L'agriculture basée sur ces techniques, compte tenu
des conditions socio-économiques et naturelles actuelles, malgré
les nombreuses interventions des différents programmes du
Ministère de l'Agriculture, connaît des difficultés
notamment lors des années de sécheresse successives et lors des
années à pluies exceptionnelles. Ces différentes
difficultés ont été étudiées et
analysées dans le cadre d'un programme de recherche à l'Institut
des Régions Arides. Ce programme vise à trouver des solutions
techniques simples, acceptées par la population et permettant la
durabilité de l'agriculture pluviale, tout en tenant compte des
irrégularités de la pluviométrie (années
sèches et années pluvieuses). Ces solutions peuvent être
utilisées séparément, mais l'idéal c'est de les
combiner pour permettre une gestion optimale de la collecte et de l'utilisation
des eaux de ruissellement pour le développement durable de l'agriculture
pluviale dans la région de Zammour à Beni Khédache.
Ces recherches ont permis aussi de montrer que les ouvrages de
petite hydraulique soufrent (Chahbani, 1990) :
· D'un mauvais dimensionnement des ouvrages à
rétention totale ;
· D'une disproportion entre la capacité de
rétention du barrage et le volume d'eau y arrivant (due à une
disproportion entre surface de rétention et la surface de l'impluvium)
pour les ouvrages à rétention partielle ;
· Du mauvais dimensionnement et édification des
barrages ;
· D'une fragilité du système
d'évacuation des eaux de débordement des barrages à
rétention partielle en particulier lors des pluies exceptionnelles ;
· D'une très faible infiltration des eaux de
rétention dans le sol des terrasses des ouvrages, et leur perte par
évaporation ;
· De difficultés pour le puisage et la distribution
des eaux stockées dans les citernes d'eau pluviale (Fesguia,
Mejel) ;
· D'une faible exploitation des potentialités de
remplissage et de stockage des citernes d'eau pluviale ;
· D'une absence de technique d'irrigation d'appoint avec
les eaux stockées, permettant ainsi une bonne utilisation et la
conservation des eaux.
Dans les régions montagneuses et leurs piedmonts
(derrière ouvrages de collecte des eaux de ruissellement),
l'arboriculture pluviale est une activité très
développée et constitue l'un des piliers de l'agriculture. Cette
arboriculture rencontre des difficultés notamment lors des années
de sécheresse. En effet, une sécheresse prolongée
(plusieurs mois, voire une année ou plus) peut causer d'importants
dégâts au patrimoine arboricole conduit en sec. Ces
dégâts se manifestent par :
- Une faible croissance des arbres ;
- une baisse ou une absence totale de la production ;
- L'apparition de maladies affaiblissant les arbres ;
- La mort des arbres lorsqu'il n'y a plus de réserves
hydriques dans le sol où se trouvent les racines de l'arbre.
La technique de la poche en pierres enterrées à
pour objectifs de résoudre les problèmes sus-
énumérés pour un développement durable de
l'arboriculture fruitière pluviale dans les régions montagneuses
tout en tenant compte des aléas climatiques notamment la
sécheresse.
2.1- Description de la technique
Cette nouvelle technique s'appuie sur la mise en place de trois
à quatre rangées de pierres :
- au fond d'un fossé de 1m à 2m de profondeur et
0,7m de largeur, la longueur est variable en fonction du type de
fossé;
- au fond d'un trou de 1m à 1,2m de profondeur et 1m de
largeur et de longueur.
La forme des pierres utilisées doit être assez
aplatie. Pour la taille des pierres, elle doit être moyenne et
n'excédant pas les mensurations suivantes : longueur 20 cm, largeur 10
cm, épaisseur 5m. Les pierres utilisées doivent être de
roches dures bien cimentées (grés, calcaire, dolomie, etc.). Les
rangées de pierres peuvent être remplacées par du gravier
provenant du concassage industriel.
Cette poche est ensuite couverte par une bâche
plastique sur tous les côtés latéraux et le
côté supérieur. Suivant le type de poche, à un (ou
deux) endroit(s) quelconque(s) de la poche on pose, en son milieu, un tuyau
plastique verticalement avec un coude ou un T en plastique collé. Ce
tuyau transperce la bâche plastique et son sommet dépasse
d'environ 10cm la surface topographique. Enfin, on enterre cette poche et on
tasse bien le sol remis en place.
Une fois la poche terminée, l'irrigation se fait à
travers un tube vertical en PVC.
L'eau versée par le tube arrive à la poche, y
remplit tous les vides entre les pierres avant de s'infiltrer progressivement
dans les couches profondes du sol notamment celles situés sous la poche.
Cette eau, ainsi stockée, en profondeur sera utilisée par les
racines profondes des arbres.
2.2- Les différentes variantes de poche en
pierres enterrées
Il y a quatre types de la poche en pierres enterrées :
· Type 1 : poche en pierres enterrées à
installer avant la plantation des arbres ;
· Type 2 : poche en pierres enterrées individuelles
pour les arbres plantés dont la canopée est <5m2
;
· Type 3 : poche en pierres enterrées individuelles
pour les arbres plantés dont la canopée est >5m2
;
· Type 4 : poche en pierre enterrées dans les
tranchées entre les rangées d'arbres dont la canopée est
>5m2 et peu éloignés (10m).
Ces différents types de poche en pierres
enterrées ont montré leur efficacité en matière
d'économie d'eau d'irrigation (100%) (Chahbani, 1997), en matière
de sauvegarde du patrimoine arboricole lors des années de
sécheresses successives. (voir annexe)
Photo 4 : Installation d'une poche en
pierres
enterrées pour un arbre fruitier avant plantation
Photo 5 : Installation d'une poche en
pierres
enterrées pour un arbre fruitier après
plantation
(canopée <5m2)
Photo 6 : Multiples poches en pierres
enterrées Photo 7 : Installation de la poche en pierres
enterrées installées autour d'un olivier (canopée
>5m2) sous forme d'un fossé entre chaque deux
rangées
d'oliviers adultes peu éloignés (<10
mètres)