Théoriquement parlant, un projet peut être
défini à la base de sa réalisation, alors qu'en
réalité, il représente un ensemble complet
d'activités et d'opérations qui consomment des ressources
limitées et dont on attend des revenus ou autres avantages
monétaires ou non monétaires (Bridier et Michaïlof,
1984).
Le recours à l'évaluation des projets est
défini en tant qu'outil de détermination du taux de
réalisation des objectifs escomptés par les différents
intervenants (réalisateurs + bénéficiaires).
L'évaluation des projets de développement rural
qui ont un impact direct sur la communauté permet de dégager les
insuffisances des actions réalisées ainsi que le suivi de leur
déroulement et la façon d'absorption des investissements.
· Recherche de l'adaptation des actions aux besoins ;
· Détermination des effets des actions
communautaires sur le milieu socioéconomique dans lequel elles se sont
réalisées.
Chaque projet réalise un impact sur son environnement
et nécessite, en fait, une analyse économique qui
détermine les bénéfices du projet sur la
collectivité nationale. Cette analyse vise à aider à la
préparation et à la sélection des projets apportant la
plus grande contribution au développement économique.
Selon Campagne et Garrabé (2002), quatre
catégories de méthodes d'évaluation économique
peuvent être citées :
· L'évaluation microéconomique de la
rentabilité collective aux prix de marché,
· L'évaluation microéconomique de la
rentabilité collective aux
références
généralisées,
· L'évaluation mésoéconomique de la
rentabilité aux prix de marché : la méthode des effets
;
· L'évaluation macroéconomique de la
rentabilité collective à partir de modèles de simulation
;
Squire et Van Der (1984) intègre dans l'analyse des
projets le choix des différent usages des ressources ayant une
intervention directe dans la prise de décision et donc dans
l'évaluation des coûts et avantages respectifs.
2.1.3- Analyse coût/avantages
Cette méthode est fortement utilisée dans le
processus d'évaluation économique des projets. Son
intérêt réside dans sa contribution à l'acceptation
ou au refus du projet. L'analyse Coût/avantages trouve son fondement,
très ancien dans l'histoire, lié à la définition de
l'impact de la réalisation des projets sur l'état de
l'environnement.
Théoriquement parlant, le projet est acceptable si les
avantages excèdent les coûts alors qu'en réalité,
plusieurs paramètres sont à prendre en compte dans cette analyse.
Le marché est source de conflits de prix et d'usages des biens et
services. Les mécanismes intervenant dans la formation des prix, les
nouveaux éléments apparaissent après un changement de
production (surplus, coûts externes) et la répartition non
optimale des revenus sont
responsables des discutions dans le calcul de la
rentabilité du point de vue de l'entrepreneur et de la
rentabilité du point de vue de l'économie nationale.
D'une manière classique, l'évaluation
économique repose sur une comparaison de deux solutions : une solution
avec projet et une solution de référence ou sans projet.
L'évaluation se fonde sur une analyse
coûts/avantages différentielle. L'estimation des coûts et
avantages est réalisée en terme de valeur économique.
2.1.4 - Les indicateurs de rentabilités
économiques
Les indicateurs de rentabilité économiques
généralement utilisés sont :
+ le bénéfice actualisé
socioéconomique ou VAN
Ce critère permet d'apprécier
l'intérêt intrinsèque du projet pour la collectivité
en ne retenant que les projets dont le bénéfice actualisé
est positif. Le bénéfice actualisé est défini comme
étant la différence entre les dépenses actualisées
d'investissement et la somme actualisée des avantages nets
générés par le projet durant son exploitation. On parle
également de « valeur actualisée nette» ou VAN.
Tel que :
n Rt Cet It
- -
Rt= Recettes totales
Cet= Charges d'exploitation It= Investissement
i= Taux d'actualisation
n= Nombre des années
Le critère du bénéfice actualisé
permet de statuer sur l'opportunité et l'intérêt projet
pour la collectivité. Toutefois, il ne renseigne pas, dés lors
qu'un projet est intéressant, sur la date à laquelle il convient
de le réaliser. Sous certaines hypothèses (investissement
réalisé en début de période, avantages annuels nets
toujours croissants dans le temps, chronique des avantages invariante dans le
temps.....) on montre que le bénéfice actualisé passe par
un maximum pour une certaine date de mise en service. Cette date là est
appelée date optimale de mise en service. Si le projet est
réalisé avant cette date, la collectivité perd des
avantages inversement, si la date est dépassée, on a
intérêt à réaliser le projet le plus rapidement
possible.
+ le taux de rentabilité interne ou TRI
La valeur (positive ou négative) obtenue lors du
calcul du bénéfice actualisé est une valeur absolue (par
opposition à une valeur relative) qui ne permet pas aux décideurs
publics d'arbitrer entre plusieurs projets ou variantes. Aussi, une autre
façon d'aborder l'évaluation économique d'un projet et de
considérer la valeur du taux d'actualisation pour lequel le
bénéfice net actualisé est nul. On parle alors de taux de
rentabilité interne économique du projet ou TRI
n Rt Cet It
- -
Tel que : 0
=
1 (1
+ ) n
t =
i
Ce second critère permet non seulement
d'apprécier l'intérêt intrinsèque du projet pour la
collectivité en ne retenant que les projets dont le TRI est
supérieur au taux d'actualisation de l'économie nationale, mais
aussi permet d'arbitrer entre plusieurs projets ou variantes en ne retenant que
celui dont le TRI économique est le plus élevé.
2.1.5- Aspect socio-économique
2.1.5.1- Echantiionnage
On se propose d'étudier les systèmes
traditionnels de production de la région de Zammour suivant trois
scénarios de développement, de l'optimisation et de la
valorisation de l'exploitation des eaux de ruissellement. Le champ
d'étude s'étend sur l'ensemble des exploitations du micro-bassin
versant. Ce micro-bassin a été choisi au niveau du projet IRZOD
pour construire un barrage à l'amont du bassin pour servir à
l'irrigation des figuiers équipés de poches en pierres.
Une liste exhaustive portant les noms des agriculteurs et
couvrant tout le micro-bassin d'étude, ce qui nous a offert une base de
sondage pour la réalisation de l'enquête.
Pour cette étude nous avons utilisé un sondage
raisonné qui repose sur le choix du site limité par une
photographie aérienne au 1/5000 (Agrandissement 5x de l'original au
1/25000), la connaissance du milieu, l'expérience des chercheurs de
l'IRA et les visites du terrain.
La taille de l'échantillon est fixée à 11
individus, ce nombre représente l'effectif réel des exploitants.
Le nombre de questionnaire remplis est arrêté à 11
ventilés sur les agriculteurs enquêtés.
2.1.5.2. Collecte des
données
Les méthodes adoptées pour la réalisation
du diagnostique technico-économique du micro- bassin versant (Rebiaa)
sont les suivant :
· Analyse bibliographique concernant les aspects
technico-économique et hydrauliques relatifs à la zone
d'étude et son environnement ;
· Organisation des tournées sur le terrain ;
· Se servir du travail topographique du micro-bassin
fait par le projet Innovation Rurale en Zones Difficiles "IRZOD" pour
déterminer les divers paramètres des unités hydrauliques
élémentaires ;
· Réalisation et analyse des enquêtes
socio-technico-économique du micro-bassin versant ;
· L'introduction du risque dans les trois
scénarios d'amélioration, à partir de la
probabilité d'apparition de trois types d'années
pluviométriques sur une séquence de 30 ans de la station de
Beni-khédache (tableau n°12 en annexe).
2.1.5.3. Le Questionnaire
· Afin de collecter l'information nécessaire pour
cette étude, nous avons procédé à
l'élaboration d'un questionnaire (voir annexe). Ce questionnaire
d'enquête aura pour objectif d'analyser la situation actuelle
(socio-technico-économique) du système de production basé
sur les jessours et les possibilités d'amélioration. Ainsi le
questionnaire se compose des parties suivantes :
~ La première partie intéresse l'identification de
l'exploitant. Elle
comporte des questions d'ordre général
concernant l'âge de l'exploitant, son état civil, son niveau
d'instruction, le nombre de membres de la famille, équipements et
matériels d'exploitation, revenu de la famille, etc...
~ La deuxième partie représente les ressources
disponibles et les
ressources exploitées par l'agriculteur (ressource en
sol, ressource en eau, ressources monétaires).
~ La troisième partie analyse la situation technique
actuelle des unités
hydrauliques élémentaires (UHE)
(capacité de rétention du barrage, densité de plantation,
destruction de barrage, dimensions de UHE, ...) et la possibilité
d'amélioration du point de vue de l'agriculteur.
~ La quatrième partie représente la situation
actuelle de l'élevage dans le
micro-bassin versant Rebiaa.
~ La cinquième et la sixième partie
étudient la production végétale
(arboriculture et cultures annuelles, effectif, les
espèces et les variétés cultivées)
~ La dernière partie essaye de présenter les
contraintes et les scénarios de
développement du système de production basé
sur les jessours (S1 et S2) proposé par l'exploitant
2.1.5.4. Détermination de
potentialités hydriques des UHE
· Choix des paramètres :
Pour étudier la potentialité des
différentes unités hydrauliques, nous avons choisi les
paramètres suivants :
> Capacité de rétention du Jesr c'est la
quantité d'eau maximale que peut retenir le Jesr ;
> Surface de rétention du Jesr c'est la superficie de
la terrasse couverte par l'eau lorsque le Jesr est plein ;
> Surface de rétention du Jesr c'est la superficie de
la terrasse couverte par l'eau lorsque le Jesr est plein ;
> Surface de l'impluvium du Jesr c'est la superficie du
bassin-versant du Jesr.
· Cartographie des jessour et collecte des
données :
Pour ce faire nous avons parcouru tout le micro-bassin Rebiaa
à Zammour en passant à côté de chaque Jesr et
tabia.
Pour la cartographie nous avons utilisé des
photocopies de vues aériennes, comme fond de carte. La netteté de
ces photos aériennes nous a permis de bien nous repérer sur le
terrain et de bien identifier les jessour. Cette identification a
été faite en marquant le tracé de la tabia sur la
Photocopie, et en lui affectant un-numéro (fig 10 en annexes).
En passant à côté du Jesr et du barrage
on relève la hauteur de rétention, l'état fonctionnel de
la tabia (détruite ou non détruite) et enfin le Jesr
dans lequel il se déverse. Ce dernier point est porté directement
sur le fond de carte (fig 11 en annexes).
Après ce travail sur, le terrain, nous avons
reporté le tracé des barrages sur une photo
aérienne
au. Sur cette même photo nous avons
délimité l'impluvium de chaque Jesr. Pour cela nous
avons
utilisé différents repères naturels et artificiels (ligne
de partage des eaux, végétation,
piste ou route etc...). Ensuite on a calqué ces
délimitations et on a porté le numéro de chaque barrage
à l'intérieur de l'impluvium : carte des impluviums des Jessour
fig. 12. Sur cette même photo aérienne on a délimité
la surface des jessours. La délimitation des impluviums et des surfaces
des jessour nous a servi par la suite à mesurer les surfaces des
terrasses et des impluviums en utilisant un planimètre digital.
Enfin, nous avons reporté les données sur
l'état des barrages et sur le déversement sur deux cartes : carte
des Jessours non fonctionnels et carte de déversement des jessour (fig.
12). Pour le déversement on a distingué les "jessour" recevant un
ou plusieurs déversements et ceux ne recevant aucun déversement.
Ces derniers sont les "jessour" Situés à l'amont. En tout on a 60
"jessour" fonctionnels et 2 non fonctionnels.
2.1.6- Déroulement de l'enquête
L'enquête s'est déroulée durant 7 jours.
Avant d'entamer les interviews avec les agriculteurs, des contacts ont eu lieu
avec l'Omdat, le chef d'arrondissement de CES, les chercheurs de l'IRA et le
responsable de l'ONG de Zammour.
2.2. Aspects climatiques et hydrauliques de la zone
d'étude
2.2.1. Les précipitations
Les données pluviométriques de la station de
Béni-Khedache seront utilisées dans notre étude. Ces
données couvrent une période de 30 ans entre 1969 et 1998. Pour
la périodicité des différentes classes de
pluviométrie annuelles, on a utilisé la classification des
données traitées (Fersi, 1976) de la station de Matmata. Cette
station se situe dans la même chaîne de montagne.
Cette pluviométrie est classée en quatre classes
:
- pluviométrie d'année normale (AN) comprise entre
la moyenne des données des années et 0,5 de la valeur de cette
moyenne ;
- Pluviométrie d'année humide (AH) comprise entre
1 et 1,5 de l'AN ;
- Pluviométrie d'année très humide
égale ou supérieur à 2 fois celle de l'AN ; -
Pluviométrie d'année très sèche égale ou
inférieur à 1/4 de celle de l'AN.
La moyenne des données pluviométriques des
trente années (1969 à 1998) (tableau n°12 en
annexes) est de 227 mm. Durant cette série
pluviométrique (30ans) on a eu :
- 4 années sèches soit égale à un
pourcentage de 13 % ;
- 12 années normales soit égale à un
pourcentage de 40 % ; - 11 années humides soit égale à un
pourcentage de 37 % ; - 3 années très humides soit égale
à un pourcentage de 10 %.
Tableau 13 : La périodicité des
années humides et sèches