CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
INTR.ODUCTION GRNER.ALR
Dans le domaine des sciences de gestion, la décennie
1985-1995 a été caractérisée par le foisonnement de
concepts, outils et autres nouvelles méthodes, parmi lesquels, la
comptabilité de gestion à base d'activités occupe une
place de choix. Parmi les raisons qui expliquent ces multiples
émergences, il semble nécessaire de pointer les
différentes évolutions auxquelles ont été soumises
les organisations de ce début de siècle.
Les outils de gestion, comme l'ensemble des autres techniques,
sont apparus, le plus souvent, afin d'apporter des solutions aux
problèmes de leur époque. Leur construction est contingente. Elle
tient compte, naturellement, de l'environnement économique et technique
difficile. Ce qui entraîne le besoin pour les gestionnaires d'une
nouvelle vision du pilotage de l'entreprise. Cette dernière conduit
á l'inadaptation des méthodes et outils classiques
d'évaluation des coûts en contexte actuel.
La comptabilité de gestion (précédemment
dénommée comptabilité industrielle puis
comptabilité analytique) est née de la concurrence et du besoin
des entreprises de connaître les coûts de leurs productions.
[Chandler, 1988] montre que la nécessité d'une
comptabilité de gestion s'impose avec la mise en place de réseaux
de chemins de fer qui créent des conditions objectives de concurrence
entre les entreprises. [Nikitin, 1990] d'une manière
identique, date l'apparition d'un début de comptabilité
analytique chez Saint-Gobain, quand il fallut évaluer des prix de
transferts des usines au siège social.
Les années 1980 et celles qui ont suivi ont
été marquées par la remise en cause de certaines
méthodes de comptabilité et de gestion traditionnellement
utilisées. Ouvrages et articles spécialisés se sont
multipliés pour stigmatiser les insuffisances, les limites, voire
l'absence de pertinence d'un certain nombre d'outils, en particulier ceux
relatifs aux calculs des coûts.
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Aux Etats-Unis, certains auteurs, tels que [Johnson et
Kaplan, 1990] estiment que la décennie 1980 est celle de
«l'obsolescence des systèmes de comptabilité de
gestion» [Cooper, 1990] juge que le «
Contrôle de gestion ne répond plus », et
précise que les systèmes utilisés par les entreprises ont
perdu le rôle qui était le leur, les informations qu'ils
fournissent n'ayant plus la pertinence attendue. Le CAMI1,
regroupant des entreprises telles que General Motors, Siemens, IBM, Boeing,
Philips, Alcatel..., des cabinets d'audit et d'experts-comptables ainsi que des
universitaires et des chercheurs, consacre une de ses recherches à
développer un programme de comptabilité analytique adapté
au nouvel environnement économique.
En France, également, les systèmes existant
essuient les feux de la critique avec, il est vrai, des nuances dues au
caractère spécifique des modèles utilisés. Ainsi,
[Evraert et Mevellec, 1991] estiment que les méthodes
traditionnelles ne satisfont plus les besoins de l'entreprise moderne et qu'en
conséquence elles doivent être sérieusement remises en
cause2. [Chassang, 1987] pense qu'il faut
«réinventer» le contrôle de gestion parce qu'il
ne s'est pas adapté aux profonds changements qui ont marqué le
vingtième siècle.
L'entreprise est tout à la fois immergée dans un
environnement et confrontée à ses composantes. Elle doit
s'adapter aux évolutions de l'un et des autres. Ainsi, la
mondialisation, qui n'est autre que l'extension du périmètre
concurrentiel, a entraîné l'accroissement des structures
organisationnelles. L'étendue accrue des zones d'intervention a
restreint les avantages qui avaient été acquis. L'entreprise a
dû développer sa réactivité pour faire face aux
tendances erratiques des marchés sur lesquels elle intervient. Son mode
de production s'est progressivement modifié pour se transformer en un
véritable «pilotage par
1 CAMI (Consortium Advanced Management
International) qui a débuté ces travaux en 1966 associe des
grands groupes industriels, des cabinets de consultants, des
universités,... Modèle conceptuel développé par le
consortium de recherche- développement situé aux Etats-Unis, dont
les principes de base sont publiés en 1988 dans : C. Berlinger, J.
Brimson (ed), Cost Management for Today's Advanced Manufacturing, Boston,
Harvard Business School Press.
2 S. Evraert et P.
Mevellec, «Calcul des coûts : il faut
dépasser les méthodes traditionnelles»,
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l'aval». Ces modifications ont eu comme conséquence
d'accélérer l'évolution de l'environnement
caractérisée par une concurrence intense.
A cela s'ajoute d'importantes modifications subies tout au
long du vingtième siècle par la structure de coût des
entreprises. Leurs charges indirectes ont augmenté et leurs coûts
de la main d'oeuvre directe diminué. La diversité des produits et
services offerts est devenue inversement proportionnelle à leur
longévité. Pour accroître leur compétitivité,
les compagnies ont fait appel à des technologies de plus en plus
avancées, augmentant ainsi la part des frais généraux.
Malgré ces changements, la comptabilité analytique continuait de
fonctionner comme par le passé - la main d'oeuvre directe servant de
référence pour l'imputation des frais généraux,
bien que ces premiers représentaient souvent moins de dix pour cent des
coûts totaux de l'entreprise. En répartissant les coûts
indirects sur les produits en fonction des volumes produits, les
méthodes traditionnelles calculaient des coûts sans rapport avec
la véritable consommation de ressources par les produits et services.
Avec l'arrivée de la concurrence asiatique et la
mondialisation de l'économie, les entreprises ont dû aussi faire
face à une concurrence accrue. Cet accroissement de la concurrence est
dû autant à une faible augmentation des consommations qu'à
une démultiplication de l'offre, s'effectuant essentiellement par les
délais, par les prix ou par les services rendus. Elle est d'autant plus
sévère que dans ce marché dominé par la demande,
les comportements de la clientèle évoluent vers une plus grande
versatilité et des exigences accrues. Leur marge d'erreur est par
conséquent devenue beaucoup plus étroite, ne leur permettant plus
de « subventionner » le produit ou service «déficitaire
» par un autre produit ou service profitable.
La situation actuelle est caractérisée par une
crise de surproduction à laquelle s'ajoute un marché
«turbulent» qui l'emporte sur les comportements rationnels où
toute activité de gestion implique des efforts de
réactivité, de flexibilité et d'adaptabilité sans
précédents. C'est la spirale de la récession qui
inquiète et
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domine les comportements. La concurrence, impitoyable entre
les firmes concentrées, implique que les coûts soient
impérativement maîtrisés et la qualité
irréprochable. La recherche de l'avantage concurrentiel doit être
permanente. [Porter, 1986] décrit ainsi sa perception
du contexte : «...dans le monde entier, les firmes font face à
un ralentissement de la croissance et à des concurrents nationaux et
internationaux qui n'agissent plus comme si le gâteau, sans cesse plus
grand, suffisait à satisfaire tout le monde.
L'entreprise doit s'assurer de la vente et produire ensuite.
Le passage d'un processus de «flux poussés» à un
processus en «flux tirés» par l'aval modifie en profondeur
l'approche organisationnelle de l'entreprise. Dans ces conditions, il devient
primordial pour bon nombre d'entreprises d'accroître la finesse et la
précision de leurs systèmes d'évaluation, de
manière à ce que ces systèmes puissent continuer à
supporter des prises de décision stratégiques dans un contexte
où la sensibilité des résultats financiers de l'entreprise
est de plus en plus grande, face à la moindre variation des conditions
de l'exploitation.
Connaître les véritables coûts
de leurs produits ou services, des coûts d'utilisation de chaque canal de
distribution ou encore le coût de servir chaque type de client est devenu
vital.
La globalisation des facteurs et des lieux de concurrence
alliée à une différenciation des produits de moins en
moins durable, a conduit à une instabilité croissante des
marchés. Cette évolution a accru la demande en matière
d'outils de contrôle de gestion assurant la mise en oeuvre de la
stratégie et le pilotage de l'entreprise. Dans ce contexte
émergent des techniques dites «nouvelles». Car Le
contrôle classique s'inscrivait dans une logique de calcul des
coûts a posteriori, au sein d'une structure organisationnelle pyramidale.
Le développement des structures organiques aux systèmes
d'informations transactionnels et l'exigence d'un contrôle a priori
induisent un nouveau contrôle de gestion. Ce type de contrôle peut
être défini par les objectifs suivants : «planifier,
permettre un suivi, motiver, mesurer les performances» en identifiant
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les causes des coûts. A cette fin, il faut isoler les
processus qui permettront d'effectuer un pilotage de la structure
organisationnelle par la recherche d'informations différentes de celles
apportées par le système comptable.
Cela induit alors le besoin d'une vision nouvelle du pilotage
de l'entreprise, prenant en compte des indicateurs plus nombreux et plus
variés. En effet, les schémas classiques des systèmes de
décision hiérarchisés ne suffisent plus, face au besoin de
suivre avec finesse l'ensemble des activités de l'entreprise et de
disposer rapidement des informations nécessaires pour réagir
efficacement aux perturbations de toute nature qui peuvent affecter la vie de
l'organisation. Tout cela implique des systèmes d'informations
susceptibles de fournir aux gestionnaires et décideurs une
variété importante d'indicateurs leur permettant d'obtenir des
informations exploitables le plus rapidement possible et selon
différents points de vue. Il y a alors aujourd'hui un besoin
de suivi analytique détaillé des coûts des
opérations. Il ne suffit plus d'évaluer simplement le coût
de revient des produits : il faut d'abord que ce coût de
revient soit évalué avec précision, et que cette
connaissance permette, pour les productions futures, de chiffrer des devis avec
une fiabilité accrue. Il faut, de plus, connaître les coûts
associés aux clients, afin d'orienter la politique commerciale de
l'entreprise. Il faut enfin cerner les coûts induits par le
fonctionnement d'ensemble de l'entreprise, afin d'orienter les choix
d'organisation et de gestion vers une efficacité accrue.
On note aussi le besoin d'outils d'aide à la
décision stratégique. Ce besoin n'est pas spécifique au
contexte actuel. Cependant, il prend de l'acuité dans la mesure
où les marges de manoeuvre des dirigeants sont plus étroites.
Ainsi, l'évaluation des coûts doit être d'une
précision maximale, de manière à estimer les devis avec
finesse et orienter au mieux la stratégie commerciale. Car la gestion
des coûts n'implique pas uniquement leur réduction : il s'agit
aussi de pouvoir répondre aux questions stratégiques concernant
les leviers d'action les plus prometteurs, les décisions à
prendre en matière de gestion du portefeuille de produits ou de
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clients, les changements technologiques, l'opportunité
d'une externalisation, etc. La gestion des coûts renvoie donc à la
fois à une dimension opérationnelle, au pilotage des centres de
responsabilité, et à celui des coûts de revient et des
marges.
Ces différentes évolutions n'ont pas
épargné le continent africain en général, et le
Sénégal en particulier. Dans ce pays, la comptabilité de
gestion est restée sans intérêt jusqu'en 1945, c'est dans
la période des années 1950 à 1960 avec l'économie
agricole et l'apparition de la petite transformation que la comptabilité
des matières et mains d'oeuvre commence à susciter de
l'intérêt.
Les années 1960 à 1977
caractérisées par l'indépendance politique, on assiste
alors durant cette période à la naissance du tissu industriel et
l'industrie de transformation qui a favorisé la genèse d'une
organisation comptable avec l'avènement du Plan comptable, de la
comptabilité analytique et de la comptabilité du prix de
revient3.
Avec la nationalisation progressive du tissu économique
et les politiques nationales de développement et d'ajustement structurel
de 1977 à 1990, la comptabilité analytique commence à
glisser timidement vers le contrôle de gestion.
C'est à partir des années 1990 que le
contrôle de gestion commence à s'affirmer au Sénégal
avec la libéralisation, la privatisation,
l'homogénéisation du droit comptable et des affaires
(OHADA)4 et le boom des écoles de gestion, l'informatisation
et l'internet ont joué aussi pleinement leur rôle tant sur la
qualité que sur la fiabilité du traitement des informations du
contrôle de gestion.
3 Babacar Samba D.E.S.S Finance 2002/2003 IFACE UCAD : page 32
4 L'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires (OHADA) a été créée par le Traité
relatif à l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique signé
le 17 octobre 1993 à Port-Louis (Ile Maurice).
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Cette affirmation du contrôle de gestion est
renforcée par l'adoption d'un nouveau système de
comptabilité appelé SYSCOA5 qui entre en vigueur en
janvier 1998. Il a pour objectif d'uniformiser le droit et les pratiques
comptables dans les pays membres de l'UEMOA6 et de moderniser les
systèmes comptables pour les rapprocher des normes internationales tout
en tenant compte des spécificités Africaines.
Le SYSCOA vise á favoriser une information mieux
organisée et plus complète. Il introduit des innovations majeures
qui paraissent bien adaptées aux entreprises africaines [Causse,
1999 ; Gouadain, 2000]7. Il « se veut un outil moderne
de gestion et d'aide á la décision, au service des entreprises et
de leurs partenaires (Etats, institutions financières, fournisseurs et
clients) » [UEMOA, 1996].
Au delà de la normalisation de la comptabilité
financière, il propose des méthodes et des outils pour l'ensemble
du système d'information comptable (comptabilité analytique de
gestion et analyse financière) qui sont des outils du contrôle de
gestion. C'est ainsi que le SYSCOA a proposé dans sa douzième
partie les principales méthodes de calcul de coûts dont l'ABC.
Cependant même s'il invite les entreprises á suivre au plus
prés leur gestion á l'aide d'une comptabilité analytique,
il n'en impose aucune. Ainsi l'adoption du SYSCOA n'est que la
conséquence logique de l'évolution du système de
comptabilité de gestion due á différents facteurs
cités plus haut (mondialisation, concurrence accrue, modification des
structures de coûts des entreprises etc....).
Toutes ces évolutions nécessitent pour l'entreprise
africaine, sénégalaise en particulier de se doter d'un outil de
système
5 SYSCOA : Système Comptable Ouest-Africane qui
sera remplacé plutard par L'OHADA (organisation pour l'harmonisation du
droit des affaires en Afrique)
6 UEMOA : Union Economique Monétaire
Ouest-Africane
7 Causse G, 1999, « vingt ans de normalisation
comptable et de PCG : son influence dans les pays d'Afrique Francophone »,
Comptabilité-Contrôle-Audit, mai
Gouadain D, 2000, « Le SYSCOA, ce méconnu »,
Comptabilité-Contrôle-Audit, Tome 6, vol1, mars.
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A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
d'information et de contrôle de gestion capable de
s'adapter au nouveau environnement mondial afin de pouvoir répondre aux
demandes des différents acteurs qui concourent á la gestion de
l'entreprise.
Compte tenu des difficultés que rencontrent nos
entreprises á mettre en place un système d'information et de
contrôle de gestion pouvant relier les objectifs et les stratégies
de l'entreprise aux indicateurs de performance, nous avons choisi de mener une
étude sur l'influence de l'utilisation de la méthode ABC\ABM sur
la performance de quatre entreprises sénégalaises. De ce fait, la
problématique de notre étude est de démontrer le lien qui
existe entre la comptabilité par activité et la performance des
entreprises qui l'utilisent. Nous tenterons donc de répondre á la
question centrale suivante « Quelle contribution en terme de
performance la méthode ABC\ABM a-t-elle apportée á ces
entreprises»?
La réponse á cette question fondamentale nous
amène á poser quatre questions spécifiques.
> La méthode ABC\ABM a-t-elle permis á ces
entreprises de maîtriser leurs coûts et donc de contribuer á
leur performance financière?
> L'abc\abm a-t-elle contribuée á une plus
grande prise en compte des besoins de la clientèle ?
> La méthode ABC\ABM a-t-elle permis á ces
entreprises de mettre en place des politiques d'innovations ?
> L'abc\abm a-t-elle permis de mieux impliquer le personnel
de ces entreprises dans leur gestion ?
Ces questions trouveront leurs réponses à travers
les objectifs de notre recherche qui sont au nombre de trois :
Le principal objectif de notre étude est de
démontrer le lien qui existe entre un système d'information
comptable et de contrôle de gestion en l'occurrence la méthode
ABC/ABM et la performance des entreprises qui l'utilisent. Donc il s'agira ici
de voir l'impact de la méthode ABC\ABM sur la performance des
entreprises sénégalaises qui l'ont adoptée.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
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v Le second objectif de notre recherche est de montrer
l'importance qu'a cette méthode dans la gestion des entreprises
sénégalaises dans le contexte actuelle de
compétitivité accrue.
v Enfin il s'agira pour nous de découvrir les niveaux
d'application de la méthode ABC/ABM dans les entreprises
Sénégalaises et de découvrir les performances qui s'y
rattachent.
L'intérêt de notre travail réside dans le
fait qu'il entre en droite ligne avec les deux appels lancés au
début des années 80 par Kaplan et Hopwood.
Ainsi, pour [Kaplan, 1983]
«...l'important est de repérer les pratiques innovantes et
performantes mises en oeuvre par les entreprises afin de les documenter, de les
développer, de les partager et ensuite de les enseigner ». Pour
[Hopwood, 1983],
«...l'ambition est tout autre, il s'agit par l'analyse
des pratiques comptables de comprendre comment la comptabilité de
gestion s'insère dans la formation de la vie des organisations et
comment elle lie celle- ci à l'environnement social dans lequel baigne
l'organisation ». Ces deux appels ont surtout insisté sur la
nécessité de mener des études de cas dans la recherche en
sciences de gestion.
Donc le premier intérêt de notre étude est
d'apporter une réponse partielle á cet appel.
Ensuite dans un contexte où les entreprises ont moins
de marge de manoeuvre sur les prix, elles doivent s'orienter vers une plus
grande maîtrise de leurs coûts afin d'être
compétitives. D'ou l'intérêt pour nous d'étudier un
système d'analyse des coûts aussi novateur que l'ABC qui leur
offre cette opportunité.
Enfin puisque les systèmes de coûts restent encore,
pour les chercheurs, des boîtes noires dont il importe de repérer
les déterminants et les extrants
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
[Gosselin et Mévellec, 2003]. C'est dans
ce cadre que s'inscrit notre étude qui vise á mettre en
lumière des types d'ABC pratiqués par nos
entreprises8.
Notre travail porte sur quatre entreprises ce qui fait que
nous avons adopté une démarche holistico-inductive. Ainsi, le
guide d'entretien, le questionnaire et l'observation documentaire seront
utilisés comme instruments de collectes des données empiriques.
Pour le traitement de ces données, nous utiliserons l'analyse de
contenu.
Cette étude sera structurée en deux parties
théorique et empirique. Dans la première partie nous aborderons
les enseignements théoriques sur l'ABC/ABM et la Performance. La seconde
partie sera l'occasion pour nous d'étudier les apports de la
méthode ABC á la performance des entreprises qui l'utilisent.
Chacune de ces deux parties comportera deux chapitres.
8 Cette recherche a été effectuée
dans le cadre d'une étude globale qui prend en compte les
préoccupations d'un autre collègue du DEA de gestion. Celui-ci
travaille sur l'ABC mais sur l'angle des déterminants de son adoption et
rejet par les entreprises au Sénégal. Ce qui fait que
l'enquête par questionnaire prendra en compte son thème de
recherche.
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A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Cette partie sera consacrée á une revue de la
littérature concernant les concepts de comptabilité par
activité ou ABC mais aussi de performance dans le premier chapitre. Dans
le second chapitre nous tenterons d'exposer les liens théoriques qui
existent entre la CPA et la performance pour les entreprises qui utilisent la
méthode ABC. Nous terminerons cette partie par faire ressortir les
limites de la méthode ABC d'après la littérature.
CHAPITRE I : GENERALITES SUR L'ABC/ABM ET LA
PERFORMANCE
Beaucoup de chercheurs se sont posé la question de
savoir pourquoi l'ABC ? Cette question est liée non seulement à
l'historique de la comptabilité de gestion mais aussi et surtout
à l'évolution de l'environnement économique qui a comme
conséquence actuelle le développement des services au niveau des
entreprises. Le développement des services notamment les services de
soutien engendre une augmentation des frais généraux. Ce qui doit
motiver le contrôleur de gestion à développer des outils
plus pertinents pour les mesurer mais aussi donner la possibilité au
dirigeant de mieux agir sur ces charges afin de les réduire. Dans ce cas
de figure une stratégie de réduction des coûts devient un
outil de gestion incontournable.
Dans ce chapitre, il s'agira pour nous dans une
première section de montrer les causes favorisant l'apparition de la
comptabilité par activité et les principes fondamentaux de cette
méthode. Ensuite dans la seconde section nous allons essayer
d'appréhender le concept de performance á travers la
littérature.
SECTION I : Emergence et principes fondamentaux de
l'ABC
L'étude d'un «nouveau» modèle de
comptabilité ne peut se faire sans avoir, au préalable, situer le
contexte dans lequel il émerge. C'est ainsi que dans ce paragraphe, nous
présenterons d'abord les causes de l'apparition de la méthode ABC
et ensuite nous étudierons les fondements de cette méthode.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
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I) Les raisons de l'émergence de la
méthode ABC\ABM
Les fondements théoriques de la méthode ABC sont
surtout liés à l'évolution de l'environnement
économique mondial. Ce qui a amené les chercheurs à
critiquer la pertinence de la méthode traditionnelle du fait de son
inadaptation dans le contexte économique actuel. Cela est surtout
dû au renversement de la pyramide des charges.
Il y a 20 ans de cela la structure des entreprises
était telle qu'on observait 20% de frais généraux «
charges fixes » et 70 % de charges variables. Actuellement, on a la
tendance inverse. En effet, dans la plupart des entreprises les frais
généraux peuvent représenter 50 à 80% des charges
totales9.
Ce renversement de la pyramide des charges est surtout
dû au développement des services de soutien dans les entreprises
nécessaire pour satisfaire une clientèle de plus en plus
exigeante. C'est ainsi que nous allons exposer quelques raisons qui expliquent
l'apparition de l'ABC dans la gestion des entreprises.
1- Un nouveau contexte économique et technique
difficiles pour gérer
Dans les pays occidentaux, on assiste depuis quelques
années à une difficulté relative à la vente des
produits. Cette difficulté est causée, d'une part, par la
mondialisation avec l'ouverture accrue des frontières et des
marchés et d'autre part, par l'accès de certains pays du
tiers-monde à diverses formes d'industrialisation leur permettant de se
placer à des prix avantageux sur les marchés internationaux.
Cette concurrence accrue, due autant à une faible
augmentation des consommations qu'à une démultiplication de
l'offre, s'effectue essentiellement par les délais, par les prix ou par
les services rendus. Elle est d'autant plus sévère que dans ce
marché dominé par la demande, les comportements de la
clientèle évoluent vers une plus grande versatilité et des
exigences accrues. Pour s'adapter, les entreprises industrielles occidentales
doivent être capables de
9 Manuel et Application de contrôle de
gestion : Claude ALAZARD et Sabine SEPARI 4éme édition
Dunod
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diminuer les prix ou de différencier certains
marchés devenus "intenables" et d'évoluer vers des productions
à forte valeur ajoutée, caractérisées par leur
complexité, leur technicité, ou le volume important des
investissements qu'elles nécessitent.
De ce point de vue, on peut certes noter l'augmentation
relative du prix de certaines matières premières, mais aussi de
la hausse des masses financières mises en jeu par l'achat de moyens de
production plus complexes et plus performants. Dans ces conditions, il devient
primordial pour bon nombre d'entreprises d'accroître la finesse et la
précision de leurs systèmes d'évaluation, de
manière à ce que ces systèmes puissent continuer à
supporter des prises de décisions stratégiques dans un contexte
où la sensibilité des résultats financiers de l'entreprise
est de plus en plus grande, face à la moindre variation des conditions
de l'exploitation. [HERTERICH Pierre-Alexandre, MAROUANI Laetitia TUAL Lucie,
2001-2002].
2- Le besoin d'une vision nouvelle du pilotage de
l'entreprise
Comme nous venons de le voir, le contexte de concurrence
sévère et de baisse des marges contraint les entreprises à
faire face à une augmentation de la complexité et de la
variété des produits et des processus de production. Cela induit
alors, le besoin d'une vision nouvelle du pilotage de l'entreprise, prenant en
compte des indicateurs plus nombreux et plus variés.
En effet, les schémas classiques des systèmes de
décisions hiérarchisés ne suffisent plus, face au besoin
de suivre avec finesse l'ensemble des activités de l'entreprise et de
disposer rapidement des informations nécessaires pour réagir
efficacement aux perturbations de toute nature qui peuvent affecter la vie de
l'organisation.
Il y a alors aujourd'hui, un besoin de suivi analytique
détaillé des coûts des opérations. Il ne suffit plus
d'évaluer simplement le coût de revient des produits : il faut
d'abord que ce coût de revient soit évalué avec
précision, et que cette connaissance permette, pour les productions
futures, de chiffrer des devis avec
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
une fiabilité accrue. Il faut, de plus, connaître
les coûts associés aux clients, afin d'orienter la politique
commerciale de l'entreprise. Il faut enfin cerner les coûts induits par
le fonctionnement d'ensemble de l'entreprise, afin d'orienter les choix
d'organisation et de gestion vers une efficacité accrue.
Tout cela implique des systèmes d'information
susceptibles de fournir aux gestionnaires et décideurs une
variété importante d'indicateurs leur permettant d'obtenir des
informations exploitables le plus rapidement possible et selon
différents points de vue.
Il en résulte que les systèmes d'aide à
la gestion doivent être capables de conserver leur pertinence lorsque des
évolutions importantes du système opérant ou du
système de décision apparaissent. Ceci est difficile à
obtenir. Il s'agit alors de rechercher des systèmes de suivi des
coûts et des budgets, des indicateurs de performance et des
systèmes d'aide à la décision ouverts à des
modifications et à des adaptations en fonction des
nécessités du contexte d'où le besoin d'indicateurs et de
références de mesure qui présentent un caractère
d'invariant. Ainsi, des besoins nouveaux apparaissent, qui militent pour le
développement de nouvelles approches de la gestion, dépassant les
approches contre lesquelles nous allons faire la critique dans le point
suivant.
3- L'inadaptation des méthodes et des outils
classiques d'évaluation des coûts au
contexte actuel
Le but principal des méthodes de comptabilité
analytique est de calculer le prix de revient des produits fabriqués. Ce
prix de revient peut être décomposé en charges directes
(qui peuvent être clairement affectées à l'un ou l'autre
des produits dont on veut calculer le coût) ; et en charges indirectes
(qui seront imputées forfaitairement à ces produits). La
difficulté de connaître avec précision quelle part de
charges indirectes est supportée par chacun des produits explique la
multiplicité des méthodes.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
La méthode de base la plus connue est celle des
coûts complets. Son principe consiste à découper
l'entreprise en centres d'analyse, chacun d'eux étant constitué
par un groupement de moyens concourant au même but, et dont
l'activité peut se mesurer en unités physiques
dénommées "unités d'oeuvre". On distingue les centres
principaux, liées aux produits commercialisés et les centres
auxiliaires. Les charges d'exploitation sont alors réparties par centre.
On ventile ensuite les charges des centres auxiliaires sur les centres
principaux. Puis on calcule les coûts par unité d'oeuvre. On
constate donc une inadéquation grandissante de cette méthode par
rapport à la réalité modélisée.
Tout d'abord le découpage de l'entreprise en centres
d'analyse a un caractère très arbitraire. Car ce découpage
pose le problème de la définition des clés de
répartition et des unités d'oeuvre. Ainsi, l'imprécision
liée à cette répartition voit son importance relative
augmenter dans l'évaluation des prix de revient et des coûts
complets des produits et services commercialisés.
Ensuite, on peut retenir une contradiction, de plus en plus,
flagrante entre la nécessaire flexibilité de l'organisation de
l'entreprise dans un contexte incertain et la rigidité des
modèles de comptabilité analytique. On se trouve donc
confronté au besoin de nouvelles techniques de calcul permettant de
réaliser des évaluations par rapport à un
référentiel stable qui ne peut pas être issu des approches
traditionnelles de la comptabilité analytique.
À l'heure actuelle, où l'importance relative de
la main-d'oeuvre diminue dans la valeur ajoutée produite, au profit de
la part créée par des équipements de plus en plus
sophistiqués, on conçoit fort bien que ces méthodes de
comptabilité des coûts soient, de plus en plus, inadaptées
aux besoins de gestion.
Enfin, on peut remarquer que, dans un contexte de concurrence
sévère, ce qui importe toujours est la valeur du produit aux yeux
du client. Cette valeur est représentative du prix que le client est
prêt à payer pour les fonctions et le service qu'il attend du
produit. C'est par conséquent, le coût de réalisation de
ces fonctions ou services qu'il importe d'évaluer et de suivre.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Cette analyse, qui recoupe celle de multiples experts,
notamment P. Mevellec et H. Bouquin, montre à l'évidence
l'écart qui s'institue entre les outils examinés et le besoin de
représenter et d'évaluer des organisations complexes et
plurielles dans lesquelles les indicateurs de performance et les dimensions de
l'évaluation ne sont plus seulement des indicateurs financiers. Il
résulte de tout cela la nécessité de mettre au point de
nouvelles approches méthodologiques plus conformes à
l'évolution du contexte industriel actuel.
4- L'émergence de l'approche par
activités dans la gestion de l'entreprise
Les insuffisances et les limites des approches classiques du
calcul et du contrôle des coûts telles qu'on vient de les voir, et
qui sont les éléments majeurs de la gestion industrielle, n'ont
laissé indifférents ni les pouvoirs publics, ni les
experts-comptables, ni les universitaires, ni bien sûr, les
industriels.
C'est ainsi que se sont développées les
idées de comptabilité basée sur les activités
"ABC", de l'anglais "Activity Based Costing", et de gestion par les
activités "ABM", de l'anglais "Activity Based Management". Cette
approche, qui connaît un engouement important depuis la fin des
années 1980, a fait l'objet de multiples expériences et de
nombreuses publications.
On peut faire remonter l'origine des approches de type ABC aux
Etats-Unis, dans les années 1960 : dans un certain nombre de grands
groupes industriels, et General Electric parmi les premiers, les insuffisances
des méthodes classiques de comptabilité analytique sont apparues,
dès lors que l'on voulait contrôler de manière plus
satisfaisante les frais généraux et leur incidence sur le
coût des produits.
Dans les milieux concernés, université, cabinets
d'expertise-comptable, associations de contrôleurs de gestion, grands
groupes industriels, les idées se sont donc progressivement
développées de la nécessité de mettre en place de
nouvelles approches permettant une analyse plus fine de l'ensemble des
coûts indirects et de leur imputation aux produits commercialisés
par l'entreprise.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
À partir de là, il est assez naturel de
constater que tout processus de création de valeur dans l'entreprise
peut être envisagé comme une suite d'activité consommant
des ressources et que c'est de l'analyse fine des processus, des
activités et des consommations de ressources que peut résulter
une meilleure analyse des coûts et des performances.
De nombreuses publications furent donc effectuées sur
le sujet. Parmi lesquelles, nous retiendrons plus particulièrement celle
de R. Cooper, dont la contribution peut être considérée
comme l'une des plus décisives.
Par ailleurs, le CAM-I, par le biais de son programme de
recherche "Cost Management System", a fortement contribué,
d'une part à élaborer et à affiner les concepts et la
méthodologie de l'analyse par activités, d'autre part à
diffuser internationalement les idées nouvelles ainsi
développées.
En France, en 1988, sous l'égide du ministère de
la Recherche et de la Technologie, le groupe de recherche ECOSIP (Economie des
systèmes intégrés de production) a été
créé pour "réaliser un échange d'informations et
d'expériences sur le thème de l'évaluation
économique des activités industrielles". Il en est
résulté la publication, en 1990, de l'ouvrage Gestion
industrielle et mesure économique.
Toutes ces réflexions et tous ces travaux ont abouti
depuis une dizaine d'années à la publication de nombreux travaux
et ouvrages de Berliner (1988), Mevellec (1990), Cooper (1991), Lorino (1991),
Bescos (1994), etc. Ils ont également contribué à
développer l'engouement pour ce qu'il est convenu d'appeler "La
méthode ABC", c'est-à-dire l'Activity Based Costing et
l'Activity Based Management, en remplacement des systèmes
traditionnels de comptabilité analytique de plus en plus
condamnés par les experts.
Après avoir vu le contexte dans lequel est apparu la
méthode abc\abm, nous allons maintenant étudier les fondements
théoriques de cette méthode.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Il) Les principes de base de la méthode ABC/ABM
: les principes de base de la méthode
ABC\ABM
Dans les années 1980, un courant doctrinal
initié aux Etats-Unis à partir des travaux du CAM-I (Computer
Aided Manufacturaing-International) et de différents auteurs met
l'accent sur le déphasage croissant entre les méthodes
«traditionnelles » de la comptabilité analytique et les
nouveaux besoins de gestion des entreprises liés à
l'évolution du contexte économique. Ces travaux débouchent
sur une proposition de renouvellement dans la méthode de calcul des
coûts et introduisent l'option d'une comptabilité basée sur
les activités : Activity Based Costing (ABC). Depuis, cette
méthode a fait couler beaucoup d'encre et un véritable
débat s'est instauré pour tâcher de juger de son
utilité, de sa pertinence, de sa faisabilité, etc...
Dans cette section, il s'agira pour nous d'étudier
d'abord, la comptabilité par activité (ABC/ABM)
et ensuite de voir ces différentes composantes en nous appuyant
sur une large revue de la littérature. C'est-á-dire que nous
allons essayer de poser le débat portant sur les divergences et
convergences des auteurs concernant la définition des concepts de la
méthode.
1-Le Concept ABC/ABM
La gestion par les activités (Activity Based Costing)
est une nouvelle philosophie de gestion. Elle se traduit par une panoplie
complètement renouvelée d'outils et de méthodes, depuis la
mesure des performances opérationnelle jusqu'à la gestion
prévisionnelle de l'emploi, en passant par la gestion des flux de
matière, l'analyse de la valeur et l'évaluation des
investissements [Lorino, 91].
Ainsi pour [Lebas, 1999], on entend par
l'expression comptabilité par activités l'ensemble des
méthodes, principes et pratiques qui se fondent sur une
représentation de l'organisation en termes d'activités et de
processus. [Bachir WADE, 2005] de définir l'ABC comme
étant une nouvelle méthode de calcul
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
des coûts complets en privilégiant une logique de
causalité : les produits (ou autres objets de coûts) causent les
activités et les activités causent la consommation des
ressources. En d'autres termes, la méthode ABC est une variante des
coûts complets qui permet d'aller plus loin que le simple calcul des
coûts de revient. Cette logique permet d'assurer la
traçabilité des coûts et conduit á une imputation
fiable des charges indirectes. Pour ces dernières la méthode sous
sa forme la plus élémentaire, dite de première
génération consiste á :
- mesurer les consommations de ressources par les
activités
- définir le facteur explicatif du coût de chaque
activité - l'inducteur et calculer son coût unitaire.
- attribuer les coûts des activités aux produits
(ou autres objets de coûts) par le biais des volumes d'inducteurs
consommés.
L'ABC ne considère pas seulement les produits comme
objet de coûts, mais également les clients, les marchés et
les canaux de distribution. Contrairement aux systèmes traditionnels,
l'ABC ne concerne pas uniquement les coûts de production mais aussi les
coûts de vente et d'administration. Connaître un coût
constitue généralement le début d'une action de
management. Par conséquent, le management a besoin d'informations
pertinentes quant á la manière dont on peut réduire ces
coûts. Ces informations proviennent de l'approche horizontale du
modèle ABC qui concerne les processus. Avec l'ABC on part du principe
que chaque activité représente une partie d'un processus, chaque
activité est cliente d'une autre activité et a elle-même
des clients. C'est pourquoi [Bescos, P.Dobles, C Mendoza et All,
1994], disaient que la méthode á base d'activité
consiste á identifier les activités réalisées au
sein de l'organisation afin d'être á même de les relier de
la manière la plus directe possible avec la création de la valeur
(processus, produits, services,...). Le CAM-I (Computer Aided Manufacturing
International) de poursuivre en définissant l'ABC comme étant
conçue pour mesurer les coûts et les performances
d'activités en fonction de leur
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
consommation de ressources mais aussi ils sont affectés
aux objets générateurs de coûts en fonction de leur
utilisation d'activités. Donc, l'ABC identifie les relations causales
entre facteurs de coûts et activités. Pour [Richard
Milkoff, 1996], le principe de base de l'ABC est d'utilisé
l'activité comme interface entre les ressources et les produits, non
seulement pour tenter d'éviter des allocations arbitraires mais surtout
par ce que telle est ou semble être la réalité dans
laquelle « les produits consomment les activités, les
activités consomment les ressources »
Pour mettre au point une gestion des coûts par
l'activité il faut raisonner en amont :
Quelle est la cause du coût et pas la conséquence
?
Consomment consomment
Ressources F Activités F Produit / Service
|
Schéma 1 : fonctionnement de la méthode
ABC
Les produits consomment des activités, les
activités consomment des ressources.
Total des coûts
Coûts Directs
Coûts Indirects
Centre 1
Centre 2
Centre 3
Centre n
...
A 2
A 3
A 1
A 2
A 1
A 1
A 2
A 3
A 1
A 2
A 3
Inducteurs de coûts (Cost drivers)
Produit/ Service
1
Produit/ Service
2
On établit une succession de liens de causalité
plutôt que de répartir des coûts sur des produits à
partir de clefs de répartition imprécises et subjectives.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Figure 1 : affectation des coûts avec la
méthode ABC [Kaplan et Norton 1993]
Par conséquent l'ABC refuse la fatalité des
coûts pour s'attacher aux causes de l'existence des coûts. La
ventilation des coûts se fait donc sur la base des
générateurs des coûts (cost drivers) en lieu et place des
facturations basées sur la redevance, sur les volumes et/ou sur les
clés de répartition totalement arbitraires. Autrement dit l'ABC
constitue une nouvelle conception de la consommation efficiente des ressources
de l'entreprise qui s'intègre naturellement dans la stratégie de
base de l'entreprise et permet d'accroître la qualité des
processus [E.FAYE, 2007].
Par ailleurs, si le modèle ABC s'intéresse
essentiellement au calcul des coûts et des marges en donnant des
informations suffisamment pertinentes sur ces derniers, il importe de souligner
que sa finalité est d'assurer un pilotage efficace de l'organisation par
une optimisation des ressources disponibles et une gestion des
compétences et des processus orientés vers une
amélioration de la performance. Cette optimisation des ressources et
cette gestion des compétences et processus désignent le
modèle ABM (Activity Based Management) [El H FAYE,
2007].
Les deux modèles sont donc indissociables. L'un est un
outil de calcul des coûts, l'autre une démarche de management de
la performance et des progrès. Donc la finalité ou la suite
logique de l'ABC est l'ABM qui est une méthode de management de
l'entreprise qui permet un pilotage stratégique dans le but d'enclencher
et d'entretenir un processus continu d'amélioration des performances et
de création de la valeur [Bachir WADE, 2005]. Ainsi,
l'ABM est un principe et une pratique de management qui privilégient la
conception et le pilotage des processus et des activités dans une
perspective de chaîne de valeur comme moyen de réalisation de la
performance [Lebas, 1999]. On constate donc que l'ABM est plus
vaste que l'ABC, car le management des
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
activités se réfère á la
philosophie des managements englobant la planification, l'exécution et
la mesure des activités comme source d'avantages concurrentielle
[ROBE 1996]. La démarche ABM permet la réduction
des coûts en s'appuyant sur deux leviers :
> La restructuration des activités par
élimination des processus des activités sans valeur
ajoutée et par amélioration des activités essentielles,
créatrices de valeur en réduisant et en améliorant leur
performance.
> Le bench marking qui consiste á acquérir le
savoir-faire et la performance en se comparant á un meilleur choisi
parmi les concurrents ou les prestataires [Bachir WADE
2005].
En cela, nous pouvons dire que le management des
activités permet de mesurer l'activité en termes de coûts
et d'indicateurs de performance. C'est un levier de management qui permet de
rapprocher la mesure financière (les coûts) des critères
opérationnels (les causes).
En somme, le modèle ABC est une méthode de
calcul du coût de revient d'un objet (activité ou produit) qui
consiste à identifier les activités ou processus requis par la
création de cet objet et à en attacher les coûts au prorata
de la consommation d'activité. L'ABC offre ainsi une base potentielle
pour toutes les applications de gestion qui demandent une représentation
des « faire » et des savoirs « savoirs faire » de
l'entreprise. Il peut donc constituer la base commune de divers systèmes
de gestion de l'entreprise et de leur donner la cohérence, la
capacité de communication et d'intégration. La méthode
ABC/ABM doit être à la fois au service de la stratégie et
des responsables opérationnels. Pour cela, la nouvelle approche devrait
faciliter l'analyse des sources de la performance telles que (la
qualité, la flexibilité du système productif, les
délais de conception, de fabrication et de livraison, le niveau de
satisfaction des clients et les divers types de coûts) et
l'identification des DAS (Domaine d'Activité Stratégique) de
l'entreprise. Donc la mise en place de la comptabilité par
activités doit permettre
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
d'outiller correctement les dirigeants des entreprises qui
disposent désormais d'une information pluraliste et non uniquement
financière et comptable. Ceci a deux conséquences :
> L'accroissement de la visibilité
stratégique du manager d'entreprise (avec la différenciation
entre coût de fonctionnement et de développement).
> Le manager peut s'appuyer sur les outils de gestion
pertinents car étant flexibles grâce á la meilleure
répartition (affectation) des frais de structure permettant
d'améliorer la compétitivité prix des entreprises avec la
réduction des coûts adoptée.
La méthode ABC/ABM contribue ainsi á
l'identification des facteurs clés de succès d'une entreprise
afin de les renforcer. D'ailleurs l'analyse des activités et des sources
d'avantages concurrentielles qu'elle représente constitue actuellement
l'une des phases essentielle de la réflexion stratégique
[Philipe Deherripion].
Après cette définition des concepts ABC/ABM,
Mevellec conclut en précisant que le système ABC/ABM repose sur
un modèle de représentation de l'entreprise dont
l'activité est la « brique de base ». Autrement dit la
comptabilité par activité repose sur quelques concepts
fondamentaux, á savoir l'activité, l'inducteur de coût et
le processus dont nous allons voir leurs définitions.
2- L'activité
L'activité est l'ensemble des tâches
élémentaires réalisées par un individu ou un
groupe. Tâches homogènes en termes de performance permettant de
fournir un produit ou un service à un client (externe ou interne). Ces
tâches sont réalisées à partir d'un ensemble de
ressources (matérielles, heures de travail, jours
travaillés,...).
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
L'influence du concept de chaîne de valeur de
[Porter, 1986] a été déterminante dans les
travaux sur la méthode ABC/ABM. Porter définit l'activité
comme une composante de la structure de coût du segment
considéré : certaines de ces activités lui sont propres,
d'autres sont communes à plusieurs segments. La décomposition en
activités repose sur les critères suivants :
> Le recours à des technologies différentes
;
> L'existence de lois différentes d'évolution
de leurs coûts (exemple : économie d'échelle ou non) ;
> L'importance de la part qu'elles représentent dans
les coûts totaux ;
> L'impact de l'activité sur la différenciation
du produit par rapport à ceux des concurrents.
De nombreux auteurs en contrôle de gestion dont
[Mevellec, 1995, 1996, 2000 ; Lorino, 1996 ; Bouquin, 1997]
ont précisé les déterminants de l'activité au sein
de la méthode ABC/ABM. Nous en retiendrons la définition suivante
:
L'activité est un ensemble de
tâches dont la cause est commune. Elle peut se
décrire par des verbes, fait appel à un savoir faire et produit
un output bien précis. Elle constitue le plus petit commun multiple des
agrégats envisagés dans la modélisation de l'organisation.
Pour [El Faye, 2007] l'activité est une tâche ou
un ensemble de tâches homogènes caractéristique d'un
processus de réalisation de la chaîne de valeur. Ainsi
l'activité décrit ce que l'on fait dans les entreprises. Turney
de définir l'activité comme étant un processus ou une
procédure qui produisent du travail. Ces quelques définitions
démontrent s'il est de la divergence mais aussi de la diversité
d'appréhension de la notion d'activité par les praticiens et
académiciens (voir documents 2 et 3 en annexes). En définitive,
nous pouvons définir une activité comme une combinaison de
personnes, de technologies, de matières premières, de
méthodes et d'environnement qui permet de produire un produit ou un
service donné. Autrement dit, une activité est
un ensemble de tâches élémentaires :
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
· réalisées par une
entité,
· faisant appel à un savoir-faire
spécifique,
· homogènes du point de vue de leur
comportement de coûts et de performances, permettant de fournir un
output (une pièce fraisée, une facture...),
· à un client interne ou externe,
· à partir d'un panier d'inputs (travail,
machines, information) ((d'après Philippe Lorino).
les apports de l'activité au contrôle de
gestion
La première force de la méthode ABC/ABM est
qu'elle cherche à identifier les causes de consommation de ressources de
l'organisation au travers des activités qu'elle abrite au lieu de
chercher à répartir ces mêmes ressources directement sur
les produits, comme le font les outils traditionnels de comptabilité de
gestion. Les activités constituent, en outre, des
référentiels très explicites pour les acteurs au sein de
l'organisation.
Ce « pivot » activité permet
d'améliorer la fiabilité du calcul. [Lorino,
1991] estime que cela permet une bonne analyse, et donc une
maîtrise des coûts «indirects» (c'est-à-dire
indirects par rapport aux produits). Ces derniers, peu élevés du
temps de Taylor et de la création des outils traditionnels de
comptabilité de gestion, pèsent aujourd'hui beaucoup plus que les
coûts «directs». Dans leur majorité, les coûts
indirects peuvent être gérés selon leur comportement
réel, avec leur propre unité d' oeuvre et leur propre coût
unitaire, et non plus noyés dans un taux horaire global. La distinction
entre charges directes et indirectes sur laquelle repose le système
traditionnel disparaît et l'on obtient alors un coût direct presque
complet.
Le lien de causalité identifié par l'ABC/ABM
entre frais généraux et produits permet de déterminer
plus précisément comment les frais généraux sont
causés par les produits, et par cette meilleure imputation,
d'éviter les phénomènes de
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
subventionnements croisés entre produits de petites et
grandes séries [Cooper, 1993].
Le deuxième apport de la notion d'activité en
contrôle de gestion a une implication directe en management et en gestion
stratégique. L'analyse des activités au sein de l'organisation
permet de réfléchir au fait qu'elles sont ou non porteuses de
valeur, qu'elles constituent des goulets d'étranglement, qu'il y ait
moyen de les réorganiser ou les sous-traiter, aux mesures de performance
qu'il faut leur associer en vue de leur pilotage, etc. [Boisvert, 1994
; Lebas, 1994].
Enfin, grâce à cette maille de dimension
universelle qu'est l'activité, la méthode ABC/ABM offre
également une véritable interface pour beaucoup de pratiques
modernes de management, comme le target costing, le juste-à-temps,
l'analyse de la valeur, le reengineering. Toutes ces activités vont
être après regroupées dans des processus.
3-Le processus
Il s'agit d'un «mot latin désignant le
déroulement dans le temps d'un phénomène. En
économie, il désigne les différentes étapes, les
différents stades dans la réalisation d'une opération
économique ou tout simplement le mouvement dans le temps et dans
l'espace de développement d'une activité.» [Bouquin,
1993].
Un processus est un « ensemble d'activités
reliées entre elles par des flux d'information ou de matière
significatifs, et qui se combinent pour fournir un produit matériel ou
immatériel important et bien défini » [Lorino,
1997]. Le processus constitue le trait d'union entre les objectifs et
les activités. Car «Derrière un objectif, qu'il soit
opérationnel ou stratégique, se trouve toujours un processus qui
cherche à le réaliser » nous dit [Gervais,
2000]. Il s'agit par
exemple de la gestion des fournisseurs et des sous-traitants, de
la réponse des demandes clients, de la création d'un nouveau
produit...
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Ainsi, le processus serait la symbolisation d'un acte
collectif caractérisé par la coopération, la coordination,
la planification et la communication entre opérateurs de fonctions
différentes. Sur ce point, [Davenport et Short, 1990],
cités par [Lorino, 1991] constatent que : «
Les entreprises trouvent de plus en plus nécessaire de
développer une capacité de travail plus flexible, plus
orientée vers les équipes, fondées sur la coordination et
la communication. En bref, plutôt que de maximiser la performance
d'individus ou de fonctions pris isolément, les entreprises doivent
optimiser des activités interdépendantes dans et à travers
toute l'organisation ».
Ces processus sont une nouvelle approche de la
coordination dans l'entreprise». De plus, la gestion par processus
intégrant les activités évite le risque de corporatismes
locaux des différentes équipes car le principe du processus est
qu'il traverse les différentes fonctions de l'entreprise. C'est la
performance globale qui est visée à travers la
qualité des interactions. Le processus est tout à la fois un
enchaînement d'activités à l'intérieur d'une
même fonction et une somme d'activités transfonctionnelles
[Rezkia BENMABROUK et Claude DORNIC, 2001]. La structuration
des processus est un indicateur de la finalité de l'entreprise.
Certaines activités peuvent être
représentées comme un processus de tâches
hiérarchisées et chronologiques. Il n'existe pas, a
priori, d'opposition fondamentale entre activités et processus,
simplement une différence de vision qui passe du petit au grand angle.
Il n'y a pas de processus sans activités. Une activité n'a de
sens qu'intégré dans un processus [Richard MILKOFF,
1996]. C'est ce que veut affirmer Bouquin, quand il écrit :
«Si, dans toute organisation, les tâches
élémentaires s'articulent entre elles selon des processus
finalisés pour former des activités, la notion de processus reste
pertinente à un niveau plus global, puisque les activités,
à leur tour, s'articulent en processus».
Les processus permettent à la méthode ABC/ABM de
traduire la transversalité de l'entreprise. Les processus sont
constitués d'activités, ils proposent une
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
description de l'entreprise en termes de modes
opératoires et non en termes politiques ou organisationnels (ils
décrivent des modes d'action et non des structures de pouvoir ou de
responsabilité). Par ailleurs, ils visent l'existant et non un
modèle-cible, les activités représentant ce que sait faire
l'entreprise et non pas ce qu'elle voudrait faire. Les processus regroupent et
agencent des activités selon une logique de produits, donc selon une
logique de clients internes ou externes, et non selon une logique introvertie
de métiers ou de fonctions [Lorino, 1996].
[Mévellec, 1996] précise que
les processus regroupant des activités dispersées au sein de
différentes fonctions sont le lieu d'élaboration de la valeur au
sein de l'organisation. Ils vont à cet effet, soit produire de nouvelles
variétés d'output à structure constante, soit être
réorganisés pour continuer à produire en consommant moins
de ressources et / ou en améliorant les attributs porteurs de valeur. En
cas d'incapacité à faire face à la concurrence,
l'entreprise peut être conduite à se séparer d'un de ses
processus en sous-traitant à un partenaire plus efficace un
élément de la chaîne de valeur qu'elle ne peut
réaliser dans des conditions satisfaisantes.
De plus, cette vision transversale de l'organisation qu'offre
le processus permet d'identifier les gisements importants de progrès qui
se situent aux interfaces des centres de responsabilités, dans les modes
de communication, de coopération et de coordination, interfaces qui
étaient négligées par les outils traditionnels de
comptabilité de gestion [Lorino, 1995].
L'examen de ces quelques définitions fait
apparaître un consensus quasi-général sur deux points : le
processus est un ensemble d'activités et il a une finalité
externe.
En revanche plusieurs points importants restent á
éclaircir. Pour certains auteurs, le processus se déroule au
sein d'une même entité organisationnelle, alors que pour
d'autres il a la propriété de franchir les frontières
entre services, donc
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
d'être transversal. Lorsque l'on sait que l'ABC
débouchant sur l'ABM a été ultérieurement
présenté comme un vecteur utile d'une vision transversale,
horizontale de l'organisation, cette précision sur le concept de
processus n'est pas indifférente. On constate également que les
définitions de [Mevellec, 1990] et de [Lebas,
1991] sont assez différentes des autres. Pour
[Mevellec, 1990], les activités rassemblées dans
un processus ne le sont pas en vertu d'une finalité commune mais
á cause d'un facteur de déclenchement commun. Certes dans la
pratique, ces deux façons de construire un processus peuvent être
équivalentes, mais l'énoncé a sans doute son
importance.
Selon nous, (le tableau 4 en annexe) révèle donc
deux conceptions implicites du processus. Pour certains auteurs, le processus
existe physiquement dans l'entreprise et la représentation comptable que
nous adoptons n'est que le reflet d'une réalité qui existe par
ailleurs, et qui a sa propre logique technique. Pour d'autres, le processus est
la construction opérée par les analystes en se fondant sur
différents critères, pour répondre á certains
besoins d'informations. On retrouve ainsi au niveau de la définition des
processus le caractère volontariste de la démarche adaptée
par [Mevellec, 1990], que nous avions déjà
signalé á propos de la définition de l'activité.
En revanche, la plupart des auteurs étudiés sont
en désaccord sur la hiérarchie qu'il faut établir entre
les deux concepts que nous venons de recenser : les tâches composent les
activités qui composent les processus. Il faut cependant mentionner la
position originale de [Bouquin, 1993] qui considère que
les tâches sont enchaînées au sein de processus,
appelées activités. Ceci n'empêche pas d'ailleurs que les
activités soient elles aussi enchaînées au sein de
processus plus vastes, « á un niveau plus global » (p.71).
Pour [Bouquin, 1993] donc, le terme de processus signifie
qu'il y a une articulation entre différents éléments,
quels que soient les éléments considérés.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
4-L'inducteur
Les systèmes de coûts à base
d'activités reposent sur la relation existant entre le produit dont on
veut mesurer le coût et les activités qu'il consomme. La
construction du modèle rend indispensable d'une part, la recherche des
causes influant sur l'activité et, d'autre part, la détermination
de «l'unité de mesure» pour imputer les coûts des
activités aux produits ou services.
La recherche des causes influant sur l'activité, son
existence, l'augmentation ou la diminution de son niveau : il s'agit, dans
cette perspective, de déterminer ce qui induit le coût, ce qui y
conduit. L'expression anglaise qui définit cette cause originelle du
coût, «cost-driver, est traduite le plus fréquemment
par «inducteur de coût». Cet inducteur joue
un rôle éminemment stratégique puisqu'il est «le
responsable» sur lequel il va falloir que l'organisation intervienne pour
pouvoir effectuer les corrections ou modifications souhaitées avec un
pourcentage d'efficience important.
Ce nouveau terme définit les indicateurs de causes
profondes de consommation. L'objectif est de mettre en évidence ce qui
cause le coût, la loi économique sous-jacente ou les
caractéristiques technologiques dont le coût dépend
[Bouquin, 1997]. Pour [Bescos et Mendoza,
1994], l'inducteur de coût (cost driver) est donc un facteur
influençant les niveaux de performance d'une activité et sa
consommation de ressources. Mais l'intérêt des inducteurs repose
surtout dans la possibilité de suivre des indicateurs autres que ceux
purement financiers au sein des activités. Ainsi, les dimensions de
qualité et de délai peuvent être tracées au sein des
activités par des inducteurs appropriés, alors que les
systèmes traditionnels de comptabilité de gestion ne prenaient en
charge que le couple quantité / coût.
Le concept d'inducteur de coût est souvent
présenté comme un des apports originaux des méthodes
à base d'activités. Il est exact que la recherche des liens de
causalité marque la spécificité de cette méthode.
La mise en évidence
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
d'inducteurs de coûts est à rattacher à
celle des activités dans la mesure où la base conceptuelle de la
méthode est de justifier les événements par leurs causes
originelles, et non de constater simplement les effets. Ainsi, rechercher les
causes des coûts, les activités, conduit inévitablement
à rechercher les causes des activités, les inducteurs.
L'expression de langue anglaise «cost-driver» a donné
lieu à plusieurs traductions tels que «
générateurs de coûts» ou encore
«vecteurs de coûts». Certains auteurs utilisent le
concept d'unité d'oeuvre comme synonyme. Pourtant, il s'agit de deux
acceptions différentes.
En d'autres termes, cela revient à distinguer, le concept
d'inducteur en tant que tel et son utilisation, son
«opérationnalisation».
C'est la différence entre la notion «d'inducteur
structurel» et celle «d'inducteur opérationnel».
L'inducteur structurel : c'est la définition du concept d'inducteur que
donnent des auteurs tels que [Shank et Govindarajan, 1993] et
également, [Brimson, 1991]. En effet, pour ce dernier,
le «cost-driver» est : « le facteur qui crée l'apparition
du coût. C'est celui qui est la première cause du niveau
d'activité ». En d'autres termes l'inducteur de coûts est la
raison pour laquelle certaines activités sont nécessaires
entraînant, de fait, un montant de charges à supporter.
Entre le concept lui-même et son utilisation, la
différence est plus ténue qu'il n'y paraît. Distinguer
l'inducteur de coûts et la mesure de l'activité ne veut pas dire
qu'il n'existe pas une relation qui lie l'un à l'autre. L'inducteur de
coûts est et demeure la cause du niveau d'activité, par la
complexité qu'il impose, les tâches qu'il nécessite ou le
temps qu'il entraîne. Il crée, ainsi, par sa propre existence, les
conditions de variation de la mesure de l'activité.
5-Les ressources
Tout en employant parfois des termes différents, les
auteurs qui définissent les ressources s'accordent pour dire que
celles-ci sont constituées par les charges (au sens comptable) de
l'entreprise. Pour [Bescos et Mendoza, 1994, pp.40-41],
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
« les ressources constituent les moyens en hommes et
matériels disponibles pour obtenir les produits vendus (ou les services
offerts) ». Pour [Bouquin, 1993, p.95], « les
ressources telles que la comptabilité de gestion les voit sont des
ressources économiques, des facteurs de production : personnel,
matières, fournitures, locaux, matériels ». Enfin,
[Lorino, 1991, p.67] parle d'input, et rassemble sous ce
vocable « toutes les ressources consommées par l'activité,
qu'il s'agisse de composants, de matières premières,
d'informations (une gamme, un mode opératoire), d'utilisation
d'équipements ».
En définitive, la comptabilité par
activité peut être définie comme « une méthode
de calcul et de management des coûts remettant en cause l'approche
fondée sur les coûts complets par la prise en compte de la notion
d'activités permettant d'apporter une information pertinente et
diversifiée quant au pilotage de l'entreprise.
Autrement dit, l'Activity Based Costing (ABC) et l'Activity
Based Management (ABM) favorisent une meilleure perception des coûts et
de la rentabilité, entre autres, des produits et des clients. Il s'agit
de techniques permettant d'identifier les facteurs de coûts réels
et les économies de coûts potentielles.
En outre, la méthode ABC/ABM propose des concepts
novateurs et séduisants par rapport aux outils traditionnels de
comptabilité de gestion. Les trois principaux concepts de la
méthode ABC/ABM qui lui donnent une bonne capacité d'adaptation
sont ceux d'activité, de processus et d'inducteur. Ils en font
également un relais de la stratégie dans la gestion quotidienne
de l'entreprise et lui procurent une plus grande cohérence dans la
modélisation du fonctionnement de l'organisation que ne le faisaient les
outils traditionnels. Ainsi la notion d'activité permet le couplage de
la méthode avec les analyses stratégiques de l'organisation dans
un double mouvement : elle permet à la fois la déclinaison de la
stratégie dans l'organisation au niveau local, mais elle permet aussi
l'alimentation de l'analyse stratégique par ses remontées
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
d'information et par la carte des activités et processus
qu'elle dresse [Bréchet et Mévellec, 1999].
L'universalité du concept d'activité permet
aussi, la déclinaison de la stratégie à d'autres outils
récents de management et donc une cohérence de l'action de
l'organisation par rapport à sa stratégie. La méthode
ABC/ABM semble donc être une réponse particulièrement
pertinente aux problèmes contemporains liés au pilotage des
organisations.
Après avoir défini la comptabilité par
activités avec toutes ces composantes de la façon la plus large
possible, nous allons dans cette deuxième section appréhender le
concept de performance.
SECTION II : La performance un concept multicritère
Multidimensionnel
Comme le remarque [Robert Eccles, 1991],
« les révolutions commencent longtemps avant qu'elles soient
officiellement déclarées ».
Au cours des vingt-cinq dernières années,
praticiens et théoriciens ont réfléchi aux outils
permettant d'améliorer et de mieux mesurer la performance des
organisations. Ils ont notamment mis en évidence que la notion
même de performance ne se limite pas nécessairement à la
"performance financière" à court terme [Hayes et
Abernathy, 1980, Johnson, 1992, Bouquin, 1997, etc...] mais qu'elle
peut en réalité avoir plusieurs dimensions, telles que: la
qualité, les coûts ou la diversité des produits ou des
services, les délais de livraison, la satisfaction des clients, la
réactivité, l'innovation, qui sont autant
d'éléments sur lesquels se construit la
compétitivité d'une entreprise en fonction de sa stratégie
[Eccles, 1991]. D'ailleurs, les écrits sur les mesures
de la performance remettent en cause l'utilisation de mesures
financières comme seul système permettant d'apprécier
l'atteinte des objectifs et la réussite des entreprises.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Dans cette section, nous verrons comment la littérature
appréhende le concept de performance á travers les écrits
des différents auteurs.
I : les caractères multidimensionnels de la
performance
La performance a toujours été un sujet
controversé. Chaque individu qui s'y intéresse (chercheur,
dirigeant, client, actionnaire, etc.) l'aborde selon l'angle d'attaque qui lui
est propre. Ceci explique, sans doute, le nombre important de modèles
conceptuels proposés dans la littérature et les nombreuses
acceptions élaborées autour de ce concept. Comme l'affirme
[Marmuse, 1997], la performance n'existe pas. Il s'agit d'une
notion contingente et multidimensionnelle mais nécessaire pour
évaluer toute décision prise. C'est ainsi que la performance
d'entreprise est une notion centrale en sciences de gestion.
1- Evolution du concept de
performance
Depuis les années 80, de nombreux chercheurs se sont
attachés à la définir [Bouquin, 1986 ; Bescos et
al.1993 ; Bourguignon, 1995 ; Lebas, 1995 ; Bessire, 1999 ...]
et plus récemment cette notion est mobilisée dans la
littérature managériale pour évaluer la mise en oeuvre par
l'entreprise des stratégies annoncées de développement
durable [Capron et Quairel, 2005].
L'origine du mot performance remonte au milieu du 19ème
siècle dans la langue française. A cette époque, il
désignait à la fois les résultats obtenus par un cheval de
course et le succès remporté dans une course. Puis, il
désigna les résultats et l'exploit sportif d'un athlète.
Son sens évolua au cours du 20ème siècle. Il indiquait de
manière chiffrée les possibilités d'une machine et
désignait par extension un rendement exceptionnel. Ainsi, la performance
dans sa définition française est le résultat10
d'une action1 1, voir le succès12 ou l'exploit.
10 La performance résultat est
mesurée en comparant le résultat obtenu à l'objectif
fixé. Cette approche est celle retenue jusqu'alors en contrôle de
gestion
11 la performance action est appréhendée
à partir des moyens, des processus, des compétences, et des
qualités mises en oeuvre pour atteindre ces résultats
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Contrairement à son sens français, la
performance en anglais « contient à la fois l'action, son
résultat et éventuellement son exceptionnel succès »
[Bourguignon, 1995, p.62]13.
2- Les dimension de la performance
Dans le domaine de la gestion, la performance a toujours
été une notion ambiguë, rarement définie
explicitement. Elle n'est utilisée en contrôle de gestion que par
transposition de son sens en anglais. Elle désigne alors l'action, son
résultat et son succès14. Pour expliquer la
performance, nous retiendrons la définition de [Bourguignon,
2000] car elle regroupe les trois sens recensés ci- dessus et
lui reconnaît explicitement son caractère polysémique.
Ainsi la performance peut se définir «comme la réalisation
des objectifs organisationnels, quelles que soient la nature et la
variété de ces objectifs. Cette réalisation peut se
comprendre au sens strict (résultat, aboutissement) ou au sens large du
processus qui mène au résultat (action)....» (p.934). Pour
[Lebas, 1995], la performance peut être comparée
aux fruits d'un arbre que l'on peut compter mais dont le nombre et la
qualité dépendent de la qualité du sol, des racines, de la
taille, etc. Ainsi, la performance d'une entreprise (qualité, coût
ou diversité des produits, délais de livraison, satisfaction des
clients, réactivité, innovation, etc.) dépend des
investissements, de la souplesse de fabrication et de conception, de la
maintenance, des relations avec les fournisseurs et les clients, des
partenariats, des compétences et de la formation du personnel, de la
capacité et de la rapidité d'adaptation de toute l'organisation,
de la fiabilité des modes
12 la performance succès est fonction des
représentations de la réussite [BES 99] et varie en fonction des
représentations que s'en font les acteurs, et de manière plus
générale l'organisation tout entière
13 Etymologie du mot performance, selon Bourguignon (1995,
p.62) : Le mot performance dans son acception française du 19ème
siècle dérive du mot anglais performance (fin du 15ème
siècle) qui désignait la réalisation, l'accomplissement,
l'exécution. Mais cette définition anglaise est empruntée
au mot français « performance » qui provient de l'ancien
français du 13ème siècle et qui signifiait accomplir,
exécuter.
14 La performance en tant que succès n'existe pas en
soi. Elle est fonction des représentations de la réussite et
varie selon les entreprises et les acteurs. La performance, résultat
d'une action, ne contient pas de jugement de valeur, contrairement à la
performance-succès. La performance-action est un processus et non un
résultat qui apparaît à un moment donné dans le
temps. Cette performance contient et dépasse largement la
performance-résultat. En effet, elle « inclut les résultats
mais aussi les activités, les tâches à accomplir »
(Bourguignon, 1995, p.64). Ce troisième sens est moins courant que les
deux premiers, car il est absent de la définition française de la
performance.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
opératoires, du contexte social, etc. Il poursuit en
disant que la performance n'existe que si on peut la mesurer et cette mesure ne
peut en aucun cas se limiter à la connaissance d'un résultat.
Alors, on évalue les résultats atteints en les comparants aux
résultats souhaités ou à des résultats
étalons [Bouquin, 2004]. Dans ce contexte,
l'évaluation de la performance peut être assimilée au
« benchmarking »15. La définition de
[Bourguignon, 2000, p.934] s'applique autant à
l'organisation qu'à l'individu : « est performant celui ou celle
qui atteint ses objectifs » (1995, p.65). Pour [Bouquin,
2004] cité par [Baidari, 2007], la performance
peut être appréhendée á partir de ce qu'ils
appellent les trois « E » (Economie, Efficience &
Efficacité). Selon ces auteurs, l'économie consiste à se
procurer les ressources au moindre coût ; l'efficience est le fait de
maximiser la quantité obtenue de produits ou de services à partir
d'une quantité donnée de ressources (la rentabilité et la
productivité sont deux exemples d'efficience). Enfin,
l'efficacité est le fait de réaliser les objectifs et
finalités poursuivis. Ils sont rejoints en cela par [Mathe,
Chague & Hazebroucq, 1999], pour qui la performance signifie
«être efficace » mais aussi « être efficient ».
Autrement dit, la réalisation du but final ne suffit pas, la
manière d'atteindre ce but doit être également jugé.
Ainsi, on converge vers une autre vision de la performance : le triptyque
objectif- résultat- moyens dont l'efficacité mesure les
résultats par rapport aux objectifs. En outre, [Lorino, 2003]
considère qu'on peut définir la notion de performance
d'une manière simple «Est donc performance dans l'entreprise tout
ce qui, et seulement ce qui, contribue à améliorer le couple
valeur-coût, c'est-à-dire à améliorer la
création nette de valeur». La valeur, c'est la richesse
créée par l'entreprise pour ses clients, tandis que le
coût, c'est la richesse qu'elle consomme pour créer cette valeur.
Donc pour Lorino, la performance de l'entreprise repose donc sur sa
capacité à produire de la valeur utile pour ses clients en
consommant le minimum de ressources.
15 Technique de gestion et de marketing qui consiste à
comparer son entreprise à une ou plusieurs autres entreprises qui font
références dans un domaine spécifique.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
De plus, [Bouliane, Guindon, Morin, 1996],
retiennent quatre critères de mesure de la performance,
organisationnelle. Il s'agit de la pérennité
représentée par la qualité du produit / service,
rentabilité financière et compétitivité ;
l'efficience économique mesurée par l'économie des
ressources et la productivité ; la valeur des ressources humaines, avec
comme indicateur la mobilisation, le développement personnel, le
rendement et le climat social; et enfin la légitimité de
l'organisation auprès des groupes externes qui se matérialise par
la satisfaction des bailleurs de fonds, de la clientèle, des organismes
régulateurs et de la communauté.
Aussi, [Marmuse, 1997], distingue-t- il quatre
dimensions de la performance :
> La performance stratégique qui correspond aux
approches par l'excellence de [Peters et Waterman, 1983], ou
bien encore d'intention stratégique de [Hamel et Prahalad,
1989];
> La performance concurrentielle qui regroupe les
contributions de [Hax et Majlouf, 1983] en termes d'analyse
des systèmes concurrentiels; le modèle de [Porter, 1981]
avec les cinq forces concurrentielles; ou encore de [Ansoff,
1968] à travers l'idée d'écart stratégique
;
> La performance socio-économique, basée sur
l'idée de performance organisationnelle [Kalika, 1995],
et la notion des coûts cachés [Savall, 1997];
> La performance économique et financière
évaluée à partir des documents comptables.
Enfin, et dans la même perspective, citons les travaux
récents de [BughinMaindiaux et Finet, 1999], mais aussi
de [Kaplan & Norton, 1992] qui appuient leurs
réflexions sur un système de mesures non financières. Ce
modèle prend en compte quatre dimensions en connexion avec la
stratégie : la dimension financière, la dimension clients,
processus internes, apprentissage organisationnel et croissance. D'ailleurs
c'est sur l'étude de Kaplan & Norton que notre étude sur la
performance va être basée.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
L'ensemble de ces développements témoigne de la
réalité polymorphe du concept de la performance. Toute
appréciation ne peut qu'être contingente. Elle est relative
à l'orientation choisie par le chercheur et à l'angle suivant
lequel celui-ci décide de répandre son éclairage.
LIles principaux critères de maîtrise de
la performance
Définir la performance est complexe, car elle regroupe
plusieurs dimensions [Mathe, 1999]. A partir des deux
principaux critères d'appréciation de la performance que sont
l'efficacité et l'efficience, une première
classification de ces dimensions peut être réalisée. Le
succès (ou la réussite), la compétitivité, les
facteurs clés de succès constituent les dimensions principales
d'appréciation de l'efficacité ; la productivité, les
coûts, le rendement et la rentabilité, celles de l'efficience.
1-Les critères d'efficience et
d'efficacité
L'efficacité se défini comme la capacité
d'une organisation à atteindre l'objectif qu'elle s'est fixée
[Jacot, 97]. Pour [Longeaux, 1994]
l'efficacité est le meilleur rapport possible entre le degré de
satisfaction des clients et les moyens mis en oeuvre pour l'obtenir. La
satisfaction de la clientèle est dans ce cas une des dimensions de la
réussite organisationnelle. L'efficacité, la réussite
ou le succès sont alors des concepts proches. La
réussite est subjective [Bourguignon, 1995] et est
généralement mesurée à partir du concept de
compétitivité [Lesca, 1984]. La
maîtrise des Facteurs Clés de Succès(FCS) ou de
réussite, c'est-à-dire les atouts, le savoir-faire, est un gage
de compétitivité pour l'entreprise en termes d'avantages
concurrentiels [Bescos, 1994]. Trois facteurs clés de
succès sont considérés comme des facteurs principaux de
compétitivité de l'organisation : le prix, les délais et
la qualité [Bergeron, 1996]. L'efficience se
définit comme l'obtention du résultat fixé sous contrainte
de coûts. [Mathé et Chagué, 1999]
emploient le terme d'efficience productive, mesurée en termes
de coûts et de productivité. Cette dernière se
définit comme le rapport entre «
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
une production et l'ensemble des facteurs de production qui
ont permis de l'obtenir [Richard, 1993]». La
productivité est synonyme de rendement [Boisvert, 1995]
et constitue un instrument de mesure de l'efficience organisationnelle
[Villarmois, 1998], au même titre que la
rentabilité [Bouquin, 1986].
2- Une typologie de définitions de la
performance globale
[Bourguignon, 1998] propose une
définition de la performance à partir de trois sens
généraux : la performance résultat, la performance action
et la performance succès. La performance résultat est
mesurée en comparant le résultat obtenu à l'objectif
fixé. Cette approche est celle retenue jusqu'alors en contrôle de
gestion. La performance financière de l'organisation est mesurée
à partir de critères tels que la rentabilité, la
profitabilité, la productivité, le rendement des actifs et
l'efficacité. Si la performance résultat « n'est que le
résultat de l'action », la performance action est
appréhendée à partir des moyens, des processus, des
compétences, et des qualités mises en oeuvre pour atteindre ces
résultats. Enfin, la performance succès est fonction des
représentations de la réussite [Bessire, 1999]
et varie en fonction des représentations que s'en font les acteurs, et
de manière plus générale l'organisation tout
entière
3- Performance globale et indicateurs de
pilotage
L'environnement concurrentiel exige des informations plus
précises sur les coûts et les performances concernant les
activités, les processus, les produits et services ou les clients de
l'entreprise [Kaplan, 1995]. Les entreprises doivent alors
diversifier et différencier l'offre de leurs produits en s'appuyant sur
les caractéristiques jugées importantes pour la clientèle
; élargir la notion de produit avec l'intégration au produit
physique de services associés [Mathieu, 1998],
[Mevellec, 1998] ; maîtriser la qualité des
produits et des services proposés,
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
leurs délais de conception, de production, et de livraison
;être réactive et innover afin de s'adapter à la
réduction des cycles de vie des produits [David, 1998].
Cette évolution des stratégies des entreprises nécessite
la définition de nouveaux instruments de mesure de pilotage de la
performance globale [Dixon et al., 1990] proposent
une représentation pyramidale de l'organisation reposant sur un
triptyque Stratégie, Actions, Mesures. Le sommet de la pyramide
traduit la vision stratégique de l'entreprise. En conséquence,
les Actions à mettre en oeuvre et les Mesures de
performance doivent être adaptées à la stratégie
définie. La réalisation des activités, constituant la base
de la pyramide, et des objectifs intermédiaires sont garant de
l'atteinte des objectifs stratégiques.
Afin de maîtriser la performance globale, il convient
donc de s'intéresser aux facteurs explicatifs de la performance
(performance succès), aux relations de causalité qui lient les
processus, les actions engagées (performance action) aux
résultats obtenus (performance résultat). La performance doit
donc être mesurée à partir d'indicateurs
opérationnels [Kaplan, 1992] et de
pilotage [Selmer, 1998].
4-Une vision multicritère de la performance ou
Tableau de Bord Prospectif(T.B.P)
Cette approche globale et multicritère de la
performance est celle développée par Kaplan et Norton dans leur
proposition de Tableau de Bord Prospectif (TBP), dont la finalité est de
traduire la stratégie globale de l'entreprise à partir de quatre
dimensions ou « axes » (financier, clients, processus internes,
apprentissage organisationnel) correspondant à quatre objectifs de
performance. L'apport du TBP est de montrer l'interdépendance entre
l'ensemble des indicateurs et qu'« il convient d'équilibrer la
performance financière à court terme avec les vecteurs
d'opportunités de croissance à long terme pour leur performance
financière future [Kaplan, 1999]».
Les indicateurs de performance de l'axe clients s'articulent
ainsi autour de quatre notions : le temps (délais), la qualité
(des produits, des services), le coût
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
et la valeur procurée au client. La satisfaction de la
clientèle se traduit donc en termes de compétitivité et de
rentabilité pour l'entreprise [Ngobo, 2000]. L'atteinte
des objectifs externes visés par l'organisation (satisfaction de
l'actionnaire et du client) requiert la mise en place de processus internes
combinant des ressources, des capacités et des compétences.
Parmi ces processus figure le processus de production. Ce dernier
s'entend dans une acception large car il considère l'ensemble de
l'entreprise à travers ses flux physiques principaux (approvisionnement,
production, distribution). Par conséquent, la performance de ce
processus est appréhendée depuis le traitement des commandes
jusqu'à la livraison du produit final existant. Les indicateurs de
performance de ce processus s'articulent autour des concepts de
compétitivité- prix (efficience productive, coûts,
rendements, productivité, rentabilité) et hors- prix
(délais d'approvisionnement, de production, de livraison,
qualité, réactivité).
Enfin l'axe «apprentissage organisationnel» traduit
les moyens - essentiellement les moyens humains - mis en oeuvre pour atteindre
les objectifs de performance des trois autres axes.
Dans un monde compétitif, la réussite de
l'organisation implique la performance des hommes, laquelle peut être
appréciée à partir de la satisfaction des personnels, de
leur motivation, l'évolution de leurs compétences (savoir-faire)
et de leur rendement. Finalement, une vision synthétique de la
performance globale est proposée par Mc beth [Mc Beth, 1993],
lequel propose un modèle de causalité de la performance
(figure 2). Par conséquent les informations contenues dans les
indicateurs de performance doivent être de différentes natures :
interne/externe, stratégique/opérationnelle, financière/
non financière, ex-post/prédictive, quantitative/qualitative,
entreprise/environnement.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Figure 5 : un modèle de causalité de la
performance [Mcbeth, 1993]
5- Les indicateurs de performance comme outil de gestion
stratégique
Le contrôle de gestion peut être défini
comme un système qui permet d'influencer le comportement des individus
afin de réaliser les objectifs de l'entreprise [Langfiels-Smith,
1997]. En ce sens, les indicateurs de performance constituent un des
outils du système de contrôle de gestion. Cet outil permet aux
gestionnaires de déterminer si l'entreprise atteint la performance
voulue et motive, donc influence, les gens à travailler pour maintenir,
améliorer, corriger ou anticiper la performance [Bachir Wade,
2005].
S'il existe peu de recherches empiriques sur le contenu des
indicateurs de performance ou des systèmes de contrôle et de suivi
de la performance, les écrits théoriques sur le sujet abondent
cependant. La plupart de ces écrits utilisent comme fondement le
modèle de tableau de bord prospectif (TBP) présenté par
Kaplan et Norton dans un article publié dans Harvard Business Review
(1992) et développé dans un ouvrage sur le sujet en (1996).
Essentiellement, ces auteurs présentent le TBP comme un
outil servant à formuler la stratégie, à la
communiquer, à fixer des objectifs, à mettre
en cohérence les initiatives des acteurs pour atteindre un objectif
commun et à
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
renforcer le retour d'expérience et le suivi de la
stratégie. Il s'agit donc d'un outil de gestion qui ne vise pas
seulement à contrôler des activités. Le TBP, dans son
contenu, cherche aussi à saisir la réalité complexe de la
performance des entreprises qui ne peut pas être strictement
financière.
Le modèle du TBP permet de regrouper l'ensemble des
indicateurs de performance que pourrait avoir une entreprise en quatre grandes
classes. Ces classes constituent l'essentiel des dimensions sur lesquelles il
faut travailler pour réaliser une performance exceptionnelle du point de
vue des clients et des actionnaires. Les dimensions sont construites sur la
base de la vision et de la stratégie de l'entreprise et ne sont pas
indépendantes les unes des autres. Par exemple, un processus permettant
de répondre aux commandes des clients rapidement pourrait avoir des
effets sur la satisfaction de ces derniers qui, à son tour, permettra de
les fidéliser. Cela devrait se traduire sur la performance
financière de l'entreprise. Ainsi, construire des indicateurs de
performance sur chacun des éléments des dimensions apprentissage,
processus, clients et résultats financiers, fondés sur la
stratégie de l'entreprise devrait permettre à celle-ci
d'être guidée vers l'atteinte de la performance
souhaitée.
Par ailleurs, selon [Bouquin, 1986], une
mission importante du contrôle de gestion consiste à permettre une
gestion des risques (stratégiques, opérationnels, financiers). Le
TBP, dont le contenu se construit sur la stratégie et les facteurs
clés de succès de l'entreprise, peut jouer un rôle dans le
management de ces risques. Les indicateurs devraient informer, en temps
opportun, les gestionnaires des événements susceptibles
d'influencer défavorablement l'atteinte des objectifs. Ceux-ci devraient
pouvoir réagir en temps réel afin de contrôler ces risques.
En ce début de 21ème siècle, le TBP peut, en
plus d'être un outil essentiel pour guider l'entreprise vers la
performance souhaitée, devenir un instrument d'aide à la gestion
des risques.
Les quatre axes du TBP ne constituent pas un modèle
statique et universel. Ils forment plutôt une toile de fond ou un
cadre général d'analyse qui permet
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
d'appréhender le système d'indicateurs de
performance de l'entreprise dans un contexte, de plus en plus, concurrentiel
où la performance ne se traduit plus seulement en terme de rendement
financier. Il fournit également une articulation autour de la
stratégie, essentielle à l'efficacité du système de
mesure. Évidemment, chaque entreprise aura des indicateurs qui lui sont
propres en fonction de ses objectifs, de ses stratégies et des diverses
caractéristiques de son environnement. Pour ces raisons, le
modèle ne spécifie pas les indicateurs que l'on doit retrouver
dans chacun des quatre axes puisque ceux-ci seront très variables d'une
entreprise à l'autre et d'un contexte á un autre.
Cependant, pour chacun des axes, Kaplan et Norton proposent
des éléments de contenu qui permettront d'orienter les
concepteurs. Ils identifient de grandes classes de déterminants de la
performance qui devraient conduire à l'identification d'indicateurs de
performance. Rappelons que, dans l'étude des indicateurs de performance,
on ne pose pas l'existence d'un modèle unique et universel.
En résumé, pour relever le défi de la
compétitivité, les entreprises reconnaissent, rappelons-le
encore, qu'il est essentiel de disposer d'un système de mesure de
rendement multidimensionnel. La plupart des entreprises disposent
déjà d'un système de mesure de la performance. La question
est de savoir si ce système permet de saisir la performance à
partir d'indicateurs essentiels et reliés à toutes les facettes
de celle-ci. Le cadre d'analyse général du TBP apparaît
suffisamment complet pour servir de point de départ pour évaluer
les systèmes de mesure de la performance existants et proposer des
pistes d'amélioration qui permettront éventuellement
d'accroître la performance des entreprises.
Par ailleurs, ce cadre d'analyse, qui s'articule autour des
objectifs et stratégies de l'entreprise, pourra aussi être
utilisé pour évaluer l'efficacité des systèmes
existants.
Au-delà des pratiques et de la satisfaction des
dirigeants à leur égard, nous nous intéresserons
également à la question de l'efficacité du système
de mesure de la
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
performance. Pour être efficace, le système devrait
entretenir des liens étroits avec les objectifs et les stratégies
de l'organisation.
6-L'articulation de la stratégie et des mesures
de la performance
Les écrits en contrôle de gestion reconnaissent
la nécessaire interaction entre contrôle de gestion et
stratégie. [Bouquin, 1986] note que parmi les nombreux
facteurs susceptibles d'influencer le contrôle de gestion, la
stratégie devrait tenir une place importante. Par ailleurs, on
suggère que le système de contrôle de gestion doit
être conçu spécifiquement pour appuyer la stratégie
de l'entreprise ou des unités stratégiques, sur la base des
avantages compétitifs afin de conduire à une performance
supérieure [Dent, 1990 ; Simon, 1987]. Un certain
nombre d'études permettent de juger de l'intérêt des
chercheurs pour l'influence de la stratégie sur le système de
contrôle de gestion. L'étude de [Langfiels-Smith K.,
1997] fait, pour la période comprise entre 1972 et 1992, une
recension des recherches étudiant les relations entre différents
types de stratégies et différents types de systèmes de
contrôle. Il conclut que ces études démontrent clairement
que les caractéristiques des systèmes de contrôle
utilisés par les entreprises diffèrent selon qu'elles suivent une
stratégie de différenciation (ou de type prospecteur) ou une
stratégie de leadership des coûts (ou de type défendeur).
[Abernethy et Lillis, 1995] montrent que les entreprises
suivant une stratégie plus flexible, se rapprochant de la
différenciation, utilisent moins d'indicateurs financiers traditionnels
et plus d'indicateurs de performance qualitatifs. [Perera et Poole,
1997] observent, quant à eux, qu'une stratégie de
différenciation se traduira généralement par une
insistance plus grande sur l'utilisation de pratiques de management
avancées (qui comprend des mesures sur la qualité, sur la
dépendance face aux fournisseurs, etc.). L'étude de
[Chenhall et Langfiels-Smith, 1998] rejoint les
précédentes parce qu'elle examine les relations entre le type de
stratégies et les pratiques de management et de comptabilité.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Plusieurs techniques de gestion et pratiques comptables sont
examinées. En particulier, l'étude démontre que les
entreprises de haute performance qui mettent l'accent sur la
différenciation des produits gagneront de grands bénéfices
en suivant certaines techniques de gestion et pratiques de comptabilité
de management incluant des mesures de la performance financière et non
financière. Par ailleurs, les entreprises de haute performance
privilégiant le leadership des coûts gagneront de grands
bénéfices en appliquant certaines techniques de gestion et
pratiques de comptabilité qui incluent des techniques de
comptabilité de management traditionnelles. Ces études et les
écrits théoriques sur la performance, en particulier ceux de
[Kaplan et Norton, 1996], mettent en évidence la
nécessaire relation qu'il doit y avoir entre les objectifs et la
stratégie de l'entreprise et la construction de systèmes de
mesure de la performance efficaces.
L'étude des relations entre les objectifs, ou la
stratégie, et le système d'indicateurs de performance aidera
à mieux comprendre le degré d'efficacité de ces
systèmes pour faire le suivi et anticiper la performance des
entreprises. Mais, un système d'indicateurs de performance non
relié aux objectifs ou stratégies de l'entreprise pourrait
signifier que celle-ci n'utilise pas le système de façon globale
pour atteindre ses objectifs et stratégies. Mais plutôt pour
suivre à posteriori les effets d'une tactique et piloter les
activités à court terme. Cela pourrait aussi vouloir dire que les
ressources (financières, matérielles et humaines)
consacrées à la gestion de la performance sont utilisées
de manière inefficace et inefficiente. Dans le pire des cas, cela peut
mener à une moins bonne performance financière.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
CHAPITRE II : L'ABC/ABM ET PERFORMANCE DANS
LES ENTREPRISES
Nous allons dans ce chapitre recenser ce que l'ABC a de
novateur et ce que cette méthode est supposée apporter aux
entreprises concernant leur performance. Notons que nous nous appuierons ici
principalement sur les arguments de ses « promoteurs ». L'ABC
s'illustre en premier lieu comme un outil de mesure, ainsi, nous verrons tout
d'abord ce que cette méthode apparaît apporter dans le calcul des
coûts de revient. Mais les apports de la méthode ABC ne semblent
pas se limiter à ce niveau. En effet, au delà du calcul des
coûts, elle offrirait certaines possibilités ayant trait au
pilotage de l'entreprise. Ainsi, nous verrons que cette méthode aurait
un impact au niveau de l'approche même de l'entreprise et de son pilotage
(diagnostics, stratégies, management...). Il s'agira donc de tenir
compte de cette dimension et d'évoquer les apports mis en avant par
différents auteurs à ce sujet.
Au paravent, nous allons procéder á un rappel sur
l'évolution du lien existant entre le contrôle de gestion et la
performance des entreprises.
SECTION I : Evolution du rapport contrôle de Gestion
et Performance : apport de la méthode ABC/ABM
« Tout contrôle de gestion qui se contente de
piloter le coût sans s'intéresser à la valeur est
unijambiste »
[Lorino, 1991].
La performance n'est pas un simple constat : elle se
construit, c'est-à-dire qu'elle est atteinte à travers ce que
fait l'entreprise et par la manière dont elle le fait. La
performance de l'entreprise repose donc sur sa capacité à
produire de la valeur utile pour ses clients en consommant le minimum de
ressources [Ernult, 1996].
I - Contrôle de gestion et performance
Il est habituel d'attribuer au contrôle de gestion la
mission de gérer la performance de l'entreprise dans son ensemble,
ainsi que la performance de
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
chacune des entités (centres de responsabilité,
activités, processus, projets, etc.) qui la composent,
c'est-à-dire à la fois d'aider les managers à
maîtriser leurs activités, afin d'atteindre leurs objectifs et de
coordonner les décisions que prennent ces managers afin d'assurer leur
cohérence et leur convergence avec les objectifs stratégiques de
la direction générale.
Or le contrôle de gestion et ses outils traditionnels
connaissent depuis plusieurs années une crise profonde. Cette crise du
contrôle de gestion et de ses outils traditionnels a été
largement commentée [Kaplan, 1984, Johnson et Kaplan, 1987,
Chassang, 1987, Berliner et Brimson, 1988, Laverty et Demeestère, 1990,
Lorino, 1989, 1991, etc.] et est aujourd'hui bien documentée.
On a ainsi pu constater que les outils du contrôle de gestion
étaient "en retard" par rapport aux réalités de
l'entreprise et qu'ils l'étaient d'autant plus que le degré
d'imprévisibilité de la demande et / ou de complexité des
processus de fabrication était élevé [Ernult,
1996].
Il s'agit en fait, d'un véritable bouleversement qui
remet en cause des pratiques établies depuis plusieurs décennies.
On constate en effet, que la mondialisation des marchés,
l'instabilité et l'incertitude croissantes de l'environnement qui en
résultent, la complexité des organisations et
l'interdépendance de plus en plus forte de leurs activités
remettent radicalement en cause les hypothèses sur lesquelles se fonde
le paradigme "classique" du contrôle : d'une part, la simplicité
du fonctionnement de l'entreprise (découpage en unités
partielles, spécialisées indépendantes et
juxtaposées) et, d'autre part, la stabilité des lois auxquelles
obéit ce fonctionnement (et donc la prévisibilité des
événements ou des résultats d'une action).
Il ne s'agit donc pas seulement de mesurer des résultats a
posteriori, mais d'identifier et d'agir sur (piloter) les facteurs à
l'origine de la performance.
La question qui se pose alors est «peut-on encore, dans
le contexte actuel, continuer à piloter la performance de l'entreprise
et de chacune des entités qui la composent (de l'extérieur) ou
bien faut-il fournir aux différents acteurs de
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
l'entreprise des représentations susceptibles
d'éclairer leurs propres choix stratégiques afin de pouvoir
décider "en connaissance de cause", en connaissance des causes ?
1- Un nouveau mode de contrôle de gestion pour
outiller le pilotage de la
performance
Le contrôle de gestion classique, stabilisé
depuis le début du 20èmesiècle,
n'apparaît désormais plus opérant. Cela notamment pour deux
raisons résumées ici :
- d'une part, il est basé sur l'unité de main
d' oeuvre horaire alors que les systèmes de production s'automatisent :
les opérateurs ne sont plus dans la réalisation concrète
de tâches de production mais de plus en plus dans la conduite du
processus de fabrication,
- d'autre part, il s'appuie sur la fonction de production
alors que les mêmes systèmes de production se tertiarisent et que
ces activités, dites indirectes, restent hors contrôle analytique,
ou tout du moins dans des conditions insatisfaisantes.
Pour que l'entreprise soit compétitive
économiquement sur un marché, le pilotage de l'entreprise doit
reposer sur une gestion fiable et sur des indicateurs pertinents. Ainsi, le
contrôle de gestion doit répondre à certains objectifs :
- dans un premier temps, savoir si les objectifs poursuivis par
l'entreprise sont atteints ;
- pour ensuite comprendre pourquoi l'entreprise est efficace ou
non ;
- de manière dans un troisième temps, à
orienter l'action vers l'amélioration des performances.
Dès lors, le pilotage de l'entreprise consiste en
définitive à déployer sa stratégie en actions
opérationnelles et de capitaliser les résultats et les
enseignements de l'action pour en enrichir la réflexion sur les
objectifs.
En ce sens, l'organisation de l'entreprise en activités
et processus répond à ces impératifs car selon
[Lorino, 1991], elle permet :
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
- de diagnostiquer et comprendre l'origine de la performance
à partir des conditions de réalisation des activités de
l'entreprise ;
- de piloter en orientant les activités selon les
objectifs globaux définis par la stratégie de l'entreprise ;
- gérer les compétences et les savoir-faire des
salariés.
Pour [Gervais, 2000], l'organisation de
l'entreprise sur la base d'activités va permettre d'obtenir une
évaluation des coûts plus fiable. Selon lui, «il est
logique de centrer la modélisation du système d'informatique
analytique sur les activités, car si les produits deviennent volatils,
les activités de l'entreprise (passation des commandes,
référencement des fournisseurs, facturation...) demeurent.
»
Face au caractère très
éphémère des produits et aux changements organisationnels,
cette méthode va baser le calcul des coûts non plus sur les
fonctions et les produits, mais sur le facteur structurant et permanent des
processus transversaux et des savoirs faire de l'entreprise, ce que
[Mévellec, 1996] appelle « l'usine
fantôme ». Ici, l'entreprise n'est pas pilotée par les
produits qu'elles offrent mais par les méthodes pour les produire.
2- Apport de l'ABC/ABM â la construction d'une
performance transversale dans les
entreprises
On a vu que la performance d'une entreprise repose sur sa
capacité à produire de la valeur utile pour ses clients en
consommant le minimum de ressources (maîtrise des coûts). On a vu
également que la valeur est créée par les attributs des
produits ou services (qualité, délais..), que l'entreprise offre
à ses clients potentiels en fonction de leurs attentes, et qui sont
valorisés par eux. Ces attributs sont le résultat des
activités et des processus, que l'entreprise choisit de mettre en oeuvre
dans sa chaîne de valeur et qui consomment des ressources. Comme toutes
les activités de l'entreprise ont pour vocation à être
créatrices de valeur (c'est-à-dire qu'elles peuvent ne pas
l'être), cette dernière doit identifier celles qui le sont pour
ses clients [Porter, 1985] au travers de la
comptabilité
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
par activité. Elle doit donc les analyser sous l'angle
de leur coût (consommation de ressources) et de leur capacité
à créer de la valeur pour ses clients. L'entreprise doit ainsi
identifier un portefeuille d'activités et de compétences lui
permettant de répondre rapidement aux exigences de ses clients
potentiels. Autrement dit, la compétitivité de l'entreprise est
fonction de sa capacité à ne regrouper que des activités
créatrices de valeur pour ses clients potentiels (donc à
supprimer toutes les activités sans valeur ajoutée utile pour le
client) et de sa capacité à réaliser ces activités
au moindre coût, c'est-à-dire de sa capacité à
réorganiser (reconfigurer) rapidement et complètement ses
processus (Business Process Reengineering).
Le pilotage du couple valeur-coût est donc chose
complexe, et ce d'autant plus que, comme le souligne [Lorino, 1996]
«la valeur est créée par des combinatoires
complexes d'activités et de multiples acteurs individuels et collectifs
» qui détiennent une double autonomie, à la fois cognitive
(chaque acteur détient sa part de connaissance et de compétence
nécessaire à la réalisation de l'activité) et
politique [Crozier et Friedberg, 1977] montrent que chaque
acteur détient une part de pouvoir dans la mesure où il
contrôle une zone d'incertitude). Faire face à cette
complexité implique de décentraliser le pilotage du couple
valeur-coût le plus près possible des compétences
nécessaires à l'action. C'est d'ailleurs, ce qu'a compris les
concepteurs de la méthode ABC/ABM en accordant une importance
particulière aux opérationnels dans son utilisation.
Le pilotage s'articule ainsi, sur les activités et leur
combinaison en processus, «réunion d'activités
complémentaires concourant toutes à la réalisation d'une
production finale commune, porteuse de valeur » [Mévellec,
2001]. L'activité apparaît ainsi comme l'unité
élémentaire, la "brique de base" qui permet différents
regroupements et niveaux d'agrégation (fonctions, processus, projets),
ainsi que différents niveaux d'analyse. Le processus apparaît,
notamment, comme le passage obligé entre coûts et valeur :
système d'action opérationnel
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
(au niveau des activités) qui contribue à la
création de valeur : Le terme de valeur doit être entendu au sens
du « prix que le client est prêt à payer en fonction du
jugement qu'il porte sur les prestations qui lui sont offertes, sur les
services qui lui sont rendus »[Zarifian, 1996] (en
satisfaisant les attentes des clients) et qui permet à l'entreprise de
s'assurer d'avantages concurrentiels (en faisant mieux que les concurrents).
Soulignons qu'il s'agit là d'une véritable inversion de
logique par rapport au paradigme "classique" du contrôle, puisque ce ne
sont plus les ressources consommées dans chaque centre de
responsabilité (inputs) et les produits obtenus (outputs) qui sont au
coeur du pilotage, mais les activités et les processus
(savoir-faire créateurs d'attributs valorisables par le client) et la
valeur (satisfaction du client). On passe ainsi d'une logique
"métiers-coûts de produits" à une logique "clients-valeur
des produits".
Des méthodes telles que l'ABC / ABM (Activity Based
Costing / Activity Based Management) tentent d'apporter des réponses
à cette recherche d'outils opérationnels de pilotage de la
performance.
L'apport fondamental de cette méthode consiste à
représenter l'entreprise comme un réseau d'activités.
Cette représentation permet pour résumer ce que l'on vient de
présenter plus haut :
dans un premier temps, de calculer directement et de
façon beaucoup plus fine le coût des activités (par le
biais d'inducteurs de coûts qui reflètent exactement la
manière dont les ressources sont consommées par les
activités) et ainsi de mieux comprendre les processus
générateurs de coûts (causes de la consommation des
ressources) avant de se préoccuper, dans un deuxième temps,
d'attacher directement aux objets (produits, services, clients) le coût
de ces activités et ce proportionnellement aux besoins.
de se poser des questions proches de la démarche BBZ
(Budget Base Zéro), telles que : a-t-on réellement besoin de
cette activité ? Peut-on réduire le coût d'un processus en
le réalisant d'une autre
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
manière ? Les modes opératoires peuvent
être comparés d'une entreprise à l'autre (Benchmarking),
les agencements d'activités peuvent être analysés et
optimisés (Business Process Reengineering).
d'intégrer les orientations stratégiques
majeures de l'entreprise et l'autonomie cognitive et politique des acteurs. En
effet, d'une part, cette représentation privilégie l'approche par
la chaîne de valeur, remettant ainsi en cause le contrôle par
centres de responsabilité au profit d'un pilotage par les processus
(souvent transversaux) ; d'autre part, elle prétend restituer à
l'acteur sa capacité d'interprétation, d'action et
d'apprentissage.
En résumé, l'amélioration de la
performance doit être conçue globalement, c'est- à-dire que
le système de pilotage de la performance doit permettre à la fois
de gérer le changement stratégique, de déployer les
objectifs stratégiques sur les processus créateurs de valeur et
de reconfigurer rapidement et complètement ces processus par rapport aux
attentes des clients.
Des méthodes telles que l'ABC/ABM, qui proposent
l'activité comme maille de base de l'analyse, permettent de
décliner les orientations majeures de l'entreprise dans l'action locale.
On passe ainsi du paradigme mécaniste du contrôle à un
paradigme social ouvert, celui du pilotage, susceptible d'évolutions du
fait même de l'initiative des acteurs qui repose sur leurs
capacités collectives d'interprétation des
événements qui se déroulent dans leur environnement.
ll Pratiques de performances avec I
"ABC/ABM
Il est important de signaler qu'une entreprise pour être
pérenne et performante doit disposer d'un système d'information
(comptabilité) et de contrôle qui puisse lui fournir des
informations et indicateurs sur sa situation mais aussi et surtout le niveau de
réalisation de ces objectifs. C'est pourquoi dans la partie suivante,
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
nous allons voir les différents apports de la
comptabilité par activité á la performance des
entreprises.
Avant d'aborder les apports et les limites de la
méthode ABC, il convient de signifier que leur appréhension est
« délicate » dans la mesure où différents
débats entourent cette méthode.
Une réflexion semble devoir présider à ce
développement, elle nous est proposée par P.Zarifian et stipule
« qu'un même outil technique peut conduire à des
évolutions différentes dans la mesure où les objectifs et
les pratiques qui sous- tendent son usage sont eux-mêmes
différents ». Nous ne perdrons donc pas de vue cette
réflexion. Si nous évoquerons, dans ce paragraphe, sans trop de
nuances, les apports de la méthode ABC recensés dans une certaine
littérature.
1- Apports au niveau du calcul des coûts de
revient : vers une plus grande Fiabilité
Comme nous l'avons déjà signifié, la
caractéristique majeure de la méthode ABC est de
s'intéresser aux activités et non plus aux produits. C'est sur la
base de ce principe central que la méthode ABC tend à se
distinguer des anciennes méthodes de calcul des coûts. Aussi, un
des apports les plus mis en avant dans la littérature traitant de la
méthode ABC est celui d'un calcul des coûts de revient plus fiable
pour l'analyse stratégique. En quoi le fait de s'intéresser aux
activités tend-il à rendre le calcul des coûts de revient
plus fiable ?
Dans ce paragraphe, nous allons résumer les
différents apports de la comptabilité par activité au
calcul des coûts. Les apports les plus mis en avant dans la
littérature traitant de la méthode ABC concernant le calcul des
coûts sont les suivants :
L'ABC permet une allocation pertinente des coûts
indirects sur les opérations, les produits, les clients et les canaux de
distribution. Elle a de ce fait permis d'obtenir les informations sur les
coûts nécessaires á la réduction de ceux-ci.
Autrement dit elle permet un calcul des coûts de revient plus fiables
tenant compte de la « formule » proposée par
[P.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Zarifian, 1995]: (CQFDI : Coût,
Qualité, Flexibilité, Délai, Innovation) pour mesurer la
« nouvelle » performance ;
n l'ABC permet de réduire les imputations arbitraires
de frais indirects et d'atteindre une meilleure pertinence de l'information sur
les coûts en réduisant l'incertitude sur la répartition des
charges indirectes et donc sur le calcul des coûts de revient et des
marges ;
n L'application de la méthode a également
contribué à fournir une vue d'ensemble de l'entreprise, d'un
service et de ses processus et a permis d'engager une réflexion sur
l'amélioration de cette organisation. Ceci a deux conséquences
majeures :
ü L'accroissement de la visibilité
stratégique des managers d'entreprises (différentiation entre
coûts de fonctionnement et de développement) ;
ü Les managers peuvent s'appuyer sur les outils de
gestion pertinents car étant flexibles grâce á la meilleure
répartition des frais de structures permettant d'améliorer la
compétitivité prix des entreprises avec la réduction des
coûts adapté.
ü La méthode permet de définir et de
dégager des indices de performance par activité, très
utiles pour jauger du bon fonctionnement général de l'entreprise,
et de la réalisation des objectifs fixés. Cela permet
également de cerner les dysfonctionnements et les coûts
cachés pour parfaire la rentabilité et mieux percevoir les
coûts consommés par chaque activité. Désormais, on
prend conscience au sein d'une organisation qu'il est utile non pas de calculer
un coût mais de le piloter.
En somme, le modèle ABC/ABM permet ainsi de calculer
le coût de revient, ce qui donne lieu á une meilleure
maîtrise des coûts et permet aussi de déterminer la
rentabilité par client ou par centre de profit. Les entreprises peuvent
alors mesurer la performance et dès le départ bien organiser
l'entreprise de façon à
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
gérer la croissance financière tout en
révisant sa politique de tarification et de proposition de ristourne par
exemple.
2- Apport au niveau de la gestion de
la performance
Dès lors que nous avons montré que le calcul
des coûts par le biais de la méthode ABC semble s'avérer
plus approprié aux caractéristiques actuelles de la production
(avec une large part de charges « indirectes »), les apports de cette
méthode apparaissent dépasser le seul champ du calcul et toucher
davantage aux possibilités de diagnostic et plus loin de pilotage. Comme
on l'a fait précédemment, nous allons aussi résumer ce que
la méthode ABC/ABM a apporté á ce niveau.
l'ABC permet d'éviter les écueils de la sous
qualité et de la sur qualité ainsi que celui de la dérive
des coûts de développement en se focalisant sur les processus.
L'ABC doit permettre la refonte de la structure organisationnelle en faisant
face aux contraintes de la concurrence. Il ne s'agit plus de calculer les
coûts justes, mais de bâtir une entreprise permettant d'obtenir des
coûts (en termes quantitatifs et qualitatifs) dont le niveau sera
pertinent face aux attentes des consommateurs, c'est-à-dire gérer
l'entreprise au travers de coûts cibles en créant la
compétitivité en amont (lors de la conception des produits
[Bruel O ,1994 n° 253]. La méthode ABC permet
ainsi de mieux gérer le cycle de vie des produits et services et prendre
en compte les problématiques de conquêtes et de
fidélisation des clients. En se référant au concept de
« différenciation » développé par M. Porter, la
notion d'activité peut s'avérer utile dans l'optique de
construire un avantage concurrentiel. Ainsi, la méthode ABC/ABM
contribuerait à l'identification des facteurs clés de
succès d'une entreprise. Aussi, cela la conduirait à une
réflexion « en interne » (comment favoriser ces FCS...) et
à une réflexion quant à son
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
positionnement sur le marché (quels FCS favoriser par
rapport à la concurrence...).
Donc l'apport de la méthode ABC/ABM est multiple et, est
á différents niveaux de l'entreprise :
ü Le premier d'entre eux est que le contrôle de
gestion se fait partout dans le langage des opérationnels puisque les
indicateurs de performance sont des indicateurs physiques (délai,
qualité, coûts, prix..) ;
ü Le deuxième apport, c'est que ces indicateurs
sont disponibles sans délais, chaque jour, chaque semaine ou chaque mois
selon le type d'activité ;
ü Le troisième apport concerne la conjonction
possible d'un contrôle d'efficacité par le budget et d'un
contrôle d'efficience par ces nouvelles mesures ;
ü Le quatrième avantage est le renforcement de la
cohérence, du comportement des acteurs au sein de l'entreprise.
3-l'abc/abm ; vers une nouvelle vision des performances de
l'entreprise
Au- delà de ces différents apports
supposés, la méthode ABC/ABM véhiculerait, selon un
certain nombre d'auteurs déjà cités, une nouvelle approche
de l'entreprise. Cette conception sous-tendrait d'ailleurs la plupart des
apports mis en avant.
La méthode ABC permet d'avoir une vision globale de
l'entreprise par la mise en évidence des processus dans lesquels
plusieurs services sont impliqués. La prise de conscience des
interdépendances permet de cerner le rôle de chaque
activité dans la chaîne de valeurs. Elle conduirait, en effet,
à une vision moins parcellaire. La prise de conscience des
interdépendances permettant de cerner le rôle de chaque
activité dans la chaîne de valeur en mettant l'accent sur les
processus. Aussi, selon P.L.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Bescos et C. Mendoza, « la réussite d'une
stratégie donnée passe de plus
en plus par une approche transfonctionnelle de l'organisation
».
Par ailleurs, selon [Zarifian, 1995] «
(...), la gestion par processus permet de s'approcher, de manière
pratique, de la notion de valeur. Qu'est-ce qu'en effet la valeur si ce n'est
la manière dont l'ensemble des processus d'une entreprise offreuse
convergent pour construire et développer le rapport à une
catégorie déterminée de client ? C'est chaque processus
pris isolément, et la manière d'organiser la convergence de ces
processus sur ce rapport qui sont déterminants ».
Ainsi, l'amélioration des processus reposerait donc
sur le diagnostic des causes de performance ou de contre-performance d'une
activité tenant compte de l'interdépendance entre les
différentes activités. L'analyse se trouverait enrichie par la
prise en compte du fait que la performance d'une activité peut parfois
trouver ses origines dans une activité éloignée de celle
étudiée. La vision des performances devient alors, plus globale
et il est possible de calculer les coûts de processus, ce qui peut
être intéressant dans un contexte de juste à temps et de
maximisation de la valeur pour le client. On retiendrait alors, une vision
unitaire de l'entreprise et P.Mevellec d'ajouter que « sa
productivité ne se partage pas, elle résulte de la conjonction
des efforts des uns et des autres ».
Pour différents auteurs, la méthode ABC/ABM
favorise une approche plus dynamique de la prise de décision mais aussi
permet de multiplier les échanges entre les différentes fonctions
de l'entreprise. Cette coopération des services de l'entreprise est
aujourd'hui considérée comme un important vecteur de performance.
Elle répondrait, en effet, aux besoins de réactivité et de
créativité qu'impose le contexte économique actuel. Or,
cette coopération pourrait être favorisée par
l'appréhension de l'entreprise selon ses activités et ses
processus.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Globalement, on peut résumer en quelques lignes les
différents apports de la méthode ABC dans la gestion d'une
entreprise. Ainsi, plusieurs avantages peuvent découler de l'adoption de
la comptabilité par activités notamment :
L'ABC, par l'identification d'inducteurs de coûts,
améliore la connaissance en termes de traçabilité des
coûts et conduit au renouvellement des hypothèses
opératoires en amont des procédures de mesure des coûts.
«Fondés sur une allocation de processus requis pour mettre le bien
ou le service à disposition du client, les coûts calculés
par l'ABC reflètent de façon lisible, malgré des
conventions inévitables, ce que l'entreprise fait pour satisfaire le
client» [Lebas, 1992].
SECTION II : La Comptabilité par activité et
pilotage de la performance dans les entreprises
La méthode de gestion par activités et processus
diffère peu de la méthode des centres d'analyse au niveau du
calcul, mais diverge fortement dans sa philosophie. Ainsi, le domaine du
pilotage des coûts et des performances connaît une nouvelle
approche.
Pour Lorino, qui représente l'un des tenants de la
méthode en France, l'idée de base est simple : la performance est
atteinte à travers ce que l'on fait, par la manière dont on le
fait, donc, à travers la maîtrise et le pilotage des
activités et de leur combinaison en processus. Ce qui est moins
évident c'est que cette nouvelle gestion se traduit « par une
panoplie complètement renouvelée d'outils et de méthodes,
depuis la mesure des performances opérationnelles jusqu'à la
gestion prévisionnelle de l'emploi, en passant par la gestion des flux
de matière, l'analyse de la valeur et l'évaluation des
investissements » [P. Lorino, 1991].
La gestion par activités et processus combine à
la fois une vision « maîtrise des coûts » et une vision
« création de valeur » par l'identification d'inducteurs de
performance axés sur les coûts, la qualité, les
délais, et liés aux activités et
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
processus mis en oeuvre. Selon cette méthode, le
pilotage de l'entreprise doit se faire sur la base de deux systèmes
distincts mais complémentaires : le système d'analyse (phase de
diagnostic) qui constitue le fondement du système de pilotage proprement
dit.
I- Apport de I "ABC/ABM aux différentes
démarches de performance
Les approches conjointes ABC et ABM permettent de mieux
identifier et de mieux suivre les processus de création de valeur. L'ABM
utilise l'information pour améliorer les pratiques des
opérationnels et pour orienter l'effort de chaque salarié en
direction de l'augmentation de valeur apportée au client. Il aide
à répondre aux questions du type: «Un processus pourrait-il
être simplifié ?», «Comment pourrait-on faire autrement
pour le réaliser?», «Qu'est ce qui empêche de faire
mieux ?».
L'ABM permet aussi de cerner les coûts et les
activités sans valeur ajoutée (activités liées aux
erreurs, corrections, retards, mesures trop rapprochées, prestations
inutiles, collectes d'informations trop lourdes, réunions trop
nombreuses, contrôles redondants, ...).
1- liens entre la CPA et démarches de
performance
Dans une approche client, l'ABM vise également à
adapter les services aux besoins réels des utilisateurs. Ainsi la CPA
permet aux entreprises de mette en place différentes démarches
allant dans le sens d'une plus grande performance de ces dernières. Nous
avons donc :
a) Démarche qualité
Confrontation de la réalité terrain avec les
cartographies des activités et processus, pour l'élaboration de
plan d'amélioration sur dysfonctionnements constatés. La
méthode permet d'effectuer un premier chiffrage de certaines pratiques
de non qualité.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
b) Démarche risque
Le découpage en activités des processus de
production des coûts, permet de mettre en lumière des zones de
risque opérationnel sur lesquelles il est possible de chiffrer la mise
en place de procédures additionnelles.
c) Démarche stratégique
Le coût d'un produit non rentable structurellement
(comme le chèque qui est gratuit) peut amener à une politique
d'externalisation auprès de prestataires s'engageant à traiter
une partie ou la totalité des activités ou du processus
concernés.
d) Démarche organisationnelle
Le coût des activités peut être
modélisé par région (dans le cas d'une banque fonctionnant
en caisse régionale) et permet alors d'effectuer des comparaisons pour
diffuser les pratiques les plus performantes. L'ABC peut ainsi être le
point de départ d'un processus d'amélioration continue en
définissant par exemple des normes minimales de performance sur la base
de moyennes nationales.
e) Démarche commerciale
Les calculs des coûts et marges associées
peuvent aider au pilotage de la politique tarifaire, en définissant des
objectifs de volume pour rendre un produit rentable. Par exemple, combien de
cartes de crédit doit-on vendre pour couvrir nos investissements sur ce
produit ? Le calcul des coûts peut aussi être multidimensionnel et
permettre ainsi une segmentation tarifaire plus fine. Par exemple, on peut
obtenir le coût d'un produit par type de clientèle ou par canal
d'acquisition et combiner les deux.
f) Réponse à des appels
d'offres
En calculant le coût détaillé de certaines
activités mutualisables, l'ABC permet de répondre plus
efficacement aux appels d'offres de grands comptes (prise en
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A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
charges des flux monétiques d'une grande surface par
exemple) ou de confrères souhaitant externaliser certaines parties de
leurs activités.
g) Communication (le cas d'une banque)
Qu'elle soit orientée consommateur ou
réglementaire, l'actualité bancaire, met en lumière la
pertinence d'une démarche ABC pour disposer vite des arguments
pertinents pour communiquer dans une attitude défensive (réponse
aux procès d'intention divers) comme offensive (facturation des retraits
sur GAB -Guichet Automatique de Banque- des confrères ou
rémunération des comptes courants).
h) Démarche budgétaire
L'ABC permet de chiffrer des prestations internes
effectuées entre directions fonctionnelles. Il aide la méthode
ABC pour remonter la chaîne de causalité des coûts (Activity
Based Budgeting). Par exemple, si une banque veut pouvoir dans le futur
gérer x % de virements supplémentaires à coût
inchangé, il est possible d'effectuer des simulations qui
détermineront les allocations de ressources optimales pour permettre aux
activités qui concourent à ces virements d'absorber la hausse des
volumes prévus.
i) Facturation interne
L'ABC peut viser le calcul des coûts des produits ou
services pour mettre en place une facturation interne. Par exemple, pour des
processus de recrutement ou de formation, des activités d'un back-office
pour un certains nombres de traitements, etc. Cette utilisation de l'ABC
amène ainsi progressivement l'ensemble des directions fonctionnelles
à se considérer comme prestataire interne de services, donc
à adopter un pilotage opérationnel pour optimiser leurs
performances.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
2- Intérêts de la méthode : impacts
sur la performance
Nous présentons dans cette partie les
intérêts de cette méthode afin d'apporter des
éléments de réponse à la question de savoir si elle
facilite le pilotage de la performance de l'entreprise.
a) Sur le plan des principes
· La performance de l'entreprise est
généralement quantifiée en termes de coût,
qualité et délai. Or la qualité est bien estimée
à travers ce qui est produit, de même le délai se juge par
l'évaluation de l'accomplissement d'une activité. Ainsi la
comptabilité par activités présente l'avantage de donner
aux coûts un cadre cohérent avec d'autres indicateurs :
«suivre le coût par activités, c'est donc se donner une
base commune pour la gestion du coût et des autres formes de performance
» [Lorino, 1991].
· Pour [Zarifian, 1995], il s'agit en
définitive, d'améliorer la comptabilité analytique car
:
- identifier et maîtriser les activités
indirectes en différenciant les unités d'oeuvre permet de mettre
toutes les activités sur le même pied d'égalité au
niveau du contrôle,
- s'attaquer à la notion de variabilité
liée à la complexité des processus permet de mieux
comprendre l'origine des coûts variables et permet de les
maîtriser.
· Pour une réelle distinction face à la
concurrence, l'accent est mis sur les processus, synonymes de savoir-faire et
de compétences, et non plus sur les produits qui sont trop
éphémères. La structuration par les activités et
les processus est robuste face aux changements organisationnels
· Par ailleurs, l'activité consommant des
ressources, c'est donc à travers elle que l'on peut comprendre la
genèse des coûts, notamment les coûts dits indirects. Il
s'agit là d'une caractéristique importante de la méthode :
« la traçabilité des coûts ».
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
· La suppression de la distinction « centre
auxiliaire/centre principal » évite la répartition
secondaire des charges indirectes, souvent source d'arbitraire et
d'approximations dans le calcul.
· La méthode est à la fois locale et
globale : locale au sens où les opérateurs de terrain sont
acteurs de la mise en oeuvre et de la pérennisation de la méthode
; globale, dans la mesure où elle permet la construction d'une vision
globale du fonctionnement de l'entreprise par l'identification notamment des
interactions entre activités de fonctions différentes.
b) Comptabilité par activités et prise de
décisions stratégiques
A partir de l'organisation décrite plus haut, on
dispose d'une comptabilité analytique dont l'activité est le
principe de découpage des dépenses. Ainsi, va ton pouvoir
déterminer le coût des activités et des processus bien
évidemment, mais aussi le coût de revient des produits grâce
à l'unité d'oeuvre le plus significatif.
Dès lors plusieurs possibilités s'offre à
l'entreprise selon les stratégies qu'elle définit. Selon
[Gervais, 2000], dans le cas de la diminution du coût
des activités, l'entreprise peut :
- soit rationaliser les processus en réduisant, voire
en supprimant, les activités sans valeur ajoutée pour le client
(gestion des stocks tampons, traitement des réclamations...),
- soit améliorer les activités restantes à
valeur ajoutée en cherchant à augmenter leur efficience.
Une autre stratégie peut être aussi de
répondre au mieux aux attentes du client. Pour cela, il est
nécessaire de cerner ses souhaits, d'analyser les liens entre les
attentes identifiées et les savoir faire de l'entreprise, de calculer
les coûts des opportunités de différenciation et de veiller
à ce que la valeur crée soit effectivement perçue par le
client.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
Pour [Zarifian, 1996], le découpage par
activités permet quatre modes d'action sur les coûts :
- améliorer les performances en termes de
fiabilité, qualité, sécurité, ... permet de
réduire les coûts ; il s'agit ici de réinterroger
l'ingénierie de processus de fabrication,
- envisager les gains liés à une meilleure
coopération entre les activités
- modifier la nature des ressources utilisées
(investissement technique, programme de formation...),
- réduire les ressources, notamment les effectifs dans la
mesure où toutes les possibilités auront été
épuisées.
c) Sur le plan du pilotage stratégique
· La gestion par activités et processus constitue
un véritable outil de pilotage des processus réels de production
et de fonctionnement global de l'entreprise. Dans le sens où elle permet
d'analyser et de comprendre les niveaux de performance atteints. Qu'est-ce qui
engendre la performance si ce n'est la manière dont sont accomplies les
activités de l'entreprise (ce qui est fait, comment c'est fait...).
Ainsi, la différenciation des tâches productives et improductives
disparaît.
· Le subventionnement des produits très
consommateurs de ressources par des produits moins consommateurs devient
visible. Le risque de prendre des décisions stratégiques
erronées est ainsi réduit.
· Cette méthode permet d'évaluer
l'incidence sur les activités de telle ou telle décision relative
à un produit. Inversement, pour diminuer le prix de revient d'un
produit, il est possible d'agir sur une activité particulièrement
consommatrice de ressources. La méthode de gestion par activités
a en cela de pertinent sa capacité à isoler les activités
génératrices ou non de valeur pour le produit. De même, il
est possible de calculer le coût des processus mettant en évidence
les interactions indispensables entre les fonctions de l'entreprise.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
d) Sur le plan de l'implication des
opérationnels
· Partant du constat que ce qui fait la performance de
l'entreprise en définitive, c'est l'intelligence individuelle et
collective développée par les opérationnels en situation
de travail pour faire face aux aléas de la production, de l'organisation
du travail et ainsi atteindre les objectifs définis, [Zarifian,
1995] voit dans la gestion par activités la possibilité
pour les acteurs de terrain de définir et de contrôler
économiquement leurs propres actions.
Encore faut-il que ce contrôle économique local
exprime une réelle orientation stratégique globale de
l'entreprise. Ce qui, à notre sens, reste à démontrer.
Cette perception de la gestion par activités trouve un écho chez
[Lorino, 1997] qui identifie un risque pour la
pérennité de l'action si les opérationnels n'en retirent
rien en retour pour piloter leurs propres opérations, ils vont s'en
détourner. L'objectif est alors que les opérationnels
s'approprient la méthode.
· Il nous semble qu'une part importante de la pertinence
de la méthode réside dans la possibilité qui est offerte
aux acteurs de terrain de comprendre et de participer à la mise en
oeuvre des outils de pilotage qui en définitive détermineront
leur niveau de performance chiffré. Il s'agit pour eux de comprendre
l'analyse économique de leur métier Cette cohérence de la
gestion par activités et par processus est un gage ultérieur de
réactivité face aux évolutions conjoncturelles et à
l'amélioration continue.
II- Limites de la méthode
Bien qu'ayant beaucoup d'avantages, la méthode ABC,
comme toute méthode de gestion est loin d'être parfaite. Elle
présente des inconvénients liés surtout à la
difficulté de mise en place, du choix des inducteurs, de la
complexité du système d'information que cela requiert pour suivre
les inducteurs et les ressources nécessaires. Comme le disait C.
Godowski « Un tel système se heurte à un obstacle majeur
relatif à l'absence de capteurs nécessaires pour fournir le
niveau de détail requis pour représenter la variété
des activités et des objets de
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
coûts. Ce qui oblige à recourir à des
approximations qui posent le problème de la répartition des
charges sur la base de standards d'activités
contestables».16
1 - Sur le plan des principes
· Si le nombre d'activités est élevé,
cela complexifie la structure et augmente les risques d'erreurs.
· Selon [Lorino, 1991], « plus
le découpage est fin (nombre d'activités élevé,
nombre d'unités d'oeuvre élevé, identification des
produits fine...), plus l'analyse est censée être précise,
plus le modèle est complexe, lourd et coûteux.» Le
principal problème provient alors, du fait de sa précision, de la
maniabilité du modèle. La finesse des chiffres n'est pas toujours
pertinente. Ce sont les objectifs définis par l'entreprise qui vont
décider de la nécessité de disposer de données
quantifiées précises.
2 - Sur le plan méthodologique
· La difficulté principale et non des moindres,
généralement évoquée à l'égard de
cette méthode, est sa consommation importante de temps pour sa mise en
oeuvre. Parce qu'elle est très exigeante en termes de participation,
voire d'implication, des opérationnels de terrain. Et il est
nécessaire de passer du temps pour expliciter les tenants et
aboutissants de la méthode afin d'en assurer sa pérennisation. Il
s'agit là de l'inconvénient de l'avantage : la participation des
opérationnels représente un coût en temps important.
· D'une manière pragmatique, l'implantation de
cette méthode ajoute des frais importants : logiciels spéciaux,
équipements de recueil et de traitement des données, formation du
personnel, ....
Par ailleurs, l'idée qui prévaut est que
l'organisation par processus et activité prend le pas sur
l'organisation hiérarchique de l'entreprise par fonction. A une
16 Christophe Godowski : Apport de la
comptabilité par activité à la diversification du risque
globale bancaire. Centre d'Etudes des Techniques Financières et
d'Ingénierie - Faculté d'Economie Appliquée -
Université de Droit, d'Economie et des Sciences d'Aix-Marseille III.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
vision essentiellement orientée vers la planification
et le contrôle des coûts et des ressources allouées de
manière individuelle et découpée par fonction, on oppose
une approche qui traverse les fonctions existantes de l'entreprise, par les
processus collectifs mis en oeuvre, dans lesquels priment la performance et
l'atteinte d'objectifs prédéfinis [Lorino,
1991].
Aussi, il peut être préférable pour une
entreprise de tester cette méthode sur un site pilote, voire sur un seul
processus, avant de la généraliser à toutes les
unités. Car la gestion par activités et par processus permet de
bien cerner les causes des coûts mais ce serait se leurrer que de vouloir
définir avec précision des mesures de coûts.
En somme, la méthode ABC/ABM dans sa définition
même, apporte un éclairage sur sa contribution non seulement
á la gestion de l'entreprise mais aussi et surtout á l'atteinte
des objectifs de celle-ci. « La méthode ABC est une méthode
permettant d'analyser au travers des coûts consommés par les
activités la performance des processus transversaux, et la
contribution de chaque activité par objet de coûts. On entend par
objet de coûts ce que l'on veut analyser : le(s) client(s), les produits,
les services, les gammes, les unités de travail (business unit), les
marchés, ... On a donc une double approche :
1- l'approche analytique qui consiste à voir comment
les ressources (humaines, financières, matérielles,
intellectuelles, ...) sont consommées par les activités (actions
réalisées par plusieurs services d'une entreprise et faisant
partie intégrante d'un processus). Dans un deuxième temps, on
regarde quelles sont les activités qui sont consommées par chaque
produit, client, services, ... On obtient ainsi un prix de revient
détaillé par activité.
2- l'approche fonctionnelle qui consiste à
décomposer le métier en processus, et le processus en
activités. Le principe étant d'analyser la performance des
processus et de chaque activité, de constater les manquements ou les
failles et de
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
parfaire la fluidité des processus dans le but d'une
amélioration globale du fonctionnement de l'entreprise ».
Théoriquement, cette méthode a la
capacité d'être appliquée dans un environnement très
changeant et son application permet une bonne implication du personnel et une
forme de reconnaissance du travail effectué qui va dans le sens de
l'objectif managérial que revêt l'utilisation de ce genre
d'outil.
Finalement, cette partie théorique nous a permis
d'abord de rappeler les fondements théoriques de la méthode
ABC/ABM, ensuite d'essayer d'apporter une définition au concept de
performance á travers la littérature. Nous avons terminé
cette partie théorique par rappeler en premier lieu les liens qui
existaient entre le contrôle de gestion et la performance dans les
entreprises. Sur cette section nous avons insisté sur l'évolution
de ce rapport en mettant en évidence l'apport de l'ABC/ABM sur ce
changement de paradigme du contrôle de gestion.
En second lieu, on s'est attelé á
démonter comment á travers certains de ces apports la CPA
contribue á la performance de l'entreprise mais aussi de montrer les
liens qui existent entre cette méthode et la performance des
entreprises.
Enfin nous avons clôturé cette partie par
ressortir quelques pratiques de performances que permet l'ABC/ABM et leur
impact sur le pilotage de la performance des entreprises.
Cependant la contribution de la CPA á la performance
des entreprises ne peut pas être étudiée sans soulever
quelques limites de cette méthode et ceci est dû á la
complexité de la méthode elle-même.
Cette partie théorique terminée, nous allons
dans la partie empirique explorer ou découvrir comment la
comptabilité par activité, contribue ou pas á la
performance de quelques entreprises qui l'appliquent totalement ou bien
partiellement dans l'analyse de leurs coûts.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
« Tout travail de recherche repose sur une
certaine vision du monde, utilise une méthodologie, et propose des
résultats pouvant prédire, prescrire, comprendre ou expliquer la
réalité » [Thiétart et al, 2003]
Dans cette deuxième partie de notre étude, nous
montrerons d'abord au chapitre III la méthodologie que nous avons
emprunté pour notre recherche et enfin au chapitre IV, nous
présenterons les résultats et analyses issus de notre
enquête.
CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Les deux principales stratégies de recherche en
sciences de gestion sont l'approche par les variables dite méthode
hypothético-déductive et l'approche par les cas ou méthode
holistico-inductive. Un petit rappel des spécificités de chacune
de ces approches nous permettra de bien nous orienter vers celle que nous avons
choisie pour notre étude.
SECTION I : Méthode de recherche
Après une relative présentation des
méthodes hypothético-déductives et holistico-inductive,
nous procéderons á une justification du choix de notre
méthode de recherche.
I le choix de la méthode hybride ou comparaison
inter-sites17
Nous présenterons dans ce paragraphe en premier lieu les
stratégies de recherches en sciences sociales et en second lieu
justifier le chois de notre méthode de recherche.
1- les stratégies de recherches en sciences
sociales
Deux grandes orientations dominent la recherche en sciences de
gestion : la construction (méthode holistico-inductive) ou le test d'un
objet théorique.
17 Méthode combinant aussi bien la
méthode hypothético-déductive et holistico-inductive.
Cette méthode est aussi appelée méthode hybride.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Si le chercheur a une idée claire et précise de
ce qu'il cherche, sa recherche s'oriente vers la vérification
(méthodes hypothético-déductives). La plupart du temps,
cette stratégie vise à tester des hypothèses issues de
théories. Comme le chercheur se doit d'amasser un grand nombre de cas
afin d'appliquer les outils statistiques adéquats et d'aboutir à
des résultats significatifs, la connaissance concrète des cas ne
dépasse pas la définition et l'opérationnalisation des
variables.
En revanche, si le chercheur ignore une grande partie de sa
recherche, sa démarche est exploratoire, caractéristique de la
construction théorique [Thiétart et al, 2003].
La méthode qualitative cherche notamment à explorer un
phénomène en profondeur, à en comprendre la structure et
le rôle du contexte sur son fonctionnement [Hlady-Rispal 2002,
Miles et Huberman 2003].
2- Pourquoi la méthode hybride
Les méthodes et les théories ont une relation de
dépendance mutuelle [Langley, 1999]. Les choix
implicites ou explicites du chercheur ne sont jamais neutres. La vision du
monde ou le paradigme auquel souscrit le chercheur va orienter sa
démarche et va le guider dans son processus de sélection des
méthodes adéquates [Soumaya Ben Letaifa,
2006].
En amont du travail de recherche, il y a une conception de la
réalité, est-elle donnée ou construite ? Cette vision de
la réalité, conjuguée à l'objet de la recherche
(problématique), et à l'objectif de la recherche (construire ou
tester) vont déterminer la démarche (expérimentation,
ethnographie, théorie enracinée, etc.) et l'approche à
adopter (qualitative ou quantitative ou les deux ensemble). Ainsi, donc pour ce
qui nous concerne aussi bien l'approche déductive qu'inductive prise
individuellement ne satisfont pas á notre méthodologie de
recherche.
Ayant un échantillon très réduit de
population à étudier (quatre entreprises), ceci rend
l'approche déductive absolument impertinente pour ce travail, d'autant
plus
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
que nous n'avons ni l'intention, ni la prétention de
généraliser nos résultats. De plus, nous voulons dans ce
travail comprendre : comment la comptabilité par activité
contribue á la performance des entreprises qui l'utilisent? Donc nous ne
mesurons pas mais on cherche á comprendre.
Pour ce qui de l'approche inductive, á partir du moment
où nous avons une contrainte de taille et d'une importance capitale pour
ce type d'approche, á savoir l'observation
participante18 [Oumar AKTOUF, 1987] il nous sera
difficile de l'appliquer toute seule. D'ailleurs le fait d'étudier plus
d'un cas fait qu'il sera extrêmement difficile de faire des stages ou
d'assister aux réunions (observation participante) de toutes les
entreprises de notre échantillon. Ceci á cause non seulement du
temps qui nous est imparti mais aussi des moyens très limités
dont nous disposons pour effectuer ce travail de recherche.
La décision du nombre de cas découle de
l'équilibre entre les objectifs de la recherche, la saturation
théorique et la faisabilité en termes de durée. L'objectif
peut être de nature confirmatoire ou exploratoire: plus la recherche est
exploratoire, plus le nombre de cas nécessaire est réduit : ce
qui correspond á notre travail. Les deux approches donc pris
séparément ne nous permettent pas d'effectuer notre travail de
manière convenable ce qui explique le choix de l'approche hybride ou la
comparaison inter-site d'après [D'Amboise, 1996].
Nous allons donc faire une étude exploratoire portant sur
quatre cas.
Cette méthode hybride que nous allons utiliser aura
plus une orientation qualitative que quantitative du fait que nous ne voulons
ni vérifier, ni tester une théorie. Par contre, nous cherchons
á appréhender le lien qui existe entre la comptabilité par
activité et la performance des entreprises qui l'utilisent. C'est
pourquoi nous utiliserons plus l'observation, les entretiens, la documentation
mais aussi le questionnaire.
18 L'observateur participant partage la vie, les
activités et les sentiments des personnes, dans une relation de face
à face. Il est un élément normal (non forcé, non
simulé, non étranger à) dans la culture et dans la vie des
personnes observées. Omar Aktouf, Méthodologie des Sciences
sociales et approche...(1987) page ; 150
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Avant de passer au paragraphe suivant, il nous importe de
présenter brièvement la méthode hybride ou comparaison
inter-sites comme nous l'avons fait avec les autres approches.
En comparant les méthodes qualitatives et les
méthodes quantitatives, [Grawitz, 1993 : 321] pose une
question fondamentale : «Vaut-il mieux trouver des éléments
intéressants dont on n'est pas certain, ou être sûr que ce
que l'on trouve est vrai même si ce n'est pas intéressant ?
».
Répondre á cette question suppose faire un choix
ou bien trouver un compromis entre les deux approches [D'Amboise,
1996]. La méthode hybride est une combinaison des approches
quanti-quali. C'est une méthode qui prône une
complémentarité entre ces deux stratégies de recherches
afin que la validité des résultats s'en trouve renforcée.
Ce qui permet á [Yin, 1984] de dire «cette
approche qui est de plus en plus privilégiée par les chercheurs
des sciences sociales et de l'administration consiste à étudier
sur le terrain le phénomène d'intérêt, mais en
travaillant avec un nombre restreint de cas (ou sites) » ce qui correspond
á notre étude. Donc selon [Yin, 1984],
l'approche à cas multiples (ou comparaison inter-sites) est une forme
d'étude empirique portant sur un phénomène actuel pris
dans son contexte réel, où les frontières entre le
phénomène et son contexte sont floues et dans laquelle le
chercheur puise à plusieurs sources d'information.
Cette approche convient particulièrement bien lorsque
le chercheur se pose des questions impliquant un « comment » ou un
« pourquoi » plutôt qu'un « qui » ou un «
combien ».
Le choix des cas à étudier sera guidé par
certaines considérations (plan de recherche, cadre conceptuels...)
plutôt que par une logique d'échantillonnage statistique. C'est ce
que Yin appelle une logique de reproduction ou réplication pour d'autres
auteurs. D'ailleurs, la multiplication des études de cas permet de
mettre en oeuvre ce principe de réplication :
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Le développement de résultats
cohérents, au travers de cas multiples et même d'études
multiples, peut alors être considéré comme une conclusion
très robuste » [Yin, 1993 ;pp
34].
Par ailleurs, la comparaison inter-sites n'est pas sans
faiblesses. On lui reproche entre autres de générer des
théories trop complexes ou alors trop particulières au
phénomène et au contexte étudiés.
Nous pouvons finalement conclure que les démarches de
recherche en sciences sociales ont connu une profonde mutation.
Il les propositions et le modèle de
recherche
Dans le but de mieux orienter notre recherche et surtout pour
une meilleure exploitation de nos données, nous allons formuler des
propositions qui vont nous permettre de comprendre non seulement les objectifs
de la mise en place d'une comptabilité par activité mais aussi de
voir les leviers ou indicateurs sur lesquels s'appuient la CPA pour mener les
entreprises qui l'utilisent vers la performance souhaitée. Ainsi nous
avons quatre propositions.
1- Les propositions de notre étude
> Proposition 1 :
La Comptabilité Par Activités (C.P.A) ou ABC
permet aux entreprises une meilleure maîtrise de leurs coûts
(performance financière).
> Proposition 2 :
La méthode ABC\ABM permet aux entreprises de
répondre aux attentes de leurs clients (satisfaction du client en terme
de qualité du service et produit, délais de livraison,
prix...).
> Proposition 3 :
L'ABC\ABM permet á ces entreprises de mettre en place des
politiques d'innovations de leurs produits et services.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
> Proposition 4 :
La comptabilité par activité permet aux ressources
humaines de ces entreprises de s'impliquer plus dans leur fonctionnement.
Pour appréhender la contribution de la CPA à la
performance de ces entreprises, nous nous sommes basés sur un
récapitulatif des différents indicateurs du TBP de Kaplan et
Norton pris par Hélène Bergeron dans un de ses articles (voir
document n°4 en annexes). Les indicateurs de ce tableau de bord,
constituent pour nous une orientation dans le cadre de la recherche.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
2-La démarche de recherche
DEMARCHE DE RECHERCHE
Comment la comptabilité par activité ou
méthode ABC contribue à la performance des entreprises
sénégalaises qui l'utilisent ?
QUESTIONS SPECIFIQUES DE LA RECEHRCHE
> La méthode ABC\ABM a-t-elle permis á ces
entreprises de maîtriser leurs coûts et donc de contribuer á
leur performance financière?
> L'abc\abm a-t-elle contribuée á une plus
grande prise en compte des besoins de la clientèle ?
> La méthode ABC\ABM a-t-elle permis á ces
entreprises de mettre en place des politiques d'innovations ?
> L'abc\abm a-t-elle permis de mieux impliquer le personnel
de ces entreprises dans leur gestion ?
Méthode de recherche:
Logique qualitative
Echantillon : Etude de quatre (04)
entreprises Sénégalaises
Analyse de données :
Analyse de contenu utilisée.
METHOLOGIE DE RECHERCHE
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
SECTION II : les outils de travail utilisés
Dans cette section nous allons premièrement
présenter les étapes de la recherche et deuxièment aborder
les méthodes d'analyses des données.
I Les étapes de la recherche
Nous entrons ici dans ce que l'on appelle la phase de terrain
de la recherche. Cette phase est ainsi nommée car, à partir de
là, le chercheur quitte son bureau et met fin aux phases dites de
préparation, c'est-à-dire de réflexion et de
conceptualisation préliminaires. Dorénavant, il s'agit
d'exécuter le plan préparé, en commençant par
délimiter la nature, le nombre, les caractéristiques... des
objets ou individus qui seront soumis à l'observation (interview,
questionnaire, tests, mesures, essais ...) [Omar Aktouf,
1987].
1-L'échantillonnage
« On désigne par « population »
l'ensemble indifférencié des éléments parmi
lesquels seront choisis ceux sur qui s'effectueront les observations.».
[Aktouf. O., 1987, p.71].
La population mère de notre étude correspond aux
entreprises exerçant leurs activités sur le territoire
sénégalais (pouvant évoluer dans l'industrie, les
services, le BTP ou la distribution).
Dans ce paragraphe, nous allons procéder à une
description des différentes étapes qui nous ont permis d'aboutir
à des résultats qui seront ultérieurement
présentés.
D'abord comment avons-nous choisis notre échantillon ?
Notre échantillon a été choisi à partir de trois
sources que sont :
a) Processus d'échantillonnage
La reconduction de l'échantillon des mémoires de
deux collègues de la troisième promotion. Ces derniers
(Boniface BAMPOKY et Abdou DIATTA) ont mené des études sur des
entreprises de différents secteurs qui
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ont pour la plupart d'entre eux un système d'analyse
des coûts ou comptabilité analytique. C'est d'ailleurs, ce
critère qui nous a poussés á choisir leurs
échantillons comme notre base de départ. Ainsi pour le premier,
il a identifié quatre (04) entreprises ayant une comptabilité par
activités ou méthode ABC et sept (07) qui avaient un
système d'analyse des coûts. Pour le second, il a conclu dans son
étude qu'il y avait que quatre (04) entreprises disposant d'une
comptabilité analytique. Ce qui nous donne un échantillon de
départ de quinze (15) entreprises.
> Ensuite nous nous sommes déplacés non
seulement vers l'A.N.S.D19 mais aussi vers la chambre de commerce de
Dakar puis nous avons procédé à des recherches sur
internet pour y recueillir quelques entreprises et renforcer notre
échantillon. A l'issue de cette phase, nous avons pu enrichir notre
échantillon de trente (30) entreprises qui pour nous disposaient d'une
comptabilité analytique compte tenu de leurs chiffres d'affaires.
> Et enfin, nous avons clôturé notre
échantillonnage par les connaissances. C'est-à-dire qu'au fur et
à mesure que nous déposions nos questionnaires, nous en profitons
pour exposer notre travail à certains de nos collègues, parents,
amis...afin qu'ils nous mettent en relation avec soit un contrôleur de
gestion, un DAF, un chef comptable ou toutes autres personnes pouvant nous
aider dans notre recherche. Cette dernière étape a
clôturé notre échantillonnage en y ajoutant douze (12)
autres entreprises. Ce qui porte notre population à cinquante-sept (57)
entreprises à étudier. Cependant il est à préciser
que dans cette population de cinquante-sept (57) entreprises, seules
quarante-trois (43) ont finalement accepté de prendre part à
notre étude.
19 Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie
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b) Justification du choix des cas
étudiés
Notre recherche ne concernant que les entreprises qui
appliquent la méthode ABC, notre échantillon final n'est
composé que de quatre (04) entreprises sélectionnées parmi
les quarante trois (43) effectivement étudiées. Le choix de cette
sélection est basé sur les possibilités de recueillir le
maximum d'informations concernant notre sujet de recherche. Car comme le dit
[D'Amboise, 1996] : « ... le chercheur holistico-inductif, lui,
sélectionne les unités prioritairement en fonction de la richesse
de l'information qu'il s'attend d'y recueillir. Il se souciera également
que les unités choisies génèrent un maximum d'informations
et, surtout, qu'elles lui permettent de mettre au jour des faits
nouveaux». C'est ce qui explique le choix définitif des quatre (04)
entreprises retenues comme échantillon. En effet, il a été
possible dans ces structures, d'avoir en plus du questionnaire un ou deux
entretiens avec les personnes concernées par la recherche.
2-la démarche de collecte de
données
A mi-parcours de cette première étape, nous
avons enclenché la seconde, qui consistait à l'envoi ou
dépôt de questionnaires auprès des entreprises de
l'échantillon suivant leur localisation. Pour rappel, toutes les
entreprises de notre échantillon sont toutes dans le département
de Dakar et Pikine.
Cette seconde étape, est l'une des plus difficiles
compte tenu des moyens financiers qu'on a mobilisé pour le transport, le
téléphone, l'envoi par la poste, l'achat d'enveloppes, la
photocopie etc....Mais aussi du temps d'attente qu'il fallait, pour voir
accepter notre questionnaire sans compter des arguments concernant la
confidentionnalité des réponses de l'enquête.
Au coeur de cette étape, nous avons commencé
à récupérer certaines réponses car il faut signaler
que le dépôt de questionnaire (au mois d'avril et mi-mai 2008)
coïncidait avec la date buttoir pour les entreprises concernant leurs
dépôts d'états financiers auprès du Fisc. Cette
étape est aussi l'une des plus importante
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car avoir son questionnaire est une chose, une autre est de
pouvoir le déposer en est une autre, c'est-à-dire le faire
accepter par les concernés.
Nous avons pour administrer ce questionnaire aux entreprises
recouru à trois modes opératoires différents que sont :
n L'envoi par voie postale :
Il a concerné dans notre échantillon les
entreprises relativement éloignées pour lesquelles nous avons
jugé que l'envoi postal coûte moins chère que le
déplacement. Ce mode d'administration n'a malheureusement pas
donné de résultats puisque les entreprises (en l'occurrence les
personnes ciblées) semblaient se réfugier derrière le
prétexte facile qu'elles n'ont pas reçu de courrier.
n L'envoi par message électronique
Il n'a également pas donné les résultats
escomptés. En effet seules trois entreprises dans notre
échantillon ont réagi positivement à ce mode d'envoi en
répondant. Pour l'essentiel nos tentatives destinées à
obtenir l'assentiment des entreprises pour qu'elles acceptent de
répondre à notre questionnaire d'enquête via l'internet ont
été sans suite.
n Le déplacement vers les
enquêtés
En raison du nombre très faible de répondants
générés par les modes d'administrations postales et
électroniques, le déplacement vers les enquêtés a
été nécessaire pour convaincre les entreprises à
répondre à notre questionnaire d'enquête. Dans toutes les
entreprises qui ont accepté de prendre part à notre étude,
nous avons été contraints de laisser aux personnes cibles devant
répondre à notre questionnaire un battement d'au moins une
semaine entre le moment de dépôt du questionnaire et celui de la
récupération.
La dernière étape de ce processus est le retrait
puis la tenue d'un entretien d'environ une (1h) heure. Cet entretien avec soit
le contrôleur de gestion, soit le chef comptable ou bien le directeur
administratif et financier (D.A.F) des entreprises ayant accepté de
répondre au questionnaire mais aussi et surtout aux
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responsables ayant accepté l'entrevue. Ce qui a
caractérisé cette étape, c'est surtout la patience qu'on a
eu car dés fois il fallait attendre deux heures voir trois heures pour
pouvoir s'entretenir avec les personnes concernées.
Ce paragraphe est pour nous une façon de décrire
comment on a mené notre recherche du début jusqu'à
l'acquisition des données ou résultats. Dans la partie qui va
suivre, nous allons nous efforcer de présenter les différentes
méthodes ou instruments de collecte et d'analyse des données que
nous avons employées dans cette recherche.
Il L'analyse et le traitement des
données
Pour ce qui est de ce paragraphe, nous allons
premièrement voir les différente outils de collectes de
données et deuxièment présenter les instruments de
traitement de ces donnés.
1-Instruments de collecte de données
utilisés
« On appelle instrument de recherche le support,
l'intermédiaire particulier dont va se servir le chercheur pour
recueillir les données qu'il doit soumettre à l'analyse »
[Aktouf, 1987].
Les deux instruments de collecte de données les plus
répandus dans le domaine de la gestion d'entreprise sont l'entrevue et
le questionnaire. Les chercheurs font aussi appel à l'observation
documentaire [D'Amboise, 1996]. C'est ainsi que nous avons
choisi ces dernières pour recueillir les données de notre
recherche sur le terrain.
a) le Questionnaire
Le questionnaire est un document écrit contenant des
questions auxquelles les sujets répondent eux-mêmes. Les questions
peuvent être soit ouvertes, fermées.... Habituellement, un
questionnaire comprend les deux types de question, selon bien sûr le
genre d'information recherché (voir questionnaire en annexe n°).
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A la différence de l'entretien, le questionnaire permet
d'avoir une information plus réduite sur un domaine plus précis
et avec des réponses précises par rapport aux
préoccupations de l'étude qui est menée. Il permet donc
une exploitation plus rapide. L'inconvénient avec cet outil est qu'il ne
permet pas d'avoir des éléments nouveaux si toutefois il y en a
par rapport au phénomène étudié20.
En outre, nous avons utilisé un seul type de question
à savoir l'échelle de Likert qui est très pratique pour
recueillir des opinions. Ce type de question permet de retranscrire
quantitativement des données qualitatives. Dans notre questionnaire
(voir annexe) nous avons travaillé avec une échelle de Likert
à cinq niveaux21 permettant de recueillir l'avis des
répondants par rapport à un certains nombre de propositions.
Cependant, malgré ses avantages, l'inconvénient
principal avec l'échelle de Likert est qu'elle enferme le
répondant dans une norme de réponse. A cela s'ajoute, la
difficulté à choisir le nombre idéal d'échelons.
b) L'entrevue
Dans notre travail nous avons recouru à l'entrevue en
personne pour pallier les limites du questionnaire. En effet, ce dernier ne
permet pas un retour en arrière si l'étape d'administration est
engagée. Cette méthode de collecte des données
présente plusieurs avantages par rapport au questionnaire :
- temps de réponse court car les réponses sont
spontanées et disponibles á l'instant contrairement au
questionnaire.
- anonymat des sujets préservé : Comme les
sujets n'ont habituellement pas à s'identifier sur la
feuille-réponse, leur anonymat est préservé, ce qui leur
permet de répondre en toute franchise.
- clarté des questions : Le chercheur étant sur
place pendant que les sujets répondent au questionnaire. Il peut leur
fournir des explications ou
20 Mémoire DEA de Ibrahima Dally DIOUF juin
2005
21 Avec les réponses suivantes : «Tout
à fait d'accord », « d'accord », « ni d'accord, ni
en désaccord », « pas d'accord» et « pas du tout
d'accord »
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éclaircissements relativement aux questions. Cela
assure jusqu'à un certain point que les sujets interprètent les
questions de la même manière, d'où une plus grande
validité des réponses.
Pratiquement, toutes les entreprises que nous avons
échantillonnées nous ont accordé, un entretien d'au moins
une heure. Cela nous a permis de disposer d'informations enrichies et une
meilleure compréhension des données que nous avons
collectées par questionnaire.
Les interviews que nous avons réalisées
auprès des responsables de la comptabilité analytique
(contrôleurs de gestion, chef comptable, DAF) se sont
déroulées sur la base d'un guide d'entretien semi
structuré comportant quatre parties reprenant les différents
niveaux du questionnaire (voir annexe). Ces entretiens ouverts semi directifs
en face à face, ont privilégié la
spontanéité en essayant d'orienter le moins possible le
discours.
Ce procédé nous a notamment permis de confronter
les réponses des enquêtés obtenues par questionnaire et
celles obtenues via l'entrevue. Cela dans le but de s'assurer de la
fiabilité des réponses recueillies comme l'ont
suggéré les auteurs tels que [Yin 1984, Eisenhardt, 1989
et Gummesson, 1991]. D'ailleurs, durant ces entretiens, nous avons
essayé de suivre une progression des questions selon la technique dite
de « l'entonnoir ». Elle consiste à commencer l'entretien en
posant des questions générales sur l'entreprise (statut
juridique, secteur d'activité, gamme de produit et services...) puis de
centrer progressivement l'entretien sur les questions de fonds donc plus
difficiles (comment l' abc a contribué à leur performance selon
les quatre dimensions du TBP...) et enfin, on termine l'interrogation par des
questions sommatives sur l'impact de la méthode ABC sur leur
performance.
Cependant, ce mode de collecte de données même
s'il donne une information directe sur le phénomène ou l'objet
étudié présente comme inconvénient : le fait que
l'information soit limitée à ce que les acteurs peuvent dire du
phénomène étudié ou leur faible
disponibilité. Par ailleurs, l'entrevue par sa nature ou sa
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composition (à savoir l'existence de questions
ouvertes), coûte du temps et au chercheur et à l'
enquêté. Dans notre enquête, nous avons travaillé
avec un guide d'entretien semi structuré élaboré à
partir de la littérature et contenant des questions de notre recherche.
Il comporte (voir questionnaire en annexe) trois parties distinctes.
d) L'observation documentaire
On entend par le terme observation documentaire la
consultation de documents à partir desquels on extrait des informations
factuelles, que ce soit des statistiques, des résultats financiers ou
des déclarations.[D'Amboise, 1996]
Ce type de recueil de données a été
possible dans notre étude que dans une seule entreprise, où nous
avons, en plus d'un document complet sur leur système d'analyse des
coûts, disposer de rapports sur leurs états financiers. Mais aussi
d'un article d'un journal de la place concernant les performances de cette
même structure. Nous avons aussi pu disposer concernant deux autres
entreprises de documents concernant leur analyse des coûts.
2- Analyse et traitement des données
La plupart des informations que nous avons obtenues sont de
nature qualitative (mots, notes de terrains, des retranscriptions d'entrevues,
etc.). Ce qui justifie le choix de l'analyse de contenu comme méthode
d'analyse de nos données. L'analyse de contenu est une « technique
de recherche pour la description objective, systématique et quantitative
du contenu manifeste des communications ayant pour but de les
interpréter » [Pinto et Grawitz, 1969]. Cette
définition met en évidence trois qualités
intrinsèques à l'analyse à savoir : l'objectivité,
la systématisation et l'aspect quantitatif.
· L'objectivité signifie que si plusieurs
analystes travaillent sur un même contenu, et qu'ils soient d'accord sur
les aspects à analyser,
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les catégories à utiliser et la définition
de chacune d'elles, ils devront aboutir à des conclusions identiques.
· La systématisation renvoie au fait que tout le
contenu de l'information obtenue doit être intégré et
ordonné dans les différentes catégories en fonction du but
poursuivi.
· L'aspect quantitatif procède le plus souvent
d'un dénombrement des éléments, d'un calcul de
fréquence etc. Cependant, cette mesure n'est pas indispensable car
certaines analyses de types qualitatifs recherchent plus les thèmes qui
sont abordés comme le dit Grawitz « l'analyse de contenu s'oriente
vers la formalisation des relations entre thèmes permettant de traduire
la structure du texte »22
Notre analyse de données se fera en deux phases. Une
première phase où seront présentés les
systèmes de calcul de coûts retrouvés dans ces entreprises.
Dans cette phase, on est parti des réponses recueillies du questionnaire
et des éléments de l'entretien pour décrire le
système d'analyse des coûts mise en place.
La seconde phase va consister à restituer les leviers sur
lesquels la CPA s'appui pour contribuer à la performance des entreprises
qui l'appliquent.
Ainsi, nous procéderons á une analyse verticale
dans le cadre de la restitution et l'analyse des résultats de notre
travail.
Au final, ce chapitre nous a permis d'abord, de
répondre explicitement aux questions épistémologiques que
soulève notre recherche. Ensuite, de présenter la démarche
de génération de connaissance qu'on souhaite emprunter et enfin
de décrire les critères qui nous permettront d'évaluer la
connaissance dégagée.
Nous pensons donc que le débat dichotomique dont
l'objectif est d'opposer les paradigmes, les démarches et les approches,
est désormais impertinent, car il y a de sérieuses
opportunités en recherche à se doter de
22 Grawitz Madeleine. Ibid., p.697
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ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
plusieurs perspectives qui se complètent plus qu'elles
ne s'excluent pour essayer de comprendre non pas le 15% mais le 90% de
l'iceberg d'après la métaphore de l'iceberg de [Bengt
Mellberg et Gummesson, 1991 ; P31]23.
23 Gummesson (1991, P32) utilise la
métaphore de l'iceberg pour illustrer le fait que se contenter d'une
approche particulière ou de techniques précises, en rejetant les
autres perspectives alternatives, peut nuire au processus de recherche et aux
objectifs de découverte.
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ENTREPRISES
CHAPITRE IV : L'INFLUENCE DE LA METHODE ABC/ABM A
LA PERFORMANCE DE QUATRE ENTREPRISES
Ce dernier chapitre de notre étude sera l'occasion
pour nous de restituer les résultats et analyses de notre recherche.
Ainsi, dans une première section nous allons présenter les
résultats des trois premières entreprises ayant comme
caractéristique commune de se trouver á la première phase
de la mise en place de l'ABC/ABM.
Dans la seconde section, les données concernant la
quatrième entreprise seront présentées. Avec aussi les
limites et les apports de l'études qui clôtureront cette
partie.
Cette présentation avec des répétitions
s'explique par le fait que pour chaque entreprise de l'échantillon, la
présentation est standard (c'est á dire on décrit d'abord
son système d'analyse des coûts puis on analyse ses apports
á la performance de l'entreprise) donc ne change pas. Certes les trois
premières entreprises sont au même niveau d'application de
l'ABC/ABM.
Cependant chacune d'entre elles la combine avec une autre
méthode. C'est pourquoi vouloir synthétiser ou regrouper les
présentations n'aurait pas de sens parce que ces entreprises ont des
systèmes d'analyses des coûts différents, mais aussi
évoluent dans des activités opposées.
SECTION I : Restitution des résultats pour les trois
premières entreprises (SDV, HÔTEL ET BTP)
Dans ce paragraphe, seront présentés le
système d'analyse des coûts des trois entreprises mais aussi leurs
apports á la performance de ces dernières.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
I Système d "analyse des coûts et
performance : cas de la SDV
Les analyses qui vont être faites á ce niveau ne
concernent qu'une entreprise en l'occurrence la SDV. Cette entreprise est
spécialisée dans la logistique, la manutention, le transit,
l'entreposage, le transport, le courrier, l'exploitation d'une agence de voyage
etc...
1- Le système d'analyse des
coûts
La SDV utilise la méthode des coûts standards
pour l'analyse des coûts et pour la détermination des
résultats. Cette réponse a été donnée par le
contrôleur de gestion de la dite entreprise á travers
l'enquête par questionnaire. Cette méthode leur permet de partir
du budget annuel prévisionnel pour déterminer mensuellement les
écarts entre les prévisions et les réalisations.
Au-delà de l'enquête par questionnaire,
l'entretien qu'on a eu avec le sous directeur comptable a permis de
découvrir que l'entreprise pratique l'ABC. Ceci démontre les
limites de l'enquête par questionnaire et les avantages de la combinaison
de plusieurs outils de collecte d'information dans une recherche comme l'a
souligner [D'Amboise, 1996] « le chercheur
holistico-inductif utilisera dans la mesure du possible «... plusieurs
instruments de collecte de données pour documenter un même
phénomène... ».
Cette pratique de la CPA par la SDV peut être
considérée comme partielle. En effet, au sein de cette entreprise
on ne retrouve pas toutes les dimensions de l'ABC telle que
présentée dans la littérature par ses promoteurs.
D'ailleurs, cette utilisation partielle de la méthode est une
spécificité propre á l'entreprise compte tenu de sa
structuration en différentes activités24 (manutention,
transit, logistique, entreposage, stockage, agence de voyage, courrier express,
consignation). Soulignons que même si c'est une spécificité
de l'entreprise, la pratique partielle de l'ABC répond á la mise
en place normale de la méthode « l'implantation de la
comptabilité par activités se divise en trois stades :
24 Activité : c'est ce que l'entreprise fait
d'après Lorino
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
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ENTREPRISES
l'analyse des activités, l'analyse des inducteurs
de coûts et la comptabilité par activités. L'analyse des
activités est essentielle à la réalisation des deux stades
subséquents de la comptabilité par activités. Il faut
évidemment connaître les activités pour pouvoir leur
attribuer des coûts ». Cette organisation de l'entreprise
constitue la première étape de la mise en place de l'ABC. En
effet, tel que l'a souligné [J.A.Brimson, 1991]
cité par [M. Gosselin, 2000]25
« L'analyse des activités est la première étape dans
le processus de mise en oeuvre de la comptabilité par activités
».
« Dans le cadre de la mise en oeuvre d'un
système de comptabilité par activités, l'analyse des
activités est nécessaire afin de repérer les
activités du processus de fabrication des produits ou de prestation des
services. Au cours de cette analyse, l'organisation peut identifier des
activités qui ne contribuent pas, de la meilleure façon, à
la création de valeur et peut décider de les modifier ou de les
éliminer. L'analyse des activités insiste surtout sur les
activités elles- mêmes et non sur leurs coûts »
[Gosselin, 2000].
Par ailleurs, cette mise en place partielle de la CPA au sein
de l'entreprise a été mise en en évidence par plusieurs
auteurs tels que Gosselin.... D'ailleurs « Rares sont les organisations
qui peuvent se conformer au modèle canonique26 »
[M.Gosselin, P.Mevellec, 2003].
Après avoir présenté le système
d'analyse des coûts et de détermination des résultats, nous
allons comme annoncé en introduction nous atteler à montrer
comment la CPA a contribué à la performance de la SDV.
2- Apport de la méthode ABC â la
performance de l'entreprise
SDV/Sénégal, compte tenu du secteur
d'activité (à savoir la prestation de service) dans lequel
elle évolue pratique une comptabilité par activité
partielle depuis plusieurs années. L'organisation de l'entreprise
selon plusieurs activités
25 Finance Contrôle Stratégie -
Volume 3, N° 4, décembre 2000, p. 37 - 56.
26 Modèle canonique = les activités
consomment les ressources et les produits consomment les activités
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
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ENTREPRISES
ou centre de coûts permet aux dirigeants d'avoir une
vue détaillée sur le niveau de consommation des ressources de
chaque activité donc du fonctionnement de la société.
Comme l'ont souligné les auteurs [Herterich P.A ; Marouani L. ;
Tual L, 2002]. «L'analyse de l'entreprise comme un système
structuré en activités permettrait d'identifier les niveaux de
décision où une action peut être conduite... Ainsi, la
méthode ABC/ABM et, plus particulièrement, la notion
d'activité permettrait de rapprocher les « principes » de
calcul des coûts des «principes de management ». L'abandon de
l'activité manutention suite á l'arrivée d'un concurrent
sur ce secteur prend en compte cette dimension ABM de l'utilisation partielle
de la CPA par l'entreprise. D'ailleurs, cette dimension management leur a
permis de quitter cette activité au profit d'une autre (entreposage et
stockage) jugée plus rentable compte tenu de la demande exprimée
par le marché.
Les quelques pratiques de la CPA leur permettent non
seulement de maîtriser les coûts de l'activité mais aussi de
pouvoir prendre des décisions stratégiques. Grâce à
la CPA, l'entreprise a gagné en efficience dans l'affectation de ces
ressources aux activités et en rentabilité dans l'utilisation de
ces actifs de par la combinaison avec la méthode des coûts
standards. En effet, cette combinaison de la CPA avec la méthode des
coûts standards facilite aux dirigeants l'analyse des origines de la
performance et contre performance. Ceci, á travers la structuration de
l'entreprise en activités permettant de déceler d'une part pour
chaque activité les écarts globaux favorables et
défavorables, d'autres part de cibler l'origine exacte de la provenance
de l'écart dans l'activité. Exemple, pour un écart
défavorable de l'activité manutention, cet écart pourrait
provenir d'une hausse du prix du carburant ou d'un achat d'une grue pour
remplacement.
Cette méthode permet á l'entreprise de disposer
d'une appréciation fiable (selon le sous-directeur comptable) de la
rentabilité de chaque activité du fait de la pertinence de
l'information fournie sur les coûts par la CPA. Car la constitution d'un
avantage concurrentiel passe par l'évaluation des coûts en liaison
avec
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
chacune des activités de l'entreprise
[O.Villarmois et H.Tondeur, 96-97]. Elle est aussi á la
base de la sous-traitance de certaines activités jugées non
rentables. L'activité transport dans certaines situations constitue un
exemple illustrant. Ainsi, au lieu d'acheter un véhicule, d'engager un
chauffeur et de payer tous les frais inhérents au fonctionnement de ce
véhicule (carburant, réparation...), auxquelles charges
s'ajouteraient les frais d'embouteillages ; la CPA permet à l'entreprise
de sous-traiter cette activité en payant un transporteur qui supportera
tous ces coûts. Ce qui est confirmé par les promoteurs de la
méthode qui considèrent que l'ABC permet dans sa dimension ABM
des « arbitrages entre faire et faire-faire » [Herterich P.A
; Marouani L. ; Tual L, 2002].
Outre cet aspect, l'ABC au regard de la littérature
constituerait un outil pour la sélection des produits et segments de
clientèles les plus rentables... D'ailleurs, c'est ce que l'on retrouve
á la SDV où il n'y a pas certes un lien direct avec la
satisfaction de la clientèle tel que souligné dans la
littérature. Cependant, l'ABC partiel assure á l'entreprise une
segmentation fine de la clientèle selon les activités et surtout
la mesure de la rentabilité de chaque client.
SDV n'utilise pas de ratios pour apprécier leur
performance de manière globale. Par contre, puisqu'elle est
spécialisée dans les prestations de services, elle accorde une
importance capitale aux délais clients (vitesse d'encaissement) et
fournisseurs.
Concernant la gestion du personnel, le découpage de
l'entreprise en activités, aide á responsabiliser les
travailleurs selon la branche dans laquelle ils sont. Ainsi, pour chaque
activité, les responsables concernés sont évalués
mensuellement par rapport aux résultats de leurs activités. Cette
évaluation tient compte des objectifs fixés aussi bien du niveau
d'activités précédente mais aussi de l'analyse du
marché en fonction du jeu concurrentiel et des attentes des clients.
Sous ce rapport l'ABC pratiqué par l'entreprise prend en compte la
dimension coûts cibles. En effet, d'après [O.Villarmois et
H.Tondeur, 1997],
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
la CPA ne peut être mise en oeuvre que dans le contexte
d'une évaluation des coûts au travers des coûts cibles.
Cette responsabilisation du personnel, en permettant la prise en compte des
remarques, suggestions et prise de position de ces derniers, favorise un
management participatif. C'est que chaque membre de l'organisation participe
á la réalisation des objectifs de l'entreprise. En effet, pour
l'école du « management participatif » le terme participatif
ne renvoie pas à l'autogestion ou au consensus, mais vise simplement
à signifier que chacun participe à la production des
résultats de l'unité et de l'entreprise.
Globalement, l'utilisation de la CPA a permis
d'améliorer la performance financière de l'entreprise
d'après le sous-directeur comptable. Cette amélioration est plus
portée par une meilleure :
- maîtrise des coûts,
- utilisation des actifs de l'entreprise
Et une plus grande implication du personnel dans la gestion de
l'entreprise.
Il Système d" analyse des coûts et
performance : cas de deux entreprises (Hôtel et BTP)
Cette partie regroupe, l'analyse des résultats de deux
entreprises séparément. Nous commencerons comme pour la
présentation précédente par la méthode
utilisée pour la gestion des coûts pour conclure par son impact
sur la performance de ces entreprises.
1- Le système d'analyse des
coûts
L'existence de la CPA au niveau des deux entreprises
évoluant respectivement dans le BTP27 et l'hôtellerie
que nous avons enquêtées se trouve á la première
phase de la mise en place de la méthode ABC : celle de l'analyse des
activités. Ce qui est en conformité avec les trois étapes
de mise en oeuvre de la comptabilité par activité décrit
par Gosselin.
27 Bâtiment Travaux Public
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
«...l'implantation de la comptabilité par
activités se divise en trois stades : l'analyse des activités,
l'analyse des inducteurs de coûts et la comptabilité par
activités... » [Gosselin, 2000].
Pour ce qui concerne la description des systèmes
d'analyse des coûts de ces deux entreprises, nous allons dans un premier
temps procéder á la présentation de la cartographie des
activités de chaque entreprise. Ensuite nous, aborderons les apports de
l'analyse des activités sur la performance de ces entreprises.
a) Cas de l'entreprise
hôtelière
Cette entreprise utilise la méthode du direct costing
pour l'analyse de ces coûts. Cependant, l'entretien que nous avons eu
avec le chef comptable nous a permis de détecter quelques pratiques de
la CPA. Ces pratiques on les retrouve au niveau de la structuration de
l'entreprise en différentes activités mais aussi au sein du
logiciel (hotix) qu'ils utilisent.
En effet, la société est structurée en
deux activités principales (hébergement et restauration) et une
activité annexe (piscine, jeux...). Sa structuration en activité
lui permet la conversion de certaines charges indirectes en directes. Ceci est
d'ailleurs confirmé par les propos de [Christian CAOUDAL, 2002]
: avec la C.P.A «... les coûts indirects et directs
n'existent quasiment plus car toutes les charges de l'entreprise sont
affectées directement à des activités ...» et de ceux
de [HERTERICH Pierre Alexandre ; MAROUANI Laetitia et TUAL Lucie, 2002]
« ...avec la méthode ABC, beaucoup de charges
considérées comme indirectes par rapport aux produits deviennent
directes par rapport aux activités ...»
Cependant, dans le cadre de cette entreprise
hôtelière, l'essentielle des charges indirectes sont
centralisées dans un centre coûts appelé « Energie
». Ce dernier regroupe l'ensemble des frais généraux (eau,
électricité, entretien...). Ces frais ne font pas l'objet d'une
affectation rigoureuse (via inducteurs) vers les activités principales
créatrices de valeur. Ce qui est d'ailleurs logique et
compréhensible
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
puisque l'entreprise n'a pas encore franchi la deuxième
étape de la mise en place de la C.P.A : celle de l'analyse des
inducteurs.
b) Cas de l'entreprise de BTP
Cette entreprise utilise la méthode des coûts
standards pour analyser ces résultats. A partir d'un budget
prévisionnel très détaillé et très
précis, l'entreprise a des informations pour chaque activité et
tâche sur les ressources qui seront consommées le tout
répertorié dans un devis. Par ailleurs, comme pour la
première, c'est lors de l'enquête qualitative que nous avons
retrouvé les pratiques partielles du système ABC par la
société. Ces pratiques, on les retrouve surtout au niveau de
leurs fiches de chantier ou devis (voir annexe n°...). Sur ces fiches,
l'entreprise mentionne d'abord l'ensemble des processus d'exécution du
chantier (terrassement,...). A l'intérieur de ces processus, figure la
totalité des activités composées de tâches
élémentaires. Dés cet instant, certaines charges qui
étaient indirectes deviennent directes par rapport aux activités
et tâches. C'est ainsi que les ressources dans leur grandes
majorités sont affectées directement aux activités
concernées. Ce travail est facilité par le logiciel qu'ils
utilisent á savoir le MS PROJET.
Cependant, les frais généraux
(d'administration, eau, électricité, téléphone...)
sont évalués et facturés aux clients. C'est á dire
qu'ils sont inclus dans le coût du chantier. Ils utilisent des
clés de répartition pour affecter certaines charges communes
telles que la rémunération d'un ingénieur présent
sur plusieurs chantiers. Le coût salarial de ce dernier est
réparti selon le nombre d'heures passés sur chaque chantier.
C'est le même cas pour les gros engins employés sur plusieurs
chantiers. En effet, les frais afférent á ces derniers
(entretien, réparation,...) sont affectés aux différents
chantiers á l'aide de clés déterminées par les
techniciens de BTP.
Dans ces entreprises contrairement á d'autres, ce sont
les techniciens qui déterminent les clés de répartition
pour les mettre á la disposition du contrôleur
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
de gestion. C'est pourquoi ce sont les capteurs ou pointeurs
qui imputent chaque ressources consommées á un poste et font
remonter ces informations aux comptables affectés sur les
différents chantiers. Ces derniers se chargent de les transférer
aux contrôleurs de gestion. C'est d'ailleurs, ces caractéristiques
qui font la spécificité des entreprises de BTP. Puisque le
travail du contrôleur de gestion dépend fortement des techniciens
ingénieurs. D'ailleurs, il est logé dans le département
d'exploitation de l'entreprise dirigé par un ingénieur.
2- les Apports de la Comptabilité par
Activité â la performance de ces entreprises
a) Cas de l'entreprise
hôtelière
Au-delà de ce que procure la CPA du simple fait que
l'entreprise s'arrête á la première étape de sa mise
en oeuvre telle que décrit au niveau de SDV, la méthode ABC
facilite l'analyse des performances de chaque activité
(hébergement, restauration et activités annexes telle que
blanchissage, transport, piscine, boutique...) par rapport á un ratio :
marge opérationnelle globale (M.O.G). La structuration en
activité, permet d'apprécier la contribution de chaque
activité principale á l'atteinte de cette M.O.G.
Exemple dans la restauration nous avons pour la nourriture un
ratio28 de 37% et 25% pour la boisson. Ces ratios constituent des
indicateurs de performance.
« ...la décomposition en activités
élémentaires du fonctionnement de l'entreprise facilite le suivi
des processus. Elle permet d'intervenir, si besoin est, sur les délais.
Elle apporte, à une démarche «qualité », la
capacité de mesurer les dysfonctionnements. Elle facilite les
interventions que réclament flexibilité et
réactivité... » [Richard Milkoff,
1996].
La détermination de cette M.O.G se fait á partir
d'une étude de marché. Ce ratio étant le rapport entre
la marge (chiffre d'affaires - charges directes de l'activité) et le
chiffre d'affaires. Le calcul de ce ratio est facilité par la CPA
grâce á la
28 Ces ratios peuvent évoluer d'un hôtel
á un autre même si d'après notre enquête, ils
tournent autour de 35% á 40% pour la nourriture et 25% pour la
boisson
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
conversion de certaines charges indirectes en directes mais
aussi de l'affectation précise de la consommation de ressources de
chaque activité donc d'éviter les effets de subventionnements
entre activité.
b) Cas de l'entreprise de BTP
L'apport de la CPA dans cette entreprise se trouve á
plusieurs niveaux.
D'abord, l'utilisation partielle de la comptabilité
par activité au sein de cette société permet le respect
des normes prévues en termes de consommation de ressources
(coûts), de respect des délais de livraison des chantiers et de la
qualité travaux. Ceci est surtout rendu possible grâce á la
combinaison de l'ABC avec le coût standard á travers l'analyse
très détaillée des foisonnements ou écarts sur
chaque tâche et activité.
· Concernant la maîtrise des coûts, cette
dernière contribue á mieux économiser la consommation de
ressources pour chaque tâche á partir de l'affectation très
fine des charges enclenchées par les différentes activités
élémentaires donc d'être efficient. Aussi, d'après
le contrôleur de gestion « le système d'analyse (ABC) des
coûts participe á la redéfinition et á
l'actualisation permanente des prix (étude des prix) facturés aux
clients afin d'être compétitif sur le marché ».
L'efficience et la compétitivité que leur procure le
système á travers l'ABC, améliore les parts de
marché et la valeur de l'entreprise á partir des appels d'offres
qu'elle gagne. Car la meilleure manière d'élargir ses marges dans
le BTP, c'est la maîtrise des coûts. Par ce que les appels d'offres
se gagnent ou se perdent á quelques différences prés sur
les coûts ou prix proposés par les différents acteurs.
· Pour ce qui est du respect des délais
d'exécution, il constitue un processus dans la gestion ou maîtrise
des coûts. En effet, les tâches et les activités
étant callées prévues (dictionnaire des tâches), le
non respect de leurs durées d'exécution implique ce que l'on
appelle les avenants (tâches supplémentaires) donc des coûts
supplémentaires. L'apport essentiel de la
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
CPA á ce niveau est de fournir une vue très
détaillée sur les ressources qui seront consommées par
chaque activité ou tâche élémentaire et leurs
durées d'exécution.
· S'agissant de la qualité des travaux, l'ABC
leur facilite la détection des anomalies dans l'exécution des
différentes tâches et activités.
Exemple donné par le contrôleur de gestion :
Pour l'activité sous-sol (voir document n°9 en
annexes), la CPA permet de savoir si c'est la tâche remblais en sable,
d'apport de dune, fouilles en grande masse par excavation ou encore
béton pour poutres et ses sous tâches (Coffrage pour dito et
Armature pour dito) qui ne répondent pas aux normes de qualité
définies par le bureau de contrôle engagé par le client. En
cas de non satisfaction du client par rapport au travail fait, ce dernier peut
réclamer un travail de qualité impliquant pour l'entreprise des
coûts supplémentaires. Ce qui peut avoir des conséquences
sur la rentabilité de l'entreprise par rapport á cette
tâche ou activité bien précise d'abord mais aussi sur le
chantier dans son ensemble. Car dans le BTP et d'après le
contrôleur de gestion les activités sont les produits de
l'entreprise. Ce qui fait que le coût global du chantier est égale
á la somme des tâches qui correspondent au coût d'une
activité et ensuite la somme des coûts de chaque activité
qui représente celui du chantier.
n n
CA=E CTi CGC = E CAi
i = 1 i = 1
|
CA = Coût d'une activité ; CTi = Coût d'une
tâche élémentaire ; CGC = Coût global d'un
chantier
Pour ce qui concerne le management (ABM), on le retrouve
surtout au niveau de la sous-traitance de certaines tâches. Dans ce
cas, l'entreprise paye un forfait au sous-traitant en lui livrant par contre
ses matériels et matériaux. Ce qui fait que
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
la sous-traitance concerne plus la main d'oeuvre. En atteste cet
exemple du contrôleur de gestion :
Exemple le cas de la peinture des bâtiments :
l'entreprise les sous-traite á des entreprises mieux calées en la
matière. Car si elle le fait, elle va devoir recruter du personnel
(salaire, ipres29s, ipm30, fiscalité) ce qui
risque de rendre cette tâche coûteuse et non rentable. Cette
décision de sous-traitance est rendu possible á partir des
informations que leur procure l'analyse des activités en leur
fournissant le détail sur le coût de chaque tâche.
Cette sous-traitance peut être due á plusieurs
causes : á savoir un manque de compétences humaines ou
matériel (exemple construction tunnel soumbédioune)31
ou encore á la faiblesse du montant du marché.
Globalement, la performance de cette entreprise s'explique
essentiellement par son système d'analyse des coûts très
performant. Ce système repose particulièrement sur la
fiabilité, le détail, la vision globale que procure la
méthode ABC concernant les différentes activités et
tâches des chantiers. Et pourtant, l'entreprise n'est qu'a la
première phase de son utilisation : celle de la structuration en
activité. D'où la légitimité de cette question de
Gosselin : «... même inachevé, le modèle ABC n'est-il
pas un succès ? ».
Au vue de ce que nous avons retrouvé au sein des ces
trois entreprises se trouvant á la même étape de
l'utilisation de l'ABC, la réponse á cette question ne peut
être qu'affirmative.
Néanmoins, le secteur d'activité influence les
apports de la CPA sur les performances des différentes entreprises
étudiées. Exemple, nous avons remarqué que les apports de
la méthode ABC dans sa dimension analyse des activités sont
beaucoup plus visibles dans l'entreprise de BTP par rapport aux deux
entreprises de logistique et d'hôtellerie.
29 Institution de Prévoyance Retraite du
Sénégal
30 Institution de prévoyance Maladie
31 Travaux corniche Dakar, ANOCI
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
3- Validation des propositions de recherche
Tous ces détails concernant aussi bien le
système d'analyse des coûts et leur apport á la performance
des trois entreprises (SDV, hôtellerie et BTP) valident certaines de nos
propositions. Ainsi, pour ces trois entreprises, la méthode ABC leur
permet surtout une meilleure maîtrise des coûts. Ce qui confirme
notre proposition (P1). En outre, on retrouve dans deux de ces
entreprises (SDV et BTP), qu'à travers le système d'analyse des
coûts une plus grande implication du personnel d'ou la validation de
notre proposition (P4). Par ailleurs, pour ce qui concerne
notre proposition relative á la satisfaction de la clientèle
(P2), nous pouvons dire qu'elle est dans une moindre mesure
validée. Même si les responsables de la comptabilité de
gestion dans ces entreprises n'y voient pas de lien direct.
La seule proposition qui n'est pas validée dans ces
entreprises est celle relative á l'innovation (P3).
SECTION II : Analyse et interprétation des
résultats : cas de la SONATEL Mobile SA
La Sonatel SA étant la seule entreprise où il
était possible de recueillir de maximum d'informations parmi celles
ayant complètement mises en place la méthode ABC/ABM. On ne
pouvait donc pas regrouper sa présentation avec celles des autres
entreprises qui ne sont qu'à la première phase.
I Système d" analyse des coûts et
performance
La Sonatel SA est l'opérateur historique des
télécommunications au Sénégal, crée le 23
juillet 1985 par la fusion de l'office des postes et
télécommunications et de Télé
Sénégal. La Sonatel est devenue une société anonyme
en 1997 en s'alliant á un partenaire stratégique France
Télécom qui possède 42,33% de son capital.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Aujourd'hui elle est leader dans son domaine avec 70% de parts
de marché dû en partie á sa filiale la Sonatel Mobile SA
détenue á 100% par la Sonate SA. Créée en 1999, la
Sonatel Mobile SA assure l'exploitation du réseau mobile de la Sonatel.
C'est d'ailleurs cette filiale de la Sonatel SA qui est l'objet de notre
étude.
1- Le système d'analyse des
coûts
Le système de comptabilisation des coûts de la
SONATEL mobile S.A. a été développé durant les
années 2000-2001 pour répondre d'une part aux obligations
réglementaires telles que régit par la loi n° 2006-02
modifiant la loi n° 2001-15 du 27 décembre 2001 portant code des
Télécommunications32. Au terme de cette loi, les
opérateurs doivent se conformer aux dispositions de l'article 4 du dit
code. Ce dernier stipule que les exploitants de réseaux doivent tenir
une comptabilité analytique qui reflète « de manière
régulière et sincère les coûts, produits et
résultats de chaque réseau exploité ou de chaque service
offert». D'autre part, c'est dans un souci de management des coûts
(de maîtrise des coûts) que ce système á
été adopté.
Présentation générale du
système d'analyse des coûts de l'entreprise
L'entreprise utilise un système hybride pour l'analyse
de ces coûts. Ce modèle est composé de deux méthodes
: coûts complets et comptabilité par activités (ABC).
Ainsi, La Sonatel mobile SA s'appuie pour l'essentiel sur le système
d'information existant de l'entreprise, utilisé pour sa propre
gestion.
Ses principales sources d'information du système de
comptabilisation des coûts sont d'une part la base d'analyse comptable
(b.a.c) et d'autre part, les différents systèmes d'information
des directions fonctionnelles.
L'enregistrement des événements comptables
á la sonatel mobile SA est réalisé selon plusieurs axes
(qui correspondent à des critères indépendants),
notamment
32 Loi instaurant l'ARTP (Agence de Régulation
des Télécommunications et des Postes)
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
l'axe de comptabilité générale et l'axe
de comptabilité analytique ou b.a.c qui est composé de la
méthode des coûts complets et celle de l'ABC. Chacun de ces axes
est représenté par une méthode. Parmi ces axes, certains
sont plus utilisés par le système de calcul des coûts :
- l'axe « Entités de gestion33 »,
reflétant l'organisation de la sonatel mobile SA, où le code
désigne le responsable opérationnel de la dépense (ou de
la recette). C'est á ce niveau qu'intervient la méthode des
coûts complets qui fournit les unités d'oeuvre (trafic en minutes,
des temps passés, des m2) nécessaires au déversement des
charges sur le réseau et les produits. Ces dernières sont issues
des systèmes d'information des directions fonctionnelles ou des
directions spécifiques d'études et correspondent à des
informations techniques ou à des données statistiques,
- l'axe « Comptes de comptabilité »,
où la nature de la dépense ou de la recette est
précisée par un code du plan de comptabilité. Ici,
l'entreprise utilise la comptabilité générale pour
enregistrer les produits ou charges en amont du système d'analyse.
- l'axe « Processus / activités / réseaux
», où on enregistre l'activité avec un code « PRAX
34», détaillé ci-après.
A ce niveau, la Sonatel mobile SA utilise la
comptabilité par activités pour affecter les ressources aux
activités puis les activités aux produits. Pour arriver á
effectuer cette répartition, elle a mis en place un modèle qui
est composé de deux principales étapes dans le traitement des
donnés et de la modélisation. Dans une première partie,
l'entreprise procède á «l'identification des coûts de
toutes les activités élémentaires», et dans une
deuxième partie, á la «répartitions successives en
fonction des usages mesurés jusqu'aux produits finaux». Car il faut
le rappeler les activités sont regroupées en processus
intermédiaires, qui se regroupent eux-mêmes en processus et que
les caractères d'un code PRAX
33 Les entités de gestion, en général des
unités opérationnelles (agences, unités réseau,
etc.) mais aussi des services nationaux, se regroupent en unités
d'affaires et divisions, et peuvent être décomposées en
centres de responsabilité.
34 Chaque code PRAX correspond à une
activité
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
identifient le processus, l'activité,
éventuellement le segment de réseau et le type
d'équipement. Cette répartition des coûts vers les produits
finaux se fait en deux phases.
Dans la première, il s'agira de regrouper d'abord les
différentes charges non patrimoniales de la base par
décideur35, par code de comptabilité analytique (Prax)
et par nature de charge. Et ensuite, on regroupe les données comptables
patrimoniales (dotations aux amortissements ; patrimoine net, brut ; ...) par
catégorie d'article immobilisé, et par décideur. On
obtient la répartition des activités élémentaires
de départ du modèle36). Pour terminer cette phase, on
procède á l'affectation des activités
élémentaires vers des activités homogènes
représentatives de l'organisation et de l'activité de la sonatel
mobile SA, appelées « précurseurs ».
Pour ce qui est de la deuxième phase appelée
modélisation des coûts, la répartition ou
déversement des activités sur les produits se fait en trois
cascades successives : support, commercial et réseau. C'est le coeur du
modèle, conçu pour mettre en oeuvre les principes de
causalité et de non-discrimination.
Dans la cascade « support » (1),
on affecte les coûts de support (informatique, frais de siège,
formation, fonction support aux opérationnels, R&D...) aux
activités commerciales, aux éléments de réseau ou
aux produits lorsque ceux-ci sont à l'origine exclusive
de certains coûts supports.
> Dans la cascade «commercial »
(2), on affecte les coûts commerciaux (y compris service
après vente, raccordements, ...) aux produits.
> Dans la cascade «réseau »
(3), on affecte les coûts de réseau aux produits.
Lors de ces trois cascades, on met en oeuvre une logique d'affectation des
coûts en couches successives. Ce processus est particulièrement
développé dans la
35 Un « décideur » est un regroupement
d'entités de gestion, fait de telle sorte que chaque entité de
gestion corresponde à un décideur et un seul (le cas le plus
classique est le regroupement des entités de même type mais ayant
des compétences territoriales différentes).
36 Les activités de départ du modèle sont
donc définies par regroupement d'éléments comptables et
sont ainsi la première nomenclature, propre au système
présenté ici, décrivant les charges (ou le patrimoine dans
le point suivant).
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
cascade «réseau » où il faut un nombre
significatif de couches pour refléter correctement le fonctionnement
complexe d'un réseau de télécommunications.
Activités réseaux
1
2
Produits
3
Activités de supports
Activités commerciales
1
Figure n°4 : schéma de répartition
des coûts de la sonatel sa.
La finesse d'analyse de la comptabilité analytique
(C.P.A) est utilisée au maximum afin de procéder à
l'affectation la plus directe possible des charges sur les produits.
Après cette présentation globale du
système, nous allons aborder l'affectation des coûts par la
Sonatel mobile SA grâce á la comptabilité par
activité (CPA ou ABC). Cette affectation est facilitée par une
structuration claire de l'entreprise en trois grandes activités
(support, réseaux, commercial) ce qui correspond á la
première étape du modèle canonique á savoir la
cartographie des activités.
2- Répartition des charges aux
produits
Ici, nous allons procéder au déversement des
coûts des activités aux produits selon la figure n°4
ci-dessus.
Ce déversement se fait selon deux types de clés
: exogènes issues d'études ou informations externes et
endogènes à partir des données du modèle charges
exploitation, patrimoine, investissement, ...
a) Activités Supports
La modélisation du coût des activités de
support se fonde sur une décomposition de ces activités en
couches, par type de coûts. La ventilation des charges de
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
l'activité support se fait par déversement de
ces dernières sur des couches, chacune correspondant á une nature
de coûts support. Les coûts de chaque couche se déversent
soit sur d'autres supports, soit sur des éléments des couches en
aval. Exemple de ventilation des coûts de support :
> Cas des dépenses de formation du
personnel
La répartition des coûts est effectuée,
tous décideurs confondus, selon une clef d'allocation exogène
fondée sur le nombre d'heures facturées par type de formation.
Ces coûts sont ensuite ventilés au prorata d'une clef
endogène en fonction des charges de personnel pour les formations
à caractère commercial ou de réseau.
> Cas des supports compta-finance et ressources
humaines L'analyse est conduite décideur par décideur
pour affiner la ventilation des coûts de support sur les seules
activités du décideur. Ces charges sont ventilées :
- au prorata des charges de personnel directes pour le support
"Ressources humaines"
- au prorata des charges de matériel et des charges
externes directes pour le support "finances-comptabilité"
- au prorata des charges directes (toute nature) pour le support
général.
b) Activités réseaux
Le réseau est constitué d'un certain nombre
d'équipements qui ont des coûts propres, identifiés au
départ de la cascade réseau, et qui sont à la base de la
modélisation. Au départ de la cascade « réseau
», chaque élément de réseau est chargé des
coûts de patrimoine et d'exploitation qui lui sont affectés
directement, ainsi que de charges indirectes. Exemple l'élément
de réseau « BPN37 de transmission du réseau
longue distance » est chargé directement des coûts de
multiplexage de ces BPN et indirectement d'une part des bâtiments,
véhicules, ...
37 BPN : bloc primaire numérique : conduit à 2
Mbit/s.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Les charges de chaque élément de réseau
se déversent sur les éléments d'une couche
supérieure en fonction de leur utilisation par ceux-ci. Pour chaque
déversement d'une activité d'une couche sur une couche
supérieure, un coefficient indiquant l'usage38 par
l'élément de la couche supérieure, de
l'élément de la couche inférieure est calculé
à partir des données issues du système d'information.
Exemple d'affectation des coûts de l'activité réseau.
> Cas des câbles
Les coûts de câbles, y compris leur part de
coûts de génie civil, sont répartis sur les paires cuivre
et fibres optiques les composant, par type de câble et par zone (boucle
locale, transmission par sous-réseaux, réseaux
câblés), en fonction du nombre de paires cuivre ou du nombre de
fibres.
C'est à ce niveau de finesse que sont identifiés
les coûts des câbles, des fibres et des conduits de
transmission.
c) L'autoconsommation39
A l'issue des étapes précédentes, le
coût de chaque produit final comprend des coûts commerciaux qui
sont encourus si le produit est vendu et ne sont pas encourus lorsqu'il est
auto-consommé, par exemple le recouvrement, les impayés, la
publicité. Ces coûts sont affectés directement aux produits
« clients ». Le modèle définit, pour chaque produit, un
produit « fournisseur » et un produit « client ». Les
étapes précédentes du modèle ont permis de charger
le produit fournisseur. La partie non auto-consommée d'un produit est
affectée directement au produit client.
Après cette présentation complète du
système d'analyse des coûts des entreprises de notre étude,
nous allons dans la seconde section de ce dernier chapitre montrer comment la
comptabilité par activités a contribué á la
performance des entreprises qui l'utilisent soit complètement ou
partiellement.
38 L'«usage» signifie combien
d'unités d'oeuvre de la couche inférieure sont consommées
par une unité d'oeuvre de la couche supérieure
39 L'autoconsommation concerne la consommation des
produits finaux de l'entreprise par elle même.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
3- Contribution de la méthode ABC/ABM â la
performance
La contribution de la CPA á la performance au niveau de
la Sonatel Mobile SA se fait á deux niveaux : une dimension ABC qui leur
permet d'avoir une visibilité fiable sur leurs coûts
(maîtrise des coûts) et une dimension ABM leur permettant la prise
de décisions stratégiques pour optimiser la création de
valeur.
a) Dimension ABC
« L'ABC s'illustre en premier lieu comme un outil de
mesure, mais les apports de la méthode ABC ne semblent pas se limiter
à ce niveau. En effet, au delà du calcul des coûts, elle
offrirait certaines possibilités ayant trait au pilotage de l'entreprise
car ayant un impact au niveau de l'approche même de l'entreprise et de
son pilotage (diagnostics, stratégies, management...) »
[HERTERICH Pierre Alexandre ; MAROUANI Laetitia et TUAL Lucie,
2002].
D'abord, nous allons montrer l'apport de la CPA á la
maîtrise des coûts de l'entreprise. A ce niveau le fait que la
Sonatel Mobile SA40 soit structurer en activités
(réseaux, commerciales et support) leur permet d'une part d'affecter de
manière rigoureuse les ressources vers ces dernières (voir
système analyse coûts). D'autre part de dégager deux ratios
á savoir le chiffre d'affaires et les charges par activités. La
détermination de ces deux ratios leur facilite le calcul du
résultat d'exploitation pour chaque activité de la façon
la plus détaillée possible. En effet, la CPA mets á leur
disposition pour chaque activité élémentaire sa
consommation de charges et sa contribution aux chiffre d'affaires des
précurseurs. En disposant de ces informations, l'entreprise parvient
á calculer mensuellement les performances et contre performances
éventuelle pour chaque activité élémentaire.
Puisque les résultats de ces activités élémentaires
expliquent ceux des activités homogènes, l'entreprise arrive
á situer de façon
40 Sonatel mobile SA : filiale du groupe Sonatel SA
qui a contribué á hauteur de 40% du CA de 2007
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
précise les causes d'une ou des sur ou sous consommation
de ressources par les activités élémentaires.
Cette appréciation est faite par rapport aux objectifs
préalablement fixés par le CA41 et la Direction
générale en collaboration étroite avec la direction
financière où est logé le contrôleur de gestion. Ce
dernier étant au centre du système d'analyse des coûts de
la Sonatel mobile. L'indicateur de performance des dirigeants de l'entreprise
est le résultat d'exploitation avant amortissement (R.E.A.A).
L'entreprise mesure sa performance en comparant mensuellement le
R.E.A.A/activités constaté au R.E.A.A/activités
initialement fixé comme objectif par le staff dirigeant. C'est
d'ailleurs á ce niveau que l'on retrouve une pratique de la
méthode des coûts standard qui leur permet de faire des
comparaisons entre budgets prévus et celui réalisé. En
atteste les propos de [Christian CAOUDAL, 2007] «
...la méthode ABC permet non seulement de mettre en place un
contrôle budgétaire global et détaillé mais aussi de
suivre des écarts, des dépassements, par produit ou par segment
de marché ».
Bien que l'on retrouve une utilisation de la démarche
des coûts standard, la performance du système d'analyse des
coûts de la Sonatel mobile est essentiellement portée par la CPA
tel qu'expliquer ci-dessus.
Quelques exemples illustrent la maîtrise des coûts
par la sonatel mobile :
n La baisse des prix de tarification des appels qui passent
d'une facturation á l'unité á une facturation par
seconde.
n Les multiples promotions accordés par l'entreprises
á ses abonnés tel que une hausse de 20% sur chaque 100f de
consommation achetée par le client sur le « seddo42
entre 8h et 18h pendant toute l'été 2008».
n La réduction pour les abonnés de « diamono
scool43 » concernant le tarif du message qui baisse de 50% pour
toutes les vacances. Cette baisse
41 CA : Conseil d'Administration
42 Possibilité d'achat de crédit
á partir de 100fcfa.
43 Segment d'abonnés réservé aux
jeunes en particuliers aux élèves et étudiants
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
affecte aussi le tarif de la communication de cette
catégorie qui est de 50 FCFCA l'unité.
n La possibilité grâce au système de
calculer le prix de facturation d'un sms44 selon le segment auquel
appartient le client.
n La gratuité de certains services comme le Gprs,
l'accès par les clients á leurs messageries vocales, service de
messagerie « rappel moi »....
n Le calcul de la rentabilité des cartes sim (puces) :
la CPA permet á l'entreprise de déterminer pour chaque client
disposant d'une puce le seuil de rentabilité de cette dernière.
C'est á dire pour un abonnement (achat de carte sim), la Sonatel mobile
vous donne un temps déterminer au delà duquel en cas de non
consommation de crédit, l'entreprise peut résilier les services
qu'elle vous fournissait. En effet pour un client abonné, la gestion de
sa puce implique le concours d'au moins trois activités principales
á savoir l'activité réseau, l'activité support et
l'activité commerciale qui démontre la transversalité
entre les services qui existent au sein de l'entreprise. Ainsi la
méthode ABC á travers les inducteurs facilite l'affectation (se
référer au système d'analyse première section) des
coûts (réseau, support, commercial) aux différents
clients.
Derrière ces avantages, se cache une meilleure
maîtrise des coûts de la part de
l'entreprise. Par conséquence toutes ces actions sont
possibles grâce au système
d'analyse des coûts de l'entreprise qui repose
essentiellement sur la méthode
ABC. C'est cette bonne maîtrise des coûts par la
Sonatel mobile qui
subventionne ces réductions accordées par
l'entreprise á sa clientèle.
Ceci est confirmé d'ailleurs par les responsables du
service financiers qui disent
que « les performances de l'entreprise
résultent plus d'une maîtrise des coûts
que d'une facturation élevée ». En
plus, la bonne connaissance de leurs
structures de coûts leur permet de procurer au
marché financier (BRVM)45 des
44 Sms : short message sending
45 Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
informations fiables sur la gestion de l'entreprise. En
atteste cela les propos des responsables du service financier « la
position actuelle de la Sonatel mobile sur le marché financier est
liée certes á une bonne communication financière mais
aussi et surtout aux efforts du service financier qui grâce á la
CPA réussit á avoirs des coûts précis, fiables et
disponible á temps. Ce qui leur permet de respecter les
prévisions annuelles relatives aux performances futures de
l'entreprise ».
« ... cette croissance de l'activité
associée á une bonne maîtrise des charges
aura permit d'obtenir un résultat net en hausse de 10%... le titre
Sonatel demeure la valeur phare de la BRVM. La valeur des échanges sur
l'action Sonatel représente plus de 59% de la valeur totale des
transactions annuelles sur la Bourse régionale. Le cours de l'action a
doublé en 2007 passant de 90.000 fcfa á 176.000fcfa et le volume
de titres échangés est en hausse ».le
Président du CA : Marc RENNARD rapport 2007.
Ces propos du PCA en plus des développements
antérieurs valident notre proposition (P1) concernant
l'apport de la méthode ABC á la maîtrise des coûts
donc á la performance financière. D'ailleurs le TBP retient dans
son axe financier, la maîtrise des coûts et le résultat
d'exploitation comme indicateur de cet axe.
Cette précision dans l'affectation des ressources aux
différentes activités leur permet d'avoir une connaissance
très fine de leur structure de coûts leur indiquant là
où ils sont rentables ou pas. En somme la méthode ABC a mis
á la disposition de l'entreprise des informations fiables et pertinentes
sur la gestion de l'entreprise. Ce qui a permis á la Sonatel mobile
d'enclencher un processus de management participatif et transversal.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
b) Dimension ABM
La dimension ABM au sein de la Sonatel mobile se situe
á deux niveaux essentiellement. L'un de ces niveaux concerne l'apport de
l'ABC/ABM aux prises de décisions stratégiques.
En effet les informations issues de la CPA donnent aux
dirigeants de l'entreprise la possibilité d'avoir une
variété de choix stratégiques. Parmi ces choix, nous
pouvons citer la diversification de l'offre des services de l'entreprise. Cette
diversification est matérialisée par la segmentation de la
clientèle selon les revenus (essentiellement) des populations.
Exemple de segmentation de la clientèle :
> clients option post payé « térranga
» : qui bénéficient d'un ligne personnel
> clients option prépayé « diamono
classique et diamono school » qui concerne ceux qui n'ont pas les moyens
de s'offrir la formule d'abonnement post-payé. Cette dernière
catégorie de client regroupe plus d'abonnés que la
précédente. Car étant le plus souvent composée de
jeune dont le souci majeur est la maîtrise du budget des dépenses
en téléphonie46.
L'apport de l'ABC á ce niveau est qu'elle permet une
tarification par catégorie de client en tenant compte de la consommation
mesurée des ressources des différentes activités de chaque
segment de client. Ce qui facilite la détermination de la
rentabilité par client pour l'entreprise. Le suivie de ces ratios de
rentabilité mets á la disposition des dirigeants plusieurs
possibilités allant dans le sens de la satisfaction des
clients telles que les promotions, les réductions de
tarifications, les services gratuits etc Ces décisions (promotions...)
sont prises entre le service financier et celui chargé du marketing en
collaboration étroite avec ceux du réseau de la Sonatel
mobile.
46
Mémoire Maguette T DIAO 2006-2007
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Exemple de cette collaboration : les politiques de promotions
sont mises en oeuvre par le service marketing en rapport avec le service
financier qui oriente ce dernier vers les services ou produits sur lesquels la
promotion peut se faire. Cette orientation se fait á travers l'ABC qui
permet au contrôleur de gestion de disposer pour chaque activité,
produits et service les informations sur leurs coûts réels en
partant du global au détail. Mais aussi, lui fixe les
limites ou proportions selon lesquelles il peut y avoir (hausse en % de
crédit offert ou une baisse de tarification sur les communications selon
les heures).
En outre, en cas de dépenses ou d'investissements
extra-budgétaire, le service financier á travers le
système d'analyse des coûts mets á la disposition de
l'entreprise les activités sur lesquelles les décideurs peuvent
s'appuyer pour résorber ce gap.
Exemple en 2007 lors d'une perturbation du réseau, un
investissement supplémentaire de 20 milliards de fcfa a
été réalisé pour améliorer la qualité
du service offert aux clients en vue d'une plus grande satisfaction de ces
derniers. La visibilité qu'offre le système ABC/ABM sur la
cartographie des activités de l'entreprise a permis aux dirigeants
d'identifier les activités clés sur lesquelles s'appuyer pour
assurer le retour sur investissement. A ce niveau, l'entreprise exploite la
matrice du portefeuille d'activité proposée par le B.C.G en
identifiants les activités dites « stars ou vedettes » c'est
á dire celles qui contribuent plus á la croissance et
s'autofinancent.
Par ailleurs, la CPA joue un rôle déterminant
d'après le service financier lorsqu'il s'agit de prise de
décision stratégique telle que l'implantation de filiales dans
les pays de la sous région ou lors de lancement de nouveaux services ou
produits. En effet dans le premier cas, la Sonatel mobile a ce qu'on appelle un
« business plan ». C'est á dire avant de faire des
investissements en vue de s'implanter dans un pays, elle étudie la
rentabilité du projet. Pour ce faire elle part d'informations sur le
pays d'accueil tel que son PIB, infrastructures, typologie de ces
clients...ensuite elle projette ces informations sur ses coûts
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
pour déterminer un compte de résultat
prévisionnel. Enfin par une politique de benchmarking elle mesure la
performance (la compétitivité) de ces coûts par rapport
á ceux du concurrent afin de voir la rentabilité de
l'investissement.
Pour ce qui concerne le second cas c'est á dire la
décision de lancement d'un nouveau service ou produit, la Sonatel mobile
effectue une stimulation des coûts en les comparant á ceux d'un
leader étant dans le même secteur (Maroc Télécom,
Mtn...). De là elle sous traite certaines des activités (qui
contribuent á la réalisation du nouveau service) á
d'autres entreprises généralement des PME47. Ce cas de
figure a lieu lorsque les dirigeants s'aperçoivent qu'ils investiraient
á perte en développant ces dites activités. C'est le cas
notamment des centre d'appel avec l'affectation de la gestion des appels du
numéro 1441 au PCCI et le 602 á Africatel AVS ou encore de
l'installation des lignes fixes pour les ménages par les entreprises
telles que CGE,...
En outre l'ABC/ABM a permis á l'entreprise de savoir
là où elle est rentable ou pas afin de prendre des
décisions stratégiques telle que d'accepter de ne pas être
rentable sur un service ou produit. Ces quelques exemples sont confirmés
par cette remarque de Pierre Mevellec :
« En permettant de mieux identifier les causes des
coûts, la méthode ABC/ABM aboutit à une
amélioration du costing stratégique, soit une
gestion plus performante des portefeuilles de produits ou de clients, ainsi
qu'une plus grande pertinence des décisions stratégiques telles
que l'externalisation ou le lancement de nouveaux produits ».
Au delà de la maîtrise des coûts, nous
avons remarqué que le système d'analyse des coûts de la
Sonatel mobile contribue á la politique de satisfaction de la
clientèle. Cependant ce lien n'est pas très perçu par les
responsables du service financier. Car pour eux, l'apport de l'ABC
réside essentiellement dans la détermination et le suivie de la
rentabilité par client donc par segment. Contrairement á ces
constats du service financier, notre enquête a
révélé
47
Petites et Moyennes Entreprises
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
l'existence interne d'enquête de satisfaction de la
clientèle mais aussi la mise en place de politique (promotions,
investissement qualité réseaux...) de satisfaction de la
clientèle á travers le suivie de l'atteinte des objectifs de
rentabilité par segment de client. A partir de ce moment, nous pouvons
conclure que notre proposition (P2) relative á l'apport
de la CPA á la satisfaction de la clientèle est
vérifiée.
Le deuxième niveau d'apport de l'ABC/ABM est la gestion
des ressources humaine. Selon Philipe Lorino, « les
méthodes ABC/ABM ne peuvent vivre que si elles sont appropriées
par les opérationnels car l'information nécessaire à la
construction d'un tel modèle ne peut être fournie que par ces
derniers, et elles ne peuvent être appropriées par les
opérationnels que si elles leur rendent des services significatifs pour
le pilotage de leurs propres performances ».
La mise en place de l'ABC/ABM á la Sonatel mobile a
été précédée d'un vaste programme de
sensibilisation du personnel sur les enjeux de l'utilisation de la
méthode. Cette sensibilisation a surtout porté sur
l'intérêt que le système ABC/ABM apporte en termes
d'avantages á l'entreprise qui est dans un secteur très
concurrentiel. En atteste l'exemple ci-après :
Dans les services notamment ceux de support, il a
été fixé pour les différents responsables les
objectifs allant dans le sens d'une maîtrise rigoureuse des frais
généraux en mettant en place le « projet costing ».
C'est ainsi que l'ensemble du personnel a été sensibilisé
sur une utilisation efficiente relative aux budgets alloués. En passant
par l'usage mesuré des charges concernant par exemple les consommations
d'eau, d'énergie, de mobilier de bureaux... C'est dans ce cadre que des
séminaires de formations ont été initiés á
l'encontre des ressources humaines afin qu'elles maîtrisent les exigences
de la méthode ABC/ABM. Cette formation est importante voire
indispensable si l'on sait que les ressources humaines sont mieux
placées pour mettre á la disposition du service financier des
informations (inducteurs) lui permettant de calculer les coûts des
différentes activités voir des services et produits.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Grâce á cette formation, les ressources humaines
sont mieux armées pour s'impliquer d'avantage á l'atteinte des
objectifs de l'entreprise. Ainsi donc l'ABC/ABM est á la base en partie
de la mise en place d'une politique d'amélioration des performances des
ressources humaines de la Sonatel mobile. Ceci á travers les entretiens
d'évaluations de l'ensemble du personnel en début de chaque
année. Ces entretiens se font sur la base des performances de
l'année précédente. Les résultats de cette
évaluation permettront aux décideurs et pour chaque travailleur
d'apprécier le degré d'atteinte des objectifs individuel
fixé au travailleur préalablement et en rapport avec ceux de
l'entreprise. De ces résultats, l'entreprise décidera de
procéder á une augmentation ou une baisse d'une partie du salaire
du travailleur. Puisque le salaire de chaque travailleur de la Sonatel mobile
est scindé en deux partie : une partie fixe et une autre qui est
variable en fonction des performances du travailleur tel que décrit
ci-dessus. D'ailleurs dans leurs réponses á notre questionnaire,
les responsables du service financier ont confirmé cela en étant
tout á fait d'accord sur la contribution de la C.P.A á
«l'alignement entre objectifs individuel des travailleurs et ceux de
l'entreprise ». Par conséquent, en dépit de cette
confirmation et de ce que nous avons précédemment
démontré ci-dessus, nous pouvons dire que notre proposition
(P4) relative á la performance des ressources humaines
est validée. Cette validation est renforcée par la
présence de trois (03) indicateurs de l'axe apprentissage
organisationnel du TBP á savoir :
· Réorientation des compétences ;
· Capacités des systèmes d'information ;
· Alignement des objectifs individuels avec ceux de
l'entreprise. Pour ce qui est de l'innovation, cette pratique existe belle et
bien au niveau de la Sonatel. Cependant elle n'est pas du ressort du service
financier. C'est plutôt le département marketing qui s'en occupe.
Par contre la CPA intervient en aval pour dire si l'innovation envisagée
est rentable ou non. C'est á ce niveau
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
seulement qu'il existe un lien entre la méthode ABC et
l'innovation au niveau de l'entreprise. Ce lien est ainsi orienté vers
la maîtrise des coûts ce qui renforce la validation de la
proposition (P1) au détriment de (P3)
qui n'est donc pas validée au sein de cette société.
Au total, la comptabilité par activité mets
á la disposition de la direction de la Sonatel mobile une «
batterie » d'informations lui facilitant la prise décision
stratégique en vue d'améliorer les performances de l'entreprise.
Comme le souligne les auteurs [HERTERICH Pierre Alexandre ; MAROUANI
Laetitia et TUAL Lucie, 2002]
« ....l'ABC/ABM répondrait donc au souci d'un
repérage très fin de l'origine des résultats permettant de
décider et d'agir en toute connaissance de cause. Elle constituerait un
outil permettant d'agir pour la réduction des coûts, pour les
arbitrages entre faire et faire-faire, pour la sélection des produits et
segments de clientèles les plus rentables... »
« .. Ces performances sont appréhendées
á partir des indicateurs aussi bien financiers que non financiers
fournis par la méthode ABC. La conception d'indicateurs non financiers
établie une combinaison entre le contrôle de gestion et le
gouvernement de l'entreprise donc son management. Ce gouvernement exige surtout
une transparence dans la gestion de l'entreprise, un management participatif et
la fiabilité des informations financières que produit le
système d'analyse des coûts » (propos responsable service
financier). D'ailleurs ces quelques principes annoncés sont en
conformité avec les dispositions du code des
télécommunications.
Pour cette étude, on ne retrouve pas certes tous les
indicateurs de performances du TBP, cependant cela ne remet pas en cause la
vérification des propositions. A partir du moment où ces
concepteurs ont souligné que les indicateurs du TBP ne sont pas
universels. Et que chaque entreprise peut en fonction de ces besoins, de son
secteur d'activité... définir ses propres indicateurs.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
En définitive, pour notre étude les propositions
(P1, P2 et P4) sont validées. Par contre la proposition
(P3) ne l'est pas.
II) Apports et Limites de la recherche
Dans ce paragraphe, nous allons aborder les apports et les
limites de cette enquête.
1- Apports de l'étude
L'apport de notre étude se trouvent á plusieurs
niveaux. Cependant nous allons comme pour les limites juste les annoncer.
- L'un des apports de notre étude est son
originalité par rapport aux autres études antérieurement
menées dans notre contexte. Notre étude est «originale
» par ce que d'abord portant sur une méthode dont les productions
scientifiques sont encore très faibles voir inexistantes dans notre
contexte. Ensuite sur le plan méthodologique, le fait que nous ayons
opté pour une démarche holisticoinductive est une
nouveauté par rapport á la plupart des recherches
effectuées aussi bien dans notre contexte que dans d'autres. En effet la
majorité des études menées dans le contexte occidentale
ont surtout privilégié la démarche
hypothético-déductive. Spécifiquement dans notre contexte
les études de cas sur le contrôle de gestion en
général et particulièrement sur l'ABC sont quasi-rares
(seule mémoire de Babacar SAMBA 2005).
- Cette étude a aussi montré comme Gosselin que
les entreprises peuvent se situer á différentes phase de la mise
de la méthode ABC. En atteste le résultat de l'étude : sur
quatre entreprises seules une seule a mis en place complètement la
méthode. Les trois autres ne sont qu'à la première phase
de la mise en oeuvre.
- Au plan managérial, cette étude a
montré les apports du système ABC/ABM á la performance des
entreprises qui l'utilisent même partiellement. Cependant celle qui
l'applique entièrement en tire beaucoup plus d'avantages (calcul des
coûts et ABM) de la C.P.A.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE
ABC/ABM) A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE
ENTREPRISES
« Ainsi, n'utiliser qu'un des aspects de la
méthode....Ce n'est certainement pas profiter des apports potentiels qui
sont les siens ». [Richard Milkoff, 1996].
2- Limites de la recherche
Comme tout travail de recherche, cette étude comporte un
certain nombre de limites que nous allons énumérer.
- Tout d'abord la littérature : il existe une
documentation anglaise très importante à laquelle l'accès
est impossible du fait qu'elle ne se trouve pas dans les bibliothèques
visitées et les moyens financiers ne permettaient pas de les
acquérir. Ceci est valable pour certains articles de revues
françaises.
- Ensuite l'utilisation du dictaphone aurait pu favoriser une
meilleure collecte des données puisque nous sommes dans le cadre d'une
étude de cas. Cependant du fait des réticences des individus,
nous étions obligé de recourir á la prise de notes ce qui
a occasionné des pertes d'informations importantes.
- Egalement, l'absence d'observation participante (stage) a
affecté la qualité de notre travail ;
- Aussi, le non accès aux donnés
chiffrés internes aux entreprises (chiffre d'affaires, résultats,
taux d'absentéisme...) constitue une autre limite á notre travail
;
- De plus le temps qui nous était imparti pour faire
ce travail est très court par rapport aux exigences de l'étude de
cas. En outre la période de l'enquête a coïncidé avec
le dépôt de bilan des entreprises au niveau de la direction des
impôts et domaines.
- L'inexpérience dans la conduite des entretiens et la
fiabilité des informations recueillies (elles peuvent ne pas
correspondre exactement à la réalité) constituent de
réelles limites á notre étude.
- Enfin, les erreurs dans l'interprétations des
données collectées par nous48 peuvent limiter les
résultats de cette recherche.
48 Chercheur novice
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Au final, nous avons constaté que :
> Les entreprises qui mettent complètement la
comptabilité par activités bénéficient de
l'ensemble des apports (maîtrise coûts et management) qu'offre la
méthode ABC/ABM.
> Par contre celles qui l'utilisent partiellement ne tire
que les avantages liés á la maîtrise des coûts donc
á leur niveau ou étape de mise en oeuvre de la méthode.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
CONCLUSION GENERALE
En définitive, ce type de démarche (ABC/ABM)
présente de nombreux avantages et permet de mieux positionner une
direction financière et son contrôle de gestion vis-à-vis
des opérationnels et de la direction de l'entreprise. Comme nous l'avons
vu, au-delà de la stricte fourniture des coûts, l'apport du
contrôle de gestion s'inscrit également dans l'apport de
prestations enrichies. Ce type de démarche se construit en collaboration
avec les opérationnels et génère ainsi un réseau
nouveau de coopérations, porteur d'échanges futurs grâce au
partage d'un langage commun. Cela ne peut que déboucher sur une
crédibilité plus forte accordée aux informations, analyses
et préconisations issues du contrôle de gestion.
Au total, cela aboutit à une meilleure transparence et
à une meilleure acceptation des changements. Une telle démarche
renforce la position du contrôle de gestion dans son rôle de garant
de la performance transversale de l'entreprise et de partenaire dans la mise en
oeuvre de plans d'actions et d'amélioration des performances. Cette
vision des coûts reposant sur une approche métier est
résolument tournée vers les opérationnels et contribue
à la diffusion d'une culture de gestion et de rentabilité
auprès de managers parfois trop guidés par les seuls objectifs
commerciaux.
Cette étude a surtout été l'occasion de
revoir les liens qui existent entre le contrôle de gestion et la
performance des entreprises. Nous avons ainsi constaté que la
méthode ABC/ABM a dans sa conception même pris en compte la
performance. Ceci grâce á ces concepts élémentaires
d'activités, de processus, d'inducteurs... Ce qui d'ailleurs a permis de
faire le lien entre cette méthode et la performance. Puisque même
dans son langage, la CPA apporte des pratiques qui vont dans le sens de rendre
plus performantes les entreprises qui l'utilisent.
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
Donc en somme, pour apporter une réponse á notre
problématique, nous pouvons sans risque de nous tromper dire qu'il
existe bel et bien un lien entre l'ABC/ABM et la performance des entreprises
(un lien entre la CPA et la maîtrise des coûts par exemple
etc....). D'ailleurs ce lien existait bien avant entre performance et
contrôle de gestion. Cependant la CPA n'a fait que le renforcer pour
l'adapter au contexte actuel.
Nous ne pouvons pas terminer ce travail sans pour autant
suggérer quelques recommandations aux différents managers de nos
entreprises:
D'abord puisque la majeure partie des entreprises de notre
échantillon ne sont qu'à la première phase ou étape
de l'ABC, elles pourraient bénéficier davantage des apports de la
CPA (mesure et management des coûts):
Dans un premier temps elles institutionnalisent cette
méthode comme système d'analyse de leurs coûts en la
combinant avec leurs anciens systèmes.
Ensuite, elles procèdent á une véritable
mise en oeuvre de la CPA en s'attachant les services de cabinets pouvant les
accompagner dans cette mise en place de la méthode.
Enfin, elles recrutent du personnel jeune et qualifié
pouvant appréhender les enjeux de la mise en place de cette
méthode.
Ceci fait, les entreprises auront á leur disposition
les avantages de l'ABC (mesure et maîtrise des coûts) et de l'ABM
(management de ces coûts et prise dynamique des décisions
stratégiques).
Notre recherche a aussi révélé que la plus
part des responsables de comptabilité sont en déphasage total
avec le nouveau contexte actuel de gestion. Ces derniers se cachent
derrière les logiciels pour ne pas être
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
même capables de pouvoir expliquer le système
d'analyse de leurs coûts qui constitue le soubassement de ces
logiciels.
Ainsi il serait très important pour nos entreprises de
procéder á des séances de recyclage de ces derniers mais
surtout des formations sur la philosophie qui sous-tende les logiciels
utilisés.
De plus nos entreprises gagneraient beaucoup á
renouveler leurs personnel en recrutant des jeunes au diapason des
évolutions dans le domaine de la gestion. Des jeunes qui connaissent
bien les nouvelles évolutions des outils du contrôle de gestion
tel que le target costing (méthode des coûts cibles), la
méthode U.V.A, la méthode G.P, le kaizen...des outils pouvant
aider nos entreprises à sortir des faillites incessantes que l'on
constate actuellement. Puisque avec le nouveau contexte actuel, les entreprises
n'ont plus de prise sur le prix qui est une donnée exogène. Elles
sont obligés dans ce cas de veiller non seulement á la
connaissance du seul facteur sur lequel elles ont une marge de manoeuvre
á savoir le coût. Après cette connaissance du coût
(de ces origines ou causes), elles doivent pouvoir s'atteler á sa
maîtrise et á son affectation la plus vrai possible vers ces
différents déclencheurs.
Pour cela, les entreprises ont besoin des méthodes
telles que l'ABC/ABM et autres pour être au rendez-vous de la
mondialisation et de bénéficier de ses avantages. A défaut
elles ne feront que subir les effets négatifs de cette mondialisation de
l'économie.
Cependant la question légitime á la quelle on
peut se poser est de savoir : á partir du moment où nos
résultats ne peuvent pas être généralisables
á l'ensemble des entreprises á cause d'un échantillon
très réduit, pouvons- nous retrouver les mêmes
résultats dans d'autres entreprises ?
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
CONTRIBUTION DE LA COMPTABILITE PAR ACTIVITES (METHODE ABC/ABM)
A LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES SENEGALAISES : CAS DE QUATRE ENTREPRISES
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n°2, juin 2003,
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BAIDARI Boubacar 2007: cours contrôle de gestion
DANKOCO Ibrahima S 2006: cours de méthodologie de
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budgétaire WADE Bachir 2005 : cours de contrôle de gestion
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