DEDICACE
A mon père DIARRA Issa et ma mère
Sitan SANOGO, puisse Allah vous donner longue vie afin de
bénéficier du fruit de vos efforts.
A tous mes frères et soeurs : Mahoua, Abdoulaye,
Aboudou, Lacina, Aby, Affou, Fanta, Sali, Gniré, Rokia, pour leur
soutien spirituel et moral. Allah bénisse vos actions.
A mon regretté oncle Koné Youssouf, que
le salut d'Allah soit sur toi!
REMERCIEMENTS
Le présent travail a été
réalisé grâce au concours de nombreuses personnes.
C'est pourquoi nous voulons d'abord commencer par
remercier Docteur YAO Roch Gnabeli, qui a accepté la direction de cette
étude, en consacrant de nombreuses heures à lire nos travaux.
Ses suggestions ont considérablement amélioré la
qualité du texte et des résultats obtenus.
Aussi, devons nous-nous acquitter de cette dette de
reconnaissance auprès de Messieurs BOUAKI K. Baya, GACHA Franck, SEHI Bi
Tra Jamal, HOUEDIN Barnabé, tous doctorants à l'Institut
d'Ethnosociologie, YODE Patrice doctorant à l'Université Amadou
Hampaté Bâ, et aussi auprès de MELEDJE AKA Emile,
étudiant au département des Sciences Juridiques Administratives
et Politiques de Cocody (Abidjan), pour leurs observations critiques et
remarques.
De même, nous disons merci à Docteur
DIARRA Ibrahim enseignant à l'Université de Cocody au
département de science économique et de gestion, à
Monsieur BREMA Hori Serges pour tous leurs soutiens financiers, moraux et leurs
contributions scientifique à l'élaboration de ce travail.
Nos remerciements vont également à
l'endroit de Docteur SOKO Constant Maître Assistant à l'Institut
d'Ethnosociologie pour ses conseils et suggestions. Toutefois, nous conservons
l'entière responsabilité des passages obscurs.
Nous adressons nos vives et profondes
reconnaissances à l'infirmier du village pour son hospitalité et
aux autorités villageoises pour leur accueil et leur
disponibilité.
Nos remerciements vont également à l'endroit
de nos amis et particulièrement à Messieurs OUATTARA ZANA
Mamadou, étudiant en DEA de sociologie de Cocody (Abidjan), AKPAGNI Brou
Jean Pierre, GOHIRI Zadi Christian et BABRI Zébia Luc, Andé
thérese, tous en Maîtrise de Sociologie de Cocody (Abidjan), KANON
Drepeuba G. Patrice et KOUADIO Kouakou Charles Fernandez en Maîtrise de
Criminologie, TOUVOLY Simonet Julia en Maîtrise de Lettres Modernes
Cocody Abidjan, HABLON Kouacou Christian, YEO Aboubacar en Licence d'Economie
à l'université de Bouaké et à tous ceux qui ont
caressé à un certain moment le secret espoir de voir le travail
achevé.
SOMMAIRE
DEDICACE...............................................................................II
REMERCIEMENTS...................................................................III
LISTE DES
PHOTOS..................................................................VI
INTRODUCTION........................................................................7
CHAPITRE I : LA CONSTRUCTION DE L'OBJET
D'ETUDE................09
CHAPITRE II : LA METHODOLOGIE DE
L'ETUDE...........................29
CHAPITRE III : PRÉSENTATION GENERALE
DE LA ZONE D'ETUDE.37
CHAPITRE IV: ORGANISATION SOCIALE DU
VILLAGE..................49
CHAPITRE V : LES LOGIQUES ET LES MECANISMES
DE
CHAPITRE VI : LES REPRESENTATIONS SOCIALES
ET LE FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS INTERETHNIQUES..................64
CHAPITRE V II: LES ENJEUX SOCIAUX DE
DIFFERENCIATIONS A
KANZRA.................................................................................68
CONCLUSION
GENERALE.........................................................72
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................75
TABLE DES
MATIERES............................................................81
ANNEXES...............................................................................84
LISTE DES PHOTOS
Photo n° 1
|
Vue panoramique de Kanzra dans le sens allant vers
Nénézra
|
P.44
|
Photo n° 2
|
Les bâtiments de l'école primaire Kanzra I et II
|
P.45
|
Photo n° 3
|
L'école coranique au quartier Mossibougou
|
P.45
|
Photo n° 4
|
Un aperçu de la forêt sacrée
|
P.51
|
Photo n° 5
|
Le cimetière des autochtones
|
P.52
|
Photo n° 6
|
Le cimetière des migrants
|
P.52
|
Photo n° 7
|
Une plantation de cacaoyers
|
P.54
|
Photo n° 8
|
Un tas de cacao déjà cabossé
|
P.54
|
Photo n° 9
|
Le séchage de cacao
|
P.54
|
Photo n°10
|
Une plantation d'anacarde
|
P.54
|
Photo n° 11
|
Une bananeraie
|
P.54
|
Photo n° 12
|
Le marché couvert un mercredi matin
|
P.55
|
Photo n° 13
|
Le chef du village lors de l'élaboration d'un contrat de
bail avec un migrant mauritanien
|
P.67
|
Photo n° 14
|
Les deux bâtiments construits par un migrant après
l'élaboration d'un contrat de bail
|
P.68
|
INTRODUCTION
« L'économie de plantation
débutée dans les années 1920 va entrainer en milieu rural
ivoirien, certaines populations d'origine ivoirienne et étrangère
d'autres pays à se sédentariser dans certaines zones rurales pour
y mener des activités économiques et agricoles1(*). »
Ainsi donc, le choc culturel entre ces différents
groupes sociaux (migrants et communautés d'accueil) va engendrer des
relations interethniques.
Ces interactions entre autochtones et migrants prennent
plusieurs formes selon les localités.
Dans certains villages, on observe une tendance à
l'intégration souvent entachée de conflits. A titre illustratif
en 1998, un conflit a éclaté entre paysans Baoulé et
Guéré à Fengolo dans le département de
Duekoué et s'est soldé par plusieurs morts. En 1999,
Guéré et Burkinabé s'affrontaient à Para dans la
sous-préfecture de Taï2(*).
Par contre dans d'autres villages, les rapports interethniques
se présentent sous forme de différenciation dans les pratiques
sociales. Pour comprendre donc cet état de fait, nous avons mené
des investigations à Kanzra, un village de la sous-préfecture de
Zuénoula situé au Centre Ouest dans la région du
Marahoué.
En effet dans ce village, l'on note une différenciation
spatiale avec des assignations identitaires. Alors, on se pose la question de
savoir pourquoi une telle différenciation ? Quels sont les enjeux
sociaux de cette différenciation ?
Répondre à ces préoccupations, nous
emmène à structurer le travail en sept (7) chapitres.
Il s'agit de la construction de l'objet d'étude, de la
méthodologie de l'étude, de la présentation de la zone
d'étude, de l'organisation sociale du village, des logiques et
mécanismes de différenciation à Kanzra, des
représentations sociales et le fonctionnement des rapports
interethniques et enfin des enjeux sociaux de différenciation à
Kanzra.
CHAPITRE I : LA CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ETUDE
I : PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
L'actualité rurale de ces dernières
années est marquée en Côte d'Ivoire par des affrontements
meurtriers qui ont alimenté les manchettes de la presse nationale et
étrangère. Cette situation conflictuelle a renouvelé la
critique sociale sur la question identitaire et foncière.
Si l'on considère à la suite de plusieurs
auteurs que « le foncier est l'ensemble des rapports entre les Hommes
à propos de la terre », il faut souligner qu'il s'agit ici
(en milieu rural) des rapports entre communauté d'accueil et migrants
à la recherche de numéraire à travers soit le travail
dans les plantations des autochtones soit la création de leurs
propres plantations.
Cette migration de travail entamée sous la colonisation
(notamment par le transfert forcé des Mossi et des Bambara4(*) en provenance du Burkina Faso et
du Mali) va connaître un essor sans précédent à
partir des années 1920 avec l'introduction de l'économie de
plantation.
A cause des caractéristiques pérennes du cacao
et du café, les migrants s'installent durablement dans les zones
d'accueil. Ce qui s'accompagne de phénomènes sociaux tels que la
constitution d'unités politiques, économiques, culturelles et
sociales avec des assignations identitaires5(*).
Aujourd'hui, la réalité est que ces migrants
externes sédentarisés représentent 26% de la population
totale estimée à 15.366 .672 habitants6(*)et jouent un rôle important
dans le développement économique de la Côte d'Ivoire en ce
sens qu'ils sont présents dans ce secteur qui est resté pendant
plusieurs décennies le socle de l'économie ivoirienne. Ce qui a
permis pendant cette période au pouvoir politique de développer
l'idéologie selon laquelle « Le succès de ce pays
repose sur l'agriculture ».
Ainsi donc le choc culturel entre différents groupes
sociaux (migrants et communautés d'accueils) va engendrer des relations
interethniques.
Quels sont donc, partant de ce fait, les
modalités d'installation et d'insertion des migrants
sédentarisés en milieu rural dans les villages
d'accueil ?
Il faut noter que d'une manière
générale, l'on note un processus de sédentarisation de ces
migrants dans le cadre d'une pluralité des formes de structuration de
l'habitat dans le milieu d'accueil et une diversité des
modalités de production des rapports interethniques et de
reconstruction des identités sociales. Le fait que les populations
migrantes aient pu se reproduire socialement, parfois sur plusieurs
générations, est un facteur pertinent dans l'analyse des modes
d'intégration ou non, d'insertion ou non de ces migrants ainsi que la
réponse sur le long terme des couches autochtones face à
l'installation des nouveaux venus.
Dans cette même perspective traitant des rapports
interethniques en milieu rural, Roch Yao Gnabeli 7(*) dans une synthèse des travaux
réalisés en 2006 par des étudiants en maîtrise de
sociologie montre que l'interaction autochtone non autochtone donne lieu
à trois modes de structuration de l'espace villageois.
Dans le premier cas de structuration de l'espace
villageois, les autochtones et les migrants vivent dans les mêmes
villages, partagent le même quartier.
Dans le second type, l'on observe un marquage territorial sur
la base ethnique, les autochtones ne partagent pas les mêmes quartiers
que les autres quand bien même ils résident dans le même
village.
Enfin dans le dernier cas de figure, les catégories
sociales résident sur le même « terroir »mais
les autochtones vivent dans le village d'accueil et les autres dans un ou des
campements satellites.
Le deuxième cas de figure tel que
présenté par Roch Yao Gnabeli semble correspondre au cas typique
de Kanzra dans la sous préfecture de Zuénoula, village où
nous avons effectué notre enquête exploratoire.
Ce village est composé d'autochtones Gouro,
d'allochtones Gouro, Baoulé, Senoufo, Koyaka, et d'allogènes
Mossi, Folaga,8(*)des
Maliens et quelques ménages de béninois,de nigériens ,de
ghanéens ... etc. Le premier migrant à s'installer
à Kanzra serait Gnombo Bamba qui faisait le commerce. Il serait
arrivé dans le village en 1945 et aurait eu comme tuteur Gouro, Serbi
Wuetty. Le premier migrant à s'installer sur l'espace du village
à des fins agricoles serait un mossi qui aurait quitté le Burkina
Faso en 1948 dans un convoi organisé par les colons pour travailler dans
les plantations de café et cacao. Il se nommait Zazou Issiaka. Ensuite
arrivèrent successivement les baoulés (1963), les maliens (1965)
les Gouros de Gohitafla (1970), les senoufos (1976) et certains
nigérians, béninois, ghanéens qui seraient venus pour
pratiquer le commerce et à la suite se sont sédentarisés.
Les rapports entre ces différents groupes ethniques laissent clairement
percevoir des différenciations au niveau du mode d'organisation du
village.
Au niveau politique, nous constatons qu'à Kanzra
bien que les allochtones et les allogènes se soient
sédentarisés dans le village, il y a plusieurs décennies,
le choix du chef de village est strictement réservé aux
originaires du village, c'est-à-dire les Gouro autochtones.
Chez les étrangers (allochtones et
allogènes) chaque communauté a son chef ou représentant
selon l'origine géographique (nationalité), il s'agit des
migrants externes ou selon l'origine ethnique (les migrants internes par
exemple).
Chaque communauté met en place et reproduit une
organisation sociopolitique, coutumière et des pratiques sociales
similaires à celle de son milieu d'origine. Par exemple les
Baoulé9(*) vont
désigner leur chef par le terme de « nana» et ce
chef aura les mêmes pouvoirs et les mêmes considérations
comme dans le milieu d'origine. C'est l'équivalent de
« Dougoutigui 10(*) » chez les malinkés.
Au niveau culturel, les allogènes burkinabé,
malien et les autres malinké et sénoufo ont leur propre
cimetière différent de celui des autochtones.
On observe également au niveau spatial, un marquage
où l'on retrouve un quartier autochtone Gouro à part et les
autres communautés représentées sur un espace
géographique spécifique. C'est le cas du quartier des Gouro de
Gohitafla appelé quartier Gohitafla, le quartier des mossi appelé
Mossibougou, le grand quartier malinké dénommé
Djoulabougou.
Pourquoi une telle différenciation entre les Gouro
(autochtones) et les Gouro de Gohitafla (allochtones) sachant que c'est le
même groupe linguistique (qui logiquement devrait constituer un
même groupe homogène') d'une part et entre les Gouro autochtones
et les autres migrants d'autre part? Mieux qu'est ce qui légitime une
telle différenciation spatiale ? En clair quels sont les enjeux
identitaires de la structuration spatiale à Kanzra ?
Pour élucider cette préoccupation, il nous faut
considérer les représentations sociales que chaque
communauté se fait l'une des autres.
D'autant plus que bien qu'étant
sédentarisé depuis plusieurs décennies (pour certaines
communautés depuis la colonisation et pour d'autres à partir de
1960), chaque groupe ethnique reproduit les pratiques sociales du milieu
d'origine. Ce faisant nous nous posons la question de savoir quelle est
l'organisation sociale du village pour cerner les facteurs de
différenciation entre les Gouro de Kanzra11(*) et les Gouro de Gohitafla
d'une part et entre les Gouro de Kanzra et les autres communautés
allochtones et allogènes ?
Ensuite quelles sont les logiques de différenciation
entre les autochtones Gouro de Kanzra et les Gouro de Gohitafla d'une part
(sachant que c'est le même groupe linguistique) et entre les autochtones
Gouro de Kanzra et les allogènes et allochtones d'autre part ?
A la suite donc de ces préoccupations que nous
avons évoquées, nous nous efforcerons de faire l'état des
connaissances sur les relations interethniques entre migrants
sédentarisés et autochtones.
II : REVUE DE LA LITTERATURE
Il est crucial sinon légitime pour tout travail se
voulant scientifique de faire l'état des connaissances sur le sujet
étudié. Notons que l'étude des rapports interethniques en
milieu rural a été l'objet de plusieurs publications à
travers le monde mais sur des thématiques spécifiques. Certes,
notre état de connaissance va se structurer autour de
l'intégration et la cohésion sociale. Mais nous nous
attèlerons à catégoriser nos découvertes livresques
en trois thèmes ou rubriques que sont :
D'abord, les études qui ont porté sur les
mécanismes structurels de différenciation en milieu rural.
Ensuite, les écrits ayant un rapport avec la
différenciation et le système foncier migrant.
Et enfin, les documents qui ont abordé la question de
la construction identitaire dans l'espace agricole.
· Mécanisme structurel de
différenciation en milieu rural
La question relative aux interactions entre les
communautés migrantes et autochtones est au coeur d'études sur
les migrations et les sédentarisations qui les accompagnent.
L'institution du tutorat en milieu rural entre autochtone et
migrant semble favoriser cette sédentarisation et construire les
disparités entre ces différentes communautés.
En effet, Jean Pierre Chauveau(2002)12(*) décrit cette
institution et présente comment elle fonctionne.
Pour cet auteur, le tutorat correspond à une
« conception agraire » caractéristique de
l'économie rurale » des sociétés paysannes
Ouest-africaines.
Ainsi tout bénéficiaire d'une obligation de
droits fonciers contracte un devoir permanent de reconnaissance
vis-à-vis de son tuteur.
Le tutorat est donc matérialisé par un ensemble
de cérémonies (libations et incantations) effectuées par
le propriétaire de la terre aux ancêtres auxquels il confie le
travail de son «étranger» en lui cédant une portion de
terre aux contours flous, parfois sans limites exactes.
A travers ces rituels, les autochtones entendent conserver une
certaine maitrise foncière, associé aux autels de la
«Terre-mère». Tout cela participe à la construction des
rapports sociaux et au cloisonnement statutaire des individus (maintien et
conservation dans une position définie.)
En effet, sans l'accord de la Terre-mère obtenu par les
intercessions des propriétaires autochtones, des migrants ne peuvent pas
cultiver la Terre. Cette cession d'un type de droit foncier enlève tout
caractère marchand au transfert en n'exigeant pas un geste
réciproque.
Toutefois cette cession exige du bénéficiaire
qu'il fasse preuve de reconnaissance volontaire qui repose sur un devoir moral
scellant l'alliance entre le migrant et l'autochtone.
Il s'établit des rapports non «horizontaux»
entre le Tuteur et ses dépendants qui s'expriment dans le langage de la
parenté. Le Tuteur étant associé au
« père » du migrant parce qu'il occupe et exploite
un patrimoine familial s'est donc d'ailleurs subordonnés aux mânes
et rites des ancêtres de son tuteur.
Abordant donc la question du foncier rural et la
cohérence sociale en Côte d'Ivoire, Koné Mariétou
13(*) va s'inscrire dans
la même perspective que Chauveau à partir d'un cas de la pratique
du tutorat dans la Sous-préfecture de Gbogbué.
Selon K. Mariétou, cette relation de tutorat foncier
s'établit que lorsque le migrant opte pour les cultures pérennes.
Sont exclus du tutorat tous ceux qui s'adonnent aux cultures
vivrières.
L'auteur souligne également que plusieurs facteurs
stabilisants ou déstabilisants des rapports sociaux et/ou
économiques entre installeurs et installés parmi lesquels il faut
retenir trois qui sont : le respect de l'obligation rituelle de
reconnaissance, la pratique de la corruption et celle de la sorcellerie.
Les études ci-dessus indiquées présentent
le tutorat mais ne tire pas toutes les conséquences induites par cette
théorie du tutorat. Par exemple lorsqu'il y a installeur et
installé il se crée une relation de dominant à
dominé. C'est pourquoi partant donc de ce fait nous nous efforcerons
à lever un coin de voile sur certaines différences sociales
à l'oeuvre dans le fonctionnement de cette institution agraire qui se
matérialise à Kanzra par la mise à l'écart
spatiale des migrants et toutes ses implications dont le repli sur le
politique, la différenciation au niveau des cimetières, au niveau
des Habitus.
Dans le même volet, traitant des mécanismes
structurels de différenciation en milieu rural, N'Guessan
Zoukou14(*), dans sa
thèse de doctorat en 1982 porte un regard sur les motifs de
déplacement et de la non-participation des migrants au
développement de la zone d'accueil, ainsi que leur niveau
d'intégration. L'auteur fait remarquer que l'immigrant se déplace
donc en vue de conquérir de vastes forêts pouvant lui rapporter de
forts revenus.
A ce propos, il souligne que le motif de déplacement de
l'immigrant répond à un but purement économique. C'est ce
qu'il soutient de même en rapport avec les immigrants du Nord de la
Côte d'Ivoire, des allogènes voltaïques et maliens. Il
traduit cela en ces termes : « Ils repartent chez eux une
fois rassemblé l'argent pour l'achat de vélo et d'autres
marchandises et pour le paiement de la dot ». p.269.
Mais pourquoi sont- ils toujours présents à
Kanzra tant est-il qu'ils sont là pour des buts purement
économiques ? N'ont-ils pas suffisamment eu de l'argent ? La
dimension économique seule n'explique pas le motif mais à cela il
faut ajouter les autres dimensions de la réalité sociale (la
dimension politique, culturelle, symbolique... )
Il ajoute pour dire que leurs habitats sont de types
précaires en matériaux peu durables et adaptés aux
conditions locales.
Mais ces constructions ne sont pas réalisées
dans le même esprit qui habite par exemple un autochtone. Ce fait est
dû, selon N'guessan Zoukou, à l'idée du provisoire, du
temporaire, qui anime les migrants.
Dans cette veine, Roch Yao GNABELI15(*), dans son article
intitulé « sédentarisation et non modernisation de l'habitat
chez les allogènes en milieu rural Ivoirien » cherche
à comprendre les motifs de déplacement des migrants qui se
sédentarisent en milieu rural ivoirien.
L'auteur analyse aussi le motif de la non-modernisation de
leur habitat. Sur ces questions, l'auteur explique que la migration a
été favorisée par l'économie de plantation dans les
zones rurales.
Cependant, les migrants bénéficiant de
l'amitié de leur hôte pour être installés ne
s'inscrivent pas dans la même dynamique de la modernisation de l'habitat.
L'auteur justifie cette situation par le fait que le migrant en ne modernisant
pas son habitat présente un caractère symbolisant
l'étranger. Alors par sa condition sociale l'étranger montre
qu'il est pauvre si l'on s'en tient à son habitat.
L'auteur ajoute pour dire que la non modernisation de
l'habitat est favorisée par le lien que l'étranger a avec son
lieu d'origine. Ce lien se caractérise par des associations à
caractère tribal qui les unit à leur lieu d'origine.
A travers cette question de l'habitat, GNABELI fait observer
des liens symboliques qui caractérisent les étrangers.
Ces études nous décrivent la structuration de
l'habitat du migrant en milieu rural qui se trouve être un
élément à travers lequel l'on perçoit la
différenciation. Aussi ces études nous enseignent que ces formes
d'habitat sont liées au fait que les migrants sont animés par
l'idée du provisoire, du temporaire.
Or ces migrants pour la plupart sont
sédentarisés dans ces milieux depuis la période
coloniale. Où est donc l'idée du provisoire ?
C'est pourquoi dans notre étude ,nous chercherons
à mettre en exergue d'autres facteurs explicatifs pour comprendre
cette différenciation symbolique que le migrant construit à
travers son statut "d'étranger"(celui qui n'est pas chez soi)
matérialisé par la non modernisation de son habitat en zone
rurale.
· Différenciation sociale et système
foncier
Michel (J) et Guy (R)16(*) ont abordé la question des relations
inter-ethniques en Afrique en les qualifiant de « type tribal, avec
le maintien de l'accentuation des particularismes et des
divisions ».
Les auteurs font remarquer que les liens que les migrants ont
avec leur hôte sont des liens de dépendance. Ce qui fait
apparaitre que les autochtones dominent les migrants. Ils font donc ressortir
cette différenciation à travers divers aspects.
Selon Michel (J) et Guy (R), la dispersion des groupes
familiaux se fait distinguer à travers les structures politiques
traditionnelles.
L'homogénéisation des comportements par
l'adaptation à un même environnement qui pourrait favoriser un bon
climat social se trouve freinée par des facteurs que sont :
- Le maintien des liens des migrants avec leur lien d'origine
au-delà de plusieurs générations. Ceci s'explique par la
précarité de leurs conditions de vie dans leur lieu d'accueil.
- La solidité des liens de solidarité
traditionnelle de la famille. Chaque famille voulant constituer une
entité sociale authentique se différencie de l'autre.
- Au niveau économique, le migrant appartient le plus
souvent aux catégories socioprofessionnelles les moins favorisées
étant donné que celui-ci rapatrie une grande partie de ses
revenus dans son lieu d'origine. Alors il ne pourra donc pas effectuer des
investissements durables dans son lieu d'accueil.
Nous nous servirons ainsi de cette analyse pour cerner les
logiques de différenciation à l'oeuvre à Kanzra.
Toujours dans cette logique de mettre en exergue les
différenciations sociales qui ont cours dans l'espace rural, Cecile,
Jacqmin, Cnearc et Eric PENOT, dans leur étude intitulée Pression
foncière et différenciation sociale au Nord-Ouest de la Province
de Kompong Chan-Cambodge, montre comment la "décollectivation"
foncière fut en grande partie à l'origine de la
différenciation sociale et économique qui a existé dans
les années 80 au Cambodge.
Face au manque de moyens de production (absence d'outillage
et de matériel végétal, population affaiblie par la
guerre), la République populaire de Kampuchéa, installé
par les vietnamiens en 1979, organisa une nouvelle mise en commun des moyens de
production sous la forme de solidarité. Et que la production par la
suite est redistribuée en fonction du travail investit par chacun.
Le réel redémarrage de l'agriculture intervient
avec le partage des terres au début des années 80. En fonction du
finage, chaque famille reçoit une surface à cultiver avec un
titre provisoire de possession qui correspond à un droit d'usage
à leurs terres mais n'est en rien un titre de
propriété.
Cécile et Pénot font remarquer que
malgré une apparente équité lors de la distribution
foncière, certains agriculteurs sont dès le départ
à l'avantage et d'autres sont «lésés».
Grâce à des terres mieux situées, plus fertiles, ces
agriculteurs s'enrichissent progressivement. Les fonctionnaires et les
militaires ont également reçu des surfaces cultivables, souvent
plus importantes que celles des simples paysans. Grâce à leurs
revenus non agricoles, ils vont être les premiers à accumuler du
foncier en rachetant les terres des agriculteurs endettés.
Ces auteurs vont ajouter que la part importante de grandes
exploitations agricoles et la présence de l'hévéaculture
considérée comme une culture de riche au Cambodge donne
l'impression d'une certaine prospérité dans la région.
Mais derrière cette richesse potentielle l'endettement d'une large
partie de la population rurale est bien réel.
Selon ces auteurs, les différences de taille
d'exploitation se traduisent par des différences encore plus importantes
en termes agricoles. A travers cette étude, nous percevons comment de la
"décollectivation" foncière se sont construites " des
différenciations entre les populations. Nous en tiendrons compte mais
l'acquisition des terres n'est pas le seul élément qui favorise
la différenciation en milieu rural. Ce faisant dans le cadre de notre
étude nous ferons ressortir d'autres éléments qui laissent
apparaitre des différenciations entre migrants et autochtones à
Kanzra.
· La construction identitaire dans l'espace
agricole.
Isabel Rodrigo (1997)17(*), présente la notion d'identité comme
des formes sociales appréhendées à partir des relations de
coexistence, de collaboration, d'interdépendance mutuelle que les agents
établissent entre eux.
Dans cette vision, elle montre la façon dont les
individus et les familles se classifient et s'identifient eux-mêmes et
ainsi que les autres.
Il s'agit selon Rodrigo des agriculteurs et des autres.
En effet, pour Isabel Rodrigo ce système de
classification est fondé sur la reconnaissance de l'activité
productive exercée et qui est par conséquent, à l'origine
du revenu familial.
Ainsi selon l'auteur, la possibilité pour être
reconnu et s'identifier soi-même comme agriculteur exige dès lors,
non seulement que le temps d'activité soit occupé par la culture
de la terre mais aussi et surtout que le revenu familial provienne
majoritairement dans sa totalité de l'exploitation agricole.
C'est pourquoi elle dira que « ce que l'on
est » est défini par tous en fonction de « ce que
l'on fait pour vivre ».
Quant à Isaacman Allen et Peterson Derek18(*), ils montrent comment des
esclaves militaires dans les propriétés portugaises riveraines du
Zambèze (Mozambique contemporain) en sont venus à se construire
une nouvelle identité sociale commune nommée chikunda (les
conquérants).
Ils montrent à travers leurs études comment les
esclaves-soldats ont développé un ensemble de rituels, de
pratiques, de croyances et de comportements communs qui
célébraient leur courage, leur loyauté et la discipline
militaire construisant une culture qui idéalisait le service
militaire.
Ce domaine commun n'était pas crée pour servir
les logiques des propriétaires d'esclaves.
L'identité sociale et culturelle des chikundas
était le produit de l'action culturelle et politique des esclaves
eux-mêmes.
L'identité sociale et ethnique des chikundas avait
notamment pour objectif de différencier les esclave-soldats de la
paysannerie locale, augmenter leur influence auprès des
propriétaires et donner un sens et du prestige à leur vie
traversée par le danger.
Nous disons que ces études sont intéressantes
dans la mesure où elles font ressortir les logiques de construction de
l'identité sociale.
Mais à travers notre étude, nous nous
évertuerons de mettre en lumière les effets de cette construction
identitaire sur les relations interethniques à Kanzra notamment au
niveau politique, socioculturel et même spatial.
L'état des connaissances à travers les
écrits des auteurs a permis d'avoir une idée plus claire de notre
objet relatif aux rapports interethniques. Nous remarquons que chaque auteur a
abordé son thème selon un angle spécifique qu'il s'est
donné. En nous appuyant sur la pertinence de leurs écrits, nous
appréhenderons aussi ces rapports interethniques sous d'autres angles en
mettant par exemple en relief les logiques de différenciation au niveau
socioculturel, politique et symbolique entre autochtone et migrant à
Kanzra. De même, nous analyserons les représentations sociales que
se font réciproquement chaque groupe social l'un de l'autre.
III : LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
III-1 : L'objectif
général
Cette étude vise à analyser les enjeux sociaux et
les ressources sociales de différenciation et leur influence sur le
fonctionnement des rapports interethniques.
III-2 : Les objectifs
spécifiques
Il s'agira spécifiquement pour nous de :
1- Etudier l'organisation sociale du village pour cerner les
facteurs de différenciation entre les communautés ethniques.
2- Identifier et analyser les logiques de différenciation
entre les autochtones et les Gouro de Gohitafla d'une part et entre les
autochtones et les autres migrants d'autre part.
3- Analyser les représentations sociales que se font les
autochtones des Gouro de Gohitafla d'une part et les autres communautés
allochtones et allogènes d'autre part et inversement.
IV: LA CONSTRUCTION DU MODELE D'ANALYSE
Pour comprendre une réalité insaisissable
parce que trop complexe, parce que résultant d'une multitude d'actions
individuelles, il est nécessaire de s'appuyer sur des modèles
d'analyses déjà préétablis par des sociologues qui
permettront de mieux comprendre et interpréter cette
réalité. C'est pourquoi dans le cadre de cette étude,
nous choisirons le modèle de l'habitus de Bourdieu. Laurent MUCCHIELI,
dans un article de synthèse sur la théorie sociologique et sur la
pensée politique de Pierre BOURDIEU, montre que « le jeu
social où qu'il s'exerce (quelque soit le champ que l'on observe) repose
toujours sur des mécanismes structurels de domination et concurrence.
Ces mécanismes font partir des associations mêmes des individus
qui les reproduisent inconsciemment. Ils sont devenus pour eux
habitus. » Par essence, l'habitus est un principe de
différenciation. Ce faisant, nous nous servirons de la théorie de
l'habitus comme cadre d'analyse pour comprendre notre champ.
En effet, Pierre BOURDIEU19(*) définit l'habitus comme
un système de dispositions durables et transformables, structures
structurées, prédisposées à fonctionner comme
structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes
générateurs et organisateurs de pratiques et de
représentations qui peuvent être objectivement adaptés de
leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise
extraite des opérations nécessaires pour les atteindre,
objectivement «réglées » et
« régulières » sans être en rien le
produit de l'obéissance à des règles, et tout cela,
collectivement orchestrées sans être le produit de l'action
organisatrice d'un chef d'orchestre. En fait, il s'agit avant tout de principes
de reproduction, c'es à dire que l'habitus est un reproducteur de
structures sociales dont il est le produit. Mais, l'on ne saurait
véritablement comprendre cette théorie de l'habitus sans faire
cas du concept de champ. En effet, le champ bourdieusien est un espace
social structuré par des positions dominantes : c'est une sorte de
microscome au sein de la société et au sein duquel on retrouve
une série d'agents qui sont dans des dispositions inégales au
regard des enjeux du champ car ils possèdent des volumes des capitaux
inégaux et des compétences différentes. La position dans
le champ dépend donc de l'importance des capitaux valorisés dans
le champ qu'on dispose. Le champ constitue la face intériorisation de
l'intériorité des processus. C'est la façon dont Pierre
BOURDIEU conçoit les institutions non comme des substances, mais de
manière relationnelle, comme des configurations de relation entre des
acteurs individuels et collectifs. (Pierre BOURDIEU parle plutôt
d'agents, pour indiquer que ceux-ci sont agis de l'intérieur, et de
l'extérieur qu'ils agissent librement). Le champ est construit sur des
mécanismes structurels de domination et de concurrence reproduits de
générations en générations. Ce qui se produit et
s'échange dans le champ, ce sont non seulement des ressources
rares : biens matériels, pouvoir, prestige... mais aussi du sens,
le sens qui procure une identité sociale aux agents en les distinguant
les uns des autres. Le fait de se distinguer constitue ainsi le premier enjeu
du jeu social. Tous les agents ne disposent pas des mêmes positions ou
ne possèdent pas les mêmes atouts. Dans le champ, on assiste
à des luttes entre les agents qui mettent en oeuvre deux types de
stratégies : des stratégies de conservation qui visent
à maintenir les rapports de forces dans le champ et des
stratégies de subversion qui cherchent à les renverser. Sur le
plan symbolique, les stratégies de conservation consistent à
renforcer la norme commune, le « cela va de soi », qui
évite la remise en cause des positions. Les stratégies de
subversion, au contraire, ont pour objectif de dévaluer les normes
dominantes ainsi que le capital qui leur est associé. La relation
entre habitus et le champ est d'abord une relation de conditionnement. Le champ
structure l'habitus qui est le produit de l'incorporation de la
nécessité immanente de ce champ. Mais, c'est aussi une
relation de connaissance : L'habitus contribue à constituer le
champ comme monde signifiant, doué de sens et de valeur dans lequel il
vaut la peine d'investir son énergie. Il s'en suit deux
choses : premièrement, la relation de connaissances
dépend de la relation de conditionnement qui la précède et
qui façonne les structures de l'habitus ; deuxièment, la
science sociale est nécessairement une
« connaissance » et doit faire une place à une
phénoménologie sociologiquement fondé sur
l'expérience primaire de champ. Loin d'être le
produit automatique d'un processus mécanique,
Structure habitus structure, la
reproduction de l'ordre social s'accomplit seulement à travers les
stratégies et les pratiques adaptées par lesquelles les agents
temporisent et contribuent à faire le temps du monde.
Ce modèle d'analyse est un support pertinent pour
cerner les logiques et les mécanismes sociaux de différenciations
à Kanzra. Ce faisant, nous appréhenderons le village comme un
champ dans lequel des agents (les autochtones et les migrants
sédentarisés) sont en position de lutte où chacun compte
défendre sa position. Les moyens donc qu'utilisent les autochtones pour
dominer les autres forces présentes dans le champ est l'autochtonie
soutenue par des habitus.
IV-1 : L'hypothèse de
recherche
La différenciation spatiale à Kanzra est
liée à une logique de réactivation identitaire de la part
des autochtones. Et ce, dans le souci de contrôler les ressources
villageoises.
IV-2 : La définition et
opérationnalisation des concepts
Pour comprendre une idée, il faut en définir les
termes clés, les concepts importants qu'elle véhicule.
Selon Madeleine Grawitz « le concept aide à
percevoir et à concevoir. Il organise les réalités en
retenant les caractères distinctifs et significatifs des
phénomènes 20(*)».
Ainsi, pour une meilleure appréhension de l'objet de notre
étude, nous définirons certains concepts qui nous paraissent
importants tels que : "Différenciation spatiale", "Identité
sociale ".
v La différenciation
spatiale
La différenciation spatiale est définie comme
le séparatisme spatial c'est-à-dire le découpage du champ
par rapport à des assignations identitaire.
Comprendre donc la différenciation spatiale, nous
ramène à définir celle de différenciation sociale,
en ce sens que la différenciation spatiale constitue par essence une
différenciation sociale.
Selon le dictionnaire d'Alain BIROU21(*), le concept de
différenciation sociale désigne le processus par lequel
s'opèrent des différences ou des séparations entre les
personnes ou entre des groupes d'une société. Il s'agit donc soit
du phénomène qui repartit les gens dans l'échelle sociale
et dont la stratification sociale est comme l'aboutissement (exemple classe
moyenne, haute bourgeoisie) soit des groupements sociaux qui s'opèrent
selon des critères de culture, d'appartenance raciale, de sexe,
d'âge ...etc.
La différenciation sociale ne doit pas être
confondue à la ségrégation sociale bien que dans certains
cas extrême elle puisse y aboutir.
Ce concept de différenciation sociale a plusieurs
dimensions. Celles qui nous permettent de cerner ce fait à Kanzra sont
la dimension symbolique, politique, et socioculturelle.
En effet au niveau politique, la différenciation
s'observe à travers le repli des migrants sur la gestion politique du
village, la non participation au choix du chef de village. Aussi, on constate
que chaque communauté dispose d'un chef.
Au niveau symbolique certains indicateurs nous permettent de
cerner la différenciation à Kanzra. Il s'agit entre autre de la
non-modernisation de l'habitat des migrants, la non-modernisation de leur
cimetière et la séparation des quartiers avec des assignations
identitaires.
Au niveau socioculturel comme indicateurs de la
différenciation, on a la séparation des cimetières, aussi
chaque groupe ethnique reproduit les pratiques socioculturelles du milieu
d'origine.
En prélude de ce qui a été
susmentionnés, nous retenons que ces différentes pratiques
différenciatrices se fondent sur des assignations identitaires. C'est
pourquoi nous définissons la notion d'identité sociale qui n'est
rien d'autre qu'une forme de différenciation.
v L'identité sociale
Isabel Rodrigo22(*) (1997), dans une étude présente la
notion d'identité sociale comme des "formes sociales"
appréhendées à partir des relations de coexistence, de
collaboration et d'interdépendance mutuelle que les individus
établissent entre eux. Les phénomènes ou
« formes sociales » qui seront pris en compte ici et qui se
matérialisent en type d'identité ont des contours qui ne sont ni
rigides, ni stables. Le manque de rigidité de ces contours d'où
elles tiennent en partie leur instabilité résulte surtout du fait
que ces phénomènes ont comme support des formes de relation et
d'action entre les hommes qui se sont basés sur les organisations
fermées au dessus des individus. Ainsi, il ressortira de l'analyse des
comportements sociaux des migrants, une sorte de "logique commune"
partagée par un ensemble d'individus au delà de leur
diversité ethnique. C'est justement autour de cette logique commune que
les individus se voient les uns les autres comme habitants d'un même
monde particulier.
Ce qui les fait converger dans des unités qui se
structurent en fonction des enjeux en présence et simultanément
diverger d'autres unités de même nature mais avec une logique
commune différente. Ainsi, pour notre auteur, le processus
d'intégration / diversification avec et contre distinction/ affirmation
qui est présent non seulement à son origine mais aussi dans sa
dynamique de fonctionnement et de transformation étroitement liée
aux situations concrètes de la vie réelle des individus, cette
dynamique se forme et s'affirme progressivement dans le cadre des
réseaux de sociabilité et des cercles sociaux qui
s'établissent et s'élargissent.
Plus précisément, c'est sur la base d'une
composante des relations sociales que les contours des unités sociales
et leurs logiques communes se profilent et se cimentent simultanément.
Elle conclut pour définir l'identité sociale
comme le résultat d'un double processus d'affirmation contre distinction
qui se construit à partir de relations d'interdépendance et des
cercles sociaux que les individus établissent et entrecroisent entre
eux, dans le quotidien des situations concrètes de la vie réelle.
Ce double processus, selon Rodrigo, se construit autour des pratiques et des
systèmes de significations qui étant partagés par
plusieurs individus, les amènent à se constituer en groupe.
CHAPITRE II : LA METHODOLOGIE DE L'ETUDE
I : LES DELIMITATIONS DU CHAMP DE L'ETUDE
Le champ est un ensemble de dispositions et de positions qui
permet d'atteindre un but. Dans le cadre de notre étude, il en existe
deux types à savoir :
-le champ géographique
-le champ social.
Qu'en est-il concrètement ?
I-1 : Le champ
géographique
Les investigations ont été menées dans la
localité de Kanzra, village de la sous-préfecture de
Zuénoula. Situé dans la région de la Marahoué au
centre ouest de la Côte-d'Ivoire. Le village est à 422 Km
d'Abidjan et 180Km de Yamoussoukro. Selon le RGPH effectué en 1998 par
l'INS23(*) la
sous-préfecture de Zuénoula regroupe 71 202 habitants et
4044 à Kanzra.
Cette région est essentiellement paysanne avec une
intense exploitation foncière liée aux cultures de rente que sont
le café, le cacao, l'anacarde, les cultures vivrières,
l'arachide, le riz irrigué, la banane plantain.
I-2 : Le champ social
Le champ social est composé dans un premier temps
d'autochtones gouro de Kanzra (Kouin) les allochtones Gouro de Gohitafla
(Lorubin), les Senoufo, les Koyaka, les Baoulés, les allogènes
africains tels que les Burkinabés, les Maliens, les Guinéens.
Pour donc cerner notre objet d'étude (rapport
interethnique en milieu rural), nous nous sommes adressés aux leaders de
ces différentes communautés susmentionnées.
Nous avons donc interrogé la chefferie villageoise, les
patriarches autochtones du village, les propriétaires terriens (Kouins),
les chefs des communautés migrantes qui ont pu se constituer des
unités politiques dont les administrés se réclament de la
même ethnie, de la même région d'origine.
Dans cette perceptive, nous avons pu interroger le chef de la
communauté burkinabé, le chef des baoulés, le chef des
sénoufos, le chef des Koyaka, le chef des maliens et le chef des Gouro
de Gohitafla.
A côté des entités ethniques, nous avons
eu des entretiens avec le président des jeunes (autochtones),
l'infirmier du village et certaines commerçantes
sédentarisées dans le village.
Nous avons aussi eu des entretiens avec le sous-préfet
et certains responsables de l'ANADER zone de Zuénoula.
Mais comment avons-nous procédé pour recueillir
les données ?
II : LES TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
Pour disposer d'éléments susceptibles de
vérifier l'hypothèse et d'atteindre les objectifs que nous nous
sommes assignés, nous avons eu recours à plusieurs techniques et
supports de recueil de données, parmi ceux-ci on note :
l'observation directe, l'enquête par entretien et la recherche
documentaire.
II-1 : La recherche
documentaire
La recherche documentaire s'est d'abord
intéressée à la littérature écrite aussi
bien sur les migrations, les sédentarisations des migrants que sur la
construction identitaire. La recherche documentaire nous a donc amené
à fréquenter certaines bibliothèques telles que celle de
l'Institut d'Ethnologie (IES), celle de l'Institut de Recherche et de
Développement (IRD) et ainsi que des recherches webographiques( sur
internet).
En dehors donc des bibliothèques, nous avons
rencontré le Sous-préfet de Zuénoula auprès de qui
nous avons eu des informations et à l'Institut Nationale de Statistiques
pour les chiffres sur l'effectif de la population, le nombre de femmes et
d'hommes à Kanzra.
Il faut dire que la recherche documentaire nous a permis
d'avoir une vision plus large de notre site d'enquête.
Elle a été complétée par
l'observation directe et l'enquête par entretien.
II-2 : L'observation directe
L'observation directe a constitué la première
phase de notre étude sur le site.
Elle nous a permis de voir la mise à l'écart
spatiale des migrants, les types d'habitats, les activités qui sont
menées dans le village. Aussi à Kanzra, durant notre
séjour, nous avons pu assister le Chef du village dans le cadre des
règlements de contrats de construction de bâtiments commerciaux
entre un migrant et un autochtone.
Nous avons vu certaines infrastructures telles que
l'école, l'infirmerie, les trois églises, les trois
mosquées, les cimetières (autochtones et migrants),
l'école coranique et les quelques campements satellites du village. En
outre, nous avons vu la forêt sacrée mais pour des raisons de
principe, (conformément à la coutume des autochtones), nous
n'avons pas pu pénétrer.
A cela, il faut ajouter que nous nous sommes rendus dans des
plantations de cacao, d'anacarde. L'observation directe nous a permis
d'appréhender par nous même une partie de notre terrain
d'étude à travers certaines activités de la
population.
II-3 : L'enquête par
entretien
L'entretien est un procédé d'investigation
scientifique qui utilise un processus de communication verbale, pour obtenir
les informations en relation avec le but fixé. Or, dans notre cas, le
but visé est d'analyser les enjeux sociaux et les ressources sociales de
différenciation et leur influence sur le fonctionnement des rapports
interethniques.
Ce faisant, nous avons eu des entretiens avec des groupes
stratégiques que nous avons mentionnés dans le champ social.
Les centres d'intérêt de l'entretien tournaient
autour de l'organisation sociale du village, des représentations
sociales que chaque catégorie sociale se fait l'un de l'autre, des
stratégies d'installation des autres communautés migrantes...
etc.
A travers nos enquêtes, nous avons connu l'histoire de
la fondation du village. Nous avons été instruits
également sur la manière dont les quartiers et le
cimetière des migrants se sont détachés de ceux des
autochtones.
Il faut noter que les entretiens que nous avons eus avec les
différents chefs de communauté nous ont permis de comprendre
les facteurs et les logiques de différenciation et surtout de
déceler les représentations qu'ils se font de leur tuteur et
vice-versa.
Au niveau politique, les entretiens nous ont
révélé les antagonismes qui ont cours à propos de
la chefferie du village entre les autochtones.
III : LA DESCRIPTION ET LA JUSTIFICATION DE LA
METHODE D'ANALYSE
L'analyse de contenu est une des méthodes qualitatives
utilisées dans les sciences sociales et humaines. Elle permet
d'étudier et de comparer les sens des discours pour mettre à jour
les systèmes de représentations véhiculés par ces
discours24(*). Il existe
plusieurs types d'analyse de contenu, mais celui qui va nous intéresser
dans notre étude, c'est l'analyse thématique.
L'analyse thématique consiste à
découper transversalement un fragment de discours chaque
thème est défini par une grille élaborée
empiriquement. Le mode de découpage est stable d'un entretien à
l'autre. Cette méthode telle que définie, représente pour
nous la démarche convenable dans cette étude qualitative pour
aboutir à des résultats escomptés.
IV : LES CONDITIONS SOCIALES DE L'ENQUETE ET LES
DIFFICULTES DE L'ETUDE
La présente étude, comporte des insuffisances
liées aux difficultés, auxquelles nous avons été
confrontées lors de notre séjour sur le terrain.
Nos recherches de terrain se sont déroulées en
trois phases :
La première phase concerne l'enquête exploratoire
et s'est effectuée dans le courant du moi de juin 2007.Elle nous a
permis d'apprécier les réalités du terrain, d'avoir des
entretiens avant l'enquête définitive. L'enquête
exploratoire nous a permis également d'identifier les groupes
stratégiques à entretenir pendant l'enquête
définitive.
La seconde phase fut la confrontation des
données de l'enquête exploratoire avec les propos des
représentants des différentes communautés du village. A
cet effet à la date du vendredi 14 septembre 2007 à la salle KA
de l'institut d'ethnosociologie il a été organisé un
séminaire sur les données de l'enquête exploratoire. Ce
séminaire nous a été bénéfique pour deux
raisons fondamentales à savoir : transférer le village
à l'institut d'ethnosociologie à travers certains agents tels
que des autochtones c'est a dire que nous avons eu des informations
complémentaires du terrain sans toutefois nous déplacer. La
deuxième raison constitue l'apport qualitatif des propos, nous
permettant d'avoir un éventail de connaissances.
La dernière, fut l'enquête définitive
.Elle s'est tenue du 11 au 22 Décembre 2007.
Il faut rappeler que Kanzra fait partir de la zone
ex-assiégée par les Forces Nouvelles. Cette situation a
constitué un obstacle à nos investigations, en ce sens que les
migrants externes se méfiaient ce qui leur faisaient donner parfois des
réponses biaisées ou très souvent refusaient
d'échanger avec nous. Par exemple le chef des Gouro de Gohitafla,
refusait de se soumettre à notre guide d'entretien en ces termes :
« je sais que ce sont les Blancs qui t -ont envoyé
(il parle des forces de l'opération licorne).
Vas les dire que moi Djoh Albert je dis que tout ça là c'est
fini. On n'est pas bête .C'est comme ça ils ont fait
jusqu'ààà ils sont entrain de nous tuer et puis avant
avaaaant !!! Ils ont fait comme ça et puis on a dis tous nos
secrets et puis on nous a tué. Il faut aller les dire ça je
m'appelle Djoh Albert je ne dis rien. »
Pour contourner cette difficulté, nous étions
obligés de prendre des jeunes déscolarisés de leurs
différentes communautés s'exprimant clairement afin de mener
l'entretien auprès des leaders et par la suite, par la
triangulation25(*), nous
avons vérifié les informations.
A coté de cette difficulté, il faut dire que
notre enquête s'est déroulée pendant le mois de
Décembre qui fait partie de la période de récolte des
produits cacaoyers appelés « la traite ».
Au regard donc de cette période, la majorité des
personnes que nous avons sollicitées pour conduire nos recherches
n'étaient pas du tout disponibles.
Il fallait donc se rendre dans les plantations ou dans des
campements souvent à plusieurs kilomètres du village.
En outre, il faut dire que pour l'enquête sur le
terrain, nous avons apporté sur nous des appareils électroniques
(pour soit enregistrer, soit photographier) qui utilisaient des batteries
rechargeables. Mais compte tenu du faite que le village ne soit pas
électrifié nous avons eu des difficultés pour enregistrer
les propos des enquêtés et photographier des
éléments du terrain.
Au regard de ce qui précède, il est important de
tenir compte de la situation sociopolitique nationale dans l'analyse des
données de cette enquête en ce sens que l'an 2002 (année du
déclenchement des hostilités en Côte d'Ivoire) a
profondément modifié les rapports entre les communautés
autochtones et les migrants notamment ceux du Nord de la Côte d'Ivoire.
Alors il apparaît donc opportun pour nous de
présenter le village.
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural1.png)
CHAPITRE III : Présentation
générale de la zone d'étude
I - PRESENTATION DE LA SOUS PRÉFECTURE26(*)
I-1: Aspects physiques
Il s'agit de présenter un ensemble de données
géographiques concernant la sous préfecture de Zuénoula en
général et le village de Kanzra en particulier. Ces
données concernent la situation géographique, le climat et
l'hydrographie, le sol et la végétation.
I-1-1 : Situation
géographique
Ancienne subdivision du cercle de Bouaflé, depuis la
période coloniale, la sous préfecture de Zuénoula à
été créée par le décret n°61-16 du 03
janvier 1961. Précédemment rattachée au département
de Bouaflé(1970) elle a été érigée en chef
de département par le décret n°79-405 du 21 mai 1979. La
sous préfecture de Zuénoula s'étend sur une superficie de
2400 km2 soit 74,62% de la superficie du département et est
limitée au Nord par les sous préfectures de Kongasso et de
Kounahiri, au Sud par la sous préfecture de Bonon, à l'Ouest par
celle de Bédiala et Vavoua, enfin à l'Est par les sous
préfectures de Bouaflé et de Gohitafla.
Le chef lieu de sous préfecture est distant de
Bouaflé de 65 km, de Yamoussoukro de 120km et d'Abidjan de 392 km.
I-1-2 : Climat et hydrographie
Les facteurs climatiques et écologiques sont
déterminants en matière de production agricole et pastorale. Ils
conditionnent le cycle végétatif de même que la production
du bétail et certaines activités humaines. La sous
préfecture de Zuénoula baigne dans une synthèse de climat
attiéen et baouléen. Il existe deux saisons de pluie qui
s'étendent de Mars à juin et d'Août à octobre et
deux saisons sèches de Juin à Juillet et de Novembre à
Mars. La pluviométrie oscille entre 1200mm et 1800 mm par an avec des
températures qui varient entre 22°c et 34°c.
Au plan hydrographique, la sous préfecture de
Zuénoula est traversé par la Marahoué(le Bandama rouge).
Nous notons également l'existence de petits cours d'eau ou des
rivières qui en saison sèche connaissent des étiages
accentuées. Ces conditions climatiques et hydrographiques
déterminent la texture du sol et la composition, de la
végétation.
I-1-3 : Le sol et La
végétation
Le sol et le couvert végétal ont une influence
décisive sur les possibilités de cultures et d'élevages.
La région de Zuénoula est un espace physique constitué
de vastes plateaux entre 200 et 300 m d'altitude. On y rencontre des sols
granitiques et peu ferralitiques avec des bancs de cuirasses à peine
dégagés par l'érosion.
La sous-préfecture de Zuénoula est couverte
également par une formation végétale constituée de
forêts denses et humides à la frontière des
départements de Bouaflé, Daloa et de Vavoua. Elle dispose de
vastes étendues savanicoles de réelles potentialités
favorables au développement de l'élevage bovin.
I-2 : Aspects humains
La population de la sous préfecture de Zuénoula
est essentiellement composée d'autochtones Gouro issus du Groupe
manding.
On note également la présence d'allochtones
Gouros (provenant des autres régions), sénoufo, baoulé,
agni, abron, bété, koulango... et allogènes africains
(maliens, burkinabés, guinéens, ghanéens, mauritaniens,
béninois, nigérians, nigériens...etc.
La population de la sous préfecture est estimée
selon le recensement de 1998 à soixante onze mille deux cents
dix-sept(71217) habitants.
Notons que si les localités de la sous
préfecture de Zuénoula ont en commun les caractéristiques
susmentionnées, il n'en demeure pas moins que chaque village et
campement présente une situation particulière. Partant donc de ce
fait, nous aborderons plus spécifiquement la présentation du
village dans lequel nous avons séjourné pour notre
étude.
II - Présentation du village
II-1 : CARACTERISTIQUES
SOCIODEMOGRAPHIQUES
Kanzra fait partir de la sous-préfecture de
Zuénoula et plus précisément dans le canton
Mangourou27(*). La
présence de migrant dans le village date de la période
coloniale.
Les autochtones du village sont des Gouros que l'on nomme
Kouin. Ils entretiennent des relations de tutorat avec les migrants.
Kanzra est structuré autour de trois lignages qui sont
Bronninnin, Bolaninnin et Kanninnin. Bronninnin du fait de sa grandeur s'est
scindé en trois grandes familles que sont Kambonninnnin, Gonninnin et
Kalounninnin.
A Kanzra on note la présence d'allochtones Gouros de
Gohitafla28(*)
de Baoulés, Senoufos de Koyakas, d'allogènes
Burkinabés, de Maliens, de Guinéens,
de ghanéens, de Mauritaniens. Ces différentes communautés
possèdent un chef ou un représentant qui gère les affaires
internes du groupe et sert d'interlocuteur du chef du village de Kanzra dans le
règlement des conflits intercommunautaires et vis-à-vis
également de leur tuteur Kouin.
Kanzra fait partie de 12 pays ruraux29(*) de la sous préfecture
de Zuenoula. Sa population est estimée à 4044 habitants dont 2078
hommes pour 2066 femmes 30(*).
II-2 : DESCRIPTION DE L'ESPACE DU
VILLAGE
Kanzra est un village situé à 35 Km de
Zuénoula, chef lieu de Sous Préfecture. Le village fait partir
de la zone sous le contrôle de l'opposition armée. Le village de
Kanzra dispose de 41 campements satellites. Il est traversé par une voie
principale non bitumée allant jusqu'à Daloa. Cette voie divise le
village en deux parties. La partie Nord englobe le quartier des Gouros de
Gohitafla (Lorubin), les Burkinabé (Mossis ou folaga).Dans cette partie,
on note la présence du domicile du chef baoulé et le quartier
des autochtones Gouros de Kanzra (les Kouins), ensuite on a dans cette zone du
village le marché, l'infirmerie, l'église catholique et
l'église protestante baptiste.
Dans la moitié Sud, on a, depuis l'entrée du
village (qui s'étend sur près de 1,5 Km de long), le quartier
Djoulabougou, et une petite partie des Gouros de Kanzra qui se sont
installés à cet endroit du fait du lotissement. On note dans
cette zone, comme infrastructure, les deux écoles primaires Kanzra I et
II, et la mosquée.
On constate également, sur la rive gauche de la voie
principale depuis l'entrée du village jusqu'en face du marché qui
se trouve vers la sortie du village en allant vers Daloa, des cabines
cellulaires dont les appareils cellulaires sont accrochés sur des
piquets de plus de 1,5 m de haut sur lequel se trouve également un
parapluie captant le réseau.
En outre, l'on note une concentration de ces piquets de
téléphone en face du marché se situant sur la rive droite
de la voie principale et cela à des fins commerciales. On a
également certaines boutiques et des magasins de stockages de produits
(café, cacao, maïs, anacarde, riz ...) qui sont situés sur
les bordures de cette voie.
Enfin, sur ces mêmes bordures, il faut souligner la
présence des ateliers de réparation des motos et vélos des
ateliers de coutures et de menuiserie très souvent tenus par les
migrants allogènes africains.
Il existe depuis 1997, des poteaux électriques qui
jusque là ne fonctionnent pas.
STRUCTURATION DE L'ESPACE DU VILLAGE
N
+
+
+
+
Cimetière des
autochtones
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural2.png)
Cimetière
des migrants
Infirmerie
légende
+
GOURO DE KANZRA ECOLE FORET SACREE
EAU
MOSQUEE
GOURO DE GOHITAFLA EGLISE PLANTATIONS
Source: Notre enquête
MOSSIDOUGOU
MARCHE
FORET
DIOULABOUGOU
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural3.png)
Photo n°1 : Vue
panoramique de Kanzra dans le sens allant vers Nénézra31(*)
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural5.png)
Photo n°2 : Les
bâtiments de l'école primaire Kanzra I et II
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural6.png)
Photo n°3 : l'école
coranique au quartier Mossibougou
II-3: HISTORIQUE DE LA FONDATION DU
VILLAGE
Les premiers habitants de Kanzra sont les Souin. Anciennement
situé dans la région de Daloa plus précisément
à Souinfla, ils auraient quitté cette localité à
cause des conflits tribaux de l'époque (vers la fin du XVIIIe
siècle).
Ils (les Souin) se seraient installés d'abord pendant
leur fuite à Blablata (un village du canton) et auraient
été accueillis dans ce village par Djan Bi Gooré un
autochtone du village.
Il eut encore sur ce nouveau site un conflit entre les
autochtones et les migrants. Alors leur tuteur (Djan Bi Gooré) vint
chercher l'aide de son ami (qui se nommait Goué Bi Drou) à
Nénézra un autre village du canton afin qu'il héberge ses
hôtes sur ses terres.
Goué Bi Drou accepta les requêtes de
son ami Djan Bi Gooré mais vu leur grand nombre (car c'est toute la
communauté Souin qui se déplaçait), il leur donna un
territoire proche du village de Nénézra en bas d'un arbre qui se
nommerait « Duh » en Gouro qui devient
« Duhoo » c'est-à-dire en bas de Duh.
Une fois sur ce nouveau site, il eut encore un
conflit à l'intérieur de leur communauté et c'est ce qui
amena Sah Bi Kan (fils de Sera Bi Saman) à se retirer de ce site pour
s'installer à environ 2 kilomètres de Duhoo sur le site actuel de
Kanzra pour y fonder son campement.
Progressivement, il fit venir ses autres
frères (son père Sera Bi Saman avait trois fils que sont San
Bron, San Blon et San Kan) et sa communauté restée à
Duhoo. Le campement devint dans son évolution un village nommé
"Kanzra". "Zra" qui signifie littéralement "héritage" et "Kan"
qui est le nom du fondateur Sah Bi Kan. C'est donc cette combinaison qui donna
le nom du village c'est-à-dire Kanzra héritage de Kan. Etant
donné que Kan était chasseur (toujours à la recherche de
gibier), il confia le terroir du village à son jeune frère Bron
qui avait la gestion et le contrôle des terres acquises et cette
tradition a demeuré toujours jusqu'au aujourd'hui. Ce qui confère
à ses descendants le statut de propriétaire de terre.
II- 4 : LE PROCESSUS DE SEDENTARISATION DES
MIGRANTS A KANZRA
L'économie de plantation débutée dans
les années 1920 va entraîner, en milieu rural ivoirien, certaines
populations d'origine Ivoirienne et étrangère à se
sédentariser dans certaines zones rurales pour y mener des
activités économiques et agricoles32(*). Kanzra, zone de production du
cacao et du café n'échappe pas à cette
réalité.
En effet, le 1er migrant à s'installer
à Kanzra fut Gnombo Bamba qui faisait du commerce. Il serait
arrivé dans ce village en 1945. Son tuteur se nommait Serbi Wuetty.
Celui-ci lui donna un gîte sur son espace pour qu'il fasse du
commerce.
A la suite de certains conflits entre le migrant et les
autochtones à propos de la sortie du masque sacré
Djè33(*), l'ex chef
du village d'alors lui demanda d'aller s'installer hors du village dans la
forêt pour éviter que ces incidents se reproduisent. C'est ainsi
qu'il alla s'y installer avec sa famille.
Le premier migrant à s'installer sur l'espace du
village à des fins agricoles serait un Mossi qui aurait quitté
le Burkina Faso en 1948 dans un convoi organisé par les colons pour
travailler dans les plantations de cacao des Gouros. Il se nommait Zazou
Issiaka. Il travailla aussi après son contrat (environ un mois) dans la
plantation de Serbi Wuetty qui devint son tuteur. Pour des principes
religieux, Zazou Issiaka (musulman) s'installa sur l'espace qui aurait
été donné à Bamba Gnombo aussi musulman. Par la
suite seraient venus successivement les premiers baoulés en 1963,
il s'agissait de Edouard Kouakou et Assui Koidjo34(*) qui seraient venus de Toumodi
à la recherche de forêt pour y faire leurs plantations de cacao.
Cette communauté est plus nombreuse dans les campements sous la tutelle
du village.
Les Maliens dont le premier est Karba Sidibé serait
arrivé en 1965 en provenance de Daloa.
Après celui-ci, serait venu le premier Gouro de
Gohitafla en 1970 et enfin les Senoufos en 1976.
En outre, il faut noter que les autres groupes ethniques dont
l'histoire est beaucoup plus récente sont certes arrivés
individuellement dans le cadre du commerce mais par la suite se sont convertis
à la pratique de l'agriculture, principalement des cultures
vivrières. Mais comment les migrants se sont ils constitués en
communauté et comment se sont-ils intégrés ?
En effet, le premier migrant est accueilli par un autochtone
qui devient son tuteur. Celui-ci lui donne un toit chez lui et lui cède
une portion de terre en échange d'un poulet et de la boisson forte. Ces
dons scellent les relations de tutorat, qui se traduisent dans notre zone
d'étude par le terme malinké Djatiguiya35(*). Une exigence de
reconnaissance de la part du migrant est institutionnalisée.
Celui-ci doit verser une partie des produits de sa
récolte à son tuteur et l'assister lorsqu'il y a un malheur ou
une fête. Nous nommons cette relation Hôte tuteur, de tutorat de
premier degré. Le deuxième type de tutorat que nous appelons
tutorat de second degré se matérialise comme suit :
lorsqu'il existe dans un village un migrant alors il devient
aussi tuteur du nouveau venu (qui appartient soit à son groupe ethnique
ou vient de la région d'origine que le premier migrant).
Il le présente aussi à son tuteur Gouro. Le
tuteur de second degré permet l'intégration du nouveau dans la
communauté de base et aussi dans le village.
Le tuteur de second degré va lui permettre d'avoir une
plantation par exemple qu'il mettra en valeur auprès du tuteur du
1er degré. Le tuteur second devient l'aval du migrant et
répond de ses actes devant les autochtones. Lorsque le nouveau venu
acquiert une plantation soit par don ou par achat le même processus de
rituel de reconnaissance vis-à-vis du tuteur du premier degré
(autochtone) se construit. Cela participe de la stabilisation des rapports.
L'absence de ce rite modifie les relations Tuteur autochtone
et son hôte.
Par exemple : le vieux Vaouli Bi aurait convoqué
à la sous préfecture de Zuénoula tous les sept migrants
Gouro de Gohitafla et Tagbana sur les neuf à qui il aurait
cédé des terres parce qu'ils ne le " regardaient" pas
c'est-à-dire qu'ils ne lui donnaient pas certains présents
pendant les évènements heureux et malheureux. En clair, ils ne
l'assistaient pas financièrement après chaque récolte ou
à la fin d'année comme le font certains allogènes
Mossi.
Pour donc rétablir les relations entre le vieux Vaouli
Bi et ses hôtes l'autochtone leur demanda de lui construire une maison en
dur avec une toiture en tôle et depuis cette date (2000)
jusqu'aujourd'hui, les briques sont déposées dans la cour du
patriarche Vaouli (le tuteur). Mais la maison n'a pas été
construite.
Alors face à cette situation le Tuteur menace à
nouveau de récupérer ses forêts qui sont devenus des
plantations.
Cette sédentarisation va s'accompagner de
phénomènes sociaux tels que la constitution d'unités
politiques, culturelles, sociales et économiques avec des assignations
identitaires. Mais ce mécanisme de régulation sociale ne change
pas non plus les relations propres entre la communauté migrante en
question et le village de Kanzra.
CHAPITRE IV: ORGANISATION SOCIALE DU VILLAGE
I : ORGANISATION SOCIOCULTURELLE
La communauté autochtone de Kanzra est
subdivisée en trois lignages :
- Bronninnin qui signifie littéralement en
français petits fils de Bron
- Bolaninnin qui signifie littéralement en
français petits fils de Bola
- Kanninnin qui signifie littéralement en
français petits fils de Kan
Ces lignages ont des chefs qui les représentent. A
Kanzra il n'existe pas de propriétés collectives de terres.
Chaque famille à ses propres terres. De fait, l'organisation de ces
terres est régularisée par les chefs de familles. Ce qui permet
à chaque individu à l'âge et la compétence
socialement, requis pour exploiter les ressources du sol, d'avoir l'accord du
chef de la famille. Cette consultation préalable est dictée en
fonction de l'obéissance à l'égard du chef de la famille
et par le souci de se conformer à l'esprit des coutumes. Il faut
ajouter que de tous ces lignages susmentionnés, les rituels sacrificiels
sur la terre de Kanzra sont l'oeuvre des membres du lignage Bronninnin qui
auraient toujours eu ce rôle depuis la fondation du village. C'est la
filiation patrilinéaire qui est en vigueur à Kanzra. La
résidence est patrilocale et il n'existe pas de mariage prescrit
(forcé). Les biens se transmettent dans une même
génération36(*) avant de passer à la génération
suivante.
Kanzra dispose de certaines institutions telles que, la
forêt sacré dont l'accès est strictement
réservée aux initiés, l'école primaire (Kanzra I et
II) ;
l'école coranique, l'infirmerie, un marché
couvert ; trois églises (catholique, protestante et
évangélique) trois mosquées, deux
cimetières37(*).
Il existe quatre quartiers, dont celui des Gouro autochtones,
des Gouro allochtone de Gohitafla, des burkinabés et malinkés
nommé Djoulabougou où l'on retrouve presque toutes les
communautés migrantes exceptés les lorubins38(*).
Les baoulés bien que sédentarisés avant
l'indépendance, ne disposent pas d'un quartier proprement dit dans le
village39(*).
Chaque communauté a un quartier et dispose d'un
représentant et une organisation interne. Il faut aussi dire que
l'influence et la démographie importante des malinkés ont fait
qu'au niveau linguistique c'est le " Dioula"40(*) qui est parlé par toutes les
communautés allochtones, allogènes et même autochtones pour
la seule raison que c'est une langue commerciale. Mais en plus de cet
élément, chaque groupe ethnique a gardé sa langue
d'origine.
Pareillement à toutes les sociétés Gouro,
l'adultère est prohibé à Kanzra car il est source de
profanation de la terre pourvoyeuse et protectrice.
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural7.png)
Photo n°4 : Un aperçu de la
forêt sacrée
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural8.png)
Photo n°5 : Le
cimetière des autochtones
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural9.png)
Photo n°6 : Le cimetière des
migrants
II : ORGANISATION ECONOMIQUE ET FONCIERE
II-1 : Organisation
économique
L'économie est l'ensemble des activités
d'une collectivité humaine relatives à la production, à la
distribution et à la consommation des richesses. Quelles sont donc ces
activités à Kanzra ?
En effet, dans le monde rural, la principale source de
richesse est la terre quand bien même qu'il existe d'autres
activités économiques non agricoles telles que le commerce.
· L'agriculture
L'agriculture constitue la principale activité
économique du village. Cette activité se subdivise en deux
catégories : les cultures de rentes et les cultures
vivrières.
Les cultures vivrières servent à nourrir
directement les populations. Il s'agit de la banane plantain, du riz
irrigué, du riz pluvial, du manioc, du maïs, de l'igname, de
l'arachide, du haricot et des cultures maraîchères. Ces cultures
sont pratiquées par tous les migrants. Ensuite, nous avons les cultures
pérennes telles que l'anacarde, le café et le cacao qui
constituent les principales sources de revenus des paysans.
Photo n°7 : Une plantation de cacaoyers
Photo n°7 : Un tas de cacao déjà
cabossé
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural12.png)
Photo n°8 : Le séchage de cacao
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural13.png)
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural14.png)
Photo n°9 : Une plantation d'anacarde
Photo n°10 : Une bananeraie
· Le commerce
L'activité commerciale est très
développée à Kanzra. Cela s'explique par le fait que
Kanzra soit un village noyau qui dispose d'un marché couvert. Il est un
carrefour où commerçants venant de Daloa, de Vavoua, du complexe
sucrier de Zuénoula et de la ville de Zuénoula se retrouvent
tous les Mercredis pour vendre et acheter. Le jour principal de marché
est le Mercredi. Cette activité est dominée par les migrants
notamment les allogènes africains. Ceux-ci sont aussi
propriétaires, sans exception, de toutes les boutiques du village, des
kiosques à café. Les femmes autochtones et migrantes tiennent des
restaurants et font le commerce de vivriers.
Les migrants sont également des acheteurs des produits
agricoles. Cette domination de l'activité commerciale par les migrants
favorise l'obtention des ressources foncières.41(*)
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural15.png)
Photo n°11 : le
marché couvert un mercredi42(*) matin
II-2 : Organisation foncière :
modalités d'acquisition des terres à Kanzra
Si pour la première vague d'immigrants, le seul souci
fut d'accumuler rapidement une épargne pour "rentrer au pays",
actuellement cette mentalité semble révolue et il semblerait que
l'acquisition d'une terre soit l'objectif final de tous migrants, c'est de
celle-ci que va dépendre en définitive, la promotion et
l'intégration à l'économie de plantation du village.
L'acquisition du patrimoine foncier revêt quatre formes
principales : il peut se présenter sous forme de dons ou
d'héritages ; dans le cas contraire, le planteur achète la
terre ou la plantation. Mais à ces formes majeures, il s'ajoute la
location de portion de terre pour les cultures annuelles.
Quelles sont donc ces modalités d'acquisition des
terres à Kanzra ?
Ø Les dons des planteurs
Ils sont l'apanage des autochtones qui sont toujours offreurs.
Les causes de cette cession sont à rechercher dans les rapports
migrants-tuteurs. Elles sont le commencement, la conséquence de longues
années de collaboration, d'entraide et de confiance réciproque.
Ces cessions ne sont pas le fait exclusif du tuteur. Si le migrant a eu
d'autres relations "fructueuses", il peut bénéficier d'une terre
des mains des autres autochtones. Ajoutons que les cessions de terre ne sont
pas dénuées de toute contrepartie. Bien souvent, le migrant verse
une somme symbolique d'argent et de la boisson. Une fois cédée,
la terre devient définitivement la propriété du migrant.
Mais cette terre acquise de cette manière a des conséquences
majeures. Dans ce type de cession, lorsque le migrant décède ou
doit rentrer "chez lui", il se doit l'obligation de remettre la plantation ou
la portion de terre aux tuteurs. Si, il arrivait que le migrant cède la
plantation à un autre migrant (soit son fils ou bien un tiers),
l'autochtone Gouro lui réclame le droits de propriétaire terrien
car celui à qui appartenait la plantation n'avait pas acheté, il
avait bénéficié, alors il n'est pas logique de vendre ou
de donner la plantation.
Ø Achat de terre
Cette modalité d'acquisition de terres donne plus de
"liberté" à l'acheteur. Il peut vendre la portion de terre
cultivée ou la transmettre à ses enfants, comme il le souhaite.
Ce qui lui confère cette liberté de disposer de ces terres, ce
sont les "papiers" signés par l'autochtone qui lui a cédé
la portion de terre. Les prix des terres varient selon les individus mais sont
circonscrits dans un canevas bien limité.
Ø Achat de plantation
Il arrive que pour diverses raisons parmi
lesquelles on pourrait citer les funérailles, mariages, voyages, etc.,
des plantations soient vendues aux étrangers. Cette sorte
d'appropriation de la terre est importante et est aussi bien le fait des
autochtones que des étrangers. La valeur vénale de ces
plantations dépend de leur étendue, de leur âge et surtout
de leur entretien. Dans tous les cas, leur valeur est estimée compte
tenu des situations particulières qui conditionnent la vente.
La vente, aujourd'hui vu les conflits suscités à
l'Ouest à propos du foncier, a lieu chez le chef du village et
très souvent en présence de témoins. Cette vente de terre
fait l'objet d'un texte rédigé en plusieurs exemplaires et
signé par les différentes parties en présence, ce texte
faisant foi en cas de litige dans l'avenir. Mais généralement,
les palmiers qui s'y trouvent ne sont pas compris dans la vente, ils restent la
propriété du vendeur.
Il y eu plusieurs cas de menace "de confiscation " des
plantations parce que le migrant refusait que l'autochtone
« donateur » vienne extraire le vin de palme dans sa
plantation, mais les différents chefs de communauté ont su
rétablir l'ordre en dédommageant l'autochtone.
Ø L'héritage
Il s'agit ici des plantations acquises par achat et non par
don. Généralement, l'héritage se fait entre migrants
ascendants et leurs descendants. En cas de maladie grave du planteur migrant,
c'est un frère venu expressément de la zone d'origine, qui prend
en main toute la famille, et l'entretien des plantations. En cas de
décès, ce sont les enfants du migrant qui héritent de tout
le patrimoine foncier acquis par achat. Dans le cas où il s'agit d'une
plantation obtenue sous la forme de don, les enfants devraient négocier
à nouveau la plantation auprès du propriétaire terrien qui
avait fait don à leur parent. Dans le cas où les enfants seraient
trop jeunes, la responsabilité échoira à un membre de la
famille.
Ø Les possessions
saisonnières
La quasi-totalité des superficies du patrimoine foncier
est aménagée pour des cultures pérennes ; or les
cultures vivrières sont aussi vitales, ne serait-ce que pour les
subsistances de la famille.
Pour palier à l'insuffisance de terres disponibles pour
les vivriers, deux possibilités s'offrent aux planteurs migrants :
recourir au tuteur pour un prêt de terre, ou louer celle-ci auprès
d'autres autochtones Gouro. Dans tous les cas, la terre est une possession
annuelle. A la fin de chaque récolte, elle revient à l'autochtone
qui la met en jachère.
La valeur vénale varie en fonction de l'étendue
et du nombre d'années de jachère.
III : ORGANISATION POLITIQUE
III-1 : Chez les autochtones
Dans la tradition Gouro, il existe le Chef de village et le
Chef de terres ou le Térézan43(*).
L'autorité du Chef de village de Kanzra s'étend
sur tout le territoire du village, c'est-à-dire l'espace du village et
tous ses 41 campements.
A Kanzra, la chefferie occupe une place importante dans
l'organisation et le fonctionnement du village.
Le Chef du village travaille de concert avec le
Térézan qui est le gardien de la tradition, mieux le
sacrificateur, c'est-à-dire l'intermédiaire entre les
ancêtres et les villageois. Cette chefferie de terre est
héréditaire, c'est-à-dire qu'elle se transmet en principe
dans une même génération du frère aîné
au frère cadet avant de passer à la génération
suivante.
Mais aujourd'hui, depuis l'année 2007, les
Térézans réclament la chefferie villageoise à
Kanzra. Pour eux ils seraient les propriétaires du village et que cette
institution, d'un point de vue coutumier, leur reviendrait. C'est donc, dans ce
conflit de positionnement politique que baigne le village.
Il faut dire que le Chef de village de Kanzra est le Chef du
canton Mangourou, ce qui fait de Kanzra, le centre du canton. Le canton
comprend les villages, Kanzra, Nenezra, Srazra, Blablata, Kouablezra,
Zanworofla, Goïzra, Bonifla et de Zorofla.
Devient Chef de village, un originaire du village ayant un
esprit de chef (sage, éloquent, et surtout rassembleur).A ces
conditions, les Térézans veulent imposer une autre condition
c'est-à-dire qu'il faudra appartenir à leur lignage.44(*)
Les différents Chefs qui se sont succédés
et leurs différents lignages depuis la création du village
jusqu'en 2008.
Sah Bi Kan : Kanninnin qui aurait donné son nom
au village.
Bah Bi Gouli : membre du lignage Bolaninnin
Kalou Bi Goï : membre du lignage Bronninnin
Goï Bi Dri: membre du lignage Bronninnin
Kambo Bi Tra: membre du lignage Bronninnin
Kambo Bi Vaouli: membre du lignage Bronninnin 1958-1974
Kambo Bi Gooré: membre du lignage Bronninnin
1974-1984
Kambo Bi Kambo: membre du lignage Bronninnin 1984-1987
Goï Bi Glouzan: membre du lignage Bronninnin
1987-1993
Tra Bi Kié Gilbert: membre du lignage Bronninnin
1993-2003
Huety Bi Bohou: membre du lignage Bolaninnin 2004
Dans cette organisation politique, il faut dire que les
migrants n'y sont pas invités. La chefferie politique est strictement
réservée aux "fils du village".
Pour les Gouros de Kanzra, le Chef de village régule
les rapports entre les hommes sur l'espace du village. Mais, le Chef de terre
ou le Térézan est le lien entre la société humaine
visible et les ancêtres. Il est l'intermédiaire des
volontés des ancêtres envers la population.
III-2 : Chez les migrants
Il s'agit à Kanzra des koyakas, des burkinabés,
des baoulés, des maliens, des gouros de Gohitafla, des senoufo. Ce sont
ces communautés qui ont une organisation politique. En effet ces
communautés ont un chef qui est généralement (dans tous
ces groupes selon nos entretiens) le sage ou le premier des nouveaux
arrivés. Sa désignation est pareille chez tous ces peuples :
le consentement de tous les membres du groupe. Il faut que le prétendant
soit sage, disponible et surtout rassembleur. Le chef de communauté a la
gestion des affaires internes du groupe et est le représentant des
migrants auprès des instances villageoises. Et tout cela est construit
socialement.
Il faut noter que les autochtones ne participent pas à
la désignation de ces différents chefs de communautés.
III-3 : Le règlement des
litiges à Kanzra
Il ressort des entretiens tenus sur le terrain, de part et
d'autre qu'il n'y a pas de différence majeure au niveau du
règlement des litiges.
Autochtones, allochtones et allogènes soulignent que la
chefferie du village règlent les problèmes de la même
manière et que d'ailleurs il est rare de voir des allochtones et
allogènes convoqués à la chefferie. Les problèmes
intercommunautaires se règlent entre différents chefs de
communauté. Lorsqu'il n'y a pas d'issue favorable l'on a recours
à la chefferie villageoise qui "tranche." Quand il s'agit d'un
problème à l'intérieur d'une communauté, le chef
de cette communauté est habilité à le résoudre.
Au regard de tout ce qui précède, nous
déduisons que le niveau politique est le mécanisme qui favorise
les différenciations à toute la société, dans la
mesure où c'est cette instance à Kanzra qui permet aux
autochtones Gouro de conserver leur identité et d'assurer leur
autochtonie. Il faut dire que ce sont les Gouro autochtones par la chefferie
qui règlent les litiges tout en associant les autres responsables de
communauté45(*)
.Toutes les décisions concernant le village viennent de la chefferie du
village.
CHAPITRE V : LES LOGIQUES ET LES MECANISMES DE
DIFFERENCIATION A KANZRA
I : AU NIVEAU POLITIQUE
Kanzra fonctionne au niveau politique dans un système
de chefferie. La chefferie a un regard sur tout ce qui se passe dans le
village.
Le pouvoir politique appartient aux autochtones. De fait, la
désignation du chef relève exclusivement de la compétence
des Kouins.
Les différents chefs des allochtones et des
allogènes sont associés à cette gestion du pouvoir que
lorsqu'il s'agit d'un règlement de conflit intercommunautaire46(*).
A la question de savoir si un "étranger 47(*)" pouvait être chef, tous
ont répondu par la négative y compris les autochtones et dans
cette même perceptive, le chef malinké dira
que : « la désignation du chef du
village est réservée uniquement aux fils du village48(*) car tous ceux qui sont
étrangers ne doivent pas parler dans ça. On connaît notre
place dans le village. On n'est pas chez nous ici
(...) ».
Cette mise à l'écart pour les migrants est
liée à l'idéologie de l'autochtonie en ce sens que les
migrants eux-mêmes se construisent comme ceux qui sont venus d'ailleurs
et les Gouro de Kanzra comme les "fils du village" pour parler des
propriétaires de terre.
II : AU NIVEAU SOCIOCULTUREL
Les croyances religieuses sont mobilisées comme moyens
de sociabilité qui laissent transparaître idéologiquement
un ensemble de conduites partagées par les migrants.
D'abord, on constate que les rapports au cimetière
laissent clairement percevoir des différenciations identitaires
basées non seulement sur l'appartenance ethnique mais aussi sur
l'appartenance religieuse. De fait, il existe deux cimetières à
Kanzra : Celui des migrants musulmans, situé à
proximité de leur quartier dont l'usage est strictement
réservé aux musulmans et celui des autochtones, situé
à la sortie du village.
Aussi, à la question de savoir pourquoi les migrants
ont leur cimetière différent de celui des autochtones de Kanzra,
un "doyen" du village nous dit ceci : « il n'y a pas
de moment pour les djoula49(*) pour enterrer leur cadavre. Nous n'aimons pas
qu'à chaque fois, à tout moment, on entre dans notre
cimetière pour enterrer. Et puis, ils sont loin de notre
cimetière et ils prennent leur cadavre pour traverser tout le village.
Nous, On aime pas ça, voilà pourquoi on a donné terres
derrière eux pour faire pour eux. Là, on ne va pas se
mélanger. Et puis pour éviter
problèmes ».
A travers ces propos, nous pouvons dire que les
différenciations au niveau des cimetières s'expliquent par les
coutumes des deux catégories sociales.
Ensuite, au niveau du mariage intercommunautaire, il faut dire
qu'à Kanzra, prendre en mariage une fille burkinabé (mossi ou
folaga) est un "parcours du combattant", en ce sens que les parents exigent que
le prétendant se rende au Burkina Faso pour demander la main de la fille
en question à ses oncles restés au pays.
Cette barrière idéologique que les migrants
burkinabés développent est plus forte lorsqu'il s'agit d'un
individu appartenant à une autre confession religieuse50(*).
Il est plus simple pour un migrant de contracter un mariage
avec une autochtone Gouro mais les migrants de Kanzra disent avoir peur de
dépenser.
Car selon un jeune migrant mossi (c'est-à-dire l'un des
fils du chef de la communauté burkinabé
prénommé Yacouba): « Quand tu
épouses une fille Gouro, c'est l'argent tu dépenses. Quand elle
meurt encore, on vient te demander pourquoi elle est morte. Et puis, tu dois
payer boeuf pour faire funérailles, on dirait fête et puis chaque
fois tu donnes l'argent à tes beaux. Nous, on n'est pas venu pour
ça. C'est pour ça on reste entre
nous ».
III : AU NIVEAU SYMBOLIQUE
L'une des conséquences les plus manifestes de ces
formes de différenciation à Kanzra reste la structuration de
l'espace.
La mise à l'écart spatiale est
matérialisée à Kanzra par la construction de quartiers
avec des assignations identitaires.
On a le quartier des Gouro de Kanzra, celui des mossis
nommé Mossibougou, le quartier des Gouro de Gohitafla, le quartier des
malinkés appelé Djoulabougou.
Cela trouve son explication dans le souci de
préservation des valeurs culturelles et sociales. Il s'agit bien
évidemment de la construction sociale d'une incompatibilité des
moeurs. Cette incompatibilité trouve son origine dans les
différences de valeurs, de coutumes, d'habitudes et les moeurs des
catégories sociales. Ce qui s'accompagne de phénomènes
sociaux tels que la constitution d'unités politiques, culturelles et
sociales.
CHAPITREVI : LES REPRESENTATIONS SOCIALES ET LE
FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS
INTERETHNIQUES
I : L'INSTITUTION DU TUTORAT ENTRE AUTOCHTONES ET
MIGRANTS
Cette institution agraire à Kanzra permet d'une part
au migrant de s'intégrer dans le village et d'autre part de maintenir la
cohésion sociale.
En effet, toutes les communautés migrantes
perçoivent les Gouro de Kanzra comme leur tuteur de façon
générale. Quand le migrant malinké parle de son
djatigui,51(*) il fait
allusion à son tuteur, de celui qui l'a accueilli, de celui qui lui a
donné une portion de terre pour subvenir à ses besoins. Le
migrant baoulé parlera de "Sikéfoué" celui qui offre un
toit, un gîte, un logis. Le tuteur est perçu comme un père
pour le migrant. C'est pourquoi par exemple les baoulés nomment
« N'si 52(*)» tout autochtone qui leur donne, ou leur vend
une portion de forêt. C'est pareil pour les autres migrants, surtout chez
les allogènes africains qui sont sédentarisés à
Kanzra.
Le chef malinké nous dira dans l'un de nos entretiens
sur l'organisation politique à Kanzra et en particulier la chefferie du
village, que « si le père et la mère se
disputent une natte, les enfants n'ont rien à dire. Ils (les enfants)
iront se coucher la nuit, chez celui qui aura gardé la
natte. »
Cette citation du chef malinké Bamba montre comment
eux-mêmes migrants construisent le Gouro de Kanzra (tuteur) comme parents
biologiques qui doivent leur donner (migrants) ce dont ils ont besoin pour leur
survie.
Cela montre de façon explicite que le tuteur est celui
qui occupa en 1ère position le site du village donc
propriétaire de toutes les ressources foncières et même
humaines. Cette reconnaissance du "droit de propriété" sur le
foncier qu'ont les migrants à l'égard du tuteur se
matérialise par la remise symbolique de certains dons contre prestation
par exemple un poulet, de la boisson forte ou par le reversement au tuteur
d'une partie de la production annuelle ou encore par "l'assistance" du tuteur
en cas d'évènements sociaux particuliers (décès,
fêtes ...etc.). Le tuteur peut aller jusqu'à menacer d'expulser
l'hôte de ses terres si celui-ci ne s'inscrit pas dans cette logique.
II : LES ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS SUR LE
FONCIER
Disons qu'à Kanzra, ces arrangements sont de deux
ordres que sont
Selon que le migrant veuille se faire une plantation ou selon
qu'il veuille créer un bâtiment à usage commercial.
Lorsqu'il s'agit de créer une plantation, contrairement
à la première vague des migrants qui ne disposent d'aucun
document relatif soit à l'achat soit à la dotation de la portion
mise en valeur, les nouveaux migrants ayant eu écho des menaces "de
spoliation " de plantations par les nouvelles générations de
jeunes autochtones et limiter les incertitudes et les risques de la vie
quotidienne à Kanzra, ils (les nouveaux migrants) utilisent des
règles, des procédures et des formes de contrat qui leur
permettent de sécuriser leurs acquis. Cela, à travers des papiers
signés par certains acteurs dont le tuteur, l'hôte et le chef de
village, accompagnés chacun d'un témoin.
Aujourd'hui, toutes les communautés migrantes en
général et en particulier, les burkinabés, conviennent
pour dire qu'avant « de payer une plantation, on fait
papier d'abord chez le chef :
Et celui qui n'a pas fait papier et puis il prend
forêt, faut pas quand il y'a problème il vient devant
moi ». Ces propos sont ceux du chef mossi.
Quand il s'agit de la construction de bâtiments
commerciaux, le migrant se doit de construire deux bâtiments, l'un
à usage commercial (soit boutique, magasin de stockage) et l'autre
à usage de dortoir dans la cour de l'autochtone.
Pendant donc les 5 à 10 premières53(*) années, les
bâtiments sont à la propriété du migrant. A la fin
de cette période consensuelle, les bâtiments reviennent
définitivement à l'autochtone qui pourra en user en toute
liberté.
Pendant notre séjour, nous avons pu voir les
bâtiments qu'un migrant burkinabé avait déjà
construits et dont les dépenses effectuées se sont
élevées à 1 785 000 francs CFA et qui devrait
lui profiter durant les 10 premières années. Aussi, avons-nous pu
voir un autre migrant mauritanien, signer un contrat de bail similaire au
premier cas chez le chef du village avec un autre autochtone pour une
durée de 5 ans.
Ces types d'arrangements (institués) à Kanzra
s'expliquent par la volonté de faire participer les migrants à
leur épanouissement en ce sens que pour les autochtones, la terre sur
laquelle ces migrants "amassent" fortune est leur propriété et
cette propriété leur est reconnue par tous les migrants.
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural16.png)
Photo
n°12 : Le chef du village lors de l'élaboration
d'un
contrat de bail avec un migrant mauritanien.
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural17.png)
![](differenciation-spatiale-et-identite-sociale-en-milieu-rural18.png)
Photo n°15 : Les deux bâtiments
construits par un migrant après l'élaboration d'un contrat de
bail.
Le premier est construit dans la cour de l'autochtone
qui a octroyé l'espace utilisé pour la construction du second
à usage commercial. Après 10 ans la boutique deviendra la
propriété exclusive de l'autochtone.
CHAPITRE VII : LES ENJEUX SOCIAUX DE
DIFFERENCIATIONS A KANZRA
I : AU NIVEAU POLITIQUE
L'espace du village pris comme un champ peut être
découpé en plusieurs "sous-champs" correspondant aux
différentes pratiques et institutions sociales (la politique, les
cimetières, l'habitat). Il s'agit ici du champ politique, qui est
à la fois un champ de force structuré par les positions
dominantes qui détiennent les distances à respecter entre les
agents du champ, et un champ de luttes pour les conquêtes de positions
dominantes.
Alors qu'est ce que les agents gagnent-ils à
se différencier au niveau politique et quelles sont ses influences sur
les rapports interethniques ?
En effet, le migrant tout en quittant son milieu d'origine
déconstruit tout un système de pouvoir ou des rapports politiques
avec les siens pour ensuite le reconstruire dans le lieu d'accueil. Il cherche
à reconstruire son identité politique à travers la
continuité du modèle dont il est issu dans son milieu d'origine.
Ligui Arnaldi (2006) explique ce fait par une recherche
d'autonomie à travers une volonté des migrants de constituer des
unités politico-administratives indépendantes par rapport aux
villages autochtones. En même temps, l'autonomie administrative
n'entraine pas une délimitation territoriale ni d'établissement
de droit sur un territoire donné. Elle ne change pas non plus les
relations politiques entre le village de migrant et celui des autochtones. Or,
cette disposition à construire une entité politique, n'est pas
naturelle. Il s'agit bien d'une relation de réflexivité dans
laquelle A entraine B c'est-à-dire que cette constitution
d'unités politiques n'est pas "mécanique" mais elle est la
résultante du refus que les migrants participent au jeu politique du
village. En clair, cette constitution d'unités politiques rentre dans le
compte d'une stratégie de subversion qui a pour objectif de
dévaluer les noms dominants c'est-à-dire les autochtones (le cela
va de soi : un migrant ne doit pas participer à la vie politique du
village) ainsi que le capital qui lui est associé, c'est-à-dire
« étrangers ». A cet effet, les
différentes communautés disposent chacune d'un chef et son
organisation, dans laquelle organisation les autochtones ne sont pas
également associés.
Cette organisation rend le migrant autonome vis-à-vis
du village hôte. Pour donc dominer ce champ politique, les moyens
qu'utilisent les autochtones est l'idéologie de l'autochtonie.
II : AU NIVEAU SOCIOCULTUREL
Notons que chaque champ est relié aux autres mais chacun
d'eux possède son autonomie.
Au niveau socioculturel, le fait que le migrant quitte son
milieu d'origine. Il est fragilisé culturellement face au système
culturel qu'il trouve sur son lieu d'accueil .Il développe un
comportement rationnel et stratégique en réaction aux contraintes
de l'organisation sociale et culturelle du groupe d'accueil. Cette
stratégie consiste à reproduire le système social et
culturel du groupe d'origine dans un nouvel environnement avec ses contraintes.
L'agent produit des valeurs pour compenser les valeurs sociales politiques,
culturelles et économiques du milieu d'origine. Ainsi il reste
attaché aux valeurs sociales et culturelles de son milieu d'origine. Ce
transfert des valeurs ou pratiques du milieu d'accueil a pour fonction
d'éviter une déculturation c'est à dire que ce processus
vise à maintenir la relation avec son lieu d'accueil. Mais cette
façon de concevoir ou de construire son identité est aussi le
fait des autochtones. Par exemple l'accès à la forêt
sacrée est scrupuleusement réservée aux Kouins, parce
qu'à travers cette forêt ils s`identifient, ils se construisent
comme différents des autres Gouro de Gohitafla d'une part et des autres
groupes ethniques d'autre part.
Il s'agit là d'une double logique de
préservation identitaire de la part des autochtones d'une part et des
autres migrants d'autre part. Et cela à travers des dispositions
à se construire "autochtones" pour les uns et "étrangers" pour
les autres.
Cette disposition est transmise de génération en
génération de façon inconsciente par les agents qui
l'acceptent comme allant de soi et devient une norme commune dans le champ.
Alors cet habitus conditionne la vie socio culturelle à travers
plusieurs indicateurs tel que le séparatisme au niveau des
cimetières, le refus de certains migrants de donner en mariage leur
fille aux autochtones Gouro en général et en particulier tous
ceux qui n'ont pas les mêmes croyances religieuses.
III : AU NIVEAU SYMBOLIQUE
La structuration du champ(le village) avec des assignations
identitaires répond au souci de préservations des valeurs
culturelles et sociales.
On peut parler de la fabrication sociale d'une
incompatibilité des moeurs. Cette incompatibilité trouve son
origine dans la différence de valeurs, de coutumes, d'habitus et de
moeurs. Plus concrètement les acquis socio-ethniques des migrants son en
bute avec ceux des populations autochtones. Ainsi par exemple le masque
sacré des Kouins « djèh » défendu aux
femmes s'applique aussi aux femmes issues des communautés des migrants.
Cela indispose les migrants et donc pour éviter les incidents, le
premier migrant s'est installé hors du village.
Aussi les Gouros estiment que les malinkés enterrent
toujours leurs morts sans tenir compte de leurs ancêtres. Or dans leurs
traditions toutes les heures ne sont pas indiquées pour aller au
cimetière. C'est pourquoi ils donnèrent aux migrants un espace
pour construire leur cimetière.
![]()
Les modalités d'installation et d'insertion des
migrants et surtout allogènes et allochtones dans les zones de
colonisation agricole de la Côte d'Ivoire ont constitué l'objet de
cette étude. Dans l'optique d'éclairer cet objet, nous avons
mené des enquêtes à Kanzra, un village de la
sous-préfecture de Zuénoula. Ce village est constitué de
communautés sédentarisées (allochtones et
allogènes).
Cette sédentarisation à Kanzra s'est
accompagnée d'un séparatisme spatial entre Gouro autochtones et
migrants.
Ce faisant, nous nous sommes posés la question de
savoir pourquoi une telle différenciation sachant qu'elles (ces
communautés) habitent le même terroir villageois.
Pour donc élucider cette préoccupation, nous
avons cherché à analyser les enjeux sociaux et les ressources
sociales de différenciation et leur influence sur le fonctionnement des
rapports interethniques à Kanzra. Pour atteindre cet objectif, nous
avons émis l'hypothèse selon laquelle la différenciation
spatiale à Kanzra est liée à une logique de
réactivation identitaire de la part des autochtones. Et ce, dans le
souci de contrôler les ressources villageoises.
Afin donc de rassembler des données pour
vérifier cette hypothèse, nous avons eu des entretiens avec les
chefs de communautés installés dans les villages. D'autres
personnes ressources telles que les autorités administratives de la
sous-préfecture, des patriarches du village. Nous avons aussi
utilisé l'analyse du contenu et plus précisément l'analyse
thématique comme méthode d'analyse.
De cette étude, il ressort que les enjeux de ces formes
de différenciation est de contrôler les ressources sociales du
village.
En clair, la mise à l'écart spatiale des
migrants dans le village de Kanzra s'est accompagnée d'une certaine
structuration des rapports sociaux entre les communautés ethniques.
Si pour les autochtones, il a été question de
préservation de l'autochtone pour le contrôle des ressources
sociales, les migrants eux trouvaient l'occasion de constitution de
communautés à base ethnique dans l'optique de renverser cette
domination dans le champ.
Alors comme effet, cette mise à l'écart spatiale
des migrants a renforcé leur repli sur la chefferie du village.
Au plan culturel, on a la séparation des
cimetières, la reproduction des migrants sur la base des
identités ethniques.
Au plan symbolique, la non modernisation du cadre de
l'habitat.
![]()
I- DICTIONNAIRES
BALANDIER Georges et MAQUET Jacques, 1968, Dictionnaire
des civilisations africaines, Paris, Fernand Hazan
éditeur
BIROU A, 1966, Vocabulaire pratique des sciences
sociales, Paris, les Editions Ouvrières
CAZENEUVE J., La sociologie et les sciences de la
société
ETTIENNE F, Dictionnaire de Sociologie les Notions,
les mécanismes et les auteurs.
GILLES FEREOL (1996), Dictionnaire de Sociologie,
Paris Edition Armand Colin 3ème édition
THINES G et LEMPEREUR A, 1975, Dictionnaire
général des sciences humaines, Paris, Ed.
Universitaires.
II- OUVRAGES DE METHODOLOGIE
BLANCHET A. et GOTMAN A., 1992, L'enquête et
ses méthodes : l'entretien, Paris, Ed. Nathan
GRAWITZ M., 1996, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 10ème édition
JEAN COPANS, L'enquête ethnologique de
terrain, Edition Armand Colin
PAUL N'DA, 2002, Méthodologie de la
recherche : de la problématique à la discussion des
résultats, Abidjan EDUCI, 2ème Edition.
III- OUVRAGES GENERAUX
ARIAN DELUZ, Organisation sociale des
Gouro.
MEILLASSOUX CLAUDE, 1964, Anthropologie
économique des Gouro de Côte d'Ivoire. De l'économie
de subsistance à l'agriculture commerciale, Paris, Edition
MOUTON.
IV- REVUES, ARTICLES, THESES RELATIFS A LA MIGRATION, AU
FONCIER ET A LA SEDENTARISATION EN MILIEU RURAL
ABE ROMOE D'Alépé, Rapport interethnique
et intégration des allochtones en milieu rural : cas de grand
Alépé sous-préfecture d'Alépé.
Abidjan, Mémoire de Maitrise de sociologie,
université Cocody
ARNALDI DI BALME, 2006, Migrations, relation
foncière et construction d'un espace villageois dans l'Ouest du
Burkina-Faso : Le cas de trois villages Moose dans la vallée du
Mouhoun in, colloque "international les frontières de la
question foncière" Montpelier 2006
BIENVENU ZONOU, 2006, Dynamique foncières dans
l'ouest du Burkina Faso : De l'inclusion à l'exclusion, un
processus de réactivation identitaire in, colloque
"international les frontières de la question foncière" Montpelier
2006
CECILE JACQMIN et ERIC PENOT, 2006, Pression
foncière et différenciation sociale au Nord Ouest de la province
de Kompong cham-Cambodge in colloque international les
frontières de la question foncière Montpelier
2006
CHAUVEAU JEAN-PIERRE(2000) « Question
foncière et construction nationale en côte d'ivoire Les enjeux
silencieux d'un coup d'Etat », politique africaine, vol
78 :94-125
CHAUVEAU JEAN-PIERRE et DOZON JP, 1985, Colonisation
d'économie de plantations et société civile en Côte
d'Ivoire, ORSTOM.
CRISTELLE BONNET- BONTEMPS,2006, Modes d'accès
à la terre et fondement de l'ordre social. Le tutorat en question sur le
terroir villageois de Degué-Degué (Burkina Faso) in,
colloque "international les frontières de la question foncière"
Montpelier 2006.
DOEVERSPECK MARTIN, 2004, Migration rurales
accès au foncier et rapports interethniques au Sud du Borgou
(Bénin), in Africa Spectrum, Benin.
ISAACMAN ALLEN ET PETERSON DEREK, Making the chikunda:
Military slavery and ethnicity in southern Africa, 1750-1900, in the
international journal of African historical studies 2003, vol.36 n°2
pp257-281. Ed African studies center, Boston, Ma, Etats-unis (1972)
JACQUES LEPE TOKPA, 2002, La main d'oeuvre africaine en
cote d'ivoire de 1903a 1939 in revue ivoirienne d'histoire,
n°1-2002, Edition universitaires de cote d'ivoire
KONE MARIETOU,2006, Foncier Rural, citoyenneté
et cohésion sociale en Côte d'Ivoire : la pratique du tutorat
dans la sous préfecture de Gbogbué, in colloque
international "les frontières de la question foncière" Montpelier
2006.
KOUASSI DJA FLORE,2006, Différenciation ethnique
et pouvoir politique villageois : cas de Doukouya dans la
sous-préfecture de Oumé.
Abidjan, Mémoire de Maitrise de sociologie,
université cocody
MICHELLE J. et GUY R., 1971, Aspect des relations
interethniques dans les pays d'Outre Mer d'expression
français ,in Ethnies. Colloque franco-britannique sur les
relations raciales en France et en Grande Bretagne, Paris, MOUTON, La
haye, vol. 1, pp. 109-126.
N'GUESSAN ZOUKOU L, 1982, immigration,
développement économique et intégration nationale dans la
région de Oumé : Côte d'Ivoire, Paris
thèse de doctorat 3ème cycle, I.G
OLIVIER SERVAIS, Economie institutionnaliste des
croyances, essai de fondement à partir de l'Habitus de la disposition
pragmatique
SITA ZAGOURI,2006, Tutorat et pratique foncière
migrants entre pouvoir de la terre et pouvoir des « dieux »
à Bougnounou (province du Ziro- Burkina faso) in, colloque
"international les frontières de la question foncière" Montpelier
2006
YAO GNABELI ROCH, 2005, Sédentarisation et non
modernisation de l'habitat chez les allogènes en milieu rural
ivoirien, Revue Africaine d'Anthropologie, Nyansa-pô,
n°2
V- WEBOGRAPHIE
ISABEL RODRIGO Les identités sociales dans l'espace
social agricole, CIHEAM- option méditerranéen,
www.google.fr
NOUVELLE SOCIOLOGIE : Le constructivisme structuraliste
de Pierre Bourdieu,
www.google.fr
PAUL VINACHES, l'habitus : concept médiateur,
www.google.fr
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.....................................................................07
CHAPITRE I : LA CONSTRUCTION DE L'OBJET
D'ETUDE................09
I : PROBLEMATIQUE DE
RECHERCHE..........................................09
II : REVUE DE LA
LITTERATURE.................................................13
III : LES OBJECTIFS DE
L'ETUDE.................................................22
III-1 : L'objectif
général........................................................22
III-2 : Les objectifs
spécifiques................................................22
IV: LA CONSTRUCTION DU MODELE
D'ANALYSE.........................23
IV-1 : L'hypothèse de
recherche..............................................25
IV-2 : La définition et opérationnalisation
des concepts..................26
CHAPITRE II : LA METHODOLOGIE DE
L'ETUDE..........................29
I : LES DELIMITATIONS DU CHAMP DE
L'ETUDE...........................29
I-1 : Le champ
géographique...................................................29
I-2 : Le champ
social............................................................29
II : LES TECHNIQUES DE COLLECTE DES
DONNEES.......................30
II-1 : La recherche
documentaire.............................................30
II-2 : L'observation
directe.....................................................31
II-3 : L'enquête par
entretien...................................................32
III : LA DESCRIPTION ET LA JUSTIFICATION DE LA METHODE
D'ANALYSE.............................................................................33
IV : LES CONDITIONS SOCIALES DE L'ENQUETE ET LES
DIFFICULTES DE
L'ETUDE.........................................................33
CHAPITRE III : PRÉSENTATION DE LA
ZONE D'ETUDE..................37
I- PRESENTATION DE LA SOUS
PREFECTURE................................37
I -1: ASPECTS
PHYSIQUES.........................................................37
I-1-1 : Situation
géographique................................................37
I-1-2 : Climat et
hydrographie................................................38
I-1-3 : Le sol et La
végétation.................................................38
I-2 : ASPECTS
HUMAINS.............................................................39
II : PRÉSENTATION DU
VILLAGE................................................40
II - 1 : CARACTERISTIQUES
SOCIODEMOGRAPHIQUES..................40
II - 2 : DESCRIPTION DE L'ESPACE DU
VILLAGE...........................41
II - 3 : HISTORIQUE DE LA FONDATION DU
VILLAGE....................45
II- 4 : LE PROCESSUS DE SEDENTARISATION DES MIGRANTS A
KANZRA.................................................................................46
CHAPITRE IV: ORGANISATION SOCIALE DU
VILLAGE..................49
I : ORGANISATION
SOCIOCULTURELLE......................................49
II : ORGANISATION ECONOMIQUE ET
FONCIERE..........................52
II-1 : Organisation
économique...............................................52
II-2 : Organisation foncière :
modalités d'acquisition des terres à
Kanzra........................................................................55
III : ORGANISATION
POLITIQUE................................................58
III-1 : Chez les
autochtones...................................................58
III-2 : Chez les
migrants.......................................................59
III-3 : Le règlement des litiges à
Kanzra.....................................60
CHAPITRE V : LES LOGIQUES ET LES MECANISMES DE
DIFFERENCIATION A KANZRA..................................................61
I : AU NIVEAU
POLITIQUE........................................................61
II : AU NIVEAU
SOCIOCULTURE.................................................62
III : AU NIVEAU SYMBOLIQUE
..................................................63
CHAPITRE VI : LES REPRESENTATIONS SOCIALES ET LE
FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS INTERETHNIQUES.................64
I : L'INSTITUTION DU TUTORAT ENTRE AUTOCHTONES ET
MIGRANTS............................................................................64
II : LES ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS SUR LE
FONCIER.....65
CHAPITRE VII : LES ENJEUX SOCIAUX DE DIFFERENCIATIONS A
KANZRA...............................................................................68
I : AU NIVEAU
POLITIQUE.......................................................68
II : AU NIVEAU
SOCIOCULTUREL.............................................69
III : AU NIVEAU
SYMBOLIQUE.................................................70
CONCLUSION
GENERALE....................................................... 72
BIBLIOGRAPHIE....................................................................75
TABLE DES
MATIERES............................................................
81
ANNEXES.............................................................................84
![]()
ANNEXE I: LES GUIDES D'ENTRETIEN DE
L'ENQUETE
I- GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX AUTORITES ADMINISTRATIVES
DE LA SOUS- PREFECTURE DE ZUENOULA.
A- Présentation générale de la
Sous- préfecture
1. Quelle est la superficie de la Sous-préfecture?
2. Combien de villages compte la Sous-préfecture?
3. Quelle est la population considérée comme
autochtone?
4. Quel est l'effectif total de la population de la
Sous-préfecture?
5. Quelle est sa couverture en électricité, en eau
potable, et au plan
Sanitaire?
6. Pouvez-vous situer géographiquement le village de
Kanzra?
7. Quel est l'effectif de sa population?
B- Structuration spatiale du village
1- Quels sont les groupes ethniques dans ce village?
2. Quel est l'effectif de chaque groupe ethnique?
3. Depuis quand le village fait-il parti de votre
Sous-préfecture?
4- Kanzra est-il loti ? Si oui, depuis quand?
5- Les allochtones, les allogènes et les autochtones
partagent-ils le même quartier?
6-Y a-t-il des quartiers réservés à chaque
groupe ethnique du village?
C- Organisation politique et sociale
1. Qui est le chef du village à Kanzra ?
2. Comment se fait la désignation du chef de village
à Kanzra?
3. Quels sont ses rapports avec la Sous-préfecture?
D- Structuration foncière et économique
du village
1. Comment devient-on propriétaire de terre à
Kanzra
2. Existe-t-il des critères particuliers pour son
acquisition?
3. Quelles sont les principales activités
économiques du village?
E- Les pratiques coopératives
1. Combien de coopératives compte le village de Kanzra?
2. Quand a été crée la première de
Kanzra ?
3. Combien de coopératives sont-elles reconnues à
la Sous-préfecture?
II- GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX AUTOCHTONES
THEME 1 : Organisation sociale
du village.
A- Historique et peuplement
1-Comment et quand fut crée Kanzra?
2-Que signifie Kanzra?
3-Comment s'est faite votre installation à Kanzra?
4-Quelles sont les autres communautés qui vivent avec vous
à Kanzra?
5-comment et quand les autres communautés sont-elles
arrivées à Kanzra?
B- Structuration spatiale du village
1-Combien de quartiers compte Kanzra?
2-Quel est le plus grand quartier de Kanzra?
3-Partagez-vous les mêmes quartiers avec les autres groupes
ethniques?
4-Combien de grandes familles compte Kanzra?
5-Partagez-vous les mêmes cimetières avec les autres
communautés?
6-Partagez-vous les mêmes places publiques avec les autres
groupes ethniques?
7-Est il possible pour les autres communautés de
construire dans vos quartiers?
8-Les autres communautés peuvent elles habiter les
mêmes quartiers avec vous?
C -Au plan socioculturel
1-Existe-t-il des mariages interethniques à Kanzra?
2-Existe-t-il des associations interethniques à Kanzra?
3-Quels sont les sources de conflits entre les autres
communautés et vous?
4-Quelle est la plus ancienne communauté allochtone et
allogène de Kanzra?
5-Participez-vous aux cérémonies ou fêtes des
autres communautés?
6-Quels sont vos totems et interdits?
7-Les autres communautés respectent-elles ces totems et
interdits?
8-quelles sont vos coutumes?
D -Au plan économique et
foncier
1-Quelles sont les principales activités
économiques à Kanzra?
2-Quelles sont les principales activités
économiques de chaque groupe ethnique,
3-Existe-il des activités économiques exclusivement
réservées aux autochtones?
4-Existe-il des coopératives intercommunautaires?
5-Qui sont les propriétaires terriens ?
6-Comment se fait l'accès à la terre?
E - Au plan politique
1-Qui peut être chef du village à Kanzra?
2-Les autres communautés peuvent-elles participer au choix
du Chef de Kanzra ?
THEME 2 : Les logiques de différenciation entre les
autochtones et les Gouro de Gohitafla d'une part et entre les Gouro
(autochtones de Kanzra) et les autres allochtones et allogènes d'autre
part.
A- Au niveau spatial
1-Pourquoi n'habitez-vous pas les quartiers des autres
communautés et vice versa?
2-Pourquoi n'utilisez-vous pas les mêmes cimetières
avec les autres communautés?
3-Pourquoi les autres groupes ethniques ne construisent-ils pas
dans vos quartiers et vice versa?
B - Au plan socioculturel
1-Pourquoi n'épouser vous pas les filles des
burkinabés?
2-Pourquoi ne célébrez-vous pas les mêmes
sorties de masques avec les Gouro de Gohitafla ?
C - Au plan économique et
foncier
1-Pourquoi n'avez-vous pas une seule coopérative
regroupant toutes les autres communautés?
2-Pourquoi les Gouro de Gohitafla ne peuvent pas être
propriétaire foncier?
D - Au plan politique
1-Pourquoi les membres des autres communautés ne peuvent
pas être chef de Kanzra?
2-Pourquoi les autres groupes ethniques ne peuvent pas participez
à la désignation du chef de village de Kanzra?
E - Au plan de la participation à la
construction des infrastructures locales
1-Est-ce que les autres communautés participent-elles
à la modernisation du village?
2-Pourquoi les autres communautés ne construisent-elles
pas en dur à Kanzra?
THEME 3 - Représentation sociales que se font les
Gouro (autochtones) des Gouro de Gohitafla d'une part et les autres allochtones
et allogènes d'autre part.
A- Au plan idéologique et
symbolique
1-Pourquoi vous êtes Gouro et vous précisez (nommez
les autres Gouro) Gouro
D'ailleurs?
2- Que pensez-vous de la culture des autres
communautés?
3-Ne ne regrettez-vous pas la présence des autres
communautés au sein du village?
4-Contribuent-ils au développement local?
5-Que représente la terre pour vous?
6-Que représente le chef pour vous?
7-Que représentent les totems et interdits pour vous?
8-Respectez-vous les totems et interdits des autres
communautés au sein du village ?
B-plan de la construction identitaire
1-Qui considère-t-on comme Gouro de Kanzra?
2-Les Gouro de Gohitafla d'une part et les autres groupes
ethniques peuvent-ils devenir fils du village?
3-Quelles sont les conditions pour devenir fils du village ?
4- Qui sont vus comme des étrangers à Kanzra ?
III -GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX GOURO DE GOHITAFLA
THEME 1 : Organisation sociale
du village.
A- Historique et peuplement
1-Comment et quand êtes-vous arrives à Kanzra?
2-Savez vous comment le village à -il été
fondé?
3-Quelle est la plus ancienne communauté parmi les
allochtones et les allogènes de Kanzra?
B- Structuration spatiale du vil1age
1 -Combien de quartiers compte Kanzra?
2-Quel est le plus grand quartier de Kanzra?
3-Partagez-vous les mêmes quartiers avec les autres groupes
ethniques?
4-Combien de grandes familles compte Kanzra?
5-Partagez-vous les mêmes cimetières avec les autres
communautés en général et les Gouro de Kanzra en
particulier?
6-Partagez-vous les mêmes places publiques avec les Gouro
de Kanzra en particulier et les autres groupes ethniques en
général?
7-Est il possible pour les autres Gouro en particulier et les
autres communautés en général de construire dans votre
quartier?
8-Les autres communautés en générale et les
Gouro de Kanzra en particulier peuvent ils habiter le même quartier avec
vous?
C- Au plan socioculturel
1-Est-il possible pour vous de vous marier ou de vous unir avec
les Gouro de Kanzra en particulier et les autres communautés en
général?
2-Etes vous dans des associations interethniques à
Kanzra?
3-Quelles sont les sources de conflits entre les Gouro de Kanzra
et vous d'une part et les autres communautés d'autre part?
3-Est-ce que les autres communautés participent-elles
à vos cérémonies et vice versa?
4-Quels sont vos totems et interdits?
5-Les autres communautés les respectent elles?
D - Au plan économique
1-Quelles sont les principales activités
économiques de Kanzra?
2-Acceptent-ils (les Gouro de Kanzra) que vous pratiquez toutes
sortes d'activités sur le foncier ?
3-Etes vous regroupés en coopératives?
E - Au plan politique
1-Comment êtes-vous organisés?
2-Comment désignez-vous votre chef?
3 Participez-vous au choix du chef du village de Kanzra?
4-Est ce que les Gouro de Kanzra peuvent participez au choix de
votre chef ?
THEME 2 : Les logiques de
différenciation entre Gouro de Gohitafla et ceux de Kanzra d'une part et
d'autre part entre les Gouro de Gohitafla et les autres allochtones et les
allogènes.
A- Au niveau spatial
1-Pourquoi habiter vous dans un quartier différent de ceux
des Gouro de Kanzra en particulier et avec les autres communautés en
général?
2-Pourquoi n'utilisez vous pas les mêmes cimetières
avec les Gouro de Kanzra?
3-Pourquoi ne construisez vous pas dans les quartiers des Gouro
de Kanzra en particulier et dans ceux des autres communautés en
général?
B- Au niveau socioculturel
l-Pourquoi ne participez vous pas aux cérémonies
(sortie de masques) des Gouro de Kanzra?
2-Pourquoi les burkinabés ne vous donnent pas en mariage
leurs filles?
C- Au plan économique et
foncier
1-Pourquoi n'êtes vous pas dans la même
coopérative avec les autres communautés en général
et en particulier avec les Gouro de Kanzra?
2 Pourquoi ne pouvez-vous pas être des propriétaires
terriens à Kanzra?
D - Au plan politique
1-Pourquoi n'êtes vous pas membre de la Chefferie des Gouro
de Kanzra?
2-Pourquoi ne pouvez-vous pas prendre des décisions
concernant la vie politique à Kanzra ?
E - Au plan de la participation à la
construction des infrastructures locales
1- Participez-vous à la modernisation du village?
2-Pourquoi ne construisez vous pas en dur à Kanzra?
THEME 3 : Les
représentations sociales que se font les Gouro de Gohitafla des Gouro de
Kanzra d'une part et des autres allochtones et allogènes d'autre
part.
A- Au plan idéologique et
symbolique
1-Pourquoi on vous nomme Gouro de Gohitafla?
2-Que pensez-vous des cultures des autres communautés en
général et en particulier de celle des Gouro de Kanzra?
3-Ne regrettez vous pas votre présence dans ce village?
4-Participez-vous au développement local? Si non
pourquoi ?
5-Que représente la terre pour vous?
6-Que représentent les totems et les interdits des Gouro
de Kanzra d'une part et d'autre part ceux des autres communautés?
7-Que représente pour vous le Chef des Gouro de Kanzra
d'une part et d'autre part celui des autres communautés?
B- Au plan de la construction
identitaire
1-Qui considère t-on comme Gouro de Kanzra ?
2-Pouvez vous devenir fils du village?
3-Sentez-vous étranger à Kanzra?
IV- GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX AUTRES ALLOCHTONES
ET ALLOGENES DE KANZRA
THEME 1 : Organisation sociale du
village.
A - Historique et peuplement
1-Comment et quand êtes vous arrivés à
Kanzra?
2-Quelle est la plus ancienne communauté de Kanzra?
B - Structuration spatiale du village
1-Combien de quartier compte Kanzra?
2-Quel est le plus grand quartier de Kanzra?
3-Partagez-vous les mêmes cimetières avec les Gouro
de Kanzra?
4-Partagez-vous les mêmes quartiers avec les Gouro de
Kanzra?
5-Partagez vous les mêmes espaces publiques avec les Gouros
de Kanzra?
6-Est-il possible pour vous de construire dans le quartier des
Gouro de Kanzra?
7-Pouvez vous habiter les mêmes quartiers avec les Gouro de
Kanzra?
C - Au plan socioculturel
1-Est-il possible pour vous de vous marier ou de vous unir avec
les Gouro de
Kanzra?
2-Existe-il-des associations interethniques à Kanzra?
3-Quelles sont les sources de conflits entre vous?
4-Est-ce que les autres communautés participent-elles
à vos cérémonies et vice
Versa?
5-Quels sont vos totems et interdits?
6-Les autres communautés les respectent elles ?
D - Au plan économique
1-Quelles sont les principales activités
économiques de Kanzra?
2-Acceptent-ils (les Gouro de Kanzra) que vous pratiquez toutes
sortes d'activités sur le foncier?
3-Etes vous regroupés en coopératives?
E - Au plan politique
1-Comment êtes-vous organisés ?
2-Comment désignez-vous votre chef ?
3-Participez-vous au choix du chef du village de
Kanzra ?
4-Est-ce que les Gouro de Kanzra participent au choix de votre
chef ?
THEME 2 : Les logiques de différenciation
entre allochtones, allogènes et les Gouro de Gohitafla d'une part et
entre les allochtones, les allogènes et les Gouro de Kanzra d'autre
part.
A- Au niveau spatial
1-Pourquoi habitez-vous des quartiers différents avec les
Gouro de Kanzra en particulier et avec les autres communautés en
général ?
2-Pourquoi n'utilisez-vous pas les mêmes cimetières
avec les autres communautés? Et vice versa
3-Pourquoi les autres groupes ethniques ne construisent-ils pas
dans vos quartiers et vice versa?
B - Au plan socioculturel
l-Pourquoi ne participez vous pas aux cérémonies
(sortie de masques) des Gouro de Kanzra ?
2-Est il possible pour vous d'épouser les filles des
burkinabés de Kanzra ?
C - Au plan économique et
foncier
1-Pourquoi n'avez-vous pas une seule coopérative
regroupant toutes les autres communautés?
2- Pourquoi ne pouvez-vous pas être propriétaire
foncier?
D - Au plan politique
1- Pourquoi n'êtes vous pas membre de la chefferie des
Gouro de Kanzra ?
2- Pourquoi les autres groupes ethniques ne peuvent pas
participez à la désignation du chef de village de Kanzra?
3- Pourquoi ne pouvez-vous pas prendre des décisions
concernant la vie politique à Kanzra ?
E - Au plan de la participation à la
construction des infrastructures locales
1-Participez-vous à la modernisation du village?
2-Pourquoi ne construisez vous pas en dur à Kanzra?
THEME 3 : Les représentations
sociales que se font les allochtones et les allogènes des Gouro de
Gohitafla d'une part et d'autre part des Gouro (autochtones)
A- Au plan idéologique et
symbolique
1- Que pensez-vous de la culture des autres communautés en
général et en particulier de celle des Gouro de Kanzra?
2- Ne regrettez-vous pas votre présence au sein du
village ?
3-Contribuez- vous au développement local?
4-Que représente la terre pour vous ?
5-Que représente le chef pour vous ?
6-Que représentent les totems et interdits des Gouro de
Kanzra d'une part et ceux des autres communautés d'autre part ?
7-que représente pour vous le chef des Gouro de
Kanzra ?
B- Au plan de la construction
identitaire
1-Qui considère t-on comme Gouro de Kanzra ?
2-Pouvez vous devenir fils du village?
3-Sentez-vous étranger à Kanzra?
ANNEXE II : LES DOCUMENTS RELATIFS A LA
CIRCONSCRIPTION ADMINSTRATIVE DE ZUENOULA
* 1 Chauveau jean pierre et
Dozon(jp),1985,colonisation,économie de plantation et societé
civile en Côte d'Ivoire,ORSTOM, pp6-9
* 2 3 Kouassi Dja
Flore, Mémoire de maîtrise « différenciation
ethnique et pouvoir politique villageois : cas de doukouya dans la sous
préfecture de Oumé »
* 4 Revue ivoirienne
d'histoire « La main d'oeuvre africaine en Côte d'Ivoire
de 1903 à 1939 », n°1, 2002, p 31
* 5 Kouassi Dja Flore,
Mémoire de maîtrise « différenciation ethnique et
pouvoir politique villageois : cas de doukouya dans la sous
préfecture de Oumé »
* 6 Source Institut National de
Statistique
* 7 Ces études ont
été menées dans le cadre de leurs mémoires de
maîtrise comptant pour l'année académique 2005-2006.
* 8 Groupe ethnique du Burkina
Faso présent à Kanzra avec les Mossi.
* 9Nana signifie chez le
Baoulé le doyen, le patriarche. A Kanzra cette appellation
désigne le Chef Baoulé.
* 10 Dougoutigui est le terme
utilisé par les migrants malinkés pour designer leur chef.
* 11 Les habitants de
l'actuel pays Gouro se désignaient eux-mêmes ou mutuellement de
plusieurs appellations dont aucune ne recouvre la totalité des
populations aujourd'hui qualifiées de Gouro. Les N'goï, Par
exemple,qui n'avaient autrefois de rapports étroits qu'avec les
Baoulé et les tribus voisines,se qualifient eux-mêmes de Baba
ainsi que toutes les populations de la rive droite du Bandama Ils appellent
Kwene ou Kouin (signifierait selon les Gouro,fils favori) les populations du
centre sans distinguer entre elles les divers tribus et lorubin (les gens d'en
haut) les populations du Nord. Les Lorubins au Nord Est parmi lesquels figurent
les Gouro de Gohitafla les Kwene ou kouin où l'on retrouve les Gouro de
Kanzra. Dans le cadre de cette étude nous utiliserons chaque fois le
terme Kwene ou kouin pour designer les Gouro de Kanzra et Lorubin pour nommer
ceux de Gohitafla. Voir la carte nominative des tribus Gouros dans l'annexe.
* 12 Jean Pierre Chauveau
« la question foncière en Côte d'Ivoire est le coup
d'Etat ou comment remettre à zéro le compteur de
l'histoire » pp. 11-12
* 13 Koné
Mariétou, foncier rural, citoyenneté et cohésion sociale
en Côte d'Ivoire : la pratique du tutorat dans la sous
préfecture de Gboguhé in Colloque international "les
frontières de la question foncière. Montpellier 2006, pp. 4-7
* 14 N'guessan Zoukou, L.
Immigration, développement économique et intégration
nationale dans la région de Oumé:Côte-d'Ivoire.1982,
thèse de Doctorat de troisième cycle, I.G, Paris.
* 15Roch Yao Gnabeli,
« Sédentarisation et non modernisation de l'habitat chez les
allogènes en milieu rural ivoirien », in
revue africaine d'Anthropologie, N'yansa Pô n°2 p .78
* 16 Michel(j) et Guy(R) :
Aspect des relations interethniques dans les pays d'outre mer d'expression
française, in colloque Franco-britanique sur les relations raciales en
France et en Grande -Bretagne, volume 1-1971, p109-126.
* 17 Isabel Rodrigo
« les identités sociales dans l'espace social
agricole », CIHEAM-Option Meditérannéennes,
n°12
* 18 Isaacman Allen, Peterson
Derek Making the chikunda: Military slavery ethnicity in Southern Africa,
1750-1900.
* 19 Pierre Bourdieu, le sens
pratique, les éditions Minuit , 1989 pp 88-89.
* 20 Madeleine Grawitz :
Méthodes des sciences sociales, 2è Edition, Dalloz Paris,
1974
* 21 Alain BIROU,1966
vocabulaire pratiques des sciences sociales, Paris Les éditions
Ouvriers.
* 22 Isabel Rodrigo
« les identités sociales dans l'espace social
agricole », CIHEAM-Option Meditérannéennes,
n°12
* 23 INS Institut National de
la Statistique.
* 24 Alain BLANCHET et Anne
GOTMAN, l'enquête et ses méthodes : l'entretien.
* 25 Le principe de
triangulation a consisté pour nous de croiser systématiquement
les données au cours de l'entretien (revenir sur une même question
par d'autres voies) et entre sources différentes (observation,
entretien...)
* 26 Sources ANADER zone de
Zuénoula
* 27 Le canton compte
* 28 Op.cit p .5.
* 29 Les pays ruraux sont des
termes techniques utilisés par les projets FRAR pour designer les
villages centraux autours desquels gravitent d'autres villages. Kanzra fait
partie de cet ensemble de villages centraux
* 30 Source INS
* 31 Nénézra est
un village du canton.ET selon nos enquêtés, ce village (voisin
immédiat de Kanzra) aurait donné le site pour la fondation du
village.
* 32 Chauveau J.P Dozon J.P
(1985) colonisation économie de plantations et société
civile en Côte d'Ivoire. ORSTOM P.P.6-9
* 33 Djè est un masque
défendu aux femmes. Ce conflit se situait pendant un mois de Ramadan ou
la femme du vieux Bamba dans la soirée devrait lui faire à manger
pour qu'il rompe son jeûne, le masque djè devrait aussi faire son
apparition. C'est ainsi qu'il menaça de brûler le masque car il
n'admettrait pas cela. Si sa femme devrait se cacher, qui lui fera à
manger.
* 34 Assui Koidjo est depuis
son installation jusqu'en 2008 le chef des Baoulés.
* 35 En Malinké
Tutorat
* 36 Cette transmission des
biens se fait en principe du frère aîné au frère
cadet
* 37 Il existe une
différenciation des cimetières entre les autochtones et les
migrants et ce par rapport au pratique religieuse des migrants.
* 38 Les lorubins est le terme
approprié pour désigner les Gouro de Gohitafla, alors nous
l'utiliserons à chaque fois qu'il s'agira de ces gouro.
* 39 Lorsque le premier
baoulé s'est installé, il disposait d'un territoire pour loger
ses ""frères baoulés mais vu que les baoulé
préfèrent s'installer en dehors du village dans les plantations
cet espace est resté occupé par les voisins mossis dont le
nombre s'accroît de façon exponentielle.
* 40 Le Djoula est une langue
commerciale qui constitue le dialecte utilisé par tous pour
communiquer.
* 41 Ce pouvoir
économique permet au migrant d'acheter des portions de terres, des
espaces pour construire ...etc.
* 42 Le mercredi est le jour de
marché de Kanzra.
* 43 Le Térézan
est le terme que les Kouins utilisent pour désigner le
propriétaire terrien à Kanzra.
* 44 Cette idéologie est
véhiculée par la famille des propriétaires de terre pour
récupérer la chefferie du village car ils seraient les
fondateurs du village et depuis longtemps ce sont les membres de leurs lignages
qui se sont succédé à cette chefferie du village.
* 45 La chefferie du village
de Kanzra a dressé une liste des responsables des différentes
communautés pour les règlements de conflits à Kanzra. Voir
la liste en Annexe
* 46 Voir la liste des
représentants des différentes communautés dans l'annexe
pour le règlement des conflits intercommunautaire. Cette liste a
été élaborée par le chef des Gouro de Kanzra Huety
Bi Bohou.
* 47 Le terme "étranger"
désigne ici les migrants c'est-à-dire non autochtones du
village.
* 48 "Fils du village" est ici
l'équivalent d'autochtone.
* 49 Djoula désigne le
groupe ethnique malinké
* 50 Les burkinabés et
les autres migrants du Nord de la Côte d'Ivoire sont majoritairement
musulmans. Le mariage intercommunautaire est plus facile quand les acteurs sont
musulmans.
* 51 Djatigui c'est le terme
qu'utilisent les malinkés pour designer leur tuteur.
* 52
« N'si » signifie littérairement en français
« mon père ». C'est une expression baoulé.
* 53 Le nombre d'années
est fixé d'un commun accord chez le chef entre les 2 acteurs, le migrant
et l'autochtone, accompagnés chacun de témoins. Ce nombre varie
de 5 ans à 10 ans en fonction des dépenses effectuées par
le migrant pour la construction des bâtiments.
|