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Les coopératives peuvent elles contribuer à  la création des emplois et à  la lutte contre la pauvreté au Bénin

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par Florentin AGOUA
consultant indépendant, chercheur à  la retraite - ingénieur agonome socio-économiste 1971
  

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LES COOPERATIVES PEUVENT-ELLES CONTRIBUER A LA CREATION DES EMPLOIS ET A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRE TE AU BENIN ?

Florentin AGOUA

Février 2008 Socio-économiste

Chercheur à la retraite

 

SOMMAIRE

 
 

TITRES

PAGES

 

SIGLES

 
 

RESUME

 

1.

INTRODUCTION

1

2.

LES COOPERATIVES AU BENIN : ETAT DES LIEUX

2

21.

Originalité et diversité

2

22.

Quelques données statistiques

6

23.

Forces et faiblesses

7

3.

ETUDE SOMMAIRE DE TROIS TYPES DE COOPERATIVES

8

31.

les cliniques coopératives de santé

8

32.

Les caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel du Bénin

9

 

33.

La coopérative béninoise de matériel agricole

10

4.

COOPERATIVES, ASSOCIATIONS MEME COMBAT ?

12

41.

Les coopératives

12

42.

Les associations

13

5.

CONCLUSION

14

51.

Que peut faire l'Etat face aux faiblesses des coopératives béninoises

 

51.1

Repréciser son rôle par rapport aux coopératives

 

51.2

Accompagner dans la durée le mouvement coopératif

 

RESUME

Les coopératives peuvent-elles contribuer à la création des emplois et à la lutte contre la pauvreté ?

Question importante, qui a fait l'objet d'une recommandation des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine réunis à OUAGADOUGOU (BURKINA FASO) du 03 au 08 Septembre 2004.

Antérieurement à cette recommandation, l'Organisation internationale du travail, en sa séance du 1er Juin 1966 avait émis une recommandation, la R 127 concernant le rôle des coopératives dans le développement économique et social des pays en voie de développement.

Est-ce qu'au Bénin, des coopératives existent ?

Une liste probablement non exhaustive a été présentée, les forces et les faiblesses des coopératives existantes mises en relief.

Pourquoi un tel état de choses ? peut-être parce qu'e l'Etat n'a pas encore précisé la place et le rôle des coopératives dans une perspective de développement économique, social et culturel, que les moyens humains et matériels ne sont pas disponibles pour faire face aux enjeux.

Le mouvement coopératif ne peut réussir que s'il est l'objet d'un accompagnement dans la durée. Compte tenu du fait que la coopérative est à la fois, une association et une entreprise, il est donc important d'apprendre à gérer les hommes, les associés qui, réunis en assemblée générale sont source de tout droit et de tout pouvoir, de gérer l'entreprise suivant les règles de gestion en la matière.

L'élaboration d'un plan d'action stratégique, la mise en oeuvre d'un suivi-évaluation et d'une recherche opérationnelle constituent aussi, des conditions sine qua non de réussite.

SIGLES

ANOPER : Association nationale des éleveurs de ruminants

CAGIA : Coopérative d'approvisionnement et de gestion des intrants

CAR : Coopérative d'aménagement rural

COBEMAG : Coopérative béninoise de matériel agricole

COPROHAM : Coopérative pour la promotion de la production halieutique de Mono

CUMA : Coopérative d'utilisation du matériel agricole

CLCAM : Caisse locale de crédit agricole mutuel

CeRPA : Centre régional de la production agricole

DPLR : Direction de la promotion et de la législation rurale

DIFAOP : Direction de l'information, de la formation et de l'appui aux organisations

professionnelles

DG : Directeur général

FECECAM : Fédération des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel

FECOPAS : Fédération des coopératives de production artisanale et de services

FENURCAR : Fédération nationale des unions régionales des CAR

FUPRO : Fédération des unions départementales des producteurs

GPER : Groupement professionnel des éleveurs de ruminants

GF : Groupement féminin

GV : Groupement villageois

GVPC : Groupement villageois des producteurs de coton

MAEP : Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche

OIT : Organisation internationale du travail

OMS : Organisation mondiale de la santé

PNUD : Programme des nations unions pour le développement

RCPA : Responsable communal de la production agricole

SAACOP : Service d'appui à l'action coopérative et aux organisations professionnelles

UAGPER : Union d'arrondissement des GPER

UCP : Union communale des producteurs

UCPC : Union communale des producteurs de coton

UCOPER : Union communale des organisations professionnelles des éleveurs de

ruminants

UDOPER : Union départementale des organisations professionnelles des éleveurs de
ruminants

UDPC : Union départementale des producteurs de coton

URCAR : Union régionale des coopératives d'aménagement rural

URCLCAM : Union régionale des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel

URCUMA : Union régionale des coopératives d'utilisation du matériel agricole

1. INTRODUCTION

1.1 BREF RAPPEL DE LA CONFERENCE DE SEPTEMBRE 2004

Depuis quelques années, tant au niveau national qu'international, s'organisent des colloques, des séminaires concernant la lutte contre la pauvreté.

C'est ainsi, que du 03 au 08 Septembre 2004, les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine se sont réunis à OUAGADOUGOU (BURKINA FASO), en sommet extraordinaire sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique.

Entre autres recommandations dudit sommet, on peut retenir :

«Favoriser le développement des coopératives et des mouvements associatifs de jeunes et des femmes». (Recommandation Vii de la Déclaration sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique).

Antérieurement à la recommandation sus-citée, l'Organisation internationale du travail en sa séance du 1er Juin 1966 avait émis une recommandation, la R 127 concernant le rôle des coopératives dans le développement économique et social des pays en voie de développement.

1.2 Rappel de quelques points saillants de la R 127 1.2.1 Le champ d'application

La R 127 s'applique à toutes les catégories de coopératives et, notamment, aux coopératives de consommation, aux coopératives pour l'amélioration du sol, aux coopératives agricoles de production et de transformation, aux coopératives rurales d'approvisionnement, aux coopératives agricoles d'écoulement de produits, aux coopératives de pêcheurs, aux coopératives de services, aux coopératives artisanales, aux coopératives ouvrières de production, aux coopératives de main-d'oeuvre, aux coopératives d'épargne et de crédit mutuel et aux banques coopératives, aux coopératives d'habitation, aux coopératives de transport, aux coopératives d'assurance et aux coopératives sanitaires.

1.2.2 Les objectifs d'une politique concernant les coopératives

L'établissement et la croissance des coopératives devraient être considérées comme un des facteurs importants du développement économique, social et culturel, ainsi que de la promotion humaine, dans les pays en voie de développement.

Des coopératives devraient être établies et développées comme un moyen :

a) d'améliorer la situation économique, sociale et culturelle des personnes ayant des ressources et des possibilités limitées, ainsi que d'encourager leur esprit d'initiative,

b) d'augmenter les ressources individuelles et le capital national par l'encouragement de l'épargne, la suppression de l'usure et l'utilisation judicieuse du crédit,

c) d'apporter à l'économie un plus grand élément de contrôle démocratique des activités économiques et de répartition équitable des excédents,

d) d'accroître le revenu national et les recettes provenant de l'exportation, et d'augmenter les possibilités d'emploi des travailleurs, par une exploitation plus complète des ressources, grâce, par exemple, à l'application de systèmes de réforme agraire et de colonisation intérieure tendant à rendre productives de nouvelles régions, et au développement d'industries modernes, de préférence disséminées, pour la transformation sur place de matières premières,

e) d'améliorer les conditions sociales et de compléter les services sociaux dans des domaines tels que le logement et, le cas échéant, la santé, l'éducation et les communications,

f) d'aider à élever le niveau des connaissances générales et techniques de leurs membres.

Comment sont mises en oeuvre ces deux recommandations au Bénin ? C'est ce que nous essaierons de passer en revue en présentant :

- un bref bilan des coopératives existantes,

- une étude concernant trois types de coopératives,

- les coopératives et les associations, est ce le même combat ? - une conclusion.

2. LES COOPERATIVES AU BENIN : ETAT DES LIEUX 21. Originalité et diversité

Depuis 1960, année de l'indépendance du Bénin, un mouvement coopératif diversifié et original se développe de manière régulière. Il participe dans la mesure de ses moyens, à la résolution des problèmes socio-économiques de ses membres.

Beaucoup de coopératives ont été suscitées par le ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (gestion des intrants, collecte des produits agricoles, plantation de palmiers à huile, épargne et crédit, etc.) ou du ministère de la santé publique (cliniques coopératives de santé) etc.

Le texte législatif régissant les coopératives au Bénin date de 1966. Il s'agit de l'Ordonnance N°59/PR/MDRC portant statut général de la coopération du 28 décembre 1966 et son décret d'application N°516/PR/MDRC du 28 décembre 1966.

A la lecture de ces deux textes, on constate qu'ils ont été largement inspirés semble-t-il par la Recommandation N°127 de l'Organisation internationale du travail concernant le rôle des coopératives dans le développement économique et social des pays en voie de développement.

Compte tenu des évolutions en cours, tant au plan politique, qu'au plan économique, un nouveau texte a été soumis par le Gouvernement, à l'Assemblée nationale depuis près de deux décennies. Ce nouveau texte a fait l'objet de navette entre ces deux institutions. Il est peut être urgent enfin, de l'adopter et de le promulguer.

Essai de typologie

Une des caractéristiques du mouvement coopératif béninois est son ancrage dans le milieu rural, les coopératives y sont les plus nombreuses.

Les coopératives béninoises peuvent être regroupées en deux grands types, les coopératives rurales et les coopératives urbaines.

1. Les coopératives rurales

a)
· Les groupements villageois des producteurs (GV)

· Les groupements villageois des producteurs de coton (GVPC)

· Les groupements féminins (GF)

· Les unions communales des producteurs (UCP)

· Les unions communales des producteurs de coton (UCPC)

· Les unions départementales des producteurs (UDP)

· Les unions départementales des producteurs de coton (UDPC)

· Le conseil national des producteurs de coton (CNPC)

· La fédération des unions départementales des producteurs (FUPRO)

· La coopérative d'approvisionnement et de gestion des intrants agricoles (CAGIA)

· Les coopératives rurales de consommateurs

b)
· Les coopératives d'aménagement rural (CAR)

· Les unions régionales des coopératives d'aménagement rural (UR-CAR)

· La fédération nationale des unions régionales des CAR (FENURCAR)

c)
· Les caisses locales de crédit agricole mutuel (CLCAM)

· Les unions régionales des caisses locales de crédit agricole mutuel (URCLCAM)

· La fédération des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel (FECECAM)

d)
· La coopérative pour la promotion de la production halieutique du Mono (COPROHAM)

e)
· Les coopératives d'utilisation du matériel agricole (CUMA)

· L'union régionale des coopératives d'utilisation du matériel agricole (URCUMA)

f)
· Les groupements professionnels des éleveurs de ruminants (GPER)

· Les unions d'arrondissements des GPER (UAGPER)

· Les unions communales des organisations professionnelles des éleveurs de ruminants (UCOPER)

· L'union départementale des organisations professionnelles des éleveurs de ruminants (UDOPER)

· L'association nationale des éleveurs de ruminants (ANOPER).

2. Les coopératives urbaines

a)
· Les coopératives industrielles (coop meuble, coopérative béninoise de matériels agricoles : COBEMAG)

· La fédération des coopératives de production artisanale et de services (FECOPAS)

· Les coopératives de services (stations service, boulangeries, transport, cliniques, etc.)

b)
· Les coopératives urbaines de consommateurs

· La centrale coop

etc.

Cette liste n'est probablement pas exhaustive, elle permet néanmoins de se rendre compte du foisonnement des coopératives.

Quelles fonctions exercent toutes ces coopératives ?

1. Les coopératives rurales

- Les coopératives rurales du groupe (a) sont des coopératives de services.

A la base les groupements villageois des producteurs ou les groupements villageois des producteurs de coton, les producteurs individuels de coton expriment leurs besoins en intrants agricoles à leurs unions communales, interfaces entre les fournisseurs d'intrants, l'organisme responsable du paiement du coton et eux.

Les unions communales servent aussi d'interface entre ces groupements de base et tous ceux qui veulent intervenir en milieu rural.

Les groupements féminins (GF) passent par l'intermédiaire du GV pour obtenir les intrants et commercialiser le coton. Suivant les cas, ils bénéficient soit de la caution du GV ou des unions communales pour l'obtention d'un crédit d'équipement de transformation.

Il s'agit de transformation de produits agricoles ou de cueillette (amandes de karité, graines de néré, etc.) et aussi, de la fabrication traditionnelle de produits cosmétiques.

D'une manière générale, les producteurs membres d'un GV, jouissent de la caution solidaire de celui-ci dans le cadre d'un crédit à la CLCAM ou pour obtenir les intrants à crédit.

Les unions départementales, la FUPRO, le CNPC, l'ANOPER, la FENURCAR gèrent les relations extérieures et s'occupent de la défense des producteurs, des éleveurs de ruminants et du lobbying.

Créées par certaines UCP, les coopératives rurales de consommateurs mettent à la disposition des producteurs ruraux, des produits manufacturés de première nécessité (ciment, feuilles de tôle, sucre, sel, etc.).

La coopérative d'approvisionnement et de gestion des intrants agricoles, participe au dépouillement des appels d'offres en matière de fourniture d'intrants agricoles.

- Les coopératives rurales du groupe (b) sont des coopératives de production agricole en zone de palmeraie.

Ces coopératives étaient intégrées à des complexes agro-industriels. Dans le cadre de la privatisation de l'entreprise publique, chargée de leur encadrement, les usines ont été cédées par l'Etat au secteur privé. C'est ainsi donc qu'elles ont été «sevrées» de la valeur ajoutée qui provient de la transformation des produits.

Pour jouir d'une partie de cette valeur ajoutée qui leur échappe, certaines unions de CAR ont pris la décision d'installer leurs propres mini-huileries.

- Les coopératives rurales du groupe (c), s'occupent de l'épargne et du crédit.

L'unité de base est la CLCAM qui mobilise l'épargne et octroie du crédit.

Les UR-CLCAM coordonnent les activités, assurent le contrôle et la formation technique permanente de leurs collaborateurs.

La fédération définit la politique générale, coordonne les activités, assure les relations extérieures.

- La coopérative rurale du groupe (d), produit des alevins qu'elle livre à ses pisciculteurs affiliés. Elle assure la formation technique en matière de pisciculture des acteurs à la base.

- Les coopératives rurales du groupe (e)

Les agriculteurs acquièrent à crédit du matériel agricole perfectionné, qu'ils utilisent à tour de rôle, dans leurs exploitations agricoles.

L'union s'occupe de l'achat de matériels, des pièces de rechange, de la maintenance, etc.

- Les coopératives rurales du groupe (f)

Les organisations professionnelles d'éleveurs de ruminants sont structurées de la base (campement d'éleveurs) jusqu'au niveau national (ANOPER) en passant par plusieurs niveaux intermédiaires.

Les objectifs globaux sont :

- promouvoir la communauté des éleveurs et améliorer leur représentation, - améliorer les conditions techniques de l'élevage,

- assurer la santé des animaux,

- gérer le terroir,

- commercialiser les produits de l'élevage,

- améliorer l'information, la commercialisation et le financement.

2. Les coopératives urbaines

- Les coopératives urbaines du groupe (a)

Il s'agit de :

> coopératives de transformation du bois, de construction de matériel agricole. Les coopérateurs produisent soit avec des moyens de travail collectifs (cas des coopératives du meuble de COTONOU et de PARAKOU, COBEMAG : usine centrale) soit à titre individuel dans leurs propres ateliers (cas des sections COBEMAG qui s'occupent de la maintenance du matériel agricole).

> Coopératives de services (stations service, boulangeries, transports, cliniques,

etc.) créées par des spécialistes dont les prestations sont payantes.

- Les coopératives urbaines du groupe (b)

Créées par des citadins, elles mettent à la disposition de leurs membres ou des usagers, des produits manufacturés de première nécessité au moindre coût si possible. Elles sont fortement concurrencées par le commerce informel qui échappe dans une large mesure aux divers impôts et taxes.

22. Quelques données statistiques Tableau N°1 : Les types de coopératives

DENOMINATION

NOMBRE
D'UNITES

1

GROUPEMENTS VILLAGEOIS DES PRODUCTEURS (GV)

711 ?

2

GROUPEMENTS VILLAGEOIS DES PRODUCTEURS DE COTON

1050

 

(GVPC)

 

3

GROUPEMENTS FEMININS (GF)

1139

4

UNIONS COMMUNALES DES PRODUCTEURS (UCP)

50

5

UNIONS COMMUNALES DES PRODUCTEURS DE COTON (UCPC)

27

6

UNIONS DEPARTEMENTALES DES PRODUCTEURS (UDP)

07

7

UNIONS DEPARTEMENTALES DES PRODUCTEURS DE COTON

03

 

(UDPC)

 

8

FEDERATION DES UNIONS DES PRODUCTEURS (FUPRO)

01

9

CONSEIL NATIONAL DES PRODUCTEURS DE COTON (CNPC)

01

10

COOPERATIVE D'APPROVISIONNEMENT ET DE GESTION DES

01

 

INTRANTS (CAGIA)

 

11

COOPERATIVES RURALES DE CONSOMMATEURS

15

12

COOPERATIVE D'AMENAGEMENT RURAL (CAR)

32

13

UNIONS REGIONALES DES COOPERATIVES D'AMENAGEMENT

03

 

RURAL (UR-CAR)

 

14

FEDERATION NATIONALE DES UR-CAR (FENURCAR)

01

15

CAISSES LOCALES DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL (CLCAM)

83 ?

16

UNIONS REGIONALES DES CAISSES LOCALES DE CREDIT

07

 

AGRICOLE MUTUEL (UR-CLCAM)

 

17

COOPERATIVE POUR LA PROMOTION DE LA PRODUCTION

01

 

HALIEUTIQUE DANS LE MONO (COPROHAM)

 

18

COOPERATIVES D'UTILISATION DU MATERIEL AGRICOLE (CUMA)

16

19

UNION REGIONALE DES COOPERATIVES D'UTILISATION DU

01

 

MATERIEL AGRICOLE (UR-CUMA)

 

20

GROUPEMENTS PROFESSIONNELS DES ELEVEURS DE RUMINANTS

?

 

(GPER)

 

21

UNIONS D'ARRONDISSEMENTS DES GPER (UAGPER)

?

22

UNIONS COMMUNALES DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES

24

 

DES ELEVEURS DE RUMINANTS (UCOPER)

 

23

UNION DEPARTEMENTALE DES ORGANISATIONS

01

 

PROFESSIONNELLES DES ELEVEURS DE RUMINANTS (UDOPER)

 

24

ASSOCIATION NATIONALE DES ELEVEURS DES RUMINANTS

01

 

(ANOPER)

 

25

COOPERATIVES INDUSTRIELLES

03

26

FEDERATION DES COOPERATIVES DE PRODUCTION ARTISANALE

01

 

ET DE SERVICES (FECOPAS)

 

27

COOPERATIVES URBAINES DE SERVICES (STATIONS SERVICES, BOULANGERIES, CLINIQUES DE SANTE, ETC.)

36

28

COOPERATIVES URBAINES DE CONSOMMATEURS

03

29

CENTRALE COOP

01

23. Forces et faiblesses

En compulsant quelques rapports d'évaluation des organisations coopératives existantes, on constate les forces et les faiblesses desdites organisations.

Forces

- Importance numérique des coopératives qui s'organisent dans d'autres domaines que l'agriculture (cf. Tableau N°1)

- Forte structuration

- Prise en charge effective des responsabilités

etc.

Faiblesses

- Faible niveau de maîtrise des principes coopératifs

- Faiblesse des activités par rapport aux potentialités réelles

- Manque de professionnalisme dans l'organisation et la gestion des activités

- Inexistence d'un centre d'impulsion ou d'appui de la promotion des activités économiques des organisations paysannes

- Déficience de communication tant au niveau vertical, qu'au niveau horizontal des organisations

- Faible degré d'intercoopération

- Faible niveau de développement de l'esprit entrepreneurial

- Déficit de formation à tous les niveaux aussi bien pour le personnel d'accompagnement que pour les membres des organisations

etc.

Comme on peut le constater, les faiblesses l'emportent largement sur les forces. Il ne pourrait en être autrement quand on sait que la Direction nationale chargée de la promotion coopérative est coupée du terrain. En effet, les spécialistes en organisations paysannes rendent compte à leurs Responsables des centres communaux pour la production agricole (RCPA), ceux-ci rendent compte au Directeur général du centre régional de la production agricole (DG - CeRPA) qui, à son tour rend compte au cabinet du Ministre de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP).

Les chefs de services d'appui à l'action coopérative et aux organisations professionnelles (SAACOP) sont déconnectés administrativement et techniquement de la Direction de la promotion et de la législation rurale (DPLR) puisqu'ils rendent compte à leurs directeurs techniques en l'occurrence, les Directeurs de l'information, de la formation et de l'appui aux organisations professionnelles (DIFAOP) qui à leur tour déposent leurs rapports aux DG CeRPA.

Dans ces conditions, le MAEP pourra-t-il assurer une coordination efficace d'une politique globale de promotion des organisations paysannes et par extension, des entreprises coopératives en général dans le pays ?

La législation coopérative actuelle n'est plus adaptée au développement politique, économique et social d'un pays qui veut émerger. Il est urgent que la nouvelle législation coopérative soit enfin adoptée par l'Assemblée nationale et promulguée par le Gouvernement.

Le mouvement coopératif béninois diversifié et couvrant plusieurs domaines d'activités, peut-il contribuer à la création des emplois et à la lutte contre la pauvreté ?

Trois études de cas permettront de répondre à cette question.

Il s'agit :

- des cliniques coopératives de santé,

- des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel du Bénin,

- de la coopérative béninoise de matériel agricole.

3. ETUDE SOMMAIRE DE TROIS TYPES DE COOPERATIVES 3.1. LES CLINIQUES COOPERATIVES DE SANTE

Créées, gérées et contrôlées par des techniciens de la santé (médecins, sages-femmes, infirmiers, laborantins, assistants sociaux, aides soignantes), les cliniques coopératives de santé ont bénéficié d'un appui technique et financier du PNUD et de l'OMS.

Date de création : 1992 Activités :

- soins médicaux,

- séances d'animation concernant la prévention,

- visites de malades à domicile,

- formation et perfectionnement des assistants sanitaires,

- construction progressive de leurs propres installations de soins (3/10 sont propriétaires de leurs installations en 2004.

Structuration :

Les dix cliniques coopératives ont créé une organisation faîtière : le Collectif des cliniques coopératives de santé.

Activités du Collectif :

- coordonner les activités des cliniques,

- représenter les cliniques et défendre leurs intérêts,

- approvisionner et céder au moindre coût, les produits pharmaceutiques et les matériels médico-techniques aux cliniques affiliées,

- former le personnel dans le domaine de l'organisation et de la gestion coopérative.

Résultats obtenus :

- couverture médicale de patients à faibles revenus par des soins médicaux de proximité, à coût modique (500 F CFA au lieu de1 200 F CFA des Centres hospitaliers départementaux et 3 500 F CFA des cliniques privées)

- création d'emplois permanents (3 à 10 par cliniques soit environ 100 emplois) auxquels, il faut ajouter des prestations de services, notamment médecins au niveau de certaines cliniques

- démonstration pratique des possibilités d'insérer des cadres qualifiés sans emplois dans le circuit économique.

Contraintes :

- difficultés de bénéficier de formation de spécialistes (chirurgie, cardiologie, pédiatrie, etc.),

- hausse quasiment annuelle du loyer par les propriétaires des bâtiments, - insuffisance, vétusté des matériels techniques, etc.

32. LES CAISSES D'EPARGNE ET DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL AU BENIN (1) Date de création : 1977

Activités :

- collecter l'épargne, - octroyer du crédit, etc.

Structuration :

Au niveau régional, les Caisses locales de crédit agricole mutuel, dont les activités ont été citées ci-dessus, s'affilient à une organisation faîtière de 1er niveau qui est l'Union régionale des caisses locales de crédit agricole mutuel.

Au niveau national, les Unions régionales de crédit agricole mutuel ont installé une Fédération des Caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel du Bénin.

Activités des niveaux régionaux et du niveau fédéral

- Au niveau régional : coordination des activités, gestion des ressources humaines et financières, contrôle, etc.

- Au niveau fédéral : promotion, surveillance et contrôle, représentation des institutions qui lui sont affiliées, etc.

Résultats obtenus

- Mobilisation de ressources et octroi de crédit au 31/12/2005 Sociétariat : 50 6 415

Capital social : 2 654 152 000 F CFA

Dépôts : 26 523 330 363 F CFA

Encours de crédits : 17 665 606 816 F CFA. Il s'agit essentiellement de

crédit à court terme : crédit de campagne, crédit pour achat, stockage et revente de céréales, tout petit crédit aux femmes pour faire du petit commerce, etc. (en 12 ans, 10 000 femmes ont bénéficié de 24 milliards CFA de ce type de crédit. Il leur suffit de payer une part sociale de 1 000 F CFA + 2 000 F CFA de droit d'adhésion pour bénéficier sur leur demande, d'un crédit de 10 000 à 50 000 F CFA, renouvelable trois fois, afin de leur permettre d'épargner et d'entrer dans un processus régulier de crédit.

Source : FECECAM-BENIN, ONAFECAM-BENIN

(1 ) Il faut signaler qu'un arrêté ministériel de 2007 a suspendu les dirigeants élus de la Fédération des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel (FECECAM) et nommé un Comité de suivi du redressement de ladite Fédération.

? Agents de maîtrise : 264 ? Employés : 104 ? Agents de soutien : 170 Au 31/11/2005

Contraintes :

- Contexte économique national morose (baisse du prix de coton, importante offre de céréales entraînant à la baisse leur prix). Cet état de choses, perturbe l'évolution de l'épargne collectée et le remboursement des crédits octroyés.

- Difficultés de refinancement, ce qui limite l'octroi de crédit à moyen et long terme (crédits d'équipement, crédits pour plantation, etc.). Les ressources financières collectées étant à court terme, elles ne peuvent servir à octroyer du crédit à moyen ou long terme.

33. LA COOPERATIVE BENINOISE DE MATERIEL AGRICOLE Date de création : 1974

Activités :

La coopérative béninoise de matériel agricole opère dans cinq branches d'activités à

savoir :

- le matériel agricole à traction animale,

- le matériel de transformation et de conservation des produits agricoles, - l'hydraulique villageoise,

- les constructions métalliques et la chaudronnerie,

- le génie civil.

Structuration :

- Au niveau central, une usine avec des machines outils qui permettent, à partir des matières premières importées de fabriquer ce qui a été cité ci-dessus. Elle utilise des salariés.

- Au niveau des villages des artisans coopérateurs, propriétaires de l'usine qui leur sert de centre de formation, de perfectionnement. Ces artisans coopérateurs se chargent de la vente des pièces de rechange, de l'entretien et de la maintenance des matériels.

Activités :

Mise à la disposition du monde rural de plus de 50 000 équipements de culture attelée, de matériels de transformation agroalimentaire et autres.

Résultats obtenus :

- Chiffre d'affaires de trois dernières années

Années

Chiffres d'affaires en F CFA

2004

217

998

402

2005

248

928

828

2006

154

739

021

Source : COBEMAG

? Agents de maîtrise : 05 ? Employés : 20 ? Agents de soutien : 07 Au 31/12/2007

- Création d'emplois pour 561 artisans coopérateurs installés à leur propre compte, pour les réparations et la maintenance du matériel agricole dans les villages.

Contraintes :

- Sous équipement des artisans coopérateurs (huit ateliers seulement équipés)

- Insuffisance d'équipement en machine outils à l'Unité centrale pour augmenter le taux de fabrication sur place,

- Insuffisance de formation des coopérateurs à la base,

- Difficultés d'accès aux marchés sous régionaux,

- Quasi stagnation du chiffre d'affaires compte tenu de la morosité économique générale actuelle.

Ces trois cas sommairement étudiés, permettent-ils de répondre à cette interrogation, les coopératives peuvent-elles servir comme outils privilégiés de lutte contre le chômage des jeunes et la pauvreté ?

L'expérience des cliniques coopératives de santé, permet de se rendre compte que des techniciens de la santé, peuvent s'organiser pour donner dans les quartiers périphériques défavorisés des centres urbains, des soins de santé de proximité moins chers. Pourquoi de telles cliniques coopératives de santé ne sont-elles pas créées en milieu rural où, beaucoup de centres de santé construits à grands frais, manquent de personnels qualifiés ?

Plus d'une décennie après leur lancement, les cliniques coopératives de santé n'ontelles pas fait suffisamment leur preuve ? Pourquoi ne les généralise-t-on pas ? N'ont-elles pas leur place, dans la stratégie de lutte contre la pauvreté et le chômage ?

Les caisses de crédit agricole mutuel du Bénin en plus du crédit classique, font du tout petit crédit aux femmes les plus pauvres. Deux réactions de bénéficiaires de ce type de crédit choisies parmi beaucoup d'autres sont éclairantes :

PEHUNCO 1994

La femme N°1

«Avant l'obtention du crédit, j'achetais de l'igname, la viande et les condiments à crédit et c'est à la fin de la journée, que je remboursais mes fournisseurs. Certains fournisseurs permettaient de les rembourser les jours de marché (tous les cinq jours). Aujourd'hui, j'achète tout au comptant à des conditions favorables».

La femme N°2

«Avant le crédit, je passais de village en village pour prendre les produits vivriers à crédit et c'est après la vente au marché de PEHUNCO, que je retournais dans les villages payer mes fournisseurs et reprendre à nouveau la marchandise. Je subissais le prix des mesures qu'ils m'imposaient, actuellement, comme j'achète au comptant grâce au crédit, je peux discuter avec mes fournisseurs et même leur imposer les mesures avec lesquelles, je veux acheter»(2).

(2) AGOUA (F.) Suivi/évaluation d'un programme expérimental du Tout petit crédit aux femmes (TPCF) au sein de la FECECAM-BENIN ABIDJAN, ACI, 1994, 20p. + annexes, pp. 14 et 15

Ces caisses de crédit agricole mutuel ne conduisent-elles pas depuis plus d'une décennie, une lutte acharnée contre la pauvreté, en l'absence d'une stratégie nationale ? Pourquoi ne profiterait-on pas de leur expérience dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté ?(3)

L'effectif actuel en personnels de toutes catégories de ces caisses de crédit agricole mutuel, n'augure-t-il pas bien de leurs capacités à créer des emplois au fur et à mesure de leur déploiement dans le temps et dans l'espace ?

Quand on sait que beaucoup de productrices et de producteurs ruraux ont toujours comme outil principal la houe, entraînant par conséquent, une faible productivité du travail, que beaucoup de produits agricoles sont vendus à l'état brut, la COBEMAG n'offre-t-elle pas l'opportunité d'utiliser de l'outillage amélioré qui permettra une productivité accrue et une production abondante ? d'entrer dans un processus continu de transformation agroalimentaire ?

Un tel processus de transformation agroalimentaire ne favorisera-t-il pas la création de nouveaux emplois en milieu rural ? ne créera-t-il pas de la valeur ajoutée qui peut servir à améliorer les conditions de vie et de travail dans le milieu ?

Ces coopératives sont donc en place, depuis plusieurs décennies, l'Etat veut-il s'en servir dans sa stratégie de lutte contre la pauvreté et le chômage ? ne lui suffira-t-il pas seulement de mettre les moyens financiers à disposition et de demander des comptes ?

Au cours de l'établissement de l'inventaire des organisations coopératives existantes, il a été constaté que certaines organisations faîtières sont d'un statut juridique différent, des organisations affiliées (FUPRO, FENURCAR, ANOPER, etc.).

Une assemblée générale constitutive, l'adoption de statuts, de règlement intérieur et l'élection des différents organes sont-elles suffisantes pour accorder la légitimité de contrôle, d'animation et d'accompagnement des organisations affiliées de statut juridique différent ?

4. COOPERATIVES, ASSOCIATIONS MEME COMBAT ? 4.1 Les coopératives

Un petit rappel historique permettra de mieux situer le débat.

En effet, aussi loin que l'on remonte dans l'histoire de l'humanité, l'entraide et la solidarité ont caractérisé la vie en société. En Afrique en général et au Bénin en particulier, il suffit d'observer autour de nous, pour se rendre compte de cette entraide et de cette solidarité qui se manifeste à l'occasion des naissances, des mariages, de la maladie, de la mort, des travaux champêtres, de la construction des habitations, etc. C'est sur la base de ces pratiques ancestrales qu'ont émergé progressivement, les principes coopératifs.

Le processus de maturation des principes coopératifs a été accéléré par le développement de l'économie d'échanges. C'est elle, qui fait naître des problèmes nouveaux, en désintégrant les groupes humains, en créant la fonction de l'intermédiaire qui, en séparant l'homme de ses moyens de travail, des débouchés pour le produit de son travail, occupe sur toutes les voies d'accès au marché, une position stratégique où il s'attribue un droit de péage souvent abusif et un pouvoir de domination.

C'est alors, que l'instinct de conservation ne s'attache plus seulement à la conservation de la vie, il s'attache aussi, à la conservation ou à la récupération de l'indépendance économique. Les formules d'entraide ou d'association se transforment, les règles coopératives vont graduellement se préciser suite à l'évolution du contexte.

(3) Il est heureux de constater que le nouveau régime installé depuis 2006, prend à bras le corps, la question de la pauvreté des femmes, de 5 milliards au départ, l 'Etat a mis en place 10 milliards et prévoit de passer à 15 milliards en 2008 compte tenu de l'ampleur du problème

De la maturation à la formulation des principes coopératifs

Les premières pratiques coopératives formalisées, apparaissent en Europe au cours des années 1800, plus précisément en 1840.

C'est le Congrès de Manchester de septembre 1995 organisé à l'occasion du centenaire de l'Alliance coopérative internationale (ACI) qui réaffirma les principes coopératifs existants et formula un nouveau en plus : l'engagement envers la communauté.

La déclaration sur l'identité coopérative, issue du Congrès de Manchester ci-dessus cité, définit la coopérative en ces termes :

«Une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques sociaux et culturels communs, au moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement».

La coopérative véhicule un certain nombre de valeurs fondamentales qui sont : - la prise en charge personnelle et mutuelle,

- la démocratie,

- l'égalité,

- l'équité,

- la solidarité.

Conformément à l'esprit de leurs fondateurs, les membres des coopératives adhèrent à un ensemble de règles de conduite fondées sur l'honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale, une disposition à aimer et à aider son prochain.

42. Les associations

L'association est une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices.

Les associés ne doivent pas avoir un but lucratif, mais il n'est pas interdit à une association de réaliser des bénéfices, ce qui est interdit, c'est de les partager entre associés. Après prélèvement des frais généraux, les bénéfices doivent être affectés au but ou à l'oeuvre poursuivi en commun.

Pourquoi une association à but non lucratif est la structure faîtière d'organisations qui sont à la fois des associations et des entreprises soumises à des obligations de résultat ?

L'une, la coopérative est régie au Bénin par l'Ordonnance N°59/PR/MDRC portant statut général de la coopération du 28 décembre 1966 et son Décret d'application N°516/PR/MDRC du 28 décembre 1966.

Ladite ordonnance prévoit que les coopératives peuvent constituer entre elles, pour la gestion de leurs intérêts communs ou mixtes des unions. Ces associations de coopératives, peuvent s'organiser au sein de fédérations (art. 3).

L'autre, l'association, régit par la loi de juillet 1901 est immatriculée au Ministère de l'Intérieur, de quelle légitimité prévaudra le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche assurant la tutelle des coopératives au Bénin, pour contrôler ou inviter les responsables d'une association, organisation faîtière de coopératives relevant de sa tutelle ?

N'y-a-t-il pas là, un mélange des genres à éviter ?

Il faut ajouter à tout ce qui précède, que la Recommandation N°127 du 21-06-66 de l'OIT ci-dessus citée précise :

«Les coopératives devraient être soumises à un contrôle garantissant qu'elles déploient leurs activités conformément à leur objet et à la loi.

Ce contrôle devrait être assuré de préférence par un organisme coopératif fédératif ou par l'autorité compétente.

La vérification des comptes des coopératives affiliées à un organisme coopératif devrait être confiée à ce dernier, en attendant la création d'un tel organisme, ou lorsque celui-ci n'est pas en mesure d'assumer ce service, elle devrait incomber à l'autorité compétente ou à un organisme indépendant qualifié (2.4)».

5. CONCLUSION

Contrairement à ce que certains pensent, les coopératives ne sont pas la marotte de quelques illuminés qui folklorisent le développement économique et social.

C'est beaucoup plus sérieux que ça, puisqu'il s'agit de lutter contre les intermédiaires abusifs et leur pouvoir de domination.

Il s'agit aussi de promouvoir un certain nombre de valeurs fondamentales : - la prise en charge personnelle et mutuelle

- la démocratie

- l'égalité

- l'équité

- la solidarité

et de faire appliquer des règles de conduite fondées sur l'honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale, une disposition à aimer et à aider son prochain.

Ces conditions peuvent-elles être remplies si l'Etat ne considère pas l'établissement et la croissance des coopératives comme des facteurs importants du développement économique, social et culturel ainsi que de la promotion humaine ?

N'est-il pas tant que la Direction chargée de la promotion des coopératives soit mieux située, bénéficie des moyens humains et financiers suffisants pour s'inscrire dans une perspective de développement du mouvement coopératif au Bénin ?

Ce développement passe par l'aide aux coopératives existantes afin qu'elles élaborent leurs plans de développement stratégique, les mettent en oeuvre. Sans de tels plans comment procéder à un suivi-évaluation efficace et à une recherche opérationnelle qui permettent d'aller de l'avant ?

Comme constaté, beaucoup de faiblesses persistent et freinent le mouvement. Ce qui paraît faire défaut en Afrique en général et au Bénin en particulier et entraîne des déboires, semblent être, d'une part, l'insuffisante mobilisation permanente des communautés de base en vue de leur participation consciente et responsable au développement et la pénurie de cadres compétents, engagés et honnêtes de l'autre.

La coopérative étant une association et en même temps une entreprise, il est important de former les responsables élus qui seront non seulement des animateurs mais des entrepreneurs et des administrateurs qui sauront organiser, planifier, mettre en oeuvre, évaluer des actions, accumuler du capital, tout cela dans l'intérêt général des coopérateurs qui les y ont mandatés pour des périodes bien déterminées.

La promotion des hommes est une condition sine qua non de la réussite des coopératives en Afrique. Beaucoup d'Etats l'ont compris et l'on constate ça et là, l'instauration de l'alphabétisation fonctionnelle qui permet au coopérateur illettré d'apprendre à lire, à écrire et à calculer afin de pouvoir contrôler, les opérations qui se font dans sa coopérative.

L'alphabétisation fonctionnelle doit devenir le fer de lance de la coopérative. Elle permet aux productrices et aux producteurs de prendre en charge la gestion de leurs propres affaires dans leur univers socioculturel.

C'est un coopérateur scandinave qui dit :

«Si nous avions à recommencer notre mouvement à nouveau, et si le choix nous était offert entre les possibilités de recommencer tout sans capital, mais avec des membres et un personnel éclairés, soit au contraire avec de gros capitaux et des membres non informés, notre expérience nous conseillerait d'opter pour la première formule».

Allant dans le même sens que ce coopérateur scandinave, le professeur Henri DESROCHE renchérit :

«Le développement coopératif c'est un métier qui consiste à apprendre à pêcher mais qui, désormais, dans les conditions qui lui sont faites, ne consiste plus à pêcher à la ligne, même pas à pêcher au chalut, car les ensembles doivent être mis en place d'un seul coup, et comme un bloc dans de grandes aires régionales. Il nécessite donc l'implantation d'un appareil. Il ne dispense pas pour autant de recruter des équipages et de former des capitaines».

51. Que peut faire l'Etat face aux faiblesses des coopératives béninoises ?

- Repréciser son rôle par rapport aux coopératives

- Accompagner dans la durée le mouvement coopératif.

51.1. Repréciser son rôle par rapport aux coopératives

Les pays africains soucieux de leur développement économique, social et culturel optent pour le système coopératif compte tenu de ses méthodes d'organisation et de gestion.

Mais en adoptant ce système, peuvent-ils laisser les coopératives «voler de leurs propres ailes» dans l'immédiat ?

Il est important de signaler qu'en Europe, après l'avènement des Equitables Pionniers de Rochdale, il a fallu de longues années, beaucoup d'échecs, une foi constante pour asseoir le mouvement coopératif. Souvent même, une longue et patiente éducation réalisée grâce au soutien financier de l'Etat. C'est pourquoi il faut accompagner dans la durée.

52.1. Accompagner dans la durée, le mouvement coopératif

Il faut accompagner dans la durée, le mouvement coopératif parce que :

- l'environnement économique n'est pas toujours favorable en raison de l'existence de sociétés d'import-export, nationales ou étrangères qui, installées à tous les points stratégiques du circuit économique, se font payer pour la plupart un «péage» abusif qui grève le budget des communautés de base,

- les productrices et les producteurs ruraux, les plus nombreux de la population

totale de nos pays, n'ont pas encore acquis le niveau de connaissance leur

permettant de comprendre aisément l'organisation et la gestion d'une coopérative, - le système coopératif est basé sur des règles relativement complexes qui diffèrent

des méthodes communautaires d'entraide.

A l'étape actuelle du développement économique, social et culturel de notre pays, l'Etat doit donc prendre l'initiative de développer le mouvement coopératif.

Pour ce faire, il faut non seulement mettre en place des structures adéquates qui apporteront toute l'assistance technique et l'éducation nécessaires, mais également promulguer une législation coopérative adaptée, élaborer une politique de formation judicieuse.

Faute de n'avoir pas suffisamment précisé dans les programmes de développement économique, social et culturel, la place et le rôle des coopératives, celles qui existent ne sont pas toujours visibles, ni lisibles. Ne peuvent-elles pas être, une pièce importante d'un éventuel projet de société ?

Compte tenu de tout ce qui précède, à un moment où le gouvernement béninois consacre plusieurs milliards de francs CFA à la lutte contre la vie chère presque sans résultats tangibles semble-t-il, les coopératives ne peuvent-elles pas aider dans une certaine mesure à résoudre ce problème ?

Pourquoi les producteurs organisés d'une part et les consommateurs organisés de l'autre ne se mettraient-ils pas en relation d'affaires pour mener cette lutte commune ?

Plus facile à dire qu'à faire. Il est urgent de commencer néanmoins, en sachant que c'est un travail de longue haleine, qui demandera beaucoup de mobilisation sociale, d'information et de formation, d'un accompagnement de qualité dans la durée. Cela devrait être autant l'affaire du Gouvernement que celle des producteurs et des consommateurs organisés.

DOCUMENTS CONSULTES

1. Sommet extraordinaire de l'Union africaine sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté du 3 au 09 Septembre 2004

OUAGADOUGOU (BURKINA FASO)

Déclaration sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté

ADDIS ABEBA, 2004, 37p

2. R 127 Recommandation sur les coopératives (pays en voie de développement, 1966) Genève, 1966, 9 p + annexes

3. CHEAKA (A. T.) OUIKOUN (M.) OKE (M.)
COMLANVI (M. O.) DJOSSOUVI (A. G.) ADOMA (M.)

4. AGOUA (F.)
TAILLEFER (B.)

5. ADELEKE (J.) AGOUA (F.)

6. AGOUA (F.) BEAUVAL (V.) GUERA (M. - K.) YERIMA (A. - Z.)

Résultats des travaux du groupe sur l'appui aux organisations paysannes

COTONOU, 1996, Ministère du développement rural

Programme d'appui au secteur agricole (PASA)

101 p. + annexes

Analyse de l'Union régionale du Mono

Volume 1 Constats et recommandations de la mission Paris, Parakou, 1996, 76 p. + annexes

Les attentes des productrices et des producteurs ruraux du BORGOU : Programme des activités de l'UDP-BORGOU

2002 - 2004

Parakou, UDP-BORGOU, 2001, 38 p. + annexes

Appui à l'Union des producteurs du BORGOU Paris, IRAM, 1996, 21 p. + annexes

7 BEAUVAL (V.) Identification du projet d'appui à l'autopromotion rurale du ZOU

(appui à l'Union départementale des producteurs et aux

organisations paysannes du ZOU)

COTONOU, MDR, 1994, 39 p. + annexes

8. AGOUA (F.)
MERCOIRET (M. - R.) DELMAS (P.) OLOULOTAN (S.)

9. AGOUA (F.) BEAUVAL (V.) MERCOIRET (M. - R.) OUIKOUN (M.) GABA - AFOUDA (L.)

Projet de consolidation des coopératives agricoles PROCOCA2 Bilan à mi-parcours et propositions

CIRAD - TERA N°15/2002, 72 p. + annexes

Rapport de synthèse des missions d'appui à l'Union départementale des producteurs du ZOU

BOHICON, 2000, 30 p.

 

10. AGOUA (F.) Suivi-évaluation d'un programme expérimental du Tout petit
crédit aux femmes (TPCF) au sein de la FECECAM - BENIN ABIDJAN, ACI, 1994, 20 p. + annexes






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