CONCLUSION GENERALE
Notre préoccupation a consisté dans cette
recherche, à apporter la réponse à la question de
recherche suivante : quelle est la contribution effective de
l'application du Système Comptable OHADA sur la gouvernance des
entreprises camerounaises ?
L'objectif principal de cette étude était de
ressortir les effets produits de l'application du Système Comptable
OHADA sur la gouvernance des entreprises camerounaises.
A cet effet, il a consisté de faire l'analyse des
éléments de la gouvernance qui sont à la une de
l'édification de ce nouveau système de comptabilité. Ce
qui nous a permis dans un premier temps, de faire la présentation des
dispositions du Système Comptable OHADA.
Puis dans un second temps, cette analyse nous a amené
à dégager leurs implications (ces dispositions) sur la
gouvernance des entreprises, c'est-à-dire celles qui étaient
susceptibles d'inciter les entreprises à se servir de la
comptabilité dans leur gestion.
Par ailleurs, nous avons procédé à la
recherche empirique pour mettre en évidence le comportement effectif des
entreprises camerounaises face à ces nouvelles dispositions
comptables.
Cette mise en évidence nous a conduit à ressortir
les incidences que l'application du Système Comptable OHADA pouvait
avoir sur la gouvernance de celles-ci.
Pour atteindre cet objectif, nous avions formulé
l'hypothèse principale suivante :
Les nouvelles dispositions du Système
Comptable OHADA améliorent la qualité des pratiques comptables
dans les entreprises camerounaises.
Nous avions subdivisé cette hypothèse en deux sous
hypothèses suivantes :
- L'organisation comptable influence la gestion
courante des entreprises camerounaises
- La constitution des états financiers a
tendance à inciter les entreprises camerounaises vers la gestion
transparente.
La recherche empirique nous a permis de tester ces
hypothèses de travail. Ainsi, nous sommes parvenus à la
conclusion selon laquelle, l'organisation comptable a un impact sur la
gestion courante de l'entreprise camerounaise. En effet, nous avons vu
d'une part, que la disposition d'un manuel de procédure décrivant
l'organisation comptable a une relation avec la
gestion courante. Aussi, le temps d'enregistrement est
lié aux outils comptables utilisés (outils comptables conformes
au Système Comptable OHADA). De même, l'aptitude d'enregistrer
l'ensemble des faits comptables en temps réel a une relation avec
l'existence de service de comptabilité interne.
Et d'autre part, il découle des résultats
obtenus suite à l'analyse factorielle, deux catégories
d'entreprises par rapport à l'application du Système Comptable
OHADA : la première catégorie est constituée des
entreprises qui appliquent déjà plus ou moins ce nouveau
système de comptabilité ; et la deuxième catégorie
renfermant des entreprises qui ne l'appliquent pas encore. Nous avons vu que
l'organisation comptable telle que préconisée par le
Système Comptable OHADA a une influence sur la gouvernance des
entreprises relevant de la première catégorie.
Tout ceci nous amène à tirer la conclusion selon
la quelle l'organisation comptable incite les entreprises camerounaises
à se servir de la comptabilité dans leur gestion
courante. Il y a donc un lien étroit entre l'organisation
comptable et la gestion courante des entreprises camerounaises. Par
conséquent, cette hypothèse est vérifiée.
Par ailleurs, la recherche empirique nous a permis de mettre
en évidence deux formes de pratiques comptables et deux types
d'entreprises camerounaises par rapport à la mise en application du
Système Comptable OHADA.
Les deux formes de pratiques comptables sont : la pratique
comptable simplifiée et la pratique comptable conforme.
Pour ce qui est de deux groupes d'entreprises, nous avons
d'une part le groupe qui se caractérise par la tenue normale de la
comptabilité, c'est à dire la conformité de la
comptabilité à la réglementation en vigueur (pratique
comptable conforme). L'organisation comptable mise en place est
cohérente avec celle exigée par le Système Comptable
OHADA. Ces entreprises parviennent à enregistrer la totalité des
faits comptables qui se produisent, donc la comptabilité y est tenue
régulièrement.
D'autre part nous avons le deuxième groupe avec une
organisation comptable toute particulière. Ces entreprises pratiquent
une comptabilité adaptée sans se soucier de connaître ce
qui est exigé ou recommandé par la réglementation
comptable (pratique comptable simplifiée).
Chaque entreprise, a conçu un dispositif comptable, lui
permettant de mémoriser et de maîtriser ses
événements. Ce dispositif, bien que ne respectant pas les normes
en vigueur, parvient paradoxalement à enregistrer l'ensemble des
opérations qu'elles réalisent, en temps réel. Pour ce
groupe, le Système Comptable OHADA est utile rien que pour calculer le
montant de l'impôt à la limite.
La remarque que nous pouvons faire ici est que ce
Système présente une limite en ce sens qu'il n'a pas pu prendre
en considération toutes les réalités. Le Système
Comptable OHADA ne s'est pas rendu indispensable voire incontournable pour
cette catégorie d'entreprises du fait qu'elles sont persuadées de
s'en sortir sans se conformer à la réglementation.
En outre, cette recherche nous a permis de mettre en
évidence le degré d'application du Système Comptable OHADA
au Cameroun. Beaucoup n'ont pas encore embrassé ce nouveau
système et espèrent le faire à partir de l'année
prochaine (cas des entreprises de la deuxième catégorie).
Pour d'autres, l'application se limite uniquement au niveau
des numéros des comptes. Bon nombre d'entreprises considèrent
l'application du Système Comptable OHADA comme le simple changement de
ces numéros. Pour eux, il suffit de substituer les numéros des
comptes du plan OCAM par les nouveaux numéros et puis c'est fini.
Beaucoup d'entreprises camerounaises rencontrent des
difficultés pour la mise en application du Système Comptable
OHADA. Ce sont soit des difficultés en terme de personnel, soit des
difficultés financières, soit des difficultés techniques.
La plupart des entreprises ne sont pas encore en mesure d'être à
la possession des logiciels adaptés au Système Comptable OHADA.
les personnes formées pour ce Système ne sont pas encore sur le
terrain, la plupart sont des habitués du plan comptable OCAM et n'ont
pas été reformés pour la réadaptation. Etc...
Cependant, il y a quelques entreprises de taille assez
importante qui essayent de se conformer à ce nouveau système de
comptabilité (cas des entreprises de la première
catégorie). Ces entreprises ont pu faire la mutation depuis l'exercice
passé, et sont en train de mettre tout le nécessaire pour
profiter des avantages qu'offre le Système Comptable OHADA. Ces
entreprises appartiennent au premier groupe que nous avons décrit plus
haut. Les
pratiques comptables rencontrées dans ces
entreprises sont des pratiques comptables conformes.
Néanmoins, nous pouvons relever quelques avantages
qu'offre l'application du Système pour certaines entreprises
camerounaises relevant de la première catégorie. Notamment, la
mise à jour régulier des données comptables, la garantie
de l'exhaustivité de la gestion des données comptables
(enregistrement), la facilitation de l'accès à l'information
désirée en temps réel, la souplesse du système de
codification, le rôle d'information de gestion et de contrôle, la
possibilité de réaliser les économies d'impôts,
...
Toutefois, les dispositions du Système Comptable OHADA
ne se limitent pas seulement à l'amélioration de la gouvernance
d'entreprise par l'amélioration de sa gestion, elles pourraient
également avoir une influence sur son contrôle. L'hypothèse
selon laquelle, la constitution des états financiers a tendance à
inciter les dirigeants à dévoiler certaines informations dont ils
pourraient ne pas révéler, pourrait être vue dans ce
sens.
Enfin, nous pouvons souligner que la souplesse et les
opportunités offertes à partir des possibilités
d'explications dans les états financiers sont autant des
éléments d'incitation à son utilisation dans la
gouvernance des entreprises, mais surtout des éléments
d'incitation au respect du principe de transparence. Et donc nous pensons que
même si aujourd'hui sur le plan pratique il n'est pas d'application
effective, lorsqu'il le sera, il restera suffisamment précurseur de la
bonne gouvernance des entreprises camerounaises.
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