MINISTÈRE DE LA SANTÉ
BURKINA-FASO
**************** ***************
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Unité-
Progrès- Justice
****************
ÉCOLE NATIONALE DE SANTÉ
PUBLIQUE
"DR COMLAN ALFRED A. QUENUM"
****************
DIRECTION RÉGIONALE DE OUAGADOUGOU
****************
SERVICE DE FORMATION DES AGENTS
SPÉCIALISTES
*************** SECTION:
ÉPIDÉMIOLOGIE
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDES
LA MALNUTRITION PROTÉINO-ÉNERGÉTIQUE
ET SES FACTEURS DE RISQUE CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS DANS LE
DISTRICT SANITAIRE DE TOUGAN
Présenté par M .AOUEHOUGON Ouépaké le
7/12/2007 pourl'obtention du diplôme d'attaché de santé en
épidémiologie.
Directeur de mémoire Conseiller de mémoire
Dr. MOYENGA Laurent M. SAWADOGOG.Justin
Médecin épidém iologiste Conseiller de
santé
Maîtrise de santé publique
Année académique :2006-2007
TABLE DES MATIÈRES
IN MEMORIUM VI
DÉDICACES VII
REMERCIEMENTS VIII
LISTE DES ABRÉVIATIONS IX
LISTE DES TABLEAUX XI
LISTE DES FIGURES XIII
LISTE DES ANNEXES XIV
DÉFINITIONS DES TERMES XV
RÉSUMÉ XVII
INTRODUCTION 1
I. PROBLÉMATIQUE 3
1.1. EXPOSÉ DU PROBLÈME .3
1.2. JUSTIFICATION DE L'ÉTUDE 7
1.3. QUESTION DE RECHERCHE .8
1.4. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE .8
1.5. BUT DE L'ÉTUDE .8
1.6. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE .8
II. REVUE DE LITTÉRATURE ET CADRE CONCEPTUEL
10
2.1. LA REVUE DE LITTÉRATURE .10
2.1.1. Généralités sur les
facteurs de risque de la MPE 10
2.1.2. Les principaux résultats de quelques
études sur la MPE 11
2.1.3. La lutte contre la MPE au niveau des centres
de santé et de promotion sociale (CSPS) 14
2.2. LE CADRE CONCEPTUEL .18
2.2.1. Description du cadre conceptuel
18
2.2.2. Schéma du cadre conceptuel
28
III. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
30
3.1. CADRE DE L'ÉTUDE .30
3.1.1. Le Burkina-Faso 30
3.1.2. La région de la boucle du Mouhoun
31
3.2. CHAMP DE L'ÉTUDE : LE DISTRICT SANITAIRE DE
TOUGAN
|
.32
|
3.2.1. Le climat
|
33
|
3.2.2. Données démographiques et
socio-culturelles
|
33
|
3.2.3. Données administratives
|
33
|
3.2.4. Les infrastructures sanitaires
|
33
|
3.2.5. Les activités de santé
|
34
|
3.2.6. Données socio-économiques
|
34
|
3.3. TYPE D'ÉTUDE
|
.35
|
3.4. POPULATION D'ÉTUDE
|
.35
|
3.4.1. Critères d'inclusion
|
35
|
3.4.2. Critères d'exclusion
|
35
|
3.5. ÉCHANTILLONS ET ÉCHANTILLONNAGE
|
.36
|
3.5.1. Échantillons
|
36
|
3.5.2. Échantillonnage
|
36
|
3.6. LES VARIABLES DE L'ÉTUDE
|
.37
|
3.6.1. La variable dépendante
|
37
|
3.6.2. Les variables indépendantes
|
38
|
3.7. MÉTHODES, TECHNIQUES ET INSTRUMENTS DE
COLLECTE DES DONNÉES 40
3.7.1. Méthode 40
3.7.2. Techniques de collecte des données
40
3.7.3. Outils et instruments de collecte des
données 40
3.8. CRITÈRES D'APPRÉCIATION ET
PROCÉDURES DE MESURE DES VARIABLES41
3.8.1. Le niveau socio-économique
41
3.8.2. Suivi de la consultation des nourrissons sains
43
3.8.3. Conduite de la consultation des nourrissons
sains 43
3.8.4. Planification de la lutte contre la MPE dans
les CSPS 44
3.8.6. Classification de la MPE
45
3.8.7. Critères d'appréciation de la
qualité des aliments de sevrage des nourrissons
46
3.8.8. Détermination de l'âge, du poids
et de la taille 46
3.10. DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
52
3.11. LIMITES DE L'ÉTUDE 52
3.12. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
53
3.13. TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNÉES
54
IV. RÉSULTATS 55
4.1. CARACTÉRISTIQUES DES ENQUÊTÉS
55
4.1.1. Les enfants enquêtés
55
4.1.2. Les mères/personnes s'occupant des
enfants 57
4.1.3. Caractéristiques des agents de
santé enquêtés 58
4.2. ÉTAT NUTRITIONNEL DES ENFANTS DE MOINS DE
CINQ ANS DU DISTRICT SANITAIRE DE TOUGAN. 59
4.2.1. MPE globale 59
4.2.2. Distribution de la MPE selon l'âge
60
4.2.3. Distribution de la MPE selon le sexe
60
4.2.4. Les différentes formes de MPE
61
4.3. INFLUENCE DES
CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES, SOCIO- ÉCONOMIQUES ET
CULTURELLES SUR LA MPE .64
4.3.1. Les caractéristiques des enfants
64
4.3.2. L'influence des caractéristiques des
parents sur la MPE 66
4.4. L'INFLUENCE DES INFECTIONS ET DIARRHEES SUR LA
MPE.....70 4.5. LES FACTEURS LIÉS AUX AGENTS DE SANTÉ
71
4.5.1. La planification de la lutte contre la MPE
71
4.5.2. La CNS 74
V. DISCUSSION 77
5.1. DE LA VALIDITÉ DE L'ÉTUDE
77
5.3. DES RÉSULTATS SUR L'ÉTAT NUTRITIONNEL
DES ENFANTS DE MOINS DE CINQANS DANS LE DSDETOUGAN 79
5.4.
DES RÉSULTATS CONCERNANT LES FACTEURS LIÉS AUX ENFANTS ET
À
LEURS PARENTS .81
5.4.1. Les caractéristiques des enfants et la
MPE 81
5.4.2. Les facteurs liés aux parents et
influençant la MPE 85
5.5. DES RÉSULTATS CONCERNANT LE LIEN ENTRE LA
MPE ET LES
PATHOLOGIES (INFECTIONS ET DIARRHEES) .89
5.6. DES RÉSULTATS DE L'ETUDE SUR LA LUTTE QUE
MÈNENT LES AGENTS DE
SANTÉ CONTRE LAMPE .91
5.6.1. La planification de la lutte contre la MPE
91
5.6.2. La CNS réalisée par les agents
de santé 92
VI. SYNTHÈSE 94
VII. RECOMMANDATIONS 98
7.1. RECOMMANDATIONS AUX MEMBRES DE L'ECD DU DS DE TOUGAN
.98
7.1.1. Recommandations à court terme
98
7.1.2. Recommandations à moyen terme
98
7.2. RECOMMANDATIONS AUX AGENTS DES CSPS DU DS DE TOUGAN
.99
7.2.1. Recommandations à court terme
99
7.2.2. Recommandations à moyen terme
99
7.3. RECOMMANDATIONS AUX MEMBRES DES COGES DES CSPS ET
AUX POPULATIONS DU DS DE TOUGAN .100
CONCLUSION 101
RÉFÉRENCES 102
ANNEXES A
ANNEXE 1. GUIDE D'ENTRETIEN INDIVIDUEL AVEC LES
MÈRES OU LES
PERSONNES S'OCCUPANT DE L'ALIMENTATION DES ENFANTS
B
ANNEXE 2. GRILLE D'OBSERVATION DES ENFANTS F
ANNEXE 3. GUIDE D'ANALYSE DOCUMENTAIRE AU NIVEAU DES CSPS
.G
ANNEXE 4. GRILLE D'OBSERVATION DES SEANCES DE CNS PAR
LES AGENTS DE
SANTÉ H
ANNEXE 5. VÉRIFICATION DE LA VALIDITÉ DES
BALANCES UTILISÉES I
ANNEXE 6. LISTES DES VILLAGES TIRÉS AU SORT POUR
L'ENQUÊTE K
ANNEXE 7. AUTORISATION D'ENQUÊTE L
IN MEMORIUM
A mon père KOUDAHIRA Aouehougon.
Tout petit, j'ai reçu de toi la passion d'apprendre
à comprendre. Aujourd'hui encore, cette ardeur demeure et m'a
guidé tout au long de ce travail. Merci, père.
DÉDICACES
Ce document est dédié aux personnes suivantes.
-Ma fille bien-aimée, AOUEHOUGON Sara
Ouèpia Abina.
Chère petite, tu es venue au moment où je
m'appliquais à mieux comprendre la malnutrition des enfants, car
vois-tu, plus des centaines de millions d'enfants en souffrent actuellementdans
le monde.
Que Dieu te préserve, avec tous les enfants de ton
âge, de « cette catastrophe humaine» !
-Ma mère, ABIA Atioguembadaga, toi qui
nous a donné la vie et qui nous a inculqué le devoir de la
préserver à tout prix, que Dieu te bénisse !
- Ma "seconde mère", NABILA Baalidwanou
Madeleine Dinou . Ton soutien et ton affection constants ont
été dùn apport important durant tout ce travail. Puisse le
Seigneur veiller continuellement sur toute ta famille !
-Mon épouse, AGUECOUKRI Simone. J'ai
fait tout ce travail en pensant à notre petite et aux enfants qui
traversent cette tranche d'âge avec elle ou qui y entreront
bientôt. Connaissant ton amour pour elle, ce travail est aussi pour
toi.
REMERCIEMENTS
Nous adressons nos sincères remerciements :
- Au directeur général de l'Ecole Nationale de
Santé Publique et à son personnel.
- Au directeur régional de l'Ecole Nationale de
Santé Publique de Ouagadougou et à son personnelainsi qu'à
tous nos enseignants.
- A notre directeur de mémoire, Docteur M O YEN G A
Laurent, médecin épidém iologiste. Votre démarche
méthodique, votre disponibilité et votre rigueurscientifique nous
ont permis d'apprendre énormément pendant ce travail. Grâce
à vous, nous avons pu réaliser ce travail consciencieusement.
Nous vous en sommes profondément reconnaissants. Que le Seigneur vous
accorde ses abondantes bénédictions!
- A notre conseiller de mémoire, Monsieur SAW ADOGO
Justin, Conseiller de santé, maîtrise de santé publique.
Votre rigueur scientifique, votre soutien constant et votre
disponibilité dans l'encadrement, nous ont été d'un
soutien indispensable, inestimable. Les mots nous manquent pour vous dire merci
comme il convient.
- Au Docteur YAM EOGO Pierre, M CD du DS de Tougan et à
tous ses collaborateurs.Vous nous avez facilité le travail. Votre
chaleureux accueil, votre disponibilité et votre soutien nous ont
été d'une aide inoubliable. Que Dieu bénisse vos
carrières!
- Au Docteur SAW ADO GO Bernard, M CD du DS de O uahigouya et
à tous ses collaborateurs. Merci pour l'encadrement, les encouragements
et le soutien.Que Dieu vous bénisse abondamment!
- A tous nos collègues de la 5ème
promotion des épidém iologistes de l'ENSP. - A tous nos
frères et amis qui n'ont cessé de nous soutenir.Que la
grâce de Dieu surabonde dans vos vies !
- A tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont
aidé dans ce travail. Que Dieu vous bénisse abondamment!
LISTE DES ABRÉVIATIONS
A.A : Accoucheuse auxiliaire
A.I.S : Agent itinérant de santé
A.M .E: Allaitement maternel exclusif
CAT: Conduite à tenir
CDC : Centers for disease controland prevention
CISSE : Centre d'information sanitaire et de surveillance
épidémiologique
COGES : Comité de gestion
C N S : Consultation de nourrisson sain
CREN : Centre de récupération et d'éducation
nutritionnelle
CSD : Conseil de santé de district
CSPS : Centre de santé et de promotion sociale
D S : District sanitaire
ECD : Équipe cadre de district
EDSBF : Enquête démographique et de santé au
Burkina-faso
FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture
IN SD : Institut national de la statistique et de la
démographie
Km2 : Kilomètre carré
Med: Médiane
MPC : Malnutrition protéino-calorique
M PE : Malnutrition protéino-énergétique
NCHS : National center for health statistics
OMS : Organisation mondiale de la santé
p: Degré de signification
PADS : Projet d'appui au développement sanitaire
PAM : Programme alimentaire mondial
PCA : Paquet complémentaire d'activités
PCIM E : Prise en charge intégrée des maladies de
l'enfant
PEC : Prise en charge
PEV : Programme élargi de vaccination
P F: Planification familiale
PMA : Paquet minimum d'activités
PRSS : Projet de renforcement des services de santé
RespCN S : Responsable de consultation de nourrissons sains
RP : Rapport de prévalence
RTH : Road-to-health
SM I: Santé maternelle et infantile
Tdh : Fondation "Terre des hommes"
VAD : Visite à domicile
LISTE DES TABLEAUX
Numéro Titre du tableau Page
Tableau I: Classification de W aterlow de la M PE selon le Z
19
score par rapport à la médiane.
Tableau II: Classifications RTH , de l'O M S et de G om ez de la
20
MPE
Tableau III: Les variables indépendantes quantitatives de
38
l'étude
Tableau IV : Les variables indépendantes qualitatives de
l'étude 39
Tableau V : Critères de classification du niveau socio-
42
économique des ménages
Tableau VI: Critères d'appréciation de la conduite
de la CN S 44
Tableau VII: Critères d'appréciation de la
planification de la lutte 45
contre la M PE au niveau des CSPS
Tableau VIII: Distribution des enfants enquêtés
selon l'âge 55
Tableau IX : Distribution de la M P E selon l'âge 60
Tableau X : Distribution de l'émaciation selon l'âge
chez les 61
enfants de 0 à 59 mois du DS de Tougan
Tableau XI: Distribution du retard de croissance selon
l'âge chez 62
les enfants de 0 à 59 mois du D S de Tougan
Tableau XII: Distribution de l'insuffisance pondérai selon
l'âge 63
chez les enfants de 0 à 59 mois du D S de Tougan
Tableau XIII: Distributions de la M PE selon le statut vaccinal
64
l'âge, le sexe et le rang de naissance
Tableau XV : Distributions de la M PE selon les
caractéristiques 67
démographiques
Tableau XVI: Distribution de la M PE selon l'intervalle inter
68
génésique
Tableau XVII: Distributions de la M PE suivant les
caractéristiques 69
socio-économiques et culturelles
Tableau XVIII: Distribution de la M PE selon la qualité de
70
l'alimentation de sevrage
Tableau XIX : Distributions de la M PE selon la présence
ou 71
l'absence de la diarrhée et de l'infection
Tableau XX : Distribution des scores attribués aux plans
d'action 74
LISTE DES FIGURES
Numéro Titre de la figure Page
Figure1: Modèle simplifié du cycle
malnutrition-infection 10
Figure 2 : Schéma du cadre conceptuel 29
Figure 3 : Pesée dùn enfant en utilisant la balance
Salter 48
suspendue
Figure 4 : Mesure de la longueur de l'enfant - longueur pour les
50
nourrissons et les enfants de 0 à 24 mois
Figure 5 : Mesure de la taille de l'enfant - taille pour l'enfant
de 24 51
mois et plus
Figure 6 : Répartition des enfants enquêtés
selon le statut vaccinal 56
Figure 7 : Répartition des mères/personnes
s'occupant de 58
l'alimentation des enfants selon le niveau socio-
économique du ménage
Figure 8 : Répartition des agents de santé selon la
qualification 59
Figure9: Distribution de la MPE selon le sexe 60
Figure 10: Distribution des différents
éléments d'appréciation des 73
plans d'actiondes CSPS du DS de Tougan
Figure 11: Distribution des différentes actions
réalisées lors des 75
C N S par is agents de santé
Figure 12 : Distribution des scores moyens obtenus par is agents
76
de santé selon la fonction
LISTE DES ANNEXES
Numéro Titre de l'annexe Page
Annexe 1 : Guide d'entretien avec les mères A
Annexe 2 : Guide d'observation des enfants F
Annexe 3 : Guide d'analyse documentaire au niveau des CSPS G
Annexe 4 : Guide d'observation des séances de consultation
des H
nourrissons sains
Annexe 5 : Test des balances utilisées I
Annexe 6: Liste des villages retenus pour l'enquête K
Annexe 7: Autorisation d'enquête L
DÉFINITIONS DES TERMES Nutrition
Selon le Dictionnaire Universel de Poche 1997
[1], la nutrition est l'ensemble des « fonctions digestives et
assimilatrices des aliments ». En d'autres termes, c'est le processus par
lequel l'organisme absorbe les éléments nutritifs pour son bon
fonctionnement et son développement.
Malnutrition
« La malnutrition est un excès, une insuffisance
ou un déséquilibre des apports alimentaires» selon Le
petit Larousse illustré 2000 [2]. L'insuffisance et
le déséquilibre des apports alimentaires sont les formes de
malnutrition les plus répandues dans les pays en développement.
Elles génèrent beaucoup de maladies nutritionnelles dont la M
PE.
Ménage
CO G iL B. [3], en 2003, dans son livre
Guide de mesure des indicateurs anthropométriques,a
défini le ménage comme suit :« Personne qui vit toute seule
ou un groupe de personnes, famille ou non, qui partagent la nourriture ou qui
ont des arrangements communs pour la nourriture et peut-être d'autres
aspects de la vie. Unité la plus petite et la plus courante de la
production, consommation et organisation dans les sociétés
».
Pratiques
Selon Le Petit Larousse illustré 2000
[2], les pratiques sont les « comportements habituels,
façons d'agir». Les pratiques en matière de M PE regroupent
tout ce que font les gens pour empêcher sa survenue ou traiter les
enfants qui en sont atteints. Elles concernent aussi tout ce qui est
habituellement retrouvé dans le comportement des gens et qui peut avoir
une relation avec l'apparition ou le maintien des cas de M PE . Il s'agit en
particulier
de la conduite du sevrage, du suivi de la CNS, du traitement
des enfants m alnutris, de l'alimentation des enfants, de la pratique de la PF,
de l'observance des règles d'hygiène.
Prévalence
Le guide technique pour la surveillance
intégrée de la maladie et de la riposte au Burkina-Faso
d'octobre 2002 [41 définit la prévalence comme
ceci : « le nombre de cas ou de personnes présentant une maladie
(ou tout autre phénomène de santé) dans une population
donnée, sans distinction entre cas nouveaux et anciens. La
prévalence peut s'exprimer pour un moment donné
(prévalence ponctuelle) ou pour une période donnée
(prévalence de période)». Elle renseigne sur l'ampleur du
phénomène au sein de la population.
Le Score Z ou côte Z ou
écart réduit
Dans son livre Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques (2003), COGILL B.[31
adéfinile score Z comme étant une «Mesure
statistique de la distance, en unités d'écarts types, d'une
valeur par rapport à la moyenne. Valeur standardisée
calculée en soustrayant la moyenne de la valeur des données et
ensuite, en divisant les résultats par l'écart type ».
L'écart réduit permet de savoir à combien
d'écarts types une variable observée est éloignée
de la médiane ou de la moyenne. Nous l'avons utilisé pour
apprécier l'étatnutritionnel de chaque enfant de notre
enquête.
RÉSUMÉ
Dans le but de contribuer à l'amélioration de
l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans dans le district
sanitaire (DS) de Tougan, une étude1 transversale analytique
y a été menée du 21 au 29 Août 2007.
Les objectifs de cette étude étaient de
déterminer la prévalence de la malnutrition
protéino-énergétique (M PE) chez les enfants de moins de
cinq ans et d'identifier les facteurs de risque qui sont associés
à cette maladie ainsi que les insuffisances de la lutte que le personnel
de santé mène dans ce domaine.
Les techniques de collecte de données étaient
l'observation, l'entretien et l'analyse documentaire. Quatre types d'outils ont
été utilisés : une grille d'observation pour les enfants,
une autre grille d'observation pour les consultations de nourrissons sains
réalisées par s agents de santé, un guide d'analyse
documentaire pour l'appréciation de la planification de la lutte contre
la M PE au niveau des CSPS et un guide d'entretien adressé aux
mères des enfants enquêtés.
Au total, l'enquête a concerné 330 enfants de
moins de cinq ans. Dans cette tranche d'âge, la prévalence de la
malnutrition globa estde 37.9% [32.7 ; 43.4].
L'étude a permis de mettre en évidence
l'association entre la M PE et certains facteurs. Ce sontnotamment:
le poids de naissance (RP= 2.25,IC à 95% [1.09 ;4.7]),
l'âge (p<10-6),
le nombre d'enfants de moins de cinq ans par ménage
(RP=1.66, IC à 95% [1.24 ;2.21]),
le niveau socio-économique (R P= 1.49, IC à 95%
[1.13 ; 1.96]),
1Mots clés :malnutrition
protéino-énergétique, prévalence, facteurs de
risque, enfants, Tougan.
le suivi de la consultation des nourrissons sains (RP=1.83, IC
à 95% [1.9 ; 32.33]),
le niveau d'instruction de la mère (RP=1.47, IC à
95% [1.03 ;2.11]), l'épisode de diarrhée (R P=1 .99, IC à
95% [1 .54 ; 2 .58]),
l'infection (RP=1.44, IC à 95% [1.09 ;1.90]),
la taille du ménage (R P= 1.42, IC à 95% [1.06 ;
1.89]).
Par ailleurs l'enquête auprès des agents de
santé a permis de constater des insuffisances au niveau de la
planification de la lutte contre la M PE et des CNS.
Pour contribuer à mieux contrôler la
malnutrition, nous avons formulé des recommandations dont l'une estde
mettre à la disposition des prestataires des services de santé du
DS de Tougan une démarche systématique à suivre lors des
CNS.
INTRODUCTION
«Nous, ministres et plénipotentiaires de 159
États, déclarons notre détermination à
éliminer la faim et à réduire toutes les formes de
malnutrition. La faim et la malnutrition sont inacceptables dans un monde qui
dispose à la fois des connaissances et des ressources voulues pour
mettre fin à cette catastrophe humaine ». C'est en ces termes que
commence la déclaration de la conférence internationale sur la
nutrition organisée à Rome en 1992, nous rapporte M ICHAËL
C. L. [51 dans son livre La nutrition dans les pays en
développement (1996).
Plus d'une quinzaine d'années après, le tableau
reste sombre,surtout dans les pays en développement. Le rapport 2005 de
l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO ),
L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde
2005 [61,affirmait que :« Près de 6
millions
d'enfants dans le monde meurent chaque année de maladies
liées à la faim et à la malnutrition ».
Le Burkina-Faso est l'un des pays en développement
où la pauvreté et l'analphabétisme sont parmi les grandes
difficultés qui se posent avec acuité. L'une des
conséquences de cette situation est la persistance des problèmes
de sous-alimentation et de malnutrition.
Il est donc indispensable que tous les acteurs sociaux et tous
les partenaires au développement s'engagent avec plus de dynamisme dans
la lutte contre cette affection, car elle constitue l'un des principaux
obstacles au bien-être et au développement dans nos
communautés.
C'est pour apporter notre contribution à cette lutte
que nous avons décidé d'étudier la malnutrition
protéino-énergétique et ses facteurs de risque chez les
enfants de moins de cinq ans dans le district sanitaire de Tougan.
Notre étude est articulée autour des points
suivants : - laproblématique
- la revue de littérature et le cadre conceptuel
- la méthodologie
- la présentation et l'interprétation des
résultats - la discussion des résultats
- la synthèse des résultats
- les recommandations.
I. PROBLÉMATIQUE
1.1. EXPOSÉ DU PROBLÈME
Face aux problèmes d'insécurité
alimentaire et de malnutrition dans le monde, une série d'ateliers
régionauxetde conférences internationales sur la nutrition a
été organisée ces dernières décennies:
Conférence Mondiale surl'Alimentation à Rome en
1974,
Atelier régional de surveillance nutritionnelle de
Brazzaville en 1988 pour les pays anglophones,
Atelier régional de surveillance nutritionnelle de Bamako
en 1989 pour les pays francophones de l'Afrique de l'Ouest,
Atelier régional de surveillance nutritionnelle de
Kinshasa en 1990 pour les pays francophones de l'Afrique Centrai,
Atelier régional de surveillance nutritionnelle de Maputo
en 1991 pour les pays lusophones,
Conférence Internationale sur la Nutrition (CIN) à
Rome en 1992,
Congrès International de la Nutrition, à
Adélaïde (Australie) en 1993, Sommet Mondial sur l'Alimentation
(SMA) à Rome en 1996.
Au sortir du Sommet Mondial sur l'Alimentation de 1996
à Rome, l'objectif était de réduire de moitié le
nombre de personnes sous alimentées et de deux tiers la mortalité
infantile avant 2015.
Malgré cette volonté politique, force est de
reconnaître que les problèmes liés à la malnutrition
sont actuellement parmi les difficultés de grande ampleur auxquelles
sont confrontés la plupart des pays en développement et
même certains des pays dits développés. «Aujourd'hui,
plus de la moitié de la population mondiale est atteinte par une forme
ou une autre de malnutrition », constatait l'Institut Français de
Recherche pour le Développement (IRD) en 2002 [7]. Les
médias en font mention de façon récurrente.
Selon le Rapport 2005 des Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OM D) des Nations unies [8],
cette affection serait à l'origine de plus de la
moitié des décès d'enfants de moins de cinq
ans dans le monde et plus du quart des moins de cinq ans du monde en
développement en est atteint.
En 2004, le rapport de la FAO, L'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde 2004
[9],donnaitdéjà l'alarme en rapportant que
:«Chaque année, plus de 20 millions de bébés de poids
insuffisant votnt le jour dans les pays en développement». Ce
rapport ajoutait que : «La faim et la malnutrition provoquent des
souffrances humaines atroces, tuent plus de cinq millions d'enfants chaque
année et coûtent aux pays en développement des milliards de
dollars de perte de productivité et de revenus».
Il ressort du Rapport 2005 des OMD des Nations unts
[8] que ce sont les pays en développement, l'Afrique
sub-sahartnne au premtr rang, qui sont les plus touchés par i
problème de la faim et de la malnutrition.
Cette situation se révèiplus préoccupante
si l'on se rend compte que les prévisions ne sont pas optimistes pour
l'Afrique subsahartnne. C'est ce qu'a révélé l'Association
e-Developpem ent (aedev) [10] en 2006 : « Alors que la
sécurité alimentaire est sur le point de s'améliorer au
cours des trente prochaines années, l'Afrique sub-sahartnne restera le
point le plus chaud en matière de malnutrition et de famine». La
tendance est plutôt à la hausse. Sur les 150 millions d'enfants de
moins de cinq ans présentant un déficit pondéral en 2003
sur la planète, le Rapport 2005 des OMD des Nations unts
[8] signalaitque 37 millions étatnt de l'Afrique
sub-sahartnne contre 29 millions dans les années 1990, soit une
augmentation de 8 millions en une décennt.
Au Burkina-Faso, la situation est loin d être meilleure.
En 2002, une étude intitulée Etude spécifique
surPauvreté et santé au Burkina-faso, réalisée
par l'Institut National de la Statistique et de la Dém ographt
(INSD)[11] a révélé que l'insuffisance
pondérai et le retard de croissance touchatnt respectivement 40.3% et
43.1% des enfants de 6 à 59 mois. L'INSD et O RC Macro
[12], à travers L'EDSBF (2003), ontrapporté que
39% des enfants de moins de cinq ans souffratnt de M PE chronique et que 19%
étatnt atteints
de la forme sévère. Ces données sur la
malnutrition montrentclairement que cette maladie concerne un nombre important
d'enfants au Burkina-Faso.
Dans le DS de Tougan, en 1994, une enquête
réalisée par G ERARD P . et ses collaborateurs [13]
a rapporté que 13.7% et 26.2% des enfants de moins de cinq ans
souffraient respectivement d'émaciation et de retard de croissance.
Il est ressorti du Plan d'action 2002 du DS de
Tougan[14], qu'en 1997, 39.9% des enfants de 0 à 10
ans du districtsouffraient de malnutrition chronique et 12.7% de la
formeaiguë.
Face à cette situation, les agents de santé du D S
de Tougan ont adopté les stratégies suivantes:
- formation et recyclage du personnel de santé sur la
consultation des nourrissons sains (CNS);
- CNS en stratégie fixe et avancée ;
- sensibilisation des parents sur la lutte contre la malnutrition
des enfants;
- mise à la disposition des prestataires d 'un guide de
démonstrations culinaires à base de denrées locales avec
l'appui de la fondation "Terre des hommes" (Tdh);
- ouverture de quatre pôles de récupération
des m alnutris modérés dans les CSPS avec l'appui de Tdh ;
- mise en place d'une unité pédiatrique avec un
CREN à l'hôpital du district à l'aide de Tdh;
- organisation régulière des journées
nationales de m icronutrim ents.
Cependant, après plusieurs années d'efforts, le
bilan des premiers responsables sanitaires de la localité lors de
l'élaboration du plan d'action 2002 était décevant. En
effet, leur constat était que : «la M PE reste un important
problème de santé publique dans le district»
[14].
Les annuaires statistiques de la direction des études
et de la planification (DEP) du ministère de la santé
[15] rapportent que les proportions des enfants m alnutris
parmi ceux qui ont été suivis dans le district de Tougan
étaient de
10.9% en 2003, 28.4% en 2004 et 42.2% en 2005. Pendant ce
temps, dans l'ensemble du pays, ces proportions étaient respectivement
de 15.2%, 9.2% et 15.3%. Certes, ces chiffres ne présentent que la
situation partielle parmi les enfants qui ont été suivis au cours
de ces périodes. Néanmoins les observations suivantes peuvent
être formulées:
- la proportion des m alnutris parmi les enfants suivis est
très élevée dans le DS de Tougan par rapport à la
moyenne nationale ;
- la malnutrition semble prendre de l'ampleur au fil des
années dans la province du Sourou qui est pourtant habituellement
considérée comme l'un des greniers de notre pays.
Cette situation paradoxaidans le district sanitaire de Tougan
est probablement liée à la conjugaison de plusieurs facteurs au
nombre desquels on a:
- Les facteurs liés aux parents des enfants : pratiques
inadéquates en matière d'alimentation et de sevrage des
nourrissons, irrégularité des consultations de nourrissons sains
(CNS), non espacement de certaines naissances, existence d'interdits
alimentaires aux enfants, refus des références aux centres de
récupération nutritionnelle, analphabétisme des parents,
faible niveau socio-économique des ménages.
- Les facteurs liés aux agents de santé :
insuffisances de la planification de la lutte contre la M PE, insuffisances de
la conduite des CNS, inexistence de démonstrations culinaires dans
certains centres de santé, absence dans certains CSPS de visites
à domicile pour le bon suivi des enfants m alnutris ou à risque,
relâchement du suivi nutritionnel des enfants après l'âge d
ùn an.
- Les facteurs liés aux enfants : infections,
diarrhées, faible poids de naissance, sexe.
Pour mieux comprendre cette situation et apporter notre
contribution à la lutte contre la malnutrition, nous avons mené
une investigation suris facteurs de risque de la M PE chez les enfants de moins
de cinq ans dans le DS de Tougan.
1.2. JUSTIFICATION DE L'ÉTUDE
Plusieurs raisons nous ont emmenés à nous
intéresser au problème de la M PE dans le district sanitaire de
Tougan.
D'abord, notre expérience professionnelle dans le
district nous a confrontés aux souffrances et décès dus
à la malnutrition d'un nombre important d'enfants. Nous avons donc
décidé de mieux comprendre ce problème pour contribuer
à mieux le contrôler.
Ensuite, notre étude devrait permettre de situer le
niveau actuel du problème, étant donné que la
dernière enquête nutritionnelle dans le district remonte à
Mars 1997. Cela pourraitservirde repère pour les planificateurs.
C'estaussi une occasion pour les agents de santé et les autres
intervenants d'apprécier les résultats de leurs efforts dans ce
domaine. Ils pourraient juger objectivementde l'impactde leurs
stratégies d'intervention. C'est en particulier le cas de la fondation
"Terre des hommes" qui oeuvre dans le district depuis 1986.
Ilétaitaussinécessaire,à notre avis, de
rechercher et de mettre à jour les facteurs de risque associés
à laM PE dans le DS de Tougan. Nous pensons qu'une meilleure
connaissance de ces facteurs pourraitaider à réajuster les
stratégies et les activités de lutte contre cette maladie qui
semble être parmi les plus fréquentes chez les enfants de moins de
cinq ans dans le district sanitaire de Tougan.
En plus, nous avions pour ambition de contribuer, par notre
étude, à la réalisation dans le district sanitaire de
Tougan, du troisième objectif intermédiaire du Plan National de
Développement Sanitaire 2001- 2010 qui vise à renforcer la lutte
contre les maladies transmissibles et non transmissibles dont fait partie la
MPE. En effet, nous entendions susciterun nouvel élan dans la lutte
contre cette maladie par la détermination de son ampleur ainsi que
l'identification de certaines des insuffisances que comporte l'action des
prestataires.
Enfin, sachant que la malnutrition est responsable d'une
grande partie de la morbidité et de la mortalité des enfants, une
réduction notable de sa prévalence contribuera, sans doute,
à un meilleur état de santé des enfants et, partant,
aidera un tant soit peu à la création des conditions favorables
au bien- être et au développement au sein de nos
communautés. Sans un état nutritionnel satisfaisant, il sera
difficile d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement.Ceci paraît plus évident si l'on se rappelle
que chaque année, la malnutrition coûte aux pays en
développement, en plus des millions de décès,des milliards
de dollars de pertes de productivité et de revenus.
1.3. QUESTION DE RECHERCHE
Quels sont les facteurs de risque de la M P E chez les enfants de
moins de cinq ans dans le district sanitaire de Tougan?
1.4. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
- Des facteurs socio-économiques, culturels et
démographiques sont associés à la M PE chez les enfants de
moins de cinq ans dans le DS de Tougan.
- Les infections et les diarrhées sont associées
à la M PE chez les enfants demoins de cinq ans dans le DS de Tougan.
- Les activités de lutte que mènent les agents de
santé contre la MPE dans le DS de Tougan comportentdes insuffisances.
1.5. BUT DE L'ÉTUDE
Contribuerà l'amélioration de l'état
nutritionnel des enfants de moins de cinq ans dans le DS de Tougan.
1.6. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE -
Objectif général
Étudier les facteurs de risque de la M PE chez les enfants
de moins de cinq ans dans le DS de Tougan.
- Objectifs spécifiques
Déterminer la prévalence de la M PE chez les
enfants de moins de cinq ans dans le DS de Tougan.
Identifier les caractéristiques démographiques,
socio-économiques et culturelles des populations qui constituent des
facteurs de risque de la MPE dans le DS de Tougan.
Apprécier les insuffisances de l'action des prestataires
dans la lutte contre la malnutrition des enfants dans le D S de Tougan.
Faire des recommandations pour réduire la
prévalence de la M PE chez les enfants de moins de cinq ans dans le D S
de Tougan.
II. REVUE DE LITTÉRATURE ET CADRE CONCEPTUEL
Nous avons articulé notre revue de littérature
autour des points suivants : les facteurs de risque de la M PE au sein des
communautés, les activités de lutte contre la M PE au niveau des
CSPS et le cadre conceptuel.
2.1. LA REVUE DE LITTÉRATURE
2.1.1. Généralités sur les facteurs
de risque de la MPE
La M PE est une maladie nutritionnelle. Ses manifestations
sont variées. Elles peuvent aller d'une perte de poids ou d'un retard de
croissance à des syndromes cliniques très sévères
;environ 16 500 enfants en meurent chaque jour, soit un décès
d'enfant toutes les cinq secondes, selon le rapport 2005 de la FAO
[6],L'insécurité alimentaire dans le
monde 2005.
Dans son livre La nutrition dans les pays en
développement (1996), le Professeur(Prof.)M ICHAËL C. L
[5] a déclaré que la M PE résulte d'un
déficit en m acronutrim ents et est très souvent associe à
des infections. La figure suivante montre l'intrication entre infection et
malnutrition.
Figure 1. Modèle simplifié
du cycle malnutrition-infection
Source : FAO. Agriculture, alimentation et nutrition en
Afrique, 1996 f16].
Cette figure montre que la malnutrition est l'une des
conséquences des infections. La perte d'appétit,
l'altération de la muqueuse intestinale et l'augmentation des besoins
nutritionnels qui résultent des infections et diarrhées
favorisent l'apparition de la malnutrition.
Inversement, la malnutrition réduit la
résistance de l'organisme aux infections et autres maladies tout en
majorant leur gravité et leur durée. C'est donc un cercle vicieux
qui s'installe et dont la rupture est fort difficile, dans certains cas,
même avec l'assistance des services de santé
spécialisés.
Il convient néanmoins de signaler que ces facteurs
immédiats interviennent souventaprès l'action conjuguée de
plusieurs autres facteurs sous-jacents.
Le prof. M ICHAËL C. L [5] a
souligné, dans son livre La nutrition dans les pays en
développement (1996), que six facteurs sont particulièrement
importants à considérer dans la lutte contre la malnutrition. Ces
six facteurs (les six "P") sont:
- Production :essentiellement agricole et alimentaire ;
- Préservation des aliments :pour éviter le
gaspillage et les pertes;
- Population : ce qui a trait à l'espacement des
naissances au sein d'une
famille ainsi qu'à la densité de la population dans
une région ; - Pauvreté : problèmes économiques;
- Politique : car l'idéologie, les choix et les actions
politiques influencent la nutrition ;
- Pathologie : car les maladies, en particulier, les infections
nuisent à l'état nutritionnel.
En étudiant cette liste, on se rend compte que les
facteurs de risque de la M PE sont multiples et intéressent beaucoup
d'autres secteurs que celui de la santé.
2.1.2. Les principaux résultats de quelques
études sur la MPE
Des études ont déjà été
menées sur les facteurs de risque de la MPE. Mentionnons d'abord celle
de KIRERE M ATH E M . et collaborateurs [17]. C'est
une étude transversale qui a été
menée en Mai 1999 dans une aire sanitaire rurale du nord-est de la
République Démocratique du Congo. Elle a porté sur 326
enfants de 0 à 59 mois. Cet échantillon a été
obtenu par la démarche ci- après:
- 30% des ménages de chacun des sept quartiers de
l'aire sanitaire ont été choisis de façon
aléatoire, soit en tout 260 ménages sur un total de 868.
- Dans les ménages sélectionnés, tous les
enfants de la tranche d'âge concernée dont l'un au moins des
parents était présent ont été inclus dans
l'échantillon.
Les données concernant l'âge, le poids, la taille
et le périmètre brachial des enfants ont été
recueillies à l'aide d'une grille d'observation. En outre, les facteurs
de risque ont été recherchés à travers un
questionnaire adressé à l'un des parents, de
préférence la mère.Voici certains des résultats
obtenus :
- Prévalence de la malnutrition chronique (poids faible
pour âge) :
25.15% [ICà 95% ;20.44 à 29.86];
- P révalence de la malnutrition aiguë (poids/taille
faible) :12 .58% [IC à 95% ; 8.98 à 16.18];
- Facteurs de risque associés à la MPE :
sevrage avec aliments non variés (pâte de
manioc),
taille du ménage supérieure ou égale
à six personnes, niveau analphabète de la mère,
mauvaise hygiène dans le milieu de vie de l'enfant,
niveau socio-économique médiocre de la famille.
Citons aussi l'étude intitulée Aspects
épidémiologiques de la malnutrition infanto-juvénile
à Cotonou réalisée en 2006 au Bénin par
SINNAEVE O., TESTA J., ABLEFONLIN E. et AYIVI B. [18]. C'est
une étude transversale descriptive qui a concerné 1085 enfants de
0 à 36 mois. L'objectif de cette étude était
d'établir le taux de malnutrition et de préciser ses
caractéristiques. Les auteurs ont pris les mesures
anthropométriques des enfants et adressé un questionnaire
à leur mère. Voici certains de leurs principaux
résultats:
- 20.6% des enfants ont présenté un retard de
croissance ;
- la malnutrition était significativement liée
à un antécédent de
malnutrition dans la fratrie, au niveau socio-économique
bas, à un
défaut quantitatif de la ration alimentaire des 24
dernières heures, à
la régularité du suivi médical.
Des études similaires ont été menées
au Burkina-Faso. Celle que
OU EDRAOGO V .M .[19] a réalisée
pour sa thèse de doctorat en 1982 était intitulée
:Malnutrition protéino-calorique chez les enfants de moins de cinq
ans au centre hospitalier national Yalgado O uédraogo. C'est une
étude rétrospective descriptive qui a été faite en
1982 au centre hospitalier national Yalgado O uédraogo de
Ouagadougou.
L'enquête a concerné 1376 dossiers d'enfants de
moins de cinq ans hospitalisés. Cet échantillon a
été obtenu par choix raisonné :tous les enfants de la
tranche d'âge hospitalisés d'Octobre 1981 à Mars 1982 au
CREN du CHNYO ont été retenus. La revue documentaire portant sur
les dossiers de ces patients a été utilisée comme
méthode de collecte des données. L'analyse des résultats a
montré que :
- 75% des cas de kwashiorkor étaient survenus après
le sevrage ; - la moyenne de la date de sevrage était de 17 mois;
- 50% des mères des cas présentaient une
multiparité élevée ;
- 71.5% des enfants des primipares étaient atteints de
marasme;
- 100% des m alnutris avaient présenté une
infection à l'entrée ou
au cours de l'hospitalisation.
Une autre étude qui s'est intéressée
à l'état nutritionnel des enfants au Burkina- Faso, c'est la
troisième Enquête Démographique et de Santé du
Burkina Faso (EDSBF-III)[12]. C'est une enquête par
sondage, représentative au niveau national, commanditée par le
Ministère de l'Economie et du Développement et conduite par
l'INSD . L'un des objectifs de l'EDSBF-III était d'évaluer
l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans et celui des
femmes. Cette enquête s'est déroulée de juin à
décembre 2003. Elle a
concerné 9097 ménages, 12 477 femmes
âgées de 15-49 ans, 3 605 hommes de 15-59 ans et 8 628 enfants de
moins de cinq ans. Concernant l'état nutritionnel des enfants,
l'enquête a montré, entre autres, que :
- la malnutrition chronique touchait 39% des enfants;
- 19% des enfants étaient atteints de malnutrition aigue
modérée; - 38% des enfants accusaient une insuffisance
pondérai.
Mentionnons également l'étude que l'INSD
[11] a menée en 2002 et qui s'intitule : Etude
spécifique surPauvreté et santé au Burkina-Faso. C'est
une étude transversale basée sur is résultats de
l'Enquête Prioritaire II réalisée par l'IN SD en 1998.
L'enquête a concerné 8478 ménages dont 2593 en vili et 5885
en milieu rural. En termes d'individus, l'échantillon était
composé de 63509 personnes. Lùn des objectifs de l'étude
étaitd'étudier de façon spécifique l'état
sanitaire des ménages pauvres en mettant l'accent sur les enfants. En ce
qui concerne la malnutrition, les résultats suivants ont
été obtenus par la régression logistique :
- l'insuffisance pondérai est significativement
influencée par le niveau de vie du ménage, le niveau
d'instruction de la mère, le sexe de l'enfant et l'épisode de
diarrhée ;
- le retard de croissance est significativement influencé
par le niveau de vie et le niveau d'instruction de la mère ;
- l'émaciation est significativement influencée par
l'épisode de diarrhée et la taille.
Ces différentes études indiquent aussi que is
facteurs de risque de la M PE semblent multiples et d'origines diverses.
2.1.3. La lutte contre la MPE au niveau des centres de
santé et de promotion sociale (CSPS)
Les directives nationales sur la planification sanitaire, les
outils de la PCIM E, les normes de croissance des enfants ainsi que les
recommandations lors des supervisions des agents de santé devraient
permettre à ces derniers de mener à bien la lutte contre la
MPE.
Au niveau des CSPS, le processus de planification impliquant
les communautés est, depuis l'Initiative de Bamako, le cadre
privilégié de la collaboration entre les agents de santé
et les populations face aux multiples problèmes de santé.
Une lutte efficace contre la MPE commence donc
nécessairement par une planification rigoureuse qui tient compte au
minimum des axes stratégiques suivants:
- suivi nutritionnel régulier de chaque enfant avec
application de la démarche de la PCIME lors des consultations de
nourrissons malades;
- communication avec les parents sur la lutte contre la M PE ;
- démonstrations culinaires régulières au
profit des mères.
La PCIME est l'une des approches recommandées par l'OMS
ces dernières années pour promouvoir la croissance et la
protection des enfants. Au sujet de la malnutrition, les directives de la PC IM
E [20] indiquent que : « L'état nutritionnel doit
être évalué chez tous les enfants malades ». La
démarche peutêtre résumée ainsi qu'il suit.
- Evaluer l'état de l'enfant.
- Classer l'enfant selon l'évaluation de son
état : malnutrition sévère, poids très faible pour
l'âge, pas de poids très faible pour l'âge.
- Expliquer la situation de l'enfant à la mère.
- Identifier et appliquer la conduite à tenir
adéquate.
- Assurer le suivi de l'enfant.
Les outils utilisés sont les tableaux d'évaluation
des enfants d'une semaine à deux mois et ceux d'évaluation des
enfants de deux mois à cinq ans.
Quant au suivi nutritionnel, il fait partie du paquet minimum
d'activités des CSPS . IL permet:
- de suivre la croissance staturo-pondérale et
ledéveloppement psychomoteurdes enfants;
- d'assurer iur vaccination selon le calendrier du programme
élargide vaccination.
Dans l'étude qu'a menée N IKIEM A P .
[21] pour sa thèse de doctoraten 2003 titrée
Étude de l'utilisation des fiches de prise en charge nutritionnelle
des enfants par le personnel des services de santé de la vili de
Ouagadougou, les agents de santé ont décritl'importance de la
surveillance de la croissance des enfants en ces termes:
- la prise du poids permet de suivre la croissance de
l'enfant, d'avoir une idée sur sa santé et de détecter
d'éventuelles anomalies ; à partir de l'observation de
l'évolution du poids, on peut se rendre compte de cas de malnutrition et
envisager une prise en charge rapide ;
- la courbe de suivi de la croissance permet de
connaître l'évolution sanitaire de l'enfant, de pouvoir prendre
des décisions sur sa santé et de faire des recommandations aux
mères;
- l'explication de l'état nutritionnel des enfants aux
parents permet d'impliquer ceux-ci dans le suivi de l'évolution de
l'enfant.
Les outils utilisés à cet effet sont : la fiche
infantile, les normes de croissance des enfants, le registre de consultation de
nourrissons sains et le carnet de santé maternelle et infantile (SMI),
couramment appelé carnet bleu.
Le suivi de la croissance se fait à travers les
pesées à chaque rendez-vous. L'enfant doit être pesé
nu ou très légèrement habillé, la balance bien
tarée. Le poids est immédiatement reporté sur i carnet et
la fiche infantile. Cela permet d'apprécier l'évolution de son
état nutritionnel, de l'expliquer à sa mère et d'adopter
la conduite à tenir indiquée.
Si l'état nutritionnel de l'enfant est normal, la
courbe de suivi est croissante et se trouve dans la portion dite "chemin de la
santé"(Road-to-health). Dès que la courbe stagne et commence
à former un plateau, c'est une alarme qui doit conduire à
rechercher et traiter un problème nutritionnel ou une diarrhée ou
une infection. La prise en charge correcte et rapide du problème
à ce stade
permet d'éviter l'installation d'une malnutrition. Si
malgré ces mesures, la courbe décline, il s'agit d'une urgence
nutritionnelle qu'il convient de référer diligemment à une
structure pédiatrique possédant un CREN pour un traitement mieux
adapté.
Quant aux démonstrations culinaires, elles sont
nécessaires à cause des pratiques alimentaires souvent
inadéquates au sein de nos communautés surtout dans le domaine de
l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants. Au niveau des CSPS, les
démonstrations culinaires consistent généralement à
apprendre aux mères les procédures de préparation de
bouillies enrichies à base de laits importés ou de denrées
locales. Il existe des références pour la préparation de
bouillies enrichies à base de produits locaux et chaque CSPS devrait en
posséder au moins un exemplaire.
À partir de ces axes stratégiques, plusieurs
activités peuvent être réalisées. Beaucoup de ces
activités sont menées dans la plupart des CSPS même si les
normes requises ne sont pas toujours respectées. Ces activités
peuvent être regroupées ainsi qu'il suit.
- Évaluer régulièrement l'état
nutritionnel de chaque enfant selon son âge, identifier la conduite
adéquate à tenir, l'expliquer aux parents et veillerà
l'application de cette conduite à tenir.
- Appliquer la démarche de la PC IM E à toute
consultation d'enfant de moins de cinq ans : évaluer, classer et
appliquer la conduite à tenir adéquate.
- Apprendre aux mères la préparation d'aliments
de complément adaptés aux enfants de moins de cinq ans, en
particulier à ceux en période de sevrage. Entretenir avec les
parents une communication sur is différents thèmes d'importance
en santé.
- Planifier et évaluer périodiquement
l'exécution des activités en collaboration avec la
communauté.
2.2. LE CADRE CONCEPTUEL
2.2.1. Description du cadre conceptuel
La revue de littérature et l'étude des variables
permettentde comprendre que la lutte contre la malnutrition està la fois
multidisciplinaire etm ultisectorielle : les gouvernants, les
économistes, les agronomes, les industriels, les enseignants, les
démographes, les parents des enfants et le personnel de santé ont
tous un rôle important à jouer. Toutefois, nous pensons que ce
sont les efforts conjugués des agents de santé et des parents des
enfants qui peuvent avoir un impact significatif plus rapide et durable dans la
lutte contre cette maladie. En effet, certains des facteurs qui influencent la
M PE peuvent être favorablement et plus promptement modifiés par
leurs interventions concertées.
2.2.1.1. La variable dépendante
La variable dépendante de notre étude est la
MPE. Dans son livre Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques (2003), COG iL B. [3] a
défini la M PE comme étant une : « Sous-alimentation qui est
due au fait qu'une personne ne reçoit pas la quantité de
protéines ou de calories que demande une croissance normale et
l'énergie nécessaire pour des activités humaines
ordinaires ».
La M PE est donc une affection nutritionnelle due à une
insuffisance ou à un déséquilibre des apports alimentaires
en énergie et/ou en protéines. Trois types d'indices sont souvent
utilisés pour dépister la M PE chez les enfants.
- L'indice poids/taille (P/T) qui permet de dépister la
malnutrition aiguë. Un indice poids/taille inférieur ou égal
à moins deux écarts types indique la présence d'une
malnutrition aiguë aussi appelée émaciation.
- L'indice taille/âge (T/A) utilisé pour
apprécier la croissance staturale par rapport à l'âge.
Quand cet indice est faible, on parle de retard de croissance ou malnutrition
chronique ou rabougrissement.
- L'indice poids/âge (P/A) avec lequel on dépiste
l'insuffisance pondérai. Lorsque cet indice se situe en dessous de deux
écarts types de l'indice moyen de la population de
référence, on dit qu'il s'agit d'une insuffisance
pondérai.
En se basant sur ces indices, plusieurs classifications ont
été proposées pour déterminer chez chaque enfant le
type et la gravité de la malnutrition en question.
- Classification de W ate rlow : elle est basée sur
l'âge, le poids et la taille.
Elle utilise les pourcentages par rapport à la
médiane ou les scores Z. Le tableau suivant montre la classification de
la M PE dite classification de Waterlow.
Tableau I. Classification de W ate rlow
de la M PE selon le Z score par rapport à
la médiane.
Indice taille/âge (en Z score)
|
Indice poids/taille (en Z score)
|
Inférieur ou égalà -2 Supérieur
à -2
|
Inférieur ou égale Retard de croissance Retard de
croissance
à -2 plus émaciation
Supérieur à -2 Emaciation Normal
Source: Université de Ouagadougou: Nutrition
pédiatrique et santé publique, 2003
f22].
- Classifications RTH , de l'OM S et de Gom ez :elles utilisent
aussi les pourcentages par rapport à la médiane ou les scores
Z.
Le tableau suivant montre ces différentes
classifications.
Tableau II. Classifications RTH ,
de l'OM S et de Gom ez de la MPE. Système Valeur seuil Classification de
la malnutrition
OMS
RTH
G omez
|
<-1 à -2 score Z Bénin
< -2 à > -3 scoreZ Modéré
< -3 score Z Grave
> 80% de la Med Normal
60% à 80% de la Med Bénin à
modéré
<60% de la Med Grave
>90% de la Med Normal
75% à < 90% de la Med Bénin
60% à < 75% de la Med Modéré
< 60% de la Med Grave
|
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
Dans notre étude, nous avons utilisé la
classification de l'OM S pour identifier les enfants m alnutris. De plus,
étant donné que la présence d'oedèm es peut masquer
temporairement la perte de poids, tout enfant présentant des
oedèmes bilatéraux des membres inférieurs prenant le godet
a été classé comme cas de M PE.
2.2.1.2. Les variables indépendantes
Les variables indépendantes de notre étude sont
les facteurs de risque de la MPE. Selon le livre
Statistiques/Épidémiologie (2004) de ANCELL T.
[23], le facteur de risque est «tout événement
(alimentaire, comportemental, génétique, environnemental,
iatrogène, etc.) pouvant favoriser la survenue d'une maladie ».
En d'autres termes, c'est toute caractéristique, tout
phénomène ou toute
condition de vie qui expose une personne ou
un groupe de personnes à un
danger accru de contracter ou de développer un processus
morbide ou d'en subir plus particulièrement les effets dommageables.
Nous pensons que les facteurs de risque de la M PE sont de
plusieurs ordres, allant de l'environnement pathogène aux
caractéristiques socio-économiques et culturelles des
populations. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes
particulièrementintéressés aux facteurs suivants :
- les facteurs liés aux enfants;
- les facteurs liés aux des enfants parents;
- les facteurs liés aux agents de santé.
2.2.1.2.1. Les facteurs liés aux enfants
L'infection
Selon le Dictionnaire de médecine Flammarion
2001, l'infection c'est « la pénétration dans un
organisme dùn agent étranger (bactérie, virus, champignon,
parasite) capable de s'y multiplier et d'y induire des lésions
pathologiques» [241.
Au cours de notre enquête, nous avons
considéré comme infecté tout enfant qui présentait
de la fièvre ou qui était sous un traitement anti-infectieux
institué par un agent de santé.
La diarrhée
Le Dictionnaire de médecine Flammarion 2001
définit la diarrhée comme suit : «toute augmentation du
débit fécal quotidien dùn ou de plusieurs constituants
normaux de la selle » [241.
De façon opérationnelle, nous avons
considéré qu'un enfant souffrait de diarrhée s'il faisait
plus de trois selles liquides par jour.
Étant donné l'immaturité du
système immunitaire des enfants, il est compréhensible que les
infections et les diarrhées soient fréquentes et graves au sein
de cette tranche d'âge. Or, la relation entre les infections et la
malnutrition semble très étroite comme le suggère le cycle
malnutrition-
infection que nous avons déjà décrit. Il est
donc indispensable que tout soit mis en oeuvre pour éviter ces
pathologies ou du moins les réduire au minimum si l'on vise la
réduction de la malnutrition des enfants.
Le poids de naissance
C'est le poids d'un enfant mesuré à sa
naissance. Selon les normes retenues au Burkina-Faso, le poids de naissance est
jugé faible s'il est inférieur à 2500 grammes (g). Il
permet de vérifier, entre autres, si l'enfant a pu se développer
normalement durant sa vie intra utérine. Un faible poids de naissance
indique souvent que l'enfant a déjà été
confronté à un problème qui a entravé son
développement normal, ce qui aggrave sa fragilité naturelle et
peut favoriser la survenue d'une malnutrition. Par contre, un poids de
naissance normal laisse supposer qu'aucun problème n'a pu freiner
sérieusement sa croissance intra utérine et que sa vie extra
utérine commence sans problème majeur de malnutrition.
L'état vaccinal
Il représente le statut de l'enfant vis-à-vis
des vaccins du Programme Elargi de Vaccination (P EV). Le calendrier vaccinal
recommandé par le PEV est le suivant:
-BCG et polio zéro à la naissance.
-DTC P-Hep-Hib première dose à 8 semaines.
-DTCP-Hep-Hib deuxième dose à 12 semaines.
-DTCP-H ep-H ib troisième dose à 16 semaines.
-VAR et VAA à 9 mois.
Un enfant qui a reçu toutes ces doses avant son premier
anniversaire en respectant les intervalles minimums préconisés
entre les doses est dit complètement vacciné (CV). Un enfant
complètement vacciné estdonc déjà
protégé contre un certain nombre de maladies infectieuses dont la
diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la fièvre jaune, la
rougeole. C'est dire que ces maladies ne peuvent plus constituer chez lui le
lit de la M PE.
2.2.1.2.2. Les facteurs liés aux parents des
enfants
Ïs sont constitués des caractéristiques
démographiques des populations, de l'organisation sociale, des codes de
conduite, de leurs valeurs, des connaissances, des pratiques, des conditions de
vie.
Les facteurs démographiques
Ïs regroupent les éléments comme la taille
et la structuration de la population par sexe et par âge, la
fécondité, l'accroissement naturel, etc. A notre avis, les
facteurs démographiques qui pourraient significativement influencer la
malnutrition des enfants sont : la taille des ménages, la parité
des mères, l'espacement des naissances, le nombre d'enfants de moins de
cinq ans par ménage.
La taille des ménages : il
s'agit du nombre de personnes par ménage. Un nombre raisonnable permet
de subvenir plus aisément aux besoins nutritionnels de chaque membre.
Dans les conditions actuelles de paupérisation croissante, il est
évident que les membres d'un grand ménage ont plus de mal
à se procurer les aliments en quantité et en qualité
suffisante, surtout pour les enfants en bas âge en milieu rural et dans
les zones périurbaines.
La parité des mères :
c'est le nombre d'accouchements par mère. Si ce nombre est
réduit, la mère a plus de temps et de force physique, en plus des
autres ressources à consacrer à chacun de ses enfants, en
particulier au plus jeune. Elle pourra donc mieux s'occuper de ses soins de
santé et de son alimentation, toutes choses qui concourent au bon
développement de celui-ci.
Le nombre d'enfants de moins de cinq ans par
ménage : à notre avis, c'est lùn des
facteurs les plus importants dans la lutte contre la malnutrition car les
enfants de cette tranche d'âge exigent plus d'attention et de soins. Un
grand nombre nécessite plus de ressources pour une alimentation
adéquate et des soins de santé adaptés ; or
la situation économique des ménages est très souvent
précaire.
L'espacement des naissances : c'est
le fait de planifier les naissances de sorte qu'il y ait un intervalle
adéquat entre deux enfants qui se suivent. C'est une pratique
indispensable pour le bien-être des enfants en bas âge. En effet,
après un nouvel accouchement, l'attention des parents est plus souvent
tournée vers l'enfant qui vient de naître, délaissant plus
ou moins son grand frère. Si ce dernier n'a pas l'âge de supporter
cette privation, il devient plus vulnérable face à la MPE. Mais
un couple qui pratique la planification familiale pourra choisir le moment
propice pour son plus jeune enfant et pour toute la famillede rechercher un
autre enfant. Ce jeune enfant aura ainsi l'opportunité de profiter le
plus longtemps possible du lait maternel, de ses soins et de l'attention de
toute la famille pour croître convenablement.
Les facteurs socio-économiques et
culturels
Nous avons identifié certains facteurs
socio-économiques et culturels qui semblent influencer fortementla
malnutrition des enfants.
L'instruction des parents :
l'instruction c'est l'action de former, de donner une éducation, un
enseignement à une personne.Comme il est très difficile
d'apprécier en peu de temps toute l'éducation et la formation
reçue par une personne, ce concept a été restreint
à l'alphabétisation ainsi qu'à la formation scolaire ou
universitaire. Des parents instruits peuvent comprendre plus facilement le
mécanisme de survenue de la M PE au lieu de la relier à l'action
de génies comme le rapportait en 2003 ILBOUDO I. [25]
dans son mémoire Étude des facteurs
déterminant la survenue de la M PE chez les enfants de 0 à 59
mois dans le district sanitaire de Kom bissiri. Ainsi, ils pourront
adhérer plus facilement aux stratégies préconisées
par la science pour la prévention et le traitement rapide de la
malnutrition.
Le niveau socio-économique :
C'est la situation d'une personne ou d'un groupe de personnes sur i plan social
et sur le plan économique. On combine les caractéristiques
à ces deux niveaux afin d'apprécier les conditions de vie. Un bon
niveau socio-économique est indispensable au bien-être de tous les
membres d'un ménage, en particulier aux plus petits. Un bon logement,
l'accès aux soins de santé primaires, la disponibilité des
aliments ou la capacité de s'en procurer quand le besoin se fait sentir
sont, par exem pi, d'une importance capitale dans la lutte contre la
malnutrition.
L'alimentation lors du sevrage: le
sevrage est le « remplacement progressif de l'allaitement par une
alimentation plus solide », selon le Dictionnaire Universel de Poche
1997 [1]. En d'autres termes, c'est l'action d'amener
l'enfant à se nourrir autrement qu'au sein. C'est une transition qui
doit se faire graduellement pour que l'enfant ait le temps de s'adapter
à cette exigence d'ordre naturel. Actuellement, l'allaitement maternel
exclusif est recommandé jusqu'à six mois. A cet âge,
l'introduction d'aliments de compléments adaptés doit se faire
avec discernement afin de satisfaire les besoins nutritionnels de l'enfant que
le lait seul n'arrive plus à couvrir. Ces aliments doivent prendre de
plus en plus d'importance dans la ration alimentaire pour finalement remplacer
complètement le lait maternel qui devient parallèlement de plus
en plus rare à mesure que grandit l'enfant et que s'élargissent
les intervalles entre les tétées. L'alimentation est correcte si
elle satisfait les besoins nutritionnels de l'individu tout en étant
équilibrée, variée et suffisante. Une bonne alimentation
lors du sevrage permet de couvrir tous les besoins nutritionnels de l'enfant,
ce qui favorise une croissance normale tout en lui permettant de lutter
efficacement contre certaines infections.
Le suivi de la CNS : c'est la
régularité des consultations de l'enfant selon les
périodicités recommandées dans le carnet SMI. Un suivi
régulier de l'état nutritionnel permet de dépister
rapidement les enfants à risque et de les prendre en charge de
façon à éviter l'installation de la malnutrition.
Les interdits alimentaires : dans
certaines communautés, le code social impose l'exclusion de certains
aliments de la ration alimentaire. Malheureusement, en ce qui concerne les
enfants, il s'agit très souvent d'aliments particulièrement
utiles comme les oeufs et la viande qui sont très nutritifs et dont ils
ont le plus besoin pour leur croissance. En lieu et place, ils sont souvent
gavés de décoctions qui n'apportent presque rien sur le plan
nutritionnel tout en les exposant aux infections et diarrhées. Dans les
communautés où ces comportements sont répandus, toute
intervention contre la malnutrition infantile devrait chercher à les
réduire au minimum tout en faisant la promotion de l'allaitement
maternel exclusif afin de favoriser l'accès des enfants aux
différents types d'aliments localement disponibles. Cela peut
améliorer la qualité de la ration alimentaire des enfants tout en
les soustrayant aux infections et diarrhées.
2.2.1.2.3. Les facteurs liés aux agents de
santé
Ici, nous nous sommes intéressés à la
planification des stratégies d'intervention et aux prestations de
services dans le cadre de la lutte que mènent les agents de santé
contre la malnutrition des enfants.
La planification
Le Dr B.K Michel Som bié [26], dans
son livre Planification sanitaire (2004), a défini la
planification comme étant: « un processus d'élaboration d'un
schéma indiquant les actions à mener pour obtenir un changement
donné dans un délai déterminé. Il aboutit à
un plan qui précise les objectifs visés, ainsi que les approches
et les types d'activités et les ressources qui permettront d'y
parvenir». Il est indispensable qu'un plan d'action annuel existe dans
toute formation sanitaire. La planification sanitaire avec la participation des
communautés est un processus éducationnel qui permet de
sensibiliser celles- ci sur les problèmes de santé les plus
importants comme la MPE. Elle offre aussi l'occasion de rassembler les
différents partenaires dans le but de fixer
les objectifs de réduction, de déterminer les
stratégies les mieux adaptées et de mobiliser les ressources
nécessaires pour une mise en oeuvre réussie.
La planification permet également d'agencer de
façon logique les différentes actions à mener que sont les
CNS en stratégie fixe et avancée, les démonstrations
culinaires ainsi que le suivi des m alnutris à travers les visites
à domiciles.
Les démonstrations culinaires
Selon le Dictionnaire Universel de Poche 1997
[1], la démonstration c'est: «l'explication pratique sur
l'utilisation d'un appareil, d'un produit». Les démonstrations
culinaires consistent à apprendre aux mères la préparation
d'aliments enrichis pour les nourrissons et les jeunes enfants. Dans le
district sanitaire de Tougan, l'ECD, avec l'aide de la fondation Tdh, a mis
à la disposition des prestataires des CREN un guide de
préparation d'aliments enrichis à l'aide de denrées
locales.
Les visites à domicile (VAD)
Il s'agit du suivi des enfants m alnutris ou à risque
à travers des visites aux domiciles des parents. Ces visites permettent
de s'assurer que les parents ont compris et appliquent les différents
conseils et que l'état nutritionnel des enfants s'améliore.
La consultation des nourrissons sains
(CNS)
Il s'agit d'un examen périodique de tout enfant de moins
de cinq ans dans le but:
de suivre sa croissance staturo-pondérale de même
que son développement psychomoteur;
d'assurer sa vaccination selon le calendrier du programme
élargi de vaccination (PEV).
Dans le carnet de santé maternel et infantile (SMI)
[27], il est spécifié que les
examens doivent
être mensuels pour les enfants de moins d'un an, bimestriels
entre un et deux ans, trimestriels de deux à trois ans,
puis semestriels jusqu'à cinq ans.
Dans les cas où elles sont bien menées, les CNS
permettent de suivre avec les parents le développement des enfants
à travers la courbe de croissance et de dépister
précocement les enfants à risque. C'est aux mères de ces
enfants que doivent s'adresser en priorité les démonstrations
culinaires et les conseils nutritionnels dans le but d'enrichir et de varier
leur alimentation afin de favoriser la reprise d'une croissance normale.
La régularité des CNS en
stratégie avancée
Ils'agit de faire en sorte que le rythme des CNS respecte la
périodicité prévue dans le carnet SM I. Les
stratégies avancées consistent à suivre la croissance des
enfants en se rendant dans les villages éloignés du CSPS . Cela
permet de contourner la difficulté que constituent les grandes distances
pour les parents.
Les différents éléments que nous venons
de décrire interagissent entre eux et exercent le plus souvent une
action conjuguée qui influence la fréquence de la MPE dans une
zone donnée. Nous avons organisé ces interactions comme l'indique
la figure suivante, notre cadre conceptuel, que nous avons construit
nous-mêmes.
2.2.2. Schéma du cadre conceptuel
Il est représenté par la figure suivante.
FACTEURS LIÉS AUX ENFANTS
- État vaccinal
- Infections
- Diarrhée
- Poids de naissance
MALNUTRITION
PROTÉINO
ÉNERGÉTIQUE
FACTEURS LIÉS AUX AGENTS DE
SANTÉ
-Planification de la luie contre la M PE
CARACTÉRISTIQUES SOCIO- ÉCONOMIQUES,
DÉMOGRAPHIQUES ET CULTURELLES DES PARENTS
|
-Consultation des
nourrissons sains en
stratégies fixe et avancée
-Conduite des CNS
-Démonstrations culinaires
-Visites à domicile
|
|
-Taille des ménages
-Parité des femmes -Espacementdes naissances -Nombre
d'enfants de moins de cinq ans par ménage
-Niveau d'instruction des parents
-Interdits alimentaires
-Suivi de la CNS
-Alimentation de supplément lors du sevrage
-Niveau socioéconom ique des ménages
Figure 2. Schéma du cadre
conceptuel
III. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 3.1. CADRE DE
L'ÉTUDE
3.1.1. Le Burkina-Faso
Données géographiques
Le Burkina-Faso est un pays en voie de développement de
l'Afrique occidentale situé à l'intérieur de la boucle du
fleuve Nier. Il s'étend sur 274 200 Km2 et est limité
par:
- Le Mali au nord et à l'ouest
- Le Niger au nord-est - Le Bénin au sud-est - La
Côte d'Ivoire, le Ghana et le Togo au sud.
Le climat est du type soudano-sahélien rythmé
par une saison pluvieuse de Mai à Septembre et une longue saison
sèche d'Octobre à Avril. La pluviométrie est en moyenne de
300 millimètres au nord et de 1200 millimètres au sud. Cette
pluviométrie est faible et mal répartie dans l'ensemble ce qui
influence énormément la disponibilité alimentaire et par
conséquent l'étatnutritionnel des populations.
Situation économique
Selon l'EDSBF-III de 2003 [12], le
Burkina-faso est parmi les pays les moins avancés au monde. Il est
caractérisé parune situation de pauvreté qui rime avec
accès difficile aux services sociaux de base, chômage,
analphabétisme, habitat précaire, statut peu avantageux de la
femme et malnutrition ;46,4% de la population vit au-dessous du seuil de
pauvreté estimé à 82672 francs CFA. L'agriculture et
l'élevage occupent les trois quarts de la population.
Données démographiques et
socioculturelles
En 2007, la population estimée à partir du
recensement général de la
population et de l'habitat
effectué par l'IN SD en fin 1996 est de 12 880 980
habitants, le taux d'accroissement naturel étant de
2.38% l'an. Les principales ethnies sont : Mossi, M arka, Peulh, Bobo,
Sénoufo, Gourounsi, Lobi, Bissa, G ourm antché . On rencontre
principalement trois religions : islam, animisme et christianisme.
Profil sanitaire
Il est marqué par la forte persistance des maladies
infectieuses avec, de nos jours, une émergence des maladies non
transmissibles. Il est ressorti de l'ED SBF-III de 2003 [12]
que : « Le niveau de mortalité est élevé
à cause, en partie, de la faible couverture sanitaire et vaccinale
».
3.1.2. La région de la boucle du Mouhoun Aspects
géographiques
La région de la boucle du Mouhoun occupe la partie
nord-ouest du Burkina- Faso. Elle couvre une superficie de 34153Km 2
et est limitée :
- A l'est par la région du centre ouest (chef lieu
:Koudougou),
- Au sud par la région des Hauts Bassins et celle du
sud-ouest dont
les chefs lieux sont respectivement Bobo-Dioulasso et G aoua, - A
l'ouest par la république du Mali
- Au nord par la région du nord (Chef lieu
:Ouahigouya).
Le climat et la végétation
Le climatest du type soudano-sahélien avec une
pluviométrie allant de 600 à 900m m l'an.
La végétation y est représentée par
la savane arborée au sud etla savane arbustive dans la partie nord.
Trois principaux cours d'eau drainent la région. Ce sont :
le Mouhoun, le Sourou et le Voun-hou.
La population
en 2007, la population estestimée à 1 561 787
personnes avec une densité de 44.57 habitants/Km 2 .
Plusieurs ethnies composent cette population. Les principales sont : s Bobos,
les Mossis, les M arkas, les Samos, les Dioulas, les Peulhs. L'animisme,
l'islam et le christianisme sont les principales religions de ces
populations.
Données socio-économiques
L'agriculture et l'élevage occupent la grande
majorité de la population. On note aussi un développement de
l'irrigation qui intéresse de plus en plus de personnes après
l'hivernage. Au bord des cours d'eau il existe quelques villages de
pêcheurs. Les activités commerciales sont dominées par
secteur informel.
Données administratives
La région de la boucle du M ouhoun compte six districts
sanitaires qui épousent les limites administratives des six provinces
que sont : s Banwa, les Balés, le M ouhoun, la Kossi, le Nayala et le
Sourou où s'estdéroulée notre étude. 1139 villages
sont répartis entre les 47 communes que compte la région.
3.2. CHAMP DE L'ÉTUDE: le district sanitaire de
Tougan
Le district sanitaire de Tougan est situé dans la
province du Sourou au nord- ouest du Burkina-Faso. Il couvre les limites
géographiques et administratives de la province qui s'étend sur 5
658 Km 2. L'aire sanitaire du district est limitée par:
- la république du Mali et une partie du district
sanitaire de Ouahigouya au nord,
- le district sanitaire de Tom a au sud,
- les districts sanitaires de Yako et de O uahigouya au sud-est,
- le district sanitaire de N ouna à l'ouest.
3.2.1. Le climat
Il est du type soudano-sahélien . C'est une zone
moyennement boisée mais la végétation est soumise de plus
en plus à la dégradation.
3.2.2. Données démographiques et
socio-culturelles
La population réactualisée à partir du
recensement de 1996 est estimée à 232410 habitants en 2007 avec
43647 enfants de moins de cinq ans. Le taux d'accroissement naturel est de
2.03% l'an. La densité de cette population se situe à 37
habitants/Km2 en moyenne mais elle varie très fortement entre
les zones sahéliennes peu peuplées et la vallée du fleuve
Sourou qui draine de nombreux exploitants.
Les principales ethnies composant cette population sont : les
Samos, les M arkas, les Mossis et les Peulhs. L'islam, l'animisme et le
christianisme sont les principales religions de ces populations. De nombreux
tradipraticiens exercent dans le district et sont, depuis 2004,
organisés en associations départementales et provinciales en
collaboration avec la direction de la santé du district.
3.2.3. Données administratives
La province du Sourou compte actuellement huit communes :
Tougan, Kiem bara, Lankoué, Toéni, Di, Gom boro, Lanfièra
et Kassoum .168 villages et des hameaux de culture sont répartis entre
ces communes.
3.2.4. Les infrastructures sanitaires
Elles sont composées dùn CMA comportant une
unité pédiatrique avec un CREN, de 25 CSPS fonctionnels dont
quatre sont dotés de pôle de récupération
nutritionnelle, d'un dépôt répartiteuret dùn
bâtiment servant de bureaux pour les membres de l'ECD.
3.2.5. Les activités de santé
Elles sont réparties de la façon suivante.
- Au premier échelon, les agents de santé
assurent le PMA avec la collaboration de la population à travers les
comités de gestion (COG ES) et les assemblées
générais. Ce sont principalement les activités curatives,
préventives et promotionnelles, la planification et la gestion.
- Le deuxième échelon correspond aux
activités de l'hôpital de district qui constituent le PCA.
- L'ECD est l'équipe dirigeante du district:elle assure
entre autres, l'organisation, la coordination, la planification et
l'évaluation des activités du district. Elle est appuyée
par un organe consultatif, le CSD. Quelques partenaires interviennent dans le
district: le PRSS, Tdh , le PAD S , les associations de la
société civile comme `'Jeunesse Action Plus»,
`'Soutra», ``Dem ba-gnoum a».
3.2.6. Données
socio-économiques
L'agriculture vivrière et l'élevage extensif
occupent la grande majorité de la population. On note aussi un
développement de l'irrigation qui intéresse une partie non
négligeable de la population après l'hivernage. Quatre sites ont
été aménagés pour les cultures
maraîchères qui couvrent actuellement 30000 hectares. Il s'agit de
Guiédougou, Débé, Niassan et Di. Au bord du fleuve Sourou,
il existe quelques villages de pêcheurs. Les activités
commerciales sont dominées par i secteur informel. Par ailleurs, il
existe de grands centres commerciaux tel que lesmarchésde Gouran, de
Diet deNihourou d'où les céréales, les produits
maraîchers, le poisson et le bétail sont convoyés vers les
grands centres urbains du pays et même vers le Mali.
Toutes ces potentialités font qu'habituellement, le Sou
rou est appelé le grenier du Faso.
3.3. TYPE D'ÉTUDE
Nous avons mené une étude transversale
analytique.
3.4. POPULATION D'ÉTUDE
La population d'étude était constituée de
trois groupes issus du champ de l'étude :
- les enfants de 0 à 59 mois du district sanitaire de
Tougan ; en 2007, leur nombre est estimé à 43 647 ;
- les mères des enfants de moins de cinq ans du DS de
Tougan ; - les agents de santé du district sanitaire de Tougan.
3.4.1. Critères d'inclusion
Ont été inclus dans l'étude les personnes
qui ont volontairement consenti à faire partie de l'enquête et
répondant à l'un des critères suivants.
- Être de la tranche d'âge de 0 à 59 mois au
moment de l'enquête et
appartenant à l'un des ménages tirés au sort
pour l'enquête.
- Être la mère d'un enfant concerné par
notre enquête. En cas d'absence prolongée de la mère, la
personne qui s'occupe de l'alimentation de l'enfant sera
enquêtée.
- Être infirmier chef de poste ou responsable de
consultation de nourrissons sains.
- Être présent au moment de l'enquête.
3.4.2. Critères d'exclusion
Étaient exclu de l'étude toute mère et
tout enfant de la tranche d'âge concernée qui
étaientétrangers ou membres d'un ménage choisi mais
rentrés d'un voyage prolongé et justifiant d'un séjour de
moins de trois mois dans l'aire sanitaire.
3.5. ÉCHANTILLONS ET ÉCHANTILLONNAGE 3.5.1.
Échantillons
- Échantillon des enfants : pour une
prévalence (P) d'environ 39% de malnutrition chronique selon
l'EDSBF-III2003 [12], un niveau de confiance de 95%(Z=1.96) et
une précision (i) de 7%, la taille minimale a été
calculée avec la formule suivante, selon le livre
Détermination de la taille d'un échantillon dans les
études sanométriques de LWANGA S.K.et LEMESHOW S
[28] : (Z)2 * P*
(1-P)/i2. Étant donné que nous avons fait un
échantillonnage à plusieurs degrés, nous avons
utilisé un facteur de correction de 1,5 pour tenir compte de l'effet
grappe. La formule devient alors 1.5*(Z)2 * P*
(1-P)/i2=280. Afin de tenir compte des
impondérables, nous avons ajouté à ce nombre 10% et nous
avons finalement obtenu : 1.10*[1.5*(Z)
2*P*(1-P)/i2]=308. En
arrondissant au multiple de 30 le plus proche, nous avons obtenu finalement un
échantillon de 330 enfants, soit 11 enfants par village pour chacun des
30 villages.
- Échantillon des mères :toutes
les 221 mères des enfants enquêtés ont été
incluses dans l'étude.
- Echantillon des agents de santé :
nous devrions enquêter deux agents dans chacun des 25 CSPS du district,
soit 50 agents. Toutefois, lùn des CSPS ne disposait que dùn
agent ; nous avons donc pu enquêter 49 agents de santé.
3.5.2. Échantillonnage
- Pour les enfants, nous avons utilisé une
méthode d'échantillonnage aléatoire avec la technique de
sondage à plusieurs degrés (précisément trois
degrés) comme suit:
au premier degré, on a les villages du district sanitaire
; au deuxième degré, on a les ménages;
les enfants de moins de cinq ans au troisième
degré.
Procédure de sélection
:
Tirage aléatoire de 30 villages sur les 168 villages du
district avec probabilité proportionnelle à la taille de la
population. Tirage aléatoire des ménages dans chacun des villages
retenus : à partir du centre du village un crayon a
étaitlancé en l'air ; en retombant, son bout nous indiquait le
premier ménage où nous débutions l'enquête.
Dans chaque ménage choisi, les enfants de la tranche
d'âge ont été enquêtés jusqu'au nombre voulu.
Si le nombre d'enfants à enquêter dans le village
n'étaitpas atteint dans le premier ménage, le ménage
suivant où les enquêteurs se rendaient était le
ménage le plus proche de celui qui venait d'être
enquêté et, ainsi de suite.
- Pour les mères, la méthode
d'échantillonnage était non probabiliste. Nous avons
utilisé la procédure de sélectionpar commodité. A
cet effet toutes les mères des enfants inclus dans l'étude ont
été enquêtées.
- En ce qui concerne les agents de santé, nous avons
utilisé la méthode d'échantillonnage non probabiliste avec
la technique du choix raisonné. Dans chaque CSPS, nous avons
enquêté l'infirmier chef de poste (ICP) et le responsable de la
CNS (RespCNS). En effet, ce sont les deux personnes ressources en
matière de lutte contre la M PE au niveau des CSPS.
3.6. LES VARIABLES DE L'ÉTUDE 3.6.1. La variable
dépendante
La variable dépendante de notre étude est la M
PE.
3.6.2. Les variables indépendantes
Les variables indépendantes de notre étude sont
les facteurs de risque que nous avons déjà définis. Les
variables que nous avons identifiées à partir de ces facteurs ont
été classées en deux groupes : les variables quantitatives
et les variables qualitatives. Les deux tableaux suivants présententces
variables avec leurs différentes modalités.
Tableau III . Les variables
indépendantes quantitatives de l'étude
Variables
|
Modalités
|
Age de l'enfant en mois
|
<6 ;6-23 ;24 -59
|
Nombre d'enfants de moins de 5 ans
|
1,2,3et plus
|
Intervalle inter génésique (en mois)
|
<24, 24-36, >=36
|
Age de la mère (en années)
|
<15, 15-35, 35et +
|
Poids de naissance de l'enfant
|
< 2500g ;>= 2500g
|
Parité de la mère (nombre
|
1, 2,3, 4,6, 7 et plus
|
d'accouchements)
Tableau IV. Les variables
indépendantes qualitatives de l'étude
Variables Modalités
OEdèmes (membres inférieurs Oui, Non
gardant le godet)
Sexe de l'enfant Masculin ; Féminin
Etat vaccinal de l'enfant Complètement vacciné
;à jour;non
complètement vacciné ; non à jour
Infection au cours des 15 derniers Oui, Non
jours
Diarrhée au cours des 15 derniers Oui, Non
jours
Niveau d'instruction de la mère Non
alphabétisé ;Alphabétisation en
langue nationale ou <CE2 ;
CE2 - CM 2 ;Secondaire et supérieur
Suivi de la CNS Régulier, Irrégulier
Niveau socio-économique du Faible, Intermédiaire,
Élevé
ménage
Aliments de sevrage Non variés, Assezvariés
Planification de la luie contre la MPE
Satisfaisante, Non satisfaisante
Conduite de la CNS Satisfaisante, Non satisfaisante
Guide de préparation de bouillies Disponible, Non
disponible
enrichies locales
Rang de l'enfant dans la fratrie 1er ,2e-3e,
4e - 5e, 6e et plus
3.7. MÉTHODES, TECHNIQUES ET INSTRUMENTS DE
COLLECTE DES DONNÉES
3.7.1. Méthode
La méthode utilisée pour notre étude
étaitl'enquête.
3.7.2. Techniques de collecte des
données
- Pour les enfants, la technique utilisée
étaitl'observation directe. - Pour les mères, c'est l'entretien
individuelqui a été utilisée.
- Avec les agents de santé, nous avons utilisé
l'observation directe.
Pour les plans d'action, nous avons utilisé l'analyse
documentaire.
3.7.3. Outils et instruments de collecte des
données
Chez les enfants, comme outil de collecte des données,
nous avons utilisé une grille d'observation.
Par ailleurs, nous avons utilisé trois balances
suspendues de type Salter, de capacité maximale 25 kg et de
précision 100 mg pour mesurer le poids. La taille a été
mesurée par trois des toises remises aux CSPS en 2003 par le PAM.Ces
toises ont chacune une longueurmaximale de 130 centimètres (cm) et les
mesures ont été effectuées au centimètre (cm )
près.
En ce qui concerne les mères, un guide d'entretien
individuelstructuré a été utilisé.
Pour l'enquête auprès des agents de santé,
nous avons utilisé une grille d'observation. Pour l'appréciation
des plans d'action, nous avons utilisé un guide d'analyse
documentaire.
Au total, nous avons rempli quatre outils de collecte de
données.
3.8. CRITÈRES D'APPRÉCIATION ET
PROCÉDURES DE MESURE DES VARIABLES
3.8.1. Le niveau socio-économique
Cette classification a été inspirée de la
classification réalisée par W ILLEM S M ., MASUY-STROOBART G .,
TONG LET R. et SANGLIG .[29] en 2003 lors de l'étude
La santé des enfants de moins de 5 ans et les recours
thérapeutiques dans un district sanitaire urbain de Ouagadougou.
Nous l'avons adaptée au milieu rural en remplaçant certains
éléments comme l'électricité et le
réfrigérateur par des éléments qu'on peut trouver
en campagne comme les moyens de déplacement et de communication.
La classification de la profession a été
inspirée de celle réalisée par l'INSD lors de l'Etude
spécifique surPauvreté et santé au Burkina-faso en
2002 [11]. Le tableau suivant décrit les
différents éléments avec les cotations.
Tableau V. Critères de
classification du niveau socio-économique des ménages
Éléments d'appréciation
Présence/Qualité Cotation
Habitat Maison en dur 3
Maison en banco tôlée 2
Maison en banco non tôlée 1
Maison en paille 0
Equipem ents domestiques Téléviseur 3
Téléphone 2
Radio 1
Aucun 0
Voiture 3
Moto 2
Moyens de déplacement
Vélo 1
Aucun 0
Niveau d'instruction du chef de ménage
Secondaire ou supérieure 3
CE2 au CM2 2
Inférieur au CE2 ou alphabétisation en 1
langue nationale
Non alphabétisé 0
Profession du chef de ménage
Profession type 1 3
Profession type 2 2
Profession type 3 1
Profession type 4 0
Définition des types d'emplois:
- Profession type1 : salaré avec sécurité
sociale, commerçant fournisseur d'autres commerçants, agriculteur
possédant un tracteur, grand éleveur (possédant plus de 4
boeufs, plus de neuf moutons et plus de neuf chèvres).
- Profession type 2 : salaré sans sécurité
sociale, agriculteur possédant une charrue.
- Profession type 3 : agriculteur avec petit commerce et sans
charrue, petit éleveur.
- Profession type 4 : agriculteur sans charrue et sans commerce,
berger, ménagère.
Classification du niveau socio-économique
:
- Score inférieur à 4 points : niveau
socio-économique faible ;
- 4 à moins de 12 points : niveau socio-économique
intermédiaire ; - 12 points et plus : niveau socio-économique
élevé.
3.8.2. Suivi de la consultation des nourrissons
sains
Nous avons utilisé la périodicité
recommandée dans le carnet SM I: - moins dùn an :une fois par
mois;
- un à deux ans :une fois tous les deux mois;
- deux à trois ans : une fois par trimestre ;
- trois à cinq ans :une fois par semestre.
3.8.3. Conduite de la consultation des nourrissons
sains
Le tableau suivant décrit les critères que nous
avons utilisés pour apprécier la C N S réalisée par
is agents de santé.
Tableau VI. Critères
d'appréciation de la conduite de la CNS
Éléments d'appréciation
|
Oui
|
Non
|
Balance tarée au début de la séance
|
1
|
0
|
L'enfant est pesé nu ou très
légèrement vêtu
|
1
|
0
|
Lecture adéquate du poids (mesureur face à la
balance ; pour les balances Salter les yeux à la hauteur du cadrant)
|
1
|
0
|
Détermination de l'indice nutritionnel
|
1
|
0
|
La courbe poids/âge est immédiatement mise à
jour
|
1
|
0
|
L'agent recherche uneéventuelle anémie
|
1
|
0
|
L'agent recherche d'éventuels oedèmes
|
1
|
0
|
L'agent interroge la mère sur l'alimentation de l'enfant,
encourage l'AM E pour les enfants de moins de six mois
|
1
|
0
|
L'agent explique l'état nutritionnel de l'enfant à
sa mère
|
1
|
0
|
L'agent explique la CAT à la mère
|
1
|
0
|
Si le score est supérieur ou égal à 8 (le
troisième quartile de la distribution des points possibles), nous
considérons comme satisfaisante la conduite de la C N S , sinon elle
estdite non satisfaisante.
3.8.4. Planification de la lutte contre la MPE dans les
CSPS
Le tableau suivant décrit les éléments que
nous avons définis pour apprécier la planification de la lutte
contre la M PE au niveau des CSPS.
Tableau VII. Critères
d'appréciation de la planification de la lutte contre la M PE au niveau
des CSPS.
Éléments d'appréciation
|
Oui
|
Non
|
Lplan d'action 2007 existe
|
1
|
0
|
Le plan a été élaboré et
adopté avec la participation de la communauté
|
1
|
0
|
Il existe des objectifs spécifiques concernantla M PE
|
1
|
0
|
Prévision de la C N S en stratégie avancée
et de façon régulière
|
1
|
0
|
Prévisions de VAD aux enfants m alnutris ou à
risque
|
1
|
0
|
Prévision des commandes des fiches infantiles et des
carnets SM I
|
1
|
0
|
Les carnets SM I et les fiches infantiles sont disponibles et
gratuits
|
1
|
0
|
Prévision de démonstrations culinaires aux
mères des m alnutris modérés et des enfants à
risque
|
1
|
0
|
Existence d'un planning mensuel des activités de lutte
contre la MPE (CNS en stratégie avancée, démonstrations
culinaires, VAD, ...)
|
1
|
0
|
Existence d'un guide de préparation de bouillies
enrichies à base de denrées localement
disponibles
|
1
|
0
|
Si le score était supérieur ou égal à
8, la planification estconsidérée comme satisfaisante, sinon elle
est non satisfaisante.
3.8.6. Classification de la MPE
- Score Z supérieur àmoins deux :pas de
malnutrition.
- Score Z compris entre moins deux et moins trois :malnutrition
modérée.
- Score Z inférieur ou égal à moins trois ou
présence d'oedèm es : malnutrition sévère.
3.8.7. Critères d'appréciation de la
qualité des aliments de sevrage des nourrissons
- l'ensemble des repas des 24 dernières heures, hors
mis le lait maternel, contenait les trois types d'aliments : alimentation assez
variée.
- l'ensemble des repas des 24 dernières heures, hors
mis le lait maternel, ne contenait pas les trois types d'aliments :
alimentation non variée.
Les trois types d'aliments : cette
classification est inspirée du livre La lutte contre la
malnutrition (1984) deBROWN J.et R.[30].
- Les aliments énergétiques : les
céréales (riz, maïs, sorgho, petit m il, bi), les tubercules
(pommes de terre, igname, patate douce, taro), les huiles et graisses.
- Les aliments constructeurs : les légumineuses
(haricot vert, niébé, arachide, soja), les produits animaux
(viande, lait, insectes, poissons, oeufs),
- Les aliments protecteurs :les légumes (feuilles,
tomates, aubergines, courges, carottes), les fruits (mangue, goyave, citron,
orange, mandarine).
3.8.8. Détermination de l'âge, du poids et
de la taille 3.8.8.1. L'âge
Age des mères: pour
déterminer l'âge des mères, nous nous sommes
contentés de leurs souvenirs.
Age des enfants: nous avons
utilisé les certificats de naissance et les carnets SM I pour
déterminer l'âge en mois de chaque enfant. En cas d'absence du
bulletin de naissance ou du carnet SM I, nous avons adopté la
méthode exposée par BROW N J. et R. dans leur livre La lutte
contre la malnutrition (1984) [30], qui donne l'âge
approximatif en fonction des caractéristiques de l'enfant et du
calendrier agricole locale.
Détermination de l'âge approximatif d'un enfant:
- n'a pas de dents, ne s'asseoit pas seul :0 à 5 mois;
- a une à six dents, peut s'asseoir seul, ne marche pas
seul :6 à 11 mois;
- a 6 à 18 dents, peut marcher, parle peu :12 à 23
mois;
- a 18 à 20 dents, marche bien, commence à bien
parler :24 à 35
mois;
- marche, court et parle bien, n'a pas encore perdu de dent :36
à 59 mois.
Quand nous avions trouvé la période
approximative de la naissance, la mère nous aidaità mieux la
préciser en se rappelant les activités agricoles pendant le mois
de la naissance de l'enfant.
3.8.8.2. Le Poids
Il a été mesuré à l'aide de
balances Salter M odel 235-6S dont la précision est de 100 grammes. Nous
avons utilisé la procédure décrite par COGiL B.[3]
dans son livre Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques (2003).
Afin d'éviter des biais de mesure, nous avons
vérifié la validité des balances utilisées. Pour ce
faire, nous avons choisi quatre des meilleures balances dont disposait le
personnel du CMA et des CSPS et nous avons procédé à leur
vérification. A défaut de poids marqués, nous avons pris
comme référence la balance de l'unité pédiatrique
du CMA. Chacun des sept enfants de moins de cinq ans qui se trouvaient au CREN
a été pesé tour à tour avec chacune des quatre
balances. Ensuite, nous avons calculé les poids moyens des sept enfants
fournis par chacune des balances et nous avons vérifié que ces
moyennes n'étaient pas significativement différentes à
l'aide de l'analyse de variance au seuil de signification de 5% . Les mesures
et les détails du test se trouvent en annexe. La procédure de
mesure du poids est présentée par la figure suivante.
Figure 3. Pesée d'un enfant en utilisant la
balance Salter suspendue.
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
3.8.8.3. La taille
Nous avons utilisé les toises fournies aux formations
sanitaires par le Programme Alimentaire Mondial (PAM ) pour mesurer la taille.
Elle a été prise au centimètre près. Nous avons
suivila méthode décrite par COGiL B.dans son livre Guide de
mesure des indicateurs anthropométriques (2003) [3]
pour effectuer les mesures.
Mesure de la longueurdes enfants de moins de 24 mois : nous avons
procédé comme l'indique la figure suivante.
Figure 4. Mesure de la
longueur de l'enfant - longueur pour les nourrissons et les enfants de 0
à 24 mois.
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
Pour les enfants de 24 à 59 mois, la procédure est
indiquée par la figure suivante:
Figure 5. Mesure de la
taille de l'enfant - taille pour les enfants de 24 mois et plus.
Source: COGILL B. Guide de mesure des indicateurs
anthropométriques, Mars 2003 [3].
3.9. DÉROULEMENT DE L'ÉTUDE
Après le tirage aléatoire des villages où
devait se déroulée l'enquête concernant les enfants et
leurs parents, nous avons procédé à la formation de deux
enquêteurs (un AIS et un IB) pour nous aider à collecter les
données.
Le pré test des outils a eu lieu le 18 Août 2007
dans l'aire sanitaire du CSPS de Zogoré, dans le DS de O uahigouya. Ce
pré test a permis aux enquêteurs d'utiliser les outils en
situation réelle et de lever les dernières difficultés
qu'ils avaient après la formation. Il a également permis de
procéder aux dernières corrections de ces outils du 19 au 20
Août2007.
L'enquête proprement dite s'est déroulée
du 21 au 29 Août 2007. Nous avons assuré la supervision des
enquêteurs toute la journée du 21 Août 2007. Pendant la
collecte des données, la vérification du remplissage des outils
se faisait chaque soiraprès s sorties.
3.10. DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
Compte tenu de la période de l'étude, nous avons
eu de sérieuses difficultés pour accéder à certains
villages à cause des bas-fonds et des rivières qui rendaient les
pistes difficilement praticables.
De plus, les parents des enfants étant occupés par
s travaux, nous avons dû travailler très tôt les matins et
tard les soirs.
3.11. LIMITES DE L'ÉTUDE
Dans le souci de garder la taille de l'échantillon des
enfants dans des proportions qui soient supportables par nos ressources
très limitées, nous avons opté pour une précision
de 7%. Cette précision relativement faible peut conduire à des
résultats différents de ceux que l'on pourrait obtenir avec une
précision de 1% par exemple.
Par ailleurs, nous avons décidé de mener une
étude de type transversal. Les données ont été
récoltées en un temps très bref de l'année (une
dizaine de jours). De plus, l'enquête a été menée en
Août, une période de disette et de travaux champêtres
harassants et préoccupants. Cela pourrait influencer la
prévalence de la malnutrition quand on sait que la disponibilité
alimentaire est habituellement très faible dans notre pays en ces
moments. Dans ces conditions, is résultats sur la fréquence de la
M PE ne reflètent probablement que la situation de cette période
de l'année.
Il faut noter aussi que nous avons recherché des
facteurs associés à la M PE de façon globale, sans
distinction entre les différentes formes. De plus, ces facteurs
représentent seulement des indications sur certaines des causes
probables de la M PE , c'est-à-dire des hypothèses
sérieuses pour des études analytiques ultérieures plus
fines. En effet, notre étude étant de type transversal, ne
prétend, en aucun cas, mettre en évidence des relations de
causalité.
Enfin, il faut reconnaître que notre travail n'a pas pu
prendre en compte tous les facteurs qui semblent associés à la M
PE (entre autres : l'hygiène, la prise en charge des cas dans les CREN).
Nous espérons que des études plus fines et plus exhaustives
pourront bientôt prendre en compte tous ces aspects dans le DS de
Tougan.
3.12. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
Notre étude n'a débuté que lorsque toutes
les formalités administratives ont été remplies, en
l'occurrence, l'autorisation d'enquête délivrée par is
autorités sanitaires du DS de Tougan.
Le consentement éclairé des enquêtés
était un préalable à toute récolte d'informations
par nos équipes d'enquêteurs.
En outre, l'étude a été menée dans un
strict respect des populations et de leurs valeurs culturelles.
Par ailleurs, l'anonymat des personnes enquêtées
a été garanti parl'utilisation de codes qui permettaient de
relier les enfants à leur mère et les personnes
enquêtées à leur aire sanitaire pour les besoins de
l'analyse. La restriction de l'accès à la base des données
de l'enquête au directeur et au conseiller de mémoire a permis
d'assurer leur confidentialité.
3.13. TRAITEMENT ET ANALYSE DES
DONNÉES
La saisie et l'analyse des données ontété
faites avec le logiciel E pi info 3.2.2. Les textes ont été
saisis avec W o rd 2003. Quant aux graphiques, ils ont été
réalisés à l'aide de Excel 2003.
Nous avons utilisé le test du Khi deux pour examiner
les différents liens. Dans les situations où les conditions
d'effectifs n'étaient pas remplies, nous avons utilisé le test de
Fisher exact. Dans tous les cas, le niveau de signification retenu
étaitde 5%.
Pour apprécier la force des associations, nous avons
calculé les rapports de prévalence (RP) avec leur intervalle de
confiance à 95%.
Les intervalles de confiance des prévalences ont
également été calculés avec un niveau de confiance
de 95%.
IV. RÉSULTATS
Les résultats de notre étude sont
présentés par objectif, selon le plan suivant: - les
caractéristiques des enquêtés;
- l'état nutritionnel des enfants du district sanitaire de
Tougan ;
- l'influence des caractéristiques démographiques,
culturelles et
socio-économiques des parents et des enfants sur la M PE ;
- l'influence des infections et de la diarrhée sur la M PE ;
- les facteurs liés aux agents de santé et
influençant la M PE.
4.1. CARACTÉRISTIQUES DES ENQUÊTÉS
4.1.1. Les enfants enquêtés
4.1.1.1. Répartition des enfants selon
l'âge
Au total, l'enquête a concerné 330 enfants de 0
à 59 mois. Le tableau suivant présente leur répartition
selon l'âge.
Tableau VIII. Distribution des enfants
enquêtés selon l'âge (n=330).
Tranche d'âge Effectif Pourcentage
<6 mois
|
52
|
15.8%
|
6 - 23 mois
|
112
|
33.9%
|
24 - 59 mois
|
166
|
50.3%
|
Total
|
330
|
100.0%
|
L'âge médian des enfants enquêtés est
24 mois avec un âge minimum de 0 mois et un maximum de 59 mois.
4.1.1.2. Répartition des enfants selon le
sexe.
Parmi les 330 enfants enquêtés, 52.1% sont du
sexe masculin et 47.9% du sexe féminin. Le sexe ratio est de 1.09.
Toutefois, cette prédominance masculine n'est pas statistiquement
significative (p = 0.2423971).
4.1.1.3. Répartition des enfants selon le statut
vaccinal La figure suivante décrit l'état vaccinal des
enfants enquêtés.
0 à 11m ois 12 à 59 m ois
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
78,2%
CV ou à jour Non CV ou Non à jour
Statut vaccinal
80,3%
21,8% 19,7%
Figure 6. Répartition des enfants
enquêtés selon le statut vaccinal (0 à 11 mois :n=101 ;12
à 59 mois :n= 229).
La proportion des enfants de moins dùn an
complètement vaccinés ou à jour de leur calendrier
vaccinal estde 78.2% [68.9 ; 85.8]. Chez les enfants de 12 à 59 mois la
proportion de ceux qui sontcomplètement vaccinés estde 80.3%
[74.6; 85.3]. Les intervalles de confiance montrent que ces proportions ne sont
pas significativement différentes.
4.1.2. Les mères/personnes s'occupant des
enfants
4.1.2.1. Répartition des mères/personnes
s'occupant de l'alimentation des enfants selon l'âge
Les mères ou les personnes s'occupant de l'alimentation
des enfants avec lesquelles nous nous sommes entretenus se répartissent
selon l'âge comme suit:
- 15 à 35ans :181 personnes, soit 81.9% ;
- plus de 35 ans :40 personnes, soit 18.1%.
L'âge médian estde 27 ans, l'âge minimum 17
ans et l'âge maximum 60 ans. La plupart de ces personnes sont donc de la
tranche d'âge de 15 à 35 ans.
4.1.2.2. Répartition des mères/personnes
s'occupant de l'alimentation des enfants selon le niveau
socioéconomique.
Pour apprécier le niveau socio-économique des
ménages, nous avons utilisé une classification proposée,
en 2003, par WILLEMS M., MASUYSTROO BART G ., TONG LET R . et SANG LIG .
[29] que nous avons adaptée au milieu rural. Cinq
éléments ont été appréciés et
notés selon leur présence ou leur absence ou bien selon leur
qualité. Il s'agit de l'habitat, des moyens de déplacement, des
moyens de communication, du niveau d'instruction, et de la profession du chef
de ménage. La notation va de 0 à 15. La classification est la
suivante:
- nombre de points inférieur à 4 :niveau faible
;
- nombre de points de 4 à 11 :niveau intermédiaire
;
- nombre de points de 12 à 15
:niveauélevé.
La figure suivante décritla distribution des
mères/personnes s'occupant de l'alimentation des enfants selon le niveau
socio-économique du ménage.
Intermédiaire Faible
Niveau élevé
24,4%
4,1%
71,5%
Figure 7. Répartition des
mères/personnes s'occupant de l'alimentation des enfants selon le niveau
socio-économique du ménage (n = 221).
Cette figure montre que c'est le niveau
socio-économique intermédiaire qui est le plus fréquent.
La proportion du niveau élevé est très faible par rapport
à celles des autres niveaux.
4.1.2.3. Répartition des mères/personnes
s'occupant de l'alimentation des enfants selon le niveau
d'instruction.
Parmi les 221 mères enquêtées,70.1%
sontnon alphabétisées, 15.4% ont fait l'école mais n'ont
pas atteint le C E 2, 10.4% ont un niveau entre le C E 2 et le CM2 ;4.1%
seulement ont atteint le secondaire.
4.1.3. Caractéristiques des agents de santé
enquêtés
L'enquête a concerné 49 agents de santé.
4.1.3.1. Distribution des agents de santé selon la
qualification
La figure suivante décritla répartition des agents
de santé enquêtés selon leur qualification
professionnelle.
34,7%
30,6%
20,4%
14 ,3%
40%
35% 30%
25% 20% 15% 10%
5%
0%
AIS IB IDE AA
Qualification professionnelle
Figure 8. Répartition des agents
de santé selon la qualification (n = 49).
Cette figure montre que les accoucheuses auxiliaires (AA) sont s
plus nombreuses dans notre étude, suivies des infirmiers
diplômés d'état (IDE).
4.1.3.2. Distribution des agents de santé selon la
fonction
Avec une proportion de 51%, les infirmiers chefs de poste IC P
représentent à peu près la moitié des agents de
santé enquêtés, le reste (49%) étant
constitué des RespCNS.
4.2. ÉTAT NUTRITIONNEL DES ENFANTS DE MOINS DE
CINQ ANS DU DISTRICT SANITAIRE DE TOUGAN.
Nous avons utilisé les références
NCHS-CDC/W HO 1978 disponibles dans le module Nutrition du logiciel Epi info
3.2.2 pour apprécier l'état nutritionnel des enfants de notre
étude.
4.2.1. MPE globale
Nous avons considéré tout enfant
présentant une insuffisance pondéra ou une émaciation ou
un retard de croissance ou des oedèmes bilatéraux des membres
inférieurs comme étant atteint de M PE. De ce point de vu, la
prévalence de la M PE chez les enfants de 0 à 59 mois du DS de
Tougan est de 37.9% [32.7 ; 43.4]. La prévalence de la MPE
modérée est de 30.0% [25.2 ;35.3] ;celle de la forme
sévère estde 7.9% [5.3 ;11.5].
4.2.2. Distribution de la MPE selon
l'âge
Le tableau qui suit décritla répartition de la M PE
dans les différentes tranches d'âge des enfants de 0 à 59
mois du DS de Tougan.
Tableau IX. Distribution de la M PE selon
l'âge (n = 330).
Tranche d'âge
|
MPE
|
|
Intervalle de confiance à 95%
(%)
|
|
Oui(%)
|
Non
|
< 6 mois
|
0 (0.0)
|
52
|
[0.0;6.8]
|
6 à 23 mois
|
57(50.9)
|
55
|
[41.3 ;60.5]
|
24 à 59 mois
|
68(41.0)
|
98
|
[33.4 ;48.9]
|
Total
|
125(37.9)
|
205
|
[32.7 ;43.4]
|
La prévalence de la M PE semble différente selon la
tranche d'âge, les enfants de 6 à 23 mois sontapparemment les plus
touchés.
Il faut noter que les calculs ontdonné une
prévalence de 45.0% [39.0 ; 51.0] de m alnutris dans la tranche
d'âge de 6 à 59 mois.
4.2.3. Distribution de la MPE selon le sexe
La figure suivante présente la distribution de la
malnutrition selon le sexe des enfants.
Sexe
M PE-
M PE+
F M
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
63,9%
36 ,1%
60,5%
39,5%
Figure 9. Distribution de la M PE selon
le sexe (n = 158 pour le sexe féminin et n = 172 pour le sexe
masculin).
La M PE semble plus fréquente chez les garçons que
chez les filles ; les prévalences sontrespectivement de 39.5% et de
36.1%.
4.2.4. Les différentes formes de MPE 4.2.4.1.
L'émaciation
C'est l'état de maigreur ; il traduit un état de
malnutrition aiguë. Si l'indice nutritionnel du poids par rapport à
la taille est inférieur ou égalà moins deux, il s'agit
d'un cas d'émaciation.
Le tableau suivant résume la situation de cette forme de M
PE dans les différents groupes d'âge des enfants de 0 à 59
mois.
Tableau X. Distribution de
l'émaciation selon l'âge chez les enfants de 0 à 59 moisdu
DS de Tougan (n = 330).
Tranche d'âge
|
Émaciation
|
Intervalle de confiance à 95% (%)
|
Oui (%)
|
Non
|
< 6 mois
|
0 (0.0)
|
52
|
[0.0 ;6.8]
|
6 à 23 mois
|
21 (18.8)
|
91
|
[12 .0 ; 27.2]
|
24 à 59 mois
|
13 (7.8)
|
153
|
[4.20 ;13.0]
|
Total
|
34 (10.3)
|
296
|
[7.3 ;14.2]
|
Cette forme de M PE paraîtmoins courante que les autres.
Chez les enfants de 0 à 59 mois, sa prévalence estde 10.3% [7.3 ;
14.2]. Néanmoins, elle est assez fréquente dans la tranche
d'âge de 0 à 59 mois où sa prévalence estde 10.3%
[7.6 ; 14.2], soit 4 fois environ sa prévalence dans la population de
référence de l'O M S qui est de 2.3% . C'est chez les enfants de
6 à 23 mois qu'elle semble plus répandue avec une
prévalence de 18.8% [12.0 ; 27.2]. L'émaciation est donc une
forme de MPE très fréquente dans le district de Tougan.
4.2.4.1. Le retard de croissance
Le retard de croissance indique une petite taille par rapport
à la taille normale
de l'âge considéré ; il
signal un état de malnutrition chronique ou
rabougrissement. Cette forme de M PE est présente si
l'indice nutritionnel taille/âge est inférieur ou
égalà moins deux.
Parmi les 330 enfants de 0 à 59 mois
enquêtés, 79 ont présenté une petite taille par
rapport à leur âge, soit une prévalence de 23.9% I19.5;
29.0]. Dans la tranche d'âge de 6 à 59 mois, cette
prévalence estde 28.4% I23.2 ;34.1].
La forme sévère estprésente chez 11.2% I8.16
; 15 .2] des enfants de 0 à 59 mois, la prévalence de la forme
modérée estde 12.7% I9.41 ;16.9].
Le tableau suivant décritla distribution du retard de
croissance selon l'âge.
Tableau XI. Distribution du retard de
croissance selon l'âge chez les enfants de 0 à 59 mois du DS de
Tougan (n = 330).
Retard de croissance Intervalle de confiance à
Tranche d'âge
Oui(%) Non 95% (%)
< 6 mois 0 (0.0) 52 I0.0;6.8]
6 à 23 mois 32 (28.6) 80 I20.4 ;37.9]
24 à 59 mois 47 (28.3) 119 I21.6;35.8]
Total 79 (23.9) 251 I19.5 ;29.0]
On remarque que la prévalence du retard de croissance
est presque nulle chez les moins de 6 mois (IC à 95% : I0.0 ;6.8]). Par
contre cette forme de MPE esttrès fréquente dans les tranches
d'âge 24 à 59 et de 6 à 23 mois. Chez les enfants de moins
de 5 ans, sa prévalence vaut 10 fois celle de la population de
référence de L'OM S.
4.2.4.2. L'insuffisance pondérale
Cette forme de malnutrition permet d'identifier les enfants
dont le poids est faible par rapport au poids normal de leur âge. Un
indice nutritionnel poids/âge inférieur ou égal à
moins deux écart types indique la présence d'une insuffisance
pondérale. C'est l'une des formes de M PE les plus fréquentes
dans le D S de Tougan. Elle est environ 11 fois plus fréquente parmi
les
enfants de moins de 5 ans de Tougan qu'au sein de la population
de référence de l'O M S.
Le tableau suivant décritla distribution de cette forme de
M PE selon l'âge.
Tableau XII. Distribution de
l'insuffisance pondérai selon l'âge chez les enfants de 0 à
59 mois du DS de Tougan (n = 330).
Tranche d'âge
|
Insuffisance pondérai
|
|
Intervalle de confiance
à 95% (%)
|
|
Oui(%)
|
Non
|
< 6 mois
|
0 (0.0)
|
52
|
[0.0;6.8]
|
6 à 23 mois
|
39 (34.8)
|
73
|
[26.1;44.4]
|
24 à 59 mois
|
43 (25.9)
|
123
|
[19.4;33.3]
|
Total
|
82 (24.8)
|
248
|
[20.4 ;29.9]
|
On constate que cette forme de MPE estégalement
pratiquement absente avant 6 mois. Cependant, si l'on considère
l'ensemble de la tranche d'âge de 0 à 59 mois, l'insuffisance
pondérai est 11 fois plus fréquente chez les enfants du D S de
Tougan qu'au sein de la population de l'O M S . C'est dans la tranche
d'âge de 24 à 59 mois et plus particulièrement de 6
à 23 mois qu'elle sem biplus fréquente avec des
prévalences de 25.9% et de 34.8%.
Il faut noter que les calculs nous ont donné une
prévalence d'insuffisance pondérale,très importante,de
29.5% [24.2 ;35.2]chez les enfants de 6 à 59 mois.
D'une manière générai, on constate que la
M PE est répandue chez les enfants de 0 à 59 mois du D S de
Tougan. Quelque soit la forme de M P E considérée, elle sem
biplus fréquente à Tougan que dans la population de
référence de l'O M S . Le groupe d'âge de 6 à 23
mois estapparemment le plus touché.
4.3. INFLUENCE DES
CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES, SOCIO-ÉCONOMIQUES ET
CULTURELLES SUR LA MPE
4.3.1. Les caractéristiques des
enfants
Les caractéristiques qui nous ont intéressé
chez les enfants sont l'âge, le sexe, le poids de naissance, le rang de
naissance et le statut vaccinal.
4.3.1.1. Le lien entre la MPE et les variables sexe,
âge, rang de naissance et statut vaccinal
Le tableau suivant montre la distribution de la M PE selon ces
différentes caractéristiques.
Tableau XIII. Distributions de la M P E
selon le statut vaccinal, l'âge, le sexe et le rang de naissance (n = 330
pour chacune des variables).
Variable
|
Modalités
|
MPE
|
|
p
|
RP avec intervalle de confiance à 95%
|
|
Oui(%)
|
Non
|
Statut vaccinal
Age (en mois)
Sexe
Rang de naissance
|
Non CV CV
[6;59]
[0;6 [
M F 1 à 2 et 6 à 11
3 à 5
|
18(40.0)
107 (37.5)
125 (44.9)
0 (0.0)
70 (39.3) 55 (36.2) 87 (43.2) 38 (29.5)
|
27
178
153
52
108
97
114
91
|
0.75 <10-6 0.57
0.02
|
1.07 [0.72 ;1.57]
Non défini
1.09 [0.82 ;1.44]
1.47 [1.08 ;2.00]
|
La proportion de m alnutris chez les enfants vaccinés
estde 37.5% contre 40% chez les non vaccinés. La différence
observée entre ces deux proportions n'est pas statistiquement
significative ; il n'existe donc pas de relation statistique entre le statut
vaccinal et la M PE.
Par rapport à l'âge, la proportion des m alnutris
chez les moins de 6 mois est de 0% [0.0 ; 6.8]. Chez les enfants de 6 à
59 mois, cette proportion est de 44.9% . La différence observée
est statistiquement significative (p <10-6).
En ce qui concerne le sexe,ce tableau montre que la proportion
des garçons malnutris estde 39.3% et que celle des filles estde 36.2% .
La probabilité (p = 0.57) obtenue montre que la différence entre
ces deux proportions n'est pas significative.
Quant au rang de naissance, nous avons d'abord comparé
les pourcentages des m alnutris dans les trois modalités "1-2", "3-5", "
6 ou plus". Nous avons constaté qu'ils sontdifférents (p = 0.03).
Ensuite, nous les avons comparés deux à deux et trouvé que
le pourcentage de la modalité "3-5"estdifférent de celui de la
modalité "1-2" (p = 0.0462355) et de celui de la modalité " 6 ou
plus" (p = 0.0151445). La comparaison des pourcentages des modalités
"1-2" et "6 ou plus" montre qu'ils ne sont pas différents (p =
0.5130915). Cela nous a emmenés à calculer la proportion des m
alnutris chez les enfants de rangs de naissance "1-2" et"6 ou plus" puis
à la comparer à celle des enfants de la modalité "3-5". On
constate alors que la proportion des m alnutris chez les enfants dont le rang
estcompris entre "3-5" estde 29.5% contre 43.2% chez ceux dont le rang est
compris entre 1 et2 ou supérieur ou égal à 6. La
différence entre ces deux proportions estsignificative (p=0.02). Le
rapport de prévalence (RP) montre que chez ces derniers la M PE
estprès d'une fois et demie plus fréquente que chez les enfants
de rang 3 à 5. Il existe donc un lien entre la MPE et le rang de
naissance.
4.3.1.2. Le lien entre la MPE et le poids de
naissance
Tableau XIV. Distribution de la M PE
selon le poids de naissance (n = 87)
Variable
|
Modalités
|
MPE
|
|
p
|
RP et intervalle de confiance à
95%
|
Oui(%)
|
Non
|
Poids de naissance
|
Inférieur à 2500g Supérieur ou
égale à 2500g
|
10 (66.7) 18 (25,0)
|
5
54
|
0.002
|
2.25 [1.09 ;4.7]
|
Parmi les 330 enfants enquêtés, 87 (26.4% )
seulement disposent dùn carnet où leur poids de naissance
estindiqué. Parmi ces derniers, 15 (17.2% ) ontun faible poids de
naissance. Ce tableau montre que la proportion de la M PE chez les enfants de
faible poids de naissance estde 66.7% contre 25% chez les enfants de poids de
naissance normal. La différence entre ces proportions est significative
(p=0 .002). Le R P indique que chez les enfants de faible poids de naissance,
la proportion des m alnutris est deux fois plus élevée que celle
trouvée chez les enfants dont le poids de naissance estnormal.
4.3.2. L'influence des caractéristiques des
parents sur la MPE 4.3.2.1. Les caractéristiques
démographiques
Le tableau suivant décritla distribution de la M PE selon
les caractéristiques démographiques.
Tableau XV. Distributions de la M PE
selon les caractéristiques démographiques (n = 330 pour chacune
des variables).
Variable Modalités
|
MPE
|
RP avec Intervalle p de confiance à 95%
|
|
Oui(%) Non
|
7à 11 31(44.3) 39
Parité mère
1 à 6 95(36.5) 165 0.241.21 [0.89; 1.65]
Nombre 3 ou + 28(5 7.1) 21
d'enfants < 5 0.003 1.66 [1.24; 2.21]
ans 1 à 2 97(34.5) 184
Taille du 9 et plus 35(49.3) 36
ménage Moins de 9 90(34.8) 169 0.03 1.42
[1.06; 1.89]
La proportion des m alnutris chez les enfants dont la
parité de la mère est7 ou plus estde 44.3% . Celle des enfants m
alnutris chez ceux dont la parité de la mère est6 ou moins estde
36.3%. La différence entre ces proportions n'est pas significative.La
MPE ne semble pas liée à la parité de la mère.
Parmi les enfants qui sont trois ou plus par ménage, la
proportion des malnutris estde 57.1%. Elle estde 34.2% parmi ceux qui sontdeux
ou moins par ménage. La différence observée entre ces deux
proportions est significative (p= 0.003). Le RP indique que la proportion des m
alnutris parmi les enfants qui sonttrois ou plus par ménage estune fois
et demie plus élevée que la proportion des m alnutris chez les
autres enfants. Il existe donc un lien entre le nombre d'enfants de moins de
cinq ans par ménage et la M PE.
La proportion des m alnutris parmi les enfants dont la taille
du ménage est9 ou plus estde 49.3% contre 34.9% chez ceux dont la taille
du ménage estmoins de 9. La différence observée est
significative. Le RP signale que la proportion des m alnutris chez les enfants
dont la taille du ménage est9 ou plus est une fois et demie plus
élevée que celle des autres enfants. Donc nous pouvons conclure
qu'il existe un lien entrela MPE et la taille du ménage.
Le lien entre la MPE et l'intervalle inter
génésique
Tableau XVI. Distribution de la M PE
selon l'intervalle inter génésique (n = 107)
MPE
Variable Modalités
Oui (%) Non
|
p
|
RP et intervalle de confiance à 95%
|
Intervalle inter < 36 40 (51.3) 38
génésique 0.03 1.86 [0.99;
3.48]
(en mois) 36 et + 8 (27.6) 21
Parmi les 330 enfants enquêtés, nous avons pu
obtenir la différence d'âge entre 107 enfants et leur petit
frère direct. La plupart de ces enfants (72.9%) ont moins de 36 mois de
plus que leur petit frère. Ce tableau montre que le pourcentage des m
alnutris parmi les enfants qui ontmoins de 36 mois de plus que leur petit
frère direct est de 51.3% contre 27.6% pour les autres. La
différence observée entre ces deux proportions est
statistiquement significative (p= 0.03). Cependant, cette association ne semble
pas très forte car l'intervalle de confiance n'est pas significatif.
4.3.2.2. Les caractéristiques
socio-économiques et culturelles
Le tableau ci-après décritla distribution de la M
PE suivant les caractéristiques socio-économiques et
culturelles.
Tableau XVII . Distributions de la M PE
suivant les caractéristiques socio- économiques et culturelles (n
= 330 pour chacune des variables).
Variable
|
Modalités
|
MPE
|
|
p
|
RP avec intervalle de confiance à 95%
|
Oui (%)
|
Non
|
Niveau d'instruction de la mère
Niveau socio- économique
Suivi de la CNS
Interdits alimentaires
|
Non alphabétisée
Alphabétisée- supérieur
Faible Intermédiaire-élevé
Irrégulier
Régulier
Oui
Non
|
99(41.6) 26(28.3) 43(50.0) 82(33.6)
116 (40.1)
9 (21.9)
73(39.3) 52(36.1)
|
139
66 43 162
173
32
113
92
|
0.03
0.01
0.02 0.56
|
[1.03 [1.13
[1.01 [0.82
|
1.47
;2.11]
1.49
;1.96]
1.83
;3.31]
1.09
;1.44]
|
Parmi les enfants dont la mère n'a aucun niveau
d'instruction, la proportion des malnutris est de 41.6% contre 28.3% chez les
autres enfants. La différence observée entre ces deux proportions
est significative (p=0.03). Le RP vaut 1.47, c'est-à-dire que la
proportion des m alnutris chez les enfants dont la mère n'a aucun niveau
d'instruction est1.5 fois plus élevée que celle des autres
enfants. Donc il existe un lien entre la M PE et le niveau d'instruction de la
mère.
Chez les enfants dont le niveau socio-économique du
ménage est faible, la proportion des m alnutris est de 50% contre 33.6%
chez les autres. Cette différence est significative (p= 0.01). Le RP
montre que la M PE est1.5 fois plus fréquente chez les enfants dont le
niveau socio-économique du ménage estfaible. Donc, il y a un lien
entre la M PE et le niveau socio-économique du ménage.
Chez les enfants qui ne bénéficient pas
dùn suivi régulier, la proportion des m alnutris estde 40.1%
contre 21.9% chez ceux dont le suivi est régulier. La différence
entre ces deux proportions est significative (p= 0.02). RP= 1.83 ; la M PE est
donc deux fois plus fréquente chez les enfants dont le suivi est
irrégulier. Ainsi, il existe un lien entre la M PE et le suivi
nutritionnel des enfants.
Chez les enfants frappés d'interdits alimentaires, la
proportion des m alnutris estde 39.3% contre 36.1% chez les autres. La
différence observée entre ces deux proportions n'est pas
significative. Il n'y a donc pas de lien entre la M PE et l'interdit
alimentaire.
4.3.2.3. Distribution de la MPE selon la qualité
de l'alimentation
Le tableau qui suit montre la distribution de la M PE selon cette
variable. Tableau XVIII. Distribution de la M PE selon
la qualité de l'alimentation de
sevrage (n=116)
Variable Modalités
|
MPE
|
p
|
RP avec intervalle de confiance à 95%
|
Oui(%) Non
|
Aliments Non variés 33(45.8) 39
de sevrage Assez variés 23(52.3) 21 0.50 0.88 [0.61
;1.28]
Chez les enfants dont l'alimentation des dernières 24
heures a été jugée non variée la proportion des m
alnutris estde 45.8%. Cette proportion estde 52.3% chez ceux dont
l'alimentation des dernières 24 heures a été jugée
variée. La différence entre ces deux proportions n'est pas
significative. Donc, selon ce résultat, il n'y aurait pas de lien entre
la M P E et la qualité de l'alimentation de complément lors du
sevrage.
4.4. L'INFLUENCE DES INFECTIONS ET DIARRHEES SUR LA
MPE
Le tableau suivant montre la distribution de la M PE selon ces
deux variables.
Tableau XIX. Distributions de la M
PE selon la présence ou l'absence de la diarrhée et de
l'infection (n = 330).
MPE
Variable Modalités
Oui(%) Non
|
p
|
RP avec intervalle de confiance à 95%
|
Oui 67(45.6) 80
Infection 0.01 1.44 [1.09 ;1.90]
Non 58 (31.7) 125
Diarrhée
|
Oui 53 (59.6) 36
Non 72 (29.9) 169
|
<3.10-6 1.99 [1.54 ;2.58]
|
Au cours des 15 derniers jours ayant précédé
l'enquête, 147 (44 .5% )des 330 enfants onteu un épisode
d'infection.
Parmi les enfants avec infection, la proportion des m alnutris
est de 45.6%. Chez les enfants sans épisode d'infection la proportion
des m alnutris estde 31.7% . La différence entre ces deux proportions
est significative (p= 0.01). RP= 1.44 ;ainsi,la fréquence de la M PE
estenviron 1.5 fois plus élevée chez ceux qui ont
présenté une infection que chez ceux qui n'ont pas
présenté d'infection. Donc, il existe un lien entre la M PE et
les infections.
Durant les 15 derniers jours ayant
précédé l'enquête, 89 (27%) des 330 enfants
enquêtés ont eu un épisode de diarrhée. Chez ces
enfants, la proportion des m alnutris estde 59.6% contre 29.9% chez ceux qui
n'ontpas fait de diarrhée. La différence entre ces deux
proportions de m alnutris est significative (p<3 .10-6). Le R P
indique que la M P E estdeux fois plus fréquente chez les enfants avec
épisode de diarrhée.On peut donc dire qu'il existe un lien entre
la M PE et la diarrhée chez les enfants.
4.5. LES FACTEURS LIÉS AUX AGENTS DE SANTÉ
4.5.1. La planification de la lutte contre la MPE
Pour apprécier la planification de la lutte contre la MPE,
nous avons identifié dixéléments clé qui sont :
- l'existence du plan,
- l'adoption du plan par la communauté,
- l'existence d'objectifs spécifiques concernant la M
PE,
- la prévision de l'approvisionnement en carnets et fiches
infantiles, - l'existence et la gratuité des carnets et fiches
infantiles,
- la prévision des CNS en stratégie
avancée,
- la prévision de démonstrations culinaires aux
mères des enfants malnutris modérés ou à risque,
- l'existence du guide de démonstrations culinaires,
- la prévision des VAD aux enfants m alnutris
modérés ou à risque, - le planning mensuel des
activités de lutte contre la M PE.
Chaque plan a été noté sur 10 selon que
les éléments suscités ont été pris en compte
ou non (un point pour chaque élément). Les critères
d'appréciation que nous avons utilisés sont:
- nombre de points inférieur à 8 :planification
insatisfaisante;
- nombre de points supérieur ou égalà 8
:planification satisfaisante.
Notons que nous devrions examiner les plans d'action des 25
CSPS du DS de Tougan. Mais lùn des CSPS venait d'être ouverten
février 2007 et n'avait donc pas de plan d'action. Nous l'avons exclu
pour éviter un biais dans l'appréciation de la planification
sanitaire au niveau des CSPS du district.
La figure suivante présente la distribution des
différents éléments d'appréciation des plans
d'action.
120%
100%
40%
80%
60%
20%
0%
100,0% 95,8% 91,7%
87,5%
75,0% 70,8%
50,0% 45,8%
37,5%
16,7%
Oui Non
Eléments d'appréciation
Figure 10. Distribution des
différents éléments d'appréciation des plans
d'action des CSPS duDS de Tougan (n = 24).
Cette figure montre que:
- tous les 24 CSPS disposent de plan d'action pour l'année
2007 ; - seuls deux plans n'ontpas été adoptés par la
communauté ;
- parmi les 24 plans, 21 comportent des objectifs
spécifiques
concernant la MPE ;
- dans 23 CSPS sur 24, les carnets CPN ainsi que les fiches
infantiles sontdisponibles et gratuits.
Par contre des efforts restent à faire en ce qui concerne
les points suivants:
- dans 13 des 24 plans, soit environ 54%, les
démonstrations culinaires n'ont pas été prévues;
- seulement 9 des 24 plans ont prévu des VAD ;
- dans 6 (25% ) des 23 CSPS où il existe des villages
à 5 Km ou plus, la CNS en stratégie avancée n'a pas
été prévu;
- seulement 4 (16.7%) des 24 CSPS disposent de guide de
démonstrations culinaires mais aucun des 20 plans des C S PS n 'en
disposant pas n 'a prévu l'acquisition de ce document.
La distribution des scores attribués aux différents
plans est présentée pari tableau suivant.
Tableau XX. Distribution des
scores attribués aux plans d'action (n=24)
Score du plan
|
Effectif
|
Fréquence relative (%)
|
4
|
1
|
4,2
|
5
|
5
|
20,8
|
6
|
7
|
29,2
|
7
|
2
|
8,3
|
8
|
5
|
20,8
|
9
|
4
|
16,7
|
Total
|
24
|
100,0
|
Le score moyen des plans d'action estde 6.7, iplus faible score
étant4 et le plus élevé 9.
Ce tableau montre que 9 plans sur is 24 ont obtenu un score
supérieur ou égal à 8, soit 37.5% de plans d'action
satisfaisants en ce qui concerne la planification des activités de lutte
contre la M PE.
4.5.2. La CNS
La CNS a été apprécie par l'observation
de 49 agents de santé en pratique de CNS. Nous avons observé
chacun des 49 agents consulter 3 nourrissons sains. Nous avons donc pu assister
à la consultation de 147 enfants de 0 à 59 mois.
Nous avons identifié dix actions primordiales à
accomplir lors de la CNS. Chaque agent a été noté suivant
qu'il accomplissait ou non ces actions lors de la CNS. Nous avons
considéré que la C N S est satisfaisante si le nombre moyen de
points de l'agent est supérieur ou égal à 8 qui correspond
au troisième quartile de la distribution du nombre de points
possibles.
La figure suivante montre la distribution des actions accomplies
lors des 147 CNS que nous avons suivies.
120,0%
100,0%
40,0%
20,0%
80,0%
60,0%
0,0%
Oui Non
97,3% 93,9%
82,3% 70,1%
62,6% 52,4%
46,3%
38,1% 34,0%
6,8%
Eléments d'appréciation
Figure 11. Distribution des
différentes actions réalisées lors des CNS par les agents
de santé (n = 147).
En étudiant ce graphique, on peut faire les remarques
suivantes:
- la balance esttarée avant le début de la
pesée dans 82 % des CN S;
- dans près de 94% des consultations, l'enfant estnu ou
légèrement vêtu pour la pesée;
- les agents lisent correctement le poids lors de 97% des CN
S.
Cependantdes insuffisances ont été
constatées:
- les agents ne recherchent presque pas d'éventuels
oedèmes lors des consultations;
- dans presque 70% des CNS, l'anémie n'est pas
recherchée;
- dans environ 50% des C N S, les agents n'expliquent pas
l'état nutritionnel de l'enfant à sa mère ni la CAT;
- l'indice nutritionnel n'estpas déterminé dans 30%
des cas; - la courbe estmise à jour dans seulement 60% des CNS.
La distribution des scores moyens attribués aux agents est
illustrée par la figure suivante.
RespC N S ICP
12
10
4
2
8
6
0
Score
Figure 12. Distribution des scores
moyens obtenus par les agents de santé selon la fonction (n = 49).
On constate que seulement 6 (12 .2%) agents sur 49 effectuent la
C N S de façon satisfaisante.
Par ailleurs, on remarque que les responsables de CNS sont les
plus nombreux avec les plus faibles scores. La situation s'inverse au niveau
des scores les plus élevés. Toutefois, la figure montre que les
distributions des scores selon la fonction des agents sont semblables.
V. DISCUSSION
Notre discussion a concerné les points suivants:
- la validité de notre étude,
- l'atteinte de nos objectifs,
- les résultats de l'étude sur la prévalence
de la M PE,
- les résultats concernant les facteurs liés aux
enfants et à leurs parents,
- le lien entre la M PE et les pathologies (infections et
diarrhées),
- les résultats de l'étude sur la lutte que
mènent les agents de santé contre la M PE.
5.1. DE LA VALIDITÉ DE L'ÉTUDE
Les précautions ont été prises pour
garantir la validité de nos outils.Quant aux balances utilisées
pour la mesure des poids des enfants, elles ont été choisies
parmi les meilleures dont disposait le personnel de santé du D S de
Tougan. Dans le souci d'éviter des biais de mesure, ces balances ont
été vérifiées par un test sur sept enfants de 0
à 59 mois en séjour au CREN de Tougan et les enquêteurs ont
été formés et supervisés par nous-mêmes. Les
procédures de mesure du poids, de la taille et d'estimation de
l'âge en cas d'absence de carnet SM I ou d'extrait de naissance ont
également été fournies aux enquêteurs.
En ce qui concerne la sélection des enfants pour
l'étude, nous avons procédé par un échantillonnage
aléatoire à plusieurs degrés en tenant compte de l'effet
grappe par l'utilisation du facteurde correction recommandé. Les
villages ont été tirés au sort en présence du MCD,
du responsable CISSE et du préparateur d'état en pharmacie du DS
de Tougan.
Quant à l'exécution de l'étude, nous
avons obtenu un niveau acceptable. En effet, les 330 enfants prévus ont
été atteints par l'enquête et toutes les mères ou
personnes s'occupant de ces enfants ont accepté s'entretenir avec nous.
C'est l'échantillon des agents de santé prévu qui n'a pas
pu être atteint
compte tenu du fait que l'un des CSPS ne disposait que d'un seul
agent. Mais à ce niveau aussi, nous avons pu enquêter 49 agents
sur s 50 prévus.
Toutefois, compte tenu du fait que l'investigation a
été réalisée en période de soudure, les
prévalences trouvées pourraient être un peu plus
élevées que pendant les autres périodes de l'année.
Aussi, la précision de notre étude est relativement faib et
pourrait contribuer à des conclusions différentes d'autres
études avec une précision élevée. De plus, notre
étude étant de type transversal, nous ne prétendons pas
mettre en évidence des relations de causalité. Néanmoins,
nous estimons que ces insuffisances n'entachent pas sérieusement la
validité de notre étude.
De ce qui précède, nous pouvons die que les
résultats de notre étude reflètent la
réalité dans le domaine de la malnutrition des enfants au sein
des populations du DS de Tougan. Nous pensons que cette étude est
reproductible dans les autres DS du Burkina-Faso.
5.2. DE L'ATTEINTE DE NOS OBJECTIFS
L'étude a permis d'obteni la prévalence de la M
PE et de ses différentes formes dans les différentes tranches
d'âge des enfants de moins de cinq ans dans le DS de Tougan. Ainsi, nous
pouvons die que notre premier objectif spécifique qui consistait
à déterminer la prévalence de la M PE chez les enfants de
moins de cinq ans dans le D S de Tougan a été atteint.
Notre deuxième objectif spécifique qui
était d'identifier les facteurs liés aux populations et
associés à la M P E dans le D S de Tougan a aussi
été atteint. En effet, nous avons pu mettre en évidence,
par l'analyse statistique, que certaines caractéristiques des enfants et
de leurs parents étaientassociées à la M PE dans le DS de
Tougan. Ce sont, entre autres, le nombre d'enfants de moins de cinq ans par
ménage, le poids de naissance des enfants, la taille du ménage,
le niveau d'instruction de la mère, le niveau socio-économique du
ménage. Ceci confirme du même coup notre première
hypothèse qui stipulait
que la M PE était associe à des facteurs
démographiques, socio- économiques et culturels au sein des
populations dans le DS de Tougan.
Par ailleurs, l'analyse des données
récoltées nous a permis de mettre évidence l'association
entre la M PE et les infections ainsi que la diarrhée. Notre
hypothèse sur l'association de la M P E et des pathologies, notamment
l'infection et la diarrhée,se trouve ainsi confirmée.
Enfin, nous avons pu apprécier la planification de la
lutte contre la M PE ainsi que l'activité de C N S effectuée par
les agents de santé du D S de Tougan . Des insuffisances ont
été mises en évidence. Cela confirme notre
troisième hypothèse qui supposait que les activités de
lutte que mènent les agents de santé contre la M PE comportaient
des insuffisances qui limitaient leur efficacité à rédute
la fréquence de cette maladie.
Ainsi nous pouvons dte que tous nos objectifs ont
été atteints et nos hypothèses confirmées par
l'enquête. Notre cadre conceptuel a donc été validé
par les résultats que nous avons obtenus.
5.3. DES RÉSULTATS SUR L'ÉTAT NUTRITIONNEL
DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS DANS LE DS DE TOUGAN
Notre étude a montré que la M PE est
fréquente chez les enfants de moins de cinq ans dans le DS de Tougan.
Nous avons trouvé chez ces enfants une prévalence de 37.9% [32.7
;43.4] de MPEglobale.
Chez les enfants de 6 à 59 mois, la M PE
estégalementtrès fréquente : en effet, 45.0% [39.0 ; 51,0]
d'entre eux souffrent d'une forme ou d'une autre de MPE.
Notre étude a aussi permis de déterminer la
prévalence des différentes formes de M PE que sont
l'émaciation, le retard de croissance et l'insuffisance
pondérale. Chez les enfants de moins de cinq ans, les prévalences
de ces formes sont respectivementde 10.3% [7.3 ; 14.2], 23.9% [19.5 ; 29.0]
et
24.8% [20.4 ;29.9]. Chez ceux de 6 à 59 mois ces
prévalences sontde 12.2%
[8.6 ;16.7], 28.4% [23.2 ;34.2] et 29.5% [24.2 ;35.2].
L'annuaire statistique 2005 de la DEP du ministère de
la santé [15] a rapporté une proportion de 42.2%
de m alnutris parmi les enfants de moins de cinq ans qui ont été
suivis durant l'année 2005 dans le DS de Tougan. Ce résultat
concorde avec les nôtres.
L'INSD et ORC Macro, à travers L'EDSBF-III (2003)
[12], ont également trouvé une prévalence
du même ordre pour la malnutrition chronique chez les enfants de 6
à 59 mois dans la Boucle du M ouhoun (34%).
Lors de leur étude Les grands hydro
aménagements au Burkina-Faso contribuent-ils à
l'amélioration de la situation nutritionnelle des enfants? (1994),
G ERARD P. et ses collaborateurs [13] ont aussi trouvé
des prévalences du même niveau chez les enfants de moins de cinq
ans : 13.7% pour l'émaciation et 26.2% pour le retard de croissance. La
fréquence de la M P E n'a donc pas changé depuis plus d'une
décennie malgré les différents efforts consentis.
La prévalence de la M PE globale trouvée par
notre étude concorde avec les données de l'annuaire statistique
2005 de la DEP [15]. Nos résultats sur les
prévalences des différentes formes de M PE concordent aussi avec
les données de la littérature scientifique que nous avons
consultée.
Par rapport aux standards de l'O M S , la prévalence de
10.3% de l'émaciation chez s enfants de moins de 5 ans de Tougan vaut
plus de 4 fois celle de la population de référence de l'O M S qui
est de 2.3% . Les fréquences du retard de croissance et de
l'insuffisance pondéra chez les enfants de 0 à 59 mois de Tougan
valent toutes plus de 10 fois celles de la population de
référence.
Par rapport aux seuils de gravité de l'OM S, la
prévalence de la malnutrition aiguë chez les enfants de 6 à
59 mois est légèrement au-dessus du seuil de 10%, mais la
différence n'est pas significative. Par contre, chez les enfants de 6
à 23 mois la prévalence de cette forme de M PE qui estde 18.8%
,dépasse
largement ce seuil. En ce qui concerne la prévalence de
l'insuffisance pondérai, elle està la limite du seuil de 30% dans
la tranche d'âge de 6 à 59 mois. Quant à la
fréquence de la malnutrition chronique, elle estégalement
à la limite du seuil de 20% chez les enfants de 0 à 59 mois, mais
elle afranchi ce seuil chez les enfants de 6 à 59 mois.
On peut donc dire qu'il n'y a pas d'urgence nutritionnelle
chez les enfants de moins de 5 ans du D S de Tougan; par contre, il est
évident que l'état nutritionnel de ces enfants n'est pas du tout
satisfaisant. Il pourrait même basculer dans une situation d'urgence si
la sécurité alimentaire et la surveillance nutritionnelle se
détériorent ou ne sont pas renforcées.
Cette situation pourrait s'expliquer par l'état de
pauvreté généralisée des populations et par
l'insécurité alimentaire dans l'ensemble de notre pays. De plus,
notre étude a permis de mettre en évidence d'autres facteurs de
risque liés aux populations et dont la plupart pourrait être
évitée.
5.4. DES RÉSULTATS CONCERNANT LES FACTEURS
LIÉS AUX ENFANTS ET À LEURS PARENTS
5.4.1. Les caractéristiques des enfants et la MPE
5.4.1.1. MPE et sexe de l'enfant
Notre étude a montré que 39.3% des
garçons sont atteints de M PE contre 36.2% des filles. La
différence observée n'est pas statistiquement significative (p =
0.57). Il n'y a donc pas de lien statistique entre le sexe et la MPE.
Ce résultat est conforme aux résultats de
l'EDSBF-III (2003) [12] qui a rapporté des proportions
de 38.2% pour l'insuffisance pondérai chez les garçons et de
37.1% chez is filles. En ce qui concerne la malnutrition chronique, les
proportions étaient de 40.3% pour les garçons et 37.1% pour les
filles.
Par contre, notre résultat est différent de
celui obtenu par l'INSD [11] lors de leur intitulée
Etude spécifique sur Pauvreté et santé au Burkina -
Faso, (2002). Cette étude a pu mettre en évidence une
association statistiquement significative entre le sexe masculin et la
malnutrition par la méthode de la régression logistique.
Les garçons seraient plus sensibles à la
malnutrition que les filles. La différence de nos résultats avec
ceux de l'INSD pourrait s'expliquer par le fait que l'INSD a utilisé une
technique d'analyse plus avancée que la nôtre. Les mesures
anthropométriques diffèrent peu entre filles et garçons de
moins de cinq ans. De ce fait,l'analyse simple univariée que nous avons
utilisée n'a probablement pas pu mettre en évidence cette
relation même si elle existe dans nos données.
5.4.1.2. Statut vaccinal et MPE
Notre étude indique que le statut vaccinal n'est pas
significativement associé à la MPE (p = 0.75).
Ce résultat est conforme à celui trouvé
par AG BO ZO G N IG B E D. et collaborateurs lors de leur étude
Facteurs associés à la malnutrition des enfants de 0 - 59
mois dans le village de Lagbo (Aklankpa) en 2006 au Bénin
[31]. Ils avaient trouvé aussi que l'association entre
le statut vaccinal et la malnutrition n'était pas statistiquement
significative (khi deux = 0 .05, p = 0. 83).
Ce résultat, surprenant, peut s'expliquer par la
couverture vaccinale assez élevée (autour de 80%) observée
dans le DS de Tougan ces dernières années. Cette bonne couverture
a permis de réduire la circulation des maladies cibles du PEV, rendant
actuellement leur part assez négligeable dans la survenue de la M PE.
5.4.1.3. Le lien entre les variables âge, rang de
naissance, le poids de naissance et la MPE
Notre étude a montré que la malnutrition
esttrès rare avant 6 mois. C'est à partir de 6 mois que les
problèmes nutritionnels commencent. Nos résultats indiquent que
c'est la tranche d'âge de 6 à 59 mois qui estassociée
à la M PE (p < 3.10-6).
Les résultats de l'EDSBF-III [12]
sontsemblables. En témoigne la description suivante du lien
entre l'âge et la M PE : « Selon l'âge, on observe des
variations importantes de la prévalence de la malnutrition chronique,
qu'elle soit modérée ou sévère. La proportion
d'enfants accusant un retard de croissance augmente très
régulièrement et très rapidement avec l'âge :de 7 %
à moins de 6 mois, la prévalence de la malnutrition chronique
double pour atteindre plus de 40 % à partir d 'un an».
Dans un rapport d'une enquête nutritionnelle
réalisée en République Démocratique du Congo en
Décembre 2005, Action Contre la Faim (ACF)[32] a fait
le même constat en ces termes : « En ce qui concerne les enfants de
moins de six mois, la malnutrition globale est marginale et la malnutrition
sévère est absente ».
Avant 6 mois, les enfants disposent, grâce au lait
maternel, de tous les éléments nutritifs nécessaires
à leur bon développement. Mais à partir de cet âge,
le lait devient insuffisant, l'alimentation de sevrage est souvent peu
variée et la ration des enfants perd en qualité mais aussi en
quantité par rapport à leur âge et à leur poids.
C'est cela qui explique que la M PE soit très rare avant 6 mois et
très fréquente juste après.
Par rapport au rang de naissance, notre étude a permis
de constater que les deux premiers rangs de naissance ainsi que les rangs
supérieurs ou égaux à 6 présentent un lien
statistique avec la M PE (p = 0.02).
L'EDSBF-III[12] a obtenu des résultats
en partie similaires. Les auteurs ont déclaré que : «Du
point de vue du rang de naissance, on constate également
une augmentation légère de la malnutrition
chronique avec le rang de l'enfant : 37 % pour les enfants de rang 1, 38 % pour
les enfants de rangs 2-5 et 41 % pour les rangs 6 ou plus».
Ce résultat peut s'expliquer par les difficultés
qu'éprouventgénéralement les nouvelles mères
à prodiguer des soins adéquats à leurenfant surtout lors
du sevrage. Le sevrage est souvent mal conduit, d 'où la
détérioration de l'état nutritionnel des enfants pendant
cette période. Par rapport au lien avec les rangs de 6 et plus, nous
pensons qu'il est surtout dû aux faibles poids de naissance
fréquents chez les grandes multipares ainsi qu'au nombre souvent
élevé d'enfants en bas âge dans les foyers des grandes
multipares jeunes.
Quant au poids de naissance, notre étude indique qu'il
présente un lien significatif avec la M PE (p = 0.002), la
modalité en cause étant le faible poids de naissance. Ce
résultat peuts'expliquer par le fait que le faible poids de naissance
résulte le plus souvent d'une malnutrition maternelle, ce qui laisse
sous entendre que les conditions dans lesquelles l'enfant vivra
désormais sont précaires du point de vue de la
sécurité alimentaire mais aussi des pratiques d'alimentation et
d'hygiène du milieu. Il n'est donc pas étonnant qu'un enfant
déjà m alnutri avant la naissance et vivant dans ces conditions
voie sa malnutrition persister ou s'aggraver.
Nous constatons que certains enfants présentent des
caractéristiques susceptibles de les rendre plus vulnérables
à la MPE. Ces particularités sont, entre autres, l'âge
compris entre 6 et 59 mois, le faible poids de naissance et un rang de
naissance supérieur ou égale à 6. En
réalité, c'est souvent la conjugaison de plusieurs de ces traits
et de certaines des caractéristiques socio-économiques,
culturelles et démographiques de leurs parents qui sont associes la M
PE.
5.4.2. Les facteurs liés aux parents et
influençant la MPE 5.4.2.1. Le lien entre la MPE et les
caractéristiques démographiques
Parmi les variables démographiques, la taille du
ménage, la parité de la mère, l'intervalle inter
génésique et le nombre d'enfants en bas âge dans le
ménage ont fait l'objet de notre étude.
Nos résultats montrent que parmi les enfants dont la
parité de la mère est inférieure ou égale à
6, la proportion des m alnutris est de 36.3% . Chez les enfants dont la
parité de la mère est supérieure à 6, cette
proportion est de 44.3% . Cette différence observée n'est pas
significative (p = 0.22) : la parité de la mère n'a pas de lien
significatif avec la M PE.
En 1982, OUEDRAOGO V.M .[19] a trouvé
que 50% des mères des cas de M PE étaient de grandes multipares.
Ceci implique que 50% des mères des cas n'étaient pas de grandes
multipares. Donc ce résultatsuggère aussi qu'il n'y a pas de lien
entre la multiparité de la mère et la M PE.
Cette absence de lien entre la M PE et la multiparité
paraît compréhensible car le nombre d'enfants par femme ne peutpas
avoir d'emblée une incidence sur la malnutrition si les naissances sont
suffisamment espacées, le niveau socio- économique
élevé et les règles d'hygiène respectées.
En revanche, le nombre d'enfants de moins de 5 ans et la
taille du ménage présentent des associations statistiquement
significatives avec la malnutrition. Pour le nombre d'enfants de moins de 5
ans, c'est la modalité "3 et plus"qui est liée à la M PE
(p = 0.003). Quant à la taille du ménage, la modalité en
question est"9 et plus" (p = 0.03).
Dans leur étude Evaluation de l'état
nutritionnel des enfants de 0 -5 ans dans une aie de santé rurale au
Nord-Est de la République Démocratique du Congo,
réalisée en Mai 1999, KIRE R E M ATH E M ., K IVAS IG H A K . D .
et R IG O J. [17] ont mis en évidence le lien entre la
M PE et la taille du ménage. Ïs ont
rapporté qu'une taille supérieure ou égale
à 6 estassociée à la malnutrition chronique (RP =
2,36[1,26 ;4,41].
Par rapport au nombre d'enfants en bas âge dans le
ménage, PIECHULECK H .et M ENDOZA A. J.[33] ont
trouvé aussi des résultats similaires dans une étude
intitulée Les enfants de poids insuffisant à la naissance :
les exigences d'un programme de surveillance nutritionnelle qu'ils ont
menée en 1992 - 1993 au Cameroun. Ils ont rapporté ceci :«
dans les familles comprenant 3 enfants ou plus de moins de cinq ans, la
proportion des petits poids est de 15% alors qu'elles n'est que de 7% dans les
familles ne comprenant pas plus de 2 enfants de moins de cinq ans ».
Nos résultats concordent avec ces données et
montrent que ces variables sont associées à la M PE.
Le lien entre la MPE et le nombre d'enfants de moins de 5 ans
pourrait s'expliquer par le fait qu'un grand nombre d'enfants en bas âge
exige beaucoup d'attention et de ressources pour l'alimentation et les soins de
santé. De plus, en dehors de jumeaux ou des enfants d'un tiers, il est
pratiquementimpossible à une mère d'avoir 3 enfants ou plus de
moins de 5 ans en respectant un intervalle inter génésique
adéquat, or un petit intervalle inter génésique est
lié à la malnutrition.
Le lien entre l'intervalle inter génésique
et la MPE
Notre étude montre que parmi les enfants qui ontmoins
de 36 mois de plus que leur petit frère direct, la proportion des m
alnutris estde 51.3% alors que cette proportion tombe à 27.6% quand la
différence estsupérieure ou égale à 36 mois.
L'analyse statistique nous a permis de mettre en évidence l'association
entre l'intervalle inter génésique et la M PE (p = 0.03).
L'EDSBF-III (2003) [12] a aussi
suspecté un lien entre l'intervalle de naissance et la M PE : «
Parmi les enfants dont l'intervalle de naissance était inférieur
à 24 mois la proportion des cas de malnutrition chronique était
de
51.3%. Quand l'intervalle était entre 24 et 47 mois,
cette proportion était de 39.9% puis tombait à 29.5% parmi ceux
dont l'intervalle était de 48 mois ou plus». L'étude
étant purement descriptive, les auteurs ont conclu que :
«L'intervalle inter génésique semble également avoir
une influence sur la prévalence de la malnutrition ».
PIECH U LEC K H . et M EN DO ZA A. J. [33]
ont également trouvé des résultats similaires
dans l'étude : Les enfants de poids insuffisant à la
naissance: les exiences d'un programme de surveillance nutritionnelle
qu'ils ont menée en 1992 - 1993 au Cameroun. Ïs ont
déclaré que : « 19.7% des nouveaux-nés de
mères de moins de 20 ans ont un poids insuffisant ; ce taux augmente
à 57% quand les femmes ont déjà accouché dans les 2
années précédentes. Ces résultats soulignent
l'importance de la planification familiale ».
Ce lien peut s'expliquer par le fait qu'un intervalle assez
large permet à l'enfant de profiter plus longtemps du lait de sa
mère mais aussi de ses soins et des ressources disponibles dans le
ménage. Quand l'intervalle se rétrécit, l'attention est
détournée vers le plus petit et les maires ressources
partagées entre un plus grand nombre de personnes. C'est en ces moments
que la personne la plus vulnérable, l'enfant entre 6 et 23 mois, peut
être facilement atteint de malnutrition.
5.4.2.2. Le lien entre les caractéristiques
socioéconomiques et culturelles et la MPE
Notre étude a montré que le niveau
analphabète de la mère estassocié à la M PE (p =
0.03) de même que le faible niveau socio-économique (p = 0.01) et
l'irrégularité du suivi de la CNS (p = 0.02).
Dans leur étude Evaluation de l'état
nutritionnel des enfants de 0 -5 ans dans une aire de santé rurale au
Nord Est de la République Démocratique du Congo, KIRERE MATH
E M ., KIVASIGHA K. D. et RIGO J. (1999) [17] ont abouti aux
mêmes conclusions. Ils ont rapporté que le niveau
analphabète de la mère (RP : 2,56 [I.C. 1,41 ; 4,65]) ainsi qu'un
niveau socio-économique
médiocre de la famille de l'enfant (R P :3,94 [I.C . 2
,33-6,66]) étaient associés à la malnutrition
chronique.
Dans l'Étude spécifique sur pauvreté
et santé au Burkina-Faso de 2002, l'INSD [11] a
trouvé aussi que le niveau de vie et le niveau d'instruction de la
mère présentaient des associations statistiques avec
l'insuffisance pondérai après une régression
logistique.
Cela signifie que les enfants d'une mère instruite
ayant un niveau socio- économique moyen ou élevé auront
moins de risques de développer une M PE par rapport à ceux d'une
mère analphabète et de faible niveau socio- économique.
L'instruction permet aux mères d'acquérir de
meilleures connaissances sur la malnutrition, les différents types
d'aliments ainsi que les règles d'hygiène. Il est aussi plus
facile à des mères instruites d'initier et de mieux gérer
des activités génératrices de revenues, toutes choses qui
concourent à la lutte contre la MPE. A l'opposé, les femmes non
alphabétisées ont souvent tendance à attribuer la
malnutrition à l'action des génies et des dieux ce qui
éclipse iur propre responsabilité devant la malnutrition de leurs
enfants. Elles sont aussi les plus nombreuses à vivre dans des
conditions socio- économiques difficiles. C'est donc cet ensemble de
facteurs qui entrent en jeu pour expliquer cette association entre
l'analphabétisme de la mère, le faible niveau
socio-économique et la M PE.
En ce qui concerne le lien entre la M PE et le suivi de la
CNS, il a aussi été mis en évidence en 2006 au
Bénin par SINNAEVE O ., TESTA J., ABLEFONLIN E. et AYIV I B
.[18] lors de leur étude Aspects
épidémiologiques de la malnutrition infanto juvénile
à Cotonou. Ils ont rapporté que : « la malnutrition
était liée à la régularité du suivi
médical des enfants ».
Par contre, dans le cas de l'alimentation de complément
lors du sevrage et des interdits alimentaires, notre étude indique
qu'ils ne présentent pas de liens
significatifs avec la MPE (p = 0.50 pour l'alimentation et p =
0.56 pour les interdits alimentaires).
Dans leur étude Evaluation de l'état
nutritionnel des enfants de 0 -5 ans dans une aire de santé rurale au
Nord Est de la République Démocratique du Congo., KIRERE
MATH E M ., KIVASIGHA K. D. et RIGO J. (1999) [17] ont
trouvé un lien entre une alimentation de sevrage non variée et la
malnutrition (RP = 3.12 [1.47 ;14.30].
Ce résultat est contraire au nôtre. Cela pourrait
s'expliquer par le fait que notre méthode d'appréciation de la
qualité de l'alimentation comportait des insuffisances. En effet, nous
avons considéré uniquement la qualité des repas des
dernières 24 heures, pourtant rien ne nous permettait d'affirmer que la
qualité des repas donnés aux enfants était habituellement
la même. Ce résultat montre aussi toute la difficulté
d'apprécier correctement l'alimentation des populations surtout lors
d'une enquête transversale à passage unique comme la
nôtre.
L'analyse des liens entre la malnutrition et les variables
démographiques, socio-économiques et culturelles nous a permis de
dégager celles qui sont significativement associées à
cette affection. Ce sont:
le niveau socio-économique du
ménage,
le niveau d'instruction de la mère,
le nombre d'enfants de moins de 5 ans dans le
ménage,
la taille du ménage.
5.5. DES RÉSULTATS CONCERNANT LE LIEN ENTRE LA MPE
ET LES PATHOLOGIES (INFECTIONS ET DIARRHEES)
Selon les résultats de notre étude, la M PE et
la diarrhée sont statistiquement associes (p < 3 .10-6).
L'association entre la M P E et les infections est aussi significative (p =
0.01).
L'étude de O U ED RAO GO V. M . [19]
en 1982 au centre hospitalier national Yalgado de Ouagadougou a
révélé que 100% des m alnutris avaient
présenté une infection à l'entrée ou au cours de
leur hospitalisation.
Par ailleurs, l'Etude spécifique sur pauvreté
et santé au Burkina-Faso que l'INSD a réalisée en 2002
[11] a également mis en évidence la relation
entre la M PE et la diarrhée par la méthode de la
régression logistique.
Dans leur étude intitulée État
nutritionnel et environnement pathogène d'enfants d'une population
forestière du sud Cameroun réalisée en 1998, BERNARD
O., PAG EZY H . et BLEY D. [34] ont rapporté ceci :
« Le retard statu ral suit globalement la même évolution que
la prévalence de la splénomégalie. Ces résultats
confortent donc l'hypothèse de l'importance du facteur infectieux dans
l'installation et la pérennisation de la malnutrition chronique
».
Ces résultats et les nôtres sont concordants et
confirment la réalité du cercle vicieux dénommé
complexe malnutrition-infection que nous avons évoqué plus haut.
Les infections entraînentsouvent l'anorexie, l'augmentation des besoins
nutritionnels et d'autres désordres nutritionnels qui expliquent ce
lien. Parlant de ces désordres provoqués par is infections sur i
plan nutritionnel, le Prof. MICKAEL C. L. (1996) [5], dans son
livre La nutrition dans les pays en développement, a
expliqué que : «Le plus important est sans doute la destruction
accélérée des protéines tissulaires et la
mobilisation des acides aminés, du muscle en particulier. L'azote est
excrété dans les urines et entraîne une fonte musculaire
flagrante ». De son côté, la malnutrition affaiblit
l'organisme et plus particulièrement son système immunitaire, le
rendant singulièrementvulnérable aux infections et autres
diarrhées. C'est donc cette synergie qui explique l'association entre la
M PE et les pathologies.
Dans le DS de Tougan, la malnutrition des enfants n'est pas
seulement due
aux pathologies et aux facteurs liés aux enfants et
à leurs parents. Il existe
aussi d'autres facteurs influençant
la M PE et qui relèvent des agents de santé.
5.6. DES RÉSULTATS DE L'ETUDE SUR LA LUTTE QUE
MÈNENT LES AGENTS DE SANTÉ CONTRE LA MPE
5.6.1. La planification de la lutte contre la
MPE
Notre étude a montré que la planification de la
lutte contre la M PE au niveau des CSPS du DS de Tougan comportait des acquis
mais également des insuffisances :seulement 37.5% des plans d'actions
sontsatisfaisants en ce qui concerne la planification de la lutte conte la M
PE.
Comme acquis nous avons constaté que dans presque tous
les CSPS, la planification des activités de lutte contre la M PE
estfaite, la communauté est impliquée dans le processus de
planification. Le problème de la M PE est perçu comme l'un des
problèmes prioritaires d'où la formulation d'objectifs
spécifiques concernant cette maladie et enfin les carnets CPN et les
fiches infantiles sontdisponibles et gratuits.
Au titre des insuffisances, nous avons remarqué que
plus de la moitié des plans n'ont pas prévu de
démonstration culinaires ni de visites à domicile ÇVAD).
Or, il est indéniable que les pratiques en matière d'alimentation
des nourrissons sont souvent inadéquates dans nos communautés. A
notre avis, il est indispensable de mettre en oeuvre toutes les
démarches qui permettent de récupérer les cas de
malnutrition une fois qu'ils sont dépistés. Or certaines des plus
importantes démarches comme les VAD et les démonstrations
culinaires sontsouvent négligées lors de la planification de la
lutte contre la M PE au niveau des CSPS de Tougan.
De plus, les trois quarts des CSPS ne disposent pas de guide
de démonstrations culinaires avec des denrées locales et aucun
plan de ces CSPS n'a prévu l'acquisition de ce document. Pourtantla
prise en charge des m alnutris modérés se fait au niveau des CSPS
et l'utilisation adéquate des denrées localement disponibles pour
la récupération de ces m alnutris modérés
Çà l'aide de ce document) est l'option à
privilégier dans la lutte contre la M PE puisqu'elle est peu
coûteuse et pérenne.
Aussi, le quart des CSPS où il existe des villages
à 5 Km ou plus n'a pas prévu de CNS en stratégie
avancée. Pourtant l'importance de la stratégie avancée
n'est plus à démontrer en ce qui concerne les activités
préventives. Ceci explique, en partie, le fait que près de 70%
des enfants de moins de 6 mois et 91% des enfants de 6 à 59 mois ne
bénéficient pas d'un suivi nutritionnel régulierdans le D
S de Tougan. Parallèlement, près de 80% de ces enfants sont
complètement vaccinés ou à jour de leurs vaccinations.
Cela laisse entrevoir que la CN S ne bénéficie pas de l'attention
dont requiert son importance dans la planification des activités de
protection des enfants.
Ce résultat se rapproche de celui trouvé par N
IKIEM A P. [21] lors de son étude sur l'utilisation des
fiches de prise en charge nutritionnelle des enfants par personnel des services
de CNS de la ville de Ouagadougou en Octobre 2003. Il a rapporté
qu'à partir de la troisième année, les mères
n'amenaient plus leurs enfants en consultation et le personnel de santé
ne trouvait plus d'intérêt à la CNS.
Cette situation estune lacune dans la surveillance nutritionnelle
des enfants car ceux-ci demeurent très vulnérables à la M
PE jusqu'à 5 ans.
5.6.2. La CNS réalisée par les agents de
santé
L'observation des CNS nous a permis de constater que presque
tous les agents du DS de Tougan maîtrisent la technique de la
pesée des nourrissons. En revanchent, seuls 6 agents sur 49, soit 12.2%
, ont réussi à conduire la C N S de façon
satisfaisante.
Nous avons constaté que l'anémie est rarement
recherchée et que les oedèmes ne le sontpresque pas.
L'anémie est pourtant très fréquente à en croire
les résultats de l'EDSBF-III (2003)[12] qui estime
qu'au Burkina - Faso, près de 9 enfants sur 10 de 6 à 59 mois
sontanémiés. Quant aux oedèmes d'origine nutritionnelle,
ils constituent un sine de gravité de la M PE. Il est donc indispensab
de vérifier l'existence de ces signes en CNS d'autantplus
que cela ne requiert, en CSPS, que quelques secondes. Pourtant
cette recherche n'est pas systématique dans le district sanitaire de
Tougan.
De plus, l'indice nutritionnel n'est déterminé
que lors de 70% des CNS. La courbe de suivi de la croissance n'est mise
à jour que dans 60% des consultations et, surtout, l'état
nutritionnel de l'enfant n'estexpliqué à sa mère que dans
presque la moitié des consultations.
Ces résultats sont largement en dessous de ceux obtenus
par NIKIEMA P. [21] lors de son étude en 2003 à
Ouagadougou. Il a indiqué que 96.6% des agents enquêtés ont
déclaré déterminer chaque fois l'indice nutritionnel,
91.4% ont affirmé tracer régulièrement la courbe
etprès de 90% ont soutenu fournir l'explication de l'état
nutritionnel des enfants aux parents.
Nous pensons que l'explication de cet écartentre nos
résultats réside dans la différence des techniques
utilisées. NIKIEMA P. a procédé par un questionnaire alors
que nous avons utilisé une observation directe. Dans le cas de N IKIEM A
P ., les agents ont probablement indiqué ce qu'il convenait de faire et
non ce qu'ils faisaient réellement.
Ainsi, nous constatons que dans le D S de Tougan , des
insuffisances existent, que ce soit au niveau de la planification de la lutte
contre la M PE ou au niveau des CNS proprement dites. Ces
insuffisances,ajoutées aux facteurs de risque liés aux enfants et
à leurs parents que nous avons déjà mis en
évidence, sont certainement à l'origine de l'état
nutritionnel non insatisfaisantdes enfants de moins de cinq ans.
VI. SYNTHÈSE
Notre étude a permis de décrire l'état
nutritionnel des enfants de moins de cinq ans du DS de Tougan et d'identifier
certains des facteurs de risque associés.
Nous avons constaté que la prévalence de la M PE
chez ces enfants esttrès élevée : 37.9% [32.7 ; 43.4]
d'entre eux souffrentd'une forme ou d'une autre de M PE .Dans la tranche
d'âge de 6 à 59 mois, la prévalence de la M PE est de 45.0%
[39.0 ; 51,0]. Par rapport aux différentes formes de M PE, nous avons
trouvé les prévalences suivantes :
- émaciation :10.3% [7.3 ;14.2] chez les enfants de moins
de cinq ans et 12.2% [8.6 ;16.7] chez ceux de 6 à 59 mois;
- retard de croissance : 23.9% [19.5 ; 29.0] chez les enfants
de moins de cinq ans et 28.4% [23.2 ; 34.1] chez ceux de 6 à 59 mois;
- insuffisance pondéra : 24.8% [20.4 ; 29.9] chez les
enfants de moins de cinq ans et 29.5% [24.2 ; 35.2] chez ceux de 6 à 59
mois.
Notons que la prévalence de l'émaciation chez
les enfants de moins de 5 ans du D S de Tougan est 4 fois plus
élevée que celle de la population de référence de
l'O M S. Quant aux prévalences du retard de croissance et de
l'insuffisance pondérale, elles sont toutes supérieures à
10 fois celles de la population de l'OM S. Les enfants de 6 à 23 mois
semblent les plus touchés par ces différentes formes de M PE.
Les seuils de gravités de l'O M S sont franchis par
certaines formes de MPE. Il s'agit de la malnutrition aiguë chez les
enfants de 6 à 23 mois et de la malnutrition chronique chez ceux de 6
à 59 mois.
De multiples facteurs associés à la malnutrition
ont été mis en évidence.
Certains de ces facteurs sont
liés aux enfants mais la plupart relèvent de urs
parents. Par
rapport aux enfants, les facteurs suivants se sont
révélés
associés à la M P E : le faible poids de
naissance (R P= 2.25 1:1.09 ; 4 .7]), le rang de naissance inférieur
à 3 et supérieur ou égal à 6 (R P= 1.47 1:1.08 ;
2.00]), l'âge compris entre 6 et 59 mois (p< 10-6). En ce
qui concerne les parents, ces facteurs sont : le faible niveau
socio-économique (RP= 1.49 1:1.13 ; 1.96]), un intervalle de naissance
inférieur à 36 mois (p= 0.03) ,une taille du ménage
supérieure ou égale à 9 (RP= 1.42 1:1.06 ; 1.89]), le
niveau analphabète de la mère (RP= 1.47 1:1.03 ; 2.11]),
l'irrégularité du suivi nutritionnel (RP= 1.83 1:1.01 ; 3.31])et
le nombre d'enfants de moins de cinq ans supérieur ou égale
à 3 dans le ménage (RP= 1.66 1:1.24 ;2.21]).
Il faut noter que certains facteurs que nous suspections se
sont révélés non associés à la M PE soit
parce que notre étude n'a pas pu dégager les liens, soit parce
qu'effectivement ces associations ne sontpas statistiques. Ce sont notamment :
le statut vaccinal, le sexe, la qualité de l'alimentation de
complémentlors du sevrage, les interdits alimentaires. Nous pensons
qu'il est souhaitable q'une étude longitudinale soit organisée
dans le districtpour tester ces associations que nous n'avons pas pu
prouver.
Par rapport aux associations entre les infections et la M PE
d'une part et entre la diarrhée et la M PE d'autre part, notre
étude, conformément aux données de la littérature,
a permis de montrer que ces liens sontsignificatifs. Le climat chaud et humide
qui favorise certaines maladies comme le paludisme de même que les
conditions d'hygiène précaires constituent sans doute l'un des
ferments de ces infections et diarrhées dans le D S de Tougan.
Par ailleurs, notre étude a permis de se rendre compte
que malgré certains acquis, la planification de la lutte contre la M PE
au niveau des CSPS ainsi que l'activité de CNS comportentdes
insuffisances.
Au titre des acquis favorisant la lutte contre la MPE, nous avons
pu faire les remarques ci après.
- La M PE estperçue comme l'un des problèmes
prioritaires de santé par is agents de santé.
- Tous s CSPS disposent de plan d'action annuel qui prend en
compte la lutte contre la M PE.
- Les communautés sont impliquées dans la lutte
contre la M PE à
travers leur participation à l'élaboration des
plans d'action des CSPS. - Les carnets de SM I et les fiches infantiles
existent et sont gratuits.
- Le fleuve Sourou permet la pratique de cultures de contre
saison de
même que la pêche qui constitue une source non
négligeab de
protéines anima s.
Cependant, il reste à déployer plus d'efforts afin
de renforcer la lutte contre la malnutrition des enfants. En témoignent
les observations subséquentes.
- Une grande proportion (70.1%)des mères des enfants de
moins de
5 ans du D S de Tougan est analphabète.
- L'espacement des naissances n'est pas toujours
respecté : 27.1% seulement des enfants enquêtés et dont
nous avons obtenu l'intervalle inter génésique ont 36 mois de
plus que leur petit frère direct.
- Le niveau socio-économique d'une grande partie des
ménages est faible.
- la planification de la lutte contre la M PE comporte des
insuffisances : des stratégies importantes comme les
démonstrations culinaires et les visites à domicile ne sont pas
appliquées dans près de 55% desCSPS ;
s consultations de nourrissons sains en stratégie
avancée ne sont pas prévues dans certains villages
éloignés des CSPS ; seulement 9 (37.5%) plans sur 24 sont
satisfaisants dans le
domaine de la lutte contre la malnutrition infantile.
- Les C N S réalisées par les agents de
santé sont souvent non satisfaisantes :
la recherche de l'anémie et des oedèmes estpresque
ignorée lors des CNS,
l'explication de l'état nutritionnel des enfants etde la
conduite à tenir à leurs parents n'estréalisée que
dans la moitié des cas,
la détermination des indices nutritionnels et le
tracé de la courbe de surveillance nutritionnelle ne sontpas
systématiques.
lors de l'enquête, seulement 6 (12 .2%) agents sur 49 ont
pu conduire la C N S de façon satisfaisante.
La CNS n'est pas régulière dans le DS de Tougan :
12.4% seulement des enfants de moins de cinq ans sont
régulièrement suivis.
Nous estimons que cette situation nécessite des
solutions fortes et durables et nous pensons que les recommandations que nous
proposons peuvent être utiles à cet effet.
VII. RECOMMANDATIONS
L'analyse des résultats de notre étude, nous a
permis de formuler quelques recommandations pour contribuer à un
meilleur contrôle de la M PE parmi les enfants de moins de cinq ans dans
le D S de Tougan. Les recommandations que nous formulons
s'adressentessentiellement aux membres de l'ECD , aux prestataires des C S PS
et aux populations du D S de Tougan.
7.1. RECOMMANDATIONS AUX MEMBRES DE L'ÉQUIPE CADRE
DU DS DE TOUGAN
7.1.1. Recommandations à court terme
- Rendre disponible dans tous les CSPS un guide de
démonstrations culinaires à l'aide des denrées locales.
- Mettre à la disposition de tous les agents de
santé des CSPS du district une démarche systématique pour
la CN S.
7.1.2. Recommandations à moyen terme
- Mettre, chaque année, l'accent sur la planification de
la lutte contre la M PE lors des amendements des plans d'action des CSPS.
- Former/recycler chaque année les responsables de CNS
et les ICP sur la
CNS en insistantsur la conduite pratique des séances de
CNS.
- Mettre l'accent sur la conduite pratique de la CN S lors des
supervisions
intégrées des agents de santé des CSPS.
- Initier une campagne de sensibilisation des parents sur
l'importance des
CN S sur is radios locales et en collaboration avec le monde
associatif.
- Rechercher des partenaires pour renforcer la protection des
enfants de
moins de 5 ans contre le paludisme en leur fournissant des
moustiquaires
imprégnées.
7.2. RECOMMANDATIONS AUX AGENTS DES CSPS DU DS DE
TOUGAN
7.2.1. Recommandations à court terme
- Adopter la démarche systématique de CNS que nous
demandons à l'ECD d'élaborer.
- Renforcer les activités de communication en faveur de
:
l'espacement des naissances,
l'hygiène et l'assainissement,
l'allaitement maternel exclusif
la conduite du sevrage lors des activités du PEV et de
CNS.
- Veiller à la régularité de la surveillance
nutritionnelle selon les périodicités prévues dans le
carnet S M I.
- Calculer par trimestre les proportions des m alnutris parmi
les enfants suivis et utiliser ces proportions pour la planification et
l'évaluation des activités de lutte contre la malnutrition.
7.2.2. Recommandations à moyen terme
- Renforcer davantage la couverture vaccinale des enfants de
moins de 5 ans.
- Développer les stratégies de
démonstration culinaire, de VAD, des paires éducatrices et de CNS
en stratégie avancée lors de la planification annuelle de la
lutte contre la M PE.
- Prévoir toujours dans les plans d'actions,
l'approvisionnement des carnets C PN et des fiches infantiles même si des
dotations sont prévues.
7.3. RECOMMANDATIONS AUX MEMBRES DES COGES DES CSPS ET
AUX POPULATIONS DU DS DE TOUGAN
- Participer plus activement à la sensibilisation des
parents sur la lutte contre la malnutrition infanto juvénile.
- S'impliquer davantage dans la sensibilisation des parents
sur
l'alimentation de complément lors du sevrage des
enfants.
- Renforcer les activités de communication avec les
parents pour le
respect de la régularité de la surveillance
nutritionnelle des enfants
même si ceux-ci sont complètement
vaccinés.
CONCLUSION
Cette étude a montré que la MPE estune maladie
très fréquente parmi les enfants de moins de cinq ans dans le DS
de Tougan. En effet, 37.9% de ces enfants et 45% de ceux de 6 à 59 mois
souffrent d'une forme ou d'une autre de M PE. Les prévalences du retard
de croissance et de l'insuffisance pondérale sont respectivement de
23.9% et 24.8% , soit10 fois et 11 fois leur fréquence au sein de la
population de référence de l'O M S.
Les facteurs de risque associés à la M PE sont
multiples et dépassent le secteur de la santé, allant du faible
poids de naissance à la grande taille des ménages en passantpar
le grand nombre d'enfants en bas âge par ménage, le faible niveau
socioéconom ique des ménages et l'analphabétisme des
mères.
Les études que nous avons consultées ont
confirmé que ces facteurs sontliés à la M P E dans
d'autres régions du Burkina-Faso comme dans d'autres pays africains.
Certes, il est importantde connaître l'ampleur de la M
PE et ses facteurs de risque. Cependant, nous pensons qu'il est plus important
d'utiliser ces résultats avec dynamisme et persévérance.
En effet, la lutte contre cette maladie est une entreprise de longue haleine et
nécessite le concours des dernières avancées scientifiques
mais aussi un engagement soutenu et réfléchis de tous les
partenaires.
Nous tenons à rappeler que l'amélioration de
l'état nutritionnel des populations est la condition sine qua non pour
l'atteinte des OMD .Comme l'a indiqué le directeur général
de la FAO (Jacques Diouf) dans le rapport 2005 de cette organisation
[6], «la faim et la malnutrition sont les principales
causes du dénuement et de la misère, qui sont visés par
tous les autres OM D ».
RÉFÉRENCES
OUVRAGES
1. DUBOIS J., DUBOIS-CHARLIER F., GUILLET A., LAGANE R., LE
DOUARIN Y., GAUTIER P. et al. Dictionnaire universel de poche,
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1997,759p.
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2000. France, Larousse, 1999, 1787p.
3. COG ILL B. Guide de mesure des indicateurs
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Développement de l'Education, 2003,104p.
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21. NIKIEMA P . Thèse de doctorat : Etude de
l'utilisation des fiches de prise en charge nutritionnelle des enfants par le
personnel des services de consultation des nourrissons sains de la ville de
Ouagadougou.
Ouagadougou, Université de Ouagadougou, Octobre 2003,
84p.
25. ILBO U DO I. Mémoire de fin d'études à
l'École Nationale de santé Publique : Etude des facteurs
déterminant la survenue de la M PE chez les enfants de 0 à 59
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ARTICLES
10. DE VARGAS C. Article 1339 de l'aedev du 23/07/2006.
[En ligne]. Disponible sur : «
http://www.aedev.org/spip?article1339
». [Consulté le 23/11/ 2006].
ANNEXES
Introduction à la récolte des
données
Dans le cadre de notre formation à l'école
nationale de santé publique, nous menons une enquête sur is
facteurs de risque de la M PE chez les enfants de moins de cinq ans dans le D S
de Tougan. Nous vous prions de bien vouloir répondre aux questions
suivantes pour nous permettre d'analyser correctement la situation. Nous
voudrions aussi prendre les mesures anthropométriques de vos enfants de
moins de cinq ans afin d'apprécier leur statut nutritionnel. Nous vous
garantissons que les informations que vous nous donnez seront codées et
gardées confidentielles.
Les résultats de l'étude seront mis à la
disposition des agents de santé pour mieux planifier la lutte contre la
malnutrition des enfants.
Non
ANNEXE 1. GUIDE D'ENTRETIEN INDIVIDUEL AVEC LES MERES
OU LES PERSONNES S'OCCUPANT DE L'ALIMENTATION DES ENFANTS
Date de l'enquête :............... Nom et prénoms de
l'enquêteur:.... Partie A : identification
1-Numéro d'identificationmère : ....2-Village
:...
3-Aire sanitaire de:....
|
5-Parité
|
|
6-Nombre d'enfants vivants
|
|
4-Age (en années)
7-Nombre d'enfants de moins de 5 ans 8-Nombre de personnes du
ménage 9-Nombre d'enfants vivants du mari
Partie B :alimentation et protection des enfants
10-Pratiquez-vous l'AM E ? Oui
11-À partir de quel âge (en mois) avez-vous
commencé à donner d'autres aliments en plus de votre lait
à vos enfants de moins de cinq ans?
Enfant 1 Enfant 2 Enfant 3 Enfant 4
12- Avez-vous donné à manger à votre enfant
qui tête toujours durant les dernières 24heures?
Oui Non
Si oui, quels aliments lui avez-vous donnés?
-
-
-
13- Quels aliments avez-vous donné à vos enfants
de moins de cinq ans qui ne tètent plus durant les dernières 24
heures?
-
-
Si oui, lesquels ?
-
-
-
15-Parmi vos enfants de moins de 5 ans, lequel fait ou a fait la
fièvre au cours de ces 15 derniers jours ?
Enfant 1 Enfant 2 Enfant 3 Enfant4
16- Parmi vos enfants de moins de 5 ans, lequel fait ou a fait
la diarrhée au cours de ces 15 derniers jours?
Enfant 1 Enfant 2 Enfant 3 Enfant 4
17- Parmi vos enfants de moins de 5 ans, lequel a
été complètement vacciné?
|
Enfant 2
|
|
Enfant 3
|
|
Enfant 4
|
|
|
Enfant 1
18- Pour lequel de vos enfants de moins de 5 ans vous avez suivi
régulièrement les CNS?
Enfant 1 Enfant 2 Enfant 3 Enfant 4
(Voir les carnets)
Partie C :appréciation du niveau socioéconom
ique du ménage
19-Quelle est votre profession?
Profession type 1 : salaré avec sécurité
sociale, commerçant fournisseur d'autres commerçants, agriculteur
possédant un tracteur, grand éleveur (possédant plus de 4
boeufs, plus de neuf moutons et plus de neuf chèvres)
Profession type 2 : salaré sans sécurité
sociale, agriculteur possédant une charrue
Profession type 3 : agriculteur avec petit commerce et sans
charrue, petit éleveur
Profession type 4 :agriculteur sans charrue et sans commerce,
berger
20-Quelle est la profession de votre mari ?
Profession type 1 : Salaré avec sécurité
sociale, commerçant fournisseur d'autres commerçants, agriculteur
possédant un tracteur, grand éleveur (possédant plus de 4
boeufs, plus de neuf moutons et plus de neuf chèvres)
Profession type 2 : salaré sans sécurité
sociale, agriculteur possédant une charrue Profession type 3 :
agriculteur avec petit commerce et sans charrue, petit éleveur
Profession type 4 :agriculteur sans charrue et sans commerce,
berger
21-De quel type d'habitat disposez-vous?
Maison en dur Maison en banco tôlée
Maison en banco non tôlée Maison en paille
22-Quels sont les moyens de communication dont dispose votre
ménage? Téléviseur Téléphone Radio Aucun de
ces appareils
23-Quels sont les moyens de déplacement dont dispose votre
ménage? Voiture Moto Vélo Aucun de ces moyens
24-Avez-vous appris à lire et à écrire ? Oui
Non
Si oui, quel niveau avez-vous atteint?
Alphabétisation ou <CE2 CE2 au CM 2 Secondaire ou
plus
25-Quel est le niveau d'instruction de votre mari?
Alphabétisation ou <CE2 CE2 au CM 2 Secondaire ou
plus
Non alphabétisé
Merci de votre aimable collaboration.
ANNEXE 2. GRILLE D'OBSERVATION DES ENFANTS
Date de l'enquête :............... Nom et prénom de
l'enquêteur:....
Partie A : identification de l'enfant
1-Village : 2-Aire sanitaire: 3-Numéro d'identification
4-Numéro d'identification de la mère 5-Age (en
mois)
6-Sexe 7-Rang dans la fratrie 8-Poids de naissance (en g)
9-Intervalle de naissance (différence entre son âge
et celui de son petit frère direct en mois)
Partie B :mesures anthropométriques et
oedèmes
13-Poids (en Kg, un chiffre après la virgule)
14-Taille (en cm, nombre entier)
15- Existence d'oedèm es bilatéraux
symétriques des membres inférieurs gardant le godet.
Oui
ANNEXE 3. GUIDE D'ANALYSE DOCUMENTAIRE AU NIVEAU DES
CSPS
Date de l'enquête :.........
Enquêteur:.................. N ° du CSPS.........
1- Le plan d'action annuel 2007 de la formation sanitaire
existe. Oui Non
2- Le plan a été élaboré et
adopté avec la participation de la communauté. Oui Non (Si oui,
voir PV d'adoption)
3- Le plan comporte des objectifs spécifiques
concernantla M PE. Oui Non
4- Le plan comporte des activités de démonstration
culinaire.
Oui Non
5-Le plan comporte des activités de visites à
domicile.
Oui Non
6-Le plan d'action prévoit la CNS en stratégie
avancée de façon régulière. Oui Non
7- Il existe un planning mensuel des activités de lutte
contre la M PE (vérifier pour le mois en cours).
Non
Oui
8- L'approvisionnement en carnets SM I et en fiches infantiles a
été prévu dans le plan d'action.
Non
Oui
9-Les carnets SM I et les fiches infantiles sont disponibles et
gratuits. Oui Non
10-Le CSPS dispose dùn guide de préparation de
bouillies enrichies à base de denrées locales.
(si oui, voir le document)
Non
Oui
Merci de votre aimable collaboration.
ANNEXE 4. GRILLE D'OBSERVATION DES SEANCES DE CNS PAR LES
AGENTS DE SANTÉ
Date de l'enquête :...............Enquêteur
:....................N °CSPS................ Fonction et
qualification de l'enquêté
:................................................... 1-La balance est
tarée au début de la séance.
Oui Non
2-L'enfant est pesé nu ou très
légèrement vêtu. Oui Non
3-Le mesureur se met en face du cadran de la balance pour lire le
poids. Oui Non
4- L'agent détermine l'indice nutritionnel et le reporte
sur le carnet de santé maternel et infantile.
Oui Non
5-La courbe poids/âge est immédiatement mise
à jour. Oui Non
6-L'agent recherche une anémie. Oui Non
7-Il recherche d'éventuels oedèmes. Oui Non
8-L'agent apprécie les conjonctives de l'enfant. Oui
Non
9- L'agent interroge la mère sur l'alimentation des
enfants, encourage l'AM E jusqu'à six mois pour l'enfant de moins de 6
mois.
Oui Non
10-L'agent explique la conduite à tenir à la
mère. Oui Non
ANNEXE 5. VÉRIFICATION DE LA VALIDITÉ DES
BALANCES UTILISÉES
A défaut de poids de référence, nous avons
considéré la balance de l'unité pédiatrique du CM A
de Tougan comme balance de référence.
Le tableau suivant résume les mesures obtenues par les
différentes balances. Les mesures ont été
effectuées en kilogramme (Kg).
Enfants
|
Balance1
|
Balance2
|
Balance3
|
Balance4
|
|
(référence)
|
|
|
|
Enfant 1
|
6
|
5.8
|
5.5
|
5.7
|
Enfant 2
|
9.6
|
9.5
|
9.1
|
9.4
|
Enfant 3
|
7.1
|
7
|
6.8
|
6.7
|
Enfant 4
|
6.1
|
6.2
|
6.3
|
6.1
|
Enfant 5
|
6
|
6.1
|
6.1
|
6
|
Enfant 6
|
6.5
|
6.6
|
6.7
|
6.5
|
Enfant 7
|
4.3
|
4.2
|
4
|
4
|
Poids moyen
|
6.51
|
6.49
|
6.36
|
6.34
|
Somme
|
45.6
|
45.4
|
44.5
|
44.4
|
Total = B =179.9
|
Somme au carré
|
2079.36
|
2061.16
|
1980.25
|
1971.36
|
|
Taille
|
7
|
7
|
7
|
7
|
Total= N = 28
|
(Somme au carré) /taille
|
297.05
|
294.45
|
282.89
|
281.62
|
Total = A = 1156.01
|
Somme des
|
|
|
|
|
|
Carrés
|
312.52
|
309.74
|
297.09
|
297.2
|
Total = C = 1216.55
|
Variance entre les moyennes = [1156.01 - (179.92 /28)]
/(4-1) = 0.05. Variance à l'intérieur des échantillons =
(1216.55 - 1156.01) /(28 - 4) = 2.33. F= 0.05 /2.33 = 0.025.
Le calcul donne F = 0.025 alors que F0.05 (3 ;24) =
3.01. Comme F calculé est inférieur à F0.05(3 ; 24), les
moyennes ne sont pas significativement différentes. Nous avons ainsi
conclu que ces balances donnaient à peu près les mêmes
mesures. Et nous avons utilisé ces trois balances pour mesurer les poids
des enfants.
ANNEXE 6. LISTES DES VILLAGES TIRÉS AU SORT
POUR
L'ENQUÊTE
|
|
|
|
Numéro
|
Village/ Secteur
|
Formation sanitaire
|
Distance A-R à la FS
|
1
|
sect3 Tougan
|
Tougan
|
0
|
2
|
Sect6 Tougan
|
Tougan
|
0
|
3
|
Luta
|
Toéni
|
12
|
4
|
Sané
|
Toéni
|
74
|
5
|
Nehourou
|
Loroni
|
32
|
6
|
Papalé
|
Da
|
28
|
7
|
Niankoré
|
Niankoré
|
0
|
8
|
Kouy
|
Kouy
|
0
|
9
|
Toungaré
|
Kouy
|
30
|
10
|
Diouroum
|
Kassan
|
18
|
11
|
Kiembara
|
Kiembara
|
0
|
12
|
Gouéré
|
Kiembara
|
14
|
13
|
Lankoé Samo
|
Lankoé
|
0
|
14
|
Gourbala
|
Lankoé
|
34
|
15
|
Gala
|
Gomboro
|
26
|
16
|
Namassa
|
Bonou
|
24
|
17
|
Bangassogo
|
Bangassogo
|
0
|
18
|
Bambara
|
Bangassogo
|
30
|
19
|
Kw arm enguel
|
Kw arm enguel
|
0
|
20
|
Ouellé
|
Dio
|
18
|
21
|
Guiédougou
|
Lanfièra
|
4
|
22
|
Yaran
|
Lanfièra
|
12
|
23
|
Di
|
Di
|
0
|
24
|
Poro
|
Di
|
34
|
25
|
Daré
|
Kassoum
|
24
|
26
|
Niassan
|
Niassan
|
0
|
27
|
Tiao
|
Tiao
|
0
|
28
|
Doulé
|
Koumbara
|
10
|
29
|
Yéguéré
|
Daka
|
12
|
30
|
Poura
|
Bangassi
|
18
|
ANNEXE 7. AUTORISATION D'ENQUÊTE