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Développement intégré des systèmes de production basés sur les techniques de collecte des eaux pluviales dans les régions montagneuses du Sud-Est de la Tunisie: Le cas du micro-bassin versant Rebiaa Zammour-Béni-Khédache - Tunisie

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par Mohamed KOUAKBI
Institut Agronomique Mediterranéen - Master of Sience 2025
  

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4- Potentialités des zones montagneuses du sud-est

Les monts de Matmata constituent la terminaison orientale de la plate forme saharienne. Dans les dépressions et thalwegs localisent les seuls sols cultivables de ces régions et se trouvent coupés par les jessours permettant des cultures en terrasse.

Les interfluves constituent des zones de parcours pour les cheptels ovins et caprins et des lieux d'approvisionnement en plantes médicinales et aromatiques. L'unité de gestion de l'agro écosystème est constituée du jesser et de son impluvium.

Comparativement aux autres régions naturelles des zones arides, la région de Zammour BéniKhedache au relief accidenté, est connue par leur grande richesse des espèces végétales.

4.1- Les ressources naturelles

4.1.1- Les ressources en eaux

Dans les régions montagneuses du sud-est, l'eau de ruissellement est estimée à une valeur de 100 millions m3 (ODS, 1994). On n'en exploite que 21,7% par les aménagements de conservation des eaux et du sol (Tableau 9).

Tableau 9: Ressources en eau

Régions

Ressources en eaux de
surface (Mm3)

Ressources exploitées annuellement

Quantité (Mm3)

% d'exploitation

Médenine

16

6,0

38,7

Tataouine

40

9,2

23,0

Gabès

44

6,5

15,0

Sud-est

100

21,7

21,7

Sud tunisien

252,5

63,7

25,2

(Source : ODS, 1994)

Les ressources potentielles en eau de ruissellement ne sont pas totalement exploitées dans les zones montagneuses. L'amélioration du niveau de maîtrise de ces ressources, en faisant non seulement accroître la part récolte mais aussi en assurant une répartition intra-annuelle et inter-annuelle (en cas d'excédent important) permettant d'offrir des opportunités pour l'intensification du système.

Cette intensification s'opérerait par l'augmentation des volumes d'eau récoltés pour mieux subvenir aux besoins des plantes pendant les périodes de pluies et par une irrigation complémentaire pendant les périodes d'absence de pluies et de forts besoins pour la fructification. Ceci est possible, par la récolte et le stockage des eaux de ruissellement dans des réservoirs (Fesguia et Majels).

4.1.2- Les ressources en sol

Dans la région de Beni Khédache, les alternances de calcaires durs, et des marno-calcaires forment des pentes irrégulières et érodées en ravins.

L'érosion y est intense avec un réseau hydrographique bien hiérarchisé et échelonné du nord ou sud.

Les sols qui se développent sur ces reliefs, sont le plus souvent des loess, des lithosols sur dalle calcaires et des régosols sur formation marneuse et gréseuse. Ces dernières sont parfois associées à des croûtes et encroûtement calcaire sur les versants. Les éboulis et colluvions sont peu évolués.

Les lithosols sont localisés surtout sur les plateaux, ils sont formés de sable fin plus ou moins limoneux et très riche en calcaire et reposant sur des formations calcaires de crétacé supérieur et moyen. Ils sont retenus par des graminées du type surtout stipa tenacissema.

Les sols loessiques (sierozems et régosols) des monts des Matmata et leurs piémonts, se
développent sur une roche mère d'origine éolienne qui a subi pendant le Quaternaire moyen et

récent un remaniement et une pédogenèse assez prononcée (accumulations calcaires sous forme de nodules et encroûtement). Ce sont des sols profonds occupant les versants, les vallées et les grandes dépressions intérieures (Techine, Beni Kheddache, Beni Zeltene) et même les glacis de raccordement et les plaines avoisinantes de la Jeffara vers l'est. Les caractéristiques morpho analytiques montrent l'importance des sables fins, des limons grossiers et une mauvaise stabilité structurale (importance des processus des ravines et des entailles profondes). L'exploitation et l'utilisation des sols loessiques sont anciennes (Jebalias) en système de Jessours (ouvrage de rétention de la terre et de l'eau) occupés par les arbres fruitiers, oliviers et légumineuses. (Ministère de l'agriculture, 2002).

Ces sols sont vulnérables à l'érosion par suite de leur faible pouvoir de stockage de l'eau et de la fragilité de leurs constituants, ceci explique l'effort fourni par les exploitants dans le cadre des aménagements hydrauliques pour réduire le volume de sédiments arrachés des impluviums. Ces sédiments sont d'abord déposés à la SAU et seront ensuite utilisés1 pour le renforcement des Tabias.

4.1.3- Les ressources pastorales

Le couvert végétal dans la zone d'étude, en général, est insuffisant pour pouvoir assurer la conservation des sols.

Une grande partie des monts de Matmata n'est pas défrichée (88,6%). Les terrains défrichés couvrent 522777,44 ha, soit 11,4% de la superficie totale de ces Djebels.

Les zones non défrichées constituent un important espace pastorale dominé par certaines espèces steppiques (tableau 10).

Tableau 10: Le couvert végétal

Type de parcours

Pourcentage

Superficie(ha)

Pourcentage

Artemisia alba alba

41,92%

20275,6

9 %

Stipa tenacissima

18,91%

77715,4

37 %

Arthrophytum schmittianum

10,37%

42619,2

20 %

Arthrophytum scoparium

8,0%

32804,0·

16 %

Anthyllis sericea

4,93%

20275,6

10 %

Rhanterium suaveolens

4,10%

16712,1

8 %

Total

 

210401,9

100 %

(source : DGF, 1995)

1 La couche de sédiments déposée est enlevée chaque été pour le renforcement des Tabias.

Les parcours sont caractérisés par une contribution faible et aléatoire dans l'alimentation du cheptel ne dépassant pas les 30%. Ce parcours connaît :

+ une dynamique lente de la végétation ;

+ une désertification accrue.

Les efforts déployés pour le développement des parcours demeurent insuffisants. En effet et jusqu'à nos jours, la superficie pastorale ayant fait l'objet d'aménagement ne représente que 2% de la totalité des parcours tunisiens.

Les améliorations des parcours pastorales se sont limités à la plantation de nouvelles arbustes fourragères.

4.2- Les atouts et les contraintes de la zone d'étude

La région de Zammour est formée de dépressions et des talwegs avec des loess occupés par des Jessours (technique de petits barrages connue depuis l'antiquité) permettant des cultures en terrasse.

L'état a entrepris plusieurs projets et actions de développement et de lutte contre la destruction des jessours à travers les travaux de CES. Mais les populations qui vivaient sur ces terres, même conscientes de l'intérêt anti-érosif et écologique des travaux d'entretien, n'avaient pas pu les sauvegarder ou les entretenir car rien n'avait changé dans leurs systèmes de production et dans la structure de leurs exploitations.

4.2.1- Les atouts favorisant le développement de Zammour

La région de Zammour dispose de plusieurs atouts et potentialités qui méritent d'être valorisés :

> Des sols (loess) profonds (2 à 6 mètres) propices pour une mise en valeur agricole en sec ;

> Une longue cohabitation entre pâturage et végétation naturelle a généré une série de peuplement végétal très résistant, en particulier à l'érosion et à des pressions de pâturage ;

> La longue adaptation aux conditions de surpâturage et de sécheresse (présence de plusieurs espèces différentes) ;

> Les projets de conservation des eaux et des sols entrepris par l'état ces dernières années ont contribué à la formation d'une main d'oeuvre spécialisée et expérimentée dans les travaux de réaménagement des déversoirs (Menfess) et du barrage ;

> La structure foncière, dominé par la propriété privée est considérée comme un élément favorable à la planification et à l'exécution des projets de développement ;

> Une richesse en savoir-faire local qui s'exprime dans de nombreux produits de l'artisanat qui sont peu connus en dehors de la zone, à savoir les textiles nomades et des produits à base de Stipa tenacissima ;

> Un patrimoine archéologique assez important, anciens Ksours et de vestiges romains. Ce patrimoine historique est peu étudié et valorisé ;

> Une richesse en biodiversité végétale spontanée ou traditionnellement cultivée

(plantes naturelles, médicinales et aromatiques..), comme l'Artimia campestris,

leThymus hirtus, le Ruta chalepensis, le Rosmarinus officinalis, le Marrubium deserti, le

Capparis spinosa, Artemisia herba-alba et l' Artemisia campestris.

> Un savoir-faire technique originaire en matière de récolte et gestion de l'eau de ruissellement par des aménagements (Jessours) qui consistent en l'édification des barrages en travers du fond des oueds afin de piéger, en amont, un sol de plus en plus profond et des réserves d'eau suffisantes pour permettre la culture arbustive et la céréaliculture ; d'autres techniques hydro agricoles traditionnelles de collecte d'eau pluviale : Majels, puits de surface traditionnels ;

> Situation stratégique par rapport aux destinations des excursions au départ des régions touristiques de Zarzis et de Djerba ;

> Les acquis de recherche en matière de conservation des eaux et des sols et gestion des ressources naturelles ;

> La présence de structures d'encadrement et associatives satisfaisantes ;

> La volonté des acteurs locaux, de s'associer au développement de la région.

4.2.2- les contraintes du développement de la zone de Zammour

Les contraintes entravant le développement de la région de Zammour sont très nombreuses et se rapportent aux ressources naturelles et aux modes de gestion et exploitation du milieu. Elles se résument dans les points suivants :

> Un climat aride (étage bioclimatique aride supérieur à hivers tempérés) avec une pluviométrie moyenne de 200 mm/an, se caractérisant par des grandes variations des quantités des pluies dans le temps et dans l'espace (Fersi et Mtimet, 1983) ;

> Le caractère souvent torrentiel et brutal des précipitations suite à de fortes intensités supérieures à 1 50mm/h qui engendrent un ruissellement érosif avec des inondations dans les secteurs avals ;

> La rareté des ressources naturelles, notamment les ressources en eaux souterraines ;

> Contraintes physiques et vulnérabilité du relief induisant des difficultés d'aménagement ;

> L'exode rural des jeunes vers les pôles économiques régionaux (Zarzis, Djerba, Médenine....) ou vers l'étranger ;

> La dispersion de la population ;

> Faiblesse de la productivité agricole ;

> Les années des sécheresses successives (comme il était le cas de 1999 à 2002) ont pour conséquence des chutes vertigineuses de la production de cette agriculture pluviale et une mortalité du patrimoine arboricole;

Après avoir analysé les atouts et les contraintes de la région de Zammour Béni Khadeche, nous allons dans les chapitres suivants étudier les nouvelles techniques utilisées par L'IRA de Médenine pour la valorisation des eaux de ruissellement dans les régions montagneuses. Le chapitre suivant abordera la notion d'innovation dans le milieu rural et son rôle dans l'amélioration des systèmes de production.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand