la Commune : D'Ambodiala à Ankadivoribe, parfois dans la
région d'Ambolo ( Nord-Est ). Ce sont des cultures qui ont beaucoup
d'exigence, surtout l'oignon. Les paysans s'y sont habitués. A en croire
les statistiques de la commune, Talata Volonondry produit
20t d'oignon par semaine. Ce qui en fait la principale
rentrée d'argent pour ceux qui les cultivent.
La culture de l'oignon tend aujourd'hui à se
généraliser dans la sous-région. C'est un créneau
sur lequel les paysans devraient miser pour dynamiser le secteur agricole. Pour
qu'ils puissent s'y investir à fond, il leur faudrait une structure pour
les appuyer, car aujourd'hui, les gens travaillent encore seuls.
Talata est un « pays » formé de chaînes
de collines massives. Cela n'a pas empêché les gens de s'y
installé, et ce depuis bien des générations. A preuve,
Ambohitrabiby avait été la résidence du Roi RALAMBO. Cette
installation « précoce » dans l'histoire nous incite à
regarder et analyser le passé de cette Commune. C'est un miroir vivant
dans l'évolution de l'occupation de l'espace à Madagascar.
Chapitre 2 : La Décentralisation.
S
i l'on se réfère aux textes anciens, on parle
partout de l'origine de la vie où que l'on soit. Madagascar n'y
échappe pas. Une structure s'est adjointe à cette genèse ;
une organisation qui a permis à l'Homme de « dominer » son
environnement. Cette conception a évolué dans le temps.
Les « Malgaches » étaient venus coloniser la
Grande Ile par vague de migration dont les plus anciennes remonteraient au
temps du Grand Roi Salomon ( 950 BC ). Ils avaient organisé leur espace
qui changeait au fur et à mesure de l'arrivée de nouvelles vagues
d'immigrés.
I- Le monde des Seigneurs féodaux :
les
« Tompomenakely ».
L
'origine de la première implantation de « colons
» dans l'Ile Rouge n'est pas très bien défini. Ce que l'on
peut dire, c'est que vers la fin du premier millénaire après
Jésus-Christ, le bassin de l'Océan Indien était
le théâtre de grands mouvements maritimes induits
par les flux commerciaux. Cette situation avait amené les Grandes
puissances d'alors à prospecter de nouveaux débouchés
qui les auraient conduits sur les rivages de « l'Ile - Continent
».
La première peuplade de l'île vivait de
prédation. Au fur et à mesure que leur nombre s'accroissait, il
leur a fallu s'organiser.
A- Ambohitrabiby, la capitale du Mandiavato.
Photo 5 : Ambohitrabiby, l'une des 12 collines
sacrées de l'ancienne Imerina. Source: Cliché de
l'auteur.
Le Royaume merina aurait vu le jour vers le milieu du
XVIe siècle de notre ère avec l'avènement
à Imerimanjaka des Reines RAFOHY et RANGITA. Avant l'instauration de la
monarchie, il existait déjà une structure qui se perpétue
même jusqu'à aujourd'hui : Le foko ( clan ).
1- Le « clan », unité de base
originelle.
Dans sa définition la plus exhaustive, le Clan se
décline comme étant : L'unité par
référence à laquelle l'individu est situé
L'unité par référence à laquelle
on situe l'étranger ( définition de Monsieur
RAMANDIMBILAHATRA Raymond ).
C'est une organisation à base de parenté.
Au sein du clan, l'autorité politique est
exercée par le Patriarche, chef du Clan. C'est l'aîné de la
génération la plus ancienne de la famille aînée (Le
Clan est une association de nombreuses familles qui cohabitent ensemble sur un
territoire donné, pour assurer leur sécurité. Au sein de
ce groupe, il y a la famille fondatrice autour de laquelle se sont
regroupées des familles auxiliaires formant ainsi le Foko. C'est
à partir de la famille fondatrice que le pouvoir politique s'exerce
).
Dans le concept malagasy de la société, les plus
âgés sont écoutés car ils ont une meilleure
expérience de la vie que les jeunes : « ela nihetezana, lava
volo » ( l'âge est le synonyme de la sagesse ). Les Ray
aman-dreny ( « autorité » ) comme on les appelle,
à cet effet, ont une influence certaine sur l'organisation du groupe. Le
patriarche, émanation de cette autorité devient le
dépositaire de la propriété de la terre au nom du groupe.
La hiérarchie d'alors était donc fondée sur
l'âge.
Le moyen de production fondamentale de la communauté
est la terre, le bien précieux de tous. Ainsi ceux qui sont exclus du
clan ne jouissent plus de la « terre clanique ». Ce qu'il faut
comprendre, c'est que la société en ce temps est
conditionnée par la notion d'appropriation des terres qui sont la
principale source de richesses du clan. Le clan a évolué dans sa
structure. Au début, les gens vivaient de la prédation ; avec
l'augmentation de la population, il leur a fallu se sédentariser et
trouver de nouveaux moyens de subsistance.
Le patriarche ne travaille pas seul, il est assisté dans
sa tâche par le conseil des anciens formés des sages de
la communauté : C'est la gérontocratie.
2- « L'Imerina efa-toko ».
La cohabitation de ces nombreux « clans » a
contribué à la formation de l'embryon d'une nouvelle nation. Des
royaumes voyaient le jour dans différentes régions de
l'île. Au centre, avec les Reines RANGITA et RAFOHY, le Royaume merina
apparaissait.
Cette nouvelle structure intègrera l'ancienne. Le
royaume au début est l'association de quelques clans qui se trouvent sur
une étendue de terrain plus vaste. L'organisation s'est faite sur le
modèle du clan à ceci près que le pouvoir est devenu
héréditaire.
Avec le Royaume, la société est devenue
hiérarchisée avec l'avènement de groupe statutaire. En
tout, on a trois groupes statutaires principaux en Imerina : Les Nobles (
Andriana ).
Les Roturiers ( Hova ). Les Esclaves ( Andevo ).
Sous ANDRIAMASINAVALONA ( Roi du XVIIe
siècle ), le royaume merina était divisé en quatre
principautés, c'est l'Imerina efa-toko : On avait alors l'Avaradrano, le
Marovatana, l'Ambodirano et le Vakinisisaony. A la fin de son règne,
Ambohitrabiby était la Capitale de la principauté de l'Est. Cette
principauté était éphémère car elle a vite
été engloutie par le géant Avaradrano dont la Capitale
n'est autre que Ambohimanga.
Des relations de domination existaient dans la
société avec l'avènement des royaumes. Cette situation
avait engendré des clivages notamment dans la notion d'appropriation des
terres. Les « Nobles » jouissent de terres dont l'utilisation leur
échoit. Rares sont les terres claniques qui ne dépendent pas de
ces « Seigneurs ». Par ailleurs, les travaux à effectuer sur
une terre équivalent à des redevances pour les
propriétaires.
B- Le déclin de la principauté.
A la fin du XVIIIè siècle, le Roi
ANDRIANAMPOINIMERINA amorçait le prélude de la naissance d'une
unique et seule Nation malagasy. Il déclarait alors : « Ny
ranomasina no ho valamparihako » ( La mer sera ma frontière ).
Le futur Etat malgache va naître.
1- Le départ de l'unification de Madagascar.
Quand ANDRIANAMPOINIMERINA arrivait au pouvoir, il mettait en
place des stratagèmes pour asseoir son autorité sur
l'étendue du territoire. Les Mandiavato, clan d'Ambohitrabiby,
avec le clan Tsimahafotsy d'Ambohimanga et le clan
Tsimiamboholahy d'Ilafy avaient été les artisans de la
montée au pouvoir de ce Roi. Ce qui leur conférait le titre
d'aîné de la Nation dans l'organisation de l'Etat d'alors : on les
surnommait les « Voromahery » ( Aigle ).
A ceux qui l'acceptaient, il offrait son alliance. Aux autres,
il déclarait la guerre. Madagascar était alors dirigé par
des Gouverneurs Andriamasinavalona ou des gouverneurs militaires qui
géraient les territoires au nom du Roi avec une certaine autonomie.
Cette situation avait été scrupuleusement
respectée par ses successeurs. Mais, très vite sous
RAINILAIARIVONY ( Premier-ministre du Royaume de Madagascar de 1864 à
l'annexion de l'île en 1896 ), Prince-Consort des trois dernières
Reines de Madagascar, la donne changeait.
2- L'émergence du centralisme.
Le Royaume grandissait avec de nouvelles alliances et de
nouvelles conquêtes. Le poids de l'administration se faisait de plus en
plus sentir. Le pouvoir central avait changé le mode de gouvernance de
chaque Région avec l'arrivée des représentants de l'Etat :
Les Sakaizam-bohitra.
Antananarivo dirigeait tout sous la houlette du
Premier-Ministre RAINILAIARIVONY qui rêvait d'une nouvelle dynastie
Andriana - Hova au détriment de l'économie et de la
pacification interne de l'île. Son entêtement avait
précipité la chute du Royaume. Les gens se
désintéressaient peu à peu de la vie politique de
Madagascar. Le vieil homme, aigri, était de plus en plus isolé
tant à l'intérieur que sur le plan international. Il avait
été ainsi facile aux Français d'annexer le Royaume.
II- L'étatisation du pouvoir ou le centralisme
à outrance.
'
n 1896, Le Royaume tombait entre les mains des
Français. Madagascar était annexé. Les Français
devenaient maître de l'île. Les Malgaches étaient
relégués au statut de citoyens de seconde zone.
A- L'empreinte de la colonisation.
La venue des Français à Madagascar était
dictée par le besoin économique avec l'insistance des
Réunionnais, les « taikiringa » ( terme
péjoratif utilisé par les Malgaches pour désigner les
Réunionnais en général et les créoles en
particuliers ) qui commençaient à manquer de terre sur
l'île soeur.
A l'instar de ce qui se passait au Zimbabwe ( anciennement
Rhodésie du Sud ) tout comme dans les autres pays colonisés, les
meilleures terres étaient données aux colons français qui
en plus bénéficiaient de mains d'oeuvre bon marché sinon
gratuites. Les Malgaches devenaient des modes de faire-valoir.
1- « Diviser pour régner.
»
Pour asseoir son autorité, Les colonisateurs avaient
monté les Malgaches entres-eux. Les gens des Hautes-Terres contre ceux
de la côte, les Castes de la couche la plus démunie contre les
Nantis. Par ailleurs, avec l'abolition de l'esclavage, une nouvelle frange de
population s'était formée. Les Malgaches naissaient égaux,
mais « sous les Français » qui les
considéraient comme des « sauvages ». Alors que sous le
règne des anciennes souveraines, on parlait déjà
couramment l'anglais dans l'enceinte du Rova...
2- Une organisation administrative
désarticulée.
Comme la colonisation a surtout été
dictée par le besoin économique engendré par la
révolution industrielle du XIXe siècle,
l'administration mise en place était plus que jamais tributaire des
échanges mercantiles. Les aménagements entrepris ont donc
été tournés vers l'amélioration des productions et
l'acheminement des matières premières vers les ports
d'exportation. En retour, Madagascar servait de débouchés pour
les produits finis.
L'administration coloniale était fortement
centralisée. Toutes les décisions administratives partaient de la
Capitale.
La colonisation marquait un point encore douloureux dans
l'histoire de Madagascar, c'était une époque sombre, la perte de
l'identité ; l'asservissement total qui se traduit par «
l'esclavage » économique, culturel et politique. A la
longue, les Malgaches finissaient par se révolter pour
recouvrir leur Indépendance. Cette quête a toujours
été sous-jacente depuis l'annexion.
Une théorie énonçait même que,
Madagascar tombait sous le joug des Français, non pas par
défaite, mais plutôt par lassitude. Les gens en avaient assez de
l'administration royale en place sous RAINILAIARIVONY.
B- 40 ans d'indépendance et la quête de
l'identité perdue.
En 1945, la deuxième guerre mondiale prenait fin. Les
Français sortaient victorieux de cette bataille avec l'aide de
ses colonies. Ces dernières, à l'exemple de son illustre
mère-patrie, avaient commencé à crier :
INDEPENDANCE.
Madagascar ouvrait le bal en 1947 avec le soulèvement
du mouvement M.D.R.M. (Mouvement pour le Développement et la
Rénovation de Madagascar. Parti politique qui militait pour
l'indépendance de Madagascar. Ses membres étaient surtout des
intellectuels ). En 1959, la Grande île choisissait la voie de
l'indépendance au sein de la Communauté française.
En 1960, la Grande Île obtenait son indépendance.
1- L'héritage de la colonisation.
A la veille de l'Indépendance, Madagascar avait
opté pour la république. Ce régime était
adopté par la majorité des pays nouvellement
indépendants. Après le passage des Français, la
nouvelle équipe héritait d'une administration très
centralisée. Tout se traitait à partir des grands centres
urbains, laissant les bourgs ruraux démunis. A ce stade il était
difficile de voir comment faire pour accélérer le
développement de Madagascar :
L'enseignement prodigué par les Français
était fait pour assujettir les Malgaches.
Très peu de techniciens sont disponibles.
Les meilleures terres restaient encore aux mains des
étrangers.
Ces quelques données illustraient encore la main mise de
l'ancien pays colonisateur dans la gestion de Madagascar.
2- Le fokonolona, une solution ?
Après la chute prématurée du
Président TSIRANANA en 1972, les Malgaches ont fait un virage de
180°. Ils ont voulu renouer avec leur Histoire. Le Colonel RATSIMANDRAVA
à la commande décrétait la réanimation de la
structure de base de la société malagasy : Le
Fokonolona. Si avant, l'Etat prônait une libéralisation
à l'occidentale, avec cette nouvelle initiative, on a tenté de
reconstruire « une âme malgache » dans la conduite des affaires
courantes de l'Etat. Avec le fokonolona, on revoit poindre
l'idée de la communauté de base comme point de départ des
concertations pour le développement.
Mais le fokonolona comme RATSIMANDRAVA le voulait,
faisait faux-bond quand le Colonel disparaissait lors d'un attentat.
3- Le paradis socialiste : une utopie...
En 1975, Le président RATSIRAKA devenait le
deuxième Président de la toute jeune république de
Madagascar qui au passage avait pris un coup de jeune avec l'adoption d'une
nouvelle constitution. L'ère du socialisme soufflait sur la Grande
île.
Le leitmotiv d'alors était l'affranchissement de
Madagascar du joug de la colonisation économique qui s'exerçait
encore malgré la relative indépendance dont on jouissait en ces
temps. On nationalisait toutes les Grandes entreprises étrangères
présentes à Madagascar. L'Etat se lançait aussi dans la
promotion de grands centres de productions agricoles et industrielles. La
stratégie adoptée était mauvaise ; les actions ne sont
plus concertées : Ces aménagements sont perçus par la
population comme l'omnipotence de l'Etat. Peu à peu, les gens devenaient
spectateurs de ce qui se passait autour d'eux.
En marge de ces grands projets, l'Etat malagasy devenait de
plus en plus centralisé à l'image des Pays communistes où
le pouvoir central contrôlait tout. Madagascar sombrait peu à peu
dans le gouffre de la misère. Le projet d'un monde
meilleur, où les Malgaches travaillaient pour le
décollage de Madagascar, devenait utopique. Les dirigeants
s'apercevaient mais un peu tard de leurs erreurs.
III- De l'esprit attentiste à celui du travailleur.
V
ers la fin des années 1980, le Président
RATSIRAKA était forcé de reconnaître « ses torts
» dans la direction des affaires nationales. Il était forcé
de négocier avec la Banque Mondiale ( BM ) et le Fonds Monétaire
International ( FMI ) pour trouver des solutions à la crise.
Dans le Monde, les grands pays communistes commençaient
à vaciller et en 1989, le mur de Berlin tombe. Une nouvelle ère
s'ouvre. L'Union soviétique ( URSS ) disparaît et la Chine
communiste adopte de nouvelles réformes économiques.
A- Le nouveau « deal » des années 90.
Après le socialisme étatique, Madagascar entrait
dans la tourmente de l'après-communisme. En 1991, Les Malgaches, las
d'attendre de nouvelles promesses sans lendemain décidaient de descendre
dans la rue pour manifester leurs mécontentements.
1- La conception de la liberté.
Madagascar est complètement ruiné par les
années d'errements de l'aprèsindépendance. Depuis, on n'a
cessé de chercher la façon de gouverner : il y avait eu tout
d'abord le libéralisme à l'Européenne, puis le socialisme
étatique. Les Malgaches ont soif de liberté, et ils le font
savoir.
Cette liberté se manifeste par l'adoption d'une
nouvelle constitution qui tranche complètement avec son
prédécesseur. On a changé la façon d'administrer en
adoptant le régime parlementaire « pour que le pouvoir ne soit
plus concentré
entre les mains d'un seul homme. » La notion de
décentralisation effective commençait à être
murmurée partout : Donner plus de pouvoirs décisionnels et de
concertations à chaque entité administrative.
2- Le développement rapide.
Conscients des retards accumulés durant les 30ans
d'indépendance, les dirigeants misaient sur la relance rapide de
l'économie. Ils se sont basés sur la nouvelle constitution qui
donne une plus large autonomie aux différentes régions de
l'île. Les pourparlers avec les bailleurs de fonds internationaux sont
conditionnés par le libre-échange. Après la
nationalisation à outrance, la grande île va connaître la
privatisation à tout va et l'indemnisation des entreprises
spoliées lors de l'arrivée de RATSIRAKA au pouvoir, il y a 15
ans. Ces mesures étaient mentionnées dans le D.C.P.E. ( Document
Cadre de Politique Economique. Outil de travail initié sous le
Gouvernement RATSIRAHONANA pour accélérer la sortie de crise
économique à Madagascar ).
B- La structure actuelle de la décentralisation.
1- La décentralisation.
Selon le dictionnaire Larousse, la décentralisation est
un « Système d'organisation des structures administratives de
l'État qui accorde des pouvoirs de décision et de gestion
à des organes autonomes régionaux ou locaux (collectivités
locales, établissements publics) ». Madagascar, comme bien
d'autres pays, a dû reconnaître que pour un meilleur
développement, il faudrait s'appuyer sur la connaissance empirique de
chaque localité. La politique sera désormais tournée vers
la proximité.
2- La structure de l'Etat.
Avec l'avènement de la troisième
république, Madagascar a doté les régions d'une plus large
autonomie. A l'image de l'autorité centrale, les Collectivités
Territoriales Décentralisées ( CTD ) ont leur « parlement
» ( pouvoir législatif ) et leurs « dirigeants » (
pouvoir exécutif ) . Le but est de rechercher des relais locaux pour les
tâches que l'Etat central doit délaisser ( Rôle de l'Etat :
Défense - Enseignement - Santé - Assainissement de
l'environnement économique. Le but est de partir de l'idée de
l'Etat- providence et aboutir à l'idée d'un Etat- partenaire, un
Etat- soutien ).
A leur coté, on retrouvera le pouvoir
déconcentré de l'Etat avec la présence des
délégués du gouvernement, des préfets et
sous-préfets ainsi que des délégués au maire. Ils
sont chargés de voir si les actions des CTD cadrent avec ceux du pouvoir
central et ne sont pas anticonstitutionnelles.
ETAT CENTRAL
Provinces Autonomes
Régions
|
|
|
|
Communes Urbaines
|
|
|
Communes Rurales
|
|
Diagramme 2 : Organigramme des Collectivités
Territoriales Décentralisées.
Conclusion partielle.
T
alata est connue dans l'histoire comme étant l'une des
principautés fondatrices de la future Nation malgache. Elle avait connu
son heure
de gloire du temps du grand Roi RALAMBO. C'est sous ce Roi que
les Merina ont commencé à manger du zébu ( jamoka ). Il
avait même érigé son parc à zébu dans la
région, donnant naissance à Ampahidralambo. Depuis Talata
Volonondry n'a cessé de péricliter. Elle semblait dormir sur ses
lauriers.
Depuis quelques années, l'Etat se cherchait une
âme, une identité après le passage des colonisateurs
français qui ont totalement assujetti les Malgaches. Après les
errements du centralisme étatique, la Grande Ile a adopté le
libéralisme.
Le temps, aujourd'hui, est donné à la
libre-entreprise. De l'Etat - providence, on est passé à l'Etat -
partenaire. Chaque région est maintenant libre de modeler son avenir, de
prioriser ses besoins dans le cadre d'une plus large autonomie des
Collectivités Territoriales Décentralisées. Talata devrait
en être consciente, et tout faire pour que ses potentialités
soient mises en valeur.
Miser sur l'avenir tel est le défi que la Commune se doit
de lancer à elle- même. Pour y arriver, il est utile
d'établir un diagnostic de la Région.
|
Partie II : Des potentialités
longtemps ignorées.
|
|
A
vec la révolution industrielle et la révolution
agricole, les relations internationales avaient changé. Elles
étaient tournées vers la recherche
du profit : de la pure économie mercantile. On parle
à l'heure actuelle de la mondialisation et de la globalisation. La
planète Terre est devenue un Grand Village à l'intérieur
duquel le commun des mortels cherche sa place. Talata est une goutte d'eau dans
ce vaste projet planétaire. Elle a son mot à dire.
Chapitre 3 : Une Commune dans la torpeur.
I- Un réveil difficile.
M
adagascar, depuis l'indépendance, a
évolué dans un système complètement opaque. Toutes
les décisions sont prises au niveau de
l'Etat Central et cela sans en référer au niveau
local. L'Etat est devenu une entité omnipotente pour la plupart des
gens. Ils n'ont plus fait d'efforts, ils se contentaient de quémander
auprès du Fanjakana. Cette situation a conduit au laisser-aller, et
petit à petit Madagascar a sombré. Talata est dans la même
situation. Le pouvoir créatif des gens est annihilé par le «
collectif forcé. » L'attentisme est devenu une gangrène pour
le développement.
A- Une densité démographique au seuil de la
rupture.
La répartition de la population dans la Commune n'est
pas uniforme. Elle est tributaire des conditions physiques du milieu. Les gens
sont localisés autour de 3 grandes zones de peuplement : les lits des
rivières Ampasika ( Sud ) et Mambakely ( Ouest ) d'une part et d'autre
part autour de la source des rivières Ambodiriana et Anobe( est ). Les
zones « basses » sont peuplées tandis que les zones en hauteur
sont nettement désertées.
1- Une démographie galopante.
Bien que les statistiques sur le taux d'accroissement naturel
soit difficile à fournir à cause du manque de documentation au
niveau de la Commune, on peut estimer que Talata connaîtrait un "boom"
démographique avec une pyramide d'âge ( Graphique 4 ) qui
présente une base évasée. Les jeunes y sont majoritaires.
23.5% de la population sont des femmes en âges de procréer.
Malgré tout, le nombre de personnes dans la cellule familiale est en
train de baisser. Une famille est composée en moyenne de 5 personnes
dans la Commune.
Graphique 4 : Pyramide des âges dans la
Commune.
Source : Extrapolation à partir de la banque de
données de la Commune. Taux d'échantillonnage 30%
Talata a une pyramide qui caractérise un pays en voie
de développement : Une base évasée et un sommet pointu.
Cela démontre que le nombre de naissance y est élevé
tandis que les personnes âgées sont peu nombreuses. Talata est
loin d'atteindre l'équilibre démographique. Elle est encore en
train d'amorcer sa phase de transition démographique : Le nombre
d'enfants qui naissent est encore assez élevé alors que le nombre
de gens qui meurent diminue.
Entre 25-35 ans, on a un creux que l'on pourra assimiler
à la migration des jeunes vers la capitale pour la recherche d'emploi.
Talata n'est pas en mesure de le leur fournir. C'est surtout le cas des jeunes
hommes compris dans la tranche d'âge de 25-30ans. C'est cette fuite que
les dirigeants de la Commune devraient juguler.
2- La « gérontocratie », une
structure sociale érigée en institution.
Dans la civilisation malagasy, le plus âgé est
le détenteur du savoir et de la sagesse. Les jeunes lui doivent le
respect dû aux aînés. Peu à peu cette structure a
glissé en une sorte de privilège que les anciens exercent sur
leurs contemporains.
Conjugué au régime totalitaire en place dans
l'île, c'est un des facteurs du blocage de toutes les régions
à Madagascar. Personne ne prend plus d'initiatives de peur de heurter la
« sensibilité » de leurs aînés. L'usage de la
parole, seul les grands y ont droit. Les jeunes étaient tenus à
l'écart des grandes décisions. Quand ils arrivent à leur
tour à l'âge de la maturité, ils ne savent plus quoi faire.
C'est ainsi que la connaissance se perd et les repères se brouillent. A
chaque génération, une part de la sagesse collective part en
lambeau. C'est la dégénérescence.
3- Le rapport surface cultivable/population de plus
en plus faible.
Comme Talata est une zone collinaire, les gens ont
décidé de s'installer dans les vallons encaissés qui
n'offrent que très peu de latitude pour un développement à
long terme. Ces zones sont vite saturées par une population en
accroissement exponentiel. A chaque nouvelle génération, le
nombre de population s'agrandit un peu plus. Parallèlement, le terrain
de culture diminue pour les futurs héritiers.
Bien que l'on soutire de la terre le maximum de rendements
qu'elle peut fournir, le fait est là : Elle n'arrive plus à
satisfaire les besoins de la population locale. Talata a adopté les
cultures de rotation, les cultures de contre-saison sur les rizières
auparavant en friche, mais rien n'y fait. Comme les gens ne savent pas comment
améliorer ce patrimoine, ils le détruisent sans le
savoir. C'est surtout le cas des versants où l'homme n'apporte pas de
travaux particuliers, il se contente seulement d'y planter les jeunes pousses.
Or, pour la gestion des terroirs, il est nécessaire de cultiver sur ces
versants sous forme de gradins...
« L'avenir est ailleurs », le paysage ne se limite pas
au bas-fond, il y a aussi les collines qui sont de plus en plus nus à
cause de la déforestation.
Aujourd'hui, on estime qu'une famille d'agriculteur
possède en moyenne 1ha de terrain de culture sur la surface
cultivable.
4- Le problème foncier de plus en plus
récurrent.
Avec en moyenne 1ha de terre de culture par famille de
cultivateur, Talata a très peu de chance de s'appuyer sur l'agriculture
pour son développement. A chaque génération, la surface
agricole par habitant diminue. De plus, la terre est devenue un litige entre
les gens de la commune. Un « combat » qui oppose parfois une
même famille en mal d'héritage. Toutes les semaines, au moins 3
à 4 démêlés sont portés devant le
Délégué au Maire. Cette tendance n'est pas près de
s`inverser.
B- Une Commune pauvre.
Comme Talata est une Commune Rurale, elle a très peu
d'activités génératrices de revenus. Il n'y a que les
activités agricoles qui la font vivre : Très peu de
liquidité circule entre les mains des responsables communaux.
1- Des rentrées financières
limitées.
Talata ne perçoit des ristournes qu'à travers
les activités hebdomadaires du marché. A cela, s'ajoutent les
droits à payer pour la confection des papiers administratifs et les
quelques taxes sur la propriété foncière ( Les gens ne
s'acquittent pas toujours de cette taxe. La pression fiscale en milieu rural
est loin d'atteindre les sommets. D'ailleurs la plupart des terres sont de
droit coutumier sur lesquelles la Commune n'a pas d'emprise ). En tout, les
recettes propres de la Commune ne s'élèvent guère au-de
là de 80.000.000Fmg. Alors que les dépenses minimales annuelles
sont de l'ordre de 160.000.000Fmg ( L'Etat alloue à chaque commune de
Madagascar une somme dérisoire de 30.000.000Fmg/an ). Ce qui ne laisse
que très peu de latitude à la Commune pour mener à biens
les projets qu'ils ont conçus. Les actions sont menées
grâce surtout à l'aide budgétaire allouée
à
toutes les CTD par le pouvoir central. Or l'arrivée de cet
argent n'est pas toujours évidente à cause des retards dus
à la lourdeur administrative.
2- Le fonctionnement de la Commune.
La commune est à l'image de l'Etat. C'est une
organisation qui a pour but de promouvoir les activités locales pour
transcender les aspirations de Madagascar : le développement rapide.
A la tête de la commune, il y a le Maire qui est
l'émanation de l'organe exécutif. Il est assisté dans sa
tâche par ses adjoints et le bureau exécutif.
Il y a aussi les conseillers communaux qui sont la
réplique de l'assemblée parlementaire au niveau central.
Enfin, il y a le délégué au maire qui est le
représentant du gouvernement au niveau local.
a° Le Rôle du Maire et de ses adjoints.
Le Maire est le gestionnaire et l'administrateur des
propriétés de la Commune. Il gère aussi les revenus et
surveille la comptabilité.
C'est au maire d'établir le budget de fonctionnement de la
Commune. En ce sens, il est le maître d'oeuvre des travaux communaux.
Le Maire est le représentant juridique de la commune
dans : les ventes, les achats, les baux, les marchés ainsi que dans les
instances judiciaires.
C'est lui qui nomme les employés de sa circonscription.
Il est l'Officier de l'Etat Civil.
Il veille à la police et à l'hygiène.
b° Le rôle des conseillers municipaux.
La gestion et l'administration des domaines communaux leur
échoient. C'est un travail en collaboration avec la Mairie.
Ils déterminent le nombre d'effectif du personnel.
Ils avalisent les plans et devis de constructions soumis par
l'exécutif.
Sur le plan financier, c'est à eux de voter le budget
de fonctionnement de la Mairie. Ils votent aussi le taux du droit des taxes
perçus au niveau de la Commune.
c° Le budget de la Commune.
La commune fonctionne surtout grâce à l'aide
octroyée par l'Etat. Malgré tout, elle a ses recettes propres qui
lui sont versées par l'entremise :
Des ristournes sur l'impôt du minimum fiscal.
Les centimes additionnels à certains impôts ( Le
Conseil peut majorer certains impôts au profit de la Commune ).
Les taxes sur le droit d'abattage, sur les fêtes et
spectacles, sur les véhicules.
Les taxes sur les revenus des domaines publics (droit de voirie,
droit de place sur le marché.)
Autres revenus divers (produits des services, des travaux, des
cessions etc.)
C- Un environnement fortement dégradé.
Antananarivo connaît la pollution urbaine. Avant la
saison des pluies, la Capitale est dans une sorte de nuages de SMOG qui sont la
source de nombreuses maladies en ces mois. C'est principalement dû
à la concentration des nuages de fumée dégagés par
les industries et ceux générés par les feux de brousse aux
alentours de la Capitale. Talata, elle, a des problèmes environnementaux
induits par une mauvaise gestion des ressources naturelles. La forêt
d'autrefois a laissé place à des formations de touffes herbeuses
qui, sur certaines portions, laissent le sol à nu.
1- L'eucalyptus, un « colon »
apprécié.
Communément appelé « kininina
» par les Malgaches, cet arbre d'origine australienne a trouvé
refuge sur les hautes terres centrales. Dans la région de Talata, il est
devenu le « roi » de la végétation. Partout où
on regarde, il est présent.
Son utilisation couvre tous les différents aspects de
la vie des malgaches : c'est à la fois un médicament, du bois de
chauffe, du charbon et même de l'engrais...
Victime de « sa trop grande popularité
», l'eucalyptus est aujourd'hui surexploité dans la Commune. Des
pans entiers ont disparu et ce qui restent ne sont plus que des jeunes pousses
d'arbres déjà sous le coup d'un abattage prochain.
2- La déforestation de plus en plus
pratiquée.
Dans le temps, quand on parle de Talata Volonondry, on pense
surtout « aux saucisses cuites du marché, aux « koba
» ( gâteau fait avec de la farine de riz et de pistaches ) et
aux forêts de kininina verdoyantes ». Toutes ces choses qui ont fait
la renommée de Talata sont en train de disparaître. Les deux mets
n'ont plus la côte, tandis que la dernière n'est plus que lambeau.
Sur toute l'étendue de la Commune, il n'y a plus d'arbres originels. On
n'a que des jeunes pousses.
Quand le sol des bas fonds est devenu insuffisant pour nourrir
la famille, les gens s'en sont pris aux bois des versants. Ils se servent de
ces derniers pour faire du charbon et pour le bois de chauffe. Ils laissent
derrière eux des versants nus.
Photo 6 : Des collines à pertes de vue, avec des
arbres sur les sommets. Source : Cliché de l'auteur.
3- L'érosion, un fléau à
combattre.
Le sol des versants est mis à nu après le
passage des bûcherons. Ils sont attaqués à la fois
par le vent et par la pluie. Le sol est arraché peu à peu, et
l'humus n'arrive plus à se fixer. En outre, la remontée par
capillarité des minéraux du sous-sol rend la partie
supérieure de ces versants dure. Tout ceci entraîne peu à
peu la stérilité de ces versants qui deviennent des terrains
vagues
L'érosion est aussi un facteur induit par l'histoire.
Au temps des clans, les villages étaient fortifiés pour
empêcher les attaques surprises. Ils ont construit des remparts et de
grandes fosses : les hady. Ces dernières étaient
sujettes aux rigoles qui sont à la naissance des trous béants,
visibles, à notre époque, sur les pourtours des sommets des
collines. Des plaies qui s'ouvrent au beau milieu du paysage.
4- Une occupation du sol peu adaptée.
L'aménagement des bas-fonds est maîtrisé
par les paysans. Quant à celui des versants, cela laisse à
désirer. Le problème pour cette population, c'est la
mentalité : le riz est le principal produit.
Si bien qu'ils n'accordent que très peu d'importances aux
autres activités agricoles, qui à leurs yeux ne sont que des
activités complémentaires. L'aménagement s'en ressent sur
les pentes des collines où les cultures se font directement sur ces
versants sans aménagement préalable. Cela aussi conduit à
l'érosion de ces derniers.
5- L'élevage inexistant.
Talata est une zone collinaire dont les activités sont
surtout tournées vers l'agriculture. Or, il y est plus facile d'y
promouvoir l'élevage. Dans le cas actuel, l'élevage se traduit
comme un appui aux activités agricoles, un moyen de
thésaurisation à cours terme pour joindre les deux bouts lors des
périodes de verte-pâture. 1.82% seulement de la population l'a
adopté comme activités rémunératrices de
revenus.
Tableau 1 : Tableau récapitulatif de
l'élevage dans la commune de Talata.
Nombre
Zébus
|
1770
|
Porcs
|
371
|
Moutons
|
78
|
Lapins
|
1930
|
Poules
|
19384
|
Source : Banque de données de la commune. Monographie de
l'an 2000.
D- Des infrastructures en délabrement.
Le laisser-aller s'est installé dans le paysage. Cela
s'est traduit par le délabrement des infrastructures en place
héritées de la colonisation. Très peu de projets ont vu le
jour.
1- Des voies de communication en mauvais état.
A 30km de la capitale, c'est à peine si la Commune
peut dire qu'elle n'est pas enclavée. Elle possède près de
240km de route ( Figure 6 ). Seulement, quelque 6km sont goudronnées :
c'est la portion de la Route nationale n°3. Les autres sont des pistes
carrossables difficiles à emprunter lors des saisons de pluies.
Cette route nationale divise la commune en deux parties
presque égales. Les pistes carrossables sont ses ramifications, comme
les digitations des bras d'une rivière se jetant dans le
lit-mère. Cette métaphore renvoie à l'image d'une commune
ayant un atout à faire valoir dans son développement : La
présence de pistes couvrant toute l'étendue de Talata. Il lui
faudrait seulement un assainissement et de bons entretiens.
2- Le problème de la scolarité
au-delà du CEG ( Collège d'Enseignement Général ).
Presque toutes les localités dans Talata ont une Ecole
Primaire Publique ( EPP ), soit 27 EPP. La plupart des enfants fréquente
l'école, mais très peu y réussit. Le problème est
le même que celui du reste de l'île : la pauvreté. Les
parents n'ont pas assez d'argent pour épauler leurs
enfants. Les moins chanceux y passent leurs années scolaires quand ils
ne font pas l'école buissonnière pour aller aider leurs parents
au champ pendant la saison agricole. Les mieux nantis vont dans des
écoles privées. Il y en a 3 dans la commune.
Après le primaire, les collégiens peuvent
continuer leurs études dans 3 établissements dont l'un est
confessionnel, les deux autres publics. Seulement au-delà du secondaire,
le problème se pose car pour des apprentissages plus approfondis, il
faudrait aller dans un lycée. Or, Talata n'en possède pas. Il
faut aller à Sabotsy-Namehana pour la plus proche, soit une distance de
près de 15km. Ce déplacement pendulaire n'est pourtant pas
à la portée des bourses familiales. Les enfants sont
obligés d'abandonner à la fin des études au
collège. Et, quand on sait la valeur du Brevet d'Etudes du Premier Cycle
( BEPC ) actuel, on ne peut guère espérer des
débouchés pour ces enfants sur le plan professionnel.
E- Antananarivo, la ville tentation.
Comme tous les grands pôles des pays sous
développés, Antananarivo est un centre macro céphalique.
Tout se fait à travers elle. C'est un monde mirage qui à la fois
fascine et intrigue les gens qui n'y vivent pas.
1- Une commune écrasée par la
proximité de la capitale.
Quand rien ne va, on cherche toujours le bouc émissaire
sur lequel, on va décharger toutes les fautes. Talata n'arrive pas
à s'affirmer et cela à cause de la Capitale qui lui est trop
proche. C'est un univers qui attire autant les gens que les marchandises.
Talata produit pour la consommation en denrée fraîche de Tana. En
contre partie, elle reçoit de cette dernière les PPN ( Produits
de Première Nécessité ), les intrants pour l'agriculture
et les nouvelles. Cette symbiose, déjà en
déséquilibre, est instable. Les nouvelles
générations ont les yeux tournés vers la
Ville-Lumière. Cette fuite est latente partout à Madagascar.
2- La fuite de la jeunesse.
Sur une enquête réalisée dans la Commune
auprès des jeunes collégiens en fin d'étude, 90% d'entre
eux disent ne plus vouloir cultiver la terre. Ils préfèrent
tenter leur chance dans le monde du secteur industriel et des services. Cette
situation s'explique par le fait que Talata côtoie la Ville Des Milles.
Les jeunes sont au courant des nouveautés dans la cité et veulent
en faire partie.
Par ailleurs, ils y sont pousser inconsciemment du fait du
rétrécissement des terres cultivables. Si on regarde la
proportion des gens par rapport à la notion d'appropriation des terres,
c'est à peine si 18.34% ( Graphique 5 ) des gens possèdent leur
propre terrain de culture. Ce chiffre, à cause de la pression
démographique est en train de s'amenuiser. Le faire valoir indirect (
58.83% ) est élevé car les « diasporas » laissent la
gestion de leur terre à ceux qui sont resté au « pays
». Ils s'accordent sur la répartition des récoltes, et cette
pratique s'est généralisée depuis longtemps.
Répartition des terres.
40,00%
20,00%
70,00%
60,00%
50,00%
30,00%
10, 00%
0,00%
18,34%
58,83%
11,30% 11,53%
Faire valoir direct Faire valoir indirect Faire valoir mixte Ne
se prononce pas
Graphique 5 : Répartition de la notion
d'appropriation des terres. Source : Enquête personnelle. Taux
d'échantillonnage 20%
Il existe plusieurs points que l'on pourrait qualifier de
négatifs. Ils ne le sont que si on les regarde de façon
pessimiste. La vérité, c'est qu'il faut les positiver. Donner une
image noire de la commune est une manière d'exorciser ses points
faibles. Il ne reste plus alors qu'à les rendre voir suivant un nouvel
angle d'approche...
II- L'union pour aller de l'avant.
L
a Commune a ses faiblesses générées
surtout par les installations humaines dans la Région. Il faudrait que
les gens redéfinissent la
symbiose qui existait entre eux et leur monde. Avec une
population croissante et une Capitale en quête de nouveaux espaces, les
responsables auront fortes à faire. Il leur faudrait dès
maintenant mettre en place une politique apte à juguler toutes ces
choses.
A- La cohésion clanique, base d'une
communauté de départ.
Dans la Région d'Avaradrano, la notion de « Grande
famille » est encore vivace. Les gens se définissent volontiers
à partir de leurs ancêtres communs. Dans Talata, presque tous les
gens se connaissent. C'est une situation qu'on devrait exploiter. Ils ont les
mêmes regards portés sur la vie quotidienne.
1- Un développement concrétisé
à la base.
Le développement durable qui est initié
aujourd'hui s'appuie sur le local. Dans la Commune où les gens ont
à peu près les mêmes aspirations, il serait plus facile de
mener à bien ce plan. Ce dont on aurait besoin, serait un meneur pour
les guider. Une personne modèle qui donnerait l'image d'un «
chevalier des temps modernes » défiant toutes les
règles désuètes d'hier. Il assoirait une nouvelle base un
point de départ où chacun est maître de son destin.
Dorénavant, le salut vient des efforts fournis et non plus des aides
escomptées.
2- L'approche participative, une initiative à
mettre en place.
Pour aller de l'avant, les gens ont besoin d'un guide. Le
guide n'est qu'un modèle. Il faudrait qu'ils soient conscients que rien
ne se fait autour d'eux s'ils restent spectateurs. Il faudrait qu'ils
participent à la vie active de la communauté.
C'est le but avoué de la nouvelle constitution.
Désormais, la richesse, c'est le travail dans la diversité. Le
but commun est le développement durable de l'île.
B- Des points d'ancrage visibles dans l'espace.
L'installation humaine dans le Nord d'Antanarivo ne date pas
d'hier. Elle remonterait à des centaines d'années. Cela pour
aboutir à une gestion de l'espace plus ou moins cohérente suivant
les besoins de la communauté.
1- Les pistes carrossables.
Toute la Commune est serpentée par des pistes
tracées dans la latérite rouge. Ces pistes s'étalent sur
près de 2 34km ( Figure 6 ). Toutes les localités, du moins leur
chef lieu sont desservies. Le seul problème se pose en saison de pluie
où ces routes deviennent impraticables. Elles sont glissantes.
Même en saison sèche, elles ne sont guère
empruntées. L'arrière-pays de Talata ne connaît point le
transport à part celui des marchandises. Ce sont les collecteurs et
leurs gros engins motorisés qui s'y risquent. Les gens vont à
pied, parfois à bicyclette.
2- Le marché hebdomadaire du mardi.
La vie de la commune est morne sans ce marché qui
réveille chaque mardi les Mandiavato ( Ceux qui marchent sur le
roc ) et les gens d'alentours. Bien qu'instauré par les rois
d'autrefois, ce marché a pu se maintenir dans l'espace des
échanges de la sous-région. Il a su se diversifier en prenant
exemple sur ce qui se fait dans la Capitale. La nouvelle mode comme partout
ailleurs à Madagascar, c'est la friperie, au point de porter ombrage aux
produits artisanaux locaux ( Les confections artisanales deviennent de plus en
plus rares ).
3- Une scolarisation de base proche de la population.
Chaque fokontany a son EPP. C'est une aubaine, car ainsi les
écoliers ne sont pas obligés de parcourir de grandes distances
pour étudier. Le seul problème c'est le nombre d'enseignants qui
manquent cruellement. Ainsi, dans certaines localités, on n'a que 1 ou 2
maîtres d'écoles pour s'occuper de toutes les classes.
Ce problème devrait être résolu d'ici peu
avec la promesse d'une nouvelle redistribution des postes d'enseignants au
niveau de l'Etat.
Figure 5 : Les réseaux routiers de la commune.
Source : Fond de carte F.T.M. / Enquête personnelle / OTIV
4- Des Centres de Santé de Base ( CSB )
opérationnels.
La santé est une des priorités dans la lutte
contre la pauvreté. Un corps malade ne peut fournir l'énergie
pour le travail. C'est d'autant vrai qu'en milieu rural, c'est le muscle qui
produit les efforts. La grande majorité des agriculteurs n'ont de
matériels de travail autre que leurs bêches.
Les maladies courantes sont presque les mêmes que celles
qui sévissent dans les autres parties de Madagascar. Les principales
sont : le paludisme, la diarrhée, les maux de dents et les maux
d'estomac. Ces troubles sont surtout causés par l'insalubrité de
la région et une mauvaise nutrition.
Talata a deux CSB pour y faire face. Les gens consultent
volontiers les médecins selon leur dire. Il n'empêche que certains
vont encore auprès des guérisseurs traditionnels.
Un autre phénomène, on voit fleurir dans la
commune, des cabinets de médecins libres. On estime aujourd'hui qu'il y
a 1 médecin pour 2900 personnes dans la Région. Malgré ce
chiffre, les Notables et autres gens riches viennent dans la Capitale pour se
soigner.
C- Antananarivo, ville d'écoulement des
produits et d'approvisionnement.
La Commune a un avantage certain à cause de la
proximité de la capitale. La distance étant faible, les gens
peuvent y aller facilement et y discuter de leurs affaires.
1- Les tongolo, un noyau de culture de
spéculation.
Quand la commune a adopté la culture des plantes
à bulbe, notamment l'oignon, elle ne s'attendait certainement pas au
succès de cette culture. C'est une culture exigeante dont le rendement
est plus que bénéfique pour ceux qui la pratiquent. Aujourd'hui
elle tend à se généraliser. C'est d'autant mieux car elle
pourrait tirer la commune du marasme dans lequel elle a évolué
pendant de longues années.
2- Un approvisionnement facilité par la
proximité de la capitale.
de 3.500Fmg à la sortie de la crise. Certes il a connu
une hausse de 133% mais c'est encore à la portée des bourses.
Ainsi, il est facile pour les agriculteurs d'y écouler leurs produits ou
d'y chercher de nouveaux intrants. La coopérative qui relie Talata
à la Capitale possède une trentaine de voitures dont chacune fait
au moins 3 allers-retours par jour.
3- La Nationale 3 de plus en plus
fréquentée.
Depuis sa réhabilitation au début des
années 90, cette portion de route s'est ouverte de plus en plus au
marché des échanges ( Figure 5 ). Maintenant, elle est même
utilisée par les gens qui veulent aller à Ambatondrazaka. Par
ailleurs, elle sert de moyen de desserte pour la région Nord-Est du
Faritany d'Antananarivo.
Talata a de grands atouts à faire valoir dont la
proximité de la Capitale, des infrastructures certes en mauvaises
état, mais qui a le mérite d'exister etc. Il y a des
problèmes à résoudre. La commune pourrait y faire face,
avec l'aide de tous les acteurs de la Région. Ces acteurs sont les
sociétés civiles et tous ceux qui habitent la commune, car il
faut l'entr'aide de tous pour avancer.
Chapitre 4 : Des futurs pôles catalyseurs.
I- La Radio Nederland.
E
n 1947, au lendemain de la fin de la deuxième guerre
mondiale, la fondation « Radio Nederland International » voyait le
jour. Son siège se situe à Hilversum au Pays-Bas. Son but est de
faire connaître le Pays Orange à travers le monde.
A- Une chaîne internationale.
Devant le développement de l'usage des ondes courtes
dans le monde, la Radio Nederland a inauguré en 1969 une antenne relais
dans l'île Bonaire au large de l'Amérique latine. En 1972, la
station relais de Madagascar était fin prête.
Figure 7 : Représentation de la zone d'influence
de la Station-relais de la Radio Nederland implantée à
Talata.
Source : Radio Nederland.
1- Présentation de la radio.
La radio Nederland diffuse à travers le monde, des
émissions en plusieurs langues selon le pays-cible. Ces langues sont le
néerlandais, l'espagnol, l'indonésien, le papiamentu, le sarnami
et le français. Elles sont émises sur ondes courtes, ondes
moyennes et satellite. Par ailleurs, la radio Nederland produit des
émissions pour les radiodiffusions étrangères.
C'est un complexe qui regroupe plusieurs domaines
d'intervention centrés autour de la masse-média. Cette radio,
à l'instar des autres grandes chaînes internationales, est une
façon pour les Européens de démontrer leur
présence
dans le monde. Même si la colonisation a été
abolie. Ces radios véhiculent leur image.
2- Le choix du site Madagascar.
Quand la Radio Nederland a voulu s'implanter dans la
région de l'Océan Indien, leur choix s'est fixé sur
Madagascar. Les dirigeants néerlandais auraient pu choisir l'Afrique du
Sud, mais la politique de l'Apartheid les en a dissuadés. Et ce, bien
que ce pays parle le néerlandais.
La station relais de Madagascar est située au nord-est
de la Capitale Antananarivo. Elle s'étend sur une superficie de 100ha
environ. Elle dispose de deux émetteurs de 300kW, dont chacun peut
être raccordé à une des 13 antennes présentes dans
le site. Cela permet de transmettre des émissions vers l'Afrique, le
Moyen-orient, l'Indonésie et même l'Amérique du sud et
l'Australie ( Figure 7 ). Les émissions sont reçues à
Tana, des Pays-bas via les satellites avant d'être retransmises par ondes
courtes dans le Monde. Les émissions de la radio sont captées par
une population cumulée de ménages estimée à
400.000.000.
Photo 7 : Les Pylônes de la Radio
Nederland.
Les pylônes de la Radio Nederland sont au nombre de 13. ils
sont répartis sur une surface d'une vingtaine d'ha.
Source : Cliché de l'auteur.
B- Le premier grand aménagement de la Commune.
De Talata, quand on regarde de loin, on ne voit que ces grands
pylônes qui montent titiller les cimes. Ce sont les antennes de la Radio
Nederland. Elles sont installées sur une butte aplanie par l'homme. Son
érection est un défi que l'homme a relevé.
1- Une station bien implantée dans la Commune.
Unique au monde, le complexe d'antenne relais de la Radio
Nederland qui se trouve dans la commune de Talata, a pu voir le jour
grâce à l'accord passé entre les gouvernements respectifs
des deux pays. Chaque année, la Radio Nederland paie une redevance
à l'Etat malagasy pour l'occupation du terrain. Cette redevance est
évaluée à plusieurs centaines de millions de nos
francs.
La Radio participe aussi à la vie active de la Commune.
Elle finance des projets soumis par la collectivité.
Sur les 50 employés de la station, 30% sont
originaires de la Commune. Certes ils sont constitués en majeure partie
par la classe des manutentionnaires, mais c'est un début
d'intégration de la station dans le paysage. Les gens ont plus confiance
quand ils prennent part à ce qui s'y fait.
2- L'expropriation, une affaire en suspens ?
Pour son implantation dans la Commune, il a fallu
procéder à des expropriations. Cette pratique, initiée par
l'Etat malagasy s'est heurtée à l'incompréhension voire
l'hostilité des concernés. Bien que mise en oeuvre dès le
début de l'implantation de la Radio sur le site ( La Radio Nederland a
payé une indemnité à l'Etat malagasy. A charge à ce
dernier de dédommager les expropriés ), elle n'a
été effective que vers le début des années 90. En
moyenne, les gens recevaient quelque 7.000fmg/ha lors de l'expropriation. Ce
qui a soulevé un vent de révolte dans le rang des riverains. Cela
s'est peu à peu tassé puisque tous les recours possibles n'ont
pas abouti.
Malgré cela, la Radio alloue un budget spécial
pour les gens touchés par cette expropriation. Elle leur distribue
chaque année 3.500.000Fmg à titre de « vidin-kazo
» ( prix du bois ).
3- Un bailleur ignoré ?
La station a une part importante dans la vie de la commune.
Elle participe aux diverses actions de réhabilitation des
superstructures dans la région. Pour 2000-200 1, la Station avait
contribué à :
La construction d'un local pour la cantine scolaire de l'EPP
d'Ambohitrabiby.
La réfection d'une partie de la toiture de l'EPP de Talata
et d'Avaratsena.
La réfection de la toiture et de la clôture de l'EPP
d'Ambodiala.
La construction d'une clôture et d'un local
supplémentaire pour l'EPP d'Ambohimahavelona.
L'électrification du village d'Ambohimahavelona.
Le paiement et l'installation d'un instituteur vacataire pour
l'EPP d'Ambohimahavelona.
La réhabilitation de l'EPP d'Ampanataovana.
Ces quelques réalisations démontrent la
volonté de la station de prendre part dans la vie active de la
localité. Le problème c'est que les gens n'en sont pas vraiment
conscients. Ils se contentent de quémander de l'aide pour telle ou telle
réhabilitation alors qu'ils pourraient soumettre un dossier de projet
auprès de la Radio pour le développement de la Zone.
4- La radio cadre auprès des villageois.
Pour parfaire cette intégration, la radio s'est
substituée au rôle dévoué habituellement dans les
autres localités aux Organismes Non Gouvernementaux (ONG). Comme ces
derniers n'existent pas dans la commune, les responsables de la station ont
commencé à assister les paysans dans leurs activités
agricoles. Ils ont introduit de nouveaux concepts notamment l'apiculture et la
pisciculture. En ce moment, ils sont en train de tester la viticulture et
l'oenologie.
Par ces actions, la station apprend aux paysans à
diversifier leur source de revenus. C'est un pari qui est en passe d'être
gagné car les gens commencent à adopter ces nouvelles
activités.
Photo 8 : Des « mpangala-kitay ».
Les arbres aux abords de la radio Nederland sont relativement
épargnés par la déforestation. Il n'empêche que l'on
y retrouve des gens en train de « chercher » du bois pour le
chauffage.
Source : Cliché de l'auteur.
II- La SOciété de PRoduction Animale de
MADagascar ou SOPRAMAD.
L
ongtemps endormi, la Commune semble comme par un coup de
baguette magique sortir de sa longue léthargie. De nouveaux
investissements se sont bousculés à sa porte. Parmi cela, on peut
noter le projet de fermes initié par la SOPRAMAD.
A- De l'association à la Société.
La SOPRAMAD est un challenge lancé au milieu des
années 80 dans la région d'Ambatolampy. Un Français
amoureux de Madagascar a décidé de créer une association
paysanne pour aider les Malagasy dans la région à
développer
rapidement leur potentiel capital. Cette structure s'est
appuyée sur une chaîne de solidarité franco-malagasy.
Très vite la petite association est devenue une entreprise florissante
qui a fait de l'élevage des gallinacés ( l'aviculture ) son
« cheval de bataille ». Dans les années 80, c'était une
nouveauté dans le paysage de l'industrie agroalimentaire de la Grande
île. Aujourd'hui, c'est une activité très prisée par
les Malgaches.
1- Une filière porteuse.
La filière poule pondeuse et poulet de chair faisait
son entrée à Madagascar avec la SOPRAMAD, une des "leaders" du
marché qui l'a vulgarisée. En suivant un régime drastique,
on peut arriver à des rendements élevés. Un poulet de
chair de 2 mois peut ainsi avoir 2kg.
L'activité de cette ferme s'est diversifiée.
Aujourd'hui, elle touche tout l'amont du secteur primaire. Elle est devenue
prestataire dans le domaine des produits pharmaceutiques, des vaccins pour
animaux de ferme. Elle vend aussi des provendes.
Ses clients sont des grands noms de l'industrie
agroalimentaire malgache comme La Hutte canadienne, PICOR ou encore les
groupements d'éleveurs dans la Région de Mahitsy.
2- Le choix de Talata.
La ferme est devenue une chaîne qui a ensemencé
des succursales un peu partout aux alentours d'Antananarivo. Elles
sont interdépendantes. Ainsi Talata et Mahitsy sont des zones de pontes
et d'éclosion, Ambatobe une couveuse, Itaosy une poussinière.
Auparavant, le site de Talata était situé dans
la Région d'Ankazobe, mais c'était trop éloigné de
la Capitale. Si bien que Talata a été jugée plus rentable
quant à une nouvelle implantation.
B- Des activités cadrant avec le besoin paysan.
Partout où la SOPRAMAD s'est installée, les gens
qui habitaient près de leurs fermes ont pu bénéficier de
leurs expériences. Ainsi dans la région d'Ambatolampy, elle a
formé les paysans qui aujourd'hui sont devenus à leur tour des
agents vulgarisateurs de leur savoir-faire et de leur label.
1- L'élevage.
Le site de Talata a été inauguré en
septembre 1999. Il s'étend sur une surface de 3ha.Il est situé
à mi-chemin entre Ambohitrabiby et Talata Volonondry sur la Nationale 3.
Son implantation s'est faite sur fond propre de la société avec
un premier investissement qui s'élevait à 120.000.000Fmg pour la
construction du premier bâtiment ( 572m2 ).
Maintenant, la ferme de Talata a 4 bâtiments en durs et
9 bâtiments en bois qui accueillent 10.500 poulets et 850 canards.
L'élevage de canards étant une activité nouvelle que la
société tente de vulgariser. Le site produit 10.000poulets de
chair par semaine et 12.000 poules pondeuses. Le premier est vendu à
3.500Fmg l'unité tandis que la seconde se vend à 4.500Fmg. La
ferme de Talata produit quelque 4.500 nouveaux oeufs de poulets et 350 oeufs de
canards à couver par jour ( Le canard est destiné pour les
éleveurs de la Sakay dans le Moyen- Ouest et pour La Landaise `une
société spécialiste du foie gras' ).
Les paysans aux alentours gagnent dans cette implantation de
la SOPRAMAD dans la région, car la société leur
cède les déchets organiques, produits par les volailles. C'est un
engrais fort apprécié ( La société cède ce
produit aux paysans à 50.000fmg/m3 ). L'existence même
de cette ferme dans la région va influencer les modes de
l'élevage avicole : les gens pourraient prendre copie de ce qui s'y
passe.
2- Une ferme en expansion.
Le site dans la commune est une aubaine pour ses riverains. Il
a apporté un nouveau point de vue quant à la façon de
trouver de l'argent. « Point n'est besoin de toujours cultiver la
terre, il faut savoir se diversifier. » En outre la ferme envisage de
s'agrandir dans la région. 2 nouveaux sites sont en gestation, portant
à près de
10ha la superficie totale de l'exploitation dans Talata. Cette
expansion aurait du être effective vers la fin de cette année,
mais avec le problème politique que le Pays vient de traverser, la mise
en place de ces nouveaux sites pourrait avoir du retard. Par contre, la
provenderie, elle, sera opérationnelle dès cette année.
3- Une implantation réussie ?
La SOPRAMAD est une société et elle s'implante
là où elle peut avoir le plus de bénéfice à
moindre coût. L'appel à l'investissement lancé par le Maire
a eu son écho. Mais, la commune n'en profite pas pour autant.
Pour être opérationnelle et rentable dès
son implantation, la société a fait venir d'Ambatolampy des
éleveurs en qui elle a déjà confiance, car elle les a
formés. En tout, 14 ouvriers originaires d'Ambatolampy y travaillent
suivant une rotation mise en place par la société. Les gens de la
commune n'ont donc pas été embauchés. Quoi qu'il en soit,
il y avait eu un antécédent malheureux dissuadant les
responsables de ne plus retenter l'expérience : Ils ont engagé un
originaire de Talata qui a fait main basse sur les oeufs en 2001. Depuis, la
ferme évoluait seule au milieu de la route avec la méfiance qui
sied à celui qui a peur de s'engager dans une intégration encore
incertaine. En tout, le site a connu deux cambriolages depuis son
implantation.
Un des problèmes majeurs est le manque d'eau en saison
sèche. Une telle installation en a besoin pour la salubrité des
activités. Les responsables sont obligés d'acheter de l'eau
à Antananarivo et l'y transporter.
III- La mutuelle de crédits.
T
alata n'avait connu le réel développement que
dans l'époque du « fanompoana » où les travaux
sont faits sous les directives des
seigneurs et en relation avec le besoin dicté par la
communauté. En ces temps, les travaux étaient accomplis sans
protestation car c'est pour le bien de tous. Sous la colonisation, il en va de
même bien que le bénéfice soit plus pour les colons que les
« indigènes ». Mais depuis que l'argent avait fait surface
dans les transactions, les gens avaient eu du mal à suivre le train et
ce d'autant plus que
les banques ne leur faisaient pas toujours confiance. Ce qui
était réciproque puisque pour eux ces gens aux costumes cravates
ne connaissaient pas toujours la réalité de leur vie
quotidienne.
A- Une banque de proximité.
Si avant, les gens devaient se déplacer pour contracter
un prêt, aujourd'hui, ce sont ces prêts qui leur tendent la main en
venant au devant d'eux avec l'arrivée des Mutuelles d'Epargne et de
Crédits dans la Commune.
1- L'Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ( OTIV ).
Un des freins du développement de l'économie
dans le monde rural est le manque de liquidités. Les gens n'arrivent pas
à sortir du cercle vicieux dans lequel, ils évoluent car ils ne
peuvent pas améliorer leur condition de travail. Les portes se ferment
quand ils essaient de monter en ville.
Aujourd'hui, avec l'OTIV, cette situation est en passe
d'être résorbée. Les gens ont désormais de l'argent
à portée de main pour mener à bien leur projet. L'OTIV est
un crédit mutuel érigé pour permettre aux gens de
bénéficier de financements avec un taux d'intérêt
faible ( de l'ordre de 3% du reste de l'emprunt contracté ). En devenant
membre de cette mutuelle, les gens jouissent de toutes les activités
offertes par cette dernière.
Comme la mutuelle fonctionne de la même façon que
les banques, les gens qui y déposent leur argent augmentent aussi leur
capital selon le type de dépôt établi.
2- La banque des ruraux.
Cette mutuelle tombe à point dans le paysage
économique du monde agricole après la démission de l'Etat
des affaires courantes et la privatisation de la banque BTM. Une banque qui a
complètement raté sa mission. Le monde rural n'avait plus de
« supporteurs. » L'approche initiée par l'OTIV a permis de
relancer le dynamisme du monde agricole. Les gens ont pu contracter des
emprunts pour
moderniser leurs exploitations. Aujourd'hui, de part Madagascar,
l'OTIV a plus de 55.000 membres répartis tant dans le milieu rural
qu'urbain.
B- L'OTIV à Talata.
La mutuelle de crédit OTIV était venue à
Madagascar au lendemain de la deuxième république. Elle a
été implantée pour la première fois dans la
région de Tamatave en 1993. En octobre 2001, elle arrive à
Talata.
1- Une activité méconnue.
La Mutuelle est encore peu connue dans la région.
Malgré une campagne de sensibilisation tous les jours du marché
avant son implantation, les gens ont encore des doutes. Depuis sa
création jusqu'en juillet 2002, on ne dénombre que 58 membres
dont l'évolution est montrée par la série 1 du «
Graphique 6 ». La série 2 montre le nombre de nouveaux
adhérents par mois. Les responsables ne désespèrent pas
car la conjoncture qu'a vécu la Nation durant ce premier semestre a
aussi influencé les activités des gens.
Evolution des adhérents dans l'Otiv
oct nov déc janv févr mars avr mai juin juil
70
60
50
40
30
20
10
0
Série1 Série2
Graphique 6 : Courbe représentant
l'évolution des membres de l'OTIV. Source : OTIV Talata
Volonondry. Données recueillies en juillet 2002
2- Une aide financière utile pour le monde
rural.
L'OTIV profite à toutes les franges de la population.
Ceux qui en sont membres et qui ont un projet à défendre peuvent
bénéficier de son crédit. Dans Talata, aussi paradoxal que
cela puisse être, on peut voir que la majeure partie des gens qui demande
des subventions n'est pas du tout des agriculteurs. Le nombre de demandeurs de
crédit cumulé en juillet 2002 est de 47. Les gens contractent des
emprunts pour moderniser leur quotidien.
Tableau 2 : Tableau de la répartition par
activités des demandeurs de crédits
Activités
|
%
|
Agriculteurs
|
32%
|
Fonctionnaires
|
28%
|
Artisans
|
9%
|
Marchands
|
19%
|
Autres
|
12%
|
Source : Enquête auprès de l'OTIV de la Commune.
Par ailleurs, la répartition spatiale de ses membres (
Figure 8 ) montre qu'ils sont pour la plupart localisée dans le chef
lieu de la Commune. Ce sont eux qui ont pu comprendre en premier le
mécanisme véhiculé par la mutuelle.
La Commune de Talata avec la présence de ces trois
pôles qui représentent des branches d'activités aussi
diverses que complémentaires ( Secteur du service avec la Radio
Nederland, secteur agricole et industriel avec la SOPRAMAD, secteur bancaire
avec l'OTIV ) dans le monde d'aujourd'hui peut bénéficier de leur
impact et de leur dynamisme pour réorienter ses activités. Ces
installations ont le pouvoir de bousculer le rythme atone de la vie quotidienne
de Talata.
Figure 8 : La densité de la répartition des
membres de L'OTIV dans Talata. Source : Fond de carte F.T.M. f
Enquête personnelle.
Conclusion partielle.
L
e principal handicap de Talata est son relief. C'est une
commune formée de chaîne de collines massives avec des versants
convexes. Il y
est difficile d'aménager le terrain de culture.
Malgré cela, les gens ont pu vivre en symbiose avec la nature en
s'adaptant au milieu dans lequel ils vivent. Cette situation d'équilibre
est aujourd'hui menacée par la pression démographique. Le
rétrécissement des terrains cultivables pour chaque famille se
fait de plus en plus sentir. A cela, s'ajoutent le problème de la
dégradation du sol et de la déforestation qui gagnent du terrain.
La commune tente d'y faire face, mais sans moyens, elle ne peut que constater
les dégâts. La volonté ferme alliée à la
conviction de pouvoir mieux faire anime pourtant les gens. La lassitude d'hier
est supplantée par l'envie d'aller de l'avant.
Ce qui leur manquait auparavant, c'était la discipline.
Les travaux se sont faits dans le tâtonnement. Il leur faudrait un cadre
dans lequel évolué pour démontrer ce dont ils sont
capables.
L'avenir de Talata dépend de sa potentialité
à relever le défi du développement humain durable. Pour
cela elle doit s'appuyer sur la nouvelle génération et sur les
outils qu'elle a en sa possession. A cela s'ajoute la présence des
modèles sur lesquels elle peut apprendre : La radio Nederland et la
SOPRAMAD.
|
Partie III : Vers le développement
d'une commune.
|
|
B
ien que pauvre, Talata a des atouts à faire valoir. Sa
richesse est tout simplement mal exploitée comme partout à
Madagascar. Une gestion
rationnelle, c'est ce dont ont besoin les Mandiavato. Il faut
canaliser les actions à entreprendre pour qu'elles satisfassent et
répondent à l'attente de la majorité des gens.
Chapitre 5 : Des solutions pour avancer.
I- La réhabilitation des vallées, un
défi à relever.
Q
uelque soit l'avenir de Talata, elle ne doit pas oublier que
son existence dépend entièrement de la préservation de son
environnement. Cette
richesse, bien que très entaillée, influe non
seulement sur le devenir de la Commune mais aussi sur une grande partie de la
sous-région. Etant un bassin versant, la dégradation ne serait-ce
que minime dans la commune aurait des répercussions sur le mode de vie
des gens aux alentours et en aval.
A- Le rôle des versants dans l'agriculture.
Abandonnés à tort ou mal-exploités dans
le contexte de l'aménagement initié par les peuples des Hautes
Terres, les versants sont des terrains peu fertiles par rapport à la
plaine. Les gens se sont concentrés sur les bas-fonds en exploitant au
maximum la riziculture pluviale et irriguée. Ils se sont servis de ces
versants comme appoints dans leurs activités.
Figure 9 : Représentation des terroirs agricoles
dans Talata. Source : Fond de carte F.T.M. f Enquête
personnelle.
Figure 10 : Représentation des zones à
forte densité humaine. Source : Fond de carte FTM f
Enquête personnelle.
La Figure 9 et la figure 10 montrent qu'il y a encore de
grandes surfaces qui ne sont pas occupées par l'homme. Elles sont
difficiles à aménager sur le plan agricole. Elles
représentent pour la plupart des zones en hauteur. Pour un avenir
harmonieux de la commune, il faut les prendre en compte dans la gestion de
l'espace.
1- Versants : terrain des cultures sèches.
Les versants sont le domaine des cultures qui ne demandent pas
beaucoup d'effort. Cela est dû au fait que les aménagements sur
les pentes sont un défi tel que les gens les ont plus ou moins
négligés et ce d'autant plus que ces zones sont peu fertiles.
Cette situation a évolué avec l'accroissement
démographique qui a obligé les hommes à se
sédentariser. Pour relancer les activités sur les
tanety, il faut apporter de l'amélioration dans l'exploitation
de ces terres. Il s'agit d'augmenter la production en gardant les facteurs de
production constants ou bien de garder la même production en
économisant les facteurs de production.
Il y a trois catégories de progrès technique que
l'on pourrait adopter : Progrès mécanique technique =
substitution du travail par le capital Progrès biologique technique =
substitution du sol par le capital Progrès organisationnel technique =
capacité de la gestion
Dans ces trois cas, il s'agit d'une augmentation de la
productivité du travail et de la productivité de la superficie. A
Talata, c'est le deuxième cas énoncé ci- dessus qui
commence à être adopté par les paysans : L'utilisation de
l'engrais vert commence à se généraliser.
Pour Talata, l'équilibre alimentaire est loin
d'être atteint. Sur ces versants, on ne retrouve, pour la plupart que des
tubercules et des féculents dont le manioc et parfois les patates
douces. Ces cultures sont faites pour pallier le manque de nourriture en
période de verte pâture.
2- Atténuer l'érosion sur les pentes.
efficace pour emmener les gens à s'intéresser
aux pentes. Pour cela, le mieux serait d'arrêter l'avancée de
l'érosion sur ces versants en premier lieu, puis de leur rendre une
nouvelle jeunesse en les rendant à nouveau propice à la culture.
Il faut protéger les pentes contre l'érosion. Tant qu'elles sont
nues, les risques d'une perturbation en chaîne sur les exploitations
agricoles sont énormes. Cela pourrait aller jusqu'à une «
mini-catastrophe écologique ». Si bien que, la Commune devrait
lancer des programmes pour la protection de ces zones en adoptant par exemple
l'utilisation de plante fixatrice ( comme le Vétiver ).
Sur les pentes raides, le mieux serait d'adopter la culture en
gradin avec l'utilisation de haies vives. Les aménagements sur ces
pentes sont toujours sommaires. Il n'y a pas de techniques particulières
si bien que les cultures sur ces versants sont les premières sources de
leur dégradation. Il faut adopter la culture en gradin pour limiter
l'arrachement des terres sur ces versants. L'adoption de cette méthode
il faut l'avouer nécessite de grands travaux mais elle est utile
à la longue, car elle rendra service aux paysans. Un terrain de culture
stabilisé par ce procédé freinera le processus de la perte
de la fertilité du sol.
Ainsi, on protège à la fois les bas-fonds contre
l'ensablement et les pentes contre l'érosion. De plus on augmente les
surfaces de cultures.
B- Les bas-fonds menacés.
Pour le monde rural, le sol est le bien le plus cher. C'est le
moyen de production. Sans cela, les paysans ne peuvent pas travailler.
Malgré tout, on voit aujourd'hui dans la région de Talata
Volonondry que le sol est un problème qu'il faudrait résoudre.
1- L'apport d'alluvions pour les bas-fonds.
Les paysans malgaches ont depuis longtemps utilisé les
versants comme une réserve de terre arable pour les bas-fonds. Ils font
du transfert de fertilité en faisant migrer vers les vallées les
sols riches des versants ( horizons humifères ). En effet, pour les
Malgaches, c'est la culture du riz qui dicte les activités dans le
finage.
Les systèmes sophistiqués d'irrigation des
bas-fonds.
Les systèmes de cultures sur « Tanety » (
c'est le terrain de cultures sur les pentes en opposition au « lohasaha
», terrain de cultures dans la vallée ).
Sur les Tanety, dans la zone de Talata où
l'implantation humaine est ancienne, on a des flancs de collines
caractérisés par de grandes surfaces non cultivées, et des
sols dégradés dont la fertilité a été
épuisée par de longues exploitations dans les temps
reculés.
Le problème réel n'est donc pas le manque de
terre, mais le faible fertilité du sol. C'est cette raison qui pousse
les gens à s'investir dans les bas-fonds et l'exploiter jusqu'à
épuisement.
2- Eviter l'ensablement des vallons.
Les principales activités de l'Homme dans la Commune
sont concentrées dans les bas-fonds. C'est la conséquence de la
dégradation des tanety qui les y ont poussés. Malgré tout,
cette situation est aujourd'hui précaire car ces vallons sont à
leur tour menacés par l'ensablement.
Il leur faut préserver ces deux facettes de terrains
qui sont interdépendants dans le monde agricole. Les gens pour combler
l'insuffisance de la production rizicole se sont tournés vers les
tanety. Ce dernier est aujourd'hui au bord de l'épuisement et ne comble
guère l'attente des paysans. Au contraire, il jette dans les bas-fonds
des sables, marque du stade ultime avant la perte totale du sol. C'est pour
cela que les gens sont intéressés aux techniques de la protection
des sols et notamment des versants.
Photo 9 : Des vallons étroits colonisés par
la riziculture. Source : Cliché de l'auteur.
Les versants et les bas-fonds sont complémentaires dans
le paysage agricole. On ne doit pas les « négliger », il faut
les protéger au risque de les voir devenir des « désert
».
C- Le repeuplement des versants.
La gestion rationnelle des ressources naturelles de la Commune
doit se faire. La politique environnementale initiée à Madagascar
tend vers cette conscientisation pour ensuite donner à la population une
capacité à gérer seule le devenir de son Univers. Dans la
Commune, quand on parle aux gens de l'environnement, ils répondent sans
ambages « Plantation d'Arbres ». Or la protection de l'environnement
ne se résume pas au simple fait de replanter des arbres. Quel avenir si
on plante des arbres et en même temps, on les brûle par «
le feu de brousse P »
La protection de ce bassin versant est un gage pour le
développement de la commune rurale.
78
Schéma 3 : Formation d'un bassin
versant.
Source : Microsoft® Encarta® 99
Le bassin versant est formé par un versant haut
perché et un versant en contre-falaise. Ces deux versants sont
reliés entre-eux par un talus qui régresse à mesure qu'il
est rongé par l'érosion. Les ruisseaux prennent sources au pied
du talus. C'est là son importance, car si ce dernier régresse,
petit à petit, l'eau se tarit. Les zones en aval seront
condamnées, tandis que l'amont devient stérile et risque de jeter
du sable dans la vallée.
Photo 10 : Affleurement rocheux dans la région
d'Antsahamaro. Source : Cliché de l'auteur.
1- Exemple d'une gestion rationnelle d'un paysage
collinaire.
A Madagascar, on constate qu'en général, les
versants des collines sont de plus en plus dénudés. Le
départ des sols sur ces versants est le premier signal d'alarme de la
dégradation de l'environnement. On peut citer entre autres :
l'infertilité des sols, l'ensablement des vallées, les nappes
phréatiques mal- alimentées etc. C'est pour ces raisons qu'il
faudrait mettre en place une gestion rationnelle des versants suivant la strate
collinaire pour mieux lutter contre l'érosion ( hydrique et
éolienne ).
Sur les sommets de ces collines, on aura des forêts.
C'est toujours le cas aujourd'hui. Ces arbres serviraient à alimenter le
bois pour la consommation des ménages, pour la fabrication du charbon de
bois. Ce seront aussi des anti-érosions. Si le sommet est plat, on
pourrait y cultiver, avec des bandes de forêts en aval sur les pentes
fortes.
Pour les pentes accentuées, le mieux sera de les
laisser en jachère améliorée avec des haies vives ou des
végétations. Cela permettra de produire des biomasses
fertilisantes, de l'engrais vert pour les cultures localisées sur les
pentes modérées. En même temps cette jachère permet
de fixer le sol et de lutter contre l'érosion. Par ailleurs, les
cultivateurs pourraient aussi y planter des arbres fruitiers et autres bois de
chauffe.
Toujours sur ces versants, dans l'optique d'un
aménagement sensé, on devrait y trouver des bandes de terrains
réservées aux plantes fourragères destinées
à la consommation des bétails et autres animaux de la ferme.
Ainsi, les gens ne sont plus obligés de pratiquer l'élevage
extensif qui nuit considérablement au paysage agricole ( il y a des
inconvénients à laisser les bétails libres : les fumures
sont éparpillées, les marques des sabots dans le sol sur les
pentes provoquent l'érosion etc. ).
On doit aussi construire des fossés qui vont servir
à stocker ou à canaliser l'évacuation des eaux selon les
conditions pluviométriques.
Sur les pieds des pentes, les cultures légumineuses et
autres
cultures sèches auront leur place. Enfin dans les
bas-fonds, il y aura la
riziculture.
Le but de toutes ces opérations est de rendre les
versants cultivables dans des conditions respectant l'environnement. Si bien
qu'il est nécessaire d'adopter la culture en gradin qui va limiter
l'action érosive.
2-L'utilisation de l'engrais.
Un autre grand défi pour l'agriculture, l'engrais. Son
utilisation répond au besoin précis d'un meilleur résultat
sur le plan de la production. Or les gens l'utilisent à tort et à
travers. L'épandage de l'engrais chimique qui va s'infiltrer dans le
sol, va jusqu'à polluer les nappes phréatiques : Ces
contaminations ont été les sources de plusieurs maladies qui ont
bouleversé l'équilibre écologique à
l'étranger. De plus ces engrais sont coûteux. Si bien que les gens
devraient adopter l'utilisation de l'engrais vert, plus que préconiser
dans la forme de l'agriculture pratiquée dans notre pays. La plus
répandue d'entre ces engrais verts aujourd'hui est le compost.
Schéma 4 : Processus de formation du compost.
Source : Microsoft® Encarta® 99
L'engrais est un apport nutritionnel pour le sol que l'on
cultive. Cet apport est nécessaire quand le sol travaille tout au long
de l'année. Et comme on sait que dans Talata, le sol est devenu une
denrée rare, il y a de moins en moins de terres laissées en
jachère. D'où son importance. Ces engrais verts
nécessitent très peu de dépenses et en plus ils sont
nettement moins polluant que les engrais chimiques. Le principe des engrais
verts est simple : il suffit de fermenter des déchets organiques pour
qu'ils libèrent des éléments minéraux utiles au
sol, dans le cas du compost. Par ailleurs, il y a aussi l'emploi des plantes
riches en matières minérales tels le vétiver ou encore le
« ramilamina » ( Azolla ). Ainsi, les engrais
s'obtiennent naturellement sans agent chimique. Cela
vérifie la théorie de LAVOISIER : « Rien ne se perd,
rien ne se crée, tout se transforme ».
II- L'amélioration des conditions de travail.
L
'évolution de la Commune vers le développement
sur le plan économique est en train de s'amorcer. Madagascar aborde une
phase
transitoire qui doit le mener vers une économie de
libre échange. Tel sera le défi que tout le monde devra se
lancer. Talata y est aussi concerné. Pour aller de l'avant, il lui faut
de bonnes assises, des meilleures conditions de travail.
A- La mise en place de groupements de paysans.
L'adoption du régime socialiste avait imposé le
monopole étatique dans la moitié des années 70
jusqu'à la fin des années 80. Il avait mis en place des
coopératives de production. Cela a freiné les initiatives locales
qui avait entraîné un blocage du décollage
économique de la Grande île. Talata, au lendemain de ces
années d'égarement, cherchait à se rassurer. Aucune
structure n'était en vue pour remplacer la place laissée vacante
par l'Etat au lendemain de sa démission des affaires courantes. Un vide
que les sociétés civiles auraient du combler.
1- La formation des paysans.
Dans l'optique du nouveau deal initié par la nouvelle
constitution de Madagascar, l'Etat malgache devient un partenaire et non plus
un acteur dans le développement des régions. Il faut travailler
pour avoir ce dont on a besoin.
Les gens de la Commune de Talata, au lendemain de cette
rupture brutale entre deux modes de gouvernances dichotomiques, étaient
livrés à eux même avec des infrastructures qui tombaient en
délabrement. Tout était à refaire sinon à inventer.
La mentalité aussi était à changer car l'Etat - providence
hantait encore la conscience collective. La population manque cruellement
d'information sur la
nouvelle donne. Il faudrait que l'Etat prenne des dispositions
pour résorber cette situation qui pénalise tout aussi bien Talata
Volonondry que les autres Communes de Madagascar.
Dans un premier temps, on devrait inculquer à la
population la notion de libre entreprenariat pour qu'elle puisse vivre enfin
libérer des contraintes de « l'avant-90 ». Une
société apte à s'émanciper sous la bienveillance
d'un Etat fort et capable de lui apporter de l'aide si besoin est.
En outre, il est fortement conseillé de former des
agents vulgarisateurs qui vont répandre dans la région leurs
expériences vécues sur le plan de l'exploitation et de la gestion
des biens. Le problème pour Talata c'est l'inexistence des ONG qui
auraient dû prendre la place de l'Etat dans l'approche locale. Les gens
laissés sans guide et sans repère font tout dans le flou total,
ils vivent au jour le jour pour leur subsistance. Or le but n'est plus
l'autoconsommation mais l'enrichissement. Ce qui revient à dire, rompre
avec l'isolement.
2- La mise en place des groupes de discussions.
Faisant suite à la formation des paysans, la mise en
place de groupe de discussions est aussi nécessaire. C'est un lieu de
contact qui faciliterait les échanges entres les gens. Ils pourront y
discuter de tout et en particulier des problèmes qu'ils vont rencontrer
tout au long de la mutation à laquelle ils devraient faire face. Les
Malgaches disent toujours : « Ny entan-jaraina mora zaka » (
Un proverbe qui parle de l'entr'aide, « L'union fait la force »
). Cette mentalité est un des concepts qui soudent la nation
malgache. C'est une rampe de lancement pour les futures actions à mener
auprès de la population-cible ( les fokonolona ). Ils pourront
y résoudre ces embûches, du moins les mettre en exergue afin de
dégager une ligne de conduite.
Un groupe de discussion est nécessaire pour la remise
en cause des actions menées et pour la définition des futures
actions cadres. Il ne se substituera pas au devoir de la Commune mais au
contraire, il sera une aide, un conseil pour celle-ci. En effet, les travaux
menés dans le programme défini par les élus devront
répondre aux attentes formulées par la base. Si cette base ne dit
rien, l'écho de leurs besoins, de leurs aspirations ne seraient jamais
entendus.
3- L'érection des Greniers Communautaires
Villageois (G.C.V.).
Dans le temps, un des freins du développement du
rendement de la production en milieu rural est le débouché. Bien
que les gens produisent au-delà de leur besoin, ils ne trouvent pas ou
écouler le reste. Si bien qu'ils sont obligés de les céder
à « des collecteurs véreux » qui ne pensent
qu'à leur profit. Cette situation découle de l'enclavement des
zones de production. Las, les ruraux baissent volontairement le résultat
de leur production.
Si les Malgaches arrivent à produire plus et mieux pour
concurrencer les produits d'importation, Madagascar pourra se «
débarrasser » de la tutelle économique des Occidentaux. Ces
derniers se servent de ces produits agricoles comme des armes vertes.
Pour y arriver, les agriculteurs doivent avoir les meilleures
conditions possibles pour travailler. C'est pour cette raison que
l'érection d'un G.C.V. est nécessaire. Les Greniers
Communautaires Villageois permettraient aux agriculteurs de contrôler
l'écoulement de leur production. Ils s'associent pour créer un
central de dépôt, un hangar dans lequel on stockera les produits.
Ils peuvent ainsi contrôler eux-même les contacts pour l'achat de
leurs marchandises. Et c'est d'autant plus vrai qu'avec la montée en
puissance des cultures de spéculation, tel l'oignon, il faut que la
société paysanne se regroupe pour faire face aux pressions des
grands collecteurs. Ainsi ils pourront profiter du résultat de leur
labeur.
B- L'appui et l'aide au secteur agricole.
Talata est une commune rurale dont les activités
principales sont tournées vers l'agriculture et l'artisanat. Ce dernier
est un appoint pour l'activité agricole qui accapare une grande partie
du temps des gens. A la lumière des statistiques fournis ( voir annexes
Tableau 3 ), point besoin de grands mots pour dire que cette activité
est mal en point. Il lui faudrait de l'aide.
1- La vulgarisation des mutuelles de crédits.
Le monde rural vit au grée des rumeurs, car la
communication y est encore faible et s'administre à petite dose.
Même si Talata n'est distante de la Capitale que d'une vingtaine de
kilomètre, elle n'y échappe pas. La mutuelle de crédit est
la toute dernière des nouveautés qui s'y est installée.
Elle fait encore l'objet de la méfiance de la population locale.
Pourtant, c'est une chance pour le développement de la région.
Avant, les Mandiavato ne pouvaient pas travailler car ils n'ont pas assez de
soutien, tant matériels-techniques que financières. Avec cette
« banque de proximité », ils auront tous les loisirs de
combler le vide qui existait dans leur tissu économique.
Avec des campagnes efficaces, les gens l'adopteraient. Pour
l'instant, la thésaurisation est de mise dans les ménages. Cela
se traduit par les élevages de case. En effet, la banque des ruraux,
partout à Madagascar, se résume à l'élevage de
différentes espèces qui vont être vendues lors des
périodes de vaches maigres.
Paysans
Vente
Elevage (épargne/banque)
Agriculture
Traction / Engrais
Diagramme 3 : Circuit de « l'argent » dans le
milieu rural Composition personnelle.
2- L'accompagnement de la mutation du monde rural.
Le monde rural tel que Talata le connaît, est encore
dominé par les droits coutumiers. C'est à dire que tout ce qui
régit la notion d'appropriation découle encore de l'appartenance
sociale et clanique. Ainsi, bon nombre de terres ne sont pas
immatriculé. Les gens jouissent de leur propriété qu'ils
ont héritée d'un tiers. Cette situation est pourtant devenue une
source de conflit.
Comme le monde rural tourne autour du paysage agraire, les
responsables devraient s'y pencher le plus possible afin d'atténuer les
frictions qui pourraient s'en suivre. Pendant les saisons rizicoles, quand la
pluie tarde à venir, des gens descendent en douce dans les
rizières la nuit pour s'approprier l'eau de leur voisin en transvasant
l'eau des rizières.
Par ailleurs, dans l'aménagement des versants, comme on
a préconisé l'utilisation des terrains de cultures sur gradin, il
faudrait que l'on aide les agriculteurs à assumer cette transition. Sans
aide, tant technique que financière, ce projet de modernisation de
l'aménagement sur les pentes ne serait que de vaines promesses sans
lendemain. Heureusement que la conscience collective redécouvre le
travail en commun. Cela se traduit par la recherche de solution dans la gestion
des patrimoines communs comme l'eau, la route. Ainsi, à Ampahidralambo,
l'adduction d'eau potable a pu se faire grâce à la participation
des villageois dans les travaux. L'ONG FIKRIFAMA les y a aidés.
Aujourd'hui, la gestion de ce patrimoine échoit à la
localité. Elle doit l'entretenir et pour cela, a érigé le
Comité de l'Eau. C'est un début pour le travail en
communauté.
III- Des travaux spécifiques.
L
es tâches qui attendent la commune sont nombreuses. Il
est prétentieux de dire qu'on pourrait les mener à bien en un
court laps de
temps. Les responsables communaux doivent les
échelonner pour définir des stratégies d'approches. Bien
de gens voudraient réussir ce pari, mais très peu y arrivent car
les travaux doivent se faire non pas dans la précipitation mais
plutôt dans une ambiance sereine et combattive.
A- Freiner la fuite de la nouvelle
génération.
Une grande majorité de la population est jeune ( 62%
< 25ans ). Cette situation rend la commune tributaire de l'avenir de cette
jeunesse. Elle doit s'en préoccuper au risque de la voir partir.
Désoeuvrés, les jeunes, plus mobiles que
leurs aînés, car moins attachés à la
notion de « tanindrazana », partiront. La capitale est le lieu
idéal pour cette pérégrination car c'est une ville
fascinante.
1- Résoudre le problème de la
scolarisation.
L'étude en soi n'est pas mauvaise. Ce dont on fera
plus tard, c'est le problème. Contrairement au système
d'éducation américaine et anglophone qui spécialise les
enfants dès leur jeune âge dans le but précis de les voir
réussir dans la branche choisie ; l'éducation à Madagascar
privilégie l'enseignement général. Cela conduit à
la formation de jeunes qui ingurgitent tout en classe pour ne savoir quoi en
faire plus tard. Rendre les enfants lettrés et vaincre
l'analphabétisme, c'était le but de la scolarisation de la Grande
île au lendemain de l'indépendance et durant l'ère
socialiste. Maintenant qu'on est « libre », ce serait mieux que
l'Etat se penche sur ce cas. L'envol de Madagascar dépend de sa jeunesse
et celle-ci doit savoir appréhender son contexte immédiat avec le
moins de risques possible. L'erreur a été de croire qu'on
pourrait traiter tous les cas de la même manière. Or la
généralisation est l'ennemi de la connaissance. Chaque
région a ses problèmes particuliers auxquels il faut trouver des
solutions précises. Cela répondra aux attentes dictées par
la décentralisation.
Ce projet ne peut être pris au niveau de la commune, il
doit être décidé au niveau de l'Etat central car
jusqu'à preuve du contraire, l'éducation est du ressort de ce
dernier. La spécialisation est la première issue vers le
développement durable car ainsi plus besoin de travailler pendant de
longues années pour un résultat que l'on pourrait avoir en un
temps moindre. Cela ne veut pas dire qu'on doit abandonner le système de
l'éducation actuel, il faut la réactualiser en tenant compte des
spécificités de chaque Région. Talata est encore un monde
agricole, or les enfants en classe n'étudient guère cet aspect.
On les apprend à devenir des « singes savants » et
cela nuit considérablement les chances de la commune à
s'émanciper. Il faut que l'on intègre dans l'enseignement ces
problèmes spécifiques pour que plus tard, ils soient
résolus.
2- Chercher de nouveaux débouchés pour
la jeunesse.
Le futur de Talata n'est pas sûr d'être
complètement agricole. On s'intéresse de moins en moins aux
travaux de la terre. Une grande majorité des jeunes veulent faire
carrière dans les branches du secteur industriel. Comme la
Commune n'en possède pas, elle risque de voir partir la
relève. Force est de constater que la terre autrefois richesse du clan
est devenue aujourd'hui un concept vague dans la conscience collective de la
nouvelle génération. On voit cela dans la pyramide des âges
où les jeunes hommes de 25-30ans sont peu représentés dans
la commune.
La solution serait de créer à même dans la
commune, des petites industries en relation avec les activités y
afférentes. Ce serait un dessein ambitieux mais faisable si tout est mis
en relation et en concertation dans le domaine des activités
d'exploitation. Si l'agriculture se développe vers la modernisation de
ces techniques de travail, que les rendements suivent. Et comme on aurait
déjà érigé le G.C.V., on pourrait construire des
complexes industriels dans le domaine de la transformation et du
conditionnement des produits. Ainsi la boucle est bouclée. Avec ce
procédé, la commune peut viser n'importe quel marché sur
le territoire et peut-être même au-delà. De plus cette
initiative freinera le départ des jeunes et relancera les
activités communales.
Il faut noter que c'est un projet de longue haleine qui
nécessitera l'entière adhésion de tout le monde. Un
travail qui va se faire en équipe car si un seul maillon de cette
chaîne vient à manquer, c'est tout le projet qui
s'écroulera.
B- « Se vendre pour se faire connaître ».
Des idées, tout le monde en a ; pour les
réaliser, il faut travailler dur. On ne peut guère travailler
sans aide. L'isolement est plus qu'un handicap, c'est une plaie à
éviter. Dans le « nouveau monde » dicté par la
globalisation, l'entr'aide est de rigueur si on veut avancer.
1- Etablir un Plan de Développement Communal
(PDC).
On a donné aux communes des initiatives libres de
toutes contraintes pour leur développement. Chacun établit
à leur rythme respectif des plans de travail qui leur permettrait de
sortir et de l'enclavement et de la pauvreté. C'est l'un des acquis de
la nouvelle constitution : Les CTD en charge de leur propre avenir. Pour y
arriver, les responsables doivent établir des contacts avec des
partenaires qui pourraient les épauler. Cela ne pourrait se faire que si
on avait un outil cadre de discussion. C'est là l'intérêt
du PDC.
Le PDC est un programme cadre au niveau de la Commune. Il
définit : Les orientations et les objectifs de développement
envisagés. Les suivis-évaluations des actions
réalisées dans l'espace.
Le PDC permet à la commune de discuter de son avenir,
de défendre ses points de vue et de classer ses priorités. C'est
pour cela qu'il est plus qu'indispensable. En outre comme il est
élaboré au niveau de la commune, il permet de répondre
à l'attente de la population-cible et d'affirmer l'identité
singulière de la région.
2- Attirer des investisseurs potentiels.
Les communes ne sont pas riches dans la Grande île et
Talata Volonondry ne fait pas exception. Elles vivent des aides fournies par
l'Etat central. Or cette situation est en train progressivement de changer.
Elles doivent trouver de nouveaux partenaires pour avancer. C'est pour cela que
partout à Madagascar, on travaille pour l'élaboration des PDC.
Talata n'en a pas encore pour l'instant, mais le projet est en marche. C'est
avec cet outil que les responsables communaux vont contacter les futurs
partenaires de la commune. Avant on les appelait des bailleurs de fonds, mais
le contexte a changé : Le gouvernement ne veut plus avoir l'air de
quémander. Il veut être traiter d'égal à égal
dans les négociations et faire valoir le point de vue des Malgaches,
dans son choix pour le développement.
Le travail est ardu car c'est un nouveau concept qu'on tente
de « démocratiser » et la majeure partie des gens n'y est pas
encore habituée. Malgré tout, avec des séminaires et des
formations adéquates, la population pourrait devenir partie prenante de
ce challenge. Cela se voit déjà dans l'engouement que les
Mandiavato ont à propos du Projet de Soutien au Développement
Rural ( PSDR ).
Ce sont quelques idées qui pourraient orienter le
devenir de Talata. C'est une zone à vocation agricole où
l'importance de la maîtrise du milieu naturel est
prépondérante pour un « développement rapide ».
Ce projet doit aussi prendre en compte la place de l'Homme et de son
environnement immédiat.
Chapitre 6 : Le rôle de l'Etat et des
citoyens.
I- L'Etat dans la décentralisation.
L
e transfert de gérance est une réalité
qui est en train de se mettre en place dans le paysage de la gouvernance
à Madagascar. Le
désengagement de l'Etat fait suite à l'envie
d'expérimenter de nouvelles approches dans la façon de diriger.
Ce n'est plus l'heure de l'Etat omniscient et omnipotent, c'est plutôt
l'heure de l'Etat partenaire. Cette situation se retrouve partout dans le
monde.
A- Le transfert de gérance.
Après 90, Madagascar n'a plus été le
même. De grands changements se sont opérés. Une
liberté qui se traduit dans le fond par une plus grande marge de
manoeuvre dans l'accomplissement des travaux, au niveau de chaque
Collectivité Territoriale Décentralisée. L'Etat,
désormais, ne s'occupe plus que de ces prérogatives initiales :
Sécurité, éducation, stabilité économique et
santé. De part cette situation, la priorité est donnée
à la communauté de base qui prend en main son devenir.
1- Baser la politique de développement sur la
communauté de base.
Pendant l'ère socialiste, le développement de
Madagascar a été planifié suivant le modèle des
grandes nations communistes. La limite de cette conversion plus ou moins
forcée a été atteinte avec la chute un à un des
bastions du
dirigisme bolchevique de part le Monde. L'adoption de
l'économie de libre-échange a amené de nouvelles
façons de procéder. C'est là que Madagascar s'est souvenu
de l'existence latente dans la société malgache d'une structure
sociale qui pourrait cimenter ces échanges inter-société :
Le Fokonolona.
Franchir un à un les obstacles dressés tout au
long du parcours vers cette nouvelle idéologie n'a pas été
facile. On ne peut faire table-rase du passé en un clin d'oeil. La
lenteur administrative a été une gangrène source de toutes
sortes de corruption. Les mentalités attentistes et arrivistes sont
encore ancrées dans la mémoire de plus d'un. La revivification de
l'appartenance à un groupe pourrait changer ces idées. Ce groupe
travaillera sur une étendue donnée pour un même but :
s'émanciper.
L'Etat est appelé à être un spectateur-actif
dans ce processus qui verra les gens peu à peu prendre en charge le
milieu dans lequel ils vivent.
2- Recadrer le rôle de l'Etat.
Talata n'a pas d'Organisme Non Gouvernemental pour soutenir,
conseiller et orienter la population locale. C'est peut-être parce que
c'est une région qui a peu d'intérêt sur le plan de la mise
en valeur de ses ressources. Il faut toujours penser au fait que les
partenaires probables ne se manifestent que quand il y a de
l'intérêt dans l'implantation, une sorte de bénéfice
réciproque pour les deux parties. On y travaille donc seul depuis que
les techniciens vulgarisateurs venant des ministères se font rares. Un
vide existe dans le concept du transfert de la compétence.
Néanmoins, la commune bénéficie de la
présence de la radio Nederland qui comble autant que possible cette
lacune avec le soutien des congrégations religieuses qui y officient. Ce
ne sont que des actions ponctuelles qu'il faudrait étoffer et
pérenniser.
L'Etat est le garant de la coordination des actions qui se
font sur son territoire. Il doit tout faire pour favoriser des
compétitions saines entre ces différentes régions : faire
participer les gens à la manoeuvre est la meilleure façon de les
intéresser dans une entreprise. Par ce fait le développement de
Madagascar décollera de la base.
Population-cible
Association
Cellule-Groupe de base
Projet
Bailleurs de fonds
Services publics
Services privés
Bureau régional
COMMISSION
Techniciens publics
Bailleurs de fonds privés
Techniciens privés
Diagramme 4 : Exemple de schéma montrant les
processus suivis par un projet avant d'arriver au niveau de la
population-cible
B- Un aménagement voulu.
Les actions entreprises pour l'amélioration du
quotidien vécu par les hommes sont de deux sortes. Il y a les actions
subies et les actions concertées entre les décideurs et la
population-cible. Après la crise dans les années 90, Madagascar
s'est efforcé de privilégier les actions concertées pour
un aménagement voulu. Ainsi les gens prennent part dans les travaux
effectués. C'est le cas notamment dans les projets financés par
le FID ( Fonds d'Intervention pour le Développement ) où les gens
doivent prendre part dans la confection des infrastructures à installer
dans leur localité...
1- Un développement tiré de la base.
Les travaux se font en concertation, avec l'entière
approbation de la population et avec leurs appuis. Cette initiative ne peut
pourtant se concrétiser que si la population est réellement
convaincue du bien fondé des résultats que l'on pourrait y
soustraire. Les travaux et autres projets sont élaborés pour
l'amélioration de leur quotidien. Aussi, est-il plus qu'indispensable
que les gens en soient conscients. Dans la région d'Ambohitrangano, la
piste qui la relie à Ambodiala a été refaite avec l'appui
du FID. Les gens y ont participé car c'est dans leur
intérêt de voir cette route rétablie. Désormais, ils
peuvent acheminer facilement leurs produits. D'autres pistes sont en cours de
rénovation dans la Commune sur cette même base.
C'est de cette manière que l'on arrivera à les
intéresser et les motiver à améliorer ce qui se passe
autour d'eux. Le vrai challenge sera alors de réapprendre aux gens ce
que c'est qu'une vie en société. Plus ils y sont impliqués
et mieux, l'adhésion aux travaux ainsi que sa perpétuation
seront. C'est dans cette optique que partout dans l'administration, on a
instauré le « recouvrement des coûts ». Si les gens
investissent dans ce qu'ils font, forcément ils se sentent plus
responsables. Il ne faut pas perdre de vue que ces innovations doivent avoir
des mesures d'accompagnement et d'explication sinon les gens resteront peu
convaincus et retomberont dans le fatalisme.
2- La conscience d'une identité.
Chez les Québécois, ils ont une sorte de cri de
ralliement que l'on retrouve partout sur les plaques d'immatriculation de leurs
véhicules : « Je me souviens. » Ils n'ont jamais
oublié que malgré le fait qu'ils habitent le Canada en
Amérique, leurs racines profondes se trouvent en France.
Accepter la modernité est une fin à laquelle
beaucoup de gens adhèrent. Mais il ne faut pas pour autant oublier ses
propres cultures. Et c'est ce qui se passe actuellement à Madagascar.
Les jeunes se gavent de tous les « sous- cultures »
importées de l'occident et en font leur religion. C'est
une génération qui n'arrive plus à s'identifier car noyer
dans des décennies de tâtonnements et d'ignorances.
Renonçant à sa propre identité, ces
jeunes s'égarent dans les dédales du non-moi. Cette situation est
aggravée par le fait que les générations
antérieures ont été incapables de leur transmettre la
sagesse et la culture malagasy.
Avec ce nouveau départ, l'Etat tente de
réamorcer et de reconnecter les gens avec le vrai Madagascar, celui dans
lequel ils vivent et non celui dans lequel ils pensent être. Des
étapes devront être franchies avant d'y arriver, mais tout
doucement, on s'y dirige.
II- Chacun construit son avenir.
L
'espace est une unité stable qui ne meut que sur des
échelles géologiques de plusieurs centaines de milliers
d'années. C'est l'Homme
qui est le facteur ayant précipité et
changé cet ordre. Assumer les conséquences de ses actes, personne
n'y est vraiment prête. Les faits sont aujourd'hui là et il faut
traiter avec : les travaux qui devront se faire dans les prochaines
années s'appuieront sur la démarche du développement
humain durable. Ce concept s'articule autour de trois thèmes qui
devraient être en complète symbiose : l'environnement, l'HOMME et
l'économie.
A- Le travail est la source de la richesse.
L'opiniâtreté, c'est ce qui a manqué aux
Malgaches dans les actions qu'ils ont entreprises. Un peuple pacifique,
accueillant, chaleureux..., que de qualificatifs pour définir les natifs
de la Grande île. Parmi ces qualificatifs, on retrouve aussi des termes
peu élogieux qui caractérisent tout autant les Malgaches, comme :
« Tara lava ! » ( L'éternel retardataire ). La notion du temps
coule autrement du côté-ci des rivages de l'Océan Indien.
Mais est-ce pour autant que l'on doive qualifier les Malgaches de «
fainéant » ?
1- Un monde tourné vers la gestion rationnelle
de l'espace.
Les Malgaches ont pris conscience de l'importance de
l'environnement dans leur univers quotidien. Depuis l'époque des
premiers arrivants sur l'île jusqu'à aujourd'hui, de nombreux
méfaits ont été faits : la quasi-totalité des
réserves ont été « pillées ou saccagées
». Aujourd'hui, l'île en porte encore les plaies et les cicatrices
béantes qui recouvrent une grande partie de sa superficie :
déforestation, feu de brousse annuel, lavaka etc.
Si on n'y prend pas garde, la génération future
serait confrontée à un grand problème écologique,
tellement les réserves seraient épuisées ou
détruites. Une conscience écologique a vu le jour. Même la
constitution en fait mention. Protéger l'environnement, c'est
préserver le futur de Madagascar. L'avenir se construira en total
respect de la nature et de l'émancipation de l'homme.
2- Rompre avec la mentalité attentiste.
« Rahoviana vao ho lany ny ala atsinana P »
( Quand la forêt de l'Est sera-t- elle épuisée ? ). Les
Malgaches aimaient à parler par énigme pour dire combien
l'île est riche. Une richesse qui est mal-exploitée. La
dilapidation de ces avoirs a compromis sérieusement les chances de
Madagascar. De plus, une gestion catastrophique des affaires au niveau de
l'Etat n'a pas été pour arranger les choses.
Contraintes de composer avec ce qui reste, les Malgaches
doivent tout mettre en oeuvre pour ne plus refaire les mêmes erreurs du
passé. L'exemple doit toujours venir d'en haut à ce qu'il
paraît. Pourtant, si tout le monde ne s'y attelle pas, attendant le signe
qui tarderait à venir, alors l'espoir n'est que vain. « L'avenir
appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Aussi point
n'est besoin de rappeler que les travaux qui attendent sont loin d'être
entamés...
B- Pour un avenir meilleur.
Travailler pour un avenir meilleur, c'est tout le rêve
des Malgaches. Ce sera une réalité si les différentes
entités qui forment la Grande île travaillent de concert pour la
mener hors des eaux troubles dans laquelle elle s'est égarée.
Talata
Volonondry doit tout faire dans ce sens. Le travail c'est tout ce
qui compte quand on veut avancer, il n'est plus temps pour l'aumône.
1- Dynamiser le secteur agricole.
La commune de Talata reste encore un domaine agricole qui
approvisionne en denrées fraîches la Capitale de Madagascar.
Jusqu'à aujourd'hui, elle ne fait que satisfaire à cette demande
sans vraiment essayer de chercher d'autres débouchés. Par
ailleurs, on a vu que le système d'exploitation est encore loin
d'être modernisé. A cela s'ajoute la prépondérance
de la culture du riz qui accapare une grande partie du temps des cultivateurs.
La conjonction de ces données handicape sérieusement le
développement de la Région. C'est une structure figée,
atone qui est restée telle qu'elle depuis de nombreuses
générations. Or pour un essor rapide, il faut que les paysans
sautent le pas et amorcent de grandes réformes dans leurs
activités.
L'agriculture est certes un secteur porteur, si son
exploitation répond à des démarches mercantiles, donc de
profit. Le mot d'ordre est CHANGER : Il faut tout revoir jusqu'à
remettre en cause la place de la riziculture dans le paysage... La meilleure
solution serait de se spécialiser dans une culture et s'y donner
à fond. Certains le font déjà avec l'oignon. Cela
permettrait de se concentrer sur une activité unique et de s'y investir
à plein temps. Le résultat serait tout autre avec ce
procédé. D'un autre côté, il faut aussi que les gens
développent l'élevage. La disposition du relief s'y prête
volontairement, mais la filière est encore peu exploitée. On
espère seulement, qu'avec l'implantation de la SOPRAMAD dans la
région, les Mandiavato vont redécouvrir cette activité qui
dans le temps faisait sa renommée.
2- Concilier l'Homme avec son environnement.
La commune a parmi ces départements, une cellule qui
s'occupe de l'environnement. C'est dire combien, les responsables ont
conscience de son importance dans le futur de la région. La nature vit
en symbiose avec l'homme et, cette interdépendance mutuelle ne devrait
pas être jetée en pâture à la sacro- sainte
liberté de promouvoir l'économie. Il faut que le choix du
développement de la région s'encastre dans une optique qui ne
porterait préjudice ni à la nature ni à
l'homme et encore moins à l'économie. Un
développement sain et durable ne se fera à moins que ces
conditions ne soient remplies.
Ces conditions demandent que les paysans soient
réellement au courant de ce qu'est le dynamisme du monde. Il faut qu'on
leur explique et apprenne « le vrai environnement » tel
qu'il est et non seulement des parties comme le reboisement !
3- S'ouvrir à de nouveaux horizons.
Le monde ne se limite pas à l'agriculture. Bien que ce
soit aujourd'hui la première source de revenus des gens de la commune,
il faut d'ores et déjà, que les responsables pensent au futur de
la région. La nouvelle génération a soif de nouvelles
expériences que la commune n'est pas en mesure de leur communiquer, de
leur fournir... Trouver des parades pour les retenir sont un défi que
l'on doit relever au risque à la longue de voir toute une
génération disparaître de la région et
hypothéquant ainsi l'avenir de Talata Volonondry. Car l'avenir, il ne
faut pas l'oublier, c'est cette jeunesse...
Photo 11 : Les versants sont exploités quand les
conditions les permettent. Source : Cliché de l'auteur.
CONCLUSION GENERALE.
T
alata est connue dans l'histoire comme étant l'une des
principautés fondatrices de la future Nation malgache. Elle avait connu
son heure
de gloire du temps du grand Roi RALAMBO. C'est sous ce Roi que
les Merina ont commencé à manger du zébu ( jamoka ). Il
avait même érigé son parc à zébus dans la
région, donnant naissance à Ampahidralambo. Depuis Talata
Volonondry n'a cessé de péricliter. Elle semblait dormir sur ses
lauriers.
Depuis quelques années, l'Etat se cherchait une
âme, une identité après le passage des colonisateurs
français qui ont totalement assujetti les Malgaches. Après les
errements du centralisme étatique, la Grande Ile a adopté le
libéralisme.
Le temps, aujourd'hui est donné à la
libre-entreprise. De l'Etat - providence, on est passé à l'Etat -
partenaire. Chaque région est maintenant libre de modeler son avenir, de
prioriser ses besoins dans le cadre d'une plus large autonomie des
Collectivités Territoriales Décentralisées. Talata devrait
en être consciente, et tout faire pour que ses potentialités
soient mises en valeur.
Le principal handicap de Talata est son relief. C'est une
commune formée de chaîne de collines massives avec des versants
convexes. Il y est difficile d'aménager le terrain de culture.
Malgré cela, les gens ont pu vivre en symbiose avec la nature en
s'adaptant au milieu dans lequel ils vivent. Cette situation d'équilibre
est aujourd'hui menacée par la pression démographique. Le
rétrécissement des terrains cultivables pour chaque famille se
fait de plus en plus sentir. A cela s'ajoute le problème de la
dégradation du sol et de la déforestation qui gagnent du terrain.
La commune tente d'y faire face, mais sans moyens, elle ne peut que constater
les dégâts. La volonté ferme allier à la conviction
de pouvoir mieux faire anime pourtant les gens. La lassitude d'hier est
supplantée par l'envie d'aller de l'avant.
Ce qui leur manquait auparavant, c'était la discipline.
Les travaux se sont faits dans le tâtonnement. Il leur faudrait un cadre
dans lequel évolué pour démontrer ce dont ils sont
capables.
L'avenir de Talata dépend de sa potentialité
à relever le défi du développement humain durable. Pour
cela elle doit s'appuyer sur la nouvelle génération et sur les
outils dont elle a en sa possession. A cela s'ajoute la présence des
modèles sur lesquels elle peut apprendre : la Radio Nederland et la
SOPRAMAD.
Talata doit faire de nombreux efforts pour sortir du rouge.
Dans cette course qu'elle doit livrer pour la sortir du gouffre et contribuer
à l'essor de Madagascar, elle a intérêt à ce que ses
moyens de production soient rétablis, agrandis et
améliorés. Les terrains de culture sont de moins en moins grands
pour les agriculteurs et de plus, ils sont morcelés.
Un travail titanesque attend les Mandiavato pour
récupérer les versants des collines abandonnés de longues
années soit par perte de fertilité ou tout simplement parce
qu'ils étaient difficiles à aménager. Cette conquête
doit se faire dans le respect de l'environnement, car ces versants ont un grand
rôle dans le cycle de l`eau et de l'apport en alluvion pour les bas-fonds
de la région.
Ce projet et les autres qui vont venir ne pourront pas se
faire que si et seulement si tous les gens de la Commune y adhèrent. Ce
que l'on tente aujourd'hui de mettre en place, c'est une approche participative
dans la gestion rationnelle des biens de la communauté. C'est pour cela
que l'ETAT a donné une plus large autonomie aux CTD pour mener à
bien cette politique. Pour Talata,
l'accent devrait être porté sur la promotion et
la mise en place des groupements paysans, des associations qui vont travailler
pour voir vers quel but on devrait orienter leur développement. En
outre, il est plus que nécessaire que les responsables se penchent sur
le cas de la jeunesse en mal de devenir. Leurs aspirations diffèrent
largement de celles de leurs aînés et cette situation doit trouver
une solution au plus vite au risque de voir Talata se dépeupler de ses
progénitures.
Sur un autre plan, comme toutes les communes de Madagascar,
Talata doit se doter d'un PDC qui lui servira à attirer de futurs
investisseurs et partenaires potentiels dans la Région. L'effort fourni
par chacun sera le point d'envol de l`économie de Talata. Si chaque
commune où qu'elle soit à Madagascar en fasse de même, la
terre promise ne serait plus une "utopie..."
Ce mémoire a permis de dégager des points de vue
qui pourront être utiles aux Responsables de la Commune.
L'énumération des points forts et des points à recadrer
cités dans le corps du devoir guidera les choix pour le devenir de
Talata. Ce ne sont que des informations succinctes, mais elles ont le
mérite d'exister. Il faut savoir les utiliser. Même si on en a
plus et qu'on est incapable de les traiter, cela revient au même. Comme
on dit : « Il vaudrait mieux avoir une tête bien faite qu'une
tête bien remplie ». Talata est une commune comme tant d'autres
à Madagascar. Elle a besoin de s'émanciper des tutelles qui lui
ont été assignées pour « grandir ». Ces tutelles
n'ont fait que ralentir son « ascension » : Lourdeur administrative,
corruption, etc.
Le cas de Talata est un exemple qui illustre les réels
problèmes qui secouent actuellement la Grande Ile. Pour un
développement rapide, il faut toujours prendre en compte
l'échelle locale, c'est là que se traduisent les besoins vitaux
et les aspirations de la population. C'est en les négligeant, que
Madagascar a sombré dans la pauvreté. De grandes réformes
ont été apportées pour faciliter cette nouvelle approche
de la conduite des affaires nationales. Il reste encore de grands défis
à relever car ces réformes bien qu'efficaces n'ont pas encore
atteint la couche cible.
Tout cela ne sera toujours que des doux rêves, si la
façon de gouverner à Madagascar ne change pas. On parle
aujourd'hui de la bonne gouvernance pour y remédier. Mais cela n'est pas
suffisant. La volonté est certes palpable mais elle se heurte encore
à l'ambition personnelle... Ainsi, la politique ou du moins la «
pseudo-politique » qui anime les dirigeants de la Grande île n'est
encore pour la plupart que « haine et vanité », des
pratiques mesquines que l'on devrait bannir.
100
Faire tomber des barrières, laisse entrevoir de
nouvelles visions, or ces visions ne seraient, que si l'on y contribue
ensemble. Le travail doit se faire main dans la main. Cela n'empêche pas
que des points de vue divergent. Et c'est plus qu'utile car la démarche
constructive doit s'appuyer sur la remise en cause et les critiques.
Bibliographie.
Travaux de recherches personnelles :
1- ANDRIAMIHARISOA (J.), Thèse de
doctorat du IIIè cycle, 1985 : « Contribution
à l'étude de l'érosion de Madagascar, facteur
d'évolution des versants sur les Hautes Terres malgaches : Région
de Tananarive. »
2- ANDRIAMIHAMINA (R.), Mémoire de
Maîtrise en géographie, 1985 : « Talata Volonondry : La
dynamique d'un marché périodique rural au Nord
d'Antananarivo. »
3- ANDRIAMIHAMINA (M.), Mémoire de
maîtrise en Géographie, 1988 : « L'impact de
l'électrification dans le Nord d'Antananarivo. »
4- ANDRIAMAMPIANINA (N.), Mémoire de
maîtrise en Géographie, 1985 : « Contribution à
l'étude de la dynamique et de la stabilisation des lavaka à
partir de quelques exemples. »
5- GAUCHER, 1968 : « Traité de
pédologie agricole : Le sol et ses caractéristiques
agronomiques. »
6- MINELLE (J.) : « L'agriculture
à Madagascar. »
7- BORGE (M.) : « Les
légumineuses tropicales. »
II
8- BALLAIS (J.), 1962 : «
Problème de mise en valeur des montagnes tropicales et
subtropicales. »
9- COMPTE (J.), 1967 : « Les communes
à Madagascar. »
10- REVEL (E.), Le Nadir, 1994 : «
MADAGASCAR : L'île rouge. » Travaux de recherches
collectives :
11- A.K.A.M. ( Avaradrano Kaominina Mifarimbona ),
2000 : « Schéma d'aménagement de l'A.K.A.M.
»
12- Beijing Information, 1983 : « Le
réajustement et la réforme économique. »
13- D.G.E.P./D.P.G.E., 2000 :«
INVENTAIRE DES FIVONDRONANA DE MADAGASCAR. »
14- Foreign and Commonwealth Office, 1992 :
« Le Système de Gouvernement du Royaume-Uni.
»
15- Institut für Wissenschaftliche
Zusammenarbeit, 1992 : « Applied geography and
development. »
16- International Communication Agency : «
La géographie des Etats-Unis d'Amérique. »
17- United State Information Agency, 1997 :
« Portrait of the U.S.A. »
18- « Annuaire statistique agricole. » 197
1/1977.
19- « Carte des conditions géographiques de la
mise en valeur agricole de Madagascar. » 1981.
III
CD-ROM :
21- Blibliorom ® Larousse ® 1998.
22- Microsoft ® Encyclopedia ® Encarta TM
1999.
Table des illustrations.
Liste des figures
FIGURE 1: CARTE REGIONALE DE LA REGION DE TALATA VOLONONDRY 6
FIGURE 2 : LIMITE ADMINISTRATIVE DE LA COMMUNE DE TALATA
VOLONONDRY.
8
FIGURE 3 : REPRESENTATION PHYSIQUE DE LA COMMUNE 10
FIGURE 4 : REPARTITION DE LA POPULATION DANS LA COMMUNE 17
FIGURE 5 : LES RESEAUX ROUTIERS DE LA COMMUNE. 53
FIGURE 6 : LES INFRASTRUCTURES DANS TALATA VOLONONDRY. 55
FIGURE 7 : REPRESENTATION DE LA ZONE D'INFLUENCE DE LA
STATION-RELAIS DE LA RADIO NEDERLAND IMPLANTEE A TALATA. 57 FIGURE 8 : LA
DENSITE DE LA REPARTITION DES MEMBRES DE L'OTIV DANS
TALATA 68
FIGURE 9 : REPRESENTATION DES TERROIRS AGRICOLES DANS TALATA.
72
FIGURE 10 : REPRESENTATION DES ZONES A FORTE DENSITE HUMAINE
73
FIGURE 11 : LIMITE SUPPOSEE DES TERRITOIRES « CLANIQUES
» DANS LA COMMUNE XIX
Liste des diagrammes.
DIAGRAMME 1 : SCHEMA MONTRANT LE CIRCUIT SUIVI PAR LES PRODUITS
DANS
LE MARCHE DE TALATA 24 DIAGRAMME 2 : ORGANIGRAMME DES
COLLECTIVITES TERRITORIALES
DECENTRALISEES. 37
DIAGRAMME 3 : CIRCUIT DE « L'ARGENT » DANS LE MILIEU
RURAL 84
DIAGRAMME 4 : EXEMPLE DE SCHEMA MONTRANT LES PROCESSUS SUIVI PAR
UN PROJET AVANT D'ARRIVER AU NIVEAU DE LA POPULATION-CIBLE 91
Liste des graphiques
GRAPHIQUE 1 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE LA COURBE
PLUVIOMETRIQUE
DANS LA REGION D'AMBOHITRABIBY PENDANT UN QUINQUENNAT. 15
GRAPHIQUE 2 : REPARTITION DE LA POPULATION PAR SECTEUR D'AGE.
21
GRAPHIQUE 3 : REPARTITION DE LA POPULATION PAR SECTEUR
D'ACTIVITE. 24
GRAPHIQUE 4 : PYRAMIDE DES AGES DANS LA COMMUNE. 41
GRAPHIQUE 5 : REPARTITION DE LA NOTION D'APPROPRIATION DES
TERRES. 50
GRAPHIQUE 6 : COURBE REPRESENTANT L'EVOLUTION DES MEMBRES DE
L'OTIV.
66
Liste des photos.
PHOTO 1 : UNE FORET D'EUCALYPTUS APRES LE PASSAGE D'UN FEU DE
BROUSSE.
13 PHOTO 2 : TALATA DANS SA GRANDE MAJORITE EST FORMEE DE
COLLINES
MASSIVES ET CONVEXES, DIFFICILES A AMENAGER 19
PHOTO 3 : BAS DE PENTE 25
PHOTO 4 : LES BAS-FONDS SONT LE DOMAINE DU RIZ. 26
PHOTO 5 : AMBOHITRABIBY, L'UNE DES 12 COLLINES SACREES DE
L'ANCIENNE IMERINA 28 PHOTO 6 : DES COLLINES A PERTES DE VUE, AVEC DES
ARBRES SUR LES
SOMMETS. 46
PHOTO 7 : LES PYLONES DE LA RADIO NEDERLAND 58
PHOTO 8 : DES « MPANGALA-KITAY » 61
PHOTO 9 : DES VALLONS ETROITS COLONISES PAR LA RIZICULTURE. 77
PHOTO 10 : AFFLEUREMENT ROCHEUX DANS LA REGION D'ANTSAHAMARO
78
PHOTO 11 : LES VERSANTS SONT EXPLOITES QUAND LES CONDITIONS LES
PERMETTENT 96
VI
Liste des schémas.
SCHEMA 1 : 3 PROFILS TOPOGRAPHIQUES DONNANT L'ALLURE GENERALE
DU
PAYSAGE DE TALATA. 11
SCHEMA 2 : PROCESSUS DE LA FORMATION D'UN SOL. 12
SCHEMA 3 : FORMATION D'UN BASSIN VERSANT. 78
SCHEMA 4 : PROCESSUS DE FORMATION DU COMPOST. 80
Liste des tableaux.
TABLEAU 1 : TABLEAU RECAPITULATIF DE L'ELEVAGE DANS LA COMMUNE DE
TALATA 48 TABLEAU 2 : TABLEAU DE LA REPARTITION PAR ACTIVITES DES DEMANDEURS
DE
CREDITS 67
TABLEAU 3 : RAPPORT SURFACE AGRICOLE/PRODUCTION. XII
TABLEAU 4 : LA POPULATION PAR FOKONTANY. XIII
TABLEAU 5 : LES GRANDS SECTEURS D'ACTIVITES. XIV
TABLEAU 6 : LA POPULATION PAR SECTEUR D'AGE. XIV
TABLEAU 7 : LA PRECIPITATION DANS TALATA. XV
TABLEAU 8 : LE CALENDRIER AGRICOLE XVIII
GLOSSAIRE.
ABBREVIATION :
BAD Banque Africaine de Développement.
BM Banque Mondiale.
BTM-BOA Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra - Bank Of Africa.
CEG Collège de l'Enseignement Général.
CSB Centre de Santé de Base.
CTD Collectivité Territoriale
Décentralisée.
DCPE Document Cadre de Politique Economique.
EPP Ecole Primaire Publique.
FID Fond d'Intervention pour le Développement.
FIKRIFAMA Fikambanan'ny Kristianina ho an'ny Fampandrosoana
an'i Madagasikara.
FMI Fonds Monétaire International.
GCV Grenier Communautaire Villageois.
MDRM Mouvement pour le Développement et la
Rénovation de
Madagascar.
ONG Organisme Non-Gouvernemental.
OTIV Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola.
PDC Plan de Développement Communal.
PPN Produits de Première Nécessité.
PSDR Projet de Soutien au Développement Rural.
SOPRAMAD Société de PRoduction Animale de
MADagascar.
UE Union Européenne.
VOCABULAIRE:
Add ( Ang ) Ajouter.
Andevo ( Mg ) « Esclave » .
Andriana ( Mg ) « Noble ».
Bedrock ( Ang ) Roche-mère.
Constant slope ( Ang ) Pente constante.
Disintegrating material ( Matériau pourri. Ang )
Fertilizer ( Ang ) Engrais.
Foko ( Mg ) « Clan ».
Fokonolona ( Mg ) Groupement de personnes.
Fokontany ( Mg ) « Quartier » ( subdivision
administrative dans la
Commune )
Free face ( Ang ) Partie libre.
Gérontocratie Gouvernement dirigé par les
vieillards.
Grass cutting ( Ang ) Herbe coupée.
Hady ( Mg ) « Fosse ». A l'instar des douves au
moyen-âge en
Europe, les villages malagasy étaient
protégés par des fosses qui l'entourent.
Hova ( Mg ) « Roturier ».
Jamoka ( Mg ) Zébu, nom originel des « omby
» actuels quand ils
étaient encore sauvage.
Kininina ( Mg ) Eucalyptus.
Leaves ( Ang ) Feuilles.
Lohasaha ( Mg ) Vallée.
Mandiavato ( Mg ) Ceux qui marchent sur le roc.
Mineral fragment ( Ang ) Fragment minéral.
Old newspapers ( Ang ) Vieux journaux.
Organic matter ( Ang ) Matière organique.
Parent material ( Ang ) Matériel parent.
Patriarche Celui qui a la charge de guider à la
destinée d'une
communauté.
Ramilamina ( Mg ) Azolla, c'est une plante aquatique à
forte teneur en
azote. On l'utilise comme engrais vert.
Ray aman-dreny ( Mg ) Parent.
Rova ( Mg ) Mot désignant tout ce qui est à
l'intérieur de l'enceinte.
royale.
Sawdust ( Ang ) Sciure.
Slump ( Ang ) Affaissement.
Soil ( Ang ) Sol.
Stack ( Ang ) Pile, tas.
Taikiringa ( Mg ) Mot utilisé par les Malgaches pour
désigner les
Réunionnais, surtout les Créoles.
Tanety ( Mg ) En opposition des lohasaha, c'est le flanc
des collines.
Tanindrazana ( Mg ) Patrie, « terre des ancêtres
».
Tongolo ( Mg ) Oignon.
Twigs ( Ang ) Brindilles.
Water ( Ang ) Eau.
Weeds ( Ang ) Mauvaises herbes
( Ang ) : Anglais
( Mg ) : Malgache
PERSONNAGES:
ANDRIAMASINAVALONA Roi qui a vécu au XVIIe
siècle. C'est le
premier a avoir unifié le centre de Madagascar avant de
le diviser en 4 principautés.
ANDRIANAMPOINIMERINA Roi du XVIIIe-XIXe
siècle. C'est celui qui a véritablement commencer l'unification
de Madagascar sous une seule autorité hormis la tentative des Sakalava
auparavant.
RAFOHY-RANGITA Reines qui ont vécu au XVIe
siècle. On leur
attribue la maternité du Royaume dans le centre de
l'île.
RAINILAIARIVONY Premier-Ministre des trois dernières
Reines
du Royaume de Madagascar. Il a été le
témoin de l'annexion de Madagascar par les Français en 1896.
RATSIRAKA Didier Président de la république de
Madagascar
de 1975-1992, 1996-2001. Il a été témoin
des grands évènements qui ont bouleversé la politique de
la Grande Ile : 1975 Naissance de la République Démocratique de
Madagascar, 1991 Les évènements du
10 août, 1997 Hold-up constitutionnel avec l'adoption
par référendum d'un texte qui a modifié la
troisième république, 2002 Crise de huit mois après la
présidentielle de décembre 2001.
TSIRANANA Philibert Premier Président de Madagascar
après
l'indépendance.
ZAFY Albert Président issu de la lutte populaire du
début des années 90. c'est le premier
président à avoir été destitué à
Madagascar.
PROVERBES et LOCUTIONS:
« Ela nihetezana, lava volo » «
L'expérience se gagne avec l'âge ».
« No man's land » « Zone vide d'hommes ».
« Ny entan-jaraina, mora zaka » « Les travaux
exécutés en groupe sont bien plus
faciles à réalisés ».
« Ny ranomasina no ho valam « La mer sera ma
frontière ».
parihiko »
« Rahoviana vao ho lany ny ala « Quand est-ce que la
forêt de l'Est sera
atsinanana? » épuisée ? »
« Tara lava » « Toujours en retard ».
ANNEXES.
Talata en chiffres :
Surface : 55 km2
Nombre fokontany : 28
Nombre population : 17.403 en 2000
Communes limitrophes : Nord : Antsahafilo
Ouest : Ambohitrolomahitsy
Est : Ambohimanga
Sud-Est : Sabotsy-Namehana Sud-Ouest : Fieferana
Routes : 250km dont une portion de la RN.7(une
dizaine de kilomètre.)
EPP: 27
CEG: 2
Ecoles privées : 3
Sexe-ratio : Hommes : 49.53%
Femmes : 50.47%
Habitation :
Surface moyenne :
|
35.23m2
|
Nombre de chambre en moyenne :
|
2.8
|
Type de construction :
|
|
Brique en terre :
|
88.73%
|
Brique en terre cuite :
|
9.06%
|
Mur en terre battue :
|
1.93%
|
Autres (bois, parpaing, etc.) :
|
0.28%
|
L'agriculture dans Talata :
Tableau 3 : Rapport surface
agricole/production.
Culture
|
Superficie(ha)
|
Production(t)
|
Riz
|
1.145
|
1.351
|
Brède
|
9
|
38
|
Manioc
|
95
|
1.010
|
Patates douces
|
45
|
270
|
Pomme de terre
|
7.8
|
34
|
Taros
|
5.5
|
33
|
Maïs
|
17
|
17
|
Blé
|
0.2
|
1
|
Café
|
5
|
1.200 pieds
|
Ananas
|
4
|
25
|
Oignons
|
|
20t/semaines
|
Légumes
|
|
4t/semaine
|
Répartition de la Population par
localité :
Tableau 4 : La population par fokontany.
|
Nombre
|
%
|
1-
|
Avaratsena
|
1.432
|
8%
|
2-
|
Ambohimiadana
|
250
|
1%
|
3-
|
Ampanataovana
|
1.200
|
7%
|
4-
|
Amparafara
|
231
|
1%
|
5-
|
Ambohibao
|
570
|
3%
|
6-
|
Ampahidralambo
|
380
|
2%
|
7-
|
Ambatomitsangana
|
900
|
5%
|
8-
|
Ambatomahamanina
|
416
|
2%
|
9-
|
Ambohitrangano
|
302
|
2%
|
10-
|
Andranotsimihozo
|
1.275
|
7%
|
11-
|
Talata Volonondry
|
2.310
|
13%
|
12-
|
Ambohibary
|
582
|
3%
|
13-
|
Falimanjaka
|
650
|
4%
|
14-
|
Ankadivoribe
|
400
|
2%
|
15-
|
Mamoriarivo
|
282
|
2%
|
16-
|
Morarano-Idilana
|
337
|
2%
|
17-
|
Ambohimahavelona
|
402
|
2%
|
18-
|
Ambolo
|
738
|
4%
|
19-
|
Antsahamaro
|
620
|
4%
|
20-
|
Ambohitrabiby
|
512
|
3%
|
21-
|
Ambodiala
|
630
|
4%
|
22-
|
Fonohasina
|
440
|
3%
|
23-
|
Ambatondralambo
|
610
|
4%
|
24-
|
Kelifaritra
|
386
|
2%
|
25-
|
Tsarahonenana
|
540
|
3%
|
26-
|
Antanambao-Atsimo
|
380
|
2%
|
27-
|
Ambohitrantenaina
|
298
|
2%
|
28-
|
Ambodifahitra
|
330
|
2%
|
|
|
Total
|
17.403
|
100%
|
Répartition de la population par secteur
d'activités :
Tableau 5 : Les grands secteurs
d'activités.
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
%
|
Agriculteurs
|
650
|
310
|
960
|
42,65%
|
Eleveurs
|
5
|
36
|
41
|
1,82%
|
Cultivateurs
|
202
|
71
|
273
|
12,13%
|
Artisans
|
40
|
176
|
216
|
9,60%
|
Administratifs
|
7
|
12
|
19
|
0,84%
|
Commerçants
|
86
|
49
|
135
|
6,00%
|
Services(Chauffeurs, Gardiens, Electriciens,...)
|
146
|
16
|
162
|
7,20%
|
Personnels de santé
|
3
|
1
|
4
|
0,18%
|
Autres(retraités, pasteurs,...)
|
36
|
405
|
441
|
19,59%
|
Total
|
1175
|
1076
|
2251
|
100%
|
Source : Données recueillies
à partir de la base de données de la Commune sur un taux
d'échantillonnage de 30%
Répartition de la population par secteurs
d'âge :
Tableau 6 : La population par secteur
d'âge.
Secteur
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
<1938
|
8
|
17
|
25
|
1938-1942
|
207
|
205
|
412
|
1943-1947
|
140
|
224
|
364
|
1948-1952
|
295
|
287
|
582
|
1953-1957
|
350
|
297
|
647
|
1958-1962
|
596
|
548
|
1144
|
1963-1967
|
575
|
626
|
1201
|
1968-1972
|
683
|
513
|
1196
|
1973-1977
|
425
|
620
|
1045
|
1978-1982
|
776
|
960
|
1736
|
1983-1987
|
805
|
806
|
1611
|
1988-1992
|
997
|
976
|
1973
|
1993-1997
|
1345
|
1132
|
2477
|
1998-2002
|
1418
|
1572
|
2990
|
Total
|
8620
|
8783
|
17403
|
Source : Extrapolation à partir
de la banque de données de la Commune de Talata.
Tableau montrant l'évolution de la
précipitation dans la Région de Talata Volonondry :
Tableau 7 : La précipitation dans
Talata.
|
Année de la précipitation (mm)
.
|
Mois
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Janvier
|
320.1
|
211.7
|
122.4
|
96
|
605.4
|
Février
|
292.4
|
443.4
|
174.8
|
230.9
|
87.1
|
Mars
|
111.5
|
33.8
|
151.5
|
160.2
|
34.9
|
Avril
|
34.8
|
31.2
|
1.0
|
80.4
|
9.9
|
Mai
|
25
|
18.5
|
1.8
|
0.6
|
0.5
|
Juin
|
1.6
|
5.8
|
2.9
|
1.7
|
4.9
|
Juillet
|
10.6
|
2.2
|
6.0
|
8.9
|
0.6
|
Août
|
6.1
|
3.2
|
5.6
|
0.9
|
33.7
|
Septembre
|
41.5
|
29.9
|
3.1
|
1.1
|
33.6
|
Octobre
|
61.4
|
13.4
|
40.4
|
57.4
|
33.5
|
Novembre
|
141.9
|
6.8
|
126.1
|
125.5
|
16.3
|
Décembre
|
308
|
344.6
|
107.9
|
209.8
|
207.6
|
Moyenne
|
1354.9
|
1144.5
|
743.5
|
973.4
|
1068
|
Nombre de jour de pluie par an
|
116
|
95
|
67
|
97
|
93
|
Source : Station
météorologique d'Ampandrianomby.
Questionnaire ménage :
- Date enquête
Nom du fokontany Nom du hameau
- Taille de ménage
Nombre d'enfants à charge
Nombre d'enfants scolarisés
Niveau d'instruction des scolarisés Lieu de
scolarisation
Problème lié à la scolarisation
- Lieu d'origine de la famille
Raison d'installation dans le fokontany
- Equipements dans la maison (eau, énergie, etc.) Mode
d'appropriation de l'habitation et des terres.
- Nombre de repas/jour
Aliments consommés/fréquence Maladies
fréquentes/remèdes
- Loisirs
- Orientation politique
- Activités principales
- Activités secondaires
- Lieu de travail
- Mode de faire valoir de la terre - Production
- Commercialisation
- Problèmes liés à ces activités -
Lieu d'approvisionnement
A propos des sites historiques :
On a deux grands sites historiques dans la Commune de Talata
Volonondry : Ambohitrabiby à l'ouest et Ambohidroandriana dans le sud.
Ce sont toutes deux des collines sacrées de l'ancienne Imerina. On y
attache très peu d'importance car comme toute la culture malgache, leurs
histoires sont occultées. Les gens s'attachent de moins en moins
à leur histoire et n'en conservent que de vagues souvenir. Or, c'est une
aubaine pour la Commune car elle pourrait s'y appuyer pour lancer dans la
région le tourisme de découverte et le tourisme lié
à l'histoire. Cela rejoindrait ainsi la réconciliation des
Malgaches avec son histoire.
A propos de la Radio Nederland :
L'implantation de la radio Nederland dans la Commune a eu des
répercussions certaines sur l'organisation de la vie quotidienne. Elles
se sont déclinées de deux manières. Les
répercussions positives ont été détaillées
dans le corps du devoir. Pour ce qui est des négatives, on peut citer
entre autres :
La nuisance sonore. Dès la tombée de la nuit, on
ne peut capter dans la région sur les ondes courtes et les ondes
moyennes que la Radio Nederland. Ce problème est aujourd'hui
masqué par l'utilisation de la modulation de fréquence (FM).
La destruction d'un patrimoine historique. Comment les
responsables de l'Etat Malgache ont pu attribuer ce site à la radio
alors que Ambohimanga et Ambohitrabiby y sont implantés ? Cette
présence dénature tout autant le paysage que la mémoire de
l'histoire car ces grands pylônes sont des pollutions visuelles dans ce
site historique qui aurait dû rester comme tel...
Le problème sanitaire. Bien qu'on n'en parle pas, ces
pylônes génèrent des champs
électromagnétiques dont les effets sur l'organisme humain ne sont
pas encore étudiés. Et c'est un problème auquel il
faudrait faire face. Découlant de cela, cette présence pourrait
alors devenir un handicap majeur dans le développement de la commune
:
Si Talata aspire à devenir une zone résidentielle,
qui voudrait s'y installer en sachant la présence de cette station dans
la Région?
Si Talata persiste dans le secteur primaire, sans une
étude
préalable approfondie de la conséquence de la
présence de la station
XVIII
émettrice, à la longue ses produits seront
refoulés sur le marché (s'il y a traçage).
Si Talata devenait un centre industriel, elle compromettrait les
activités en aval.
Calendrier agricole dans Talata Volonondry :
Tableau 8 : Le calendrier agricole.
Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avr.
Mai Juin Juil. Août
Semis
Bouture
Labour
Repiquage
Récolte
Sarclage
L / S
Ré
R
Ré
Sa
B / Ré
S
B
Ré
B
S
R
Ré
S
S
Ré
Ré
R
Ré
B / Ré
Oignon / Ail
Riz
Légume
Taros
Manioc
Patate
Arachide
S :
B :
L :
R :
Ré :
Sa :
XIX
Carte de la répartition clanique dans la
commune de Talata :
Figure 11 : Limite supposée des territoires «
claniques » dans la Commune Source : Fond de carte F.T.M. f
Enquête personnelle.
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