UNIVERSITE DE LOME INSTITUT TOGOLAIS DE RECHERCHE
ECOLE SUPERIEURE D'AGRONOMIE AGRONOMIQUE (ITRA)
BP 1515 LOME RSTS N°
RAPPORT DE STAGE TECHNIQUE SPECIALISE
OPTION AGRO-ECONOMIE
Caractérisation socio-économique des
villages d'appui à la recherche
scientifique (VARS) de la zone
forestière
Lieu : CRA-F Kpalimé Période : du 8 juillet au
22 août 2008
Présenté par Maître de stage
DESSAH Koffi Agbéko DJEGUEMA Komi Fon'deh
Elève-Ingénieur Option Agro-économie
Ingénieur Agro-économiste
ESA-UL Responsable DARS au CRA-F
Remerciements
Nous tenons à remercier de tout coeur toute notre famille
: DESSAH et ADABRAH, ceux et celles qui ont contribué à
l'élaboration de ce rapport et à sa matérialisation
grâce à leur enseignement, leurs conseils, leurs dons et tout
appui divers. Nous pensons particulièrement au corps enseignant de
l'Ecole Supérieure d'Agronomie, au personnel du CRA-F en l'occurrence
:
M. WEGBE Komlan, Directeur du Centre, pour l'accueil
chaleureux, le suivi de nos activités avec intérêt, les
conseils à nous prodigués et le soutien moral et financier qu'il
a apporté à notre travail, qu'il trouve içi nos
sincères remerciements
M. DJEGUEMA Komi Fon'deh, Responsable DARS, pour l'attention
qu'il a mis dans le travail et la constante formation qu'il nous a fourni pour
accroître notre potentiel intellectuel d'élève-
ingénieur agro-économiste
M. ABLEDE, Chercheur au CRA-F
Mlle MISSISSO, Biologiste au CRA-F, Responsable du Laboratoire
M. BEKOU, Chercheur au CRA-F
M. BASSIMBAKO, Malherbologiste
M. KOUDJEGA Tchimondjro, Chercheur au CRA-F Programme
Café
M. AGBODZAVOU Mawupé, Ingénieur Agronome au
CRA-F
et à tous les Techniciens du CRA-F.
Nous n'oublions pas Mlle YEBO Essé, Secrétaire
au CRA-F, M. TAMESSE, Comptable au CRA-F ; M. AKPABLI Wolagnon, Caissier au
CRA-F et tout ceux dont les noms n'apparaissent pas dans ce document mais qui
nous ont apporté leur aide pour faciliter l'exécution de nos
travaux.
Pour terminer, nous adressons nos sincères
remerciements à M ADABRAH ATSU à la FUCEC Togo, à M.
AVEGAN Komla, Comptable à la COOPEC-AD à Kpalimé, M.
TSOGBALE Koffi à Kpalimé, à Mlle DOGBEVI Massan, Agent du
Service des Impôts à la Retraite à Kpalimé et
à tous mes collègues plus particulièrement LANTOMEY Kossi
Eddy et OPEKOU Kokou Megnini.
Sommaire
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17 17 17
21
22 22 22
23
24
Remerciements Sommaire
Liste des sigles Liste des figures Liste des photos Liste des
tableaux Introduction
Chapitre un: Revue bibliographique
1.1. Caractérisation
1.2. Approche participative
1.3. La recherche en milieu rural
2. Cadre géographique, institutionnel et
méthodologique 2.1. Cadre géographique
2.2. Cadre institutionnel
2.3. Cadre méthodologique
Chapitre deux: Présentation et analyse des
données
2.1. Collecte des données
2.2. Traitement des données
2.3. Analyse des données
Chapitre trois: Conclusion et recommandations
3.1. Conclusion
3.2. Recommandations
Références bibliographiques
Annexes
Liste des sigles
ADRAO AVE CCFCC CFAE
CIDE CIRAD
CRA-F CRA-L CRA-SH CRA-SS DARS DPAEP DSID FUPROCAT IFCC
INFA IRCC ITRA ROCARIZ ROCAS SRCC VARS
Association pour le Développement de la Riziculture en
Afrique de l'Ouest Association Village Entreprise
Comité de Coordination des Filières
Café-Cacao
Centre de Formation Agricole et Economique
Centre International pour le Développement de l'Elevage
Centre de coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
Centre de Recherche Agronomique Zone Forestière
Centre de Recherche Agronomique Zone Littoral
Centre de Recherche Agronomique Zone Savane Humide
Centre de Recherche Agronomique Zone Savane Sèche
Dispositif d'Appui à la Recherche Système
Direction Préfectorale de l'Agriculture, de l'Elevage et
de la Pêche
Direction des Statistiques agricoles, de l'Informatique et de la
Documentation Fédération des Unions des Producteurs de
Café et de Cacao du Togo
Institut Français de Café et de Cacao
Institut National de Formation Agricole
Institut de Recherche du Café et de Cacao et autres
plantes stimulantes Institut Togolais de Recherche Agronomique
Réseau Ouest-Centre Africain de Riz
Réseau Ouest-Centre Africain de Sorgho
Société de Rénovation des
Caféières et des Cacaoyères
Village d'Appui à la Recherche Scientifique
Liste des figures
Figure 1 : Carte de la Zone forestière 7
Liste des photos
Photo 1 : Scéance de Diagnostic Participatif 13
Photo 2 : Carte du terroir d'Agou Atigbé
Dzogbépimé 17
Photo 3 : Carte du terroir d'Agou Nyogbo-Agbétiko 19
Liste des tableaux
Tableau 1: Superficie, Population et Densité par
préfecture de la zone du CRA-F 9
Tableau 2: Caractéristiques des sous zones de production
14
Tableau 3: Typologie des ménages du village de Agou
Atigbé Dzogbépimé 18
Tableau 4: Typologie des ménages du village de Agou
Nyogbo-Agbétiko 20
Introduction
Actuellement au Togo, le vivrier occupe environ 70% de la
population active, les cultures de rente 20 à 30%. Alors que le
café et le cacao sont localisés dans des régions
précises, le coton est largement répandu sur tout le territoire
(GIDEPPE, 1998).
Ces productions, destinées à l'exportation sont
devenues minoritaires, contrairement à la situation qui prévalait
avant l'indépendance (GIDEPPE, 1998).
La recherche agronomique ayant pour but de proposer des
pratiques et procédés susceptibles d'améliorer les
performances des producteurs, s'est pendant longtemps focalisée sur le
contenu technique de ses résultats. Cependant, la prise en compte de
l'environnement social, économique et culturel ainsi que des attributs
de ces producteurs est devenue nécessaire au fur et à mesure que
l'on s'est aperçu que ces éléments ont une influence aussi
grande que la pertinence et l'efficacité des technologies
proposées (ITRA, 2005).
Nous avons été envoyé, dans le cadre d'un
stage technique spécialisé, pour faire l'étude socio-
économique des Villages d'Appui à la Recherche Scientifique
(VARS) dans le Centre de Recherche Agronomique zone Forestière.
Le présent rapport vise à faire la synthèse
des aspects socio-économiques de la caractérisation agro
écologique des Villages d'Appui à la Recherche Scientifique
(VARS).
Chapitre un : Revue bibliographique 1.1 Caractérisation
Les villages présentent une diversité dans leurs
caractéristiques. Comparez une terre à une autre et vous
trouverez des différences entre la structure du sol, la distribution des
nutriments du sol, la dynamique de l'eau et sur d'autres points. Allant sur une
autre échelle de grandeur, vous trouverez qu'une région de
culture diffère d'une autre sur des critères tant soit sur la
densité de population, le climat, la géologie,
l'accessibilité aux marchés et d'autres. La recherche agronomique
moderne et le développement s'intéressent à la
nécessité de l'adéquation des technologies
(sélection variétale, pratiques agricoles, matériel
agricole etc.) à l'environnement biophysique (ADRAO, 1998).
Plus encore, les résultats de la caractérisation
agro écologique serviront de base pour le transfert de technologie.
Une autre application de la caractérisation agro
écologique est qu'elle sert d'aide à la définition des
priorités de recherche (ADRAO, 1998).
Bien sûr, nous ne pouvons pas caractériser chaque
terroir de la zone, donc il a été développé un
système à quatre niveaux de caractérisation. La macro
caractérisation se fait au niveau régional; suivi de la
reconnaissance qui est une caractérisation au niveau national; en
troisième ressort la caractérisation semi-détaillée
qui se fait sur une zone plus réduite au niveau national et enfin la
caractérisation détaillée qui se fait au niveau
villageois.
Les données collectées à chaque niveau
sont différents, aussi qualitativement que quantitativement et donc les
outils utilisés pour les collecter le sont aussi.
Pour la macro caractérisation, les grandes zones
agro-écologiques de la région seront identifiées sur la
base de la durée de la campagne agricole. Cela est associé
à d'autres données comme la pétrologie et la morphologie,
données collectées à partir des études nationales
et régionales en vue de définir des unités
agro-écologiques.
La caractérisation de reconnaissance dépend en
grande partie des informations issues de sources externes (par exemple les
cartes et les rapports), mais aussi implique la participation des services de
vulgarisation. L'idée première est de diviser la zone macro
agro-écologique en sous-unités agroécologiques en
utilisant des paramètres tels que la pétrologie, la
pluviométrie, les systèmes de production, la densité de
population etc..
La caractérisation semi-détaillée se fait
sur une superficie de 50 X 50 km2 (2500km2) qui est
représentative de la sous-unité agroécologique
déjà déterminée.
L'objectif majeur de la caractérisation
détaillée est de comprendre le fonctionnement des
agroécosystèmes au niveau communautaire et ainsi d'évaluer
les contraintes et les potentiels de production.
1.2 Approche participative
La recherche participative insiste sur la participation de la
population locale au processus de recherche et son contrôle des
résultats. Ce qui s'avérait nécessaire était une
méthode qui ne s'arrêtait pas juste au stade de «
l'évaluation » mais poursuivait les travaux afin d'y inclure des
échanges d'analyse et de compréhension des situations rurales.
Ces échanges, à leur tour, devraient aboutir à des
activités de développement qui soient créatives,
productives et durables (Mascarenhas,1992).
Dans le même temps, elle permet d'éviter le type
d'attitudes négatives que les styles de gestion du sommet à la
base créent parfois. Elle améliore souvent la qualité des
décisions et des solutions en renforçant la qualité et la
quantité des informations qui sont prises en compte pour ces
décisions et des solutions.
Inconvénients: Les réunions ou débats
publics peuvent opposer des communautés. Il peut en résulter un
marchandage entre des positions rigides au lieu d'un examen des
intérêts réciproques et des possibilités de
solutions mutuelles bénéfiques.
Cartes et coupes transversales
Des cartes et des coupes transversales sont des moyens de
représenter des informations sur les systèmes écologiques
et sociaux, à savoir la distribution spatiale des ressources naturelles,
leurs utilisations et les possibilités et problèmes en rapport.
Les cartes présentent une vue aérienne alors que les coupes
transversales présentent une vue horizontale, coupée, d'un
endroit. Ces deux types de représentation peuvent être très
simples et néanmoins contenir un grand volume d'informations
pertinentes. Ces représentations peuvent être
réalisées par la population locale.
Matrices et analyse de contrastes
Les matrices, ou tableaux bidimensionnels, sont des outils
simples d'organisation des informations. Les rangées et les colonnes de
la matrice indiquent les différentes catégories d'information. Ce
type d'organisation fournit automatiquement la base nécessaire à
une analyse des contrastes -- la comparaison d'un élément avec un
autre élément.
Matrices de tendances historiques
Les tendances historiques à plus long terme de
l'utilisation des ressources et de la qualité de l'environnement peuvent
être récapitulées sous forme d'une matrice. Les matrices de
tendances historiques montrent souvent que la population locale reconnaît
les tendances à long terme de l'environnement dans lequel elle vit et de
son interdépendance avec cet environnement. Elle a en
général des hypothèses sur les causes de ces tendances,
même si elle n'en comprend pas toujours les causes. Les matrices de
tendances sont un bon exemple d'outil de rassemblement des informations qui est
aussi en partie un outil d'analyse; elles organisent automatiquement les
informations environnementales de manière à aider les individus
à réfléchir aux causes et aux effets et à
identifier des problèmes et des possibilités.
Diagrammes de Venn
Les diagrammes de Venn sont une sorte de ''carte''
conceptuelle qui représente les relations entre groupes sociaux, les
organisations et les institutions, dessinés à l'aide de cercles
et autres formes de taille différente. Les diagrammes de Venn ''peuvent
servir à montrer quels sont les individus et les groupes qui ont de
l'influence sur les prises de décision, ainsi que les relations entre
les institutions villageoises et les forces extérieures, telles que les
services publics ou les organisations de développement (Freudenberger,
1994).
Classement en fonction de la richesse
Le classement en fonction de la richesse est une méthode
simple de rassemblement d'informations sur les perceptions de la condition
socio-économique au niveau villageois ou communautaire.
La comparaison des résultats des classifications
obtenues à partir d'un certain nombre d'informateurs clés peut
fournir un tableau assez précis de la situation socio-économique
au niveau local.
1.3. La recherche en milieu rural
La recherche en milieu rural vise d'abord à faire
ressortir des sites pilotes de recherche qui sont bien représentatifs de
la zone ciblée. Le premier travail d'un centre de recherche en milieu
rural est de définir de grandes zones dans leur région d'action.
Lorsque cette stratification aura été faite, le centre peut
choisir des sites représentatifs pour le travail de terrain. Dans cette
perspective, des
zones ciblées seront délimitées dans la
zone sous mandat du centre sur la base des similitudes du climat, les classes
de sol, la densité de population et les systèmes de culture
dominantes. Les zones similaires sont soumises aux mêmes contraintes dans
la production agricole et ont les mêmes opportunités pour les
surmonter. L'hypothèse de travail est que la performance des innovations
sera similaire dans toute la zone et les chances que les agriculteurs les
adoptent sont identiques.
Les données secondaires et une enquête dans la
zone fourniront des éléments pour le choix des sites
représentatifs en vue de la recherche en champ. Des informations plus
détaillées seront nécessaires pour définir des
priorités de recherche et elles seront collectées au moyen de
diagnostics participatifs par l'équipe en charge de la zone. La
méthode se compose aussi des observations directes et des interviews qui
donneront corps aux problèmes auxquels font face les agriculteurs aussi
bien que les opportunités qui existent pour une amélioration.
L'équipe doit voir la ferme comme un système
intégré qui agit avec son environnement physique et
institutionnel. Le diagnostic participatif est un bon outil pour rester
perspicace sur la façon dont ce système intégré
fonctionne. Le concept de diagnostic fut introduit par Byerlee et Collinson
(1980), Hildebrand (1981) -- qui l'ont appelé SONDEO- et Rhoades (1982),
et il fut développé après par plusieurs chercheurs en
Afrique, Amérique latine et en Asie. Un système de production est
le résultat de toutes les décisions prises pour avoir des outputs
sur lesquels s'appuie le ménage agricole. Le ménage agricole
essaie de couvrir les besoins de subsistance, produisant les nourritures
préférées pour sa consommation et la vente aussi bien en
vue de s'assurer un revenu qui augmente dans le temps.
Pour décrire un système, il faut en
connaître les limites. Toute choses en dehors de ces limites est
appelé environnement du système. Autant que l'environnement
influence le système, autant cette influence est au-delà du
contrôle du ménage agricole.
L'environnement matériel consiste en des
éléments physiques et biologiques incluant pluies,
température, radiation solaire, topographie et sols. Les
éléments biologiques sont la végétation naturelle,
les insectes nuisibles aux plantes et aux animaux et les maladies. Ces
éléments biologiques et physiques déterminent les plantes
peuvent pousser en garantissant un environnement humain propre.
L'environnement humain se compose des éléments
socio-économiques et institutionnels. Les éléments
économiques incluent la politique économique de la région.
Cette politique détermine aussi bien les quantités que les prix
des outputs et des intrants, et influence la disponibilité des
infrastructures.
Les éléments sociaux concernent la culture et
les coutumes de la communauté. Ils influencent énormément
l'accès des membres de la communauté aux intrants; cela
détermine qui fait quoi et donc la distribution du travail par âge
et par sexe à travers le ménage.
. Cadre géographique' institutionnel et
méthodologique
. 1 Cadre géographique
. 1.1 Situation
La zone d'étude correspond essentiellement à la
partie ouest de la Région des Plateaux dont les préfectures
d'Agou, de Kloto, de Danyi, d'Amou, de Wawa, la sous préfecture de
Kpélé-Akata et une partie de la préfecture de Blitta dans
la Région Centrale (Adélé), elle fait frontière
avec le Ghana (GIDEPPE, 1998 ; Tsatsu, 2000).
C'est une zone de forêt décidue au climat
subéquatorial ou guinéen caractérisé par un
régime de pluie de type bimodal. La pluviométrie de cette zone
est comprise entre 1200 et 1600mm. Elle peut être subdivisée en
trois sous zones constituées par les plaines et le piémont, le
plateau de Danyi et le plateau Akposso-Akébou. La figure 1 de la page
suivante nous montre la zone d'étude.
2.1.2. Aspects naturels' humains et économiques
2.1.2.1. Aspects naturels
a) Le relief
Cette zone est composée de plaine, de piémont et
d'une série de montagnes dont le Mt Agou, le plateau de Kouma, celui de
Danyi-Akébou (GIDEPPE, 1998). La zone forestière est
caractérisée par un relief fortement accidenté comprenant
des plateaux tabulaires (Kouma, Danyi, AkpossoAkébou) à une
altitude moyenne de 700m, des escarpements plus ou moins abrupts, le Mt
isolé d'Agou culminant à 960m et un ensemble de plaines dont la
pénéplaine d'Agou, la plaine encaissée du Litimé et
le piémont constitué par l'axe routier
Kpalimé-Atakpamé. Sa superficie est d'environ 7000km2
(Tsatsu, 2000).
Figure 1 : Carte de la Zone forestière
b) Climat
La pluviométrie varie de 900mm dans le Kloto à
1500mm dans le Litimé. Le climat est de type soudano-guinéen avec
un régime de pluie bimodal. Le maximum de pluie est enregistré en
junjuillet, les hauteurs de pluie varient entre 1000 et 2000mm et
température moyenne de la région se situe entre 21°C et
28°C. Les régions montagneuses sont nettement plus fraîches
que la plaine. La mousson et l'harmattan constituent les vents dominants
(Tsatsu, 2000 ; Anonyme, 2007).
c) Sols
Les sols de la zone sont en général de types
ferralitiques et pauvres en phosphore. On rencontre des sols ferrugineux.
d) Végétation La végétation est
assez variée. On y distingue :
· la savane arborée ou guinéenne, les
forêts-galeries le long des cours d'eau dans les plaines (plaine d'Agou,
Est de la préfecture de Kloto et d'Amou).
· les forêts de montagne partiellement
dégradées sur les plateaux, les avant-plateaux et le mont Agou
· les forêts soudano-guinéennes et la savane
arborée dans le Litimé et les piémonts.
Il s'agit d'une diversité de végétation
constituée d'essences forestières naturelles (iroko, acajou,
caïlcedrat...) et parfois provenant de reboisement (teck, acacia) (Tsatsu,
2000).
L'introduction de la tronçonneuse sans
réglementation appropriée dans les forêts a
provoqué,
malheureusement, le développement d'un secteur
épars d'industries dévastatrices de la forêt voire de la
faune et a causé la dégradation rapide de l'environnement naturel
(Anonyme, 2007).
e) Hydrographie
La région est arrosée par plusieurs fleuves,
rivières et ruisseaux:
> la plaine du Litimé par le Wawa, le Dayes et le
Gbanhou
> l'ouest par le Mono, fleuve long d'environ 500km et qui
prend sa source au Bénin à 420m d'altitude près d'Aledjo
Koura. Ses principaux affluents sont l'Ogou, l'Anié, le Chra, l'Amou,
l'Amoutchou lesquels ont un débit presque nul en saison sèche
mais qui paradoxalement causent d'importants dégâts en
période de crue
> le sud par le Haho et le Zio. Le Haho prend sa source au
Mont Mélindo à 661m d'altitude et sur un parcours de 140km a
comme principaux affluents le Lili et le Yoto. Le Zio de son côté
a une longueur de 175km. Il prend sa source entre Sodo et Elé au Mont
Tibadia à 726m d'altitude et se jette dans le lac Togo (MDAT, 2005).
2.1.2.2 Aspects humains
La grande disponibilité des terres cultivables a fait
de la zone, un pôle d'immigration où cohabitent plusieurs groupes
ethniques. Les plaines du Litimé et les plateaux Akposso-Akébou
notamment sont peuplés d'Akposso, de Kabyé, d'Ewé et
d'autres ethnies attirées par les cultures de rente café- cacao
et les systèmes de production en vigueur (Tsatsu, 2000).
L'examen des rythmes de la croissance démographique
dans la Région des Plateaux révèle la présence d'un
milieu de montagnes et de plateaux surpeuplé ayant atteint les limites
de sa capacité d'accueil, en face d'un milieu de plaine où de
vastes zones sous-peuplées peuvent autoriser une mise en valeur et une
colonisation paysanne (GIDEPPE, 1998).
Nous présentons dans le tableau 1 l'état de la
population par préfecture selon la DSID: Tableau 1: Superficie,
Population et Densité par préfecture de la zone du CRA-F
Préfecture
|
Superficie (en km2)
|
Population
|
Densité
|
Agou
|
1026
|
74200
|
72
|
Amou
|
1865
|
79100
|
42
|
Danyi
|
387
|
36200
|
94
|
Kloto
|
2074
|
202000
|
97
|
Wawa
|
3511
|
180000
|
51
|
Total Zone
|
8863
|
571500
|
|
Total Togo
|
56700
|
4300000
|
|
Part région (en %)
|
29,62
|
22,73
|
|
Part zone (en %)
|
15,63
|
13,29
|
|
Source: Direction Régionale de la Statistiques-Plateaux,
1997
2.1.2.3 Aspects économiques
La zone, par son environnement et son biotope, est une zone
par excellence de production de café- cacao, de palmier à huile,
de colatiers, d'arbres fruitiers divers. Quant aux vivriers, ils sont produits
de façon sélective compte tenu de l'humidité relative de
chaque zone. C'est ainsi qu'il existe du riz de montagne cultivé sur les
plateaux de Danyi et dans le Kouma et du riz de plaine cultivé dans le
Kpélé et l'Agou. Ce phénomène est également
valable pour le manioc, l'igname, le taro, la banane plantain, le maïs. La
pomme de terre, quant à elle, sera introduite par les moines de
Dzogbégan à Danyi, à cause des écarts de
température entre le jour et la nuit, condition essentielle pour sa
période de tubérisation. Bien que les cultures
maraîchères ne soient pas une nouvelle activité agricole,
leur contribution à la sécurité alimentaire et au revenu
reste déterminante (Anonyme, 2007).
En infrastructures de base, il y a les axes bitumés
Kpalimé-Lomé, Kpalimé-Atakpamé, AdétaDanyi,
Kpalimé-Klomayo'ndi, Kpalimé-Kamétonou,
Temedja-Kpete-Bena. Les pistes et routes non bitumées desservent la
grande majorité des villages. La situation géographique et
l'importance économique aidant, cette région joue un rôle
prépondérant dans les échanges commerciaux (Anonyme,
207).
Dans les grandes villes, nous avons le service postal, les
stations d'essence, les stations radios, des banques (BTD, UTB, Ecobank etc.),
établissements financiers, des systèmes financiers
décentralisés (FECECAV, IDH Microfinance, Noir et Blanc
Microfinance et bien d'autres), l'administration publique (Mairie de
Kpalimé, préfectures dans les autres).
L'industrie touristique artisanale s'est donc toujours
développée dans le grand Kloto, pour l'exploitation de
l'environnement des montagnes (forêts, faune, flore, climat) surtout
lorsque les réserves de forêts étaient bien
protégées par l'Etat et les communautés riveraines.
Actuellement, le tourisme hôtelier invite des touristes friands d'arts
(sculpture en bois, batik, céramique etc.), aussi des « amis de
l'environnement et des hommes ». Ce tourisme est un important facteur de
lutte contre la pauvreté. Les structures hôtelières sont
concentrées à Kpalimé où on en dénombre plus
d'une quinzaine (Anonyme, 2007).
Une grande partie de la zone urbaine dispose d'une couverture en
électricité et des réseaux de téléphonie
mobile et fixe.
.2 Cadre institutionnel : CRA-F
Le CRA-F se définit par Centre de Recherche Agronomique
zone Forestière. Il est l'un des quatre centres de l'ITRA (Institut
Togolais de Recherche Agronomique) dont les autres sont le CRA-L, le CRA-SH et
le CRA-SS. Il se trouve à 118km de Lomé, la capitale plus
précisement entre le Grand Hotel du 30Août et l'INFA de
Tové.
.2.1 Historique de l'ITRA-CRA-F
Le Centre de Recherche Agronomique zone Forestière, de
même que ITRA, créé par décret n° 97- 105/PR du
23 juillet 1997, en remplacement de l'IRCC, a pour mission de coordonner le
système national de recherche agricole et de conduire des recherches
visant la promotion du développement agricole. Tout cela est intervenu
après qu'en 1967, notamment le 1 mars 1967, pour relancer la production
du café et du cacao, le gouvernement togolais ait conclu avec l'IFCC une
convention particulière en matière de recherche pour
l'amélioration du caféier, du cacaoyer et du colatier. En 1982,
la station IFCC de Tové ajoute le thé à ses programmes et
devient l'IRCC en étroite collaboration avec la SRCC qui est née
en 1971.
L'ITRA est organisé en une Direction
Générale à Lomé et quatre Centres Régionaux
de recherche agronomique (CRA) localisés dans les quatre principales
zones agro-écologiques du pays:
le littoral pour le CRA du littoral (CRA/L)
la zone forestière pour le CRA de la zone
forestière (CRA/F)
les savanes humides pour le CRA des savanes humides (CRA/SH) les
savanes sèches pour le CRA des savanes sèches (CRA/SS)
.2.2. Objectifs
Contribuer à la réduction de la pauvreté
par la vulgarisation des technologies permettant l'accroissement des revenus et
l'amélioration de la productivité en zone forestière,
telle est la mission principale du CRA-F. A ce titre, il s'efforce de :
améliorer la production du café et du cacao en
proposant aux paysans les meilleurs clones résistants aux maladies,
moins sensibles à la sécheresse et aux attaques d'insectes;
proposer une meilleure densité de peuplement du
caféier, du cacaoyer et autres plantes stimulantes et des arbres
fruitiers
proposer une conduite des plantes cultivées
développer, améliorer et/ou valoriser les
technologies agricoles et alimentaires modernes et paysannes adaptées
mettre à la disposition des autorités et des
utilisateurs des résultats de recherche et les outils de décision
leur permettant d'adapter les politiques agricoles et alimentaires aux
nouvelles exigences de l'environnement socio-économique.
La réalisation de ces objectifs nécessite plusieurs
partenariats que nous allons découvrir. .2.3. Les partenariats du
CRA-F
Ce sont:
au niveau national:
l'ICAT, un instrument de vulgarisation
la DPAEP, qui s'occupe des politiques agricoles
le CFAE, qui forme les producteurs et prône le reboisement
l'AVE qui assure la vulgarisation et la distribution des intrants la FUPROCAT,
pour les producteurs
la CCFCC, pour la coordination de la filière
l'INFA de Tové
la DSID
l'Université de Lomé
au niveau international
le CIRAD dans le domaine Café Cacao
l'ADRAO, pour le développement de la riziculture
le ROCARIZ, la même chose que son
prédécesseur
le CIDE pour l'élevage
le ROCAS pour le développement de la culture du sorgho
.2.4. Sources de financement
Au départ, l'IRCC était étatique. Le CRA-F
est devenu une Société d'Economie Mixte-
Société Anonyme. A ce titre, le salaire du personnel est pris
en charge par l'Etat mais les activités et les
programmes de recherche sont surtout financés par des
réseaux extérieurs parmi lesquels on peut citer:
l'IITA
ROCARIZ
ROCAS
le CIRAD
des fonds non négligeables provenant aussi des services
rendus aux paysans et de la vente des produits des champs
d'expérimentation.
.2.5. Organisation du CRA-F
Le personnel est composé :
du Directeur
du Chef des Services Administratif et Financier des Chefs de
Programmes
des Responsables de Programmes
des Assistants
du Responsable de Laboratoire
des Techniciens
2.3 Cadre méthodologique
2.3.1 Approche méthodologique
La caractérisation débute au niveau le plus
large dans l'espace géographique défini pour progresser ensuite
dans les détails, nous sommes au niveau village dans notre travail. Les
outils sont les informations secondaires et les critères de
caractérisation socio-économique. Dans l'annexe 1 nous
présentons une grille d'étude citée en exemple pour ce
genre de caractérisation. Nous procéderons par des Diagnostics
Participatifs, le guide d'entretien conçu pour faire ce travail se
trouve en Annexe (nous avons sur la photo 1 une image prise au cours d'un
diagnostic participatif).
Photo 1 : scéance de Diagnostic Participatif
Pour atteindre les objectifs énumérés plus
haut, les principaux critères de caractérisation
identifiés sont:
· les critères socio-culturels tels que l'ethnie, la
densité de population...
· les critères institutionnels: les services d'appui
agricole, les données historiques
· les critères liés au système
d'exploitation: les systèmes de culture, l'utilisation des ressources,
le système foncier, les contraintes, le potentiel
d'amélioration...
Compte tenu du temps relativement court dont nous disposons nous
avons réduit ce panel, nous avons alors sélectionné trois
principales à savoir:
le profil historique
la typologie des ménages la carte du terroir
Nous disposons de données sur le relief, la
pluviométrie, le sol pour la zone forestière:
Tableau 2: Caractéristiques des sous zones de production
du CRA-F
|
Sous-zones
|
Kloto
|
Akébou
|
Litimé
|
Relief
|
Varié: montagne (950m), plateaux (500m), piémont et
plaines
|
Plateaux (700m)
|
Plaine
|
Pluviométrie
|
900 à 1200mm/an
|
1200mm/an
|
1200 à 1500mm/an
|
Sol et végétation
|
Sols ferralitiques et ferrugineux
Relique de forêt, savane arborée
|
Sols ferrugineux Forêt galerie
Savane arbustive
|
Sol ferralitique et hydromorphe
Relique de forêt
|
Densité de population
|
87 à 100hab/km2
|
40hab/km2
|
57hab/km2
|
Ethnie
|
Ewé
|
Akébou
|
Akposso, Kabyé, Ewé
|
Culture
|
Caco, palmier à huile, café, fruitier, vivrier
|
Café, caco, vivrier
|
Cacao, fruitier, vivrier
|
Village d'étude
|
Agou Atigbé Dzogbépimé
|
Dagnigan
|
Mangoassi
|
Source: Tsatsu, 2006
Chapitre deux : Présentation et analyse des donnés
2.1. Collecte des données
La collecte des données s'est faite par diagnostic
participatif dans les VARS. Cela a consisté à identifier des
personnes ressources maitrisant bien les sujets dont il était question
en vue de fournir des informations fiables sur la caractérisation de
leur village.
2.2. Traitement des données
A la suite de la collecte des données secondaires et
des diagnostics participatifs suivant la méthode MARP que nous avons
effectué dans les VARS que nous avons visité, en l'occurence Agou
Atigbé Dzogbépimé et Agou Nyogbo Agbétiko, nous
sommes arrivés aux résultats sivants:
2.2.1. Agou Atigbé-D2ogbépimé
2.2.1.1. Carte du terroir
Elle se présente comme le montre la photo 3.
Photo 2 : Carte du terroir d'Agou Atigbé
Dzogbépimé
2.2.1.2. Typologie des ménages
Le tableau 3 nous présente la typologie des ménages
selon les critères choisis par les villageois: Tableau 3: Typologie des
ménages du village de Agou Atigbé Dzogbépimé
Critères
|
Riche
|
Moyen
|
Pauvre
|
Aspect de l'habitation
|
Maisons en briques, crépis et badigeonnée, couverte
en tôle avec clotûre
|
Maison en banco couverte de tôle et crépis, pas de
clôture
|
Maison en banco couverte en paille, pas de clôture
|
Education des enfants
|
Scolarisation
obligatoire même si l'enfant va rentrer en
apprentissage
|
Scolarisation supportée par les parents avec une
contribution des
enfants par leur travail
|
Enfants plus impliqués dans les travaux champêtres
que l'école ou apprentissage
|
Champs et travaux
|
Disponibilité de plusieurs parcelles cacaoyères
(1,5t/ha) et culture de plantain, manioc, maïs
|
Cacaoyère ne donnant qu'entre 0,6 et 0,8t; plantain,
maïs et manioc
|
Culture vivrière surtout; maïs et manioc
prédominent puis plantain
|
Habillement
|
Port du kenté dans les grandes occasions, pagnes africains
de haute qualité
|
Habillement modeste et sobre
|
Portent toujours les mêmes habits
|
Biens matériels
|
Acquisition de motos pour taxi-motos mais en cachette pour
eviter l'envie
|
Disponibilité du strict nécessaire, pas de moyens
de
déplacement, déplacement par taxi- moto
|
Rien comme biens matériels
|
2.2.1.3. Profil historique
La fondation remonterait autour de 1647 au moment où le
troc était encore en vigueur. Un chasseur d'Agokoly, roi des Ewé,
nommé Gbada a fui le royaume éwé et cherchait un lieu
où établir un refuge. Il est arrivé sur les lieux
après un escale à Kouma Konda et Agou Klounou. Sur place, il
trouva beaucoup d'arbuisseaux ('' Atigbé'' dans la langue) et une savane
à côté (''Dzogbé''); ceci donc fit qu'on nomma le
village Atigbé Dzogbépimé. Le choix de l'emplacement a
surtout été guidé par la proximité d'un torrent qui
fut découvert grace au mouvement d'une liane; ''Kalavé''
désigne ce torrent c'est-à-dire: la liane bouge; ce lieu sert de
nos jours de sanctuaire pour des cérémonies. Ceux qui ont
accommpagné Gbada ont donné leur nom aux cinq quartiers du
village: Voetoé, Voli, Agbomé, Woetsi et Havié.
La cacaoculture remonterait autour des années 1900;
elle fut introduite par le Ghana, les ghanéens l'auraient eu d'un des
leurs qui ayant séjourné à Fernando Po l'a ramené
dans sa patrie. Le café a suivi mais la précision sur le
début de la culture n'est pas déterminée. Les
premières cacaoyères furent celles du type Tété
Quashie probablement du nom d'un ghanéen. Peu avant les années
70, les maladies ont décimés les cacaoyères et les
traitements existants en ce moment furent inefficaces du fait de la
méconnaissance de la cause de la maladie. Pour les cacaoculteurs, ce fut
même les traitements qui furent effectués qui ont contribué
à la disparition de leurs champs.
Cependant pendant la saison 1971-1972, une nouvelle
pépinière fut mise sur pied et lança le début d'un
nouveau tournant pour la cacaoculture, il eut des encadreurs pour la suivi des
parcelles. Le café fut abandonné parce que le prix du cacao
était avantageux (200F la charge en ce temps) et surtout que le travail
du café était jugé trop pénible par les
producteurs. Le nombre de cacaoculteurs croissait comme la démographie
du village. Ces cinq dernières années le nombre de cacaoculteurs
augmente encore plus avec de plus en plus une implication des jeunes et des
femmes dans cette culture.
2.2.2. Agou Nyogbo-Agbétiko
2.2.2.1. Carte du terroir
Elle se présente comme nous le montre la photo 4:
Photo 3 : Carte du terroir d'Agou Nyogbo-Agbétiko
2.2.2.2. Typologie des ménages
Nous retrouvons pratiquement les mêmes critères que
ceux du village précédent comme le montre le tableau 4:
Tableau 4: Typologie des ménages du village de Agou
Nyogbo-Agbétiko
Critères
|
Riche
|
Moyen
|
Pauvre
|
Biens matériels
|
Voiture, boutique ou entreprise, télévision et
matériels liés
|
Moto et télévision
|
Rien
|
Famille
|
Bien entretenue, tenue vestimentaire variée
|
Pas de changement remarquable dans l'habillement
|
Manque d'habits pour le enfants ainsi que de support
|
Domicile
|
Douche, WC, électricité,
réfrigérateur, clôture
|
Electricité pris chez quelqu'un, pas de clôture
|
Pas de domicile lui appartenant
|
Nourriture
|
Consommation de viande et de boissons, variation du menu
journalier
|
Poisson consommé fréquemment, pas de variation
remarquable dans le menu
|
Difficulté à s'alimenter, un repas par jour
|
Education
|
Aucune difficulté pour la scolarisation des enfants
|
Scolarisation fréquente mais avec plus ou
moins de difficultés
|
Rare
|
Santé
|
Bien soigné, ne meurt que si le destin le veut
|
Soins passables
|
Mort immédiate en cas de maladie grave
|
Terrain
|
Pas de champs sur terrain dont il est propriétaire ou
métayage sur le terrain
|
Propriétaire par achat ou héritage, cacaoculteurs
souvent (0,5-1,5t/ha)
|
Terrain hérité qu'il vend souvent pour survivre
|
2.2.2.3. Profil historique
A leur arrivée en 1720 suite à leur exode, les
habitants de l'actuel Agou Nyogbo-Agbétiko, conduits en ce temps
là par le roi Digbéa Fiadjé, ont trouvé au sommet
de la montagne qu'il appele aujourd'hui Togandzi leur cohabitants du quartier
Botso, les Botso avaient pour dirigeant en ce moment Agbossou klouvi puis Agbo.
Ils sont restés à Togandzi jusqu'en 1875. Ils sont partis de
là pour un second site plus en bas qui était
Apékpomé dans le piémont. Ils y ont séjourné
avec pour roi Asakplé. Là, génés par des
milles-pattes et les feux de brousse fréquents, ils ont voulu partir.
Ayant interrogé leur totem appelé ''Mawun'', l'avis fut
défavorable de partir, il leur demanda si la vie leur était
pénible à ce point qu'ils voulaient partir. Il
décidérent partir cependant et ce fut en 1906 pour leur
troisième destination qui est l'actuel emplacement auquel ils
donnèrent le nom de Agbétiko en mémoire de ce que leur
totem le leur avait dit sur la vie qui était devenu pénible pour
eux. En 1901, leur troisième roi du nom de
Léléklélé I a été intronisé,
il régnait jusqu'en 1967 et aujourd'hui c'est son petit fils
Léléklélé III qui est sur le trône (un
document sur la fondation du village se trouve en Annexe).
La cacaoculture a commencé dans le village autour des
années 1890 et aurait été introduite par les Allemands.
Cela se passait au moment où la charge de 32kg se vendait à 200F;
aux dires des villageois, trouver 5F à l'époque n'était
pas chose aisée. L'humidité trop élevée de la zone
genait les cultures, aujourd'hui la déforestation est très
avancée. Vers les années 60, plus précisement 1969, une
baisse importante surviendra dans la production suite aux maladies, l'Etat n'a
pas pu trouver de remède efficace pour cela. Les services agricoles
effectuaient des coupes sanitaires pour éviter la dissémination
de la maladie.Des hybrides ont été envoyés pour
replantation mais beaucoup des planteurs ne voulaient plus se lancer dans la
production cacaoyère. En 1972, une nouvelle pépinière fut
mise en place au bord de la rivière Adédzé. L'OPAT a fait
un champ expérimental permettant aux producteurs de comprendre la
situation et beaucoup y ont cru. La SRCC redonnat aussi confiance aux
producteurs de café en particulier par l'introduction du café
Robusta. Voici six ans que les feux de brousse ont dévasté des
champs trois années successives.
2.3. Analyse des données
2.3.1. Agou Atigbé D2ogbépimé
i) Carte du terroir
Le terroir de Agou Atigbé Dzogbépimé est
limité au Nord par Agou Gare, à l'ouest par Agou
Atigbé-Abayémé, au sud-ouest par Adzahoun Fiagbé,
à l'est par Agou Kumahou et au sud-est par Sofié. Il est
constitué par cinq quartiers: Voetoé, Voli, Agbomé, Woetsi
et Havié. Cette carte n'est pas fidèle car le Nord que les
villageois ont situé est tournéd'à peu près
30°.
La carte que les villageois ont dessinée permet de
voir le village selon les principales voies et les quartiers ainsi que les
infrastructures socio-éducatives et réligieuses. Cependant cette
carte minimise l'étendue des surfaces cultivées tout juste en
laissant voir que ce sont les champs qui entourent le village sans pour autant
en montrer la superficie réelle concernée. Mais dans nos
discussions, il est ressorti que la richesse du village a toujours
résidé dans la cacaoculture qui voit de plus en plus
l'implication des jeunes et des femmes. La difficulté pour eux
résidaient dans le fait qu'en voulant marquer les limites de leur champs
ils s'abrogent des limites que leurs limitrophes pourraient contester. Suite
à cela, il y le fait que certaines personnes ont des champs mais
n'étaient pas présentes au cours du DP parce que le DP ne saurai
se faire avec tout le village.
ii) Typologie des ménages
La typologie des ménages révèle que la
cacaoculture a apporté des changements notoires sur le mode de vie et
l'amélioration des conditions de vie des villageois. Les ménages
du village vivent selon leurs possibilités mais avec leur temps puisque
la classe moyenne a accès à ce qu'il lui faut même si le
niveau des services qu'elle consomme est réduit.
iii) Profil historique
Les événements majeurs qui ont influencé
la production du village ne sont que naturelles, il n'y a pas eu de guerres ni
de razzias: ce sont les maladies de vergers et le changement climatique. Aucun
fait ne marque donc le village de façon à entacher le bon
déroulement d'un processus d'expérimentation scientifique. On
remarque que l'accès à beaucoup d'intrants leur a
été facilité pendant longtemps mais que ce n'est plus le
cas aujourd'hui.
2.3.2. Agou Nyogbo-Agbétiko
i) Carte du terroir
La carte duu terroir de Agou Nyogbo-Agbétiko
représente que le village de Agou Nyogbo-Djidjolé se trouve au
sud, celui d'Akplolo au nord, la montagne sur tout l'est, Kpélé
au nord-ouest, Lavié et Yokélé à l'ouest. La
rivière Adédzé traverse le village et le divise
pratiquement en deux blocs.
Le village d'Agou Nyogbo-Agbétiko se
révéle plus urbanisé pour un village; en effet l'Allemand
Gruner a effectué en 1906-1907 des travaux de planification pour
l'urbanisation du village qui est actuellement le chef-lieu du canton qui porte
son nom. Il n'est pas cependant aussi urbain que le laisse penser la carte car
les superficies cultivées sont assez importantes plus que la portion que
montre la carte. Les cultures de cacao existent encore et beaucoup
d'exploitants continuent la replantation soit dans les vieilles
cacaoyères soit les jeunes pour les jeunes exploitants.
ii) Typologie des ménages
Les ménages de Nyogbo-Agbétiko sont
principalement des ménages agricoles et dont la culture principale est
le cacao. Cette spéculation agricole leur permet d'atteindre un niveau
de vie permettant d'assurer l'éducation de leurs enfants et des soins
sanitaires appropriés surtout lié à la proximité
d'un centre médical notamment celui de Nyogbo-Djidjolé.
iii) Profil historique
L'histoire de Nyogbo-Agbétiko a été
marquée par des divisions pour le déplacement du site du village
et aussi pour l'institution du village en canton. Ces faits institutionels ne
touchent en rien les activités agricoles et ces problèmes n'ont
jamais entrainé de litige foncier. Le village demeure toujours un milieu
à vocation agricole puisque l'évolution connue par ce dernier n'a
apporté aucun changement quant à l'activité dominante des
populations.
Chapitre trois : Conclusion et recommandations 3.1. Conclusion
La caractérisation socio-économique de ces deux
VARS de la zone forestière s'est avérée une étude
socio-économique très importante en vue de déterminer les
possibilités d'expérimentation dans ces villages. Cela a permis
de voir que les paysans des terroirs de Agou Atigbé
Dzogbépimé et Agou Nyogbo-Agbétiko maîtrisent les
contours de leur terroir et de l'histoire de leur village face à
l'aisance avec laquelle ils ont participé aux travaux mais aussi de nous
rendre compte d'une nécessité de recherche dans les milieux
ruraux.
Il est aujourd'hui impérieux de se remettre à
faire de la recherche en milieu rural dans ces deux zones pour éviter la
propagation des maladies qui touchent les vergers et accroître les
rendements des parcelles. La cacaoculture a permis à beaucoup de milieux
de progresser et aujourd'hui encore des villages tels que Agou Atigbé
Dzogbépimé et Agou Nyogbo-Agbétiko fondent encore leurs
espoirs sur l'évolution des travaux de recherche sur le cacao.
3.2. Recommandations
Suite aux travaux que nous avons effectué, nous
recommandons:
au CRA-F de
- démarrer des travaux de recherche dans ces deux VARS
dont avons fait la caractérisation socio-économique
- appuyer les structures de vulgarisation pour des actions de
conseil et appui technique dans ces VARS
- poursuivre cette caractérisation en vue de son
approfondissement
aux ONG oeuvrant dans la zone d'
- entreprendre des activités socio-culturelles dans les
villages de Agou Atigbé Dzogbépimé et Agou
Nyogbo-Agbétiko
- appuyer les services d'enseignement de ces villages
- apporter des projets d'appui au développement agricole
surtout aux jeunes
aux villageois de
- continuer à oeuvrer de concert avec les partenaires
qu'ils ont à l'augmentation de la productivité agricole
- accompagner les structures de recherche dans leur travail sur
le terrain
- se concerter pour asseoir un véritable mouvement
coopératif dans leur village pour un dévelppement plus
réfléchi que de rester dans l'individualisme.
Références bibliographiques
ADRAO, Rapport Annuel 1998, pp.23-32
Commission Economie et Finances' Rapport'
Kpalimé' Décembre 2007.
Freudenberger'
Schoonmaker'K.' Tree and land tenure: Rapid Apraisals
Tools, Community forestry field manual 4, Rome, Organisation des Nations Unies
pou l'alimenation et l'agriculture, Programme sur les forêts, les arbres
et les individus, 1994
GIDEPPE, Togo Cap sur l'an 2000 Marchés Nouveaux ITRA,
Rapport Annuel 2006, Kpalimé, Avril 2007, pp.98-102
Mascarenhas, J., Participatory Rural Apraisal and
Participatory Learning Methods: Recent Experiences from MYRADA and South India,
Forest, Trees and People Newsletter 15/16, Février 1992, pp 10-17.
Ministère du Développement et de
l'Aménagement Territorial, Annuaire Statistique Région des
Plateaux 2000-2004, Atakpamé, Décembre 2005, p.21
Tsatsu, D., Rapport de stratification du milieu rural Zone
Forestière, Kpalimé, Mai 2000, 18p Tsatsu, D.,
Amélioration des systèmes de cultures, Kpalimé, 2006, FSP,
20p
Annexe 1
This is a sample checklist of information to be collected during
the field survey.
Field visit Group
discussion
|
General features of the location
Ethnic groups, traditional hierarchy, religions X
Physical infrastructure
Accessibility, availability of transport X
Location, frequency, role of markets X
Schools, water supply, electricity, medical services X
Climate
Farmers perception of rainfall and consequences for cropping X
X
Vegetation Vegetation type
Land' soil and water
Land form, land types, soils
Soil fertility, erosion X
Seasonal availability of water X
Cropping patterns and land use
Availability of land X X
Distribution pattren of crop fields, fallow fields, virgin
bush
(village maps, transects) X X
Number, size and location of field per household X
Accessibility of fields X
Crops, cropping patterns, crop associations X X
Differences in cropping pattern among fields/land
types; reasons X
Ownership of crops within same field X
Criteria for choosing/abandoning field X
Duration and utilization of fallow X X
Products collected from the bush X
Obsolete, new crops, reasons X
Other changes in farming practices over the last 40 years (ask
old folk) X
Crop varieties
Crop varieties and their characteristics X
Rank varieties for importance, their advantages, disadvantages
X
Cropping operations and crop calendar
Plant spacing and arrangement X
Time and method of land preparation, planting, wweding,
harvesting X
Inputs and yield
Sources and maintenance of seed/planting material X
Use of organic, inorganic fertilizers, household refuse,
agrochemicals X X
Farm implements X
Distribution of labor, peaks, slack periods and bottlenecks X
X
Estimates of yields X
Crop disorders
Weeds, time and method of control X
Pests and diseases and their control X
Nutrients deficiencies X
Postharvest activities and consumption
Storage facilities (household and community) X X
Utilization of crops, proportions marketed and consumed X
Processing of crops and food by the farm household or community
X
Prices of farm products X X
Consumption patterns and food preferences; sorts of purchased
food X
Water an fuel requirements and sources X
Utilization of crop residues an by-products X
Livestock
Livestock systems; species, husbandry, feeding pattern,
interaction wit
cropping X X
Time of fodder shortages X
Economic and institutional environnement
Availability and origin of items not produced locally (market
visit)
(Urban) migration X
Availability and prices of capital goods, inputs (ask traders,
distribution
centers, etc.)
Sources and principal usages of cash X
Availability and organization of credit X
Access to extension and input delivery systems X
Farmers'organizations X
Social environnement
Access to land and tenurial arrangements X X
Sources and cost of labor, family or hired X
Division of labor and decision making by age and gender X
Health conditions X
Educationnal level of farmers X
Festivities X
Annexe 2
Guide d'entretien
I- Contexte biophysique 1.1. La carte du terroir
Elle sera exécutée par les populations avec
l'assistance de l'équipe. L'exercice consistera à
représenter sur une carte les infrastructures sociales qui existent dans
le village. La carte sera exécutée sur du papier.
Technique
expliquer l'objectif de l'exercice
identifier un groupe connaissant bien le village et son
terroir
dessiner la carte du village et ses alentours en indiquant la
localisation et les éléments de leur terroir qui leur semblent
les plus importants
II- Contexte socio-économique 2.1. Le profil
historique
Il permet de retracer chronologiquement les faits
marquants qui ont jalonné la vie du village/de la communauté
depuis sa création. Il permet de reconstituer brièvement les
événements fondateurs (fondation du village, re-localisation,...)
mais surtout ceux qui ont un impact sur les ressources et la cacaoculture
(bonne pluviométrie, sécheresse, invasion des criquets,
introduction de nouvelles cultures, abandon de cultures, etc.)
Technique
a. identifier des personnes ressources maîtrisant
l'histoire du village (ou de la communauté) et de l'évolution de
la cacaoculture (personnes âgées, griots, vieux et jeunes
producteurs de cacao).
b. retracer brièvement les événements ayant
marqué le village/la communauté dans le temps et en rapport avec
la cacaoculture
i) nombre d'années dans la cacaoculture par le
village/la communauté
ii) processus d'occupation ethnique pour la cacaoculture et
importance numérique (les premiers occupants, les ethnies qui ont suivi,
puis les classer par importance numérique);
iii) principales ethnies impliquées dans la
cacaoculture
iv) classement des hommes et des femmes faisant la cacaoculture
par ordre d'importance numérique
v) classement des autochtones et des allogènes faisant la
cacaoculture par ordre d'importance numérique
vi) évolution de la cacaoculture
· chronologie des changements importants intervenus
dans la cacaoculture à des fins agricoles depuis 10 ans et leurs causes
: exploitation, non exploitation, exploitation temporaire, abandon, jamais
exploité, et avec quelles spéculations?
vii) évolution du nombre de cacaoculteurs
acteurs concerné: autochtones et les allogènes
variables: augmentation-constance-baisse
viii) évolution du mode d'exploitation des cacaoyers:
avant et actuellement (individuel ou collectif)
ix) changements climatiques depuis 10 ans:
augmentation-constance-baisse
2.2. Typologie des ménages
Classification matricielle: outil très analytique de
classification à partir des critères choisis par la population
elle-même.
NB: Les exemples cités servent de guide à
l'équipe et ne doivent en aucun cas influencer les réponses des
acteurs.
Annexe 3
FONDATION DU VILLAGE D'AGOU NYOGBO-AGBETIKO
Le village de Nyogbo-Agbétiko sur la montagne (p. 62
à 67)
[...] Avant l'arrivée des ressortissants de Ouantchin,
il existait sur la montagne le petit hameau de Botso. Les habitants, belliqueux
et très méfiants, étaient toujours sur le qui-vive.
Lorsqu'ils doivent combattre, le mot d'ordre circule de bouche en bouche «
Nya de gbona » ''quelque chose va se passer''. Déformée,
cette alerte donnera « Nyagbo » et devenu plus tard « Nyogbo
» (voir carte des Allemands 1904).
Si certains Botso sont toujours à Nyogbo-Agbétiko,
d'autres ont émigré vers la région de Hô, notamment
à Nyogbo sroè
Nyogbo sroè avec son Chef Nyogbo Konda
Nyogbo Fiafe
Nyogbo Nyigbé
Nyogbo Mli
Nyogbo Odumase
Nyogbo Agodome
Nyogbo Gagbefe Chef Canton
Togbui OWUSU IX Togbui KODZOKPO Togbui ABOVE Togbui ADZA-YAWO
Togbui DADRA Togbui OSUNU Togbui DABRA Togbui NYAGASI V
Le village de Nyogbo sur la montagne, appelé encore «
Afégamé ou Togandzi » comporte trois quartiers
Le quartier Botso, le plus ancien, se nommait Nyogbo avant
l'arrivée des gens de Ouantchin. Après cet
événement tous les trois quartiers s'appelèrent Nyogbo.
Les futurs Agbétiko se trouvent sur la montagne au-dessus
des autres, ils forment le quartier « Nyogbo Dzigbé ».
Les futurs Dalavé habitent le quartier « Nyogbo
Nyigbé » quartier situé à une altitude
inférieur à celle des autres.
Tout le village Nyogbo comporte plusieurs terrasses
étagées, une vingtaine environ, disposées suivant les
courbes de niveau. Retenus par des murettes en pierre sèche, hautes de 1
à 2m, les terrasses déterminent entre elles des espaces plats de
5 à 10m de large. On passe de l'une à l'autre par des escaliers
de dalles. Sur les surfaces planes sont construites des cases plus ou moins
rectangulaires en banco, le toît couvert de chaume. En
général, chaque case comporte deux pièces: une antichambre
où l'on fait aussi la cuisine lorsqu'il pleut, et une chambre à
coucher. La porte est fermée avec une claie.
Au milieu du village se trouve le couvent des divinités
protectrices. Jalousement gardées, les reliques de l'exode y sont
conservées: tambour « gbagba », bol de bois « akplegba
» etc.
En bas du village, on vénère aussi le ''Rocher
à mamelles''. C'est un imposant rocher formant abri sous roche
d'où jaillit une source claire dont l'eau, riche en calcium est
réputée servir de remède contre la
stérilité. Dans cette grotte en miniature se forment des embryons
de stalactites; deux proéminences rocheuses sont assimilées
à des mamelles.
Deux arbres datent de cette époque: un fromager et un
rônier. Objets inanimés et par conséquent, muets,ils ne
peuvent pas nous raconter ce qu'ils ont vu ou entendu. De la route de Nyogbo
Dalavé à Nyogbo-Agbétiko, on les aperçoit
aujourd'hui avec des cocotiers plantés seulement voici quelques
décades.
Vie quotidienne au village de Nvogbo Afégamé
(Togand2i) au début du XIXème siècle.
Les habitants de Nyogbo s'occupent essentiellement de
l'agriculture. Leurs principales cultures sont le petit mil « li »,
l'igname, le palmier à huile.
La récolte de l'igname donnait lieu à des
cérémonies de prémices pour remercier les divinités
de la terre. Le palmier à huile fournissait le vin de palme, l'huile, le
combustible, les matériaux de construction.
Le petit mil est la céréale par excellence. On
s'en sert pour préparer la pâte et manger équivaut à
''porter le petit mil à la bouche'': « do li nu ». il servait
à préparer la bière « liha ». Le petit mil
« li » constitue la base de l'alimentation. L'élevage est
important: le cheptel consiste en volailles, moutons, cabris, porcs. Hormis le
porc, ces bêtes sont tuées surtout lors des
cérémonies animistes. Source de l'alimentation carnée, la
chasse dans les forêts giboyeuses se révèle une
activité lucrative, les chasseurs sont auréolés de
prestige. Poterie, huilerie, brasserie, savonnerie représentent
l'artisanat.
Le problème d'eau ne se pose pas. De nombreuses sources
susurrantes aux eaux claires, fraîches, potables jaillissent par-ci
par-là. On les aménage souvent pour se préserver de la
pollution.
Ainsi vivaient les gens de Nyogbo-Afégamé de
ogandzi au début du XIXéme siècle.
Descente du village de Nvogbo au pied de la montagne
Dans la seconde moitié du XIXéme
siècle, un fort courant se dessine à Nyogbo-Afégamé
pour une descente du village au pied de la montagne.
Les partisans de la descente sont surtout les cultivateurs et les
chasseurs. Dans la pyramide des âges, ils représentent la
population active de 15 à 50ans environ.
Les raisons alléguées sont multiples. Elles sont
d'ordre démographique: l'augmentation de la population entraine le
besoin d'espace vital sur la montagne. La terre manque, les champs de plus en
plus petits cultivés d'une façon intensive deviennent de moins en
moins rentables. Il s'avère impérieux de descendre mettre en
valeur les terrains de la plaine.
De leur côté, les chasseurs constatent que le
gibier, traqué de tout côté sur la montagne, se
réfugie dans la forêt de la plaine.
Les contacts entre la plaine et la montagne deviennent
fréquents; or les communications sont malaisées. Ce sont les
sentiers « capricieux », glissants, passant d'un rocher
escarpé à la descente, on perd à la montée. Les
risques de chutes graves font que la sécurité n'est pas garantie.
Et surtout si la nuit vous surprend, c'est une véritable catastrophe.
Comme dans la région règne une insécurité relative,
le site définitif perd sa raison d'être. La dernière
période d'insécurité (1869-1870) provient de la guerre
contre les Achantis en 1873. ces derniers repoussés et par les Aguawo et
par les Akposso n'osent plus recommencer leur invasion. Dès le milieu du
XIXémesiècle, la traite des Noirs est presque
complètement supprimée. Des navires de Grande-Bretagne et la
France surveillent la côte et exercent en pleine mer le droit de visite
afin de dépister quelques négriers récidivistes. S'il
existe encore un commerce local, la chasse « au bois d'ébène
» a irrémédiablement perdu son intensité et son
importance. Plus de razzias pour enrichir les négriers.
L'esclavage terminé, la colonie commence. Des maisons
de commerce établies dans les comptoirs français de Petit-Popo
(Aného) et de Porto-Séguro (Agbodrafo), les produits
importés d'Europe proviennent jusque dans les régions d'Agou.
Comme la montagne n'arrive plus à s suffie, à vivre en autarcie,
des courants d'échange de produits locaux et d'objets fabriqués
s'établissent entre elle et les villages de la plaine. La région
d'Agou reçoit les premières visites des missionnaires surtout les
protestants de la Mission de Brême installés à Hô et
à Péki depuis le milieu du
XIXémesiècle.
Les partisans de la descente allèguent souvent comme
raisons majeures, les querelles et conflits fréquents entre quartiers.
Comme on ne s'entend plus, pour avoir la paix, il vaut mieux quitter des
voisins trop turbulents. La vie devenant dure là-haut sur la montagne,
certains désirent chercher le
calme et la tranquillité en bas.
Toutes ces raisons sont jugées insuffisantes par les
vieux au-delà de 50ans environ, par les féticheurs et les
sorciers. On ne doit pas abandonner à la légère le foyer
ancestral, le cordon ombilical des habitants, c'est là qu'on a fait le
serment de s'installer sous la protection des dieux « Démadzi
». Pour eux, la nostalgie du village des ancêtres prime toute autre
considération. Par expérience, ils savent que toute
période de relative sécurité est précurseur d'une
période d'insécurité. Ce n'est donc qu'un leurre et ce
serait commettre une épouvantable bévue que de se laisser berner.
Accrochés à la tradition, et à la montagne, les
''gérontes'' rendus sages et prudents par l'âge se méfient
des ''choses nouvelles''. Toute innovation est une épée à
double tranchant. Ils aiment souvent répéter aux jeune ce
proverbe éwé: ''la palme a dit au rameau: moi aussi j'ai
occupé une fois le milieu''. L'opposition des fétiches et des
sorciers se révèle plus irréductible encore. Les
divinités, d'après les oracles n'agréent pas ce
déménagement.
Elles préfèrent demeurer à l'endroit
où elles ont élu domicile à l'arrivée de Ouantchin.
Pour les féticheurs, c'est un problème délicat que de
transférer un lieu sacré traditionnel, ancestral, dont
l'ancienneté confère le respect.
Ils révèlent une étymologie du mot Agou
qui signifie s'enfoncer: ''le grand fétiche Mawun transporté sur
l'épaule par une fille vierge et précédant le clan
à la recherche d'un site propice est tombé ici en disant: «
medo agu da afisia » je m'enfonce ici''. Ils interprétent
également ''la main gravée sur le rocher'' au-dessus de l'actuel
village de Nyogbo-Dalavé comme la manifestation de désapprobation
du dieu protecteur. Dans son courroux, devant la désobéissance,
l'entêtement des habitants, dieu aurait frappé le rocher de
dépit laissant ainsi cette empreinte comme signe de son
mécontentement. Ajoutons que jusqu'au
Xxémesiècle, cette gravure rupestre a
été un lieu de pèlerinage pour les animistes, certains
venant parfois de très loin. Les féticheurs ont encore recours
à de multiples tentatives de dissuasion. Le moindre fléau de la
nature, tout événement des divinités. Ils agitent avec
frénésie le spectre du dragon. Des serpents fabuleux très
venimeux abondent dans la forêt où vous voulez élire
domicile: « da le aveame »: ''le serpent se trouve dans la
forêt''. Voilà l'origine de Dalavé. Les partisans de la
descente ne désarment pas pour autan. Ils usent des subterfuges. Les
chasseurs les premiers; les autres ensuite établissent leur ferme dans
la plaine où leur séjour devient de plus en plus long.
Interrogés, ils répondent qu'ils cultivent du tabac; c'est le
lieu des dupes, du mensonge: « blégbé » ancien nom de
Nyogbo-Dalavé.
Au nom des divinités en courroux, les vieux, les
féticheurs et les sorciers lancent un suprême avertissement aux
partisans de la descente: ''l'enfant désobéissant qui ne veut pas
écouter les conseils, c'est l'épine qui lui accroche les
oreilles''. Les dieux s'en lavent les mains, rejettent toute
responsabilité si un malheur vous survient en bas dans la plaine. Ce
sera tant pis pour vous, vous l'aurez cherché vous-même: c'est que
vous êtes ''fatigués de la vie'', « agbé tiko nami
». Malgré ces menaces, les ''fatigués de la vie'' deviennent
si nombreux que le petit hameau de récalcitrants se transforme en le
village de Nyogbo-Agbétiko.
Avec le temps, les rapports de force est en faveur des
partisans de la descente. Vers 1875, tout le village Nyogbo se trouve sur la
montagne, à 750-800m d'altitude. Le courant de descente se dessine.
Vers 1890, avec l'occupation allemande, les facteurs de
descente l'emportent: sécurité assurée, routes construites
permettant un commerce intense. L'introduction par les allemands de cultures
arbustives de cacaoyers sur la montagne plus humide réduit
considérablement les terrains consacrés aux cultures
vivrières. Il faut descendre occuper une partie des champs de la plaine
au risque de voir tous les terrains déclarés vacants
séquestrés par les allemands.
Les blancs donnent moins d'importance à la montagne
qu'à la plaine, terre d'avenir, où s'installent les
européens avec leur école, leur dispensaire.
Le village de Nyogbo se scinde alors en deux/
sur la montagne: le vieux Nyogbo ou « Alt Nyogbo »
au pied de la montagne: le nouveau Nyogbo ou « Neu Nyogbo
»
Vers 1900, la descente semble complètement accomplie,
lorsque ont disparu par extinction les
derniers « montagnards » irréductibles.
En 1950 vivaient encore dans les villages de Nyogbo des vieux
nés sur la montagne dans l'ancien Nyogbo.
L'implantation des allemands et surtout celle des
missionnaires protestants, est si marquée à Nyogbo-Dalavé
qu'on a consacré pour lui seul dans l'appellation orale le nom de
Nyogbo, réservant alors celui d'Agbétiko à
Nyogbo-Agbétiko.
1- cf Bulletin de l'Institut de l'Enseignement Supérieur
du Bénin, N°6 Mai-Juin 1968 par H. Attignon. (pages 49 à
67)
2- cf Extrait des minutes du Greffe de la cour d'Appel d'Afrique
Occidentale Française séant à Dakar
(Sénégal).
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