Section 1 : Présentation et
spécification du modèle économétrique et des
variables
Le modèle de croissance endogène
de Romer revu par Pagano (1993) considère comme argument de la fonction
de production le capital et le progrès technique. Le capital est
considéré ici comme un élément composite dont les
éléments sont le capital physique, le capital financier et le
capital humain.
Les développements sur le capital
physique et le capital humain ayant fait l'objet de nombreuses
recherches ; entre autres celles de Barro, de Solow ou de Sala-i-Martin;
notre étude centre la relation autour de la liaison
croissance-finance.
Aussi pour des besoins d'estimation, nous
apporterons quelques modifications au modèle AK qui sont
envisagées dans notre première sous-section (A). Et, dans notre
deuxième sous-section, nous traiterons des propriétés
statistiques des variables utilisées (B).
A. Le modèle AK revisité
La modélisation
économétrique de la relation entre le développement de
l'activité financière et la croissance économique a
été l'oeuvre des auteurs tels que King et Levine dans leurs
travaux datant de 1993 et Levine, 1997. La forme retenue par ces auteurs est la
suivante :
G=á + âF(i) + èX + å
(16)
Dans cette équation, G représente
la variable qui matérialise la croissance économique en terme
logarithmique bien entendu. F(i) est utilisé pour les variables
financières. Nous discuterons des problèmes de mesure dans le
chapitre suivant. X est la matrice des variables de contrôle
associées à la croissance économique. Il s'agit entre
autres du revenu par tête, de l'éducation, de la stabilité
politique, du taux d'ouverture, du commerce, de la fiscalité et
même de la politique monétaire (Levine, 1997).
Cette forme de la fonction de production est
particulière en ce sens qu'elle met en relief la relation directe entre
le développement financier et la croissance de l'activité
économique. Seulement d'après Arestis et Demetriades (1993),
cette formulation ne nous renseigne pas suffisamment sur les sens de la
relation finance-croissance.
Patrick en 1966 établissait
déjà une relation biunivoque entre les variables
financières et les variables réelles. Le soubassement
théorique de cette analyse est que dans une première phase, le
développement de la sphère financière contribue dans une
grande proportion au développement de la sphère réelle,
ceci par le biais des canaux cités dans la première sous-section.
Cette phase est celle du « supply leading ».
Dans une seconde phase, la croissance
économique générée alimente les innovations
financières et contribue au développement du système
financier ; cette phase est dite celle du « demand
following ».
Aussi Arestis et Demetriades (1993)
suggèrent une formulation du modèle sous la forme d'un VAR
bivarié.
Cette forme a l'avantage de prendre en compte
l'interdépendance des deux sphères et d'analyser le sens de la
causalité entre développement financier et croissance
économique.
Néanmoins, notre étude ne
s'attarde que sur le signe de la relation, elle ne fait malheureusement pas le
tour du questionnement sur le sens de la relation ; pour cette raison,
nous préférons la formulation de Levine.
Cependant, compte tenu des avancées
considérables faites en économétrie des séries
temporelles, nous envisageons de modifier cette structuration pour aboutir
à une forme plus simple à manipuler et compte tenu des
résultats que nous obtiendrons, nous améliorerons le
modèle pour le rendre plus satisfaisant d'un point de vue purement
statistique. Aussi le modèle qui sert de base à notre analyse
est-il le suivant :
LnPIB=á + âLnFIN(i) +å
(17)
Dans ce modèle, LnPIB est le logarithme
népérien du produit intérieur brut par tête,
LnFIN(i) est le logarithme népérien de l'indicateur de
développement financier.
Cette équation ne sera utilisée
que pour rendre compte de la relation de long terme entre les deux variables.
La relation de court terme sera appréhendée à partir du
modèle à correction d'erreur que nous présenterons dans le
chapitre suivant.
B. Présentation et spécification des
variables de développement financier et de croissance
économique
La relation que nous étudions met en
relation deux types de variables, il s'agit des variables financières et
des variables réelles. Les caractéristiques de ces variables
seront appréhendées à travers le test de
stationnarité que nous mettrons en oeuvre. Il est néanmoins
important de préciser le choix de notre source de données et d'en
relever les limites.
B.1. Les sources de données
La base de données de la banque mondiale
présente comme principal avantage la consistance des séries
utilisées. En effet, les séries proposées par cette
institution nous permettent de faire des régressions sur une
période assez longue de telle sorte que les résultats des tests
opérés soient suffisamment robustes pour nous permettre de
conclure.
Dans la base de données de la Banque Mondiale les
séries sont exprimées en dollar américain ; ce qui
facilite la comparaison entre les pays si davantage l'étude est
comparative.
Néanmoins les informations fournies par
cette institution souffrent de quelques lacunes, notamment en ce qui concerne
les données démographiques. En effet, les recensements dans le
cadre spécifique du Cameroun sont menés à intervalle de
temps irrégulier et les autorités en charge de la collecte de
l'information et de la publication des données statistiques
démographiques n'ont pas souvent les moyens de vérifier les
informations qui leur parviennent.
Ceci implique par conséquent que les
informations démographiques que nous utilisons dans nos analyses sont
peu fiables et que les résultats que nous obtenons doivent être
interprétés avec beaucoup réserve.
Par ailleurs, les estimations concernant la
croissance démographique par exemple faites par la Banque Mondiale
souffrent d'un manque de réalisme. Elles n'intègrent pas en effet
comme variable significative de leur estimation les spécificités
propres à chaque pays.
Cette manière de procéder peut
conduire à invalider une théorie alors que le contexte de
l'étude lui-même est faussé.
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