Réformes macroéconomique et intégration par le marché dans la CEMAC( Télécharger le fichier original )par Michel Dieudonné MIGNAMISSI Université Yaoundé II - DEA 2008 |
2.2. ANALYSE EMPIRIQUE DE LA SPECIALISATION EN ZONE CEMACLes pays de la CEMAC, qui n'ont pas significativement confirmés l'hypothèse d'endogénéité des ZMO prônée par Frankel et Rose (1998) et Rose (2000) seraient-ils finalement spécialisés ? Si oui, quel type de spécialisation rencontre-t-on dans ces pays ? La méthodologie pour répondre à ce questionnement consiste à calculer deux indices : l'indice de Herfindhal et l'indice de Grubel et Lloyd. Ces indices s'avèrent pertinents ici car ils ne se limitent pas à vouloir déterminer la possibilité de l'existence des excédents de production (spécialisation ex ante) comme l'indice de complémentarité productive, mais mesurent la spécialisation ex post. 2.2.1. Le degré de spécialisation en Zone CEMACCerner le degré de spécialisation en Zone CEMAC requiert que l'on adopte un indice spécifique : l'indice de Herfindhal (H). Beaucoup plus adapté à l'analyse de la concentration ou la fragmentation géographique des entreprises, l'indice H se prête aussi facilement à la mesure de la spécialisation commerciale internationale d'un pays. Sa formulation mathématique est la suivante : . Il s'interprète comme la mesure de la part des carrés des exportations de chaque secteur j (Xijt) dans les exportations totales (Xit). L'élévation au carré permet ainsi de donner plus de poids aux plus grands secteurs d'exportation. L'indice H est le dépassement d'un autre indice qui mesure la concentration industrielle et qui peut être facilement transposé dans la spécialisation internationale : le rapport de concentration83(*). Mais dans le cadre de ce travail, face au manque de données des autres pays de la CEMAC, seul un indice H pour le Cameroun sera calculé. Pour cela, la méthodologie consiste à considérer le Cameroun (locomotive de la CEMAC) comme un échantillon dans l'espace CEMAC, tout en sachant que les résultats de ce dernier pourront être facilement extrapolables. Cette hypothèse est émise dans la meure où le Cameroun est le pays le plus diversifié de la zone et représente environ 70% de la part du commerce intra-zone, comme cela a déjà été montré (voir tableau 4 et graphique 6b). Ainsi, les produits les plus exportées par le Cameroun et en fonction de la disponibilité des données sont : la banane fraîche, le café, la pâte de cacao, le cacao en fèves, les huiles brutes de pétrole, les carburants et lubrifiants, les bois bruts, les feuilles de placage en bois, le coton brut et l'aluminium brut. L'indice H est ainsi calculé pour les années 2003, 2004 et 2005 à partir des données issues de la Morasse 2005 du MINCOM (2007).
Trois indices ont été calculés, à savoir un indice qui tient compte du total des exportations du Cameroun (H1), ensuite un indice qui ne tient compte que du total des exportations des produits évoqués ci-dessus (H2), et enfin un indice calculé en fonction de l'orientation des exportations vers les sous-groupes régionaux dans le monde (H3). Les deux premiers indices sont faibles, traduisant le fait que le Cameroun n'est pas un pays spécialisé, c'est-à-dire qu'il comporte une base productive relativement diversifiée. Ce résultat doit être sagement interprété ici, car plusieurs produits ont des exportations non significatives (banane fraîche, café, pâte de cacao, cacao en fèves, coton brut et aluminium brut)84(*). Ainsi, seuls les secteurs pétroliers et forestiers sont significativement représentés dans les exportations. C'est pourquoi les contributions de chaque produit à l'élaboration de l'indice s'avèrent importantes pour affiner davantage l'interprétation. Il ressort ainsi que les secteurs pétroliers et forestiers contribuent respectivement à plus de 90% en moyenne dans l'explication de la spécialisation. Ainsi, la faiblesse des exportations des autres secteurs biaise la valeur de H à la baisse. Après cette analyse, on pourrait conclure à une diversification dans les exportations du Cameroun, mais le calcul des pondérations montre une spécialisation relative dans les secteurs forestiers et pétroliers. Ce résultat doit être nuancé pour tous les autres pays, qui sont hyper-spécialisés. L'approche innovante ici est celle de la prise en considération des contributions des secteurs à l'élaboration de H. Elle paraît fondamentale et permet ainsi de pallier le biais autour du calcul de l'indice. En ce qui concerne le troisième indice qui tient compte de l'orientation géographique (sommation en fonction des sous-régions), les résultats montrent une spécialisation moyenne et croissante au fil du temps. Ceci voudrait dire que les pays du Nord au fil du temps continuent à se montrer comme les principales destinations des exportations du Cameroun, confirmant ainsi l'hypothèse de spécialisation verticale. Ainsi, les exportations intra-Afrique centrale sont résiduelles et même décroissantes : 8,4% en 2003 ; 6,57% en 2004 et 4,63% en 2005. Les indices ci-dessus montrant une spécialisation relative pour le cas du Cameroun, leur application aux autres pays de la CEMAC ne pourrait révéler qu'une hyperspécialisation. Mais qu'en est il de la nature de la spécialisation de ces pays ? * 83 Formellement il se note : et mesure la part de la production détenue par les n plus grandes firmes. Sa principale limite est de ne pas tenir de l'information détenue par les N-n firmes, N étant la population totale des firmes et n l'échantillon. L'indice H corrige ce biais, car il incorpore toutes les unités statistiques. Mais son système de pondération est critiqué à son tour par la possibilité d'élaboration d'un indice général (HG) pouvant se noter comme suit :. * 84 La base exportatrice comporte en outre le caoutchouc brut, les légumes, les écorces des plantes, les bières, le beurre de cacao, les bois prolifiés, les déchets et débris de fonte, le bois contre-plaqué, les ouvrages de menuiserie, les niveleuses, les fruits, les tombereaux automoteurs, les tissus de coton, les lames de bouteurs, les antennes radio et télé, les peaux épilées d'ovins, les traverses en bois pour voies ferrées, les tôles en aluminium, les whiskies et liqueurs, l'alcool et l'eau de vie, les huiles de palme bruts et raffinées, les préparations pour soupes et potages, les savons de ménage en morceau, les piles et batteries de piles électriques, les pâtes alimentaires, les groupes électrogènes, les eaux, le haricot, le tabac brut, les turbopropulseurs, les autres préparations alimentaires, les déchets et débris d'aluminium,... (MINCOM, 2007). |
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