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Gestion des eaux pluviales en milieu urbain pour un développement durable: Cas de la ville de Parakou

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par A. Ramane ABDOULAYE
Université d'Abomey-calavi en République du Bénin - DEA 2006
  

Disponible en mode multipage

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Liste de sigles et acronymes

AGETUR : Agence d'Exécution des Travaux Urbains

ASECNA : Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et Madagascar

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

CIEH : Comité Inter Africain d'Etude Hydraulique

DEA : Diplôme d'Etude Approfondie

DUA : Direction de l'Urbanisme et de l'Assainissement

FED : Fond Européen de Développement

FRIEND: Flow Regimes from International Experimental and Network Data

INSAE : Institut National de Statistique et d'Analyse Economique

LECREDE : Laboratoire d'Etude des Climats, des Ressources en Eau et de la Dynamique

MEHU : Ministère de l'Environnement de l'Habitat et d'Urbanisme

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer

PDU : Plan Directeur d'Urbanisme

PED : Pays En voie de Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

SGAEPU : Système de Gestion de l'Assainissement des Eaux Pluviales Urbaines

des Ecosystèmes

CENATEL : Centre National de Télédétection et de Surveillance du Couvert Forestier

AVANT - PROPOS

La présente étude, réalisée dans le cadre de l'obtention du Diplôme d'Etude Approfondie (DEA) en Gestion de l'Environnement, est une contribution à l'évaluation des effets d'un assainissement pluvial en milieu urbain : cas de la ville de Parakou.

Depuis le XIXe siècle, la conception et le dimensionnement des systèmes d'assainissement urbain sont réalisés selon le principe du « tout à l'égout » qui consiste à évacuer loin des villes les eaux de toute nature. Si ce système a bien fonctionné près d'un demi siècle, l'urbanisation croissante qui a suivi la fin de la seconde guerre mondiale en a montré les limites. Or, le modèle découlant de ce principe supra se heurte à un certain nombre de contraintes qui, dans les pays en développement et en milieu tropical tout particulièrement, en limite singulièrement l'intérêt ou la pertinence.

A cet effet, il s'agit de faire un diagnostic du dysfonctionnement du Système de Gestion des Eaux Pluviales Urbaines de la ville de Parakou afin de proposer des stratégies alternatives pour un développement durable.

Ce travail a bénéficié de la contribution d'un certain nombre d'acteurs que je tiens à remercier.

En tout premier lieu, je tiens à remercier mon directeur, le Professeur Lucien Marc OYEDE, qui a accepté diriger ce mémoire. Son dynamisme et ses compétences scientifiques ont contribué à ce travail effectué.

Je tiens également à remercier tout le corps professoral de l'Ecole Doctorale Pluridisciplinaire pour avoir assuré ma formation en DEA.

Que Messieurs SEIDOU MAKO Imorou Directeur de l'Urbanisme et de l'Assainissement du MEHU, Le Responsable de l'ASECNA Parakou, SERO Dafia Directeur des Services Techniques de la Mairie de Parakou et ses chefs services, El hadji BONI Malick représentant à Parakou de l'AGETUR, reçoivent mes sincères marques de gratitude pour m'avoir aidé dans les travaux de terrain et de collecte des données tant à Cotonou qu'a Parakou.

Ma famille a été le milieu qui m'a permis de mener à bien ce travail. Mention spéciale à ma mère, qui a toujours suivi mon travail avec une grande affection. Elle n'en sera jamais assez remerciée.

Nos marques de sympathie à tous ces ménages, soucieux de l'état de dégradation de leur milieu et qui se sont confiés à nous lors des travaux de terrain afin de trouver des approches de solutions durables pour réduire les risques environnementaux liés à la mauvaise gestion de l'assainissement des eaux pluviales à Parakou.

RESUME

La ville de Parakou se trouve de plus en plus confrontée aux problèmes de gestion des eaux pluviales avec des conséquences parfois dramatiques sur les citadins et leur patrimoine ainsi que sur l'environnement. Bien que la préoccupation s'exprime au travers des déclarations d'intention et de multiples projets d'urgence, le problème n'a pas eu l'occasion d'être abordé d'une manière intégré ni dans le cadre d'un document prévisionnel, ni dans le cadre d'un travail de recherche. Nous constatons également une inadéquation entre l'effort mobilisé et l'amélioration souhaitée.

Pour mieux comprendre les causes de dysfonctionnement du système de la gestion des eaux pluviales urbaines (SGEPU) et explorer les potentialités (socio-économiques, organisationnelles, etc.), une analyse sommaire a d'abord porté sur la gestion de l'espace urbain en vue d'une gestion durable des eaux pluviales. Ainsi, les différentes typologies urbaines ont été définies. Pour chacune d'elles, les problèmes types et leurs causes ont été identifiés. Les facteurs intrinsèques du dysfonctionnement ont été également mis en évidence à l'aide d'une analyse systémique.

Après avoir saisi le contexte général, une analyse détaillée du SGEPU est menée pour aborder les diverses dimensions du système : phénomènes à gérer, état du réseau, impact et enjeux, vécu et perçu de la population, organisation, performance et pérennité des divers acteurs, politique adoptée et pratique populaire, etc. Cette analyse fournit, entre autres, une connaissance typologique de l'état de l'équipement et de son fonctionnement ainsi que le souhait de la population en terme d'organisation et contribution.

Parmi les éléments de réponse proposés, un outil organisationnel est élaboré pour cadrer et rendre durable le drainage urbain notamment au niveau local. Des éléments de réponse généraux portant sur les mesures techniques et urbanistiques sont également abordés.

Mots clés : Assainissement - Développement Durable - Eaux pluviales Urbaines - Gestion - Milieu - Parakou.

INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION

L'étude du comportement hydrologique du milieu urbain a surtout été centrée sur les événements pluvieux importants. Plus généralement, l'hydrologie du milieu urbain apparaît largement conditionnée par des influences et mécanismes méconnus. L'incidence réelle de l'imperméabilisation sur le transfert direct des eaux pluviales vers l'exutoire soulève encore des questions fondamentales pour la compréhension de la formation du débit (Hollis et Ovenden, 1988). Les échanges entre le sol et l'atmosphère ont reçu peu d'attention de la part des hydrologues du milieu urbain. Des études climatologiques de Grimmond et Oke (1991) ont montré que leur influence pouvait être supérieure à celle attendue. L'intérêt porté à la circulation de l'eau dans le sous-sol urbain fortement perturbé par l'homme est peu important. Des travaux récents ont montré que cette eau peut s'infiltrer dans les réseaux d'assainissement au travers de défauts d'étanchéité, et ainsi contribuer significativement au débit (Joannis et al., 1993).

C'est dans ce contexte, que ce travail est engagé en partant du constat de nombreux problèmes préoccupants et complexes liés à l'assainissement des eaux pluviales et sa gestion auxquelles la ville de Parakou est confrontée.

Les inondations de la ville de Parakou sont des phénomènes de plus en plus fréquents. Nos concitoyens ne comprennent pas pourquoi, malgré des aménagements nouveaux de la ville, des épisodes pluvieux peuvent avoir un impact aussi négatif sur leur quotidien.

La maîtrise et la gestion des eaux pluviales deviennent donc aujourd'hui un enjeu fort pour les élus locaux, responsables de l'aménagement urbain et soucieux d'assurer la sécurité et le confort de leurs administrés.

Mieux gérer le ruissellement, c'est non seulement lutter contre le risque d'inondation, mais aussi contribuer à limiter les rejets polluants au milieu naturel.

En effet, le schéma d'assainissement étudié de façon générale au niveau de la ville permet de mieux appréhender les problèmes socio-techniques, économiques et financiers, dans leur imbrication, leur complexité et d'apporter des solutions globales durables.

En attendant l'approfondissement du thème dans des travaux ultérieurs, la présente esquisse est essentiellement centrée sur la démarche méthodologique spécifique suivie de quelques résultats préliminaires.

Ainsi le travail s'articule autour de quatre chapitres qui sont :

- Problématique, objectifs, hypothèses de l'étude et description du cadre d'étude ;

- Approches méthodologiques;

- Analyse des phénomènes et du système de gestion des eaux pluviales urbaines de la ville de Parakou ;

- Eléments pour une gestion durable des eaux pluviales urbaines à Parakou.

CHAPITRE I :

PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS, HYPOTHESES DE L'ETUDE ET DESCRIPTION DU CADRE D'ETUDE

I- Problématique, Objectifs et hypothèses, Description du cadre d'étude.

I.1- Problématique.

Le défit du siècle dernier et des années à venir des pays du tiers monde est de gérer leurs villes qui deviennent de plus en plus difficiles à gérer par leur taille. Avec la croissance urbaine galopante de la seconde moitié du siècle dernier, les villes du tiers monde en général et les villes africaines à forte pluviométrie en particulier se sont exposées au problème de l'assainissement pluvial sans avoir ni suffisamment de temps ni de moyens pour y faire face. Au-delà de ces contraintes, le développement urbain a été également handicapé par la mauvaise gestion des moyens disponibles : corruption, manque de rigueur et d'engagement, calquage de modèles et de méthodes parachutés. Ce constat d'échec commun aux pays en développement nous amène à poser la question dans un contexte plus large pour enrichir l'analyse du cas de Parakou. C'est dans ce contexte que Parakou, capitale du Département du Borgou, s'est doté en 1985 de son premier Plan Directeur d'Urbanisme (PDU).

Cependant, la mise en oeuvre du PDU concrétisée entre autres, par les opérations de lotissement, pose d'énormes contraintes d'aménagement (voirie, assainissement des eaux usées et des eaux pluviales, gestion des ordures ménagères, etc.) qui viennent accentuer les graves problèmes de pollution de l'environnement liés à :

1- L'érosion importante des sols urbains, sources d'éboulement et de ravinement ;

2- La stagnation des eaux pluviales sur les chaussées et en particulier dans les dépressions favorisant la prolifération des moustiques et autres vecteurs de maladies ;

3- Le déchaussement des constructions et d'ouvrages d'assainissement ;

4- L'inondation des terrains urbains ;

Confronté à ces situations de plus en plus délicates, la ville a progressivement pris conscience des enjeux. Ceci a donné lieu en 1990 à une réorganisation institutionnelle avec la création d'une cellule technique qui a évoluée pour être aujourd'hui la Direction des Services Techniques où sont logés, le service de la voirie et des ouvrages hydrauliques, le service de l'aménagement urbain et de l'urbanisme opérationnel. Ces services s'ajoutent donc aux multiples acteurs du développement local (publics, ONG, etc.). Malgré cette multiplication d'acteurs, l'effort reste très limité pour traiter tous les quartiers touchés sans exception par le problème de l'assainissement pluvial. Pour atténuer le problème vécu quotidiennement pendant les saisons de pluie, les habitants interviennent individuellement ou collectivement avec des solutions temporaires. Cette pluralité d'acteurs nous amène à nous poser des questions : quelle est la contribution de chaque acteur à la gestion des eaux pluviales urbaines ? comment s'opère l'harmonisation des actions et la pérennité des interventions ?

A Parakou, comme dans d'autres villes de faible revenu, deux éléments compliquent davantage les tâches de la gestion : la pauvreté et la configuration de l'espace urbain. La formulation du problème doit donc intégrer ces deux éléments pour obtenir une réponse substantielle et durable. Celle-ci s'articulerait incontestablement autour d'une notion clé : l'organisation. Elle concerne l'organisation de l'espace, des moyens et des acteurs. Les expériences locales ont partout montré la limite de la capacité d'un seul acteur en termes d'investissement et de gestion notamment dans un pays dit en développement mais qui connaît l'aggravation de la pauvreté d'une décennie à l'autre.

C'est donc dans ce contexte que nous avons engagé ce travail qui a surtout une dimension exploratoire pour bâtir d'une manière globale et intégrée le système de gestion des eaux pluviales urbaines.

I.2- Objectif s et hypothèses de l'étude

L'objectif global de ce travail est d'analyser le système existant de gestion des eaux pluviales urbaines à Parakou. Spécifiquement, il s'agit de:

- déterminer les contraintes liées à la gestion des eaux pluviales urbaines à Parakou;

- déterminer l'organisation et le fonctionnement de la gestion des eaux pluviales urbaines à Parakou ;

- proposer des stratégies à adopter pour une gestion durable des eaux pluviales urbaines.

Pour conduire cette étude, trois hypothèses relatives aux objectifs ont été formulées.

o Les contraintes liées à la gestion des eaux pluviales urbaines limitent singulièrement l'intérêt ou la pertinence technique du modèle « réseau » actuel ;

o L'organisation et le fonctionnement de la gestion des eaux pluviales urbaines à Parakou posent le problème de l'harmonisation des actions et la pérennité des interventions ;

o Il existe des stratégies adaptées pour une gestion durable des eaux pluviales urbaines.

I.3- Description du cadre d'étude

I.3.1- Situation

La Commune de Parakou s'étend sur une superficie de 441Km2 environ dont 30Km2 sont urbanisées.

La Commune de Parakou est limitée au Nord par la Commune de N'DALI, au Sud, à l'Est et à l'Ouest par la Commune de Tchaourou.

La Commune de Parakou, est situé à 9°20' de l'altitude Nord et 2°35' de longitude Est. Elle est pratiquement à mi-distance de l'axe nord-sud du pays et dispose d'une bonne liaison routière avec les pays limitrophes (Togo, Burkina-Faso, Niger et Nigeria). Il existe par ailleurs une liaison ferroviaire en provenance de Cotonou.

La ville de Parakou s'impose comme véritable capitale de la région septentrionale grâce à ses fonctions administratives, bancaires et industrielles et se classe troisième dans la hiérarchie des principales villes du Bénin après Cotonou et Porto-Novo. (Fig.1).

Figure 1 : Situation de la ville de Parakou

I.3.2- Relief et sol

Parakou est situé à une altitude moyenne d'environ 370 m. Le point culminant est fixé au quartier Zongo (397 m). Dans son ensemble, la ville présente une allure de plateau allongé du Sud au Nord avec une double inclinaison dont l'une plus accentuée est orientée vers la vallée de l'Okpara à l'Est et une plus faible orientée vers l'Ouest dans la vallée de Yeroumaro. Le site est vallonné et caractérisé par une succession de croupes de pente allant de 2 à 3 % et parfois se rejoignent pour former les principaux thalwegs assurant le drainage naturel des eaux pluviales. Le réseau hydrographique de la ville de Parakou est constitué de grands cours d'eau, de ruisseaux et de marigots. L'Okpara, affluent de l'Ouémé, est le seul cours d'eau important se trouvant dans la région de Parakou (environ à 12 Km à l'Est de la zone d'étude). Parakou se trouve donc dans le bassin versant de l'Opkara. (Figure 2).

Parakou fait partie de la vieille surface d'aplanissement ouest africaine se reposant sur le socle précambrien de la Pénéplaine du Bénin. Ce socle précambrien est constitué de gneiss, de micaschistes, de quartzites, de granites qui ont été fortement dégradés par les éléments météorologiques. Ces diverses formations géologiques sont recouvertes par des sols de couches latéritiques dures et résistantes (cuirasse). Mais on remarque surtout la présence de sols fins, argilo-sableus issu des altérites du socle. La profondeur utile moyenne peut être limitée par la discontinuité d'un horizon concrétionné parfois massif rendant médiocre le drainage qui généralement est moyen. Par rapport aux sols ferralitiques, ils ont une meilleure fertilité chimique mais par contre leurs propriétés physiques sont souvent contraignantes pour les plantes. On y rencontre aussi des sols hydromorphes dans les bas- fonds.

Dans l'ensemble, la ville et la région de Parakou sont dominées par la présence de sols ferrugineux et par endroit de sols ferralitiques et hydromorphes (Figure 3).

I.3.3- Milieu humain

La ville de Parakou est une ville cosmopolite. Les groupes ethniques rencontrés sont : les Baribas, les Dindis, les Yoroubas, les Fons, les Adja, les Otamaris, les Peulhs et les ethnies étrangères.

I.3.3.1- Démographie

L'accroissement de la population s'est accéléré avec l'achèvement du chemin de fer et l'installation des unités industrielles. De 1961 à 1979, le taux d'accroissement annuel de la population s'élevait à plus de 13,5%. D'après les résultats du dernier recensement de 2002, la ville de Parakou compte 149. 819 habitants.

Tableau I : Evolution dans le temps de la population de Parakou.

Année

1937

1956

1961

1979

1992

2002

Population (habitants)

2 736

4 907

14 000

60 797

103 571

149 819

Source : INSAE

. I.3.3.2- L'occupation des sols et le tissu urbain

Parakou connaît un niveau d'occupation très hétérogène de son espace. On note une concentration de la population dans les quartiers centraux (Lemanda, Kabassira, Baparapé, Ouézé, Kadéra, Bakinkoura, Ladjifarani, agbagba, Goromosso) où près des trois quarts de la population (112 364 habitants) sont installées (zone véritablement urbanisée). La prise en compte de cette zone dans la gestion des eaux pluviales est importante dans la mesure où la ville est très dense et que son emplacement près des exutoires permet d'avoir un champ d'inondation plus large.

Le quart de la population (37 455 habitants) se retrouve en zone périphérique (Zongo Nord, Wansirou, Albarika vers le Nord et l'Ouest, Titirou et Banikani vers le Sud et l'Est). Cette zone est constituée d'un ensemble de quartiers d'habitations séparés par des talwegs et des ruisseaux. La zone périurbaine présente des difficultés particulières vis-à-vis de la planification des réseaux d'assainissement pluvial (Figure 4).

Figure 2 : Carte du réseau hydrographique de la commune de Parakou

Figure 3 : Carte pédologique de la commune de Parakou

Figure 4 : Carte d'occupation du sol de la commune de Parakou

CHAPITRE II :

APPROCHES METHODOLOGIQUES

II- Approches méthodologiques

II.1- Approches

La problématique que nous avons développée et les questions que nous nous sommes posées nécessitent une approche globale et intégrée de la gestion des eaux pluviales et de la gestion urbaine, avec une considération spécifique sur l'organisation de l'espace et des acteurs. Nous avons donc adopté à cette fin trois approches : l'approche systémique, l'approche typologique et une approche que nous avons nommée « trois pôles ».

II.1.1-Approche systémique

Nous avons utilisé l'approche systémique1(*) notamment dans l'analyse interne et externe du SGEPU (Système de Gestion des Eaux Pluviales Urbaines). Les trois concepts de cette approche : totalité, interaction et rétroaction permettent d'étudier un phénomène, une organisation dans sa globalité, avec son environnement et dans sa composition, malgré ses limites simplificatrices et complexifiant (Dortier., 1999).

« L'expérience montre que la théorie des systèmes est féconde (et, du même coup pertinente) pour l'étude des objets physiques complexes » (Dortier., 1999).

II.1.2- Approche typologique

Nous avons adopté cette approche dans l'analyse de l'état existant et dans la formulation des éléments de réponse pour se baser sur les spécificités de chaque espace type en terme de morphologie, d'usage, d'urbanisation et de risque.

II.1.3-Approche à trois pôles : Eaux-Espace-Homme.

Il s'agit de considérer les trois éléments : Eaux, Espace et Homme comme trois piliers du système de gestion des eaux pluviales urbaines. L'eau désigne la ressource et le risque (inondation et vecteur de la pollution). L'espace intègre les caractéristiques hydrologiques et urbaine (structure, équipement, propreté, etc.) du bassin versant. L'homme constitue l'acteur actif et passif.

Perception, outil

Responsabilité,

Organisation, etc.

Risque, ressources

Occupation, rivière, réseaux, structure, mutation, écologie, organisation, etc.

Eaux pluviales

Homme

Espace

Temps

Figure 5 : Approche à trois pôles : Eaux - Espace - Homme

Le fonctionnement des ouvrages de l'assainissement et des rivières urbaines (deux éléments supports de la gestion des eaux pluviales urbaines) dépend de l'organisation de l'espace où ils s'inscrivent. Cette organisation est réalisée par l'acte (intentionnel ou non, direct ou indirect, organisé ou non) de l'homme. La cause principale du dysfonctionnement et de la fragilité urbaine liée à l'eau pluviale est l'oubli de ces dimensions spatiales et humaines. Les deux aspects de l'eau pluviale source de vie et origine de risque résultent non seulement de l'interaction eau pluviale-espace mais aussi de l'organisation de l'homme bien que celle-ci se traduise souvent dans l'espace.

II.2- Méthodes de collecte des données

La collecte de données est effectuée en majorité par des entretiens, enquêtes et visites compte tenu du manque accru des informations dans ce domaine et de la nécessité d'avoir des données locales. Ce travail de terrain a été mené en quatre phases pour intégrer les changements et les évolutions importantes de la ville ces dernières années sur les plans institutionnel et opérationnel.

Les quatre principales méthodes de collectes de données sont développées ci-dessous.

II.2.1- Entretiens

Les entretiens concernent la collecte de données auprès des acteurs institutionnels. Nous avons consulté 30 personnes dans 8 institutions. Les entretiens ont été réalisés pour comprendre l'organisation, les moyens et les relations des acteurs qui participent ou qui pourraient participer de loin ou de près à la gestion des eaux pluviales.

Tableau II: Acteurs consultés dans le cadre de ce travail

Acteurs

Institutions

Personnes/experts

Parakou

3

10

Niveau national

5

20

Total

8

30

Source : Enquête

II.2.2- Enquête socio-technique

L'objectif de cette enquête est de produire des données pour comprendre le vécu et le perçu (la perception, la demande, la participation, la volonté, les pratiques) de la population dans la gestion des eaux pluviales et des déchets.

· Déroulement

L'enquête a été réalisée de mars 2005 à janvier 2006. Elle s'est déroulée sans aucun problème et la population était très intéressée. Cela est sans doute dû à deux éléments auxquels nous avons accordé une attention particulière au-delà de l'anonymat du ménage interrogé :

- L'objectif et l'intérêt de l'enquête ont été expliqués en soulignant l'importance de leur point de vue pour éviter la réticence, très fréquente dans les enquêtes sociales,

- Nous avons adopté le questionnement au langage et au niveau d'instruction des personnes interrogées afin d'être compréhensible notamment pour les termes techniques.

Il s'agissait donc de poser la question avec des explications et d'écouter la personne interrogée : tout ce qu'il a envie de nous dire. Conscients, dans la plupart des cas, de l'ampleur du problème et de son aggravation, ils nous ont répondu, fait visiter leurs locaux et expliqué leurs problèmes, rôles, aspirations et perceptions.

· Echantillonnage

Les 20 quartiers urbains ont été enquêtés à raison de 10 à 20 enquêtes par quartiers. Le critère de choix des quartiers était basé sur la typologie urbaine (dense, moins dense, structuré, etc.) et l'activité (résidentielle, commerciale, administrative, mixte). Au sein du quartier choisi, les ménages à enquêter sont désignés selon la hiérarchie de la voirie (primaire, secondaire, tertiaire, desserte).

Tableau III: Profil socio-éducatif des personnes interrogées

Echantillon

Tranche d'âge

Niveau d'Etude

 

 Total

Hommes

Femmes

 

 

 

 

 

 

 

Jeune

Adultes

Agé

Jeune

Adultes

Agé

Illettré

au moins 6

7 à 12

12 et plus

PR

Nombre

300

 75

 30

 30

 75

 60

 30

 20

 50

 135

 33

 60

Pourcentage

100%

25%

 10%

 10%

 25%

 20%

 10%

 7%

 17%

 45%

 11%

 20%

Source : enquête

PR : Pas de Réponse

· Résultat

Cette enquête nous a permis d'apporter des connaissances sur :

- le taux d'équipement en fonction de la typologie urbaine ;

- le problème perçu et vécu par la population ;

- le souhait et la contribution de la population, etc.

II.2.3- Enquêtes techniques

Il s'agit de collecter des données sur le réseau pluvial souterrain et sur son fonctionnement afin de construire une base de connaissances. Nous avons réalisé deux enquêtes : des regards sans ouverture (enquête technique2) et avec ouverture (enquête technique 1). Dans ce dernier cas, il s'agissait de constater l'état intérieur du réseau à travers les regards (environ 40 points visités). L'enquête n°2 est lancée à partir des constats généraux de la première enquête et des visites de la ville. Il s'agit de collecter les informations sur l'état des regards et des avaloirs pour évaluer les causes et les impacts de leur dégradation. Cette enquête était menée sur 845 points (regards et avaloirs) dans 13 rues sur une longueur totale de 20 km.

Dans les deux enquêtes, les critères de sélection étaient la hiérarchie de la voirie, l'activité et la typologie urbaine. Ces enquêtes ont fourni des informations croisées entre l'état du réseau et l'activité des zones.

II.2.4-Visite de terrain

Les visites de terrain ont été menées pendant la saison de pluies et pendant la saison sèche. Elles devaient permettre de comprendre :

- la ville par temps de pluie ;

- l'état et le débordement du réseau par temps de pluies et par temps secs ;

- les différentes typologies urbaines.

II.2.5-Traitement des données

Les fiches d'enquête ont été codifiées et ensuite traitées à l'ordinateur. Les informations ainsi obtenues sont transformées en tableaux et figures d'illustration. La réalisation des graphiques, le calcul de certaines valeurs statistiques et la rédaction du mémoire sont faits au moyen d'outils informatiques appropriés.

Les données de base, utilisées pour l'étude des phénomènes pluviométriques, sont tirées de la base de données de l'ASECNA de Parakou sur la période de 1967 à 2005.

CHAPITRE III :

ANALYSE DES PHENOMENES PLUVIOMETRIQUES ET DU SYSTEME DE GESTION DES EAUX PLUVIALES URBAINES DE LA VILLE DE PARAKOU.

III.1- Analyse des phénomènes pluviométriques dans la ville de Parakou

III.1.1- La pluie

La pluie est l'élément de départ du phénomène du ruissellement et la première étape de ce qu'on appelle le cycle urbain de l'eau. Elle constitue l'entrée du système et donc la donnée fondamentale nécessaire à la compréhension de son fonctionnement.  C'est un phénomène à forte composante aléatoire et non reproductible. Son aspect et sa forme varient dans le temps et dans l'espace à l'échelle qui intéresse l'hydrologie urbaine (quelques minutes ou dizaines de minutes, quelques dizaines ou centaines d'hectares).

Tableau IV: Indicateurs climatiques de la ville de Parakou

 

Maximum annuel

Minimum annuel

Humidité

97% en Septembre

20% en Janvier - Février

Température

36,7° C en Mars

18,5° C en Décembre

Evaporation (total annuel)

245,5mm en Mars

103,3 mm en août

(Source : ASECNA Aéroport de Parakou)

· Pluviométrie

Le climat de Parakou est type soudano-sahélien caractérisé par l'existence de deux saisons distinctes : une saison sèche et une saison pluvieuse. La période de la saison pluvieuse s'étend de mai à octobre. Ces pluies sont liées au déplacement du Front Intertropical (FIT) du tropique du Capricorne vers le tropique du Cancer. Ce déplacement du F.I.T est favorisé par le fait qu'en cette période s'estompe momentanément l'anticyclone saisonnier du Sahara. Après la saison des pluies, commence la saison sèche qui va de novembre à avril. L'installation progressive de l'anticyclone saisonnier du Sahara fait repousser le F.I.T vers le Sud, ce qui explique la raréfaction des pluies en octobre. Il est à noter néanmoins que des pluies accidentelles surviennent au cours de cette période.

III.1.2- Mesures pluviométriques

La mesure pluviométrique à l'ASECNA de Parakou a commencé en Avril 1921.

Tableau V: Station pluviométrique à Parakou et ses caractéristiques

Station

Altitude (en m)

Précipitation moyenne annuelle

(en mm)

Type d'enregistre-ment

Types de données dépouillés disponibles

Données consultées

ASECNA Parakou

391,96

1148,9

Manuel

Maximale journalière

1967-2005

Source : ASECNA

La pluviométrie est le facteur primordial de la genèse des crues sur un bassin versant. L'étude de la pluviométrie porte en effet non seulement sur la distribution moyenne dans le temps et dans l'espace, mais également sur la distribution statistique fréquentielle pour la détermination des crues correspondantes. Les graphiques ci-dessous illustrent les données pluviométriques principales, à savoir la pluviométrie annuelle, mensuelle et les hauteurs maximales de pluie en 24 heures, les chiffres étant basés sur les données météorologiques relevées par l'ASECNA à l'aéroport de Parakou sur plus de 30 ans (de 1967 à 2005).

Les graphes ci-dessous (figures 6 et 7) illustrent, l'extrême variation des pluviométries mensuelle et annuelle. Ceci implique qu'il y a lieu de s'entourer de toutes les précautions pour gérer l'eau de ruissellement (aménagement des oueds).

De l'analyse de la figure n° 6, il ressort que :

o La quantité de pluie annuelle en général a progressivement diminué entre 1967 et 1987 ;

o De 1988 à 2005 la quantité de pluie annuelle en général est supérieure à la moyenne annuelle qui est égale à 1 148 mm.

De l'analyse de la figure n° 7, il ressort que :

o Les valeurs extrêmes varient entre 31,80mm et 446,90mm ;

o La période la plus arrosée se situe entre Mai et Septembre.

Figure 6 : Pluviométrie annuelle (1967-2005)

Figure 7: Pluviométrie mensuelle (1967-2005)

La connaissance de la pluviométrie maximale annuelle en 24 heures est importante pour l'estimation des débits des Bassins Versants dont les superficies sont comprises entre 4 km² et 200 km².

De l'analyse du graphe ci-dessous (Figure 8), il ressort que la diminution en générale des hauteurs maximales est négligeable. Une analyse détaillée montre que les hauteurs maximales sont très significatives pour les années 1988, 1995, 2000. En revanche, les années 1970, 1980, 1990 et 1999 sont des années déficitaires. L'observation directe de ce graphe (Figure 8) met à jour des regroupements de petites valeurs avant 1988 et de grandes valeurs après 1988.


Figure 8:
Hauteur maximale annuelle de pluie en 24h (1967-2005)

A partir des données de la figure 8, il a été procédé à des ajustements statistiques pour obtenir une estimation de pluviométrie maximale journalière en fonction du temps de retour. La figure 9 et le tableau ci-dessous donnent le résultat de cette étude.

Pluviométrie (mm/jour)

GUMBEL

FRECHET

Centenaire

187

243

Cinquantenale

170

201

Vingt ans

147

157

Dix ans

129

130

Cinq ans

111

106

Test 2

0,26

0,42

Probabilité

> 0,05 convient

> 0,05 convient

Figure 9 : Pluviométrie maximale annuelle en 24h (Ajustement statistique par Gumbel & Frechet)

III.1.3- Les Bassins versants

Contrairement à l'hydrologie continentale où un bassin versant est défini comme la surface de ruissellement des eaux pluviales délimitée par les lignes de crête (c'est-à-dire par les lignes de partage des eaux), en hydrologie urbaine (échelle plus fine : ville) nous appellerons bassin versant, une surface de ruissellement telle que le réseau qui la draine possède un exutoire (Alain MOREL, 1981).

III.1.3.1- Délimitation des bassins versants

Nous avons délimité les bassins versants de la ville de Parakou à partir du plan topographique (figure 10) selon leurs caractéristiques physiques et urbaines.

Dans la zone de Parakou, il y a lieu de distinguer deux types de bassins versants (B.V.) selon leurs superficies :

§ les Bassins Versants dont les superficies sont inférieures à 4 km² (tableau n°6).

§ les Bassins Versants dont les superficies sont comprises entre 4 et 200 km².

III.1.3.2 - Les caractéristiques physiques des bassins versants

Les paramètres physiques et géométriques essentiels qui caractérisent classiquement un bassin versant sont :

· Sa pente moyenne en % ;

· Sa superficie en hectare ;

· Son coefficient d'imperméabilité en %.

Il existe d'autres, comme le coefficient de gravilus, le temps de concentration, etc. En réalité, les paramètres descriptifs du bassin versant n'ont de sens que par rapport au modèle que l'on utilise pour décrire, prévoir ou simuler la transformation que ce bassin va opérer d'une pluie qui tombe en débit en son exutoire.

Le tableau ci-dessous donne les estimations des débits pour les neuf (9) petits bassins versants (superficies < 4 km2).

Les estimations des superficies des bassins versants, des dénivelées ÄH et des longueurs (L) ont été mesurées sur les cartes numérisées à la précision du 1/5000.

Tableau VI : Caractéristiques des basins versants

N° BV

Superficie (km2)

Longueur (m)

Pente moyenne

ÄH (m)

Coefficient de ruissellement

Temps de concentration (minute)

Débit (m3/sec)

1

1,01

1200

2,25%

27

0,41

19,1

14

2

1,755

1450

2,07%

30

0,41

22,82

21,63

3

3,265

1900

1,58%

30

0,41

31,14

32,75

4

0,735

1200

2,45%

29

0,41

18,59

10,37

5

0,522

1250

2,08%

26

0,41

20,31

6,95

6

0,772

1500

2,00%

30

0,41

23,72

9,27

7

1,002

1650

1,88%

31

0,41

26,14

11,28

8

1,142

1900

1,84%

35

0,41

29,36

11,91

10

0,435

1000

2,00%

20

0,41

17,36

6,42

Source : Etude hydrologique de Parakou

Le seul bassin versant rencontré dont la superficie dépasse 4 km2 est le bassin versant n°9 dont la superficie égale 6,46 km2. Pour une telle superficie, les calculs donnent les valeurs suivantes, selon les conditions de relief et de perméabilité du sol.

Tableau VII : Caractéristiques du basin versant N°9

N° BV

Superficie (km2)

Longueur (m)

Pente moyenne

Coefficient de compacité de Gravelius

Coefficient de ruissellement

Débit (m3/sec)

9

6,46

2286

2,10%

1,14

0,41

39,92

Source : Etude hydrologique de Parakou

III.1.3.2.1- La topographie

La zone d'étude est formée de neuf bassins versants (annexe 4). Les lignes de crête qui les délimitent sont construites à partir des courbes de niveau dont les altitudes varient de 390 m à 340 m. Le site présente une pente régulière comprise entre 1,5 et 2,5 % ; une pente assez favorable à l'urbanisation (Figure 10).

En dehors des difficultés liées au franchissement de bas-fond et à l'érosion observée au voisinage de ceux-ci, la zone d'étude ne présente aucune contrainte majeure.

Figure 10 : Carte topographique de la commune de Parakou

III.2- Analyse du système de gestion des eaux pluviales urbaines de la ville de Parakou.

III.2.1- Diagnostic du réseau hydrographique : état, fonctionnement et gestion.

Le réseau hydrographique désigne l'ensemble des réseaux artificiels et cours d'eau qui draine la ville du nord au sud (Figure 2).

III.2.1.1 - Le réseau

Le réseau pluvial d'assainissement se compose de deux types d'ouvrages : le réseau enterré et le réseau à ciel ouvert (fossé en maçonnerie ou en terre).

III.2.1.1.1 - L'espace du réseau : territorialisation par type et par équipement

L'espace du réseau de la ville de Parakou se caractérise par :

· un équipement important avec des réseaux enterrés dans le troisième arrondissement ;

· une variation de type et du taux d'équipement avec la hiérarchie de la voirie tant au centre qu'à la zone périurbaine. Le fossé en maçonnerie est l'ouvrage le plus utilisé dans la ville de Parakou.

Tableau  VIII: Equipements d'assainissement pluvial selon la hiérarchie de la voirie.

Voirie

Fossé en maçonnerie

(Km)

Fossé en terre

(Km)

Collecteurs enterrés

(Km)

Total

(Km)

Primaire

30,2

10,05

-

40,25

Secondaire

48

20

5

73

Source : DST

III.2.1.1.2- Etat, Capacité et fonctionnement des ouvrages d'assainissement des eaux pluviales

Dans la ville de Parakou il existe deux types d'ouvrages d'assainissement des eaux pluviales, à s'avoir :

· les gros ouvrages;

· les fossés en maçonnerie ou en terre.

Les gros ouvrages

Il s'agit de la partie de réseau située dans le centre ville sur la voirie primaire, réalisée en majorité dans les années 1970 et repris en 2003. Le manque d'entretien dégrade le réseau d'année en année. La capacité d'évacuation est aussi substantiellement réduite ce qui produit des débordements même pour les sections importantes lors des événements pluvieux courants (la rue RNIE2 par exemple).

CANIVEAU 1,20 M X 1,30 M

1,30

1,20

1,45

1,50

Figure 11: Section type d'ouvrage en maçonnerie.

L'espace drainé par ce réseau est aussi confronté au problème de l'assainissement pluvial. Il s'agit là d'un problème lié d'une part au blocage des avaloirs et des regards et d'autre part à l'obstruction de la section par les déchets (Figure 12).

Photo N°1 : avaloir bouché Photo N°2 : avaloir bouché Photo N°3 : regard ouvert

Figure N°12 : Quelques exemples représentatifs de l'état des avaloirs et regards.

L'encrassement par les déchets constitue un facteur important du dysfonctionnement hydraulique des ouvrages de drainage. Selon nos enquêtes environ la moitié du réseau étudié a une section bouchée à plus que 50% par les déchets (Tableau IX).

Tableau IX: Etat intérieur des regards visibles : regards fermés et visibles à travers leurs avaloirs, regards avec fermeture cassée ou enlevée

 

Nombre de regards visibles

Etat de remplissage par les déchets ou les débris

 
 

A

B

C

D

En nombre

845

85

380

105

275

Pourcentage moyen

100%

10%

45%

12%

33%

Source : Enquêtes

A : presque entièrement rempli par les déchets ou débris.

B : la moitié de la section du regard rempli par les déchets ou débris.

C : plutôt peu rempli par les déchets ou débris.

D : remplissage par les déchets ou débris est négligeable ou propre.

Les dépôts sauvages sont favorisés par l'absence de fermeture des regards. L'absence de fermeture des regards cause également des problèmes de sécurité pour les piétons avec accidents graves et parfois mortels. Les avaloirs constituent également des points vulnérables du système de gestion des eaux pluviales. Selon notre enquête, en moyenne 45% des avaloirs étudiés sont bouchés dont 15% le sont délibérément par des riverains qui se plaignent de la mauvaise odeur et du débordement (Tableau X).

Tableau X : Etat des regards et avaloirs selon l'activité riveraine.

Activité (nombre)

Pourcentage des regards non fermés

Pourcentage des regards bouchés ou à moitié bouchés

Avaloirs bouchés

Avaloirs non bouchés

Résidence

40%

40%

70%

60%

commerce

30%

45%

55

55%

Administration et service

20%

20%

10%

94%

Moyenne

30%

35%

45%

70%

Source : Enquêtes

Le Fossé

C'est l'ouvrage le plus réalisé dans la ville. L'intérêt de cet ouvrage réside dans sa facilité d'entretien. Les sections types des fossés sont relativement faibles et leur fonction consiste souvent à assurer le drainage local (un à deux îlots) (Photo N°4).

Photo N°4 : fossé en maçonnerie

Malgré sa facilité d'entretien et de réparation, cet ouvrage est aussi confronté au même type de dysfonctionnement que les ouvrages précédents : encombrement par les déchets et dégradation rapide (Figure N°13). En plus la mauvaise qualité de la réalisation et l'absence de maintenance favorisent l'apparition de mauvaises herbes qui réduisent la section et détériorent l'ouvrage. A cause de leurs impacts sanitaires, ces ouvrages sont parfois considérés par la population comme non appropriés notamment dans les parties centrales et denses de la ville. Des interventions de dallages des fossés sont menées dans certains endroits par les résidants.

Photo N°5 : fossé encombré d'ordures Photo N°6 : exutoire encombré d'ordures

Figure N°13 : quelques exemples représentatifs de l'état des fossés et exutoires

III.2.1.1.3- Conception et réalisation du réseau

L'une des difficultés actuelles du réseau est due à sa phase de conception et de réalisation. La phase de conception est soit inexistante soit trop estimative. Le processus de conception se limite souvent à une simple visite de terrain et au choix d'une section type à l'exception des grands chantiers. Il n'existe pour l'instant aucun manuel de conception et les caractéristiques hydrauliques des bassins versants ne sont pas étudiés.

III.2.1.1.4- Gestion et appropriation du réseau

Pour l'ensemble du réseau, il n'existe aucune modalité de gestion établie clairement avec une affectation spécifique d'un service et d'un budget. Les interventions d'entretien programmées sont pratiquement inexistantes. Les travaux d'entretien du service d'assainissement concernent plus les interventions urgentes pour le nettoyage des réseaux les plus critiques lors des débordements inévitables tant en saison sèche qu'en saison de pluie. En plus de ce manque quasi général de gestion, le manque d'appropriation des ouvrages constitue un autre facteur de dysfonctionnement (Figure N°13).

La question fondamentale relative aux déchets vis-à-vis du réseau d'assainissement concerne d'une part l'amélioration des moyens de collecte et d'autre part une appropriation de la ville par ses citadins.

III.2.1.2- Limite du service municipal et importance des actions locales

La gestion urbaine et l'assainissement au niveau de la maille et de l'inter-maille sont délaissés à la population qui, à travers des comités de développement de quartiers, des aides à la ville et des ONG, essaie d'assainir son quartier sans se soucier parfois de l'impact en aval. En l'absence de service public et avec l'intervention individuelle, le problème s'aggrave de jour en jour.

Par ailleurs, la participation de la population est considérée comme un élément important pour le développement durable. Sur ce point, la ville dispose, d'un acquis important. Le recensement des moyens des ménages et de leur volonté de participation permet de définir :

- les possibilités de financement des travaux d'équipement ;

- les autres types de participation (main d'oeuvre, étude) pour la gestion des ouvrages.

L'enquête que nous avons menée auprès de 300 ménages confirme la volonté de la population de participer avec les moyens dont elle dispose (tableau XI). Une contribution en argent est proposée par 33% des ménages, et une participation en main d'oeuvre est proposée par 38% des ménages. La volonté de participation est présente aussi bien chez les ménages ayant des problèmes de drainage que chez ceux qui n'en ont pas.

Tableau XI : Contribution des ménages pour l'amélioration de la gestion des eaux pluviales

Problème*

Argent

Main d'oeuvre

Savoir

Aucune

Total

Oui

35%

40%

5%

20%

100%

Non

30%

35%

15%

20%

100%

Moyenne

33%

38%

9%

20%

100%

* problème d'assainissement au niveau de la parcelle ou du quartier.

Ces indicateurs, peuvent certes être revus à la baisse dans le cas de contribution en argent lors de projet réel et selon le quartier. Néanmoins, ils nous montrent les atouts dont dispose la ville pour améliorer l'assainissement des eaux pluviales. Selon les résultats de notre enquête, 45% des 300 ménages interrogés souhaitent une structure au niveau de l'arrondissement et 30% la souhaitent au niveau du quartier. Le choix de l'arrondissement est basé plus sur des raisons de proximité. Le mécontentement est principalement dû au manque d'action pour répondre à la demande comme nous avons pu le constater lors de notre enquête socio-technique.

CHAPITRE IV :

ELEMENTS POUR UNE GESTION DURABLE DES EAUX PLUVIALES URBAINES DE LA VILLE DE PARAKOU.

Ce chapitre est consacré à la proposition des éléments de réponse en se basant sur les constats des chapitres précédents ainsi que sur des concepts généraux qui vont être développés.

IV.1- La gestion durable des eaux pluviales urbaines

Le concept de développement durable apporte beaucoup au domaine de gestion des eaux puisque celui-ci fut à l'origine de son émergence. Dans le domaine de la gestion urbaine et de l'eau, on retient les deux définitions suivantes :

· Le développement urbain est "un processus de changement dans l'environnement bâti qui favorise le développement économique tout en conservant les ressources et en protégeant l'intégralité des personnes, de la collectivité et de l'écosystème (Richardson, 1989). Selon cette définition un développement urbain doit permettre une urbanisation productive, non polluante et non ségrégative.

· Dans le domaine de l'eau, on trouve la notion de " renouvelabilité"des ressources. Il s'agit de veiller à ce que les ressources naturelles renouvelables - telles que les sols, l'eau des nappes phréatiques et la biomasse - soient utilisées de manière à ne pas les éliminer, ne pas les dégrader, ou tout au moins ne pas diminuer leur caractère renouvelable pour les générations futures" (Institut des ressources mondiales, 1992).

Nous définissons la gestion durable des eaux pluviales urbaines comme « un ensemble de processus qui vise à prévenir le risque lié à l'eau pluviale (inondation, stagnation et pollution de l'environnement bâti et naturel) et à favoriser la réutilisation des eaux de pluie à différentes échelles en vue de minimiser le risque d'augmenter les ressources ». Ces processus doivent être pérennes et évolutifs de manière à assurer en permanence et sur une base réfléchie l'interaction entre eaux pluviales et espaces.

IV.2- Gestion partagée et participation populaire

La gestion partagée implique dans le service des infrastructures trois éléments :

- une répartition des rôles entre acteurs publics notamment avec la décentralisation

- une intégration et un encouragement des investisseurs privés et

- une participation de la population.

Dans le cas de l'assainissement des pays en développement, la question se pose entre l'acteur public (notamment la municipalité) et la population, les acteurs privés étant très rares et peu intéressés par ce domaine.

Tous les concepts de développement et d'organisation revendiquent aujourd'hui la participation active de la population pour réussir la décentralisation, assurer une bonne gouvernance, et tendre vers un développement durable. Cependant un écart important persiste entre cette ambition et la réalité opérationnelle.

La participation populaire désigne l'engagement de la population en vue d'accomplir un objectif collectif formulé par elle-même ou proposé par d'autres. Elle se base donc sur la notion d'intérêt général et parfois sur la responsabilité collective et la "mobilisation". Le mode de participation varie selon son origine (de fait, volontariat, spontanée provoquée ou imposée) et la nature (type). Dans le cas du service urbain local (comme l'assainissement pluvial), on peut distinguer deux formes possibles de participation :

· une autogestion du quartier : financement des travaux et gestion des ouvrages (c'est par exemple le cas de lotissements ou de groupement de lotissements) ;

· une participation à la conception, au financement, et/ou à la gestion des projets menés par les acteurs publics ou privés ou bien par les ONG.

A Parakou, la participation des populations apporte beaucoup pour atténuer la précarité urbaine (gestion par la population des latrines, nettoyage des fossés, curage des réseaux pluviaux ouverts ou fermés). Elle tente de compenser l'insuffisance des services municipaux.

Aujourd'hui, avec la complication de la gestion urbaine, la participation populaire est indispensable dans la lutte pour la résorption de la précarité urbaine. Les pratiques et les expériences du passé doivent donc permettre aujourd'hui, de mener une participation efficace et concertée pour résoudre le problème de la gestion urbaine, qui dépasse de plus en plus les moyens des services municipaux. Le défi est important car il faut créer non pas une participation spontanée et éphémère mais une implication pérenne basée sur la conviction et sur l'appropriation par tous les acteurs.

IV.3- Approches de gestion des eaux pluviales

Certaines limites de l'approche classique ont conduit depuis quelques dizaines d'années à remettre en question le dogme de l'assainissement : évacuer le plus vite et le plus loin possible. Cette remise en question a permis l'émergence de nombreuses approches souvent complémentaires. La plupart de ces approches est élaborée dans le contexte des pays développés. Nous nous intéressons aux concepts de ces approches et à leur application et adaptabilité dans les pays en voie de développement en général et à Parakou en particulier.

IV.3.1- Système dual de drainage

Ce concept de gestion repose sur deux systèmes, le système mineur et le système majeur de drainage. Le système mineur concerne le réseau classique et ses accessoires (tuyau, fossé, avaloirs, regards). Le système majeur se compose des éléments de l'espace urbain comme la voirie et les espaces verts qui stockent et évacuent les eaux excédantes du réseau. Cette approche est née à la fin des années 19602(*). Elle s'est plus développée dans les décennies suivantes avec des travaux plus approfondis3(*).

Cette approche constitue le passage de l'assainissement à la gestion des eaux pluviales urbaines. La conception de ce double système de drainage implique ainsi la révision de la méthode classique et sectorielle de la conception des éléments urbains : réseau, voirie, habitat et mobilier urbain. Parmi les dispositifs techniques de ce mode de conception, on trouve par exemple les éléments suivants :

· les grilles des rues ; elles doivent être conçues de façon à éviter le surchargement du système mineur (en interceptant seulement le débit que le réseau est capable d'acheminer) et comme régulateur qui limite le débit intercepté pour les pluies rares ;

· la localisation et les dimensions des regards ; elles doivent assurer l'interception de débit acceptable par le système mineur et majeur (Rivard , 1998) ;

· Les bâtiments ; ils doivent être aussi conçus de façon à éviter l'inondation par les eaux du système majeur.

Dans les pays en voie de développement (PED), cette approche a été utilisée par exemple dans les projets de réhabilitation urbaine (1992-1995) des nombreux quartiers de bidonvilles de l'Indore en Inde pour concevoir leur système de drainage (Kolsky et al., 1998).

Cette approche de conception est en principe très intéressante pour les pays en voie de développement (PED) dans la mesure où elle diminue le coût d'investissement par rapport à l'approche classique "tout réseau". Toutefois, se pose la question du devenir du flux en cas du blocage de système mineur : situation courante dans les pays en voie de développement (PED).

IV.3.2- Maîtrise du ruissellement ou contrôle à la source

Cette approche de gestion repose sur les techniques dites alternatives ou compensatoires qui sont apparues dans la seconde moitié du XXème siècle bien que leur usage ait déjà été observé dans les civilisations très anciennes qui les utilisaient notamment pour l'approvisionnement en eau4(*).

Elle est née dans le contexte des villes des pays développés et plus spécifiquement avec les problématiques de l'assainissement pluvial lié à l'urbanisation des zones périphériques : site plat, exutoire éloigné, sections du réseau inabordables5(*), saturation du réseau existant, etc. cette émergence a été favorisée également par la montée des préoccupations écologiques et par la reconquête de l'eau dans la ville.

Ces techniques reposent sur deux principes : stockage et infiltration, pour minimiser le ruissellement et surchargement du réseau. Elles sont utilisées à différentes échelles d'espace - de la parcelle jusqu'à celle de la ville - avec différents types d'ouvrages : de la simple noue à des bassins de rétention de taille importante.

Bien que ces techniques apportent une solution alternative sur le plan technique, leur rapport sur la diminution du coût n'est pas systématique. Les études du coût de ces techniques donnent des résultats mitigés comparés aux techniques classiques (réseau) selon le site. Cependant, ces techniques apportent d'autres avantages relatifs aux multiples usages qu'elles offrent en plus de la diminution des flux d'eau et de polluants à gérer en aval.

Certaines de ces techniques sont consommatrices d'espace et elles nécessitent une gestion plus renforcée : deux facteurs qui conditionnent souvent leur application en milieu urbain très dense caractérisé par une forte pression foncière et une concentration de déchets. L'entretien constitue le facteur déterminant pour la pérennité et le bon fonctionnement de ces techniques.

En Afrique, l'application (plus théorique qu'opérationnelle) des techniques alternatives a commencé dans les années 1980. On voit déjà en 1985, dans un bulletin de liaison du CIEH, des propositions d'application de ces techniques au niveau de la parcelle et sur la voirie. Une chaussée d'infiltration a été construite comme site pilote dans la ville de Tahoua (Niger)6(*).

A Parakou, la plupart des techniques alternatives sont restées inconnues par les gestionnaires. L'utilisation des bassins de rétention en amont de la ville est récemment proposée dans les études de réalisation des collecteurs du projet BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) par le cabinet d'étude IGIP AFRIQUE pour minimiser la cote des cours d'eau dans le centre ville. Cette proposition n'a pas été prise en compte dans l'exécution des travaux par insuffisance d'enveloppe financière.

Ces techniques méritent à notre avis des réflexions, notamment dans le cadre du Projet de Gestion Urbaine Décentralisée deuxième phase (PGUD II) qui débutera dans le deuxième trimestre 2006, même si la forte imperméabilité de sol limite déjà leur usage extensif.

IV.4- Mesures techniques et urbanistiques à l'échelle de la ville

Une gestion durable des eaux pluviales urbaines nécessite à Parakou des mesures urgentes qui portent sur le système hydrographique, la conception de l'habitat, l'organisation et l'usage de l'espace.

Dans cette perspective, nous avons proposé quelques éléments qui sont nécessaires, d'une part, pour améliorer et résoudre progressivement l'état actuel et, d'autre part pour mener une urbanisation consciente et moins vulnérable aux risques d'inondation et de pollution. Il s'agit d'indiquer quelques éléments constitutifs d'une gestion durable des eaux pluviales et de l'espace urbain. Ces éléments proposés feront, à terme, partie des perspectives de recherche.

IV.4.1- Appropriation et revalorisation du réseau artificiel basées sur la concertation

L'analyse de l'état existant du réseau artificiel nous a montré l'importance du patrimoine hors usage ou en fonctionnement partiel. L'erreur des pratiques actuelles ("construire pour abandonner") est très coûteuse en terme d'investissement et d'impacts de dysfonctionnement. C'est aussi un facteur discréditant pour les acteurs concernés car la population ne voit pas beaucoup d'amélioration suite aux travaux réalisés.

Le moyen d'aboutir à un drainage urbain durable réside avant tout et pour toutes les typologies urbaines dans la réflexion permettant la revalorisation et l'appropriation du réseau déjà construit.

Il s'agit de redonner au système de drainage artificiel un fonctionnement et une capacité compatibles avec l'environnement à la fois perturbateur (flux, déchet) et perturbé (qualité des rejets). Parmi les actions concrètes à mener dans ce cadre, nous distinguons :

· l'entretien régulier des canalisations enterrés et des fossés par les acteurs des services publics et par les populations riveraines;

· la mise en place des dispositifs techniques adaptés au problème des déchets : grille, piège dans les regards, installation des bennes etc. ;

· la construction d'une structure organisationnelle responsable, basée sur l'intérêt commun du bon fonctionnement du système. Pour ce faire, l'approche que nous avons proposée pourrait être utilisée.

La réhabilitation du réseau reposera (et contribuera à) sur la construction d'une base de données détaillée sur le patrimoine réseau qui doit se réaliser pour l'ensemble des bassins versants de la ville. La réhabilitation doit donc faire l'objet de mesures urgentes afin d'utiliser d'une part la capacité hydraulique de ce patrimoine et de minimiser d'autre part les effets de dégradation du réseau sur l'environnement bâti (effondrement) et naturel (pollution de la nappe).

IV.4.2- Intégration et revalorisation de "l'espace rivière"

L'espace rivière désigne l'ensemble du lit mineur et des zones d'expansion de crues du réseau hydrographique naturel. Cet espace, naturel ou urbanisé, doit être considéré comme un élément utile et valorisant de la ville. Toutefois les rivières de Parakou sont structurellement et conceptuellement cachées sans aucune intégration dans le paysage urbain. Cet enfermement contribue, comme nous avons vu, à la dégradation des cours d'eau et limite leurs fonctionnalités (hydraulique et autres).

L'intégration de l'espace rivière dans le paysage et dans la configuration urbaine nécessite donc une ouverture. La revalorisation de leurs usages est également indispensable pour satisfaire la gestion durable des eaux et de l'espace urbain.

IV.4.3 - Conception intégrée de la voirie dans le cadre bâti et usage du système dual

L'un des problèmes de drainage de la ville est dû au défaut d'aménagement par rapport à la voirie et au relief : manque de terrassement des parcelles, constructions en contre bas par rapport à la voirie, etc. (Figure N°14).

Figure 14 : Pratique actuelle d'aménagement de l'habitat et de la voirie

Une conception intégrée du cadre bâti et de la voirie permettra de résoudre non seulement le problème des points bas mais d'augmenter le niveau de protection par le biais de voirie qui servira comme ouvrage de stockage temporaire : système dual de drainage.

Système majeur

1- dans les quartiers moins denses

Système mineur

2- dans les quartiers denses

Figure 15 : le système dual de drainage

Il s'agit de donner à la voirie autant que possible (en prenant en considération le relief, la norme de voirie, le niveau de protection souhaité) une cote plus basse par rapport aux éléments urbains à protéger. La figure 15 illustre l'usage du système dual selon la densité des quartiers.

Cette conception intégrée porte également deux principaux avantages :

· avantage économique comme elle permet de minimiser les dimensions des ouvrages de drainages pour les fréquences rares ;

· réduction de l'impact lors de dysfonctionnement courant du réseau mineur (bouché par les déchets en attendant l'entretien).

L'usage de ce concept doit trouver un intérêt particulier tant dans les zones d'expansion que dans les zones de mutation du centre ville. Par ailleurs ceci requiert une sensibilisation et une concertation entre le service de voirie et les aménageurs privés (ménages, lotisseurs, etc.).

CONCLUSION ET PERSPECTIVES POUR LA THESE

Conclusion et perspectives pour la thèse

La gestion des eaux pluviales constitue l'un des enjeux majeurs de la ville d'aujourd'hui. La question exige d'autant plus d'attention que la somme des contraintes qui pèse sur la ville du tiers monde ne cesse de croître.

La gestion durable des eaux pluviales requiert par conséquent une réflexion globale qui prend en compte l'ensemble des problèmes, des contraintes et des enjeux de l'espace considéré. Avec ce travail de recherche, nous avons tenté d'aborder d'une manière intégrée la problématique des eaux pluviales dans la gestion de l'espace, dans le cas de la ville de Parakou.

Avec ce mémoire nous avons tenté d'apporter des éléments de connaissances et de réponse dans une perspective plus large.

L'analyse systémique a permis de mettre en évidence les effets perturbateurs de la gestion défectueuse de l'espace sur le système de gestion des eaux pluviales urbaines. Ce constat de carence met en cause la politique urbaine en général.

L'expérience de la gestion des ouvrages techniques par le recours à la participation de la population s'est avérée peu concluante, du fait de l'absence d'un acteur réellement engagé.

Comme réponse à cette lacune, une piste pourrait être recherchée dans le principe de subsidiarité. Il serait de bonne méthode, pour tirer le meilleur parti de l'apport populaire, de définir de manière précise un rôle et de l'associer à un territoire et à une fonction bien déterminés.

Les conclusions comme les analyses qui les fondent, et formant la matière de cette mémoire de par leur dimension exploratoire, ouvrent des perspectives stimulantes.

C'est pourquoi, notre thème de thèse pourrait s'intituler : « la Gestion durable des Eaux Pluviales Urbaines par la Gestion de l'Espace : Cas de ville de Parakou ».

L'objectif principal de ce travail est donc d'apporter des connaissances sur l'ensemble du système de gestion de l'assainissement des eaux pluviales urbaines (SGAEPU).

Il s'agit d'aborder le problème dans sa globalité avec une approche systémique qui situe la gestion de l'eau dans le système urbain. Cela permet de saisir sous les dimensions intrinsèques et extrinsèques les causes de dysfonctionnement, les contraintes, les potentialités et les impacts du système de gestion de l'assainissement des eaux pluviales urbaines.

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Etude de faisabilité du Plan Stratégique d'Assainissement de la ville de Parakou (Rapport final)

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET PHOTOS

Liste des figures

1

Situation de la ville de Parakou

2

Carte hydrographique de la commune de Parakou

3

Carte pédologique de la commune de Parakou

4

Carte d'occupation du sol de la commune de Parakou

5

Approche à trois pôles : Eaux- Espace- Homme

6

Pluviométrie annuelle à Parakou (1967-2005)

7

Pluviométrie mensuelle à Parakou (1967-2005)

8

Hauteur maximale de pluie en 24 à Parakou (1967-2005)

9

Pluviométrie maximale en 24h (Ajustement par Gumbel et Frechet)

10

Carte topographique de la ville de Parakou

11

Section type d'ouvrage de drainage en maçonnerie

12

Quelques exemples représentatifs de l'état des avaloires et regards

13

Quelques exemples représentatifs de l'état des fossés et exutoires

14

Pratique actuelle d'aménagement de l'habitat et de la voirie

15

Système dual de drainage

 

Liste des tableaux

I

Evolution dans le temps de la population de Parakou

II

Acteurs consultés

III

Profil socio-éducatif des personnes interrogées

IV

Indicateurs climatiques de la ville de Parakou

V

Station pluviométrique de Parakou et ses caractéristiques

VI

Caractéristiques des bassins versants

VII

Caractéristiques du bassin versant N°9

VIII

Equipements d'assainissement pluvial selon la hiérarchie de la voirie

IX

Etat intérieur des regards visibles

X

Etat des regards et avaloirs selon l'activité riveraine

XI

Contribution des ménages pour l'amélioration de la gestion des eaux pluviales

 

Liste des photos

1 & 2

Avaloir bouché

3

Regard ouvert

4

Fossé en maçonnerie

5

Fossé encombré d'ordures

6

Exutoire encombré d'ordures

TABLE DES MATIERS

TABLE DES MATIERES

Liste des sigles et acronymes 1

Avant-propos 2

Résumé 4

Introduction générale 5

Chapitre I: Problématique, objectifs, hypothèses de l'étude et 8

description du cadre de l'étude

I.1. Problématique 9

I.2. Objectifs et hypothèses 10

I.3. Description du cadre de l'étude 11

I.3.1.Situation 11

I.3.2.Relief et sol 13

I.3.3.Milieu urbain 13

I.3.3.1.Démographie 13

I.3.3.2.L'occupation des sols et le tissu urbain 14 Chapitre II: Approches méthodologiques 18

II.1. Approches 19

II.1.1.Approche systémique 19

II.1.2.Approche typologique 19

II.1.3.Approche à trois pôles : eaux- espace- homme 20

II.2. Méthode et collecte des données 21

II.2.1.Entrtiens 21

II.2.2.Enquête socio-technique 21

II.2.3.Enquêtes techniques 24

II.2.4.Visite de terrain 24

II.2.5.Traitement des données 24

Chapitre III: Analyse des phénomènes pluviométriques et 25

du système de gestion des eaux pluviales urbaine

de la ville de Parakou

III.1.Analyse des phénomènes pluviométriques 26

III.1.1.La pluie 26

III.1.2.Mesures pluviométriques 27

III.1.3.Les bassins versants 31

III.1.3.1.Délimitation des bassins versants 31

III.1.3.2.Les caractéristiques physiques des bassins versants 31

III.1.3.2.1.La topographie 32

III.2. Analyse du système de gestion des eaux pluviales urbaines 34

III.2.1.Diagnostic du réseau hydrographique : état, fonctionnement et 34

Gestion

III.2.1.1.Le réseau 34

III.2.1.1.1.L'espace du réseau : territorialisation par type et par 34

Equipement

III.2.1.1.2.Etat, capacité et fonctionnement des ouvrages 35

d'assainissement des eaux pluviales

III.2.1.1.3.Conception et réalisation du réseau 39

III.2.1.1.4.Gestion et appropriation du réseau 39

III.2.1.2.Limite du service municipal et importance des actions locales 39

Chapitre IV: Eléments pour une gestion durable des eaux 41

pluviales urbaines

IV.1. La gestion durable des eaux pluviales urbaines 42

IV.2. La gestion partagée et participation populaire 43

IV.3. Approche de gestion des eaux pluviales urbaines 44

IV.3.1.Système dual de drainage 44

IV.3.2.Maîtrise du ruissellement ou contrôle à la source 46

IV.4.- Mesures techniques et urbanistiques à l'échelle de la ville 47

IV.4.1.Appropriation et revalorisation du réseau artificiel basées sur 48

la concertation

IV.4.2.Intégration et revalorisation de l'espace rivière 49

IV.4.3.Conception intégrée de la voirie dans le cadre bâti et usage 49

du système dual

Conclusion et perspectives pour la thèse 51 Références bibliographiques 54

Liste des figures, tableaux et photos 60

Table des matières 61

Annexes 65

ANNEXES

* 1 L'approche systémique est née à la fin des années 1490 d'un milieu pluridisciplinaire en partant de dilemme annoncé par Pascal "Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tous ainsi que de connaître particulièrement chacune des parties". Le système urbain fait l'une des premiers domaines d'application avec les travaux de J.W. Forrester (urban dynamism) l'un des pères fondateurs de la systémique (Dortier J.F, 1999), L'approche systémique des organisations. In L'organisation. Etat des savoirs. Auxerre : Science Humaines Editions.pp.101-105.

* 2 Le premier travail abordant ces deux systèmes est le manuel réalisé par Wright et McLaughlin pour la ville de Denver, intitulé " Urban storm dtrainage Criteria Manuel," Denver, Colorado, 1968 (Rvard G., 1998).

* 3 Entre autres, le travail de WEF/ASCE intitulé " Désign and construction of urban storm water management systems" , Américan Society of civil engineers/Water and Environnement Federation, New York, 1992.

* 4 In : (Alfakih, 1991)

* 5 Il a été question de tuyau de 4 mètre de diamètre dans un cas d'une ville nouvelle (Dupuy et al, 1992).

* 6 Hertz R . et Maikibi M., bulletin de liaison du CIEH, n°63, 1986, cité par (Bouvier et al.1990).






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