ORGANISME INTER-ETATIQUE
RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
(SOA)
YAOUNDE, AOUT 2008
28éme promotion
Mémoire de fin de formation
Présenté et soutenu Par
MBOKO IBARA Stève Bertrand
En vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en Démographie (DESSD)
Option : Collecte et Analyse des
Données
Directeur : Dr. FASSA TOLNO
Daniel
Lecteur : Pr. EVINA AKAM
En vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en Démographie (DESSD)
Option : Collecte et Analyse des
Données
Mémoire de fin de formation
Les propos émis dans ce mémoire sont propres
à son auteur et n'engagent en aucun cas l'Institut de Formation et de
Recherche Démographiques (IFORD).
DÉDICACE
Rien au monde ne vaut la chaleur d'une mère. Et
Quoique je puisse faire, le sort de l'existence me prive de ce bonheur, le
restant de ma vie.
Ce mémoire est dédié
à
EKONDZA Simone,
Ma mère, rappelée au près de Dieu
un mois plus tôt. (13/07/2008)
Remerciements
Nos remerciements vont à l'endroit de celui-là
même qui, malgré ses multiples occupations n'a
ménagé aucun effort pour donner à cette oeuvre une valeur
scientifique à travers une rigueur dans la démarche. Docteur
TOLNO Fassa Daniel, nous vous remercions pour l'amour du travail et de la
recherche inculqués. Vous avez été plus qu'un directeur de
mémoire.
Nous aimerions, par ailleurs, exprimer notre vive
reconnaissance au Pr. EVINA AKAM pour ses lectures et critiques pertinentes de
notre document ; A tout le corps enseignant et administratif de l'IFORD,
notamment aux Docteurs. KAMDEM Hélène et RWENGE MBURANO, qui ont
imprimé de leurs savoirs dans notre formation.
Nous remercions vivement le Service de Coopération et
d'Action Culturel de l'Ambassade de France au Congo, pour le soutien financier
alloué à notre formation. Nos remerciements vont
particulièrement à l'endroit de l'Adjoint au Conseiller à
la Coopération, Mr Vincent MONADE grâce à qui, tout s'est
rendu possible.
Nous adressons aussi nos remerciements au Centre National de
la Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE) du Congo pour les efforts
déployés pour faciliter notre formation.
A tous les étudiants des 27ème et
28ème promotions, nous adressons nos remerciements pour leur
collaboration et l'esprit de travail qui a prévalu tout au long de notre
formation. Nous pensons plus particulièrement à : Odzo Dimi
Arsène, Mboungou Eugène, Zhe Karole, Poumbou
Frédéric, Engozogo Arnauld et Okobo Oya Jeannine
Nous aimerons signifier notre reconnaissance, aux familles
MBOKO, KENGUE POKO ISSOMBE et EBOLO qui nous ont soutenu tout au long des deux
années de formation. Nous ne saurons finir ces quelques lignes sans dire
grand merci à mademoiselle OKET ONDAKO pour son soutien tout au long des
deux années de formation.
A tout ceux qui, de près ou de loin, ont contribué
à la réussite de cette étude, nous leurs disons merci et
leurs prions de bien vouloir à travers ces quelques lignes recevoir
l'expression de notre reconnaissance.
RESUME
L'objectif de cette étude était de
déceler le mécanisme à travers lequel le profil des femmes
célibataires influence leurs comportements sexuels, en tenant compte de
la situation de sortie de crise en République du Congo. Cette
étude s'est appuyée théoriquement sur les approches
socioculturelles et socioéconomiques des comportements sexuels .Deux
aspects des comportements sexuels ont été retenus : le
multipartenariat, et la non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel.
Les analyses reposaient sur les données de la toute première
Enquête Démographique et de Santé réalisée au
Congo en 2005. La population cible était constituée de 2074
femmes célibataires en âge de procréer.
L'analyse descriptive a permis de voir que plus de 62% des
femmes célibataires avaient connu plus d'un partenaire sexuel les 12
derniers mois ayant précédés l'enquête, tandis que,
plus de 78% d'entre elles n'avaient pas utilisé le préservatif au
dernier rapport sexuel.
Il apparaît, toutes choses égales par ailleurs,
que les facteurs qui déterminent le multipartenariat sexuel chez les
femmes célibataires sont le niveau d'instruction et la connaissance de
modes de prévention du Sida. Ces résultats ont aussi
montré que le haut niveau d'instruction, le niveau de vie
élevé, la bonne connaissance du Sida et l'exposition aux
médias, augmentaient les risques du multipartenariat sexuel des femmes
célibataires. Les analyses de régression logistique
multivariée effectuées dans le cas de la non-utilisation du
condom au dernier rapport sexuel confirment l'association prétendue
entre les conditions de vie et l'utilisation de condom en
général. L'ethnie, de même que le niveau d'instruction
déterminent la non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel. Ces
analyses ont par ailleurs infirmé l'hypothèse selon laquelle, la
pauvreté économique serait la cause du multipartenariat sexuel
mais ont cependant prouvé que celle-ci augmentait les risques de la
non-utilisation du préservatif chez les femmes célibataires.
La principale recommandation découlant des
résultats de ce travail est que le contenu des programmes de
prévention devrait tenir compte des particularités de la
population étudiée. L'amélioration du niveau d'instruction
et des conditions de vie des célibataires produirait probablement
beaucoup plus d'effets positifs sur l'utilisation des préservatifs que
les messages de sensibilisation dans lesquels on insiste essentiellement sur la
fidélité et l'abstinence sexuelle.
ABSTRACT
The goal of this study was to identify the mechanism
throughout, the unmarried women's characteristics influence their sexual
behaviors, in the particular context of post war in which are women in Congo.
This study was based on the socio-cultural and socio-economics' approaches. Two
aspects of sexual behaviors have been retained: the multipartnership and the
non-use of condom at the last sexual intercourse.
The data are from the first Congolese Demographic and Health
Survey; the analysis is restricted to 2074 never married females ranged in age
from 15 to 49. Both descriptive and multivariate methods are used to assess the
effects of each socio-cultural and socio-economics' factors when the effects of
place of residence, age and age of sexual debut are controlled statistically.
The results of the descriptive analysis show that 62% of the
respondents have ever had more than one sexual partner and more than 78% of
these didn't use condom at the last sexual intercourse preceding the survey.
The multivariate results indicate that those who have access to the media,
those of high socio-economic status and high education and those who were well
informed about AIDS, were more sexually exposed to the multipartnership; and
their counterparts who did not have access to media or had less household
facilities were exposed to the non use of condom.
Exposure to premarital sex increases with access radio and
television. The data do not support the view that the high level of sexual
activity is a function of household poverty, although poverty exposes the
unmarried females to reproductive health risks as a result of low usage of
condom among those from less well-off homes.
The main recommendation of the finding is that the contain of
the prevention programs should pay attention to the studied populations. The
improvement on education level and life conditions of the unmarried women would
probably produce more positive effects on the use of condoms than the usual
behavior change's messages in which they stress mainly on the fidelity and
sexual abstinence.
TABLE DES MATIERES
DÉDICACE
iii
REMERCIMENTS........................................................................................iii
RESUME
v
ABSTRACT
vi
TABLE DES MATIERES
vii
Liste des Tableaux et des Annexes..................
..................................................iv
Liste des
abréviations.................................................................................
..xi
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I :
CONTEXTE DE L'ÉTUDE
5
A-/ SITUATION ADMINISTRATIVE
5
B-/ SITUATION DÉMOGRAPHIQUE
8
C-/ POLITIQUE, ORGANISATION DU SYSTÈME
DE SANTÉ ET SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE 9
a/- Programmes et politique de santé 9
b/- L'organisation du système de santé
11
v Organisation administrative 11
v Organisation opérationnelle 12
Les formations sanitaires ambulatoires 12
Les formations sanitaires d'hospitalisation 13
Les formations sanitaires spécialisées
13
Les structures de médecine traditionnelle
13
c-/ Situation épidémiologique 14
CHAPITRE II :
THEORIES EXPLICATIVES DES COMPORTEMENTS
SEXUELS ET CADRES CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE. 16
I-/ LES THEORIES EXPLICATIVES
16
A-/. APPROCHE BIOLOGIQUE 16
a-/ L'âge au premier rapport sexuel. 16
b-/ La puberté précoce. 17
B-/ APPROCHE PSYCHOSOCIALE 17
a-/ Les différents modèles 18
v Le modèle des croyances relatives à la
santé ou "Health Belief Model" 18
v La théorie sociocognitive 18
v La théorie de l'action raisonnée
19
b-/ L'impulsivité 21
C-/ APPROCHE COMPORTEMENTALE
21
a-/ Utilisation des stupéfiants 22
b-/ La débauche sexuelle 22
D-/ APPROCHE SOCIOCULTURELLE.
22
a-/ L'approche socioculturelle "traditionnelle"
23
v L'ethnie 24
v La religion 26
v La socialisation traditionnelle 27
b-/ L'approche socioculturelle "moderne"
28
v L'influence des religions importées 29
v Le milieu de socialisation et le milieu de
résidence 30
v Le niveau d'instruction 31
v Le niveau d'instruction des parents et
l'éducation sexuelle des filles. 32
E-/ APPROCHE ÉCONOMIQUE
33
a-/ La sexualité des femmes comme
stratégie d'amélioration des conditions de vie 33
b-/ La sexualité des femmes comme
stratégie d'accès au mariage. 34
F-/ APPROCHE INSTITUTIONNELLE
35
G-/ ÉMERGENCE DE L'APPROCHE GENRE
36
a-/ Pouvoir de prise de décision en
matière de sexualité 37
b-/ Dépendance économique, écart
d'âge et négociation du condom 37
II CADRES CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE.
39
A-/ CADRE CONCEPTUEL. 39
a-/ Hypothèses 39
b-/ Schéma conceptuel 40
c/- Définition des concepts 40
v Célibataire 40
v Caractéristiques socioculturelles 41
Caractéristiques économiques 41
v Connaissances relative aux IST/VIH/SIDA 42
v Les comportements sexuels à risques
42
B-/ CADRE ANALYTIQUE 42
a-/ Variables opérationnelles 43
v Variables opérationnelles des comportements
sexuels à risques 43
La prise d'alcool au dernier rapport sexuel 43
Le multipartenariat sexuel 44
La non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel
44
v Variables opérationnelles de l'environnement
socioculturel 44
L'ethnie 44
La religion 44
Le milieu de socialisation 45
Le niveau d'instruction 45
v Variable opérationnelle des
caractéristiques économiques 45
L'activité économique de la femme
45
Les conditions de vie des ménages 45
v Variables opérationnelles de l'exposition aux
médias. 46
v Variables opérationnelles des connaissances
relatives aux IST/VIH/SIDA 46
Connaissance des modes de prévention du Sida.
46
v Variables de contrôle 46
b-/ Schéma d'analyse 47
CHAPITRE III :
DONNEES ET METHODES D'ANALYSE
48
A-/ SOURCE DES DONNÉES DE
L'ÉTUDE 48
B-/ ÉVALUATION DE LA QUALITÉ
DES DONNEES 49
a-/ Evaluation de la qualité des
données relatives à l'âge 50
v L'indice de Bachi 50
b-/ Evaluation de la qualité des
données sur l'Etat matrimonial 51
C-/ CRÉATION DES INDICATEURS ET
PRÉSENTATION DES VARIABLES 53
a-/ Création de l'indicateur combiné
«condition de vie des ménages » 53
b-/ Création de l'indicateur «connaissance
de modes de prévention du sida» 57
c-/ Présentation des variables. 59
D-/ LES DIFFÉRENTES METHODES D'ANALYSE
63
a-/ Analyse descriptive 63
b-/ La méthode d'analyse multivariée
64
CHAPITRE IV :
ANALYSE DIFFERENTIELLE DES
COMPORTEMENTS
SEXUELS A RISQUE 66
A/- DIFFERENTIELS DU MULTIPARTENARIAT SEXUEL
66
a/- Les caractéristiques socioculturelles
66
v Le niveau d'instruction. 66
v L'âge et la précocité des
premiers rapports sexuels 67
b/- Les caractéristiques économiques
67
v L'activité économique 67
c/- L'exposition aux médias. 68
v La fréquence d'exposition à la radio
68
d/-La connaissance des modes de prévention du
Sida 68
B/- DIFFERENTIELS DE LA NON UTILISATION DU
CONDOM AU DERNIER RAPPORT SEXUEL 69
a/- Les caractéristiques socioculturelles
69
v L'ethnie 69
v La région de résidence et le milieu de
socialisation. 69
v Le niveau d'instruction 70
b/- Les caractéristiques économiques
70
v Conditions de vie des ménages 70
v L'activité économique 70
c/- Exposition aux médias 71
v La fréquence d'exposition à la
télévision et à la radio. 71
d/- Les connaissances sur IST/VIH/SIDA 71
v La connaissance des modes de prévention du
VIH/SIDA 71
C/- CARACTERISATION DES CELIBATAIRES SELON
LEURS COMPORTEMENTS SEXUELS 73
a/- Caractérisation des axes factoriels
73
b/- Projection des variables-modalités sur le
plan factoriel (1,2) de l'AFCM. 75
CHAPITRE V :
ESSAI D'EXPLICATION DE LA VARIATION DES
COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUE 79
A/-RISQUE RELATIF DES COMPORTEMENTS SEXUELS
DES CELIBATAIRES 79
a/- Le multipartenariat sexuel des 12 derniers mois
80
b/- La non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel 84
B/- CONTRIBUTION DES VARIABLES A L'EXPLICATION
DE LA VARIATION DES COMPORTEMENTS SEXUELS 88
a/- Aspects méthodologiques 88
b/- Hiérarchisation des facteurs 88
C/- SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
89
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
93
BIBLIOGRAPHIE 101
ANNEXES 107
Liste des Tableaux et des Annexes
Tableau I. 1 : Indicateurs démographiques
de base 8
Tableau II.1 : Les variables opérationnelles
des différents concepts 43
Tableau III.1 : Taille et taux de couverture de
l'échantillon 49
Tableau III.2 : Effectif des femmes en fonction
de l'age et l'état matrimonial. 52
Tableau III.3 : Croisement CONF1/Avoir
électricité 55
Tableau III.4 : Croisement CONF1/Avoir
télévision 55
Tableau III.4 : Croisement CONF1/Avoir voiture
56
Tableau III.5 : Croisement FACT1*Les
connaissances relatives au Sida 58
Tableau III. 6 : Examen de la qualité des
variables 60
Tableau III.7 : Répartition
célibataires selon leurs comportements sexuels
62
Tableau IV.1: Occurrence des comportements sexuels des
femmes célibataires. 72
Tableau IV.2: Occurrence des comportements sexuels des
célibataires (suite) 73
Tableau IV.4: Contribution des points modalités
à l'inertie des axes factoriels 74
Tableau V.1: Risque relatif du multipartenariat
sexuel des 12 deniers mois 83
Tableau V.2 : Risque relatif de la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel 87
Tableau V.3: Hiérarchisation des
déterminants du multipartenariat sexuel des 12 derniers mois
89
Tableau V.4 : Hiérarchisation des
déterminants de la non- utilisation du condom au dernier rapport sexuel
89
Tableau V.5 : Tableau récapitulatif des
risques relatifs des comportements sexuels 92
Annexe 1 a: Répartition des femmes
célibataires selon les caractéristiques socioculturelles
107
Annexe 1 b : Répartition des
célibataires selon les caractéristiques économiques
108
Annexe 1 c : Répartition des
célibataires selon l'exposition aux Medias 108
Annexe 1 d : Répartition des
célibataires selon l'âge et l'âge au premier rapport sexuel.
108
Annexe2 1 : Tableau croisé Ethnie/
(Instruction, Activité, connaissances du Sida) 109
Annexe2.2 : Tableau
croisé Instruction/ (conditions de vie, exposition
télé, connaiss du Sida)
............................................................................................................110
Annexe2.3 : Tableau croisé Milieu de
Socialisation/ (Instruction°, Activité , connaissance du Sida)
111
Annexe 3.1: Bibliothèque ADDAD
111
Annexe 3.2 : Tableau des valeurs propres et des
vecteurs propres 112
Annexe 3.3 : Histogramme des valeurs propres
113
Annexe 3.4 : Matrice de configuration
114
.
Liste des Graphiques et des Figures
Graphique I.1 : La carte administrative de la
République du Congo 7
Graphique I.2 : Distribution de la
séroprévalence du VIH par département en 2003
14
Figure II.1 : Schéma conceptuel
40
Figure II.2 : Schéma d'analyse des
comportements sexuels des femmes célibataires.
47
Graphique III.1 : Partage de la répulsion
ou de l'attraction des âges -EDSC1 (Bachi) 51
Graphique III.2 : proportion des femmes
célibataires. 53
Graphique III. 3 : Répartition des
ménages enquêtés selon le niveau de vie (en %)
56
Graphique III. 4: Distribution des célibataires
selon les comportements sexuels ( %). 62
Graphique IV 1: Premier plan factoriel de l'analyse
des correspondances multiples 76
Liste des abréviations
CCC : Communication pour le Changement
des Comportements.
CEPED : Centre Français sur la
Population.et le Développement.
CHU : Centre Hospitalier
Universitaire.
CIPD : Conférence Internationale
sur la Population et le Développement.
CNLS : Conseil National de lutte contre le
SIDA.
CNTS : Centre Nationale de Transfusion
Sanguine.
CRLP : Center for Reproductive Law and
Right.
CSI : Centre de Santé
Infantile.
DDS : Direction Départementale de
la Santé.
DSRP : Document Stratégique pour
la Réduction de la Pauvreté.
EDS : Enquête Démographique
et de Santé.
EDSC1 : Enquête
Démographique et de Santé du Congo, n°1.
FMI : Fonds Monétaire
International
HGRN : Hôpital
Général de Référence National.
IEC : Information, Education et
Communication.
IFORD : Institut de Formation et de
Recherche Démographiques.
ISF : Indice Synthétique de
Fécondité.
IST : Infection Sexuellement
Transmissible.
LNSP : Laboratoire National de
Santé Publique.
MST : Maladies Sexuellement
Transmissibles.
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement.
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé.
ONG : Organisation Non
Gouvernementale.
ONUSIDA : Programme commun des Nations
Unies pour la lutte contre le VIH/SIDA.
PIB: Produit Intérieur Brut.
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement.
PNLS : Programme National de Lutte
contre le Sida.
RDH : Rapport de Développement
Humain.
RGPH : Recensement Général
de la Population et de l'Habitat.
SIDA : Syndrome de l'Immuno
Déficience Acquise.
SMI : Santé Maternelle et
Infantile.
SMI/BEF : Santé Maternelle et
Infantile et Bien-être Familial.
SR : Santé de la Reproduction.
UEPA : Union pour l'Etude de la Population
Africaine
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, La Science et la Culture.
UNFPA : United Nations Population Fund
UNGASS : Declaration of Commitment on
HIV/AIDS United General Assembly
UNICEF: United Nation International
Children's Emergency Fund.
USAID : United State Agency International of
Development.
VIH : Virus de l'Immuno
Déficience Humain.
ZD: Zone de Dénombrement.
INTRODUCTION GENERALE
La lutte contre la pandémie du SIDA (Syndrome de
l'Immuno Déficience Acquise) n'est pas nouvelle au Congo. Les sigles
comme D.L.S (Direction de Lutte contre le Sida) et P.N.L.S (Plan National de
Lutte contre le Sida) sont évocateurs de multiples tentatives de
réduction de la propagation voire d'éradication de ce
fléau qui depuis lors ne cesse de ronger la population congolaise.
L'adoption en décembre 2002 d'un cadre
stratégique de lutte contre le VIH/SIDA et les IST pour la
période 2003-2007, n'est rien d'autre qu'une étape additionnelle
des efforts entrepris par les gouvernements congolais en faveur de la lutte
contre le VIH/SIDA entamés environ vingt ans plus tôt. Ce nouvel
intérêt est apparu comme une réaction légitime face
à la pandémie du Sida qui frappe la population congolaise. Par
ailleurs, les différentes crises politiques que le Congo a connues ont
placé la population congolaise (en particulier les femmes
célibataires) en situation de pauvreté quasi exhaustive, les
rendant plus vulnérables aux IST/VIH/SIDA. Le résultat en est une
propagation du VIH/SIDA à une vitesse alarmante au sein de la population
congolaise.
En effet, du fait des conflits armés, la notification
des cas de VIH/SIDA n'a pas fonctionné de façon adéquate
depuis plusieurs années. Déjà en 1995, le taux de
prévalence du VIH/SIDA atteignait 7,8% (Rapport PNUD, 2003 ;
Mboussou 2004), bien au-delà du seuil de 4% fixé par l'ONUSIDA.,
et particulièrement dans les deux principales villes (Brazzaville et
Pointe-Noire) qui regroupent près de la moitié de la population
du pays. Selon l'ONUSIDA, en 2000 la prévalence moyenne était
estimée entre 10 et 12%. Cependant, à Pointe-Noire, la capitale
économique du pays, le taux de prévalence du Sida est
passé de 10% en 1996 à 14% en 2000 (ONUSIDA, 2000).
Cette prévalence, du fait des violences sexuelles et de
la paupérisation croissante de la population congolaise, tend à
se féminiser. Dans le rapport UNGASS (Declaration of Commitment on
HIV/AIDS United General Assembly) publié en 2006, le taux moyen de
prévalence du VIH au niveau national chez les adultes de 15 à 49
ans était estimé à 4,2%, avec des disparités d'une
ville à une autre. Le nombre de personnes infectées par le VIH
étant estimé à 110.000, la prévalence du VIH est
particulièrement élevée dans les tranches d'âge de
35 à 39 ans (8,4%) et 40 à 44 ans (7,8%). La féminisation
de l'épidémie apparaît très marquée avec un
taux moyen de 4,7% chez les femmes contre 3,8% chez les hommes. Il a
été observé une augmentation du risque de
séropositivité avec l'âge, plus précocement chez les
femmes que chez les hommes. Ce risque est maximum entre 25 et 39 ans chez les
femmes, et entre 35 et 49 ans chez les hommes. Avant l'âge de 35 ans, les
femmes sont deux fois plus touchées que les hommes.
Si elle n'est pas freinée, la pandémie risque
d'annuler tous les gains de paix et de reconstruction post-conflit, et
d'empirer la situation de pauvreté des populations. Aussi, aujourd'hui
encore, avec la montée de la modernisation, la lutte contre le Sida
apparaît comme un facteur essentiel de développement. En effet,
ne pouvant se soustraire de l'hégémonie d'un développement
social, économique et culturel mondial qualifié de durable pour
ne pas dire comme Robert Reich, la lutte contre le Sida est une réaction
légitime pour les pays en développement. Il est urgent d'agir
!
Le nouveau cadre stratégique de lutte contre le Sida
au sein de la population congolaise vise comme premier objectif, le
renforcement de la prévention. En l'absence de tout traitement curatif,
la prévention du VIH/SIDA reste vraisemblablement le seul moyen efficace
de lutte contre la propagation de la maladie. Ainsi, la promotion des
comportements sexuels à moindre risque comme stratégie de lutte,
apparaît plus que jamais comme une nécessité. Dès
lors, il serait utile de voir ce qui en est du Sida et des comportements
sexuels des femmes célibataires.
Mais pourquoi tant d'intérêt pour les femmes
célibataires ?
Tout d'abord, en tant que femme et mère, elles sont
à divers égards plus concernées que les hommes par les
questions relatives à la santé de la reproduction. En effet,
l'état de santé des mères détermine celui des
enfants à travers leurs rapports étroits aussi bien pendant la
grossesse que durant la période d'allaitement. Ainsi, une fois
contaminée par le Sida, il y a beaucoup plus de risque qu'elle
transmette le virus à l'enfant. Biologiquement parlant, la transmission
des IST/VIH/SIDA se fait au moins quatre fois plus facilement de l'homme
à la femme que de la femme à l'homme au cours des rapports
sexuels. Autrement dit, les zones muqueuses plus étendues, les
microlésions qui peuvent survenir au cours d'une séance de
rapport sexuel et la présence d'avantage de virus dans le sperme que
dans les secrétions vaginales sont autant d'éléments
contribuant à augmenter le risque d'infection chez les femmes en
général et chez les plus jeunes en particulier (OMS, 2000).
Puis, en qualité de célibataires, elles
constituent une population à risque du fait de leur statut matrimonial,
du désir d'en sortir et de faire des enfants pour se faire une place
dans la société. Aussi, la précarité qui
caractérise la société congolaise ne les épargne
pas. Elles se livrent parfois à des pratiques sexuelles telle que la
prostitution pour chercher de quoi survivre et de ce fait, sont exposées
au risque de contracter le virus du sida (MBOUSSOU, 2004). D'après les
résultats de la première Enquête Démographique et de
Santé (EDS) du Congo réalisée en 2005, seulement 11,6 %
des femmes célibataires ont une complète connaissance du
Sida1(*), et lorsque l'on
sait que celle-ci peut grandement influencer le comportement sexuel
vis-à-vis de la maladie il y a donc lieu de mener une étude
approfondie au sein de cette population cible afin de déterminer les
facteurs qui, en agissant sur les connaissances du Sida, déterminent les
comportements des femmes célibataires face au Sida.
Qu'est ce qui détermine les comportements sexuels des
femmes célibataires au Congo ? En d'autres termes, l'appartenance
d'une célibataire à une catégorie socioculturelle ou
économique donnée la prédispose-t-elle à l'adoption
de comportements sexuels particuliers? Telle est la question fondamentale
à laquelle nous voudrions répondre dans cette étude. Si
certains auteurs ont tendance à expliquer les comportements sexuels par
les facteurs liés surtout à la culture et à la
société, ou n'associent pas les rapports sexuels
contractés par les individus à un autre but que la satisfaction
personnelle, d'autres par contre placent des motivations bien précises
à la basse de ces comportements (RWENGE, 1999b). Dans ce cas, les
rapports sexuels contractés par les femmes célibataires sont
considérés comme étant des stratégies en vue d'une
ascension sociale ou comme moyens de survie et d'amélioration des
conditions de vie. A ces deux approches (socioculturelle et économique)
s'ajoute d'autres approches d'explication des comportements sexuels notamment
les approches biologique, psychosociale, comportementale, institutionnelle et
bien d'autres encore. Mais de plus en plus l'approche genre s'émerge en
s'appuyant sur les inégalités entre sexe pour expliquer la
vulnérabilité des femmes aux IST/VIH/SIDA.
L'objectif général de la présente
étude est de déceler le mécanisme par lequel, le profil
des femmes célibataires influence leurs comportements sexuels, en tenant
compte du contexte particulier de sortie de crise en République du
Congo. Les objectifs spécifiques consistent ainsi à :
· Déterminer le profil des femmes
célibataires les plus exposées aux VIH/SIDA ;
· Vérifier si la bonne ou la mauvaise connaissance
que l'on a du SIDA, influence son comportement sexuel ;
· Identifier les déterminants des comportements
sexuels à risques chez les femmes célibataires au Congo;
· Hiérarchiser les déterminants selon leur
pouvoir explicatif des comportements sexuels.
· Proposer des pistes d'intervention pour
l'amélioration de la situation.
Cette étude est divisée en cinq chapitres. Le
premier chapitre est consacré au contexte de l'étude ; le
deuxième chapitre est réservé à la synthèse
de la littérature et aux cadres conceptuel et analytique ; le
troisième chapitre est celui de l'évaluation de la qualité
des données et la description des méthodes d'analyse des
données ; le quatrième chapitre est consacré à
l'analyse bivariée et le cinquième chapitre à l'analyse
multivariée des données.
CHAPITRE I
CONTEXTE DE L'ÉTUDE
Pour bien comprendre et
apprécier la pertinence des résultats d'une étude sur le
Sida et les comportements sexuels des femmes célibataires en
République du Congo, il est important de se recadrer dans le contexte
particulier de ce pays au coeur de l'Afrique et en situation de post conflit.
Dans ce chapitre il est question de se faire un bref aperçu de la
situation géographique, de l'organisation administrative, de la
situation économique, démographique et sanitaire du pays.
Situé sur la côte occidentale de l'Afrique
centrale et à cheval sur l'équateur, la République du
Congo s'étend au Sud-Ouest sur 11o de longitude Est et
5o de latitude Sud et au Nord-Est sur 18 o de longitude
Est et 4 o de latitude Nord.
Le Congo couvre une superficie de 342.000 km2. Il
est limité au Nord par le Cameroun et la Centrafrique, au Sud par
l'Angola, à l'Est par la République Démocratique du Congo
à l'Est par le fleuve Congo et son affluent l'Oubangui, à l'Ouest
par le Gabon. Le Congo est bordé par l'océan atlantique sur une
longueur de 170 km. Sur le plan administratif, le pays est subdivisé en
12 départements, puis en sous-préfectures, arrondissements et
villages.
A-/ SITUATION ADMINISTRATIVE
Le découpage administratif du Congo subdivise le pays
en douze départements à savoir : Kouilou, Niari, Bouenza,
Lékoumou, Pool, Plateaux, Cuvette, Cuvette Ouest, Sangha, Likouala,
Brazzaville et Pointe-Noire. Le pays compte six communes qui sont les
principales villes du pays. Il s'agit de : Brazzaville (Capitale politique),
Pointe-Noire (capitale économique), Dolisie, Nkayi, Mossendjo et Ouesso.
La langue officielle du Congo est le Français ; les langues nationales
sont le Lingala et le Kituba.
Le Congo est membre des institutions sous-régionales,
régionales et internationales suivantes : Communauté
Économique des États d'Afrique Centrale (CEEAC),
Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC), Union Africaine (UA), Organisation des Nations Unies (ONU),
Observatoire Économique et Statistique d'Afrique Subsaharienne
(AFRISTAT), Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
(OHADA).
GraphiqueI.1 : La
carte administrative de la République du Congo
Source: Division géographique du
ministère des affaires étrangères.
www.izf.net/izf/documentation/Cartes/Pays/supercartes/Congo.htm
B-/
SITUATION DÉMOGRAPHIQUE
La connaissance de l'effectif et des caractéristiques
de la population du Congo demeure très préoccupante du fait de la
non réalisation des opérations de collecte d'envergure nationale.
En effet, suite à l'invalidation des résultats du Recensement
Général de la Population et de l'Habitation de 1996 (RGPH 96) par
le Gouvernement de la République, les données
démographiques actuellement disponibles à l'échelon
national sont caduques d'autant plus qu'elles sont issues des Recensements
Généraux de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1974 et 1984
que nous présentons dans le tableau ci-dessous. D'après les
estimations des travaux cartographiques du RGPH 1996, l'effectif de la
population au Congo se chiffrait à 2 590 811 habitants ; ceci correspond
à un taux d'accroissement de 2,69 % dans la période 1984-1996
contre 3,45 % entre 1974 et 1984. Cette population serait inégalement
répartie sur le territoire national : les six communes du pays
abritaient près de 57 % de la population totale du pays ; en
particulier, un habitant sur trois réside à Brazzaville.
Tableau I. 1 : Indicateurs démographiques
de base
Indicateurs
|
RGPH 15/02/1974
|
RGPH 31/12/1984
|
RGPH 01/07/1996
|
Population totale
|
1319790
|
1909248
|
2590811
|
Taux brut de natalité (%0)
|
41
|
45,2
|
|
ISF
|
7
|
6,2
|
|
Taux brut de mortalité (%0)
|
17,9
|
11,7
|
|
Taux brut de mortalité infantile (%0)
|
100,6
|
71,5
|
|
Espérance de vie
|
46,7
|
50,9
|
|
Source : Rapport de L'EDSC-1.
Les résultats des deux recensements menés
à terme révèlent que la population congolaise est
relativement jeune et à prédominance féminine. En 1984, la
population âgée de moins de 15 ans représentait 45 % de la
population totale contre 51 % pour les 15-59 ans avec 4 % pour les personnes
âgées de plus de 60 ans. Les femmes représentaient 51 % de
la population totale du pays.
C-/ POLITIQUE,
ORGANISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ ET SITUATION
EPIDEMIOLOGIQUE
Cette section présente tour à tour, les efforts
en matière de politique de santé, l'organisation du
système sanitaire et la situation épidémiologique du
VIH/SIDA en République du Congo.
a/-
Programmes et politique de santé
Abritant le siège régional de l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), la République du Congo se trouve
prédisposée à souscrire aux déclarations et actes
internationaux majeurs relatifs à la santé en Afrique. La loi
n° 014-92 du 29 avril 1992 portant institutionnalisation du Programme
National de Développement Sanitaire (PNDS) démontre parfaitement
l'intérêt des autorités congolaises pour ce secteur vital.
L'application de cette loi s'est d'abord traduite par la mise en oeuvre d'un
premier PNDS 1992-1996 qui a permis un certain nombre de réalisations
ayant considérablement modifié le paysage sanitaire du Congo. Il
s'agit essentiellement :
· Du découpage du territoire national en
circonscriptions socio sanitaires ;
· De la mise en place, par décret n°95-3
du 04 janvier 1995, du Comité Technique de Suivi du PNDS (CTS/PNDS),
cadre de développement d'une approche participative et intersectorielle
dans l'analyse des problèmes de santé, la définition des
stratégies et le suivi de la mise en oeuvre ;
· De la rationalisation de l'organisation et du
fonctionnement des Centres de Santé Intégrés (CSI)
· De l'implication des communautés dans la
planification et la mise en oeuvre des activités des zones de
santé ;
· De la formation des cadres, notamment des
médecins.
Ces acquis ont abouti à l'adoption, en mai 2000, d'une
Politique Nationale de Santé (PNS) dont l'objectif global est
d'améliorer l'état de santé des populations afin de
promouvoir leur participation au développement socio-économique
du pays.
La Politique Nationale de Santé (PNS) vise ainsi
à :
· promouvoir et protéger la santé des
individus et des collectivités sur l'ensemble du territoire
· garantir l'accessibilité des populations aux
services et aux soins de santé de qualité ;
· renforcer les capacités nationales de
gestion du système de santé.
Le Programme National de Développement Sanitaire (PNDS)
2007-2011, actuellement en cours d'exécution dans le pays, est une
émanation de cette Politique Nationale de Santé (PNS). Il repose
sur quatre fondements cardinaux à savoir :
· Le droit de l'ensemble des Congolais à la
santé ;
· L'équité dans l'accès à
l'offre de soins et à des prestations de qualité ;
· La solidarité de l'ensemble de la nation
congolaise face à la maladie et à la santé ;
· L'exercice démocratique du droit à la
santé : l'homme doit être acteur et bénéficiaire du
développement sanitaire.
Les axes prioritaires d'action du PNDS 2005-2009 sont
essentiellement:
· Le découpage en circonscription socio
sanitaire ;
· La décentralisation du système de
santé et le renforcement des Circonscriptions Socio Sanitaires (CSS)
;
· Renforcement de programmes de lutte contre les
maladies et de promotion de la santé ;
· Le développement des ressources humaines par
le biais des formations initiale et continue des cadres;
· La réforme de la politique du
médicament en mettant en place un instrument performant pour
l'approvisionnement et la distribution des médicaments essentiels
génériques ainsi que pour la promotion et l'usage rationnel des
médicaments ;
· le développement du système national
d'information sanitaire visant la production d'un annuaire des statistiques
sanitaires nationales, l'élaboration de la carte sanitaire nationale et
la mise en place d'un observatoire de la santé ;
· Le renforcement de la qualité des soins et
des services dans les formations sanitaires ;
· La réforme du système de financement
de la santé.
Pour améliorer la santé de la population
congolaise, le Ministère en charge de la Santé exécute 11
programmes spécifiques dont certains, comme la santé de la
reproduction, la vaccination, la lutte contre le paludisme et les maladies
diarrhéiques, sont intégrés dans les activités
quotidiennes des CSI (Centre de Santé Intégré), tandis que
d'autres, comme le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS),
développent des structures et des actions spécifiques de plus en
plus décentralisées.
b/-
L'organisation du système de santé
Trois niveaux permettent de comprendre l'organisation et le
fonctionnement du système sanitaire congolais parmi lesquels
l'organisation administrative, l'organisation opérationnelle, la
situation épidémiologique et la santé de la reproduction
des adolescents.
v Organisation
administrative
La structure administrative est organisée en trois
niveaux hiérarchiques :
Le niveau central,
représenté par le cabinet du ministère en charge de la
Santé, la Direction générale de la Santé, les
directions centrales et autres structures rattachées au Cabinet du
ministère a un rôle stratégique et normatif dans la
planification, le suivi, l'évaluation, la coordination, la mobilisation
et l'allocation des ressources.
Le niveau intermédiaire,
représenté par les onze Directions Départementales de la
Santé (DDS), joue un rôle d'appui technique aux CSS dans la
transmission des informations, l'adaptation spécifique des normes
nationales aux conditions locales, le contrôle de leur application et la
supervision des équipes cadres des CSS. Cependant elles sont peu
structurées, sous-équipées et dépourvues des
ressources humaines et financières adéquates. Par ailleurs, les
cadres nommés à la tête des DDS n'ayant pas toujours la
formation requise, ne sont pas en mesure de remplir efficacement leur
rôle.
Le niveau périphérique et
opérationnel, est représenté par les
28 circonscriptions socio sanitaires subdivisées en aires de
santé. Selon les normes, chaque CSS doit couvrir entre 50000 et 100000
habitants en milieu rural et 100000 à 300000 habitants en milieu urbain.
Le PNDS prévoit que chaque CSS soit dirigée par une équipe
cadre chargée de planifier, mettre en oeuvre les activités et
gérer les ressources de la CSS. Des 28 CSS, seules 5 ont une
équipe cadre fonctionnelle et 13 ont engagé un processus de
rationalisation des centres de santé fondé sur le recouvrement
des coûts, l'utilisation des ordinogrammes et l'intégration des
soins.
L'analyse de la situation sanitaire nationale indique de
très faibles taux de couverture sanitaire et des insuffisances dans la
supervision des CSS. Toutefois, ces supervisions ont relevé notamment la
mauvaise utilisation des ordinogrammes, la méconnaissance des normes et
procédures des consultations prénatales, de surveillance et de
Promotion de la croissance des enfants de moins de 5 ans, ainsi que le
non-respect des principes de co-gestion des CSI.
v Organisation opérationnelle
On distingue trois types de structures opérationnelles
: les formations sanitaires ambulatoires, les formations sanitaires
d'hospitalisation et les formations sanitaires spécialisées sans
oublier la médecine traditionnelle qui vient en appuis dans les centres
hospitaliers.
Les formations sanitaires
ambulatoires
Elles représentent le premier maillon du
système de santé, point d'intersection entre le service de
santé et la communauté à laquelle elles fournissent des
soins de santé primaires, et comptaient en 2000, 668 structures
publiques et 186 privées. Ce sont les centres et postes de
santé, les cabinets médicaux et les cabinets de soins
paramédicaux. On note aussi de nombreux cabinets médicaux et
centres de soins infirmiers installés essentiellement dans les grandes
villes, sans agrément officiel préalable. L'évaluation de
2002 a toutefois montré que sur l'ensemble du territoire, seuls 91 CSI,
soit 34,2 %, ont été rationalisés et pratiquent le
recouvrement des coûts. En dépit d'un souci de rationalisation, la
plupart de ces centres de santé délivrent un paquet
d'activités incomplet et limité aux consultations curatives et
prénatales. En outre, faute de disposer d'un système
d'approvisionnement performant, ces CSI connaissent de fréquentes
ruptures de stocks de médicaments qui affectent considérablement
la qualité des soins.
Les formations sanitaires
d'hospitalisation
Elles comptaient en 2000, 5 hôpitaux
généraux (dont le CHU et l'Hôpital central des
Armées), 22 hôpitaux de base (hôpitaux de
référence des CSS) et 12 cliniques.
ü L'hôpital de base est le premier niveau de
référence du système de santé.
Les quatre services d'hospitalisation standards retenus pour
les hôpitaux de base sont la chirurgie, la maternité, la
pédiatrie et la médecine. Ces hôpitaux sont le plus souvent
en proie à des pénuries de médicaments, au
sous-équipement, au manque de source d'énergie et
d'approvisionnement en eau et souffrent de l'absence d'instructions et de
directives techniques pour la prise en charge des malades. Leurs taux
d'utilisation sont faibles.
ü L'hôpital général est le
deuxième niveau de référence du système de
santé.
Il devrait disposer en principe de services et d'unités
de soins spécialisés et d'un plateau technique complet permettant
de réaliser une activité médicale continue. Cependant, des
5 hôpitaux généraux, 3 sont fonctionnels, un a
été détruit pendant la guerre et un autre ne répond
pas aux fonctions qui lui sont dévolues à cause de ses
équipements obsolètes, l'insuffisance de personnel
qualifié, les pénuries de médicaments et consommables
médicaux. Les services fournis par ces hôpitaux
généraux ne diffèrent pratiquement pas de ceux des
hôpitaux de base.
ü Le troisième niveau de référence
est représenté par le Centre hospitalier Universitaire (CHU) qui
a en outre une vocation d'enseignement et de recherche.
Les formations sanitaires
spécialisées
Ce sont des établissements publics et
privés qui viennent en appui au diagnostic et au traitement. Ce sont les
laboratoires d'analyses et d'explorations biomédicales dont le
Laboratoire National de Santé Publique (LNSP), le Centre National de
Transfusion Sanguine (CNTS), le Centrale Nationale d'Achat des
Médicaments Essentiels (CENAMES), les officines pharmaceutiques et les
centres de traitement ambulatoire spécialisés (2 centres de
traitement ambulatoire du SIDA, 2 centres antituberculeux et 2 centres de
traitement des lépreux). Du fait des insuffisances de leur plateau
technique et de multiples problèmes, les performances de ces structures
sont faibles.
Les structures de
médecine traditionnelle
Elles comprennent des unités
implantées dans certaines formations sanitaires et des centres
thérapeutiques animés soit par des confessions religieuses, soit
par des tradipraticiens individuellement ou collectivement. La stratégie
de promotion de la médecine traditionnelle dont la mise en oeuvre a
débuté en 1986 repose essentiellement sur le recensement des
plantes et des recettes médicinales. Les faiblesses majeures
résident dans l'absence d'une politique nationale, la non-adoption de la
loi cadre et la faible organisation des tradipraticiens.
c-/ Situation
épidémiologique
Selon les résultats de l'enquête
réalisée en 20032(*), le taux de prévalence du VIH est égal
à 4,2% chez les sujets âgés de 15 à 49 ans.
D'importantes disparités sont observées par départements
et localités. Les localités de Sibiti et Dolisie ont les taux les
plus élevés avec respectivement 10,3 % et 9,4%, alors que les
prévalences les plus faibles sont observées à Djambala et
Impfondo avec 1,3% et 1,5%. Le graphique ci - dessous indique la
répartition des taux de prévalence par chefs lieux de
départements et communes.
Graphique I. 2 : Distribution de la
séroprévalence du VIH par département3(*) en 2003
Source : Rapport de l'enquête
CREDES/CNLS 2003
En outre la situation est caractérisée
par :
Une prévalence particulièrement
élevée dans les tranches d'âge de 35 à 39 ans (8,4%)
et 40 à 44 ans (7,8%) ; une tendance à la
féminisation de l'épidémie, avec des taux moyens de 4,7%
chez les femmes contre 3,8% chez les hommes ;
Des taux de prévalence présentant selon le
niveau d'instruction: 5,4% chez les non scolarisés, 4,1% pour les
personnes du niveau primaire, 4,8% pour le niveau collège, 3% pour le
niveau lycée et 2,5% pour le niveau universitaire.
Des groupes vulnérables constitués par :
les adolescents, les femmes victimes de violences sexuelles, les
professionnelles du sexe, les orphelins du SIDA, les enfants nés de
mères séropositives, les agents de la force publique, les ex
combattants, les personnes déplacées, sinistrées et
réfugiées, les personnes handicapées, les malades
mentaux, les toxicomanes et le personnel de santé ; et une
propagation de l'infection à VIH dans les communautés
favorisées par la pauvreté, le faible niveau économique de
la femme, la résistance à l'utilisation du préservatif, le
vagabondage sexuel et la prostitution, le déni de l'existence du Sida et
la recrudescence des violences sexuelles.
De source hospitalière, 40 % des lits d'hôpitaux
sont occupés par les malades du Sida dans les principales villes ;
le taux de mortalité due au Sida a augmenté à Brazzaville
de 14 % en 1991 à 21,5% en fin 2003. C'est la première cause de
mortalité chez les adultes de 15 à 45 ans, chez les enfants de 0
à 4 ans, 7 % des causes de décès sont attribuables au
Sida.
Ainsi, nous venons de présenter de façon
générale, le contexte de l'étude. Le chapitre suivant
traitera de la revue de la littérature sur les comportements sexuels des
femmes célibataires et présentera par la suite, les cadres
conceptuel et analytique.
CHAPITRE II
THEORIES EXPLICATIVES DES COMPORTEMENTS SEXUELS ET CADRES
CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE.
Il sera présenté dans ce chapitre, les
résultats d'une brève revue de la littérature d'ordre un
peu plus général des différentes théories
existantes sur les comportements sexuels. L'on trouvera également dans
ce chapitre, le cadre d'analyse, les concepts et leurs définitions ainsi
que les variables opérationnelles.
I-/ LES THEORIES EXPLICATIVES
Plusieurs théories expliquent les comportements sexuels
des femmes célibataires. Elles vont des théories biologiques,
psychosociales et comportementales aux théories socioculturelles,
économiques et institutionnelles avec un petit détour sur
l'approche genre.
A-/.
APPROCHE BIOLOGIQUE
L'approche biologique essaie d'expliquer les comportements
sexuels par les changements s'opérant dans le corps de l'individu
pendant la puberté. Bancroft et Skakkebaek (1978), Udry et al. (1986),
affirment que l'activité sexuelle est déterminée par
un mécanisme hormonal naturel, donc biologique. La puberté est
une période de la vie d'un individu pendant laquelle se
développent les organes sexuels et l'individu devient alors capable de
procréer (Oxford dictionary, 6th edition).
Les études ont montré le rôle de
l'âge et de la précocité de la puberté dans
l'explication des comportements sexuels des adolescentes.
a-/
L'âge au premier rapport sexuel.
Pour le commun des mortels, les adolescentes les plus
âgées sont plus encrées dans l'activité sexuelle et
ont plus de partenaires que les plus jeunes (Miller, Forehand & Kotchick,
2000) ; c'est pourquoi, être une adolescente âgée est
un facteur de risque pour la pratique des rapports sexuel (Broocks, 2007).
Aussi, les jeunes femmes célibataires qui ont eu leurs premiers rapports
sexuels aux âges avancés étaient plus motivées
à utiliser le condom et les autres formes de contraception (Blum &
Mmari, 2005). C'est pourquoi, le retard de l'âge au premier rapport
sexuel apparaît être un facteur de l'utilisation du condom ;
de plus, plusieurs autres facteurs influençant les comportements sexuels
tels que l'impulsivité et la puberté sont commandées par
l'âge (Broocks, 2007).
b-/ La
puberté précoce.
Multiples études ont démontré l'existence
d'une significative association entre une puberté précoce et la
précocité du premier rapport sexuel chez une jeune femme
comparativement à d'autres (Blum & Mmari, 2005 ; Flannerry,
Rowe, & Gulley, 1993 ; Magnusson, 2001 ; Udry, 1979 ; Udry
& Billy, 1987 cités par Broocks, 2007). Aux Etats Unies (Miller,
Norton, Fan, & Christoferson, 1998) un lien avait été
identifié entre la puberté précoce et la
précocité de l'activité sexuelle pour les deux sexes dans
les races minoritaires et non minoritaires. Au Kenya, Karigu & Bazin
(1993), ont trouvé que vivre sa puberté triplait la
probabilité pour une femme d'entrée en activité
sexuelle.
Examinant l'effet d'une puberté précoce sur le
comportement sexuel à risque chez l'adolescente, Mezzich et al. (1997)
cité par M. Brooks (2007), arrivèrent à la conclusion
selon laquelle, l'âge à la puberté était fortement
corrélé à l'affiliation à un adolescent plus
âgé (plus de 18 ans). Ceci semble d'autant plus vrai en
particulier pour le contexte traditionnel africain où les femmes
célibataires qui connaissent tôt les manifestations pubertaires
avec une apparence physique mature, sont persuadées par les autres, et
se voient elle même comme attractive et approprier aux partenaires
sexuels.
B-/ APPROCHE PSYCHOSOCIALE
Plusieurs théories et modèles ont
été développés en psychologie sociale pour
expliquer comment les individus modifient leurs comportements. Cela permettait
d'identifier les principaux facteurs favorables au changement de comportement.
Ces études ont abouti à des conclusions selon lesquelles,
l'adoption des comportements sexuels à risque serait aussi sujette
à des considérations psychosociales.
a-/
Les différents modèles
v Le modèle des croyances relatives à la
santé ou "Health Belief Model"
Le modèle des croyances relatives à la
santé ("Health Belief Model") est le seul à avoir
été élaboré dans le domaine de la santé.
C'est l'une des théories explicatives les plus anciennes des
comportements sains. Elle a été mise au point par Rosenstock en
1974. Selon cette théorie chaque individu est capable de choisir des
actions susceptibles de prévenir une maladie du fait qu'il
possède des connaissances minimales en ce qui concerne sa santé,
et ceci dans la mesure où il considère la santé comme une
dimension essentielle de sa vie. Le modèle prédit que l'individu
va se protéger et promouvoir sa santé s'il croit :
· qu'il est susceptible d'avoir un
problème de santé ;
· que les conséquences du problème sont
graves ;
· que les démarches suggérées sont
bénéfiques à la solution du
problème ;
· que les bénéfices des démarches
suggérées sont plus importants que les obstacles ou les
coûts y relatifs.
Dans le domaine particulier de la prévention du
VIH/SIDA l'individu utiliserait le condom s'il croit :
· qu'il y a un risque de contracter le VIH ;
· que les conséquences du VIH/SIDA sont
néfastes;
· que l'utilisation du condom est efficace pour
réduire considérablement le risque de contracter le VIH/SIDA ;
· que les bénéfices de l'utilisation du
condom sont plus importants que les coûts et obstacles potentiels.
v La théorie sociocognitive
La théorie sociocognitive a été
élaborée par Alfred Bandura au cours des années 70-80.
Cette théorie fait appel à un aspect moins rationnel du
comportement humain : la confiance en soi
basée sur le sentiment d'auto-éfficacité. Bandura
définit le sentiment d'auto efficacité comme la conviction qu'a
un individu d'être capable d'organiser et de réaliser les actions
nécessaires à l'accomplissement d'une tâche.
Pour Bandura, (1980, 1989), il est indispensable de croire en
l'efficacité du comportement pour obtenir le
résultat souhaité et en la capacité personnelle
à adopter ce comportement. En effet, pour l'auteur, les croyances d'un
individu à l'égard de ses capacités à accomplir
avec succès une tâche ou un ensemble de tâches sont à
compter parmi les principaux mécanismes régulateurs des
comportements. La croyance en l'efficacité personnelle
(self-efficacity) renvoie « aux jugements que les personnes font
à propos de leur capacité à organiser et réaliser
des ensembles d'actions requises pour atteindre des types de performances
attendus », mais aussi « aux croyances à propos
de leurs capacités à mobiliser la motivation, les ressources
cognitives et les comportements nécessaires pour exercer un
contrôle sur les événements de la vie »
(Wood et Bandura, 1989 ; Bandura, 1986). Ces croyances constituent le
mécanisme le plus central et le plus général de la gestion
de soi (personal agency). Elle a un rôle direct en permettant
aux personnes de mobiliser et organiser leurs compétences. Elle a un
rôle indirect en influençant le choix des objectifs et des
actions. Plus la croyance en l'efficacité personnelle est positive
envers un comportement demandé, plus l'individu sera capable d'accomplir
et de maintenir le comportement en question.
v La théorie de
l'action raisonnée
Le modèle de l'action raisonné fut pour la
première fois développé par Fishbein et Ajzen (1975). Ce
modèle définit les liens entre les croyances, les attitudes, les
normes, les intentions et les comportements des individus. Il postule que les
choix comportementaux en matière de santé sont des
choix pensés,
raisonnés et agis, et
que la raison et la volonté sont les moteurs du comportement. Selon ce
modèle, le comportement d'une personne serait déterminé
par son intention comportementale à l'adopter. Cette intention serait
à son tour déterminée par l'attitude de la personne et par
ses normes subjectives relatives au comportement en question. Fishbein et Ajzen
(2005) définissent les normes subjectives comme étant
« la perception de l'individu sur le fait que la plupart des
personnes qui sont importantes à ses yeux, sont d'avis qu'il devrait ou
ne devrait pas effectuer le comportement en question ».
Ce modèle se base sur le postulat selon lequel, les
stimuli externes influencent les attitudes et cela, en modifiant la structure
des croyances de l'individu. Les croyances sont définies par la
probabilité subjective de l'individu sur le fait qu'effectuer un
comportement particulier va produire des résultats spécifiques.
Selon la théorie de l'action raisonnée, l'attitude d'une personne
envers un comportement serait déterminée par ses croyances envers
les conséquences de ce comportement multiplié par son
évaluation de ces conséquences. Par ailleurs, l'intention
d'effectuer un comportement est également déterminée par
les normes subjectives qui sont elles-mêmes déterminées par
les croyances normatives d'un individu et par sa motivation à se plier
aux normes. Ce modèle introduit la notion des conditions
extérieures à l'individu facilitant ou compliquant l'adoption du
comportement souhaité.
La théorie de l'action raisonnée postule
également que tous les autres facteurs qui influencent le comportement
le font uniquement de manière indirecte, et cela, en influençant
l'attitude ou les normes subjectives.
La théorie de l'action planifiée
La théorie de l'action planifiée est une
extension de la '
théorie
de l'action raisonnée (Ajzen, 1985 ; 1991). Selon l'auteur
(Ajzen), la nécessité de ce nouveau modèle provient des
limitations liées aux comportements sur lesquels les individus n'avaient
qu'un contrôle partiel. Il a de ce fait rajouté à son
modèle une troisième variable qui, selon lui, influencerait
l'intention d'effectuer un comportement, à savoir la perception du
contrôle sur le comportement ("perceived behavioral control").
La perception du contrôle sur le comportement se réfère aux
ressources dont dispose l'individu, à ses propres capacités, aux
opportunités disponibles ainsi qu'à la perception de l'importance
d'arriver à accomplir les résultats. Le concept de perception du
contrôle sur le comportement se rapproche le plus du concept
d'auto-efficacité de Bandura (1989). En effet, les croyances
d'un individu sur son auto-efficacité peuvent avoir une influence sur
son choix d'activités, sur sa préparation pour l'activité
et finalement sur l'effort qu'il met en place durant l'activité en
question. Autrement dit, les intentions d'un individu sont à la base du
changement du comportement si celui-ci lui apporte plus de contrôle.
Ainsi, si par exemple deux individus ont la forte intention d'apprendre une
nouvelle langue, celui qui pense qu'il parviendra à le faire aura
tendance à persévérer davantage que celui qui doute de ses
capacités (Ajzen, 1991). Ce modèle part donc du principe que
trois variables (l'attitude, les normes subjectives, et la perception du
contrôle) influencent directement les intentions d'adopter un
comportement. Ces intentions influencent à leur tour le comportement.
b-/
L'impulsivité
Les comportements sexuels des individus ne sont pas toujours
directement guidés par les motivations d'intérêts
financiers ou matériels. Dans une étude menée au Burkina
Faso en 2004 par The Alan Guttmacher Institute, il ressort
que : "chez 39% des filles de 15-19 ans, c'est le mariage qui explique la
survenue du premier rapport sexuel. Par contre pour 50% de ces filles et 89%
des garçons du même âge, le premier rapport sexuel est
« arrivé comme ça » tandis que pour 5% des filles et 3%
des garçons la raison principale est que le partenaire a
insisté ". Ces résultats confortent la thèse selon
laquelle les premiers rapports sexuels chez les adolescents seraient
spontanés (Daga, 2007).
Les raisons les plus souvent évoquées dans les
discours des adolescents pour justifier l'activité sexuelle
précoce sont : curiosité, "l'amour", le désir, la
peur de perdre son partenaire, l'influence des pairs, l'insistance du copain.
(Rwengé, 1999 ; Calvès, 1999 ; Dembélé,
2004). Aussi, d'autres études qualitatives ont tenté de confirmer
l'hypothèse des désirs sexuels sans intérêt
financier ou matériel en montrant que la recherche du plaisir, la preuve
de sa virilité, la recherche de plusieurs copines comme
prévention d'une déception, la facilité d'avoir un copain
sont autant de raisons évoquées pour justifier le multi
partenariat (Rwengé, 1999 ; Beat-Songué, 1999; Savage,
1999).
C-/
APPROCHE COMPORTEMENTALE
La plus grande partie de la littérature sur les
résultats des comportements sexuels des femmes aboutie à la
conclusion de l'existence d'un lien entre les substances utilisées
(drogue, alcool...) et la conduite sexuelle désorganisée.
Plusieurs liens sont établis entre les facteurs comportementaux et la
pratique d'une sexualité à risque. Certaines recherches de la
littérature existante ont identifié une relation positive entre
la substance utilisée et le premier rapport sexuel (Bentler &
Newcomb, 1986) ; la délinquance juvénile et
l'activité sexuelle (Devine, Long & Forehand, 1993) ; et le
faible niveau d'instruction et l'activité sexuelle (Miller & Moore,
1990).
a-/
Utilisation des stupéfiants
L'utilisation ou la consommation d'alcool, de drogue ou de
toutes autres formes de stupéfiants est un facteur de motivation
d'engagement dans la vie sexuelle, surtout celle à haut risque. Les
femmes célibataires utilisant de la drogue et de l'alcool ont une grande
probabilité de s'engager dans des activités sexuelles à
hauts risques (Brooks, 2007). Pour Rosenbaum & Kandel (1990), la
consommation des stupéfiants joue un rôle crucial dans les
pratiques sexuelles a risque pour l'adolescente du fait que le plus souvent,
cette consommation précède l'engagement dans l'activité
sexuelle. Boyer, Tschann, and Shafer (1999) ont utilisé la
régression logistique pour prédire l'expérience sexuelle
et la régression linéaire pour prédire le comportement
sexuel à risque chez les adolescentes (Brooks, 2007). Les
résultats de ces analyses ont montré l'existence d'une
association significative entre la consommation de drogue et d'alcool et
l'expérience sexuelle et entre la consommation de drogue et d'alcool et
la sexualité à risque.
b-/
La débauche sexuelle
Une des composantes non moins importante de l'approche
comportementale de la sexualité est la débauche sexuelle. Un
comportement de débauche sexuelle de la part d'une femme
célibataire peut avoir des conséquences très
sévères. D'une part, ce comportement terni l'image sociale non
seulement de sa famille mais aussi sa propre image en réduisant
principalement ses futures chances de se marier ; d'autre part, ce
comportement révèle des conséquences plus directes telles
que la multiplication du nombre des partenaires sexuels et des partenaires
occasionnels, la faible utilisation de la contraception (Crosby et al., 2004),
l'engagement avec des partenaires plus âgés (Lederman, et al.,
2004), la contraction des grossesses précoces et non
désirés (Brooks, 2007), et surtout l'exposition aux
IST/VIH/SIDA.
D-/
APPROCHE SOCIOCULTURELLE.
Selon cette approche, les comportements sexuels des femmes
célibataires dépendent largement du milieu socioculturel dans
lequel elles vivent. C'est-à-dire, des normes et valeurs traditionnelles
qui régissent la société. C'est l'ensemble de ces
constructions idéologiques qui déterminent les circonstances du
déroulement de l'activité sexuelle (Rwenge, 1999). Aussi,
l'activité sexuelle en milieu urbain s'expliquerait par la
désorganisation sociale, la faiblesse du contrôle social et le
relâchement des moeurs. Cette thèse fait partie de la
théorie générale de la modernisation qui se fonde sur
l'affaiblissement des structures traditionnelles et le relâchement du
contrôle des aînés sur les cadets. Les comportements
nouveaux qui en résultent sont plus orientés vers la satisfaction
personnelle et la gratification individuelle que vers la responsabilité
familiale (Diop, 1995, cité par Rwengé, 1999).
a-/
L'approche socioculturelle "traditionnelle"
La culture traditionnelle a pour rôle de transmettre et
de perpétuer, génération après
génération, les normes, les valeurs, les us et coutumes dans
l'optique de la conservation ou la préservation de la tradition. On y
enseigne le respect de l'aîné. Les parents y ont aussi des
obligations envers les enfants, les aînés des cadets. Les adultes
en général se chargent de l'éducation et de
l'apprentissage des jeunes. L'enfant évolue d'abord dans la
sphère maternelle, vient ensuite son entrée dans le milieu le
plus élargi de la grande famille, où les rites initiatiques
prennent de l'importance pour lui. Les rites ont pour fonction de faire
évoluer l'enfant, non dans son comportement, son intelligence ou son
affectivité, mais dans son existence même, pour le faire passer de
l'état de nature à celui de culture et de le mener à sa
véritable destinée, à son plein épanouissement sur
le fait que les normes et les valeurs traditionnelles en matière de
sexualité, sont à la base de la variation des comportements
sexuels des célibataires.
Une des principales caractéristiques de la
société traditionnelle est la forte valorisation de la
maternité et du mariage qui sont les deux éléments
essentiels du devenir traditionnel de la femme (Liboko, 2001). En effet une
descendance nombreuse représente pour la femme une source essentielle de
prestige et de considération, et contribue de manière
décisive à consolider sa position à l'intérieur de
sa belle-famille (EVINA, 1990 ; NATION-UNIES, 1992). Cette importance
accordée à la maternité explique la tendance de la
société à considérer l'infécondité et
la stérilité comme des déchéances faisant l'objet
d'interprétations diverses.
Ainsi pour EVINA AKAM (1990) : « Chez les
Béti du Sud Cameroun, l'absence de maternité est pour une femme
un obstacle à son ascension dans le groupe féminin. De plus une
femme sans enfant est le plus souvent considérée comme le logis
des mauvais esprits ou tout simplement comme une sorcière. Les femmes
stériles Fulani et des autres ethnies touchées par
l'infécondité au Nord du Cameroun se considèrent comme des
handicapées sociales et se croient inférieures aux autres femmes.
Une femme stérile n'a donc pas à se déclarer comme
telle ».
Des études antérieures en Afrique subsaharienne
ont montré la pertinence de l'ethnie, de la religion et la
résidence dans le monde traditionnel africain sur l'explication des
comportements sexuels différentiels.
v L'ethnie
Nombreux sont les auteurs qui ont identifié
l'appartenance ethnique comme un facteur important de différenciation
des comportements sexuels des femmes célibataires. De la
littérature spécialisée en ressortent deux typologies.
D'un côté, les ethnies où les moeurs sexuelles sont
permissives, de l'autre, celles où les moeurs sexuelles sont très
rigides. Selon G.P. Murdock, 1964, cité par
N'gonon, 2002, les différences de pratiques selon les ethnies en Afrique
résulteraient aussi des différences de moeurs sexuelles qui
peuvent être permissives ou non. En effet, en matière de
sexualité certaines ethnies sont plus tolérantes que d'autres.
Dans ces ethnies, l'encadrement familial est caractérisé par un
très faible contrôle social des jeunes par leurs
aînés, parents et d'autres membres de la communauté. Elles
jouissent ainsi d'une très grande marge de liberté. La
sexualité avant le mariage est encouragée. Cette attitude est
surtout adoptée dans les sociétés à taux
élevé d'infécondité pour tester les
capacités des jeunes à procréer. C'est notamment le cas
des Moba-gurma du Togo, des Krou de Côte d'Ivoire, des
Mongo et Tetela de RD Congo, des
Zandés-Nzakara de Centrafrique, des Bëti du
Cameroun, dans les provinces de Toliary et de Fianarantsoa à
Madagascar (Gastineau & Binet, 2006 ; Ombolo, 1990 ; Rey,
1989 ; Schwart, 1978 ; Retel-Laurentin, 1974, Beninguisse4(*) 2007). Dans un tel contexte,
l'ethnie apparaît comme un facteur important dans l'occurrence
précoce de la sexualité chez les adolescentes.
Cependant, dans les ethnies où les moeurs sexuelles
sont rigides, la virginité de la femme avant le mariage est
valorisée. La fécondité prémaritale est dans ces
ethnies une violation des règles et est passible de sanctions
sociales. Cette considération sociale de la sexualité et de
la procréation prémaritale prévaut encore au
Sénégal, dans la province d'Antananarivo à Madagascar,
chez les Luba de la République Démocratique du Congo (RD
Congo), chez les Sara et les Gbaya de la République
Centrafricaine et chez les Bamiléké et les
Mandara du Cameroun (Rwengé, 2002 ; Gastineau & Binet,
2006 ; Adjamagbo et al., 2004, Ahmat, 1995 ; Diop, 1993 ;
Retel-Laurentin, 1974).5(*)
Ces sociétés accordent une très grande valeur à la
virginité des filles car, il en va de l'honneur de la famille.
Au plan culturel, pour le cas du Congo6(*), on note une bipolarisation du
système matrimonial à savoir : le système
matrilinéaire qui est la caractéristique principale de la partie
Sud du pays, favorable à une sexualité prémaritale, dont
le groupe ethnique le plus représentatif est le Kongo (48%). Au Nord du
pays par contre, le système patrilinéaire domine la
quasi-totalité des ethnies et est moins permissive à la
sexualité prémaritale, avec pour principaux groupes ethniques:
les Sangha (20%), les Mbochi (12%), les Téké (17%).
Des études antérieures ont montré que
dans les ethnies à moeurs permissives le multipartenariat,
l'activité sexuelle occasionnelle et la sexualité
rétribuée sont fréquents (Rwengé, 1999 ;
2002 ; Talnan et al., 2002 ). En Côte d'ivoire, ces
comportements résultent aussi du "rite de lavement " si l'on en
croit notamment Aonon, 1996. Pour cet auteur, ce rite est le facteur clé
de la liberté sexuelle des filles baoulés avant le mariage. Par
ailleurs, Talnan et al. (2002) ont observé que l'appartenance
ethnique influence très positivement le multipartenariat chez les
adolescentes Krou. Traitant de la question au Cameroun, Rwengé
(2000) a montré que le multipartenariat était plus manifeste
chez les jeunes appartenant aux ethnies Bamiléké, Metta, et les
(autres) ethnies du Nord-Ouest. Il a aussi examiné la relation entre
l'ethnie et la sexualité occasionnelle d'une part, et d'autre part la
relation entre l'ethnie et la sexualité rétribuée. Dans le
premier cas, les ethnies Makon-Banyague, Bamiléké, Tikari-Nsoh
sont moins enclines à la relation sexuelle occasionnelle (Rwengé,
1999 ; 2000). Dans une autre étude dans laquelle cet auteur
compare les comportements sexuels des Bëti à ceux des
Bamiléké, les rapports sexuels occasionnels et
rétribués se sont avérés plus fréquents chez
les premiers que les seconds (Rwengé, 2002).
La prévalence de l'utilisation du condom lors des
rapports sexuels est aussi un autre élément de
différenciation selon le groupe ethnique d'appartenance. Chez les
Bamiléké du Cameroun, les rigidités des moeurs en
matière de sexualité ont élevé le risque
d'utilisation du condom pendant les rapports sexuels. Inversement, chez les
Béti du sud Cameroun c'est la permissivité des moeurs sexuelles
qui joue en défaveur de la prévalence de l'utilisation du condom
au moment des rapports sexuels (Rwengé 2002). En Côte d'ivoire par
contre, c'est plutôt les jeunes d'origine ethnique
"étrangères" à ce pays qui ont un risque plus
élevé de ne pas utiliser le condom aux cours des rapports sexuels
(Talnan et al., 2002).
Par ailleurs, des études qualitatives de Rwengé
(2002) sur les différences ethniques des comportements sexuels au
Cameroun ont examinées les raisons associées au
multipartenariat et à la non-utilisation des condoms dans certaines
ethnies. Ainsi, il en ressort que chez les Bëti tout comme chez les
Bamiléké, la recherche du plaisir sexuel serait la principale
raison du multipartenariat chez les hommes. Par contre, chez les femmes les
contraintes économiques étaient la principale raison du
multipartenariat. Le désir d'enfants, la diminution du plaisir, la
mauvaise appréciation du condom, la fidélité et la
confiance au partenaire sont les principales raisons liées à la
non-utilisation des condoms aussi bien en milieu Béti qu'en milieu
Bamiléké.
Les changements socio-économiques ont largement
modifié l'environnement socioculturel en milieu urbain congolais. Dans
le milieu rural, les normes et coutumes en matière de sexualité y
résistent encore en raison probablement de l'absence ou de la moindre
influence dans ce milieu, des moeurs à l'occidentale. D'une façon
générale, la sexualité de la jeune fille avant le mariage
est acceptée dans la société congolaise quelque soit
l'ethnie, particulièrement à Brazzaville et à Pointe Noire
où vie plus de la moitié de la population du pays.
Outre les normes et les valeurs traditionnelles dictées
par l'appartenance ethnique, la socialisation dans le milieu rural et la
religion traditionnelle constituent deux facteurs déterminants des
comportements en matière de sexualité des femmes africaines.
v La religion
Du fait du rôle qu'elle joue dans la morale des
individus, la religion tient une place importante dans la vie des hommes dans
la quasi-totalité des sociétés.
« Dans les religions traditionnelles, il existe
également des tabous sexuels allant dans le sens de l'abstinence hors
mariage. L'éventualité d'entretenir des relations avec des
partenaires multiples dans ce dernier cas et dans le premier (christianisme)
est donc exclue, et l'usage du condom s'avère superflu, puisque la
fidélité est garantie dans le mariage (...) »
(Beat-Songue 1993, p.26).
Ces propos traduisent comment la religion traditionnelle agit
sur la sexualité de l'individu en générale et celle de la
femme célibataire en particulier via des codes moraux régissant
l'exercice de la sexualité. La sexualité de la femme est
très difficilement acceptée avant le mariage, ce qui pourrait
expliquer la précocité des unions et des rapports sexuels
généralement observées dans la plupart des religions
traditionnelles. Cela est d'autant vrai puisqu'au Cameroun, les adeptes des
religions traditionnelles sont significativement moins susceptibles de retarder
leurs premiers rapports sexuels quelque soit la région de
résidence (Kuaté Defo, 1998). Dembélé (2004) a
pratiquement observé la même tendance au Burkina-Faso. Il ressort
de son étude que les adolescentes animistes sont plus susceptibles de
s'engager dans l'activité sexuelle prémaritale que les
catholiques.
v La socialisation traditionnelle
Le milieu de socialisation constitue un autre
élément explicatif des comportements sexuels des femmes
célibataires en Afrique en général et au Congo en
particulier.
La socialisation dans le milieu rural traditionnel s'oppose
à celle du milieu urbain compte tenu de son impact sur le comportement
sexuel des femmes. La socialisation dans le milieu rural est synonyme
d'acquisition des valeurs normatives et religieuses traditionnelles qui sont
transmises dans un contexte de contrôle strict par les anciens et la
communauté. Une femme socialisée dans ce milieu est tenue
d'adopter un comportement digne de sa famille, de manière à ce
qu'elle-même et son entourage en soit toujours honorés (Ibrahima,
1999). Cependant, avec la modernisation
`'accélérée'' des sociétés africaines,
ce contrôle social très apprécié (du moins pour ce
qui est des comportements sexuels) se trouve affaibli et menacé
"d'expulsion dans sa propre demeure". Il faut alors craindre comme
Bauni, (1990) et Meekers, (1992)
que la diminution du contrôle social en matière de
sexualité, imputable en partie à l'urbanisation et ses
opportunités socioéconomiques, ne détruise les structures
traditionnelles, favorise les mutations culturelles, et partant, augmente le
pouvoir décisionnel des individus dans les choix à propos de,
avec qui et pourquoi contracter les rapports sexuels.
b-/
L'approche socioculturelle "moderne"
Comme la plupart des « sociétés
inférieures »7(*), la société africaine se trouve de plus
en plus imposer un mode de vie "moderne", à l'occidentale
considéré comme la norme des civilisations. La tradition
africaine doit alors céder la place à la modernisation sous
toutes ces formes notamment son aspect socioculturel, avec pour corollaire la
liberté sexuelle, qui tend d'ailleurs à se confondre au
libertinage. Encore faudrait-il s'interroger sur les conséquences de la
dynamique des moeurs sexuelles sur l'individu et sur la société.
En effet, des constats pour le moins paradoxaux ont parfois été
faits concernant l'effet des religions occidentales sur les comportements
sexuels. Des études ont classé ces religions comme faisant partie
des facteurs de la modernisation ayant contribué à la
déstabilisation de certaines valeurs traditionnelles africaines
(Sala-Diakanda, 1988 ; Evina, 1990 ; Rwengé, 1999a). Ce
faisant, ces religions auraient contribué à l'adoption en
Afrique, particulièrement chez les jeunes, des comportements
débridés notamment en matière de sexualité (Liboko,
2001). Une grande importance est alors accordée à la performance
sexuelle ; les questions relatives au sexe ne sont plus tabous et peuvent
se débattre sans honte entre garçons et filles ; la
sexualité avant le mariage devient une pratique courante,
considérée comme normale ; et l'inexpérience sexuelle
passe aux yeux de beaucoup pour une insuffisance préjudiciable (Ngondo,
1994 ; Njikam Savage, 1998 ; Beat-Songue, 1998 ; Evina,
1998).
Ainsi, la religion occidentale, le milieu de résidence
et de socialisation, l'éducation et le niveau d'instruction, etc., sont
autant d'éléments pouvant constituer la dimension moderne de
l'approche socioculturelle, quand il est question d'envisager des
hypothèses sur les effets de l'ouverture des femmes africaines aux
valeurs occidentales en matière de sexualité.
v L'influence des
religions importées
Du fait de leurs origines, les religions chrétienne et
musulmane ont été identifiées par bon nombre d'auteurs
comme faisant partie des facteurs socioculturels modernes pouvant influencer
les comportements sexuels des individus dans les sociétés
où elles se sont implantées. Ces grandes religions
véhiculent aux fidèles des idéologies morales
régissant les pratiques sexuelles. Par exemple, en matière de
prévention des IST/VIH/SIDA, les leaders religieux ont
généralement prêché des discours peu favorables
à l'utilisation du préservatif, car selon eux, pouvant conduire
à des comportements de vagabondage et débauche sexuels. Ils ont
en revanche, recommandé la fidélité au partenaire ou tout
simplement l'abstinence sexuelle. Au Cameroun, ces religions semblent
présenter des similitudes concernant l'attitude sur la
sexualité :
« (...). Ces mesures s'inscrivent dans l'ethnie
ou des groupes religieux les plus importants au Cameroun, et cela d'autant plus
qu'à l'extrême, ces religions (catholicisme, protestantisme,
islam) prônent souvent l'abstinence des rapports sexuels hors mariage.
C'est le cas pour le christianisme (...) et l'islam (...) »
(Beat-Songue, 1993, p. 26).
Concernant le Sida, ces religions le perçoivent comme
une « maladie de Satan » à cause du
lien qu'il entretient avec le sexe. En effet, dans les religions musulmanes et
chrétiennes avoir des rapports sexuels hors mariage ou utiliser un
préservatif lors des rapports sexuels est considéré comme
un péché.
Au Congo, dans certaines confessions religieuse le Sida est
considéré comme une punition ou une malédiction de Dieu
à l'égard des personnes n'observant pas ses ordonnances ou
commettant des péchés. En fait de péchés, il ne
s'agit nulle part de mensonge, de vol ou de meurtre largement exorcisés
pendant la conférence nationale, apparaissant comme les
péchés les plus monstrueux (Guénais et al., 1995) mais
plutôt des rapports sexuels avant le mariage.
Dans son étude sur le Sida, la sexualité et la
procréation au Congo, Madeleine Boumpoto8(*), parlant du rapport Sida et religion dit :
« Le sida apparaît toujours comme une
maladie -- sanction d'une inconduite sexuelle, ce qui l'assimile à
l'impudicité, à la débauche, à l'adultère et
fait du malade un pécheur qui n'a eu que ce qu'il mérite.
L'attitude face à la mort par le sida révèle les
mêmes incohérences. En principe, la mort est pour tout
chrétien un passage qui mène à Dieu. Quand elle arrive,
elle traduit la volonté de Dieu et doit être acceptée,
quelles que soient les circonstances. Or, mourir par le sida est
considéré comme une condamnation par la majorité des
chrétiens. (...), le langage courant a établi l'analogie entre le
«fruit défendu» et le sexe, en particulier celui de la femme,
qu'elle offre au cours de l'acte sexuel à l'homme et qui conduirait
à la mort. Mais, qu'on considère le sida comme une
conséquence de la désobéissance aux préceptes
divins ou comme la conséquence de la consommation du fruit
«défendu», il est un opprobre, exactement comme dans la
conception profane. ».
Ces propos de Boumpoto illustrent bien comment la religion,
à travers les codes moraux dont elle régi auprès des
fidèles, agit sur l'individu en modifiant non seulement son comportement
sexuel ("La religion est un déterminant de l'entrée
précoce en vie sexuelle" : Kouaté Defo, 1998) mais aussi sa
conception du sida ainsi que l'adoption des attitudes répulsives envers
les personnes vivants avec le VIH/SIDA.
Les études9(*) menées au Ghana (Takyi, 2003) et en milieu
urbain ivoirien (Talnan et al., 2002) ont montré tour à tour que
la religion avait un effet significatif sur la connaissance du Sida et que les
adolescentes musulmanes avait moins de chance d'avoir recourt aux condoms dans
leur vie que celles adeptes des religions chrétiennes.
v Le milieu de socialisation et le milieu de
résidence
Le milieu de socialisation et le milieu de résidence
sont deux facteurs, non moins important concourant à l'explication des
comportements en matière de sexualité des femmes en Afrique au
sud du sahara.
Si la socialisation en milieu rural se caractérise par
l'acquisition des valeurs normatives et religieuses traditionnelles transmises
dans un contexte de control strict des aînés et de la
communauté, la scolarisation en milieu urbain par contre se
réalise dans des conditions différentes. Dans le milieu urbain,
les modèles et idéaux autorisant ou banalisant le sexe, venant
pour la plupart des sociétés occidentales, ont influencé
les comportements des individus par les valeurs observées dans la
littérature et les médias. La rigueur du contrôle social
traditionnel laisse la place à la liberté et à
l'initiative des individus en particulier des jeunes célibataires qui
doivent se battre à leur manière pour trouver des repères,
ne sachant pas trop à quel système de valeurs se conformer
(Rwengé, 1999b). Aussi, les jeunes dans les villes sont motivés
par la quête du plaisir sous toutes ses formes et la valorisation de
performances et prouesses sexuelles, à avoir une activité
sexuelle intense (Beat-Songue, 1998).
Contrairement au milieu de socialisation qui agit sur les
comportements essentiellement de manière indirecte à travers le
processus de socialisation, le milieu de résidence détermine les
comportements directement, d'autant plus qu'il renvoie à l'effet des
conditions de vie et à celui de la modernisation des valeurs (Liboko,
2001).
Le milieu urbain est le lieu où se développent
les comportements sexuels à risque en raison de son organisation,
offrant ainsi des conditions propices à la promiscuité sexuelle
(Rwengé, 1999). En effet, l'urbanisation s'accompagnant de l'ouverture
des jeunes à l'information sur la sexualité et aux médias,
à favoriser les activités récréatives se rapportant
au cinéma, aux soirées dansantes, au football etc. Ces
activités raccourcissent le temps que les jeunes ont sur le
contrôle des parents ou passent dans le cercle familial. Il s'en suit le
développement de l'activité sexuelle précoce des jeunes
observé dans la plupart des villes africaines. Kuaté-Défo
(1998) a observé chez les adolescentes du Cameroun une absence de lien
ferme entre le lieu de résidence et le début de l'activité
sexuelle. Cette absence de lien pourrait refléter, selon cet auteur,
aussi bien l'influence des changements dans les normes et pratiques qui
régissent l'activité sexuelle selon le milieu que les
transformations régionales de la nuptialité.
v Le niveau d'instruction
Le Niveau d'instruction est certainement un autre facteur non
moins important, concourant à l'explication de la variation des
comportements sexuels. D'ailleurs, nombreuses sont les études qui
ressortent le lien entre le niveau d'instruction et la sexualité de
façon générale, mais de façon plus
particulière pour ce qui est de la sexualité des adolescentes et
des femmes célibataires.
Le niveau d'instruction ne présente pas que
d'influences négatives sur la sexualité. En effet, Meekers (1993)
a observé qu'au Mali, au Togo, au Ghana, et au Libéria,
l'expérience sexuelle était plus élevée parmi les
filles lettrées. Kuaté-Défo (1998) et Calvès
(1999) en sont arrivés aux mêmes conclusions au Cameroun
où, les filles de niveau secondaire et plus, présentaient des
risques plus élevés d'être sexuellement actives avant le
mariage que celles n'ayant pas été à l'école. Sur
ce point, les programmes d'éducation sexuelle à l'école
seraient toutefois plus efficaces s'ils débutaient très
tôt, avant la première expérience sexuelle des adolescents
et s'ils mettaient l'accent sur les compétences et les normes sociales
plutôt que sur l'acquisition des connaissances. Signalons par ailleurs
que le manque d'instruction chez la femme est cité comme un facteur
restrictif d'accès à l'information adéquate sur les
IST/VIH/SIDA, limitant ainsi leurs connaissances sur les modes de
prévention de ces maladies (Awusaba-Asare et al., 1993 ; Panos,
1993 ; Gobato et Bardem, 1995 cités par Libiko, 2001). Enfin,
l'influence de l'instruction sur les comportements sexuels de la femme peut
aussi s'exercer à travers l'amélioration du statut de la femme.
En effet, l'instruction favorise l'émancipation de la femme,
améliore sa perception de soi, et réduit les
inégalités dans ces rapports avec son partenaire.
v Le niveau d'instruction des parents et
l'éducation sexuelle des filles.
Le niveau d'instruction des parents peut être
considéré comme un facteur explicatif des comportements sexuels
des jeunes femmes célibataires dans ce sens qu'il constitue un moteur de
dialogue et donc d'éducation sexuelle entre parents et enfants. Une
étude de Koss (1985) citée par Brooks (2007) a trouvé que
les adolescentes dont les parents avaient un niveau d'instruction primaire
étaient 5,7 fois plus engagées dans les relations sexuelles que
celles où les parents étaient de niveau supérieur.
Le contrôle des enfants par les parents avait
été identifié comme un facteur significatif dans la
compréhension de la variation de l'activité sexuelle parmi les
adolescentes aux Etats Unies et partout ailleurs (Hanson et al., 1987 ;
Hogan et Pitagawa, 1985 ; Meschke & Silbereisen, 1997 ; Brooks,
2007). M. Schofield (1971) soulignait déjà que
l'intérêt et le temps accordés par les parents à
l'éducation de leurs enfants en matière de sexualité
étaient aussi déterminants des comportements sexuels des jeunes.
Il est reconnu qu'en Afrique subsaharienne comme dans beaucoup d'autres pays en
développement, la plupart des parents s'entretiennent rarement avec
leurs enfants sur la sexualité (Rwenge, 1999b). Cette attitude tient
à deux principales raisons : « La première
résulte du fait que l'éducation traditionnelle reçue par
les parents n'accorde qu'une très petite place à l'explication et
à la verbalisation. La deuxième raison est le manque de
connaissances adéquates des parents en matière de
sexualité » (Madzouka, 1991). Ainsi la plupart des parents
considèrent la sexualité comme un sujet tabou et ont la crainte
que les enfants, surtout pubères et adolescents, ne considèrent
les informations éducatives sur la sexualité comme une incitation
à la débauche. En revanche, ceux qui peuvent s'entretenir avec
leurs enfants sur ce sujet, appartiennent aux couches sociales aisées de
la population, mais dans la plupart des cas, ils consacrent plus de temps
à leurs activités qu'à l'encadrement de leurs enfants.
E-/
APPROCHE ÉCONOMIQUE
L'approche économique considère les femmes comme
des acteurs dits rationnels. Elle se base sur la thèse de "l'adaptation
rationnelle" développée par Cherlin et Riley en 1986 selon
laquelle les femmes s'engagent dans la sexualité pour atteindre des
objectifs bien précis, d'ordre économique ou social. En effet,
devenir sexuellement active, pour une jeune femme célibataire, est une
décision rationnelle basée sur l'attente d'une
gratification : argent, cadeaux, habits, emploi, etc. en échange
des rapports sexuels avec un homme. La sexualité devient alors, une
stratégie utilisée par les femmes célibataires pour
améliorer à la fois, leurs conditions de vie et leur statut via
le mariage ou la fécondité.
a-/
La sexualité des femmes comme stratégie d'amélioration des
conditions de vie
Pour une femme `'pauvre'', l'activité sexuelle comme
stratégie de survie, est un moyen de se mettre à l'abri du besoin
matériel et financier. Les femmes qui sont dans l'incapacité de
satisfaire leurs besoins financiers sont obligées de commercialiser leur
sexe aux hommes de situation financière aisée (Calvès,
1996 ; Ilinigumugabo et al., 1996). Si l'argent ne constitue pas une
motivation importante pour la première expérience sexuelle, il
constitue toutefois par la suite une composante majeure de leur vie affective
(Calvès, 1998). Ainsi, les avantages financiers découlant de la
multiplicité des partenaires sont cités par un nombre important
des femmes âgées de 20 ans et plus. Au cours de son enquête,
Calvès a relevé que 47 % d'entre elles affirment qu'elles
ont plusieurs partenaires afin de satisfaire leurs besoins financiers. Une
étude de l'ONUSIDA (2002) a
révélé que près d'une adolescente sur cinq non
scolarisée trouvait difficile de refuser des rapports sexuels lorsque de
l'argent et des cadeaux étaient offerts. Cette monétarisation des
rapports sexuels se fait non seulement avec des partenaires plus
âgés et plus riches (relations du type "sugar dadies" ou
encore "sponsors") mais aussi avec leurs jeunes copains de qui elles exigent
des faveurs similaires en échange de relations sexuelles. Dans les
discussions de groupe, il ressort que le phénomène de "sugar
dadies" fait aussi partie des stratégies pour la recherche d'un
emploi car « ...un parrain qui a souvent une bonne situation
professionnelle et de nombreux contacts, peut rendre également des
services à sa partenaire, comme l'aider à trouver un
emploi. » (Calvès, 1998, p. 165).
La perception des adolescentes par les hommes
âgés dans le contexte du Sida est aussi un élément
déterminant le multipartenariat et la sexualité
prémaritale des jeunes femmes en Afrique. Il est en effet
fréquent que des hommes d'âges mûrs et aisés
préfèrent entretenir des relations sexuelles avec des
adolescentes plutôt qu'avec des femmes âgées. Ils croient
qu'étant encore jeunes, les adolescentes ont moins de risque que les
femmes âgées d'avoir le Sida (Caldwell et al., 1993 ; Dozon
et Guillaume, 1994). D'autres encore, pensent qu'avoir un rapport sexuel avec
une fille vierge peut guérir du Sida (OMS, 2000).
Enfin, les mouvements migratoires féminins de recherche
d'emploi peuvent aussi expliquer en partie, les comportements sexuels à
risque dans bon nombre de villes africaines. Pour Rwengé
(1999a), «Dans les conditions
économiques difficiles, les femmes célibataires peuvent se
prostituer pour subvenir à leurs besoins ». En effet, une
bonne partie des jeunes filles qui migrent vers les grandes villes ou les
bourgades ont pour premier objectif, avoir un emploi. En cas d'échec
elles se lancent parfois dans la prostitution. La migration contribue ainsi
à augmenter les comportements à risque en favorisant les rapports
sexuels occasionnels, souvent non protégés ; faisant de la
migrante à la fois l'hôte et le vecteur du VIH. Aussi en raison de
la charge en terme de personnes à nourrir, éduquer, entretenir
etc., la célibataire peut s'engager dans les rapports sexuels à
risque en multipliant le nombre de partenaires (réguliers et
occasionnels) pour arriver à faire face à la charge qui lui est
dévolue. Cette charge peut dans certains cas s'étendre en plus de
ses propres enfants, à celle de son père, sa mère et
d'autres parents (Mboussou, 2004).
b-/
La sexualité des femmes comme stratégie d'accès au
mariage.
La fécondité étant
généralement l'objectif premier assigné au mariage en
Afrique, une jeune femme s'engagerait dans les rapports sexuels non
protégés avec un homme qu'elle aime, dans le seul but de
contracter une grossesse, celle-ci étant envisagée comme
stratégie nécessaire d'aboutissement au mariage (Smith, 1998).
Ainsi, dans les relations amoureuses où la fille est issue d'une famille
pauvre et le garçon qu'elle aime, issu d'un milieu aisé, la fille
fait tout pour avoir un enfant avec le jeune garçon, pensant que ce
dernier sera ainsi obligé de l'épouser (Liboko, 2001). La
recherche du mariage ou d'une naissance est une cause nécessaire et
suffisante de la sexualité des adolescentes comme le souligne ces
extraits de Calvès (1999, p 172) :
« L'activité sexuelle est également comme un moyen
de trouver un époux et beaucoup de filles déclarent qu'elles
aiment sortir avec un homme qui constitue un mari potentiel (...). Elles ont
parfois des relations sexuels prénuptiales dans le but de donner
naissance à un enfant et de renforcer le lien émotionnel avec le
partenaire, ce qui peut éventuellement conduire au
mariage ».
Comme le pense Njikam (1998), la compétence sexuelle
c'est-à-dire "l'habileté d'un partenaire à procurer
à l'autre la satisfaction espérée ou
désirée" (p. 85) est aussi considérer par les
femmes comme moyen d'augmenter leurs chances de se marier. Traitant de la
sexualité prémaritale des adolescentes à Douala
(Cameroun), Njikam souligne le fait que les hommes n'ont ni le temps ni la
patience de les initier ou de les amener à améliorer leurs
habilités en matière de sexualité.
F-/
APPROCHE INSTITUTIONNELLE
Cette approche prend comme postulat, l'idée selon
laquelle l'environnement institutionnel en matière d'activité
sexuelle aurait une influence sur les comportements sexuels des jeunes. Elle
accorde une grande importance aux politiques, aux programmes et aux lois en
matière de sexualité relatifs aux comportements sexuels des
jeunes. Si jusqu'à une date très récente, l'Afrique
n'avait pas une tradition de lutte contre les IST, force est de constater que
depuis la découverte du VIH/SIDA des efforts significatifs des
gouvernements dans ce sens ne passent plus inaperçus (Kobelembi, 2005).
En témoigne, l'adoption et la mise en oeuvre des Programmes Nationaux de
Lutte contre le Sida (PNLS) dans l'ensemble des pays membres de l'OMS en 1990
(Auvert, 1994).
Les programmes de prévention complets comprennent une
série de stratégies, telles que les campagnes d'Information,
d'Education et de Communication (IEC); les programmes de modification des
comportements sexuels; la promotion de l'usage du préservatif; les
services de dépistage volontaire et d'accompagnement psychologique; la
sécurité transfusionnelle; et la sensibilisation des groupes
à haut risque (travailleurs du sexe et utilisateurs de drogues
injectables) et vulnérables (jeunes et femmes enceintes). Cependant, les
programmes les plus répandus restent les campagnes IEC, le
contrôle systématique des produits sanguins, les services de
dépistage et d'accompagnement psychologique, la promotion de l'usage du
préservatif.
Il restera alors aux gouvernements de trouver les canaux par
lesquels ces politiques et programmes atteindront ceux qui en ont le plus
besoin. Cela d'autant plus qu'une frange importante de la population dans les
villes d'Afrique subsaharienne, reste encore mal informée sur le sida,
sur les modes de prévention de cette maladie, et n'a donc pas encore
modifié son comportement sexuel (Rwenge, 1999b). Aussi, Mann
(1999),cité par Myriam de LOEZIEN et repris par N'gonon (2002),
critiquant ces politiques, soulève le fait que les programmes de
sensibilisation n'atteignent jamais de façon équitable toutes les
couches sociales, parfois et même de manière non
délibérée, renforcent une discrimination sociale
préexistante ; ou même, créent de nouvelles formes de
discrimination. De plus, les programmes de promotion de condoms ont
été élaborés à partir des recherches qui ont
négligé l'importance des normes et valeurs socioculturelles en
matière de sexualité dans les populations concernées
(Rwenge 1999).
Conscient de cet état de fait, le gouvernement
congolais multiplie les efforts en vu d'améliorer sa politique de
sensibilisation particulièrement les programmes d'IEC par
l'intermédiaire de divers canaux, y compris la presse écrite, le
théâtre, la radio, le publipostage et autres messages
d'intérêt public, en espérant atteindre une frange
importante des plus démunis et défavorisés. Mais il reste
encore beaucoup à faire pour améliorer l'efficacité des
stratégies gouvernementales, surtout pour ce qui est de
l'intégration dans ces politiques et programmes, des normes et valeurs
socioculturelles de la sexualité.
G-/
ÉMERGENCE DE L'APPROCHE GENRE
L'approche genre tente d'expliquer les comportements sexuels
par les inégalités entres sexes et les rapports de genre qui en
découlent. En effet, les inégalités existant entre les
hommes et les femmes et les rapports qui en découlent sont socialement
construits, prennent des formes spécifiques dans chaque
société et doivent être analysées en tant que
productions sociales et non pas comme des faits intangibles liés au
destin de chaque sexe. L'approche genre est fondée sur l'idée
selon laquelle la réduction de l'écart entre les pouvoirs
dévolus à chaque sexe par la société permettra
à la femme de participer plus efficacement à la prise de
décisions dans le domaine de la santé. Cette approche vise une
amélioration du statut des femmes par un renforcement du pouvoir
décisionnel des femmes dans tous les domaines, plus
particulièrement celui de la sexualité (Delaunay, 2005).
De manière générale, la position des
hommes et des femmes dans les sociétés ne serait pas la
même puisque le pouvoir, du moins un certain pouvoir formel, serait
davantage l'affaire des hommes alors que la soumission et la dépendance
davantage celle des femmes (Emanuelle B, 2005). Prenant partie dans ce
débat, Kamdem H (2006) suggère que
« L'approche genre, pour être efficace, doit être
généralisée à toutes les politiques et programmes
d'action, qu'ils relèvent prioritairement de l'économie, de la
culture, des législations ou de l'action sur les comportements
démographiques » (Kamdem Hélène, 2006, p.16).
a-/
Pouvoir de prise de décision en matière de sexualité
La sexualité entre l'homme et la femme s'inscrit dans
un processus de négociation implicite. Mais en Afrique, les rôles
traditionnellement accordés à la femme ne laissent entrevoir
aucune marge de manoeuvre dans la négociation des rapports avec l'homme.
Les rapports hommes/femmes s'inscrivent alors dans un système de genre
fortement inégalitaire dans lequel les hommes sont en position de
pouvoir et les femmes dans un rapport de subordination. Les
inégalités de genre sont mises en avant pour expliquer la
vulnérabilité des jeunes femmes dans le domaine de la
sexualité. Les comportements sexuels à risque chez les jeunes
filles sont étroitement liés à leurs pouvoirs de
négociation du type des rapports sexuels, et donc de l'utilisation du
condom. Les inégalités de genre se manifestent également
au niveau du marché du travail. Selon l'hypothèse
féministe, les inégalités d'emploi entre hommes et femmes,
au détriment de ces dernières, constituent un pur cas de
discrimination. Cette discrimination résulte elle-même de la
position subordonnée des femmes dans la société, position
historiquement et culturellement construite. Les formes de cette subordination
sont diverses (sur le lieu de travail, dans la famille, à
l'école, dans les sphères économique, politique et
culturelle) (Anker et Hein, 1986 ; Lecuyer, 1995
cité par Aka Kouamé et Gueye A, 2000),
et semblent faire l'unanimité chez les auteurs
féministes, qui posent la domination masculine comme un postulat
historique (Bourdieu, 1990).
b-/
Dépendance
économique, écart d'âge et négociation du condom
Des études ont montré que la capacité des
femmes à négocier l'usage du préservatif dépend de
leur dépendance économique et de la différence d'âge
entre partenaires (Ouédraogo C., 2006 ; Rwengé, 2002; 2004).
Le fait de s'engager dans une relation avec des hommes plus âgés
semble être une norme pour les femmes africaines (Calvès,
1999 ; Nancy, 2005). La dépendance économique et un
écart d'âge important en défaveur de la femme compromettent
son aptitude à exiger des rapports sexuels à moindre risque.
C'est dans cette perspective que Rwengé (2002) écrit ce qui
suit « l'écart d'âge entre partenaires
influence négativement la discussion au sein du couple sur l'utilisation
du préservatif ». Par ailleurs, les femmes qui ont une
situation économique dépendant des hommes sont souvent
contraintes à se soumettre aux décisions prises par ceux-ci en
matière de rapports sexuels.
La différence de pouvoir entre les hommes et les femmes
est telle qu'il est difficile pour ces dernières de demander aux hommes
d'utiliser le préservatif. Ainsi, la dynamique de pouvoir en vigueur
rend l'auto-protection des femmes très difficile. Des études de
Pettifor et al. 2004a, il ressort qu'un faible contrôle par la
femme de son activité sexuelle et l'expression d'une sexualité
forcée par le partenaire, sont associés à une utilisation
faible et moins régulière des condoms. Pour Rwengé
(2002 ; 2004), le genre devrait être abordé en terme de "
pouvoir de prise de décision". Cet auteur a utilisé six
(6) indicateurs qui évaluent la capacité de négociation
sur l'engagement de la relation sexuelle et l'utilisation du condom :
ü décision sur la répartition des
revenus ;
ü décision sur l'utilisation du revenu du travail
de la femme ;
ü discussion au sein du couple sur la manière
d'avoir les rapports sexuels ;
ü décision sur la manière de faire les
rapports sexuels au sein du couple ;
ü refus d'avoir les rapports sexuels avec son
mari ;
ü personne devant proposer l'utilisation du condom lors
des rapports sexuels.
De son étude, il en ressort que les femmes ont, face
aux partenaires à risque, moins de pouvoir que les hommes de
s'abstenir des rapports sexuels. Il en est aussi ressorti que le statut
socio-économique de la femme influence sa capacité à
communiquer avec son partenaire, sa participation à la prise de
décisions ainsi que son utilisation du condom. L'instruction et
l'exercice d'une activité rémunérée constituent
ainsi, des facteurs d'amélioration de la capacité de la femme
à communiquer avec son partenaire et à participer à la
prise des décisions en matière de sexualité. Dans le
même temps, les femmes qui discutent avec leurs partenaires sur la
manière d'avoir les rapports sexuels sont plus susceptibles d'utiliser
le condom.
Ainsi, nous venons de présenter de façon
synthétique, la revue de la littérature sur les comportements
sexuels des femmes célibataires. La deuxième partie de ce
chapitre va être consacré aux cadres conceptuel et analytique.
II CADRES CONCEPTUEL ET
ANALYTIQUE.
Le cadre conceptuel est ici
résumé par un schéma conceptuel dans lequel se retrouve
tous les grands concepts pour cette étude. Il s'agit en fait d'une
première vision des grandes hypothèses identifiées dans la
revue de la littérature. Ces mêmes hypothèses sont plus
perceptibles à travers le schéma d'analyse ; schéma
par lequel ces hypothèses seront soient infirmées soient
confirmées. Il serait par ailleurs nécessaire de définir
les concepts les plus pertinents.
A-/ CADRE CONCEPTUEL.
Il est ici présenté dans un premier temps, les
différentes hypothèses formulées à la suite de la
synthèse de la littérature et dans un second temps, le
schéma conceptuel.
a-/
Hypothèses
Hypothèse générale : Les
caractéristiques socioculturelles et économiques influencent les
comportements sexuels des femmes célibataires directement ou par
l'intermédiaire de l'exposition aux informations sur les IST/VIH/SIDA
véhiculées par les médias et des connaissances des femmes
célibataires sur les IST/VIH/SIDA. En d'autres termes, nous pouvons
retenir comme hypothèses spécifiques :
· H1 : Le niveau d'instruction influence
positivement les comportements sexuels des célibataires relatives aux
IST/VIH/SIDA.
· H2 : Plus les célibataires disposent d'une
bonne connaissance des modes de prévention du Sida, plus elles adoptent
des comportements sexuels à moindre risque.
· H3 : Les conditions de vie déterminent les
comportements sexuels des célibataires. Plus elles sont bonnes, plus les
célibataires disposent d'un pouvoir de décision sur leur
sexualité et partant, des pratiques sexuelles à moindre risque de
contamination des IST/VIH/SIDA.
· H4 : L'exposition aux sources d'information
relatives à l'éducation sexuelle, aux activités sexuelles
à risque et aux moyens de prévention influence positivement les
connaissances des célibataires pour ce qui est du VIH/SIDA et partant,
leurs comportements sexuels.
b-/
Schéma conceptuel
Notre schéma conceptuel d'explication des comportements
sexuels des célibataires, inspiré de celui de Nzita.K (2007)
montre comment les facteurs socioculturels, les facteurs économiques
ainsi que l'exposition aux sources d'informations sur la santé de la
reproduction agissent sur les connaissances des femmes célibataires sur
les IST/VIH/SIDA, connaissances qui déterminent les comportements
sexuels que les célibataires adoptent.
Schéma II.1 : Schéma
conceptuel
Caractéristiques
économiques
Caractéristiques
socioculturelles
Exposition aux sources d'information relatives
à la sexualité
Connaissances relatives aux VIH/SIDA
Comportements sexuels
c/- Définition des
concepts
Sont ici définis, les concepts les plus pertinents de
notre étude.
v Célibataire : F. GUBRY (1984),
considère comme célibataire, toute personne n'ayant jamais
été mariée, quel que soit son âge et son sexe. Pour
ce qui est de notre étude, nous considérerons comme
célibataire, toute femme en âge de procréer au moment de
l'EDS Congo 2005 n'ayant jamais contractée une union, quelle soit civil
ou coutumier, libre ou non, ainsi que les « not living
together »10(*).
Ceci permet de distinguer les femmes vivant seules et ne
bénéficiant par ailleurs d'aucune assistance physique ou d'un
apport financier de la part d'un homme et donc, idéalement
exposées à des pratiques sexuelles à risque d'infection
à IST/VIH/SIDA, aux femmes mariées ou bénéficiant
de l'assistance d'un homme.
v Caractéristiques
socioculturelles : Elles peuvent être
définies comme l'ensemble des caractéristiques et conditions qui
déterminent et modulent à des degrés divers, les valeurs
et normes propres au groupe socioculturel d'origine (Rwenge, 1999). Elles
renvoient au milieu ou à l'entité socioculturelle dans lequel
vivent les individus. A ce concept est souvent associé le
« modèle culturel » qui, d'après
Gérard (1995, p.48) désigne : « l'ensemble des
normes, des habitudes, des idées, des nécessités, des
pratiques quotidiennes, etc., à propos du risque et procure au sujet des
cadres de pensée et de pratiques qui sont reconnus et valorisés
socialement et, tout au moins, en adéquation avec la vie sociale et le
système de valeurs ».
Ce concept sera appréhendé à travers les
indicateurs suivants : L'ethnie, le milieu de socialisation,la religion et
le niveau
d'instruction.
Caractéristiques
économiques : Les caractéristiques
économiques font référence à la situation qui rend
compte des conditions économiques des femmes (satisfaction des besoins
de toutes sortes : manger, s'habiller, s'informer, etc.) ainsi que ceux
des personnes éventuellement à charge. Ce concept nous permet
d'avoir une idée sur le degré de dépendance des femmes,
pouvant entraîner ou non l'adoption des comportements sexuels à
risque. Il sera ici opérationnalisé par les conditions de vie des
ménages et activité économique de la célibataire
qui sont aussi les variables de l'environnement extérieur au cadre
familial vue du côté des caractéristiques
économiques.
v L'exposition aux sources d'information relative
à la sexualité : Au-delà de l'influence
des pratiques culturelles, les comportements sexuels et/ou reproductifs peuvent
changer sous l'effet d'autres facteurs tels que les médias. Ainsi,
à travers les moyens de communication, il est possible d'agir sur la
connaissance, les représentations, et les comportements en
matière de sexualité et de procréation. Ce concept sera
opérationnel à travers la fréquence d'exposition à
la radio et à la télévision.
v Connaissances relative aux
IST/VIH/SIDA : Renvoient d'une part aux informations
dont disposent les femmes par rapport à l'existence des IST/VIH/SIDA,
leurs modes de transmission, les moyens de prévention de ces maladies,
et d'autre part à la manière dont ces dernières
intègrent ces connaissances dans les conduites en matière de
sexualité. Ce concept est rendu opérationnel grâce à
l'indicateur de connaissance de modes de prévention du Sida crée
à partir des informations que les célibataires ont donnée
sur le VIH/SIDA.
v Les comportements sexuels à
risques : « Le comportement sexuel est un ensemble de
réaction, d'attitudes et de conduites en rapport avec les relations
sexuelles »11(*). Le comportement sexuel recouvre
généralement deux tendances :
· Le comportement sexuel à risque d'infection aux
IST/VIH/SIDA, qui s'appréhende généralement sous l'optique
de l'infidélité, du multipartenariat sexuel, de la prise d'alcool
au dernier rapport sexuel de la non utilisation du condom lors des rapports
sexuels, des rapports sexuels rétribués, etc.
· Le comportement sexuel sans risque d'infection aux
IST/VIH/SIDA, généralement supposé quand il y a
fidélité à un partenaire sain, abstinence sexuel, la non
consommation d'alcool ou de tout autre stupéfiant avant ou pendant le
rapport sexuel et utilisation permanente du condom lors des rapports sexuels
avec des partenaires occasionnels, etc.
De manière opérationnelle, nous retenons comme
comportements sexuels à risque la consommation d'alcool au dernier
rapport sexuel, le multipartenariat sexuel des 12 derniers mois et la non
utilisation du condom au dernier rapport sexuel.
B-/
CADRE ANALYTIQUE
On retrouve ci-dessous,le
tableau des variables opérationnelles des différents concepts
ainsi que le schéma donnant les relations entre ces variables qui seront
vérifiées plus tard à partir des analyses.
a-/
Variables opérationnelles
Tableau II.1 : Les
variables opérationnelles des différents concepts
Concepts
|
Dimension
|
Indicateurs
|
Caractéristiques socioculturelles
|
Variables socioculturelles
|
Ethnie
Milieu de socialisation
Religion
Niveau d'instruction
|
Caractéristiques économiques
|
Variables économiques
|
Activité de la femme
Condition de vie des ménages
|
Exposition aux sources d'information
|
Variables relatives à la disponibilité de
l'offre de l'information sur la SR
|
Exposition aux médias (radio,
télévision)
|
Connaissances relatives aux IST/SIDA
|
Variables relatives aux connaissances des IST/SIDA
|
Connaissance des modes de prévention du SIDA
|
Comportements sexuels à risque
|
Variables dépendantes
|
Prise d'alcool au dernier rapport sexuel
Multiparténariat sexuel
Non -utilisation du condom
|
v Variables
opérationnelles des comportements sexuels à risques
Les comportements sexuels à risques recouvrent
plusieurs dimensions. Pour appréhender ces comportements trois variables
ont été sélectionnées en rapport avec leurs
pertinences dans la traduction du phénomène ici
étudié. Il s'agit de la prise d'alcool au dernier rapport sexuel,
le multipartenariat sexuel et la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel au moment de l'enquête.
La prise d'alcool au dernier rapport sexuel
La prise d'alcool au dernier rapport sexuel est un facteur de
risques potentiels, une ouverture aux IST/VIH/SIDA. Etant donnée la
faible participation à la décision sur la sexualité de la
femme célibataire par rapport à son partenaire, la consommation
d'alcool ou de tout autre stupéfiant par un au moins des deux
partenaire(s) au moment du rapport sexuel motive à des pratiques
inhabituelles telles que la pénétration anale ou les relations de
type bucco-génitaux. Ainsi donc, sous l'emprise de l'alcool, la pratique
sexuelle devient totalement incontrôlée, augmentant du coup les
risques de transmission des IST/VIH/SIDA. Cette variable prend la valeur 1 si
l'un au moins des deux partenaires était sous l'emprise de l'alcool et 0
dans le cas contraire.
Le multipartenariat sexuel
Le multipartenariat est un facteur de risques potentiels.
Autant le nombre de partenaires sexuels au cours des douze derniers mois est
élevé, autant les risques de contracter les IST/VIH/SIDA sont
grands. Ce type de comportement favorise un système d'échanges
sexuels entre les individus. Cette variable prend la valeur 1 si la
célibataire a connu plus d'un partenaire au cours des 12 derniers mois
et 0 dans le cas contraire.
La non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel
La non-utilisation du préservatif expose la femme au
risque de contracter et de transmettre les IST/VIH/SIDA. Elle rend compte du
risque probable de la femme face à l'infection aux IST/VIH/SIDA. Ce
type de comportement concourt à l'expansion du VIH/SIDA et autres IST,
lorsque l'utilisation du condom n'est pas systématique au cours des
rapports sexuels. Elle prend la valeur 1 si la femme n'a pas utilisé le
condom au cours des derniers rapports sexuels et 0 dans le cas contraire.
v Variables
opérationnelles de l'environnement socioculturel
L'ethnie
L'ethnie est le lieu de production des modèles
socioculturels auxquels l'individu s'identifie. Elle a une influence sur les
variables comportementales telles l'âge aux premiers rapports sexuels,
l'âge à la première union etc. Nous chercherons à
vérifier son influence sur les comportements sexuels à risques de
la femme selon qu'elle est à moeurs sexuelles permissives ou rigides.
La religion
Elle est un système de croyances (dogmes) et de
pratiques (rites et interdits) relatives aux sentiments de la divinité
et unissant en une même communauté morale tous ceux qui y
adhèrent. Des codes moraux régissent l'exercice sexuel de la
quasi-totalité des grandes religions.
Le milieu de socialisation
Le milieu de socialisation correspond au milieu où la
femme célibataire a passé les douze premières
années de sa vie. Le choix de cette variable se justifie par le fait que
les célibataires socialisées dans un milieu en conservent les
valeurs culturelles.
Le niveau d'instruction
C'est le niveau d'études atteintes par une femme ayant
suivi un système de scolarisation formelle pendant un certain temps.
v Variable opérationnelle des
caractéristiques économiques
Nous avons considéré l'activité de la
femme et les conditions de vie des ménages comme variables
opérationnelles des caractéristiques économiques.
L'activité économique de la
femme
Facteur très important de mesure du niveau de revenu et
de l'autonomie financière de la femme et donc du contrôle de sa
sexualité. Mieux est la situation de l'activité de la femme,
moins elle sera dépendante et plus elle aura le pouvoir de
contrôler sa sexualité.
Les conditions de vie des ménages
Cette variable composite renseigne sur la situation
économique du ménage dans lequel vit la célibataire. Elle
permet de rendre compte non seulement de la qualité de matériaux
avec lesquels l'habitat est construit mais aussi et surtout des biens
d'équipement et d'autres biens possédés par le
ménage. Elle permet par ailleurs de mesurer l'influence du niveau de vie
des ménages dans la variation des comportements sexuels des femmes.
v Variables
opérationnelles de l'exposition aux médias.
L'exposition aux
média va se résumer dans cette étude à l'exposition
aux deux principales sources d'information qui sont la radio et la
télévision. Plus opérationnellement, on à poser des
questions aux femmes célibataires sur leurs fréquences
d'exposition à la radio et à la télévision.
v Variables opérationnelles des connaissances
relatives aux IST/VIH/SIDA
Connaissance des modes de prévention du
Sida.
Cette variable renseigne sur les capacités
individuelles des célibataires à se prévenir face aux
risques de contracter le Sida. La fidélité à un seul
partenaire sain, l'abstinence, et l'utilisation régulière du
préservatif sont les variables nous permettant de construire cet
indicateur. Toutefois, l'on s'attendrait à ce que les femmes
célibataires ayant identifié ces trois modes de
prévention, puissent en distinguer les modes dits erronés
(transmission du sida par sorcellerie, par piqûre de moustique ou par le
fait de partager un repas avec une personne malade de Sida) et qu'elles
puissent les observés dans leur vie de tous les jours par l'adoption des
comportements sexuels sains.
v Variables de
contrôle
Trois variables seront considérées dans cette
étude comme variables de contrôle : l'âge, l'âge
au premier rapport sexuel et la région de résidence. Il s'est
avéré dans les études antérieures que ces trois
variables influencent significativement les comportements sexuels des femmes
célibataires. La région de résidence est le lieu dans
lequel vivent les célibataires enquêtées et y ont
résidé pour une durée dépassant les six mois avant
l'opération de collecte. Il est un important facteur de variation de
comportement. D'une manière générale, nous allons
considérer dans cette étude les régions de
résidence telles que découpées dans à l'EDSC1
à savoir Brazzaville, Pointe- noire, Sud et Nord. Aussi, l'âge au
premier rapport sexuel qui rend compte de l'entrée en vie sexuelle
active, marque le début de l'exposition au risque de grossesse et
d'infection aux IST/VIH/SIDA. Elle favorise l'adoption des comportements
sexuels à risque.
b-/ Schéma d'analyse
Le schéma d'analyse met en évidence les
relations entre les variables opérationnelles qui seront soumises
à l'épreuve des modèles statistiques.
Schéma II.2 :
Schéma d'analyse des comportements sexuels des femmes
célibataires.
Ethnie
Fréquence d'exposition Radio
Télévision
Connaissance de modes de prévention du Sida
Religion
Non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel
Milieu de socialisation
Niveau d'instruction
Conditions de vie des ménages
Activité
Multipartenariat sexuel des 12 derniers mois
Consommation d'alcool au dernier rapport sexuel
CHAPITRE III
DONNEES ET METHODES D'ANALYSE
Une bonne analyse exige d'abord et avant tout que les
données soient de bonne qualité. C'est alors qu'elles sont
analysées selon la ou les méthode(s) considérée(s).
Le présent chapitre présente la source des données,
l'évaluation de la qualité des données et expose les
différentes méthodes statistiques à utiliser dans ces
analyses.
A-/ SOURCE DES DONNÉES DE
L'ÉTUDE
L'Enquête Démographique et de Santé (EDS)
réalisée au Congo en 2005 sera notre principale source de
données pour la vérification de nos hypothèses.
Première du genre, l'EDSC-1 visait pour objectif général,
de disposer des indicateurs démographiques et de santé
indispensables à la mise en place des politiques et des programmes de
développement et plus particulièrement à la finalisation
du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP) et au suivi des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD).
Entre autres spécifiques objectifs, l'EDSC-1
réalisée auprès d'un échantillon national de femmes
de 15- 49 ans et d'hommes de 15-59 ans, visait à :
Ø mesurer les niveaux de connaissance et de pratique
contraceptive par méthode, selon diverses caractéristiques
sociodémographiques des femmes et des hommes ;
Ø recueillir des données
détaillées sur la connaissance, les opinions et attitudes des
femmes et des hommes vis-à-vis des Infections Sexuellement
Transmissibles (IST) et du VIH/SIDA.
Au regard des objectifs assignés à
l'enquête, trois types de questionnaires ont été
utilisés pour la collecte des données. Il s'agissait du
questionnaire ménage, du questionnaire individuel femme et du
questionnaire individuel homme. Ces trois supports de collecte ont
été élaborés en adaptant aux
spécificités et aux besoins du Congo les questionnaires standards
développés dans le cadre du programme international DHS.
Cependant, l'enquête individuelle femme est celle retenue pour notre
étude. Cette enquête a permis de collecter les données sur
les caractéristiques socio-démographiques, socioculturelles, et
socio-économiques ainsi que les caractéristiques de l'habitat des
femmes enquêtées. Neuf sections avaient été
consacrées pour cette collecte dont la section sur le VIH/SIDA et
autres Infections Sexuellement Transmissibles qui
a permis d'obtenir des informations sur la connaissance des modes de
transmission et de prévention du VIH/SIDA et des autres Infections
Sexuellement Transmissibles ; la section sur le mariage et
l'activité sexuelle qui a permis de recueillir des
informations sur l'état matrimonial, le régime de mariage
(monogamie ou polygamie), l'âge aux premiers rapports sexuels ainsi que
sur l'activité sexuelle.
Au total, 7051 femmes en âge de procréer ont
été enquêtées parmi les 7440 femmes
éligibles, soit un taux de couverture de l'ordre de 94,8% tel que
présenté dans le tableau ci-dessous donnant les résultats
de la couverture de l'enquête selon le milieu de résidence.
Tableau III.1 : Taille et
taux de couverture de l'échantillon
Questionnaire
|
Milieu de résidence
|
Enquête femme
|
Brazzaville
|
Pointe-Noire
|
Autres villes
|
Ensemble urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Nombre de femmes éligibles
|
2328
|
1787
|
1055
|
5170
|
2270
|
7440
|
Nombre de femmes éligibles enquêtées
|
2165
|
1684
|
1029
|
4878
|
2173
|
7051
|
Taux de réponse des femmes éligibles (%)
|
93
|
94,2
|
97,5
|
94,4
|
95,7
|
94,8
|
Source : Rapport EDSC-I, 2005.
B-/ ÉVALUATION DE LA
QUALITÉ DES DONNEES
Les données d'enquêtes ou de recensements sont en
général entachées d'erreurs (échantillonnage,
observation...). Cependant les déformations dues aux erreurs
d'observation sont les plus fréquemment rencontrées dans les
données africaines. Cela peut bien s'agir d'omissions (de jeunes
enfants, de vieillards, de personnes vivant isolément...) ; de
doubles comptes (d'hommes polygames, de personnes en
déplacement...) ; de déclaration erronée d'âge.
La déclaration erronée d'âge présente une plus
grande fréquence que les deux autres types d'erreurs d'observation
(Gendreau et Nadot, 1967). L'attraction ou la répulsion de certains
âges entraîne des pyramides très perturbées
lorsqu'elles sont tracées par année, mais n'entachent que
l'allure générale de la pyramide. Par contre, le rajeunissement
ou le vieillissement systématique de personnes de certains groupes
d'âges entraînent des déformations importantes de cette
répartition.
Les indices les plus couramment utilisés pour
déterminer le degré d'exactitude des statistiques
démographiques par âge sont au nombre de quatre :
Ø L'indice de WHIPPLE
Ø L'indice de MYERS
Ø L'indice de BACHI
Ø L'indice combiné des NATIONS UNIES.
Compte tenu du fait que l'indice de Bachi présente plus
d'amélioration que les deux premiers et permet par ailleurs d'avoir les
préférences des âges, ce que ne fait pas l'indice des
Nations Unies, il a donc été le seul indice à être
retenu pour évaluer la qualité de nos données. Notre
évaluation portera sur l'âge et l'état matrimonial des
femmes à l'enquête.
a-/
Evaluation de la qualité des données relatives à
l'âge
Comme nous l'avons signifié plus haut,
l'évaluation va se faire au moyen de l'indice de Bachi.
v L'indice de Bachi
L'un des inconvénients des indices de Whipple et de
Myers est qu'il n'est pas possible de définir de façon
précise les conditions théoriques dans lesquelles ils prennent
respectivement les valeurs 1 et 0. Bachi a élaboré un indice qui
ne présente pas cet inconvénient. Partant des effectifs
d'âge compris entre 23 et 72 ans, Bachi a constaté que pour des
populations où l'âge était bien déclaré, le
rapport "ru" des effectifs dont l'âge se terminait par chacun des
chiffres u de 0 à 9 à l'effectif total des 23-72 ans varie
à peu près linéairement en fonction du chiffre des
unités de 3 à 9 puis de 0 à 2. Il a montré par
ailleurs que la pente de cette droite ne varie pas si l'on modifie
légèrement les limites d'âge. Si l'on appelle "a" cette
pente, Bachi a calculé la valeur des différents rapports "ru"
théoriques, c'est-à-dire celle que l'on observerait dans une
situation de déclaration parfaite des âges ; ces valeurs
permettent de déduire des rapports tels qu'une déclaration
correcte des âges se terminant par un chiffre donné produirait un
indice de 10. Si les âges sont bien déclarés, tous ces
rapports sont égaux à 10% ; s'il y a
préférence (ou répulsion) pour certains âges, les
rapports correspondants sont supérieurs (ou inférieurs) à
10%. La somme des écarts positifs de ces rapports avec 10 donne
l'indice de Bachi.
Cet indice permet d'observer l'attraction et la
répulsion de l'un des chiffres de 0 à 9. Il varie entre 0 et 90
et est à peu près égal à la moitié de
l'indice de Myers pour les mêmes données.
Une application numérique de l'indice de Bachi aux
données de l'EDSC1 conduit à un résultat de cet indice
égal à 5,3 pour l'ensemble des deux sexes ; 6,2 pour les
hommes et 4,5 pour les femmes. Ces résultats témoignent d'une
préférence pour des âges se terminant par les chiffres
compris entre 0 et 9 comme le montre d'ailleurs le graphique ci-dessous. Mais
ces irrégularités de déclaration d'âge ne sont pas
d'ampleur à remettre en cause la qualité de nos données.
Graphique III.1 : Partage de la répulsion
ou de l'attraction des âges -EDSC1 (Bachi)
Source : Traitement des données
EDSC1
b-/
Evaluation de la qualité des données sur l'Etat matrimonial
L'évaluation de la qualité des données
sur l'état matrimonial consiste à calculer un certain nombre
d'indices simples. Elle se fait non seulement à travers les proportions
des "Non Déclarés" mais aussi par la proportion des
célibataires et des veuves. Cet exercice est différent de
l'analyse de la nuptialité qui consiste elle, à évaluer
les chances qu'ont les individus de se marier.
Pour ce qui nous concerne, étant donné que nous
étudions les comportements à risque chez les femmes
célibataires, l'évaluation des données sur l'état
matrimonial va reposer sur la vérification de la
régularité de la proportion des célibataires. Cette
régularité est observée lorsque cette proportion diminue
au fur et à mesure que l'âge augmente. Dans le cas contraire on
peut conclure qu'il existe des anomalies dans la déclaration de
l'état matrimonial.
Parallèlement, il ne devrait pas y avoir des "Non
Déclarés" sur l'état matrimonial des individus sauf
lorsque l'on interroge une personne sur l'état matrimonial d'une autre
et que l'interrogée n'a pas d'éléments de réponse
concernant la personne absente. La présence des "Non
déclarés" dans les données sur l'état matrimonial
rend la qualité de celles-ci douteuse.
Le tableau ci-dessous présente les effectifs des femmes
enquêtées selon le groupe d'âges et l'état
matrimonial. De ce tableau, on peut aisément remarquer que toutes les
femmes ont été classées par catégorie d'âges
en fonction de leur situation matrimoniale du moment. Il n'y a donc pas de "Non
Déclarés" sur l'état matrimonial des femmes
enquêtées.
Tableau III.2 :
Effectif des femmes en fonction de l'âge et l'état
matrimonial.
Groupe d'âges
|
Etat matrimonial
|
Total
|
Célibataires
|
Mariées
|
Union libre
|
Veuves
|
Divorcées
|
Séparées
|
15-19
|
1245
|
26
|
229
|
1
|
3
|
54
|
1558
|
20-24
|
489
|
159
|
650
|
5
|
12
|
151
|
1466
|
25-29
|
207
|
254
|
615
|
14
|
21
|
149
|
1260
|
30-34
|
56
|
246
|
497
|
10
|
18
|
126
|
953
|
35-39
|
48
|
261
|
357
|
33
|
32
|
104
|
835
|
40-44
|
20
|
219
|
200
|
31
|
39
|
49
|
558
|
45-49
|
9
|
184
|
96
|
53
|
31
|
48
|
421
|
Ensemble
|
2074
|
1349
|
2644
|
147
|
156
|
681
|
7051
|
Source : Traitement de données de
l'EDSC1
Aussi, en examinant les proportions des célibataires
telles que présentées dans le graphique ci-dessous, nous
observons une décroissance de façon remarquable de celles-ci avec
l'âge. Conjuguée avec l'absence de "Non Déclarés"
sur l'état matrimonial, cette observation nous conduit à
conclure, toutes choses généralement non égales par
ailleurs, que les données sur l'état matrimonial sont de bonne
qualité.
Il ne faut pas perdre de vue le point majeur de notre
étude qui est celui consacré aux comportements sexuels à
risque chez les célibataires à l'EDSC1. Autrement dit, les 2074
femmes célibataires seront sélectionnées parmi les 7051
femmes enquêtées pour constituer notre base d'étude.
Graphique III.2 : proportion des femmes
célibataires.
Source : Traitement de données de
EDSC1
En somme, l'évaluation de la qualité des
données sur l'âge et l'état matrimonial nous a permis de
nous rendre compte de la portée des résultats que nous aurons
à produire. D'une manière générale,
l'évaluation de la qualité des données sur l'âge a
révélé quelque biais pour le moins négligeable. A
contrario, les données sur l'état matrimonial se sont
avérées sans biais. Ces deux conclusions nous rassurent de la
qualité de nos données et nous laissent ainsi le champ libre
à toute analyse statistique sociodémographique possible.
C-/ CRÉATION DES
INDICATEURS ET PRÉSENTATION DES VARIABLES
Deux indicateurs interviennent dans cette
étude pour répondre aux besoins d'analyse et aux soucis
d'explication et d'interprétation des résultats. Le premier
indicateur est celui des conditions de vie des ménages. Nous l'avons
nommé « CONF1 ». Le second indicateur est celui des
connaissances des modes de prévention du Sida que nous avons
nommé FACT1.
a-/
Création de l'indicateur combiné «condition de vie des
ménages »
L'Enquête Démographique et de Santé
fournit dans sa base un indicateur des conditions de vie des ménages
nommé "wealth indexe (V190)" recodé en cinq modalités
(très pauvre, pauvre, moyen, riche, très riche). Nous nous sommes
servis de cet indicateur et l'avons recodé en trois
modalités : les modalités très pauvre et pauvre ont
fusionné pour devenir la modalité «Bas» de la nouvelle
variable CONF1 ; la modalité «Moyen» en a gardé sa
place et son nom ; les modalités riche et très riche ont
été recodées en une seule nommée
«Elevé».
Les variables suivantes ont permis sa création :
biens durables (Radio, Télévision, Téléphone fixe,
Téléphone portable, Ordinateur, Réfrigérateur,
Réchaud à gaz, Cuisinière, Réchaud à
pétrole, Bicyclette, Mobilette/moto, Voiture/camion, Pirogue sans
moteur, Pirogue hors bord), caractéristiques du logement (Type de murs
de logement, Type du toit de logement, Type de sol, Pièce
utilisée pour dormir, Type de toilette, Type de combustible pour la
cuisine, Temps nécessaire pour s'approvisionner en eau). Cette variable
a été créée suivant les différentes
étapes :
ü On affecte à chacun des biens ou
caractéristiques un poids (score ou coefficient)
généré à partir d'une analyse en composante
principale ;
ü Les scores des biens qui en résultent sont
standardisés selon une distribution normale standard de moyenne 0 et
d'écart type 1 (Gwatkin et al. 2000)12(*) ;
ü On attribue dans chaque ménage un score pour
chaque bien et on fait la somme de tous les scores par ménage ;
ü Les ménages sont classés par ordre
croissant de score total et divisés en 5 catégories d'effectifs
égales appelées quintile. On établit ainsi une
échelle allant de 1 (quintile le plus pauvre) à 5 (quintile le
plus riche) ;
Le score de chaque ménage est affecté aux
individus qui le composent et les individus sont ainsi répartis dans
les différentes catégories.
Pour tester la pertinence de CONF1, nous l'avons croisé
avec trois des variables ayant permis sa création
(Télévision, Electricité et Voiture). Les résultats
de ce croisement sont successivement présentés dans les trois
tableaux ci-dessous. Les caractéristiques des modalités de CONF1
ne laissent aucun doute quant à la fiabilité de ce indicateur
:
· La modalité "Bas" est celle des
femmes célibataires vivant matériellement la pauvreté au
quotidien et représentant 26% de l'ensemble des célibataires. En
effet, 87% des célibataires de cette catégorie vivent dans des
habitations non électrifiées ; et seulement 2
célibataires sur 488 ayant répondu à la question,
possèdent un poste téléviseur. Par rapport à la
possession de voiture, une célibataire sur 488 est en possession d'une
voiture. Mais vu son état de pauvreté, il pourrait bien s'agir
d'une voiture qu'elle aurait reçue d'une de ses relations.
· La modalité "Moyen"
représente 21% des célibataires enquêtées. C'est le
niveau intermédiaire entre la pauvreté (Bas) et l'aisance
(Elevé). Un peu plus de 12% des célibataires de cette
catégorie, vivent dans des maisons éclairées ;
environ 10% possèdent la télévision et aucune
célibataire de niveau de vie moyen ne possède de voiture.
· La modalité "Elevé" est
celles des célibataires riches et très riches en terme de
possession de biens durables, de matériaux de construction de leurs
habitations et d'autres biens d'équipements des habitations. 66% des
célibataires recensées dans cette catégorie vivent dans
des habitations électrifiées alors qu'elles sont 668 sur 1013
à posséder un poste téléviseur. 6% des
célibataires vivant dans de bonnes conditions possèdent de
voiture
Tableau III.3 : Croisement CONF1/Avoir
électricité
Tableau croisé Conditions de vie des
ménages /Avoir l'électricité
|
Conditions de vie des ménages
|
Avoir l'électricité
|
Visiteurs
|
Total
|
Non
|
Oui
|
basses
|
Effectif
|
468
|
21
|
49
|
538
|
% dans CONF1
|
86,98
|
3,90
|
9,10
|
100
|
moyennes
|
Effectif
|
351
|
53
|
26
|
430
|
% dans CONF1
|
81,62
|
12,32
|
6,04
|
100
|
élevées
|
Effectif
|
284
|
728
|
93
|
1105
|
% dans CONF1
|
25,70
|
65,88
|
8,41
|
100
|
Total
|
Effectif
|
1103
|
802
|
168
|
2073
|
% dans CONF1
|
53,20
|
38,68
|
8,10
|
100
|
Source : Traitement des données
EDSC1.
Tableau III.4 : Croisement CONF1/Avoir
télévision
Tableau croisé Conditions de vie des
ménages /Avoir la télévision
|
Conditions de vie des ménages
|
Avoir telé
|
Visiteurs
|
Total
|
Non
|
Oui
|
basses
|
Effectif
|
486
|
2
|
49
|
537
|
% dans CONF1
|
90,50
|
0,37
|
9,12
|
100
|
moyennes
|
Effectif
|
363
|
41
|
26
|
430
|
% dans CONF1
|
84,42
|
9,53
|
6,04
|
100
|
élevées
|
Effectif
|
345
|
668
|
93
|
1106
|
% dans CONF1
|
31,19
|
60,39
|
8,41
|
100
|
Total
|
Effectif
|
1194
|
711
|
168
|
2073
|
% dans CONF1
|
57,59
|
34,29
|
8,10
|
100
|
Tableau III.4 : Croisement CONF1/Avoir
voiture
Tableau croisé Conditions de vie
des ménages/ Avoir une voiture
|
Conditions de vie des ménages
|
Avoir voiture
|
Visiteurs
|
Total
|
Non
|
Oui
|
bas
|
Effectif
|
487
|
1
|
49
|
537
|
% dans CONF1
|
90,68
|
0,18
|
9,12
|
100
|
moyen
|
Effectif
|
404
|
0
|
26
|
430
|
% dans CONF1
|
93,95
|
0
|
6,04
|
100
|
élevé
|
Effectif
|
946
|
67
|
93
|
1106
|
% dans CONF1
|
85,53
|
6,057
|
8,40
|
100
|
Total
|
Effectif
|
1837
|
68
|
168
|
2073
|
% dans CONF1
|
88,61
|
3,28
|
8,10
|
100
|
Source : Traitement des données
EDSC1.
La nouvelle variable ou indicateur des conditions de vie des
ménages «CONF1» se repartie de la manière
suivante : 26% des célibataires enquêtées vivaient
dans les habitations peu équipées c'est-à-dire des maisons
en terre battue, sans électricité et sans eau ; 21% des
célibataires vivaient dans un confort moyen et 53% étaient de la
classe aisée de la population congolaise.
Graphique III. 3 :
Répartition des ménages enquêtés selon le niveau de
vie (en %)
b-/ Création de
l'indicateur combiné « connaissance des modes de
prévention du sida »
L'indicateur combiné « connaissance des modes
de prévention du Sida» ou FACT1 est un indicateur construit
à partir des variables de bonnes connaissances des modes de
prévention du Sida à savoir l'abstinence (V754bp), la
fidélité à un partenaire sain (V754dp) et l'utilisation
régulière du condom lors des rapports sexuels (V754cp). Dans le
souci d'en faire un indicateur pertinent, nous avons associé à sa
création, en plus des trois premières variables, les variables
dites de connaissances erronées du Sida, notamment les variables
relatives à la contamination par piqûre de moustique (V754jp),
partage de repas avec une personne malade du Sida (V754wp) et transmission
du Sida par sorcellerie (V823). Une autre variable a aussi été
prise en compte dans la création de cet indicateur pour le rendre encore
plus complet, notamment celle de savoir si une personne apparemment en bonne
santé pouvait être porteur du Sida (V756)?
Toutes ces variables étant dichotomiques
c'est-à-dire, présentant deux modalités (Oui et Non), la
procédure scientifique la plus adéquate pour la création
de cet indicateur est celle de la progression géométrique. La
progression géométrique consiste à aligner les variables
de sorte qu'elles forment une suite géométrique
(Vn) de premier terme V0 et de
raison q.
Nous avons crée FACT1 et recodé en trois
modalités (Mauvaise, Partielle, Bonne). La procédure de cette
création a été la suivante :
Dans un premier temps, les modalités des 7 variables
ont été recodées de sorte qu'elles soient en progression
géométrique de premier terme V0=1 et de raison
q=2.telles que : V754bp(0,1) ;
V754cp(0,2) ; V754dp(0,4) ;
V754jp(0,8) ; V754wp(0,16) ;
V823(0,32) ; V756(0,64). Les modalités
progressives correspondent en fait aux valeurs des sept premiers termes de la
suite géométrique Vn = V0(q)n ,
n appartenant à N ; où le premier terme V0=1 et
q=2. Ces variables ont ensuite été additionnées pour
former la variable composite « FACT1 » avec des
modalités allant de 0 à 127. Enfin, Pour recoder ces 128
modalités, nous avons additionné les points de toutes les
célibataires qui ont donné les mauvaises réponses au
niveau des variables et le chiffre correspondant étant
sélectionné dans la fourchette [0, 127] pour former la
modalité "Mauvaise" de FACT1. De la même façon, la
modalité "Bonne" a été créee ; le reste des
points a constitué la modalité intermédiaire
"Partielle".
Tout comme CONF1, nous avons testé la pertinence de
FACT1 par un croisement avec les variables ayant permis sa création. Les
résultats issus de ce croisement sont dans le tableau ci-dessous.
Tableau III.5 : Croisement FACT1*Les
connaissances relatives au Sida
Connaissances relatives au VIH/SIDA
|
Connaissance de mode de prévention du
Sida
FACT1
|
Effec/Modal
|
Mauvaise
|
Partielle
|
Bonne
|
Total
|
51
|
1840
|
183
|
2074
|
Piqûre de moustique
|
Non
Oui
|
0%
|
52,10%
|
100%
|
|
100%
|
47,90%
|
0%
|
Fidélité
|
Non
Oui
|
100%
|
21,40%
|
0%
|
0%
|
78,60%
|
100%
|
Condom
|
Non
Oui
|
100%
|
30,30%
|
0%
|
0%
|
69,70%
|
100%
|
Partage de repas
|
Non
Oui
|
0%
|
72,80%
|
100%
|
100%
|
27,20%
|
0%
|
existence de porteur sain
|
Non
Oui
|
100%
|
22,70%
|
0%
|
0%
|
77,30%
|
100%
|
Sorcellerie
|
Non
Oui
|
0%
|
23,90%
|
100%
|
100%
|
76,10%
|
0%
|
Abstinence
|
Non
Oui
|
100%
|
26,70%
|
0%
|
0%
|
73,30%
|
100%
|
Source : Traitement de données
EDSC1.
Les caractéristiques des modalités de FACT1
illustrent non seulement du succès quant à la création de
cette variable mais aussi de la confiance dans la méthode ayant permis
sa création.
· La modalité "Mauvaise" est
celle des femmes célibataires qui n'ont aucune connaissance sur les
modes de prévention du Sida. Ces célibataires sont au nombre de
51 sur les 2074 et représentent 2,7% de l'ensemble des
célibataires. Pour apprécier la pertinence de cet indicateur,
remarquons que toutes les 51 célibataires de connaissances mauvaises sur
la prévention et la transmission du Sida ont cité les
méthodes erronées et ne savent pas que l'on peut réduire
les risques de contamination du Sida par fidélité, abstinence ou
utilisation régulière du condom aux rapports sexuels. Si nous
faisons foi à nos hypothèses, cette catégorie de
célibataires devrait être la plus exposée aux risques de
contamination du Sida.
· La modalité "Partielle"
représente 88,7% des célibataires enquêtées. C'est
le niveau intermédiaire entre les mauvaises et les bonnes connaissances
des modes de prévention du Sida. Dans l'ensemble, les
célibataires de connaissances partielles ont mieux distingué les
méthodes de transmission erronées et cité l'abstinence, la
fidélité et l'utilisation du condom comme moyen de protection
contre le Sida. Remarquons que 76% des célibataires de cette
catégorie pensent que l'on peut obtenir le Sida par sorcellerie.
Plusieurs explications peuvent être données à ce
résultat : Tout d'abord, la séropositivité est
très difficilement assumée au Congo du fait de la stigmatisation
dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Ensuite, la personne
atteinte se voit obliger de trouver d'autres raisons pour justifier sa maladie
et donc, garder sa place au sein de la communauté. La sorcellerie a
semblé être la réponse toute faite compte tenu de son
caractère irrationnel et de la forte croyance de la population
congolaise à la sorcellerie. Enfin, l'émergence des
églises dites « de réveil » donne une autre
ligne d'explication. Ces églises expliquent les maladies ou les
échecs de la vie des individus par la sorcellerie ou la démence
et font répandre ces croyances aux fidèles et par delà,
à la population congolaise.
· La modalité Bonne est celle des
femmes célibataires qui connaissent parfaitement les modes de
prévention et de transmission du Sida. Ces femmes représentent
environ 9% de l'ensemble des célibataires. Ce résultat n'est pas
loin de celui du rapport de l'EDS qui chiffrait à 11,6% le total des
femmes (tout états matrimonial confondu) ayant une bonne connaissance du
Sida.
En somme, les deux indicateurs présentés dans
cette section nous semblent quasi-parfaits et peuvent fidèlement
traduire ce sur quoi ils sont sensés représentés. Il
serait dès lors intéressant de voir comment se présentent
les autres variables avant d'amorcer des analyses plus poussées.
c-/
Présentation des variables.
Nous présentons ci-dessous un tableau rendant compte
des taux de systèmes manquants (différent de non-réponse)
par variable.
Tableau III. 6 :
Examen de la qualité des variables
Libellé de la variable
|
(a)
Cas valide
|
(b) Cas manquants
|
(c) Taux de valeurs manquantes (%)
|
Ethnie
|
2071
|
3
|
0,14
|
Région de résidence
|
2074
|
0
|
0
|
Milieu de socialisation
|
2070
|
4
|
0,19
|
Religion
|
2072
|
2
|
0,09
|
Niveau d'instruction
|
2074
|
0
|
0
|
Occupation de la femme
|
2049
|
25
|
1,2
|
Conditions de vie des ménages
|
2074
|
0
|
0
|
Age de la femme
|
2074
|
0
|
0
|
Age au premier rapport sexuel
|
2073
|
1
|
0,04
|
Exposition à la télévision
|
2071
|
3
|
0,14
|
Exposition à la radio
|
2070
|
4
|
0,19
|
Connaissance des modes de prévention du Sida
|
2074
|
0
|
0
|
Prise d'alcool au dernier rapport sexuel
|
1283
|
791
|
38,1
|
Multipartenariat sexuel
|
2071
|
3
|
0,14%
|
Utilisation du préservatif au dernier rapport sexuel
|
1285
|
789
|
38.0
|
NB : Nous calculons le taux de systèmes manquants
par : c = [b/(a+b)]*100
Source : Traitement des données
EDSC-1
Au regard de ces résultats, beaucoup de
célibataires n'ont pas de réponses (refus, omissions, erreurs de
remplissage, etc.) aux questions correspondant aux variables v835a et v761. Ces
deux variables sont cruciales pour la définition des groupes cibles de
célibataires car elles font partie de nos trois variables d'analyse.
Elles sont donc retenues malgré leurs taux de systèmes manquants
avoisinant les 38%.
La deuxième phase de la préparation du fichier
d'analyse consiste à produire un tri à plat, à faire les
recodages, et à dichotomiser les variables retenues. Les recodages sont
nécessaires pour se conformer au dictionnaire de variables d'une part,
et pour éviter des modalités à effectif nul ou à
très faible effectif d'autre part. Les tableaux de fréquences des
variables sont disponibles au niveau des annexes 1(a, b, c, d). Quant à
la dichotomisation des variables, elle répond à un
impératif méthodologique lié à l'application de
l'AFCM.
Dans l'ensemble, 2074 femmes célibataires ont
été sélectionnées parmi les 7051 femmes
enquêtées à l'EDSC1 2005 pour constituer notre base
d'analyse.
Des annexes 1 a, 1 b, 1 c et 1 d relatives à la
répartition des célibataires selon leurs caractéristiques,
on peut voir qu'un peu plus de 38% des célibataires n'écoutent
jamais la radio et ne suivent jamais la télévision alors
même qu'environ 72% de ces célibataires avaient été
socialisées en milieu urbain. Par ailleurs, plus de 65% des
célibataires sont de niveau d'instruction secondaire ou plus. Ces
célibataires sont à plus de 50% d'obédience catholique et
protestante. Les ethnies les plus représentées sont les grands
groupes Bembe et Kongo avec respectivement 33,5% et 29,3% de
l'ensemble des célibataires. La situation d'emploi est très
chaotique pour les femmes célibataires du Congo. Seulement 3,7% d'entre
elles sont des cadres, 9,1% ont un emploi précaire et environ 67% sont
encore au chômage. On peut aussi remarquer que plus de 80% de ces
célibataires sont encore jeunes c'est-à-dire ont l'âge
à l'enquête compris entre 15- 24 ans. Par rapport aux conditions
de vie des ménages, on peut remarquer une répartition
inégalitaire de l'effectif des femmes de l'échantillon. 21%
seulement des femmes célibataires vivent dans les habitations de
qualité et confort élevé ; environ 26% vivent dans
des conditions de pauvreté et plus de 50% sont dans des conditions
moyennes d'habitation.
Le tableau III.7 donne la répartition des femmes
célibataires selon leurs connaissances sur le Sida et leurs
comportements sexuels. Les fréquences relatives aux comportements
sexuels laissent entrevoir une moindre utilisation du condom au dernier rapport
sexuel alors que plus de 9 célibataires sur 10 ont déclaré
n'avoir pas été sous l'effet de l'alcool lors du dernier rapport
sexuel et que plus de 60% de ces femmes ont plus d'un partenaire sexuel. En
effet, 78,2% des femmes célibataires ont déclaré ne pas
utiliser le condom au dernier rapport sexuel, ce qui est très alarmant
lorsque l'on sait par ailleurs que 62% d'entre elles ont plus d'un partenaire
sexuel.
Du graphique 6 on peut constater que moins de 10% de
l'ensemble des célibataires ont consommé l'alcool au dernier
rapport sexuel. Ce qui veut dire que la consommation d'alcool au rapport sexuel
n'est pas une pratique répondue au Congo. Compte tenu de cette faible
représentativité et des exigences méthodologiques en
termes d'effectif, ce comportement sexuel ne fera pas partie de nos prochaines
analyses.
Tableau III.7 :
Répartition célibataires selon leurs comportements
sexuels
Connaissance du Sida et comportements sexuels
|
Variables
|
Modalités
|
Effectif
|
Fréquence%
|
Connaissance de mode de prévention du Sida
|
Mauvaise
|
51
|
2,5
|
Partielle
|
1840
|
88,7
|
Bonne
|
183
|
8,8
|
Ensemble
|
2074
|
100,0
|
|
|
|
|
Consommation d'alcool au dernier rapport sexuel.
|
OUI
|
101
|
7,9
|
NON
|
1182
|
92,1
|
Ensemble
|
1283
|
100,0
|
|
|
|
|
Utilisation du condom au dernier rapport sexuel
|
OUI
|
280
|
21,8
|
NON
|
1005
|
78,2
|
Ensemble
|
1285
|
100,0
|
|
|
|
|
Multipartenariat sexuel des 12 derniers mois
|
OUI
|
1285
|
62,05
|
NON
|
786
|
37,95
|
Ensemble
|
2071
|
100,00
|
Source : Traitement des données de
l'EDSC1
Graphique III. 4: Distribution des célibataires
selon les comportements sexuels ( %).
D-/
LES DIFFÉRENTES METHODES D'ANALYSE
a-/ Analyse descriptive
Dans cette étude nous procéderons à la
fois à l'analyse bivariée descriptive et à l'analyse
descriptive multivariée.
Nous recourons à l'analyse bivariée descriptive
entre les variables indépendantes et les variables dépendantes
pour déterminer le niveau de comportement sexuel en utilisant la
statistique de Khi2. Cette statistique permet de déceler la
liaison entre deux variables traduite par le rejet de l'hypothèse
d'indépendance entre elles.
Nous recourons à l'analyse multivariée
descriptive pour regrouper les femmes célibataires en fonction de leurs
caractéristiques au moyen de l'analyse factorielle des correspondances
multiples.
Principe de l'Analyse factorielle des correspondances
multiples (AFCM)
Les méthodes factorielles établissent des
représentations synthétiques de vastes tableaux de
données, en général sous forme de représentations
graphiques. Ces méthodes ont pour objet de réduire les dimensions
des tableaux de données de façon à représenter les
associations entre individus et entre variables dans des espaces de faibles
dimensions. L'espace de représentation obtenu est appelé plan
factoriel. Les méthodes diffèrent selon la nature des variables
analysées, le choix d'une méthode restant tributaire de
l'objectif poursuivi par l'étude.
L'analyse factorielle des correspondances multiples est un cas
particulier des méthodes factorielles. Elle est utilisée à
une fin descriptive et s'applique à des variables qualitatives dont on
souhaite étudier l'interdépendance de façon concomitante.
Cependant, plusieurs axes factoriels peuvent être définis, et leur
combinaison pris 2 à 2 défini à chaque fois un plan
factoriel susceptible d'être étudié. Des techniques
appropriées aident cependant l'analyste sur le choix du nombre d'axes
à retenir (histogramme des valeurs propres, principe de Kapper pour
l'ACP, etc.).
Comme il ne s'agit que d'une analyse descriptive, il ne faut
pas perdre de vue que la liaison statistique significative entre deux variables
peut être réelle ou fallacieuse, ce qui pourra être
vérifié en contrôlant cette relation par d'autres
variables. La corrélation n'étant pas la causalité, nous
procéderons donc par la suite à une analyse explicative.
b-/
La méthode d'analyse multivariée13(*)
Il s'agit ici de faire une brève présentation
des méthodes d'analyse multivariées en rapport avec nos variables
d'analyse qui sont des variables qualitatives. La méthode
multivariée explicative retenue dans le cas de cette étude est
celle de la régression logistique.
Les modèles de régression logistique sont
utilisés pour décrire les relations entre une variable
dépendante qualitative à deux modalités et des variables
indépendantes. Celles-ci peuvent être quantitatives ou
qualitatives. Elle nous permet de mettre en relief les déterminants des
comportements sexuels des femmes célibataires et les mécanismes
par lesquels certaines variables influencent ces comportements.
Les variables de comportement sexuels à risque, qui
sont ici des variables dépendantes au nombre de deux (le
multipartenariat et la non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel)
sont toutes dichotomiques. Cette méthode est essentiellement
probabiliste, elle fournit entre autres statistiques :
Ø le "odd ratio" ou risque relatif de connaître
l'évènement étudié ;
Ø la statique de khi deux (Khi2) pour le
test de signification du modèle et des paramètres ;
Ø le pseudo R2 pour le test de
l'adéquation du modèle ;
Ø les seuils de signification des odds ratios.
Considérons par exemple la variable dépendante
Y1= « Multipartenariat sexuel des les 12 derniers mois» ;
P(Y1=1) est la probabilité pour une célibataire
d'avoir eu des rapports sexuels avec plus d'un partenaire dans les 12 derniers
mois précédant l'enquête et 1-P(Y1=1) la
probabilité de l'événement contraire. Alors, le
modèle de régression logistique permet de mettre Z = log (P/1-P)
= logit (P), sous la forme linéaire :Z = b0 +
b1.X1 + b2.X2 +
....bn.Xn
Le deuxième membre de l'équation
représente le log des chances. Les coefficients bi permettent d'obtenir
les « odds » (les risques) dont l'interprétation est
relativement facile (odds= ebi ) :
· Si bi est négatif ebi <1 :
l'évènement a moins de chance de se produire par rapport à
la modalité de référence de la variable. En d'autres
termes, les individus appartenant à la modalité
considérée de la variable explicative ont (1- ebi)
moins de chance que leur homologue de la modalité de
référence de subir l'évènement
étudié.
· Si bi est positif ebi >1 :
l'évènement a plus de chance de se produire par rapport à
la modalité de référence de la variable. Autrement dit,
les individus appartenant à la modalité considérée
de la variable explicative ont donc (ebi -1) plus de chance que leur
homologue de la modalité de référence de subir
l'évènement étudié.
Le test de Khi2 permet de savoir si le
modèle est adéquat ou pas. Si la probabilité critique
associée au Khi2 est inférieure au seuil choisi le
modèle est donc adéquat. Cela voudrait dire que les variables
indépendantes considérées dans l'ensemble expliquent la
variation de la variable dépendante. Elles peuvent donc prédire
la valeur de Y. Dans le cas de cette étude, un modèle sera
adéquat lorsque le seuil de signification associé au
Khi2 sera inférieur ou égal à 5%.
Le Pseudo R2 permet d'estimer la part (en %) de la
variance de la variable dépendante expliquée par le
modèle.
Pseudo R2 = Khi-deux/ (Khi-deux +n) où n est
la taille de l'échantillon
La contribution de chaque variable indépendante
à l'explication sera calculée à partir de la formule
suivante :
Cx: Contribution de la variable
f : Khi deux finale
s : Khi deux sans la variable
Conclusion
Dans le présent chapitre, nous avons d'abord
présenté les données de l'EDSC-1 2005, ensuite
procédé à l'évaluation de la qualité de ces
données par des méthodes statistiques. D'une manière
générale, les données sont d'une bonne qualité pour
l'étude de la sexualité des célibataires. Toujours dans ce
chapitre nous avons exposé la procédure de construction des deux
indicateurs qui sont : conditions de vie des ménages et la
connaissance de modes de prévention du VIH/SIDA. Il s'en est suivi la
présentation de ces indicateurs ainsi que celle de toutes les autres
variables du cadre d'analyse. Enfin, nous avons présenté les
méthodes d'analyse utilisées dans le cadre de cette recherche.
Tout ceci nous a permis de préparer le fichier d'analyse. Et l'analyse
des résultats fera l'objet des prochains chapitres.
CHAPITRE IV
ANALYSE DIFFERENTIELLE DES
COMPORTEMENTS
SEXUELS A RISQUE
L'analyse différentielle des comportements sexuels
à risque est un chapitre que nous avons consacré aux analyses
descriptives (bivariée et multivariée). A ce titre, il a pour but
non seulement d'évaluer le degré et le sens des associations
entre chacune des caractéristiques des femmes célibataires et
leurs comportements sexuels mais aussi de regrouper les célibataires
selon ces mêmes caractéristiques par rapport aux comportements
sexuels.
A/- DIFFERENTIELS DU
MULTIPARTENARIAT SEXUEL
Le multipartenariat sexuel des 12 derniers mois
précédant l'enquête est une pratique vécue par 62%
des femmes célibataires. Il constitue un comportement à risque
des IST/VIH/SIDA pour toutes celles qui le pratiquent. En effet, dans des
conditions économiques difficiles, les femmes célibataires
multiplient le nombre de partenaires en espérant recevoir des avantages
de toute nature. A contrario, en adoptant ce comportement, la
célibataire prend le risque de perdre le contrôle de sa
sexualité et s'expose du même coup aux grossesses précoces
et non désirées, aux avortements, à la morbidité et
mortalité maternelles, aux IST/VIH/SIDA, etc.
a/-
Les caractéristiques socioculturelles
Les variables milieu de socialisation, région de
résidence, religion, et ethnie, se sont révélées
non associées au multipartenariat sexuel. Elles seront donc omises dans
nos interprétations. Seuls le niveau d'instruction, l'âge et
l'âge au premier rapport sexuel sont significativement associés
à ce comportement sexuel.
v Le niveau
d'instruction.
Le niveau d'instruction empire le multipartenariat sexuel des
célibataires car ce comportement sexuel prend de l'ampleur au fur et
à mesure que le niveau d'instruction augmente. De 51,5% pour les
célibataires sans niveau d'instruction, ces proportions passent à
63,2% pour les femmes de niveau secondaire avant de plafonner à 72,8% au
niveau supérieur.
v L'âge et la
précocité des premiers rapports sexuels
L'âge et la précocité des premiers
rapports sexuels sont associés significativement au multipartenariat
sexuel des 12 derniers mois avant l'enquête. En considérant
l'occurrence du multipartenariat sexuel en fonction de l'âge, on constate
que ce comportement sexuel diminue avec l'âge à partir de 20-24
ans. De 49,7% à 15-19 ans ces proportions augmentent de façon
considérable et atteignent le pic à 20-24 ans avant de chuter
à nouveau pour s'établir à 59,4% à 45-49 ans. Une
des raison du pic observé entre 20-24 ans en plus des raisons
économiques, peut être la prise de conscience du retard du mariage
par les célibataires dans un pays où l'âge médian au
premier mariage s'établit à 20,4 ans14(*) pour le sexe féminin.
Par rapport à la précocité des premiers rapports sexuels,
les célibataires qui ont connu leurs premiers rapports sexuels avant 16
ans se sont enrôlées à 87% dans le multipartenariat sexuel
alors que moins de la moitié de celles qui ont connu une
sexualité tardive étaient impliquées dans ce comportement
sexuel.
b/-
Les caractéristiques économiques
Seule l'activité économique présente un
effet significatif sur le multipartenariat sexuel. La variable des conditions
de vie des célibataires (conditions de vie des ménages) ne semble
pas être associée à ce comportement sexuel.
v L'activité économique
Le multipartenariat sexuel est associé au seuil de 1%
à l'activité économique exercée par les
célibataires. Cette association serait même négative
puisque les proportions des célibataires impliquées dans ce
comportement sexuel à risque augmentent à chaque fois que
l'activité économique s'améliore. De 56,5% des
célibataires au chômage, les proportions des célibataires
ayant plus d'un partenaire sexuel passent à 67,7% pour celles
exerçant tout de même une activité économique
quoique précaire et atteignent le maximum (70,3%) dans la
catégorie des mieux classées dans l'emploi formel,
c'est-à-dire les cadres.
c/-
L'exposition aux médias.
Deux variables ont
été retenues dans le cadre de l'exposition des
célibataires aux informations sur les IST/VIH/SIDA. Il s'agissait de la
fréquence d'exposition à la radio et à la
télévision. Après croisement du multipartenariat sexuel
avec ces variables, seule la fréquence d'exposition à la radio
présente une association significative au seuil de 5%.
v La fréquence
d'exposition à la radio
Trois modalités permettent d'appréhender
l'exposition à la radio (Jamais, parfois et chaque jour). La
modalité "jamais" correspond aux célibataires qui
n'écoutent jamais la radio ; la modalité "parfois", à
celles qui écoutent la radio moins d'une fois par semaine ou au moins
une fois par semaine ; et la modalité "chaque jour", à
celles qui sont toujours à l'écoute de la radio. Le
multipartenariat semble être négativement influencé par la
fréquence d'exposition à la radio. En effet, les proportions des
célibataires engagées dans le multipartenariat augmentent avec
l'exposition à la radio. C'est un revers de l'effet attendu de
l'exposition aux médias.
d/-La connaissance des modes de
prévention du Sida
La relation entre la connaissance des modes de
prévention du VIH/SIDA et le multipartenariat sexuel est significative
au seuil de 1% (tableau VI.1). Les célibataires ayant une mauvaise
connaissance du VIH/SIDA sont proportionnellement les moins nombreuses à
s'engager dans les relations sexuelles à risque (37,4%). En revanche,
celles ayant des connaissances partielles et de connaissances bonnes sont les
plus nombreuses à avoir plusieurs partenaires sexuels. En d'autre terme,
plus les connaissances augmentent, plus les célibataires les
intègrent dans leurs relations sexuels et plus grand est le risque
qu'elles encourent de contracter le VIH/SIDA.
B/- DIFFERENTIELS DE LA NON
UTILISATION DU CONDOM AU DERNIER RAPPORT SEXUEL
Nous avons vu dans le chapitre précédent que
seulement 21,8% des célibataires enquêtées avaient
utilisé le condom au dernier rapport sexuel. Ceci confirme le fait selon
lequel, l'utilisation du préservatif soit très peu
systématique chez les femmes dans beaucoup de pays d'Afrique
subsaharienne en général et au Congo en particulier. Or on se
serait attendu de voir ces statistiques augmenter en raison de l'engagement de
l'Etat congolais ces dernières années dans la bataille contre le
Sida et en raison de la particularité de notre population
d'étude.
a/-
Les caractéristiques socioculturelles
La religion est l'unique variable des caractéristiques
socioculturelles à ne pas être associée à
l'utilisation du condom au dernier rapport sexuel. Les autres variables y sont
significativement associées au seuil de 1%.
v L'ethnie
L'ethnie est un facteur important de différenciation de
l'utilisation des condoms chez les célibataires. Dans l'ensemble, la
non-utilisation des condoms est très marquée au sein de cette
population. Toutefois, ces proportions sont plus faibles chez les Kongo
et s'établissent à 74% par rapport à la
non-utilisation du condom chez les célibataires Sangha et
étrangère (94,6%). Il faut noter que le record de la
non-utilisation des condoms est tenu par ces deux dernières
catégories. Si l'on se réfère à la pensée de
Rwengé M (2000) sur les migrations des femmes en Afrique subsaharienne,
on trouverait probablement une explication aux proportions
élevées des célibataires étrangères n'ayant
pas utilisé le préservatif au dernier rapport sexuel.
v La région de
résidence et le milieu de socialisation.
Tout comme l'ethnie, la région de résidence et
le milieu de socialisation sont des facteurs importants de
différentiation de la non-utilisation des condoms chez les
célibataires résidant au Congo. En effet, les proportions des
célibataires n'ayant pas recouru au condom lors du dernier rapport
sexuel sont plus faibles chez celles résidant à Pointe-Noire
(71,72%) et à Brazzaville (74,8%) par rapport aux célibataires du
Sud (84,4%) et du Nord (90,5%). Les mêmes tendances sont observées
dans le cas du milieu de socialisation. La non-utilisation du condom
étant plus marquée chez celles socialisées en milieu rural
v Le niveau d'instruction
La relation entre le niveau d'instruction et le fait de
n'avoir pas utilisé le condom lors du dernier rapport sexuel est
significative au seuil de 1% ; elle est de toute occurrence positive. En
effet, la proportion des femmes célibataires n'ayant pas utilisé
le condom lors du dernier rapport sexuel est plus élevée chez les
célibataires sans niveau (88,8%) que chez celles du niveau
supérieur ou plus (73,7%) ; les célibataires de niveau
primaire occupent la première place (89%) et celles de niveau secondaire
se positionnent à la troisième place (74,7%).
b/-
Les caractéristiques économiques
Toutes nos deux variables des caractéristiques
économiques sont significativement associées à
l'utilisation du préservatif au dernier rapport sexuel.
v Conditions de vie des
ménages
L'indicateur des conditions de vie des ménages est
associé à l'utilisation du condom au dernier rapport sexuel des
femmes célibataires au moment de l'enquête. On observe que les
célibataires de conditions moyennes sont plus nombreuses en proportion
que celles des conditions basses à ne pas utiliser le préservatif
au dernier rapport sexuel. Ces proportions sont de 86,5% chez les femmes vivant
dans les conditions de vie basses contre 71% chez celles vivant dans les
ménages de niveau de vie élevé.
v L'activité économique
Tout comme les autres caractéristiques,
l'activité économique n'est pas favorable à l'utilisation
du condom au dernier rapport sexuel chez les célibataires. La
non-utilisation du condom dépassant même les 80% pour l'ensemble
des célibataires. Il est difficile à ce niveau de donner un sens
à l'influence de l'activité sur la non-utilisation du condom
compte tenu des irrégularité observées au niveau de ces
résultats. En effet, les célibataires n'ayant aucune
activité économique, ont le plus utilisé le condom au
dernier rapport sexuel que toutes celles ayant au moins un emploi. Celles
d'activité précaire c'est-à-dire celles des
catégories les moins bien payées du secteur formel, ont moins
recouru au condom que celles indépendantes qui sont essentiellement des
agricultrices.
c/- Exposition aux
médias
La fréquence d'exposition à la radio et la
fréquence d'exposition à la télévision sont
significativement associées à la non-utilisation du condom au
rapport sexuel quelque soit le seuil considéré (1%, 5% ou
10%).
v La fréquence d'exposition à la
télévision et à la radio.
L'exposition à la télévision est
significativement associée à l'utilisation du condom au dernier
rapport sexuel et ceci, au seuil de 1%. Remarquant que 84,5% des femmes qui
n'ont pas utilisé le condom lors du dernier rapport sexuel ne suivent
jamais la télévision, alors que 79,5% suivent parfois la
télé et un peu plus de 72% la suivent tous les jours. Les
mêmes constats sont faits pour l'exposition à la radio. Les effets
des médias sur les comportements sexuels semblent être
observé car il y a une liaison positive entre le fait de suivre la
télévision ou la radio et l'utilisation du préservatif. En
effet, plus les célibataires suivent les informations diffusées
à la télé et/ou la radio, plus elles utilisent les
préservatifs. Ainsi donc, l'utilisation du préservatif serait
positivement associée à l'exposition des célibataires
à la télévision et à la radio en république
du Congo.
d/- Les connaissances sur
IST/VIH/SIDA
v La connaissance des
modes de prévention du VIH/SIDA
La relation entre la connaissance des modes de
prévention du VIH/SIDA et l'utilisation du condom au dernier rapport
sexuel va dans le sens attendu. En effet, aucune célibataire de mauvaise
connaissance c'est-à-dire ne sachant ni distinguer les modes
erronés de transmission du VIH/SIDA, ni comment se prévenir face
à cette maladie, n'a daigné utiliser le préservatif au
dernier rapport sexuel. Ces proportions s'améliorent en suite avec le
niveau de connaissance et s'établissent à 26% de l'utilisation du
préservatif au dernier rapport sexuel. Ainsi se dégage une
relation positive entre la connaissance des modes de prévention du
VIH/SIDA et l'utilisation du condom au dernier rapport sexuel.
Tableau IV.1: Occurrence des comportements sexuels des
femmes célibataires.
Variables
|
Multipartenariat sexuel (%)
|
Non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel (%)
|
Effectif
|
OUI
|
NON
|
OUI
|
NON
|
Ethnie
|
Ns
|
***
|
2071
|
Bembé
|
58,5
|
41,5
|
21,4
|
78,6
|
694
|
Mbochi
|
59,2
|
40,8
|
25,3
|
74,7
|
260
|
Téké
|
63,4
|
36,6
|
16,9
|
83,1
|
290
|
Kongo
|
62,6
|
37,4
|
26,1
|
73,9
|
607
|
Sangha
|
63,9
|
36,1
|
6
|
94
|
111
|
Etrangère
|
53,8
|
42,2
|
5,4
|
94,6
|
109
|
Milieu/socialisation
|
Ns
|
***
|
2070
|
Urbain
|
61,4
|
38,6
|
25,3
|
74,7
|
1486
|
Rural
|
58,6
|
41,4
|
12,9
|
87,1
|
584
|
Religion
|
Ns
|
Ns
|
2072
|
Aucune
|
59,1
|
40,9
|
21,4
|
78,6
|
122
|
Catholique
|
63,2
|
36,8
|
23,5
|
76,5
|
668
|
Protestante
|
62
|
38
|
19,6
|
80,4
|
542
|
Traditionnelle
|
54,8
|
45,2
|
13,5
|
86,5
|
105
|
Autre chrétien
|
57,4
|
42,6
|
20
|
80
|
635
|
Instruction
|
***
|
***
|
2074
|
Sans niveau
|
52
|
48
|
11,2
|
88,8
|
62
|
Primaire
|
54,4
|
45,6
|
11
|
89
|
604
|
Secondaire
|
63,2
|
36,8
|
25,3
|
74,7
|
1348
|
Superieur
|
72,8
|
27,2
|
26,3
|
73,7
|
60
|
Region
|
Ns
|
***
|
2074
|
Brazzaville
|
60,5
|
39,5
|
25,2
|
74,8
|
701
|
Pointe-Noire
|
62,9
|
37,1
|
28,3
|
71,7
|
573
|
Sud
|
57,7
|
42,3
|
15,6
|
84,4
|
509
|
Nord
|
62,6
|
37,4
|
9,5
|
90,5
|
291
|
Occupation
|
***
|
**
|
2049
|
Aucune
|
56,5
|
43,5
|
23,6
|
76,4
|
1364
|
Cadre
|
70,3
|
29,7
|
20,4
|
79,6
|
75
|
Indépendante
|
66,2
|
33,8
|
18,5
|
81,5
|
424
|
Précaire
|
67,7
|
32,3
|
13,5
|
86,5
|
186
|
*** significatif à 1%; ** Significatif à 5%; *
Significatif à 10% ; Ns= non significatif
|
Source : Traitements des
données de l'EDSC-1, 2005.
Tableau IV.2: Occurrence
des comportements sexuels des célibataires (suite)
Variables et modalités
|
Multipartenariat sexuel (%)
|
Non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel (%)
|
Effectif
|
OUI
|
NON
|
OUI
|
NON
|
Age
|
***
|
Ns
|
2074
|
15-19
|
49,7
|
50,3
|
19,8
|
80,2
|
1245
|
20-24
|
83,7
|
16,3
|
23
|
77
|
489
|
25-29
|
71,7
|
28,3
|
21,5
|
78,5
|
207
|
30-49
|
59,4
|
40,6
|
18,9
|
81,1
|
133
|
Age au 1er rapport sexuel
|
***
|
Ns
|
2073
|
<16 ans
|
87,1
|
12,9
|
20
|
80
|
735
|
>= 16ans
|
45,9
|
54,1
|
21,9
|
78,1
|
1338
|
Conditions de vie des ménages
|
Ns
|
***
|
2074
|
faible
|
57,1
|
42,9
|
13,5
|
86,5
|
538
|
moyen
|
61,8
|
38,2
|
11,9
|
88,1
|
1106
|
élevé
|
62
|
38
|
29
|
71
|
430
|
Exposition Radio
|
**
|
***
|
2070
|
Jamais
|
56,9
|
43,1
|
18,4
|
81,6
|
800
|
Parfois
|
61,5
|
38,5
|
19,4
|
80,6
|
733
|
Chaque jour
|
65,1
|
34,9
|
27,8
|
72,2
|
537
|
Exposition télé
|
Ns
|
***
|
2071
|
Jamais
|
58,5
|
41,5
|
15,5
|
84,5
|
792
|
Parfois
|
61,5
|
38,5
|
20,5
|
79,5
|
498
|
Chaque jour
|
61,9
|
38,1
|
27,3
|
72,7
|
781
|
Connaissance de modes de prévention du
Sida
|
****
|
**
|
2074
|
Mauvaise
|
37,4
|
62,6
|
0
|
100
|
51
|
Partielle
|
60,4
|
39,6
|
20,8
|
79,2
|
1840
|
Bonne
|
67,2
|
32,8
|
25,9
|
74,1
|
183
|
Source : Traitements de
données EDSC1. [*** P<= 1% ; ** P<= 5% ; * P<= 10% ; Ns
non significatif]
C/-
CARACTERISATION DES CELIBATAIRES SELON LEURS COMPORTEMENTS SEXUELS
a/- Caractérisation des
axes factoriels
Les principaux résultats fourni par le logiciel ADDAD
pour l'interprétation sont : le tableau des valeurs propres,
l'histogramme des valeurs propres, la matrice de configuration et les plans
factoriels dont l'analyste décide du nombre et de la nature des axes
factoriels qui doivent former ces plans.
La première tâche est de décider du nombre
des axes à retenir pour l'analyse. Ce choix se base sur le tableau des
valeurs propres ou, ce qui revient au même, sur l'histogramme des valeurs
propres. Généralement les premiers facteurs qui détiennent
une bonne partie de la variance totale sont retenus. L'AFCM est
caractérisée par la faible part de la variance expliquée
sur ses premiers axes. Pour l'analyse factorielle des comportements sexuels des
femmes célibataires nous allons retenir les deux axes pour
l'élaboration du plan factoriel. La matrice de configuration pour notre
plan factoriel est donnée en annexe (voir annexe 3.4). Pour
interpréter ce tableau, nous synthétisons l'information sur les
contributions (CTR) et les coordonnées (i#F) des modalités dans
un tableau simplifié. Les contributions décrivent la part de
chaque modalité dans l'inertie totale de l'axe. Seules les
modalités dont la part de la contribution est supérieur à
l'inertie théorique moyenne seront retenues pour l'interprétation
d'un axe. L'inertie théorique moyenne est ici égale à
21,73 (1000/46).
Tableau IV.4: Contribution des
points modalités à l'inertie des axes factoriels
Premier axe factoriel
|
Deuxième axe factoriel
|
Variables positionnées sur l'axe 1
|
Position sur l'axe 1
|
Variables positionnées sur l'axe 2
|
Position sur l'axe 2
|
Jamais Radio (JAMA)
|
-
|
Mbochi (MBOC)
|
-
|
Jamais Télé (JAMS)
|
-
|
Téké (TEKE)
|
-
|
Toujours Télé (CHQJ)
|
+
|
Sangha (SGLK)
|
-
|
Région du Sud (SUD)
|
-
|
Urbain (URBA)
|
-
|
Région Nord (NORD)
|
-
|
Rural (RURA)
|
+
|
Primaire (PRIM)
|
-
|
Brazzaville (BZVL)
|
-
|
Secondaire (SECD)
|
+
|
PointeNoi (PNRE)
|
+
|
Précaire (PREC)
|
-
|
|
Condition basse (BAS)
|
-
|
Condition (ÉLEV)
|
+
|
Le premier axe factoriel explique
environ 51% de l'inertie totale des variables-modalités retenues. Il
oppose d'une part, les femmes célibataires de niveau d'instruction
primaire, celles ne regardant jamais la télévision et celles des
conditions de vie basses (côté négatif de l'axe) et d'autre
part, celles qui ont le niveau secondaire, celles qui suivent chaque jour la
télévision et celles vivant dans de bonnes conditions
(côté positif de l'axe). Cet axe associe le niveau d'instruction
de la célibataire, ses conditions de vie, et son exposition à la
télévision.
Le deuxième axe factoriel
explique 49% de l'inertie totale des variables-modalités retenues. Il
fait ressortir d'importantes oppositions entre d'une part, les femmes
célibataires socialisées en milieu rural et celles
résidant à Pointe-Noire (côté négatif de
l'axe) ; et d'autre part les célibataires résidant à
Brazzaville et socialisées en milieu urbain (coté positif de
l'axe).
b/- Projection des
variables-modalités sur le plan factoriel (1,2) de l'AFCM.
L'examen du graphique IV.1 permet de mettre en relief deux
groupes de femmes célibataires caractérisées selon leurs
comportements sexuels. Le premier groupe est composé des femmes
identifiées à la partie négative du premier axe factoriel.
Le second groupe est délimité par le côté positif du
premier axe factoriel et le coté négatif du deuxième
axe.
Les femmes des régions du Nord du Congo, de niveau
d'instruction primaire, des conditions de vie des ménages basses, et
d'âge compris entre 15-19 ans à l'enquête, faisant partie
intégrante du groupe 1 (GROUP1 sur le graphique IV.1), sont bien parties
pour avoir une mauvaise appréhension des modes de prévention du
Sida et donc des comportements sexuels à haut risque. L'examen complet
de ce groupe nous édifie encore plus. Comme en aurait pu s'attendre, ces
femmes ont évidemment une mauvaise connaissance des modes de
prévention du Sida. Ceci est encore beaucoup plus édifiant si
nous examinons les comportements sexuels. En effet, ces femmes d'ethnie
Sangha et celles d'origine étrangère n'ont pas
utilisé le préservatif au dernier rapport sexuel.
Graphique IV 1: Premier plan factoriel de l'analyse
des correspondances multiples
1AXE HORIZONTAL( 1)--AXE VERTICAL( 2)--TITRE:AFCM SUR EDS COG
(2005)
NOMBRE DE POINTS : 46
==ECHELLE : 4 CARACTERE(S) = .163 1 LIGNE = .068
AXE 2
+---------------------------------------+-------PNRE--------------------+
0 01
! ! RURA
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! TRAD !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
! 0 01
! SUD PROTMOYE!
! 0 01
! !
! 0 01
! ! TOUJ
! 1 01
! ETRG ! SEMN
! 0 01
! PRIM SXPR OUIPCHOM
! 1 01
0
+-----------------------------------JCDMESHI----KONG----CHQJ------------+ 4
01
! XNPRPARF
! 1 01
! JAMS JAMA NONP!
! 0 01
! SNIV INDEAGE3
! 1 01
! BAS AUTR BONN
CADR ! 0 01
! !
! 0 01
! !
GROUP2 ! 0 01
! GROUP1 !
! 0 01
! RLOC !
! 0 01
! TEKE
! 0 01
! !
! 0 01
MOVA !
! 0 01
! !
! 0 01
! !
BZVL ! 0 01
! NORD ! MBOC
URBA ! 0 01
! !
SUPE! 0 01
! SGLK !
! 0 01
---------------------------------------+-------------------------------+ 0
01
0
AXE 1
NOMBRE DE POINTS SUPERPOSES : 8
CDOM(TOUJ) AGE2(CHOM) PART(ESHI) SECD(KONG) ELEV(CHQJ)
AGE1(JCDM)
CATH(PARF) PREC(SNIV)
1FIN NORMALE DU PROGRAMME ANCORR
PLACE MEMOIRE DEMANDEE : 10000
PLACE MEMOIRE UTILISEE : 2392
Le deuxième groupe (GROUP2 sur le graphique) est celui
des femmes célibataires résidant à Brazzaville, de niveau
d'instruction secondaire ou supérieur, vivant dans les habitations de
confort élevé et regardant chaque jour la
télévision. Ces conditions sont nécessaires pour que ces
femmes aient de bonnes connaissances du Sida et de ces modes de
prévention et partant, des comportements sexuels à risque
minimal. Ces femmes célibataires, vivant dans de bonnes conditions,
cadres pour la plupart, ont une bonne connaissance des modes de
prévention du Sida. En plus d'avoir connu une sexualité tardive
(après 16 ans), ces femmes ont pris soin d'utiliser le
préservatif au cours du dernier rapport sexuel. Ce sont pour beaucoup
d'entre elles, les femmes de religion catholique appartenant aux ethnies
Mbochi, Téké et Kongo. Elles avaient
l'âge compris entre 20 et 39 ans au moment de l'enquête.
Enfin, un examen complet de ce graphique permet de classer les
célibataires par rapport aux deux comportements à risque mis en
évidence dans cette étude. Remarquons que, même si les
célibataires identifiées dans le groupe 1 c'est-à-dire le
groupe propice aux comportements sexuels à risque, n'ont pas
utilisé le préservatif au dernier rapport sexuel, elles se sont
cependant bien comportées par rapport au multipartenariat sexuel. A
contrario, les célibataires identifiées dans le groupe2 favorable
à la bonne conduite en matière de comportement sexuel ont certes
utilisé le préservatif au dernier rapport sexuel mais avaient par
ailleurs connu plus d'un partenaire sexuel, douze mois avant
l'enquête.
En somme, l'analyse descriptive a permis d'identifier les
associations entre nos variables dépendantes et les comportements
sexuels étudiés et de regrouper les femmes célibataires en
fonction de leurs caractéristiques, ce qui nous à permis de faire
les observations suivantes :
Dans le cas du multipartenariat sexuel des 12 derniers mois,
le niveau d'instruction, l'âge, l'occupation, la fréquence
d'exposition à la radio, la connaissance de modes de prévention
du Sida et la précocité des premiers rapports sexuels sont les
caractéristiques des femmes célibataires qui lui sont
associées. Les femmes des niveaux supérieur, d'âge compris
entre 20-34 ans , essentiellement des cadres du secteur formel, écoutant
chaque jour la radio et disposant de bonnes connaissances sur le Sida, avaient
avoué avoir connu plus d'un partenaire sexuel dans les 12 mois ayant
précédé l'enquête.
Dans le cas de la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel, les analyses ont montré que l'exposition à la radio et
à la télévision, la région de résidence, le
milieu de socialisation, l'ethnie, le niveau d'instruction, l'activité,
les conditions de vie et les connaissances des modes de prévention du
Sida étaient les caractéristiques associées à
l'utilisation du condom au dernier rapport sexuel appréhendées
lors de l'EDSC1 2005.
Nous avions retenu quatre hypothèses dans cette
étude. Après l'analyse bivariée, la quasi-totalité
d'entre elles a été vérifiée. L'hypothèse
selon laquelle le niveau d'instruction influence positivement les comportements
sexuels des célibataires n'est vérifiée que pour la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel puisque les proportions des
célibataires n'ayant pas utilisé le condom baissent avec le
niveau d'instruction. En revanche, le niveau d'instruction agit
négativement sur le multipartenariat sexuel des 12 derniers mois. Plus
la célibataire s'instruit, plus elle multiplie les partenaires sexuels.
L'hypothèse selon laquelle : Plus les célibataires disposent
d'une bonne connaissance des modes de prévention du Sida, plus elles
adoptent des comportements sexuels à risque minimal, n'est
vérifié que pour la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel. Tout comme le niveau d'instruction, la connaissance de modes de
prévention du Sida réduit l'occurrence de la non-utilisation du
condom au dernier rapport sexuel. Par rapport au multipartenariat sexuel, le
constat reste le même que celui du niveau d'instruction. La connaissance
de modes de prévention du Sida aurait donc un effet négatif sur
le multipartenariat sexuel. L'hypothèse selon laquelle les conditions de
vie déterminent les comportements sexuels des célibataires
c'est-à-dire, plus elles sont élevées, plus les
célibataires disposent d'un pouvoir de décision sur leur
sexualité et partant, des pratiques sexuelles à risque de
contamination des IST/SIDA faibles. Cette hypothèse n'est
vérifiée, que pour l'utilisation du condom au dernier rapport
sexuel. Cette relation n'est pas aussi lisible car les célibataires de
niveau moyen se sont plus engagées dans le multipartenariat que celle
des conditions de vie basses. Mais d'une façon générale,
les célibataires de niveau de vie élevé ont moins de
partenaires sexuels que celles des niveaux inférieurs de l'indicateur
des conditions de vie des ménages. L'hypothèse sur les
médias était que l'exposition aux sources d'information relatives
à l'éducation sexuelle, aux activités sexuelles à
risque et aux moyens de prévention influençait positivement les
comportements sexuels. Les deux principales sources d'information ici retenues
étaient la télévision et la radio. D'après nos
résultats, l'exposition à la télévision n'a aucune
signification sur le multipartenariat sexuel des célibataires mais
présente une relation positive avec l'utilisation du condom. Cette
relation serait donc vérifiée seulement pour ce qui concerne
l'utilisation du préservatif au dernier rapport sexuel. Quant à
l'exposition à la radio, les résultats ont affirmé son
association avec le multipartenariat sexuel et la non-utilisation du
préservatif. Cette association serait négative, dans le cas du
multipartenariat et positive, dans le cas de la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel.
L'association n'étant pas la causalité, les
corrélations dégagées à ce stade de l'analyse
peuvent être fallacieuses. C'est la raison pour laquelle nous
poursuivrons nos analyses dans le but d'identifier parmi toutes les
caractéristiques associées, celles qui sont des
déterminants des comportements sexuels des célibataires et qui
peuvent servir de leviers en faveur d'une action politique visant le changement
de comportement en matière de sexualité. Dès lors,
l'analyse multivariée explicative nous édifiera sur ce point et
fera l'objet du chapitre suivant.
CHAPITRE V
ESSAI D'EXPLICATION DE LA
VARIATION DES COMPORTEMENTS SEXUELS A RISQUE
Le recours à l'analyse multivariée explicative
est justifié d'une part, par le souci de mieux examiner les associations
entre les caractéristiques des célibataires et leurs pratiques en
matière de sexualité et d'autre part, pour identifier les
déterminants les plus pertinents parmi les caractéristiques
associées aux comportements sexuels de la population de
référence. Dès lors, il a été jugé
nécessaire de procéder par des analyses multivariées
explicatives sur le multipartenariat sexuel des 12 derniers mois et la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel précédant
l'enquête. Pour chacun de ces comportements, les modèles pas
à pas issus de la régression logistique ont été
utilisés. Les modalités de référence des variables
ont été sélectionnées par rapport aux effectifs. La
modalité comportant l'effectif le plus important ayant constitué
la référence (R).
A/- RISQUE RELATIF DES
COMPORTEMENTS SEXUELS DES CELIBATAIRES
La régression logistique permet d'avoir les risques
relatifs de l'occurrence des comportements sexuels étudiés. Les
modèles pas à pas ont été utilisés en
commençant par le modèle brut M0,
modèle des variables de contrôle (précocité des
rapports sexuels, l'âge, la région de résidence). Les
autres variables ont été introduites successivement en
commençant par celles du modèle culturelles (ethnie, milieu de
socialisation, religion), ensuite, le niveau d'instruction (modèle
M4), s'en est suivi
les modèles M5 et
M6 (activité économique et conditions
de vie des ménages). Puis, l'exposition à la radio et à la
télévision (M7 et M8) et
enfin la connaissance des modes de prévention du Sida
M9. Le modèle M9
permet l'identification des déterminants. Dans ce
modèle, une variable est identifiée comme déterminant si,
en plus d'avoir au moins une modalité à "odd ratio" significatif
au seuil retenu, elle présente elle-même une association
significative avec la variable dépendante. Nos déterminants ont
été retenus au seuil de 5%.
a/- Le multipartenariat sexuel des
12 derniers mois
Le tableau V.1 présente les résultats de la
régression logistique du multipartenariat sexuel des 12 derniers mois
comme variable endogène avec les autres variables exogènes. Le
modèle M9 est celui des déterminants
du multipartenariat sexuel des célibataires dans les 12 derniers mois
ayant précédé l'enquête. Pris au seuil de
signification de 5%, deux variables déterminent le multipartenariat
sexuel : le niveau d'instruction et la connaissance de mode de
prévention du sida.
Le niveau d'instruction semble être la seule variable de
l'environnement socioculturelle significativement associée au
multipartenariat sexuel des célibataires. Toutes choses égales
par ailleurs, le niveau d'instruction détermine le multipartenariat
sexuel des célibataires. Les célibataires de bas niveau
d'instruction présentant moins de risques que celles des niveaux
élevés. Par rapport aux célibataires de niveau secondaire,
celles de niveau primaire ont 26% fois moins de risque d'avoir connu plus d'un
partenaire sexuel au cours de la période de référence.
Tout comme le niveau d'instruction, la connaissance des modes de
prévention du Sida augmente les risques de pratiquer ce comportement
sexuel. Par rapport aux célibataires de connaissances moyennes, celles
de mauvaises connaissances ont 59% fois moins de chance de pratiquer ce
comportement et celles de bonnes connaissances ont 1,57 fois plus de risque.
Les modèles pas- à- pas nous ont permis de
mettre en exergue les mécanismes à travers lesquels certaines
variables du cadre d'analyse influencent le multipartenariat sexuel des
célibataires (tableau V.1).
Le modèle M0 est celui de
l'âge, la région de résidence et la précocité
des rapports sexuels qui sont des variables de contrôle retenues à
cet effet. Introduites simultanément, toutes ces variables
contrôlent parfaitement le multipartenariat sexuel. Par exemple, les
célibataires résidant au Sud du Congo ont 24% fois moins de
risque que celles de Brazzaville d'avoir connu plus d'un partenaire sexuel les
12 derniers mois ayant précédés l'enquête. De plus,
ce modèle produit un khi deux significatif quelque soit le seuil
considéré.
Les variables ethnie, milieu de socialisation et religion ont
été contrôlées par l'âge, la région de
résidence et la précocité des rapports sexuels pour
constituer les modèles successives M1, M2
et M3. Tout comme le modèle
M0, ces modèles sont aussi significatifs
quelque soit le seuil. Cependant, aucune de ces trois variables n'est
significative. Le multipartenariat sexuel des célibataires au Congo ne
serait donc lié, ni à l'appartenance ethnique, ni au milieu de
socialisation, ni même à l'appartenance religieuse
L'intervention du niveau d'instruction
(M4) réduit le risque relatif des
célibataires socialisées en milieu rural, augmente ceux des
modalités de la religion ainsi que ceux des étrangères
dans la variable ethnie. De là, on comprend que les
différences de comportement sexuel (multipartenariat sexuel)
observées entre les célibataires de milieu de socialisation
différent étaient dues au fait que les célibataires
socialisées en milieu urbain étaient à plus de 85%
instruites (niveau secondaire et supérieur, voir annexe 2. 3).
L'introduction de l'activité économique
(M5) et le contrôle par nos variables de
confusion, fait baisser les risques relatifs des modalités des trois
premiers variables à l'exception de la modalité Aucune
de la variable religion. Cependant, les modalités du niveau
d'instruction sont restées pratiquement identiques. Si nous faisons
intervenir la variable conditions de vie (M6), la
modalité Rural du milieu de socialisation passe d'un risque de
1 ,08 à un risque de 1,04. Au même moment le risque relatif
des célibataires d'origine étrangère baisse de 9,4% et le
niveau d'instruction ne varie sensiblement pas. Dès lors, si l'action de
la socialisation (ethnie, milieu de socialisation, religion) sur le
multipartenariat sexuel passe par le niveau d'instruction, il faut noter que
les différences de comportement entre les célibataires plus
instruites et celles moins instruites n'étaient pas dues à
l'exercice d'une activité économique ou moins encore, aux
conditions de vie des ménages (les risques relatifs étant
sensiblement restés les mêmes). Cela nous fait comprendre que
l'action de la socialisation sur ce comportement sexuel s'associe soit avec
celui du niveau d'instruction soit avec celui de activité
économique. Or, le contrôle de l'exposition à la
télévision change la donne. La modalité
Indépendante de l'activité économique devient non
significative ; la modalité Sans niveau de la variable
niveau d'instruction devient aussi non significative et la modalité
primaire passe du seuil de 1% au seuil de 5% ; la modalité
Rural voit toujours son risque relatif baisser ; même
tendance pour les Etrangères et les Sangha. Tout ceci
traduit le chemin emprunté par les facteurs socioculturels vers le
multipartenariat sexuel (M8). A ce niveau, les
différences de comportement des célibataires entre les
catégories de l'activité économique étaient
probablement dues à l'exposition ou non aux medias des unes ou des
autres. Dès lors, l'exposition à la télévision
jouerait d'une inhibition des effets de l'activité économique et
du niveau d'instruction sur le multipartenariat sexuel.
Enfin, l'intervention de la connaissance des modes de
prévention du Sida (M9) n'apporte pas
d'importants changements par rapport à M8.
Cependant, avec les influences des autres variables du modèle,
l'introduction de cette variable a modifié les risques relatifs des
autres variables. On constate aussi que la connaissance des modes de
prévention du Sida est significativement associée au
multipartenariat sexuel ; et les célibataires de bonnes
connaissances présentant plus de risque que celles partiellement
informées des modes de prévention du Sida. Comme dit
précédemment, si l'on fixe le seuil de signification à 5%,
le dernier modèle M9 donne les deux
déterminants du multipartenariat sexuel des célibataires dans les
12 derniers mois ayant précédé l'enquête.
Tableau V.1: Risque
relatif du multipartenariat sexuel des 12 deniers mois
Variables modalités
|
Mo
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
Ethnie
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Bembé
Mbochi
Téké
Kongo
Sangha/Likouala
Etrangère
|
( R )
0,827
1,107
1,191
1,067
0,76
|
( R )
0,822
1,109
1,178
1,082
0,76
|
( R )
0,86
1,16
1,2
1,11
0,79
|
( R )
0,84
1,14
1,21
1,06
0,85
|
( R )
0,818
1,11
1,14
1,03
0,81
|
( R )
0,82
1,12
1,17
1
0,77
|
( R )
0,796
1,08
1,139
0,986
0,78
|
( R )
0,833
1,14
1,2
0,99
0,73
|
( R )
0,84
1,15
1,24
1,01
0,71
|
Socialisation
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Urbain
Rural
|
( R )
1,2
|
( R )
2,05
|
( R )
1,2
|
( R )
1,073
|
( R )
1,81
|
( R)
1,036
|
( R )
1,77
|
( R )
1,75**
|
Religion
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Catholique
Protestante
Traditionnelle
Aucune
Autre chrétienne
|
( R )
0,89
0,8
0,83
0,82
|
( R )
0,91
0,92
0,91
0,83
|
( R )
0,91
0,872
0,926
0,81
|
( R )
0,93
0,92
0,91
0,81
|
( R )
0,912
0,897
0,954
0,811
|
( R )
0,92
0,94
0,91
0,81
|
( R )
0,91
0,97
0,98
0,83
|
nstruction
|
|
***
|
***
|
***
|
**
|
**
|
**
|
Sans niveau
Primaire
Secondaire
Supérieur
|
0,58*
0,67***
( R )
1,28
|
0,58*
0,68***
( R )
1,28
|
0,58*
0,68***
( R )
1,29
|
0,595
0,7***
( R )
1,27
|
0,61
0,71**
( R )
1,25
|
0,63
0,742**
( R )
1,21
|
Activité éco
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Chômeur
Cadre
Indépendante
Précaire
|
( R )
0,841
1,21*
|
( R )
1,48
1,27*
1,03
|
( R )
0,83
1,22
1,01
|
( R )
1,41
1,24
1,01
|
( R )
1,4
1,27*
0,99
|
Conditions de vie
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Bas
Moyen
Elevé
|
0,821
( R )
1,07
|
0,75
( R )
1,07
|
0,84
( R )
1,06
|
0,871
( R )
1,04
|
Exposit° Radio
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
jamais
parfois
Chaque jour
|
( R )
0,836
0,897
|
( R )
1,05
1,12
|
( R )
1,03
1,1
|
Exposition télé
|
|
Ns
|
Ns
|
jamais
parfois
Chaque jour
|
( R )
1,16
1,12
|
( R )
1,14
1,13
|
Connaiss/ sida
|
|
***
|
Mauvaise
Partielle
Bonne
|
0,41**
( R )
1,57**
|
Groupe d'âges
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
15-19
20-24
25-29
30-49
|
( R )
7,50***
3,29***
1,78***
|
( R )
7,53***
3,24***
1,78***
|
(R )
7,53***
3,23***
1,78***
|
( R )
7,54***
3,24***
1,78***
|
( R )
7,10***
2,98***
1,69**
|
( R )
6,82***
2,79***
1,47*
|
( R )
6,0***
2,30***
1,5**
|
( R )
6,7***
2,7***
1,50**
|
( R )
6,96***
2,82***
1,56**
|
( R )
6,98***
2,82***
1,54**
|
Régione
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Brazzaville
Pointe Noire
Sud
Nord
|
( R )
1,06
0,76**
0,87
|
( R)
1,08
0,77
0,97
|
( R )
1,08
0,84
1,09
|
( R )
0,57**
0,69**
0,96
|
( R )
0,625*
0,82
1,14
|
( R )
1,14
0,895
1,15
|
( R )
0,67
0,97
1,34
|
( R )
1,11
1,1
1,43
|
( R )
0,685
1,03
1,42
|
( R )
0,71
1,05
1,41
|
Age au 1er rapport sexuel
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Age<16 ans
Age>=16 ans
|
10,7***
( R )
|
10,7***
(R )
|
10,8***
( R )
|
10,9***
( R )
|
11,2***
( R )
|
10,8***
( R )
|
11,2***
( R )
|
11,***
( R )
|
11,3***
( R )
|
11,7***
( R )
|
KHI-DEUX
|
626,78***
|
630,78***
|
631,42***
|
642,22***
|
653,87***
|
653,92***
|
654,03***
|
654,1***
|
654,72***
|
667,12***
|
Source : Traitement données
EDSC-1; (***P<=1% ; **P<=5% ; *P<=10%. ; Ns Non
significatif )
b/- La
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel
Il ressort des analyses de régression logistique faites
que trois facteurs déterminent la non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel chez les célibataires enquêtées à
savoir : l'ethnie, le niveau d'instruction, et les conditions de vie des
ménages dans lesquelles vivent ces célibataires.
On observe, toutes choses égales par ailleurs que le
risque de n'avoir pas utilisé le condom est plus élevé
chez les célibataires "Sangha et Etrangères"
que chez les autres ethnies. En effet, comparées aux
célibataires "Bembé", les célibataires
"Sangha" et "Etrangères" ont respectivement 3,66 et
4,2 fois plus de risque de n'avoir pas utilisé le condom au dernier
rapport sexuel. On observe aussi une relation significative entre le niveau
d'instruction et la non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel.
Par rapport aux célibataires de niveau d'instruction secondaire, celles
de niveau primaire ont 2,05 fois plus de risque de ne s'être pas
protégées et celles de niveau supérieur en ont 1,04 fois
plus. Par ailleurs, les conditions de vie des ménages ont aussi
été identifiées comme déterminant de la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel car, en plus d'avoir une de
ces modalités significative, elle offre une association significative
à 1%. Cela d'autant plus que, par rapport aux célibataires vivant
dans de bonnes conditions, celles de conditions moyennes ont 2,05 fois plus de
risque de n'avoir pas utilisé le préservatif au dernier rapport
sexuel précédant l'enquête.
Le modèle M0 qui est celui
des variables susceptibles de semer la confusion, montre qu'aucune
modalité de l'âge n'est significative et que l'utilisation du
préservatif varie beaucoup plus par rapport à la région de
résidence que par rapport à l'âge ou à l'âge
au premier rapport sexuel. Aussi, le modèle lui-même reste
très significatif quelque soit le seuil.
L'introduction de l'ethnie (M1),
montre des écarts très significatifs entre les différentes
modalités de cette variable. Par rapport aux célibataires de
l'ethnie Bembé, celles de l'ethnie Sangha ont 3,3 fois
plus de risque de n'avoir pas utilisé le préservatif au dernier
rapport sexuel ; celles étrangères ont 5,1 fois plus. Aussi
cette variable est significative au seuil de 5%. L'intervention du milieu de
socialisation (M2) modifie les risques relatifs des
modalités de la variable ethnie tout en la maintenant significative au
seuil de 5%. Cependant, même si ce modèle reste significatif au
seuil de 1%, cette variable ne présente aucune association significative
(toutes choses égales par ailleurs) avec la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel.
L'introduction de la religion
(M3), une fois contrôlés la
région de résidence, l'âge et la précocité
des rapports sexuels, fait ressortir l'ethnie comme seule variable
socioculturelle du cadre familial à être significative ; et
on observe que les femmes célibataires de l'ethnie Sangha ont
3,38 fois plus de risque que le grand groupe Bembé, de n'avoir
pas recouru au condom lors du dernier rapport sexuel. Notons aussi que dans ce
modèle tout comme dans tous les autres d'ailleurs, les
célibataires de nationalité étrangère se sont plus
entraînées dans les rapports non protégés que les
locales.
L'introduction du niveau d'instruction après
contrôle par la région de résidence, l'âge et la
précocité des rapports sexuels (M4) a
accentué les risques des femmes Mbochi, Téké et
Sangha et réduit ceux des célibataires d'origine
étrangère. Dès lors, les différences
observées entre les femmes célibataires Bembé et
celles Téké, Sangha et
Etrangères étaient dues donc en partie au fait que les
célibataires Bembé étaient plus instruites que
les Téké, Sangha et
étrangère. Le niveau d'instruction intervient alors
comme une variable d'intermédiation entre l'ethnie et la non-utilisation
du condom lors du dernier rapport sexuel précédent
l'enquête chez les femmes célibataires résidant au Congo.
Aussi, comme en témoigne la modalité Primaire, le niveau
d'instruction reste une variable significativement associée à la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel. En effet, comparées
aux femmes de niveau secondaires, celles du niveau primaire ont 2,22 fois plus
de risque de n'avoir pas utilisé les préservatifs aux derniers
rapports sexuels. Ceci confirme l'hypothèse selon laquelle le niveau
d'instruction influencerait positivement les comportements sexuels.
L'introduction des facteurs économiques et le contrôle par
l'âge, la région et la précocité des rapports
sexuels (M6) diminue les risques des
modalités significatives des variables ethnie et niveau d'instruction.
Le niveau économique serait donc un facteur intermédiaire des
effets de l'ethnie et du niveau d'instruction sur la non-utilisation du condom
au dernier rapport sexuel. En d'autres termes, les différences
comportementales précédemment observées entre les
Sangha et les Bembé et entre les célibataires
de niveau secondaire et celles de niveau primaire étaient dues aux
différences de pauvreté entre ces groupes.
Dans le modèle M8 il a
été introduit la variable exposition à la
télévision et contrôlé comme tous les autres
modèles d'ailleurs par l'âge, la région de résidence
et la précocité des rapports sexuels. L'exposition à la
télévision tout comme l'exposition à la radio n'est pas
significativement associée à la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel et cela quelque soit le seuil. Remarquons cependant que
les modalités Sangha et Etrangère de la
variable ethnie restent toujours significatives mais la première ayant
timidement gagné en risque et la deuxième l'ayant perdu. Par
ailleurs, si l'on regarde bien le risque relatif de la modalité primaire
de la variable niveau d'instruction, on constatera une légère
hausse ; mais aussi une légère baisse de la modalité
de la variable condition de vie des ménages. On peut donc conclure que
l'exposition aux medias n'a qu'une subtile influence dans les
différences de comportement observées entre les
différentes catégories des autres variables introduites
précédemment.
L'introduction de la connaissance des modes de
prévention du Sida et le contrôle par l'âge, la
région de résidence et la précocité des rapports
sexuels (M9) a accentué les risques relatifs
des modalités Sangha et Etrangères de la
variable ethnie et réduit celles des variables niveau d'instruction et
condition de vie des ménages (Primaire et Moyenne
respectivement). On pourrait dès lors dire que le chemin de l'ethnie, de
l'instruction et des conditions de vie des ménages vers la
non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel passerait aussi par la
connaissance des modes de prévention du Sida. Mais pris comme telle,
cette variable n'est pas un déterminant de la non-utilisation du condom
au dernier rapport sexuel chez les célibataires du Congo.
Tableau V.2 : Risque
relatif de la non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel
Variable/ modalité
|
Mo
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
Ethnie
|
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
Bembé
Mbochi
Téké
Kongo
Sangha/
Etrangère
|
|
(R )
0,89
1,42
0,98
3,3**
5,1***
|
( R )
0,903
1,407
1,02
3,06*
5,1***
|
( R )
0,91
1,4
0,98
3,38**
4,79**
|
( R )
0,94
1,45
0,97
3,5**
4,37**
|
( R )
0,936
1,45
1,04
3,06*
3,96**
|
( R )
0,99
1,53
1
3,38**
4,13**
|
( R )
0,99
1,54
1,06
3,41**
4,01**
|
( R )
1
1,55
1,05
3,5**
4,03**
|
( R )
1,04
1,63*
1,05
3,66**
4,2**
|
Socialisation
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Urbain
Rural
|
( R )
0,8
|
( R )
0,82
|
( R )
0,88
|
( R )
0,8
|
( R )
0,89
|
( R )
0,9
|
( R )
0,93
|
( R )
0,95
|
Religion
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Catholique
Protestante
Traditionnelle
Aucune
Autre chrétienne
|
( R )
1,15
1,75
1,14
1,12
|
( R )
1,12
1,47
1,05
1,13
|
( R )
1,1
1,41
1,026
1,12
|
( R )
1,12
1,51
1,11
1,14
|
( R )
1,11
1,55
1,098
1,156
|
( R )
1,1
1,5
1,1
1,15
|
( R )
1,11
1,5
1,04
1,13
|
Instruction
|
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
Sans niveau
Primaire
Secondaire
Supérieur
|
2,01
2,22***
( R )
0,95
|
1,91
2,21***
( R )
0,96
|
1,8
2,1***
( R )
0,97
|
1,78
2,1***
( R )
0,99
|
1,82
2,08***
( R )
0,99
|
1,91
2,05***
( R )
1,04
|
Activité éco
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Chômeur
Cadre
Indépendante
Précaire
|
( R )
0,914
1,254
1,16
|
( R )
1,45
1,12
1,16
|
( R )
1,42
1,01
1,16
|
( R )
1,44
1,09
1,15
|
( R )
1,42
1,08
1,14
|
Conditions de vie
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Bas
Moyen
Elevé
|
1.17
2,58***
( R)
|
1,5*
2,55***
(R) )
|
1,53
2,53***
(R )
|
1,46
2,51***
(R )
|
Exposition Radio
|
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
jamais
parfois
Chaque jour
|
( R )
1,15
1,3
|
( R )
1,11
0,84
|
( R )
1,14
0,87
|
Exposition télé
|
|
Ns
|
Ns
|
jamais
parfois
Chaque jour
|
( R )
1,04
1
|
( R )
1,02
0,98
|
Connaissace / Sida
|
|
Ns
|
Mauvaise
Partielle
Bonne
|
323,9
( R )
0,81
|
Groupe d'âges
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
15-19
20-24
25-29
30-49
|
( R )
0,89
0,92
1,07
|
( R )
0,881
0,83
1,04
|
( R )
0,872
0,838
1,02
|
( R )
0,87
0,821
1,04
|
( R )
0,92
0,89
1,14
|
( R )
0,899
0,896
1,04
|
( R )
0,87
0,83
0,95
|
( R )
0,87
0,83
0,96
|
( R )
0,87
0,83
0,97
|
( R )
0,91
0,84
1
|
Région -résidence
|
***
|
***
|
**
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Brazzaville
Pointe Noire
Sud
Nord
|
( R )
0,85
1,81***
3,19***
|
( R )
0,857
1,88***
2,16**
|
( R )
0,87
1,59*
1,67
|
( R )
0,98
1,85**
2,03**
|
( R )
0,87
1,5
1,6
|
( R )
0,87
1,29
1,41
|
( R )
0,87
1,02
1,2
|
( R )
0,87
1,02
1,2
|
( R )
0,87
1,05
1,18
|
( R )
0,86
1,06
1,19
|
Age au 1er rappor
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Ns
|
Age<16 ans
Age>=16 ans
|
0,96
( R )
|
0,94
( R )
|
0,93
( R )
|
0,95
( R )
|
0,88
( R )
|
0,88
( R )
|
0,86
( R )
|
0,85
( R )
|
0,86
( R )
|
0,84
( R )
|
KHI-DEUX
|
36,0***
|
55,3***
|
57***
|
57***
|
75***
|
75***
|
91,***
|
93***
|
94***
|
103***
|
Source : Traitement EDSC-1;
(***P<=1% ; **P<=5% ; *P<=10% ;Ns non significatif)
B/- CONTRIBUTION DES VARIABLES A
L'EXPLICATION DE LA VARIATION DES COMPORTEMENTS SEXUELS
Une fois identifiés les déterminants des
comportements sexuels et mis en évidence les mécanismes par
lesquelles ces déterminants agissent, nous allons dans cette section
procéder à une hiérarchisation des facteurs à
partir de leur contribution. Il s'agit en fait du pouvoir explicatif de chacun
des déterminants qui permet de les classer par ordre de grandeur dans
l'explication du comportement sexuel considéré. Comme nous
l'avons signifié précédemment, les déterminants ont
été retenus au seuil de signification de 5%.
a/-
Aspects méthodologiques
Cx: Contribution de la variable
f : Khi-2 finale
s : Khi-2 sans la variable
La contribution des différentes variables a
été calculée à l'aide de la méthode
suivante :
Pour obtenir s, on
retire la variable du modèle final et l'on applique la
régression logistique pour ce nouveau modèle ou modèle
sans la variable et en ne prenant que son Khi deux. On répète la
même méthode pour chacune des déterminants.
b/-
Hiérarchisation des facteurs
Les tableaux V.3 et V.4 présentent la
hiérarchisation des déterminants selon leur contribution à
l'explication de la variation des comportements sexuels.
Dans l'explication du multipartenariat sexuel, la connaissance
des modes de prévention du Sida a été identifiée
comme facteur n°1. Ce facteur est suivi par le niveau d'instruction. Par
contre dans le cas de la non-utilisation du condom, les conditions de vie des
ménages prennent la première place des déterminants,
ensuite l'ethnie et enfin le niveau d'instruction.
Tableau V.3: Hiérarchisation des
déterminants du multipartenariat sexuel des
12 derniers mois
Variables
|
|
|
Cx (%)
|
Rang
|
Niveau d'instruction
|
667,12
|
661,23
|
0 ,88
|
2
|
Connaissance de la prévention
|
667,12
|
654,72
|
1,85
|
1
|
= Khi-deux du modèle saturé (final)
= Khi-deux du modèle sans la variable explicative
considérée (celle en ligne)
Cx(%) =(- )/ exprimé en pourcent
|
Tableau V.4 :
Hiérarchisation des déterminants de la non- utilisation du condom
au dernier rapport sexuel
Variables
|
|
|
Cx (%)
|
Rang
|
Ethnie
|
103,2
|
88,34
|
14,40
|
2
|
Niveau d'instruction
|
103,2
|
90,55
|
12,30
|
3
|
Conditions de vie des ménages
|
103,2
|
87,26
|
15,44
|
1
|
= Khi-deux du modèle saturé (final)
= Khi-deux du modèle sans la variable explicative
considérée (celle en ligne)
Cx(%) =(- )/ exprimé en pourcent
|
Le Cx mesure la variation relative du khi deux dans
le modèle lorsque la variable explicative j est retirée. Il
mesure donc l'importance de cette variable.
C/- SYNTHÈSE DES
RÉSULTATS
Une bonne synthèse ne saurait être
dégagée sans une confrontation des risques relatifs des deux
comportements sexuels mis en évidence dans cette étude. Cette
confrontation à pour but de dégager la typologie des
célibataires les plus exposées au risque de contracter les
IST/VIH/SIDA.
Si nous examinons horizontalement chacune des variables
indépendantes par rapport au multipartenariat sexuel et à la
non-utilisation du condom (tableau V.5), nous constaterons, dans le cas de
l'ethnie, une diversité ethnique dans les comportements sexuels des
célibataires. Les célibataires étrangères
ont le risque le plus élevé de la non utilisation du condom au
dernier rapport sexuel. A risque relatif de la non-utilisation du condom
pratiquement identique, les Kongo sont plus enclin au
"multipartenarisme sexuel" que les Mbochi. L'utilisation des
préservatifs favoriserait donc le multipartenariat sexuel dans certaines
ethnies. Les différences observées selon l'ethnie seraient dues
aux différences des moeurs sexuelles mais surtout aux disparités
de scolarisation. En effet, 30% des Kongo sont de niveau secondaire
alors pour le même niveau on retrouve 16% des Mbochi, 15% des
téké, 5% des Sangha et 4% des
étrangères (annexe 2.1)
Sous l'effet du célibat, le multipartenariat varie
beaucoup selon le niveau d'instruction car les risques associés y sont
inégalement repartis en défaveur des célibataires bien
instruites. Cependant les célibataires sans niveau et celles de niveau
primaire présentent les risques plus grands de n'avoir pas
utilisé le préservatif au dernier rapport sexuel. Les
célibataires sans religion ont le risque le plus élevé du
multipartenariat sexuel alors que les adeptes des religions traditionnelles ont
les risques plus grands de la non utilisation du condom au dernier rapport
sexuel. Dès lors, on serait tenté de dire que l'appartenance
à l'une ou l'autre des formes de religion au Congo empêcherait le
multipartenariat sexuel chez les femmes célibataires alors que
l'appartenance aux religions traditionnelles encouragerait de plus en plus la
non-utilisation du préservatif. L'examen horizontal des risques de
comportements sexuels liés au milieu de socialisation indique que les
célibataires socialisées en milieu rural semblent pratiquent
moins le multipartenariat que celles socialisées en milieu urbain. D'un
autre côté, la socialisation en milieu rural favoriserait à
0,05 près, l'utilisation des condoms que la socialisation en milieu
urbain.
La confrontation des comportements sexuels par rapport aux
caractéristiques économiques montre des résultats plus que
controversés contrairement à ce que l'on aurait pu s'attendre.
Par exemple, les célibataires des conditions de vie très basses
ont les risques les plus bas du multipartenariat sexuel alors que par
rapport à ce statut économique, elles devraient être les
plus aptes à adopter ce comportement sexuel; ou encore, les
célibataires cadres sont celles qui ont le moins utilisé le
préservatif au dernier rapport sexuel. Ces observations laissent plus
que de doutes dans la réalisation de notre hypothèse 4 du cadre
d'analyse selon laquelle « Les conditions de vie des
ménages où vivent les célibataires déterminent
leurs comportements sexuels. Plus elles sont bonnes, plus les
célibataires disposent d'un pouvoir de décision sur leur
sexualité et partant, des pratiques sexuelles à moindre risque de
contamination des IST/VIH/SIDA ». Cette hypothèse n'est
donc pas confirmée.
Si nous examinons l'exposition à la
télévision et à la radio, nous constaterons une certaine
irrégularité des risques quelque soit le comportement
considéré. En d'autre terme, l'exposition aux medias augmente les
risques du multipartenariat sexuel puisque celles qui n'étaient jamais
exposées ni à la radio ni à la télévision
avaient, au moment de l'enquête, moins de risques que les abonnées
(quelque soit la fréquence d'exposition) des médias. Pour la
non-utilisation du condom, il faut noter que celles qui étaient chaque
jour exposées aux médias avaient un léger avantage que
celles qui ne l'avaient jamais été. Aussi, les
célibataires qui n'ont pas de régularité dans le suivi de
la télévision et la radio, ont des risques plus
élevés que celles qui ne regardent jamais la
télévision et n'écoutent pas la radio.
Dans le cas de la connaissance des modes de prévention
du Sida, la confrontation des comportements sexuels présente des
résultats plus que satisfaisants, pour la non-utilisation du condom et
très décevant pour ce qui est du multipartenariat sexuel, et tout
ceci, en rapport avec nos hypothèses. En effet, dans le premier cas, le
risque relatif de contracter les IST/VIH/SIDA diminue au fur et à
mésure que s'améliorent les connaissances des modes de
prévention, et dans le deuxième cas, la bonne connaissance des
modes de prévention a augmenté les chances pour une femmes
d'avoir plus d'un partenaire sexuel. D'où, l'hypothèse selon
laquelle « Plus les célibataires disposent d'une bonne
connaissance des modes de prévention du Sida, plus elles adoptent des
comportements sexuels à risque minimal » n'est
vérifiée que pour le cas de la non-utilisation des condoms.
Enfin, l'on retiendra que dans le cas du Congo, le
multipartenariat sexuel est beaucoup plus l'affaire des célibataires
jeunes (20-24 ans) des ethnies Kongo et Bembé qui sont
les plus instruites de toutes les ethnies, qui sont par ailleurs
exposées aux médias et disposent de bonnes connaissances sur le
Sida. Par contre la non-utilisation du condom est l'apanage des 15- 19 ans et
des 30-34 ans, essentiellement celles de l'ethnie Sangha et celles
d'origine étrangères, résidant pour la plus part
d'entre elles au Nord du pays. Le faible niveau d'instruction, la non
exposition aux medias et la mauvaise connaissance des modes de
prévention du Sida ont aussi conduit les célibataires de ces deux
groupes d'âges à la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel.
Tableau V.5 : Tableau
récapitulatif des risques relatifs des
comportements sexuels
Variables et modalités
|
Multipartenariat sexuel
|
Non-utilisation du condom
|
Ethnie
|
Ns
|
**
|
Bembé
Mbochi
Téké
Kongo
Sangha
Etrangère
|
(R)
0,84
1,15
1,24
1,01
0,71
|
(R)
1,04
1,63*
1,05
3,66**
4,2**
|
Milieu de socialisation
|
Ns
|
Ns
|
Urbain
Rural
|
(R)
0.988
|
(R)
0,95
|
Religion
|
Ns
|
Ns
|
Catholique
Protestante
Traditionnelle
Aucune
Autre chrétienne
|
(R)
0,91
0,97
0,98
0,83
|
(R)
1,11
1,5
1,04
1,13
|
Niveau d'instruction
|
**
|
**
|
Sans niveau
Primaire
Secondaire
Supérieur
|
0,63
0,742**
(R)
1,21
|
1,91
2,05***
(R)
1,04
|
Activité économique
|
Ns
|
Ns
|
Chômeur
Cadre
Indépendante
Précaire
|
(R)
1,4
1,27*
0,99
|
(R)
1,42
1,08
1,14
|
Conditions de vie des ménages
|
Ns
|
***
|
Bas
Moyen
Elevé
|
0,83
0,96
(R )
|
1,46
2,51***
(R )
|
Exposition Radio
|
Ns
|
Ns
|
jamais
parfois
Chaque jour
|
(R)
1,03
1,1
|
(R)
1,14
0,87
|
Exposition télé
|
Ns
|
Ns
|
jamais
parfois
Chaque jour
|
(R)
1,14
1,13
|
(R)
1,02
0,98
|
Connaissance de la prévention
|
***
|
Ns
|
Mauvaise
Partielle
Bonne
|
0,41**
(R)
1,57**
|
323,9
(R)
0,81
|
Groupe d'âges
|
***
|
Ns
|
15-19
20-24
25-29
30-49
|
(R)
6,98***
2,82***
1,54**
|
(R)
0,91
0,84
1
|
Région de résidence
|
Ns
|
Ns
|
Brazzaville
Pointe Noire
Sud
Nord
|
(R)
0,71
1,05
1,41
|
(R)
0,86
1,06
1,19
|
Précocité de la
sexualité
|
***
|
Ns
|
Age<16 ans
Age>=16 ans
|
11,73***
(R)
|
0,84
(R)
|
KHI-DEUX
|
667,12***
|
103,02***
|
Source : Traitements des
données de l'EDSC-1
CONCLUSION GENERALE ET
RECOMMANDATIONS
La sexualité des femmes célibataires est un
réel problème quand les risques pouvant entraîner des
grossesses précoces et non désirées ou encore des
IST/VIH/SIDA y sont pris. Les conséquences en sont coûteuses aussi
bien pour la famille et la société que pour la femme
elle-même (taux élevés de la
séroprévalence ; décès des mères
dû au Sida ; les orphelins du Sida etc.). Les résultats
fournis par le chapitre IV ont permis d'identifier, toutes choses non
égales par ailleurs, les facteurs associés aux comportements
sexuels des célibataires parmi lesquels la connaissance des modes
de prévention du Sida; cependant, lorsqu'on a intégré
l'ensemble de ces facteurs dans un modèle de régression
logistique (chapitre V), très peu se sont révélés
être des facteurs déterminants des comportements sexuels, avec la
connaissance de modes de prévention du Sida toujours présente et
en tête des déterminants du multipartenariat sexuel. Cette section
traitera des implications des résultats obtenus au chapitre V. Tout
d'abord, il sera examiné la manière dont se présentent les
résultats par rapport aux hypothèses. Il sera
présenté ensuite les relations entre ces résultats et les
recherches et théories antérieures. Enfin, les limites de cette
étude ainsi que les suggestions pour les recherches futures seront
discutées.
La présente étude s'était assignée
l'objectif global de déceler le mécanisme par lequel, le profil
des femmes célibataires influence leurs comportements sexuels, en tenant
compte du contexte particulier de sortie de crise dans lequel se trouvent les
femmes célibataires en République du Congo. Pour atteindre cet
objectif, nous nous sommes fixés cinq objectifs
spécifiques :
· Déterminer le profil des femmes
célibataires les plus exposées aux VIH/SIDA ;
· Vérifier si la bonne ou la mauvaise connaissance
que l'on a du Sida, influence son comportement sexuel ;
· Identifier les déterminants des comportements
sexuels à risques chez les célibataires au Congo;
· Hiérarchiser les déterminants selon leur
pouvoir explicatif des comportements sexuels à risques chez les
célibataires.
· Proposer des pistes d'intervention pour
l'amélioration de la situation.
Une synthèse de la littérature sur les
comportements sexuels avait été faite dans laquelle les approches
socioculturelle et économique d'explication des comportements sexuels
des femmes célibataires ont constitué le fondement
théorique de cette étude. De cette synthèse, ont
été élaborées les hypothèses ainsi que le
schéma conceptuel des comportements sexuels ; la logique de ce
schéma voulant que les facteurs socioculturels et économiques
influencent directement ou indirectement les comportements sexuels des femmes
célibataires résidant au Congo pour la période de
référence. L'ethnie, le milieu de socialisation, la religion et
le niveau d'instruction ont été retenus comme variables du
socioculturel quand l'activité et les conditions de vie des
ménages constituaient celles de l'économique. L'exposition
à la télévision et à la radio ainsi que la
connaissance des modes de prévention du Sida ont assuré la
fonction des variables intermédiaires entre les variables de
l'économique et du socioculturel et les comportements sexuels
(multipartenariat sexuel des 12 derniers mois et non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel) des célibataires. L'ensemble de ces variables
ont, toutes choses égales par ailleurs, été
contrôlé par la région de résidence, l'âge et
la précocité des rapports sexuels.
Cette étude s'est réalisée avec les
données de la toute première Enquête Démographique
et de Santé menée au Congo Brazzaville en 2005. Il s'agissait en
fait des données sur l'enquête individuelle femme dans laquelle
les célibataires de 15-49 ans ont été
sélectionnées pour constituer notre population d'étude.
Même si ces données n'étaient pas de très bonne
qualité d'après les méthodes statistiques
d'évaluation, elles n'étaient pas non plus de nature à
remettre totalement en cause les résultats de nos analyses. Les analyses
bivariées et multivariées ont permis de tester nos
hypothèses du schéma d'analyse. Nous avions retenu quatre
hypothèses dans cette étude.
Après l'analyse bivariée, la
quasi-totalité d'entre elles a été vérifiée.
L'hypothèse selon laquelle le niveau d'instruction influence
positivement les comportements sexuels relatifs aux VIH/SIDA ne s'était
vérifiée que pour la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel. En revanche, le niveau d'instruction agit négativement sur le
multipartenariat sexuel des 12 derniers mois. Plus la célibataire
s'instruit, plus elle multiplie les partenaires sexuels. L'hypothèse
selon laquelle : "Plus les célibataires disposent de bonne connaissance
des modes de prévention du Sida, plus elles adoptent des comportements
sexuels à risque minimal", n'est vérifiée aussi que pour
la non-utilisation du condom au dernier rapport sexuel. Tout comme le niveau
d'instruction, la connaissance de modes de prévention du Sida
réduisait l'occurrence de la non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel. L'hypothèse selon laquelle "les conditions de vie
déterminent les comportements sexuels des célibataires
c'est-à-dire, plus ces conditions sont bonnes, plus les
célibataires disposent d'un pouvoir de décision sur leurs
sexualités et partant, des pratiques sexuelles à moindre risque
de contamination des IST/VIH/SIDA". Cette hypothèse n'est
vérifiée que pour la non utilisation du condom au dernier rapport
sexuel. L'hypothèse sur les médias était que l'exposition
aux sources d'information relatives à l'éducation sexuelle, aux
activités sexuelles à risque et aux moyens de prévention
influençait positivement les comportements sexuels. Les deux principales
sources d'information ici retenues étaient la télévision
et la radio. D'après nos résultats, l'exposition à la
télévision n'a révélé aucune association
avec le multipartenariat sexuel des célibataires mais présentait
une relation positive avec l'utilisation du condom. Quant à l'exposition
à la radio, les résultats ont confirmé son association
avec le multipartenariat sexuel et la non-utilisation du préservatif.
Cette association serait négative, dans le cas du multipartenariat et
positive, dans le cas de la non-utilisation du condom au dernier rapport
sexuel.
Les résultats issus de l'AFCM nous ont par ailleurs
permis de catégoriser les célibataires par rapport aux
comportements sexuels. Le bon niveau d'instruction (secondaire et plus),
l'aisance matérielle, l'ouverture aux médias et la bonne
connaissance du Sida ont entraîné le multipartenarisme sexuel chez
certaines célibataires alors que le manque d'information a
occasionné la non-utilisation du préservatif chez d'autres.
Dès lors, le multipartenariat sexuel des femmes célibataires en
République du Congo serait un comportement dû beaucoup plus
à l'ouverture aux moeurs et valeurs occidentales qu'à la
pauvreté économique qui caractérise cette population.
Si à travers ces résultats on peut se faire une
idée des causes de la non-utilisation des préservatifs chez les
femmes célibataires, le multipartenariat sexuel exige en revanche que
soient menées des études qualitatives qui permettraient de cerner
les raisons et les motivations des populations étudiées pour ce
comportement sexuel.
Au niveau multivarié, les analyses ont donné des
résultats allant dans le même sens que ceux de l'analyse
bivariée. En effet, en présence de toutes les autres variables,
le niveau d'instruction, le niveau de vie, l'exposition à la
télévision et à la radio ainsi que la connaissance de
modes de prévention du Sida ont réduit les risques de la
non-utilisation du condom et augmenté ceux du multipartenariat sexuel
des célibataires.
Au niveau de la vérification des hypothèses, par
rapport au multipartenariat sexuel, aucune hypothèse n'a
été vérifiée. Bien au contraire, les analyses ont
fourni des résultats montrant des relations allant dans le sens inverse
des hypothèses, lorsque ceux-ci n'ont pas été disparates.
Il suffit juste de regarder les risques relatifs de l'indicateur de
connaissance, de l'indicateur de niveau de vie et du niveau d'instruction pour
s'en apercevoir (tableau V 1 et 2). Plus explicitement, le niveau
d'instruction, les conditions de vie des ménages, l'exposition à
la télévision et à la radio ainsi que la connaissance des
modes de prévention du Sida influencent négativement le
multipartenariat sexuel des célibataires, toutes choses égales
par ailleurs.
Par rapport à la non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel, la connaissance des modes de prévention a produit les
effets attendus. En d'autres termes, l'hypothèse formulée sur les
connaissances des modes de prévention du Sida retrouve son
efficacité théorique dans le cas de la non-utilisation du condom
au dernier rapport sexuel. Ceci voudrait dire que le risque de ne pas utiliser
le préservatif au rapport sexuel diminue au fur et à
mésure qu'augmentent les connaissances relatives aux VIH/SIDA. Les
autres hypothèses n'ont pas été vérifiées,
toutes choses égales par ailleurs, car présentant des effets
disparates.
Il a été aussi question d'identifier les
déterminants des comportements sexuels parmi les facteurs
associés et établir les mécanismes à travers
lesquels, les variables indépendantes agissent sur les comportements
sexuels étudiés. Le niveau d'instruction, et la connaissance des
modes de prévention du Sida ont été identifiés
comme déterminants du multipartenariat sexuel des célibataires.
Toutes ces variables ont augmenté les risques du multipartenariat sexuel
Les facteurs explicatifs de la non-utilisation des condoms ont
été l'ethnie, le niveau d'instruction et les conditions de vie
des ménages. Ainsi, l'appartenance aux groupes ethniques
Téké, Sangha et l'origine
étrangère des célibataires a augmenté
considérablement les risques de la non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel précédant l'enquête. Le niveau d'instruction
présente un effet assez positif sur l'utilisation du condom au dernier
rapport sexuel. Par rapport à la référence (niveau
secondaire), les autres niveaux présentent un risque nettement plus
grand. Les conditions de vie des ménages ont aussi augmenté les
risques associés
En définitive, les résultats de cette
étude ont confirmé le haut niveau des risques de contamination du
Sida dans la population étudiée (multipartenariat sexuel
62% ; non-utilisation du condom 78%, confère tableau III.7). Les
résultats ont aussi montré que le multipartenariat sexuel et la
non-utilisation du condom variaient considérablement aussi bien en
fonction des conditions économiques que des caractéristiques
socioculturelles des intéressées. Les résultats
observés au niveau bivarié ont été partiellement
respectés au niveau multivarié. En d'autres termes, la
connaissance de modes de prévention du Sida est restée associer
au multipartenariat sexuel et les conditions économiques y sont
restées associer à la non-utilisation du condom au dernier
rapport sexuel. Ce dernier résultat montre l'évidence que la
pauvreté, telle que mesurée ici, peut être imparfaitement,
n'est pas un facteur du multipartenariat sexuel des célibataires
résidant au Congo. L'on s'achemine petit à petit vers ce qui
risquera d'être un dilemme "Multipartenariat sexuel/Non-utilisation de
préservatifs aux rapports sexuel". En effet, un programme élargi
d'information, d'éducation de communication et d'amélioration des
conditions de vie aura tendance à augmenter la pratique du
multipartenariat sexuel et élevé les taux d'utilisation des
préservatifs aux rapports sexuels. A contrario, un programme de
sensibilisation, centré essentiellement sur l'abstinence et la
fidélité risquera d'encourager la non-utilisation des condoms et
défavoriser le multipartenariat sexuel. Tout ceci témoigne des
mutations que subit la société congolaise face aux effets de
l'ouverture aux valeurs occidentales.
Les résultats issus de cette étude semblent par
ailleurs valider les recherches antérieures de la variable
ethnie sur les comportements sexuels. Les études ont
montré que la sexualité à haut risque avait tendance
à être adopté dans les ethnies où les moeurs en
matière de sexualité étaient beaucoup plus permissives
(Rwengé 1999 b). Pour notre cas, cette relation ne se dessine que pour
le multipartenariat sexuel. En effet, les célibataires de l'ethnie
Kongo connue au Congo par sa permissivité en matière de
sexualité, se sont mal comportées les 12 derniers mois
précédant l'enquête que celles des ethnies du Nord
(Mbochi, Sangha) dont les normes sont moins permissives. Les
différences ethniques des comportements sexuels résulteraient
donc en définitive de celles des modèles culturels en
matière de genre et de sexualité. Cette hypothèse nous
semble pertinente aussi bien dans le cas du multipartenariat sexuel que de
l'utilisation du condom. Nos résultats s'alignent bien derrière
ceux de Daga (2007) qui, étudiant les comportements sexuels des
adolescentes au Bénin, avait trouvé que le multipartenariat
sexuel était beaucoup plus pratiqué par les adolescentes de
l'ethnie Fan, permissive en matière de sexualité que
celles de l'ethnie Adja moins permissive. Mais en ce qui concerne
l'utilisation du condom, la prise de conscience du Sida se traduirait moins par
des comportements chez les Kongo à moindre risque que chez les
Sangha.
En fin de compte, les différences de comportements
sexuels entre les célibataires différemment instruites, d'ethnie
et de milieu de socialisations distinctes posent le problème fondamental
de l'affaiblissement du contrôle social de la famille. Il s'agit
globalement aussi de la place actuelle des mécanismes de
régulation sociale qui sont en perte de vitesse dans la
quasi-totalité des sociétés en mutation, mais à un
rythme inégal.
Les résultats observés au niveau de l'exposition
aux medias et au niveau des connaissances du Sida ne sont pas conformes
à nos attentes et semblent plutôt appuyer les conclusions des
experts de l'ONUSIDA (Rapport 2002) selon lesquelles, en dépit de la
sensibilisation et des connaissances acquises sur les IST/VIH/SIDA, les
comportements ne suivent pas, notamment chez les jeunes célibataires, ce
qui faisait dire à ces experts que: « même dans
le cas où les connaissances ont été
considérablement améliorées, le fait de savoir ne se
traduit pas nécessairement dans les actes. Nombreux sont les jeunes qui
ne parviennent pas à relier connaissance et perception du risque avec le
comportement ».
Disons enfin que les normes et coutumes observées par
les femmes célibataires, associées à leurs niveaux
d'instruction sont aussi bien passées par les conditions de vie des
ménages d'où vivaient ces célibataires que par
l'exposition à la télévision et à la radio avant
d'imprimer de leur marque aux connaissances relatives aux IST/VIH/SIDA pour
influencer le multipartenariat sexuel et la non-utilisation du condom au
dernier rapport sexuel. Tel est le mécanisme d'action du profil des
femmes célibataires sur les comportements sexuels.
Limites et Implication au niveau de la recherche et de la
politique :
Cette étude n'a pas du tout la prétention
d'avoir totalement atteint les objectifs qu'elle s'est fixée. Certains
d'entre eux mériteraient de faire dans l'avenir l'objet des recherches
beaucoup plus approfondies.
Comme dans plusieurs études démographiques
utilisant les données d'enquêtes, la présente étude
souffre du caractère transversal des données et du fait que les
informations collectées pendant l'enquête soient exclusivement
quantitatives. En effet, les données collectées ne
représentent que la photographie des variables à un moment
donné. Avec ces données, il est difficile de déterminer
exactement les faits ou les facteurs dans leur succession. Par exemple, il est
difficile de savoir si les attitudes précèdent les comportements
sexuels ou plutôt l'inverse. De plus, si nous considérons ces
résultats comme vrais aujourd'hui, il est difficile que les recherches
ultérieures les soutiennent fortement. Une étude longitudinale
dans laquelle on observerait les mêmes variables sur les mêmes
individus pendant une longue période de temps, décrirait mieux la
tendance des variables et traduirait cette réalité sur le long
terme.
Une autre des raisons de la non complétude de cette
étude est qu'une bonne partie des variables détaillées
dans la littérature telles que la dépendance économique
des femmes, le niveau d'instruction des parents et l'éducation sexuelle
des filles etc., n'a pas été prise en compte dans nos
modèles d'analyse, soit parce que ces variables non pas
été saisies à l'enquête ou soit par ce qu'elles
présentaient un certain nombre de défaillances statistiques.
Aussi, de par son caractère global à vouloir prendre en compte
l'ensemble des catégories sociodémographiques, l'Enquête
Démographique et de Santé n'a pas spécifiquement
ciblé les femmes célibataires comme population d'étude.
Par ailleurs, le caractère même de célibataire pouvait
introduire un biais en raison des difficultés d'identification des
«vraies célibataires ». Cela d'autant plus qu'une femme
en union libre ou divorcée trouverait opportun de se déclarer
célibataire et conserver ainsi toutes ses chances de mariage. Les
recherches suivantes pourront ainsi être envisagées à
l'avenir :
-La réalisation d'une enquête d'envergure
nationale, à la fois quantitative et qualitative sur les comportements
sexuels à risques des célibataires qui fournirait des
informations plus précises encore ;
-la conduite d'une étude approfondie et axée sur
les facteurs de rupture entre la prise de conscience des risques
associés à l'activité sexuelle et l'adoption des
comportements sexuels sains. Dans cette perspective, s'inscrira, entre autres,
une enquête en zone urbaine et rural sur les attitudes et opinions des
femmes à l'égard de l'utilisation des condoms et portant sur
leurs caractéristiques au moment de l'enquête.
-Des études psychosociales méritent d'être
aussi menées afin de saisir l'influence des facteurs tels que l'estime
de soi, l'opinion d'autrui, l'auto-éfficacité, etc. sur les
comportements sexuels des célibataires.
-Les études futures ne devraient pas seulement se
limiter à catégoriser les individus selon le niveau d'instruction
pour prétendre expliquer ou comprendre leurs comportements sexuels.
Elles devraient intégrer par exemple, le rôle des enseignants sur
les comportements sexuels des enseignés. Par exemple, Jackson (2004)
avait trouvé que les étudiants qui se sentaient soutenus par
leurs enseignants, étaient moins disposés à s'engager dans
l'activité sexuelle à haut risque que ceux qui ne
l'étaient pas.
Au niveau des politiques, les différents
résultats de cette recherche conduisent aux recommandations suivantes
:
-l'intensification des programmes visant à promouvoir
l'utilisation du condom par les célibataires hommes comme femmes, sans
oublier de tenir compte des différents écueils socioculturels,
socio-économiques ou institutionnels qui les influencent
négativement ou encore d'impliquer ces derniers dans les dynamiques de
conception et d'exécution de ces programmes ;
-La nécessité de la mise en oeuvre des
programmes d'IEC sur les pratiques socioculturelles nuisibles à
l'éducation sexuelle en famille, afin de promouvoir des rapports de
communication francs et bons entre les parents et les enfants dans le domaine
de la sexualité. Pour ce faire, ces programmes devraient viser à
améliorer les connaissances des parents dans le domaine de la
santé reproductive.
En se basant sur les résultats de la présente
étude, plusieurs conclusions peuvent être résumées.
Tout d'abord, il a été clairement établi que l'ethnie, le
niveau d'instruction, les conditions économiques et les connaissances du
Sida influençaient les comportements sexuels. Cependant, comment ces
connaissances ainsi que les autres variables influencent les comportements,
nécessiteraient encore plus de recherches. Ensuite, une analyse plus
élargie avec d'autres variables de comportements sexuels et celles de
l'éducation sexuelle des enfants par les parents et les enseignants
devrait aider à identifier les comportements les plus
problématiques. Enfin, les comportements sexuels ne semblent pas
fonctionnés de paire pour la plupart des femmes célibataires. Par
exemple, la plus grande partie des femmes qui n'ont pas utilisé les
préservatifs au dernier rapport sexuel au moment de l'enquête,
avaient très peu pratiqué le multipartenariat sexuel, les 12 mois
ayant précédé l'enquête.
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ANNEXES
Annexe 1 a:
Répartition des femmes célibataires selon les
caractéristiques socioculturelles
Variables socioculturelles
|
Variables
|
Modalitées
|
Effectif
|
Fréquence%
|
Ethnie
|
Eshira
|
694
|
33,5
|
Mbochi
|
260
|
12,6
|
Téké
|
290
|
14
|
Kongo
|
607
|
29,3
|
Sangha/Likouala
|
111
|
5,4
|
Etrangère
|
109
|
5,3
|
Ensemble
|
2071
|
100
|
|
|
|
|
Milieu de socialisation
|
Urbain
|
1486
|
71,8
|
Rural
|
584
|
28,2
|
Ensemble
|
2070
|
100
|
|
|
|
|
Région de résidence
|
Brazzaville
|
701
|
33,8
|
Pointe Noire
|
573
|
27,6
|
Sud
|
509
|
24,5
|
Nord
|
291
|
14
|
Ensemble
|
2074
|
100
|
|
|
|
|
Religion
|
Catholique
|
668
|
32,2
|
Protestante
|
542
|
26,1
|
Traditionnelle
|
105
|
5,1
|
Aucune
|
122
|
5,9
|
Autre chrétienne
|
637
|
30,7
|
Ensemble
|
2074
|
100
|
|
|
|
|
Niveau d'instruction
|
Sans niveau
|
62
|
3
|
Primaire
|
604
|
29,1
|
Secondaire
|
1348
|
65
|
Supérieur
|
60
|
2,9
|
Ensemble
|
2074
|
100
|
Source : Traitement des données de
l'EDSC1
Annexe 1 b : Répartition
des célibataires selon les caractéristiques
économiques
Variables socioéconomiques
|
Variables
|
Modalités
|
Effectif
|
Fréquence
|
Conditions de vie des ménages
|
Faible
|
538
|
25,9
|
Moyen
|
430
|
20,7
|
Elevé
|
1106
|
53,3
|
Ensemble
|
2074
|
100
|
|
|
|
|
Occupation
|
Chômeur
|
1364
|
66,6
|
Cadre
|
75
|
3,7
|
Indépendante
|
424
|
20,7
|
Précaire
|
186
|
9,1
|
Ensemble
|
2049
|
100
|
Source : Traitement de
données de L'EDSC1
Annexe 1 c :
Répartition des célibataires selon l'exposition aux
Medias
Exposition aux Medias la Radio
|
Variables
|
Modalités
|
Effectif
|
Fréquence
|
Exposition à la Radio
|
Jamais
|
800
|
38,6
|
Parfois
|
733
|
35,4
|
Chque jour
|
537
|
25,9
|
Ensemble
|
2070
|
|
|
|
|
|
Exposition à la télé
|
jamais
|
792
|
38,2
|
Parfois
|
498
|
24,0
|
toujours
|
781
|
37,7
|
Ensemble
|
2071
|
100,0
|
Annexe 1 d :
Répartition des
célibataires selon l'âge et l'âge au premier rapport
sexuel.
Age et Age au premier rapport sexuel
|
Variables
|
Modalités
|
Effectif
|
Fréquence
|
Groupe d'ages
|
15-19
20-24
25-29
30-34
Ensemble
|
1245
489
207
113
2074
|
60
23,6
10
6,4
100
|
|
|
|
|
Sexualité précoce
|
OUI
|
735
|
35,5
|
NON
|
1338
|
64,5
|
Ensemble
|
2073
|
100
|
Sources : Traitement des données
de l'EDSC1
Annexe2 1 : Tableau
croisé Ethnie/ (Instruction, Activité, connaissances du
Sida)
Ethnie
|
|
Nivea d'instruction
|
Activité économique
|
Connaissance du Sida
|
|
Sans niv
|
Prim
|
Second
|
Sup
|
Chô
|
Cadre
|
Indép
|
Préca
|
Mauvais
|
Partiel
|
Bonne
|
Bembé
|
Effectif ;
|
36
|
270
|
402
|
14
|
460
|
22
|
116
|
122
|
25
|
634
|
63
|
% en ligne ;
|
4,9
|
37,4
|
55,7
|
2
|
63,9
|
3
|
16,2
|
17
|
3,4
|
87,9
|
8,7
|
% en colonne
|
48,7
|
42,8
|
30,6
|
23,3
|
35,1
|
31,7
|
26
|
52,7
|
46,6
|
34,6
|
32,9
|
Mbochi
|
Effectif ;
|
4
|
64
|
208
|
8
|
191
|
5
|
57
|
30
|
5
|
247
|
32
|
% en ligne ;
|
1,3
|
22,5
|
73,2
|
2,9
|
67,5
|
1,8
|
20,1
|
10,5
|
1,7
|
87,1
|
11,2
|
% en colonne
|
5,2
|
10,1
|
15,8
|
13,8
|
146
|
7,6
|
12,7
|
12,9
|
9,1
|
13,5
|
16,5
|
Téké
|
Effectif ;
|
9
|
76
|
197
|
17
|
187
|
14
|
64
|
27
|
3
|
264
|
33
|
% en ligne ;
|
3,2
|
25,4
|
65,7
|
5,8
|
64,2
|
4,6
|
22,1
|
9,1
|
0,9
|
88,3
|
10,9
|
% en colonne
|
12,9
|
12
|
15
|
28,4
|
14,3
|
19,9
|
14,4
|
11,4
|
4,8
|
14,4
|
16,9
|
Kongo
|
Effectif ;
|
14
|
134
|
394
|
18
|
360
|
21
|
128
|
42
|
19
|
492
|
48
|
% en ligne ;
|
2,5
|
23,9
|
70,3
|
3,2
|
65,3
|
3,7
|
23,3
|
7,7
|
3,4
|
88
|
8,6
|
% en colonne
|
19,5
|
21,2
|
29,9
|
30
|
27,5
|
30,5
|
28,7
|
18,3
|
35,1
|
26,9
|
25,2
|
Sangha
|
Effectif ;
|
1
|
39
|
65
|
2
|
55
|
6
|
39
|
6
|
3
|
96
|
7
|
% en ligne ;
|
1
|
36,4
|
60,6
|
2
|
51,7
|
5,5
|
37
|
5,9
|
2,8
|
90,4
|
6,8
|
% en colonne
|
1,4
|
6,2
|
4,9
|
3,5
|
4,2
|
8,5
|
8,8
|
2,7
|
5,5
|
5,3
|
3,8
|
Etrangère
|
Effectif ;
|
9
|
48
|
50
|
1
|
56
|
1
|
43
|
5
|
|
99
|
9
|
% en ligne ;
|
8,4
|
44,8
|
46,3
|
0,5
|
53,8
|
1,2
|
40,5
|
4,5
|
|
91,8
|
8,2
|
% en colonne
|
12,4
|
7,7
|
3,8
|
0,9
|
4,3
|
1,8
|
9,5
|
2
|
|
5,4
|
4,6
|
Source : Traitement de données
L'EDSC1
Annexe2.2 : Tableau
croisé Instruction/ (conditions de vie, exposition
télé, connaiss du Sida)
Niveau d'instruction
|
|
Conditions de vie
|
Exposition télé
|
Connaissance du Sida
|
Basse
|
Moyenné
|
Elevé
|
Jamais
|
Parfois
|
Toujours
|
Mauvais
|
Partielle
|
Bonne
|
Sans niveau
|
Effectif
|
48
|
15
|
10
|
58
|
8
|
7
|
5
|
62
|
6
|
% en ligne
|
65,7
|
20,1
|
14,2
|
79,5
|
11,2
|
9,3
|
6,2
|
85,1
|
8,7
|
% en colonne
|
7,4
|
3,6
|
1
|
6,9
|
1,7
|
0,9
|
8,4
|
3,4
|
3,3
|
Primaire
|
Effectif
|
337
|
148
|
146
|
383
|
143
|
105
|
36
|
568
|
27
|
% en ligne
|
53,4
|
23,5
|
23,1
|
60,7
|
22,7
|
16,6
|
5,7
|
90
|
4,2
|
% en colonne
|
51,8
|
36
|
14,3
|
45,2
|
29,2
|
14,1
|
67,1
|
30,9
|
13,9
|
Secondaire
|
Effectif
|
265
|
244
|
808
|
394
|
332
|
587
|
13
|
1162
|
142
|
% en ligne
|
20,2
|
18,5
|
61,3
|
30
|
25,3
|
44,7
|
1
|
88,2
|
10,8
|
% en colonne
|
40,8
|
59,3
|
79,2
|
46,6
|
67,8
|
79,1
|
24,5
|
63,3
|
74
|
Superieur
|
Effectif
|
0
|
5
|
56
|
11
|
6
|
43
|
|
44
|
17
|
% en ligne
|
0,8
|
7,5
|
91,5
|
18,2
|
10,5
|
71,3
|
|
72,4
|
27,6
|
% en colonne
|
0,1
|
1,1
|
5,5
|
1,3
|
1,3
|
59
|
|
2,4
|
8,8
|
Source : Traitement de données de
l'EDSC1
Annexe2.3 : Tableau
croisé Milieu de Socialisation/ (Instruction°, Activité ,
connaissance du Sida)
Milieu de socialisation
|
|
Niveau d'instruction
|
Activité économique
|
Connaissance du Sida
|
Sans niv
|
Prim
|
Second
|
Sup
|
Chô
|
Cadre
|
Indép
|
Préca
|
Mauvais
|
Partiel
|
Bonne
|
Urbain
|
Effectif
|
15
|
267
|
995
|
56
|
935
|
52
|
266
|
68
|
16
|
1174
|
144
|
%en ligne
|
1,2
|
20
|
74,6
|
4,2
|
70,7
|
3,9
|
20,2
|
5,2
|
1,2
|
88
|
10,8
|
%en col
|
21,1
|
42,5
|
75,6
|
93,2
|
71,5
|
77,6
|
59,4
|
29,4
|
29
|
64,1
|
75
|
Rural
|
Effectif
|
58
|
362
|
321
|
4
|
373
|
15
|
182
|
163
|
38
|
48
|
659
|
%en ligne
|
7,8
|
48,6
|
43,1
|
0,5
|
50,8
|
2
|
24,9
|
22,3
|
5,1
|
6,4
|
88,4
|
%en col
|
78,9
|
57,5
|
24,4
|
6,8
|
28,5
|
22,4
|
40,6
|
70,6
|
71
|
25
|
35,9
|
Source : Traitement de données de
l'EDSC1.
Annexe 3.1: Bibliothèque ADDAD
******************************************
* *
* B I B L I O T H E Q U E A D D A D *
* *
* MICRO (VERSION 89.1) *
* *
* 17/09/89 *
* 08-01-08 13:30:31 *
******************************************
A D D A D - 89 -
ANALYSE DES CORRESPONDANCES (ANCORR)
D'APRES : YAGOLNITZER ET TABET
INS. 1 - TITRE :
TITRE AFCM SUR EDS COG (2005);
INS. 2 - PARAM (PARAMETRES GENERAUX) :
NI,NJ,NF,NI2,NJ2,LECIJ,STFI,STFJ
PARAM NI=2074 NI2=0 NJ=46 NJ2=0 NF=2 LECIJ=1
STFI=0 STFJ=1;
INS. 3 - OPTIONS : IOUT,IMPVP,IMPFI,IMPFJ,NGR
OPTIONS IOUT=0 IMPVP=1 IMPFI=0 IMPFJ=1 NGR=1;
INS. 5 - GRAPHE (NGR DEMANDES DE GRAPHIQUES) :
X,Y,GI,GJ,NCHAR,OPT,NPAGE,CADRE
GRAPHE X=1 Y=2 GI=0 GJ=1;
INS. 6 - LISTE (LECTURE DU TABLEAU DES DONNEES - A,F) :
LISTE IDEN (1,3)
ESHI(5,1) MBOC(7,1) TEKE(9,1)
KONG(11,1) SGLK(13,1)
ETRG(15,1) MOVA(17,1) BONN(19,1)
PART(21,1) JAMA(23,1)
PARF(25,1) TOUJ(27,1) JAMS(29,1)
SEMN(31,1) CHQJ(33,1)
URBA(35,1) RURA(37,1) BZVL(39,1)
PNRE(41,1) SUD(43,1)
NORD(45,1) SNIV(47,1) PRIM(49,1)
SECD(51,1) SUPE(53,1)
CATH(55,1) PROT(57,1) TRAD(59,1)
RLOC(61,1) AUTR(63,1)
CHOM(65,1) CADR(67,1) INDE(69,1)
PREC(71,1) BAS(73,1)
MOYE(75,1) ELEV(77,1) NONP(79,1/)
OUIP(1,1) JCDM(3,1)
CDOM(5,1) SXPR(7,1) XNPR(9,1)
AGE1(11,1) AGE2(13,1)
AGE3(15,1) AGE4(17,1) ;
LES POIDS DES LIGNES ET DES COLONNES SONT MULTIPLIES PAR 10 **
-1
------------------------------------------------------------------------------
NOMJ(J)! ESHI MBOC TEKE KONG SGLK ETRG MOVA BONN PART
JAMA PARF
------------------------------------------------------------------------------
PJ(J) ! 0 26 29 61 11 11 5 18 184
80 73 2667
------------------------------------------------------------------------------
LES POIDS DES LIGNES ET DES COLONNES SONT MULTIPLIES PAR 10 **
-1
------------------------------------------------------------------------------
NOMJ(J)! TOUJ JAMS SEMN CHQJ URBA RURA BZVL PNRE SUD
NORD SNIV
------------------------------------------------------------------------------
PJ(J) ! 54 79 50 78 66 71 70 57 51
29 6 2667
------------------------------------------------------------------------------
LES POIDS DES LIGNES ET DES COLONNES SONT MULTIPLIES PAR 10 **
-1
------------------------------------------------------------------------------
NOMJ(J)! PRIM SECD SUPE CATH PROT TRAD RLOC AUTR CHOM
CADR INDE
------------------------------------------------------------------------------
PJ(J) ! 60 135 6 67 54 11 12 64 136
8 42 2667
------------------------------------------------------------------------------
LES POIDS DES LIGNES ET DES COLONNES SONT MULTIPLIES PAR 10 **
-1
------------------------------------------------------------------------------
NOMJ(J)! PREC BAS MOYE ELEV NONP OUIP JCDM CDOM SXPR
XNPR AGE1
------------------------------------------------------------------------------
PJ(J) ! 19 54 43 111 79 129 101 28 74
134 125 2667
------------------------------------------------------------------------------
LES POIDS DES LIGNES ET DES COLONNES SONT MULTIPLIES PAR 10 **
-1
------------------------
NOMJ(J)! AGE2 AGE3
------------------------
PJ(J) ! 49 21 2667
------------------------
1
Annexe 3.2 : Tableau
des valeurs propres et des vecteurs propres
TABLEAU DES VALEURS PROPRES ET DES VECTEURS PROPRES
------------------------------------------------------
NUMERO ! VAL PROPRE 1 ! VAL PROPRE 2 ! VAL PROPRE 3 !
------------------------------------------------------
! 1.00000 ! .26191 ! .16245 !
------------------------------------------------------
OBJET 1! .00000 ! .00000 ! .00000 !
OBJET 2! -.09874 ! .02781 ! -.22237 !
OBJET 3! -.10428 ! .00886 ! -.15188 !
OBJET 4! -.15087 ! .10625 ! -.00427 !
OBJET 5! -.06452 ! -.11634 ! -.16975 !
OBJET 6! -.06393 ! -.04438 ! .02902 !
OBJET 7! -.04373 ! -.14394 ! -.07606 !
OBJET 8! -.08284 ! .07944 ! -.04587 !
OBJET 9! -.26268 ! -.02128 ! .03138 !
OBJET 10! -.17320 ! -.18288 ! -.03764 !
OBJET 11! -.16579 ! .03540 ! -.02648 !
OBJET 12! -.14191 ! .14301 ! .08858 !
OBJET 13! -.17234 ! -.31564 ! -.05344 !
OBJET 14! -.13666 ! .04966 ! .05751 !
OBJET 15! -.17113 ! .24637 ! .01590 !
OBJET 16! -.15696 ! .25000 ! -.35595 !
OBJET 17! -.16260 ! .04578 ! .47607 !
OBJET 18! -.16213 ! .25350 ! -.35834 !
OBJET 19! -.14659 ! .11459 ! .46197 !
OBJET 20! -.13816 ! -.27484 ! .11538 !
OBJET 21! -.10446 ! -.24153 ! -.23401 !
OBJET 22! -.04822 ! -.12904 ! -.01831 !
OBJET 23! -.15050 ! -.25449 ! .02770 !
OBJET 24! -.22483 ! .15013 ! .01552 !
OBJET 25! -.04743 ! .11520 ! -.11931 !
OBJET 26! -.15827 ! .05528 ! -.02787 !
OBJET 27! -.14256 ! -.07832 ! .13325 !
OBJET 28! -.06275 ! -.04933 ! .10468 !
OBJET 29! -.06764 ! -.06053 ! -.08278 !
OBJET 30! -.15431 ! .02679 ! -.09202 !
OBJET 31! -.22616 ! .05920 ! .06188 !
OBJET 32! -.05303 ! .07848 ! -.03339 !
OBJET 33! -.12609 ! -.02434 ! -.06471 !
OBJET 34! -.08352 ! -.24210 ! -.03678 !
OBJET 35! -.14204 ! -.37985 ! -.10095 !
OBJET 36! -.12698 ! -.04379 ! .11748 !
OBJET 37! -.20365 ! .26618 ! .00264 !
OBJET 38! -.17168 ! -.04688 ! -.05663 !
OBJET 39! -.21952 ! .01284 ! .04933 !
OBJET 40! -.19413 ! -.03553 ! .02359 !
OBJET 41! -.10247 ! .09371 ! .06274 !
OBJET 42! -.16602 ! -.09384 ! .02776 !
OBJET 43! -.22400 ! .04548 ! -.01528 !
OBJET 44! -.21607 ! -.06696 ! .00824 !
OBJET 45! -.13542 ! .06301 ! .03645 !
OBJET 46! -.08810 ! .01358 ! -.04380 !
1
Annexe 3.3 :
Histogramme des valeurs propres
LES VALEURS PROPRES VAL(1)= 1.00000
------------------------------------------------------------------------------
!NUM ! VAL PROPRE ! POURC.! CUMUL !VARIAT.!*! HISTOGRAMME DES
VALEURS PROPRES
------------------------------------------------------------------------------
! 2 ! .26191 ! 10.432!
10.432!*******!*!***************!***************!
! 3 ! .16245 ! 6.471! 16.903!
3.962!*!***************!****
! 4 ! .14827 ! 5.906! 22.809!
.565!*!***************!**
! 5 ! .12998 ! 5.177! 27.986! .729!*!***************!
! 6 ! .10989 ! 4.377! 32.364! .800!*!*************
! 7 ! .09965 ! 3.969! 36.333! .408!*!***********
! 8 ! .09855 ! 3.926! 40.258! .043!*!***********
! 9 ! .09445 ! 3.762! 44.020! .163!*!***********
! 10 ! .08928 ! 3.556! 47.576! .206!*!**********
! 11 ! .08375 ! 3.336! 50.912! .220!*!**********
! 12 ! .07944 ! 3.164! 54.076! .172!*!*********
! 13 ! .07847 ! 3.126! 57.202! .038!*!*********
! 14 ! .07752 ! 3.088! 60.290! .038!*!*********
! 15 ! .07709 ! 3.071! 63.360! .017!*!*********
! 16 ! .07417 ! 2.954! 66.315! .116!*!********
! 17 ! .07248 ! 2.887! 69.202! .067!*!********
! 18 ! .07017 ! 2.795! 71.997! .092!*!********
! 19 ! .06799 ! 2.708! 74.704! .087!*!********
! 20 ! .06664 ! 2.654! 77.359! .054!*!********
! 21 ! .06345 ! 2.527! 79.886! .127!*!*******
! 22 ! .06097 ! 2.429! 82.315! .099!*!*******
! 23 ! .06072 ! 2.419! 84.733! .010!*!*******
! 24 ! .05900 ! 2.350! 87.083! .069!*!*******
! 25 ! .05514 ! 2.196! 89.280! .153!*!******
! 26 ! .05322 ! 2.120! 91.399! .077!*!******
! 27 ! .04771 ! 1.900! 93.300! .220!*!*****
! 28 ! .04437 ! 1.767! 95.067! .133!*!*****
! 29 ! .03973 ! 1.582! 96.649! .185!*!*****
! 30 ! .03040 ! 1.211! 97.860! .371!*!***
! 31 ! .01968 ! .784! 98.644! .427!*!**
! 32 ! .01349 ! .537! 99.181! .247!*!**
! 33 ! .01177 ! .469! 99.650! .068!*!*
! 34 ! .00438 ! .174! 99.825! .294!*!*
! 35 ! .00294 ! .117! 99.942! .057!*!
! 36 ! .00088 ! .035! 99.977! .082!*!
! 37 ! .00016 ! .006! 99.983! .029!*!
! 38 ! .00013 ! .005! 99.988! .001!*!
! 39 ! .00013 ! .005! 99.994! .000!*!
! 40 ! .00009 ! .004! 99.997! .001!*!
! 41 ! .00005 ! .002! 99.999! .002!*!
! 42 ! .00002 ! .001!100.000! .001!*!
! 43 ! .00000 ! .000!100.000! .001!*!
! 44 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 45 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
! 46 ! .00000 ! .000!100.000! .000!*!
1------------------------------------------------------
Annexe 3.4 : Matrice de
configuration
! J1 ! QLT POID INR! 1#F COR CTR! 2#F COR CTR!
------------------------------------------------------
x 1!ESHI! 0 0 0! 0 0 0! 0 0 0!
2!MBOC! 124 10 27! 144 3 1! -908 121 49!
3!TEKE! 57 11 26! 43 0 0! -587 57 23!
x 4!KONG! 57 23 21! 360 57 11! -11 0 0!
5!SGLK! 111 4 30! -923 48 14!-1060 63 29!
x 6!ETRG! 9 4 29! -355 7 2! 183 2 1!
x 7!MOVA! 79 2 32!-1684 67 21! -701 12 6!
x 8!BONN! 28 7 28! 491 23 6! -223 5 2!
x 9!PART! 31 69 4! -41 13 0! 48 18 1!
10!JAMA! 183 30 20! -540 179 33! -88 5 1!
x 11!PARF! 9 27 20! 109 7 1! -64 2 1!
x 12!TOUJ! 117 20 23! 516 94 20! 252 22 8!
13!JAMS! 526 30 20! -937 516 100! -125 9 3!
x 14!SEMN! 20 19 23! 186 11 2! 170 9 3!
15!CHQJ! 338 29 19! 737 337 61! 37 1 0!
16!URBA! 743 25 20! 815 329 62! -914 414 127!
17!RURA! 735 26 20! 144 11 2! 1180 724 227!
18!BZVL! 776 26 19! 800 346 64! -891 429 128!
19!PNRE! 679 21 22! 400 61 13! 1270 617 213!
20!SUD ! 347 19 25!-1018 313 76! 337 34 13!
21!NORD! 350 11 27!-1183 221 58! -903 129 55!
x 22!SNIV! 55 2 32!-1370 55 17! -153 1 0!
23!PRIM! 300 23 23! -865 298 65! 74 2 1!
24!SECD! 221 51 11! 342 220 23! 28 1 0!
x 25!SUPE! 78 2 30! 1243 47 13!-1014 31 14!
x 26!CATH! 18 25 21! 179 15 3! -71 2 1!
X 27!PROT! 76 20 23! -281 27 6! 377 49 18!
x 28!TRAD! 32 4 30! -402 9 2! 672 24 11!
x 29!RLOC! 28 5 29! -458 13 4! -493 15 7!
x 30!AUTR! 29 24 22! 89 3 1! -240 25 8!
x 31!CHOM! 58 51 11! 134 34 4! 110 23 4!
x 32!CADR! 24 3 30! 757 21 6! -254 2 1!
x 33!INDE! 14 16 25! -99 3 1! -207 11 4!
34!PREC! 209 7 30!-1484 206 59! -177 3 1!
35!BAS ! 639 20 25!-1369 612 144! -286 27 10!
x 36!MOYE! 44 16 25! -176 8 2! 373 36 14!
37!ELEV! 532 41 14! 669 532 71! 5 0 0!
x 38!NONP! 21 29 21! -140 11 2! -133 10 3!
x 39!OUIP! 16 48 11! 30 2 0! 91 14 2!
x 40!JCDM! 11 38 15! -94 9 1! 49 2 1!
x 41!CDOM! 45 10 26! 468 36 9! 247 10 4!
x 42!SXPR! 49 28 20! -289 47 9! 67 3 1!
x 43!XNPR! 20 50 11! 104 19 2! -27 1 0!
x 44!AGE1! 37 47 13! -159 37 4! 15 0 0!
x 45!AGE2! 22 18 23! 238 18 4! 109 4 1!
x 46!AGE3! 5 8 28! 79 1 0! -200 5 2!
------------------------------------------------------
! ! 1000! 1000! 1000!
* 1 Ont une bonne connaissance
du sida, les femmes qui déclarent que l'on peut réduire le risque
de contracter le sida en utilisant les condoms et en limitant les rapports
sexuels à un seul partenaire fidèle et qui n'est pas
infecté, qui rejettent les idées locales erronées les plus
courantes à propos de la transmission du sida, et qui savent qu'une
personne paraissant en bonne santé peut avoir le virus du sida. (EDSC1
2005)
* 2 Rapport de l'enquête
CREDES/CNLS 2003
* 3 Sur le graphique :
Brazzaville=Bzv ; Pointe-noire=PNR ; Dolisie=Dis ;
Owando=Owdo ; Djambala=Djbla ; Sibiti=Sbti ; Nkayi=Nkyi ;
Kinkala=Kla ; Madingou=Mgou ; Impfondo=Ipfdo.
* 4 Gervais Beninguissé,
2007, Sexualité pré maritale et santé de la reproduction
des adolescents et des jeunes en Afrique Subsaharienne
* 5 Beninguissé, 2007.
* 6 UNFPA 2005, Analyse de
la Situation en Population, Santé de la Reproduction et de Genre au
République du Congo
* 7 La civilisation occidentale
considère une grande partie d'autres civilisations traditionnelles
notamment celles d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Asie comme primitives
où l'homme à du mal à exprimer ses droits. A ce titre,
elles doivent céder la place à la norme des civilisations, celle
à l'occidentale pour leur propre bien-être.
* 8 M. Boumpoto : Sida,
sexualité et procréation au Congo.
* 9 J. Daga (2007),
Mémoire DESSD-IFORD , p. 26.
* 10
Généralement, il s'agit de ceux en union qui, pour des raisons de
boulot, ne résident pas ensemble pendant au moins six mois.
* 11 D.E. AKA DORE, 1991
« Comportement sexuel, connaissances et attitudes vis-à-vis du
risque du sida dans les villes moyennes africaines, cas de Bertoua-Cameroun,
Mémoire de D.E.D/IFORD ».
* 12 CNSEE et ORC Macro
(2005).
* 13 Taffé P. 2004.
* 14 Rapport EDS Congo 2005.
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